- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans les Shots de Français, le podcast proposé par Science Peace et animé par mon ami Mathilde et mon camarade Mathis.
- Speaker #1
Salut à tous !
- Speaker #0
On est là pour vous faire réviser le bac de français en traitant une des œuvres du programme en 5 minutes qu'on a. Aujourd'hui, on va parler de désir, de volonté et de surnaturel, avec La peau de chagrin d'Honoré de Balzac. Ça te rappelle des souvenirs Mathis ?
- Speaker #1
Oui, La peau de chagrin, c'est un roman philosophique qui appartient au romantisme. Un courant littéraire qui met en avant l'influence des sens et des émotions sur notre raison, nos choix et leurs conséquences dans nos vies. Il fait partie des 90 romans qui composent la comédie humaine de Balzac, sa super oeuvre qui regroupe plus de 4000 personnages. Il a été publié en 1831, à un moment très particulier.
- Speaker #0
Et c'est le début de la monarchie de juillet. A cette époque, la presse prend de plus en plus de liberté, et la France se démocratise.
- Speaker #1
Dans ce roman, on suit le personnage de Raphaël, qui au début de l'intrigue vient de perdre tout son argent au casino, et qui a envie de se suicider.
- Speaker #0
Pas très joyeux tout ça. Mais Raphaël tombe vite sur un vieil antiquaire qui lui propose une mystérieuse peau de bête sur laquelle il est écrit, je cite Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m'appartiendra.
- Speaker #1
C'est la peau de chagrin. Avec cette peau, tes désirs sont des ordres, mais... il y a un mais.
- Speaker #0
Et comme Raphaël n'a plus rien à perdre, il accepte cette peau. Cet objet mystérieux est en fait un moyen pour Balzac de se demander comment notre vie est rythmée par nos désirs et nos sentiments.
- Speaker #1
Et c'est tout le sens du parcours, les romans de l'énergie, création et destruction. D'abord, la peau de chagrin est un symbole de l'existence, de la vie. En fait, elle peut réaliser tous les désirs de Raphaël, mais à chaque fois qu'elle le fait, elle rétrécit.
- Speaker #0
Et Raphaël perd de l'espérance de vie. Par exemple, en sortant de chez l'antiquaire, il rêve de faire une grosse soirée et tombe justement nez à nez avec des amis qui se rendent à une fête. Autre exemple, il rêve d'argent et reçoit un héritage de 6 millions de francs. Pas mal, non ?
- Speaker #1
Ah oui, pas mal. J'aimerais bien l'avoir, moi, cette peau de chagrin.
- Speaker #0
Ah là là. Et tu tombes justement dans le piège de Balzac, qui réfléchit sur ce qui anime l'âme humaine, autour des verbes vouloir et pouvoir, association à retenir pour le bac. Comme l'explique l'antiquaire, je cite, Vouloir nous brûle et pouvoir nous détruit.
- Speaker #1
Donc, selon Balzac, nos désirs consument notre existence ?
- Speaker #0
Exactement. Et c'est aussi pour ça que ce roman appartient au courant du romantisme.
- Speaker #1
Mais alors, attends, si on veut vivre longtemps, il ne faut plus rien désirer, du coup ?
- Speaker #0
Oui. Et c'est le deuxième point à retenir. En fait, pour ne plus rien désirer, il faudrait ne plus vouloir ni pouvoir. Et pour y parvenir, Balzac propose comme solution le savoir. Le savoir suppose de prendre du recul sur ses désirs, et ainsi d'y renoncer. Vivre une vie minimaliste, mais plus longue.
- Speaker #1
Exactement comme le fait l'antiquaire, qui a même atteint l'âge de 120 ans. Bref, Raphaël se rend vite compte du danger que représentent ses désirs pour lui, donc il fait le choix du savoir. Il se met alors à écrire un traité sur la volonté, censé lui permettre de dépasser sa condition.
- Speaker #0
Et il cherche aussi à comprendre les effets surnaturels de cette peau sur lui. Il va voir des médecins, des scientifiques.
- Speaker #1
Mais personne n'est capable de trouver une explication rationnelle. Cette peau est surnaturelle. Ce roman de Balzac appartient donc aussi au registre fantastique, c'est-à-dire l'apparition d'éléments surnaturels et inquiétants dans un univers réaliste.
- Speaker #0
Et malheureusement pour lui, c'est un échec. Il se résout à l'idée qu'il ne peut rien faire contre les effets de cette peau. Et s'il y a bien un désir contre lequel on ne peut pas lutter, c'est l'amour.
- Speaker #1
Ah, et ça, ça nous rappelle Baudelaire. Bref, tu te rappelles, le roman est un moyen pour Balzac de comprendre ce qui anime l'âme humaine. Alors forcément, on passe par les sentiments.
- Speaker #0
Ah oui, et on peut même penser au passage où Rastignac, personnage récurrent de la comédie humaine, présente son ami Raphaël à Fedora, une femme sans cœur pour laquelle il se passionnera et dépensera tout son argent. Le désir le consume. Mais Raphaël finit par tomber amoureux d'une autre femme,
- Speaker #1
Pauline, la fille de son ancienne logeuse. Ils vivent une belle histoire d'amour, mais Raphaël se rend vite compte que désirer Pauline ne fait que réduire la peau, et donc son espérance de vie. Sacré problème.
- Speaker #0
Justement, après l'avoir fui, il la revoit à la fin du roman, alors qu'il est très malade, et se rend compte à quel point il continue de la désirer. La peau de chagrin est alors minuscule, et Raphaël meurt auprès de sa bien-aimée.
- Speaker #1
Mourir d'aimer, c'est beau. Bon, si on résume, la peau de chagrin est un objet énigmatique qui réalise tous les désirs de Raphaël tout en réduisant son espérance de vie. Vouloir nous brûle et pouvoir nous détruit. C'est comme ça que Balzac montre que nos désirs sont une énergie destructrice qui consomme l'âme humaine.
- Speaker #0
Et la solution semble donc se trouver dans le savoir, qui repousse les désirs en arrière-plan afin de se raisonner et d'en comprendre les effets.
- Speaker #1
Mais Balzac nous montre qu'on ne peut pas vraiment lutter contre la nature humaine. Les désirs reprennent le dessus et l'amour consomme Raphaël jusqu'à une mort inévitable. C'est toujours très joyeux les shots de français.
- Speaker #0
Effectivement. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. N'hésitez pas à partager ce podcast avec vos amis qui sont en train de réviser. Et n'oubliez pas de faire un tour sur nos Instagrams pour enregistrer la mini-doute de synthèse associée à ce podcast. Merci.