- Marie Ozier-Lafontaine
Je suis Marie Ozier-Lafontaine, activatrice du génie au féminin. Chaque jour, j'accompagne les femmes à révéler leurs trésors cachés pour vivre la vie qu'elles méritent. Dans ce podcast, j'invite des femmes qui ont osé s'affranchir des dictates pour trouver leur juste place. Bienvenue dans le podcast « Ose là, les voix qui osent ». Bonne écoute ! Bonjour Méyi Dulemme !
- Méyi Dulème
Bonjour Marie.
- Marie Ozier-Lafontaine
Merci d'être ici aujourd'hui pour le podcast Les Voix qui Osent. Donc, Méyi, tu es martiniquaise, tu as la trentaine, tu vis aujourd'hui à Paris où tu es docteur en neurosciences et tu reviens régulièrement en Martinique, ta Martinique chérie, où tu aimerais revenir un jour pour beaucoup plus longtemps. Et tu me disais en préparant cet épisode que, petite fille, tu étais un peu l'enfant, la petite parfaite. La bonne élève, même la première de la classe. Ce qui ne t'empêchait pas d'être rigolote, d'inventer toujours des histoires, des histoires de lave, des histoires d'aventure. Tu observais aussi beaucoup les animaux. Tu avais soif de découverte. Finalement, c'est peut-être ce qui t'a menée là où tu es aujourd'hui. Donc, tu es docteur en neurosciences. Avant ça, tu voulais être vétérinaire. Et puis, ton chemin, tu en expliqueras, a bifurqué vers les neurosciences pour lesquelles tu vaux une vraie passion aujourd'hui. Et en parallèle, tu t'es aussi formée à la médecine chinoise, ce qui te permet d'avoir une approche différente de celle qu'on pourrait avoir, pas uniquement scientifique, mais aussi avec un apport de ces médecines ancestrales. Et au-delà d'être spécialisée en neurosciences, toi tu te sers des neurosciences justement pour aider les autres. C'est ta vocation. Et tu t'appuies du coup sur toutes tes connaissances pour apporter quelque chose aux autres. Et donc aujourd'hui tu vas nous présenter tout ça et je voudrais te remercier de partager ce moment avec moi et avec toutes les femmes et peut-être les hommes aussi qui nous écoutent. Et pour la petite histoire, nous on s'est rencontrés lors d'une conférence que tu as animée en Martinique l'année dernière, organisée par Squat My Brain, où justement tu nous as exposé en quoi les neurosciences finalement pouvaient nous aider tous et toutes dans notre quotidien. Donc je suis ravie de cette rencontre et ravie que tu sois là aujourd'hui.
- Méyi Dulème
Merci à toi pour l'invitation, je suis vraiment contente De participer à ça, c'est un exercice inhabituel, j'adore, exploratoire. C'est ça,
- Marie Ozier-Lafontaine
toujours dans l'exploration. Avant de démarrer, le petit rituel du podcast, Mi, c'est de choisir ta carte. Alors comment on fait ça ? Tu vas fermer les yeux, prendre une grande inspiration et laisser ta main gauche parcourir le dessus des cartes et tu vas simplement t'arrêter quand tu le sens, peut-être un petit picotement dans la main. Juste une sensation, une intuition, ça y est. Donc tu regardes l'illustration et puis l'illustration. Et tu nous dis du coup ce que tu vois et ce que ça te dit.
- Méyi Dulème
Alors ce que je vois c'est beaucoup de douceur, des petites couleurs pastelles. Et donc c'est une femme qui a une couronne, non pas de fleurs, mais une couronne de cœur. Avec trois couleurs différentes. Elle a les yeux fermés, c'est un mot que j'aime beaucoup, elle est placide. C'est vraiment un aspect du calme, mais du calme vrai. Tu vois, ce n'est pas quelqu'un qui a l'air calme. Tu vois, il faut calme. Non, elle est vraiment, elle est chill, la vie est douce, elle n'a pas de problème. Je ne pense pas qu'elle ait de problème, elle. Voilà. Est-ce qu'il y a écrit derrière ? Je dis un peu ou pas. Sensibilité, richesse, intériorité, force. Cette fragilité en toi est ce qui te compose le mieux. C'est un trésor et non une faille. Accepte ce talent qui te compose. C'est ta signature.
- Marie Ozier-Lafontaine
Est-ce que ça te parle, Méyi ?
- Méyi Dulème
Oui, ça me parle. Ça me parle beaucoup, ça me touche même. Parce qu'effectivement, ces temps-ci, c'est une partie que j'essaie d'accepter, la vulnérabilité. De ne pas se dire que la vulnérabilité, c'est une faiblesse. que le fait que je sois sensible et hypersensible même, d'ailleurs ma cible principale ce sont les femmes hypersensibles, ça m'a amenée à des obstacles dans la vie, à prendre les choses à cœur et donc à avoir le cœur brisé plusieurs fois, à essayer de faire le mieux que je peux et d'essayer de me dépasser, ça m'a fait avoir des dépressions et des burn-out. Et aujourd'hui je me dis, c'est ce qui me définit et je n'ai plus envie de changer ça chez moi et j'ai envie de l'accepter. de le vivre, de l'incarner et de le transcender. Donc oui, ça me parle.
- Marie Ozier-Lafontaine
Merci pour ce partage. Et du coup, je rebondis sur ce que tu viens de dire sur l'hypersensibilité. sensibilité et les difficultés que tu as pu traverser depuis petite peut-être est ce que justement entre cette maillis petite et cette maillis aujourd'hui quel est pour toi ce peut-être le fil rouge le fait qu'aujourd'hui tu es finalement encore un petit peu la petite maillis
- Méyi Dulème
Il reste beaucoup de la petite méhi, ça veut dire que volontairement, pour survivre à ma façon, j'ai été le plus authentique que possible. Et donc ça a fait que, comme tu as dit, j'ai eu des difficultés assez tôt, donc mes dépressions, ça a commencé au collège en fait, quand je savais que la date de partir en France s'approchait. Et du coup, assez rapidement, je me suis connectée à moi, j'ai enlevé cette façade. que je mettais pour être la petite fille parfaite. Et donc j'étais authentique assez vite. C'est ça que j'aurais retenu, je pense, de mon enfance et de ces épreuves-là. Et être authentique, ça a été à des entretiens d'embauche. On m'a demandé le moment où on dit « quels sont tes points forts et tes points faibles ? » Oui,
- Marie Ozier-Lafontaine
la fameuse question.
- Méyi Dulème
Voilà. Moi, j'étais vraiment un peu trop sincère à ce moment-là. Et je raccrochais vraiment en me disant « je ne sais pas s'ils vont me prendre » . Parce que je disais presque, vous savez je suis folle, vraiment je travaille énormément. Donc il y a des moments où je suis un peu difficile à arrêter, il faudra vraiment me mettre des limites. Je suis très sociable, j'adore parler, donc je pense que communiquer ça va. Je parlais vraiment avec le cœur. Et en fait je me suis rendu compte que les scientifiques comme on les imagine aujourd'hui, t'as l'impression que c'est quelque chose de très guindé, très machin, un peu comme la politique. Alors que pas du tout, ils étaient morts de rire. Et c'est ce qui m'a fait décrocher mes entretiens d'embauche je pense. Donc c'est cette leçon d'authenticité et d'être moi-même que j'ai gardé de leçons de plus petite. Et puis cette capacité à rêver, je trouve que c'est super important, que je garde de mon enfance.
- Marie Ozier-Lafontaine
Comme quoi on peut rêver, imaginer, créer et être scientifique à côté, alors qu'on pourrait imaginer que ce sont des notions contradictoires, alors que pas du tout. Et c'est ce que tu m'expliquais, c'est l'un alimente l'autre finalement. Et comment tu es arrivée justement à t'intéresser et à te passionner pour les neurosciences ?
- Méyi Dulème
Alors, je vais essayer d'être concise parce que ce n'est pas mon point fort. On va dire que le moment déclic c'est vraiment que de base je n'étais pas dans le cursus de neurosciences pour les neurosciences. C'est un parcours, c'est un master de neurosciences comportement-cognition. Ce qui m'intéressait c'est le comportement animal et la cognition animale en général. Et au final neurosciences et cognition, ça m'a amenée sur un parcours. qui m'a appris des choses sur l'Alzheimer notamment, pile au moment où ma mamie l'a eu.
- Marie Ozier-Lafontaine
D'accord.
- Méyi Dulème
Ben du coup forcément hyper intéressée à essayer de comprendre est-ce que je peux pas sauver mamie, est-ce que tu vois ? Et je me suis dit en fait le cerveau c'est pas mal, le cerveau humain. Contrairement à ce que je répétais, je vais pas m'occuper des gens, les humains j'aime pas trop ça, je préfère les Ausha. Et finalement j'ai adoré ça et j'ai fait mon stage à analyser des cerveaux, mon stage de master de six mois. Et ma thèse, et tout, ça a continué jusqu'à maintenant. J'analyse des cerveaux avec de l'informatique. Et donc la passion, elle est venue d'un besoin. Et je pense que c'est toujours un petit peu comme ça. Soit ta passion, elle est là depuis petit, tu vois. Genre mon tonton qui était pêcheur, il paie à son âme. Il savait depuis qu'il avait 4 ans, genre il disait « je vais pêcher, je vais pêcher » . Il y a des gens comme ça, qui savent directement leur passion. Et puis il y en a d'autres, il y a une nécessité, il y a un besoin, il y a un truc qui se passe dans ta vie. Et tu dis mais en fait j'adore ça. Et je pense que c'est plus ça mon parcours. Je me suis dit en fait j'adore ça. Et j'adorais déjà l'informatique. J'en fais depuis genre 14, 15 ans. Je ne saurais même pas, ça me vieillit un peu trop de dire ça. Et du coup voilà, les passions étaient déjà là. Et le besoin a fait que ça les a ravivées, ça m'a envoyée dans la bonne direction.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et en parallèle, tu t'es formée aussi à la médecine chinoise. Pourquoi ?
- Méyi Dulème
En vrai, je ne comprends pas les personnes qui ne se forment pas aux médecines ancestrales en étant antillais. Ça veut dire que dans notre culture, je ne sais pas, tu es grippé, tu ne vas pas prendre un Doliprane.
- Marie Ozier-Lafontaine
Non, Virapik.
- Méyi Dulème
Il y a un truc dans le jardin, on sait reconnaître les plantes. On est chaud en fait dans ça. Quand tu réfléchis, c'est pas...
- Marie Ozier-Lafontaine
C'est tes pays.
- Méyi Dulème
Mais oui, bien sûr. Les problèmes sont réglés. Exactement, de la toumo, de la citronnelle, peu importe. Mais personne que je connais ici qui est grippé, il faut me faire vexer, je vais aller chez le médecin. Je suis grippée, je vais aller chez le médecin. Donc du coup je me dis que c'est normal en fait qu'on se forme, on devrait tous être formés un petit peu plus au rime et de rasier. On devrait se former aux médecines ancestrales qui ressemblent beaucoup à notre fonctionnement finalement, c'est du préventif. Les petits pays, tu peux le boire quand tu es malade, mais il faut surtout les boire avant, régulièrement. Les médecines ancestrales, c'est pareil. C'est comment est-ce que tu utilises les points de ton corps. La médecine chinoise en particulier, c'est beaucoup basé sur le système nerveux. Le système nerveux, neurosciences, ça va assez vite. Du coup, c'est ce qui m'a parlé le plus, c'est ce en quoi je me suis formée pendant deux ans. Mais au-delà de ça, à titre personnel, je me suis formée en Ayurveda. J'ai appris des choses techniques comme l'EFT, Emotional Freedom Technique. C'est un truc où tu tapotes sur des points pour te libérer de certaines émotions. Et toutes ces choses-là, la méditation, il y a plein de choses où tu te dis, en fait, il y a des trucs hyper simples, comme écrire le matin. Genre moi, j'écris mes pages tous les matins. Tu écris tout ce qui passe dans ta tête et ta journée n'a rien à voir, en fait. Donc du coup, je pense que c'est pour ça que j'y suis allée par logique. Et aussi parce que quand je voulais être vétérinaire, je ne voulais pas être... Ce que j'ai vu en stage de vétérinaire, c'était de la charcuterie. Ça veut dire, il se passe quelque chose, il y a le problème, on coupe dedans, on donne des médicaments, et je trouvais ça assez violent. Et moi, je n'aime pas la violence, je suis anti-violence. Et du coup, je me suis dit, j'ai envie qu'on ait du préventif, que de la même façon qu'on sait prendre la citronnelle, prendre la toumo, il faudrait qu'on sache prendre des plantes pour les animaux, à part dire, ne lui donne pas de chocolat. Il n'y a pas grand-chose qu'on sait finalement pour s'occuper de nos bêtes, tu vois. Bon, il y a beaucoup de gens. qui ne s'en préoccupent pas vraiment, tu me diras. Mais l'idée, ce serait d'avoir un endroit où si jamais tu adores ta bête, tu vois vraiment des animaux en pleine forme, que tu puisses. Et donc, c'était pour ça que j'y étais allée de base. Et au final, je me suis formée en médecine chinoise un petit peu globale et je l'ai utilisée sur moi, sur mes proches. Et voilà, j'ai eu un cabinet à un moment. Enfin, j'ai l'impression d'avoir eu quatre vies.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et aujourd'hui, il y a un projet qui te tient particulièrement à cœur, c'est le laboratoire Marron. Est-ce que tu peux nous dire en deux mots de quoi il s'agit ? Et est-ce que tu arrives du coup à intégrer dans cette Ausha, au sein du laboratoire, tout ce que tu as pu apprendre, les neurosciences bien évidemment, mais aussi toutes ces approches complémentaires et alternatives ?
- Méyi Dulème
Oui. Alors, le laboratoire Marron, déjà le nom parce que je me suis éclatée à le faire. Laboratoire Marron Vous entendez que c'est MARON, genre marronnage et tout, c'est exactement ça, les gens qui connaissent leur histoire, les esclaves émancipés. Et du coup je voulais qu'il y ait ce côté un peu identitaire où on comprend que, ok, on parle de la Caraïbe. Et MARON en fait c'est un acronyme pour Martinique Applied Research for Operational Neuroscience. Donc en français ça veut dire que c'est le centre de recherche appliquée en neurosciences de la Martinique. Et du coup ce centre, c'est un centre de recherche. privé. Recherche parce que l'idée c'est de créer de la connaissance, donc c'est des choses qu'on ne sait pas encore ou sinon qu'on n'a pas encore transformé pour que ce soit utilisable au quotidien. Et il est privé parce que si jamais tu dépends comme le public des subventions, en fait c'est l'État qui décide la direction dans laquelle tu vas. Et l'État n'a pas forcément conscience, on sait qu'il y a un décalage entre les visions politiques et les visions individuelles, les besoins un peu urgents des personnes. Donc l'idée c'est ça, et donc il y aurait deux parties. La première partie, c'est la partie médias, vulgarisation, éducation, où on transmet vraiment des notions en neurosciences qu'on a retransformées, donc qu'on a créées préalablement, pour la vie de tous les jours. J'ai un enfant TDAH, comment faire ? Je ne suis pas sûre d'être un adulte TDAH, comment je peux faire ? Donc TDAH, les personnes qui ont un trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité. Si jamais, je ne sais pas moi, il y a tellement de problématiques différentes, j'ai envie de changer d'habitude et de faire du sport tous les jours et devenir une fit girl. Comment je fais ? Je n'ai jamais réussi alors que j'ai l'impression que je fais tout ce qu'il faut. Ça, ça va m'intéresser. Les gens me disent ça. Mais je fais tout. Je fais tout. Je prends ci, je prends ça. Il n'y a pas de résultat. Alors, s'il n'y a pas de résultat, c'est que tu n'as pas fait un truc qui est adapté à toi. Et la question, c'est comment tu recentres les choses à toi, quelle connaissance va te servir à toi par rapport à qui tu es, à ton quotidien, à ton travail. A tes besoins justement par rapport aux médecines ancestrales dont je te parlais, en fait ces médecines ancestrales, c'est pas du soin comme on fait en médecine occidentale, c'est vraiment de l'anticipation. Et donc il faut que tu connaisses ton corps, ta typologie, et tu fonctionnes par rapport à ça. Et en gros en Chine, si jamais les gens tombent malades, c'est que le médecin a mal fait son taf. Alors que nous, quand tu tombes malade, tu vas chez le médecin, et c'est ça leur fond de business. Du coup il y a cette partie-là, médias, vulgarisation, éducation. Et la deuxième partie qui est la partie vraiment accompagnement. Accompagner des personnes à titre individuel, les aider à comprendre comment elles fonctionnent, qu'est-ce qui marche, qu'est-ce qui marche moins bien, à quel point elles sont alignées à leur typologie justement en Ayurveda ou en médecine chinoise. et en même temps à quel point elles utilisent bien leur cerveau, leur état mental. Les personnes qui vont te dire, oui mais il y a trop de choses à faire, il y a des gens, je ne veux pas viser l'administration, mais il y a des gens, des fois dans l'administration, on dirait qu'ils se noient dans un verre d'eau. Et tu te dis, mais Adson, je vais passer derrière, je vais t'aider, je vais faire avec toi parce que tu as l'air d'avoir du mal. Mais c'est que les personnes, en fait, on leur donne de la charge de travail. Et on ne leur a pas appris à gérer. Et pour nous, pour tous les jours, c'est vrai aussi. On ne nous a pas appris à gérer un téléphone qui va sur les réseaux, qui reçoit les mails en instantané, qui a toute la famille d'un coup, qui envoie des petits stickers à des moments assez improbables, de recevoir des nouvelles hyper rapidement. Ça nous met dans un état un petit peu d'urgence. Et du coup, les accompagnements, ça permet de savoir comment tu fonctionnes. Et surtout, t'accompagner en fait à changer. En gros, ton cerveau, tu peux l'entraîner comme ton corps. Et ces méthodes d'entraînement, je vais les mettre en place avec des appareils de mesure, avec différentes choses pour aider des gens. Ça, c'est le côté accompagnement individuel et les accompagnements collectifs. Donc les entreprises peuvent faire appel à moi pour comprendre quelles sont les dynamiques sociales dans leurs entreprises, parce que les gens qui font des burn-out, c'est parce qu'il y a eu de la toxicité, parce qu'ils ont eu une charge trop importante de travail, parce qu'on les a mis à un poste qui ne leur correspondait pas, etc. Donc moi, je suis le côté, comment est-ce que je prends la donnée et je te la donne pour que tu aies des... pour que tu saches ce qui se passe dans ton entreprise. Et puis, voilà. Du coup, c'est création de connaissances, médias pour en parler aux gens, et puis accompagnement pour le transformer dans la vraie vie.
- Marie Ozier-Lafontaine
Donc chacun, chacune, est les clés de compréhension de son comportement, de ses états mentaux, pour apprendre à réguler son cerveau et être moins en souffrance, ou en tout cas en meilleure santé physique et mentale.
- Méyi Dulème
Yes. Le mot clé, c'est vraiment régulation. C'est comment je me régule moi-même et comment, au-delà de ma régulation, parce que je ne veux pas que ce soit quelque chose non plus qui soit culpabilisant, que la personne se dise « Ah, j'aurais dû faire ça avant, nana » . C'est vraiment comment toi, tu te régules à l'intérieur et est-ce que le système que tu as mis en place à l'extérieur de toi est adapté à tes objectifs ? On dit souvent les phrases un peu bateau « t'es la somme des cinq personnes les plus proches de toi, nana » . Euh... Ok. Mais... Au-delà des cinq personnes les plus proches, est-ce que tu as un travail qui te correspond ? Est-ce que tu as des habitudes qui te permettent d'atteindre tes objectifs ? Est-ce que tu vois tout ce système qui fait que si jamais autour de toi, donc travail, famille, amis, finances, si ces choses-là sont stables, quand toi tu as un petit déséquilibre et tu n'arrives pas trop à te gérer, ça va. Donc du coup, c'est ton système, ton organisation personnelle, ton entourage, ta façon de fonctionner. Est-ce que c'est aligné à ce que tu veux être et est-ce que toi, tu es capable de te réguler ? En gros, est-ce que tu as un système externe et interne pour être alignée ?
- Marie Ozier-Lafontaine
Donc avec toi, finalement, on repart avec une sorte de mode d'emploi personnalisé ?
- Méyi Dulème
Ouais, j'aime bien ça ! Mais oui, la personnalisation, c'est hyper important. Tu sais, les gens, quand je leur demande de deviner ce que je fais et tout, ils me disent « tu prends de l'ADN et puis tu es allé à avoir des thérapies géniques et tout, juste pour l'ADN de la personne et tout » . Moi, je me dis « vous allez un peu loin, c'est pas tout à fait possible aujourd'hui » . Mais oui je prends un petit peu l'ADN de ton cerveau, l'empreinte de ton cerveau si tu veux, et je te dis ça il faut qu'on l'entraîne, ça on peut le changer, ça il faut faire ça, je regarde ce qu'il y a un petit peu autour de toi, et je te dis de toute façon les gens savent ce qui ne va pas dans leur vie, mais s'ils viennent me voir, ce qu'ils veulent que je leur redise, je vais dire ça, il manque ça, il manque ça, et pour y arriver il faudrait que tu fasses ici ça, et par rapport à ta constitution ayurvédique et en médecine chinoise, Il faut que tu changes tes rythmes biologiques, que tu écoutes mieux ton corps de telle telle façon. Genre à la fin, tu as un mode d'emploi de toi-même.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et du coup, c'est un peu ta mission de vie. Tu m'en as parlé aussi d'étoiles. Comment tu décrirais cette mission de vie ? Parce qu'on sent vraiment dans ce que tu dis que c'est quelque chose qui est important pour toi et que tout ce que tu as appris, tu veux véritablement le mettre au service des autres. Donc pourquoi c'est important pour toi ? Quelle mission toi tu te fixes ?
- Méyi Dulème
Ma mission, je la formule en disant que je pense que je suis ici pour aider les étoiles qu'on empêche de faire briller. Parce qu'en Martinique, je trouve qu'on est brillant. Je trouve vraiment qu'on est dans un endroit où, même si tu vas dans la voiture de quelqu'un qui conduit très vite, qui prend les virages, qui s'emballe avec ses vitesses, la personne va te parler de voiture de façon passionnée, et va te dire des choses vraies, et elle sait vraiment prendre le virage. Même si toi t'es terrifiée, en général, mon entourage ça va, faites attention. sur la route, prévention routière. Si jamais tu vas dans un labo, pareil, il y a des personnes qui vont te parler d'histoire, d'écologie. Ici, les gens connaissent des choses. Enfin partout, tu croises des puits de connaissances incroyables. On a plusieurs prix Nobel, je pense que c'est pas pour rien. Enfin, c'est des prix Nobel je crois, je sais plus c'est quoi le nom, mais des gens qui ont des titres d'écrivains et tout. Et je pense qu'on s'en rend pas compte et qu'on est concentré sur ce qui va pas. Même quand on nous parle d'épigénétique, ça veut dire notre ADN même et comment l'environnement l'a changé. Quand tu entends épigénétique et que t'es aux Antilles, tu te dis ok. L'épigénétique du traumatisme, l'esclavage. Et là, on commence à faire les parallèles avec l'Holocauste, les famines, tout ça. Et tu dis, ok, ça veut dire que notre système de stress n'est plus à changer. Ça veut dire qu'on a une plus grande capacité à avoir des addictions. Ça veut dire les papas qui sont un petit peu abandonnistes, etc. Et je trouve qu'on oublie de dire, ok, mais l'épigénétique de ma puissance, en fait, il faudrait la mesurer aussi. Je descends de guerriers, je descends de personnes qui ont survécu à des choses... que j'arrive à peine à lire dans les petits livres féministes que je lis. Il y a... Qu'est-ce que ça traduit ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Et comment je peux l'utiliser pour être plus heureuse ? Comment je peux l'utiliser pour avoir plus d'amour envers mes congénères, mes confrères ? Et ouais, je pense que ma mission, c'est ça, c'est de les prendre assez jeunes, au moment où ça commence à dégringoler, collège-lycée. C'est vraiment mes bébés. Les étudiants aussi ça commence à déborder à bac plus 4.
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui parce que tu es enseignante aussi professeur.
- Méyi Dulème
Je suis enseignante et donc ce sont des bébés assez tard. Les bébés ont jusqu'à 20 ans et même 22 c'est ainsi. Plus je grandis, plus ils grandissent. Mais du coup cette tranche qu'on traite aujourd'hui d'œufs et néants, de personnes qui ne sont pas motivées, qui n'écoutent pas bien, c'est pas vrai en fait. Ce sont des personnes qui ont appris. à poser des limites. Ces personnes qui ont grandi dans un environnement, je crois qu'on ne se rend pas compte des chamboulements qu'ils ont vécu, et des leçons qu'on peut apprendre d'eux, et qu'on devrait les aider à se renforcer, plutôt que de dire, tu n'écoutes pas les ordres qu'on te donne à la lettre, tu es fainéant et désobéissant, non. On ne devrait pas écouter les ordres qu'on nous donne à la lettre. Et finalement c'est hyper inspirant, et comment est-ce que toi, tu t'écoutes toi-même, et comment tu cherches ta lumière authentique. Oui, avoir comme objectif de voyager, de travailler un minimum et d'avoir beaucoup d'argent et d'être célèbre, pourquoi pas ? Nos parents ne se sont pas autorisés à se dire ça, mais ça ne veut pas dire que c'est quelque chose de pas noble. Donc oui, arriver à plus d'alignement, à son authenticité et à son plein potentiel, c'est vraiment ce que j'aimerais faire.
- Marie Ozier-Lafontaine
Génial. Et je suppose que c'est quelque chose que tu t'appliques à toi, justement, de rester alignée. Tu parlais d'authenticité au début de l'entretien. Comment tu fais justement pour rester alignée ? Parce que forcément, il y a des obstacles sur ta route. Peut-être que tu peux nous en parler. Et comment tu fais justement pour, malgré ces obstacles, ces difficultés, à rester justement alignée avec ton rêve, alignée avec ton potentiel, alignée avec tes projections, tes visions ?
- Méyi Dulème
Waouh ! Alors, je pense que chacun a des obstacles qui vont lui être personnels. Il y a des personnes qui sont plus challengées par leur famille, des personnes qui sont plus challengées par avoir des moyens de juste manger. Moi, mes challenges, ça a été la santé mentale. Comme je t'ai dit, avec les dépressions qui sont devenues chroniques assez vite, vu que c'est le moment où ton cerveau se met en place, que j'ai commencé à en avoir. Ça va être des problématiques d'être une people pleaser, comme j'étais une fille parfaite. Je pense que je suis toujours une petite fille parfaite. Le fait de savoir que ce que je fais déplait aux gens, ça me...
- Marie Ozier-Lafontaine
Ça te heurte ? Voilà,
- Méyi Dulème
ça me met pas... j'ai l'impression de pas être à l'aise. Et du coup, ces obstacles-là, ouais, je l'applique à moi-même, donc ce côté authenticité, en essayant de me recentrer, d'être concentrée sur moi. Je me force à avoir des phases un peu d'égoïsme.
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui.
- Méyi Dulème
Ça veut dire de quoi j'ai besoin. Ok, je veux aider les autres, mais qu'est-ce que ça m'apporte à moi ? Ok, les personnes en face, ça leur déplaît. Par exemple, j'ai eu beaucoup de non. Je venais de finir mon master 2 avec de bonnes notes. Et puis, la personne qui était censée être un peu mon parrain de stage, qui me dit, bon, pour ton doctorat, ce n'est pas la peine de postuler dans des endroits au genre au sud ou à Toulouse même, va ailleurs. Il me donne des noms. Irlande, il fait froid. Canada, il fait froid. New York, il fait froid. Je lui ai dit ok, pas de soucis, et je me suis dit bon, toi... les gens qui me disent non je suis fatiguée et toute ma vie en fait on m'a dit non c'est pas possible n'essaye pas non c'est pas possible n'essaye pas et donc lui c'était l'un d'entre eux je me suis dit écoute monsieur ce que j'ai fait c'est que j'ai envoyé trois candidatures 3 au sud donc maximum bordeaux c'était le plus haut possible et j'ai pris une décision très responsable je me suis demandé où est ce qu'il ya le meilleur carnaval et donc je suis parti à Montpellier pour faire ma thèse et donc j'ai passé une thèse incroyable j'étais à l'école des mines j'étais en collaboration Donc entre un truc de... c'est entre un labo d'informatique et un labo de physiologie. Donc j'ai monté un labo complètement la première fois là-bas. Ensuite j'ai travaillé dans le privé, je suis montée en Ile-de-France, pareil, on m'a fait monter un labo. Et après ça m'a fait me dire, en fait je peux monter un labo. Donc du coup les obstacles, au lieu de me dire que c'est des choses contre moi, je me dis que c'est des choses qui m'ont construite. Et je m'en rappelle en me disant, j'ai fait ce que je voulais en fait.
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui, donc en fait, de te remémorer tous ces obstacles franchis, ça te permet de franchir les nouveaux obstacles qui viennent à toi. Et j'aime beaucoup ce que tu as dit sur l'égoïsme. Moi, j'en parle beaucoup à mes clientes, l'égoïsme sain. C'est-à-dire, effectivement, on ne peut pas aider les autres si on ne s'aide pas d'abord soi-même et on ne peut pas aimer les autres si on ne s'aime pas d'abord soi-même. Donc c'est un travail, mais c'est un travail qui est finalement indispensable.
- Méyi Dulème
Tout à fait. On ne devrait même pas appeler ça de l'égoïsme. En réalité, c'est juste... ça doit être normal, en fait.
- Marie Ozier-Lafontaine
C'est une hygiène. Voilà,
- Méyi Dulème
c'est une hygiène. Ça devrait être normal de s'occuper de soi. J'ai entendu une phrase que j'ai adorée il y a quelques jours qui a dit, on n'aime jamais les autres pour eux, on les aime toujours pour soi. Et donc quand tu as des attentes, tu fais ça, tu ne m'aimes pas. Quand tu as des attentes sur de l'amour qu'on est censé te rendre, de la façon dont tu as imaginé, de toute façon, c'est pour toi. alors fais les choses pour toi avec alignement sans attente un petit peu de ce qui est censé revenir par exemple là typiquement je suis dans l'exercice donc là je veux rentrer en Martinique monter le labo, pleine de bonnes intentions aider le pays let's go, happy et tout et en face tout le monde n'est pas forcément, comment dire tout le monde ne va pas être réactif pareil parce qu'ils ont leur projet, ils ont leur priorité c'est fine tu vois, donc si j'arrive avec des attentes que si tout le monde ne m'aide pas pas immédiatement c'est que je dois pas monter le projet je l'aurais pas fait. Oui tu monteras jamais bien sûr donc sans attente l'amour va arriver de la forme qu'elle veut et d'ailleurs là je reçois beaucoup de de bonnes nouvelles là je vais commencer à enseigner à Fort-de-France en novembre pour des licences dans une école privée du coup donc non c'est cool ça avance et c'est important de faire les choses pour soi et de s'écouter soi
- Marie Ozier-Lafontaine
Top. Merci beaucoup, Méyi, pour ce merveilleux conseil. Je vous invite, mesdames, à l'écouter et à l'appliquer. Dernière petite question, Méyi. Je sais que tu aimes la musique. Quel est le morceau de musique qui te permet, justement, dans les moments peut-être un petit peu plus down, de remonter la pente ou de retrouver le sourire ou la motivation ?
- Méyi Dulème
Alors, ça change vraiment souvent. Et ces temps-ci, ce n'est pas une musique de... spirituelle ou jazz comme il y a parfois c'est baché a boy ok j'adore le doremi fa sol ça me fait monter en pression genre je suis intenable quand il y a cette chanson là dans la maison et voilà mon compagnon pubert. Tu retrouves ton énergie. Oui je retrouve mon énergie et je sais pas ça me reconnecte un peu je me vois trop dans une foule là faire le mouvement je sais pas j'adore j'aime trop je trouve ça brillant et je le trouve un peu body positive tu vois sur toutes les injonctions qui a déjà sur le corps féminin on fait un mouvement en fait il ya J'ai beaucoup de... j'ai fait un travail important aussi sur ma féminité. Et la féminité, on dirait que c'est un mot qui a été défini par les hommes, pour les hommes, sur les femmes. Et ce mouvement est laid. Genre, c'est pas beau, ce n'est pas gracieux, ce n'est pas... Ils peuvent pas dire, ah, vous faites ça pour nous aguicher, nanana. Non, c'est laid, mais on adore ça, et ça me fait me sentir bien dans ma peau. Et c'est ça le principe des danses féminines. Et du coup, j'adore l'essence même. Et puis Chrissy, cœur sur elle, elle est vraiment adorable. Donc voilà, baché a boy.
- Marie Ozier-Lafontaine
Génial. Merci beaucoup, Méyi, pour cet entretien.
- Méyi Dulème
Merci à toi.
- Marie Ozier-Lafontaine
À très bientôt.
- Méyi Dulème
À bientôt.