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Les Vrais Souverains

Retour à Belfort

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28min |04/05/2023
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Description

Arnaud Montebourg retourne voir Belfort après l’humiliation de la perte d’Alstom. Il y retrouve les syndicalistes Alexis Sesmat et Philippe Petitcolin sur le site de General Electric, qui racontent comment ils reconstruisent méthodiquement l’industrie de la ville. L’élue locale Samia Jaber et le préfet Raphaël Sodini apportent leur témoignage sur la reconstruction industrielle de Belfort.  


Co-réalisé par Renaud Duguet et Maxime Verner. 

Prise de son : Thibaut Boulanger.

Voix off : Elia.

Générique : Guillaume Bérat.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Arnaud Montebourg

    Bonjour les vrais souverains, je suis Arnaud Montebourg et j'approuve ce podcast. J'ai créé il y a quelques années les équipes du Made in France qui contribuent à construire, reconstruire la nouvelle agriculture et la nouvelle industrie de notre pays. On le fait modestement, mais on le fait concrètement. Et je vous emmène à la rencontre des vrais souverains, celles et ceux qui se battent au quotidien pour que la France redevienne ce grand pays inspirant que nous aimons tant et où nous voulons vivre longtemps.

  • Elia

    Le 23 avril 2014, c'est par une dépêche Bloomberg au petit matin que le ministre de l'économie et du redressement productif, Arnaud Montebourg, découvre stupéfait que General Electric est en discussion avec le français Alstom pour acheter son activité énergie. Le PDG d'Alstom, Patrick Kron, avait négocié cette vente à la découpe dans le taux du gouvernement et contre les intérêts français. Sitôt rentré de son rendez-vous à Chicago, il est convoqué à Bercy pour s'expliquer. Une semaine plus tard, Arne Montebourg répond dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

  • Arnaud Montebourg

    Le gouvernement n'accepte pas, et d'ailleurs aucun gouvernement de quelconque état dans le monde n'accepterait, le fait accompli d'être informé un vendredi. qu'un de ces fleurons nationaux qui vide la commande publique avec 20 milliards de chiffre d'affaires et 95 000 salariés soit vendu le dimanche soir. Aucun État ne l'accepterait. Et voyez-vous, monsieur le député, nous sommes prêts depuis le mois de février. Et depuis le mois de février, j'interroge monsieur Patrick Kron. président de cette entreprise qui est notre fleuron national. Et M. Patrick Rond, alors que je l'ai interrogé d'humain, solennellement et sérieusement, m'a toujours dit qu'il n'avait aucun projet d'alliance. Est-ce que le ministre de l'économie doit aller installer un détecteur de mensonges dans son bureau pour les présidents du CAC 40 qui n'ont pas le civisme élémentaire d'avertir leur gouvernement ? Je voudrais vous rappeler, M. le député, que Alstom fabrique les turbines des chaudières nucléaires de EDF.

  • Elia

    Ce fut la première bataille de Belfort qui consistait à limiter les dégâts. Arneau-Montebourg s'est engagé auprès de l'intersyndicale et a négocié bec et ongles avec Jeffy Melt, le patron de GE, un accord comprenant la création des co-entreprises, une golden share donnant un droit de veto au gouvernement français sur un éventuel prochain rachat. Ainsi que 50 millions d'euros de pénalités si le groupe américain ne tenait pas son engagement de créer 1000 emplois à Belfort sous 3 ans. GE a finalement fait un plan social dès 2019 et payé ces pénalités qui permettent aujourd'hui aux syndicalistes de préfigurer des start-up pour créer eux-mêmes ces 1000 emplois sur leur territoire. Arnaud Montebourg est retourné les voir en 2021.

  • Arnaud Montebourg

    Pour moi c'était comme une sorte de devoir enfoui qui n'avait pas été exprimé de dire ce qui s'était passé dans l'affaire Alstom. J'ai voulu le faire d'abord en rencontrant l'intersyndicale d'Alstom. Nous avons dîné ensemble. Ça reste pour moi un moment poignant, car finalement le passé est revenu à la surface comme une sorte de rupture de canalisation, si vous me passez l'expression. Et finalement tout est sorti. J'ai décidé d'ailleurs d'en faire un livre pour que nul n'ignore ce qui s'était effectivement produit, vu de l'intérieur.

  • Elia

    Il y a quelques semaines, face au constat d'une dépendance énergétique de la France, le Parlement a réuni une commission d'enquête parlementaire chargée d'étudier les raisons de notre perte de souveraineté énergétique. Arnaud Montebourg, qui en réponse à l'affaire Alstom, avait pris dès le 14 mai 2014 un décret pour protéger certains secteurs d'activité en imposant aux investissements étrangers des autorisations préalables, a été convoqué pour apporter sous serment son témoignage.

  • Arnaud Montebourg

    Moi, je suis arrivé à l'Élysée en disant Je suis contre cette acquisition par Général Électrique, nous avons les moyens de la bloquer. Et je propose que nous poursuivions. Donc on bloque, on dit non, et on ouvre le débat avec les Allemands, sans être sûr que ça marche, il ne faut jamais se lier les mains, mais on travaille avec les Allemands et les Japonais. J'ai été désavoué par le président de la République et dit Non, non, on va faire l'accord avec les Américains, mais... J'avais donc un subsidiaire. Selon quelle modalité le ministre de l'économie est capable de faire un accord avec les Américains ? Je veux une nationalisation d'Alstom qui restera, trois coûts entreprises, le rachat du signaling et des pénalités s'il ne crée pas les 1000 emplois qui sont dans l'accord. Ils les ont payés parce qu'ils ne les ont pas créés. Il y a 50 millions qui sont allés à Belfort aujourd'hui, qui sont investis à Belfort. C'est les pénalités que j'avais mises dans mon accord. C'est le seul point qui a été appliqué dans mon accord. Voilà. La décision, elle a été celle-là. Les rapports avec l'Élysée, écoutez, c'est des rapports de travail. C'est des rapports de force. Mais c'est normal. C'est très important ce qui s'est joué ce jour-là. Voilà. Écoutez, on a perdu en 15 ans. Arcelor, leader mondial de l'acier. Péchinet, leader mondial de l'aluminium. Alstom, un des leaders mondiaux de l'énergie. Technip, un des leaders dans l'oil and gas. Lafarge, le ciment donné aux Suisses. Alcatel, détruit, vendu à Nokia. On aurait pu racheter Nokia. On était plus haut qu'eux. Je ne vous parle même pas d'Essilor. C'est ça, le résultat ? Et on sort mon décret ? quand il y a Carrefour qui risque d'être acheté par Couchetard. Il faut se réveiller. Donc vous êtes une commission d'enquête sur la souveraineté. La souveraineté, ça a un sens. C'est que ça, si vous voulez, quand vous perdez tout ça en 15 ans, il ne faut pas s'étonner s'il n'y a plus de PME en France, que les PME travaillaient pour ces boîtes-là. Mais tous les dirigeants, je vais dire aussi un mot, parce qu'on acculte les gouvernements, mais les présidents de ces boîtes-là, est-ce que vous connaissez le tarif de la trahison de la France ? C'est entre 10 et 15 millions. M. Cron a touché, je crois, 13. M. Laffont, 15. M. Combe, 13. Voilà. C'est le prix de la trahison de la France. C'est pas cher. Ça, ça fait partie de la question qu'il nous faut poser.

  • Elia

    Le mois dernier, Arnaud Montebourg a retourné à Belfort, retrouver Philippe Petit-Colin, élu CFE-CGC, Alexis Esmat, élu Sud, et Samia Jaber, conseillère générale du territoire de Belfort, engagée depuis le début auprès des syndicalistes.

  • Arnaud Montebourg

    Merci de me recevoir. On vient faire le point. Je n'osais pas chômer. C'est unique que le syndicalisme mène à la start-up.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Arnaud Montebourg

    Eh oui. C'est-à-dire qu'il y a la protestation, il y a la bataille, et puis après, il y a la reconstruction.

  • Speaker #3

    La reconstruction.

  • Speaker #2

    Donc on avait en 2019 bataillé sur un projet alternatif. À la veille de dépôt du PSE, on a négocié à Bercy de 792 à 495 emplois supprimés. Et puis nous ce qu'on voulait c'était surtout négocier un nouveau projet industriel pour le site à travers la diversification. Au début ça a bien fonctionné, il y avait 50 salariés qui se sont mobilisés au travers du projet. Il y a eu

  • Speaker #3

    8 taxes.

  • Speaker #2

    Pendant six mois, on a travaillé sur le sujet, on a présenté nos travaux conjointement à Bercy, et au moment de mettre de l'argent sur la table, c'était la crise du Covid, c'était compliqué, il n'y avait plus d'activité, etc.

  • Speaker #3

    Ensuite, on s'est attaqué un peu à l'ADN de G, où ce qu'on nous explique aussi en creux, c'est qu'à travers les huit axes, on essayait à innover dans l'activité industrielle belfortaine. Mais G n'innove pas. G rachète, on l'a vu avec Alstom. On ne développe plus rien chez Gio, on préfère racheter des boîtes qui ont déjà essuyé les plâtres et donc devenir avec un projet 8 axes innovant. ça n'a pas enthousiasmé beaucoup nos dirigeants.

  • Arnaud Montebourg

    Mais ça aurait pu passer à la trappe.

  • Speaker #2

    Il y a juste la Golden Share qui est restée. Heureusement, c'est comme ça qu'on l'a récupérée. Sinon, on n'aurait jamais récupéré le revanche.

  • Arnaud Montebourg

    Donc c'est quand même la Golden Share.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Arnaud Montebourg

    Oui, c'est vrai. C'était invendable. Non, enfin, français.

  • Speaker #2

    C'est très vendable, mais en fait,

  • Arnaud Montebourg

    ils ne pouvaient le vendre qu'avec l'accord du gouvernement français.

  • Speaker #2

    Voilà, ils ne pouvaient le vendre qu'avec l'accord du gouvernement français. On a gagné ça. C'est la seule chose qui a permis...

  • Arnaud Montebourg

    Alors, qu'est-ce qui reste de l'accord ? Ça. Le droit des taux et puis les 50 millions. La pénalité, oui. Les pénalités que j'ai imposées pour la première fois, d'ailleurs. Ça n'était jamais arrivé. Mais rétrospectivement, je me dis que... Mes collaborateurs m'avaient dit on va mettre 50 000 balles par emploi non créé. Je leur dis, à l'époque, pour nous, c'était énorme. Je n'avais jamais vu ça.

  • Speaker #4

    Maintenant, ce n'est pas si énorme que ça.

  • Arnaud Montebourg

    Mais en fait, c'est rien. Aujourd'hui, je me dis, mais on aurait dû leur mettre 500 000 balles par emploi. Alors là, ils seraient un peu calmés.

  • Speaker #3

    C'était le bonus 47 millions. Le bonus de la Recalp en 2021.

  • Speaker #2

    Quand ils virent des gens chez Gilles, ils provisionnent 200 000 par emploi.

  • Arnaud Montebourg

    On a fait ça à l'arraché au dernier moment, avant l'annexion. Et donc, il y a eu les 50 000 balles, mais à l'époque, j'étais content, ça n'existait pas. J'ai dit, on a au moins fait ça. Et en fait, c'était rien.

  • Speaker #2

    C'était rien, mais c'est mieux que rien.

  • Arnaud Montebourg

    Ça fait 50 millions.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Arnaud Montebourg

    C'est les 50 millions de Mojis.

  • Speaker #2

    C'est les 50 millions.

  • Speaker #4

    Et investis sur le territoire.

  • Speaker #2

    Tout le monde se dit, c'est grâce à nous. Mais s'il y en a bien, c'est grâce à qui que les 50 millions sont ici ? C'est bien parce qu'on a fait un cirque, pas possible.

  • Speaker #3

    Ça avait été oublié.

  • Speaker #2

    Il y a 50 millions, il y a 50 millions.

  • Arnaud Montebourg

    Oui, mais ils allaient où ? Dans la caisse de l'État. Avec l'argent des pénalités, 50 000 euros de sanctions contre Général Electric pour emplois détruits ou non créés, on a créé un fonds de revitalisation de la région de Belfort. On est allé demander au préfet du territoire de Belfort, M. Raphaël Sodini, qui siège au comité de gestion de ce fonds, comment ça marche.

  • Speaker #5

    Le Fonds Mojis, en fait, c'est un fonds de 50 millions d'euros qui correspond à une amende payée par General Electric pour ne pas avoir créé les 1000 emplois promis lors du rachat d'Alstom et qui est utilisé par une fiducie, un groupement privé. Le Fonds Mojis, ce n'est pas un fonds de l'État pour investir dans des industries innovantes sur l'air urbain, Belfort, Montbéliard et Ricourt. L'État n'est pas directement le gestionnaire du fonds, c'est bien une fiducie qu'il gère, ce n'est pas une aide publique, mais évidemment l'État est amené, comme la région, comme les collectivités locales, à donner son avis sur les entreprises qui sont proposées et qui proposent leur dossier pour un investissement. Le Fonds Mogis a financé aujourd'hui une vingtaine de projets, je crois. correspondant souvent à des start-up innovantes, industrielles, dans le monde de l'hydrogène, mais aussi dans d'autres secteurs industriels, a contribué à la création d'emplois. Aujourd'hui, presque autant que les 1 000 emplois qui étaient envisagés au départ. Et alors même que nous n'avons pas tout dépensé, c'est un outil formidable de revitalisation industrielle du territoire.

  • Speaker #4

    Les 50 millions, c'est beaucoup et c'est peu en réalité. C'est juste un effet levier, le 50 millions. Ça permet de dire à des entrepreneurs, il y a des fonds intéressants, vous pouvez les solliciter. Ça permet aussi de faire venir d'autres entreprises et ça a permis surtout de se mettre autour d'une table et de penser l'avenir de notre territoire en disant qu'est-ce qu'on amène chez nous, qu'est-ce qu'on subventionne, qu'est-ce qu'on soutient. qui pourrait faire écosystème et qui fasse que notre territoire tire son épingle du jeu en matière industrielle à l'échelle nationale mais aussi européenne. Parce que les atouts sont là.

  • Arnaud Montebourg

    Dans l'accord avec General Electric, que j'ai obtenu en menaçant d'utiliser le décret sur le contrôle des investissements étrangers en France, il y avait quatre points, je le rappelle. La nationalisation d'Alstom n'a jamais eu lieu. Les co-entreprises Alstom Général Électrique, qui permettaient à la France de conserver, selon les unes 49% ou 51% parfois, de toutes les positions qu'elle avait auparavant. Ces co-entreprises ont été vendues par M. Macron et le maire. La Golden Share, qui est un droit de veto du gouvernement français sur tout mauvais usage des turbines Arabel, qui se situe à la sortie des centrales nucléaires qui, avec la vapeur, fabriquent l'électricité. C'est grâce à elle que la France va pouvoir racheter cette activité entre les mains d'EDF. Mais il aura fallu que les syndicalistes la fassent respecter à coup de baramine.

  • Speaker #3

    L'accord que vous avez initié, si on ne l'avait pas remis sur la table, notamment sur l'amende des 50 000 par emploi d'enquête, tout le monde l'oubliait. Tout le monde l'avait oublié.

  • Speaker #2

    Merci, il nous disait, mais de quel accord vous parlez, vous pouvez nous l'envoyer.

  • Arnaud Montebourg

    C'est vous qui m'avez demandé.

  • Speaker #2

    Vous l'avez demandé. Bien sûr, oui.

  • Arnaud Montebourg

    Ça m'a mis beaucoup de temps à le retrouver, parce que c'était dans mes archives, dans ma maison de Saône-et-Loire.

  • Speaker #2

    Et même celui qui avait signé Macron en novembre, qui était beaucoup plus réduit, où il y avait les 50 000, même celui-là, il disait De quoi vous nous parlez ? C'est nous qui leur avons envoyé. En disant Vous étiez au courant ? Nous, on considère que le PSE, il va à l'encontre de l'accord. On ne peut pas dire que les centres de décision restent 10 ans en France, alors que le PSE, il prévoit de les délocaliser.

  • Arnaud Montebourg

    Il a ouvert une procédure pour le faire respecter l'accord ou pas ?

  • Speaker #2

    Ah oui, en fait, en 2019, on avait prévu un schéma de montée progressive de la pression. Et puis Bercy qui nous écoutait. On leur sortait l'accord, on ne les disait pas conformes, etc. On les a attaqués au tribunal administratif. Et c'est que quand on a attaqué le tribunal administratif, que là, Bruno Le Maire a bien voulu discuter avec nous. En disant, de toute façon, nous, on ne signera pas. C'est PSE, on attend de voir si vous, vous allez le valider. C'est seulement là qu'ils ont bien voulu commencer à faire l'intermédiaire, parce que nous, on n'avait pas d'intermédiaire pour négocier. On avait G en face de nous, qui était à le niveau N-5, qui n'avait aucune traite relative, lui c'était 792, il avait 100 emplois sous la manche à négocier, et nous, on ne voulait pas sauver 100 emplois, on voulait en sauver au moins 300.

  • Arnaud Montebourg

    Et sur vos axes de diversification ?

  • Speaker #2

    Bruno Le Maire au début disait c'est n'importe quoi, l'aviation etc, ça va coûter des centaines de millions etc. Donc nous on a démonté le truc, on a dit écoutez en Pologne ils ont mis 20 millions sur la table, il y a 500 personnes qui travaillent. Il commençait de zéro alors que nous on a et la machine outil et les gens qui sont compétents. Et quand le PSE est sorti, Bruno Le Maire ici au début il dit moi je suis prêt à mettre 1 million. pour un million que met GIE sur la diversification. C'est-à-dire que l'État ne faisait pas pression une seconde sur GIE, sur leur projet à eux de réduction de 792 emplois. Par contre, il leur mettait la pression sur la diversification aviation, en disant, nous on est prêts à mettre de l'argent, il faut vous engager, etc. Et dans l'accord qu'on signe en octobre 2019, il y a l'engagement de créer 200 emplois dans l'aviation. C'est sur les 300 emplois, on en sauve 200 grâce à l'aviation. 70 personnes vont travailler sur le sujet. On va être qualifié sur 4 aubes. On a été qualifié sur des aubes d'hélicoptère. Donc la taille des aubes par rapport aux turbines, je n'explique pas quoi. Alors que nous, on visait les gros moteurs d'avion. Et 70 personnes travaillent sur le sujet. On doit monter à 200. On est qualifié, tout se passe bien. Crise de Covid 2020. Le marché de chute des commandes de l'aviation. Nous, on était là, en fait, pour décharger des sites qui allaient faire plus que du nouveau modèle. Donc, nous, on allait faire tous les petits modèles qui étaient en fin de vie. Et puis, en parallèle, le PSE, c'était soi-disant une baisse du marché. Et nous, on a nos commandes qui doublent. Donc il nous manque 500 personnes et on ne sait plus faire. On ne sait plus faire. Donc les 200 qui vont faire de l'aviation, on les rapatrie vite pour pouvoir faire de la turbine à gaz. Et qu'est-ce qu'on fait ? On délocalise après parce qu'on n'a plus les ressources. Donc on a une délocalisation de PSE. C'est allé où alors ? Aux États-Unis.

  • Speaker #3

    Hongrie. Hongrie, etc.

  • Speaker #2

    Alors le PSE, c'est le bureau d'études en Inde et une ligne de production en Hongrie. Mais un an, deux ans après, première cause de retard, c'est les pièces qui viennent d'Hongrie. qui ne sont pas qualifiés, qui sont en retard, qui sont de mauvaise qualité. On n'a plus les capacités pour faire, donc on va délocaliser encore des turbines aux Etats-Unis parce qu'on n'a plus les ressources pour les faire ici. Elles viennent juste de revenir là.

  • Speaker #3

    Si vous voulez, le projet industriel et l'aviation, c'était un moyen finalement de garder les compétences. Parce que le marché, on sait qu'il existe. On a encore un marché sur les 20 prochaines années. On est sur une énergie de transition. Mais vu qu'on est dans une gestion financière avec une vision très court-termiste, On était obligés d'utiliser des arguments un peu debillés pour dire mais non, mais garder l'activité, ancrons l'activité. Et pour être un peu provocateur, limiter le nombre de suppressions d'emplois, ce n'était pas l'objectif, c'était qu'un moyen pour dire on crée de l'activité, on maintient de l'activité, on a besoin de main-d'oeuvre. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, Philippe le dit, on manque de main-d'oeuvre. On a doublé notre carnet de commandes et on ne sait plus faire. C'est une pagaille sans nom parce qu'on a délocalisé et les personnes chez qui On a relocalisé l'activité et nous n'avons pas eu le temps d'apprendre. Il y a une courbe de progression dans tout. Et nous, on ne sait plus faire.

  • Speaker #2

    En fait, il faut savoir que sur notre marché, nous, on a un marché où ce qui est important, c'est le délai. On peut avoir jusqu'à 150 000 euros de pénalité par jour de retard. Depuis que moi, je travaille en production, depuis 20 ans, on a 90-95% de livraison à l'heure. Et si ce n'était pas le cas, on mettrait la clé sous la porte. L'année dernière, on est tombé à 10% de livraison à l'heure. 500 jours de travail en... en retard. C'est dramatique.

  • Speaker #3

    On a certains opérationnels qui sont quand même face aux clients où là, il y a un principe de réalité. Je dirais qu'il y a une forme de résignation. On admet qu'à Belfort, on n'est plus maître de notre destin. Donc, on fait profil bas parce que sinon, on est sur un siège éjectable. Donc, on est avec des dirigeants qui ne font pas de vagues, qui ne remontent pas les problèmes. Parce que remonter un problème, c'est être responsable du problème. et apporter une solution. Donc,

  • Arnaud Montebourg

    on ne bouge pas.

  • Speaker #2

    Après, on passe en fait.

  • Speaker #4

    Personne ne se sent responsable de rien.

  • Speaker #2

    Jusqu'en 2015, il y en a deux pôles dans le monde. On a Abelfort qui gère tout le marché 50 Hertz, etc. On a tous les dirigeants commerciaux, ingénierie, production, supply chain, on en a un sur tout. Et là, maintenant, on est un simple sous-traitant. Le plus gars, le plus haut gradé, il doit être N-4 ou N-5 du patron. Il ne connaît absolument pas la stratégie, il n'a même pas le droit d'en parler. Lui, il applique, on est maintenant à un simple soutien, et il décide ou pas, nous donner du boulot ou pas, on n'a plus du tout notre avenir en main, contrairement à l'accord, parce qu'on n'en parle pas assez et tout, mais le maintien des centres de décision pendant 10 ans en France, ça c'était stratégique. Dommage qu'il n'y ait pas eu d'amende pour ça, parce que du coup, il n'a jamais respecté. On a perdu trop de temps avec GE à essayer de construire des projets qui avaient du sens, ils n'en veulent pas, on ne peut pas les forcer à faire des investissements qu'ils ne veulent pas faire. Donc on a décidé maintenant, on le fait en dehors de l'entreprise. On a donc 500, 1000 personnes d'emplois extrêmement qualifiés qui ne travaillent plus chez GE. On peut encore, on avait une opportunité pour reconstruire autre chose. Donc on a créé une ASOS il y a deux ans.

  • Speaker #3

    Alors on l'a créée aussi parce que l'étiquette syndicale nous colle à la peau et frapper à la porte d'autres partenaires, d'autres entreprises, d'autres industriels. Les portes nous étaient fermées, parce que vous êtes des syndicalistes de Général Électrique. On ne parle pas des syndicalistes de Général Électrique. Donc c'est ce cheminement-là, ce raisonnement-là qui nous a conduits à créer une association qui nous donne une autre étiquette.

  • Arnaud Montebourg

    Quand même, des ingénieurs, on vous dit qu'il y a un ultra qualifié, donc vous êtes capable de remonter de l'industrie.

  • Speaker #2

    Quand on a vu le niveau des mecs chez G en face de nous et à Bercy, on s'est dit, on n'a rien à attendre d'eux. On s'est dit, on ne se fait pas. Donc on a dit, en fait, on n'est pas si bête que ça.

  • Speaker #3

    On n'a pas à rougir de ce qu'on a à proposer. En étant petit technicien, petit ingénieur... Dans les basses strates de l'entreprise, on n'a pas à rougir de ce qu'on a à proposer sur le plan industriel et sur le plan politique au sens premier du terme, de gestion, construction de la cité.

  • Speaker #4

    Ils voyaient de l'intérieur la casse qui était en train de se produire de leur outil industriel, les conséquences sur l'emploi et bien sûr les conséquences sur leur territoire. Et depuis le début, ils ne se sont pas positionnés comme ceux qui tapent dessus. Ils ont partagé avec nous, avec moi, cette passion qu'ils avaient de leur métier et de l'outil industriel. Beaucoup d'élus ont baissé les bras, ont capitulé devant les batailles que l'on devait mener. Quand des gars comme ça viennent me voir en me disant nous on est de l'intérieur, on a envie de se battre pour notre emploi et nos savoir-faire je me dis on ne peut pas les décevoir et on doit être nous sur le même terrain, sur cette même exigence-là. Faisons émerger des entreprises qui puissent participer à cet écosystème, qui maintiennent les compétences. dont General Electric voulait se débarrasser, tout simplement.

  • Speaker #2

    Ici, c'est la seule ville au monde où on vend des dizaines, voire des centaines parfois, de centrales dans le monde entier, de tous types, que ce soit gaz, charbon, nucléaire, etc. Mais on n'a jamais conçu de réacteur. On n'a même jamais conçu de turbine, ici. Nous, on conçoit des centrales clés en main pour des clients qui ont des besoins bien particuliers, avec des normes qui sont bien particulières, avec des conditions de site qui sont bien particulières. Et ça, c'est un métier, c'est 50% des effectifs à Belfort. Mais à chaque fois qu'on rencontre des acteurs économiques, ils ne parlent que de l'usine. Ils pensent qu'ici, on ne fait que des turbines et tout. Ça, les usines, en fait, contrairement à ce qu'on pourrait croire, elles sont restées. Les plans de licenciement, il y en a peut-être une cinquantaine en France. Il n'y en a peut-être que deux ou trois qui ont concerné des usines et des ouvriers. Ceux qui ont été laminés, c'est ceux qui négocient des contrats internationaux très compliqués, qui conçoivent une centrale clé en main pour un besoin bien spécifique, à un endroit bien spécifique, avec une norme bien spécifique. Les mecs qui conçoivent la centrale, les mecs qui font la coordination, qui font l'installation. Et ça, c'est une compétence critique française.

  • Arnaud Montebourg

    Et c'est eux qui font tourner les usines, du coup.

  • Speaker #2

    Et si ils ne vendent pas, il n'y a pas de... rien à produire. C'est comme la turbine d'Arabel, on dit, on a sauvé la turbine d'Arabel. À condition qu'on arrive encore à vendre des centrales.

  • Arnaud Montebourg

    Les loques conventionnelles.

  • Speaker #2

    Oui, les loques conventionnelles, à condition qu'on est capable de le vendre à l'international, ce qu'on faisait actuellement à Belfort, les compétences de Belfort. Donc c'est pour ça que c'est ces gens-là qui se sont fait laminer. Le bureau d'études en Inde, les commerciaux, les chefs de projet qui coordonnent des projets de plusieurs centaines de millions à travers plein de partenaires qu'il faut coordonner, etc. Où les risques financiers sont énormes. C'est ça, les compétences critiques de Belfort, que personne ne comprend. Donc nous, on a dit, on va créer des boîtes d'intégration, parce que ça va être de plus en plus compliqué, il y aura de plus en plus de renouvelables, il va falloir pouvoir optimiser les besoins, identifier les besoins, aussi bien en électricité, en chaleur, etc.

  • Speaker #3

    On a une transition énergétique à faire.

  • Speaker #2

    Il y a beaucoup de milliards qui sont en train de déverser. Qui va le faire si on ne le fait pas ? Basiquement, on a mis des gens autour de la table pendant six mois. Des ingénieurs chez le GIE, des ingénieurs qui n'étaient plus chez le GIE, des universitaires.

  • Arnaud Montebourg

    C'est ça le soir, le week-end ? Voilà,

  • Speaker #2

    le soir, le week-end.

  • Arnaud Montebourg

    Et alors, qu'est-ce qui est sorti ?

  • Speaker #2

    Dix groupes de travail. Dix groupes de travail sur le nucléaire et l'hydrogène. Et c'était totalement suivant les groupes de travail. Alors, on a le premier groupe de travail, c'est un truc totalement inédit. C'est un ingénieur de General Electric, expert en tout ce qui est modélisation numérique. qui travaillent avec une petite PME locale et puis 4G Mining Engineering, un grand groupe, et qui ont développé une maquette numérique sur les installations hydrogènes pour optimiser toute la phase justement à mon, de définition en fait des composants par rapport aux besoins. Parce que tout le monde veut faire de l'hydrogène, toutes les régions, etc. Mais ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire. Ils disent souvent, moi je vais faire trois bus, moi je vais faire une piscine, etc. Mais en fait, l'idée c'est d'avoir un outil en temps réel devant le client. Vous voulez faire quoi ? Non, ça ne s'accole pas. Le retour sur investissement, c'est 40 ans. Il faut mettre... par contre on vous propose de faire plutôt ça, etc. On a développé ça en 6 mois, ce groupe de travail-là. Il a été présenté au forum Hydrogène. On est en cours d'analyse de marché. Et puis si ça fonctionne, il y aura une JV qui va être créée entre une PME locale et un grand groupe d'ingénierie.

  • Speaker #3

    Ce qu'on a constaté, c'est que dans nos gros groupes, où on dégage quand même beaucoup de bénéfices, on n'est pas très moderne. On travaille toujours avec des outils qui ont 20 ans, 15 ans, 10 ans peut-être. Informatiques, certes, mais qui ne sont pas à la page. Si on veut créer des entreprises nouvelles qui soient compétitives, il faut un différenciateur fort. Et le différenciateur fort, c'est bien le numérique. Un jumeau numérique qui prenne en compte toute la chaîne de valeur. Il y a des jeux vidéo qui le font très bien.

  • Arnaud Montebourg

    Et tous les marchés des centrales nucléaires d'Europe, contre Areva.

  • Speaker #3

    Sim City, qui est un jeu qui a une vingtaine d'années, on construisait une ville, on la faisait fonctionner. Pourquoi on ne saurait pas faire la même chose avec une centrale électrique ? C'est un peu l'origine de la réflexion, et ça tombe bien, l'outil n'existe pas. Ou en tout cas, de façon parcellaire, donc. faisons un outil complet et qui devienne un différenciateur pour les nouvelles activités, histoire qu'on puisse jouer à armégale avec un GE, un Siemens, qui serait tenté, peut-être un jour, de répondre sur des questions hydrogènes.

  • Arnaud Montebourg

    C'est de l'entrepreneuriat syndical ou du syndicalisme entrepreneurial.

  • Speaker #2

    Alors après, c'est tout le problème qu'on a, c'est que vous, vous estimez qu'un syndicaliste il peut faire ça, mais nous on a eu beaucoup de problèmes en disant non, on n'est plus syndicaliste, on est entrepreneur. Les syndicalistes, ce qui brûle les plus, c'est pas nous. Nous on est là pour dire des choses. Mais l'image elle est quand même...

  • Speaker #3

    Elle est tenace.

  • Arnaud Montebourg

    Ça va se détendre. Franchement, c'est unique comme cas que vous ayez converti votre énergie revendicative en construction... ...boîte, c'est extraordinaire. Avec le soutien des collectivités. Oui. Puis de l'État, finalement, parce que vous avez été combatif. Et sur l'hydrogène ? Vous avez un plan ?

  • Speaker #2

    Le problème de l'hydrogène, c'est que la norme n'existe pas encore. Et donc, l'idée, c'était de travailler sur la norme, mais aussi de former, de créer une formation pour les techniciens en maintenance qui vont travailler dans ces installations-là. Avec l'IUT ou l'UTBM, parce que ce qu'on ne dit pas dans la sauce, c'est qu'il y a aussi toutes les écoles d'ingénieurs et de commerce qui sont dedans, avec qui on travaille, ils font des analyses, et on a aussi On a aussi tous les clusters avec qui on a beaucoup travaillé.

  • Speaker #3

    C'est vrai que la certification, c'est l'élément clé, c'est le permis de démarrer une centrale. Et ça tombe bien, on fait des centrales à gaz. Donc l'hydrogène étant un gaz, on a besoin d'adapter les connaissances pour pouvoir donner la certification qui va être le point de départ.

  • Speaker #2

    Mais la certification sur du gaz, on est expert dans le monde entier. La certification d'hydrogène où personne n'est expert, il est mieux placé pour pouvoir travailler sur le sujet, c'est quand même nous.

  • Arnaud Montebourg

    Alors, dans le prochain épisode, on va rencontrer Jean Maillard, un ami d'Apsys qui, dans la continuité d'un groupe de travail, a lancé Next, un fabricant de petits réacteurs nucléaires modulaires pour que Belfort soit la capitale du nouveau nucléaire français.

Description

Arnaud Montebourg retourne voir Belfort après l’humiliation de la perte d’Alstom. Il y retrouve les syndicalistes Alexis Sesmat et Philippe Petitcolin sur le site de General Electric, qui racontent comment ils reconstruisent méthodiquement l’industrie de la ville. L’élue locale Samia Jaber et le préfet Raphaël Sodini apportent leur témoignage sur la reconstruction industrielle de Belfort.  


Co-réalisé par Renaud Duguet et Maxime Verner. 

Prise de son : Thibaut Boulanger.

Voix off : Elia.

Générique : Guillaume Bérat.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Arnaud Montebourg

    Bonjour les vrais souverains, je suis Arnaud Montebourg et j'approuve ce podcast. J'ai créé il y a quelques années les équipes du Made in France qui contribuent à construire, reconstruire la nouvelle agriculture et la nouvelle industrie de notre pays. On le fait modestement, mais on le fait concrètement. Et je vous emmène à la rencontre des vrais souverains, celles et ceux qui se battent au quotidien pour que la France redevienne ce grand pays inspirant que nous aimons tant et où nous voulons vivre longtemps.

  • Elia

    Le 23 avril 2014, c'est par une dépêche Bloomberg au petit matin que le ministre de l'économie et du redressement productif, Arnaud Montebourg, découvre stupéfait que General Electric est en discussion avec le français Alstom pour acheter son activité énergie. Le PDG d'Alstom, Patrick Kron, avait négocié cette vente à la découpe dans le taux du gouvernement et contre les intérêts français. Sitôt rentré de son rendez-vous à Chicago, il est convoqué à Bercy pour s'expliquer. Une semaine plus tard, Arne Montebourg répond dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

  • Arnaud Montebourg

    Le gouvernement n'accepte pas, et d'ailleurs aucun gouvernement de quelconque état dans le monde n'accepterait, le fait accompli d'être informé un vendredi. qu'un de ces fleurons nationaux qui vide la commande publique avec 20 milliards de chiffre d'affaires et 95 000 salariés soit vendu le dimanche soir. Aucun État ne l'accepterait. Et voyez-vous, monsieur le député, nous sommes prêts depuis le mois de février. Et depuis le mois de février, j'interroge monsieur Patrick Kron. président de cette entreprise qui est notre fleuron national. Et M. Patrick Rond, alors que je l'ai interrogé d'humain, solennellement et sérieusement, m'a toujours dit qu'il n'avait aucun projet d'alliance. Est-ce que le ministre de l'économie doit aller installer un détecteur de mensonges dans son bureau pour les présidents du CAC 40 qui n'ont pas le civisme élémentaire d'avertir leur gouvernement ? Je voudrais vous rappeler, M. le député, que Alstom fabrique les turbines des chaudières nucléaires de EDF.

  • Elia

    Ce fut la première bataille de Belfort qui consistait à limiter les dégâts. Arneau-Montebourg s'est engagé auprès de l'intersyndicale et a négocié bec et ongles avec Jeffy Melt, le patron de GE, un accord comprenant la création des co-entreprises, une golden share donnant un droit de veto au gouvernement français sur un éventuel prochain rachat. Ainsi que 50 millions d'euros de pénalités si le groupe américain ne tenait pas son engagement de créer 1000 emplois à Belfort sous 3 ans. GE a finalement fait un plan social dès 2019 et payé ces pénalités qui permettent aujourd'hui aux syndicalistes de préfigurer des start-up pour créer eux-mêmes ces 1000 emplois sur leur territoire. Arnaud Montebourg est retourné les voir en 2021.

  • Arnaud Montebourg

    Pour moi c'était comme une sorte de devoir enfoui qui n'avait pas été exprimé de dire ce qui s'était passé dans l'affaire Alstom. J'ai voulu le faire d'abord en rencontrant l'intersyndicale d'Alstom. Nous avons dîné ensemble. Ça reste pour moi un moment poignant, car finalement le passé est revenu à la surface comme une sorte de rupture de canalisation, si vous me passez l'expression. Et finalement tout est sorti. J'ai décidé d'ailleurs d'en faire un livre pour que nul n'ignore ce qui s'était effectivement produit, vu de l'intérieur.

  • Elia

    Il y a quelques semaines, face au constat d'une dépendance énergétique de la France, le Parlement a réuni une commission d'enquête parlementaire chargée d'étudier les raisons de notre perte de souveraineté énergétique. Arnaud Montebourg, qui en réponse à l'affaire Alstom, avait pris dès le 14 mai 2014 un décret pour protéger certains secteurs d'activité en imposant aux investissements étrangers des autorisations préalables, a été convoqué pour apporter sous serment son témoignage.

  • Arnaud Montebourg

    Moi, je suis arrivé à l'Élysée en disant Je suis contre cette acquisition par Général Électrique, nous avons les moyens de la bloquer. Et je propose que nous poursuivions. Donc on bloque, on dit non, et on ouvre le débat avec les Allemands, sans être sûr que ça marche, il ne faut jamais se lier les mains, mais on travaille avec les Allemands et les Japonais. J'ai été désavoué par le président de la République et dit Non, non, on va faire l'accord avec les Américains, mais... J'avais donc un subsidiaire. Selon quelle modalité le ministre de l'économie est capable de faire un accord avec les Américains ? Je veux une nationalisation d'Alstom qui restera, trois coûts entreprises, le rachat du signaling et des pénalités s'il ne crée pas les 1000 emplois qui sont dans l'accord. Ils les ont payés parce qu'ils ne les ont pas créés. Il y a 50 millions qui sont allés à Belfort aujourd'hui, qui sont investis à Belfort. C'est les pénalités que j'avais mises dans mon accord. C'est le seul point qui a été appliqué dans mon accord. Voilà. La décision, elle a été celle-là. Les rapports avec l'Élysée, écoutez, c'est des rapports de travail. C'est des rapports de force. Mais c'est normal. C'est très important ce qui s'est joué ce jour-là. Voilà. Écoutez, on a perdu en 15 ans. Arcelor, leader mondial de l'acier. Péchinet, leader mondial de l'aluminium. Alstom, un des leaders mondiaux de l'énergie. Technip, un des leaders dans l'oil and gas. Lafarge, le ciment donné aux Suisses. Alcatel, détruit, vendu à Nokia. On aurait pu racheter Nokia. On était plus haut qu'eux. Je ne vous parle même pas d'Essilor. C'est ça, le résultat ? Et on sort mon décret ? quand il y a Carrefour qui risque d'être acheté par Couchetard. Il faut se réveiller. Donc vous êtes une commission d'enquête sur la souveraineté. La souveraineté, ça a un sens. C'est que ça, si vous voulez, quand vous perdez tout ça en 15 ans, il ne faut pas s'étonner s'il n'y a plus de PME en France, que les PME travaillaient pour ces boîtes-là. Mais tous les dirigeants, je vais dire aussi un mot, parce qu'on acculte les gouvernements, mais les présidents de ces boîtes-là, est-ce que vous connaissez le tarif de la trahison de la France ? C'est entre 10 et 15 millions. M. Cron a touché, je crois, 13. M. Laffont, 15. M. Combe, 13. Voilà. C'est le prix de la trahison de la France. C'est pas cher. Ça, ça fait partie de la question qu'il nous faut poser.

  • Elia

    Le mois dernier, Arnaud Montebourg a retourné à Belfort, retrouver Philippe Petit-Colin, élu CFE-CGC, Alexis Esmat, élu Sud, et Samia Jaber, conseillère générale du territoire de Belfort, engagée depuis le début auprès des syndicalistes.

  • Arnaud Montebourg

    Merci de me recevoir. On vient faire le point. Je n'osais pas chômer. C'est unique que le syndicalisme mène à la start-up.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Arnaud Montebourg

    Eh oui. C'est-à-dire qu'il y a la protestation, il y a la bataille, et puis après, il y a la reconstruction.

  • Speaker #3

    La reconstruction.

  • Speaker #2

    Donc on avait en 2019 bataillé sur un projet alternatif. À la veille de dépôt du PSE, on a négocié à Bercy de 792 à 495 emplois supprimés. Et puis nous ce qu'on voulait c'était surtout négocier un nouveau projet industriel pour le site à travers la diversification. Au début ça a bien fonctionné, il y avait 50 salariés qui se sont mobilisés au travers du projet. Il y a eu

  • Speaker #3

    8 taxes.

  • Speaker #2

    Pendant six mois, on a travaillé sur le sujet, on a présenté nos travaux conjointement à Bercy, et au moment de mettre de l'argent sur la table, c'était la crise du Covid, c'était compliqué, il n'y avait plus d'activité, etc.

  • Speaker #3

    Ensuite, on s'est attaqué un peu à l'ADN de G, où ce qu'on nous explique aussi en creux, c'est qu'à travers les huit axes, on essayait à innover dans l'activité industrielle belfortaine. Mais G n'innove pas. G rachète, on l'a vu avec Alstom. On ne développe plus rien chez Gio, on préfère racheter des boîtes qui ont déjà essuyé les plâtres et donc devenir avec un projet 8 axes innovant. ça n'a pas enthousiasmé beaucoup nos dirigeants.

  • Arnaud Montebourg

    Mais ça aurait pu passer à la trappe.

  • Speaker #2

    Il y a juste la Golden Share qui est restée. Heureusement, c'est comme ça qu'on l'a récupérée. Sinon, on n'aurait jamais récupéré le revanche.

  • Arnaud Montebourg

    Donc c'est quand même la Golden Share.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Arnaud Montebourg

    Oui, c'est vrai. C'était invendable. Non, enfin, français.

  • Speaker #2

    C'est très vendable, mais en fait,

  • Arnaud Montebourg

    ils ne pouvaient le vendre qu'avec l'accord du gouvernement français.

  • Speaker #2

    Voilà, ils ne pouvaient le vendre qu'avec l'accord du gouvernement français. On a gagné ça. C'est la seule chose qui a permis...

  • Arnaud Montebourg

    Alors, qu'est-ce qui reste de l'accord ? Ça. Le droit des taux et puis les 50 millions. La pénalité, oui. Les pénalités que j'ai imposées pour la première fois, d'ailleurs. Ça n'était jamais arrivé. Mais rétrospectivement, je me dis que... Mes collaborateurs m'avaient dit on va mettre 50 000 balles par emploi non créé. Je leur dis, à l'époque, pour nous, c'était énorme. Je n'avais jamais vu ça.

  • Speaker #4

    Maintenant, ce n'est pas si énorme que ça.

  • Arnaud Montebourg

    Mais en fait, c'est rien. Aujourd'hui, je me dis, mais on aurait dû leur mettre 500 000 balles par emploi. Alors là, ils seraient un peu calmés.

  • Speaker #3

    C'était le bonus 47 millions. Le bonus de la Recalp en 2021.

  • Speaker #2

    Quand ils virent des gens chez Gilles, ils provisionnent 200 000 par emploi.

  • Arnaud Montebourg

    On a fait ça à l'arraché au dernier moment, avant l'annexion. Et donc, il y a eu les 50 000 balles, mais à l'époque, j'étais content, ça n'existait pas. J'ai dit, on a au moins fait ça. Et en fait, c'était rien.

  • Speaker #2

    C'était rien, mais c'est mieux que rien.

  • Arnaud Montebourg

    Ça fait 50 millions.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Arnaud Montebourg

    C'est les 50 millions de Mojis.

  • Speaker #2

    C'est les 50 millions.

  • Speaker #4

    Et investis sur le territoire.

  • Speaker #2

    Tout le monde se dit, c'est grâce à nous. Mais s'il y en a bien, c'est grâce à qui que les 50 millions sont ici ? C'est bien parce qu'on a fait un cirque, pas possible.

  • Speaker #3

    Ça avait été oublié.

  • Speaker #2

    Il y a 50 millions, il y a 50 millions.

  • Arnaud Montebourg

    Oui, mais ils allaient où ? Dans la caisse de l'État. Avec l'argent des pénalités, 50 000 euros de sanctions contre Général Electric pour emplois détruits ou non créés, on a créé un fonds de revitalisation de la région de Belfort. On est allé demander au préfet du territoire de Belfort, M. Raphaël Sodini, qui siège au comité de gestion de ce fonds, comment ça marche.

  • Speaker #5

    Le Fonds Mojis, en fait, c'est un fonds de 50 millions d'euros qui correspond à une amende payée par General Electric pour ne pas avoir créé les 1000 emplois promis lors du rachat d'Alstom et qui est utilisé par une fiducie, un groupement privé. Le Fonds Mojis, ce n'est pas un fonds de l'État pour investir dans des industries innovantes sur l'air urbain, Belfort, Montbéliard et Ricourt. L'État n'est pas directement le gestionnaire du fonds, c'est bien une fiducie qu'il gère, ce n'est pas une aide publique, mais évidemment l'État est amené, comme la région, comme les collectivités locales, à donner son avis sur les entreprises qui sont proposées et qui proposent leur dossier pour un investissement. Le Fonds Mogis a financé aujourd'hui une vingtaine de projets, je crois. correspondant souvent à des start-up innovantes, industrielles, dans le monde de l'hydrogène, mais aussi dans d'autres secteurs industriels, a contribué à la création d'emplois. Aujourd'hui, presque autant que les 1 000 emplois qui étaient envisagés au départ. Et alors même que nous n'avons pas tout dépensé, c'est un outil formidable de revitalisation industrielle du territoire.

  • Speaker #4

    Les 50 millions, c'est beaucoup et c'est peu en réalité. C'est juste un effet levier, le 50 millions. Ça permet de dire à des entrepreneurs, il y a des fonds intéressants, vous pouvez les solliciter. Ça permet aussi de faire venir d'autres entreprises et ça a permis surtout de se mettre autour d'une table et de penser l'avenir de notre territoire en disant qu'est-ce qu'on amène chez nous, qu'est-ce qu'on subventionne, qu'est-ce qu'on soutient. qui pourrait faire écosystème et qui fasse que notre territoire tire son épingle du jeu en matière industrielle à l'échelle nationale mais aussi européenne. Parce que les atouts sont là.

  • Arnaud Montebourg

    Dans l'accord avec General Electric, que j'ai obtenu en menaçant d'utiliser le décret sur le contrôle des investissements étrangers en France, il y avait quatre points, je le rappelle. La nationalisation d'Alstom n'a jamais eu lieu. Les co-entreprises Alstom Général Électrique, qui permettaient à la France de conserver, selon les unes 49% ou 51% parfois, de toutes les positions qu'elle avait auparavant. Ces co-entreprises ont été vendues par M. Macron et le maire. La Golden Share, qui est un droit de veto du gouvernement français sur tout mauvais usage des turbines Arabel, qui se situe à la sortie des centrales nucléaires qui, avec la vapeur, fabriquent l'électricité. C'est grâce à elle que la France va pouvoir racheter cette activité entre les mains d'EDF. Mais il aura fallu que les syndicalistes la fassent respecter à coup de baramine.

  • Speaker #3

    L'accord que vous avez initié, si on ne l'avait pas remis sur la table, notamment sur l'amende des 50 000 par emploi d'enquête, tout le monde l'oubliait. Tout le monde l'avait oublié.

  • Speaker #2

    Merci, il nous disait, mais de quel accord vous parlez, vous pouvez nous l'envoyer.

  • Arnaud Montebourg

    C'est vous qui m'avez demandé.

  • Speaker #2

    Vous l'avez demandé. Bien sûr, oui.

  • Arnaud Montebourg

    Ça m'a mis beaucoup de temps à le retrouver, parce que c'était dans mes archives, dans ma maison de Saône-et-Loire.

  • Speaker #2

    Et même celui qui avait signé Macron en novembre, qui était beaucoup plus réduit, où il y avait les 50 000, même celui-là, il disait De quoi vous nous parlez ? C'est nous qui leur avons envoyé. En disant Vous étiez au courant ? Nous, on considère que le PSE, il va à l'encontre de l'accord. On ne peut pas dire que les centres de décision restent 10 ans en France, alors que le PSE, il prévoit de les délocaliser.

  • Arnaud Montebourg

    Il a ouvert une procédure pour le faire respecter l'accord ou pas ?

  • Speaker #2

    Ah oui, en fait, en 2019, on avait prévu un schéma de montée progressive de la pression. Et puis Bercy qui nous écoutait. On leur sortait l'accord, on ne les disait pas conformes, etc. On les a attaqués au tribunal administratif. Et c'est que quand on a attaqué le tribunal administratif, que là, Bruno Le Maire a bien voulu discuter avec nous. En disant, de toute façon, nous, on ne signera pas. C'est PSE, on attend de voir si vous, vous allez le valider. C'est seulement là qu'ils ont bien voulu commencer à faire l'intermédiaire, parce que nous, on n'avait pas d'intermédiaire pour négocier. On avait G en face de nous, qui était à le niveau N-5, qui n'avait aucune traite relative, lui c'était 792, il avait 100 emplois sous la manche à négocier, et nous, on ne voulait pas sauver 100 emplois, on voulait en sauver au moins 300.

  • Arnaud Montebourg

    Et sur vos axes de diversification ?

  • Speaker #2

    Bruno Le Maire au début disait c'est n'importe quoi, l'aviation etc, ça va coûter des centaines de millions etc. Donc nous on a démonté le truc, on a dit écoutez en Pologne ils ont mis 20 millions sur la table, il y a 500 personnes qui travaillent. Il commençait de zéro alors que nous on a et la machine outil et les gens qui sont compétents. Et quand le PSE est sorti, Bruno Le Maire ici au début il dit moi je suis prêt à mettre 1 million. pour un million que met GIE sur la diversification. C'est-à-dire que l'État ne faisait pas pression une seconde sur GIE, sur leur projet à eux de réduction de 792 emplois. Par contre, il leur mettait la pression sur la diversification aviation, en disant, nous on est prêts à mettre de l'argent, il faut vous engager, etc. Et dans l'accord qu'on signe en octobre 2019, il y a l'engagement de créer 200 emplois dans l'aviation. C'est sur les 300 emplois, on en sauve 200 grâce à l'aviation. 70 personnes vont travailler sur le sujet. On va être qualifié sur 4 aubes. On a été qualifié sur des aubes d'hélicoptère. Donc la taille des aubes par rapport aux turbines, je n'explique pas quoi. Alors que nous, on visait les gros moteurs d'avion. Et 70 personnes travaillent sur le sujet. On doit monter à 200. On est qualifié, tout se passe bien. Crise de Covid 2020. Le marché de chute des commandes de l'aviation. Nous, on était là, en fait, pour décharger des sites qui allaient faire plus que du nouveau modèle. Donc, nous, on allait faire tous les petits modèles qui étaient en fin de vie. Et puis, en parallèle, le PSE, c'était soi-disant une baisse du marché. Et nous, on a nos commandes qui doublent. Donc il nous manque 500 personnes et on ne sait plus faire. On ne sait plus faire. Donc les 200 qui vont faire de l'aviation, on les rapatrie vite pour pouvoir faire de la turbine à gaz. Et qu'est-ce qu'on fait ? On délocalise après parce qu'on n'a plus les ressources. Donc on a une délocalisation de PSE. C'est allé où alors ? Aux États-Unis.

  • Speaker #3

    Hongrie. Hongrie, etc.

  • Speaker #2

    Alors le PSE, c'est le bureau d'études en Inde et une ligne de production en Hongrie. Mais un an, deux ans après, première cause de retard, c'est les pièces qui viennent d'Hongrie. qui ne sont pas qualifiés, qui sont en retard, qui sont de mauvaise qualité. On n'a plus les capacités pour faire, donc on va délocaliser encore des turbines aux Etats-Unis parce qu'on n'a plus les ressources pour les faire ici. Elles viennent juste de revenir là.

  • Speaker #3

    Si vous voulez, le projet industriel et l'aviation, c'était un moyen finalement de garder les compétences. Parce que le marché, on sait qu'il existe. On a encore un marché sur les 20 prochaines années. On est sur une énergie de transition. Mais vu qu'on est dans une gestion financière avec une vision très court-termiste, On était obligés d'utiliser des arguments un peu debillés pour dire mais non, mais garder l'activité, ancrons l'activité. Et pour être un peu provocateur, limiter le nombre de suppressions d'emplois, ce n'était pas l'objectif, c'était qu'un moyen pour dire on crée de l'activité, on maintient de l'activité, on a besoin de main-d'oeuvre. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, Philippe le dit, on manque de main-d'oeuvre. On a doublé notre carnet de commandes et on ne sait plus faire. C'est une pagaille sans nom parce qu'on a délocalisé et les personnes chez qui On a relocalisé l'activité et nous n'avons pas eu le temps d'apprendre. Il y a une courbe de progression dans tout. Et nous, on ne sait plus faire.

  • Speaker #2

    En fait, il faut savoir que sur notre marché, nous, on a un marché où ce qui est important, c'est le délai. On peut avoir jusqu'à 150 000 euros de pénalité par jour de retard. Depuis que moi, je travaille en production, depuis 20 ans, on a 90-95% de livraison à l'heure. Et si ce n'était pas le cas, on mettrait la clé sous la porte. L'année dernière, on est tombé à 10% de livraison à l'heure. 500 jours de travail en... en retard. C'est dramatique.

  • Speaker #3

    On a certains opérationnels qui sont quand même face aux clients où là, il y a un principe de réalité. Je dirais qu'il y a une forme de résignation. On admet qu'à Belfort, on n'est plus maître de notre destin. Donc, on fait profil bas parce que sinon, on est sur un siège éjectable. Donc, on est avec des dirigeants qui ne font pas de vagues, qui ne remontent pas les problèmes. Parce que remonter un problème, c'est être responsable du problème. et apporter une solution. Donc,

  • Arnaud Montebourg

    on ne bouge pas.

  • Speaker #2

    Après, on passe en fait.

  • Speaker #4

    Personne ne se sent responsable de rien.

  • Speaker #2

    Jusqu'en 2015, il y en a deux pôles dans le monde. On a Abelfort qui gère tout le marché 50 Hertz, etc. On a tous les dirigeants commerciaux, ingénierie, production, supply chain, on en a un sur tout. Et là, maintenant, on est un simple sous-traitant. Le plus gars, le plus haut gradé, il doit être N-4 ou N-5 du patron. Il ne connaît absolument pas la stratégie, il n'a même pas le droit d'en parler. Lui, il applique, on est maintenant à un simple soutien, et il décide ou pas, nous donner du boulot ou pas, on n'a plus du tout notre avenir en main, contrairement à l'accord, parce qu'on n'en parle pas assez et tout, mais le maintien des centres de décision pendant 10 ans en France, ça c'était stratégique. Dommage qu'il n'y ait pas eu d'amende pour ça, parce que du coup, il n'a jamais respecté. On a perdu trop de temps avec GE à essayer de construire des projets qui avaient du sens, ils n'en veulent pas, on ne peut pas les forcer à faire des investissements qu'ils ne veulent pas faire. Donc on a décidé maintenant, on le fait en dehors de l'entreprise. On a donc 500, 1000 personnes d'emplois extrêmement qualifiés qui ne travaillent plus chez GE. On peut encore, on avait une opportunité pour reconstruire autre chose. Donc on a créé une ASOS il y a deux ans.

  • Speaker #3

    Alors on l'a créée aussi parce que l'étiquette syndicale nous colle à la peau et frapper à la porte d'autres partenaires, d'autres entreprises, d'autres industriels. Les portes nous étaient fermées, parce que vous êtes des syndicalistes de Général Électrique. On ne parle pas des syndicalistes de Général Électrique. Donc c'est ce cheminement-là, ce raisonnement-là qui nous a conduits à créer une association qui nous donne une autre étiquette.

  • Arnaud Montebourg

    Quand même, des ingénieurs, on vous dit qu'il y a un ultra qualifié, donc vous êtes capable de remonter de l'industrie.

  • Speaker #2

    Quand on a vu le niveau des mecs chez G en face de nous et à Bercy, on s'est dit, on n'a rien à attendre d'eux. On s'est dit, on ne se fait pas. Donc on a dit, en fait, on n'est pas si bête que ça.

  • Speaker #3

    On n'a pas à rougir de ce qu'on a à proposer. En étant petit technicien, petit ingénieur... Dans les basses strates de l'entreprise, on n'a pas à rougir de ce qu'on a à proposer sur le plan industriel et sur le plan politique au sens premier du terme, de gestion, construction de la cité.

  • Speaker #4

    Ils voyaient de l'intérieur la casse qui était en train de se produire de leur outil industriel, les conséquences sur l'emploi et bien sûr les conséquences sur leur territoire. Et depuis le début, ils ne se sont pas positionnés comme ceux qui tapent dessus. Ils ont partagé avec nous, avec moi, cette passion qu'ils avaient de leur métier et de l'outil industriel. Beaucoup d'élus ont baissé les bras, ont capitulé devant les batailles que l'on devait mener. Quand des gars comme ça viennent me voir en me disant nous on est de l'intérieur, on a envie de se battre pour notre emploi et nos savoir-faire je me dis on ne peut pas les décevoir et on doit être nous sur le même terrain, sur cette même exigence-là. Faisons émerger des entreprises qui puissent participer à cet écosystème, qui maintiennent les compétences. dont General Electric voulait se débarrasser, tout simplement.

  • Speaker #2

    Ici, c'est la seule ville au monde où on vend des dizaines, voire des centaines parfois, de centrales dans le monde entier, de tous types, que ce soit gaz, charbon, nucléaire, etc. Mais on n'a jamais conçu de réacteur. On n'a même jamais conçu de turbine, ici. Nous, on conçoit des centrales clés en main pour des clients qui ont des besoins bien particuliers, avec des normes qui sont bien particulières, avec des conditions de site qui sont bien particulières. Et ça, c'est un métier, c'est 50% des effectifs à Belfort. Mais à chaque fois qu'on rencontre des acteurs économiques, ils ne parlent que de l'usine. Ils pensent qu'ici, on ne fait que des turbines et tout. Ça, les usines, en fait, contrairement à ce qu'on pourrait croire, elles sont restées. Les plans de licenciement, il y en a peut-être une cinquantaine en France. Il n'y en a peut-être que deux ou trois qui ont concerné des usines et des ouvriers. Ceux qui ont été laminés, c'est ceux qui négocient des contrats internationaux très compliqués, qui conçoivent une centrale clé en main pour un besoin bien spécifique, à un endroit bien spécifique, avec une norme bien spécifique. Les mecs qui conçoivent la centrale, les mecs qui font la coordination, qui font l'installation. Et ça, c'est une compétence critique française.

  • Arnaud Montebourg

    Et c'est eux qui font tourner les usines, du coup.

  • Speaker #2

    Et si ils ne vendent pas, il n'y a pas de... rien à produire. C'est comme la turbine d'Arabel, on dit, on a sauvé la turbine d'Arabel. À condition qu'on arrive encore à vendre des centrales.

  • Arnaud Montebourg

    Les loques conventionnelles.

  • Speaker #2

    Oui, les loques conventionnelles, à condition qu'on est capable de le vendre à l'international, ce qu'on faisait actuellement à Belfort, les compétences de Belfort. Donc c'est pour ça que c'est ces gens-là qui se sont fait laminer. Le bureau d'études en Inde, les commerciaux, les chefs de projet qui coordonnent des projets de plusieurs centaines de millions à travers plein de partenaires qu'il faut coordonner, etc. Où les risques financiers sont énormes. C'est ça, les compétences critiques de Belfort, que personne ne comprend. Donc nous, on a dit, on va créer des boîtes d'intégration, parce que ça va être de plus en plus compliqué, il y aura de plus en plus de renouvelables, il va falloir pouvoir optimiser les besoins, identifier les besoins, aussi bien en électricité, en chaleur, etc.

  • Speaker #3

    On a une transition énergétique à faire.

  • Speaker #2

    Il y a beaucoup de milliards qui sont en train de déverser. Qui va le faire si on ne le fait pas ? Basiquement, on a mis des gens autour de la table pendant six mois. Des ingénieurs chez le GIE, des ingénieurs qui n'étaient plus chez le GIE, des universitaires.

  • Arnaud Montebourg

    C'est ça le soir, le week-end ? Voilà,

  • Speaker #2

    le soir, le week-end.

  • Arnaud Montebourg

    Et alors, qu'est-ce qui est sorti ?

  • Speaker #2

    Dix groupes de travail. Dix groupes de travail sur le nucléaire et l'hydrogène. Et c'était totalement suivant les groupes de travail. Alors, on a le premier groupe de travail, c'est un truc totalement inédit. C'est un ingénieur de General Electric, expert en tout ce qui est modélisation numérique. qui travaillent avec une petite PME locale et puis 4G Mining Engineering, un grand groupe, et qui ont développé une maquette numérique sur les installations hydrogènes pour optimiser toute la phase justement à mon, de définition en fait des composants par rapport aux besoins. Parce que tout le monde veut faire de l'hydrogène, toutes les régions, etc. Mais ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire. Ils disent souvent, moi je vais faire trois bus, moi je vais faire une piscine, etc. Mais en fait, l'idée c'est d'avoir un outil en temps réel devant le client. Vous voulez faire quoi ? Non, ça ne s'accole pas. Le retour sur investissement, c'est 40 ans. Il faut mettre... par contre on vous propose de faire plutôt ça, etc. On a développé ça en 6 mois, ce groupe de travail-là. Il a été présenté au forum Hydrogène. On est en cours d'analyse de marché. Et puis si ça fonctionne, il y aura une JV qui va être créée entre une PME locale et un grand groupe d'ingénierie.

  • Speaker #3

    Ce qu'on a constaté, c'est que dans nos gros groupes, où on dégage quand même beaucoup de bénéfices, on n'est pas très moderne. On travaille toujours avec des outils qui ont 20 ans, 15 ans, 10 ans peut-être. Informatiques, certes, mais qui ne sont pas à la page. Si on veut créer des entreprises nouvelles qui soient compétitives, il faut un différenciateur fort. Et le différenciateur fort, c'est bien le numérique. Un jumeau numérique qui prenne en compte toute la chaîne de valeur. Il y a des jeux vidéo qui le font très bien.

  • Arnaud Montebourg

    Et tous les marchés des centrales nucléaires d'Europe, contre Areva.

  • Speaker #3

    Sim City, qui est un jeu qui a une vingtaine d'années, on construisait une ville, on la faisait fonctionner. Pourquoi on ne saurait pas faire la même chose avec une centrale électrique ? C'est un peu l'origine de la réflexion, et ça tombe bien, l'outil n'existe pas. Ou en tout cas, de façon parcellaire, donc. faisons un outil complet et qui devienne un différenciateur pour les nouvelles activités, histoire qu'on puisse jouer à armégale avec un GE, un Siemens, qui serait tenté, peut-être un jour, de répondre sur des questions hydrogènes.

  • Arnaud Montebourg

    C'est de l'entrepreneuriat syndical ou du syndicalisme entrepreneurial.

  • Speaker #2

    Alors après, c'est tout le problème qu'on a, c'est que vous, vous estimez qu'un syndicaliste il peut faire ça, mais nous on a eu beaucoup de problèmes en disant non, on n'est plus syndicaliste, on est entrepreneur. Les syndicalistes, ce qui brûle les plus, c'est pas nous. Nous on est là pour dire des choses. Mais l'image elle est quand même...

  • Speaker #3

    Elle est tenace.

  • Arnaud Montebourg

    Ça va se détendre. Franchement, c'est unique comme cas que vous ayez converti votre énergie revendicative en construction... ...boîte, c'est extraordinaire. Avec le soutien des collectivités. Oui. Puis de l'État, finalement, parce que vous avez été combatif. Et sur l'hydrogène ? Vous avez un plan ?

  • Speaker #2

    Le problème de l'hydrogène, c'est que la norme n'existe pas encore. Et donc, l'idée, c'était de travailler sur la norme, mais aussi de former, de créer une formation pour les techniciens en maintenance qui vont travailler dans ces installations-là. Avec l'IUT ou l'UTBM, parce que ce qu'on ne dit pas dans la sauce, c'est qu'il y a aussi toutes les écoles d'ingénieurs et de commerce qui sont dedans, avec qui on travaille, ils font des analyses, et on a aussi On a aussi tous les clusters avec qui on a beaucoup travaillé.

  • Speaker #3

    C'est vrai que la certification, c'est l'élément clé, c'est le permis de démarrer une centrale. Et ça tombe bien, on fait des centrales à gaz. Donc l'hydrogène étant un gaz, on a besoin d'adapter les connaissances pour pouvoir donner la certification qui va être le point de départ.

  • Speaker #2

    Mais la certification sur du gaz, on est expert dans le monde entier. La certification d'hydrogène où personne n'est expert, il est mieux placé pour pouvoir travailler sur le sujet, c'est quand même nous.

  • Arnaud Montebourg

    Alors, dans le prochain épisode, on va rencontrer Jean Maillard, un ami d'Apsys qui, dans la continuité d'un groupe de travail, a lancé Next, un fabricant de petits réacteurs nucléaires modulaires pour que Belfort soit la capitale du nouveau nucléaire français.

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Description

Arnaud Montebourg retourne voir Belfort après l’humiliation de la perte d’Alstom. Il y retrouve les syndicalistes Alexis Sesmat et Philippe Petitcolin sur le site de General Electric, qui racontent comment ils reconstruisent méthodiquement l’industrie de la ville. L’élue locale Samia Jaber et le préfet Raphaël Sodini apportent leur témoignage sur la reconstruction industrielle de Belfort.  


Co-réalisé par Renaud Duguet et Maxime Verner. 

Prise de son : Thibaut Boulanger.

Voix off : Elia.

Générique : Guillaume Bérat.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Arnaud Montebourg

    Bonjour les vrais souverains, je suis Arnaud Montebourg et j'approuve ce podcast. J'ai créé il y a quelques années les équipes du Made in France qui contribuent à construire, reconstruire la nouvelle agriculture et la nouvelle industrie de notre pays. On le fait modestement, mais on le fait concrètement. Et je vous emmène à la rencontre des vrais souverains, celles et ceux qui se battent au quotidien pour que la France redevienne ce grand pays inspirant que nous aimons tant et où nous voulons vivre longtemps.

  • Elia

    Le 23 avril 2014, c'est par une dépêche Bloomberg au petit matin que le ministre de l'économie et du redressement productif, Arnaud Montebourg, découvre stupéfait que General Electric est en discussion avec le français Alstom pour acheter son activité énergie. Le PDG d'Alstom, Patrick Kron, avait négocié cette vente à la découpe dans le taux du gouvernement et contre les intérêts français. Sitôt rentré de son rendez-vous à Chicago, il est convoqué à Bercy pour s'expliquer. Une semaine plus tard, Arne Montebourg répond dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

  • Arnaud Montebourg

    Le gouvernement n'accepte pas, et d'ailleurs aucun gouvernement de quelconque état dans le monde n'accepterait, le fait accompli d'être informé un vendredi. qu'un de ces fleurons nationaux qui vide la commande publique avec 20 milliards de chiffre d'affaires et 95 000 salariés soit vendu le dimanche soir. Aucun État ne l'accepterait. Et voyez-vous, monsieur le député, nous sommes prêts depuis le mois de février. Et depuis le mois de février, j'interroge monsieur Patrick Kron. président de cette entreprise qui est notre fleuron national. Et M. Patrick Rond, alors que je l'ai interrogé d'humain, solennellement et sérieusement, m'a toujours dit qu'il n'avait aucun projet d'alliance. Est-ce que le ministre de l'économie doit aller installer un détecteur de mensonges dans son bureau pour les présidents du CAC 40 qui n'ont pas le civisme élémentaire d'avertir leur gouvernement ? Je voudrais vous rappeler, M. le député, que Alstom fabrique les turbines des chaudières nucléaires de EDF.

  • Elia

    Ce fut la première bataille de Belfort qui consistait à limiter les dégâts. Arneau-Montebourg s'est engagé auprès de l'intersyndicale et a négocié bec et ongles avec Jeffy Melt, le patron de GE, un accord comprenant la création des co-entreprises, une golden share donnant un droit de veto au gouvernement français sur un éventuel prochain rachat. Ainsi que 50 millions d'euros de pénalités si le groupe américain ne tenait pas son engagement de créer 1000 emplois à Belfort sous 3 ans. GE a finalement fait un plan social dès 2019 et payé ces pénalités qui permettent aujourd'hui aux syndicalistes de préfigurer des start-up pour créer eux-mêmes ces 1000 emplois sur leur territoire. Arnaud Montebourg est retourné les voir en 2021.

  • Arnaud Montebourg

    Pour moi c'était comme une sorte de devoir enfoui qui n'avait pas été exprimé de dire ce qui s'était passé dans l'affaire Alstom. J'ai voulu le faire d'abord en rencontrant l'intersyndicale d'Alstom. Nous avons dîné ensemble. Ça reste pour moi un moment poignant, car finalement le passé est revenu à la surface comme une sorte de rupture de canalisation, si vous me passez l'expression. Et finalement tout est sorti. J'ai décidé d'ailleurs d'en faire un livre pour que nul n'ignore ce qui s'était effectivement produit, vu de l'intérieur.

  • Elia

    Il y a quelques semaines, face au constat d'une dépendance énergétique de la France, le Parlement a réuni une commission d'enquête parlementaire chargée d'étudier les raisons de notre perte de souveraineté énergétique. Arnaud Montebourg, qui en réponse à l'affaire Alstom, avait pris dès le 14 mai 2014 un décret pour protéger certains secteurs d'activité en imposant aux investissements étrangers des autorisations préalables, a été convoqué pour apporter sous serment son témoignage.

  • Arnaud Montebourg

    Moi, je suis arrivé à l'Élysée en disant Je suis contre cette acquisition par Général Électrique, nous avons les moyens de la bloquer. Et je propose que nous poursuivions. Donc on bloque, on dit non, et on ouvre le débat avec les Allemands, sans être sûr que ça marche, il ne faut jamais se lier les mains, mais on travaille avec les Allemands et les Japonais. J'ai été désavoué par le président de la République et dit Non, non, on va faire l'accord avec les Américains, mais... J'avais donc un subsidiaire. Selon quelle modalité le ministre de l'économie est capable de faire un accord avec les Américains ? Je veux une nationalisation d'Alstom qui restera, trois coûts entreprises, le rachat du signaling et des pénalités s'il ne crée pas les 1000 emplois qui sont dans l'accord. Ils les ont payés parce qu'ils ne les ont pas créés. Il y a 50 millions qui sont allés à Belfort aujourd'hui, qui sont investis à Belfort. C'est les pénalités que j'avais mises dans mon accord. C'est le seul point qui a été appliqué dans mon accord. Voilà. La décision, elle a été celle-là. Les rapports avec l'Élysée, écoutez, c'est des rapports de travail. C'est des rapports de force. Mais c'est normal. C'est très important ce qui s'est joué ce jour-là. Voilà. Écoutez, on a perdu en 15 ans. Arcelor, leader mondial de l'acier. Péchinet, leader mondial de l'aluminium. Alstom, un des leaders mondiaux de l'énergie. Technip, un des leaders dans l'oil and gas. Lafarge, le ciment donné aux Suisses. Alcatel, détruit, vendu à Nokia. On aurait pu racheter Nokia. On était plus haut qu'eux. Je ne vous parle même pas d'Essilor. C'est ça, le résultat ? Et on sort mon décret ? quand il y a Carrefour qui risque d'être acheté par Couchetard. Il faut se réveiller. Donc vous êtes une commission d'enquête sur la souveraineté. La souveraineté, ça a un sens. C'est que ça, si vous voulez, quand vous perdez tout ça en 15 ans, il ne faut pas s'étonner s'il n'y a plus de PME en France, que les PME travaillaient pour ces boîtes-là. Mais tous les dirigeants, je vais dire aussi un mot, parce qu'on acculte les gouvernements, mais les présidents de ces boîtes-là, est-ce que vous connaissez le tarif de la trahison de la France ? C'est entre 10 et 15 millions. M. Cron a touché, je crois, 13. M. Laffont, 15. M. Combe, 13. Voilà. C'est le prix de la trahison de la France. C'est pas cher. Ça, ça fait partie de la question qu'il nous faut poser.

  • Elia

    Le mois dernier, Arnaud Montebourg a retourné à Belfort, retrouver Philippe Petit-Colin, élu CFE-CGC, Alexis Esmat, élu Sud, et Samia Jaber, conseillère générale du territoire de Belfort, engagée depuis le début auprès des syndicalistes.

  • Arnaud Montebourg

    Merci de me recevoir. On vient faire le point. Je n'osais pas chômer. C'est unique que le syndicalisme mène à la start-up.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Arnaud Montebourg

    Eh oui. C'est-à-dire qu'il y a la protestation, il y a la bataille, et puis après, il y a la reconstruction.

  • Speaker #3

    La reconstruction.

  • Speaker #2

    Donc on avait en 2019 bataillé sur un projet alternatif. À la veille de dépôt du PSE, on a négocié à Bercy de 792 à 495 emplois supprimés. Et puis nous ce qu'on voulait c'était surtout négocier un nouveau projet industriel pour le site à travers la diversification. Au début ça a bien fonctionné, il y avait 50 salariés qui se sont mobilisés au travers du projet. Il y a eu

  • Speaker #3

    8 taxes.

  • Speaker #2

    Pendant six mois, on a travaillé sur le sujet, on a présenté nos travaux conjointement à Bercy, et au moment de mettre de l'argent sur la table, c'était la crise du Covid, c'était compliqué, il n'y avait plus d'activité, etc.

  • Speaker #3

    Ensuite, on s'est attaqué un peu à l'ADN de G, où ce qu'on nous explique aussi en creux, c'est qu'à travers les huit axes, on essayait à innover dans l'activité industrielle belfortaine. Mais G n'innove pas. G rachète, on l'a vu avec Alstom. On ne développe plus rien chez Gio, on préfère racheter des boîtes qui ont déjà essuyé les plâtres et donc devenir avec un projet 8 axes innovant. ça n'a pas enthousiasmé beaucoup nos dirigeants.

  • Arnaud Montebourg

    Mais ça aurait pu passer à la trappe.

  • Speaker #2

    Il y a juste la Golden Share qui est restée. Heureusement, c'est comme ça qu'on l'a récupérée. Sinon, on n'aurait jamais récupéré le revanche.

  • Arnaud Montebourg

    Donc c'est quand même la Golden Share.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Arnaud Montebourg

    Oui, c'est vrai. C'était invendable. Non, enfin, français.

  • Speaker #2

    C'est très vendable, mais en fait,

  • Arnaud Montebourg

    ils ne pouvaient le vendre qu'avec l'accord du gouvernement français.

  • Speaker #2

    Voilà, ils ne pouvaient le vendre qu'avec l'accord du gouvernement français. On a gagné ça. C'est la seule chose qui a permis...

  • Arnaud Montebourg

    Alors, qu'est-ce qui reste de l'accord ? Ça. Le droit des taux et puis les 50 millions. La pénalité, oui. Les pénalités que j'ai imposées pour la première fois, d'ailleurs. Ça n'était jamais arrivé. Mais rétrospectivement, je me dis que... Mes collaborateurs m'avaient dit on va mettre 50 000 balles par emploi non créé. Je leur dis, à l'époque, pour nous, c'était énorme. Je n'avais jamais vu ça.

  • Speaker #4

    Maintenant, ce n'est pas si énorme que ça.

  • Arnaud Montebourg

    Mais en fait, c'est rien. Aujourd'hui, je me dis, mais on aurait dû leur mettre 500 000 balles par emploi. Alors là, ils seraient un peu calmés.

  • Speaker #3

    C'était le bonus 47 millions. Le bonus de la Recalp en 2021.

  • Speaker #2

    Quand ils virent des gens chez Gilles, ils provisionnent 200 000 par emploi.

  • Arnaud Montebourg

    On a fait ça à l'arraché au dernier moment, avant l'annexion. Et donc, il y a eu les 50 000 balles, mais à l'époque, j'étais content, ça n'existait pas. J'ai dit, on a au moins fait ça. Et en fait, c'était rien.

  • Speaker #2

    C'était rien, mais c'est mieux que rien.

  • Arnaud Montebourg

    Ça fait 50 millions.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Arnaud Montebourg

    C'est les 50 millions de Mojis.

  • Speaker #2

    C'est les 50 millions.

  • Speaker #4

    Et investis sur le territoire.

  • Speaker #2

    Tout le monde se dit, c'est grâce à nous. Mais s'il y en a bien, c'est grâce à qui que les 50 millions sont ici ? C'est bien parce qu'on a fait un cirque, pas possible.

  • Speaker #3

    Ça avait été oublié.

  • Speaker #2

    Il y a 50 millions, il y a 50 millions.

  • Arnaud Montebourg

    Oui, mais ils allaient où ? Dans la caisse de l'État. Avec l'argent des pénalités, 50 000 euros de sanctions contre Général Electric pour emplois détruits ou non créés, on a créé un fonds de revitalisation de la région de Belfort. On est allé demander au préfet du territoire de Belfort, M. Raphaël Sodini, qui siège au comité de gestion de ce fonds, comment ça marche.

  • Speaker #5

    Le Fonds Mojis, en fait, c'est un fonds de 50 millions d'euros qui correspond à une amende payée par General Electric pour ne pas avoir créé les 1000 emplois promis lors du rachat d'Alstom et qui est utilisé par une fiducie, un groupement privé. Le Fonds Mojis, ce n'est pas un fonds de l'État pour investir dans des industries innovantes sur l'air urbain, Belfort, Montbéliard et Ricourt. L'État n'est pas directement le gestionnaire du fonds, c'est bien une fiducie qu'il gère, ce n'est pas une aide publique, mais évidemment l'État est amené, comme la région, comme les collectivités locales, à donner son avis sur les entreprises qui sont proposées et qui proposent leur dossier pour un investissement. Le Fonds Mogis a financé aujourd'hui une vingtaine de projets, je crois. correspondant souvent à des start-up innovantes, industrielles, dans le monde de l'hydrogène, mais aussi dans d'autres secteurs industriels, a contribué à la création d'emplois. Aujourd'hui, presque autant que les 1 000 emplois qui étaient envisagés au départ. Et alors même que nous n'avons pas tout dépensé, c'est un outil formidable de revitalisation industrielle du territoire.

  • Speaker #4

    Les 50 millions, c'est beaucoup et c'est peu en réalité. C'est juste un effet levier, le 50 millions. Ça permet de dire à des entrepreneurs, il y a des fonds intéressants, vous pouvez les solliciter. Ça permet aussi de faire venir d'autres entreprises et ça a permis surtout de se mettre autour d'une table et de penser l'avenir de notre territoire en disant qu'est-ce qu'on amène chez nous, qu'est-ce qu'on subventionne, qu'est-ce qu'on soutient. qui pourrait faire écosystème et qui fasse que notre territoire tire son épingle du jeu en matière industrielle à l'échelle nationale mais aussi européenne. Parce que les atouts sont là.

  • Arnaud Montebourg

    Dans l'accord avec General Electric, que j'ai obtenu en menaçant d'utiliser le décret sur le contrôle des investissements étrangers en France, il y avait quatre points, je le rappelle. La nationalisation d'Alstom n'a jamais eu lieu. Les co-entreprises Alstom Général Électrique, qui permettaient à la France de conserver, selon les unes 49% ou 51% parfois, de toutes les positions qu'elle avait auparavant. Ces co-entreprises ont été vendues par M. Macron et le maire. La Golden Share, qui est un droit de veto du gouvernement français sur tout mauvais usage des turbines Arabel, qui se situe à la sortie des centrales nucléaires qui, avec la vapeur, fabriquent l'électricité. C'est grâce à elle que la France va pouvoir racheter cette activité entre les mains d'EDF. Mais il aura fallu que les syndicalistes la fassent respecter à coup de baramine.

  • Speaker #3

    L'accord que vous avez initié, si on ne l'avait pas remis sur la table, notamment sur l'amende des 50 000 par emploi d'enquête, tout le monde l'oubliait. Tout le monde l'avait oublié.

  • Speaker #2

    Merci, il nous disait, mais de quel accord vous parlez, vous pouvez nous l'envoyer.

  • Arnaud Montebourg

    C'est vous qui m'avez demandé.

  • Speaker #2

    Vous l'avez demandé. Bien sûr, oui.

  • Arnaud Montebourg

    Ça m'a mis beaucoup de temps à le retrouver, parce que c'était dans mes archives, dans ma maison de Saône-et-Loire.

  • Speaker #2

    Et même celui qui avait signé Macron en novembre, qui était beaucoup plus réduit, où il y avait les 50 000, même celui-là, il disait De quoi vous nous parlez ? C'est nous qui leur avons envoyé. En disant Vous étiez au courant ? Nous, on considère que le PSE, il va à l'encontre de l'accord. On ne peut pas dire que les centres de décision restent 10 ans en France, alors que le PSE, il prévoit de les délocaliser.

  • Arnaud Montebourg

    Il a ouvert une procédure pour le faire respecter l'accord ou pas ?

  • Speaker #2

    Ah oui, en fait, en 2019, on avait prévu un schéma de montée progressive de la pression. Et puis Bercy qui nous écoutait. On leur sortait l'accord, on ne les disait pas conformes, etc. On les a attaqués au tribunal administratif. Et c'est que quand on a attaqué le tribunal administratif, que là, Bruno Le Maire a bien voulu discuter avec nous. En disant, de toute façon, nous, on ne signera pas. C'est PSE, on attend de voir si vous, vous allez le valider. C'est seulement là qu'ils ont bien voulu commencer à faire l'intermédiaire, parce que nous, on n'avait pas d'intermédiaire pour négocier. On avait G en face de nous, qui était à le niveau N-5, qui n'avait aucune traite relative, lui c'était 792, il avait 100 emplois sous la manche à négocier, et nous, on ne voulait pas sauver 100 emplois, on voulait en sauver au moins 300.

  • Arnaud Montebourg

    Et sur vos axes de diversification ?

  • Speaker #2

    Bruno Le Maire au début disait c'est n'importe quoi, l'aviation etc, ça va coûter des centaines de millions etc. Donc nous on a démonté le truc, on a dit écoutez en Pologne ils ont mis 20 millions sur la table, il y a 500 personnes qui travaillent. Il commençait de zéro alors que nous on a et la machine outil et les gens qui sont compétents. Et quand le PSE est sorti, Bruno Le Maire ici au début il dit moi je suis prêt à mettre 1 million. pour un million que met GIE sur la diversification. C'est-à-dire que l'État ne faisait pas pression une seconde sur GIE, sur leur projet à eux de réduction de 792 emplois. Par contre, il leur mettait la pression sur la diversification aviation, en disant, nous on est prêts à mettre de l'argent, il faut vous engager, etc. Et dans l'accord qu'on signe en octobre 2019, il y a l'engagement de créer 200 emplois dans l'aviation. C'est sur les 300 emplois, on en sauve 200 grâce à l'aviation. 70 personnes vont travailler sur le sujet. On va être qualifié sur 4 aubes. On a été qualifié sur des aubes d'hélicoptère. Donc la taille des aubes par rapport aux turbines, je n'explique pas quoi. Alors que nous, on visait les gros moteurs d'avion. Et 70 personnes travaillent sur le sujet. On doit monter à 200. On est qualifié, tout se passe bien. Crise de Covid 2020. Le marché de chute des commandes de l'aviation. Nous, on était là, en fait, pour décharger des sites qui allaient faire plus que du nouveau modèle. Donc, nous, on allait faire tous les petits modèles qui étaient en fin de vie. Et puis, en parallèle, le PSE, c'était soi-disant une baisse du marché. Et nous, on a nos commandes qui doublent. Donc il nous manque 500 personnes et on ne sait plus faire. On ne sait plus faire. Donc les 200 qui vont faire de l'aviation, on les rapatrie vite pour pouvoir faire de la turbine à gaz. Et qu'est-ce qu'on fait ? On délocalise après parce qu'on n'a plus les ressources. Donc on a une délocalisation de PSE. C'est allé où alors ? Aux États-Unis.

  • Speaker #3

    Hongrie. Hongrie, etc.

  • Speaker #2

    Alors le PSE, c'est le bureau d'études en Inde et une ligne de production en Hongrie. Mais un an, deux ans après, première cause de retard, c'est les pièces qui viennent d'Hongrie. qui ne sont pas qualifiés, qui sont en retard, qui sont de mauvaise qualité. On n'a plus les capacités pour faire, donc on va délocaliser encore des turbines aux Etats-Unis parce qu'on n'a plus les ressources pour les faire ici. Elles viennent juste de revenir là.

  • Speaker #3

    Si vous voulez, le projet industriel et l'aviation, c'était un moyen finalement de garder les compétences. Parce que le marché, on sait qu'il existe. On a encore un marché sur les 20 prochaines années. On est sur une énergie de transition. Mais vu qu'on est dans une gestion financière avec une vision très court-termiste, On était obligés d'utiliser des arguments un peu debillés pour dire mais non, mais garder l'activité, ancrons l'activité. Et pour être un peu provocateur, limiter le nombre de suppressions d'emplois, ce n'était pas l'objectif, c'était qu'un moyen pour dire on crée de l'activité, on maintient de l'activité, on a besoin de main-d'oeuvre. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, Philippe le dit, on manque de main-d'oeuvre. On a doublé notre carnet de commandes et on ne sait plus faire. C'est une pagaille sans nom parce qu'on a délocalisé et les personnes chez qui On a relocalisé l'activité et nous n'avons pas eu le temps d'apprendre. Il y a une courbe de progression dans tout. Et nous, on ne sait plus faire.

  • Speaker #2

    En fait, il faut savoir que sur notre marché, nous, on a un marché où ce qui est important, c'est le délai. On peut avoir jusqu'à 150 000 euros de pénalité par jour de retard. Depuis que moi, je travaille en production, depuis 20 ans, on a 90-95% de livraison à l'heure. Et si ce n'était pas le cas, on mettrait la clé sous la porte. L'année dernière, on est tombé à 10% de livraison à l'heure. 500 jours de travail en... en retard. C'est dramatique.

  • Speaker #3

    On a certains opérationnels qui sont quand même face aux clients où là, il y a un principe de réalité. Je dirais qu'il y a une forme de résignation. On admet qu'à Belfort, on n'est plus maître de notre destin. Donc, on fait profil bas parce que sinon, on est sur un siège éjectable. Donc, on est avec des dirigeants qui ne font pas de vagues, qui ne remontent pas les problèmes. Parce que remonter un problème, c'est être responsable du problème. et apporter une solution. Donc,

  • Arnaud Montebourg

    on ne bouge pas.

  • Speaker #2

    Après, on passe en fait.

  • Speaker #4

    Personne ne se sent responsable de rien.

  • Speaker #2

    Jusqu'en 2015, il y en a deux pôles dans le monde. On a Abelfort qui gère tout le marché 50 Hertz, etc. On a tous les dirigeants commerciaux, ingénierie, production, supply chain, on en a un sur tout. Et là, maintenant, on est un simple sous-traitant. Le plus gars, le plus haut gradé, il doit être N-4 ou N-5 du patron. Il ne connaît absolument pas la stratégie, il n'a même pas le droit d'en parler. Lui, il applique, on est maintenant à un simple soutien, et il décide ou pas, nous donner du boulot ou pas, on n'a plus du tout notre avenir en main, contrairement à l'accord, parce qu'on n'en parle pas assez et tout, mais le maintien des centres de décision pendant 10 ans en France, ça c'était stratégique. Dommage qu'il n'y ait pas eu d'amende pour ça, parce que du coup, il n'a jamais respecté. On a perdu trop de temps avec GE à essayer de construire des projets qui avaient du sens, ils n'en veulent pas, on ne peut pas les forcer à faire des investissements qu'ils ne veulent pas faire. Donc on a décidé maintenant, on le fait en dehors de l'entreprise. On a donc 500, 1000 personnes d'emplois extrêmement qualifiés qui ne travaillent plus chez GE. On peut encore, on avait une opportunité pour reconstruire autre chose. Donc on a créé une ASOS il y a deux ans.

  • Speaker #3

    Alors on l'a créée aussi parce que l'étiquette syndicale nous colle à la peau et frapper à la porte d'autres partenaires, d'autres entreprises, d'autres industriels. Les portes nous étaient fermées, parce que vous êtes des syndicalistes de Général Électrique. On ne parle pas des syndicalistes de Général Électrique. Donc c'est ce cheminement-là, ce raisonnement-là qui nous a conduits à créer une association qui nous donne une autre étiquette.

  • Arnaud Montebourg

    Quand même, des ingénieurs, on vous dit qu'il y a un ultra qualifié, donc vous êtes capable de remonter de l'industrie.

  • Speaker #2

    Quand on a vu le niveau des mecs chez G en face de nous et à Bercy, on s'est dit, on n'a rien à attendre d'eux. On s'est dit, on ne se fait pas. Donc on a dit, en fait, on n'est pas si bête que ça.

  • Speaker #3

    On n'a pas à rougir de ce qu'on a à proposer. En étant petit technicien, petit ingénieur... Dans les basses strates de l'entreprise, on n'a pas à rougir de ce qu'on a à proposer sur le plan industriel et sur le plan politique au sens premier du terme, de gestion, construction de la cité.

  • Speaker #4

    Ils voyaient de l'intérieur la casse qui était en train de se produire de leur outil industriel, les conséquences sur l'emploi et bien sûr les conséquences sur leur territoire. Et depuis le début, ils ne se sont pas positionnés comme ceux qui tapent dessus. Ils ont partagé avec nous, avec moi, cette passion qu'ils avaient de leur métier et de l'outil industriel. Beaucoup d'élus ont baissé les bras, ont capitulé devant les batailles que l'on devait mener. Quand des gars comme ça viennent me voir en me disant nous on est de l'intérieur, on a envie de se battre pour notre emploi et nos savoir-faire je me dis on ne peut pas les décevoir et on doit être nous sur le même terrain, sur cette même exigence-là. Faisons émerger des entreprises qui puissent participer à cet écosystème, qui maintiennent les compétences. dont General Electric voulait se débarrasser, tout simplement.

  • Speaker #2

    Ici, c'est la seule ville au monde où on vend des dizaines, voire des centaines parfois, de centrales dans le monde entier, de tous types, que ce soit gaz, charbon, nucléaire, etc. Mais on n'a jamais conçu de réacteur. On n'a même jamais conçu de turbine, ici. Nous, on conçoit des centrales clés en main pour des clients qui ont des besoins bien particuliers, avec des normes qui sont bien particulières, avec des conditions de site qui sont bien particulières. Et ça, c'est un métier, c'est 50% des effectifs à Belfort. Mais à chaque fois qu'on rencontre des acteurs économiques, ils ne parlent que de l'usine. Ils pensent qu'ici, on ne fait que des turbines et tout. Ça, les usines, en fait, contrairement à ce qu'on pourrait croire, elles sont restées. Les plans de licenciement, il y en a peut-être une cinquantaine en France. Il n'y en a peut-être que deux ou trois qui ont concerné des usines et des ouvriers. Ceux qui ont été laminés, c'est ceux qui négocient des contrats internationaux très compliqués, qui conçoivent une centrale clé en main pour un besoin bien spécifique, à un endroit bien spécifique, avec une norme bien spécifique. Les mecs qui conçoivent la centrale, les mecs qui font la coordination, qui font l'installation. Et ça, c'est une compétence critique française.

  • Arnaud Montebourg

    Et c'est eux qui font tourner les usines, du coup.

  • Speaker #2

    Et si ils ne vendent pas, il n'y a pas de... rien à produire. C'est comme la turbine d'Arabel, on dit, on a sauvé la turbine d'Arabel. À condition qu'on arrive encore à vendre des centrales.

  • Arnaud Montebourg

    Les loques conventionnelles.

  • Speaker #2

    Oui, les loques conventionnelles, à condition qu'on est capable de le vendre à l'international, ce qu'on faisait actuellement à Belfort, les compétences de Belfort. Donc c'est pour ça que c'est ces gens-là qui se sont fait laminer. Le bureau d'études en Inde, les commerciaux, les chefs de projet qui coordonnent des projets de plusieurs centaines de millions à travers plein de partenaires qu'il faut coordonner, etc. Où les risques financiers sont énormes. C'est ça, les compétences critiques de Belfort, que personne ne comprend. Donc nous, on a dit, on va créer des boîtes d'intégration, parce que ça va être de plus en plus compliqué, il y aura de plus en plus de renouvelables, il va falloir pouvoir optimiser les besoins, identifier les besoins, aussi bien en électricité, en chaleur, etc.

  • Speaker #3

    On a une transition énergétique à faire.

  • Speaker #2

    Il y a beaucoup de milliards qui sont en train de déverser. Qui va le faire si on ne le fait pas ? Basiquement, on a mis des gens autour de la table pendant six mois. Des ingénieurs chez le GIE, des ingénieurs qui n'étaient plus chez le GIE, des universitaires.

  • Arnaud Montebourg

    C'est ça le soir, le week-end ? Voilà,

  • Speaker #2

    le soir, le week-end.

  • Arnaud Montebourg

    Et alors, qu'est-ce qui est sorti ?

  • Speaker #2

    Dix groupes de travail. Dix groupes de travail sur le nucléaire et l'hydrogène. Et c'était totalement suivant les groupes de travail. Alors, on a le premier groupe de travail, c'est un truc totalement inédit. C'est un ingénieur de General Electric, expert en tout ce qui est modélisation numérique. qui travaillent avec une petite PME locale et puis 4G Mining Engineering, un grand groupe, et qui ont développé une maquette numérique sur les installations hydrogènes pour optimiser toute la phase justement à mon, de définition en fait des composants par rapport aux besoins. Parce que tout le monde veut faire de l'hydrogène, toutes les régions, etc. Mais ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire. Ils disent souvent, moi je vais faire trois bus, moi je vais faire une piscine, etc. Mais en fait, l'idée c'est d'avoir un outil en temps réel devant le client. Vous voulez faire quoi ? Non, ça ne s'accole pas. Le retour sur investissement, c'est 40 ans. Il faut mettre... par contre on vous propose de faire plutôt ça, etc. On a développé ça en 6 mois, ce groupe de travail-là. Il a été présenté au forum Hydrogène. On est en cours d'analyse de marché. Et puis si ça fonctionne, il y aura une JV qui va être créée entre une PME locale et un grand groupe d'ingénierie.

  • Speaker #3

    Ce qu'on a constaté, c'est que dans nos gros groupes, où on dégage quand même beaucoup de bénéfices, on n'est pas très moderne. On travaille toujours avec des outils qui ont 20 ans, 15 ans, 10 ans peut-être. Informatiques, certes, mais qui ne sont pas à la page. Si on veut créer des entreprises nouvelles qui soient compétitives, il faut un différenciateur fort. Et le différenciateur fort, c'est bien le numérique. Un jumeau numérique qui prenne en compte toute la chaîne de valeur. Il y a des jeux vidéo qui le font très bien.

  • Arnaud Montebourg

    Et tous les marchés des centrales nucléaires d'Europe, contre Areva.

  • Speaker #3

    Sim City, qui est un jeu qui a une vingtaine d'années, on construisait une ville, on la faisait fonctionner. Pourquoi on ne saurait pas faire la même chose avec une centrale électrique ? C'est un peu l'origine de la réflexion, et ça tombe bien, l'outil n'existe pas. Ou en tout cas, de façon parcellaire, donc. faisons un outil complet et qui devienne un différenciateur pour les nouvelles activités, histoire qu'on puisse jouer à armégale avec un GE, un Siemens, qui serait tenté, peut-être un jour, de répondre sur des questions hydrogènes.

  • Arnaud Montebourg

    C'est de l'entrepreneuriat syndical ou du syndicalisme entrepreneurial.

  • Speaker #2

    Alors après, c'est tout le problème qu'on a, c'est que vous, vous estimez qu'un syndicaliste il peut faire ça, mais nous on a eu beaucoup de problèmes en disant non, on n'est plus syndicaliste, on est entrepreneur. Les syndicalistes, ce qui brûle les plus, c'est pas nous. Nous on est là pour dire des choses. Mais l'image elle est quand même...

  • Speaker #3

    Elle est tenace.

  • Arnaud Montebourg

    Ça va se détendre. Franchement, c'est unique comme cas que vous ayez converti votre énergie revendicative en construction... ...boîte, c'est extraordinaire. Avec le soutien des collectivités. Oui. Puis de l'État, finalement, parce que vous avez été combatif. Et sur l'hydrogène ? Vous avez un plan ?

  • Speaker #2

    Le problème de l'hydrogène, c'est que la norme n'existe pas encore. Et donc, l'idée, c'était de travailler sur la norme, mais aussi de former, de créer une formation pour les techniciens en maintenance qui vont travailler dans ces installations-là. Avec l'IUT ou l'UTBM, parce que ce qu'on ne dit pas dans la sauce, c'est qu'il y a aussi toutes les écoles d'ingénieurs et de commerce qui sont dedans, avec qui on travaille, ils font des analyses, et on a aussi On a aussi tous les clusters avec qui on a beaucoup travaillé.

  • Speaker #3

    C'est vrai que la certification, c'est l'élément clé, c'est le permis de démarrer une centrale. Et ça tombe bien, on fait des centrales à gaz. Donc l'hydrogène étant un gaz, on a besoin d'adapter les connaissances pour pouvoir donner la certification qui va être le point de départ.

  • Speaker #2

    Mais la certification sur du gaz, on est expert dans le monde entier. La certification d'hydrogène où personne n'est expert, il est mieux placé pour pouvoir travailler sur le sujet, c'est quand même nous.

  • Arnaud Montebourg

    Alors, dans le prochain épisode, on va rencontrer Jean Maillard, un ami d'Apsys qui, dans la continuité d'un groupe de travail, a lancé Next, un fabricant de petits réacteurs nucléaires modulaires pour que Belfort soit la capitale du nouveau nucléaire français.

Description

Arnaud Montebourg retourne voir Belfort après l’humiliation de la perte d’Alstom. Il y retrouve les syndicalistes Alexis Sesmat et Philippe Petitcolin sur le site de General Electric, qui racontent comment ils reconstruisent méthodiquement l’industrie de la ville. L’élue locale Samia Jaber et le préfet Raphaël Sodini apportent leur témoignage sur la reconstruction industrielle de Belfort.  


Co-réalisé par Renaud Duguet et Maxime Verner. 

Prise de son : Thibaut Boulanger.

Voix off : Elia.

Générique : Guillaume Bérat.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Arnaud Montebourg

    Bonjour les vrais souverains, je suis Arnaud Montebourg et j'approuve ce podcast. J'ai créé il y a quelques années les équipes du Made in France qui contribuent à construire, reconstruire la nouvelle agriculture et la nouvelle industrie de notre pays. On le fait modestement, mais on le fait concrètement. Et je vous emmène à la rencontre des vrais souverains, celles et ceux qui se battent au quotidien pour que la France redevienne ce grand pays inspirant que nous aimons tant et où nous voulons vivre longtemps.

  • Elia

    Le 23 avril 2014, c'est par une dépêche Bloomberg au petit matin que le ministre de l'économie et du redressement productif, Arnaud Montebourg, découvre stupéfait que General Electric est en discussion avec le français Alstom pour acheter son activité énergie. Le PDG d'Alstom, Patrick Kron, avait négocié cette vente à la découpe dans le taux du gouvernement et contre les intérêts français. Sitôt rentré de son rendez-vous à Chicago, il est convoqué à Bercy pour s'expliquer. Une semaine plus tard, Arne Montebourg répond dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

  • Arnaud Montebourg

    Le gouvernement n'accepte pas, et d'ailleurs aucun gouvernement de quelconque état dans le monde n'accepterait, le fait accompli d'être informé un vendredi. qu'un de ces fleurons nationaux qui vide la commande publique avec 20 milliards de chiffre d'affaires et 95 000 salariés soit vendu le dimanche soir. Aucun État ne l'accepterait. Et voyez-vous, monsieur le député, nous sommes prêts depuis le mois de février. Et depuis le mois de février, j'interroge monsieur Patrick Kron. président de cette entreprise qui est notre fleuron national. Et M. Patrick Rond, alors que je l'ai interrogé d'humain, solennellement et sérieusement, m'a toujours dit qu'il n'avait aucun projet d'alliance. Est-ce que le ministre de l'économie doit aller installer un détecteur de mensonges dans son bureau pour les présidents du CAC 40 qui n'ont pas le civisme élémentaire d'avertir leur gouvernement ? Je voudrais vous rappeler, M. le député, que Alstom fabrique les turbines des chaudières nucléaires de EDF.

  • Elia

    Ce fut la première bataille de Belfort qui consistait à limiter les dégâts. Arneau-Montebourg s'est engagé auprès de l'intersyndicale et a négocié bec et ongles avec Jeffy Melt, le patron de GE, un accord comprenant la création des co-entreprises, une golden share donnant un droit de veto au gouvernement français sur un éventuel prochain rachat. Ainsi que 50 millions d'euros de pénalités si le groupe américain ne tenait pas son engagement de créer 1000 emplois à Belfort sous 3 ans. GE a finalement fait un plan social dès 2019 et payé ces pénalités qui permettent aujourd'hui aux syndicalistes de préfigurer des start-up pour créer eux-mêmes ces 1000 emplois sur leur territoire. Arnaud Montebourg est retourné les voir en 2021.

  • Arnaud Montebourg

    Pour moi c'était comme une sorte de devoir enfoui qui n'avait pas été exprimé de dire ce qui s'était passé dans l'affaire Alstom. J'ai voulu le faire d'abord en rencontrant l'intersyndicale d'Alstom. Nous avons dîné ensemble. Ça reste pour moi un moment poignant, car finalement le passé est revenu à la surface comme une sorte de rupture de canalisation, si vous me passez l'expression. Et finalement tout est sorti. J'ai décidé d'ailleurs d'en faire un livre pour que nul n'ignore ce qui s'était effectivement produit, vu de l'intérieur.

  • Elia

    Il y a quelques semaines, face au constat d'une dépendance énergétique de la France, le Parlement a réuni une commission d'enquête parlementaire chargée d'étudier les raisons de notre perte de souveraineté énergétique. Arnaud Montebourg, qui en réponse à l'affaire Alstom, avait pris dès le 14 mai 2014 un décret pour protéger certains secteurs d'activité en imposant aux investissements étrangers des autorisations préalables, a été convoqué pour apporter sous serment son témoignage.

  • Arnaud Montebourg

    Moi, je suis arrivé à l'Élysée en disant Je suis contre cette acquisition par Général Électrique, nous avons les moyens de la bloquer. Et je propose que nous poursuivions. Donc on bloque, on dit non, et on ouvre le débat avec les Allemands, sans être sûr que ça marche, il ne faut jamais se lier les mains, mais on travaille avec les Allemands et les Japonais. J'ai été désavoué par le président de la République et dit Non, non, on va faire l'accord avec les Américains, mais... J'avais donc un subsidiaire. Selon quelle modalité le ministre de l'économie est capable de faire un accord avec les Américains ? Je veux une nationalisation d'Alstom qui restera, trois coûts entreprises, le rachat du signaling et des pénalités s'il ne crée pas les 1000 emplois qui sont dans l'accord. Ils les ont payés parce qu'ils ne les ont pas créés. Il y a 50 millions qui sont allés à Belfort aujourd'hui, qui sont investis à Belfort. C'est les pénalités que j'avais mises dans mon accord. C'est le seul point qui a été appliqué dans mon accord. Voilà. La décision, elle a été celle-là. Les rapports avec l'Élysée, écoutez, c'est des rapports de travail. C'est des rapports de force. Mais c'est normal. C'est très important ce qui s'est joué ce jour-là. Voilà. Écoutez, on a perdu en 15 ans. Arcelor, leader mondial de l'acier. Péchinet, leader mondial de l'aluminium. Alstom, un des leaders mondiaux de l'énergie. Technip, un des leaders dans l'oil and gas. Lafarge, le ciment donné aux Suisses. Alcatel, détruit, vendu à Nokia. On aurait pu racheter Nokia. On était plus haut qu'eux. Je ne vous parle même pas d'Essilor. C'est ça, le résultat ? Et on sort mon décret ? quand il y a Carrefour qui risque d'être acheté par Couchetard. Il faut se réveiller. Donc vous êtes une commission d'enquête sur la souveraineté. La souveraineté, ça a un sens. C'est que ça, si vous voulez, quand vous perdez tout ça en 15 ans, il ne faut pas s'étonner s'il n'y a plus de PME en France, que les PME travaillaient pour ces boîtes-là. Mais tous les dirigeants, je vais dire aussi un mot, parce qu'on acculte les gouvernements, mais les présidents de ces boîtes-là, est-ce que vous connaissez le tarif de la trahison de la France ? C'est entre 10 et 15 millions. M. Cron a touché, je crois, 13. M. Laffont, 15. M. Combe, 13. Voilà. C'est le prix de la trahison de la France. C'est pas cher. Ça, ça fait partie de la question qu'il nous faut poser.

  • Elia

    Le mois dernier, Arnaud Montebourg a retourné à Belfort, retrouver Philippe Petit-Colin, élu CFE-CGC, Alexis Esmat, élu Sud, et Samia Jaber, conseillère générale du territoire de Belfort, engagée depuis le début auprès des syndicalistes.

  • Arnaud Montebourg

    Merci de me recevoir. On vient faire le point. Je n'osais pas chômer. C'est unique que le syndicalisme mène à la start-up.

  • Speaker #2

    Tout à fait.

  • Arnaud Montebourg

    Eh oui. C'est-à-dire qu'il y a la protestation, il y a la bataille, et puis après, il y a la reconstruction.

  • Speaker #3

    La reconstruction.

  • Speaker #2

    Donc on avait en 2019 bataillé sur un projet alternatif. À la veille de dépôt du PSE, on a négocié à Bercy de 792 à 495 emplois supprimés. Et puis nous ce qu'on voulait c'était surtout négocier un nouveau projet industriel pour le site à travers la diversification. Au début ça a bien fonctionné, il y avait 50 salariés qui se sont mobilisés au travers du projet. Il y a eu

  • Speaker #3

    8 taxes.

  • Speaker #2

    Pendant six mois, on a travaillé sur le sujet, on a présenté nos travaux conjointement à Bercy, et au moment de mettre de l'argent sur la table, c'était la crise du Covid, c'était compliqué, il n'y avait plus d'activité, etc.

  • Speaker #3

    Ensuite, on s'est attaqué un peu à l'ADN de G, où ce qu'on nous explique aussi en creux, c'est qu'à travers les huit axes, on essayait à innover dans l'activité industrielle belfortaine. Mais G n'innove pas. G rachète, on l'a vu avec Alstom. On ne développe plus rien chez Gio, on préfère racheter des boîtes qui ont déjà essuyé les plâtres et donc devenir avec un projet 8 axes innovant. ça n'a pas enthousiasmé beaucoup nos dirigeants.

  • Arnaud Montebourg

    Mais ça aurait pu passer à la trappe.

  • Speaker #2

    Il y a juste la Golden Share qui est restée. Heureusement, c'est comme ça qu'on l'a récupérée. Sinon, on n'aurait jamais récupéré le revanche.

  • Arnaud Montebourg

    Donc c'est quand même la Golden Share.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Arnaud Montebourg

    Oui, c'est vrai. C'était invendable. Non, enfin, français.

  • Speaker #2

    C'est très vendable, mais en fait,

  • Arnaud Montebourg

    ils ne pouvaient le vendre qu'avec l'accord du gouvernement français.

  • Speaker #2

    Voilà, ils ne pouvaient le vendre qu'avec l'accord du gouvernement français. On a gagné ça. C'est la seule chose qui a permis...

  • Arnaud Montebourg

    Alors, qu'est-ce qui reste de l'accord ? Ça. Le droit des taux et puis les 50 millions. La pénalité, oui. Les pénalités que j'ai imposées pour la première fois, d'ailleurs. Ça n'était jamais arrivé. Mais rétrospectivement, je me dis que... Mes collaborateurs m'avaient dit on va mettre 50 000 balles par emploi non créé. Je leur dis, à l'époque, pour nous, c'était énorme. Je n'avais jamais vu ça.

  • Speaker #4

    Maintenant, ce n'est pas si énorme que ça.

  • Arnaud Montebourg

    Mais en fait, c'est rien. Aujourd'hui, je me dis, mais on aurait dû leur mettre 500 000 balles par emploi. Alors là, ils seraient un peu calmés.

  • Speaker #3

    C'était le bonus 47 millions. Le bonus de la Recalp en 2021.

  • Speaker #2

    Quand ils virent des gens chez Gilles, ils provisionnent 200 000 par emploi.

  • Arnaud Montebourg

    On a fait ça à l'arraché au dernier moment, avant l'annexion. Et donc, il y a eu les 50 000 balles, mais à l'époque, j'étais content, ça n'existait pas. J'ai dit, on a au moins fait ça. Et en fait, c'était rien.

  • Speaker #2

    C'était rien, mais c'est mieux que rien.

  • Arnaud Montebourg

    Ça fait 50 millions.

  • Speaker #2

    C'est ça.

  • Arnaud Montebourg

    C'est les 50 millions de Mojis.

  • Speaker #2

    C'est les 50 millions.

  • Speaker #4

    Et investis sur le territoire.

  • Speaker #2

    Tout le monde se dit, c'est grâce à nous. Mais s'il y en a bien, c'est grâce à qui que les 50 millions sont ici ? C'est bien parce qu'on a fait un cirque, pas possible.

  • Speaker #3

    Ça avait été oublié.

  • Speaker #2

    Il y a 50 millions, il y a 50 millions.

  • Arnaud Montebourg

    Oui, mais ils allaient où ? Dans la caisse de l'État. Avec l'argent des pénalités, 50 000 euros de sanctions contre Général Electric pour emplois détruits ou non créés, on a créé un fonds de revitalisation de la région de Belfort. On est allé demander au préfet du territoire de Belfort, M. Raphaël Sodini, qui siège au comité de gestion de ce fonds, comment ça marche.

  • Speaker #5

    Le Fonds Mojis, en fait, c'est un fonds de 50 millions d'euros qui correspond à une amende payée par General Electric pour ne pas avoir créé les 1000 emplois promis lors du rachat d'Alstom et qui est utilisé par une fiducie, un groupement privé. Le Fonds Mojis, ce n'est pas un fonds de l'État pour investir dans des industries innovantes sur l'air urbain, Belfort, Montbéliard et Ricourt. L'État n'est pas directement le gestionnaire du fonds, c'est bien une fiducie qu'il gère, ce n'est pas une aide publique, mais évidemment l'État est amené, comme la région, comme les collectivités locales, à donner son avis sur les entreprises qui sont proposées et qui proposent leur dossier pour un investissement. Le Fonds Mogis a financé aujourd'hui une vingtaine de projets, je crois. correspondant souvent à des start-up innovantes, industrielles, dans le monde de l'hydrogène, mais aussi dans d'autres secteurs industriels, a contribué à la création d'emplois. Aujourd'hui, presque autant que les 1 000 emplois qui étaient envisagés au départ. Et alors même que nous n'avons pas tout dépensé, c'est un outil formidable de revitalisation industrielle du territoire.

  • Speaker #4

    Les 50 millions, c'est beaucoup et c'est peu en réalité. C'est juste un effet levier, le 50 millions. Ça permet de dire à des entrepreneurs, il y a des fonds intéressants, vous pouvez les solliciter. Ça permet aussi de faire venir d'autres entreprises et ça a permis surtout de se mettre autour d'une table et de penser l'avenir de notre territoire en disant qu'est-ce qu'on amène chez nous, qu'est-ce qu'on subventionne, qu'est-ce qu'on soutient. qui pourrait faire écosystème et qui fasse que notre territoire tire son épingle du jeu en matière industrielle à l'échelle nationale mais aussi européenne. Parce que les atouts sont là.

  • Arnaud Montebourg

    Dans l'accord avec General Electric, que j'ai obtenu en menaçant d'utiliser le décret sur le contrôle des investissements étrangers en France, il y avait quatre points, je le rappelle. La nationalisation d'Alstom n'a jamais eu lieu. Les co-entreprises Alstom Général Électrique, qui permettaient à la France de conserver, selon les unes 49% ou 51% parfois, de toutes les positions qu'elle avait auparavant. Ces co-entreprises ont été vendues par M. Macron et le maire. La Golden Share, qui est un droit de veto du gouvernement français sur tout mauvais usage des turbines Arabel, qui se situe à la sortie des centrales nucléaires qui, avec la vapeur, fabriquent l'électricité. C'est grâce à elle que la France va pouvoir racheter cette activité entre les mains d'EDF. Mais il aura fallu que les syndicalistes la fassent respecter à coup de baramine.

  • Speaker #3

    L'accord que vous avez initié, si on ne l'avait pas remis sur la table, notamment sur l'amende des 50 000 par emploi d'enquête, tout le monde l'oubliait. Tout le monde l'avait oublié.

  • Speaker #2

    Merci, il nous disait, mais de quel accord vous parlez, vous pouvez nous l'envoyer.

  • Arnaud Montebourg

    C'est vous qui m'avez demandé.

  • Speaker #2

    Vous l'avez demandé. Bien sûr, oui.

  • Arnaud Montebourg

    Ça m'a mis beaucoup de temps à le retrouver, parce que c'était dans mes archives, dans ma maison de Saône-et-Loire.

  • Speaker #2

    Et même celui qui avait signé Macron en novembre, qui était beaucoup plus réduit, où il y avait les 50 000, même celui-là, il disait De quoi vous nous parlez ? C'est nous qui leur avons envoyé. En disant Vous étiez au courant ? Nous, on considère que le PSE, il va à l'encontre de l'accord. On ne peut pas dire que les centres de décision restent 10 ans en France, alors que le PSE, il prévoit de les délocaliser.

  • Arnaud Montebourg

    Il a ouvert une procédure pour le faire respecter l'accord ou pas ?

  • Speaker #2

    Ah oui, en fait, en 2019, on avait prévu un schéma de montée progressive de la pression. Et puis Bercy qui nous écoutait. On leur sortait l'accord, on ne les disait pas conformes, etc. On les a attaqués au tribunal administratif. Et c'est que quand on a attaqué le tribunal administratif, que là, Bruno Le Maire a bien voulu discuter avec nous. En disant, de toute façon, nous, on ne signera pas. C'est PSE, on attend de voir si vous, vous allez le valider. C'est seulement là qu'ils ont bien voulu commencer à faire l'intermédiaire, parce que nous, on n'avait pas d'intermédiaire pour négocier. On avait G en face de nous, qui était à le niveau N-5, qui n'avait aucune traite relative, lui c'était 792, il avait 100 emplois sous la manche à négocier, et nous, on ne voulait pas sauver 100 emplois, on voulait en sauver au moins 300.

  • Arnaud Montebourg

    Et sur vos axes de diversification ?

  • Speaker #2

    Bruno Le Maire au début disait c'est n'importe quoi, l'aviation etc, ça va coûter des centaines de millions etc. Donc nous on a démonté le truc, on a dit écoutez en Pologne ils ont mis 20 millions sur la table, il y a 500 personnes qui travaillent. Il commençait de zéro alors que nous on a et la machine outil et les gens qui sont compétents. Et quand le PSE est sorti, Bruno Le Maire ici au début il dit moi je suis prêt à mettre 1 million. pour un million que met GIE sur la diversification. C'est-à-dire que l'État ne faisait pas pression une seconde sur GIE, sur leur projet à eux de réduction de 792 emplois. Par contre, il leur mettait la pression sur la diversification aviation, en disant, nous on est prêts à mettre de l'argent, il faut vous engager, etc. Et dans l'accord qu'on signe en octobre 2019, il y a l'engagement de créer 200 emplois dans l'aviation. C'est sur les 300 emplois, on en sauve 200 grâce à l'aviation. 70 personnes vont travailler sur le sujet. On va être qualifié sur 4 aubes. On a été qualifié sur des aubes d'hélicoptère. Donc la taille des aubes par rapport aux turbines, je n'explique pas quoi. Alors que nous, on visait les gros moteurs d'avion. Et 70 personnes travaillent sur le sujet. On doit monter à 200. On est qualifié, tout se passe bien. Crise de Covid 2020. Le marché de chute des commandes de l'aviation. Nous, on était là, en fait, pour décharger des sites qui allaient faire plus que du nouveau modèle. Donc, nous, on allait faire tous les petits modèles qui étaient en fin de vie. Et puis, en parallèle, le PSE, c'était soi-disant une baisse du marché. Et nous, on a nos commandes qui doublent. Donc il nous manque 500 personnes et on ne sait plus faire. On ne sait plus faire. Donc les 200 qui vont faire de l'aviation, on les rapatrie vite pour pouvoir faire de la turbine à gaz. Et qu'est-ce qu'on fait ? On délocalise après parce qu'on n'a plus les ressources. Donc on a une délocalisation de PSE. C'est allé où alors ? Aux États-Unis.

  • Speaker #3

    Hongrie. Hongrie, etc.

  • Speaker #2

    Alors le PSE, c'est le bureau d'études en Inde et une ligne de production en Hongrie. Mais un an, deux ans après, première cause de retard, c'est les pièces qui viennent d'Hongrie. qui ne sont pas qualifiés, qui sont en retard, qui sont de mauvaise qualité. On n'a plus les capacités pour faire, donc on va délocaliser encore des turbines aux Etats-Unis parce qu'on n'a plus les ressources pour les faire ici. Elles viennent juste de revenir là.

  • Speaker #3

    Si vous voulez, le projet industriel et l'aviation, c'était un moyen finalement de garder les compétences. Parce que le marché, on sait qu'il existe. On a encore un marché sur les 20 prochaines années. On est sur une énergie de transition. Mais vu qu'on est dans une gestion financière avec une vision très court-termiste, On était obligés d'utiliser des arguments un peu debillés pour dire mais non, mais garder l'activité, ancrons l'activité. Et pour être un peu provocateur, limiter le nombre de suppressions d'emplois, ce n'était pas l'objectif, c'était qu'un moyen pour dire on crée de l'activité, on maintient de l'activité, on a besoin de main-d'oeuvre. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, Philippe le dit, on manque de main-d'oeuvre. On a doublé notre carnet de commandes et on ne sait plus faire. C'est une pagaille sans nom parce qu'on a délocalisé et les personnes chez qui On a relocalisé l'activité et nous n'avons pas eu le temps d'apprendre. Il y a une courbe de progression dans tout. Et nous, on ne sait plus faire.

  • Speaker #2

    En fait, il faut savoir que sur notre marché, nous, on a un marché où ce qui est important, c'est le délai. On peut avoir jusqu'à 150 000 euros de pénalité par jour de retard. Depuis que moi, je travaille en production, depuis 20 ans, on a 90-95% de livraison à l'heure. Et si ce n'était pas le cas, on mettrait la clé sous la porte. L'année dernière, on est tombé à 10% de livraison à l'heure. 500 jours de travail en... en retard. C'est dramatique.

  • Speaker #3

    On a certains opérationnels qui sont quand même face aux clients où là, il y a un principe de réalité. Je dirais qu'il y a une forme de résignation. On admet qu'à Belfort, on n'est plus maître de notre destin. Donc, on fait profil bas parce que sinon, on est sur un siège éjectable. Donc, on est avec des dirigeants qui ne font pas de vagues, qui ne remontent pas les problèmes. Parce que remonter un problème, c'est être responsable du problème. et apporter une solution. Donc,

  • Arnaud Montebourg

    on ne bouge pas.

  • Speaker #2

    Après, on passe en fait.

  • Speaker #4

    Personne ne se sent responsable de rien.

  • Speaker #2

    Jusqu'en 2015, il y en a deux pôles dans le monde. On a Abelfort qui gère tout le marché 50 Hertz, etc. On a tous les dirigeants commerciaux, ingénierie, production, supply chain, on en a un sur tout. Et là, maintenant, on est un simple sous-traitant. Le plus gars, le plus haut gradé, il doit être N-4 ou N-5 du patron. Il ne connaît absolument pas la stratégie, il n'a même pas le droit d'en parler. Lui, il applique, on est maintenant à un simple soutien, et il décide ou pas, nous donner du boulot ou pas, on n'a plus du tout notre avenir en main, contrairement à l'accord, parce qu'on n'en parle pas assez et tout, mais le maintien des centres de décision pendant 10 ans en France, ça c'était stratégique. Dommage qu'il n'y ait pas eu d'amende pour ça, parce que du coup, il n'a jamais respecté. On a perdu trop de temps avec GE à essayer de construire des projets qui avaient du sens, ils n'en veulent pas, on ne peut pas les forcer à faire des investissements qu'ils ne veulent pas faire. Donc on a décidé maintenant, on le fait en dehors de l'entreprise. On a donc 500, 1000 personnes d'emplois extrêmement qualifiés qui ne travaillent plus chez GE. On peut encore, on avait une opportunité pour reconstruire autre chose. Donc on a créé une ASOS il y a deux ans.

  • Speaker #3

    Alors on l'a créée aussi parce que l'étiquette syndicale nous colle à la peau et frapper à la porte d'autres partenaires, d'autres entreprises, d'autres industriels. Les portes nous étaient fermées, parce que vous êtes des syndicalistes de Général Électrique. On ne parle pas des syndicalistes de Général Électrique. Donc c'est ce cheminement-là, ce raisonnement-là qui nous a conduits à créer une association qui nous donne une autre étiquette.

  • Arnaud Montebourg

    Quand même, des ingénieurs, on vous dit qu'il y a un ultra qualifié, donc vous êtes capable de remonter de l'industrie.

  • Speaker #2

    Quand on a vu le niveau des mecs chez G en face de nous et à Bercy, on s'est dit, on n'a rien à attendre d'eux. On s'est dit, on ne se fait pas. Donc on a dit, en fait, on n'est pas si bête que ça.

  • Speaker #3

    On n'a pas à rougir de ce qu'on a à proposer. En étant petit technicien, petit ingénieur... Dans les basses strates de l'entreprise, on n'a pas à rougir de ce qu'on a à proposer sur le plan industriel et sur le plan politique au sens premier du terme, de gestion, construction de la cité.

  • Speaker #4

    Ils voyaient de l'intérieur la casse qui était en train de se produire de leur outil industriel, les conséquences sur l'emploi et bien sûr les conséquences sur leur territoire. Et depuis le début, ils ne se sont pas positionnés comme ceux qui tapent dessus. Ils ont partagé avec nous, avec moi, cette passion qu'ils avaient de leur métier et de l'outil industriel. Beaucoup d'élus ont baissé les bras, ont capitulé devant les batailles que l'on devait mener. Quand des gars comme ça viennent me voir en me disant nous on est de l'intérieur, on a envie de se battre pour notre emploi et nos savoir-faire je me dis on ne peut pas les décevoir et on doit être nous sur le même terrain, sur cette même exigence-là. Faisons émerger des entreprises qui puissent participer à cet écosystème, qui maintiennent les compétences. dont General Electric voulait se débarrasser, tout simplement.

  • Speaker #2

    Ici, c'est la seule ville au monde où on vend des dizaines, voire des centaines parfois, de centrales dans le monde entier, de tous types, que ce soit gaz, charbon, nucléaire, etc. Mais on n'a jamais conçu de réacteur. On n'a même jamais conçu de turbine, ici. Nous, on conçoit des centrales clés en main pour des clients qui ont des besoins bien particuliers, avec des normes qui sont bien particulières, avec des conditions de site qui sont bien particulières. Et ça, c'est un métier, c'est 50% des effectifs à Belfort. Mais à chaque fois qu'on rencontre des acteurs économiques, ils ne parlent que de l'usine. Ils pensent qu'ici, on ne fait que des turbines et tout. Ça, les usines, en fait, contrairement à ce qu'on pourrait croire, elles sont restées. Les plans de licenciement, il y en a peut-être une cinquantaine en France. Il n'y en a peut-être que deux ou trois qui ont concerné des usines et des ouvriers. Ceux qui ont été laminés, c'est ceux qui négocient des contrats internationaux très compliqués, qui conçoivent une centrale clé en main pour un besoin bien spécifique, à un endroit bien spécifique, avec une norme bien spécifique. Les mecs qui conçoivent la centrale, les mecs qui font la coordination, qui font l'installation. Et ça, c'est une compétence critique française.

  • Arnaud Montebourg

    Et c'est eux qui font tourner les usines, du coup.

  • Speaker #2

    Et si ils ne vendent pas, il n'y a pas de... rien à produire. C'est comme la turbine d'Arabel, on dit, on a sauvé la turbine d'Arabel. À condition qu'on arrive encore à vendre des centrales.

  • Arnaud Montebourg

    Les loques conventionnelles.

  • Speaker #2

    Oui, les loques conventionnelles, à condition qu'on est capable de le vendre à l'international, ce qu'on faisait actuellement à Belfort, les compétences de Belfort. Donc c'est pour ça que c'est ces gens-là qui se sont fait laminer. Le bureau d'études en Inde, les commerciaux, les chefs de projet qui coordonnent des projets de plusieurs centaines de millions à travers plein de partenaires qu'il faut coordonner, etc. Où les risques financiers sont énormes. C'est ça, les compétences critiques de Belfort, que personne ne comprend. Donc nous, on a dit, on va créer des boîtes d'intégration, parce que ça va être de plus en plus compliqué, il y aura de plus en plus de renouvelables, il va falloir pouvoir optimiser les besoins, identifier les besoins, aussi bien en électricité, en chaleur, etc.

  • Speaker #3

    On a une transition énergétique à faire.

  • Speaker #2

    Il y a beaucoup de milliards qui sont en train de déverser. Qui va le faire si on ne le fait pas ? Basiquement, on a mis des gens autour de la table pendant six mois. Des ingénieurs chez le GIE, des ingénieurs qui n'étaient plus chez le GIE, des universitaires.

  • Arnaud Montebourg

    C'est ça le soir, le week-end ? Voilà,

  • Speaker #2

    le soir, le week-end.

  • Arnaud Montebourg

    Et alors, qu'est-ce qui est sorti ?

  • Speaker #2

    Dix groupes de travail. Dix groupes de travail sur le nucléaire et l'hydrogène. Et c'était totalement suivant les groupes de travail. Alors, on a le premier groupe de travail, c'est un truc totalement inédit. C'est un ingénieur de General Electric, expert en tout ce qui est modélisation numérique. qui travaillent avec une petite PME locale et puis 4G Mining Engineering, un grand groupe, et qui ont développé une maquette numérique sur les installations hydrogènes pour optimiser toute la phase justement à mon, de définition en fait des composants par rapport aux besoins. Parce que tout le monde veut faire de l'hydrogène, toutes les régions, etc. Mais ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire. Ils disent souvent, moi je vais faire trois bus, moi je vais faire une piscine, etc. Mais en fait, l'idée c'est d'avoir un outil en temps réel devant le client. Vous voulez faire quoi ? Non, ça ne s'accole pas. Le retour sur investissement, c'est 40 ans. Il faut mettre... par contre on vous propose de faire plutôt ça, etc. On a développé ça en 6 mois, ce groupe de travail-là. Il a été présenté au forum Hydrogène. On est en cours d'analyse de marché. Et puis si ça fonctionne, il y aura une JV qui va être créée entre une PME locale et un grand groupe d'ingénierie.

  • Speaker #3

    Ce qu'on a constaté, c'est que dans nos gros groupes, où on dégage quand même beaucoup de bénéfices, on n'est pas très moderne. On travaille toujours avec des outils qui ont 20 ans, 15 ans, 10 ans peut-être. Informatiques, certes, mais qui ne sont pas à la page. Si on veut créer des entreprises nouvelles qui soient compétitives, il faut un différenciateur fort. Et le différenciateur fort, c'est bien le numérique. Un jumeau numérique qui prenne en compte toute la chaîne de valeur. Il y a des jeux vidéo qui le font très bien.

  • Arnaud Montebourg

    Et tous les marchés des centrales nucléaires d'Europe, contre Areva.

  • Speaker #3

    Sim City, qui est un jeu qui a une vingtaine d'années, on construisait une ville, on la faisait fonctionner. Pourquoi on ne saurait pas faire la même chose avec une centrale électrique ? C'est un peu l'origine de la réflexion, et ça tombe bien, l'outil n'existe pas. Ou en tout cas, de façon parcellaire, donc. faisons un outil complet et qui devienne un différenciateur pour les nouvelles activités, histoire qu'on puisse jouer à armégale avec un GE, un Siemens, qui serait tenté, peut-être un jour, de répondre sur des questions hydrogènes.

  • Arnaud Montebourg

    C'est de l'entrepreneuriat syndical ou du syndicalisme entrepreneurial.

  • Speaker #2

    Alors après, c'est tout le problème qu'on a, c'est que vous, vous estimez qu'un syndicaliste il peut faire ça, mais nous on a eu beaucoup de problèmes en disant non, on n'est plus syndicaliste, on est entrepreneur. Les syndicalistes, ce qui brûle les plus, c'est pas nous. Nous on est là pour dire des choses. Mais l'image elle est quand même...

  • Speaker #3

    Elle est tenace.

  • Arnaud Montebourg

    Ça va se détendre. Franchement, c'est unique comme cas que vous ayez converti votre énergie revendicative en construction... ...boîte, c'est extraordinaire. Avec le soutien des collectivités. Oui. Puis de l'État, finalement, parce que vous avez été combatif. Et sur l'hydrogène ? Vous avez un plan ?

  • Speaker #2

    Le problème de l'hydrogène, c'est que la norme n'existe pas encore. Et donc, l'idée, c'était de travailler sur la norme, mais aussi de former, de créer une formation pour les techniciens en maintenance qui vont travailler dans ces installations-là. Avec l'IUT ou l'UTBM, parce que ce qu'on ne dit pas dans la sauce, c'est qu'il y a aussi toutes les écoles d'ingénieurs et de commerce qui sont dedans, avec qui on travaille, ils font des analyses, et on a aussi On a aussi tous les clusters avec qui on a beaucoup travaillé.

  • Speaker #3

    C'est vrai que la certification, c'est l'élément clé, c'est le permis de démarrer une centrale. Et ça tombe bien, on fait des centrales à gaz. Donc l'hydrogène étant un gaz, on a besoin d'adapter les connaissances pour pouvoir donner la certification qui va être le point de départ.

  • Speaker #2

    Mais la certification sur du gaz, on est expert dans le monde entier. La certification d'hydrogène où personne n'est expert, il est mieux placé pour pouvoir travailler sur le sujet, c'est quand même nous.

  • Arnaud Montebourg

    Alors, dans le prochain épisode, on va rencontrer Jean Maillard, un ami d'Apsys qui, dans la continuité d'un groupe de travail, a lancé Next, un fabricant de petits réacteurs nucléaires modulaires pour que Belfort soit la capitale du nouveau nucléaire français.

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