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L'INDISCRET

Croire en l’impossible : l’histoire de Sissako Bolanga, basketteuse et maman solo face à 5 cancers (Partie 1)

Croire en l’impossible : l’histoire de Sissako Bolanga, basketteuse et maman solo face à 5 cancers (Partie 1)

20min |06/03/2025
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Description

Certaines histoires bouleversent par leur intensité et leur puissance. Celle de Sissako Bolanga est un témoignage unique de résilience face au cancer et de détermination hors du commun. Ancienne basketteuse professionnelle, maman solo et femme hyperactive, elle raconte dans cet épisode de L’Indiscret comment sa vie a été marquée par cinq diagnostics de cancer successifs – et comment, malgré la douleur, elle a choisi de se relever, d’avancer et d’inspirer les autres.


Dans cette première partie, nous découvrons son parcours avant la maladie : des terrains de basket en France et en Europe, une carrière jalonnée de victoires, l’éducation d’un fils dans un contexte difficile, et déjà une incroyable capacité à transformer les épreuves en forces. C’est ce bagage de vie, forgé dans le sport et la maternité, qui a préparé Sissako à affronter ce que beaucoup jugeraient insurmontable.


Elle évoque avec sincérité :
– ses premières victoires sportives et personnelles,
– les blessures physiques qui l’ont contrainte à se réinventer,
– le lien fusionnel avec son fils, qui a été son moteur dans chaque combat,
– l’annonce du premier cancer et la plongée brutale dans un monde d’opérations, de traitements et de séquelles,
– la découverte du syndrome de Lynch, facteur génétique responsable de ses multiples cancers.


À travers son récit, c’est toute la force de la résilience face au cancer qui s’exprime. Malgré les séjours à l’hôpital, la douleur et la peur de perdre la vie, Sissako témoigne de son refus d’abandonner. Elle partage ses instants de doute, son expérience de mort imminente, mais aussi les moments de lumière qui lui ont permis de continuer : l’amour pour son fils, la solidarité des soignants, et cette détermination à transformer la maladie en un chemin de reconstruction.


Cet épisode n’est pas seulement une histoire personnelle. Il interroge aussi notre rapport à la santé, à la maladie et au travail. Comment continuer à exister quand le corps lâche ? Comment préserver sa dignité quand les épreuves s’enchaînent ? Comment trouver la force d’aider les autres, même quand on se bat soi-même ?


Un récit poignant, porteur d’espoir, qui illustre la puissance de la résilience face au cancer et qui résonnera avec toutes celles et ceux confrontés à l’épreuve de la maladie.

🎙 Un témoignage à partager, à faire écouter autour de vous, et à garder en mémoire.
📲 Abonnez-vous à L’indiscret pour ne rien manquer des épisodes à venir.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans l'Indiscret, le podcast intimiste de Prévia. Que se passe-t-il quand on soulève des tabous dans son milieu pro ? Comment avancer lorsque l'imprévu débarque dans sa vie ? Ou lorsque le quotidien est chamboulé ? Tous les mois, des femmes et des hommes se livrent au micro de l'Indiscret. Il et elle nous racontent le moment clé où la frontière entre la vie professionnelle et personnelle a basculé. L'Indiscret, ce n'est pas juste un récit. C'est l'envie de vous accompagner grâce aux témoignages de personnes qui ont croisé le chemin de Privia. Certaines vies semblent être tissées d'une étoffe extraordinaire, faites de défis relevés, de passions ardentes et d'une force de caractère inébranlable. Ces vies-là nous inspirent, nous touchent et nous rappellent la capacité infinie de l'être humain à se relever. L'histoire de Sisako Bolonga est de celle-là. Une histoire rocambolesque, comme elle le dit elle-même, faite de rebondissements et de moments intenses. Dans cette première partie d'une histoire hors du commun, l'ancienne basketteuse professionnelle de haut niveau, hyperactive et véritable force de la nature, nous livre un récit captivant, digne d'un roman à plusieurs tomes. Son parcours, dense, est marqué par une soif d'apprendre et un amour profond des relations humaines. De ses débuts sur les terrains de basket à une carrière européenne couronnée de succès en passant par une vie de maman solo menée tambour battant. Sisako est de celles qui ont toujours cherché à se dépasser, à se réinventer. Ce que nous découvrons aujourd'hui, c'est aussi une femme profondément touchée par la maladie. Avant de plonger au cœur des combats qu'elle a menés contre 5 cancers, nous explorons les fondations de sa vie, les expériences qu'ils l'ont forgé et l'ont préparé sans le savoir aux épreuves qui l'attendaient. Ce premier épisode est une invitation à découvrir le parcours d'une femme exceptionnelle. Une introduction à une histoire de résilience et de courage. Mais aussi d'une volonté farouche d'aider les autres à travers son association. Un témoignage poignant qui ne manquera pas de vous toucher.

  • Speaker #1

    Je suis ravi d'être sur Nantes, même si Nantes il y a des bouchons. Alors je m'appelle Sisako Bolanga. Mon histoire, je viens de fêter 58 ans. et j'ai une histoire qui est assez rocambolesque, qui mériterait d'être écrite dans un livre à plusieurs tomes. Je suis une ancienne professionnelle de basket et une hyperactive, et à l'heure d'aujourd'hui qui est rescapée de 5 cancers. Mais dont les 5 cancers n'ont pas empêché de continuer de vivre. Alors je suis une ambitieuse, une créatrice. L'hyperactivité fait que je suis tombé dans le sport et tant mieux. L'ambition c'est toujours essayer de faire plus. Je suis curieuse, donc j'aime apprendre, j'aime le contact humain, j'aime aller vers les autres. C'est toujours sur la base de la connaissance et du partage avec les autres. Donc tout ce que je fais, tout ce que j'ai toujours fait, c'est par rapport à ça. Et comme je suis quelqu'un qui s'ennuie très vite, j'en suis au huitième métier. Donc voilà, je préfère changer de métier plutôt que peigner la girafe. Alors, ma carrière de basket, j'ai commencé en fait très jeune à Bondy. Je commençais la danse et puis j'ai pris 10 cm à l'âge de 14 ans et puis le professeur m'a dit il faut aller au gymnase parce que là 1m84, pointure 44, 84 kg, il y a un autre sport qui serait intéressant le basket et à l'époque il y avait une américaine qui était l'entraîneur au gymnase donc j'ai poussé la porte et puis elle m'a consacré deux heures par jour et donc un an et demi après j'ai été sélectionné, je devais rentrer à Nice, mes parents ont refusé parce qu'ils Merci. connaissaient pas le milieu, ils ont pris peur. J'ai été surclassé et j'ai signé mon premier contrat professionnel à Poitiers vers 17 ans. C'est là qu'a commencé la carrière. Donc à Poitiers, je suis resté six belles années et puis comme j'aime, de toute façon, j'ai dit j'aime bien apprendre, à un moment donné quand je sens que j'arrive au bout du projet, je bouge par nature et j'ai cette chance d'avoir eu plusieurs propositions. Donc je suis parti à Lille, après je suis parti à Rouen en 4 ans Et puis à Rouen, je m'amusais avec les copines à taper les joueurs de Bourges et de Tarbes. Et l'entraîneur est venu me voir pour me dire « Yann Amar, viens chez moi » . Et je lui ai dit « Tu me proposes quoi de plus que là ? » Il m'a dit l'Europe. Donc je suis parti à Tarbes. J'ai joué 7 ans, je suis devenu champion de France et champion d'Europe. Et puis à 37 ans, j'en ai eu marre. j'ai décidé d'arrêter parce que la conscience quand même même si Même si le sport c'est vraiment toute ma vie, même à l'heure actuelle, j'avais quand même une grande conscience que cette vie privilégiée pouvait s'arrêter n'importe quand, ne serait-ce qu'avec la blessure, parce que dans ma carrière j'ai déjà eu affaire aux blessures, fracture de la maléole, 4 mois de fauteuil roulant. entorse cervicale, 4 mois de minerve, ligament croisé, 6 mois d'arrêt, puis ces petites entorses, etc. Donc à un moment donné, le corps, il est beau être solide, il dit, ah, il faut peut-être arrêter. Et puis le choc, c'était surtout, comme j'ai entraîné des jeunes en espoir, le choc pour moi, c'était de me retrouver à jouer avec les jeunes que j'ai entraînés, comme Céline Dumerc. Et là, on se dit, oups, quand on commence à dire, allez, mama, être la maman des autres, il est temps d'arrêter. Donc j'ai arrêté et je suis revenu à Poitiers. À Poitiers parce que j'ai un lien particulier à Poitiers. Étant pupille de l'État parce que ça se passait mal chez moi, le président du club de basket qui m'avait fait venir est devenu mon tuteur légal. C'est comme mes parents adoptifs avec sa femme. Donc je suis rentré à Poitiers. Et comme je m'ennuie justement entre les déplacements, j'avais fait mes formations capacité en droit, j'avais fait une formation de comptabilité en me disant au cas où, si jamais tu te blesses, tu pourras rebondir et trouver... Un job comme Monsieur, Madame, Tout le monde. Et quand je suis revenu ici au Poitiers, il se trouve qu'au service budget et finance de la ville de Poitiers, ils avaient un besoin. Donc j'ai postulé et puis j'ai été pris. Voilà l'histoire en fait. Oui, je suis Maman Kamikaze, 37 ans, qui a élevé son fils seul. Et j'ai un fils qui a 21 ans maintenant et qui est basketteur, qui est tombé dedans, et qui là poursuit ses études aux Etats-Unis et sa formation basket aux Etats-Unis. Donc par rapport à ça, j'ai quand même... J'ai quand même une grande fierté parce qu'il est devenu champion d'Europe avec l'équipe de France U20 en juillet 2023. Ce n'était pas prévu, mais c'est l'avantage de partager cette passion ensemble. Puis comme on a un lien fusionnel, je suis ravi qu'il puisse évoluer seul, sans avoir peur du lendemain, sans avoir peur que je fasse un sixième cancer. J'avais un fils quand même assez aidant, puisque le premier cancer, il avait un an et demi. Donc il a vécu 17 années de combat avec moi. Et là je suis ravi parce que même s'il est devenu hypersensible, il s'en sort bien, il se débrouille et il vit son rêve aux Etats-Unis. Et moi ça me libère, ça me soulage en me disant je ne l'ai pas pénalisé avec ma maladie. Là c'est autre chose, parce que les 5 cancers m'ont laissé des séquelles. Et par rapport à ces séquelles-là, il y en a une qui est compliquée, c'est-à-dire que j'ai une alimentation parentérale à la carte. Ce sont des poches de nutriments que l'hôpital de Bordeaux me prépare et me fait livrer une fois par semaine et ces poches doivent rester au frais. Alors pour voyager il faut que je fasse une valise médicale et on ne peut pas les trouver partout puisque ça la carte. Mais évidemment j'ai dit que je ne faisais plus jamais rien comme les autres. Ça existe en température ambiante mais moi ça me fait monter le potassium donc ça me donne des risques de crise cardiaque. Donc je n'ai pas le choix que de prendre ces suppléments, en fait ces aliments qui me préparent. Et donc le problème c'est ça, c'est comment voyager, parce que la poche elle fait quand même 2500 ml, et il y a une contrainte énorme, c'est que ça ne peut pas aller dans la soute d'un avion parce que ça gèle, et il ne faut pas que ça gèle. En plus les américains ils sont ce qu'ils sont, ils ont des bons côtés, mais ils ont aussi des côtés un petit peu casse-pieds, pour ne pas être mal poli, c'est-à-dire qu'il faut tout traduire, c'est-à-dire qu'ils ne parlent pas français, ils ne parlent pas d'autres langues que l'américain, donc tout le monde aussi est médical, il faut tout faire traduire, ça prend du temps, c'est un peu compliqué. Mais j'ai réussi cet été à... à faire faire pour l'Espagne et partir en vacances. Donc je suis têtu. Très têtu, c'est un trait de caractère aussi. Je vais y arriver. Je ne sais pas quand, mais je vais y arriver. J'irai voir mon fils aux Etats-Unis. J'ai mis au monde un enfant du monde. Donc je ne m'inquiète pas parce que même si je ne peux pas y aller, il y a les relais. Avant que je ne sois malade moi, le mot cancer, on l'avait déjà entendu parler parce que ma mère en a fait deux. Et mon géniteur a décidé de cancer. donc je l'ai su au moment où j'allais pour J'ai fait des démarches pour le rencontrer. Et l'année où je devais le rencontrer, malheureusement, il est décédé de cancer. Donc, pour moi, le cancer, c'était une maladie parenteuse, comme on disait dans l'époque. Mais c'était une maladie mortelle, tout simplement. Comme une méningine foudroyante. Mais je savais aussi, puisque j'avais l'exemple de ma mère, qu'elle en avait fait deux et qu'on pouvait survivre au cancer. La preuve, elle est... Ça ne l'a pas empêché de voyager, ça ne l'a pas empêché de continuer sa vie, donc voilà. Donc pour moi, ce n'était pas catastrophique en fait. Du moins le premier. D'ailleurs, je l'ai pris comme ça, je l'ai pris comme n'importe quelle maladie, puisque au premier, on m'a dit « Oh, vous êtes atteint du cancer. » « Cancer colon sigmoïdal. » J'ai dit « Ah oula, c'est quoi ce gros mot ? » « Ok. Docteur, on fait quoi maintenant ? » « Il faut couper. » « Ah bon ? » « Oui, mais vous coupez. Mais comment je fais moi ? » « Demain, je fais comment ? » expliquez-moi, vous coupez, vous enlevez donc après c'est quoi ? vous avez de la chance parce que vous avez senti que quelque chose n'allait pas et on coupe et puis après vous reprenez votre vie on coupe quand ? la semaine prochaine je suis rentré, je suis hospitalisé, on a coupé Je suis sorti, trois mois après j'ai repris le travail, point. Pas de séquelles, rien, donc pour moi c'était le cancer, c'est derrière, c'est passé. Dans l'hyperactivité de ma vie et le trait de caractère, moi j'enchaînais tout. C'est-à-dire que j'avais mon travail, j'avais mon fils seul, il faisait du sport, il fallait l'accompagner. Moi je faisais du sport aussi, j'entraînais aussi à côté, donc j'avais ma vie à 200 à l'heure. Et ça m'allait très bien, j'ai toujours vécu comme ça. Les pauses c'était juste pour recharger les batteries et repartir. Donc il y a eu une pause forcée de trois mois, point. On a repris mon fils et moi le cours de notre vie sans se poser de questions. Et ça s'est très bien passé jusqu'en 2005, jusqu'au cancer suivant. Le cancer suivant c'est 2009, oui. Mais qui est arrivé... J'étais en train de manger mon sandwich, j'étais au travail, je mangeais mon sandwich entre midi et deux, en regardant les pigeons, voilà. Et puis, j'ai pas pu aller plus loin. De boucher, je me suis retrouvé plié en deux, comme ça. Mais il n'y avait pas de signe à nos instructeurs avant, rien. Et donc j'ai dit, aïe, là ça va pas ça, je peux pas avaler une bouchée, j'ai voulu prendre un verre d'eau, je peux pas avaler de l'eau. Donc le chirurgien qui m'avait opéré en 2005, il m'avait donné son numéro, si vous avez moins de soucis, n'hésitez pas. J'ai fait, allô docteur, est-ce que je pourrais vous voir en urgence, parce qu'il y a un petit problème. Je sais pas quoi, mais il y a un problème dans le corps. Donc j'avais rendez-vous le soir, et puis le lendemain il me dit, je vous envoie faire un TEP scan, etc. Cancer de l'estomac. Et là il me dit, c'est plus compliqué que la première fois parce que là on doit vous enlever l'estomac. Et à partir de là, c'est là où on se dit, aïe, ok, un bout de colon, jusqu'à présent ça allait, mais là, docteur, excusez-moi, est-ce qu'on peut vivre sans estomac ? Il me dit, on va essayer. Et donc je lui dis, ok, je vous fais confiance, on y va. Et donc le 28 décembre, je me suis fait opérer. Le cancer m'a enlevé l'estomac. Alors celui-là, c'était quand même costaud. Et c'est là effectivement que je me suis dit, ah, le cancer, c'est pas juste une maladie. Parce que quand ils m'ont enlevé l'estomac, je suis quand même resté en réanimation plusieurs semaines, pour ne pas dire deux mois, sous morphine. Parce que pas l'estomac, ils ont fait... Alors, c'est pas très agréable ce que je vais raconter, mais il faut quand même que les gens sachent. Ils ont raccordé l'osophage, c'est-à-dire le haut, l'estomac n'a pas été enlevé, ils ont raccordé l'osophage au colon, le colon qui restait, puisqu'il y avait déjà une partie qui était enlevée en 2005. Dans cette chirurgie, il y avait une partie de risque, c'est faire une fistule, c'est-à-dire qu'à un moment donné, que la couture éclate. Et bien moi j'ai fait une fistule. Donc ça a prolongé un petit peu le séjour à l'hôpital. Puis comme je suis têtu, je voulais absolument fêter l'anniversaire de mon fils. Donc au bout de deux mois d'hospitalisation, j'ai fait les pieds de main. Ils ont accepté de me laisser sortir pour aller fêter l'anniversaire de mon fils. Sauf que je n'étais pas prêt et qu'ils m'ont ramené en urgence après avoir mangé le gâteau, le fraisier. Ce qui fait que j'ai gagné encore deux mois de plus à l'hôpital. Dans cette galère d'hospitalisation et de traitement de cancer de l'estomac, qui ne s'est pas très bien passé, c'est qu'à un moment donné, c'est le cancer où moi, je me suis vu mourir. Et justement, ma famille aussi et tous mes amis autour, c'est qu'à un moment donné, je suis quand même resté branché à la morphine en péridurale. Donc c'est pour dire à quel point c'était alité, à ne pas bouger. Je remercierai toujours les aides-soignantes. Et à un moment donné, effectivement, il y a cette expérience, j'appelle ça de mort imminente, parce que c'est une expérience où je me vois moi quitter mon corps, je me vois au-dessus de mon corps et je regarde tout le monde. C'est-à-dire que je sais à un moment donné qu'il y a Joseph dans la pièce, je sais à un moment donné qu'il y a une infirmière qui est passée, mais moi je suis allongé, mon corps est allongé, mais moi je regarde tout le monde. Et effectivement, c'est là où j'en parle avec des médecins et des spécialistes psychos et compagnie qui me disent qu'effectivement, j'étais... a deux droits de partir de l'autre côté. J'ai cette chance d'avoir un fils avec qui j'ai un lien très fort. Et je pense que ce qui m'a ramené, c'est le fait de l'entendre chanter. Alors, on a, dans nos galères de vie, des moments difficiles, avec l'abandon de son père, il faut quand même dire que son père m'a abandonné, j'étais enceinte de mon fils, et que Noah, quand il est né, il voit son père qui ne lui dit pas bonjour. Donc, il y a un vécu quand même difficile. Et dans toute cette phase de difficulté, on avait comme principe de chanter. Et on chantait toujours la chanson de Bobby McFerry, Don't Worry Be Happy. Quand on a le cœur lourd, à un moment donné, il faut trouver quelque chose. Nous, on avait trouvé ça pour passer à autre chose et se dire, bon, bien. Donc on partit. Et dans cette expérience de mort imminente, ce qui m'a ramené dans mon corps, c'est d'entendre mon fils. Parce que j'avais interdit à sa marraine et son parrain de me l'emmener, parce que je ne voulais pas qu'il me voit pendant deux mois dans le coma, alité. Il n'aurait pas compris le petit, parce qu'il est né en 2003. Il n'est pas très vieux quand même, il est né en 2009. Donc je ne voulais pas qu'il soit traumatisé à ce point. Et puis à la fin, elle a dit, si jamais je dois mourir, il faut quand même que... Il me réclamait tellement qu'elle l'a amené. Et donc, il me parlait, il me parlait, il me parlait, il me parlait, et le seul moment où j'ai réagi, c'est quand je l'ai entendu chanter. Alors, ils disent tous que c'est à ce moment-là que j'ai commencé à bouger, donc je pense que c'est à ce moment que je suis revenu dans mon corps, que j'ai ouvert les yeux, et que je l'ai vu, et j'ai commencé à bouger. Et à partir de là, c'est là où je me suis dit, bon, tu vas te battre, il faut sortir de là parce qu'il t'attend. Mais à chaque fois, pour sortir de toutes ces phases difficiles, après cancer, après l'opération, après le traitement, c'est mon fils. C'est pas le basket, c'est mon fils. Pour la simple et bonne raison, d'abord c'est mon fils, et que je l'ai élevé seul, et qu'on est fusionnels, et que je me dis, il est bien entouré, il y a un parent, une marraine, mes soeurs et tout, mais c'est pas pareil, c'est pas pareil. Puis on est trop jeunes, qu'on perde son moment. Donc pour moi c'était la bouée. Je me réveille, je sors de l'hôpital, je suis en hospitalisation à domicile à la maison. Et puis là, arrivé à la maison, je m'ennuie. Je m'ennuie parce qu'une fois que le corps se répare, une fois qu'on a lu tous les romans, tous les magazines, les potins, à la télé, il n'y a pas grand-chose, donc je commence à m'ennuyer. Donc j'ai envie de reprendre le travail. Et j'avais une chance inouïe, c'était que j'étais la collaboratrice d'une DGA Ressources Humaines, une dame extraordinaire, normalienne, avec qui j'ai appris beaucoup de choses, et qui a fait quelque chose... Je pense qu'on devrait prendre l'exemple qui a... Alors ça c'est ma... Vous inquiétez pas, ça c'est les séquelles, le café. Qui a tout fait pour que je puisse reprendre mon poste. Mais elle a anticipé tout ça en fait. C'est-à-dire qu'elle, elle a fait l'effort de venir me voir régulièrement à l'hôpital. C'est elle qui venait me voir pour me raconter comment ça se passe au boulot, qu'est-ce qu'elle avait mis comme projet en place. C'était juste pour que je reste en fait, toujours dans le mood en fait. Et elle faisait les comptes rendus aux collègues. Et en fait, pour ma sortie, quand j'ai émis le vœu de reprendre, elle m'a dit « Ok, mais par contre, si ça connaissait nous le temps, on va organiser ça. » Et en fait, elle l'a préparé, mes collègues, à mon retour. Et quand je suis revenu, ils avaient tous organisé une fête pour moi. Il faut quand même dire qu'on était dans une direction avec une centaine d'agents. Et donc, elle a organisé pour moi l'accueil. Et ça, c'est extraordinaire parce que du coup, on peut reprendre le travail plus sereinement. Et puis, comme les collègues étaient au courant, ils m'ont laissé le temps. Alors, il se trouve que j'avais un poste à responsabilité, mais ils ont tous pris chacun un peu plus de travail juste pour que je puisse prendre le temps de revenir. J'ai trouvé ça super. Cette fois, dans cette direction-là, c'était très bien. J'ai besoin de comprendre les choses, j'ai besoin de... Moi j'ai besoin de comprendre et une fois que je comprends, je garde ça comme une donnée. Et je trouvais que c'était quand même... la corrélation était bizarre. Il faut dire que mon géniteur a décédé de cancer, ma mère en a fait deux. En 2002, je pars au Cameroun, je pars pour l'enterrement de mon frère aîné, celui qui est même père, même mère que moi, cancer. 2005, 2007, je pars enterrer le deuxième frère aîné, cancer. Et là je me dis, ça commence à faire beaucoup. Et donc je discute avec mon chirurgien et je lui dis, mais docteur, c'est pas une question génétique par hasard, parce que ça commence à faire beaucoup, ça fait déjà une main de personnes touchées autour de moi. Il me dit, on peut faire une étude génétique ? Ah ben je dis oui, j'ai besoin de savoir. Donc ça a mis trois ans. Trois ans et 2010 il lance l'étude génétique et en 2013 on a le verdict. En fait, ça s'appelle un syndrome de Lynch. Je suis victime d'un syndrome de Lynch, c'est héréditaire. En fait, c'est une molécule dans l'ADN défectueuse, qui ne se développe pas bien, et c'est ça qui provoque des cancers. Et généralement, ce sont des cancers, moi, le mien, le MLH1, c'est le cancer, tout ce qui est zone estomac, colon, endomètre, utérus. Foie, pancréas, rarement cancer du sein, rarement cancer des poumons, quoique je trouve que j'ai du bois, parce que comme je ne fais jamais rien à la moitié, donc voilà, je me dis, ok, probabilité cancer du côlon, check. Deux fois en plus, parce que du coup, sigmoïdale, après c'était le droit, en 2013, juste après l'annonce de la génétique. J'ai le verdict, je ne me sens pas bien, je dis « Ah, il y a un problème. Le docteur, le corps, il a un problème. »

  • Speaker #0

    Cette émission ne vivrait pas sans vos voix et vos mots. Nous avons tous connu un jour un déséquilibre dans nos vies venant bouleverser notre univers professionnel. Toutes les histoires sont uniques, mais elles ont un point commun, le pouvoir d'être racontées. Elles feront sûrement écho à ceux qui les écoutent. Si vous souhaitez vous confier à notre micro et partager votre histoire, n'hésitez pas à nous écrire. L'adresse se trouve dans la bio. On vous donne rendez-vous dans un mois pour découvrir un nouveau témoignage, peut-être le vôtre ? A très bientôt dans l'indiscret.

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Certaines histoires bouleversent par leur intensité et leur puissance. Celle de Sissako Bolanga est un témoignage unique de résilience face au cancer et de détermination hors du commun. Ancienne basketteuse professionnelle, maman solo et femme hyperactive, elle raconte dans cet épisode de L’Indiscret comment sa vie a été marquée par cinq diagnostics de cancer successifs – et comment, malgré la douleur, elle a choisi de se relever, d’avancer et d’inspirer les autres.


Dans cette première partie, nous découvrons son parcours avant la maladie : des terrains de basket en France et en Europe, une carrière jalonnée de victoires, l’éducation d’un fils dans un contexte difficile, et déjà une incroyable capacité à transformer les épreuves en forces. C’est ce bagage de vie, forgé dans le sport et la maternité, qui a préparé Sissako à affronter ce que beaucoup jugeraient insurmontable.


Elle évoque avec sincérité :
– ses premières victoires sportives et personnelles,
– les blessures physiques qui l’ont contrainte à se réinventer,
– le lien fusionnel avec son fils, qui a été son moteur dans chaque combat,
– l’annonce du premier cancer et la plongée brutale dans un monde d’opérations, de traitements et de séquelles,
– la découverte du syndrome de Lynch, facteur génétique responsable de ses multiples cancers.


À travers son récit, c’est toute la force de la résilience face au cancer qui s’exprime. Malgré les séjours à l’hôpital, la douleur et la peur de perdre la vie, Sissako témoigne de son refus d’abandonner. Elle partage ses instants de doute, son expérience de mort imminente, mais aussi les moments de lumière qui lui ont permis de continuer : l’amour pour son fils, la solidarité des soignants, et cette détermination à transformer la maladie en un chemin de reconstruction.


Cet épisode n’est pas seulement une histoire personnelle. Il interroge aussi notre rapport à la santé, à la maladie et au travail. Comment continuer à exister quand le corps lâche ? Comment préserver sa dignité quand les épreuves s’enchaînent ? Comment trouver la force d’aider les autres, même quand on se bat soi-même ?


Un récit poignant, porteur d’espoir, qui illustre la puissance de la résilience face au cancer et qui résonnera avec toutes celles et ceux confrontés à l’épreuve de la maladie.

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  • Speaker #0

    Bienvenue dans l'Indiscret, le podcast intimiste de Prévia. Que se passe-t-il quand on soulève des tabous dans son milieu pro ? Comment avancer lorsque l'imprévu débarque dans sa vie ? Ou lorsque le quotidien est chamboulé ? Tous les mois, des femmes et des hommes se livrent au micro de l'Indiscret. Il et elle nous racontent le moment clé où la frontière entre la vie professionnelle et personnelle a basculé. L'Indiscret, ce n'est pas juste un récit. C'est l'envie de vous accompagner grâce aux témoignages de personnes qui ont croisé le chemin de Privia. Certaines vies semblent être tissées d'une étoffe extraordinaire, faites de défis relevés, de passions ardentes et d'une force de caractère inébranlable. Ces vies-là nous inspirent, nous touchent et nous rappellent la capacité infinie de l'être humain à se relever. L'histoire de Sisako Bolonga est de celle-là. Une histoire rocambolesque, comme elle le dit elle-même, faite de rebondissements et de moments intenses. Dans cette première partie d'une histoire hors du commun, l'ancienne basketteuse professionnelle de haut niveau, hyperactive et véritable force de la nature, nous livre un récit captivant, digne d'un roman à plusieurs tomes. Son parcours, dense, est marqué par une soif d'apprendre et un amour profond des relations humaines. De ses débuts sur les terrains de basket à une carrière européenne couronnée de succès en passant par une vie de maman solo menée tambour battant. Sisako est de celles qui ont toujours cherché à se dépasser, à se réinventer. Ce que nous découvrons aujourd'hui, c'est aussi une femme profondément touchée par la maladie. Avant de plonger au cœur des combats qu'elle a menés contre 5 cancers, nous explorons les fondations de sa vie, les expériences qu'ils l'ont forgé et l'ont préparé sans le savoir aux épreuves qui l'attendaient. Ce premier épisode est une invitation à découvrir le parcours d'une femme exceptionnelle. Une introduction à une histoire de résilience et de courage. Mais aussi d'une volonté farouche d'aider les autres à travers son association. Un témoignage poignant qui ne manquera pas de vous toucher.

  • Speaker #1

    Je suis ravi d'être sur Nantes, même si Nantes il y a des bouchons. Alors je m'appelle Sisako Bolanga. Mon histoire, je viens de fêter 58 ans. et j'ai une histoire qui est assez rocambolesque, qui mériterait d'être écrite dans un livre à plusieurs tomes. Je suis une ancienne professionnelle de basket et une hyperactive, et à l'heure d'aujourd'hui qui est rescapée de 5 cancers. Mais dont les 5 cancers n'ont pas empêché de continuer de vivre. Alors je suis une ambitieuse, une créatrice. L'hyperactivité fait que je suis tombé dans le sport et tant mieux. L'ambition c'est toujours essayer de faire plus. Je suis curieuse, donc j'aime apprendre, j'aime le contact humain, j'aime aller vers les autres. C'est toujours sur la base de la connaissance et du partage avec les autres. Donc tout ce que je fais, tout ce que j'ai toujours fait, c'est par rapport à ça. Et comme je suis quelqu'un qui s'ennuie très vite, j'en suis au huitième métier. Donc voilà, je préfère changer de métier plutôt que peigner la girafe. Alors, ma carrière de basket, j'ai commencé en fait très jeune à Bondy. Je commençais la danse et puis j'ai pris 10 cm à l'âge de 14 ans et puis le professeur m'a dit il faut aller au gymnase parce que là 1m84, pointure 44, 84 kg, il y a un autre sport qui serait intéressant le basket et à l'époque il y avait une américaine qui était l'entraîneur au gymnase donc j'ai poussé la porte et puis elle m'a consacré deux heures par jour et donc un an et demi après j'ai été sélectionné, je devais rentrer à Nice, mes parents ont refusé parce qu'ils Merci. connaissaient pas le milieu, ils ont pris peur. J'ai été surclassé et j'ai signé mon premier contrat professionnel à Poitiers vers 17 ans. C'est là qu'a commencé la carrière. Donc à Poitiers, je suis resté six belles années et puis comme j'aime, de toute façon, j'ai dit j'aime bien apprendre, à un moment donné quand je sens que j'arrive au bout du projet, je bouge par nature et j'ai cette chance d'avoir eu plusieurs propositions. Donc je suis parti à Lille, après je suis parti à Rouen en 4 ans Et puis à Rouen, je m'amusais avec les copines à taper les joueurs de Bourges et de Tarbes. Et l'entraîneur est venu me voir pour me dire « Yann Amar, viens chez moi » . Et je lui ai dit « Tu me proposes quoi de plus que là ? » Il m'a dit l'Europe. Donc je suis parti à Tarbes. J'ai joué 7 ans, je suis devenu champion de France et champion d'Europe. Et puis à 37 ans, j'en ai eu marre. j'ai décidé d'arrêter parce que la conscience quand même même si Même si le sport c'est vraiment toute ma vie, même à l'heure actuelle, j'avais quand même une grande conscience que cette vie privilégiée pouvait s'arrêter n'importe quand, ne serait-ce qu'avec la blessure, parce que dans ma carrière j'ai déjà eu affaire aux blessures, fracture de la maléole, 4 mois de fauteuil roulant. entorse cervicale, 4 mois de minerve, ligament croisé, 6 mois d'arrêt, puis ces petites entorses, etc. Donc à un moment donné, le corps, il est beau être solide, il dit, ah, il faut peut-être arrêter. Et puis le choc, c'était surtout, comme j'ai entraîné des jeunes en espoir, le choc pour moi, c'était de me retrouver à jouer avec les jeunes que j'ai entraînés, comme Céline Dumerc. Et là, on se dit, oups, quand on commence à dire, allez, mama, être la maman des autres, il est temps d'arrêter. Donc j'ai arrêté et je suis revenu à Poitiers. À Poitiers parce que j'ai un lien particulier à Poitiers. Étant pupille de l'État parce que ça se passait mal chez moi, le président du club de basket qui m'avait fait venir est devenu mon tuteur légal. C'est comme mes parents adoptifs avec sa femme. Donc je suis rentré à Poitiers. Et comme je m'ennuie justement entre les déplacements, j'avais fait mes formations capacité en droit, j'avais fait une formation de comptabilité en me disant au cas où, si jamais tu te blesses, tu pourras rebondir et trouver... Un job comme Monsieur, Madame, Tout le monde. Et quand je suis revenu ici au Poitiers, il se trouve qu'au service budget et finance de la ville de Poitiers, ils avaient un besoin. Donc j'ai postulé et puis j'ai été pris. Voilà l'histoire en fait. Oui, je suis Maman Kamikaze, 37 ans, qui a élevé son fils seul. Et j'ai un fils qui a 21 ans maintenant et qui est basketteur, qui est tombé dedans, et qui là poursuit ses études aux Etats-Unis et sa formation basket aux Etats-Unis. Donc par rapport à ça, j'ai quand même... J'ai quand même une grande fierté parce qu'il est devenu champion d'Europe avec l'équipe de France U20 en juillet 2023. Ce n'était pas prévu, mais c'est l'avantage de partager cette passion ensemble. Puis comme on a un lien fusionnel, je suis ravi qu'il puisse évoluer seul, sans avoir peur du lendemain, sans avoir peur que je fasse un sixième cancer. J'avais un fils quand même assez aidant, puisque le premier cancer, il avait un an et demi. Donc il a vécu 17 années de combat avec moi. Et là je suis ravi parce que même s'il est devenu hypersensible, il s'en sort bien, il se débrouille et il vit son rêve aux Etats-Unis. Et moi ça me libère, ça me soulage en me disant je ne l'ai pas pénalisé avec ma maladie. Là c'est autre chose, parce que les 5 cancers m'ont laissé des séquelles. Et par rapport à ces séquelles-là, il y en a une qui est compliquée, c'est-à-dire que j'ai une alimentation parentérale à la carte. Ce sont des poches de nutriments que l'hôpital de Bordeaux me prépare et me fait livrer une fois par semaine et ces poches doivent rester au frais. Alors pour voyager il faut que je fasse une valise médicale et on ne peut pas les trouver partout puisque ça la carte. Mais évidemment j'ai dit que je ne faisais plus jamais rien comme les autres. Ça existe en température ambiante mais moi ça me fait monter le potassium donc ça me donne des risques de crise cardiaque. Donc je n'ai pas le choix que de prendre ces suppléments, en fait ces aliments qui me préparent. Et donc le problème c'est ça, c'est comment voyager, parce que la poche elle fait quand même 2500 ml, et il y a une contrainte énorme, c'est que ça ne peut pas aller dans la soute d'un avion parce que ça gèle, et il ne faut pas que ça gèle. En plus les américains ils sont ce qu'ils sont, ils ont des bons côtés, mais ils ont aussi des côtés un petit peu casse-pieds, pour ne pas être mal poli, c'est-à-dire qu'il faut tout traduire, c'est-à-dire qu'ils ne parlent pas français, ils ne parlent pas d'autres langues que l'américain, donc tout le monde aussi est médical, il faut tout faire traduire, ça prend du temps, c'est un peu compliqué. Mais j'ai réussi cet été à... à faire faire pour l'Espagne et partir en vacances. Donc je suis têtu. Très têtu, c'est un trait de caractère aussi. Je vais y arriver. Je ne sais pas quand, mais je vais y arriver. J'irai voir mon fils aux Etats-Unis. J'ai mis au monde un enfant du monde. Donc je ne m'inquiète pas parce que même si je ne peux pas y aller, il y a les relais. Avant que je ne sois malade moi, le mot cancer, on l'avait déjà entendu parler parce que ma mère en a fait deux. Et mon géniteur a décidé de cancer. donc je l'ai su au moment où j'allais pour J'ai fait des démarches pour le rencontrer. Et l'année où je devais le rencontrer, malheureusement, il est décédé de cancer. Donc, pour moi, le cancer, c'était une maladie parenteuse, comme on disait dans l'époque. Mais c'était une maladie mortelle, tout simplement. Comme une méningine foudroyante. Mais je savais aussi, puisque j'avais l'exemple de ma mère, qu'elle en avait fait deux et qu'on pouvait survivre au cancer. La preuve, elle est... Ça ne l'a pas empêché de voyager, ça ne l'a pas empêché de continuer sa vie, donc voilà. Donc pour moi, ce n'était pas catastrophique en fait. Du moins le premier. D'ailleurs, je l'ai pris comme ça, je l'ai pris comme n'importe quelle maladie, puisque au premier, on m'a dit « Oh, vous êtes atteint du cancer. » « Cancer colon sigmoïdal. » J'ai dit « Ah oula, c'est quoi ce gros mot ? » « Ok. Docteur, on fait quoi maintenant ? » « Il faut couper. » « Ah bon ? » « Oui, mais vous coupez. Mais comment je fais moi ? » « Demain, je fais comment ? » expliquez-moi, vous coupez, vous enlevez donc après c'est quoi ? vous avez de la chance parce que vous avez senti que quelque chose n'allait pas et on coupe et puis après vous reprenez votre vie on coupe quand ? la semaine prochaine je suis rentré, je suis hospitalisé, on a coupé Je suis sorti, trois mois après j'ai repris le travail, point. Pas de séquelles, rien, donc pour moi c'était le cancer, c'est derrière, c'est passé. Dans l'hyperactivité de ma vie et le trait de caractère, moi j'enchaînais tout. C'est-à-dire que j'avais mon travail, j'avais mon fils seul, il faisait du sport, il fallait l'accompagner. Moi je faisais du sport aussi, j'entraînais aussi à côté, donc j'avais ma vie à 200 à l'heure. Et ça m'allait très bien, j'ai toujours vécu comme ça. Les pauses c'était juste pour recharger les batteries et repartir. Donc il y a eu une pause forcée de trois mois, point. On a repris mon fils et moi le cours de notre vie sans se poser de questions. Et ça s'est très bien passé jusqu'en 2005, jusqu'au cancer suivant. Le cancer suivant c'est 2009, oui. Mais qui est arrivé... J'étais en train de manger mon sandwich, j'étais au travail, je mangeais mon sandwich entre midi et deux, en regardant les pigeons, voilà. Et puis, j'ai pas pu aller plus loin. De boucher, je me suis retrouvé plié en deux, comme ça. Mais il n'y avait pas de signe à nos instructeurs avant, rien. Et donc j'ai dit, aïe, là ça va pas ça, je peux pas avaler une bouchée, j'ai voulu prendre un verre d'eau, je peux pas avaler de l'eau. Donc le chirurgien qui m'avait opéré en 2005, il m'avait donné son numéro, si vous avez moins de soucis, n'hésitez pas. J'ai fait, allô docteur, est-ce que je pourrais vous voir en urgence, parce qu'il y a un petit problème. Je sais pas quoi, mais il y a un problème dans le corps. Donc j'avais rendez-vous le soir, et puis le lendemain il me dit, je vous envoie faire un TEP scan, etc. Cancer de l'estomac. Et là il me dit, c'est plus compliqué que la première fois parce que là on doit vous enlever l'estomac. Et à partir de là, c'est là où on se dit, aïe, ok, un bout de colon, jusqu'à présent ça allait, mais là, docteur, excusez-moi, est-ce qu'on peut vivre sans estomac ? Il me dit, on va essayer. Et donc je lui dis, ok, je vous fais confiance, on y va. Et donc le 28 décembre, je me suis fait opérer. Le cancer m'a enlevé l'estomac. Alors celui-là, c'était quand même costaud. Et c'est là effectivement que je me suis dit, ah, le cancer, c'est pas juste une maladie. Parce que quand ils m'ont enlevé l'estomac, je suis quand même resté en réanimation plusieurs semaines, pour ne pas dire deux mois, sous morphine. Parce que pas l'estomac, ils ont fait... Alors, c'est pas très agréable ce que je vais raconter, mais il faut quand même que les gens sachent. Ils ont raccordé l'osophage, c'est-à-dire le haut, l'estomac n'a pas été enlevé, ils ont raccordé l'osophage au colon, le colon qui restait, puisqu'il y avait déjà une partie qui était enlevée en 2005. Dans cette chirurgie, il y avait une partie de risque, c'est faire une fistule, c'est-à-dire qu'à un moment donné, que la couture éclate. Et bien moi j'ai fait une fistule. Donc ça a prolongé un petit peu le séjour à l'hôpital. Puis comme je suis têtu, je voulais absolument fêter l'anniversaire de mon fils. Donc au bout de deux mois d'hospitalisation, j'ai fait les pieds de main. Ils ont accepté de me laisser sortir pour aller fêter l'anniversaire de mon fils. Sauf que je n'étais pas prêt et qu'ils m'ont ramené en urgence après avoir mangé le gâteau, le fraisier. Ce qui fait que j'ai gagné encore deux mois de plus à l'hôpital. Dans cette galère d'hospitalisation et de traitement de cancer de l'estomac, qui ne s'est pas très bien passé, c'est qu'à un moment donné, c'est le cancer où moi, je me suis vu mourir. Et justement, ma famille aussi et tous mes amis autour, c'est qu'à un moment donné, je suis quand même resté branché à la morphine en péridurale. Donc c'est pour dire à quel point c'était alité, à ne pas bouger. Je remercierai toujours les aides-soignantes. Et à un moment donné, effectivement, il y a cette expérience, j'appelle ça de mort imminente, parce que c'est une expérience où je me vois moi quitter mon corps, je me vois au-dessus de mon corps et je regarde tout le monde. C'est-à-dire que je sais à un moment donné qu'il y a Joseph dans la pièce, je sais à un moment donné qu'il y a une infirmière qui est passée, mais moi je suis allongé, mon corps est allongé, mais moi je regarde tout le monde. Et effectivement, c'est là où j'en parle avec des médecins et des spécialistes psychos et compagnie qui me disent qu'effectivement, j'étais... a deux droits de partir de l'autre côté. J'ai cette chance d'avoir un fils avec qui j'ai un lien très fort. Et je pense que ce qui m'a ramené, c'est le fait de l'entendre chanter. Alors, on a, dans nos galères de vie, des moments difficiles, avec l'abandon de son père, il faut quand même dire que son père m'a abandonné, j'étais enceinte de mon fils, et que Noah, quand il est né, il voit son père qui ne lui dit pas bonjour. Donc, il y a un vécu quand même difficile. Et dans toute cette phase de difficulté, on avait comme principe de chanter. Et on chantait toujours la chanson de Bobby McFerry, Don't Worry Be Happy. Quand on a le cœur lourd, à un moment donné, il faut trouver quelque chose. Nous, on avait trouvé ça pour passer à autre chose et se dire, bon, bien. Donc on partit. Et dans cette expérience de mort imminente, ce qui m'a ramené dans mon corps, c'est d'entendre mon fils. Parce que j'avais interdit à sa marraine et son parrain de me l'emmener, parce que je ne voulais pas qu'il me voit pendant deux mois dans le coma, alité. Il n'aurait pas compris le petit, parce qu'il est né en 2003. Il n'est pas très vieux quand même, il est né en 2009. Donc je ne voulais pas qu'il soit traumatisé à ce point. Et puis à la fin, elle a dit, si jamais je dois mourir, il faut quand même que... Il me réclamait tellement qu'elle l'a amené. Et donc, il me parlait, il me parlait, il me parlait, il me parlait, et le seul moment où j'ai réagi, c'est quand je l'ai entendu chanter. Alors, ils disent tous que c'est à ce moment-là que j'ai commencé à bouger, donc je pense que c'est à ce moment que je suis revenu dans mon corps, que j'ai ouvert les yeux, et que je l'ai vu, et j'ai commencé à bouger. Et à partir de là, c'est là où je me suis dit, bon, tu vas te battre, il faut sortir de là parce qu'il t'attend. Mais à chaque fois, pour sortir de toutes ces phases difficiles, après cancer, après l'opération, après le traitement, c'est mon fils. C'est pas le basket, c'est mon fils. Pour la simple et bonne raison, d'abord c'est mon fils, et que je l'ai élevé seul, et qu'on est fusionnels, et que je me dis, il est bien entouré, il y a un parent, une marraine, mes soeurs et tout, mais c'est pas pareil, c'est pas pareil. Puis on est trop jeunes, qu'on perde son moment. Donc pour moi c'était la bouée. Je me réveille, je sors de l'hôpital, je suis en hospitalisation à domicile à la maison. Et puis là, arrivé à la maison, je m'ennuie. Je m'ennuie parce qu'une fois que le corps se répare, une fois qu'on a lu tous les romans, tous les magazines, les potins, à la télé, il n'y a pas grand-chose, donc je commence à m'ennuyer. Donc j'ai envie de reprendre le travail. Et j'avais une chance inouïe, c'était que j'étais la collaboratrice d'une DGA Ressources Humaines, une dame extraordinaire, normalienne, avec qui j'ai appris beaucoup de choses, et qui a fait quelque chose... Je pense qu'on devrait prendre l'exemple qui a... Alors ça c'est ma... Vous inquiétez pas, ça c'est les séquelles, le café. Qui a tout fait pour que je puisse reprendre mon poste. Mais elle a anticipé tout ça en fait. C'est-à-dire qu'elle, elle a fait l'effort de venir me voir régulièrement à l'hôpital. C'est elle qui venait me voir pour me raconter comment ça se passe au boulot, qu'est-ce qu'elle avait mis comme projet en place. C'était juste pour que je reste en fait, toujours dans le mood en fait. Et elle faisait les comptes rendus aux collègues. Et en fait, pour ma sortie, quand j'ai émis le vœu de reprendre, elle m'a dit « Ok, mais par contre, si ça connaissait nous le temps, on va organiser ça. » Et en fait, elle l'a préparé, mes collègues, à mon retour. Et quand je suis revenu, ils avaient tous organisé une fête pour moi. Il faut quand même dire qu'on était dans une direction avec une centaine d'agents. Et donc, elle a organisé pour moi l'accueil. Et ça, c'est extraordinaire parce que du coup, on peut reprendre le travail plus sereinement. Et puis, comme les collègues étaient au courant, ils m'ont laissé le temps. Alors, il se trouve que j'avais un poste à responsabilité, mais ils ont tous pris chacun un peu plus de travail juste pour que je puisse prendre le temps de revenir. J'ai trouvé ça super. Cette fois, dans cette direction-là, c'était très bien. J'ai besoin de comprendre les choses, j'ai besoin de... Moi j'ai besoin de comprendre et une fois que je comprends, je garde ça comme une donnée. Et je trouvais que c'était quand même... la corrélation était bizarre. Il faut dire que mon géniteur a décédé de cancer, ma mère en a fait deux. En 2002, je pars au Cameroun, je pars pour l'enterrement de mon frère aîné, celui qui est même père, même mère que moi, cancer. 2005, 2007, je pars enterrer le deuxième frère aîné, cancer. Et là je me dis, ça commence à faire beaucoup. Et donc je discute avec mon chirurgien et je lui dis, mais docteur, c'est pas une question génétique par hasard, parce que ça commence à faire beaucoup, ça fait déjà une main de personnes touchées autour de moi. Il me dit, on peut faire une étude génétique ? Ah ben je dis oui, j'ai besoin de savoir. Donc ça a mis trois ans. Trois ans et 2010 il lance l'étude génétique et en 2013 on a le verdict. En fait, ça s'appelle un syndrome de Lynch. Je suis victime d'un syndrome de Lynch, c'est héréditaire. En fait, c'est une molécule dans l'ADN défectueuse, qui ne se développe pas bien, et c'est ça qui provoque des cancers. Et généralement, ce sont des cancers, moi, le mien, le MLH1, c'est le cancer, tout ce qui est zone estomac, colon, endomètre, utérus. Foie, pancréas, rarement cancer du sein, rarement cancer des poumons, quoique je trouve que j'ai du bois, parce que comme je ne fais jamais rien à la moitié, donc voilà, je me dis, ok, probabilité cancer du côlon, check. Deux fois en plus, parce que du coup, sigmoïdale, après c'était le droit, en 2013, juste après l'annonce de la génétique. J'ai le verdict, je ne me sens pas bien, je dis « Ah, il y a un problème. Le docteur, le corps, il a un problème. »

  • Speaker #0

    Cette émission ne vivrait pas sans vos voix et vos mots. Nous avons tous connu un jour un déséquilibre dans nos vies venant bouleverser notre univers professionnel. Toutes les histoires sont uniques, mais elles ont un point commun, le pouvoir d'être racontées. Elles feront sûrement écho à ceux qui les écoutent. Si vous souhaitez vous confier à notre micro et partager votre histoire, n'hésitez pas à nous écrire. L'adresse se trouve dans la bio. On vous donne rendez-vous dans un mois pour découvrir un nouveau témoignage, peut-être le vôtre ? A très bientôt dans l'indiscret.

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Description

Certaines histoires bouleversent par leur intensité et leur puissance. Celle de Sissako Bolanga est un témoignage unique de résilience face au cancer et de détermination hors du commun. Ancienne basketteuse professionnelle, maman solo et femme hyperactive, elle raconte dans cet épisode de L’Indiscret comment sa vie a été marquée par cinq diagnostics de cancer successifs – et comment, malgré la douleur, elle a choisi de se relever, d’avancer et d’inspirer les autres.


Dans cette première partie, nous découvrons son parcours avant la maladie : des terrains de basket en France et en Europe, une carrière jalonnée de victoires, l’éducation d’un fils dans un contexte difficile, et déjà une incroyable capacité à transformer les épreuves en forces. C’est ce bagage de vie, forgé dans le sport et la maternité, qui a préparé Sissako à affronter ce que beaucoup jugeraient insurmontable.


Elle évoque avec sincérité :
– ses premières victoires sportives et personnelles,
– les blessures physiques qui l’ont contrainte à se réinventer,
– le lien fusionnel avec son fils, qui a été son moteur dans chaque combat,
– l’annonce du premier cancer et la plongée brutale dans un monde d’opérations, de traitements et de séquelles,
– la découverte du syndrome de Lynch, facteur génétique responsable de ses multiples cancers.


À travers son récit, c’est toute la force de la résilience face au cancer qui s’exprime. Malgré les séjours à l’hôpital, la douleur et la peur de perdre la vie, Sissako témoigne de son refus d’abandonner. Elle partage ses instants de doute, son expérience de mort imminente, mais aussi les moments de lumière qui lui ont permis de continuer : l’amour pour son fils, la solidarité des soignants, et cette détermination à transformer la maladie en un chemin de reconstruction.


Cet épisode n’est pas seulement une histoire personnelle. Il interroge aussi notre rapport à la santé, à la maladie et au travail. Comment continuer à exister quand le corps lâche ? Comment préserver sa dignité quand les épreuves s’enchaînent ? Comment trouver la force d’aider les autres, même quand on se bat soi-même ?


Un récit poignant, porteur d’espoir, qui illustre la puissance de la résilience face au cancer et qui résonnera avec toutes celles et ceux confrontés à l’épreuve de la maladie.

🎙 Un témoignage à partager, à faire écouter autour de vous, et à garder en mémoire.
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans l'Indiscret, le podcast intimiste de Prévia. Que se passe-t-il quand on soulève des tabous dans son milieu pro ? Comment avancer lorsque l'imprévu débarque dans sa vie ? Ou lorsque le quotidien est chamboulé ? Tous les mois, des femmes et des hommes se livrent au micro de l'Indiscret. Il et elle nous racontent le moment clé où la frontière entre la vie professionnelle et personnelle a basculé. L'Indiscret, ce n'est pas juste un récit. C'est l'envie de vous accompagner grâce aux témoignages de personnes qui ont croisé le chemin de Privia. Certaines vies semblent être tissées d'une étoffe extraordinaire, faites de défis relevés, de passions ardentes et d'une force de caractère inébranlable. Ces vies-là nous inspirent, nous touchent et nous rappellent la capacité infinie de l'être humain à se relever. L'histoire de Sisako Bolonga est de celle-là. Une histoire rocambolesque, comme elle le dit elle-même, faite de rebondissements et de moments intenses. Dans cette première partie d'une histoire hors du commun, l'ancienne basketteuse professionnelle de haut niveau, hyperactive et véritable force de la nature, nous livre un récit captivant, digne d'un roman à plusieurs tomes. Son parcours, dense, est marqué par une soif d'apprendre et un amour profond des relations humaines. De ses débuts sur les terrains de basket à une carrière européenne couronnée de succès en passant par une vie de maman solo menée tambour battant. Sisako est de celles qui ont toujours cherché à se dépasser, à se réinventer. Ce que nous découvrons aujourd'hui, c'est aussi une femme profondément touchée par la maladie. Avant de plonger au cœur des combats qu'elle a menés contre 5 cancers, nous explorons les fondations de sa vie, les expériences qu'ils l'ont forgé et l'ont préparé sans le savoir aux épreuves qui l'attendaient. Ce premier épisode est une invitation à découvrir le parcours d'une femme exceptionnelle. Une introduction à une histoire de résilience et de courage. Mais aussi d'une volonté farouche d'aider les autres à travers son association. Un témoignage poignant qui ne manquera pas de vous toucher.

  • Speaker #1

    Je suis ravi d'être sur Nantes, même si Nantes il y a des bouchons. Alors je m'appelle Sisako Bolanga. Mon histoire, je viens de fêter 58 ans. et j'ai une histoire qui est assez rocambolesque, qui mériterait d'être écrite dans un livre à plusieurs tomes. Je suis une ancienne professionnelle de basket et une hyperactive, et à l'heure d'aujourd'hui qui est rescapée de 5 cancers. Mais dont les 5 cancers n'ont pas empêché de continuer de vivre. Alors je suis une ambitieuse, une créatrice. L'hyperactivité fait que je suis tombé dans le sport et tant mieux. L'ambition c'est toujours essayer de faire plus. Je suis curieuse, donc j'aime apprendre, j'aime le contact humain, j'aime aller vers les autres. C'est toujours sur la base de la connaissance et du partage avec les autres. Donc tout ce que je fais, tout ce que j'ai toujours fait, c'est par rapport à ça. Et comme je suis quelqu'un qui s'ennuie très vite, j'en suis au huitième métier. Donc voilà, je préfère changer de métier plutôt que peigner la girafe. Alors, ma carrière de basket, j'ai commencé en fait très jeune à Bondy. Je commençais la danse et puis j'ai pris 10 cm à l'âge de 14 ans et puis le professeur m'a dit il faut aller au gymnase parce que là 1m84, pointure 44, 84 kg, il y a un autre sport qui serait intéressant le basket et à l'époque il y avait une américaine qui était l'entraîneur au gymnase donc j'ai poussé la porte et puis elle m'a consacré deux heures par jour et donc un an et demi après j'ai été sélectionné, je devais rentrer à Nice, mes parents ont refusé parce qu'ils Merci. connaissaient pas le milieu, ils ont pris peur. J'ai été surclassé et j'ai signé mon premier contrat professionnel à Poitiers vers 17 ans. C'est là qu'a commencé la carrière. Donc à Poitiers, je suis resté six belles années et puis comme j'aime, de toute façon, j'ai dit j'aime bien apprendre, à un moment donné quand je sens que j'arrive au bout du projet, je bouge par nature et j'ai cette chance d'avoir eu plusieurs propositions. Donc je suis parti à Lille, après je suis parti à Rouen en 4 ans Et puis à Rouen, je m'amusais avec les copines à taper les joueurs de Bourges et de Tarbes. Et l'entraîneur est venu me voir pour me dire « Yann Amar, viens chez moi » . Et je lui ai dit « Tu me proposes quoi de plus que là ? » Il m'a dit l'Europe. Donc je suis parti à Tarbes. J'ai joué 7 ans, je suis devenu champion de France et champion d'Europe. Et puis à 37 ans, j'en ai eu marre. j'ai décidé d'arrêter parce que la conscience quand même même si Même si le sport c'est vraiment toute ma vie, même à l'heure actuelle, j'avais quand même une grande conscience que cette vie privilégiée pouvait s'arrêter n'importe quand, ne serait-ce qu'avec la blessure, parce que dans ma carrière j'ai déjà eu affaire aux blessures, fracture de la maléole, 4 mois de fauteuil roulant. entorse cervicale, 4 mois de minerve, ligament croisé, 6 mois d'arrêt, puis ces petites entorses, etc. Donc à un moment donné, le corps, il est beau être solide, il dit, ah, il faut peut-être arrêter. Et puis le choc, c'était surtout, comme j'ai entraîné des jeunes en espoir, le choc pour moi, c'était de me retrouver à jouer avec les jeunes que j'ai entraînés, comme Céline Dumerc. Et là, on se dit, oups, quand on commence à dire, allez, mama, être la maman des autres, il est temps d'arrêter. Donc j'ai arrêté et je suis revenu à Poitiers. À Poitiers parce que j'ai un lien particulier à Poitiers. Étant pupille de l'État parce que ça se passait mal chez moi, le président du club de basket qui m'avait fait venir est devenu mon tuteur légal. C'est comme mes parents adoptifs avec sa femme. Donc je suis rentré à Poitiers. Et comme je m'ennuie justement entre les déplacements, j'avais fait mes formations capacité en droit, j'avais fait une formation de comptabilité en me disant au cas où, si jamais tu te blesses, tu pourras rebondir et trouver... Un job comme Monsieur, Madame, Tout le monde. Et quand je suis revenu ici au Poitiers, il se trouve qu'au service budget et finance de la ville de Poitiers, ils avaient un besoin. Donc j'ai postulé et puis j'ai été pris. Voilà l'histoire en fait. Oui, je suis Maman Kamikaze, 37 ans, qui a élevé son fils seul. Et j'ai un fils qui a 21 ans maintenant et qui est basketteur, qui est tombé dedans, et qui là poursuit ses études aux Etats-Unis et sa formation basket aux Etats-Unis. Donc par rapport à ça, j'ai quand même... J'ai quand même une grande fierté parce qu'il est devenu champion d'Europe avec l'équipe de France U20 en juillet 2023. Ce n'était pas prévu, mais c'est l'avantage de partager cette passion ensemble. Puis comme on a un lien fusionnel, je suis ravi qu'il puisse évoluer seul, sans avoir peur du lendemain, sans avoir peur que je fasse un sixième cancer. J'avais un fils quand même assez aidant, puisque le premier cancer, il avait un an et demi. Donc il a vécu 17 années de combat avec moi. Et là je suis ravi parce que même s'il est devenu hypersensible, il s'en sort bien, il se débrouille et il vit son rêve aux Etats-Unis. Et moi ça me libère, ça me soulage en me disant je ne l'ai pas pénalisé avec ma maladie. Là c'est autre chose, parce que les 5 cancers m'ont laissé des séquelles. Et par rapport à ces séquelles-là, il y en a une qui est compliquée, c'est-à-dire que j'ai une alimentation parentérale à la carte. Ce sont des poches de nutriments que l'hôpital de Bordeaux me prépare et me fait livrer une fois par semaine et ces poches doivent rester au frais. Alors pour voyager il faut que je fasse une valise médicale et on ne peut pas les trouver partout puisque ça la carte. Mais évidemment j'ai dit que je ne faisais plus jamais rien comme les autres. Ça existe en température ambiante mais moi ça me fait monter le potassium donc ça me donne des risques de crise cardiaque. Donc je n'ai pas le choix que de prendre ces suppléments, en fait ces aliments qui me préparent. Et donc le problème c'est ça, c'est comment voyager, parce que la poche elle fait quand même 2500 ml, et il y a une contrainte énorme, c'est que ça ne peut pas aller dans la soute d'un avion parce que ça gèle, et il ne faut pas que ça gèle. En plus les américains ils sont ce qu'ils sont, ils ont des bons côtés, mais ils ont aussi des côtés un petit peu casse-pieds, pour ne pas être mal poli, c'est-à-dire qu'il faut tout traduire, c'est-à-dire qu'ils ne parlent pas français, ils ne parlent pas d'autres langues que l'américain, donc tout le monde aussi est médical, il faut tout faire traduire, ça prend du temps, c'est un peu compliqué. Mais j'ai réussi cet été à... à faire faire pour l'Espagne et partir en vacances. Donc je suis têtu. Très têtu, c'est un trait de caractère aussi. Je vais y arriver. Je ne sais pas quand, mais je vais y arriver. J'irai voir mon fils aux Etats-Unis. J'ai mis au monde un enfant du monde. Donc je ne m'inquiète pas parce que même si je ne peux pas y aller, il y a les relais. Avant que je ne sois malade moi, le mot cancer, on l'avait déjà entendu parler parce que ma mère en a fait deux. Et mon géniteur a décidé de cancer. donc je l'ai su au moment où j'allais pour J'ai fait des démarches pour le rencontrer. Et l'année où je devais le rencontrer, malheureusement, il est décédé de cancer. Donc, pour moi, le cancer, c'était une maladie parenteuse, comme on disait dans l'époque. Mais c'était une maladie mortelle, tout simplement. Comme une méningine foudroyante. Mais je savais aussi, puisque j'avais l'exemple de ma mère, qu'elle en avait fait deux et qu'on pouvait survivre au cancer. La preuve, elle est... Ça ne l'a pas empêché de voyager, ça ne l'a pas empêché de continuer sa vie, donc voilà. Donc pour moi, ce n'était pas catastrophique en fait. Du moins le premier. D'ailleurs, je l'ai pris comme ça, je l'ai pris comme n'importe quelle maladie, puisque au premier, on m'a dit « Oh, vous êtes atteint du cancer. » « Cancer colon sigmoïdal. » J'ai dit « Ah oula, c'est quoi ce gros mot ? » « Ok. Docteur, on fait quoi maintenant ? » « Il faut couper. » « Ah bon ? » « Oui, mais vous coupez. Mais comment je fais moi ? » « Demain, je fais comment ? » expliquez-moi, vous coupez, vous enlevez donc après c'est quoi ? vous avez de la chance parce que vous avez senti que quelque chose n'allait pas et on coupe et puis après vous reprenez votre vie on coupe quand ? la semaine prochaine je suis rentré, je suis hospitalisé, on a coupé Je suis sorti, trois mois après j'ai repris le travail, point. Pas de séquelles, rien, donc pour moi c'était le cancer, c'est derrière, c'est passé. Dans l'hyperactivité de ma vie et le trait de caractère, moi j'enchaînais tout. C'est-à-dire que j'avais mon travail, j'avais mon fils seul, il faisait du sport, il fallait l'accompagner. Moi je faisais du sport aussi, j'entraînais aussi à côté, donc j'avais ma vie à 200 à l'heure. Et ça m'allait très bien, j'ai toujours vécu comme ça. Les pauses c'était juste pour recharger les batteries et repartir. Donc il y a eu une pause forcée de trois mois, point. On a repris mon fils et moi le cours de notre vie sans se poser de questions. Et ça s'est très bien passé jusqu'en 2005, jusqu'au cancer suivant. Le cancer suivant c'est 2009, oui. Mais qui est arrivé... J'étais en train de manger mon sandwich, j'étais au travail, je mangeais mon sandwich entre midi et deux, en regardant les pigeons, voilà. Et puis, j'ai pas pu aller plus loin. De boucher, je me suis retrouvé plié en deux, comme ça. Mais il n'y avait pas de signe à nos instructeurs avant, rien. Et donc j'ai dit, aïe, là ça va pas ça, je peux pas avaler une bouchée, j'ai voulu prendre un verre d'eau, je peux pas avaler de l'eau. Donc le chirurgien qui m'avait opéré en 2005, il m'avait donné son numéro, si vous avez moins de soucis, n'hésitez pas. J'ai fait, allô docteur, est-ce que je pourrais vous voir en urgence, parce qu'il y a un petit problème. Je sais pas quoi, mais il y a un problème dans le corps. Donc j'avais rendez-vous le soir, et puis le lendemain il me dit, je vous envoie faire un TEP scan, etc. Cancer de l'estomac. Et là il me dit, c'est plus compliqué que la première fois parce que là on doit vous enlever l'estomac. Et à partir de là, c'est là où on se dit, aïe, ok, un bout de colon, jusqu'à présent ça allait, mais là, docteur, excusez-moi, est-ce qu'on peut vivre sans estomac ? Il me dit, on va essayer. Et donc je lui dis, ok, je vous fais confiance, on y va. Et donc le 28 décembre, je me suis fait opérer. Le cancer m'a enlevé l'estomac. Alors celui-là, c'était quand même costaud. Et c'est là effectivement que je me suis dit, ah, le cancer, c'est pas juste une maladie. Parce que quand ils m'ont enlevé l'estomac, je suis quand même resté en réanimation plusieurs semaines, pour ne pas dire deux mois, sous morphine. Parce que pas l'estomac, ils ont fait... Alors, c'est pas très agréable ce que je vais raconter, mais il faut quand même que les gens sachent. Ils ont raccordé l'osophage, c'est-à-dire le haut, l'estomac n'a pas été enlevé, ils ont raccordé l'osophage au colon, le colon qui restait, puisqu'il y avait déjà une partie qui était enlevée en 2005. Dans cette chirurgie, il y avait une partie de risque, c'est faire une fistule, c'est-à-dire qu'à un moment donné, que la couture éclate. Et bien moi j'ai fait une fistule. Donc ça a prolongé un petit peu le séjour à l'hôpital. Puis comme je suis têtu, je voulais absolument fêter l'anniversaire de mon fils. Donc au bout de deux mois d'hospitalisation, j'ai fait les pieds de main. Ils ont accepté de me laisser sortir pour aller fêter l'anniversaire de mon fils. Sauf que je n'étais pas prêt et qu'ils m'ont ramené en urgence après avoir mangé le gâteau, le fraisier. Ce qui fait que j'ai gagné encore deux mois de plus à l'hôpital. Dans cette galère d'hospitalisation et de traitement de cancer de l'estomac, qui ne s'est pas très bien passé, c'est qu'à un moment donné, c'est le cancer où moi, je me suis vu mourir. Et justement, ma famille aussi et tous mes amis autour, c'est qu'à un moment donné, je suis quand même resté branché à la morphine en péridurale. Donc c'est pour dire à quel point c'était alité, à ne pas bouger. Je remercierai toujours les aides-soignantes. Et à un moment donné, effectivement, il y a cette expérience, j'appelle ça de mort imminente, parce que c'est une expérience où je me vois moi quitter mon corps, je me vois au-dessus de mon corps et je regarde tout le monde. C'est-à-dire que je sais à un moment donné qu'il y a Joseph dans la pièce, je sais à un moment donné qu'il y a une infirmière qui est passée, mais moi je suis allongé, mon corps est allongé, mais moi je regarde tout le monde. Et effectivement, c'est là où j'en parle avec des médecins et des spécialistes psychos et compagnie qui me disent qu'effectivement, j'étais... a deux droits de partir de l'autre côté. J'ai cette chance d'avoir un fils avec qui j'ai un lien très fort. Et je pense que ce qui m'a ramené, c'est le fait de l'entendre chanter. Alors, on a, dans nos galères de vie, des moments difficiles, avec l'abandon de son père, il faut quand même dire que son père m'a abandonné, j'étais enceinte de mon fils, et que Noah, quand il est né, il voit son père qui ne lui dit pas bonjour. Donc, il y a un vécu quand même difficile. Et dans toute cette phase de difficulté, on avait comme principe de chanter. Et on chantait toujours la chanson de Bobby McFerry, Don't Worry Be Happy. Quand on a le cœur lourd, à un moment donné, il faut trouver quelque chose. Nous, on avait trouvé ça pour passer à autre chose et se dire, bon, bien. Donc on partit. Et dans cette expérience de mort imminente, ce qui m'a ramené dans mon corps, c'est d'entendre mon fils. Parce que j'avais interdit à sa marraine et son parrain de me l'emmener, parce que je ne voulais pas qu'il me voit pendant deux mois dans le coma, alité. Il n'aurait pas compris le petit, parce qu'il est né en 2003. Il n'est pas très vieux quand même, il est né en 2009. Donc je ne voulais pas qu'il soit traumatisé à ce point. Et puis à la fin, elle a dit, si jamais je dois mourir, il faut quand même que... Il me réclamait tellement qu'elle l'a amené. Et donc, il me parlait, il me parlait, il me parlait, il me parlait, et le seul moment où j'ai réagi, c'est quand je l'ai entendu chanter. Alors, ils disent tous que c'est à ce moment-là que j'ai commencé à bouger, donc je pense que c'est à ce moment que je suis revenu dans mon corps, que j'ai ouvert les yeux, et que je l'ai vu, et j'ai commencé à bouger. Et à partir de là, c'est là où je me suis dit, bon, tu vas te battre, il faut sortir de là parce qu'il t'attend. Mais à chaque fois, pour sortir de toutes ces phases difficiles, après cancer, après l'opération, après le traitement, c'est mon fils. C'est pas le basket, c'est mon fils. Pour la simple et bonne raison, d'abord c'est mon fils, et que je l'ai élevé seul, et qu'on est fusionnels, et que je me dis, il est bien entouré, il y a un parent, une marraine, mes soeurs et tout, mais c'est pas pareil, c'est pas pareil. Puis on est trop jeunes, qu'on perde son moment. Donc pour moi c'était la bouée. Je me réveille, je sors de l'hôpital, je suis en hospitalisation à domicile à la maison. Et puis là, arrivé à la maison, je m'ennuie. Je m'ennuie parce qu'une fois que le corps se répare, une fois qu'on a lu tous les romans, tous les magazines, les potins, à la télé, il n'y a pas grand-chose, donc je commence à m'ennuyer. Donc j'ai envie de reprendre le travail. Et j'avais une chance inouïe, c'était que j'étais la collaboratrice d'une DGA Ressources Humaines, une dame extraordinaire, normalienne, avec qui j'ai appris beaucoup de choses, et qui a fait quelque chose... Je pense qu'on devrait prendre l'exemple qui a... Alors ça c'est ma... Vous inquiétez pas, ça c'est les séquelles, le café. Qui a tout fait pour que je puisse reprendre mon poste. Mais elle a anticipé tout ça en fait. C'est-à-dire qu'elle, elle a fait l'effort de venir me voir régulièrement à l'hôpital. C'est elle qui venait me voir pour me raconter comment ça se passe au boulot, qu'est-ce qu'elle avait mis comme projet en place. C'était juste pour que je reste en fait, toujours dans le mood en fait. Et elle faisait les comptes rendus aux collègues. Et en fait, pour ma sortie, quand j'ai émis le vœu de reprendre, elle m'a dit « Ok, mais par contre, si ça connaissait nous le temps, on va organiser ça. » Et en fait, elle l'a préparé, mes collègues, à mon retour. Et quand je suis revenu, ils avaient tous organisé une fête pour moi. Il faut quand même dire qu'on était dans une direction avec une centaine d'agents. Et donc, elle a organisé pour moi l'accueil. Et ça, c'est extraordinaire parce que du coup, on peut reprendre le travail plus sereinement. Et puis, comme les collègues étaient au courant, ils m'ont laissé le temps. Alors, il se trouve que j'avais un poste à responsabilité, mais ils ont tous pris chacun un peu plus de travail juste pour que je puisse prendre le temps de revenir. J'ai trouvé ça super. Cette fois, dans cette direction-là, c'était très bien. J'ai besoin de comprendre les choses, j'ai besoin de... Moi j'ai besoin de comprendre et une fois que je comprends, je garde ça comme une donnée. Et je trouvais que c'était quand même... la corrélation était bizarre. Il faut dire que mon géniteur a décédé de cancer, ma mère en a fait deux. En 2002, je pars au Cameroun, je pars pour l'enterrement de mon frère aîné, celui qui est même père, même mère que moi, cancer. 2005, 2007, je pars enterrer le deuxième frère aîné, cancer. Et là je me dis, ça commence à faire beaucoup. Et donc je discute avec mon chirurgien et je lui dis, mais docteur, c'est pas une question génétique par hasard, parce que ça commence à faire beaucoup, ça fait déjà une main de personnes touchées autour de moi. Il me dit, on peut faire une étude génétique ? Ah ben je dis oui, j'ai besoin de savoir. Donc ça a mis trois ans. Trois ans et 2010 il lance l'étude génétique et en 2013 on a le verdict. En fait, ça s'appelle un syndrome de Lynch. Je suis victime d'un syndrome de Lynch, c'est héréditaire. En fait, c'est une molécule dans l'ADN défectueuse, qui ne se développe pas bien, et c'est ça qui provoque des cancers. Et généralement, ce sont des cancers, moi, le mien, le MLH1, c'est le cancer, tout ce qui est zone estomac, colon, endomètre, utérus. Foie, pancréas, rarement cancer du sein, rarement cancer des poumons, quoique je trouve que j'ai du bois, parce que comme je ne fais jamais rien à la moitié, donc voilà, je me dis, ok, probabilité cancer du côlon, check. Deux fois en plus, parce que du coup, sigmoïdale, après c'était le droit, en 2013, juste après l'annonce de la génétique. J'ai le verdict, je ne me sens pas bien, je dis « Ah, il y a un problème. Le docteur, le corps, il a un problème. »

  • Speaker #0

    Cette émission ne vivrait pas sans vos voix et vos mots. Nous avons tous connu un jour un déséquilibre dans nos vies venant bouleverser notre univers professionnel. Toutes les histoires sont uniques, mais elles ont un point commun, le pouvoir d'être racontées. Elles feront sûrement écho à ceux qui les écoutent. Si vous souhaitez vous confier à notre micro et partager votre histoire, n'hésitez pas à nous écrire. L'adresse se trouve dans la bio. On vous donne rendez-vous dans un mois pour découvrir un nouveau témoignage, peut-être le vôtre ? A très bientôt dans l'indiscret.

Description

Certaines histoires bouleversent par leur intensité et leur puissance. Celle de Sissako Bolanga est un témoignage unique de résilience face au cancer et de détermination hors du commun. Ancienne basketteuse professionnelle, maman solo et femme hyperactive, elle raconte dans cet épisode de L’Indiscret comment sa vie a été marquée par cinq diagnostics de cancer successifs – et comment, malgré la douleur, elle a choisi de se relever, d’avancer et d’inspirer les autres.


Dans cette première partie, nous découvrons son parcours avant la maladie : des terrains de basket en France et en Europe, une carrière jalonnée de victoires, l’éducation d’un fils dans un contexte difficile, et déjà une incroyable capacité à transformer les épreuves en forces. C’est ce bagage de vie, forgé dans le sport et la maternité, qui a préparé Sissako à affronter ce que beaucoup jugeraient insurmontable.


Elle évoque avec sincérité :
– ses premières victoires sportives et personnelles,
– les blessures physiques qui l’ont contrainte à se réinventer,
– le lien fusionnel avec son fils, qui a été son moteur dans chaque combat,
– l’annonce du premier cancer et la plongée brutale dans un monde d’opérations, de traitements et de séquelles,
– la découverte du syndrome de Lynch, facteur génétique responsable de ses multiples cancers.


À travers son récit, c’est toute la force de la résilience face au cancer qui s’exprime. Malgré les séjours à l’hôpital, la douleur et la peur de perdre la vie, Sissako témoigne de son refus d’abandonner. Elle partage ses instants de doute, son expérience de mort imminente, mais aussi les moments de lumière qui lui ont permis de continuer : l’amour pour son fils, la solidarité des soignants, et cette détermination à transformer la maladie en un chemin de reconstruction.


Cet épisode n’est pas seulement une histoire personnelle. Il interroge aussi notre rapport à la santé, à la maladie et au travail. Comment continuer à exister quand le corps lâche ? Comment préserver sa dignité quand les épreuves s’enchaînent ? Comment trouver la force d’aider les autres, même quand on se bat soi-même ?


Un récit poignant, porteur d’espoir, qui illustre la puissance de la résilience face au cancer et qui résonnera avec toutes celles et ceux confrontés à l’épreuve de la maladie.

🎙 Un témoignage à partager, à faire écouter autour de vous, et à garder en mémoire.
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans l'Indiscret, le podcast intimiste de Prévia. Que se passe-t-il quand on soulève des tabous dans son milieu pro ? Comment avancer lorsque l'imprévu débarque dans sa vie ? Ou lorsque le quotidien est chamboulé ? Tous les mois, des femmes et des hommes se livrent au micro de l'Indiscret. Il et elle nous racontent le moment clé où la frontière entre la vie professionnelle et personnelle a basculé. L'Indiscret, ce n'est pas juste un récit. C'est l'envie de vous accompagner grâce aux témoignages de personnes qui ont croisé le chemin de Privia. Certaines vies semblent être tissées d'une étoffe extraordinaire, faites de défis relevés, de passions ardentes et d'une force de caractère inébranlable. Ces vies-là nous inspirent, nous touchent et nous rappellent la capacité infinie de l'être humain à se relever. L'histoire de Sisako Bolonga est de celle-là. Une histoire rocambolesque, comme elle le dit elle-même, faite de rebondissements et de moments intenses. Dans cette première partie d'une histoire hors du commun, l'ancienne basketteuse professionnelle de haut niveau, hyperactive et véritable force de la nature, nous livre un récit captivant, digne d'un roman à plusieurs tomes. Son parcours, dense, est marqué par une soif d'apprendre et un amour profond des relations humaines. De ses débuts sur les terrains de basket à une carrière européenne couronnée de succès en passant par une vie de maman solo menée tambour battant. Sisako est de celles qui ont toujours cherché à se dépasser, à se réinventer. Ce que nous découvrons aujourd'hui, c'est aussi une femme profondément touchée par la maladie. Avant de plonger au cœur des combats qu'elle a menés contre 5 cancers, nous explorons les fondations de sa vie, les expériences qu'ils l'ont forgé et l'ont préparé sans le savoir aux épreuves qui l'attendaient. Ce premier épisode est une invitation à découvrir le parcours d'une femme exceptionnelle. Une introduction à une histoire de résilience et de courage. Mais aussi d'une volonté farouche d'aider les autres à travers son association. Un témoignage poignant qui ne manquera pas de vous toucher.

  • Speaker #1

    Je suis ravi d'être sur Nantes, même si Nantes il y a des bouchons. Alors je m'appelle Sisako Bolanga. Mon histoire, je viens de fêter 58 ans. et j'ai une histoire qui est assez rocambolesque, qui mériterait d'être écrite dans un livre à plusieurs tomes. Je suis une ancienne professionnelle de basket et une hyperactive, et à l'heure d'aujourd'hui qui est rescapée de 5 cancers. Mais dont les 5 cancers n'ont pas empêché de continuer de vivre. Alors je suis une ambitieuse, une créatrice. L'hyperactivité fait que je suis tombé dans le sport et tant mieux. L'ambition c'est toujours essayer de faire plus. Je suis curieuse, donc j'aime apprendre, j'aime le contact humain, j'aime aller vers les autres. C'est toujours sur la base de la connaissance et du partage avec les autres. Donc tout ce que je fais, tout ce que j'ai toujours fait, c'est par rapport à ça. Et comme je suis quelqu'un qui s'ennuie très vite, j'en suis au huitième métier. Donc voilà, je préfère changer de métier plutôt que peigner la girafe. Alors, ma carrière de basket, j'ai commencé en fait très jeune à Bondy. Je commençais la danse et puis j'ai pris 10 cm à l'âge de 14 ans et puis le professeur m'a dit il faut aller au gymnase parce que là 1m84, pointure 44, 84 kg, il y a un autre sport qui serait intéressant le basket et à l'époque il y avait une américaine qui était l'entraîneur au gymnase donc j'ai poussé la porte et puis elle m'a consacré deux heures par jour et donc un an et demi après j'ai été sélectionné, je devais rentrer à Nice, mes parents ont refusé parce qu'ils Merci. connaissaient pas le milieu, ils ont pris peur. J'ai été surclassé et j'ai signé mon premier contrat professionnel à Poitiers vers 17 ans. C'est là qu'a commencé la carrière. Donc à Poitiers, je suis resté six belles années et puis comme j'aime, de toute façon, j'ai dit j'aime bien apprendre, à un moment donné quand je sens que j'arrive au bout du projet, je bouge par nature et j'ai cette chance d'avoir eu plusieurs propositions. Donc je suis parti à Lille, après je suis parti à Rouen en 4 ans Et puis à Rouen, je m'amusais avec les copines à taper les joueurs de Bourges et de Tarbes. Et l'entraîneur est venu me voir pour me dire « Yann Amar, viens chez moi » . Et je lui ai dit « Tu me proposes quoi de plus que là ? » Il m'a dit l'Europe. Donc je suis parti à Tarbes. J'ai joué 7 ans, je suis devenu champion de France et champion d'Europe. Et puis à 37 ans, j'en ai eu marre. j'ai décidé d'arrêter parce que la conscience quand même même si Même si le sport c'est vraiment toute ma vie, même à l'heure actuelle, j'avais quand même une grande conscience que cette vie privilégiée pouvait s'arrêter n'importe quand, ne serait-ce qu'avec la blessure, parce que dans ma carrière j'ai déjà eu affaire aux blessures, fracture de la maléole, 4 mois de fauteuil roulant. entorse cervicale, 4 mois de minerve, ligament croisé, 6 mois d'arrêt, puis ces petites entorses, etc. Donc à un moment donné, le corps, il est beau être solide, il dit, ah, il faut peut-être arrêter. Et puis le choc, c'était surtout, comme j'ai entraîné des jeunes en espoir, le choc pour moi, c'était de me retrouver à jouer avec les jeunes que j'ai entraînés, comme Céline Dumerc. Et là, on se dit, oups, quand on commence à dire, allez, mama, être la maman des autres, il est temps d'arrêter. Donc j'ai arrêté et je suis revenu à Poitiers. À Poitiers parce que j'ai un lien particulier à Poitiers. Étant pupille de l'État parce que ça se passait mal chez moi, le président du club de basket qui m'avait fait venir est devenu mon tuteur légal. C'est comme mes parents adoptifs avec sa femme. Donc je suis rentré à Poitiers. Et comme je m'ennuie justement entre les déplacements, j'avais fait mes formations capacité en droit, j'avais fait une formation de comptabilité en me disant au cas où, si jamais tu te blesses, tu pourras rebondir et trouver... Un job comme Monsieur, Madame, Tout le monde. Et quand je suis revenu ici au Poitiers, il se trouve qu'au service budget et finance de la ville de Poitiers, ils avaient un besoin. Donc j'ai postulé et puis j'ai été pris. Voilà l'histoire en fait. Oui, je suis Maman Kamikaze, 37 ans, qui a élevé son fils seul. Et j'ai un fils qui a 21 ans maintenant et qui est basketteur, qui est tombé dedans, et qui là poursuit ses études aux Etats-Unis et sa formation basket aux Etats-Unis. Donc par rapport à ça, j'ai quand même... J'ai quand même une grande fierté parce qu'il est devenu champion d'Europe avec l'équipe de France U20 en juillet 2023. Ce n'était pas prévu, mais c'est l'avantage de partager cette passion ensemble. Puis comme on a un lien fusionnel, je suis ravi qu'il puisse évoluer seul, sans avoir peur du lendemain, sans avoir peur que je fasse un sixième cancer. J'avais un fils quand même assez aidant, puisque le premier cancer, il avait un an et demi. Donc il a vécu 17 années de combat avec moi. Et là je suis ravi parce que même s'il est devenu hypersensible, il s'en sort bien, il se débrouille et il vit son rêve aux Etats-Unis. Et moi ça me libère, ça me soulage en me disant je ne l'ai pas pénalisé avec ma maladie. Là c'est autre chose, parce que les 5 cancers m'ont laissé des séquelles. Et par rapport à ces séquelles-là, il y en a une qui est compliquée, c'est-à-dire que j'ai une alimentation parentérale à la carte. Ce sont des poches de nutriments que l'hôpital de Bordeaux me prépare et me fait livrer une fois par semaine et ces poches doivent rester au frais. Alors pour voyager il faut que je fasse une valise médicale et on ne peut pas les trouver partout puisque ça la carte. Mais évidemment j'ai dit que je ne faisais plus jamais rien comme les autres. Ça existe en température ambiante mais moi ça me fait monter le potassium donc ça me donne des risques de crise cardiaque. Donc je n'ai pas le choix que de prendre ces suppléments, en fait ces aliments qui me préparent. Et donc le problème c'est ça, c'est comment voyager, parce que la poche elle fait quand même 2500 ml, et il y a une contrainte énorme, c'est que ça ne peut pas aller dans la soute d'un avion parce que ça gèle, et il ne faut pas que ça gèle. En plus les américains ils sont ce qu'ils sont, ils ont des bons côtés, mais ils ont aussi des côtés un petit peu casse-pieds, pour ne pas être mal poli, c'est-à-dire qu'il faut tout traduire, c'est-à-dire qu'ils ne parlent pas français, ils ne parlent pas d'autres langues que l'américain, donc tout le monde aussi est médical, il faut tout faire traduire, ça prend du temps, c'est un peu compliqué. Mais j'ai réussi cet été à... à faire faire pour l'Espagne et partir en vacances. Donc je suis têtu. Très têtu, c'est un trait de caractère aussi. Je vais y arriver. Je ne sais pas quand, mais je vais y arriver. J'irai voir mon fils aux Etats-Unis. J'ai mis au monde un enfant du monde. Donc je ne m'inquiète pas parce que même si je ne peux pas y aller, il y a les relais. Avant que je ne sois malade moi, le mot cancer, on l'avait déjà entendu parler parce que ma mère en a fait deux. Et mon géniteur a décidé de cancer. donc je l'ai su au moment où j'allais pour J'ai fait des démarches pour le rencontrer. Et l'année où je devais le rencontrer, malheureusement, il est décédé de cancer. Donc, pour moi, le cancer, c'était une maladie parenteuse, comme on disait dans l'époque. Mais c'était une maladie mortelle, tout simplement. Comme une méningine foudroyante. Mais je savais aussi, puisque j'avais l'exemple de ma mère, qu'elle en avait fait deux et qu'on pouvait survivre au cancer. La preuve, elle est... Ça ne l'a pas empêché de voyager, ça ne l'a pas empêché de continuer sa vie, donc voilà. Donc pour moi, ce n'était pas catastrophique en fait. Du moins le premier. D'ailleurs, je l'ai pris comme ça, je l'ai pris comme n'importe quelle maladie, puisque au premier, on m'a dit « Oh, vous êtes atteint du cancer. » « Cancer colon sigmoïdal. » J'ai dit « Ah oula, c'est quoi ce gros mot ? » « Ok. Docteur, on fait quoi maintenant ? » « Il faut couper. » « Ah bon ? » « Oui, mais vous coupez. Mais comment je fais moi ? » « Demain, je fais comment ? » expliquez-moi, vous coupez, vous enlevez donc après c'est quoi ? vous avez de la chance parce que vous avez senti que quelque chose n'allait pas et on coupe et puis après vous reprenez votre vie on coupe quand ? la semaine prochaine je suis rentré, je suis hospitalisé, on a coupé Je suis sorti, trois mois après j'ai repris le travail, point. Pas de séquelles, rien, donc pour moi c'était le cancer, c'est derrière, c'est passé. Dans l'hyperactivité de ma vie et le trait de caractère, moi j'enchaînais tout. C'est-à-dire que j'avais mon travail, j'avais mon fils seul, il faisait du sport, il fallait l'accompagner. Moi je faisais du sport aussi, j'entraînais aussi à côté, donc j'avais ma vie à 200 à l'heure. Et ça m'allait très bien, j'ai toujours vécu comme ça. Les pauses c'était juste pour recharger les batteries et repartir. Donc il y a eu une pause forcée de trois mois, point. On a repris mon fils et moi le cours de notre vie sans se poser de questions. Et ça s'est très bien passé jusqu'en 2005, jusqu'au cancer suivant. Le cancer suivant c'est 2009, oui. Mais qui est arrivé... J'étais en train de manger mon sandwich, j'étais au travail, je mangeais mon sandwich entre midi et deux, en regardant les pigeons, voilà. Et puis, j'ai pas pu aller plus loin. De boucher, je me suis retrouvé plié en deux, comme ça. Mais il n'y avait pas de signe à nos instructeurs avant, rien. Et donc j'ai dit, aïe, là ça va pas ça, je peux pas avaler une bouchée, j'ai voulu prendre un verre d'eau, je peux pas avaler de l'eau. Donc le chirurgien qui m'avait opéré en 2005, il m'avait donné son numéro, si vous avez moins de soucis, n'hésitez pas. J'ai fait, allô docteur, est-ce que je pourrais vous voir en urgence, parce qu'il y a un petit problème. Je sais pas quoi, mais il y a un problème dans le corps. Donc j'avais rendez-vous le soir, et puis le lendemain il me dit, je vous envoie faire un TEP scan, etc. Cancer de l'estomac. Et là il me dit, c'est plus compliqué que la première fois parce que là on doit vous enlever l'estomac. Et à partir de là, c'est là où on se dit, aïe, ok, un bout de colon, jusqu'à présent ça allait, mais là, docteur, excusez-moi, est-ce qu'on peut vivre sans estomac ? Il me dit, on va essayer. Et donc je lui dis, ok, je vous fais confiance, on y va. Et donc le 28 décembre, je me suis fait opérer. Le cancer m'a enlevé l'estomac. Alors celui-là, c'était quand même costaud. Et c'est là effectivement que je me suis dit, ah, le cancer, c'est pas juste une maladie. Parce que quand ils m'ont enlevé l'estomac, je suis quand même resté en réanimation plusieurs semaines, pour ne pas dire deux mois, sous morphine. Parce que pas l'estomac, ils ont fait... Alors, c'est pas très agréable ce que je vais raconter, mais il faut quand même que les gens sachent. Ils ont raccordé l'osophage, c'est-à-dire le haut, l'estomac n'a pas été enlevé, ils ont raccordé l'osophage au colon, le colon qui restait, puisqu'il y avait déjà une partie qui était enlevée en 2005. Dans cette chirurgie, il y avait une partie de risque, c'est faire une fistule, c'est-à-dire qu'à un moment donné, que la couture éclate. Et bien moi j'ai fait une fistule. Donc ça a prolongé un petit peu le séjour à l'hôpital. Puis comme je suis têtu, je voulais absolument fêter l'anniversaire de mon fils. Donc au bout de deux mois d'hospitalisation, j'ai fait les pieds de main. Ils ont accepté de me laisser sortir pour aller fêter l'anniversaire de mon fils. Sauf que je n'étais pas prêt et qu'ils m'ont ramené en urgence après avoir mangé le gâteau, le fraisier. Ce qui fait que j'ai gagné encore deux mois de plus à l'hôpital. Dans cette galère d'hospitalisation et de traitement de cancer de l'estomac, qui ne s'est pas très bien passé, c'est qu'à un moment donné, c'est le cancer où moi, je me suis vu mourir. Et justement, ma famille aussi et tous mes amis autour, c'est qu'à un moment donné, je suis quand même resté branché à la morphine en péridurale. Donc c'est pour dire à quel point c'était alité, à ne pas bouger. Je remercierai toujours les aides-soignantes. Et à un moment donné, effectivement, il y a cette expérience, j'appelle ça de mort imminente, parce que c'est une expérience où je me vois moi quitter mon corps, je me vois au-dessus de mon corps et je regarde tout le monde. C'est-à-dire que je sais à un moment donné qu'il y a Joseph dans la pièce, je sais à un moment donné qu'il y a une infirmière qui est passée, mais moi je suis allongé, mon corps est allongé, mais moi je regarde tout le monde. Et effectivement, c'est là où j'en parle avec des médecins et des spécialistes psychos et compagnie qui me disent qu'effectivement, j'étais... a deux droits de partir de l'autre côté. J'ai cette chance d'avoir un fils avec qui j'ai un lien très fort. Et je pense que ce qui m'a ramené, c'est le fait de l'entendre chanter. Alors, on a, dans nos galères de vie, des moments difficiles, avec l'abandon de son père, il faut quand même dire que son père m'a abandonné, j'étais enceinte de mon fils, et que Noah, quand il est né, il voit son père qui ne lui dit pas bonjour. Donc, il y a un vécu quand même difficile. Et dans toute cette phase de difficulté, on avait comme principe de chanter. Et on chantait toujours la chanson de Bobby McFerry, Don't Worry Be Happy. Quand on a le cœur lourd, à un moment donné, il faut trouver quelque chose. Nous, on avait trouvé ça pour passer à autre chose et se dire, bon, bien. Donc on partit. Et dans cette expérience de mort imminente, ce qui m'a ramené dans mon corps, c'est d'entendre mon fils. Parce que j'avais interdit à sa marraine et son parrain de me l'emmener, parce que je ne voulais pas qu'il me voit pendant deux mois dans le coma, alité. Il n'aurait pas compris le petit, parce qu'il est né en 2003. Il n'est pas très vieux quand même, il est né en 2009. Donc je ne voulais pas qu'il soit traumatisé à ce point. Et puis à la fin, elle a dit, si jamais je dois mourir, il faut quand même que... Il me réclamait tellement qu'elle l'a amené. Et donc, il me parlait, il me parlait, il me parlait, il me parlait, et le seul moment où j'ai réagi, c'est quand je l'ai entendu chanter. Alors, ils disent tous que c'est à ce moment-là que j'ai commencé à bouger, donc je pense que c'est à ce moment que je suis revenu dans mon corps, que j'ai ouvert les yeux, et que je l'ai vu, et j'ai commencé à bouger. Et à partir de là, c'est là où je me suis dit, bon, tu vas te battre, il faut sortir de là parce qu'il t'attend. Mais à chaque fois, pour sortir de toutes ces phases difficiles, après cancer, après l'opération, après le traitement, c'est mon fils. C'est pas le basket, c'est mon fils. Pour la simple et bonne raison, d'abord c'est mon fils, et que je l'ai élevé seul, et qu'on est fusionnels, et que je me dis, il est bien entouré, il y a un parent, une marraine, mes soeurs et tout, mais c'est pas pareil, c'est pas pareil. Puis on est trop jeunes, qu'on perde son moment. Donc pour moi c'était la bouée. Je me réveille, je sors de l'hôpital, je suis en hospitalisation à domicile à la maison. Et puis là, arrivé à la maison, je m'ennuie. Je m'ennuie parce qu'une fois que le corps se répare, une fois qu'on a lu tous les romans, tous les magazines, les potins, à la télé, il n'y a pas grand-chose, donc je commence à m'ennuyer. Donc j'ai envie de reprendre le travail. Et j'avais une chance inouïe, c'était que j'étais la collaboratrice d'une DGA Ressources Humaines, une dame extraordinaire, normalienne, avec qui j'ai appris beaucoup de choses, et qui a fait quelque chose... Je pense qu'on devrait prendre l'exemple qui a... Alors ça c'est ma... Vous inquiétez pas, ça c'est les séquelles, le café. Qui a tout fait pour que je puisse reprendre mon poste. Mais elle a anticipé tout ça en fait. C'est-à-dire qu'elle, elle a fait l'effort de venir me voir régulièrement à l'hôpital. C'est elle qui venait me voir pour me raconter comment ça se passe au boulot, qu'est-ce qu'elle avait mis comme projet en place. C'était juste pour que je reste en fait, toujours dans le mood en fait. Et elle faisait les comptes rendus aux collègues. Et en fait, pour ma sortie, quand j'ai émis le vœu de reprendre, elle m'a dit « Ok, mais par contre, si ça connaissait nous le temps, on va organiser ça. » Et en fait, elle l'a préparé, mes collègues, à mon retour. Et quand je suis revenu, ils avaient tous organisé une fête pour moi. Il faut quand même dire qu'on était dans une direction avec une centaine d'agents. Et donc, elle a organisé pour moi l'accueil. Et ça, c'est extraordinaire parce que du coup, on peut reprendre le travail plus sereinement. Et puis, comme les collègues étaient au courant, ils m'ont laissé le temps. Alors, il se trouve que j'avais un poste à responsabilité, mais ils ont tous pris chacun un peu plus de travail juste pour que je puisse prendre le temps de revenir. J'ai trouvé ça super. Cette fois, dans cette direction-là, c'était très bien. J'ai besoin de comprendre les choses, j'ai besoin de... Moi j'ai besoin de comprendre et une fois que je comprends, je garde ça comme une donnée. Et je trouvais que c'était quand même... la corrélation était bizarre. Il faut dire que mon géniteur a décédé de cancer, ma mère en a fait deux. En 2002, je pars au Cameroun, je pars pour l'enterrement de mon frère aîné, celui qui est même père, même mère que moi, cancer. 2005, 2007, je pars enterrer le deuxième frère aîné, cancer. Et là je me dis, ça commence à faire beaucoup. Et donc je discute avec mon chirurgien et je lui dis, mais docteur, c'est pas une question génétique par hasard, parce que ça commence à faire beaucoup, ça fait déjà une main de personnes touchées autour de moi. Il me dit, on peut faire une étude génétique ? Ah ben je dis oui, j'ai besoin de savoir. Donc ça a mis trois ans. Trois ans et 2010 il lance l'étude génétique et en 2013 on a le verdict. En fait, ça s'appelle un syndrome de Lynch. Je suis victime d'un syndrome de Lynch, c'est héréditaire. En fait, c'est une molécule dans l'ADN défectueuse, qui ne se développe pas bien, et c'est ça qui provoque des cancers. Et généralement, ce sont des cancers, moi, le mien, le MLH1, c'est le cancer, tout ce qui est zone estomac, colon, endomètre, utérus. Foie, pancréas, rarement cancer du sein, rarement cancer des poumons, quoique je trouve que j'ai du bois, parce que comme je ne fais jamais rien à la moitié, donc voilà, je me dis, ok, probabilité cancer du côlon, check. Deux fois en plus, parce que du coup, sigmoïdale, après c'était le droit, en 2013, juste après l'annonce de la génétique. J'ai le verdict, je ne me sens pas bien, je dis « Ah, il y a un problème. Le docteur, le corps, il a un problème. »

  • Speaker #0

    Cette émission ne vivrait pas sans vos voix et vos mots. Nous avons tous connu un jour un déséquilibre dans nos vies venant bouleverser notre univers professionnel. Toutes les histoires sont uniques, mais elles ont un point commun, le pouvoir d'être racontées. Elles feront sûrement écho à ceux qui les écoutent. Si vous souhaitez vous confier à notre micro et partager votre histoire, n'hésitez pas à nous écrire. L'adresse se trouve dans la bio. On vous donne rendez-vous dans un mois pour découvrir un nouveau témoignage, peut-être le vôtre ? A très bientôt dans l'indiscret.

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