undefined cover
undefined cover
Le corps en résistance : le parcours de Marine face au cancer, au burnout et à la maladie chronique cover
Le corps en résistance : le parcours de Marine face au cancer, au burnout et à la maladie chronique cover
L'INDISCRET

Le corps en résistance : le parcours de Marine face au cancer, au burnout et à la maladie chronique

Le corps en résistance : le parcours de Marine face au cancer, au burnout et à la maladie chronique

27min |02/05/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Le corps en résistance : le parcours de Marine face au cancer, au burnout et à la maladie chronique cover
Le corps en résistance : le parcours de Marine face au cancer, au burnout et à la maladie chronique cover
L'INDISCRET

Le corps en résistance : le parcours de Marine face au cancer, au burnout et à la maladie chronique

Le corps en résistance : le parcours de Marine face au cancer, au burnout et à la maladie chronique

27min |02/05/2025
Play

Description

À 23 ans, Marine voit son destin basculer brutalement. Alors qu’elle démarre sa vie professionnelle, le corps dit stop. Diagnostic de cancer, enchaînement de traitements lourds, deuils familiaux, puis découverte d’une maladie chronique : les épreuves s’accumulent, forçant une pause qu’aucun jeune adulte n’imagine devoir vivre si tôt.


Dans ce témoignage de L’Indiscret, Marine raconte avec humour, franchise et une énergie désarmante comment elle a traversé ces tempêtes. Son récit éclaire les réalités invisibles que rencontrent de nombreux jeunes adultes : la confrontation à la maladie dans un monde du travail encore mal préparé, les incompréhensions face à l’invisible, et les ajustements permanents qu’impose un corps en lutte.

Marine partage sans détour :


– l’annonce brutale d’un cancer du lymphome au stade avancé,
– les traitements, la chimiothérapie et leurs effets sur la vie quotidienne,
– la polyarthrite et la dépression chronique, qui s’ajoutent aux cicatrices laissées par la maladie,
– le regard parfois maladroit ou incrédule des autres,
– le rôle crucial des aidants et de l’accompagnement psychologique,
– l’importance des petits choix du quotidien qui deviennent autant d’actes de résistance.


Son histoire, c’est celle d’un combat physique mais aussi psychologique, où la santé mentale et la maladie chronique s’entremêlent, où le burnout et la dépression côtoient la volonté farouche de continuer à vivre pleinement. Marine incarne une résilience faite de rires, de colères et de lucidité, une capacité à se relever malgré les chutes, et à rappeler que l’humain reste au cœur de tout parcours de soin.


Au-delà de la maladie, ce récit interroge notre rapport au travail, au corps et à la société : comment intégrer et accompagner celles et ceux qui vivent avec une pathologie lourde ? Comment penser le retour à l’emploi après un cancer ou un burnout ?


Un témoignage vrai, vibrant et profondément humain, qui illustre la force de la santé mentale et de la maladie chronique comme enjeux centraux du monde professionnel d’aujourd’hui.


🎙 Ne passez pas à côté de ce témoignage saisissant. Écoutez, partagez et laissez-vous porter par cette leçon de vie.


📲 Abonnez-vous à L’Indiscret sur votre plateforme d’écoute préférée et ne manquez aucun épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Des femmes et des hommes se livrent au micro de l'indiscret. Il et elle nous racontent le moment clé où la frontière entre la vie professionnelle et personnelle a basculé. L'indiscret, ce n'est pas juste un récit. C'est l'envie de vous accompagner grâce aux témoignages de personnes qui ont croisé le chemin de Prévia. Il y a des voix qu'on retient sans trop savoir pourquoi. Des voix qui claquent,

  • Speaker #1

    qui rient,

  • Speaker #0

    qui dérangent parfois, mais qui ne laissent jamais indifférent. Marine, c'est ça. Un franc parler assumé, un rire qui fuse même quand tout s'effondre, et une façon bien à elle de traverser les tempêtes. Pas une, pas deux, mais plusieurs. Parce que dans sa vie, les épreuves s'invitent sans prévenir et repartent rarement seules. À 23 ans, Marine apprend à vivre entre les hôpitaux. À un âge où l'on rêve d'élan, elle apprend la pause forcée. À un âge où l'on se construit, elle apprend à perdre, à recommencer, à composer avec la douleur et avec l'invisible. Et puis, elle regarde les autres. Celui qui ne sait pas toujours quoi faire face à une maladie qui ne se voit pas. Celui qui doute, parfois. Comme si souffrir en silence rendait la douleur moins réelle. Mais ce n'est pas une histoire de maladie. C'est une histoire de choix, de force, d'humour toujours. De décisions prises sans demander l'avis de personne. Et d'un mot d'ordre.

  • Speaker #1

    profiter.

  • Speaker #0

    Marie nous parle sans filtre, avec justesse et franchise, mais sans jamais nous plomber. Elle ne cherche ni la morale, ni les applaudissements. Elle veut juste raconter. Parce que parler, c'est aussi penser. Ce n'est pas une question de pensée. une leçon de courage. C'est un témoignage de vie. Une voie singulière entre le tumulte du corps et le besoin de rester debout.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marine. J'ai 31 ans. Je n'ai pas eu une pathologie mais j'en ai eu plusieurs. D'où mon histoire. Alors, je suis quelqu'un de haut en couleur. Je dirais quelqu'un sur qui on puisse compter. Une amie fidèle. Quelqu'un de drôle, même quand c'est triste, j'arrive toujours à ce que les gens soient heureux et à essayer de changer les idées. Je suis attachante, en effet. Et mes amis, même ma famille. Après, c'est quelque chose dans lequel je ne pourrais pas dire fière, mais ça fait partie de mon caractère. Unique, unique ! Je suis unique ! C'est vrai que j'ai pas ma langue dans ma poche. Après, bien évidemment avec les années d'expérience, j'ai réussi quand même à mettre de l'eau dans mon vin. Parce que quand il s'agit de choses qui sont pour moi cruciales et très importantes pour moi, je sais pas comment expliquer, mais c'est quelque chose qui est vraiment au fond de moi, auquel je ne vais pas en parler autour de moi, parce que je n'ai pas envie que la personne ou que les personnes puissent se permettre de me dire, mais non Marine, faut pas que tu fasses ça, c'est pas du tout une bonne idée. on te le déconseille et du coup je me lance et je sais que c'est la bonne décision je sais que c'est la bonne solution je le fais après pour d'autres choses qui n'ont rien à voir les choses de la vie lambda là par contre je mets trois heures à décider et même pas trois heures c'est trois semaines à tout comparer mais pour une barre de son pour que je vais offrir à ma mère pour noël ça fait deux semaines que je suis dessus ce que je suis en train de comparer quel modèle attend mais il y en a un nouveau ah ouais mais non niveau rapport qui a été pris, au niveau des avis. Je me gave un peu, franchement. Alors, il y a 4 ans, suite à un burn-out, j'ai été suivie par un psychiatre extraordinaire qui m'a appris aussi beaucoup de choses par rapport à moi, notamment le fait de mon hypersensibilité. J'ai mis du temps, en fait, à l'accepter, mais j'ai compris pourquoi j'étais différente, pourquoi je réagissais trop ou pas assez par rapport aux personnes qui sont autour de moi. Pour moi au lycée, quand j'entendais quelqu'un parler d'une personne qui était malade, généralement c'était plus le mot cancer et le cancer fait référence à la mort. Bien évidemment, je n'ai pas entendu de personne de mon âge ou jeune entre guillemets ayant eu des cancers, c'est plus des grands-parents où on appelle ça le cycle de la vie finalement, la mort. Et puis à la fois aussi comme une maladie, quelque chose de contagieux. J'ai eu mon bac, comment je ne sais pas, mais je l'ai eu. Je suis partie, j'ai fait mes saisons. J'ai eu mon diplôme d'agent d'escale. Du coup je pars à l'étranger pour approfondir mon anglais. Donc je pars dans une famille irakienne en Écosse. Donc ils se disaient européanisés mais pas du tout. Très patriarche, médecin, elle pharmacien. J'occupais de deux enfants. et ils m'ont gentiment mis à la porte. Donc quand je suis revenue en France, j'étais totalement déboussolée et j'ai perdu beaucoup beaucoup de poids, sachant qu'en plus de ça je faisais une formation d'hôtesse de l'air, en théorie, donc je travaillais 7 sur 7, je comptais pas mes heures. En fait j'ai eu mon examen d'hôtesse de l'air justement le jour de mon anniversaire, où là j'ai appris que j'étais, j'ai eu mon diplôme de théorie, et que là j'avais plus qu'à passer la pratique à Paris. Quelques mois plus tard, j'étais super contente, je pleurais, toute excitée de pouvoir avoir un pied dans mon rêve. Ce qui était aussi très drôle, c'est que je ne savais toujours pas vraiment ce que j'avais. Au début, c'était en janvier, je travaillais au casino de la Bôle. J'avais mal aux dents, j'avais mal aux oreilles, etc. J'avais un copain dentiste. qui travaillait au-dessus du casino de la Bôle. Et du coup, je lui demande s'il peut m'ausculter devant le casino, dans la voiture. Donc j'en parle avec mes collègues, et puis ils me disent « Mais Marine, arrête de prendre pour une bille, tu es en train de nous dire que ton copain dentiste va venir t'ausculter devant le casino. » Je dis « Oui, oui, oui. » C'est arrivé, donc il avait tout le matos pour regarder dans la voiture, savoir ce que j'avais, donc bien évidemment, je n'avais rien. Mais ça, c'est encore aujourd'hui, ça fait 8 ans, on en reparle encore, avec mes collègues, enfin mes anciens collègues plutôt. Voilà, c'est des petites choses quand même qui sont drôles. Ils font partie de mon étape, entre guillemets, du début de la maladie. Et puis, je perdais beaucoup de poids. La nuit, je dormais très mal. Je me réveillais, mon lit était trempé de sueur. Puis à un moment donné, je vais voir mon médecin qui me prescrit une prise de sang. Et donc, il doit m'appeler dans la journée. Et puis, une heure après, il m'appelle en disant qu'il faut absolument que je vienne. Et que je vienne, mais pas toute seule. Donc, je suis venue avec maman. Et puis c'est là qu'il nous a dit que les prises de sang n'étaient pas bonnes du tout et que j'avais une option, enfin deux options. Soit maman m'emmène à l'hôpital, soit c'est l'ambulance qui vient me chercher. Donc bon, moi je ne comprenais pas puisque je me sentais relativement bien en fait. Fatiguée certes, mais sans plus. Et puis là, c'est là qu'a commencé le... comment dire... je dirais une nouvelle vie, une nouvelle étape. C'est celle de la médecine interne au CHU de Nantes. où ils m'ont fait plusieurs opérations, prise de sang, ça a duré plusieurs mois. J'avais des permissions le week-end. J'avais l'impression d'être alarmée parce que la semaine j'étais « enfermée » . Puis le week-end j'avais des permissions. Et puis après, ils m'ont fait plusieurs biopsies, dont une biopsie où j'ai quand même dû faire un pneu motoraxe. Après, ça y est, ils ont enfin mis le mot. Le nom sur le cancer, quand j'ai eu rendez-vous dans le bureau du docteur Blain, j'étais avec ma mère, une amie de ma mère qui était là aussi, on était au 7ème étage et il me balance brut, et bien que je suis atteinte d'un cancer, c'est à 4 sur 4, qu'il y a très peu de chance. Et puis j'avais vraiment pas beaucoup de temps parce que j'étais quand même en stade 4 sur 4. Ils m'ont diagnostiqué un lymphome d'Oshkine. Donc bien évidemment c'est un cancer, ils savent le soigner depuis 30-40 ans, un peu plus. Mais encore une fois ils savent pas d'où ça vient. Ils savent pas pourquoi. Après encore une fois la plupart des cancers sont liés au stress. Et du coup j'avais vraiment très peu de temps, c'est-à-dire j'étais suivie aussi par le professeur Miraillé par rapport aux soins mère et enfant. Et du coup j'ai aussi fait un prélèvement d'ovocytes au cas où, suite à mon cancer, à ma chimio, parce que j'avais que 23 ans, mais la chimio ça fait des dégâts, c'est-à-dire ça tue les cellules mortes, enfin les cellules qui sont en train de mourir, mais tue aussi les cellules qui sont saines. Bien évidemment c'est un peu la roulette russe quoi. Donc j'ai dû aussi me faire opérer pour avoir des prélèvements et d'avoir des chances. Plus tard, si je décide d'avoir des enfants et que je peux pas y arriver toute seule, et là moi je pète une pendule parce que voilà, il me dit bon bah maintenant ça y est, plus le droit de boire, plus le droit de fumer, j'avais 23 ans, j'étais là oui mais non, autant j'ai plus qu'à me jeter quoi, parce que là c'était vraiment le médecin qui est là, bon bah on a trouvé, c'est bon maintenant on va vous soigner. Alors c'est drôle parce que à la fois on y croit, à la fois on n'y croit pas. On sait qu'il y a quelque chose de grave et à la fois on s'en fiche parce que le plus important c'est ça y est, enfin on met un mot sur ce que j'ai. Parce que finalement avant de rentrer à l'hôpital j'allais relativement bien en fait. Et puis dès lors qu'à partir du moment où t'es balayée de service en service, de chercher tout ce que tu as etc. Finalement, ton moral et le corps suivent en fait, en se disant quelque chose qui va pas. Et le plus dingue, c'est que lorsque le Dr Blas m'a annoncé mon cancer, que ça faisait plus d'un an et demi que j'étais malade. C'était un peu un gros coup de massue. Mais le plus dingue, c'est que dès lors que j'ai commencé mes premières chimios, je me sentais vive, je me sentais revivre. J'ai tellement peu de souvenirs des mois, je mélange beaucoup de choses avec la morphine, etc. Avec la souffrance que la chimio finalement... Quand je voyais mes cheveux repousser, les médecins ne comprenaient pas pourquoi. C'est pas normal, ça va retomber. Non, finalement non, parce que le corps se défend, il se bat. Oui, j'ai pris une décision sans vraiment que ce soit une décision, dans le sens où c'était pour moi normal. C'est-à-dire que je me suis dit, écoute Marine, si tu dois mourir, très bien. Finalement, la mort à 23 ans, je la connaissais déjà, puisque j'ai perdu mon grand-père. Deux jours après, j'ai perdu ma grand-mère. Et un an après, j'ai mon père qui est mort. mais c'est accepte le ça je l'avais relativement accepté mais je sais pas comment expliquer ça en fait c'est que je me suis mais je me posais pas de question en fait je fonçais je je fonçais j'avais ma famille j'avais mes amis qui étaient là c'était le plus important je comptais sur eux et puis mon mot d'ordre c'était profite profite tant que tu peux profite à fond de la vie Moi j'ai un souvenir justement j'étais en soirée et j'ai discuté avec des infirmières qui avaient un de leurs copains qui étaient là Et puis je disais que j'avais un cancer, stade 4, et que j'avais une perruque, chimio, et il ne me croyait pas, et du coup il a arraché ma perruque. Donc les gens étaient choqués, et moi en fait au contraire je l'ai remercié. Bon, sur le moment, honnêtement il me l'a refait, ce sera un pain dans la tronche, mais non parce que, encore une fois, on me l'a dit plusieurs fois en disant « Ah mais c'est pas écrit sur ta tête, ça se voit pas » . J'étais « Bah oui mais c'est un peu normal en même temps, c'est pas écrit sur ma tête, cancéreuse, 23 ans en fait » . avec telle maladie, etc. À la fois, ça m'a fait du bien, parce que oui, je suis malade, mais avant d'être malade, je suis quand même une personne. Et c'est vrai que souvent, dans la maladie, on oublie ça. À la fois, c'est rassurant aussi en tant que malade, mais c'est surtout après. Quand il y a la rémission avant la guérison, les médecins disent « on est là, on est là, les infirmières sont là, les infirmiers sont là » . Mais en fait, non, ils ne sont plus là. Tant mieux, finalement, parce que c'est le cycle de la vie. C'est tant mieux. Mais c'est ça le plus dur je trouve, on tombe de je ne sais pas combien d'étages quoi. Parce qu'être rassurée tout le temps, avoir ses familles, ses amis qui sont tout le temps là, qui viennent vous voir, il y a des chimios, il y a les médecins, et puis en fait du jour à demain il n'y a plus rien quoi. C'est là le plus dur je trouve, c'est la réalité. J'ai mis du temps, tout à fait à l'accepter, et ça a duré 8 mois. Ma première chimo c'était en avril, début avril, et ça s'est terminé fin septembre. Puis en novembre je suis partie en novembre, enfin... Je suis partie à l'étranger et du coup en début octobre ils m'ont annoncé que j'étais en rémission. Je suis partie trois mois voir ma famille en Nouvelle-Calédonie. J'avais besoin de souffler et je pense aussi une fuite bien évidemment, une fuite de tout ça. De se dire que ce n'était pas réel. Tout ce qu'il y a eu s'est passé tellement vite et à la fois il y a eu tellement de choses qui se sont passées. Mais encore aujourd'hui je me dis que ce n'est pas possible. C'est comme s'il y avait une autre vie, une autre marine. Pareil, encore une fois, il y a une marine avant 23 ans, il y a une marine après 23 ans, puis il y a une autre marine encore aujourd'hui. Donc c'est... Ça s'appelle les étapes de la vie encore une fois, mais on grandit. Je reviens en France, ça a été très dur. Ma cousine s'est suicidée quelques mois après. Donc bim, rebelote. Et puis après, je ne savais pas trop ce que je voulais faire, parce que finalement, forcément le métier d'obtuse de l'air, il fallait bien que je le termine, puisque j'avais ma théorie mais pas ma pratique. Puis comme j'avais un compagnon de vie, bon ça n'a pas duré longtemps, forcément, puisque le cancer et la mort sont très vite liés. J'étais plus dans la même optique, c'est-à-dire que moi avant, pourquoi obtuse de l'air ? C'est parce que c'était vivre. c'était... Voyager, ne pas rentrer chez soi le soir, c'était un métier auquel c'était vraiment une liberté. En fait, tu partais le matin de Paris ou de Nantes ou je ne sais où, tu arrivais dans un autre pays, puis après pareil, tu prenais un hub. Tu repartais, tu voyageais, à la fois il y a une espèce d'inconscience finalement de la vie. Ouais, d'insouciance, d'inconscience. Tu vis en même temps, t'es jeune, t'as même pas 25 ans, c'est normal. N'importe quel jeune doit vivre et doit avoir cette mentalité, cette insouciance-là, que moi je n'avais plus. Et ouais, c'est dur aussi de... De grandir encore une fois. J'avais déjà grandi très vite quand j'avais 16 ans. Là, rebelote, je grandis encore trop vite. Voilà, c'est comme ça. J'ai toujours une petite part d'insouciance, mais elle est infime. C'est pour ça que j'ai toujours besoin de rire, de joie, même s'il y a des peines, comme dans chacun de nous, chaque individu. Mais j'ai toujours besoin quand même de relativiser. Ça c'est mon mot d'ordre, c'est relativiser. Ça peut être chiant parfois, mais voilà, il y a toujours des merdes dans la vie, mais il faut toujours relativiser. Et puis apprendre de ces merdes, apprendre de ces erreurs, et de dire c'est pas grave, on va avancer, on va continuer. Et après ça, après cette expérience, c'était tout l'inverse. J'avais envie de rentrer tous les jours chez moi. Mais bon, je me suis dit, Marine, t'as commencé quelque chose, faut que tu la finisses. Et donc j'ai entamé ma pratique deux ans après et je l'ai obtenue du premier coup. Donc j'ai quand même fait les Open Days histoire de me donner bonne conscience. Les Open Days c'est concernant les compagnies aériennes. Ça m'a vite gonflée, mais je l'ai fait par principe. Et puis après j'ai travaillé dans l'immobilier pendant plusieurs années et jusqu'au burn-out. puis après Ça m'a aussi permis de me rendre compte que j'avais un autre problème de santé, une maladie chronique qui s'appelle la polyarthrite. Encore la vie, dans le sens où ça fait trois ans que je suis en guérison totale, puis ça fait deux ans et demi qu'on m'annonce que j'ai une maladie chronique. Donc pareil, je ne sais pas comment expliquer ça, c'est encore la vie qui te remet encore des bateaux dans la roue. Pareil, j'ai mis du temps à l'accepter. Là, maintenant, ça va, mais dur. Alors, la polyarthrite, c'est une inflammation des articulations, c'est-à-dire que là, tu as l'articulation, tu as, admettons, le coude, où tu as en fait tout ce qu'on appelle le liquide synovial, on va appeler ça du W40, pour permettre de lustrer les articulations, pour ne pas que ça rouille, en fait, parce que forcément, à partir d'un certain âge, on a ce qu'on appelle de l'arthrite. ou de l'arthrose, où là c'est un problème au niveau des articulations, ça craque. Et bien moi c'est l'inflammation, c'est-à-dire que ça gonfle, ça gonfle, ça gonfle, et donc ça fait très mal. C'est ma meilleure amie, c'est mon pilier, c'est pas mon pilier, mais c'est ma meilleure amie, c'est un vrai pot de colle, c'est une ombre. Mais c'est une garce parce qu'en fait, à un côté elle peut aller à... Elle va sur la cheville droite et puis après elle va dire, oh bah non tiens je vais au niveau du genou droit, puis après ça va être l'épaule gauche, la main, le doigt, puis première je faisais des gardes d'enfants. Et puis je me rappelle le papa de Juju, Julien, qui est professeur en algologie, et je lui dis bon Julien j'ai un petit problème avec mon doigt là, donc bien évidemment c'est le doigt d'honneur, qui avait un peu gonflé, donc je lui ai dit bah au fait... Regardez, j'ai un petit problème avec mon doigt. Ah bah en effet, parce que mon doigt avait quand même doublé, voire triplé de volume. Puis il a envoyé un mail à un de ses amis, qui est chef de service en rhumato. Et puis j'ai eu la chance de le rencontrer quelques jours après. Du coup, il fallait que je retourne le voir en crise. C'est pas évident parce que c'est très vicieux comme maladie. Parce qu'on ne sait pas quand elle arrive, on ne sait pas quand elle repart. Et puis on ne sait pas où elle va venir en fait. Là en ce moment, j'ai eu des petites crises. Mais ça va être aussi au niveau de mon mood, c'est-à-dire là, j'ai repris des études en pharmacie, j'avais besoin de réponses aussi à mes questions. Finalement, je me dis, un médecin, après 15 ans d'études, il n'a toujours pas des réponses. Je me dis, deux ans, je ne vais pas non plus servir à grand-chose. Je me dis, moi, rien, lâche l'affaire. Puis j'ai écouté mon corps, dans le sens où j'ai quand même réussi à faire trois crises de polyarthrite en espace de deux semaines. Et malheureusement, moi, aujourd'hui, je n'ai pas de médicaments qui puissent stopper. et arrêter la douleur. Mais normalement, c'est prévu que je fasse des injections maintenant. Mais je suis encore jeune, j'ai 32 ans bientôt là. Encore une fois, dans le corps, à partir du moment où tu prends des produits... Le corps va t'en demander davantage. Donc si je peux éviter, si je peux attendre le maximum, ça m'arrangerait. En fait, on a aussi diagnostiqué que j'étais dépressive chronique de mon père. L'abandon aussi de ma famille finalement. Parce que j'ai quand même perdu trois personnes en un an. Et le plus dingue, c'est quand je revois des photos, c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est que je n'ai pas l'impression que c'était moi en fait. À la fois je sais que c'est moi, à la fois je ne sais pas comment expliquer ça, c'est que... J'arrive même pas à m'en souvenir en fait. Enfin, c'est très très bizarre. Très bizarre. Parce que ça devrait pas arriver. Et ça devrait pas arriver. Un, à la limite je veux bien, mais pas deux, pas trois, pas plus. Bon, je me suis quand même pris pas mal de casseroles dans la tronche. Mais si c'était à refaire, est-ce que je ferais la même chose ? Oui. Oui, oui, oui. Je referais la même chose. Après peut-être différemment, bien évidemment, avec des personnes moins toxiques. Mais oui, encore une fois, ça fait partie de ma vie, ça fait partie de mon expérience, ça fait partie de ma grandeur, ça fait partie de moi. En fait, à chaque fois que je veux être bien, commencer dans un nouveau métier, bam, j'ai encore des bâtons dans les roues. Donc là, je vais commencer une nouvelle formation demain, donc il y a intérêt. Moi, je dis, l'univers, soyez indulgents avec moi, laissez-moi faire, laissez-moi finir une formation de A à Z. Et puis, non, non, j'ai hâte, j'ai hâte, je suis stressée, mais j'en ai envie, quoi. J'ai envie de pouvoir enfin mordre la vie à pleines dents et de pouvoir me plonger dans un métier dans lequel je me sente épanouie, je me sente utile. Je vais commencer une formation demain, CIP, donc c'est pour être conseillère en insertion professionnelle. L'avantage c'est que c'est très ouvert, c'est tertiaire et social. Après je ne commence que demain, donc j'ai quelques petites notions, mais assez faibles. Je suis là pour accompagner les personnes dans le besoin, à l'aide au retour à la formation et pour le retour à l'emploi. Et là on est vraiment sur quelque chose d'humain, dans lequel je puisse me regarder dans un miroir, et vraiment être en contact avec les gens, et pas de faux-semblants. D'avoir vraiment quelqu'un en face et d'être à l'écoute. Après, il y aura forcément quelques petites frustrations de leur expliquer les choses, de les aider. Et puis, ils veulent, oui ou non, qu'on les aide. Eh bien, pour moi, c'était une boucle par rapport à mes expériences. L'immobilier, j'ai beaucoup aimé l'immobilier. C'est vraiment quelque chose pour moi qui était très important, puisqu'il y avait aussi l'accompagnement des personnes, l'accompagnement autant des vendeurs que des acquéreurs. On servait d'intermédiaire. Après le I qui encore une fois c'est qu'il y a bien évidemment une contrepartie, que dans beaucoup d'agents immobiliers, beaucoup de négo, l'accompagnement est finalement assez éphémère on va dire, et que la contrepartie financière est quand même plus importante que l'accompagnement avec l'humain. Et que moi si, moi j'étais plus, moi j'étais toujours plus côté humain. Puis il y avait le côté aussi pharmacie, avec l'humain, le patient. Puis encore une fois c'est les lobbies pharmaceutiques qui prennent le dessus, puis qui sont aussi en lien avec ma maladie. avec ma reconnaissance de travailleurs handicapés. Ou enfin, d'avoir bien évidemment de la pression, mais moins de chiffres, après on va en parler. Je me revois, je lui dirais que tout va bien se passer, qu'il faut qu'il fasse confiance à ses médecins, qu'ils choisissent bien sa famille. une ou moins de personnes qui l'accompagnent, qui le suivent de A à Z. Et oui, et que tout va bien se passer. Et aussi, le plus important, c'est qu'il aille voir un psychologue ou un psychiatre pendant. Parce que moi, ça avait été suivi par un psychiatre déjà avant la maladie. Puis dès lors que la maladie, j'ai eu le diagnostic, je suis retournée la voir. Et aussi, ce qui est très important, elle m'avait dit, Marine, le plus important, c'est que tu acceptes qu'il y ait des bas et que tu acceptes qu'il y ait des hauts. Parce que si tu n'acceptes pas les bas et vice versa, il faut que tu acceptes que les émotions vont se démultiplier, il faut que tu acceptes qu'il y ait des moments où ça ne va pas bien aller, que ça va aller très mal, mais c'est pour mieux remonter. Voilà ! Bah oui mon chat, mon petit coeur d'amour, mais tout va bien, maman elle va bien mon chat. Un ma chouine chouine ? Oui, c'est un compagnon énorme qui s'appelle Nala, elle a trois ans, c'est un amour et elle me donne énormément d'énergie et de d'amour, de joie, voilà. Il ne lui manque plus que la parole. Oui en effet en tant que malade c'est très important d'être suivi mais il faut pas oublier non plus que les proches ce sont des éponges et que il faut que les proches soient écoutés, soient aidés parce que parce que oui en effet le malade c'est lui qui est malade entre guillemets mais la famille porte le malade à bout de bras et que et que eux aussi ont besoin d'aide en fait, ont besoin de souffler, ont besoin d'être, il y a une reconnaissance et qu'il soit pris au sérieux en fait Je trouve que le monde du travail n'est pas en adéquation avec les maladies, avec les maladies chroniques, avec les cancers, avec les personnes, les aidants aussi. Parce que forcément, il y a des personnes qui sont alitées, des enfants, des parents qui sont malades. Et les aidants, ils sont au travail et du coup, ils ne sont pas pris au sérieux, ou ils sont écoutés, mais qu'à moitié. Et c'est ça que je trouve dommage, puisque beaucoup de choses sont mises en place, mais ce n'est pas suffisant, je trouve. Il devrait y avoir des espèces d'ateliers, de jeux de rôle, pour que vraiment les managers ou les employeurs puissent aussi se mettre à la place de leurs employés, pour qu'ils comprennent qu'on ne fait pas ça juste pour avoir un peu moins d'heures ou pour avoir des aménagements de bureaux. Ça nous arrangerait de ne pas avoir de problème de santé, qu'on n'est pas là pour les embêter. Justement, mon énergie, parfois ça m'épuise en fait. Ça m'épuise, ça m'épuise parce que... C'est pareil, je me dis que comme le puits de pétrole, je ne devrais peut-être pas le qualifier tel quel, mais à un moment donné, je pense que l'énergie va être un peu épuisable. Et oui, parce qu'à chaque fois que je me casse la gueule, j'arrive toujours à me relever, parce que je n'ai pas envie que ce soit une défaite pour moi. Et que oui, en effet, je vais tomber, mais je vais me relever, parce que pas le choix. Enfin, si, il y a le choix de ne pas se relever, mais je n'en ai pas envie. J'en ai pas envie parce que j'ai envie de continuer, j'ai envie de me battre et de me dire que c'est moi qui décide, c'est moi qui prends le dessus.

  • Speaker #0

    Cette émission ne vivrait pas sans vos voix et vos mots. Nous avons tous connu un jour un déséquilibre dans nos vies venant bouleverser notre univers professionnel. Toutes les histoires sont uniques, mais elles ont un point commun, le pouvoir d'être racontées. Elles feront sûrement écho à ceux qui les écoutent. Si vous souhaitez vous confier à notre micro et partager votre histoire, n'hésitez pas à nous écrire. L'adresse se trouve dans la bio. On vous donne rendez-vous dans un mois pour découvrir un nouveau témoignage, peut-être le vôtre. A très bientôt dans l'indiscret.

Description

À 23 ans, Marine voit son destin basculer brutalement. Alors qu’elle démarre sa vie professionnelle, le corps dit stop. Diagnostic de cancer, enchaînement de traitements lourds, deuils familiaux, puis découverte d’une maladie chronique : les épreuves s’accumulent, forçant une pause qu’aucun jeune adulte n’imagine devoir vivre si tôt.


Dans ce témoignage de L’Indiscret, Marine raconte avec humour, franchise et une énergie désarmante comment elle a traversé ces tempêtes. Son récit éclaire les réalités invisibles que rencontrent de nombreux jeunes adultes : la confrontation à la maladie dans un monde du travail encore mal préparé, les incompréhensions face à l’invisible, et les ajustements permanents qu’impose un corps en lutte.

Marine partage sans détour :


– l’annonce brutale d’un cancer du lymphome au stade avancé,
– les traitements, la chimiothérapie et leurs effets sur la vie quotidienne,
– la polyarthrite et la dépression chronique, qui s’ajoutent aux cicatrices laissées par la maladie,
– le regard parfois maladroit ou incrédule des autres,
– le rôle crucial des aidants et de l’accompagnement psychologique,
– l’importance des petits choix du quotidien qui deviennent autant d’actes de résistance.


Son histoire, c’est celle d’un combat physique mais aussi psychologique, où la santé mentale et la maladie chronique s’entremêlent, où le burnout et la dépression côtoient la volonté farouche de continuer à vivre pleinement. Marine incarne une résilience faite de rires, de colères et de lucidité, une capacité à se relever malgré les chutes, et à rappeler que l’humain reste au cœur de tout parcours de soin.


Au-delà de la maladie, ce récit interroge notre rapport au travail, au corps et à la société : comment intégrer et accompagner celles et ceux qui vivent avec une pathologie lourde ? Comment penser le retour à l’emploi après un cancer ou un burnout ?


Un témoignage vrai, vibrant et profondément humain, qui illustre la force de la santé mentale et de la maladie chronique comme enjeux centraux du monde professionnel d’aujourd’hui.


🎙 Ne passez pas à côté de ce témoignage saisissant. Écoutez, partagez et laissez-vous porter par cette leçon de vie.


📲 Abonnez-vous à L’Indiscret sur votre plateforme d’écoute préférée et ne manquez aucun épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Des femmes et des hommes se livrent au micro de l'indiscret. Il et elle nous racontent le moment clé où la frontière entre la vie professionnelle et personnelle a basculé. L'indiscret, ce n'est pas juste un récit. C'est l'envie de vous accompagner grâce aux témoignages de personnes qui ont croisé le chemin de Prévia. Il y a des voix qu'on retient sans trop savoir pourquoi. Des voix qui claquent,

  • Speaker #1

    qui rient,

  • Speaker #0

    qui dérangent parfois, mais qui ne laissent jamais indifférent. Marine, c'est ça. Un franc parler assumé, un rire qui fuse même quand tout s'effondre, et une façon bien à elle de traverser les tempêtes. Pas une, pas deux, mais plusieurs. Parce que dans sa vie, les épreuves s'invitent sans prévenir et repartent rarement seules. À 23 ans, Marine apprend à vivre entre les hôpitaux. À un âge où l'on rêve d'élan, elle apprend la pause forcée. À un âge où l'on se construit, elle apprend à perdre, à recommencer, à composer avec la douleur et avec l'invisible. Et puis, elle regarde les autres. Celui qui ne sait pas toujours quoi faire face à une maladie qui ne se voit pas. Celui qui doute, parfois. Comme si souffrir en silence rendait la douleur moins réelle. Mais ce n'est pas une histoire de maladie. C'est une histoire de choix, de force, d'humour toujours. De décisions prises sans demander l'avis de personne. Et d'un mot d'ordre.

  • Speaker #1

    profiter.

  • Speaker #0

    Marie nous parle sans filtre, avec justesse et franchise, mais sans jamais nous plomber. Elle ne cherche ni la morale, ni les applaudissements. Elle veut juste raconter. Parce que parler, c'est aussi penser. Ce n'est pas une question de pensée. une leçon de courage. C'est un témoignage de vie. Une voie singulière entre le tumulte du corps et le besoin de rester debout.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marine. J'ai 31 ans. Je n'ai pas eu une pathologie mais j'en ai eu plusieurs. D'où mon histoire. Alors, je suis quelqu'un de haut en couleur. Je dirais quelqu'un sur qui on puisse compter. Une amie fidèle. Quelqu'un de drôle, même quand c'est triste, j'arrive toujours à ce que les gens soient heureux et à essayer de changer les idées. Je suis attachante, en effet. Et mes amis, même ma famille. Après, c'est quelque chose dans lequel je ne pourrais pas dire fière, mais ça fait partie de mon caractère. Unique, unique ! Je suis unique ! C'est vrai que j'ai pas ma langue dans ma poche. Après, bien évidemment avec les années d'expérience, j'ai réussi quand même à mettre de l'eau dans mon vin. Parce que quand il s'agit de choses qui sont pour moi cruciales et très importantes pour moi, je sais pas comment expliquer, mais c'est quelque chose qui est vraiment au fond de moi, auquel je ne vais pas en parler autour de moi, parce que je n'ai pas envie que la personne ou que les personnes puissent se permettre de me dire, mais non Marine, faut pas que tu fasses ça, c'est pas du tout une bonne idée. on te le déconseille et du coup je me lance et je sais que c'est la bonne décision je sais que c'est la bonne solution je le fais après pour d'autres choses qui n'ont rien à voir les choses de la vie lambda là par contre je mets trois heures à décider et même pas trois heures c'est trois semaines à tout comparer mais pour une barre de son pour que je vais offrir à ma mère pour noël ça fait deux semaines que je suis dessus ce que je suis en train de comparer quel modèle attend mais il y en a un nouveau ah ouais mais non niveau rapport qui a été pris, au niveau des avis. Je me gave un peu, franchement. Alors, il y a 4 ans, suite à un burn-out, j'ai été suivie par un psychiatre extraordinaire qui m'a appris aussi beaucoup de choses par rapport à moi, notamment le fait de mon hypersensibilité. J'ai mis du temps, en fait, à l'accepter, mais j'ai compris pourquoi j'étais différente, pourquoi je réagissais trop ou pas assez par rapport aux personnes qui sont autour de moi. Pour moi au lycée, quand j'entendais quelqu'un parler d'une personne qui était malade, généralement c'était plus le mot cancer et le cancer fait référence à la mort. Bien évidemment, je n'ai pas entendu de personne de mon âge ou jeune entre guillemets ayant eu des cancers, c'est plus des grands-parents où on appelle ça le cycle de la vie finalement, la mort. Et puis à la fois aussi comme une maladie, quelque chose de contagieux. J'ai eu mon bac, comment je ne sais pas, mais je l'ai eu. Je suis partie, j'ai fait mes saisons. J'ai eu mon diplôme d'agent d'escale. Du coup je pars à l'étranger pour approfondir mon anglais. Donc je pars dans une famille irakienne en Écosse. Donc ils se disaient européanisés mais pas du tout. Très patriarche, médecin, elle pharmacien. J'occupais de deux enfants. et ils m'ont gentiment mis à la porte. Donc quand je suis revenue en France, j'étais totalement déboussolée et j'ai perdu beaucoup beaucoup de poids, sachant qu'en plus de ça je faisais une formation d'hôtesse de l'air, en théorie, donc je travaillais 7 sur 7, je comptais pas mes heures. En fait j'ai eu mon examen d'hôtesse de l'air justement le jour de mon anniversaire, où là j'ai appris que j'étais, j'ai eu mon diplôme de théorie, et que là j'avais plus qu'à passer la pratique à Paris. Quelques mois plus tard, j'étais super contente, je pleurais, toute excitée de pouvoir avoir un pied dans mon rêve. Ce qui était aussi très drôle, c'est que je ne savais toujours pas vraiment ce que j'avais. Au début, c'était en janvier, je travaillais au casino de la Bôle. J'avais mal aux dents, j'avais mal aux oreilles, etc. J'avais un copain dentiste. qui travaillait au-dessus du casino de la Bôle. Et du coup, je lui demande s'il peut m'ausculter devant le casino, dans la voiture. Donc j'en parle avec mes collègues, et puis ils me disent « Mais Marine, arrête de prendre pour une bille, tu es en train de nous dire que ton copain dentiste va venir t'ausculter devant le casino. » Je dis « Oui, oui, oui. » C'est arrivé, donc il avait tout le matos pour regarder dans la voiture, savoir ce que j'avais, donc bien évidemment, je n'avais rien. Mais ça, c'est encore aujourd'hui, ça fait 8 ans, on en reparle encore, avec mes collègues, enfin mes anciens collègues plutôt. Voilà, c'est des petites choses quand même qui sont drôles. Ils font partie de mon étape, entre guillemets, du début de la maladie. Et puis, je perdais beaucoup de poids. La nuit, je dormais très mal. Je me réveillais, mon lit était trempé de sueur. Puis à un moment donné, je vais voir mon médecin qui me prescrit une prise de sang. Et donc, il doit m'appeler dans la journée. Et puis, une heure après, il m'appelle en disant qu'il faut absolument que je vienne. Et que je vienne, mais pas toute seule. Donc, je suis venue avec maman. Et puis c'est là qu'il nous a dit que les prises de sang n'étaient pas bonnes du tout et que j'avais une option, enfin deux options. Soit maman m'emmène à l'hôpital, soit c'est l'ambulance qui vient me chercher. Donc bon, moi je ne comprenais pas puisque je me sentais relativement bien en fait. Fatiguée certes, mais sans plus. Et puis là, c'est là qu'a commencé le... comment dire... je dirais une nouvelle vie, une nouvelle étape. C'est celle de la médecine interne au CHU de Nantes. où ils m'ont fait plusieurs opérations, prise de sang, ça a duré plusieurs mois. J'avais des permissions le week-end. J'avais l'impression d'être alarmée parce que la semaine j'étais « enfermée » . Puis le week-end j'avais des permissions. Et puis après, ils m'ont fait plusieurs biopsies, dont une biopsie où j'ai quand même dû faire un pneu motoraxe. Après, ça y est, ils ont enfin mis le mot. Le nom sur le cancer, quand j'ai eu rendez-vous dans le bureau du docteur Blain, j'étais avec ma mère, une amie de ma mère qui était là aussi, on était au 7ème étage et il me balance brut, et bien que je suis atteinte d'un cancer, c'est à 4 sur 4, qu'il y a très peu de chance. Et puis j'avais vraiment pas beaucoup de temps parce que j'étais quand même en stade 4 sur 4. Ils m'ont diagnostiqué un lymphome d'Oshkine. Donc bien évidemment c'est un cancer, ils savent le soigner depuis 30-40 ans, un peu plus. Mais encore une fois ils savent pas d'où ça vient. Ils savent pas pourquoi. Après encore une fois la plupart des cancers sont liés au stress. Et du coup j'avais vraiment très peu de temps, c'est-à-dire j'étais suivie aussi par le professeur Miraillé par rapport aux soins mère et enfant. Et du coup j'ai aussi fait un prélèvement d'ovocytes au cas où, suite à mon cancer, à ma chimio, parce que j'avais que 23 ans, mais la chimio ça fait des dégâts, c'est-à-dire ça tue les cellules mortes, enfin les cellules qui sont en train de mourir, mais tue aussi les cellules qui sont saines. Bien évidemment c'est un peu la roulette russe quoi. Donc j'ai dû aussi me faire opérer pour avoir des prélèvements et d'avoir des chances. Plus tard, si je décide d'avoir des enfants et que je peux pas y arriver toute seule, et là moi je pète une pendule parce que voilà, il me dit bon bah maintenant ça y est, plus le droit de boire, plus le droit de fumer, j'avais 23 ans, j'étais là oui mais non, autant j'ai plus qu'à me jeter quoi, parce que là c'était vraiment le médecin qui est là, bon bah on a trouvé, c'est bon maintenant on va vous soigner. Alors c'est drôle parce que à la fois on y croit, à la fois on n'y croit pas. On sait qu'il y a quelque chose de grave et à la fois on s'en fiche parce que le plus important c'est ça y est, enfin on met un mot sur ce que j'ai. Parce que finalement avant de rentrer à l'hôpital j'allais relativement bien en fait. Et puis dès lors qu'à partir du moment où t'es balayée de service en service, de chercher tout ce que tu as etc. Finalement, ton moral et le corps suivent en fait, en se disant quelque chose qui va pas. Et le plus dingue, c'est que lorsque le Dr Blas m'a annoncé mon cancer, que ça faisait plus d'un an et demi que j'étais malade. C'était un peu un gros coup de massue. Mais le plus dingue, c'est que dès lors que j'ai commencé mes premières chimios, je me sentais vive, je me sentais revivre. J'ai tellement peu de souvenirs des mois, je mélange beaucoup de choses avec la morphine, etc. Avec la souffrance que la chimio finalement... Quand je voyais mes cheveux repousser, les médecins ne comprenaient pas pourquoi. C'est pas normal, ça va retomber. Non, finalement non, parce que le corps se défend, il se bat. Oui, j'ai pris une décision sans vraiment que ce soit une décision, dans le sens où c'était pour moi normal. C'est-à-dire que je me suis dit, écoute Marine, si tu dois mourir, très bien. Finalement, la mort à 23 ans, je la connaissais déjà, puisque j'ai perdu mon grand-père. Deux jours après, j'ai perdu ma grand-mère. Et un an après, j'ai mon père qui est mort. mais c'est accepte le ça je l'avais relativement accepté mais je sais pas comment expliquer ça en fait c'est que je me suis mais je me posais pas de question en fait je fonçais je je fonçais j'avais ma famille j'avais mes amis qui étaient là c'était le plus important je comptais sur eux et puis mon mot d'ordre c'était profite profite tant que tu peux profite à fond de la vie Moi j'ai un souvenir justement j'étais en soirée et j'ai discuté avec des infirmières qui avaient un de leurs copains qui étaient là Et puis je disais que j'avais un cancer, stade 4, et que j'avais une perruque, chimio, et il ne me croyait pas, et du coup il a arraché ma perruque. Donc les gens étaient choqués, et moi en fait au contraire je l'ai remercié. Bon, sur le moment, honnêtement il me l'a refait, ce sera un pain dans la tronche, mais non parce que, encore une fois, on me l'a dit plusieurs fois en disant « Ah mais c'est pas écrit sur ta tête, ça se voit pas » . J'étais « Bah oui mais c'est un peu normal en même temps, c'est pas écrit sur ma tête, cancéreuse, 23 ans en fait » . avec telle maladie, etc. À la fois, ça m'a fait du bien, parce que oui, je suis malade, mais avant d'être malade, je suis quand même une personne. Et c'est vrai que souvent, dans la maladie, on oublie ça. À la fois, c'est rassurant aussi en tant que malade, mais c'est surtout après. Quand il y a la rémission avant la guérison, les médecins disent « on est là, on est là, les infirmières sont là, les infirmiers sont là » . Mais en fait, non, ils ne sont plus là. Tant mieux, finalement, parce que c'est le cycle de la vie. C'est tant mieux. Mais c'est ça le plus dur je trouve, on tombe de je ne sais pas combien d'étages quoi. Parce qu'être rassurée tout le temps, avoir ses familles, ses amis qui sont tout le temps là, qui viennent vous voir, il y a des chimios, il y a les médecins, et puis en fait du jour à demain il n'y a plus rien quoi. C'est là le plus dur je trouve, c'est la réalité. J'ai mis du temps, tout à fait à l'accepter, et ça a duré 8 mois. Ma première chimo c'était en avril, début avril, et ça s'est terminé fin septembre. Puis en novembre je suis partie en novembre, enfin... Je suis partie à l'étranger et du coup en début octobre ils m'ont annoncé que j'étais en rémission. Je suis partie trois mois voir ma famille en Nouvelle-Calédonie. J'avais besoin de souffler et je pense aussi une fuite bien évidemment, une fuite de tout ça. De se dire que ce n'était pas réel. Tout ce qu'il y a eu s'est passé tellement vite et à la fois il y a eu tellement de choses qui se sont passées. Mais encore aujourd'hui je me dis que ce n'est pas possible. C'est comme s'il y avait une autre vie, une autre marine. Pareil, encore une fois, il y a une marine avant 23 ans, il y a une marine après 23 ans, puis il y a une autre marine encore aujourd'hui. Donc c'est... Ça s'appelle les étapes de la vie encore une fois, mais on grandit. Je reviens en France, ça a été très dur. Ma cousine s'est suicidée quelques mois après. Donc bim, rebelote. Et puis après, je ne savais pas trop ce que je voulais faire, parce que finalement, forcément le métier d'obtuse de l'air, il fallait bien que je le termine, puisque j'avais ma théorie mais pas ma pratique. Puis comme j'avais un compagnon de vie, bon ça n'a pas duré longtemps, forcément, puisque le cancer et la mort sont très vite liés. J'étais plus dans la même optique, c'est-à-dire que moi avant, pourquoi obtuse de l'air ? C'est parce que c'était vivre. c'était... Voyager, ne pas rentrer chez soi le soir, c'était un métier auquel c'était vraiment une liberté. En fait, tu partais le matin de Paris ou de Nantes ou je ne sais où, tu arrivais dans un autre pays, puis après pareil, tu prenais un hub. Tu repartais, tu voyageais, à la fois il y a une espèce d'inconscience finalement de la vie. Ouais, d'insouciance, d'inconscience. Tu vis en même temps, t'es jeune, t'as même pas 25 ans, c'est normal. N'importe quel jeune doit vivre et doit avoir cette mentalité, cette insouciance-là, que moi je n'avais plus. Et ouais, c'est dur aussi de... De grandir encore une fois. J'avais déjà grandi très vite quand j'avais 16 ans. Là, rebelote, je grandis encore trop vite. Voilà, c'est comme ça. J'ai toujours une petite part d'insouciance, mais elle est infime. C'est pour ça que j'ai toujours besoin de rire, de joie, même s'il y a des peines, comme dans chacun de nous, chaque individu. Mais j'ai toujours besoin quand même de relativiser. Ça c'est mon mot d'ordre, c'est relativiser. Ça peut être chiant parfois, mais voilà, il y a toujours des merdes dans la vie, mais il faut toujours relativiser. Et puis apprendre de ces merdes, apprendre de ces erreurs, et de dire c'est pas grave, on va avancer, on va continuer. Et après ça, après cette expérience, c'était tout l'inverse. J'avais envie de rentrer tous les jours chez moi. Mais bon, je me suis dit, Marine, t'as commencé quelque chose, faut que tu la finisses. Et donc j'ai entamé ma pratique deux ans après et je l'ai obtenue du premier coup. Donc j'ai quand même fait les Open Days histoire de me donner bonne conscience. Les Open Days c'est concernant les compagnies aériennes. Ça m'a vite gonflée, mais je l'ai fait par principe. Et puis après j'ai travaillé dans l'immobilier pendant plusieurs années et jusqu'au burn-out. puis après Ça m'a aussi permis de me rendre compte que j'avais un autre problème de santé, une maladie chronique qui s'appelle la polyarthrite. Encore la vie, dans le sens où ça fait trois ans que je suis en guérison totale, puis ça fait deux ans et demi qu'on m'annonce que j'ai une maladie chronique. Donc pareil, je ne sais pas comment expliquer ça, c'est encore la vie qui te remet encore des bateaux dans la roue. Pareil, j'ai mis du temps à l'accepter. Là, maintenant, ça va, mais dur. Alors, la polyarthrite, c'est une inflammation des articulations, c'est-à-dire que là, tu as l'articulation, tu as, admettons, le coude, où tu as en fait tout ce qu'on appelle le liquide synovial, on va appeler ça du W40, pour permettre de lustrer les articulations, pour ne pas que ça rouille, en fait, parce que forcément, à partir d'un certain âge, on a ce qu'on appelle de l'arthrite. ou de l'arthrose, où là c'est un problème au niveau des articulations, ça craque. Et bien moi c'est l'inflammation, c'est-à-dire que ça gonfle, ça gonfle, ça gonfle, et donc ça fait très mal. C'est ma meilleure amie, c'est mon pilier, c'est pas mon pilier, mais c'est ma meilleure amie, c'est un vrai pot de colle, c'est une ombre. Mais c'est une garce parce qu'en fait, à un côté elle peut aller à... Elle va sur la cheville droite et puis après elle va dire, oh bah non tiens je vais au niveau du genou droit, puis après ça va être l'épaule gauche, la main, le doigt, puis première je faisais des gardes d'enfants. Et puis je me rappelle le papa de Juju, Julien, qui est professeur en algologie, et je lui dis bon Julien j'ai un petit problème avec mon doigt là, donc bien évidemment c'est le doigt d'honneur, qui avait un peu gonflé, donc je lui ai dit bah au fait... Regardez, j'ai un petit problème avec mon doigt. Ah bah en effet, parce que mon doigt avait quand même doublé, voire triplé de volume. Puis il a envoyé un mail à un de ses amis, qui est chef de service en rhumato. Et puis j'ai eu la chance de le rencontrer quelques jours après. Du coup, il fallait que je retourne le voir en crise. C'est pas évident parce que c'est très vicieux comme maladie. Parce qu'on ne sait pas quand elle arrive, on ne sait pas quand elle repart. Et puis on ne sait pas où elle va venir en fait. Là en ce moment, j'ai eu des petites crises. Mais ça va être aussi au niveau de mon mood, c'est-à-dire là, j'ai repris des études en pharmacie, j'avais besoin de réponses aussi à mes questions. Finalement, je me dis, un médecin, après 15 ans d'études, il n'a toujours pas des réponses. Je me dis, deux ans, je ne vais pas non plus servir à grand-chose. Je me dis, moi, rien, lâche l'affaire. Puis j'ai écouté mon corps, dans le sens où j'ai quand même réussi à faire trois crises de polyarthrite en espace de deux semaines. Et malheureusement, moi, aujourd'hui, je n'ai pas de médicaments qui puissent stopper. et arrêter la douleur. Mais normalement, c'est prévu que je fasse des injections maintenant. Mais je suis encore jeune, j'ai 32 ans bientôt là. Encore une fois, dans le corps, à partir du moment où tu prends des produits... Le corps va t'en demander davantage. Donc si je peux éviter, si je peux attendre le maximum, ça m'arrangerait. En fait, on a aussi diagnostiqué que j'étais dépressive chronique de mon père. L'abandon aussi de ma famille finalement. Parce que j'ai quand même perdu trois personnes en un an. Et le plus dingue, c'est quand je revois des photos, c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est que je n'ai pas l'impression que c'était moi en fait. À la fois je sais que c'est moi, à la fois je ne sais pas comment expliquer ça, c'est que... J'arrive même pas à m'en souvenir en fait. Enfin, c'est très très bizarre. Très bizarre. Parce que ça devrait pas arriver. Et ça devrait pas arriver. Un, à la limite je veux bien, mais pas deux, pas trois, pas plus. Bon, je me suis quand même pris pas mal de casseroles dans la tronche. Mais si c'était à refaire, est-ce que je ferais la même chose ? Oui. Oui, oui, oui. Je referais la même chose. Après peut-être différemment, bien évidemment, avec des personnes moins toxiques. Mais oui, encore une fois, ça fait partie de ma vie, ça fait partie de mon expérience, ça fait partie de ma grandeur, ça fait partie de moi. En fait, à chaque fois que je veux être bien, commencer dans un nouveau métier, bam, j'ai encore des bâtons dans les roues. Donc là, je vais commencer une nouvelle formation demain, donc il y a intérêt. Moi, je dis, l'univers, soyez indulgents avec moi, laissez-moi faire, laissez-moi finir une formation de A à Z. Et puis, non, non, j'ai hâte, j'ai hâte, je suis stressée, mais j'en ai envie, quoi. J'ai envie de pouvoir enfin mordre la vie à pleines dents et de pouvoir me plonger dans un métier dans lequel je me sente épanouie, je me sente utile. Je vais commencer une formation demain, CIP, donc c'est pour être conseillère en insertion professionnelle. L'avantage c'est que c'est très ouvert, c'est tertiaire et social. Après je ne commence que demain, donc j'ai quelques petites notions, mais assez faibles. Je suis là pour accompagner les personnes dans le besoin, à l'aide au retour à la formation et pour le retour à l'emploi. Et là on est vraiment sur quelque chose d'humain, dans lequel je puisse me regarder dans un miroir, et vraiment être en contact avec les gens, et pas de faux-semblants. D'avoir vraiment quelqu'un en face et d'être à l'écoute. Après, il y aura forcément quelques petites frustrations de leur expliquer les choses, de les aider. Et puis, ils veulent, oui ou non, qu'on les aide. Eh bien, pour moi, c'était une boucle par rapport à mes expériences. L'immobilier, j'ai beaucoup aimé l'immobilier. C'est vraiment quelque chose pour moi qui était très important, puisqu'il y avait aussi l'accompagnement des personnes, l'accompagnement autant des vendeurs que des acquéreurs. On servait d'intermédiaire. Après le I qui encore une fois c'est qu'il y a bien évidemment une contrepartie, que dans beaucoup d'agents immobiliers, beaucoup de négo, l'accompagnement est finalement assez éphémère on va dire, et que la contrepartie financière est quand même plus importante que l'accompagnement avec l'humain. Et que moi si, moi j'étais plus, moi j'étais toujours plus côté humain. Puis il y avait le côté aussi pharmacie, avec l'humain, le patient. Puis encore une fois c'est les lobbies pharmaceutiques qui prennent le dessus, puis qui sont aussi en lien avec ma maladie. avec ma reconnaissance de travailleurs handicapés. Ou enfin, d'avoir bien évidemment de la pression, mais moins de chiffres, après on va en parler. Je me revois, je lui dirais que tout va bien se passer, qu'il faut qu'il fasse confiance à ses médecins, qu'ils choisissent bien sa famille. une ou moins de personnes qui l'accompagnent, qui le suivent de A à Z. Et oui, et que tout va bien se passer. Et aussi, le plus important, c'est qu'il aille voir un psychologue ou un psychiatre pendant. Parce que moi, ça avait été suivi par un psychiatre déjà avant la maladie. Puis dès lors que la maladie, j'ai eu le diagnostic, je suis retournée la voir. Et aussi, ce qui est très important, elle m'avait dit, Marine, le plus important, c'est que tu acceptes qu'il y ait des bas et que tu acceptes qu'il y ait des hauts. Parce que si tu n'acceptes pas les bas et vice versa, il faut que tu acceptes que les émotions vont se démultiplier, il faut que tu acceptes qu'il y ait des moments où ça ne va pas bien aller, que ça va aller très mal, mais c'est pour mieux remonter. Voilà ! Bah oui mon chat, mon petit coeur d'amour, mais tout va bien, maman elle va bien mon chat. Un ma chouine chouine ? Oui, c'est un compagnon énorme qui s'appelle Nala, elle a trois ans, c'est un amour et elle me donne énormément d'énergie et de d'amour, de joie, voilà. Il ne lui manque plus que la parole. Oui en effet en tant que malade c'est très important d'être suivi mais il faut pas oublier non plus que les proches ce sont des éponges et que il faut que les proches soient écoutés, soient aidés parce que parce que oui en effet le malade c'est lui qui est malade entre guillemets mais la famille porte le malade à bout de bras et que et que eux aussi ont besoin d'aide en fait, ont besoin de souffler, ont besoin d'être, il y a une reconnaissance et qu'il soit pris au sérieux en fait Je trouve que le monde du travail n'est pas en adéquation avec les maladies, avec les maladies chroniques, avec les cancers, avec les personnes, les aidants aussi. Parce que forcément, il y a des personnes qui sont alitées, des enfants, des parents qui sont malades. Et les aidants, ils sont au travail et du coup, ils ne sont pas pris au sérieux, ou ils sont écoutés, mais qu'à moitié. Et c'est ça que je trouve dommage, puisque beaucoup de choses sont mises en place, mais ce n'est pas suffisant, je trouve. Il devrait y avoir des espèces d'ateliers, de jeux de rôle, pour que vraiment les managers ou les employeurs puissent aussi se mettre à la place de leurs employés, pour qu'ils comprennent qu'on ne fait pas ça juste pour avoir un peu moins d'heures ou pour avoir des aménagements de bureaux. Ça nous arrangerait de ne pas avoir de problème de santé, qu'on n'est pas là pour les embêter. Justement, mon énergie, parfois ça m'épuise en fait. Ça m'épuise, ça m'épuise parce que... C'est pareil, je me dis que comme le puits de pétrole, je ne devrais peut-être pas le qualifier tel quel, mais à un moment donné, je pense que l'énergie va être un peu épuisable. Et oui, parce qu'à chaque fois que je me casse la gueule, j'arrive toujours à me relever, parce que je n'ai pas envie que ce soit une défaite pour moi. Et que oui, en effet, je vais tomber, mais je vais me relever, parce que pas le choix. Enfin, si, il y a le choix de ne pas se relever, mais je n'en ai pas envie. J'en ai pas envie parce que j'ai envie de continuer, j'ai envie de me battre et de me dire que c'est moi qui décide, c'est moi qui prends le dessus.

  • Speaker #0

    Cette émission ne vivrait pas sans vos voix et vos mots. Nous avons tous connu un jour un déséquilibre dans nos vies venant bouleverser notre univers professionnel. Toutes les histoires sont uniques, mais elles ont un point commun, le pouvoir d'être racontées. Elles feront sûrement écho à ceux qui les écoutent. Si vous souhaitez vous confier à notre micro et partager votre histoire, n'hésitez pas à nous écrire. L'adresse se trouve dans la bio. On vous donne rendez-vous dans un mois pour découvrir un nouveau témoignage, peut-être le vôtre. A très bientôt dans l'indiscret.

Share

Embed

You may also like

Description

À 23 ans, Marine voit son destin basculer brutalement. Alors qu’elle démarre sa vie professionnelle, le corps dit stop. Diagnostic de cancer, enchaînement de traitements lourds, deuils familiaux, puis découverte d’une maladie chronique : les épreuves s’accumulent, forçant une pause qu’aucun jeune adulte n’imagine devoir vivre si tôt.


Dans ce témoignage de L’Indiscret, Marine raconte avec humour, franchise et une énergie désarmante comment elle a traversé ces tempêtes. Son récit éclaire les réalités invisibles que rencontrent de nombreux jeunes adultes : la confrontation à la maladie dans un monde du travail encore mal préparé, les incompréhensions face à l’invisible, et les ajustements permanents qu’impose un corps en lutte.

Marine partage sans détour :


– l’annonce brutale d’un cancer du lymphome au stade avancé,
– les traitements, la chimiothérapie et leurs effets sur la vie quotidienne,
– la polyarthrite et la dépression chronique, qui s’ajoutent aux cicatrices laissées par la maladie,
– le regard parfois maladroit ou incrédule des autres,
– le rôle crucial des aidants et de l’accompagnement psychologique,
– l’importance des petits choix du quotidien qui deviennent autant d’actes de résistance.


Son histoire, c’est celle d’un combat physique mais aussi psychologique, où la santé mentale et la maladie chronique s’entremêlent, où le burnout et la dépression côtoient la volonté farouche de continuer à vivre pleinement. Marine incarne une résilience faite de rires, de colères et de lucidité, une capacité à se relever malgré les chutes, et à rappeler que l’humain reste au cœur de tout parcours de soin.


Au-delà de la maladie, ce récit interroge notre rapport au travail, au corps et à la société : comment intégrer et accompagner celles et ceux qui vivent avec une pathologie lourde ? Comment penser le retour à l’emploi après un cancer ou un burnout ?


Un témoignage vrai, vibrant et profondément humain, qui illustre la force de la santé mentale et de la maladie chronique comme enjeux centraux du monde professionnel d’aujourd’hui.


🎙 Ne passez pas à côté de ce témoignage saisissant. Écoutez, partagez et laissez-vous porter par cette leçon de vie.


📲 Abonnez-vous à L’Indiscret sur votre plateforme d’écoute préférée et ne manquez aucun épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Des femmes et des hommes se livrent au micro de l'indiscret. Il et elle nous racontent le moment clé où la frontière entre la vie professionnelle et personnelle a basculé. L'indiscret, ce n'est pas juste un récit. C'est l'envie de vous accompagner grâce aux témoignages de personnes qui ont croisé le chemin de Prévia. Il y a des voix qu'on retient sans trop savoir pourquoi. Des voix qui claquent,

  • Speaker #1

    qui rient,

  • Speaker #0

    qui dérangent parfois, mais qui ne laissent jamais indifférent. Marine, c'est ça. Un franc parler assumé, un rire qui fuse même quand tout s'effondre, et une façon bien à elle de traverser les tempêtes. Pas une, pas deux, mais plusieurs. Parce que dans sa vie, les épreuves s'invitent sans prévenir et repartent rarement seules. À 23 ans, Marine apprend à vivre entre les hôpitaux. À un âge où l'on rêve d'élan, elle apprend la pause forcée. À un âge où l'on se construit, elle apprend à perdre, à recommencer, à composer avec la douleur et avec l'invisible. Et puis, elle regarde les autres. Celui qui ne sait pas toujours quoi faire face à une maladie qui ne se voit pas. Celui qui doute, parfois. Comme si souffrir en silence rendait la douleur moins réelle. Mais ce n'est pas une histoire de maladie. C'est une histoire de choix, de force, d'humour toujours. De décisions prises sans demander l'avis de personne. Et d'un mot d'ordre.

  • Speaker #1

    profiter.

  • Speaker #0

    Marie nous parle sans filtre, avec justesse et franchise, mais sans jamais nous plomber. Elle ne cherche ni la morale, ni les applaudissements. Elle veut juste raconter. Parce que parler, c'est aussi penser. Ce n'est pas une question de pensée. une leçon de courage. C'est un témoignage de vie. Une voie singulière entre le tumulte du corps et le besoin de rester debout.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marine. J'ai 31 ans. Je n'ai pas eu une pathologie mais j'en ai eu plusieurs. D'où mon histoire. Alors, je suis quelqu'un de haut en couleur. Je dirais quelqu'un sur qui on puisse compter. Une amie fidèle. Quelqu'un de drôle, même quand c'est triste, j'arrive toujours à ce que les gens soient heureux et à essayer de changer les idées. Je suis attachante, en effet. Et mes amis, même ma famille. Après, c'est quelque chose dans lequel je ne pourrais pas dire fière, mais ça fait partie de mon caractère. Unique, unique ! Je suis unique ! C'est vrai que j'ai pas ma langue dans ma poche. Après, bien évidemment avec les années d'expérience, j'ai réussi quand même à mettre de l'eau dans mon vin. Parce que quand il s'agit de choses qui sont pour moi cruciales et très importantes pour moi, je sais pas comment expliquer, mais c'est quelque chose qui est vraiment au fond de moi, auquel je ne vais pas en parler autour de moi, parce que je n'ai pas envie que la personne ou que les personnes puissent se permettre de me dire, mais non Marine, faut pas que tu fasses ça, c'est pas du tout une bonne idée. on te le déconseille et du coup je me lance et je sais que c'est la bonne décision je sais que c'est la bonne solution je le fais après pour d'autres choses qui n'ont rien à voir les choses de la vie lambda là par contre je mets trois heures à décider et même pas trois heures c'est trois semaines à tout comparer mais pour une barre de son pour que je vais offrir à ma mère pour noël ça fait deux semaines que je suis dessus ce que je suis en train de comparer quel modèle attend mais il y en a un nouveau ah ouais mais non niveau rapport qui a été pris, au niveau des avis. Je me gave un peu, franchement. Alors, il y a 4 ans, suite à un burn-out, j'ai été suivie par un psychiatre extraordinaire qui m'a appris aussi beaucoup de choses par rapport à moi, notamment le fait de mon hypersensibilité. J'ai mis du temps, en fait, à l'accepter, mais j'ai compris pourquoi j'étais différente, pourquoi je réagissais trop ou pas assez par rapport aux personnes qui sont autour de moi. Pour moi au lycée, quand j'entendais quelqu'un parler d'une personne qui était malade, généralement c'était plus le mot cancer et le cancer fait référence à la mort. Bien évidemment, je n'ai pas entendu de personne de mon âge ou jeune entre guillemets ayant eu des cancers, c'est plus des grands-parents où on appelle ça le cycle de la vie finalement, la mort. Et puis à la fois aussi comme une maladie, quelque chose de contagieux. J'ai eu mon bac, comment je ne sais pas, mais je l'ai eu. Je suis partie, j'ai fait mes saisons. J'ai eu mon diplôme d'agent d'escale. Du coup je pars à l'étranger pour approfondir mon anglais. Donc je pars dans une famille irakienne en Écosse. Donc ils se disaient européanisés mais pas du tout. Très patriarche, médecin, elle pharmacien. J'occupais de deux enfants. et ils m'ont gentiment mis à la porte. Donc quand je suis revenue en France, j'étais totalement déboussolée et j'ai perdu beaucoup beaucoup de poids, sachant qu'en plus de ça je faisais une formation d'hôtesse de l'air, en théorie, donc je travaillais 7 sur 7, je comptais pas mes heures. En fait j'ai eu mon examen d'hôtesse de l'air justement le jour de mon anniversaire, où là j'ai appris que j'étais, j'ai eu mon diplôme de théorie, et que là j'avais plus qu'à passer la pratique à Paris. Quelques mois plus tard, j'étais super contente, je pleurais, toute excitée de pouvoir avoir un pied dans mon rêve. Ce qui était aussi très drôle, c'est que je ne savais toujours pas vraiment ce que j'avais. Au début, c'était en janvier, je travaillais au casino de la Bôle. J'avais mal aux dents, j'avais mal aux oreilles, etc. J'avais un copain dentiste. qui travaillait au-dessus du casino de la Bôle. Et du coup, je lui demande s'il peut m'ausculter devant le casino, dans la voiture. Donc j'en parle avec mes collègues, et puis ils me disent « Mais Marine, arrête de prendre pour une bille, tu es en train de nous dire que ton copain dentiste va venir t'ausculter devant le casino. » Je dis « Oui, oui, oui. » C'est arrivé, donc il avait tout le matos pour regarder dans la voiture, savoir ce que j'avais, donc bien évidemment, je n'avais rien. Mais ça, c'est encore aujourd'hui, ça fait 8 ans, on en reparle encore, avec mes collègues, enfin mes anciens collègues plutôt. Voilà, c'est des petites choses quand même qui sont drôles. Ils font partie de mon étape, entre guillemets, du début de la maladie. Et puis, je perdais beaucoup de poids. La nuit, je dormais très mal. Je me réveillais, mon lit était trempé de sueur. Puis à un moment donné, je vais voir mon médecin qui me prescrit une prise de sang. Et donc, il doit m'appeler dans la journée. Et puis, une heure après, il m'appelle en disant qu'il faut absolument que je vienne. Et que je vienne, mais pas toute seule. Donc, je suis venue avec maman. Et puis c'est là qu'il nous a dit que les prises de sang n'étaient pas bonnes du tout et que j'avais une option, enfin deux options. Soit maman m'emmène à l'hôpital, soit c'est l'ambulance qui vient me chercher. Donc bon, moi je ne comprenais pas puisque je me sentais relativement bien en fait. Fatiguée certes, mais sans plus. Et puis là, c'est là qu'a commencé le... comment dire... je dirais une nouvelle vie, une nouvelle étape. C'est celle de la médecine interne au CHU de Nantes. où ils m'ont fait plusieurs opérations, prise de sang, ça a duré plusieurs mois. J'avais des permissions le week-end. J'avais l'impression d'être alarmée parce que la semaine j'étais « enfermée » . Puis le week-end j'avais des permissions. Et puis après, ils m'ont fait plusieurs biopsies, dont une biopsie où j'ai quand même dû faire un pneu motoraxe. Après, ça y est, ils ont enfin mis le mot. Le nom sur le cancer, quand j'ai eu rendez-vous dans le bureau du docteur Blain, j'étais avec ma mère, une amie de ma mère qui était là aussi, on était au 7ème étage et il me balance brut, et bien que je suis atteinte d'un cancer, c'est à 4 sur 4, qu'il y a très peu de chance. Et puis j'avais vraiment pas beaucoup de temps parce que j'étais quand même en stade 4 sur 4. Ils m'ont diagnostiqué un lymphome d'Oshkine. Donc bien évidemment c'est un cancer, ils savent le soigner depuis 30-40 ans, un peu plus. Mais encore une fois ils savent pas d'où ça vient. Ils savent pas pourquoi. Après encore une fois la plupart des cancers sont liés au stress. Et du coup j'avais vraiment très peu de temps, c'est-à-dire j'étais suivie aussi par le professeur Miraillé par rapport aux soins mère et enfant. Et du coup j'ai aussi fait un prélèvement d'ovocytes au cas où, suite à mon cancer, à ma chimio, parce que j'avais que 23 ans, mais la chimio ça fait des dégâts, c'est-à-dire ça tue les cellules mortes, enfin les cellules qui sont en train de mourir, mais tue aussi les cellules qui sont saines. Bien évidemment c'est un peu la roulette russe quoi. Donc j'ai dû aussi me faire opérer pour avoir des prélèvements et d'avoir des chances. Plus tard, si je décide d'avoir des enfants et que je peux pas y arriver toute seule, et là moi je pète une pendule parce que voilà, il me dit bon bah maintenant ça y est, plus le droit de boire, plus le droit de fumer, j'avais 23 ans, j'étais là oui mais non, autant j'ai plus qu'à me jeter quoi, parce que là c'était vraiment le médecin qui est là, bon bah on a trouvé, c'est bon maintenant on va vous soigner. Alors c'est drôle parce que à la fois on y croit, à la fois on n'y croit pas. On sait qu'il y a quelque chose de grave et à la fois on s'en fiche parce que le plus important c'est ça y est, enfin on met un mot sur ce que j'ai. Parce que finalement avant de rentrer à l'hôpital j'allais relativement bien en fait. Et puis dès lors qu'à partir du moment où t'es balayée de service en service, de chercher tout ce que tu as etc. Finalement, ton moral et le corps suivent en fait, en se disant quelque chose qui va pas. Et le plus dingue, c'est que lorsque le Dr Blas m'a annoncé mon cancer, que ça faisait plus d'un an et demi que j'étais malade. C'était un peu un gros coup de massue. Mais le plus dingue, c'est que dès lors que j'ai commencé mes premières chimios, je me sentais vive, je me sentais revivre. J'ai tellement peu de souvenirs des mois, je mélange beaucoup de choses avec la morphine, etc. Avec la souffrance que la chimio finalement... Quand je voyais mes cheveux repousser, les médecins ne comprenaient pas pourquoi. C'est pas normal, ça va retomber. Non, finalement non, parce que le corps se défend, il se bat. Oui, j'ai pris une décision sans vraiment que ce soit une décision, dans le sens où c'était pour moi normal. C'est-à-dire que je me suis dit, écoute Marine, si tu dois mourir, très bien. Finalement, la mort à 23 ans, je la connaissais déjà, puisque j'ai perdu mon grand-père. Deux jours après, j'ai perdu ma grand-mère. Et un an après, j'ai mon père qui est mort. mais c'est accepte le ça je l'avais relativement accepté mais je sais pas comment expliquer ça en fait c'est que je me suis mais je me posais pas de question en fait je fonçais je je fonçais j'avais ma famille j'avais mes amis qui étaient là c'était le plus important je comptais sur eux et puis mon mot d'ordre c'était profite profite tant que tu peux profite à fond de la vie Moi j'ai un souvenir justement j'étais en soirée et j'ai discuté avec des infirmières qui avaient un de leurs copains qui étaient là Et puis je disais que j'avais un cancer, stade 4, et que j'avais une perruque, chimio, et il ne me croyait pas, et du coup il a arraché ma perruque. Donc les gens étaient choqués, et moi en fait au contraire je l'ai remercié. Bon, sur le moment, honnêtement il me l'a refait, ce sera un pain dans la tronche, mais non parce que, encore une fois, on me l'a dit plusieurs fois en disant « Ah mais c'est pas écrit sur ta tête, ça se voit pas » . J'étais « Bah oui mais c'est un peu normal en même temps, c'est pas écrit sur ma tête, cancéreuse, 23 ans en fait » . avec telle maladie, etc. À la fois, ça m'a fait du bien, parce que oui, je suis malade, mais avant d'être malade, je suis quand même une personne. Et c'est vrai que souvent, dans la maladie, on oublie ça. À la fois, c'est rassurant aussi en tant que malade, mais c'est surtout après. Quand il y a la rémission avant la guérison, les médecins disent « on est là, on est là, les infirmières sont là, les infirmiers sont là » . Mais en fait, non, ils ne sont plus là. Tant mieux, finalement, parce que c'est le cycle de la vie. C'est tant mieux. Mais c'est ça le plus dur je trouve, on tombe de je ne sais pas combien d'étages quoi. Parce qu'être rassurée tout le temps, avoir ses familles, ses amis qui sont tout le temps là, qui viennent vous voir, il y a des chimios, il y a les médecins, et puis en fait du jour à demain il n'y a plus rien quoi. C'est là le plus dur je trouve, c'est la réalité. J'ai mis du temps, tout à fait à l'accepter, et ça a duré 8 mois. Ma première chimo c'était en avril, début avril, et ça s'est terminé fin septembre. Puis en novembre je suis partie en novembre, enfin... Je suis partie à l'étranger et du coup en début octobre ils m'ont annoncé que j'étais en rémission. Je suis partie trois mois voir ma famille en Nouvelle-Calédonie. J'avais besoin de souffler et je pense aussi une fuite bien évidemment, une fuite de tout ça. De se dire que ce n'était pas réel. Tout ce qu'il y a eu s'est passé tellement vite et à la fois il y a eu tellement de choses qui se sont passées. Mais encore aujourd'hui je me dis que ce n'est pas possible. C'est comme s'il y avait une autre vie, une autre marine. Pareil, encore une fois, il y a une marine avant 23 ans, il y a une marine après 23 ans, puis il y a une autre marine encore aujourd'hui. Donc c'est... Ça s'appelle les étapes de la vie encore une fois, mais on grandit. Je reviens en France, ça a été très dur. Ma cousine s'est suicidée quelques mois après. Donc bim, rebelote. Et puis après, je ne savais pas trop ce que je voulais faire, parce que finalement, forcément le métier d'obtuse de l'air, il fallait bien que je le termine, puisque j'avais ma théorie mais pas ma pratique. Puis comme j'avais un compagnon de vie, bon ça n'a pas duré longtemps, forcément, puisque le cancer et la mort sont très vite liés. J'étais plus dans la même optique, c'est-à-dire que moi avant, pourquoi obtuse de l'air ? C'est parce que c'était vivre. c'était... Voyager, ne pas rentrer chez soi le soir, c'était un métier auquel c'était vraiment une liberté. En fait, tu partais le matin de Paris ou de Nantes ou je ne sais où, tu arrivais dans un autre pays, puis après pareil, tu prenais un hub. Tu repartais, tu voyageais, à la fois il y a une espèce d'inconscience finalement de la vie. Ouais, d'insouciance, d'inconscience. Tu vis en même temps, t'es jeune, t'as même pas 25 ans, c'est normal. N'importe quel jeune doit vivre et doit avoir cette mentalité, cette insouciance-là, que moi je n'avais plus. Et ouais, c'est dur aussi de... De grandir encore une fois. J'avais déjà grandi très vite quand j'avais 16 ans. Là, rebelote, je grandis encore trop vite. Voilà, c'est comme ça. J'ai toujours une petite part d'insouciance, mais elle est infime. C'est pour ça que j'ai toujours besoin de rire, de joie, même s'il y a des peines, comme dans chacun de nous, chaque individu. Mais j'ai toujours besoin quand même de relativiser. Ça c'est mon mot d'ordre, c'est relativiser. Ça peut être chiant parfois, mais voilà, il y a toujours des merdes dans la vie, mais il faut toujours relativiser. Et puis apprendre de ces merdes, apprendre de ces erreurs, et de dire c'est pas grave, on va avancer, on va continuer. Et après ça, après cette expérience, c'était tout l'inverse. J'avais envie de rentrer tous les jours chez moi. Mais bon, je me suis dit, Marine, t'as commencé quelque chose, faut que tu la finisses. Et donc j'ai entamé ma pratique deux ans après et je l'ai obtenue du premier coup. Donc j'ai quand même fait les Open Days histoire de me donner bonne conscience. Les Open Days c'est concernant les compagnies aériennes. Ça m'a vite gonflée, mais je l'ai fait par principe. Et puis après j'ai travaillé dans l'immobilier pendant plusieurs années et jusqu'au burn-out. puis après Ça m'a aussi permis de me rendre compte que j'avais un autre problème de santé, une maladie chronique qui s'appelle la polyarthrite. Encore la vie, dans le sens où ça fait trois ans que je suis en guérison totale, puis ça fait deux ans et demi qu'on m'annonce que j'ai une maladie chronique. Donc pareil, je ne sais pas comment expliquer ça, c'est encore la vie qui te remet encore des bateaux dans la roue. Pareil, j'ai mis du temps à l'accepter. Là, maintenant, ça va, mais dur. Alors, la polyarthrite, c'est une inflammation des articulations, c'est-à-dire que là, tu as l'articulation, tu as, admettons, le coude, où tu as en fait tout ce qu'on appelle le liquide synovial, on va appeler ça du W40, pour permettre de lustrer les articulations, pour ne pas que ça rouille, en fait, parce que forcément, à partir d'un certain âge, on a ce qu'on appelle de l'arthrite. ou de l'arthrose, où là c'est un problème au niveau des articulations, ça craque. Et bien moi c'est l'inflammation, c'est-à-dire que ça gonfle, ça gonfle, ça gonfle, et donc ça fait très mal. C'est ma meilleure amie, c'est mon pilier, c'est pas mon pilier, mais c'est ma meilleure amie, c'est un vrai pot de colle, c'est une ombre. Mais c'est une garce parce qu'en fait, à un côté elle peut aller à... Elle va sur la cheville droite et puis après elle va dire, oh bah non tiens je vais au niveau du genou droit, puis après ça va être l'épaule gauche, la main, le doigt, puis première je faisais des gardes d'enfants. Et puis je me rappelle le papa de Juju, Julien, qui est professeur en algologie, et je lui dis bon Julien j'ai un petit problème avec mon doigt là, donc bien évidemment c'est le doigt d'honneur, qui avait un peu gonflé, donc je lui ai dit bah au fait... Regardez, j'ai un petit problème avec mon doigt. Ah bah en effet, parce que mon doigt avait quand même doublé, voire triplé de volume. Puis il a envoyé un mail à un de ses amis, qui est chef de service en rhumato. Et puis j'ai eu la chance de le rencontrer quelques jours après. Du coup, il fallait que je retourne le voir en crise. C'est pas évident parce que c'est très vicieux comme maladie. Parce qu'on ne sait pas quand elle arrive, on ne sait pas quand elle repart. Et puis on ne sait pas où elle va venir en fait. Là en ce moment, j'ai eu des petites crises. Mais ça va être aussi au niveau de mon mood, c'est-à-dire là, j'ai repris des études en pharmacie, j'avais besoin de réponses aussi à mes questions. Finalement, je me dis, un médecin, après 15 ans d'études, il n'a toujours pas des réponses. Je me dis, deux ans, je ne vais pas non plus servir à grand-chose. Je me dis, moi, rien, lâche l'affaire. Puis j'ai écouté mon corps, dans le sens où j'ai quand même réussi à faire trois crises de polyarthrite en espace de deux semaines. Et malheureusement, moi, aujourd'hui, je n'ai pas de médicaments qui puissent stopper. et arrêter la douleur. Mais normalement, c'est prévu que je fasse des injections maintenant. Mais je suis encore jeune, j'ai 32 ans bientôt là. Encore une fois, dans le corps, à partir du moment où tu prends des produits... Le corps va t'en demander davantage. Donc si je peux éviter, si je peux attendre le maximum, ça m'arrangerait. En fait, on a aussi diagnostiqué que j'étais dépressive chronique de mon père. L'abandon aussi de ma famille finalement. Parce que j'ai quand même perdu trois personnes en un an. Et le plus dingue, c'est quand je revois des photos, c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est que je n'ai pas l'impression que c'était moi en fait. À la fois je sais que c'est moi, à la fois je ne sais pas comment expliquer ça, c'est que... J'arrive même pas à m'en souvenir en fait. Enfin, c'est très très bizarre. Très bizarre. Parce que ça devrait pas arriver. Et ça devrait pas arriver. Un, à la limite je veux bien, mais pas deux, pas trois, pas plus. Bon, je me suis quand même pris pas mal de casseroles dans la tronche. Mais si c'était à refaire, est-ce que je ferais la même chose ? Oui. Oui, oui, oui. Je referais la même chose. Après peut-être différemment, bien évidemment, avec des personnes moins toxiques. Mais oui, encore une fois, ça fait partie de ma vie, ça fait partie de mon expérience, ça fait partie de ma grandeur, ça fait partie de moi. En fait, à chaque fois que je veux être bien, commencer dans un nouveau métier, bam, j'ai encore des bâtons dans les roues. Donc là, je vais commencer une nouvelle formation demain, donc il y a intérêt. Moi, je dis, l'univers, soyez indulgents avec moi, laissez-moi faire, laissez-moi finir une formation de A à Z. Et puis, non, non, j'ai hâte, j'ai hâte, je suis stressée, mais j'en ai envie, quoi. J'ai envie de pouvoir enfin mordre la vie à pleines dents et de pouvoir me plonger dans un métier dans lequel je me sente épanouie, je me sente utile. Je vais commencer une formation demain, CIP, donc c'est pour être conseillère en insertion professionnelle. L'avantage c'est que c'est très ouvert, c'est tertiaire et social. Après je ne commence que demain, donc j'ai quelques petites notions, mais assez faibles. Je suis là pour accompagner les personnes dans le besoin, à l'aide au retour à la formation et pour le retour à l'emploi. Et là on est vraiment sur quelque chose d'humain, dans lequel je puisse me regarder dans un miroir, et vraiment être en contact avec les gens, et pas de faux-semblants. D'avoir vraiment quelqu'un en face et d'être à l'écoute. Après, il y aura forcément quelques petites frustrations de leur expliquer les choses, de les aider. Et puis, ils veulent, oui ou non, qu'on les aide. Eh bien, pour moi, c'était une boucle par rapport à mes expériences. L'immobilier, j'ai beaucoup aimé l'immobilier. C'est vraiment quelque chose pour moi qui était très important, puisqu'il y avait aussi l'accompagnement des personnes, l'accompagnement autant des vendeurs que des acquéreurs. On servait d'intermédiaire. Après le I qui encore une fois c'est qu'il y a bien évidemment une contrepartie, que dans beaucoup d'agents immobiliers, beaucoup de négo, l'accompagnement est finalement assez éphémère on va dire, et que la contrepartie financière est quand même plus importante que l'accompagnement avec l'humain. Et que moi si, moi j'étais plus, moi j'étais toujours plus côté humain. Puis il y avait le côté aussi pharmacie, avec l'humain, le patient. Puis encore une fois c'est les lobbies pharmaceutiques qui prennent le dessus, puis qui sont aussi en lien avec ma maladie. avec ma reconnaissance de travailleurs handicapés. Ou enfin, d'avoir bien évidemment de la pression, mais moins de chiffres, après on va en parler. Je me revois, je lui dirais que tout va bien se passer, qu'il faut qu'il fasse confiance à ses médecins, qu'ils choisissent bien sa famille. une ou moins de personnes qui l'accompagnent, qui le suivent de A à Z. Et oui, et que tout va bien se passer. Et aussi, le plus important, c'est qu'il aille voir un psychologue ou un psychiatre pendant. Parce que moi, ça avait été suivi par un psychiatre déjà avant la maladie. Puis dès lors que la maladie, j'ai eu le diagnostic, je suis retournée la voir. Et aussi, ce qui est très important, elle m'avait dit, Marine, le plus important, c'est que tu acceptes qu'il y ait des bas et que tu acceptes qu'il y ait des hauts. Parce que si tu n'acceptes pas les bas et vice versa, il faut que tu acceptes que les émotions vont se démultiplier, il faut que tu acceptes qu'il y ait des moments où ça ne va pas bien aller, que ça va aller très mal, mais c'est pour mieux remonter. Voilà ! Bah oui mon chat, mon petit coeur d'amour, mais tout va bien, maman elle va bien mon chat. Un ma chouine chouine ? Oui, c'est un compagnon énorme qui s'appelle Nala, elle a trois ans, c'est un amour et elle me donne énormément d'énergie et de d'amour, de joie, voilà. Il ne lui manque plus que la parole. Oui en effet en tant que malade c'est très important d'être suivi mais il faut pas oublier non plus que les proches ce sont des éponges et que il faut que les proches soient écoutés, soient aidés parce que parce que oui en effet le malade c'est lui qui est malade entre guillemets mais la famille porte le malade à bout de bras et que et que eux aussi ont besoin d'aide en fait, ont besoin de souffler, ont besoin d'être, il y a une reconnaissance et qu'il soit pris au sérieux en fait Je trouve que le monde du travail n'est pas en adéquation avec les maladies, avec les maladies chroniques, avec les cancers, avec les personnes, les aidants aussi. Parce que forcément, il y a des personnes qui sont alitées, des enfants, des parents qui sont malades. Et les aidants, ils sont au travail et du coup, ils ne sont pas pris au sérieux, ou ils sont écoutés, mais qu'à moitié. Et c'est ça que je trouve dommage, puisque beaucoup de choses sont mises en place, mais ce n'est pas suffisant, je trouve. Il devrait y avoir des espèces d'ateliers, de jeux de rôle, pour que vraiment les managers ou les employeurs puissent aussi se mettre à la place de leurs employés, pour qu'ils comprennent qu'on ne fait pas ça juste pour avoir un peu moins d'heures ou pour avoir des aménagements de bureaux. Ça nous arrangerait de ne pas avoir de problème de santé, qu'on n'est pas là pour les embêter. Justement, mon énergie, parfois ça m'épuise en fait. Ça m'épuise, ça m'épuise parce que... C'est pareil, je me dis que comme le puits de pétrole, je ne devrais peut-être pas le qualifier tel quel, mais à un moment donné, je pense que l'énergie va être un peu épuisable. Et oui, parce qu'à chaque fois que je me casse la gueule, j'arrive toujours à me relever, parce que je n'ai pas envie que ce soit une défaite pour moi. Et que oui, en effet, je vais tomber, mais je vais me relever, parce que pas le choix. Enfin, si, il y a le choix de ne pas se relever, mais je n'en ai pas envie. J'en ai pas envie parce que j'ai envie de continuer, j'ai envie de me battre et de me dire que c'est moi qui décide, c'est moi qui prends le dessus.

  • Speaker #0

    Cette émission ne vivrait pas sans vos voix et vos mots. Nous avons tous connu un jour un déséquilibre dans nos vies venant bouleverser notre univers professionnel. Toutes les histoires sont uniques, mais elles ont un point commun, le pouvoir d'être racontées. Elles feront sûrement écho à ceux qui les écoutent. Si vous souhaitez vous confier à notre micro et partager votre histoire, n'hésitez pas à nous écrire. L'adresse se trouve dans la bio. On vous donne rendez-vous dans un mois pour découvrir un nouveau témoignage, peut-être le vôtre. A très bientôt dans l'indiscret.

Description

À 23 ans, Marine voit son destin basculer brutalement. Alors qu’elle démarre sa vie professionnelle, le corps dit stop. Diagnostic de cancer, enchaînement de traitements lourds, deuils familiaux, puis découverte d’une maladie chronique : les épreuves s’accumulent, forçant une pause qu’aucun jeune adulte n’imagine devoir vivre si tôt.


Dans ce témoignage de L’Indiscret, Marine raconte avec humour, franchise et une énergie désarmante comment elle a traversé ces tempêtes. Son récit éclaire les réalités invisibles que rencontrent de nombreux jeunes adultes : la confrontation à la maladie dans un monde du travail encore mal préparé, les incompréhensions face à l’invisible, et les ajustements permanents qu’impose un corps en lutte.

Marine partage sans détour :


– l’annonce brutale d’un cancer du lymphome au stade avancé,
– les traitements, la chimiothérapie et leurs effets sur la vie quotidienne,
– la polyarthrite et la dépression chronique, qui s’ajoutent aux cicatrices laissées par la maladie,
– le regard parfois maladroit ou incrédule des autres,
– le rôle crucial des aidants et de l’accompagnement psychologique,
– l’importance des petits choix du quotidien qui deviennent autant d’actes de résistance.


Son histoire, c’est celle d’un combat physique mais aussi psychologique, où la santé mentale et la maladie chronique s’entremêlent, où le burnout et la dépression côtoient la volonté farouche de continuer à vivre pleinement. Marine incarne une résilience faite de rires, de colères et de lucidité, une capacité à se relever malgré les chutes, et à rappeler que l’humain reste au cœur de tout parcours de soin.


Au-delà de la maladie, ce récit interroge notre rapport au travail, au corps et à la société : comment intégrer et accompagner celles et ceux qui vivent avec une pathologie lourde ? Comment penser le retour à l’emploi après un cancer ou un burnout ?


Un témoignage vrai, vibrant et profondément humain, qui illustre la force de la santé mentale et de la maladie chronique comme enjeux centraux du monde professionnel d’aujourd’hui.


🎙 Ne passez pas à côté de ce témoignage saisissant. Écoutez, partagez et laissez-vous porter par cette leçon de vie.


📲 Abonnez-vous à L’Indiscret sur votre plateforme d’écoute préférée et ne manquez aucun épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Des femmes et des hommes se livrent au micro de l'indiscret. Il et elle nous racontent le moment clé où la frontière entre la vie professionnelle et personnelle a basculé. L'indiscret, ce n'est pas juste un récit. C'est l'envie de vous accompagner grâce aux témoignages de personnes qui ont croisé le chemin de Prévia. Il y a des voix qu'on retient sans trop savoir pourquoi. Des voix qui claquent,

  • Speaker #1

    qui rient,

  • Speaker #0

    qui dérangent parfois, mais qui ne laissent jamais indifférent. Marine, c'est ça. Un franc parler assumé, un rire qui fuse même quand tout s'effondre, et une façon bien à elle de traverser les tempêtes. Pas une, pas deux, mais plusieurs. Parce que dans sa vie, les épreuves s'invitent sans prévenir et repartent rarement seules. À 23 ans, Marine apprend à vivre entre les hôpitaux. À un âge où l'on rêve d'élan, elle apprend la pause forcée. À un âge où l'on se construit, elle apprend à perdre, à recommencer, à composer avec la douleur et avec l'invisible. Et puis, elle regarde les autres. Celui qui ne sait pas toujours quoi faire face à une maladie qui ne se voit pas. Celui qui doute, parfois. Comme si souffrir en silence rendait la douleur moins réelle. Mais ce n'est pas une histoire de maladie. C'est une histoire de choix, de force, d'humour toujours. De décisions prises sans demander l'avis de personne. Et d'un mot d'ordre.

  • Speaker #1

    profiter.

  • Speaker #0

    Marie nous parle sans filtre, avec justesse et franchise, mais sans jamais nous plomber. Elle ne cherche ni la morale, ni les applaudissements. Elle veut juste raconter. Parce que parler, c'est aussi penser. Ce n'est pas une question de pensée. une leçon de courage. C'est un témoignage de vie. Une voie singulière entre le tumulte du corps et le besoin de rester debout.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marine. J'ai 31 ans. Je n'ai pas eu une pathologie mais j'en ai eu plusieurs. D'où mon histoire. Alors, je suis quelqu'un de haut en couleur. Je dirais quelqu'un sur qui on puisse compter. Une amie fidèle. Quelqu'un de drôle, même quand c'est triste, j'arrive toujours à ce que les gens soient heureux et à essayer de changer les idées. Je suis attachante, en effet. Et mes amis, même ma famille. Après, c'est quelque chose dans lequel je ne pourrais pas dire fière, mais ça fait partie de mon caractère. Unique, unique ! Je suis unique ! C'est vrai que j'ai pas ma langue dans ma poche. Après, bien évidemment avec les années d'expérience, j'ai réussi quand même à mettre de l'eau dans mon vin. Parce que quand il s'agit de choses qui sont pour moi cruciales et très importantes pour moi, je sais pas comment expliquer, mais c'est quelque chose qui est vraiment au fond de moi, auquel je ne vais pas en parler autour de moi, parce que je n'ai pas envie que la personne ou que les personnes puissent se permettre de me dire, mais non Marine, faut pas que tu fasses ça, c'est pas du tout une bonne idée. on te le déconseille et du coup je me lance et je sais que c'est la bonne décision je sais que c'est la bonne solution je le fais après pour d'autres choses qui n'ont rien à voir les choses de la vie lambda là par contre je mets trois heures à décider et même pas trois heures c'est trois semaines à tout comparer mais pour une barre de son pour que je vais offrir à ma mère pour noël ça fait deux semaines que je suis dessus ce que je suis en train de comparer quel modèle attend mais il y en a un nouveau ah ouais mais non niveau rapport qui a été pris, au niveau des avis. Je me gave un peu, franchement. Alors, il y a 4 ans, suite à un burn-out, j'ai été suivie par un psychiatre extraordinaire qui m'a appris aussi beaucoup de choses par rapport à moi, notamment le fait de mon hypersensibilité. J'ai mis du temps, en fait, à l'accepter, mais j'ai compris pourquoi j'étais différente, pourquoi je réagissais trop ou pas assez par rapport aux personnes qui sont autour de moi. Pour moi au lycée, quand j'entendais quelqu'un parler d'une personne qui était malade, généralement c'était plus le mot cancer et le cancer fait référence à la mort. Bien évidemment, je n'ai pas entendu de personne de mon âge ou jeune entre guillemets ayant eu des cancers, c'est plus des grands-parents où on appelle ça le cycle de la vie finalement, la mort. Et puis à la fois aussi comme une maladie, quelque chose de contagieux. J'ai eu mon bac, comment je ne sais pas, mais je l'ai eu. Je suis partie, j'ai fait mes saisons. J'ai eu mon diplôme d'agent d'escale. Du coup je pars à l'étranger pour approfondir mon anglais. Donc je pars dans une famille irakienne en Écosse. Donc ils se disaient européanisés mais pas du tout. Très patriarche, médecin, elle pharmacien. J'occupais de deux enfants. et ils m'ont gentiment mis à la porte. Donc quand je suis revenue en France, j'étais totalement déboussolée et j'ai perdu beaucoup beaucoup de poids, sachant qu'en plus de ça je faisais une formation d'hôtesse de l'air, en théorie, donc je travaillais 7 sur 7, je comptais pas mes heures. En fait j'ai eu mon examen d'hôtesse de l'air justement le jour de mon anniversaire, où là j'ai appris que j'étais, j'ai eu mon diplôme de théorie, et que là j'avais plus qu'à passer la pratique à Paris. Quelques mois plus tard, j'étais super contente, je pleurais, toute excitée de pouvoir avoir un pied dans mon rêve. Ce qui était aussi très drôle, c'est que je ne savais toujours pas vraiment ce que j'avais. Au début, c'était en janvier, je travaillais au casino de la Bôle. J'avais mal aux dents, j'avais mal aux oreilles, etc. J'avais un copain dentiste. qui travaillait au-dessus du casino de la Bôle. Et du coup, je lui demande s'il peut m'ausculter devant le casino, dans la voiture. Donc j'en parle avec mes collègues, et puis ils me disent « Mais Marine, arrête de prendre pour une bille, tu es en train de nous dire que ton copain dentiste va venir t'ausculter devant le casino. » Je dis « Oui, oui, oui. » C'est arrivé, donc il avait tout le matos pour regarder dans la voiture, savoir ce que j'avais, donc bien évidemment, je n'avais rien. Mais ça, c'est encore aujourd'hui, ça fait 8 ans, on en reparle encore, avec mes collègues, enfin mes anciens collègues plutôt. Voilà, c'est des petites choses quand même qui sont drôles. Ils font partie de mon étape, entre guillemets, du début de la maladie. Et puis, je perdais beaucoup de poids. La nuit, je dormais très mal. Je me réveillais, mon lit était trempé de sueur. Puis à un moment donné, je vais voir mon médecin qui me prescrit une prise de sang. Et donc, il doit m'appeler dans la journée. Et puis, une heure après, il m'appelle en disant qu'il faut absolument que je vienne. Et que je vienne, mais pas toute seule. Donc, je suis venue avec maman. Et puis c'est là qu'il nous a dit que les prises de sang n'étaient pas bonnes du tout et que j'avais une option, enfin deux options. Soit maman m'emmène à l'hôpital, soit c'est l'ambulance qui vient me chercher. Donc bon, moi je ne comprenais pas puisque je me sentais relativement bien en fait. Fatiguée certes, mais sans plus. Et puis là, c'est là qu'a commencé le... comment dire... je dirais une nouvelle vie, une nouvelle étape. C'est celle de la médecine interne au CHU de Nantes. où ils m'ont fait plusieurs opérations, prise de sang, ça a duré plusieurs mois. J'avais des permissions le week-end. J'avais l'impression d'être alarmée parce que la semaine j'étais « enfermée » . Puis le week-end j'avais des permissions. Et puis après, ils m'ont fait plusieurs biopsies, dont une biopsie où j'ai quand même dû faire un pneu motoraxe. Après, ça y est, ils ont enfin mis le mot. Le nom sur le cancer, quand j'ai eu rendez-vous dans le bureau du docteur Blain, j'étais avec ma mère, une amie de ma mère qui était là aussi, on était au 7ème étage et il me balance brut, et bien que je suis atteinte d'un cancer, c'est à 4 sur 4, qu'il y a très peu de chance. Et puis j'avais vraiment pas beaucoup de temps parce que j'étais quand même en stade 4 sur 4. Ils m'ont diagnostiqué un lymphome d'Oshkine. Donc bien évidemment c'est un cancer, ils savent le soigner depuis 30-40 ans, un peu plus. Mais encore une fois ils savent pas d'où ça vient. Ils savent pas pourquoi. Après encore une fois la plupart des cancers sont liés au stress. Et du coup j'avais vraiment très peu de temps, c'est-à-dire j'étais suivie aussi par le professeur Miraillé par rapport aux soins mère et enfant. Et du coup j'ai aussi fait un prélèvement d'ovocytes au cas où, suite à mon cancer, à ma chimio, parce que j'avais que 23 ans, mais la chimio ça fait des dégâts, c'est-à-dire ça tue les cellules mortes, enfin les cellules qui sont en train de mourir, mais tue aussi les cellules qui sont saines. Bien évidemment c'est un peu la roulette russe quoi. Donc j'ai dû aussi me faire opérer pour avoir des prélèvements et d'avoir des chances. Plus tard, si je décide d'avoir des enfants et que je peux pas y arriver toute seule, et là moi je pète une pendule parce que voilà, il me dit bon bah maintenant ça y est, plus le droit de boire, plus le droit de fumer, j'avais 23 ans, j'étais là oui mais non, autant j'ai plus qu'à me jeter quoi, parce que là c'était vraiment le médecin qui est là, bon bah on a trouvé, c'est bon maintenant on va vous soigner. Alors c'est drôle parce que à la fois on y croit, à la fois on n'y croit pas. On sait qu'il y a quelque chose de grave et à la fois on s'en fiche parce que le plus important c'est ça y est, enfin on met un mot sur ce que j'ai. Parce que finalement avant de rentrer à l'hôpital j'allais relativement bien en fait. Et puis dès lors qu'à partir du moment où t'es balayée de service en service, de chercher tout ce que tu as etc. Finalement, ton moral et le corps suivent en fait, en se disant quelque chose qui va pas. Et le plus dingue, c'est que lorsque le Dr Blas m'a annoncé mon cancer, que ça faisait plus d'un an et demi que j'étais malade. C'était un peu un gros coup de massue. Mais le plus dingue, c'est que dès lors que j'ai commencé mes premières chimios, je me sentais vive, je me sentais revivre. J'ai tellement peu de souvenirs des mois, je mélange beaucoup de choses avec la morphine, etc. Avec la souffrance que la chimio finalement... Quand je voyais mes cheveux repousser, les médecins ne comprenaient pas pourquoi. C'est pas normal, ça va retomber. Non, finalement non, parce que le corps se défend, il se bat. Oui, j'ai pris une décision sans vraiment que ce soit une décision, dans le sens où c'était pour moi normal. C'est-à-dire que je me suis dit, écoute Marine, si tu dois mourir, très bien. Finalement, la mort à 23 ans, je la connaissais déjà, puisque j'ai perdu mon grand-père. Deux jours après, j'ai perdu ma grand-mère. Et un an après, j'ai mon père qui est mort. mais c'est accepte le ça je l'avais relativement accepté mais je sais pas comment expliquer ça en fait c'est que je me suis mais je me posais pas de question en fait je fonçais je je fonçais j'avais ma famille j'avais mes amis qui étaient là c'était le plus important je comptais sur eux et puis mon mot d'ordre c'était profite profite tant que tu peux profite à fond de la vie Moi j'ai un souvenir justement j'étais en soirée et j'ai discuté avec des infirmières qui avaient un de leurs copains qui étaient là Et puis je disais que j'avais un cancer, stade 4, et que j'avais une perruque, chimio, et il ne me croyait pas, et du coup il a arraché ma perruque. Donc les gens étaient choqués, et moi en fait au contraire je l'ai remercié. Bon, sur le moment, honnêtement il me l'a refait, ce sera un pain dans la tronche, mais non parce que, encore une fois, on me l'a dit plusieurs fois en disant « Ah mais c'est pas écrit sur ta tête, ça se voit pas » . J'étais « Bah oui mais c'est un peu normal en même temps, c'est pas écrit sur ma tête, cancéreuse, 23 ans en fait » . avec telle maladie, etc. À la fois, ça m'a fait du bien, parce que oui, je suis malade, mais avant d'être malade, je suis quand même une personne. Et c'est vrai que souvent, dans la maladie, on oublie ça. À la fois, c'est rassurant aussi en tant que malade, mais c'est surtout après. Quand il y a la rémission avant la guérison, les médecins disent « on est là, on est là, les infirmières sont là, les infirmiers sont là » . Mais en fait, non, ils ne sont plus là. Tant mieux, finalement, parce que c'est le cycle de la vie. C'est tant mieux. Mais c'est ça le plus dur je trouve, on tombe de je ne sais pas combien d'étages quoi. Parce qu'être rassurée tout le temps, avoir ses familles, ses amis qui sont tout le temps là, qui viennent vous voir, il y a des chimios, il y a les médecins, et puis en fait du jour à demain il n'y a plus rien quoi. C'est là le plus dur je trouve, c'est la réalité. J'ai mis du temps, tout à fait à l'accepter, et ça a duré 8 mois. Ma première chimo c'était en avril, début avril, et ça s'est terminé fin septembre. Puis en novembre je suis partie en novembre, enfin... Je suis partie à l'étranger et du coup en début octobre ils m'ont annoncé que j'étais en rémission. Je suis partie trois mois voir ma famille en Nouvelle-Calédonie. J'avais besoin de souffler et je pense aussi une fuite bien évidemment, une fuite de tout ça. De se dire que ce n'était pas réel. Tout ce qu'il y a eu s'est passé tellement vite et à la fois il y a eu tellement de choses qui se sont passées. Mais encore aujourd'hui je me dis que ce n'est pas possible. C'est comme s'il y avait une autre vie, une autre marine. Pareil, encore une fois, il y a une marine avant 23 ans, il y a une marine après 23 ans, puis il y a une autre marine encore aujourd'hui. Donc c'est... Ça s'appelle les étapes de la vie encore une fois, mais on grandit. Je reviens en France, ça a été très dur. Ma cousine s'est suicidée quelques mois après. Donc bim, rebelote. Et puis après, je ne savais pas trop ce que je voulais faire, parce que finalement, forcément le métier d'obtuse de l'air, il fallait bien que je le termine, puisque j'avais ma théorie mais pas ma pratique. Puis comme j'avais un compagnon de vie, bon ça n'a pas duré longtemps, forcément, puisque le cancer et la mort sont très vite liés. J'étais plus dans la même optique, c'est-à-dire que moi avant, pourquoi obtuse de l'air ? C'est parce que c'était vivre. c'était... Voyager, ne pas rentrer chez soi le soir, c'était un métier auquel c'était vraiment une liberté. En fait, tu partais le matin de Paris ou de Nantes ou je ne sais où, tu arrivais dans un autre pays, puis après pareil, tu prenais un hub. Tu repartais, tu voyageais, à la fois il y a une espèce d'inconscience finalement de la vie. Ouais, d'insouciance, d'inconscience. Tu vis en même temps, t'es jeune, t'as même pas 25 ans, c'est normal. N'importe quel jeune doit vivre et doit avoir cette mentalité, cette insouciance-là, que moi je n'avais plus. Et ouais, c'est dur aussi de... De grandir encore une fois. J'avais déjà grandi très vite quand j'avais 16 ans. Là, rebelote, je grandis encore trop vite. Voilà, c'est comme ça. J'ai toujours une petite part d'insouciance, mais elle est infime. C'est pour ça que j'ai toujours besoin de rire, de joie, même s'il y a des peines, comme dans chacun de nous, chaque individu. Mais j'ai toujours besoin quand même de relativiser. Ça c'est mon mot d'ordre, c'est relativiser. Ça peut être chiant parfois, mais voilà, il y a toujours des merdes dans la vie, mais il faut toujours relativiser. Et puis apprendre de ces merdes, apprendre de ces erreurs, et de dire c'est pas grave, on va avancer, on va continuer. Et après ça, après cette expérience, c'était tout l'inverse. J'avais envie de rentrer tous les jours chez moi. Mais bon, je me suis dit, Marine, t'as commencé quelque chose, faut que tu la finisses. Et donc j'ai entamé ma pratique deux ans après et je l'ai obtenue du premier coup. Donc j'ai quand même fait les Open Days histoire de me donner bonne conscience. Les Open Days c'est concernant les compagnies aériennes. Ça m'a vite gonflée, mais je l'ai fait par principe. Et puis après j'ai travaillé dans l'immobilier pendant plusieurs années et jusqu'au burn-out. puis après Ça m'a aussi permis de me rendre compte que j'avais un autre problème de santé, une maladie chronique qui s'appelle la polyarthrite. Encore la vie, dans le sens où ça fait trois ans que je suis en guérison totale, puis ça fait deux ans et demi qu'on m'annonce que j'ai une maladie chronique. Donc pareil, je ne sais pas comment expliquer ça, c'est encore la vie qui te remet encore des bateaux dans la roue. Pareil, j'ai mis du temps à l'accepter. Là, maintenant, ça va, mais dur. Alors, la polyarthrite, c'est une inflammation des articulations, c'est-à-dire que là, tu as l'articulation, tu as, admettons, le coude, où tu as en fait tout ce qu'on appelle le liquide synovial, on va appeler ça du W40, pour permettre de lustrer les articulations, pour ne pas que ça rouille, en fait, parce que forcément, à partir d'un certain âge, on a ce qu'on appelle de l'arthrite. ou de l'arthrose, où là c'est un problème au niveau des articulations, ça craque. Et bien moi c'est l'inflammation, c'est-à-dire que ça gonfle, ça gonfle, ça gonfle, et donc ça fait très mal. C'est ma meilleure amie, c'est mon pilier, c'est pas mon pilier, mais c'est ma meilleure amie, c'est un vrai pot de colle, c'est une ombre. Mais c'est une garce parce qu'en fait, à un côté elle peut aller à... Elle va sur la cheville droite et puis après elle va dire, oh bah non tiens je vais au niveau du genou droit, puis après ça va être l'épaule gauche, la main, le doigt, puis première je faisais des gardes d'enfants. Et puis je me rappelle le papa de Juju, Julien, qui est professeur en algologie, et je lui dis bon Julien j'ai un petit problème avec mon doigt là, donc bien évidemment c'est le doigt d'honneur, qui avait un peu gonflé, donc je lui ai dit bah au fait... Regardez, j'ai un petit problème avec mon doigt. Ah bah en effet, parce que mon doigt avait quand même doublé, voire triplé de volume. Puis il a envoyé un mail à un de ses amis, qui est chef de service en rhumato. Et puis j'ai eu la chance de le rencontrer quelques jours après. Du coup, il fallait que je retourne le voir en crise. C'est pas évident parce que c'est très vicieux comme maladie. Parce qu'on ne sait pas quand elle arrive, on ne sait pas quand elle repart. Et puis on ne sait pas où elle va venir en fait. Là en ce moment, j'ai eu des petites crises. Mais ça va être aussi au niveau de mon mood, c'est-à-dire là, j'ai repris des études en pharmacie, j'avais besoin de réponses aussi à mes questions. Finalement, je me dis, un médecin, après 15 ans d'études, il n'a toujours pas des réponses. Je me dis, deux ans, je ne vais pas non plus servir à grand-chose. Je me dis, moi, rien, lâche l'affaire. Puis j'ai écouté mon corps, dans le sens où j'ai quand même réussi à faire trois crises de polyarthrite en espace de deux semaines. Et malheureusement, moi, aujourd'hui, je n'ai pas de médicaments qui puissent stopper. et arrêter la douleur. Mais normalement, c'est prévu que je fasse des injections maintenant. Mais je suis encore jeune, j'ai 32 ans bientôt là. Encore une fois, dans le corps, à partir du moment où tu prends des produits... Le corps va t'en demander davantage. Donc si je peux éviter, si je peux attendre le maximum, ça m'arrangerait. En fait, on a aussi diagnostiqué que j'étais dépressive chronique de mon père. L'abandon aussi de ma famille finalement. Parce que j'ai quand même perdu trois personnes en un an. Et le plus dingue, c'est quand je revois des photos, c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est que je n'ai pas l'impression que c'était moi en fait. À la fois je sais que c'est moi, à la fois je ne sais pas comment expliquer ça, c'est que... J'arrive même pas à m'en souvenir en fait. Enfin, c'est très très bizarre. Très bizarre. Parce que ça devrait pas arriver. Et ça devrait pas arriver. Un, à la limite je veux bien, mais pas deux, pas trois, pas plus. Bon, je me suis quand même pris pas mal de casseroles dans la tronche. Mais si c'était à refaire, est-ce que je ferais la même chose ? Oui. Oui, oui, oui. Je referais la même chose. Après peut-être différemment, bien évidemment, avec des personnes moins toxiques. Mais oui, encore une fois, ça fait partie de ma vie, ça fait partie de mon expérience, ça fait partie de ma grandeur, ça fait partie de moi. En fait, à chaque fois que je veux être bien, commencer dans un nouveau métier, bam, j'ai encore des bâtons dans les roues. Donc là, je vais commencer une nouvelle formation demain, donc il y a intérêt. Moi, je dis, l'univers, soyez indulgents avec moi, laissez-moi faire, laissez-moi finir une formation de A à Z. Et puis, non, non, j'ai hâte, j'ai hâte, je suis stressée, mais j'en ai envie, quoi. J'ai envie de pouvoir enfin mordre la vie à pleines dents et de pouvoir me plonger dans un métier dans lequel je me sente épanouie, je me sente utile. Je vais commencer une formation demain, CIP, donc c'est pour être conseillère en insertion professionnelle. L'avantage c'est que c'est très ouvert, c'est tertiaire et social. Après je ne commence que demain, donc j'ai quelques petites notions, mais assez faibles. Je suis là pour accompagner les personnes dans le besoin, à l'aide au retour à la formation et pour le retour à l'emploi. Et là on est vraiment sur quelque chose d'humain, dans lequel je puisse me regarder dans un miroir, et vraiment être en contact avec les gens, et pas de faux-semblants. D'avoir vraiment quelqu'un en face et d'être à l'écoute. Après, il y aura forcément quelques petites frustrations de leur expliquer les choses, de les aider. Et puis, ils veulent, oui ou non, qu'on les aide. Eh bien, pour moi, c'était une boucle par rapport à mes expériences. L'immobilier, j'ai beaucoup aimé l'immobilier. C'est vraiment quelque chose pour moi qui était très important, puisqu'il y avait aussi l'accompagnement des personnes, l'accompagnement autant des vendeurs que des acquéreurs. On servait d'intermédiaire. Après le I qui encore une fois c'est qu'il y a bien évidemment une contrepartie, que dans beaucoup d'agents immobiliers, beaucoup de négo, l'accompagnement est finalement assez éphémère on va dire, et que la contrepartie financière est quand même plus importante que l'accompagnement avec l'humain. Et que moi si, moi j'étais plus, moi j'étais toujours plus côté humain. Puis il y avait le côté aussi pharmacie, avec l'humain, le patient. Puis encore une fois c'est les lobbies pharmaceutiques qui prennent le dessus, puis qui sont aussi en lien avec ma maladie. avec ma reconnaissance de travailleurs handicapés. Ou enfin, d'avoir bien évidemment de la pression, mais moins de chiffres, après on va en parler. Je me revois, je lui dirais que tout va bien se passer, qu'il faut qu'il fasse confiance à ses médecins, qu'ils choisissent bien sa famille. une ou moins de personnes qui l'accompagnent, qui le suivent de A à Z. Et oui, et que tout va bien se passer. Et aussi, le plus important, c'est qu'il aille voir un psychologue ou un psychiatre pendant. Parce que moi, ça avait été suivi par un psychiatre déjà avant la maladie. Puis dès lors que la maladie, j'ai eu le diagnostic, je suis retournée la voir. Et aussi, ce qui est très important, elle m'avait dit, Marine, le plus important, c'est que tu acceptes qu'il y ait des bas et que tu acceptes qu'il y ait des hauts. Parce que si tu n'acceptes pas les bas et vice versa, il faut que tu acceptes que les émotions vont se démultiplier, il faut que tu acceptes qu'il y ait des moments où ça ne va pas bien aller, que ça va aller très mal, mais c'est pour mieux remonter. Voilà ! Bah oui mon chat, mon petit coeur d'amour, mais tout va bien, maman elle va bien mon chat. Un ma chouine chouine ? Oui, c'est un compagnon énorme qui s'appelle Nala, elle a trois ans, c'est un amour et elle me donne énormément d'énergie et de d'amour, de joie, voilà. Il ne lui manque plus que la parole. Oui en effet en tant que malade c'est très important d'être suivi mais il faut pas oublier non plus que les proches ce sont des éponges et que il faut que les proches soient écoutés, soient aidés parce que parce que oui en effet le malade c'est lui qui est malade entre guillemets mais la famille porte le malade à bout de bras et que et que eux aussi ont besoin d'aide en fait, ont besoin de souffler, ont besoin d'être, il y a une reconnaissance et qu'il soit pris au sérieux en fait Je trouve que le monde du travail n'est pas en adéquation avec les maladies, avec les maladies chroniques, avec les cancers, avec les personnes, les aidants aussi. Parce que forcément, il y a des personnes qui sont alitées, des enfants, des parents qui sont malades. Et les aidants, ils sont au travail et du coup, ils ne sont pas pris au sérieux, ou ils sont écoutés, mais qu'à moitié. Et c'est ça que je trouve dommage, puisque beaucoup de choses sont mises en place, mais ce n'est pas suffisant, je trouve. Il devrait y avoir des espèces d'ateliers, de jeux de rôle, pour que vraiment les managers ou les employeurs puissent aussi se mettre à la place de leurs employés, pour qu'ils comprennent qu'on ne fait pas ça juste pour avoir un peu moins d'heures ou pour avoir des aménagements de bureaux. Ça nous arrangerait de ne pas avoir de problème de santé, qu'on n'est pas là pour les embêter. Justement, mon énergie, parfois ça m'épuise en fait. Ça m'épuise, ça m'épuise parce que... C'est pareil, je me dis que comme le puits de pétrole, je ne devrais peut-être pas le qualifier tel quel, mais à un moment donné, je pense que l'énergie va être un peu épuisable. Et oui, parce qu'à chaque fois que je me casse la gueule, j'arrive toujours à me relever, parce que je n'ai pas envie que ce soit une défaite pour moi. Et que oui, en effet, je vais tomber, mais je vais me relever, parce que pas le choix. Enfin, si, il y a le choix de ne pas se relever, mais je n'en ai pas envie. J'en ai pas envie parce que j'ai envie de continuer, j'ai envie de me battre et de me dire que c'est moi qui décide, c'est moi qui prends le dessus.

  • Speaker #0

    Cette émission ne vivrait pas sans vos voix et vos mots. Nous avons tous connu un jour un déséquilibre dans nos vies venant bouleverser notre univers professionnel. Toutes les histoires sont uniques, mais elles ont un point commun, le pouvoir d'être racontées. Elles feront sûrement écho à ceux qui les écoutent. Si vous souhaitez vous confier à notre micro et partager votre histoire, n'hésitez pas à nous écrire. L'adresse se trouve dans la bio. On vous donne rendez-vous dans un mois pour découvrir un nouveau témoignage, peut-être le vôtre. A très bientôt dans l'indiscret.

Share

Embed

You may also like