Speaker #1J'ai cette chance de connaître mon cœur par cœur, grâce au sport de haut niveau. Et donc je sais à un moment donné... à quoi correspond la fatigue, à quoi correspond les crampes, à quoi... Et quand mon corps n'est pas très bien, là ça m'inquiète. Parce que quand je n'arrive pas à cibler, à dire ce que c'est, là je me dis, c'est pas normal. Et systématiquement, tous les cancers c'était ça, c'est bizarre. Là j'ai mal là, ou là je ne peux plus manger, c'est pas normal, allô docteur. Donc j'appelle mon fameux chirurgien, celui qui m'a déjà opéré deux fois, ah, si saco, comment allez-vous ? Pour l'instant ça va mais quelque chose dans ce corps fonctionne mal. Il me dit je vous fais confiance, venez me voir. Pas raté, je vais le voir, on passe les examens, il me dit ah non. Mais vous allez m'en faire combien ? Ah ok, c'est le troisième ? D'accord. Cette fois-ci c'est où ? Cancer de l'endomètre. Endomètre au verre utérus, celui qu'avait fait ma mère. J'ai dit oh tiens, allez. Donc je me dis colon check, estomac check, endomètre au verre utérus. Vous enlevez tout, check, comme ça au moins on n'en parle plus. Alors c'était cancer de l'endomètre, l'utérus n'était pas encore touché, mais j'avais le choix. Il m'a dit est-ce que vous voulez un deuxième enfant ? Je lui ai dit non, on va s'arrêter là, si c'est pour lui transmettre un gène et une merde. Déjà le premier je ne sais pas s'il l'a, donc on va éviter pour le deuxième. et il me dit, dans ces cas, pour éviter que ça se répande, parce que si j'avais gardé les ovaires et l'utérus, j'aurais pu faire... Je dis, on va tout enlever. Hystérectomie, donc, méthode radicale, mais efficace. On me laisse des trous. Donc, il a tout enlevé. Il ne faut pas se mentir, là, c'est le plus dur. Moi, j'avais une vie amoureuse bien active aussi. Je n'étais pas vilaine à l'époque, puisque atypique, 1m90, 82 de kilo, mais pas mal foutu par le sport. Donc j'avais pas de problème. Et là, quand on se fait opérer, on vous dit, ok, alors déjà, il faut se rappeler que j'ai une partie de collant en moins, j'ai l'estomac en moins, mais ça veut dire que je grossis pas. J'avais déjà perdu mes 20 kilos de muscles. Je suis descendu de 82 kilos, je suis descendu à 52 kilos. Voilà, donc il a fallu travailler, donc du coup je suis allé en formation pour devenir éducatrice alimentaire. Par principe, je m'occupe de moi. Voilà, donc il a fallu travailler, il a fallu travailler pour ça, reprendre un petit peu de poids, et arrive cette tuile à nouveau. Et là on s'est dit, ah, ok, comment on fait ? J'étais avec quelqu'un qui a pris peur, qui est parti. Là en plus, on vous coupe la libido, médicalement. Et là on s'est dit, bon... J'avoue que même si je suis costaud quand même au niveau mental, cette période-là était super compliquée. Parce qu'on se dit, bon, on ne m'en sert plus à rien, quoi. Mais j'avais mon fils. Donc je me dis, bon, tu as anticipé les choses. Écoute, tu ne l'as pas raté. Tu en as eu un. Il est beau. On va se concentrer là-dessus. Et puis le reste, voilà. Mais j'avoue que j'ai eu quand même six mois à encaisser le fait que j'avais l'impression de ne plus être femme. D'abord d'être un objet de laboratoire, parce qu'à force je commençais à intriguer les médecins. Aujourd'hui j'en ai eu 28 spécialistes quand même. Donc à l'époque, à un moment donné, on passe de médecin, de spécialiste à spécialiste, il faut raconter son histoire, il faut refaire le dossier. Et à un moment donné, on devient, je me dis, je suis un rat de laboratoire. Je ne suis plus une femme, je ne suis plus une joueuse, je ne suis plus... La seule chose dont j'étais certaine, c'est que j'étais maman. Donc je me suis concentré là-dessus et... Et oui, avec moi c'est jamais comme on voudrait, c'est toujours atypique. Jamais deux sans trois, bah oui, moi je fais un, deux, trois, et puis quatre. Donc la vie reprend et... La vie reprend en fait malgré toutes les galères et tous les séquelles et les problèmes engendrés par les trois cancers précédents, ça va en fait. Ça va parce que à chaque fois je peux reprendre mon boulot. Je vois mon fils qui évolue bien et qui progresse et en plus il est doux à l'école et il est doux au basket et je suis bien entouré. Un peu trop déjà parce que parce que parfois c'est étouffant, puisque de... De la grande basketteuse, de la grande soeur, je deviens le petit bébé, la petite chose de tout le monde. Avec mon tempérament, c'est plein d'amour, mais en fait c'est étouffant. Donc j'ai tendance à faire un petit peu le vide et à demander aux gens de ne pas changer leur habitude, de ne pas me regarder avec un regard, de me laisser faire les choses. C'est-à-dire que quand je rentre des courses, on veut prendre mes paquets. Je dis non, j'ai deux bras. Donc il y a une période où mon tempérament s'est bien exprimé, mais pour faire comprendre aux gens que, OK. D'accord, je viens de combattre trois cancers, mais je ne suis pas encore morte. Donc il va falloir que vous, d'abord, que vous puissiez vous habituer à ça. Je ne suis plus aussi forte et aussi sportive qu'avant, mais je peux faire des choses. Et surtout, arrêter de me regarder comme une petite chose, parce que ça, ça m'énerve, en fait. Donc après, je suis adapté. Je n'ai pas trop le choix, en même temps. Je sais me faire comprendre quand je veux. Et puis arrive 2020. 2020. 2020 qui arrive après une vraie galère. En 2015, en fait, de tout ce parcours avec tous ces cancers, j'ai créé une association parce que j'ai essayé beaucoup de choses. D'abord individuellement pour guérir, pour m'en sortir, c'est-à-dire que je suis devenu éducatrice thérapeutique pour apprendre à connaître. Qu'est-ce qu'un cancer ? Comment on fait psychologiquement ? J'avais besoin de tout comprendre, de tout connaître. Je suis parti à Lille pour faire éducatrice alimentaire, nutrition. Parce que justement, comme je n'avais plus d'estomac, j'avais besoin de comprendre le corps a besoin de quoi en fait pour vivre. Et je voulais trouver ça dans quel aliment. Donc il n'y a pas plusieurs solutions. Tu repars à l'école. Donc je suis devenu éducatrice alimentaire. La partie sportive, comme je suis coach et entraîneur depuis mes 16 ans et demi, que j'ai tous mes diplômes, je me suis dit bon ok. Il y a cette partie où tu as le sport classique, mais on va aller chercher plus loin. Donc je suis allé voir le sport adapté. J'ai intermené déjà pour les personnes, les enfants en situation de handicap. Je me suis dit, après tout, c'est comme avoir un handicap, c'est un handicap. Donc il faut faire avec et vivre. Et donc avec les amis de la faculté de Poitiers, on a créé un déus pour les cancers. Et donc je me suis formé aussi de tout ce qui est activité possible pour les différents types de cancers. Donc ça c'est check, check. Et puis à un moment donné, je suis quelqu'un qui tient les rênes tout le temps, je suis quelqu'un qui coache les autres. Et je me suis dit, bon ok, toi t'es par terre, mais il faut quand même qu'à un moment donné tu te laisses coacher. Qui va t'aider ? Donc j'avais rencontré une psychologue qui m'a dit, je peux rien faire pour vous, vous le faites très bien. Ah, d'accord. Et je lui ai parlé de mon fils, j'ai dit par contre mon fils, je sens qu'il a besoin. Et c'est pas moi, moi la malade, même si je suis sa maman. Je pense qu'il a besoin de parler à quelqu'un. Donc j'ai fait pour mon fils et elle a accompagné mon fils. Et elle m'avait conseillé de voir si la réflexologie me faisait du bien. Parce qu'elle est des douleurs du corps. Il y a des jours on se lève bien, il y a des jours... Voilà. Moi j'aime pas qu'on me touche. Donc j'ai dit la réflexologie, les pieds et tout, c'est pas pour moi. Par contre je me suis dit, tiens, il y a peut-être la sophrologie. Ce qui peut être intéressant, c'est que comme je suis une hyperactive, je me dis bon... Et puis il y a quelque chose qui m'intéressait, j'aime pas les médicaments, je suis anti-médicaments. Donc je me suis dit, mais quand t'as mal, la glace, le froid ça aide, mais parfois c'est pas suffisant. Surtout après la chimio, la radiothérapie... la curie-thérapie et tout-y-quanti. Et donc j'ai mon ami anesthésiste, médecin, qui est devenu mon ami du coup, dans le corps médical des 28, qui fait de l'hypnose et qui m'a dit « Tiens, j'ai un ami infirmier, il va te former. » Et donc j'ai été formé à l'auto-hypnose. C'est-à-dire que quand la douleur est trop grande, puisque je ne prends pas de médicaments, je ne peux pas en prendre, parce que ça ne sert à rien, ça m'abîme plus le corps. J'avais cette conscience depuis toute jeune, je ne sais pas pourquoi, Faut pas me donner pourquoi. J'ai jamais aimé les médicaments. Elle m'a dit, écoute, essaie sur l'auto-hypnose qui va te permettre de gérer tes douleurs. Donc voilà, l'auto-hypnose, on m'a formé, ça ne fonctionne que quand j'ai mal. C'est-à-dire que je ne peux pas m'en servir, c'est juste quand la douleur est trop importante, là je déclenche. Voilà, donc je me suis dit, si tout ça fonctionne sur moi, il faut que je partage, ça peut aider d'autres. Donc j'ai créé cette association qui s'appelle L'Asso Tulipa, et qui avait pour objectif d'aider les autres. et qui avait aussi ce besoin de partager, de parler, d'être avec des personnes qui vivent la même chose ou qui ont vécu la même chose. Parce que je pense qu'à un moment donné, il y a une transmission, il y a quelque chose qui peut se passer. Et pour les personnes qui sont dans le dur, être avec des personnes qui s'en sont sorties, c'est transmettre l'espoir. Et donc j'avais créé des ateliers où je faisais venir des esthéticiennes, des masseuses, etc. par petits groupes. Et du coup, c'est des ateliers que j'appelle d'accompagnement. Ce qui était intéressant, ce n'était pas tellement pendant le traitement, parce qu'en fait pendant le traitement, on est pris en charge, il n'y a pas à réfléchir, l'ambulance vient, c'est juste après. Une fois qu'on a fait le traitement, on vous dit ok. C'est bon, vous pouvez y aller. Pendant neuf mois, on était en stand-by, on fait comment maintenant ? Et c'est là que je pensais qu'on avait plus besoin d'aide, et d'espoir, et de motivation pour reprendre sa vie en main. Et donc l'association, c'était ça. C'était créer des ateliers, regroupements, ça pouvait être juste aussi un cours de cuisine, juste pour permettre des échanges. Et là-dessus, j'ai rajouté la partie, puisque j'étais en train de le vivre, le retour au travail. Donc moi j'avais cette chance d'avoir ma responsable qui m'accompagnait, mais j'avais une amie à côté, elle, elle travaillait, je lui donne le nom puisqu'elle est à la retraite maintenant, elle travaillait à Auchan, et elle a vécu des misères pour son retour. Et donc je lui ai dit, ah avec ces deux cas, on va faire un atelier, on va commencer à lancer un atelier pour... Donc c'est de la veille juridique, c'est savoir... Moi je suis dans le public, donc ça tombait bien, c'était une situation publique, elle est dans le privé, donc ça nous a donné des cas d'études pour pouvoir aider d'autres. Et de là, j'ai demandé à la collectivité à faire une reconversion. Donc, assistance de direction générale, c'était bien. Je travaillais avec mes élus, c'était le speed, c'était le stress. Ça m'allait très bien, parce qu'il y avait plein de sujets, donc ça nourrissait mon côté hyperactif. Sauf qu'une fois que la maladie est arrivée, une fois, deux fois, trois, tu te dis bon, ok. Et là, on réfléchit. Et là, je me suis rendu compte que je courais après, je ne sais pas quoi d'ailleurs. Qu'il fallait juste combler un vide. Et quand on se pose, en fait, et là, j'ai compris que mon lien dans tout ce que j'ai fait à chaque fois, c'était... L'humain, que ce soit à 18 ans quand j'étais animatrice, ou que ce soit éducatrice sportive, ou que ce soit basketteuse professionnelle, ou assistante, ce qui m'intéressait c'est la partie rapport aux autres, et la santé. Et donc je me suis dit, bon, maintenant tu vas devenir chargé de prévention santé. C'est-à-dire être référent dans une organisation pour accompagner, conseiller, etc. C'est ce que normalement je suis censé être. Alors aujourd'hui, mais c'est très compliqué, c'est très compliqué puisque derrière je fais quand même un cinquième cancer, il n'y a pas longtemps. Alors le cancer de 2020, il était hard parce que c'était le reste du colon, puisqu'il y avait le colon sigmoïda qui était parti, il y avait le droit à être en verse. Là, ils ont tout enlevé. Et pour compliquer la chose, c'est que... Ils m'ont opéré le 27-26 janvier et le 3 ils m'ont réopéré puisque je venais de faire une péritonite et une occlusion. Et donc dans le lot, ils ont enlevé une partie de l'intestin grêle et je me suis retrouvé avec une alimentation parentérale et une ileostomie, une poche. A vie ! Mais bon, on s'en sort, on continue, on reprend. J'avais déjà des process en place, donc j'ai refait la même chose, ce que j'avais fait pour le cancer de l'estomac, ce que j'avais fait pour l'endomètre. J'ai refait mes... voilà, j'ai rappelé mes amis, la même chose, le même protocole, step by step, voilà. Et puis arrive 2022, mars 2022. Je sais pas pourquoi. En décembre, le 8 décembre, je me lève, je me dis, Oula ! Sale journée là ! Ce corps il y a un problème, mais comme ça ! Parce que le matin normalement je me lève, je suis à 48, j'ai un super gros coeur qui reste le coeur sportif, et là je me lève j'entends et j'ai juste l'impression que ma tête est tendre, je me dis, oh là ça va pas, qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai pas couru, j'ai même pas mangé, je viens juste de me lever. Donc j'appelle, allô docteur ? Il me dit, ok, faut venir. Il me dit, oui c'est bizarre. Les prises de sang, il y a quelque chose. Il y a un pic d'albumine, qu'est-ce qui se passe ? Bon, rien d'alérant sur le scan pour l'instant, on va attendre. Mais la semaine d'après, je fais un ictère, c'est-à-dire une jaunisse. En fait, c'était déjà là, mais on ne le voyait pas encore. Le carcinome est allé se planter à l'intersection du pancréas et du foie. Et donc forcément, je n'éliminais plus la bile. Donc je suis hospitalisé en urgence, opéré en urgence au mois de janvier pour qu'on me mette un drain externe. Et on continue en même temps à faire les examens plus poussés. Et on me dit « Ah, dommage, c'est un cancer du pancréas » . Alors celui-là, quand on entend ça, c'est pas très joli. Celui-là, il fait peur. Parce que généralement, il est foudroyant. Je me dis « Oulà ! » 2022, mauvaise année, c'est peut-être celui-là qui va m'emporter. Mais je dis ça à voix haute, pour rigoler. Mon fils me dit « Ma maman, n'importe quoi, toi c'est pas possible, rien ne te fera crever. » Je dis « Hum, tu sais. » Et donc, on fait les examens, je reviens à la maison, l'infirmier passe presque deux fois par jour le matin pour le drain, le soir pour voir si tout va bien, pour l'alimentation parentérale, la totale.
Speaker #1à un moment donné, ils me disent que c'est un ampoule homme. cancer de la tête du pancréas. Donc je rencontre le grand professeur qui me dresse un tableau catastrophique, réaliste mais catastrophique. Ce que j'avais normalement vu les antécédents, vu qu'il y a déjà comme du tricot, il n'y a plus d'estomac, il y a une couture par-ci, il y a une fistule, des noeuds, il me dit je suis spécialiste mais je vous garantis pas que quand je vais ouvrir que ce soit... Je dis faites au mieux. Elle me dit quand je vais finir, l'opération va durer 10 heures, vous risquez d'être en réanimation pendant un mois, deux mois, un peu comme cancer de l'estomac, d'accord, et puis après on va vous garder à peu près trois mois, peut-être plus à l'hôpital. Et là je me dis ok, il faut que tu préviennes tout le monde, Noah, voilà. Puis en fait il m'opère, trois jours après je suis dans ma chambre en train de regarder un film. Et je vois tous les médecins et les internes qui viennent me voir. Alors là, c'est pour eux, je suis un ovni. Ils viennent constater d'eux-mêmes pas de réanimation, pas de tout ce qu'il avait dit. Et lui, il vient me dire, il me dit, j'arrête avec vous. Vous êtes incroyable, j'arrête, je prends ma retraite sur un dossier aussi formidable. Et il a pris sa retraite avec moi. Il n'en revenait pas et personne n'est capable de dire pourquoi. Moi, j'ai dit, merci l'univers. L'opération a duré moins de 10 heures, l'opération a duré 3 heures. 3 heures au lieu de 10, pas de réanimation, 3 jours après dans ma chambre. Donc je suis opéré le 20 mars 2022, et je sors le 1er mai. Je rentre chez moi. Je leur ai dit, ciao ! Hospitalisation à domicile. Hospitalisation à domicile, donc c'est le suivi. Donc voilà. Et depuis, tout va bien parce que je gère. Le seul truc qui m'énervait, c'est d'être tributaire de l'agenda des infirmiers. Ça, j'ai réglé le problème. Je me suis fait hospitaliser à l'hôpital trois jours pour être formé. Je suis ma propre infirmière. Je me branche, je me débranche. Et comme ça, j'ai ma liberté, en fait. Et si j'ai un souci, j'ai les numéros de téléphone. Donc ils ne me lâchent pas parce que j'ai quand même les contrôles tous les trois mois, avec l'oncologue. Ça, ce sera à vie. Moi, je suis très cartésienne à la base. Et puis le sport, c'est, voilà, on travaille pour un résultat. Il y a un objectif, il faut... J'ai, avec l'expérience avec la maladie, j'ai enfin compris qu'il y a des choses qu'on ne maîtrise pas. Je suis quelqu'un qui tient les rênes. Et qu'à un moment donné, ce qu'on ne maîtrise pas, c'est... Il faut laisser faire. Il faut accepter les choses. Il ne faut pas aller contre. Parce qu'aller contre, c'est se faire du mal. il faut accepter les choses. Une fois qu'on les a acceptées, on les intègre en soi. Et moi dans mes combats, quand je dis mais parce qu'il y en a plusieurs contre le cancer, il y a un cheminement qui se fait. Moi j'étais une hyperactive mais parce que l'activité, je me suis rendu compte que l'activité me permettait à moi de combler des vides. C'est un travail en fait de développement personnel, c'est un travail sur soi. De toutes les expériences, à force de réfléchir, Sur pourquoi c'est arrivé, pourquoi moi, et pourquoi encore et encore et encore, il se trouve qu'à un moment donné, je me suis dit, un, il y avait des vides à combler, donc l'activité, voir plein de monde, c'était pour éviter de se... poser et regarder à l'intérieur faire de l'introspection et moi en faisant l'introspection je me suis rendu compte que ces différents cancers et notamment ce syndrome de lynch c'est toujours dans la même zone et cette zone là généralement on dit que c'est la zone du rapport aux parents notamment rapport à la mère et moi c'est vraiment ça c'est à dire que je suis un enfant rejeté par mes parents abandonnés par mon géniteur qui dès là j'étais dans le ventre de ma mère quand il tapait dans son ventre ce bébé vengeance comme il appelle Rejetée par ma mère parce que je lui rappelais justement mon géniteur. Donc elle est partie avec une autre personne et elle m'a laissé à ma grand-mère. Donc en fait, mon enfant, c'est ma grand-mère qui m'a élevé. Donc je pense que quand elle m'a rappelé après à Paris, elle nous a fait venir à Paris, je dis toujours en fait qu'elle nous a fait venir pour les allocations parce que là c'est vraiment le côté méchant de ma part. Mais qui reflète aussi ce que moi en tant qu'enfant j'ai vécu. C'est-à-dire que quand on retrouve sa mère qui vous a abandonné, retrouve sa mère sur les huit ans on s'attend pas à ça et j'ai retrouvé ma mère avec un beau père qui me disait tout le temps t'es pas ici chez toi t'es pas ma fille etc donc en fait à un moment donné l'hyperactivité j'ai toujours cherché chez les autres en dehors de la maison ce que je n'avais pas et dans le cheminement avec le cancer pourquoi 1 2 3 4 5 à un moment donné je me dis 1 ça peut arriver 2 ça peut arriver sauf que je suis persuadé qu'ils sont arrivés avec des chocs psychologiques Parce que tant que j'étais professionnel, dans mon rythme de dingue, tant que j'étais à tenir mon corps, à le travailler, je n'avais aucun souci de santé. Jamais. Parce que je pense que le sport, et notamment le mental, verrouillait. Quand j'ai décidé d'arrêter et que j'ai mis mon fils au monde, je suis allé à l'enterrement, j'ai perdu mon frère aîné, derrière je fais un cancer. Je perds mon deuxième frère, derrière je fais un cancer. Je trouve ça quand même compliqué. 2013, choc, avec le père de mon fils, je le fous au tribunal, ça se passe très bien. Derrière, je suis en cancer. Chaque fois, en fait, que je ne maîtrise pas ma vie, chaque fois qu'il y a une interférence des autres, négativement, ça déclenche les moi. Et donc j'ai appris, en fait, que tout le monde pense que je suis très très forte. En fait, je suis très fort de l'extérieur, mais je garde tout. Et le mal, on se fait du mal soi-même. Donc de cette expérience-là, je me dis... J'ai toujours essayé de faire du bien, parce que c'est par nature, partager avec les autres, collaborer, parce que je suis comme ça en fait, j'aime bien être avec les autres. Mais à chaque fois, je prends, je prends, je prends, et ça se transforme, et en fait je me fais du mal. Et donc je me suis dit, mais en même temps, si je suis toujours là, si j'ai survécu au fait que mon géniteur tapait dans le ventre de ma mère, si j'ai survécu, il fallait dire à l'autre connard, mais je peux le dire parce que ça me fait du bien, de beau-père, C'est que quelque part, je suis persuadé que j'ai une protection. Alors, ça m'aide moi à avancer, c'est peut-être pas vrai, nul ne peut le dire, moi je vais y croire. Je me dis, soit c'est ma grand-mère là-haut qui me protège, soit c'est une force suprême qui me protège et qui me permet d'être encore là. Parce que, un, j'essaie de faire du bien autour de moi, je ne veux de mal à personne, je n'ai fait de mal à personne, j'ai partagé ce que j'avais. Et je me dis peut-être parce que j'ai une mission. Alors il y a cette partie ma grand-mère, il y a cette partie mission. Et comme j'ai une éducation protestante de base, avec le cathé que j'ai fui en disant aux pasteurs qu'ils disaient des conneries à force. Mais il y a des restes quand même. Il y a des restes spirituels, il y a des restes... Et je me dis, Marie, tant que je fais du bien, le juste retour c'est que je suis encore là. Et que ce que j'appelle la mère nature, c'est la force suprême qui me protège. Parce que franchement, je n'ai pas d'autre explication. Pourquoi j'ai survécu à ces cinq cancers ? Je m'accroche à cette idée-là, parce que franchement, je ne peux pas trouver une autre raison. Souvent, il y a un sentiment de culpabilité. C'est injuste. On n'a pas besoin de se flageller. Je crois qu'avoir déjà cette maladie, c'est déjà un coup dur. Et par réflexe, on dit toujours, pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? En fait, à un moment donné, il faut arrêter de se poser ce genre de questions. Moi, je leur dis, essayez de prendre ça comme une donnée. Prenez comme une donnée et à partir de là, regardez devant. Parce que c'est comme quelqu'un qui est toujours en train de penser au passé. Et si j'avais, et si je pouvais, et si... En fait, il n'avance jamais. Et bien, c'est le même principe. Moi, je ne peux pas modifier mon corps. Je ne peux pas revenir en arrière. Donc une fois qu'on a compris ça, on se dit bon ok, c'est là, j'ai rien choisi, c'est là, je fais quoi de ça ? Mais pour ça il faut avoir un petit instinct. Il faut avoir beaucoup d'amour pour soi-même. Donc je pense que la première partie déjà, c'est commencer à travailler sur soi. Quand on est « pourquoi moi ? » on est en train de se flasher. Moi je les aide, la première chose, à prendre conscience de leur force. Vous êtes dans un moment où vous êtes en train de combattre, vous n'êtes pas encore parti. Si vous êtes en train de combattre, c'est que vous pouvez le faire, sinon vous serez déjà... Il y en a qui sont partis. J'avais une dame, ça me fait penser, j'avais une dame cancer du sein. Je lui dis « Regardez, vous en avez à votre deuxième. Le premier, vous l'avez battu. Eh bien, vous avez déjà en mémoire. Gardez quelque chose. Repartez de là et combattez le deuxième. » Sa sœur a eu un cancer. Sa sœur est décédée entre les deux. Et je lui dis à chaque fois « Vous voyez ? » Donc, il ne faut pas rester… Il faut prendre comme une donnée et regarder le jour d'après. Moi, le mouvement, c'est la vie. L'hyperactivité fait que j'ai du mal à me reposer. Mais j'ai appris à me reposer. J'ai appris à me dire « Ok. » je ne prends pas de médicaments, aujourd'hui le corps est fatigué, je ne peux rien faire, je rame, et je vais me poser, je vais mettre de la musique, je vais prendre un livre, je vais attendre, je vais laisser le temps au corps de... Mais on l'apprend comment ? Moi je l'ai appris par la sophro, parce que le taux d'acte, il faut le descendre. Il faut se mettre à la méditation, à la sophro, en fait il faut beaucoup s'occuper de soi. On a une tendance à culpabiliser en disant j'ai ça à faire, quand on est marié il ne m'aimera plus, il ne me verra plus de la même façon, quand on a les enfants je ne peux plus assurer, les wonder women et les wonder men, on va se calmer. À un moment donné il faut se dire que la priorité c'est soi. Pour pouvoir donner aux autres, il faut d'abord s'occuper de soi. Et c'est le même principe pour un manager. Un manager qui n'est pas bien, il ne peut pas manager correctement ses agents. Donc un manager qui est en stress, sur stress, il va falloir qu'il apprenne à gérer son stress pour pouvoir être à disposition de ses agents. Un membre d'une famille atteinte de cancer en peine, il faut qu'il consacre du temps d'abord, avant de donner aux autres. Mais ça ne peut se faire que si on prend le temps d'expliquer aux autres, de partager avec les autres. Il faut expliquer comment on se sent, expliquer à la famille. Souvent les gens ils sont dans le déni, ils pensent qu'ils vont s'en sortir tout seuls. Il faut accepter la main tendue, vraiment. Sur Facebook, quand on cherche Isako Boulangar, j'ai mis « Elle est pas belle la vie ? » Oh oui ! En dessous, il y a « Chaque jour qui passe, dis merci » . Parce que c'est pratiquer la gratitude. C'est se dire « Ah ! » J'ai pu faire avant, je le fais aujourd'hui et je suis encore là. Donc demain, je serai là. Et la dernière chose que je dirais aux gens, c'est qu'il faut croire en soi et surtout croire à l'impossible. Ça c'est très fort chez moi, moi je crois à l'impossible. Alors c'est peut-être mon côté kamikaze, moi je crois que tout est possible. Mon fils est un peu comme ça. Quand il m'a fait Tarzan à l'âge de 8 ans d'un arbre à un arbre, il a vu le dessin animé, il a dit moi aussi je veux faire Tarzan. Bon, il s'est scratché un peu le coude, une opération, on l'a réparé et puis il continue de faire Tarzan. Mais il faut à un moment donné croire à l'impossible. Croire à l'impossible c'est aussi sortir de sa zone de confort, c'est prendre des risques, oser. Voilà, alors oser ! C'est tout ce que j'ai envie de dire aux gens, osez ! Si vous osez, les portes s'ouvrent, et vous verrez, vous déciderez à ce moment-là. Je ne peux pas tout prévoir à ma vie. Osez, et vous verrez.