Speaker #2Je m'appelle Céline, j'ai 44 ans, je suis originaire de Nantes et j'ai un enfant. qui va avoir 11 ans, qui rentre au collège cette année, un conjoint, deux Ausha et une maison avec un jardin, ce qui est très important pour moi, parce que j'adore jardiner, j'adore les plantes. Je suis également très curieuse de beaucoup de choses. Je suis perçue comme quelqu'un de très spontané, de très dynamique, également de plutôt libre et indépendante, autonome, beaucoup. J'aime beaucoup aider les gens dans le monde du travail, dans le service. Je suis très engagée aussi et parfois je suis un peu stressée par la vie, par la santé et parfois un petit peu stressante vis-à-vis de mon entourage. Je travaille dans le marketing depuis 20 ans, 15 ans en région parisienne et 5 ans sur Nantes. J'ai toujours travaillé dans le marketing produit, c'est-à-dire développer des produits pour... L'univers du bâtiment, je suis arrivée là-dedans par hasard et puis ça m'a plu. Et donc j'ai à travailler avec des Français, des gens à l'étranger et tous les services de l'entreprise. Et ce qui est intéressant c'est que c'est un quotidien très varié avec des tâches qui changent tous les jours. J'ai toujours été hyper engagée à aller au fond des choses, à aller au bout des projets et à ne pas compter mes heures. Ce qui me plaît beaucoup dans mon travail. C'est d'accompagner les jeunes, les stagiaires, les alternants. Il faut leur faciliter la tâche quand ils arrivent et leur permettre d'apprendre beaucoup plus vite l'univers de l'entreprise et comment se comporter et travailler pour que ça soit plus simple pour eux. Je ne peux pas considérer d'aller au travail sans rigoler dans la journée. On peut travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. Si je passe une journée sans parler ou sans m'amuser en travaillant, c'est une journée qui n'est pas très réussie. Il faut savoir que depuis que je suis née, j'ai des problèmes de santé qui ne se voient pas. Toute mon histoire de santé et de vie a aujourd'hui eu des répercussions finalement sur la façon dont j'ai géré mon burn-out. Je suis née avec des malformations cardiaques. J'ai été opérée plusieurs fois à la naissance, à la naissance entre 6 mois et 2 ans. Et en fait, dès le début, il n'était pas sûr que je survivre. Et en fait, tout au long de ma vie, depuis mes 44 ans, je dois suivre mon cœur parce que j'ai eu plusieurs interventions. Il y a des périodes dans ma vie où ça s'est aggravé. J'ai eu un pacemaker à 17 ans, donc ça fait trois fois que je le change. Et je continuerai à le changer tous les 10 ans. Je prends des médicaments pour le cœur parce que sans ça, je ne peux pas vivre. Et il y a quelques années, il y a 10 ans, quand j'avais 35 ans ou 34 ans, j'ai eu des problèmes de rythme très graves qui... risquer de causer une mort subite donc là à ce moment là j'ai cru que j'allais y passer et plus jamais pouvoir travailler donc j'ai été opéré maintenant ça s'est réglé mais je suis toujours suivi par le médecin et j'ai quand même une forme d'épée de la mocclès parce qu'en fait je sais pas si un jour je vais pas avoir quelque chose de plus grave que ce que je n'ai puisque pour l'instant ça va mais c'est quand même sous contrôle et en plus à cause de ça je peux pas faire de sport donc c'est c'est un peu chiant quand on est jeune ça va On peut s'en passer, mais en vieillissant, on peut grossir et c'est un peu plus compliqué quand on ne peut pas faire de footing. Mais voilà, donc il y a eu ces problèmes de cœur depuis toute ma vie. Et puis en plus, je n'ai pas eu de bol, j'ai eu un cancer de la thyroïde à mes 39 ans, donc il y a 5 ans. Pour moi, je n'avais jamais mis dans mon scope les problèmes autres que les problèmes cardiaques. Donc c'est vrai que ça a peut-être été une surprise et c'est un événement très difficile à gérer parce que la thyroïde... C'est un organe qui est vraiment clé pour une femme notamment, qui gère tout le corps, qu'on ne connaît pas avant d'avoir un souci avec. Et voilà, donc on me l'a enlevé et du coup, c'était une période très dure. Et c'est à ce moment-là que j'ai retrouvé un travail, le travail dans lequel j'étais et où j'ai fait mon burn-out. En fait, j'ai démarré en sortant tout juste de mon cancer, étant traité depuis deux mois. Ça a été... Une épreuve très difficile pour démarrer mon travail parce que j'avais pas du tout les capacités physiques et psychologiques pour démarrer puisque j'étais une espèce de loque à ce moment-là, puisque j'avais plus du tout d'hormones thyroïdiennes dans mon corps. Donc en fait c'était le flou artistique dans ma tête et une fatigue immense. Et voilà, donc c'est à peu près ça mes problèmes de santé. Je vis avec, j'ai pas trop le choix, mais c'est vrai que j'ai vécu des choses difficiles tout au long de ma vie. Et c'est aussi pour ça que j'ai certainement vécu mon burn-out d'une autre façon, ou du moins différemment des autres personnes qui ont pu en vivre aussi. Le mot burn-out, avant de le vivre, pour moi, j'en avais entendu parler, mais finalement, je ne savais pas trop ce que c'était. Et puis je ne m'y intéressais pas forcément. C'était une notion comme une autre dans l'univers du travail, rien de plus. Je n'y pensais pas en fait, tout simplement. Il s'est présenté à moi... le 21 décembre 2022, quelques jours avant mes vacances. Je n'ai pas réussi à tenir jusqu'à mes vacances. Et en fait, c'est mon conjoint qui m'a dit à un moment donné, c'est plus possible, il faut que tu t'arrêtes. Et à ce moment-là, pour moi, je ne comprenais pas pourquoi il m'aurait dit de m'arrêter. Effectivement, j'étais très, très, très en colère. J'étais odieuse avec mon conjoint et mon fils, avec mes collègues. Mais j'étais tellement à fond dans le travail à me dire, il faut que je tienne, il faut que j'aille au bout de ce que j'ai à faire. Je sentais que je n'étais pas en forme, mais je ne considérais pas que c'était catastrophique. Ayant eu mes problèmes de santé, comme je le disais tout à l'heure, quand j'étais mal, j'étais plutôt en mode angoissée, stressée. Là, je n'étais pas du tout comme ça. J'étais extrêmement fatiguée. Mais très très en colère, donc je me sentais un peu finalement solide. Je pensais que j'allais tenir et je me disais tu vas tenir, tu vas tenir. Et finalement mon conjoint quand il m'a dit ça, et que j'ai compris qu'à ce moment-là, mon fils était en train de me détester parce que finalement j'étais tellement fatiguée, tellement méchante à la maison, tellement à crier sur des bêtises, qu'il prenait la défense de son père. Et là je me suis dit, c'était comme un déclic pour moi, c'est pas possible, à l'époque il avait 8 ans, c'est pas possible que j'ai fait un enfant, et qui me détestent en fait. Donc là pour moi, je me suis dit ok, je vais accepter ce que mon conjoint m'a dit, je vais prendre le rendez-vous chez le médecin, mais en même temps je me disais mais comment je vais justifier de demander un arrêt ? Enfin pour moi c'était improbable, j'étais malhonnête d'aller réclamer un arrêt alors que je ne trouvais pas que c'était si grave. Et finalement, en y repensant après... Le burn-out et les premiers symptômes finalement, ils ont commencé à apparaître, pour moi je l'estime, à six mois avant, avant l'été 2022. Et ça a été progressif. Mais je n'ai pas écouté parce que j'étais vraiment dans mon tunnel de travail où j'étais, je veux sortir ma gamme, je veux tout faire, ça va bien se passer, ça fait deux ans que je travaille dessus, il faut y aller à fond. Tant pis si le monde s'écroule autour de moi, j'y vais quand même. Et en fait, il y a eu de la fatigue, fatigue physique énorme. que j'avais déjà connu mais en même temps comme j'avais eu le cancer de la thyroïde où j'avais été tellement fatiguée, je me disais bon bah ok c'est de la fatigue mais c'est pas plus que ça finalement. Il y a eu les troubles des maux de dos, donc à la fin j'étais pliée en deux, j'allais au bureau pliée en deux, je sais pas comment j'ai pu faire ça. Je commençais à avoir des sifflements dans les oreilles, j'entendais moins bien. Après il y avait donc tout l'aspect personnalité où je me mettais en colère, je roulais très vite sur la route, j'avais un comportement finalement qui était hyper dangereux. Et puis après, tout ce qui était cognitif, je perdais complètement la boule. Je ne savais plus ce que je faisais. Je ne savais plus si je prenais mon médicament pour le cœur. Des fois, je le prenais deux fois, des fois trois fois dans la journée, parce que je ne savais plus si je l'avais pris. Pareil, je me retrouvais dans des réunions, je ne savais plus ce que je faisais là. Je demandais aux gens Pourquoi tu m'as invité ? Et on me disait C'est toi qui m'as demandé de nous inviter. Ah bon, d'accord. Ou autre chose, je refaisais dix fois les mêmes choses au bureau, parce que j'avais le cerveau. complètement cramé. Je ne me rendais pas compte, mais il était cuit-cuit. Et voilà, du coup, je suis arrivée en décembre chez ce médecin, qui n'était pas mon médecin habituel, et qui m'a dit, bon, ok, là, je vous arrête 15 jours, la priorité, c'est dormir. Dormir, dormir, dormir. Vous ne faites que ça. Voilà, c'est tout ce qu'il m'a dit. Je me suis dit, ah, ok, il est d'accord. Je m'arrête alors. Il m'a donné des somnifères pour que je puisse dormir, parce que je n'arrivais plus à dormir à ce moment-là. Donc ces deux semaines-là, j'ai dormi. J'étais toujours très en colère, mais je dormais. Au bout de 15 jours, je suis retournée voir mon médecin généraliste. Puis elle a commencé à me parler de burn-out. Au début, je n'y croyais pas trop. Ça a duré un gros mois comme ça où je n'y croyais pas. Elle m'a proposé de prendre des antidépresseurs pour faire descendre la pression, des anxiolytiques. Et je lui ai dit, non, moi, je n'en veux pas. Je prends déjà un médicament pour le cœur. C'est bon, les médicaments, moi, j'en ai eu. Ça me suffit. Donc, ce premier mois, je continue à me reposer et je commence à essayer de me documenter en me disant, elle m'a parlé de burn-out, est-ce que c'est ça ? Et à ce moment-là, j'ai voulu comprendre et vérifier ce qu'elle me disait pour voir si c'était vraiment ça en fait. Est-ce que c'était un burn-out ou est-ce que c'était, je ne sais pas moi, une dépression, une fatigue ou je ne sais pas quoi d'autre. Donc j'ai commencé à lire des livres, à lire des BD, à écouter des podcasts, à regarder des émissions sur YouTube. à regarder des émissions sur Arte, parce qu'il y a pas mal de documentaires intéressants sur le monde du travail. Et une fois que j'ai eu fait toute cette recherche documentaire, je me suis finalement dit que c'était ça qui m'arrivait. Et à partir du moment où je me suis dit que c'est ça qui m'arrive, donc ça a pris au moins un mois, un mois et demi je pense, je me suis dit, bon ok, là c'est la Qatar, je me suis dit, il faut que tu sortes de ça. Et je ne supporte pas de rester mal en fait. Donc j'ai commencé à chercher des psys, comme je ne savais pas, je suis allée sur Facebook, sur des groupes pour demander à qui est arrivé un burn-out, comment vous avez fait, etc. Donc j'ai eu des contacts, comme je ne savais pas trop comment choisir, j'ai pris deux psys, je les ai suivis pendant trois mois en même temps, puis après j'en ai abandonné un parce que je me suis dit, il y en a un qui est déjà, ça commence à me coûter cher. Et puis je ne pouvais pas aller en voir deux avec deux thérapies différentes. Donc j'ai choisi un psy que je voulais voir à titre individuel. Après j'ai trouvé une thérapie de groupe sur le burn-out qui a été pour moi salutaire parce que je me suis retrouvée avec des gens qui ont été une dizaine, des gens qui ont vécu la même chose. Ça a duré six mois, on se voyait une journée tous les mois. Et en fait on travaillait sur les causes du burn-out, les causes externes, les causes internes, la connaissance de soi, comment faire pour éviter que ça recommence, etc. Et puis pendant ce temps-là j'ai beaucoup marché. J'ai vu des copines qui avaient les mêmes problèmes que moi au même moment. Donc pour moi, parler avec des gens qui vivaient la même chose était pour moi le plus important. Et d'ailleurs, je parlais... finalement qu'à ces gens-là, puisque je considérais qu'ils vivaient la même chose que moi, donc qu'ils pouvaient comprendre ce que je vivais, et pas finalement l'entourage autre. Quelques mois qui sont passés, après avoir commencé à aller mieux, finalement j'ai eu une période de moins bien, où j'ai commencé à avoir des angoisses, de l'anxiété, donc le médecin qui me suivait, mon médecin généraliste que je voyais tous les mois, est revenu avec ses pilules, en me disant, là il y a un pic d'angoisse, il faut que vous en sortiez donc elle m'a reproposé des antidépresseurs donc j'allais tellement mal à ce moment là que j'ai accepté de les prendre parce que j'étais au bout du bout et bien on a pris puisque finalement grâce à ça ça a commencé à aller mieux et j'ai commencé à sortir la tête de l'eau et c'est aussi à ce moment là que j'ai été contactée par Previa qui m'a proposé un accompagnement en plus de ce que j'avais déjà démarré et j'ai pu faire avec Prévia de la sophrologie, de l'art thérapie et une diététicienne, qui m'a permis de retrouver de bonne estime de moi, puisque comme j'avais fait un peu de marche, comme je l'ai dit, je suis un peu limitée au niveau du sport, donc j'avais fait de la marche. Donc là, j'ai repris une alimentation qui était plutôt saine. Et donc, j'ai pu perdre des kilos. Donc, j'étais quand même assez contente à ce moment-là. Et puis, je continuais mon chemin pour essayer d'aller mieux avec ma thérapie de groupe. L'art thérapie qui m'a fait beaucoup de bien et qui m'a... qui m'a permis de redécouvrir finalement la peinture que je faisais il y a plusieurs années, que j'avais abandonnée pour le travail. Et la sophrologie, ça faisait des années qu'on en parlait, parce que comme je suis un peu stressée, on ne m'arrêtait pas de me dire ça va te faire du bien, ça va te calmer Et là j'y suis allée en me disant bon, de toute façon, il faut que j'essaye tout, puis on verra ce qui va marcher Et ça m'a fait beaucoup de bien, et encore maintenant, sophrologie et méditation, je m'en sers quand je sens que je dérive un peu. Voilà, donc au bout de tous ces mois, j'ai remonté la tête, donc il y a eu des hauts, il y a eu des bas, et puis au bout d'un moment, j'ai eu envie de reprendre le travail. Au début, j'étais contre, quand j'ai commencé mon burn-out, j'étais plutôt à me dire, je ne veux plus jamais retourner dans l'entreprise, je les ai abandonnés, je ne suis plus capable, de toute façon, je ne savais plus rien faire, je ne savais même pas lire un livre, enfin, c'était horrible. Et après petit à petit, je me suis dit peut-être, non j'ai pas envie, ailleurs. Et puis finalement je me suis dit, arrivé au mois de juillet, c'est-à-dire 7 mois après le début de mon burn-out, après mon arrêt, je me suis dit pourquoi pas y retourner si je le sens à partir du mois de septembre. Mais par contre, je veux le faire sous certaines conditions, donc j'ai appelé le DRH, on s'était mis d'accord, etc. Et on s'est dit ok, on reprend tranquillement, puis on en a parlé avec le médecin généraliste. et le médecin du travail, on reprend un mi-temps sur un mi-temps thérapeutique. Donc ça, c'est bien de pouvoir le faire. Et puis moi, je me sentais contente d'y retourner. J'avais envie d'y aller. Alors la reprise, le premier point, c'est que quand on reprend, il faut voir le médecin du travail, le médecin généraliste, et tous les deux, ils proposent, ils décident de mettre en place un mi-temps thérapeutique. Et il faut que l'entreprise accepte. Donc j'ai eu la chance, puisqu'on m'a proposé de... de faire un mi-temps thérapeutique en démarrant à 50%. Donc moi j'y suis allée, hyper contente de reprendre, hyper contente de revoir mes collègues, parce que comme je l'avais dit, j'avais une très bonne relation avec eux. J'avais vraiment le sentiment qu'ils étaient contents que je revienne. Ils m'ont laissé le temps, un mois, pour reprendre mes marques. Et en fait, c'est vrai que ça a été compliqué finalement. Je suis restée 9 mois dans mon entreprise après ce retour. J'ai fait que du mi-temps thérapeutique, je suis restée 3 mois à 50%. Je suis montée à 60%. Après 70, et après je suis redescendue à 50, parce que finalement, au bout de 4 mois, je dirais, j'ai à nouveau eu des symptômes d'un retour du burn-out, puisque finalement je ne me sentais pas à ma place dans l'entreprise. Et étant maintenant sensible aux signaux que m'envoyait mon corps et mon esprit, j'ai tout de suite vu, quand j'ai commencé à nouveau à être fatiguée, à nouveau à être en colère, j'ai eu un méga eczéma des oreilles. En décembre, j'ai cru que j'allais me couper les oreilles tellement ce n'était pas possible de supporter ça. Et en fait, trois mois après, j'ai demandé à quitter la société, parce qu'en fait, pour moi, c'était une question de survie. Il était hors de question que je revive la même chose que j'avais vécue. Et on dit que souvent, le second burn-out pour quelqu'un qui a fait un burn-out est pire que le premier. Je me suis dit, tant pis, même si le métier m'intéresse, je n'arrive plus à vivre dans cette entreprise. Donc j'ai choisi de... avec l'accord de mon entreprise, de partir avec une rupture conventionnelle en juin 2024. Il faut savoir depuis quelques années que toutes les pathologies dites mentales, psychiques, qui ne sont pas physiques donc, sont beaucoup contrôlées par la sécurité sociale. En fait, au bout de trois mois d'arrêt, La Sécurité Sociale appelle les gens qui sont en arrêt pour vérifier qu'ils méritent d'être en arrêt. Donc moi quand ça m'est arrivé, c'était au bout de trois mois, sur mes arrêts de travail était écrit épuisement professionnel et puis je crois que c'était troubles dépressifs ou un truc comme ça. Donc là j'imagine qu'ils spotent dans leurs ordinateurs la pathologie et ils appellent parce que mes collègues qui étaient en arrêt en même temps que moi ont eu les mêmes choses. Donc au bout de trois mois, j'ai reçu un texto de la sécu me disant Rendez-vous tel jour pour faire un point sur votre situation. Donc il faut imaginer la personne qui en arrête depuis trois mois pour un burn-out. Donc évidemment, au bout de trois mois, elle n'est pas en forme. Évidemment qu'au bout de trois mois, elle est encore sous l'eau. Elle est dans tous ses états parce que, un, elle ne sait pas ce qui lui arrive. Deux, elle est mal dans sa peau, elle est mal vis-à-vis des autres, elle est mal vis-à-vis de la maison de son travail. Et là, la sécurité sociale... nous appelle pour vérifier, pour demander ce qu'on a, ce qu'on a mis en place, qui on va voir, est-ce qu'on prend des médicaments. Et en fait, moi ça m'a mis dans un état d'anxiété extrêmement important parce qu'à ce moment-là, j'étais encore pas sûre de ce que j'avais, j'étais encore au plus dur de la crise. Et en fait, c'est vraiment très dur à vivre de se sentir comme quelqu'un qui arnaque le système et on va vérifier qu'on mérite bien notre arrêt. Et en fait, je trouve ça vraiment injuste parce que finalement, On va contrôler le salarié qui est arrêté. S'il est arrêté au bout de trois mois, c'est que ce n'est pas pour enfiler des perles. Et puis ce n'est pas parce qu'il s'est fait un petit bobo. On va contrôler également les médecins, parce qu'il y a des médecins qui seront contrôlés quand ils ont trop d'arrêts de travail. Mais aussi, est-ce qu'on se pose la question de savoir s'ils sont dans un environnement plus citadin, plus professionnel que d'autres médecins qui seraient par exemple dans d'autres zones où il y a plus de personnes âgées ou de gens qui ne travaillent pas. Et par contre, personne ne va contrôler l'entreprise qui... a au sein de son entreprise plusieurs salariés en arrêt au même moment. Et donc en fait on va contrôler la conséquence et jamais la cause. Donc c'est vrai que ça a été très dur, pour mes collègues qui ont été contrôlés ça a été hyper dur parce qu'on se sent vraiment jugé et quand on est déjà mal, ça ne fait que nous enfoncer la tête sous l'eau. Donc pour moi j'en garde un souvenir plutôt difficile. Après ce n'est pas contre les gens de la sécu bien entendu puisqu'ils font ce qu'on leur demande de faire. Mais c'est finalement la politique qui a été choisie à ce moment-là. Et comme il y a de plus en plus de gens en souffrance au travail, les contrôles ne font que peut-être accentuer encore plus la chose à l'instant où les gens sont contrôlés. Et en plus, la sécurité sociale, le seul point qu'il y avait à vie, c'est est-ce que vous avez vu un psychiatre ? Et quand on sait qu'à Nantes par exemple, mais je pense que c'est pareil dans les autres villes, il n'y a pas de psychiatre. Donc aller voir un psychiatre quand il n'y en a aucun, ce n'est pas possible. Alors quand on fait un burn-out, ça a bien entendu des répercussions très fortes sur la famille, puisque c'est les gens qui nous voient au quotidien, et qui nous voient tels qu'on est finalement. Et c'est clair que...
Speaker #0Avant l'arrêt maladie, moi je ne me rendais pas compte que ça n'allait pas. Mais par contre, mon conjoint et mon fils s'en rendaient compte. Donc c'est eux vraiment qui m'ont donné plusieurs fois les signaux que je n'ai pas voulu écouter. Finalement je les ai écoutés, mais pour eux ça devenait invivable, parce que moi j'étais très en colère, j'étais pas triste ou effondrée, j'étais en colère et fatiguée. Donc c'est-à-dire que quand je rentrais à la maison, le premier truc que je faisais, c'est que je dormais. Donc je ne faisais plus rien à la maison. Et quand je ne dis plus rien, je ne faisais plus aucune tâche ménazère. Pas de course, pas de vaisselle, pas de cuisine, rien du tout. J'étais une loque, je donnais le peu d'énergie qui me restait au travail. C'est-à-dire que j'ai totalement ordonné mon conjoint dans la gestion de la maison, alors que lui, il a aussi un travail. Et puis je ne m'occupais plus du tout de mon fils, qui donc, je le rappelle, avait 8 ans à ce moment-là, donc ça veut dire qu'il était en CM1. Et du coup, je ne faisais plus ses devoirs. Je ne voulais plus jouer avec lui, je ne voulais plus jouer aux jeux de société en famille. Donc en fait, j'étais devenue presque une inconnue, et une inconnue extrêmement désagréable. Donc finalement, l'arrêt a mis un point, un déclic, ça a été un déclic pour moi, où j'ai commencé, même si je suis restée longtemps en colère, j'ai commencé à essayer de... Donc j'étais seule à la maison la journée, donc je me reposais, je faisais des choses, la plupart du temps je dormais au début. Et en tout cas, j'ai essayé le soir de reprendre un peu... un rôle familial, enfin un rôle dans ma famille puisque j'étais quasiment plus présente. Ça a été dur au début de contenir ma colère même si petit à petit elle a fini par disparaître. Mais en tout cas mon fils, rapidement il y a eu une meilleure relation avec lui puisque le fait que je sois présente à la maison, un enfant il n'a pas besoin de 50 000 choses finalement, il a besoin de présence et d'amour de ses parents. Et le fait d'être là à la maison, de passer plus de temps avec lui, d'être là quand il rentre de l'école. de faire ses devoirs avec lui, de lire des livres, de dessiner, etc. Rapidement, finalement, les relations se sont vraiment améliorées. Et aujourd'hui, on est quasiment à presque deux ans après le burn-out, le début, finalement, on peut dire que j'ai vraiment une relation qui est dix fois meilleure que ce que c'était avant. Et j'ai créé des liens, je trouve qu'ils sont très forts, après où il a aussi grandi, mais en tout cas, je pense avoir rattrapé le coup sur tout ce qui s'est passé à ce moment-là. Pour mon conjoint, qui est un adulte, les choses, je pense, ont été... était aussi difficile parce qu'avoir quelqu'un qui ne fait plus rien, qui est désagréable et qui dort toute la journée. Sur le coup, je ne me rendais pas compte parce que mon focus, c'était d'améliorer la relation avec mon fils. Je me dis qu'un enfant, il a toute sa vie devant lui, donc il ne faut pas détruire son enfance. C'est vrai que j'ai mis le paquet sur mon fils. Mon conjoint était là et a fait preuve de patience, puisqu'il est encore là aujourd'hui. Mais c'est sûr que pour un adulte, je pense que c'est aussi très difficile pour l'entourage. Pour mes parents, je ne leur disais rien parce que je n'avais pas envie d'en parler. Donc eux étaient totalement désemparés. Mes copines prenaient beaucoup de nouvelles. Et finalement, c'est aussi auprès de mes collègues, copines de burn-out, qui avaient un burn-out en même temps, que j'ai retrouvé aussi beaucoup de réconfort, comme je le disais tout à l'heure, de pouvoir discuter de choses assez profondes sur ce qu'on vit et ce qu'on connaît finalement. La colère chez moi, c'est quelque chose qui existe en fil rouge, je pense, depuis tout le temps. Je suis certainement en colère contre la vie d'avoir subi des problèmes de santé depuis toute petite. Et en tout cas, elle ressort dès que je suis dans des situations difficiles. Et quand je passe en mode survie, finalement. Et pendant le burn-out, comme je le disais, au début, je n'ai pas été effondrée, je n'ai pas pleuré. Voilà, moi les difficultés elles s'expriment par la colère, en tout cas elles se sont exprimées par la colère. Et quand je dis que je suis en colère, c'est-à-dire que je deviens malheureusement un peu violente. Et au moment où j'ai été arrêtée, cette colère était très très très présente, elle m'empêchait de dormir, j'essayais de la contrôler mais c'était hyper dur. Et en fait à un moment donné j'ai décidé de ne plus voir personne, pour éviter de me fâcher avec les gens, parce que même si les gens sont très sympas, parfois ils peuvent se dire bon là tu commences à... à nous casser les pieds, à crier. Et en fait, à un moment donné, j'avais besoin qu'elle sorte, mais en même temps, j'essayais de la contrôler. Donc c'était un peu contradictoire. Et une fois, je suis allée au supermarché en me disant J'ai trop envie que quelqu'un me casse les pieds, comme ça je vais pouvoir lui rentrer dedans et vider mon stock de colère. Bon, finalement, ce n'est pas arrivé et puis je suis restée cordiale. Mais si j'avais pu taper dans un punching ball à ce moment-là, ça m'aurait, je pense, beaucoup aidée. Et comme je ne peux pas faire de sport, je pense que si j'avais pu courir, je pense que ça aurait vidé également mon sac. Mais en tout cas, aujourd'hui, c'est un marqueur. Quand je vois que je suis à nouveau en colère et énervée, ça veut dire que je suis fatiguée, et donc ça veut dire qu'il faut que je fasse attention. Je ne sais pas aujourd'hui si j'arrive à gérer la colère. Sincèrement, c'est difficile. J'essaie en tout cas aujourd'hui de faire attention, de sentir quand les choses dérivent. pour essayer d'essayer de De comprendre pourquoi à ce moment-là je suis en colère et essayer de faire de la respiration justement des fois, quand je sens que ça va venir, pour éviter de me mettre en colère. Après, je ne vais pas changer non plus mon caractère, je suis assez dynamique et du coup quand je tourne énergique, je pense qu'on a une capacité à s'énerver qui est plus forte que chez certaines personnes. Aujourd'hui je dirais que je suis bien, en tout cas à l'instant T. Je ne sais pas si on peut dire que je suis guérie d'un burn-out, je ne sais pas si on peut en guérir finalement. Ce qui est certain, c'est que pendant ces neuf mois d'arrêt et ces neuf mois de reprise, donc ça fait quasiment un an et demi, c'est sûr que j'ai appris pourquoi j'avais fait un burn-out, quelles en étaient les causes. J'ai beaucoup travaillé sur moi pour comprendre comment je fonctionne dans l'univers du travail, quelles sont mes réactions. J'ai appris à écouter mon corps que je n'écoutais pas du tout. Alors ce qui est quand même bizarre, c'est que j'ai quand même eu plein de problèmes de santé. Mon conjoint, ça, il ne l'a jamais compris pourquoi je n'ai jamais levé le pied plus tôt. Et en fait, je pense que ce n'est que grâce au burn-out que j'ai enfin compris que mon corps avait une limite et que je devais l'accepter. Après, je ne dis pas que c'est réglé et que ça ne m'arrivera pas plus tard. Mais en tout cas, je pense que j'ai fait un gros chemin là-dessus parce que je suis allée chercher l'aide de professionnels. Le psy que j'ai vu en individuel et la thérapie de groupe que j'ai faite. Et tout ça, je pense que je l'ai bien digéré. Et le fait de retourner au travail pendant neuf mois. de voir les points où j'avais pu améliorer des choses et d'autres points où là, effectivement, je sais que je n'arriverai plus à faire certaines choses. Je trouve que, voilà, aujourd'hui je suis bien, je n'ai pas de travail, mais je souhaite retravailler. Je ne sais pas encore dans quoi, mais je vais chercher parce que je suis convaincue que j'ai une place, il y a une place pour moi quelque part. Mes conseils pour quelqu'un qui vivrait la même chose ? Le premier point, c'est que quand on le vit, quand on y est, on ne s'en rend pas compte. Clairement, celui qui dit je fais un burn-out à mon avis, je pense qu'il n'en fait pas un, pour de vrai. C'est qu'en fait, on va tellement loin qu'on ne se rend plus compte de ce qu'on fait. Et en fait, ce qui est très intéressant, c'est que l'entourage, lui, s'en rend compte. Donc ce qu'il faut, c'est réussir à un moment donné, écouter l'entourage, que ce soit l'entourage professionnel, parce que moi au bureau, on me l'a dit plusieurs fois, stop tu vas trop loin, mais je n'ai écouté personne. Mais mon conjoint et mon fils m'ont envoyé des signaux, j'ai mis du temps à les comprendre, mais en fait c'est écouter les personnes qui sont autour de toi parce qu'ils observent, ils arrivent à voir qu'on est en train de changer. Donc le premier point c'est d'écouter les signaux des gens, des amis, de l'entourage, etc. Le deuxième point, c'est, une fois qu'on a entendu ça, c'est aller voir un médecin pour se faire arrêter. Et le premier point, c'est dormir. Dormir, dormir, dormir, dormir. C'est faire passer la fatigue. Et une fois que cette fatigue, elle est un tout petit peu améliorée, c'est pouvoir chercher de l'aide auprès de gens dont c'est le métier. Donc c'est se renseigner. Parce qu'en fait, ce qui est assez dur dans un parnaut, c'est que finalement, il n'y a pas de méthode. C'est pas une pathologie qui est reconnue. Il n'y a pas de protocole. Il n'y a pas de protocole écrit. C'est à soi-même d'aller chercher comment on va se sortir de là. Donc en fait, à mon sens, c'est d'essayer de se renseigner. Il existe plein de choses, internet, les podcasts, même son médecin, si on a la chance d'avoir un bon médecin. Et je pense que si on n'est pas avec un médecin généraliste qui est bien formé à ça, je recommanderais de pouvoir le changer, parce qu'il faut pouvoir avoir quelqu'un qui soutient et qui suit la guérison. Mon médecin généraliste, elle m'a suivie, je suis allée la voir une fois par mois pendant un an et demi. Donc ça veut dire qu'elle suivait ce que j'avais, elle me demandait ce que je faisais. Vraiment, elle était aux petits soins, elle prenait plus de temps pour m'écouter et vraiment, elle était là pour m'accompagner dans ma guérison. Voilà, donc c'est de se faire entourer et surtout, c'est sortir du déni et accepter et nommer ce qu'on vit en fait. Parce que tant qu'on n'a pas... Nommer la pathologie ou la maladie, donc le burn-out, on ne peut pas aller chercher les solutions pour une cause qu'on n'a pas nommée. Pour moi, c'est écouter son entourage, les alertes. faire confiance, se renseigner, accepter la pathologie, la nommer, chercher de l'aide, puisqu'on ne peut pas s'en sortir tout seul, ce n'est pas possible. Et le dernier point, c'est accepter d'être patient. Alors ça, ça peut être dur pour beaucoup, c'est un peu dur, mais finalement, c'est accepter de lâcher prise et que même si on dort, ce n'est pas rien faire, c'est se guérir en fait, c'est se soigner. Lâcher prise, accepter que ça va durer du temps, ce n'est pas une question de trois mois, c'est neuf mois, un an, un an et demi. peut-être même deux ans, à un moment donné on finit par en sortir. Quand j'ai démarré ma thérapie de groupe, le premier slide de la psychologue c'était une question, le burn-out, une opportunité, sur le moment je n'y ai pas cru. Et finalement, après un an et demi de cette épreuve traversée, je considère que c'est vraiment, réellement une opportunité, puisque en fait aujourd'hui à 44 ans, je me dis que je peux peut-être avancer dans la vie différemment. de ce que j'ai fait par le passé, en tout cas dans ma manière d'aborder le métier et la façon dont je fonctionne. Et surtout je me dis peut-être qu'aujourd'hui j'ai l'occasion de chercher un autre métier, un autre environnement, et c'est une chance que j'ai envie de saisir. Le mot de la fin c'est vraiment de sortir de cette situation et de se dire qu'à la fin, il y a forcément quelque chose de bon et de meilleur qui risque d'arriver à la personne qui vit cette épreuve.