- Speaker #0
Bienvenue dans l'Instant Berbère, un podcast dédié à la culture amazigh sous toutes ses formes. Chaque épisode met en lumière les artisans, artistes et porteurs de projets engagés dans la transmission et la valorisation de ce patrimoine. Aujourd'hui, on entre dans les coulisses de l'Instant Berbère, un espace unique mêlant artisanat, art et rencontres culturelles. Pour nous en parler, j'ai le plaisir d'accueillir quatre femmes qui portent ce projet avec passion. Daya, fondatrice du projet. Siam, artiste peintre et directrice artistique, Alia, créatrice de la marque Réalia, est une aise chargée de communication. Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais d'abord que chacune d'entre vous se présente et nous raconte succinctement, si c'est possible, son parcours avant d'arriver chez l'instant Berbère.
- Speaker #1
Salut, c'est Daya. Alors moi, je suis née en Algérie. J'ai grandi là-bas, en Kabylie, à Tizouzou. Je suis arrivée à Toulouse il y a une vingtaine d'années pour mes études. Et puis j'ai adopté Toulouse, ou c'est Toulouse qui m'a adoptée, je pense que c'est un peu les deux. L'avantage de Toulouse, c'est que ça a une heure vingt d'alger, donc ça c'est top. Alors j'ai une vie pro conventionnelle, qui consiste à faire du consulting et de la gestion de projets. Et ensuite j'ai une vie pro plus passion, qui consiste à m'investir dans des projets d'entrepreneuriat culturel, et en particulier dans la valorisation de la culture amazighre, qui est mon identité.
- Speaker #2
Bonjour tout le monde, moi c'est Siam, je suis artiste-peintre et donc directrice artistique aujourd'hui. Effectivement, moi j'ai commencé à baigner dans le milieu artistique tout simplement de par mon papa, qui est manager d'artistes dans le hip-hop depuis toujours. Et en plus, parce que c'est vrai que j'ai grandi à Sarcelles, qui est une ville culturellement hyper riche. Et donc j'ai vraiment baigné surtout dans la culture hip-hop, mais la culture afro de manière générale. Et ce qui m'a amenée à faire beaucoup de choses au niveau artistique, de la danse au début, et puis après j'ai fait des études d'art et aujourd'hui je travaille pour l'instant en berbère.
- Speaker #3
Bonjour, je m'appelle Alia, j'ai 55 ans. Moi j'ai toujours été créative depuis l'enfance. Quand j'étais petite je dessinais, je me bien fabriquais des poupées en papier, je leur faisais des vêtements. Et ensuite à l'adolescence j'ai commencé à faire du tricot, du crochet, de la couture. Et après, quand je suis devenue adulte, j'ai fait mes études, j'ai commencé à travailler. Mais j'avais toujours ce côté où, par exemple, quand je voulais un abat-jour, je le faisais. Quand je voulais une boîte d'orangement, je la faisais. Quand ma fille, par exemple, elle voulait un tatouage au hainé, je le faisais. Et puis un jour, je suis tombée dans la bijouterie grâce à ma fille. Et donc, j'ai pris des cours de bijouterie chez un bijoutier. J'ai pris des cours du soir. Et je suis devenue artisane bijoutière.
- Speaker #4
Bonjour, du coup, moi c'est Inès, j'ai 23 ans, je suis étudiante en communication. Ça fait maintenant trois ans. Avant ça, j'étais en gestion de projet et du coup, j'avais décidé de me spécialiser en com. Et j'ai intégré une école de communication il y a trois ans. Et là, c'est ma dernière année de master. Et du coup, ça fait deux ans, ma deuxième année chez l'Instant Verbeur.
- Speaker #0
Daya, on va revenir à l'origine de l'instant Berbère. Est-ce que tu peux nous raconter comment est née cette idée et ce qui t'a poussé à la concrétiser ?
- Speaker #1
Alors, en fait, l'idée, elle est née d'une succession de choses, puisque en 2019, c'était ça en 2019, j'ai quitté le monde du salariat, comme je disais tout à l'heure, dans le domaine du consulting des nouvelles technologies. Parce que j'avais envie de m'investir dans un projet plus proche de mes origines, en particulier de l'Algérie, me rapprocher en fait de mon pays. Et j'avais lancé à cette époque-là un projet de tourisme, pour ne pas citer le Canada-Algérie. Comme ça, ça lui fait une petite pub, vu que la page n'est pas non plus hyper alimentée. C'est un projet qui a commencé à naître en fait, sauf que le Covid l'a stoppé finalement. Mais bon, j'avais quand même cette idée de me raccrocher à un projet qui me rapproche de mon identité. Et j'en ai parlé avec Torquia à l'époque, qui est quand même la co-fondatrice de ce projet. Et Torquia c'est ta cousine ? Ma cousine, exactement, c'est ma cousine, son papa et ma mère, son frère et soeur. Et on se disait, déjà on a pas mal de questions de gens, de nos amis toulousains qui comprennent toujours pas, pour certains, ce que c'est que la culture amazigh. Donc l'idée c'était de se dire, tiens, on peut pas voyager en ce moment, si ça se trouve la vie va changer après cette période de Covid. Comment on fait pour faire connaître un peu notre patrimoine culturel ici à Toulouse ? C'est comme ça qu'on a pensé le lieu. le tiers lieu, le lieu dédié à la culture amazigh à Toulouse.
- Speaker #0
Quand on a préparé cette interview, tu m'as parlé de l'exil, tu m'as dit on s'en remet jamais vraiment. Et justement, ce projet pour toi, c'est une manière d'entretenir un lien avec tes racines ? C'était ça l'objectif poursuivi en tout cas ?
- Speaker #1
Oui, alors effectivement, c'était l'objectif poursuivi. Finalement, tu vois, en préparant ce podcast, je me suis rendu compte que ça a été au-delà de mes attentes. Parce que dans les faits... L'instant berbère, il y a toute une partie art-artisanat, où justement c'est le bon prétexte pour aller plus souvent en Algérie à la rencontre des artisanes, des artisans. Donc c'est un excellent prétexte pour pouvoir y passer beaucoup de temps. Et puis finalement, je me suis rendu compte qu'au-delà de tout ça, ça m'a connectée, ça me permet de me connecter à des porteurs de projets qui sont partout, et de se connecter à des personnes qui recherchent aussi la même chose.
- Speaker #0
Tu as été surprise de te rendre compte qu'il y avait autant de porteurs de projets, justement ?
- Speaker #1
Complètement, oui. D'ailleurs, je crois que c'est comme ça que tu m'as contactée, Siam. C'est parce que toi aussi, tu cherchais des... Et oui, je me suis rendue compte qu'on était quand même nombreux, alors déjà sur le territoire français, mais on se rend compte qu'en fait, c'est partout pareil. Aux Etats-Unis, en Allemagne, il y en a plein des porteurs de projets qui sont liés à la culture amazigh. Et oui, j'ai été agréablement surprise de voir qu'il y en ait autant, oui, dans la diaspora.
- Speaker #0
Et au début, c'était un projet en ligne ? Comment t'es passée de cette boutique digitale à un lieu physique, vivant ? Ça a pris combien de temps si je peux dire ?
- Speaker #1
Alors moi j'ai une petite tendance à être une tête brûlée. Ah bon ? Voilà. Donc je me suis dit bah pourquoi pas. Bon la réalité de l'idée c'est que quand même c'était un projet qui nécessite quand même une connexion. Il faut qu'il y ait un peu de lien humain. D'être en ligne en permanence, on est un petit peu déconnectés. L'idée c'était quand même de créer un lieu, il y avait toujours cette cible de créer un lieu à Toulouse, un vrai lieu physique où on se connecte aux gens. Donc à un moment donné, il faut sauter le pas. Il faut se dire aussi quand même, la réalité c'est que j'étais quand même aussi pas mal encouragée par mon conjoint. Il faut bien lui remettre ça. Et puis l'arrivée de Siam aussi m'a pas mal encouragée là-dedans.
- Speaker #0
Siam justement, ton parcours artistique ? il est très riche, t'as grandi dans un environnement multiculturel, en quoi cette diversité influence ta vision dans l'instant berbère ?
- Speaker #2
Alors... Des événements en fait sur la culture, des événements ou des entreprises qui se font sur la culture amazigh en France, il y en a, comme tu disais, il y en a, mais en fait souvent quand on est né en France et qu'on va à ce genre d'événement ou ce genre de lieu, souvent on se dit bon c'est un peu daté, c'est un peu folklore. Et du coup, moi, le côté multiculturel, j'ai essayé de l'apporter parce que je voulais donner une autre image de la culture. Donc, c'est de cette façon-là. Et je trouvais que souvent... Quand on parle des Maghrébins, on ne parle pas beaucoup de l'Afrique, alors qu'on est africain. Et donc, voilà, on est un peuple multiple. Les peuples amazigh, ils sont multiples aussi. Donc, en fait, tout simplement, maintenant, comment faire pour le retranscrire ?
- Speaker #0
Et comment ça s'est passé, la collaboration avec Daya ? Comment elle a commencé, en fait ?
- Speaker #2
Alors, comme elle disait tout à l'heure, c'est qu'on a commencé à chercher, je pense... L'une comme l'autre, en fait, d'autres personnes qui avaient un peu les mêmes revendications, si je peux dire ça comme ça. Et puis, sur les réseaux sociaux, moi, j'habitais à Albi à cette époque-là, donc je travaillais beaucoup sur les réseaux parce que du coup, j'étais moins en ville. Maintenant, je suis à Toulouse, donc c'est plus facile. Mais voilà, je vendais énormément mes tableaux comme ça, juste en ligne. Et puis, je cherchais à créer du lien. Et il se trouvait qu'on était toutes les deux dans cette recherche-là avec des thématiques communes, dont la culture amazigh. Donc en fait, ça s'est fait assez naturellement. Après, je pense qu'on a toutes les deux un tempérament un peu tête brûlée. Quand on s'est rencontrés, ça a été très, très vite. On s'est proposé des choses et puis on s'est revus et ça a matché.
- Speaker #0
Ta devise, c'est le mélange des arts, l'art du mélange. Comment est-ce que ça se traduit chez l'instant Berbère et aussi dans ton travail artistique ?
- Speaker #2
Alors, cette devise-là que... Ça m'est venu à force de travailler. Il y a deux choses, comme j'expliquais l'autre fois. C'est qu'il y a la forme et le fond. La forme, c'est la manière dont, c'est-à-dire les techniques que je vais utiliser. Ça peut être multiple, parce que je fais de la peinture. Effectivement, je vais utiliser des techniques du graffiti, mais aussi de l'impressionnisme. Mais ça peut être aussi dans la manière de retranscrire les choses en vidéo. Et après, il y a la forme, donc le sens et le mélange. En fait, pour moi, c'est ça, c'est ce mélange qui est en moi d'abord, bien sûr, en premier lieu, mais aussi qui est en nous. On est rarement que. algérien ou que je ne sais quelle origine. On est pluriel. Voilà, on est pluriel et c'est le cas pour moi parce que comme je dis, je suis tout à fait français, je suis née ici, j'ai la culture en moi, la culture algérienne aussi, la culture africaine aussi, la culture hip-hop parce que j'ai grandi dans ce milieu. Donc voilà, c'est ce mélange-là.
- Speaker #0
Alia, tu nous l'as dit, tu as toujours été très créative, mais c'est un peu... pendentif repéré par ta fille qui a déclenché ton envie de créer des bijoux. Est-ce que tu peux nous raconter cette histoire ?
- Speaker #3
Oui. Ma fille, quand elle était adolescente, elle était fan d'un chanteur. En fait, il avait un pendentif et ma fille, elle voulait le même. Et moi, je me suis dit, je vais lui faire une surprise pour son anniversaire, je vais lui l'acheter. Et je ne le trouvais nulle part. À cette époque, c'était le début d'Internet, donc j'ai fait plusieurs sites, j'étais en ville, au centre-ville, j'ai cherché, je ne trouvais pas. Je me suis dit, je vais essayer de le fabriquer. Et c'est là où je suis tombée vraiment dans l'univers du bijou.
- Speaker #0
Tu m'as beaucoup parlé de moderniser l'artisanat ancestral en respectant ses traditions et son essence. Tu peux me donner des exemples concrets ? Pourquoi il faut moderniser ? Tu m'as parlé notamment de la fibule. Est-ce que tu peux me raconter un petit peu ça ?
- Speaker #3
Oui, la fibule, c'est un peu l'emblème, c'est une broche. Donc d'origine, elle est vraiment très grosse parce qu'à l'époque, les femmes, elles attachaient leur robe avec. Il fallait qu'elle soit épaisse pour bien tenir le vêtement. Et elle est pleine avec des pièces de monnaie, des pierres. Elle est vraiment lourde à porter. Et bien après, c'est un peu l'emblème de chez nous, la fibule.
- Speaker #0
Et pour toi, c'est vraiment important de reprendre ces créations, comme je te disais, ancestrales. Oui. Et de les adapter à notre manière maintenant de vivre, à la modernité quelque part.
- Speaker #3
Voilà, donc du coup, je garde vraiment le bijou. Et j'essaye de l'alléger, de le redesigner, de le rendre plus moderne, de façon à ce qu'on peut le porter tous les jours, avec un jean. Par exemple, cette vibule, on peut la mettre sur un tote bag, sur une casquette, une robe de soirée. Voilà, en plus elle est légère, elle est facile à porter. Moi, je la mets sur mon écharpe. et j'ai pas mal d'autres bijoux que je modernise, mais en fait ce que j'aime bien aussi c'est garder les symboles berbères, parce que nous les symboles c'est un peu comme les émoticônes de maintenant donc il y a toujours un symbole qui veut dire quelque chose, donc voilà c'est léger, c'est moderne et il y a un symbole
- Speaker #0
Inès, tu as rejoint ce projet après une candidature spontanée, qu'est-ce qui t'a séduite dans l'instant berbère ?
- Speaker #4
Moi ce qui m'a plu, c'est le fait que déjà c'était un Un projet déjà installé et il y avait beaucoup de diversité dans les activités de l'instant berbère. Ce n'était pas qu'une simple boutique de vente artisanale, ce que je pouvais penser au début. Mais du coup, en parcourant le site, je me suis rendu compte qu'il y avait plein d'autres choses à côté. Pareil sur les réseaux sociaux, notamment le festival, ça par exemple, ça m'avait beaucoup intéressée parce que je pense que j'étais un peu la cible et au final... J'en avais pas entendu parler. Et donc c'est pour ça un peu que je me suis dit, bon allez, je vais envoyer ma candidature.
- Speaker #0
Tu m'as même raconté que tu étais tombée sur l'instant Berbère en tapant dans Google « entreprise Berbère Toulouse » .
- Speaker #4
Ouais, quelque chose comme ça, j'ai senti. Mais c'était la seule entreprise, il n'y avait que ça, la première. J'étais étonnée d'ailleurs. Bon, je ne sais plus exactement ce que j'avais tapé, mais sans doute un truc comme ça.
- Speaker #0
Et en quoi ce projet, parce que c'est pas rien d'avoir tapé entreprise Berbère Toulouse, ce projet il permet de faire le lien avec tes propres racines à Mazière, c'est bien ça ?
- Speaker #4
Oui c'est ça, du coup je suis moi-même issue de cette culture, donc j'ai voulu un peu, c'était ma dernière année de master, il me fallait une alternance pour deux ans, on sait que maintenant c'est dur de trouver une alternance, et je me suis dit vas-y deux ans c'est long, autant faire mon alternance à quelque chose que j'aime bien, qui a du sens pour moi en fait. Et du coup, à travers le projet, ça me correspondait. De cette manière, je pouvais aussi moi-même participer à la promotion de la culture. C'est un peu ce qui m'a fait, moi aussi je veux promouvoir. Puisque comme on l'a dit tout à l'heure, c'est pas très connu. Moi je connais personne. À chaque fois qu'on me demande et que je réponds, on est là, mais c'est quoi ? Ça veut dire quoi ? Du coup, c'était un peu ce qui m'a motivée. Il faut... Enfin, instruire les gens, mais un peu, non ? Oui,
- Speaker #2
un peu.
- Speaker #0
Il m'a même parlé de la pédagogie. Oui,
- Speaker #4
voilà, plus pédagogique qu'instruire. J'ai l'impression que ça fait un peu...
- Speaker #0
Ça, c'est pour l'histoire de la création de l'instant Berbère. Aujourd'hui, Daya, tu dis que le projet est à 30% de sa cible. Qu'est-ce qui manque encore pour atteindre l'idéal que tu avais en tête quand tu l'as lancé ?
- Speaker #1
Beaucoup de place. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de place.
- Speaker #0
De la place, de la place, de la place,
- Speaker #1
de la place, de la place. Alors 30%, je suis peut-être un peu pessimiste. Si j'ai dit 30%, je pense qu'on est un petit peu... parce qu'en termes d'activité, finalement, on fait quand même pas mal de choses. Mais clairement, aujourd'hui, la problématique, c'est la place, même si on y travaille, puisque là, aujourd'hui, on est toutes les quatre autour de la table. Et l'objectif, c'est qu'à très court terme, on puisse s'installer dans un lieu déjà qui soit plus grand.
- Speaker #0
Parce que tu veux faire quoi dans ce lieu-là ?
- Speaker #1
C'est toujours la cible du tiers lieu culturel, c'est-à-dire qu'on a aujourd'hui un endroit qui est quand même très occupé par la partie boutique. Mais dans cette boutique, on fait quand même l'effort aussi d'organiser des ateliers créatifs, mais c'est limité, on peut accueillir très peu de personnes. Et pour tout ce qui est événementiel, c'est aussi très limité, on ne peut pas faire forcément de concerts ou des choses comme ça. Nous, notre objectif, c'est quand même d'avoir un lieu où on adresse les différents axes de la culture. Donc oui, il y a la partie valorisation des artisans, des créateurs, donc à travers la boutique, les ateliers créatifs pour parler de transmission. Et puis de pouvoir aussi faire des événements de façon ponctuelle, que ce soit un concert ou une projection documentaire, ou surtout d'avoir de la place pour que les gens puissent se retrouver en fait dans ce lieu, pour parler d'un patrimoine culturel commun ou de le découvrir tout simplement.
- Speaker #0
En faire un vrai tiers-lieu culturel.
- Speaker #1
En faire un vrai tiers-lieu culturel. 400 mètres carrés par exemple.
- Speaker #0
Jusqu'à aujourd'hui d'ailleurs, quels ont été les plus grands défis que tu as rencontrés ?
- Speaker #1
Les plus grands défis, je dirais de toujours garder le cap en fait, parce que je pense que tous les entrepreneurs disent la même chose. Ce n'est pas toujours évident de garder le cap dans un projet entrepreneurial, surtout quand tu dois combiner ça avec ta vie pro, autre pro, officielle et puis ta vie perso. Donc ça, je pense que c'est le plus difficile parce qu'en plus, les journées sont courtes. Finalement, ça passe beaucoup trop vite. Il faudrait la multiplier par deux la journée. Et mon énergie n'est pas infinie, finalement.
- Speaker #2
S'il travaille avec les artisans à distance, ça fait un truc aussi... C'est vrai. C'est un sujet sur l'instant, Berbère.
- Speaker #0
Parce que ça prend plus de temps, le fait que ça soit à distance ?
- Speaker #2
Non, mais c'est pas facile de faire acheminer les choses.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai,
- Speaker #2
il y a des sujets logistiques.
- Speaker #1
C'est vrai qu'il y a des sujets logistiques. Tu vois, même ça... Oui,
- Speaker #2
mais comme ça, tout est vraiment l'instant, Berbère.
- Speaker #1
C'est même pas la première chose qui me vient en tête. C'est vrai que c'est un vrai sujet, la logistique. Parce que les artisans, il y en a beaucoup qui sont... dans un autre continent. Et ce n'est pas un continent avec lequel les échanges commerciaux se font le plus facilement.
- Speaker #0
Siam, toi qui gères toute la partie artistique, pour toi, quelles sont les prochaines étapes pour faire grandir cet aspect du projet ? C'est pareil, ça va être le lieu, tu vas me dire. Oui,
- Speaker #2
là, on est à fond sur ça. Donc oui, c'est le lieu, c'est de pouvoir agrandir, développer. Et aussi la partie galerie, qui est la mienne du coup, donc la partie galerie d'art.
- Speaker #0
Donc ça, ça serait dans ce futur lieu, possiblement.
- Speaker #2
Voilà, parce que jusqu'ici, on a essayé d'exposer. On a fait des expos au sein de l'Instant Berbère. Ça s'est plutôt bien passé, avec un petit vernissage, etc. C'est plutôt bien aussi pour les artistes qui se lancent. Mais c'est vrai qu'on est vite à l'étroit, c'est toujours pareil. Et puis, on voudrait développer aussi pour pouvoir accompagner plus loin les artistes. à Mazir dans leur développement artistique.
- Speaker #0
On pourrait envisager ça un peu comme une résidence d'artistes ?
- Speaker #2
Oui, une résidence d'artistes, mais je dirais même plus presque comme une agence. Le but, c'est de les faire travailler aussi derrière, parce qu'il faut que chacun puisse gagner sa vie un peu. Et ce n'est pas facile pour les artistes et artisans, et encore plus pour les artistes et artisans qui sont issus d'une minorité qui est en plus peu connue.
- Speaker #0
Il y a plein de projets possiblement dans les années à venir. Voilà. Alia ? Comment, selon toi, l'instant berbère peut contribuer à la transmission des techniques ancestrales d'artisanat à Mazire aux jeunes générations ?
- Speaker #3
Moi quand j'étais petite, j'étais tout le temps collée à ma grand-mère et ma grand-mère c'était une femme qui était vraiment très belle et connue par tout le sud-ouest. Algérien. Comme quoi, c'était la femme la plus belle. Et elle portait toujours des beaux bijoux. Et je me souviens, elle faisait du tissage. Elle tissait des tapis. Je me souviens, elle sculptait des cuirs en bois. Elle faisait même son petit bâton. Elle faisait son crawl elle-même. Je me souviens, j'allais avec elle aussi. Elle cueillait des plantes médicinales Et moi ça m'a fascinée, je posais plein de questions Et surtout ces bijoux Maintenant je les ai hérités Et je me suis rendue compte que maintenant Les femmes d'aujourd'hui Par exemple, ma maman et moi, on a été à l'école, on a appris des métiers, on travaille, donc on ne fait plus ce genre d'artisanat. On ne fait plus nos assiettes, on ne fait plus nos tagines, on ne fait plus nos tapis, donc on achète. Et je me dis, c'est ça qu'on commence à perdre. Et maintenant, ce travail, ce sont les artisans qui le font. Donc ils ont leur place dans la transmission. Puisque avant, ça se transmettait. de grand-mère à mère, de mère à fille. C'était comme ça la transmission. Maintenant, c'est comme s'il y a une rupture.
- Speaker #0
Et qu'est-ce que tu voudrais dire justement aux jeunes générations ? Pourquoi c'est important de garder un lien avec cette culture, avec ce que vous en apportez, vous, grand-mère ? Pourquoi c'est important ?
- Speaker #3
C'est important parce qu'en fait... Un jour, on ne va plus savoir reconnaître nos symboles, on ne va plus savoir les couleurs, par exemple le bleu que Dalia porte, l'écharpe, on ne va plus connaître tout ça. Et moi j'ai envie que ma fille, ma fille elle connaît, ma petite fille, mes arrières petites filles, elles reconnaissent le symbole. Il y a un symbole qui est super important pour moi, et moi j'ai envie de le transmettre à ma petite fille.
- Speaker #0
Inès, Selon toi, les prochains défis pour la communication d'instant berbère, pour aller plus loin, on peut améliorer les choses ?
- Speaker #4
Oui, on pourra tout améliorer. Je pense que le plus gros défi, c'est de trouver un équilibre entre tout ce qu'on fait. Parce qu'il y a beaucoup de thématiques. Rien que récemment, on a ajouté une dimension voyage. Je ne sais pas si vous avez vu passer la newsletter. Bien sûr ! Ben voilà, c'est déjà trouver un équilibre sur toutes ces thématiques, parce que c'est vrai que ça fait beaucoup et parfois, si c'est pas structuré ou quoi, on peut vite se perdre dans tout ce qu'on fait. Et pour ma part, de mon point de vue, ce que j'aimerais bien, c'est aussi élargir la cible à peut-être une cible plutôt de mon âge, mais vraiment plus jeune. Et ça, on peut le faire avec les réseaux sociaux.
- Speaker #0
Dans la logique de transmission, ça a beaucoup de sens, effectivement, de s'adresser à plus jeune.
- Speaker #4
C'est ça. En fait, comme elle disait, nous, on connaît... pas trop. Enfin moi, ça va, on va dire, mais je sais que même mes petites sœurs, comparées à moi, c'est moins. Dans mon entourage, les gens de mon âge, ils ne connaissent pas. Ils n'ont même pas envie de s'intéresser pour la plupart. Parce qu'on est toujours en mode mais c'est peut-être trop ancien, ancestral, trop dans les traditions. On n'a pas grandi dans ça, ici et nous, en France. Du coup, trouver un moyen de moderniser tout ça et donner envie aux jeunes d'apprendre. De leur montrer que ce n'est pas juste aller tisser des tapis ou quelque chose. que nous, on assimile à quelque chose d'ancien.
- Speaker #0
Et ça, ça passe par les réseaux sociaux,
- Speaker #4
du coup ? Oui, les réseaux sociaux. Et on peut retrouver ça partout. Par exemple, les bijoux, c'est pour tout le monde. Et rien que le simple fait qu'il y ait un symbole dessus, là, on connecte à la culture. Et pourtant, c'est une bague.
- Speaker #0
Le gros événement cette année, c'est Amlili Amazir Festival, le festival dédié à la culture amazire à Toulouse. C'est la deuxième édition. Le but, c'est d'aller encore plus loin que la première édition. Alors dans le détail, qu'est-ce qui va changer cette année d'ailleurs ?
- Speaker #1
Alors on va quand même dans les grandes lignes avoir les mêmes thématiques que notre édition 2023. Si ce n'est que cette année, on a voulu enrichir la programmation en proposant plus de concerts et notamment des têtes d'affiches, des groupes qui sont un peu plus connus au niveau, avec une renommée mondiale. de pouvoir avoir plus de documentaires aussi, et ensuite d'être sur un festival qui va être plutôt en itinérance. Vraiment être présent dans Toulouse pendant un temps plus long, pendant deux semaines, deux, trois semaines. Là où la dernière fois, c'était concentré sur un lieu pendant deux jours. Donc ça, c'est vraiment les grands changements. Mais après, on reste quand même sur les grandes thématiques globales.
- Speaker #0
Vous avez intégré un programme d'accompagnement avec le métronome. Ça consiste en quoi exactement ?
- Speaker #1
C'est la première édition de ce programme qui est lancé par les équipes du Métronome qui ont plein de programmes divers et variés qui sont vraiment super. C'est un programme qui a pour objectif d'accompagner des associations dans leur professionnalisation, pour faire simple, à tous les niveaux, dans leur façon d'organiser des événements culturels.
- Speaker #0
Donc ce n'est pas forcément que des festivals d'ailleurs ?
- Speaker #1
On est le seul festival pluridisciplinaire du moins. Parce qu'après les autres ont une... Ils sont quand même très orientés sur la musique.
- Speaker #2
Concert musique,
- Speaker #1
oui. Concert musique, oui.
- Speaker #2
Il s'appelle Métropulse.
- Speaker #1
Le Métropole, soit.
- Speaker #0
Et c'est la première édition.
- Speaker #1
Et c'est la première promo.
- Speaker #0
Et vous, vous avez vu la différence ? Ça vous a vraiment apporté quelque chose, là, sur... Ah oui,
- Speaker #2
énormément.
- Speaker #0
C'est-à-dire ?
- Speaker #2
En fait, ils nous mettent directement en contact avec les acteurs du milieu du conflit. Donc au lieu qu'on ait à faire 50 mails et 50 rencontres avant d'avoir la bonne personne, comme on fait d'habitude, là, on les rencontre directement. Et du coup, on a le contact et en plus, la compétence. Et puis, ils nous ont tous dit clairement qu'on passe un peu prioritairement du fait du programme. Et puis en plus, il nous aide beaucoup sur l'organisation aussi du concert, parce qu'on a le droit à un concert organisé au métronome.
- Speaker #0
Et Siam, tu voudrais qu'il évolue comment, toi, le festival ?
- Speaker #2
Je voudrais qu'il évolue...
- Speaker #0
Dans tes rêves, t'as le droit de rêver.
- Speaker #2
Ah oui, je voudrais qu'il soit à l'international. On aimerait bien pouvoir le présenter partout, qu'il puisse bouger.
- Speaker #0
Encore plus loin dans l'itinérance ? Oui,
- Speaker #2
au-delà du fait que ce soit déjà sur une période plus longue, etc. On a... On aimerait bien pouvoir le faire dans d'autres pays, en fait, tout simplement.
- Speaker #0
Tu as des idées du type d'artiste et d'artisan que vous aimeriez mettre en avant dans les prochaines éditions ?
- Speaker #2
Il y en a tellement, en fait. On se fait des listes parce qu'en vrai, on en découvre tous les jours. Tous les jours, oui. Il y en a tellement.
- Speaker #1
On se fait des listes. On est de plus en plus contactés aussi. Oui,
- Speaker #2
on est contactés.
- Speaker #1
On compte fierté, d'ailleurs.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a une thématique particulière cette année ? Ou à chaque fois c'est non, on reste sur toute la variété, la pluralité ?
- Speaker #1
Il n'y a pas de thématique particulière, mais il y a quand même des choses qui... Disons qu'on va découvrir en particulier la culture tamashek, naturellement. Ça s'est fait un peu par hasard. Oui,
- Speaker #0
ce n'était pas forcément une volonté. Non, c'est à l'avert que vous avez plus d'artistes, d'artisans qui correspondent à ça.
- Speaker #1
On va avoir quand même quelque chose de varié, mais c'est vrai que cette année, par rapport à l'année 2023 où on n'en a pas du tout parlé, on va parler d'une culture en particulier.
- Speaker #2
Mais par contre, on aimerait bien que ce soit le cas sur d'autres... Parce que ça, c'est un truc dont on parle souvent. Avoir après des thématiques chaque année, où on va peut-être rencontrer d'autres cultures,
- Speaker #0
par exemple. Oui, à la croisée des cultures.
- Speaker #2
Voilà, exactement.
- Speaker #1
C'est infini.
- Speaker #0
Encore une fois, vous êtes à la deuxième édition, donc vous avez le temps de changer, d'atturer, de faire évoluer. C'est un peu le but. Alia, en tant que créatrice de bijoux, ce genre de festival, c'est important ?
- Speaker #3
Oui, c'est important pour les artisans parce qu'on va exposer notre travail et ça va nous faire connaître. On va pouvoir discuter avec les personnes, parler de notre culture, la façon comment on travaille, surtout moi la bijouterie artisanale. Donc je n'utilise pas de machine, je fais tout de A à Z, je fais ma fonte, je fais mes plaques, mon fil. Et c'est un plaisir de parler avec les gens, de leur raconter un peu. Et après, il n'y aura pas que moi, il y a d'autres artisans aussi.
- Speaker #0
Donc c'est des moments d'échange en fait ? Oui,
- Speaker #3
et puis même nous, entre artisans, on échange, on discute. Là, à la première édition, j'avais rencontré un Touareg qui faisait des bijoux, j'ai rencontré Isouaran. Elle est cabile, elle fait des très beaux bijoux, on a échangé nos savoirs faire. Aujourd'hui on discute souvent ensemble, ça crée des liens.
- Speaker #0
Influencer ton travail, ça peut apporter des sources d'inspiration ? Oui,
- Speaker #3
tout à fait. Certains de ces bijoux m'inspirent. Oui, tous les jours.
- Speaker #0
Inès, de ton côté, c'est un défi en termes de communication, ce genre de festival. Tu m'as dit que c'était la première pour toi d'avoir...
- Speaker #4
C'est la première fois. C'est une pression quand même.
- Speaker #1
Ça va bien se passer.
- Speaker #2
Elle nous regarde à chaque fois la peau.
- Speaker #4
Quoi ?
- Speaker #1
Tu peux y aller.
- Speaker #4
C'est une bonne pression, comme tu disais. Juste, c'est la première fois que je fais de la com événementielle. Ce n'est pas encore lancé, mais ça arrive bientôt. Du coup, j'ai un peu la pression, mais normalement, ça devrait le faire.
- Speaker #0
Et si on veut suivre dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, tout ce que vous allez savoir au fur et à mesure, ou tout ce que vous allez bien vouloir nous dire sur le festival, comment on fait ? Newsletter ?
- Speaker #4
Newsletter. On s'abonne surtout aux réseaux sociaux. D'accord. Instagram, l'Instant Berbère, Mlili, du coup. Et du coup, il y a aussi le site Mlili, pas que l'Instant Berbère.
- Speaker #0
Et on aura toutes les infos.
- Speaker #4
Oui, vous aurez toutes les infos.
- Speaker #0
Pour finir, je vais faire un dernier tour de table et je vais vous demander, on va commencer par toi Daya, si vous deviez définir l'instant berbère en un mot ou en une phrase ?
- Speaker #1
C'est un lieu de reconnexion ou de découverte de la culture amazigh selon d'où on vient, et puis d'échange.
- Speaker #0
Siam ?
- Speaker #1
Moi, je suis restée sur la maison. C'est une maison. Une maison chaleureuse, une maison où on se rencontre. Douillette. Joyeuse, ouais.
- Speaker #0
Alia ?
- Speaker #2
C'est un projet porteur de sens, qui met en valeur l'artisanat, les artisans et notre culture.
- Speaker #0
Et Inès ?
- Speaker #3
Non, moi je dirais que c'est dynamique, passionné, genre un projet dynamique parce qu'on en a. plein de thématiques, on bouge beaucoup, on propose plein de choses, c'est festif. Ça bouge beaucoup, l'instant Berbère.
- Speaker #0
Pour suivre l'instant Berbère, retrouvez-nous sur les réseaux, à la boutique et bien sûr, très bientôt au Festive à la Mélunie. À très bientôt !
- Speaker #1
À bientôt !
- Speaker #0
À la Mélunie !