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Lumière sous la couette

#17 Charlie : Déconstruire le porno pour découvrir sa sexualité

#17 Charlie : Déconstruire le porno pour découvrir sa sexualité

31min |03/06/2025|

62

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Lumière sous la couette

#17 Charlie : Déconstruire le porno pour découvrir sa sexualité

#17 Charlie : Déconstruire le porno pour découvrir sa sexualité

31min |03/06/2025|

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Description

Charlie a 12 ans quand elle regarde pour la première fois un film X avec des copines. Elle ne le sait pas encore, pourtant ce moment va marquer sa façon d’imaginer le sexe : de ce qu’elle pense devoir ressentir, de comment elle croit devoir agir en tant que femme cis hétéro, jusqu’à la forme que prennent ses fantasmes… et sa capacité à jouir. 


Pendant des années Charlie performe. Elle calque ses faits et gestes sur ceux qu’elle a vus. Elle montre le plaisir plus qu’elle ne le vit. 


Et puis, un jour, elle sent que quelque chose sonne faux. Son corps suit le scénario mais à l’intérieur rien ne vibre vraiment. Alors elle fait une pause. Elle se déprogramme. Et elle commence, doucement, à explorer ce qui lui fait vraiment du bien dans une sexualité non-pénétrative.


Je vous en souhaite une belle écoute.

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Lumière sous la couette est un podcast où sont abordées différentes thématiques au contenu possiblement explicite : le sexe évidemment, le désir, le plaisir, la liberté sexuelle, la libido, l'érotisme, l'intime, les rencontres, la première fois, la jouissance, les orgasmes, l'épanouissement ainsi que les tabous, bref, tout ce qui pique notre curiosité et abreuve notre soif de découvertes de soi et des autres.


Lumière sous la couette est une émission diffusée un mardi sur deux, produite par Louise Bonte.
Prise de son et montage : Louise Bonte

Création musicale et mixage : Julien Boussage


Pour suivre toute l'actualité de Lumière sous la couette, rdv sur Insta : @lumiere_sous_la_couette

Et si vous avez une histoire à raconter ou une demande de témoignage, écrivez-moi à hello@lumieresouslacouette.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Lumière sous la couette, le podcast qui explore les sexualités. Je suis Louise Bonte et à mon micro vous entendrez des récits intimes mettant en lumière des personnes qui ont accepté de vous partager ce qu'on garde généralement secret. À travers leurs histoires, elles assument d'exposer cette partie de leur vie dans l'ombre qui en dit long sur soi, sur nous et notre époque. Parce que la sexualité nous concerne toutes et tous, et que partager ce qui nous fait du bien, nos expériences et nos anecdotes les plus cocasses, permet de donner une multitude de définitions à ce qui se cache derrière le mot sexe, ouvrez bien grand vos oreilles, on va allumer la lumière sous la couette. Dans l'épisode d'aujourd'hui, je reçois Charlie, qui nous partage comment le porno a influencé sa sexualité. Charlie a 12 ans quand elle regarde pour la première fois un film X avec des copines, et si elle n'identifie pas directement que ce qu'elle ressent c'est de l'excitation sexuelle, ce premier visionnage va largement influencer sa vision du sexe : de la manière dont il est censé se dérouler, de ce qu'elle pense devoir ressentir, jusqu'à la forme que prennent ses fantasmes et sa capacité à jouir. Et puis petit à petit, elle se rend compte qu'elle est déconnectée de son corps... que ce qu'elle pensait aimer, en fait, ne lui convient pas. Alors elle fait une pause, elle déconstruit, elle explore, et elle commence enfin à découvrir ce qui lui fait vraiment du bien. Je vous en souhaite une belle écoute. Bonjour Charlie.

  • Speaker #1

    Bonjour Louise.

  • Speaker #0

    Est-ce que pour commencer notre échange, tu peux te présenter à nous s'il te plaît et nous dire comment tu t'appelles, ton âge, ton lieu de vie ? ce que tu fais et ce que tu aimes dans la vie.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Charlie, j'ai 23 ans, j'habite en Bretagne. Actuellement, je suis saisonnière dans l'horticulture et ça change souvent. Ensuite, je vais aller faire de la cuisine sur les festivals et ensuite, je ne sais pas. Et ce que j'aime dans la vie, j'aime les plantes. J'aime être libre et avoir du temps pour faire plein de choses avec des gens qui n'ont rien à voir avec le fait de participer à notre système économique que je n'aime pas trop. Voilà. C'est dense.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous parler de ta découverte de la sexualité et de tes premiers émois ? Ça remonte à quand et c'était comment ?

  • Speaker #1

    Alors ma découverte de la sexualité, ça a été je pense vers 11-12 ans quand je me suis retrouvée à regarder de la pornographie avec des copines. Ça est arrivé deux fois de façon assez rapprochée avec deux groupes d'amis différents. On a regardé ces vidéos ensemble et je ressentais une chaleur à l'intérieur de moi mais alors je n'ai pas du tout identifié ça comme ok c'est une excitation sexuelle. Et aussi à cette période-là, je commençais à avoir un très gros crush sur quelqu'un en collège. Et du coup, je pensais pas mal à lui. Je pense qu'à un moment, par rapport à lui, j'ai commencé à vouloir me masturber. Et en fait, très vite, j'ai re-ressenti cette chaleur. Donc mon premier lien avec la sexualité, c'est de me masturber, de faire le lien avec le porno et donc de me masturber dès la première fois sur du porno et de me faire jouir comme ça. Ça a continué comme ça pendant longtemps, au moins jusqu'à mes 18 ans. en fait je... Je me suis masturbée en regardant de la pornographie.

  • Speaker #0

    Et quand vous vous êtes retrouvés à regarder ce film ensemble, avec ces deux groupes d'amis, c'était quelque chose que vous aviez prévu ? Vous étiez dit, allez hop, on se retrouve et on regarde ça ? Ou est-ce que c'est un peu par hasard que vous êtes tombés sur ce type de contenu ?

  • Speaker #1

    On ne s'est pas retrouvés exprès pour regarder ça. Ce n'est pas par hasard, on y a été volontairement, clairement. Il y a même un des groupes d'amis, je crois qu'on y était retournés dessus. Et il y a même un groupe d'amis où on s'amusait à... à reproduire les scènes. Alors en faux, on était habillés et tout, et il y avait... Enfin en tout cas, pour ma part, je ressentais aucune excitation à ce moment-là, mais on jouait à reproduire les positions qu'on voyait dans les vidéos.

  • Speaker #0

    Et donc tu disais, t'avais 11-12 ans par là. Comment... C'était la première fois que tu regardais du porno ? T'avais une appréhension ? Il y avait quelque chose d'un peu étonnant quand tu regardais ça ? Ou au contraire, c'était complètement naturel et tu t'es dit mais en fait, cette chaleur que je ressens est plutôt kiffante et ok, c'est en lien avec ces images, mais c'est comme ça ?

  • Speaker #1

    Non, ça ne me faisait rien de particulier. En parallèle de tout ça, je commençais déjà à m'intéresser au féminisme. Il y avait cette idée de la liberté sexuelle qui m'imprégnait déjà. J'étais plutôt dans cette optique-là de faire ce que je veux et c'est bien, c'est cool. C'est cool qu'une fille se masturbe et c'est normal. Pas au point que je sois capable d'en parler, mais au point que je sois tranquille avec moi-même.

  • Speaker #0

    Tu disais que pendant longtemps... tu t'es masturbée du coup en regardant du porno. Ça, c'est donc un certain plaisir seul. Tes premières interactions sexuelles, c'était quand ? C'est-à-dire, quand est-ce que pour la première fois, tu as fait du sexe avec quelqu'un ?

  • Speaker #1

    Pour la première fois, j'ai couché avec quelqu'un, j'avais 17 ans. C'était la fin de mes 17 ans. C'était un gars, c'était la deuxième fois que je le voyais, c'était en soirée. Et je crois qu'on a parlé un petit peu de sexualité, justement. On était un peu bourrés, on a couché ensemble, de façon classique, je dirais. Il m'a fait un long cunni, c'était très très bien. Après, il voulait une fellation, je lui ai dit non. D'ailleurs, je savais d'avance que je ne voulais pas en faire. Je pense justement par rapport au porno que je voyais, je voyais ce moment de la sexualité comme quelque chose de dégradant que je ne voulais pas faire. Et je m'étais préparée, depuis que j'avais envie de coucher avec quelqu'un, à dire non à ce moment-là, donc je lui ai dit non. Et après, on a couché ensemble, on a fait de la pénétration. Et il a joui. Et puis voilà, c'est terminé. C'était très bien. J'ai ressenti de l'excitation sexuelle. Je n'ai pas joui. Je ne l'ai jamais revu. Je voulais le revoir, mais je ne l'ai jamais revu. Je pense même que j'étais insistante et que je lui ai fait peur. Donc, je voulais retrouver ça. Et du coup, je l'ai retrouvé plus tard avec un autre garçon avec qui je me suis mise en relation. Avec qui on avait une sexualité régulière. Pareil, c'était une sexualité très classique. Préliminaire, pénétration. orgasme du mec, moi j'avais pas d'orgasme par contre j'étais vraiment insatiable, je sais pas si c'est ça le mot insatiable j'en voulais toujours plus quand même, je lui avais dit à un moment je lui disais mais moi je pourrais coucher avec toi toute la journée je savais pas à ce moment là si c'était parce que j'avais pas d'orgasme vu que j'ai pas d'orgasme ça se termine jamais pour moi donc en fait pour moi c'est jamais fini je voulais toujours coucher avec lui donc j'avais plus envie que lui Je me souviens d'une fois avec lui, on était vraiment dans la montagne, sous les étoiles et c'était cool. En fait, l'environnement et tout ça était cool, mais en soi, quand j'y repense, la sexualité qu'on avait, c'était sans plus. En fait, ma satisfaction sexuelle, je pense qu'elle était avant tout sociale, parce que je pense qu'en gros, vu que je faisais du cul, je correspondais à la personne que je voulais être ou à l'image de la personne que je voulais renvoyer. pour les gens qui m'entouraient, pour la société, mais j'étais satisfaite de faire de la sexualité. Peu importe ce qui se passait ou ce qui ne se passait pas, je faisais du cul, j'en parlais à mes amis, et juste pour ça, j'étais trop contente. Je pense que ma satisfaction première, elle était là, c'était presque de pouvoir parler de cul avec ses amis, juste de dire « j'ai couché avec telle personne » , et après, j'avais quand même une réelle satisfaction à ressentir cette excitation sexuelle, à toucher un corps, mais c'était presque secondaire. Et d'ailleurs, c'est avec lui, parce que je me suis beaucoup masturbée sur du porno, mais uniquement sur du porno d'ailleurs. Et j'avais bien remarqué quand j'étais plus jeune que je ne pouvais pas atteindre l'orgasme sans regarder de vidéos porno. Et donc, une fois avec lui, on avait couché ensemble et lui, il était parti. Donc moi, je n'avais pas eu d'orgasme comme d'habitude. Et je me suis dit, mais là, je suis déjà pré-excité. Parce que je pense qu'il y avait ce truc-là que quand je me masturbais, normalement, le porno, ça a le rôle de déjà m'exciter. Le gros du travail est fait. Donc je me suis dit bon ok c'est parti Je vais me masturber sans regarder de porno Et donc je l'ai fait, je me suis concentrée de ouf Pour me refaire Mentalement une vidéo Une que je regardais souvent Et je me la suis refaite parfaitement Et du coup j'ai réussi à me faire jouir sans regarder de porno Entre guillemets j'ai regardé dans ma tête Mais je ne l'ai pas regardé sur un écran Et ça a marché quoi, je me souviens j'ai même noté dans mon petit carnet Telle date telle heure, tel endroit, j'ai réussi à jouir pour la première fois sans regarder de porno et j'étais vraiment contente parce que ça me tracassait quand même de me dire, c'est pas normal que je puisse pas jouir sans regarder. J'ai compris qu'il fallait que je prenne le temps moi-même de m'exciter et de faire monter la chose et ça je l'avais pas compris avant. En fait, il faut prendre le temps, ça peut pas venir comme ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'il y avait un lien entre finalement tes premiers émois sexuels, c'est en regardant du porno et le fait d'atteindre la jouissance grâce ? à ces images, ou est-ce que ça n'a aucun rapport à tes yeux ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, j'en ai aucune idée. Pour moi, c'est vraiment un mystère. Je me dis qu'il y a un chemin dans mon cerveau qui est tracé, un chemin facile qui me permet d'atteindre l'orgasme avec le porno. Même, je vois, par exemple, juste... Si je suis en train de me masturber sans regarder de pornographie, si je suis en train de me masturber et que, je ne sais pas, je vais regarder mon écran pour quelque chose, je vais ressentir une forte excitation d'un coup, parce que juste, je regarde un écran, quoi, et que mon cerveau se dit ah là là, tu vas retourner dessus ? Il y a quand même un lien fort avec la pornographie.

  • Speaker #0

    Jusqu'à l'objet écran, ça pouvait venir titiller peut-être le truc de « Attends, mais t'es à un clic d'une vidéo, là ! »

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Donc, t'as un sentiment de satisfaction sexuelle, même si, avec le recul aujourd'hui, tu te dis « Mais c'était pas forcément ça » . T'as eu d'autres expériences par la suite ?

  • Speaker #1

    J'ai fréquenté plusieurs garçons où c'était un peu la même chose. C'était le même schéma classique. J'ai dû en fréquenter 4-5 comme ça. sur des relations assez courtes et pas très profondes en termes de sentiments. beaucoup porté sur la sexualité. J'ai eu une relation en particulier, je ne sais pas si la relation a eu un impact ou pas, en tout cas j'ai eu une espèce de prise de conscience que ce que je faisais, le schéma classique, ça ne fonctionnait pas pour moi. Déjà j'étais déjà renseignée sur le féminisme et j'en parlais tout le temps avec mes copines qui elles aussi faisaient l'effort de se renseigner en permanence et de se remettre en question, de réfléchir sur la sexualité. Donc c'était vraiment une grosse partie de ma vie que de tout remettre en question sur ce sujet-là. J'ai eu une relation avec un garçon et... il y a un moment précis qui m'a marqué. Il me faisait un cunnilingus. Et en fait, sur le coup, je me dis, ouais, c'est incroyable. Dans le sens, c'est super bien. Et en fait, c'est super nul parce qu'en fait, c'est trop fort. Et moi, je recule en permanence. On a fait toute la chambre, tout le sol, tout le lit. J'ai reculé partout. Et là, pour continuer, moi, je dis, ouais, c'est super bien. Et en fait, ce qu'on faisait, ça convenait pas du tout. C'était vraiment l'opposé de ce qui me convenait. Et pourtant, moi, j'étais à fond. Je pense aussi que j'ai dû reproduire un peu... les schémas pornographiques qu'on pouvait voir.

  • Speaker #0

    C'est hyper interpellant parce que ce que tu décrivais, c'est ce côté où finalement, intellectuellement, tu te dis c'est génial ce qu'on est en train de faire, mais ton corps a littéralement un mouvement de recul.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et à ce moment-là, tu réalises que tu es déconnectée de ton corps, de ta sexualité, de tes besoins.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je le réalise vraiment à ce moment-là. Il n'y a pas eu un moment précis où je réalise quoi que ce soit. Ça a été plutôt après cette relation, je pense, où je me le dis vraiment. J'ai remis toute la sexualité que j'avais commencé à avoir depuis mes 17 ans et je me suis dit mais c'est ouf, depuis quelques années, en fait toute la sexualité que j'ai, c'est pas quelque chose qui me convient. Je me rends pas compte en fait que ce qui se passe, c'est pas du tout adapté à mes besoins sexuels. Juste je réponds à un schéma qui agit en faveur du plaisir du garçon et je me mets à son service et y'a pas ce retour-là. Et de toute façon je sais même pas moi qu'est-ce qui me conviendrait. En tout cas, là ce qu'on fait, ça me convient pas. Qu'est-ce qui me convient ? Alors ça, c'est un peu un mystère. Et après ça, je décide de me mettre dans le club d'abstinence radical. Je disais le club d'abstinence radical parce que ça me faisait rire, mais c'était juste moi, il n'y avait pas de vrai club. Donc du coup, pendant un an, je n'ai aucune relation du tout. Ni sexuelle, ni relationnelle, intime, rien du tout. Je m'imprègne de beaucoup de lectures féministes et je suis complètement matrixée par l'idée du consentement. Je me dis que je suis incapable de gérer mon consentement, même sur les trucs faciles. Il faut que j'arrive à savoir ce que je veux et ce que je veux pas et d'être capable de le gérer au quotidien. C'est-à-dire qu'hors de la sexualité, dans la vie quotidienne, je suis quelqu'un qui peut facilement dire oui alors que je pense non. Et je vois ça comme quelque chose de grave et d'important que j'arrive à gérer ça à la perfection pour apprendre à poser mes limites. Et c'est aussi la période où je remanie tous mes... Enfin, je remanie. J'avais l'impression de beaucoup travailler à transformer mes fantasmes. Parce que mes fantasmes, en fait, ils n'étaient pas du tout en accord avec ce dont j'ai besoin. Alors, je ne savais pas ce dont j'avais besoin. En tout cas, je savais que ce que je pratiquais, que le schéma classique de la sexualité qu'on nous donne, centré sur la pénétration et sur les pénis et sur le plaisir masculin, ce n'est pas ce qu'il me fallait. J'ai voulu enlever tout rapport au garçon de ma tête pendant que je me masturbais. Parce que du coup, c'était club d'abstinence radicale, mais par contre, je me masturbais. Je ne sais pas si dans l'abstinence, la masturbation rentre ou pas normalement. En tout cas, dans mon club, ça rentrait. Et donc je travaillais beaucoup sur mes fantasmes à ce moment-là. C'était interdit qu'il y ait de la pénétration, des pénis, tout ça. Et plutôt j'essayais d'intégrer des filles, ou alors, ah si, il y avait des garçons, mais ils ne pouvaient pas venir en haut de mon corps dans mes fantasmes. C'est-à-dire qu'ils ne pouvaient que se servir de leurs doigts, de leur langue pour me donner du plaisir. Sinon, ils ne pouvaient rien faire. Tout ça c'est dans ma tête, bien sûr. Et par contre, j'imaginais que j'embrassais des filles, que je touchais des filles. Mais voilà, c'était comme ça que je remaniais mes fantasmes, parce que je me disais, ok, ça serait mieux, ça serait plus simple pour moi.

  • Speaker #0

    Parce que quel type de fantasme te venait naturellement ? Parce que j'ai l'impression qu'il y a une petite lutte quand même interne entre le fantasme qui s'invite, lui, finalement, presque de façon intuitive. Ce n'est pas quelque chose qu'on maîtrise. Et là, tu as quand même une volonté de tordre ces fantasmes, de les manier à ta façon, pour que ça corresponde exactement à ce dont tu as envie. Quels étaient, du coup, ces fantasmes qui te venaient naturellement ?

  • Speaker #1

    du coup ce qui venait ça correspondait vachement à la sexualité finalement classique, hyper centré sur la pénétration, vraiment très très centré sur la pénétration et même s'il y en a plus, ça m'excitait plus même la double pénétration ou quoi c'est beaucoup ça que je regardais en pornographie et je pense que j'ai un peu aussi du coup ce fantasme où la femme elle va se mettre à crier dans son jeu d'acteur au moment de la pénétration et plus la pénétration va être intense, rapide, en mode bam bam bam là elle va crier de ouf et Je pense que ça m'a donné la sensation quand j'étais plus jeune que, vu qu'elle crie, ça veut dire qu'elle a du plaisir, et donc... C'est à ce moment-là où, dans ma sexualité plus tard, j'aurais eu du plaisir. En tout cas, mes fantasmes étaient très centrés là-dessus. Même quand j'étais jeune, quand je me masturbais comme ça sur de la pornographie, des fois, je pouvais quand même imaginer des choses toute seule à côté. Et j'imaginais plusieurs gars qui me faisaient des trucs en même temps. Je me réimaginais la même chose, mais sur moi. Et au final, ce n'est pas du tout ce qu'il faut que je fasse. Pour moi, c'était vraiment ça, cette période de remaniement de mes fantasmes. C'était faire correspondre. mes fantasmes à mes réels besoins quand je fais de la sexualité.

  • Speaker #0

    Donc le club de l'abstinence radicale où tu fais énormément de lectures, t'essayes de modifier tes fantasmes pour que ça corresponde au mieux à tes besoins réels ou du moins ce que j'en imagine. Ce que tu identifies comme tel. Qu'est-ce qui se passe ensuite ?

  • Speaker #1

    Je suis dans le club d'abstinence radicale sauf que je tombe amoureuse d'un gars. On entame quelque chose, moi je vais l'expliquer. tout, je lui dis tu te rends compte moi j'agis des fois comme ça mais c'est juste parce que c'est mon genre et je me suis identifiée à des femmes toute ma vie du coup voilà j'agis comme ça parce qu'on nous a dit d'agir comme ça et moi je veux pas reproduire ça, le couple aussi c'est pareil je voulais pas être enfermée dans un couple en fait j'adorais être avec lui, j'étais amoureuse de lui mais au début ça ça met beaucoup de temps à ce que je m'ouvre même juste un petit peu en tout cas physiquement je voulais même pas qu'on s'embrasse, je voulais pas je voulais pas faire de sexualité En tout cas, avec le recul, je me dis qu'en fait, à cette époque, j'aurais juste dû lui dire qu'il n'y aura pas de sexualité entre nous, juste de la tendresse. J'aurais dû faire ça, mais moi, je n'étais même pas dans cette dynamique-là. J'étais en mode, bon, du coup, je suis en couple, donc il faut qu'on essaye de faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu ressentais quand même du désir à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Je pense que je n'en ressentais pas beaucoup, parce que je ressentais beaucoup son désir pour lui envers moi. Et ouais, du coup, j'étais plus oppressée par son désir, Ce qui est d'ailleurs ce qui a mis fin à notre relation, parce qu'au bout d'un moment, je... Je ressentais plus que ça, je sentais qu'il voulait des câlins, des machins, des trucs. Calme-toi ! À la fin de cette relation, je décide de complètement lâcher prise. J'ai eu envie d'explorer, de rencontrer d'autres gens. Je me suis inscrite sur une appli de rencontres. À ce moment-là, je devais avoir 20 ans et je rencontre un gars. On ne s'est pas vus beaucoup, mais ça a quand même marqué un tournant parce qu'avec ce garçon, il s'est passé quelque chose d'incroyable. Vraiment incroyable, franchement j'ai eu de la chance quand je y repense C'est à dire que le gars s'est adapté à mon rythme Et du coup là c'était trop bien Parce que la deuxième fois que j'ai vu ce gars On a dormi ensemble, on s'est mis en culotte-calçon Dans son lit Et moi je lui ai dit que je voulais rien qui se passe de plus Et du coup juste on s'est mis dans son lit Et on s'est mis en mode câlin Et je pense qu'on a dû rester comme ça 30-40 minutes Moi je bougeais pas, lui il a pas bougé non plus et au bout d'un moment on s'est mis un peu à se caresser les mains. C'est vrai que ça, c'est un truc que quand même j'avais pensé. Pendant mes réflexions avec moi-même, je me disais que j'aimerais bien prendre le temps de toucher les mains des gens, de les regarder dans les yeux, de toucher le visage. J'avais un gros truc sur le visage. Je voulais vraiment qu'on me touche le visage, qu'on me touche la nuque aussi. Parce que pour moi, le visage, c'était moi. Et donc, si on me touche le visage, si on prend le temps de me toucher le visage, c'est qu'on me considère d'abord en tant que personne. Et donc, pour moi, c'était ça. Je voulais que le gars me touche le visage. Bon là pour le coup on n'avait pas passé beaucoup de temps sur le visage. Par contre, on a passé beaucoup de temps à se toucher les mains. Et c'était vraiment génial. Et je me souviens aussi que le gars, il ne bougeait pas tant que ça. En fait, il s'est adapté à mon rythme. C'est-à-dire que pratiquement, il ne faisait presque rien. Je pense que si on nous regardait de l'extérieur, on aurait dit « Il ne se passe rien en fait, les gens dorment. » Alors que non. Et il prenait assez le temps de rien faire, de me laisser mener pour que j'ai le temps de descendre sur ses épaules. Je lui ai touché le visage et au bout d'un moment, j'étais satisfaite. Au point que je descende sur ses épaules, mais je ne touchais pas ses épaules pour lui. Je les touchais pour moi. C'est-à-dire que j'avais le temps de découvrir hyper lentement. Et c'était incroyable parce que vraiment, j'ai kiffé faire ça. Et c'était la première fois que je kiffais toucher l'autre à ce point. Parce que là, je le touchais. La façon dont je le faisais, c'était ce qui me convenait. Je ne m'adaptais pas à lui. Et à un moment, il a frôlé le haut de mon ventre, je dirais. Très, très lentement. Juste sur cette partie là, ça a duré 40 minutes, très très lentement, il est passé tout autour de mes seins. Et en plus faut savoir que moi les seins ça me fait rien du tout, en tout cas les tétons c'est vraiment pas une zone érogène quoi. Et du coup c'est plutôt une zone qui me saoule parce que les gars ils sont toujours là en train de les... En tout cas à l'époque, maintenant je les laisse plus faire ça mais... Ils aiment bien les tripoter et tout et puis moi je les regardais en mode bon bah ok ça c'est en train de kiffer, moi je m'en bats les couilles mon gars ! Et là, pour le coup, c'était la première fois de ma vie que mes seins me servaient pour moi-même, pour quelque chose d'érotique. Ils me caressaient extrêmement lentement. Moi, j'étais hyper excitée à ce moment-là. et ça faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti ça avec quelqu'un Peut-être qu'on a passé deux, trois heures à faire ça. Et au bout d'un moment, je lui ai dit, c'est bon, là, je ne veux plus. Lui, je crois qu'il s'est endormi. Moi, je suis partie plus loin. Je me suis mise sur son balcon. On était chez lui à ce moment-là. Et je me souviens que j'avais pris mon téléphone et j'ai écrit une énorme note dans mon téléphone. Et je me disais, mais qu'est-ce qui s'est passé là ? En fait, le gars, il s'est adapté à mon rythme. C'est trop bien. C'est une dinguerie. Et du coup, je me suis dit, ah ouais, en fait, C'est trop bien, quoi. J'étais choquée de me dire, « Waouh, en fait, le gars s'est adapté à moi. » Et du coup, « Ah, mais pourquoi je trouve que c'est incroyable ? » Ça devrait être comme ça tout le temps.

  • Speaker #0

    À la suite, il y a eu d'autres rencontres que tu as faites qui sont allées dans ce sens ?

  • Speaker #1

    J'ai un peu essayé. Je crois que j'ai fréquenté 3-4 gars, mais ça a été très rapide parce que je bloquais très rapidement. Eux, pour le coup, ils me touchaient trop vite. Et donc, très rapidement, je bloquais et il ne se passait pas grand-chose. avec qui j'ai eu un rapport sexuel pour le coup un peu classique. Et il y a eu de la pénétration à un moment, et en fait ça me faisait mal. C'était la première fois que je refaisais de la pénétration depuis avant le club d'abstinence radicale, sachant qu'avant le club d'abstinence radicale, ça ne me faisait rien du tout. Ah oui, littéralement rien du tout, c'est-à-dire que je n'avais même pas de plaisir non plus. Je n'avais pas mal, mais je n'avais pas de plaisir. Ça ne servait à rien globalement. Enfin, si au gars, mais pas à moi. Et après, j'ai refréquenté un autre gars. juste une fois j'ai revu en outgas c'est pas c'est pareil, c'était un gars en soirée. Déjà, il se permettait vachement de m'embrasser, de machin, enfin pas du tout, à observer mon corps, à se dire « Ok, ça fait déjà 15 fois que je vais vers elle pour l'embrasser, elle n'a pas le temps. » Enfin, moi, à aucun moment, j'avais le temps d'aller vers lui. Et bon, déjà, elle ne voyait pas ça. Donc, à un moment, on se retrouve quand même dans mon lit et je lui dis au gars « Bon, écoute, moi, ça n'ira pas plus loin, clairement. » Enfin, il y a des circonstances qui ont fait que je n'ai pas réussi à faire en sorte que... on se retrouve pas ensemble dans mon lit mais je lui ai dit voilà ça ira pas plus loin donc je lui ai dit clairement on ne couchera pas ensemble il n'y aura pas de sexe entre nous donc on s'est quand même mis à poil dans mon lit il y a des gens qui vont dire du coup tu le chauffes bah non on peut très bien se mettre à poil dans un lit sans qu'il se passe rien, moi je lui ai dit clairement je veux qu'il se passe rien, ça veut pas dire que je veux pas qu'on dorme ensemble à poil dans mon lit ça me fait rire parce que je me dis il y a des gens ils vont jamais comprendre ce que je viens de dire pour moi c'est évident mais bon et du coup il s'est quand même permis de me toucher Il a commencé à me toucher un peu entre les jambes et tout. et j'ai dû lui dire de répéter deux fois non c'est ouf quand même mais ça me fait rire tellement c'est absurde le gars il est tout bébé c'est pas possible du coup au final je lui ai dit non deux fois du coup on a juste dormi ensemble dans mon lit en mode câlin donc ça c'était juste une histoire comme ça d'un soir autant vous dire que je ne l'ai jamais revu et donc là plus récemment il y a huit mois de ça j'ai rencontré quelqu'un c'était une fête, c'était même un festival et à un moment on se retrouve tous les deux, donc c'était l'ami d'une amie par laquelle du coup j'étais venue à ce festival on se retrouve que tous les deux à danser devant un concert et moi je lui fais des signes pour moi selon moi évidents d'attirance genre en mode je lui touche l'épaule ou je sais pas quoi mais c'est des trucs débiles où je le regarde un peu et pour moi c'est des trucs de ouf d'envoyer des signes comme ça et lui il fait rien et du coup moi à ce moment là, mais je kiffe de ouf parce que n'importe quel autre gars, à peine tu lui touches l'épaule, mais lui, c'est bon, il est déjà là à t'embrasser. Et lui, il ne faisait rien. Du coup, je me souviens à ce moment-là, j'étais hyper excitée. Enfin, ça m'excitait de ouf, le fait qu'il fasse rien. En fait, ça laisse le temps de faire monter les choses. Et après, la soirée a continué. On a beaucoup parlé. Il ne s'est rien passé ce soir-là. On ne s'est pas embrassé, rien du tout. On avait échangé nos numéros pour une raison qui n'avait rien à voir. On ne s'est pas demandé notre numéro en mode, tu me donnes ton numéro. C'était pas du tout ça, c'était une numéro avant. Et on est repartis chacun chez nous. Et puis lui m'a tout de suite dit par message, t'es bienvenue chez moi si jamais un jour tu veux passer ou quoi. Et on s'est revus rapidement. En fait, on avait déjà prévu d'aller à un même événement. C'est un événement militant. Et on s'est retrouvés là-bas. Parait qu'on a repassé une soirée ensemble. Et là, pour le coup, on s'est embrassés. On a dormi ensemble. Quand on a dormi ensemble, je crois qu'il s'est rien passé de spécial. enfin On s'était peut-être un peu excités mutuellement, mais sans plus. De toute façon, on était dans une mini-tente. Il n'y avait pas grand-chose de possible. Ensuite, il y a eu du temps qui s'est écoulé. J'ai été le voir chez lui. La première nuit que j'ai passée chez lui, il a commencé à me toucher trop vite. Ça a commencé à me stresser. Et puis quand il y a du stress qui commence à monter comme ça aussi, il faut juste que tout s'arrête. Tant que le stress n'est pas évacué, je ne peux pas continuer de vivre autre chose. Je ne peux plus ressentir de désir, ça ne marche pas. Donc juste, je crois que je lui avais dit ok c'est bon on arrête. et en fait il y a deux chambres chez lui donc j'ai été dans l'autre chambre Du coup, la nuit se passe, je dors tout seul, ce qui était une très bonne chose. Je le retrouve le lendemain, donc on se remet à discuter et tout. Au bout d'un moment, on se remet à se faire des câlins et on se réexcite, mais aussi très lentement, très doucement. Et à un moment, je crois que c'est à ce moment-là, je suis plus sûre parce que quand même, ça commence à dater. Mais en tout cas, je me souviens de ce moment. En tout cas, il me dit j'ai envie de te faire l'amour. donc moi à ce moment là j'entends j'ai envie de te pénétrer parce que c'est ça que ça veut dire et moi je dis mais on est déjà en train de faire l'amour Et je crois qu'il a eu un petit moment de pause. Il a fait, ah ouais, voilà quoi. Et bien, on continue de faire l'amour. Sans aucune pénétration. Du coup, nos rapports avec ce garçon, ils sont très longs, très étalés. Il n'y a pas de début, pas de fin. Enfin si, il y a le début de la journée et la fin de la journée. Bon, ils ne vont pas durer toute la journée non plus. Mais on va parler, on va rigoler, on va se taper un délire. Et en même temps, on va continuer de s'exciter, de se toucher. On va dire, est-ce que tu peux tester ça ? Est-ce que je peux te toucher comme ça ? Est-ce que tu peux là arrêter de bouger ? Et pour lui comme pour moi, en fait, c'est nouveau. Parce que moi, j'avais juste imaginé toutes ces choses. Alors, c'est différent de comment je l'avais imaginé. C'est plus rapide, je pense, que comme je l'avais imaginé. Mais en fait, ça me convient bien parce qu'avec lui, je suis totalement en confiance. Je n'avais jamais connu ça avant. Et en fait, dans ma sexualité, avant le club d'abstinence radicale... Dans cette sexualité-là, j'étais vachement dans un truc de montrer à l'autre que j'avais beaucoup de plaisir. Donc en fait, je simulais en permanence. Alors je ne simulais pas un orgasme. Ça, j'ai toujours dit que je n'avais pas d'orgasme. D'ailleurs, à chaque fois au gars, je lui disais non mais laisse tomber, ça ne marche pas avec l'autre d'avant, ça ne marche pas avec toi. Pas de souci, moi je ressens de l'excitation sexuelle et ça m'allait quoi. Mais je simulais quand même d'avoir beaucoup de plaisir. En fait, je pense que vraiment je reproduisais ces espèces de postures que peuvent avoir les actrices porno. je surjouais parce que là maintenant je le vois en étant naturel En fait, ça n'a rien à voir. Juste, je respire un peu fort et c'est tout. Il n'y a pas d'autre truc. Et par contre, je simulais, mais sans en être consciente. Je ne savais pas que je simulais. Ça aussi, je trouve ça fou. J'étais vraiment déconnectée de mon corps.

  • Speaker #0

    Et là, avec ce gars, tu te rends compte... Enfin, ce n'est même pas que tu te rends compte, c'est simplement que tu ne fais pas. Il n'y a pas de jeu, J-E-U, mais il y a un jeu, Charlie, qui vit, qui ressent, et qui peut-être pour la... Première fois, en tout cas pour les premières fois, est complètement en phase avec sa sexualité, avec ta sexualité en l'occurrence.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Avec ce que mon corps a réellement besoin. Et ça fonctionne. C'est vraiment cool. Je suis très contente.

  • Speaker #0

    Avec tout ce que tu viens de nous raconter, qu'est-ce que tu aimerais dire à la version de toi-même au tout début de ta sexualité, au début de tes découvertes sexuelles et de tes premières interactions sexuelles ?

  • Speaker #1

    Comme ça, instinctivement, J'aurais envie de dire à la moi de 12 ans qui commence à se masturber sur le porno de fermer cet écran et de faire sans. Après, peut-être que même sans pornographie, j'aurais quand même eu la même chose parce que dans les films, les blagues de tonton, tout ça, ça fait que peut-être je réagis de la même manière. Et pour mes premières interactions sexuelles avec des hommes, je dirais que j'aurais envie de me dire, meuf, regarde, tu simules, c'est faux. T'en as pas conscience, mais moi je te le dis, c'est faux. À un moment, t'auras pas le choix que de le voir. Voilà.

  • Speaker #0

    On arrive à la fin de notre échange. Charlie, est-ce que pour finir cette discussion, tu peux nous faire part d'une ou plusieurs anecdotes cocasses ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est pas en lien avec un rapport sexuel, mais c'est une anecdote que j'aime beaucoup, qui en dit beaucoup sur notre société et notre culture sexuelle. J'ai été en formation pour passer un équivalent bac, et c'est pendant un cours de SVT. qui parle de la reproduction des êtres humains, un peu le truc classique qu'on a au collège-lycée. On parle de comment faire en sorte de ne pas tomber enceinte, comment on se protège, voilà. Je ne sais plus comment on dit d'ailleurs, c'est quoi le terme ? C'est pas un... La contraception. Voilà, la contraception. Moi j'y pense jamais, je ne fais pas de pénétration. Du coup, on est à ce cours-là, on parle de contraception, et donc toutes les contraceptions sont venues sur la table, plus personne ne dit rien. Moi, forcément, je dis, mais aussi, le sexe peut être sans pénétration. Déjà, les rapports sont pas forcément hétéros. Et même les rapports hétéros, il n'y a pas forcément de pénétration. Et là, à ce moment-là, il y a un blanc dans la salle.

  • Speaker #0

    Tout le monde a les yeux écarquillés comme ça.

  • Speaker #1

    Personne ne le prend, quoi. Le prof, au bout d'un moment, quand même, a réagi et a dit, ah oui, c'est vrai, c'est possible. Et il y a un gars en particulier, avec des yeux éberlués.

  • Speaker #0

    Je comprends pas ta phrase, quoi. Et moi, je lui ai dit, mais sexe n'est pas égal pénétration. Et lui, vraiment, il comprenait pas, il me regardait avec ses grands yeux. Et il est revenu plusieurs fois dans la nez me dire, si je repense à ce que t'as dit. Mais je comprends pas ! C'est pas possible ! S'il n'y a pas de pénétration, c'est pas du sexe, puisque dans la tête des gens, le sexe, c'est égal à la pénétration. Donc s'il n'y a pas de pénétration, c'est-à-dire que tu fais pas de sexe. Bon, moi, ça me va. Dans ce cas-là, je suis asexuelle et ça me va très bien. Du coup, je ne sais pas ce que je fais. Je m'excite. dans le vide.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas la même grille de lecture, clairement, mais il n'a toujours pas compris ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. Je me vois plus gaffe quand il te redemande si je le revois.

  • Speaker #1

    Tu lui dirais, tiens, j'ai participé à un podcast. Ça te dit de l'écouter ?

  • Speaker #0

    Je vais voir. À qui je fournis le truc ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup,

  • Speaker #0

    Charlie. Merci à toi, Louise, de créer cette possibilité de parler de nos vies sexuelles.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Merci. C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Merci de votre écoute, et si vous avez aimé ce que vous avez écouté, alors likez le podcast avec 5 étoiles, et mettez des commentaires sur Spotify, Deezer, Apple Podcasts, pour faire connaître Lumière sous la couette au plus grand nombre, ça nous aide vraiment beaucoup. Abonnez-vous au podcast sur votre appli d'écoute, et sur notre page Insta pour rester à l'affût de toutes les actus et des nouvelles sorties d'épisodes. Et enfin, si vous aussi... vous avez envie de témoigner, vous pouvez me contacter sur Insta via DM ou à l'adresse mail hello.lumièresselaquette.com On se retrouve un mardi sur deux pour la sortie d'un nouvel épisode. D'ici là, prenez soin de vous et kiffez !

Description

Charlie a 12 ans quand elle regarde pour la première fois un film X avec des copines. Elle ne le sait pas encore, pourtant ce moment va marquer sa façon d’imaginer le sexe : de ce qu’elle pense devoir ressentir, de comment elle croit devoir agir en tant que femme cis hétéro, jusqu’à la forme que prennent ses fantasmes… et sa capacité à jouir. 


Pendant des années Charlie performe. Elle calque ses faits et gestes sur ceux qu’elle a vus. Elle montre le plaisir plus qu’elle ne le vit. 


Et puis, un jour, elle sent que quelque chose sonne faux. Son corps suit le scénario mais à l’intérieur rien ne vibre vraiment. Alors elle fait une pause. Elle se déprogramme. Et elle commence, doucement, à explorer ce qui lui fait vraiment du bien dans une sexualité non-pénétrative.


Je vous en souhaite une belle écoute.

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Lumière sous la couette est un podcast où sont abordées différentes thématiques au contenu possiblement explicite : le sexe évidemment, le désir, le plaisir, la liberté sexuelle, la libido, l'érotisme, l'intime, les rencontres, la première fois, la jouissance, les orgasmes, l'épanouissement ainsi que les tabous, bref, tout ce qui pique notre curiosité et abreuve notre soif de découvertes de soi et des autres.


Lumière sous la couette est une émission diffusée un mardi sur deux, produite par Louise Bonte.
Prise de son et montage : Louise Bonte

Création musicale et mixage : Julien Boussage


Pour suivre toute l'actualité de Lumière sous la couette, rdv sur Insta : @lumiere_sous_la_couette

Et si vous avez une histoire à raconter ou une demande de témoignage, écrivez-moi à hello@lumieresouslacouette.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Lumière sous la couette, le podcast qui explore les sexualités. Je suis Louise Bonte et à mon micro vous entendrez des récits intimes mettant en lumière des personnes qui ont accepté de vous partager ce qu'on garde généralement secret. À travers leurs histoires, elles assument d'exposer cette partie de leur vie dans l'ombre qui en dit long sur soi, sur nous et notre époque. Parce que la sexualité nous concerne toutes et tous, et que partager ce qui nous fait du bien, nos expériences et nos anecdotes les plus cocasses, permet de donner une multitude de définitions à ce qui se cache derrière le mot sexe, ouvrez bien grand vos oreilles, on va allumer la lumière sous la couette. Dans l'épisode d'aujourd'hui, je reçois Charlie, qui nous partage comment le porno a influencé sa sexualité. Charlie a 12 ans quand elle regarde pour la première fois un film X avec des copines, et si elle n'identifie pas directement que ce qu'elle ressent c'est de l'excitation sexuelle, ce premier visionnage va largement influencer sa vision du sexe : de la manière dont il est censé se dérouler, de ce qu'elle pense devoir ressentir, jusqu'à la forme que prennent ses fantasmes et sa capacité à jouir. Et puis petit à petit, elle se rend compte qu'elle est déconnectée de son corps... que ce qu'elle pensait aimer, en fait, ne lui convient pas. Alors elle fait une pause, elle déconstruit, elle explore, et elle commence enfin à découvrir ce qui lui fait vraiment du bien. Je vous en souhaite une belle écoute. Bonjour Charlie.

  • Speaker #1

    Bonjour Louise.

  • Speaker #0

    Est-ce que pour commencer notre échange, tu peux te présenter à nous s'il te plaît et nous dire comment tu t'appelles, ton âge, ton lieu de vie ? ce que tu fais et ce que tu aimes dans la vie.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Charlie, j'ai 23 ans, j'habite en Bretagne. Actuellement, je suis saisonnière dans l'horticulture et ça change souvent. Ensuite, je vais aller faire de la cuisine sur les festivals et ensuite, je ne sais pas. Et ce que j'aime dans la vie, j'aime les plantes. J'aime être libre et avoir du temps pour faire plein de choses avec des gens qui n'ont rien à voir avec le fait de participer à notre système économique que je n'aime pas trop. Voilà. C'est dense.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous parler de ta découverte de la sexualité et de tes premiers émois ? Ça remonte à quand et c'était comment ?

  • Speaker #1

    Alors ma découverte de la sexualité, ça a été je pense vers 11-12 ans quand je me suis retrouvée à regarder de la pornographie avec des copines. Ça est arrivé deux fois de façon assez rapprochée avec deux groupes d'amis différents. On a regardé ces vidéos ensemble et je ressentais une chaleur à l'intérieur de moi mais alors je n'ai pas du tout identifié ça comme ok c'est une excitation sexuelle. Et aussi à cette période-là, je commençais à avoir un très gros crush sur quelqu'un en collège. Et du coup, je pensais pas mal à lui. Je pense qu'à un moment, par rapport à lui, j'ai commencé à vouloir me masturber. Et en fait, très vite, j'ai re-ressenti cette chaleur. Donc mon premier lien avec la sexualité, c'est de me masturber, de faire le lien avec le porno et donc de me masturber dès la première fois sur du porno et de me faire jouir comme ça. Ça a continué comme ça pendant longtemps, au moins jusqu'à mes 18 ans. en fait je... Je me suis masturbée en regardant de la pornographie.

  • Speaker #0

    Et quand vous vous êtes retrouvés à regarder ce film ensemble, avec ces deux groupes d'amis, c'était quelque chose que vous aviez prévu ? Vous étiez dit, allez hop, on se retrouve et on regarde ça ? Ou est-ce que c'est un peu par hasard que vous êtes tombés sur ce type de contenu ?

  • Speaker #1

    On ne s'est pas retrouvés exprès pour regarder ça. Ce n'est pas par hasard, on y a été volontairement, clairement. Il y a même un des groupes d'amis, je crois qu'on y était retournés dessus. Et il y a même un groupe d'amis où on s'amusait à... à reproduire les scènes. Alors en faux, on était habillés et tout, et il y avait... Enfin en tout cas, pour ma part, je ressentais aucune excitation à ce moment-là, mais on jouait à reproduire les positions qu'on voyait dans les vidéos.

  • Speaker #0

    Et donc tu disais, t'avais 11-12 ans par là. Comment... C'était la première fois que tu regardais du porno ? T'avais une appréhension ? Il y avait quelque chose d'un peu étonnant quand tu regardais ça ? Ou au contraire, c'était complètement naturel et tu t'es dit mais en fait, cette chaleur que je ressens est plutôt kiffante et ok, c'est en lien avec ces images, mais c'est comme ça ?

  • Speaker #1

    Non, ça ne me faisait rien de particulier. En parallèle de tout ça, je commençais déjà à m'intéresser au féminisme. Il y avait cette idée de la liberté sexuelle qui m'imprégnait déjà. J'étais plutôt dans cette optique-là de faire ce que je veux et c'est bien, c'est cool. C'est cool qu'une fille se masturbe et c'est normal. Pas au point que je sois capable d'en parler, mais au point que je sois tranquille avec moi-même.

  • Speaker #0

    Tu disais que pendant longtemps... tu t'es masturbée du coup en regardant du porno. Ça, c'est donc un certain plaisir seul. Tes premières interactions sexuelles, c'était quand ? C'est-à-dire, quand est-ce que pour la première fois, tu as fait du sexe avec quelqu'un ?

  • Speaker #1

    Pour la première fois, j'ai couché avec quelqu'un, j'avais 17 ans. C'était la fin de mes 17 ans. C'était un gars, c'était la deuxième fois que je le voyais, c'était en soirée. Et je crois qu'on a parlé un petit peu de sexualité, justement. On était un peu bourrés, on a couché ensemble, de façon classique, je dirais. Il m'a fait un long cunni, c'était très très bien. Après, il voulait une fellation, je lui ai dit non. D'ailleurs, je savais d'avance que je ne voulais pas en faire. Je pense justement par rapport au porno que je voyais, je voyais ce moment de la sexualité comme quelque chose de dégradant que je ne voulais pas faire. Et je m'étais préparée, depuis que j'avais envie de coucher avec quelqu'un, à dire non à ce moment-là, donc je lui ai dit non. Et après, on a couché ensemble, on a fait de la pénétration. Et il a joui. Et puis voilà, c'est terminé. C'était très bien. J'ai ressenti de l'excitation sexuelle. Je n'ai pas joui. Je ne l'ai jamais revu. Je voulais le revoir, mais je ne l'ai jamais revu. Je pense même que j'étais insistante et que je lui ai fait peur. Donc, je voulais retrouver ça. Et du coup, je l'ai retrouvé plus tard avec un autre garçon avec qui je me suis mise en relation. Avec qui on avait une sexualité régulière. Pareil, c'était une sexualité très classique. Préliminaire, pénétration. orgasme du mec, moi j'avais pas d'orgasme par contre j'étais vraiment insatiable, je sais pas si c'est ça le mot insatiable j'en voulais toujours plus quand même, je lui avais dit à un moment je lui disais mais moi je pourrais coucher avec toi toute la journée je savais pas à ce moment là si c'était parce que j'avais pas d'orgasme vu que j'ai pas d'orgasme ça se termine jamais pour moi donc en fait pour moi c'est jamais fini je voulais toujours coucher avec lui donc j'avais plus envie que lui Je me souviens d'une fois avec lui, on était vraiment dans la montagne, sous les étoiles et c'était cool. En fait, l'environnement et tout ça était cool, mais en soi, quand j'y repense, la sexualité qu'on avait, c'était sans plus. En fait, ma satisfaction sexuelle, je pense qu'elle était avant tout sociale, parce que je pense qu'en gros, vu que je faisais du cul, je correspondais à la personne que je voulais être ou à l'image de la personne que je voulais renvoyer. pour les gens qui m'entouraient, pour la société, mais j'étais satisfaite de faire de la sexualité. Peu importe ce qui se passait ou ce qui ne se passait pas, je faisais du cul, j'en parlais à mes amis, et juste pour ça, j'étais trop contente. Je pense que ma satisfaction première, elle était là, c'était presque de pouvoir parler de cul avec ses amis, juste de dire « j'ai couché avec telle personne » , et après, j'avais quand même une réelle satisfaction à ressentir cette excitation sexuelle, à toucher un corps, mais c'était presque secondaire. Et d'ailleurs, c'est avec lui, parce que je me suis beaucoup masturbée sur du porno, mais uniquement sur du porno d'ailleurs. Et j'avais bien remarqué quand j'étais plus jeune que je ne pouvais pas atteindre l'orgasme sans regarder de vidéos porno. Et donc, une fois avec lui, on avait couché ensemble et lui, il était parti. Donc moi, je n'avais pas eu d'orgasme comme d'habitude. Et je me suis dit, mais là, je suis déjà pré-excité. Parce que je pense qu'il y avait ce truc-là que quand je me masturbais, normalement, le porno, ça a le rôle de déjà m'exciter. Le gros du travail est fait. Donc je me suis dit bon ok c'est parti Je vais me masturber sans regarder de porno Et donc je l'ai fait, je me suis concentrée de ouf Pour me refaire Mentalement une vidéo Une que je regardais souvent Et je me la suis refaite parfaitement Et du coup j'ai réussi à me faire jouir sans regarder de porno Entre guillemets j'ai regardé dans ma tête Mais je ne l'ai pas regardé sur un écran Et ça a marché quoi, je me souviens j'ai même noté dans mon petit carnet Telle date telle heure, tel endroit, j'ai réussi à jouir pour la première fois sans regarder de porno et j'étais vraiment contente parce que ça me tracassait quand même de me dire, c'est pas normal que je puisse pas jouir sans regarder. J'ai compris qu'il fallait que je prenne le temps moi-même de m'exciter et de faire monter la chose et ça je l'avais pas compris avant. En fait, il faut prendre le temps, ça peut pas venir comme ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'il y avait un lien entre finalement tes premiers émois sexuels, c'est en regardant du porno et le fait d'atteindre la jouissance grâce ? à ces images, ou est-ce que ça n'a aucun rapport à tes yeux ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, j'en ai aucune idée. Pour moi, c'est vraiment un mystère. Je me dis qu'il y a un chemin dans mon cerveau qui est tracé, un chemin facile qui me permet d'atteindre l'orgasme avec le porno. Même, je vois, par exemple, juste... Si je suis en train de me masturber sans regarder de pornographie, si je suis en train de me masturber et que, je ne sais pas, je vais regarder mon écran pour quelque chose, je vais ressentir une forte excitation d'un coup, parce que juste, je regarde un écran, quoi, et que mon cerveau se dit ah là là, tu vas retourner dessus ? Il y a quand même un lien fort avec la pornographie.

  • Speaker #0

    Jusqu'à l'objet écran, ça pouvait venir titiller peut-être le truc de « Attends, mais t'es à un clic d'une vidéo, là ! »

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Donc, t'as un sentiment de satisfaction sexuelle, même si, avec le recul aujourd'hui, tu te dis « Mais c'était pas forcément ça » . T'as eu d'autres expériences par la suite ?

  • Speaker #1

    J'ai fréquenté plusieurs garçons où c'était un peu la même chose. C'était le même schéma classique. J'ai dû en fréquenter 4-5 comme ça. sur des relations assez courtes et pas très profondes en termes de sentiments. beaucoup porté sur la sexualité. J'ai eu une relation en particulier, je ne sais pas si la relation a eu un impact ou pas, en tout cas j'ai eu une espèce de prise de conscience que ce que je faisais, le schéma classique, ça ne fonctionnait pas pour moi. Déjà j'étais déjà renseignée sur le féminisme et j'en parlais tout le temps avec mes copines qui elles aussi faisaient l'effort de se renseigner en permanence et de se remettre en question, de réfléchir sur la sexualité. Donc c'était vraiment une grosse partie de ma vie que de tout remettre en question sur ce sujet-là. J'ai eu une relation avec un garçon et... il y a un moment précis qui m'a marqué. Il me faisait un cunnilingus. Et en fait, sur le coup, je me dis, ouais, c'est incroyable. Dans le sens, c'est super bien. Et en fait, c'est super nul parce qu'en fait, c'est trop fort. Et moi, je recule en permanence. On a fait toute la chambre, tout le sol, tout le lit. J'ai reculé partout. Et là, pour continuer, moi, je dis, ouais, c'est super bien. Et en fait, ce qu'on faisait, ça convenait pas du tout. C'était vraiment l'opposé de ce qui me convenait. Et pourtant, moi, j'étais à fond. Je pense aussi que j'ai dû reproduire un peu... les schémas pornographiques qu'on pouvait voir.

  • Speaker #0

    C'est hyper interpellant parce que ce que tu décrivais, c'est ce côté où finalement, intellectuellement, tu te dis c'est génial ce qu'on est en train de faire, mais ton corps a littéralement un mouvement de recul.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et à ce moment-là, tu réalises que tu es déconnectée de ton corps, de ta sexualité, de tes besoins.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je le réalise vraiment à ce moment-là. Il n'y a pas eu un moment précis où je réalise quoi que ce soit. Ça a été plutôt après cette relation, je pense, où je me le dis vraiment. J'ai remis toute la sexualité que j'avais commencé à avoir depuis mes 17 ans et je me suis dit mais c'est ouf, depuis quelques années, en fait toute la sexualité que j'ai, c'est pas quelque chose qui me convient. Je me rends pas compte en fait que ce qui se passe, c'est pas du tout adapté à mes besoins sexuels. Juste je réponds à un schéma qui agit en faveur du plaisir du garçon et je me mets à son service et y'a pas ce retour-là. Et de toute façon je sais même pas moi qu'est-ce qui me conviendrait. En tout cas, là ce qu'on fait, ça me convient pas. Qu'est-ce qui me convient ? Alors ça, c'est un peu un mystère. Et après ça, je décide de me mettre dans le club d'abstinence radical. Je disais le club d'abstinence radical parce que ça me faisait rire, mais c'était juste moi, il n'y avait pas de vrai club. Donc du coup, pendant un an, je n'ai aucune relation du tout. Ni sexuelle, ni relationnelle, intime, rien du tout. Je m'imprègne de beaucoup de lectures féministes et je suis complètement matrixée par l'idée du consentement. Je me dis que je suis incapable de gérer mon consentement, même sur les trucs faciles. Il faut que j'arrive à savoir ce que je veux et ce que je veux pas et d'être capable de le gérer au quotidien. C'est-à-dire qu'hors de la sexualité, dans la vie quotidienne, je suis quelqu'un qui peut facilement dire oui alors que je pense non. Et je vois ça comme quelque chose de grave et d'important que j'arrive à gérer ça à la perfection pour apprendre à poser mes limites. Et c'est aussi la période où je remanie tous mes... Enfin, je remanie. J'avais l'impression de beaucoup travailler à transformer mes fantasmes. Parce que mes fantasmes, en fait, ils n'étaient pas du tout en accord avec ce dont j'ai besoin. Alors, je ne savais pas ce dont j'avais besoin. En tout cas, je savais que ce que je pratiquais, que le schéma classique de la sexualité qu'on nous donne, centré sur la pénétration et sur les pénis et sur le plaisir masculin, ce n'est pas ce qu'il me fallait. J'ai voulu enlever tout rapport au garçon de ma tête pendant que je me masturbais. Parce que du coup, c'était club d'abstinence radicale, mais par contre, je me masturbais. Je ne sais pas si dans l'abstinence, la masturbation rentre ou pas normalement. En tout cas, dans mon club, ça rentrait. Et donc je travaillais beaucoup sur mes fantasmes à ce moment-là. C'était interdit qu'il y ait de la pénétration, des pénis, tout ça. Et plutôt j'essayais d'intégrer des filles, ou alors, ah si, il y avait des garçons, mais ils ne pouvaient pas venir en haut de mon corps dans mes fantasmes. C'est-à-dire qu'ils ne pouvaient que se servir de leurs doigts, de leur langue pour me donner du plaisir. Sinon, ils ne pouvaient rien faire. Tout ça c'est dans ma tête, bien sûr. Et par contre, j'imaginais que j'embrassais des filles, que je touchais des filles. Mais voilà, c'était comme ça que je remaniais mes fantasmes, parce que je me disais, ok, ça serait mieux, ça serait plus simple pour moi.

  • Speaker #0

    Parce que quel type de fantasme te venait naturellement ? Parce que j'ai l'impression qu'il y a une petite lutte quand même interne entre le fantasme qui s'invite, lui, finalement, presque de façon intuitive. Ce n'est pas quelque chose qu'on maîtrise. Et là, tu as quand même une volonté de tordre ces fantasmes, de les manier à ta façon, pour que ça corresponde exactement à ce dont tu as envie. Quels étaient, du coup, ces fantasmes qui te venaient naturellement ?

  • Speaker #1

    du coup ce qui venait ça correspondait vachement à la sexualité finalement classique, hyper centré sur la pénétration, vraiment très très centré sur la pénétration et même s'il y en a plus, ça m'excitait plus même la double pénétration ou quoi c'est beaucoup ça que je regardais en pornographie et je pense que j'ai un peu aussi du coup ce fantasme où la femme elle va se mettre à crier dans son jeu d'acteur au moment de la pénétration et plus la pénétration va être intense, rapide, en mode bam bam bam là elle va crier de ouf et Je pense que ça m'a donné la sensation quand j'étais plus jeune que, vu qu'elle crie, ça veut dire qu'elle a du plaisir, et donc... C'est à ce moment-là où, dans ma sexualité plus tard, j'aurais eu du plaisir. En tout cas, mes fantasmes étaient très centrés là-dessus. Même quand j'étais jeune, quand je me masturbais comme ça sur de la pornographie, des fois, je pouvais quand même imaginer des choses toute seule à côté. Et j'imaginais plusieurs gars qui me faisaient des trucs en même temps. Je me réimaginais la même chose, mais sur moi. Et au final, ce n'est pas du tout ce qu'il faut que je fasse. Pour moi, c'était vraiment ça, cette période de remaniement de mes fantasmes. C'était faire correspondre. mes fantasmes à mes réels besoins quand je fais de la sexualité.

  • Speaker #0

    Donc le club de l'abstinence radicale où tu fais énormément de lectures, t'essayes de modifier tes fantasmes pour que ça corresponde au mieux à tes besoins réels ou du moins ce que j'en imagine. Ce que tu identifies comme tel. Qu'est-ce qui se passe ensuite ?

  • Speaker #1

    Je suis dans le club d'abstinence radicale sauf que je tombe amoureuse d'un gars. On entame quelque chose, moi je vais l'expliquer. tout, je lui dis tu te rends compte moi j'agis des fois comme ça mais c'est juste parce que c'est mon genre et je me suis identifiée à des femmes toute ma vie du coup voilà j'agis comme ça parce qu'on nous a dit d'agir comme ça et moi je veux pas reproduire ça, le couple aussi c'est pareil je voulais pas être enfermée dans un couple en fait j'adorais être avec lui, j'étais amoureuse de lui mais au début ça ça met beaucoup de temps à ce que je m'ouvre même juste un petit peu en tout cas physiquement je voulais même pas qu'on s'embrasse, je voulais pas je voulais pas faire de sexualité En tout cas, avec le recul, je me dis qu'en fait, à cette époque, j'aurais juste dû lui dire qu'il n'y aura pas de sexualité entre nous, juste de la tendresse. J'aurais dû faire ça, mais moi, je n'étais même pas dans cette dynamique-là. J'étais en mode, bon, du coup, je suis en couple, donc il faut qu'on essaye de faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu ressentais quand même du désir à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Je pense que je n'en ressentais pas beaucoup, parce que je ressentais beaucoup son désir pour lui envers moi. Et ouais, du coup, j'étais plus oppressée par son désir, Ce qui est d'ailleurs ce qui a mis fin à notre relation, parce qu'au bout d'un moment, je... Je ressentais plus que ça, je sentais qu'il voulait des câlins, des machins, des trucs. Calme-toi ! À la fin de cette relation, je décide de complètement lâcher prise. J'ai eu envie d'explorer, de rencontrer d'autres gens. Je me suis inscrite sur une appli de rencontres. À ce moment-là, je devais avoir 20 ans et je rencontre un gars. On ne s'est pas vus beaucoup, mais ça a quand même marqué un tournant parce qu'avec ce garçon, il s'est passé quelque chose d'incroyable. Vraiment incroyable, franchement j'ai eu de la chance quand je y repense C'est à dire que le gars s'est adapté à mon rythme Et du coup là c'était trop bien Parce que la deuxième fois que j'ai vu ce gars On a dormi ensemble, on s'est mis en culotte-calçon Dans son lit Et moi je lui ai dit que je voulais rien qui se passe de plus Et du coup juste on s'est mis dans son lit Et on s'est mis en mode câlin Et je pense qu'on a dû rester comme ça 30-40 minutes Moi je bougeais pas, lui il a pas bougé non plus et au bout d'un moment on s'est mis un peu à se caresser les mains. C'est vrai que ça, c'est un truc que quand même j'avais pensé. Pendant mes réflexions avec moi-même, je me disais que j'aimerais bien prendre le temps de toucher les mains des gens, de les regarder dans les yeux, de toucher le visage. J'avais un gros truc sur le visage. Je voulais vraiment qu'on me touche le visage, qu'on me touche la nuque aussi. Parce que pour moi, le visage, c'était moi. Et donc, si on me touche le visage, si on prend le temps de me toucher le visage, c'est qu'on me considère d'abord en tant que personne. Et donc, pour moi, c'était ça. Je voulais que le gars me touche le visage. Bon là pour le coup on n'avait pas passé beaucoup de temps sur le visage. Par contre, on a passé beaucoup de temps à se toucher les mains. Et c'était vraiment génial. Et je me souviens aussi que le gars, il ne bougeait pas tant que ça. En fait, il s'est adapté à mon rythme. C'est-à-dire que pratiquement, il ne faisait presque rien. Je pense que si on nous regardait de l'extérieur, on aurait dit « Il ne se passe rien en fait, les gens dorment. » Alors que non. Et il prenait assez le temps de rien faire, de me laisser mener pour que j'ai le temps de descendre sur ses épaules. Je lui ai touché le visage et au bout d'un moment, j'étais satisfaite. Au point que je descende sur ses épaules, mais je ne touchais pas ses épaules pour lui. Je les touchais pour moi. C'est-à-dire que j'avais le temps de découvrir hyper lentement. Et c'était incroyable parce que vraiment, j'ai kiffé faire ça. Et c'était la première fois que je kiffais toucher l'autre à ce point. Parce que là, je le touchais. La façon dont je le faisais, c'était ce qui me convenait. Je ne m'adaptais pas à lui. Et à un moment, il a frôlé le haut de mon ventre, je dirais. Très, très lentement. Juste sur cette partie là, ça a duré 40 minutes, très très lentement, il est passé tout autour de mes seins. Et en plus faut savoir que moi les seins ça me fait rien du tout, en tout cas les tétons c'est vraiment pas une zone érogène quoi. Et du coup c'est plutôt une zone qui me saoule parce que les gars ils sont toujours là en train de les... En tout cas à l'époque, maintenant je les laisse plus faire ça mais... Ils aiment bien les tripoter et tout et puis moi je les regardais en mode bon bah ok ça c'est en train de kiffer, moi je m'en bats les couilles mon gars ! Et là, pour le coup, c'était la première fois de ma vie que mes seins me servaient pour moi-même, pour quelque chose d'érotique. Ils me caressaient extrêmement lentement. Moi, j'étais hyper excitée à ce moment-là. et ça faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti ça avec quelqu'un Peut-être qu'on a passé deux, trois heures à faire ça. Et au bout d'un moment, je lui ai dit, c'est bon, là, je ne veux plus. Lui, je crois qu'il s'est endormi. Moi, je suis partie plus loin. Je me suis mise sur son balcon. On était chez lui à ce moment-là. Et je me souviens que j'avais pris mon téléphone et j'ai écrit une énorme note dans mon téléphone. Et je me disais, mais qu'est-ce qui s'est passé là ? En fait, le gars, il s'est adapté à mon rythme. C'est trop bien. C'est une dinguerie. Et du coup, je me suis dit, ah ouais, en fait, C'est trop bien, quoi. J'étais choquée de me dire, « Waouh, en fait, le gars s'est adapté à moi. » Et du coup, « Ah, mais pourquoi je trouve que c'est incroyable ? » Ça devrait être comme ça tout le temps.

  • Speaker #0

    À la suite, il y a eu d'autres rencontres que tu as faites qui sont allées dans ce sens ?

  • Speaker #1

    J'ai un peu essayé. Je crois que j'ai fréquenté 3-4 gars, mais ça a été très rapide parce que je bloquais très rapidement. Eux, pour le coup, ils me touchaient trop vite. Et donc, très rapidement, je bloquais et il ne se passait pas grand-chose. avec qui j'ai eu un rapport sexuel pour le coup un peu classique. Et il y a eu de la pénétration à un moment, et en fait ça me faisait mal. C'était la première fois que je refaisais de la pénétration depuis avant le club d'abstinence radicale, sachant qu'avant le club d'abstinence radicale, ça ne me faisait rien du tout. Ah oui, littéralement rien du tout, c'est-à-dire que je n'avais même pas de plaisir non plus. Je n'avais pas mal, mais je n'avais pas de plaisir. Ça ne servait à rien globalement. Enfin, si au gars, mais pas à moi. Et après, j'ai refréquenté un autre gars. juste une fois j'ai revu en outgas c'est pas c'est pareil, c'était un gars en soirée. Déjà, il se permettait vachement de m'embrasser, de machin, enfin pas du tout, à observer mon corps, à se dire « Ok, ça fait déjà 15 fois que je vais vers elle pour l'embrasser, elle n'a pas le temps. » Enfin, moi, à aucun moment, j'avais le temps d'aller vers lui. Et bon, déjà, elle ne voyait pas ça. Donc, à un moment, on se retrouve quand même dans mon lit et je lui dis au gars « Bon, écoute, moi, ça n'ira pas plus loin, clairement. » Enfin, il y a des circonstances qui ont fait que je n'ai pas réussi à faire en sorte que... on se retrouve pas ensemble dans mon lit mais je lui ai dit voilà ça ira pas plus loin donc je lui ai dit clairement on ne couchera pas ensemble il n'y aura pas de sexe entre nous donc on s'est quand même mis à poil dans mon lit il y a des gens qui vont dire du coup tu le chauffes bah non on peut très bien se mettre à poil dans un lit sans qu'il se passe rien, moi je lui ai dit clairement je veux qu'il se passe rien, ça veut pas dire que je veux pas qu'on dorme ensemble à poil dans mon lit ça me fait rire parce que je me dis il y a des gens ils vont jamais comprendre ce que je viens de dire pour moi c'est évident mais bon et du coup il s'est quand même permis de me toucher Il a commencé à me toucher un peu entre les jambes et tout. et j'ai dû lui dire de répéter deux fois non c'est ouf quand même mais ça me fait rire tellement c'est absurde le gars il est tout bébé c'est pas possible du coup au final je lui ai dit non deux fois du coup on a juste dormi ensemble dans mon lit en mode câlin donc ça c'était juste une histoire comme ça d'un soir autant vous dire que je ne l'ai jamais revu et donc là plus récemment il y a huit mois de ça j'ai rencontré quelqu'un c'était une fête, c'était même un festival et à un moment on se retrouve tous les deux, donc c'était l'ami d'une amie par laquelle du coup j'étais venue à ce festival on se retrouve que tous les deux à danser devant un concert et moi je lui fais des signes pour moi selon moi évidents d'attirance genre en mode je lui touche l'épaule ou je sais pas quoi mais c'est des trucs débiles où je le regarde un peu et pour moi c'est des trucs de ouf d'envoyer des signes comme ça et lui il fait rien et du coup moi à ce moment là, mais je kiffe de ouf parce que n'importe quel autre gars, à peine tu lui touches l'épaule, mais lui, c'est bon, il est déjà là à t'embrasser. Et lui, il ne faisait rien. Du coup, je me souviens à ce moment-là, j'étais hyper excitée. Enfin, ça m'excitait de ouf, le fait qu'il fasse rien. En fait, ça laisse le temps de faire monter les choses. Et après, la soirée a continué. On a beaucoup parlé. Il ne s'est rien passé ce soir-là. On ne s'est pas embrassé, rien du tout. On avait échangé nos numéros pour une raison qui n'avait rien à voir. On ne s'est pas demandé notre numéro en mode, tu me donnes ton numéro. C'était pas du tout ça, c'était une numéro avant. Et on est repartis chacun chez nous. Et puis lui m'a tout de suite dit par message, t'es bienvenue chez moi si jamais un jour tu veux passer ou quoi. Et on s'est revus rapidement. En fait, on avait déjà prévu d'aller à un même événement. C'est un événement militant. Et on s'est retrouvés là-bas. Parait qu'on a repassé une soirée ensemble. Et là, pour le coup, on s'est embrassés. On a dormi ensemble. Quand on a dormi ensemble, je crois qu'il s'est rien passé de spécial. enfin On s'était peut-être un peu excités mutuellement, mais sans plus. De toute façon, on était dans une mini-tente. Il n'y avait pas grand-chose de possible. Ensuite, il y a eu du temps qui s'est écoulé. J'ai été le voir chez lui. La première nuit que j'ai passée chez lui, il a commencé à me toucher trop vite. Ça a commencé à me stresser. Et puis quand il y a du stress qui commence à monter comme ça aussi, il faut juste que tout s'arrête. Tant que le stress n'est pas évacué, je ne peux pas continuer de vivre autre chose. Je ne peux plus ressentir de désir, ça ne marche pas. Donc juste, je crois que je lui avais dit ok c'est bon on arrête. et en fait il y a deux chambres chez lui donc j'ai été dans l'autre chambre Du coup, la nuit se passe, je dors tout seul, ce qui était une très bonne chose. Je le retrouve le lendemain, donc on se remet à discuter et tout. Au bout d'un moment, on se remet à se faire des câlins et on se réexcite, mais aussi très lentement, très doucement. Et à un moment, je crois que c'est à ce moment-là, je suis plus sûre parce que quand même, ça commence à dater. Mais en tout cas, je me souviens de ce moment. En tout cas, il me dit j'ai envie de te faire l'amour. donc moi à ce moment là j'entends j'ai envie de te pénétrer parce que c'est ça que ça veut dire et moi je dis mais on est déjà en train de faire l'amour Et je crois qu'il a eu un petit moment de pause. Il a fait, ah ouais, voilà quoi. Et bien, on continue de faire l'amour. Sans aucune pénétration. Du coup, nos rapports avec ce garçon, ils sont très longs, très étalés. Il n'y a pas de début, pas de fin. Enfin si, il y a le début de la journée et la fin de la journée. Bon, ils ne vont pas durer toute la journée non plus. Mais on va parler, on va rigoler, on va se taper un délire. Et en même temps, on va continuer de s'exciter, de se toucher. On va dire, est-ce que tu peux tester ça ? Est-ce que je peux te toucher comme ça ? Est-ce que tu peux là arrêter de bouger ? Et pour lui comme pour moi, en fait, c'est nouveau. Parce que moi, j'avais juste imaginé toutes ces choses. Alors, c'est différent de comment je l'avais imaginé. C'est plus rapide, je pense, que comme je l'avais imaginé. Mais en fait, ça me convient bien parce qu'avec lui, je suis totalement en confiance. Je n'avais jamais connu ça avant. Et en fait, dans ma sexualité, avant le club d'abstinence radicale... Dans cette sexualité-là, j'étais vachement dans un truc de montrer à l'autre que j'avais beaucoup de plaisir. Donc en fait, je simulais en permanence. Alors je ne simulais pas un orgasme. Ça, j'ai toujours dit que je n'avais pas d'orgasme. D'ailleurs, à chaque fois au gars, je lui disais non mais laisse tomber, ça ne marche pas avec l'autre d'avant, ça ne marche pas avec toi. Pas de souci, moi je ressens de l'excitation sexuelle et ça m'allait quoi. Mais je simulais quand même d'avoir beaucoup de plaisir. En fait, je pense que vraiment je reproduisais ces espèces de postures que peuvent avoir les actrices porno. je surjouais parce que là maintenant je le vois en étant naturel En fait, ça n'a rien à voir. Juste, je respire un peu fort et c'est tout. Il n'y a pas d'autre truc. Et par contre, je simulais, mais sans en être consciente. Je ne savais pas que je simulais. Ça aussi, je trouve ça fou. J'étais vraiment déconnectée de mon corps.

  • Speaker #0

    Et là, avec ce gars, tu te rends compte... Enfin, ce n'est même pas que tu te rends compte, c'est simplement que tu ne fais pas. Il n'y a pas de jeu, J-E-U, mais il y a un jeu, Charlie, qui vit, qui ressent, et qui peut-être pour la... Première fois, en tout cas pour les premières fois, est complètement en phase avec sa sexualité, avec ta sexualité en l'occurrence.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Avec ce que mon corps a réellement besoin. Et ça fonctionne. C'est vraiment cool. Je suis très contente.

  • Speaker #0

    Avec tout ce que tu viens de nous raconter, qu'est-ce que tu aimerais dire à la version de toi-même au tout début de ta sexualité, au début de tes découvertes sexuelles et de tes premières interactions sexuelles ?

  • Speaker #1

    Comme ça, instinctivement, J'aurais envie de dire à la moi de 12 ans qui commence à se masturber sur le porno de fermer cet écran et de faire sans. Après, peut-être que même sans pornographie, j'aurais quand même eu la même chose parce que dans les films, les blagues de tonton, tout ça, ça fait que peut-être je réagis de la même manière. Et pour mes premières interactions sexuelles avec des hommes, je dirais que j'aurais envie de me dire, meuf, regarde, tu simules, c'est faux. T'en as pas conscience, mais moi je te le dis, c'est faux. À un moment, t'auras pas le choix que de le voir. Voilà.

  • Speaker #0

    On arrive à la fin de notre échange. Charlie, est-ce que pour finir cette discussion, tu peux nous faire part d'une ou plusieurs anecdotes cocasses ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est pas en lien avec un rapport sexuel, mais c'est une anecdote que j'aime beaucoup, qui en dit beaucoup sur notre société et notre culture sexuelle. J'ai été en formation pour passer un équivalent bac, et c'est pendant un cours de SVT. qui parle de la reproduction des êtres humains, un peu le truc classique qu'on a au collège-lycée. On parle de comment faire en sorte de ne pas tomber enceinte, comment on se protège, voilà. Je ne sais plus comment on dit d'ailleurs, c'est quoi le terme ? C'est pas un... La contraception. Voilà, la contraception. Moi j'y pense jamais, je ne fais pas de pénétration. Du coup, on est à ce cours-là, on parle de contraception, et donc toutes les contraceptions sont venues sur la table, plus personne ne dit rien. Moi, forcément, je dis, mais aussi, le sexe peut être sans pénétration. Déjà, les rapports sont pas forcément hétéros. Et même les rapports hétéros, il n'y a pas forcément de pénétration. Et là, à ce moment-là, il y a un blanc dans la salle.

  • Speaker #0

    Tout le monde a les yeux écarquillés comme ça.

  • Speaker #1

    Personne ne le prend, quoi. Le prof, au bout d'un moment, quand même, a réagi et a dit, ah oui, c'est vrai, c'est possible. Et il y a un gars en particulier, avec des yeux éberlués.

  • Speaker #0

    Je comprends pas ta phrase, quoi. Et moi, je lui ai dit, mais sexe n'est pas égal pénétration. Et lui, vraiment, il comprenait pas, il me regardait avec ses grands yeux. Et il est revenu plusieurs fois dans la nez me dire, si je repense à ce que t'as dit. Mais je comprends pas ! C'est pas possible ! S'il n'y a pas de pénétration, c'est pas du sexe, puisque dans la tête des gens, le sexe, c'est égal à la pénétration. Donc s'il n'y a pas de pénétration, c'est-à-dire que tu fais pas de sexe. Bon, moi, ça me va. Dans ce cas-là, je suis asexuelle et ça me va très bien. Du coup, je ne sais pas ce que je fais. Je m'excite. dans le vide.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas la même grille de lecture, clairement, mais il n'a toujours pas compris ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. Je me vois plus gaffe quand il te redemande si je le revois.

  • Speaker #1

    Tu lui dirais, tiens, j'ai participé à un podcast. Ça te dit de l'écouter ?

  • Speaker #0

    Je vais voir. À qui je fournis le truc ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup,

  • Speaker #0

    Charlie. Merci à toi, Louise, de créer cette possibilité de parler de nos vies sexuelles.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Merci. C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Merci de votre écoute, et si vous avez aimé ce que vous avez écouté, alors likez le podcast avec 5 étoiles, et mettez des commentaires sur Spotify, Deezer, Apple Podcasts, pour faire connaître Lumière sous la couette au plus grand nombre, ça nous aide vraiment beaucoup. Abonnez-vous au podcast sur votre appli d'écoute, et sur notre page Insta pour rester à l'affût de toutes les actus et des nouvelles sorties d'épisodes. Et enfin, si vous aussi... vous avez envie de témoigner, vous pouvez me contacter sur Insta via DM ou à l'adresse mail hello.lumièresselaquette.com On se retrouve un mardi sur deux pour la sortie d'un nouvel épisode. D'ici là, prenez soin de vous et kiffez !

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Description

Charlie a 12 ans quand elle regarde pour la première fois un film X avec des copines. Elle ne le sait pas encore, pourtant ce moment va marquer sa façon d’imaginer le sexe : de ce qu’elle pense devoir ressentir, de comment elle croit devoir agir en tant que femme cis hétéro, jusqu’à la forme que prennent ses fantasmes… et sa capacité à jouir. 


Pendant des années Charlie performe. Elle calque ses faits et gestes sur ceux qu’elle a vus. Elle montre le plaisir plus qu’elle ne le vit. 


Et puis, un jour, elle sent que quelque chose sonne faux. Son corps suit le scénario mais à l’intérieur rien ne vibre vraiment. Alors elle fait une pause. Elle se déprogramme. Et elle commence, doucement, à explorer ce qui lui fait vraiment du bien dans une sexualité non-pénétrative.


Je vous en souhaite une belle écoute.

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Lumière sous la couette est un podcast où sont abordées différentes thématiques au contenu possiblement explicite : le sexe évidemment, le désir, le plaisir, la liberté sexuelle, la libido, l'érotisme, l'intime, les rencontres, la première fois, la jouissance, les orgasmes, l'épanouissement ainsi que les tabous, bref, tout ce qui pique notre curiosité et abreuve notre soif de découvertes de soi et des autres.


Lumière sous la couette est une émission diffusée un mardi sur deux, produite par Louise Bonte.
Prise de son et montage : Louise Bonte

Création musicale et mixage : Julien Boussage


Pour suivre toute l'actualité de Lumière sous la couette, rdv sur Insta : @lumiere_sous_la_couette

Et si vous avez une histoire à raconter ou une demande de témoignage, écrivez-moi à hello@lumieresouslacouette.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Lumière sous la couette, le podcast qui explore les sexualités. Je suis Louise Bonte et à mon micro vous entendrez des récits intimes mettant en lumière des personnes qui ont accepté de vous partager ce qu'on garde généralement secret. À travers leurs histoires, elles assument d'exposer cette partie de leur vie dans l'ombre qui en dit long sur soi, sur nous et notre époque. Parce que la sexualité nous concerne toutes et tous, et que partager ce qui nous fait du bien, nos expériences et nos anecdotes les plus cocasses, permet de donner une multitude de définitions à ce qui se cache derrière le mot sexe, ouvrez bien grand vos oreilles, on va allumer la lumière sous la couette. Dans l'épisode d'aujourd'hui, je reçois Charlie, qui nous partage comment le porno a influencé sa sexualité. Charlie a 12 ans quand elle regarde pour la première fois un film X avec des copines, et si elle n'identifie pas directement que ce qu'elle ressent c'est de l'excitation sexuelle, ce premier visionnage va largement influencer sa vision du sexe : de la manière dont il est censé se dérouler, de ce qu'elle pense devoir ressentir, jusqu'à la forme que prennent ses fantasmes et sa capacité à jouir. Et puis petit à petit, elle se rend compte qu'elle est déconnectée de son corps... que ce qu'elle pensait aimer, en fait, ne lui convient pas. Alors elle fait une pause, elle déconstruit, elle explore, et elle commence enfin à découvrir ce qui lui fait vraiment du bien. Je vous en souhaite une belle écoute. Bonjour Charlie.

  • Speaker #1

    Bonjour Louise.

  • Speaker #0

    Est-ce que pour commencer notre échange, tu peux te présenter à nous s'il te plaît et nous dire comment tu t'appelles, ton âge, ton lieu de vie ? ce que tu fais et ce que tu aimes dans la vie.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Charlie, j'ai 23 ans, j'habite en Bretagne. Actuellement, je suis saisonnière dans l'horticulture et ça change souvent. Ensuite, je vais aller faire de la cuisine sur les festivals et ensuite, je ne sais pas. Et ce que j'aime dans la vie, j'aime les plantes. J'aime être libre et avoir du temps pour faire plein de choses avec des gens qui n'ont rien à voir avec le fait de participer à notre système économique que je n'aime pas trop. Voilà. C'est dense.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous parler de ta découverte de la sexualité et de tes premiers émois ? Ça remonte à quand et c'était comment ?

  • Speaker #1

    Alors ma découverte de la sexualité, ça a été je pense vers 11-12 ans quand je me suis retrouvée à regarder de la pornographie avec des copines. Ça est arrivé deux fois de façon assez rapprochée avec deux groupes d'amis différents. On a regardé ces vidéos ensemble et je ressentais une chaleur à l'intérieur de moi mais alors je n'ai pas du tout identifié ça comme ok c'est une excitation sexuelle. Et aussi à cette période-là, je commençais à avoir un très gros crush sur quelqu'un en collège. Et du coup, je pensais pas mal à lui. Je pense qu'à un moment, par rapport à lui, j'ai commencé à vouloir me masturber. Et en fait, très vite, j'ai re-ressenti cette chaleur. Donc mon premier lien avec la sexualité, c'est de me masturber, de faire le lien avec le porno et donc de me masturber dès la première fois sur du porno et de me faire jouir comme ça. Ça a continué comme ça pendant longtemps, au moins jusqu'à mes 18 ans. en fait je... Je me suis masturbée en regardant de la pornographie.

  • Speaker #0

    Et quand vous vous êtes retrouvés à regarder ce film ensemble, avec ces deux groupes d'amis, c'était quelque chose que vous aviez prévu ? Vous étiez dit, allez hop, on se retrouve et on regarde ça ? Ou est-ce que c'est un peu par hasard que vous êtes tombés sur ce type de contenu ?

  • Speaker #1

    On ne s'est pas retrouvés exprès pour regarder ça. Ce n'est pas par hasard, on y a été volontairement, clairement. Il y a même un des groupes d'amis, je crois qu'on y était retournés dessus. Et il y a même un groupe d'amis où on s'amusait à... à reproduire les scènes. Alors en faux, on était habillés et tout, et il y avait... Enfin en tout cas, pour ma part, je ressentais aucune excitation à ce moment-là, mais on jouait à reproduire les positions qu'on voyait dans les vidéos.

  • Speaker #0

    Et donc tu disais, t'avais 11-12 ans par là. Comment... C'était la première fois que tu regardais du porno ? T'avais une appréhension ? Il y avait quelque chose d'un peu étonnant quand tu regardais ça ? Ou au contraire, c'était complètement naturel et tu t'es dit mais en fait, cette chaleur que je ressens est plutôt kiffante et ok, c'est en lien avec ces images, mais c'est comme ça ?

  • Speaker #1

    Non, ça ne me faisait rien de particulier. En parallèle de tout ça, je commençais déjà à m'intéresser au féminisme. Il y avait cette idée de la liberté sexuelle qui m'imprégnait déjà. J'étais plutôt dans cette optique-là de faire ce que je veux et c'est bien, c'est cool. C'est cool qu'une fille se masturbe et c'est normal. Pas au point que je sois capable d'en parler, mais au point que je sois tranquille avec moi-même.

  • Speaker #0

    Tu disais que pendant longtemps... tu t'es masturbée du coup en regardant du porno. Ça, c'est donc un certain plaisir seul. Tes premières interactions sexuelles, c'était quand ? C'est-à-dire, quand est-ce que pour la première fois, tu as fait du sexe avec quelqu'un ?

  • Speaker #1

    Pour la première fois, j'ai couché avec quelqu'un, j'avais 17 ans. C'était la fin de mes 17 ans. C'était un gars, c'était la deuxième fois que je le voyais, c'était en soirée. Et je crois qu'on a parlé un petit peu de sexualité, justement. On était un peu bourrés, on a couché ensemble, de façon classique, je dirais. Il m'a fait un long cunni, c'était très très bien. Après, il voulait une fellation, je lui ai dit non. D'ailleurs, je savais d'avance que je ne voulais pas en faire. Je pense justement par rapport au porno que je voyais, je voyais ce moment de la sexualité comme quelque chose de dégradant que je ne voulais pas faire. Et je m'étais préparée, depuis que j'avais envie de coucher avec quelqu'un, à dire non à ce moment-là, donc je lui ai dit non. Et après, on a couché ensemble, on a fait de la pénétration. Et il a joui. Et puis voilà, c'est terminé. C'était très bien. J'ai ressenti de l'excitation sexuelle. Je n'ai pas joui. Je ne l'ai jamais revu. Je voulais le revoir, mais je ne l'ai jamais revu. Je pense même que j'étais insistante et que je lui ai fait peur. Donc, je voulais retrouver ça. Et du coup, je l'ai retrouvé plus tard avec un autre garçon avec qui je me suis mise en relation. Avec qui on avait une sexualité régulière. Pareil, c'était une sexualité très classique. Préliminaire, pénétration. orgasme du mec, moi j'avais pas d'orgasme par contre j'étais vraiment insatiable, je sais pas si c'est ça le mot insatiable j'en voulais toujours plus quand même, je lui avais dit à un moment je lui disais mais moi je pourrais coucher avec toi toute la journée je savais pas à ce moment là si c'était parce que j'avais pas d'orgasme vu que j'ai pas d'orgasme ça se termine jamais pour moi donc en fait pour moi c'est jamais fini je voulais toujours coucher avec lui donc j'avais plus envie que lui Je me souviens d'une fois avec lui, on était vraiment dans la montagne, sous les étoiles et c'était cool. En fait, l'environnement et tout ça était cool, mais en soi, quand j'y repense, la sexualité qu'on avait, c'était sans plus. En fait, ma satisfaction sexuelle, je pense qu'elle était avant tout sociale, parce que je pense qu'en gros, vu que je faisais du cul, je correspondais à la personne que je voulais être ou à l'image de la personne que je voulais renvoyer. pour les gens qui m'entouraient, pour la société, mais j'étais satisfaite de faire de la sexualité. Peu importe ce qui se passait ou ce qui ne se passait pas, je faisais du cul, j'en parlais à mes amis, et juste pour ça, j'étais trop contente. Je pense que ma satisfaction première, elle était là, c'était presque de pouvoir parler de cul avec ses amis, juste de dire « j'ai couché avec telle personne » , et après, j'avais quand même une réelle satisfaction à ressentir cette excitation sexuelle, à toucher un corps, mais c'était presque secondaire. Et d'ailleurs, c'est avec lui, parce que je me suis beaucoup masturbée sur du porno, mais uniquement sur du porno d'ailleurs. Et j'avais bien remarqué quand j'étais plus jeune que je ne pouvais pas atteindre l'orgasme sans regarder de vidéos porno. Et donc, une fois avec lui, on avait couché ensemble et lui, il était parti. Donc moi, je n'avais pas eu d'orgasme comme d'habitude. Et je me suis dit, mais là, je suis déjà pré-excité. Parce que je pense qu'il y avait ce truc-là que quand je me masturbais, normalement, le porno, ça a le rôle de déjà m'exciter. Le gros du travail est fait. Donc je me suis dit bon ok c'est parti Je vais me masturber sans regarder de porno Et donc je l'ai fait, je me suis concentrée de ouf Pour me refaire Mentalement une vidéo Une que je regardais souvent Et je me la suis refaite parfaitement Et du coup j'ai réussi à me faire jouir sans regarder de porno Entre guillemets j'ai regardé dans ma tête Mais je ne l'ai pas regardé sur un écran Et ça a marché quoi, je me souviens j'ai même noté dans mon petit carnet Telle date telle heure, tel endroit, j'ai réussi à jouir pour la première fois sans regarder de porno et j'étais vraiment contente parce que ça me tracassait quand même de me dire, c'est pas normal que je puisse pas jouir sans regarder. J'ai compris qu'il fallait que je prenne le temps moi-même de m'exciter et de faire monter la chose et ça je l'avais pas compris avant. En fait, il faut prendre le temps, ça peut pas venir comme ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'il y avait un lien entre finalement tes premiers émois sexuels, c'est en regardant du porno et le fait d'atteindre la jouissance grâce ? à ces images, ou est-ce que ça n'a aucun rapport à tes yeux ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, j'en ai aucune idée. Pour moi, c'est vraiment un mystère. Je me dis qu'il y a un chemin dans mon cerveau qui est tracé, un chemin facile qui me permet d'atteindre l'orgasme avec le porno. Même, je vois, par exemple, juste... Si je suis en train de me masturber sans regarder de pornographie, si je suis en train de me masturber et que, je ne sais pas, je vais regarder mon écran pour quelque chose, je vais ressentir une forte excitation d'un coup, parce que juste, je regarde un écran, quoi, et que mon cerveau se dit ah là là, tu vas retourner dessus ? Il y a quand même un lien fort avec la pornographie.

  • Speaker #0

    Jusqu'à l'objet écran, ça pouvait venir titiller peut-être le truc de « Attends, mais t'es à un clic d'une vidéo, là ! »

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Donc, t'as un sentiment de satisfaction sexuelle, même si, avec le recul aujourd'hui, tu te dis « Mais c'était pas forcément ça » . T'as eu d'autres expériences par la suite ?

  • Speaker #1

    J'ai fréquenté plusieurs garçons où c'était un peu la même chose. C'était le même schéma classique. J'ai dû en fréquenter 4-5 comme ça. sur des relations assez courtes et pas très profondes en termes de sentiments. beaucoup porté sur la sexualité. J'ai eu une relation en particulier, je ne sais pas si la relation a eu un impact ou pas, en tout cas j'ai eu une espèce de prise de conscience que ce que je faisais, le schéma classique, ça ne fonctionnait pas pour moi. Déjà j'étais déjà renseignée sur le féminisme et j'en parlais tout le temps avec mes copines qui elles aussi faisaient l'effort de se renseigner en permanence et de se remettre en question, de réfléchir sur la sexualité. Donc c'était vraiment une grosse partie de ma vie que de tout remettre en question sur ce sujet-là. J'ai eu une relation avec un garçon et... il y a un moment précis qui m'a marqué. Il me faisait un cunnilingus. Et en fait, sur le coup, je me dis, ouais, c'est incroyable. Dans le sens, c'est super bien. Et en fait, c'est super nul parce qu'en fait, c'est trop fort. Et moi, je recule en permanence. On a fait toute la chambre, tout le sol, tout le lit. J'ai reculé partout. Et là, pour continuer, moi, je dis, ouais, c'est super bien. Et en fait, ce qu'on faisait, ça convenait pas du tout. C'était vraiment l'opposé de ce qui me convenait. Et pourtant, moi, j'étais à fond. Je pense aussi que j'ai dû reproduire un peu... les schémas pornographiques qu'on pouvait voir.

  • Speaker #0

    C'est hyper interpellant parce que ce que tu décrivais, c'est ce côté où finalement, intellectuellement, tu te dis c'est génial ce qu'on est en train de faire, mais ton corps a littéralement un mouvement de recul.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et à ce moment-là, tu réalises que tu es déconnectée de ton corps, de ta sexualité, de tes besoins.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je le réalise vraiment à ce moment-là. Il n'y a pas eu un moment précis où je réalise quoi que ce soit. Ça a été plutôt après cette relation, je pense, où je me le dis vraiment. J'ai remis toute la sexualité que j'avais commencé à avoir depuis mes 17 ans et je me suis dit mais c'est ouf, depuis quelques années, en fait toute la sexualité que j'ai, c'est pas quelque chose qui me convient. Je me rends pas compte en fait que ce qui se passe, c'est pas du tout adapté à mes besoins sexuels. Juste je réponds à un schéma qui agit en faveur du plaisir du garçon et je me mets à son service et y'a pas ce retour-là. Et de toute façon je sais même pas moi qu'est-ce qui me conviendrait. En tout cas, là ce qu'on fait, ça me convient pas. Qu'est-ce qui me convient ? Alors ça, c'est un peu un mystère. Et après ça, je décide de me mettre dans le club d'abstinence radical. Je disais le club d'abstinence radical parce que ça me faisait rire, mais c'était juste moi, il n'y avait pas de vrai club. Donc du coup, pendant un an, je n'ai aucune relation du tout. Ni sexuelle, ni relationnelle, intime, rien du tout. Je m'imprègne de beaucoup de lectures féministes et je suis complètement matrixée par l'idée du consentement. Je me dis que je suis incapable de gérer mon consentement, même sur les trucs faciles. Il faut que j'arrive à savoir ce que je veux et ce que je veux pas et d'être capable de le gérer au quotidien. C'est-à-dire qu'hors de la sexualité, dans la vie quotidienne, je suis quelqu'un qui peut facilement dire oui alors que je pense non. Et je vois ça comme quelque chose de grave et d'important que j'arrive à gérer ça à la perfection pour apprendre à poser mes limites. Et c'est aussi la période où je remanie tous mes... Enfin, je remanie. J'avais l'impression de beaucoup travailler à transformer mes fantasmes. Parce que mes fantasmes, en fait, ils n'étaient pas du tout en accord avec ce dont j'ai besoin. Alors, je ne savais pas ce dont j'avais besoin. En tout cas, je savais que ce que je pratiquais, que le schéma classique de la sexualité qu'on nous donne, centré sur la pénétration et sur les pénis et sur le plaisir masculin, ce n'est pas ce qu'il me fallait. J'ai voulu enlever tout rapport au garçon de ma tête pendant que je me masturbais. Parce que du coup, c'était club d'abstinence radicale, mais par contre, je me masturbais. Je ne sais pas si dans l'abstinence, la masturbation rentre ou pas normalement. En tout cas, dans mon club, ça rentrait. Et donc je travaillais beaucoup sur mes fantasmes à ce moment-là. C'était interdit qu'il y ait de la pénétration, des pénis, tout ça. Et plutôt j'essayais d'intégrer des filles, ou alors, ah si, il y avait des garçons, mais ils ne pouvaient pas venir en haut de mon corps dans mes fantasmes. C'est-à-dire qu'ils ne pouvaient que se servir de leurs doigts, de leur langue pour me donner du plaisir. Sinon, ils ne pouvaient rien faire. Tout ça c'est dans ma tête, bien sûr. Et par contre, j'imaginais que j'embrassais des filles, que je touchais des filles. Mais voilà, c'était comme ça que je remaniais mes fantasmes, parce que je me disais, ok, ça serait mieux, ça serait plus simple pour moi.

  • Speaker #0

    Parce que quel type de fantasme te venait naturellement ? Parce que j'ai l'impression qu'il y a une petite lutte quand même interne entre le fantasme qui s'invite, lui, finalement, presque de façon intuitive. Ce n'est pas quelque chose qu'on maîtrise. Et là, tu as quand même une volonté de tordre ces fantasmes, de les manier à ta façon, pour que ça corresponde exactement à ce dont tu as envie. Quels étaient, du coup, ces fantasmes qui te venaient naturellement ?

  • Speaker #1

    du coup ce qui venait ça correspondait vachement à la sexualité finalement classique, hyper centré sur la pénétration, vraiment très très centré sur la pénétration et même s'il y en a plus, ça m'excitait plus même la double pénétration ou quoi c'est beaucoup ça que je regardais en pornographie et je pense que j'ai un peu aussi du coup ce fantasme où la femme elle va se mettre à crier dans son jeu d'acteur au moment de la pénétration et plus la pénétration va être intense, rapide, en mode bam bam bam là elle va crier de ouf et Je pense que ça m'a donné la sensation quand j'étais plus jeune que, vu qu'elle crie, ça veut dire qu'elle a du plaisir, et donc... C'est à ce moment-là où, dans ma sexualité plus tard, j'aurais eu du plaisir. En tout cas, mes fantasmes étaient très centrés là-dessus. Même quand j'étais jeune, quand je me masturbais comme ça sur de la pornographie, des fois, je pouvais quand même imaginer des choses toute seule à côté. Et j'imaginais plusieurs gars qui me faisaient des trucs en même temps. Je me réimaginais la même chose, mais sur moi. Et au final, ce n'est pas du tout ce qu'il faut que je fasse. Pour moi, c'était vraiment ça, cette période de remaniement de mes fantasmes. C'était faire correspondre. mes fantasmes à mes réels besoins quand je fais de la sexualité.

  • Speaker #0

    Donc le club de l'abstinence radicale où tu fais énormément de lectures, t'essayes de modifier tes fantasmes pour que ça corresponde au mieux à tes besoins réels ou du moins ce que j'en imagine. Ce que tu identifies comme tel. Qu'est-ce qui se passe ensuite ?

  • Speaker #1

    Je suis dans le club d'abstinence radicale sauf que je tombe amoureuse d'un gars. On entame quelque chose, moi je vais l'expliquer. tout, je lui dis tu te rends compte moi j'agis des fois comme ça mais c'est juste parce que c'est mon genre et je me suis identifiée à des femmes toute ma vie du coup voilà j'agis comme ça parce qu'on nous a dit d'agir comme ça et moi je veux pas reproduire ça, le couple aussi c'est pareil je voulais pas être enfermée dans un couple en fait j'adorais être avec lui, j'étais amoureuse de lui mais au début ça ça met beaucoup de temps à ce que je m'ouvre même juste un petit peu en tout cas physiquement je voulais même pas qu'on s'embrasse, je voulais pas je voulais pas faire de sexualité En tout cas, avec le recul, je me dis qu'en fait, à cette époque, j'aurais juste dû lui dire qu'il n'y aura pas de sexualité entre nous, juste de la tendresse. J'aurais dû faire ça, mais moi, je n'étais même pas dans cette dynamique-là. J'étais en mode, bon, du coup, je suis en couple, donc il faut qu'on essaye de faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu ressentais quand même du désir à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Je pense que je n'en ressentais pas beaucoup, parce que je ressentais beaucoup son désir pour lui envers moi. Et ouais, du coup, j'étais plus oppressée par son désir, Ce qui est d'ailleurs ce qui a mis fin à notre relation, parce qu'au bout d'un moment, je... Je ressentais plus que ça, je sentais qu'il voulait des câlins, des machins, des trucs. Calme-toi ! À la fin de cette relation, je décide de complètement lâcher prise. J'ai eu envie d'explorer, de rencontrer d'autres gens. Je me suis inscrite sur une appli de rencontres. À ce moment-là, je devais avoir 20 ans et je rencontre un gars. On ne s'est pas vus beaucoup, mais ça a quand même marqué un tournant parce qu'avec ce garçon, il s'est passé quelque chose d'incroyable. Vraiment incroyable, franchement j'ai eu de la chance quand je y repense C'est à dire que le gars s'est adapté à mon rythme Et du coup là c'était trop bien Parce que la deuxième fois que j'ai vu ce gars On a dormi ensemble, on s'est mis en culotte-calçon Dans son lit Et moi je lui ai dit que je voulais rien qui se passe de plus Et du coup juste on s'est mis dans son lit Et on s'est mis en mode câlin Et je pense qu'on a dû rester comme ça 30-40 minutes Moi je bougeais pas, lui il a pas bougé non plus et au bout d'un moment on s'est mis un peu à se caresser les mains. C'est vrai que ça, c'est un truc que quand même j'avais pensé. Pendant mes réflexions avec moi-même, je me disais que j'aimerais bien prendre le temps de toucher les mains des gens, de les regarder dans les yeux, de toucher le visage. J'avais un gros truc sur le visage. Je voulais vraiment qu'on me touche le visage, qu'on me touche la nuque aussi. Parce que pour moi, le visage, c'était moi. Et donc, si on me touche le visage, si on prend le temps de me toucher le visage, c'est qu'on me considère d'abord en tant que personne. Et donc, pour moi, c'était ça. Je voulais que le gars me touche le visage. Bon là pour le coup on n'avait pas passé beaucoup de temps sur le visage. Par contre, on a passé beaucoup de temps à se toucher les mains. Et c'était vraiment génial. Et je me souviens aussi que le gars, il ne bougeait pas tant que ça. En fait, il s'est adapté à mon rythme. C'est-à-dire que pratiquement, il ne faisait presque rien. Je pense que si on nous regardait de l'extérieur, on aurait dit « Il ne se passe rien en fait, les gens dorment. » Alors que non. Et il prenait assez le temps de rien faire, de me laisser mener pour que j'ai le temps de descendre sur ses épaules. Je lui ai touché le visage et au bout d'un moment, j'étais satisfaite. Au point que je descende sur ses épaules, mais je ne touchais pas ses épaules pour lui. Je les touchais pour moi. C'est-à-dire que j'avais le temps de découvrir hyper lentement. Et c'était incroyable parce que vraiment, j'ai kiffé faire ça. Et c'était la première fois que je kiffais toucher l'autre à ce point. Parce que là, je le touchais. La façon dont je le faisais, c'était ce qui me convenait. Je ne m'adaptais pas à lui. Et à un moment, il a frôlé le haut de mon ventre, je dirais. Très, très lentement. Juste sur cette partie là, ça a duré 40 minutes, très très lentement, il est passé tout autour de mes seins. Et en plus faut savoir que moi les seins ça me fait rien du tout, en tout cas les tétons c'est vraiment pas une zone érogène quoi. Et du coup c'est plutôt une zone qui me saoule parce que les gars ils sont toujours là en train de les... En tout cas à l'époque, maintenant je les laisse plus faire ça mais... Ils aiment bien les tripoter et tout et puis moi je les regardais en mode bon bah ok ça c'est en train de kiffer, moi je m'en bats les couilles mon gars ! Et là, pour le coup, c'était la première fois de ma vie que mes seins me servaient pour moi-même, pour quelque chose d'érotique. Ils me caressaient extrêmement lentement. Moi, j'étais hyper excitée à ce moment-là. et ça faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti ça avec quelqu'un Peut-être qu'on a passé deux, trois heures à faire ça. Et au bout d'un moment, je lui ai dit, c'est bon, là, je ne veux plus. Lui, je crois qu'il s'est endormi. Moi, je suis partie plus loin. Je me suis mise sur son balcon. On était chez lui à ce moment-là. Et je me souviens que j'avais pris mon téléphone et j'ai écrit une énorme note dans mon téléphone. Et je me disais, mais qu'est-ce qui s'est passé là ? En fait, le gars, il s'est adapté à mon rythme. C'est trop bien. C'est une dinguerie. Et du coup, je me suis dit, ah ouais, en fait, C'est trop bien, quoi. J'étais choquée de me dire, « Waouh, en fait, le gars s'est adapté à moi. » Et du coup, « Ah, mais pourquoi je trouve que c'est incroyable ? » Ça devrait être comme ça tout le temps.

  • Speaker #0

    À la suite, il y a eu d'autres rencontres que tu as faites qui sont allées dans ce sens ?

  • Speaker #1

    J'ai un peu essayé. Je crois que j'ai fréquenté 3-4 gars, mais ça a été très rapide parce que je bloquais très rapidement. Eux, pour le coup, ils me touchaient trop vite. Et donc, très rapidement, je bloquais et il ne se passait pas grand-chose. avec qui j'ai eu un rapport sexuel pour le coup un peu classique. Et il y a eu de la pénétration à un moment, et en fait ça me faisait mal. C'était la première fois que je refaisais de la pénétration depuis avant le club d'abstinence radicale, sachant qu'avant le club d'abstinence radicale, ça ne me faisait rien du tout. Ah oui, littéralement rien du tout, c'est-à-dire que je n'avais même pas de plaisir non plus. Je n'avais pas mal, mais je n'avais pas de plaisir. Ça ne servait à rien globalement. Enfin, si au gars, mais pas à moi. Et après, j'ai refréquenté un autre gars. juste une fois j'ai revu en outgas c'est pas c'est pareil, c'était un gars en soirée. Déjà, il se permettait vachement de m'embrasser, de machin, enfin pas du tout, à observer mon corps, à se dire « Ok, ça fait déjà 15 fois que je vais vers elle pour l'embrasser, elle n'a pas le temps. » Enfin, moi, à aucun moment, j'avais le temps d'aller vers lui. Et bon, déjà, elle ne voyait pas ça. Donc, à un moment, on se retrouve quand même dans mon lit et je lui dis au gars « Bon, écoute, moi, ça n'ira pas plus loin, clairement. » Enfin, il y a des circonstances qui ont fait que je n'ai pas réussi à faire en sorte que... on se retrouve pas ensemble dans mon lit mais je lui ai dit voilà ça ira pas plus loin donc je lui ai dit clairement on ne couchera pas ensemble il n'y aura pas de sexe entre nous donc on s'est quand même mis à poil dans mon lit il y a des gens qui vont dire du coup tu le chauffes bah non on peut très bien se mettre à poil dans un lit sans qu'il se passe rien, moi je lui ai dit clairement je veux qu'il se passe rien, ça veut pas dire que je veux pas qu'on dorme ensemble à poil dans mon lit ça me fait rire parce que je me dis il y a des gens ils vont jamais comprendre ce que je viens de dire pour moi c'est évident mais bon et du coup il s'est quand même permis de me toucher Il a commencé à me toucher un peu entre les jambes et tout. et j'ai dû lui dire de répéter deux fois non c'est ouf quand même mais ça me fait rire tellement c'est absurde le gars il est tout bébé c'est pas possible du coup au final je lui ai dit non deux fois du coup on a juste dormi ensemble dans mon lit en mode câlin donc ça c'était juste une histoire comme ça d'un soir autant vous dire que je ne l'ai jamais revu et donc là plus récemment il y a huit mois de ça j'ai rencontré quelqu'un c'était une fête, c'était même un festival et à un moment on se retrouve tous les deux, donc c'était l'ami d'une amie par laquelle du coup j'étais venue à ce festival on se retrouve que tous les deux à danser devant un concert et moi je lui fais des signes pour moi selon moi évidents d'attirance genre en mode je lui touche l'épaule ou je sais pas quoi mais c'est des trucs débiles où je le regarde un peu et pour moi c'est des trucs de ouf d'envoyer des signes comme ça et lui il fait rien et du coup moi à ce moment là, mais je kiffe de ouf parce que n'importe quel autre gars, à peine tu lui touches l'épaule, mais lui, c'est bon, il est déjà là à t'embrasser. Et lui, il ne faisait rien. Du coup, je me souviens à ce moment-là, j'étais hyper excitée. Enfin, ça m'excitait de ouf, le fait qu'il fasse rien. En fait, ça laisse le temps de faire monter les choses. Et après, la soirée a continué. On a beaucoup parlé. Il ne s'est rien passé ce soir-là. On ne s'est pas embrassé, rien du tout. On avait échangé nos numéros pour une raison qui n'avait rien à voir. On ne s'est pas demandé notre numéro en mode, tu me donnes ton numéro. C'était pas du tout ça, c'était une numéro avant. Et on est repartis chacun chez nous. Et puis lui m'a tout de suite dit par message, t'es bienvenue chez moi si jamais un jour tu veux passer ou quoi. Et on s'est revus rapidement. En fait, on avait déjà prévu d'aller à un même événement. C'est un événement militant. Et on s'est retrouvés là-bas. Parait qu'on a repassé une soirée ensemble. Et là, pour le coup, on s'est embrassés. On a dormi ensemble. Quand on a dormi ensemble, je crois qu'il s'est rien passé de spécial. enfin On s'était peut-être un peu excités mutuellement, mais sans plus. De toute façon, on était dans une mini-tente. Il n'y avait pas grand-chose de possible. Ensuite, il y a eu du temps qui s'est écoulé. J'ai été le voir chez lui. La première nuit que j'ai passée chez lui, il a commencé à me toucher trop vite. Ça a commencé à me stresser. Et puis quand il y a du stress qui commence à monter comme ça aussi, il faut juste que tout s'arrête. Tant que le stress n'est pas évacué, je ne peux pas continuer de vivre autre chose. Je ne peux plus ressentir de désir, ça ne marche pas. Donc juste, je crois que je lui avais dit ok c'est bon on arrête. et en fait il y a deux chambres chez lui donc j'ai été dans l'autre chambre Du coup, la nuit se passe, je dors tout seul, ce qui était une très bonne chose. Je le retrouve le lendemain, donc on se remet à discuter et tout. Au bout d'un moment, on se remet à se faire des câlins et on se réexcite, mais aussi très lentement, très doucement. Et à un moment, je crois que c'est à ce moment-là, je suis plus sûre parce que quand même, ça commence à dater. Mais en tout cas, je me souviens de ce moment. En tout cas, il me dit j'ai envie de te faire l'amour. donc moi à ce moment là j'entends j'ai envie de te pénétrer parce que c'est ça que ça veut dire et moi je dis mais on est déjà en train de faire l'amour Et je crois qu'il a eu un petit moment de pause. Il a fait, ah ouais, voilà quoi. Et bien, on continue de faire l'amour. Sans aucune pénétration. Du coup, nos rapports avec ce garçon, ils sont très longs, très étalés. Il n'y a pas de début, pas de fin. Enfin si, il y a le début de la journée et la fin de la journée. Bon, ils ne vont pas durer toute la journée non plus. Mais on va parler, on va rigoler, on va se taper un délire. Et en même temps, on va continuer de s'exciter, de se toucher. On va dire, est-ce que tu peux tester ça ? Est-ce que je peux te toucher comme ça ? Est-ce que tu peux là arrêter de bouger ? Et pour lui comme pour moi, en fait, c'est nouveau. Parce que moi, j'avais juste imaginé toutes ces choses. Alors, c'est différent de comment je l'avais imaginé. C'est plus rapide, je pense, que comme je l'avais imaginé. Mais en fait, ça me convient bien parce qu'avec lui, je suis totalement en confiance. Je n'avais jamais connu ça avant. Et en fait, dans ma sexualité, avant le club d'abstinence radicale... Dans cette sexualité-là, j'étais vachement dans un truc de montrer à l'autre que j'avais beaucoup de plaisir. Donc en fait, je simulais en permanence. Alors je ne simulais pas un orgasme. Ça, j'ai toujours dit que je n'avais pas d'orgasme. D'ailleurs, à chaque fois au gars, je lui disais non mais laisse tomber, ça ne marche pas avec l'autre d'avant, ça ne marche pas avec toi. Pas de souci, moi je ressens de l'excitation sexuelle et ça m'allait quoi. Mais je simulais quand même d'avoir beaucoup de plaisir. En fait, je pense que vraiment je reproduisais ces espèces de postures que peuvent avoir les actrices porno. je surjouais parce que là maintenant je le vois en étant naturel En fait, ça n'a rien à voir. Juste, je respire un peu fort et c'est tout. Il n'y a pas d'autre truc. Et par contre, je simulais, mais sans en être consciente. Je ne savais pas que je simulais. Ça aussi, je trouve ça fou. J'étais vraiment déconnectée de mon corps.

  • Speaker #0

    Et là, avec ce gars, tu te rends compte... Enfin, ce n'est même pas que tu te rends compte, c'est simplement que tu ne fais pas. Il n'y a pas de jeu, J-E-U, mais il y a un jeu, Charlie, qui vit, qui ressent, et qui peut-être pour la... Première fois, en tout cas pour les premières fois, est complètement en phase avec sa sexualité, avec ta sexualité en l'occurrence.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Avec ce que mon corps a réellement besoin. Et ça fonctionne. C'est vraiment cool. Je suis très contente.

  • Speaker #0

    Avec tout ce que tu viens de nous raconter, qu'est-ce que tu aimerais dire à la version de toi-même au tout début de ta sexualité, au début de tes découvertes sexuelles et de tes premières interactions sexuelles ?

  • Speaker #1

    Comme ça, instinctivement, J'aurais envie de dire à la moi de 12 ans qui commence à se masturber sur le porno de fermer cet écran et de faire sans. Après, peut-être que même sans pornographie, j'aurais quand même eu la même chose parce que dans les films, les blagues de tonton, tout ça, ça fait que peut-être je réagis de la même manière. Et pour mes premières interactions sexuelles avec des hommes, je dirais que j'aurais envie de me dire, meuf, regarde, tu simules, c'est faux. T'en as pas conscience, mais moi je te le dis, c'est faux. À un moment, t'auras pas le choix que de le voir. Voilà.

  • Speaker #0

    On arrive à la fin de notre échange. Charlie, est-ce que pour finir cette discussion, tu peux nous faire part d'une ou plusieurs anecdotes cocasses ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est pas en lien avec un rapport sexuel, mais c'est une anecdote que j'aime beaucoup, qui en dit beaucoup sur notre société et notre culture sexuelle. J'ai été en formation pour passer un équivalent bac, et c'est pendant un cours de SVT. qui parle de la reproduction des êtres humains, un peu le truc classique qu'on a au collège-lycée. On parle de comment faire en sorte de ne pas tomber enceinte, comment on se protège, voilà. Je ne sais plus comment on dit d'ailleurs, c'est quoi le terme ? C'est pas un... La contraception. Voilà, la contraception. Moi j'y pense jamais, je ne fais pas de pénétration. Du coup, on est à ce cours-là, on parle de contraception, et donc toutes les contraceptions sont venues sur la table, plus personne ne dit rien. Moi, forcément, je dis, mais aussi, le sexe peut être sans pénétration. Déjà, les rapports sont pas forcément hétéros. Et même les rapports hétéros, il n'y a pas forcément de pénétration. Et là, à ce moment-là, il y a un blanc dans la salle.

  • Speaker #0

    Tout le monde a les yeux écarquillés comme ça.

  • Speaker #1

    Personne ne le prend, quoi. Le prof, au bout d'un moment, quand même, a réagi et a dit, ah oui, c'est vrai, c'est possible. Et il y a un gars en particulier, avec des yeux éberlués.

  • Speaker #0

    Je comprends pas ta phrase, quoi. Et moi, je lui ai dit, mais sexe n'est pas égal pénétration. Et lui, vraiment, il comprenait pas, il me regardait avec ses grands yeux. Et il est revenu plusieurs fois dans la nez me dire, si je repense à ce que t'as dit. Mais je comprends pas ! C'est pas possible ! S'il n'y a pas de pénétration, c'est pas du sexe, puisque dans la tête des gens, le sexe, c'est égal à la pénétration. Donc s'il n'y a pas de pénétration, c'est-à-dire que tu fais pas de sexe. Bon, moi, ça me va. Dans ce cas-là, je suis asexuelle et ça me va très bien. Du coup, je ne sais pas ce que je fais. Je m'excite. dans le vide.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas la même grille de lecture, clairement, mais il n'a toujours pas compris ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. Je me vois plus gaffe quand il te redemande si je le revois.

  • Speaker #1

    Tu lui dirais, tiens, j'ai participé à un podcast. Ça te dit de l'écouter ?

  • Speaker #0

    Je vais voir. À qui je fournis le truc ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup,

  • Speaker #0

    Charlie. Merci à toi, Louise, de créer cette possibilité de parler de nos vies sexuelles.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Merci. C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Merci de votre écoute, et si vous avez aimé ce que vous avez écouté, alors likez le podcast avec 5 étoiles, et mettez des commentaires sur Spotify, Deezer, Apple Podcasts, pour faire connaître Lumière sous la couette au plus grand nombre, ça nous aide vraiment beaucoup. Abonnez-vous au podcast sur votre appli d'écoute, et sur notre page Insta pour rester à l'affût de toutes les actus et des nouvelles sorties d'épisodes. Et enfin, si vous aussi... vous avez envie de témoigner, vous pouvez me contacter sur Insta via DM ou à l'adresse mail hello.lumièresselaquette.com On se retrouve un mardi sur deux pour la sortie d'un nouvel épisode. D'ici là, prenez soin de vous et kiffez !

Description

Charlie a 12 ans quand elle regarde pour la première fois un film X avec des copines. Elle ne le sait pas encore, pourtant ce moment va marquer sa façon d’imaginer le sexe : de ce qu’elle pense devoir ressentir, de comment elle croit devoir agir en tant que femme cis hétéro, jusqu’à la forme que prennent ses fantasmes… et sa capacité à jouir. 


Pendant des années Charlie performe. Elle calque ses faits et gestes sur ceux qu’elle a vus. Elle montre le plaisir plus qu’elle ne le vit. 


Et puis, un jour, elle sent que quelque chose sonne faux. Son corps suit le scénario mais à l’intérieur rien ne vibre vraiment. Alors elle fait une pause. Elle se déprogramme. Et elle commence, doucement, à explorer ce qui lui fait vraiment du bien dans une sexualité non-pénétrative.


Je vous en souhaite une belle écoute.

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Lumière sous la couette est un podcast où sont abordées différentes thématiques au contenu possiblement explicite : le sexe évidemment, le désir, le plaisir, la liberté sexuelle, la libido, l'érotisme, l'intime, les rencontres, la première fois, la jouissance, les orgasmes, l'épanouissement ainsi que les tabous, bref, tout ce qui pique notre curiosité et abreuve notre soif de découvertes de soi et des autres.


Lumière sous la couette est une émission diffusée un mardi sur deux, produite par Louise Bonte.
Prise de son et montage : Louise Bonte

Création musicale et mixage : Julien Boussage


Pour suivre toute l'actualité de Lumière sous la couette, rdv sur Insta : @lumiere_sous_la_couette

Et si vous avez une histoire à raconter ou une demande de témoignage, écrivez-moi à hello@lumieresouslacouette.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Lumière sous la couette, le podcast qui explore les sexualités. Je suis Louise Bonte et à mon micro vous entendrez des récits intimes mettant en lumière des personnes qui ont accepté de vous partager ce qu'on garde généralement secret. À travers leurs histoires, elles assument d'exposer cette partie de leur vie dans l'ombre qui en dit long sur soi, sur nous et notre époque. Parce que la sexualité nous concerne toutes et tous, et que partager ce qui nous fait du bien, nos expériences et nos anecdotes les plus cocasses, permet de donner une multitude de définitions à ce qui se cache derrière le mot sexe, ouvrez bien grand vos oreilles, on va allumer la lumière sous la couette. Dans l'épisode d'aujourd'hui, je reçois Charlie, qui nous partage comment le porno a influencé sa sexualité. Charlie a 12 ans quand elle regarde pour la première fois un film X avec des copines, et si elle n'identifie pas directement que ce qu'elle ressent c'est de l'excitation sexuelle, ce premier visionnage va largement influencer sa vision du sexe : de la manière dont il est censé se dérouler, de ce qu'elle pense devoir ressentir, jusqu'à la forme que prennent ses fantasmes et sa capacité à jouir. Et puis petit à petit, elle se rend compte qu'elle est déconnectée de son corps... que ce qu'elle pensait aimer, en fait, ne lui convient pas. Alors elle fait une pause, elle déconstruit, elle explore, et elle commence enfin à découvrir ce qui lui fait vraiment du bien. Je vous en souhaite une belle écoute. Bonjour Charlie.

  • Speaker #1

    Bonjour Louise.

  • Speaker #0

    Est-ce que pour commencer notre échange, tu peux te présenter à nous s'il te plaît et nous dire comment tu t'appelles, ton âge, ton lieu de vie ? ce que tu fais et ce que tu aimes dans la vie.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Charlie, j'ai 23 ans, j'habite en Bretagne. Actuellement, je suis saisonnière dans l'horticulture et ça change souvent. Ensuite, je vais aller faire de la cuisine sur les festivals et ensuite, je ne sais pas. Et ce que j'aime dans la vie, j'aime les plantes. J'aime être libre et avoir du temps pour faire plein de choses avec des gens qui n'ont rien à voir avec le fait de participer à notre système économique que je n'aime pas trop. Voilà. C'est dense.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous parler de ta découverte de la sexualité et de tes premiers émois ? Ça remonte à quand et c'était comment ?

  • Speaker #1

    Alors ma découverte de la sexualité, ça a été je pense vers 11-12 ans quand je me suis retrouvée à regarder de la pornographie avec des copines. Ça est arrivé deux fois de façon assez rapprochée avec deux groupes d'amis différents. On a regardé ces vidéos ensemble et je ressentais une chaleur à l'intérieur de moi mais alors je n'ai pas du tout identifié ça comme ok c'est une excitation sexuelle. Et aussi à cette période-là, je commençais à avoir un très gros crush sur quelqu'un en collège. Et du coup, je pensais pas mal à lui. Je pense qu'à un moment, par rapport à lui, j'ai commencé à vouloir me masturber. Et en fait, très vite, j'ai re-ressenti cette chaleur. Donc mon premier lien avec la sexualité, c'est de me masturber, de faire le lien avec le porno et donc de me masturber dès la première fois sur du porno et de me faire jouir comme ça. Ça a continué comme ça pendant longtemps, au moins jusqu'à mes 18 ans. en fait je... Je me suis masturbée en regardant de la pornographie.

  • Speaker #0

    Et quand vous vous êtes retrouvés à regarder ce film ensemble, avec ces deux groupes d'amis, c'était quelque chose que vous aviez prévu ? Vous étiez dit, allez hop, on se retrouve et on regarde ça ? Ou est-ce que c'est un peu par hasard que vous êtes tombés sur ce type de contenu ?

  • Speaker #1

    On ne s'est pas retrouvés exprès pour regarder ça. Ce n'est pas par hasard, on y a été volontairement, clairement. Il y a même un des groupes d'amis, je crois qu'on y était retournés dessus. Et il y a même un groupe d'amis où on s'amusait à... à reproduire les scènes. Alors en faux, on était habillés et tout, et il y avait... Enfin en tout cas, pour ma part, je ressentais aucune excitation à ce moment-là, mais on jouait à reproduire les positions qu'on voyait dans les vidéos.

  • Speaker #0

    Et donc tu disais, t'avais 11-12 ans par là. Comment... C'était la première fois que tu regardais du porno ? T'avais une appréhension ? Il y avait quelque chose d'un peu étonnant quand tu regardais ça ? Ou au contraire, c'était complètement naturel et tu t'es dit mais en fait, cette chaleur que je ressens est plutôt kiffante et ok, c'est en lien avec ces images, mais c'est comme ça ?

  • Speaker #1

    Non, ça ne me faisait rien de particulier. En parallèle de tout ça, je commençais déjà à m'intéresser au féminisme. Il y avait cette idée de la liberté sexuelle qui m'imprégnait déjà. J'étais plutôt dans cette optique-là de faire ce que je veux et c'est bien, c'est cool. C'est cool qu'une fille se masturbe et c'est normal. Pas au point que je sois capable d'en parler, mais au point que je sois tranquille avec moi-même.

  • Speaker #0

    Tu disais que pendant longtemps... tu t'es masturbée du coup en regardant du porno. Ça, c'est donc un certain plaisir seul. Tes premières interactions sexuelles, c'était quand ? C'est-à-dire, quand est-ce que pour la première fois, tu as fait du sexe avec quelqu'un ?

  • Speaker #1

    Pour la première fois, j'ai couché avec quelqu'un, j'avais 17 ans. C'était la fin de mes 17 ans. C'était un gars, c'était la deuxième fois que je le voyais, c'était en soirée. Et je crois qu'on a parlé un petit peu de sexualité, justement. On était un peu bourrés, on a couché ensemble, de façon classique, je dirais. Il m'a fait un long cunni, c'était très très bien. Après, il voulait une fellation, je lui ai dit non. D'ailleurs, je savais d'avance que je ne voulais pas en faire. Je pense justement par rapport au porno que je voyais, je voyais ce moment de la sexualité comme quelque chose de dégradant que je ne voulais pas faire. Et je m'étais préparée, depuis que j'avais envie de coucher avec quelqu'un, à dire non à ce moment-là, donc je lui ai dit non. Et après, on a couché ensemble, on a fait de la pénétration. Et il a joui. Et puis voilà, c'est terminé. C'était très bien. J'ai ressenti de l'excitation sexuelle. Je n'ai pas joui. Je ne l'ai jamais revu. Je voulais le revoir, mais je ne l'ai jamais revu. Je pense même que j'étais insistante et que je lui ai fait peur. Donc, je voulais retrouver ça. Et du coup, je l'ai retrouvé plus tard avec un autre garçon avec qui je me suis mise en relation. Avec qui on avait une sexualité régulière. Pareil, c'était une sexualité très classique. Préliminaire, pénétration. orgasme du mec, moi j'avais pas d'orgasme par contre j'étais vraiment insatiable, je sais pas si c'est ça le mot insatiable j'en voulais toujours plus quand même, je lui avais dit à un moment je lui disais mais moi je pourrais coucher avec toi toute la journée je savais pas à ce moment là si c'était parce que j'avais pas d'orgasme vu que j'ai pas d'orgasme ça se termine jamais pour moi donc en fait pour moi c'est jamais fini je voulais toujours coucher avec lui donc j'avais plus envie que lui Je me souviens d'une fois avec lui, on était vraiment dans la montagne, sous les étoiles et c'était cool. En fait, l'environnement et tout ça était cool, mais en soi, quand j'y repense, la sexualité qu'on avait, c'était sans plus. En fait, ma satisfaction sexuelle, je pense qu'elle était avant tout sociale, parce que je pense qu'en gros, vu que je faisais du cul, je correspondais à la personne que je voulais être ou à l'image de la personne que je voulais renvoyer. pour les gens qui m'entouraient, pour la société, mais j'étais satisfaite de faire de la sexualité. Peu importe ce qui se passait ou ce qui ne se passait pas, je faisais du cul, j'en parlais à mes amis, et juste pour ça, j'étais trop contente. Je pense que ma satisfaction première, elle était là, c'était presque de pouvoir parler de cul avec ses amis, juste de dire « j'ai couché avec telle personne » , et après, j'avais quand même une réelle satisfaction à ressentir cette excitation sexuelle, à toucher un corps, mais c'était presque secondaire. Et d'ailleurs, c'est avec lui, parce que je me suis beaucoup masturbée sur du porno, mais uniquement sur du porno d'ailleurs. Et j'avais bien remarqué quand j'étais plus jeune que je ne pouvais pas atteindre l'orgasme sans regarder de vidéos porno. Et donc, une fois avec lui, on avait couché ensemble et lui, il était parti. Donc moi, je n'avais pas eu d'orgasme comme d'habitude. Et je me suis dit, mais là, je suis déjà pré-excité. Parce que je pense qu'il y avait ce truc-là que quand je me masturbais, normalement, le porno, ça a le rôle de déjà m'exciter. Le gros du travail est fait. Donc je me suis dit bon ok c'est parti Je vais me masturber sans regarder de porno Et donc je l'ai fait, je me suis concentrée de ouf Pour me refaire Mentalement une vidéo Une que je regardais souvent Et je me la suis refaite parfaitement Et du coup j'ai réussi à me faire jouir sans regarder de porno Entre guillemets j'ai regardé dans ma tête Mais je ne l'ai pas regardé sur un écran Et ça a marché quoi, je me souviens j'ai même noté dans mon petit carnet Telle date telle heure, tel endroit, j'ai réussi à jouir pour la première fois sans regarder de porno et j'étais vraiment contente parce que ça me tracassait quand même de me dire, c'est pas normal que je puisse pas jouir sans regarder. J'ai compris qu'il fallait que je prenne le temps moi-même de m'exciter et de faire monter la chose et ça je l'avais pas compris avant. En fait, il faut prendre le temps, ça peut pas venir comme ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'il y avait un lien entre finalement tes premiers émois sexuels, c'est en regardant du porno et le fait d'atteindre la jouissance grâce ? à ces images, ou est-ce que ça n'a aucun rapport à tes yeux ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, j'en ai aucune idée. Pour moi, c'est vraiment un mystère. Je me dis qu'il y a un chemin dans mon cerveau qui est tracé, un chemin facile qui me permet d'atteindre l'orgasme avec le porno. Même, je vois, par exemple, juste... Si je suis en train de me masturber sans regarder de pornographie, si je suis en train de me masturber et que, je ne sais pas, je vais regarder mon écran pour quelque chose, je vais ressentir une forte excitation d'un coup, parce que juste, je regarde un écran, quoi, et que mon cerveau se dit ah là là, tu vas retourner dessus ? Il y a quand même un lien fort avec la pornographie.

  • Speaker #0

    Jusqu'à l'objet écran, ça pouvait venir titiller peut-être le truc de « Attends, mais t'es à un clic d'une vidéo, là ! »

  • Speaker #1

    Oui, exactement.

  • Speaker #0

    Donc, t'as un sentiment de satisfaction sexuelle, même si, avec le recul aujourd'hui, tu te dis « Mais c'était pas forcément ça » . T'as eu d'autres expériences par la suite ?

  • Speaker #1

    J'ai fréquenté plusieurs garçons où c'était un peu la même chose. C'était le même schéma classique. J'ai dû en fréquenter 4-5 comme ça. sur des relations assez courtes et pas très profondes en termes de sentiments. beaucoup porté sur la sexualité. J'ai eu une relation en particulier, je ne sais pas si la relation a eu un impact ou pas, en tout cas j'ai eu une espèce de prise de conscience que ce que je faisais, le schéma classique, ça ne fonctionnait pas pour moi. Déjà j'étais déjà renseignée sur le féminisme et j'en parlais tout le temps avec mes copines qui elles aussi faisaient l'effort de se renseigner en permanence et de se remettre en question, de réfléchir sur la sexualité. Donc c'était vraiment une grosse partie de ma vie que de tout remettre en question sur ce sujet-là. J'ai eu une relation avec un garçon et... il y a un moment précis qui m'a marqué. Il me faisait un cunnilingus. Et en fait, sur le coup, je me dis, ouais, c'est incroyable. Dans le sens, c'est super bien. Et en fait, c'est super nul parce qu'en fait, c'est trop fort. Et moi, je recule en permanence. On a fait toute la chambre, tout le sol, tout le lit. J'ai reculé partout. Et là, pour continuer, moi, je dis, ouais, c'est super bien. Et en fait, ce qu'on faisait, ça convenait pas du tout. C'était vraiment l'opposé de ce qui me convenait. Et pourtant, moi, j'étais à fond. Je pense aussi que j'ai dû reproduire un peu... les schémas pornographiques qu'on pouvait voir.

  • Speaker #0

    C'est hyper interpellant parce que ce que tu décrivais, c'est ce côté où finalement, intellectuellement, tu te dis c'est génial ce qu'on est en train de faire, mais ton corps a littéralement un mouvement de recul.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et à ce moment-là, tu réalises que tu es déconnectée de ton corps, de ta sexualité, de tes besoins.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je le réalise vraiment à ce moment-là. Il n'y a pas eu un moment précis où je réalise quoi que ce soit. Ça a été plutôt après cette relation, je pense, où je me le dis vraiment. J'ai remis toute la sexualité que j'avais commencé à avoir depuis mes 17 ans et je me suis dit mais c'est ouf, depuis quelques années, en fait toute la sexualité que j'ai, c'est pas quelque chose qui me convient. Je me rends pas compte en fait que ce qui se passe, c'est pas du tout adapté à mes besoins sexuels. Juste je réponds à un schéma qui agit en faveur du plaisir du garçon et je me mets à son service et y'a pas ce retour-là. Et de toute façon je sais même pas moi qu'est-ce qui me conviendrait. En tout cas, là ce qu'on fait, ça me convient pas. Qu'est-ce qui me convient ? Alors ça, c'est un peu un mystère. Et après ça, je décide de me mettre dans le club d'abstinence radical. Je disais le club d'abstinence radical parce que ça me faisait rire, mais c'était juste moi, il n'y avait pas de vrai club. Donc du coup, pendant un an, je n'ai aucune relation du tout. Ni sexuelle, ni relationnelle, intime, rien du tout. Je m'imprègne de beaucoup de lectures féministes et je suis complètement matrixée par l'idée du consentement. Je me dis que je suis incapable de gérer mon consentement, même sur les trucs faciles. Il faut que j'arrive à savoir ce que je veux et ce que je veux pas et d'être capable de le gérer au quotidien. C'est-à-dire qu'hors de la sexualité, dans la vie quotidienne, je suis quelqu'un qui peut facilement dire oui alors que je pense non. Et je vois ça comme quelque chose de grave et d'important que j'arrive à gérer ça à la perfection pour apprendre à poser mes limites. Et c'est aussi la période où je remanie tous mes... Enfin, je remanie. J'avais l'impression de beaucoup travailler à transformer mes fantasmes. Parce que mes fantasmes, en fait, ils n'étaient pas du tout en accord avec ce dont j'ai besoin. Alors, je ne savais pas ce dont j'avais besoin. En tout cas, je savais que ce que je pratiquais, que le schéma classique de la sexualité qu'on nous donne, centré sur la pénétration et sur les pénis et sur le plaisir masculin, ce n'est pas ce qu'il me fallait. J'ai voulu enlever tout rapport au garçon de ma tête pendant que je me masturbais. Parce que du coup, c'était club d'abstinence radicale, mais par contre, je me masturbais. Je ne sais pas si dans l'abstinence, la masturbation rentre ou pas normalement. En tout cas, dans mon club, ça rentrait. Et donc je travaillais beaucoup sur mes fantasmes à ce moment-là. C'était interdit qu'il y ait de la pénétration, des pénis, tout ça. Et plutôt j'essayais d'intégrer des filles, ou alors, ah si, il y avait des garçons, mais ils ne pouvaient pas venir en haut de mon corps dans mes fantasmes. C'est-à-dire qu'ils ne pouvaient que se servir de leurs doigts, de leur langue pour me donner du plaisir. Sinon, ils ne pouvaient rien faire. Tout ça c'est dans ma tête, bien sûr. Et par contre, j'imaginais que j'embrassais des filles, que je touchais des filles. Mais voilà, c'était comme ça que je remaniais mes fantasmes, parce que je me disais, ok, ça serait mieux, ça serait plus simple pour moi.

  • Speaker #0

    Parce que quel type de fantasme te venait naturellement ? Parce que j'ai l'impression qu'il y a une petite lutte quand même interne entre le fantasme qui s'invite, lui, finalement, presque de façon intuitive. Ce n'est pas quelque chose qu'on maîtrise. Et là, tu as quand même une volonté de tordre ces fantasmes, de les manier à ta façon, pour que ça corresponde exactement à ce dont tu as envie. Quels étaient, du coup, ces fantasmes qui te venaient naturellement ?

  • Speaker #1

    du coup ce qui venait ça correspondait vachement à la sexualité finalement classique, hyper centré sur la pénétration, vraiment très très centré sur la pénétration et même s'il y en a plus, ça m'excitait plus même la double pénétration ou quoi c'est beaucoup ça que je regardais en pornographie et je pense que j'ai un peu aussi du coup ce fantasme où la femme elle va se mettre à crier dans son jeu d'acteur au moment de la pénétration et plus la pénétration va être intense, rapide, en mode bam bam bam là elle va crier de ouf et Je pense que ça m'a donné la sensation quand j'étais plus jeune que, vu qu'elle crie, ça veut dire qu'elle a du plaisir, et donc... C'est à ce moment-là où, dans ma sexualité plus tard, j'aurais eu du plaisir. En tout cas, mes fantasmes étaient très centrés là-dessus. Même quand j'étais jeune, quand je me masturbais comme ça sur de la pornographie, des fois, je pouvais quand même imaginer des choses toute seule à côté. Et j'imaginais plusieurs gars qui me faisaient des trucs en même temps. Je me réimaginais la même chose, mais sur moi. Et au final, ce n'est pas du tout ce qu'il faut que je fasse. Pour moi, c'était vraiment ça, cette période de remaniement de mes fantasmes. C'était faire correspondre. mes fantasmes à mes réels besoins quand je fais de la sexualité.

  • Speaker #0

    Donc le club de l'abstinence radicale où tu fais énormément de lectures, t'essayes de modifier tes fantasmes pour que ça corresponde au mieux à tes besoins réels ou du moins ce que j'en imagine. Ce que tu identifies comme tel. Qu'est-ce qui se passe ensuite ?

  • Speaker #1

    Je suis dans le club d'abstinence radicale sauf que je tombe amoureuse d'un gars. On entame quelque chose, moi je vais l'expliquer. tout, je lui dis tu te rends compte moi j'agis des fois comme ça mais c'est juste parce que c'est mon genre et je me suis identifiée à des femmes toute ma vie du coup voilà j'agis comme ça parce qu'on nous a dit d'agir comme ça et moi je veux pas reproduire ça, le couple aussi c'est pareil je voulais pas être enfermée dans un couple en fait j'adorais être avec lui, j'étais amoureuse de lui mais au début ça ça met beaucoup de temps à ce que je m'ouvre même juste un petit peu en tout cas physiquement je voulais même pas qu'on s'embrasse, je voulais pas je voulais pas faire de sexualité En tout cas, avec le recul, je me dis qu'en fait, à cette époque, j'aurais juste dû lui dire qu'il n'y aura pas de sexualité entre nous, juste de la tendresse. J'aurais dû faire ça, mais moi, je n'étais même pas dans cette dynamique-là. J'étais en mode, bon, du coup, je suis en couple, donc il faut qu'on essaye de faire quelque chose.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu ressentais quand même du désir à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Je pense que je n'en ressentais pas beaucoup, parce que je ressentais beaucoup son désir pour lui envers moi. Et ouais, du coup, j'étais plus oppressée par son désir, Ce qui est d'ailleurs ce qui a mis fin à notre relation, parce qu'au bout d'un moment, je... Je ressentais plus que ça, je sentais qu'il voulait des câlins, des machins, des trucs. Calme-toi ! À la fin de cette relation, je décide de complètement lâcher prise. J'ai eu envie d'explorer, de rencontrer d'autres gens. Je me suis inscrite sur une appli de rencontres. À ce moment-là, je devais avoir 20 ans et je rencontre un gars. On ne s'est pas vus beaucoup, mais ça a quand même marqué un tournant parce qu'avec ce garçon, il s'est passé quelque chose d'incroyable. Vraiment incroyable, franchement j'ai eu de la chance quand je y repense C'est à dire que le gars s'est adapté à mon rythme Et du coup là c'était trop bien Parce que la deuxième fois que j'ai vu ce gars On a dormi ensemble, on s'est mis en culotte-calçon Dans son lit Et moi je lui ai dit que je voulais rien qui se passe de plus Et du coup juste on s'est mis dans son lit Et on s'est mis en mode câlin Et je pense qu'on a dû rester comme ça 30-40 minutes Moi je bougeais pas, lui il a pas bougé non plus et au bout d'un moment on s'est mis un peu à se caresser les mains. C'est vrai que ça, c'est un truc que quand même j'avais pensé. Pendant mes réflexions avec moi-même, je me disais que j'aimerais bien prendre le temps de toucher les mains des gens, de les regarder dans les yeux, de toucher le visage. J'avais un gros truc sur le visage. Je voulais vraiment qu'on me touche le visage, qu'on me touche la nuque aussi. Parce que pour moi, le visage, c'était moi. Et donc, si on me touche le visage, si on prend le temps de me toucher le visage, c'est qu'on me considère d'abord en tant que personne. Et donc, pour moi, c'était ça. Je voulais que le gars me touche le visage. Bon là pour le coup on n'avait pas passé beaucoup de temps sur le visage. Par contre, on a passé beaucoup de temps à se toucher les mains. Et c'était vraiment génial. Et je me souviens aussi que le gars, il ne bougeait pas tant que ça. En fait, il s'est adapté à mon rythme. C'est-à-dire que pratiquement, il ne faisait presque rien. Je pense que si on nous regardait de l'extérieur, on aurait dit « Il ne se passe rien en fait, les gens dorment. » Alors que non. Et il prenait assez le temps de rien faire, de me laisser mener pour que j'ai le temps de descendre sur ses épaules. Je lui ai touché le visage et au bout d'un moment, j'étais satisfaite. Au point que je descende sur ses épaules, mais je ne touchais pas ses épaules pour lui. Je les touchais pour moi. C'est-à-dire que j'avais le temps de découvrir hyper lentement. Et c'était incroyable parce que vraiment, j'ai kiffé faire ça. Et c'était la première fois que je kiffais toucher l'autre à ce point. Parce que là, je le touchais. La façon dont je le faisais, c'était ce qui me convenait. Je ne m'adaptais pas à lui. Et à un moment, il a frôlé le haut de mon ventre, je dirais. Très, très lentement. Juste sur cette partie là, ça a duré 40 minutes, très très lentement, il est passé tout autour de mes seins. Et en plus faut savoir que moi les seins ça me fait rien du tout, en tout cas les tétons c'est vraiment pas une zone érogène quoi. Et du coup c'est plutôt une zone qui me saoule parce que les gars ils sont toujours là en train de les... En tout cas à l'époque, maintenant je les laisse plus faire ça mais... Ils aiment bien les tripoter et tout et puis moi je les regardais en mode bon bah ok ça c'est en train de kiffer, moi je m'en bats les couilles mon gars ! Et là, pour le coup, c'était la première fois de ma vie que mes seins me servaient pour moi-même, pour quelque chose d'érotique. Ils me caressaient extrêmement lentement. Moi, j'étais hyper excitée à ce moment-là. et ça faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti ça avec quelqu'un Peut-être qu'on a passé deux, trois heures à faire ça. Et au bout d'un moment, je lui ai dit, c'est bon, là, je ne veux plus. Lui, je crois qu'il s'est endormi. Moi, je suis partie plus loin. Je me suis mise sur son balcon. On était chez lui à ce moment-là. Et je me souviens que j'avais pris mon téléphone et j'ai écrit une énorme note dans mon téléphone. Et je me disais, mais qu'est-ce qui s'est passé là ? En fait, le gars, il s'est adapté à mon rythme. C'est trop bien. C'est une dinguerie. Et du coup, je me suis dit, ah ouais, en fait, C'est trop bien, quoi. J'étais choquée de me dire, « Waouh, en fait, le gars s'est adapté à moi. » Et du coup, « Ah, mais pourquoi je trouve que c'est incroyable ? » Ça devrait être comme ça tout le temps.

  • Speaker #0

    À la suite, il y a eu d'autres rencontres que tu as faites qui sont allées dans ce sens ?

  • Speaker #1

    J'ai un peu essayé. Je crois que j'ai fréquenté 3-4 gars, mais ça a été très rapide parce que je bloquais très rapidement. Eux, pour le coup, ils me touchaient trop vite. Et donc, très rapidement, je bloquais et il ne se passait pas grand-chose. avec qui j'ai eu un rapport sexuel pour le coup un peu classique. Et il y a eu de la pénétration à un moment, et en fait ça me faisait mal. C'était la première fois que je refaisais de la pénétration depuis avant le club d'abstinence radicale, sachant qu'avant le club d'abstinence radicale, ça ne me faisait rien du tout. Ah oui, littéralement rien du tout, c'est-à-dire que je n'avais même pas de plaisir non plus. Je n'avais pas mal, mais je n'avais pas de plaisir. Ça ne servait à rien globalement. Enfin, si au gars, mais pas à moi. Et après, j'ai refréquenté un autre gars. juste une fois j'ai revu en outgas c'est pas c'est pareil, c'était un gars en soirée. Déjà, il se permettait vachement de m'embrasser, de machin, enfin pas du tout, à observer mon corps, à se dire « Ok, ça fait déjà 15 fois que je vais vers elle pour l'embrasser, elle n'a pas le temps. » Enfin, moi, à aucun moment, j'avais le temps d'aller vers lui. Et bon, déjà, elle ne voyait pas ça. Donc, à un moment, on se retrouve quand même dans mon lit et je lui dis au gars « Bon, écoute, moi, ça n'ira pas plus loin, clairement. » Enfin, il y a des circonstances qui ont fait que je n'ai pas réussi à faire en sorte que... on se retrouve pas ensemble dans mon lit mais je lui ai dit voilà ça ira pas plus loin donc je lui ai dit clairement on ne couchera pas ensemble il n'y aura pas de sexe entre nous donc on s'est quand même mis à poil dans mon lit il y a des gens qui vont dire du coup tu le chauffes bah non on peut très bien se mettre à poil dans un lit sans qu'il se passe rien, moi je lui ai dit clairement je veux qu'il se passe rien, ça veut pas dire que je veux pas qu'on dorme ensemble à poil dans mon lit ça me fait rire parce que je me dis il y a des gens ils vont jamais comprendre ce que je viens de dire pour moi c'est évident mais bon et du coup il s'est quand même permis de me toucher Il a commencé à me toucher un peu entre les jambes et tout. et j'ai dû lui dire de répéter deux fois non c'est ouf quand même mais ça me fait rire tellement c'est absurde le gars il est tout bébé c'est pas possible du coup au final je lui ai dit non deux fois du coup on a juste dormi ensemble dans mon lit en mode câlin donc ça c'était juste une histoire comme ça d'un soir autant vous dire que je ne l'ai jamais revu et donc là plus récemment il y a huit mois de ça j'ai rencontré quelqu'un c'était une fête, c'était même un festival et à un moment on se retrouve tous les deux, donc c'était l'ami d'une amie par laquelle du coup j'étais venue à ce festival on se retrouve que tous les deux à danser devant un concert et moi je lui fais des signes pour moi selon moi évidents d'attirance genre en mode je lui touche l'épaule ou je sais pas quoi mais c'est des trucs débiles où je le regarde un peu et pour moi c'est des trucs de ouf d'envoyer des signes comme ça et lui il fait rien et du coup moi à ce moment là, mais je kiffe de ouf parce que n'importe quel autre gars, à peine tu lui touches l'épaule, mais lui, c'est bon, il est déjà là à t'embrasser. Et lui, il ne faisait rien. Du coup, je me souviens à ce moment-là, j'étais hyper excitée. Enfin, ça m'excitait de ouf, le fait qu'il fasse rien. En fait, ça laisse le temps de faire monter les choses. Et après, la soirée a continué. On a beaucoup parlé. Il ne s'est rien passé ce soir-là. On ne s'est pas embrassé, rien du tout. On avait échangé nos numéros pour une raison qui n'avait rien à voir. On ne s'est pas demandé notre numéro en mode, tu me donnes ton numéro. C'était pas du tout ça, c'était une numéro avant. Et on est repartis chacun chez nous. Et puis lui m'a tout de suite dit par message, t'es bienvenue chez moi si jamais un jour tu veux passer ou quoi. Et on s'est revus rapidement. En fait, on avait déjà prévu d'aller à un même événement. C'est un événement militant. Et on s'est retrouvés là-bas. Parait qu'on a repassé une soirée ensemble. Et là, pour le coup, on s'est embrassés. On a dormi ensemble. Quand on a dormi ensemble, je crois qu'il s'est rien passé de spécial. enfin On s'était peut-être un peu excités mutuellement, mais sans plus. De toute façon, on était dans une mini-tente. Il n'y avait pas grand-chose de possible. Ensuite, il y a eu du temps qui s'est écoulé. J'ai été le voir chez lui. La première nuit que j'ai passée chez lui, il a commencé à me toucher trop vite. Ça a commencé à me stresser. Et puis quand il y a du stress qui commence à monter comme ça aussi, il faut juste que tout s'arrête. Tant que le stress n'est pas évacué, je ne peux pas continuer de vivre autre chose. Je ne peux plus ressentir de désir, ça ne marche pas. Donc juste, je crois que je lui avais dit ok c'est bon on arrête. et en fait il y a deux chambres chez lui donc j'ai été dans l'autre chambre Du coup, la nuit se passe, je dors tout seul, ce qui était une très bonne chose. Je le retrouve le lendemain, donc on se remet à discuter et tout. Au bout d'un moment, on se remet à se faire des câlins et on se réexcite, mais aussi très lentement, très doucement. Et à un moment, je crois que c'est à ce moment-là, je suis plus sûre parce que quand même, ça commence à dater. Mais en tout cas, je me souviens de ce moment. En tout cas, il me dit j'ai envie de te faire l'amour. donc moi à ce moment là j'entends j'ai envie de te pénétrer parce que c'est ça que ça veut dire et moi je dis mais on est déjà en train de faire l'amour Et je crois qu'il a eu un petit moment de pause. Il a fait, ah ouais, voilà quoi. Et bien, on continue de faire l'amour. Sans aucune pénétration. Du coup, nos rapports avec ce garçon, ils sont très longs, très étalés. Il n'y a pas de début, pas de fin. Enfin si, il y a le début de la journée et la fin de la journée. Bon, ils ne vont pas durer toute la journée non plus. Mais on va parler, on va rigoler, on va se taper un délire. Et en même temps, on va continuer de s'exciter, de se toucher. On va dire, est-ce que tu peux tester ça ? Est-ce que je peux te toucher comme ça ? Est-ce que tu peux là arrêter de bouger ? Et pour lui comme pour moi, en fait, c'est nouveau. Parce que moi, j'avais juste imaginé toutes ces choses. Alors, c'est différent de comment je l'avais imaginé. C'est plus rapide, je pense, que comme je l'avais imaginé. Mais en fait, ça me convient bien parce qu'avec lui, je suis totalement en confiance. Je n'avais jamais connu ça avant. Et en fait, dans ma sexualité, avant le club d'abstinence radicale... Dans cette sexualité-là, j'étais vachement dans un truc de montrer à l'autre que j'avais beaucoup de plaisir. Donc en fait, je simulais en permanence. Alors je ne simulais pas un orgasme. Ça, j'ai toujours dit que je n'avais pas d'orgasme. D'ailleurs, à chaque fois au gars, je lui disais non mais laisse tomber, ça ne marche pas avec l'autre d'avant, ça ne marche pas avec toi. Pas de souci, moi je ressens de l'excitation sexuelle et ça m'allait quoi. Mais je simulais quand même d'avoir beaucoup de plaisir. En fait, je pense que vraiment je reproduisais ces espèces de postures que peuvent avoir les actrices porno. je surjouais parce que là maintenant je le vois en étant naturel En fait, ça n'a rien à voir. Juste, je respire un peu fort et c'est tout. Il n'y a pas d'autre truc. Et par contre, je simulais, mais sans en être consciente. Je ne savais pas que je simulais. Ça aussi, je trouve ça fou. J'étais vraiment déconnectée de mon corps.

  • Speaker #0

    Et là, avec ce gars, tu te rends compte... Enfin, ce n'est même pas que tu te rends compte, c'est simplement que tu ne fais pas. Il n'y a pas de jeu, J-E-U, mais il y a un jeu, Charlie, qui vit, qui ressent, et qui peut-être pour la... Première fois, en tout cas pour les premières fois, est complètement en phase avec sa sexualité, avec ta sexualité en l'occurrence.

  • Speaker #1

    Voilà, exactement. Avec ce que mon corps a réellement besoin. Et ça fonctionne. C'est vraiment cool. Je suis très contente.

  • Speaker #0

    Avec tout ce que tu viens de nous raconter, qu'est-ce que tu aimerais dire à la version de toi-même au tout début de ta sexualité, au début de tes découvertes sexuelles et de tes premières interactions sexuelles ?

  • Speaker #1

    Comme ça, instinctivement, J'aurais envie de dire à la moi de 12 ans qui commence à se masturber sur le porno de fermer cet écran et de faire sans. Après, peut-être que même sans pornographie, j'aurais quand même eu la même chose parce que dans les films, les blagues de tonton, tout ça, ça fait que peut-être je réagis de la même manière. Et pour mes premières interactions sexuelles avec des hommes, je dirais que j'aurais envie de me dire, meuf, regarde, tu simules, c'est faux. T'en as pas conscience, mais moi je te le dis, c'est faux. À un moment, t'auras pas le choix que de le voir. Voilà.

  • Speaker #0

    On arrive à la fin de notre échange. Charlie, est-ce que pour finir cette discussion, tu peux nous faire part d'une ou plusieurs anecdotes cocasses ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est pas en lien avec un rapport sexuel, mais c'est une anecdote que j'aime beaucoup, qui en dit beaucoup sur notre société et notre culture sexuelle. J'ai été en formation pour passer un équivalent bac, et c'est pendant un cours de SVT. qui parle de la reproduction des êtres humains, un peu le truc classique qu'on a au collège-lycée. On parle de comment faire en sorte de ne pas tomber enceinte, comment on se protège, voilà. Je ne sais plus comment on dit d'ailleurs, c'est quoi le terme ? C'est pas un... La contraception. Voilà, la contraception. Moi j'y pense jamais, je ne fais pas de pénétration. Du coup, on est à ce cours-là, on parle de contraception, et donc toutes les contraceptions sont venues sur la table, plus personne ne dit rien. Moi, forcément, je dis, mais aussi, le sexe peut être sans pénétration. Déjà, les rapports sont pas forcément hétéros. Et même les rapports hétéros, il n'y a pas forcément de pénétration. Et là, à ce moment-là, il y a un blanc dans la salle.

  • Speaker #0

    Tout le monde a les yeux écarquillés comme ça.

  • Speaker #1

    Personne ne le prend, quoi. Le prof, au bout d'un moment, quand même, a réagi et a dit, ah oui, c'est vrai, c'est possible. Et il y a un gars en particulier, avec des yeux éberlués.

  • Speaker #0

    Je comprends pas ta phrase, quoi. Et moi, je lui ai dit, mais sexe n'est pas égal pénétration. Et lui, vraiment, il comprenait pas, il me regardait avec ses grands yeux. Et il est revenu plusieurs fois dans la nez me dire, si je repense à ce que t'as dit. Mais je comprends pas ! C'est pas possible ! S'il n'y a pas de pénétration, c'est pas du sexe, puisque dans la tête des gens, le sexe, c'est égal à la pénétration. Donc s'il n'y a pas de pénétration, c'est-à-dire que tu fais pas de sexe. Bon, moi, ça me va. Dans ce cas-là, je suis asexuelle et ça me va très bien. Du coup, je ne sais pas ce que je fais. Je m'excite. dans le vide.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas la même grille de lecture, clairement, mais il n'a toujours pas compris ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. Je me vois plus gaffe quand il te redemande si je le revois.

  • Speaker #1

    Tu lui dirais, tiens, j'ai participé à un podcast. Ça te dit de l'écouter ?

  • Speaker #0

    Je vais voir. À qui je fournis le truc ?

  • Speaker #1

    Merci beaucoup,

  • Speaker #0

    Charlie. Merci à toi, Louise, de créer cette possibilité de parler de nos vies sexuelles.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Merci. C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Merci de votre écoute, et si vous avez aimé ce que vous avez écouté, alors likez le podcast avec 5 étoiles, et mettez des commentaires sur Spotify, Deezer, Apple Podcasts, pour faire connaître Lumière sous la couette au plus grand nombre, ça nous aide vraiment beaucoup. Abonnez-vous au podcast sur votre appli d'écoute, et sur notre page Insta pour rester à l'affût de toutes les actus et des nouvelles sorties d'épisodes. Et enfin, si vous aussi... vous avez envie de témoigner, vous pouvez me contacter sur Insta via DM ou à l'adresse mail hello.lumièresselaquette.com On se retrouve un mardi sur deux pour la sortie d'un nouvel épisode. D'ici là, prenez soin de vous et kiffez !

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