- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Lumière sous la couette, le podcast qui explore les sexualités. Je suis Louise Bonte et à mon micro vous entendrez des récits intimes mettant en lumière des personnes qui ont accepté de vous partager ce qu'on garde généralement secret. À travers leurs histoires, elles assument d'exposer cette partie de leur vie dans l'ombre qui en dit l'an sur soi, sur nous et notre époque. Parce que la sexualité nous concerne toutes et tous et que partager ce qui nous fait du bien, nos expériences et nos anecdotes les plus cocasses permet de donner une multitude de définitions à ce qui se cache derrière le mot sexe. Ouvrez bien grand vos oreilles, on va allumer la lumière sous la couette. Vous connaissez probablement plusieurs expressions associant les termes amour et guerre, comme par exemple faites l'amour, pas la guerre ou en amour comme à la guerre, tous les coups sont permis pour ne citer que ces deux-là. Alors, vous vous en doutez, je ne les ai pas choisis au hasard, et quand vous entendrez Fred, vous pourrez... peut-être en déduire que c'est ce qu'il habite au cours de cet échange confession. Fred, c'est cet homme, la presque cinquantaine fringante, qui a vécu plusieurs vies. Celle de militaire, homme marié et père de famille, homme divorcé, remarié, gogo danseur et Chippendale, soldat déployé autour du globe, puis soldat blessé au combat. Tandis qu'il incarne tous les codes de la virilité traditionnelle, athétique, courageux, compétiteur, charmeur, cet homme qui ne flanche pas alors qu'il est intérieurement en ruine, doit accepter qu'il ne va pas bien et qu'il a besoin d'aide. Pour se reconstruire, c'est aussi auprès de ses compagnes, dans l'amour et dans le sexe, qu'il trouve un élan de vie, un plaisir de donner, une beauté à laquelle il se raccroche, quitte à ce que cela enfreigne le principe de fidélité du couple exclusif. Je vous en souhaite une belle écoute. Attention, l'épisode que vous vous apprêtez à écouter aborde le syndrome de stress post-traumatique. Si ce sujet vous est particulièrement sensible, il est à écouter avec vigilance et dans les meilleures conditions pour vous. Bonjour Frédéric.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Je suis vraiment ravie de t'avoir à mon micro aujourd'hui parce que je vais faire un petit pas en arrière sur notre première rencontre qui est absolument fortuite. On s'était rencontré en septembre 2023, Düsseldorf en Allemagne. Moi j'y étais pour le boulot, mon ancien job, et toi tu participais au Invictus Games, tu nous expliqueras dans quelques minutes ce que c'est. et je suis vraiment très heureuse de t'avoir face à moi parce que d'abord ton histoire de vie est touchante et parce qu'à titre perso tu as été une rencontre décisive dans l'idée de créer ce podcast Lumière sous la couette pour plusieurs raisons d'abord parce que tu es un homme et on sait ô combien c'est plus difficile d'aborder ce sujet de l'intime avec l'agent masculine et parce qu'au cours de notre discussion dans un bar entre deux inconnus il y a de ça 9-10 mois Tu as su me dévoiler ta vie, ton parcours, jusqu'à ta vision de l'amour et du sexe avec une sincérité touchante et une fluidité, je dois dire déconcertante. D'ailleurs, je me souviens de t'avoir demandé si tu en parlais toujours aussi facilement. Tu m'avais fait part qu'en temps normal, tu étais plutôt réservée sur ces sujets. Voilà, donc un tout grand merci pour ce qui a été pour moi une rencontre décisive. Et merci de ta présence ici aujourd'hui à mes côtés.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
Je vais te demander de te présenter Frédéric, donc peux-tu me dire ton prénom, ton âge, où tu vis, ce que tu fais et surtout ce que tu aimes dans la vie ?
- Speaker #1
Alors je m'appelle Fred et je vais prendre 50 ans là dans un mois. Je suis dans la métallurgie maintenant, donc une reconversion, avant j'étais militaire. Et mes passions, le sport et puis là dernièrement, pas dernièrement mais la musique. J'ai l'occasion de pouvoir chanter sur scène, donc voilà c'était...
- Speaker #0
Alors tu évoquais le sport, on va y venir justement Je disais en introduction que tu participais aux Invictus Games lors de notre rencontre Est-ce que tu peux nous dire ce que c'est ?
- Speaker #1
Oui, les Invictus Games c'est un échange Un échange entre blessés de 23 nations Des blessés de guerre Oui, c'était créé par le Prince Harry en 2014 Lui-même atteint d'un syndrome post-traumatique Sachant qu'il a combattu en Afghanistan Il a voulu créer un échange sportif une dizaine de disciplines, où le but premier est de rencontrer d'autres nations. Il n'y a pas de compétition vraiment. On est tous compétiteurs à l'intérieur de soi, mais c'est cet échange qui est grandiose.
- Speaker #0
Si tu as participé à ces Jeux sportifs, c'est que tu as été blessé au combat, au cours de ta carrière militaire. Il y a eu un avant et un après cette blessure. Est-ce que tu peux nous dire comment était ta vie avant ta blessure ? La blessure, on y viendra. Tu étais marié et papa de deux enfants, si je ne me trompe pas.
- Speaker #1
J'ai rencontré ma première femme en 98. Ça faisait deux ans que j'étais rentré à l'armée. J'avais 24 ans et ma première femme avait six ans de plus que moi. Une rencontre dans une boîte de nuit. On a très vite été ensemble et on s'est mariés en 99. C'était vraiment rapide. Et après, on a eu deux beaux enfants. Donc voilà, notre union, et qui s'est terminée neuf ans après.
- Speaker #0
C'était avec ta première femme, ta découverte sexuelle ? Ah non,
- Speaker #1
non, non. Non, non, j'ai découvert le sexe à l'âge de 14 ans, avec une femme plus âgée, donc c'était très intimidant.
- Speaker #0
Elle avait quel âge ?
- Speaker #1
Elle avait une vingtaine d'années.
- Speaker #0
Et c'était comment ? Comment ça s'est passé ?
- Speaker #1
C'était drôle et intriguant à la fois parce qu'on ne connaît pas trop. Surtout l'excitation. Donc j'ai découvert ça, c'est cette femme qui m'a fait découvrir ce plaisir-là très tôt.
- Speaker #0
Et vous vous étiez rencontrés comment ?
- Speaker #1
C'était bizarrement, j'étais chez ma tante et c'était des voisines. Ils étaient plusieurs sœurs. J'étais chez elles et puis ça s'est fait naturellement.
- Speaker #0
Et vous ne vous connaissiez pas avant ?
- Speaker #1
Avant,
- Speaker #0
ça s'est fait au moment où vous étiez en retire-quoi ?
- Speaker #1
Ma première expérience, j'ai adoré, j'ai découvert ce que c'était vraiment, le plaisir, mais très jeune. Ce qui m'a déclenché d'être attiré par des femmes plus vieilles que moi. Ces femmes d'expérience, ce qui m'a valu des fois au niveau de ma mère, qui était au courant comme quoi je côtoyais des femmes plus vieilles que moi, ils voulaient porter plainte parce que j'étais mineur. Ma mère s'inquiétait, oui bien sûr.
- Speaker #0
Mais toi tu n'avais pas du tout ce regard-là ? Non,
- Speaker #1
du tout. Je découvrais. Pour moi c'était sympathique après. Je ne voyais pas le mal du tout.
- Speaker #0
Tu disais donc que ta première union avec ta première femme mère de tes deux enfants s'est terminée vite. neuf ans après. Lors de la préparation de cette interview, tu m'as parlé des retrouvailles complètement par hasard avec ton meilleur ami d'enfance, Chris. Comment est-ce que tu l'as retrouvé et en quoi est-ce que ces retrouvailles auront été marquantes pour la suite ?
- Speaker #1
Alors Chris, je l'ai découvert à la naissance de mon premier enfant. C'était le pur hasard. Ma première femme était à l'hôpital, elle restait à l'hôpital, donc moi j'étais rentré et je regardais la télé tard le soir. Et là, il y avait une émission sur les étudiants, le deuxième job aussi, pour pouvoir subvenir à leurs études. Et là, c'était sur les Sheep and Dales. Et en interview, je vois Chris, qui était leader de ce groupe, les Body Loves.
- Speaker #0
Donc, il était Sheep and Dale.
- Speaker #1
Et donc, je regarde, j'ai un surprise. Je me suis surpris de le voir dans ce rôle-là, mais de le découvrir à la télé. Donc j'ai essayé de le contacter, je savais qu'il était sur Bordeaux, mais je n'arrivais pas à savoir où exactement, le numéro de téléphone. Donc je l'ai laissé tomber et un jour c'est ma petite-sœur qui est venue me voir. Elle m'a dit que j'étais en boîte de nuit et j'ai vu Chris. Il m'a donné sa carte de visite. Ça faisait dix ans qu'on ne s'était pas vus. Et là on s'est contactés, donc plaisir de savoir au téléphone.
- Speaker #0
Tu lui as parlé de l'émission ?
- Speaker #1
Je lui ai parlé de l'émission, je lui ai dit que je l'avais vu avec ton t-shirt mousseline. Il m'a dit que ça faisait dix ans. Quelques temps je fais ça, il est dans la discussion, il me dit si tu veux, tu peux essayer. Sachant que j'étais marié, j'ai refusé. Mais j'étais intrigué par ce qu'il faisait, parce que Chip and Dale, ça reste un mythe. C'est faire plaisir à des femmes. Je trouvais ça bien à l'époque. Et puis après, il y a eu la séparation de ma première femme. Et puis là, il m'avait proposé, il me dit si tu veux, sur Bordeaux, au Megamakumba, il y a une soirée. Si tu veux débuter pour voir comment ça se passe. Et puis je lui dis pourquoi pas. Donc je me suis lancé. Où j'ai mis la première fois mon premier string. Pas évident.
- Speaker #0
Pourquoi il n'y a pas grand chose à mettre ?
- Speaker #1
Oui, mais à un moment c'est...
- Speaker #0
En termes de tissu. Oui,
- Speaker #1
je m'en duis bien. Mais bon, c'était un peu gênant pour moi. De mettre un pantalon, comme je disais, mangé par un bulldog ou rempli de trous. Puis se huiler le corps. Et j'ai appréhendé ce moment-là. On est dans le sens où une boîte de nuit s'est remplie de milliers de personnes. Et là, c'était juste du gogo, donc danser. Donc je suis monté, Chris m'a expliqué, tu sais danser, donc à mon top, tu bouges. Et puis je l'ai fait, sans me poser de questions, et ça s'est très bien passé. Et après, j'ai pu découvrir le strip, qui est totalement différent, parce que ça reste un spectacle, ça reste un show. Tu changes de vêtements rapidement, tu bouges ton corps, tu amènes cette fille sur la chaise. Ça reste vraiment intime. La première fois que je l'ai fait, on était trois. Donc on est arrivé en tenue James Bond, on va dire.
- Speaker #0
Un petit costard.
- Speaker #1
Un petit costard, une petite cravate, un petit nœud papillon avec une mallette. Et dedans la mallette, il y avait... des verres, une bouteille de champagne, des roses.
- Speaker #0
Bon chic, bon genre.
- Speaker #1
Voilà. Donc là, l'intro, on ouvre la mallette, on sert les coupes de champagne, on offre ça aux femmes avec une rose.
- Speaker #0
Vous savez à qui vous allez les donner à l'avance ? Non,
- Speaker #1
c'est vraiment le pur hasard. Et puis, ça, c'est l'intro. Après l'intro, une fois que l'intro est finie, il y en a deux qui partent, il y en a un qui reste, et là, il fait son strip. Il a sa compil, on va dire, sa musique. Et là, il va chercher une femme, il l'emmène sur la scène, il la met sur la chaise. Et puis là, le rôle commence. Donc, petit à petit, enlever le haut, enlever le bas, le fameux pantalon à velcro. Et puis après, on se retrouve en caleçon, puis après on se retrouve en string. Et après, on se retrouve avec une serviette autour de la taille, nue. Et puis là, c'est une confiance entre la femme qui est sur la chaise, parce que ce n'est pas évident pour elle aussi. Il y a certaines femmes qui sont excitées par ça, et d'autres... Avant d'être mis sur la chaise, elles sont excitées. Une fois qu'elles sont sur la chaise, c'est waouh.
- Speaker #0
Qu'est-ce que je fais là sous le regard de tout le monde ?
- Speaker #1
C'est à nous après de la rassurer, de discuter avec. Et voilà. Et après, on raccompagne dénudée la jeune femme directement dans le public. Et puis voilà. Donc après, une fois que le premier est parti, le deuxième arrive et fait son show. Pareil avec sa musique et ainsi de suite. Et après, il y a un final. Un final, on arrive tous, tous les trois. Et avec pareil, un drapeau. Un drapeau et il y a trois chaises. Et puis on fait notre show et le final se fait comme ça. Où j'ai perdu énormément de strings, où les femmes prenaient les strings et les jetaient dans le public. Ça coûte cher un string quand même.
- Speaker #0
C'est vrai que ces petits bouts de tissu coûtent bonbons.
- Speaker #1
C'est impressionnant. Donc voilà, c'était plaisant mon premier strip. Pas évident parce que... Mon pote m'a laissé tout seul à le faire.
- Speaker #0
La première fois ?
- Speaker #1
La première fois. Il m'a dit, débrouille-toi. Ah la vache ! Donc là, waouh ! Et puis je l'ai fait. Ça m'a plu, et puis je me dis, pourquoi pas ?
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui t'a plu là-dedans ?
- Speaker #1
Alors c'est ce contact homme-femme. plaisir. C'est le regard de ces femmes-là qui se libèrent, qui aimeraient bien que leur mari, leur copain fassent la même chose, fassent un show. Le fantasme, parce que ça reste vraiment un fantasme du Chipol d'El, c'est vraiment une image. Nous, bien sûr, en tant que mecs, on va pomper, on va essayer de gonfler un maximum tout ce qui est musculaire.
- Speaker #0
Vous faites une grosse séance de sport avant ?
- Speaker #1
Oui, après c'est... On essaie de s'engorger un petit peu. Donc voilà, avec les jeux de lumière, ça fait un volume. C'est un jeu de scène, mais qui plaît. Donc moi, faire plaisir aux femmes, c'est toujours été mon but et ça le reste encore.
- Speaker #0
On gagne bien sa vie en faisant ça ?
- Speaker #1
Ouais, non, oui. Après, moi, c'était pas vraiment pour l'argent, c'était pour le plaisir d'être avec mon pote et puis de découvrir. On voit toujours ça à la télé, on s'y tient. Et puis, quand tu joues le rôle réellement, c'est intéressant.
- Speaker #0
Et toi, t'as fait ça combien de temps ?
- Speaker #1
J'ai fait ça trois ans, en marge de mon métier.
- Speaker #0
Donc de ta carrière militaire. Si c'est ok pour toi, j'aimerais qu'on revienne là-dessus. Tu me disais que tu t'étais engagée dans l'armée deux ans avant de rencontrer ta première femme. Finalement, la découverte du gogo dancing et du métier de chip and dale, ça s'est vraiment arrivé après votre rupture. Et tu rencontres ta seconde femme. Oui,
- Speaker #1
je rencontre ma seconde femme très peu de temps après ma séparation. Donc voilà, sur un site. Puis on a tenté de se voir et puis le crush.
- Speaker #0
Vous tombez amoureux rapidement ?
- Speaker #1
Oui, amoureux rapidement, je divorce. Donc on se présente les enfants. Donc je pars au Tchad et dans la même année, je pars en Nouvelle-Calédonie. Et puis après, il y a le départ du séjour, deux ans au Sénégal. Et puis là, le dilemme, pour l'emmener, soit il faut se paxer, soit il faut se marier. Mais je venais juste de divorcer, donc c'était très difficile pour moi. Donc je me suis dit peut-être le PAX, mais sauf qu'à l'armée, le PAX, pour qu'il soit valable, pour emmener sa compagne, c'est trois ans de PAX. Donc ce n'était pas possible. Donc la seule chose qui restait, c'était le mariage. Et là, waouh, j'ai divorcé, j'ai me marié, waouh.
- Speaker #0
Il y a eu un quel laps de temps ?
- Speaker #1
Deux mois. Ah ouais ?
- Speaker #0
C'est rapide.
- Speaker #1
C'était rapide, oui. Donc le dilemme, j'étais amoureux, elle aussi, et puis je ne voulais pas m'en marier. Mais c'était la seule solution pour pouvoir l'emmener. Donc je me suis dit, allez, je vais me marier. Donc voilà, c'était rapide. Même trop rapide, je pense. Donc on est partis deux ans au Sénégal.
- Speaker #0
C'était comment ?
- Speaker #1
C'est vraiment top. Moi, j'ai passé deux ans où je n'ai pas vu passer.
- Speaker #0
Et dans ta relation, dans votre vie de famille, de jeune famille ?
- Speaker #1
Le problème, c'est que jeune famille, moi, militaire, encore jeune, j'ai la trentaine d'années, donc j'ai profité à fond de ce séjour-là. Je sortais beaucoup. Le week-end, c'est la chaleur, c'est short, claquettes, barbecue. Moi, la vie continuait. Donc les relations, ce n'est pas vraiment connu. Parce qu'on s'est connus très tôt, on s'est mariés tôt, je suis parti en séjour. Donc le problème c'est qu'on s'est connus sans se connaître. Le retour en métropole au bout de deux ans, ça n'a pas été évident. Parce qu'elle n'était pas là, elle travaillait à 80 km de ma garnison, et qu'elle restait couchée là-bas. Donc un moment très difficile. Au bout d'un an, elle a eu sa mutation, la garnison où j'étais. Cette séparation, cette coupure, déjà ça a joué énormément. Donc je me renfermais beaucoup de boulot, boulot, boulot. Et je suis parti après en Afghanistan.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous parler de l'Afghanistan, puisque c'est finalement là que va se jouer un moment clé ? Ton déploiement en Afghanistan, c'était en quelle année ?
- Speaker #1
En 2012. J'ai eu la chance de faire partie de l'équipe, ce qu'on appelle l'équipe EOD, les démineurs. Moi j'étais radiotireur et on entamait une mission, c'était une mission de ce qu'on appelait d'ouverture d'itinéraire. Donc nous le rôle des mineurs c'était de checker, de checker les routes. pour voir s'il n'y avait pas d'IED, ce qui permettait de faire passer tous les véhicules de transport. Donc notre mission était dès le matin de bonne heure, et un matin, une mission, donc découverte à l'IED, donc mes camarades neutralisent, et après on continue le chemin sur Tagab, et puis là on se fait shooter par une roquette dans le véhicule, donc là c'est le clash, le boom, la fumée, j'entendais plus rien, et puis... Mon camarade à côté, qui était pilote, je le voyais blanc, il conduisait, donc j'en ai déduit que ce n'était pas un IED. Mais voilà, je n'entendais plus rien, mes camarades derrière essayaient de me causer.
- Speaker #0
Vous étiez dans le véhicule au moment où vous avez été touché.
- Speaker #1
Oui, un gros blast. Et donc on a continué notre chemin direction le camp, et là on est sortis du véhicule un peu déboussolés, en voyant le véhicule qui était gonflé de tous les côtés. Mon camarade qui était pilote lui a vomi, donc ça a bien secoué. Et là on était obligés de repartir du sens inverse, on a été shootés. On est repartis, donc là avec la boule au ventre.
- Speaker #0
Vous vous rendiez compte à ce moment-là, quand vous avez fait le premier check en sortant du véhicule, de ce qui s'était réellement passé ? Est-ce que vous en preniez conscience ?
- Speaker #1
On a été shootés. C'est pas tous les jours où on se fait shooter par une roquette, donc tu connais pas ça. Tu ne connais pas ce moment-là. Déstabilisant, choquant. Mais bon, on est militaire. Bien sûr, le militaire se relève toujours. Donc, on est reparti de son centre-ville. Après, on rentre. Le compte-rendu sont faits à nos chefs. Après, c'est un protocole, sachant qu'on a eu un blast, donc un trauma sonore. Donc là, c'est une perfusion.
- Speaker #0
Il y a tout un protocole qui est mis en place.
- Speaker #1
Et administratif aussi. Puis, le boulot. recommence, le lendemain c'est reparti. Donc on continue la mission, on est vu par un psychologue, on raconte ce qu'on veut, et vu qu'on était dans la mission, nous on n'est pas partis, donc tout allait bien. Sauf que non, première vue tout va bien, mais intérieur non, le syndrome post-traumatique commence. On est vivant, c'est une chose, mais ça reste comme un choc. Se prendre une roquette dans un véhicule, c'est pas anodin.
- Speaker #0
Parce qu'au moment où vous avez été touché par cet impact, donc... protocole sanitaire, psychologue mis à disposition, vous vous rendez compte que vous êtes chanceux d'être vivant la mission se poursuit encore plusieurs mois ?
- Speaker #1
Le clash ça faisait même pas un mois qu'on était présent sur le territoire donc là on débute bien et moi j'avoue que j'ai eu peur chaque sortie de mission après et puis on continue la mission et puis voilà, mission se passe puis on rentre chez soi mais sauf qu'on rentre changé et ça on ne le sait pas C'est l'entourage qui le dévoile, mes enfants me l'ont dit. Donc ça s'est fait, le retour, après le retour, ben voilà.
- Speaker #0
Difficile ?
- Speaker #1
Ouais, difficile, après c'est une réadaptation de chacun, de ta compagne, ou de ta femme, qui elle a vécu sans toi pendant tant de mois, donc elle a pris toute la place, ce qui est tout à fait normal. C'est difficile pour chacun. Moi c'était difficile parce que mon comportement a changé, mais moi je ne m'en apercevais pas. J'ai continué mon boulot, je me suis acharné sur mon boulot, le sport. Et puis, un retour de mariage un soir en 2016.
- Speaker #0
Donc on est quatre ans après ?
- Speaker #1
J'ai eu un flashback. Je me fais frôler par une voiture, le rétroviseur tape sur la lunette, ce qui me fait sciller mon oreille. Et ce sciement m'a replongé directement. En mission en Afghanistan, quand la roquette a tapé, je n'entendais plus rien et j'avais le signe de mort. Et là, c'est des pensées, je revivais. Les peurs recommencent à venir, parce qu'il ne faut pas se dire, un choc post-traumatique, surtout à l'armée, c'est toucher la mort. Ça te hante. Et puis à un moment, tu pètes un câble. Moi, pendant une semaine, je n'ai pas dormi. Et à un moment, il y avait un petit pot. Et puis, bien sûr, l'alcool déclencheur. Je n'étais pas bourré, j'ai bu. Mais le problème, c'est que j'ai eu de la colère qui était tellement en moi. Et ça s'est ressurgi. Donc, pour un rien, j'ai commencé à me mettre en colère. Et puis, taper sur les portes, sur les murs. Parce qu'il y a un truc qui n'allait pas. Et ça montait, ça montait. Et c'est mon chef de sélection qui m'a maîtrisé. Et il s'est obligé d'appeler le SAMU. Donc là, quand tu es en tri, tu as le SAMU qui vient te chercher, qui t'emmène aux urgences. et d'attendre dans une salle d'attente pour aller voir un psychiatre. J'ai dit, waouh, et j'ai fait ça à la caserne. Ça veut dire que mes cadres ont vu qu'il y avait un problème, donc je ne pouvais plus le cacher. Et puis là, c'était des questions, des pleurs et des machins.
- Speaker #0
Tu avais un débordement émotionnel.
- Speaker #1
Tout va bien et j'étais dans le déni. Et puis il y a un moment, on m'a suggéré d'aller voir un médecin, un psychiatre. Je lui ai dit non, la psychiatrie là c'est beaucoup. Tu as une vision de la psychiatrie toi. La psychiatrie c'est des fous, tu n'as rien à faire ici. Et puis je suis rentré dedans, visite de la psychiatrie, et puis j'étais hospitalisé 15 jours. Je ne voulais pas prendre de médicaments, et j'étais contre. Et puis en fin de compte, je n'ai pas eu le choix.
- Speaker #0
Il t'a fallu ce soutien ?
- Speaker #1
Bien sûr, et il me le faut encore maintenant. Donc je n'ai pas eu le choix, parce que ça me permet de me canaliser, de me contrôler, et surtout mes colères, parce que je pense que je devenais dangereux. Ça m'a changé. L'homme que j'étais avant n'existe plus. Ce syndrome post-traumatique, ça met une grosse fissure, une grosse blessure intérieure, c'est ce qu'on appelle la blessure invisible, et elle fait des désastres. Et ça reste une cicatrice, elle restera toujours présente.
- Speaker #0
Donc ce chemin long pour accepter déjà cette blessure visible, donner une place à tout ça, te reconstruire, ça s'est également fait par le biais d'une rencontre. Tu as rencontré une femme, une jeune femme, après le diagnostic du syndrome post-traumatique. Est-ce que tu peux nous parler de cette rencontre décisive et peut-être de ce qu'on peut appeler une renaissance ?
- Speaker #1
J'étais perdu, donc... complètement perdu dans mon couple, j'étais perdu dans mon deuxième mariage. Dans le boulot que je faisais, j'ai rencontré une jeune femme, et puis on a entamé une relation. J'étais encore marié, je cherchais quelque chose, et je n'arrivais plus à trouver avec ma femme. Et puis voilà, je suis resté, je suis tombé vraiment amoureux, elle aussi est tombée amoureuse, mais bon voilà, il y avait cet écartage.
- Speaker #0
Un écartage ?
- Speaker #1
De 20 ans. Et puis la relation s'est entamée, c'était assez fougueux. Je redécouvrais le plaisir du sexe. C'est ce que les femmes disent, ces papillons dans le ventre. Les hommes aussi l'ont, ces papillons dans le ventre. C'est cette envie, cette envie de découvrir, cette envie de lâcher prise. Puis redécouvrir ça, la beauté du sexe, la beauté de l'amour, le contact de la peau, l'excitation. C'est des moments où tu te lâches, où tu es sur un nuage.
- Speaker #0
Qu'est-ce que ça te fait ? Est-ce que c'est une étincelle ?
- Speaker #1
Bien sûr. C'est une chaleur. Mais t'as envie de faire ça tout le temps, toute la journée, t'es tellement agréable, tellement beau. Le sexe est beau, moi j'ai toujours une vision du sexe, il faut que ça soit beau, doux, c'est un échange entre deux corps qui se... veulent ces gestes c'est ce corps qui serait dit c'est sentir les bouts de ses seins qui se durcissent sortir voilà son sexe humide c'est tu dis voilà il ya un retour et ça c'est vraiment agréable c'est puis voilà c'est C'est du lâcher prise.
- Speaker #0
C'est quelque chose qui revenait, que tu n'avais plus vécu ?
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
bien sûr.
- Speaker #1
C'est venu à moi. Donc j'ai pris. J'ai pris ce que la vie me donnait là. Et c'était très beau. Et là, c'était vraiment l'extase. Et puis voilà, je me suis accroché. Je tombe amoureux. Mais tout en sachant que ça n'allait jamais durer éternellement. Mais parce que la différence d'âge était là, et qu'elle était plus jeune, et puis qu'il fallait qu'elle découvre d'autres choses que de rester avec un vieux.
- Speaker #0
Et donc ta relation avec cette jeune femme, elle dure combien de temps ?
- Speaker #1
Deux ans, oui. Deux ans où elle, de son côté, a été voir ailleurs parce que la jeunesse était là. Elle n'acceptait pas la vision du regard des autres. Elle commençait à la gêner. Pourtant, je connaissais ses parents. Ses parents m'avaient accepté. Mais elle, c'était très difficile, le regard. Je le sentais, je sentais que ça allait s'éloigner. J'avais du mal à accepter parce que j'étais épris de tout ça. La séparation m'a freiné sur beaucoup de choses. Après, j'ai essayé de me rechercher. J'ai essayé de ressortir tout seul. C'était dans un bar et j'y avais été une à deux fois. Tout seul dans mon coin. Dans un bar et je ne cherchais quoi que ce soit. Je ne cherchais pas une aventure. Je cherchais à être posé et déjà me réhabituer au bruit, ce qui est très difficile encore pour moi. Et puis voilà, j'ai sympathisé avec les patrons et la patronne. J'y étais deux fois et la troisième fois, une soirée, je l'ai rencontré, son regard est venu croiser le mien et puis d'un regard c'est parti sur une danse et voilà, je lui ai plu par ce côté, comme elle m'a dit, tête de con. pas facile une carapace peut-être oui ce que je projette vis-à-vis des autres puis on ne sait plus et puis voilà elle avait des yeux elle a toujours des yeux magnifiques donc oui je suis tombé amoureux et puis maintenant ça fait 5 ans sexuellement après moi j'étais beaucoup demandeur le problème c'est qu'on a su le faire comprendre donc j'ai freiné tout ça donc maintenant sexuellement oui je Je suis toujours à la recherche. J'aime le sexe, j'aime le jeu, j'aime le feu. Et puis après le problème c'est que je reste un homme, un homme déjà de base. Donc je suis charmeur, j'aime les femmes, j'aime le regard, je ne peux pas me cacher. Des fois je tente, je teste, je vais me brûler. Malgré que je sois en couple, j'aime ça. J'aime ce jeu, j'aime chercher, j'aime qu'on me cherche.
- Speaker #0
C'est-à-dire que tu frôles parfois avec les limites de la relation exclusive.
- Speaker #1
Oui, oui. Oui, puis l'instinct d'une femme, comme je dis à ma compagne, elle sent les choses. Il y a des fois, je suis passé à deux doigts d'une séparation parce que j'ai charmé sur des messages et j'ai envoyé des choses. Donc je joue. Ce n'est pas si respectueux, mais pour moi, non. Tu peux aimer une personne et... Pour moi, j'aime ma compagne, sa présence, tout ça. Mais faire l'amour à une autre femme, si c'est réciproque, si c'est mutuel, pourquoi pas ? Pourquoi s'empêcher ? Bien sûr, pour certains, c'est le mal. C'est pas bien, c'est tabou, faut pas faire ça parce que dans la logique c'est interdit, mais pourquoi ? Deux êtres ont envie de se toucher, de s'embrasser, de se caresser, mais en avant. Tant que c'est dit, tant qu'il y a du respect, tant que c'est pas caché, je ne cache pas que je suis en couple.
- Speaker #0
Est-ce que tu arrives à parler de cette vision que tu as de, on peut être des compagnons de vie, on peut s'aimer, on peut être ensemble et à la fois avoir d'autres désirs ?
- Speaker #1
Non, parce que c'est... On n'a pas la même ouverture. Donc d'en parler avec ma compagne, non, c'est une rupture. Je ne l'acceptera pas. Et je le sais. Et je n'ai pas envie de la perdre. Donc c'est ça qui est... Je suis tenté par l'acte sexuel. Mais je n'ai pas envie de la perdre. Donc d'où ce que j'appelle ce jardin secret qui reste en moi. Seul moi peut l'ouvrir et faire sortir ce qu'il y a à l'intérieur. Donc voilà, je vis avec ça, avec ce petit jardin secret. J'ai l'occasion de faire l'amour à une autre femme, peut-être que oui, je ne dirais pas non. Parce que j'aime ce plaisir et je ne vois pas le mal.
- Speaker #0
Et c'est pour ça que tu as eu envie de venir en parler aujourd'hui ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr, parce que je pense que je ne suis pas le seul. Après, voilà, j'ai pourquoi interdire ? Touchons ce plaisir-là et voilà. Après, pourquoi pas se laisser aller ? Pourquoi pas profiter de ce moment-là ?
- Speaker #0
Si tu repenses à Fred, qui fait face à ses premiers émois, qu'est-ce que tu lui dirais avec le recul, avec l'expérience que tu as ?
- Speaker #1
Je dirais, ne change pas au niveau respect. Donc, respecte la femme comme elle se doit parce que la femme, ça reste une beauté. une beauté dans son attitude, une beauté dans son regard, une beauté dans son corps. Donc non, moi je dirais, reste comme tu es. Et puis voilà, il y a des choses qui sont taboues pour certains, et c'est interdit, et bien non, moi je... J'ai une opportunité, je le ferai. L'acte reste beau et c'est des choses qu'on ne peut pas enlever, ça. On ne peut pas nous interdire.
- Speaker #0
Est-ce que, pour finir cet échange, tu pourrais nous faire part d'une anecdote cocasse, quelque chose qui te passe par l'esprit où tu dis, ça a vraiment...
- Speaker #1
Ça mérite d'être raconté. Oui, c'est dans mon parcours de Sheep & Dales. C'était que des femmes avec nous. Elles étaient une dizaine et on devait faire un show dessus. Et on passait chacun à côté. Je suis passé sur une femme. J'étais avec le drapeau autour de moi, donc nu dessous. Et la femme passe sa main au niveau de mon sexe. Waouh ! Des choses qu'il ne faut pas faire. Et là, je la regarde et je vois son regard coquin qui me mangeait du regard et rebelote. Et elle le faisait, faisait. Elle ne voulait qu'une seule chose. Sauf qu'elle n'était pas seule. Et ça, ce n'est pas possible d'avoir un sexe bien dur sur une autre fille qui n'accepte pas. Ça peut être mal pris.
- Speaker #0
Je lui faisais comprendre. Je me contrôlais, bien sûr. C'est pas évident.
- Speaker #1
Comment est-ce qu'on se contrôle dans ces situations-là ?
- Speaker #0
Au début, je me contrôlais. Après, je retournais. Il y a le passage. Cette femme me regardait, me désagé. C'était très gênant. Très excitant à la fois. Et très gênant. Pourtant, avec cette femme-là, à la fin du show, chacun est reparti de son côté. Mais voilà, c'était un moment où j'ai le sourire maintenant parce que je trouvais ça coquin. Elle s'amusait énormément. à faire ça. Et elle voyait sur moi que j'étais un peu gêné.
- Speaker #1
Désarçonné. Enfin,
- Speaker #0
pas que. Il y a un moment, le corps, tu ne le contrôles plus. La petite coquine. C'est une petite coquine. Mais j'ai adoré.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Fred, de nous avoir emmené dans ton petit jardin secret.
- Speaker #0
Merci à toi.
- Speaker #2
C'est la fin de cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Merci de votre écoute. Et merci encore à Fred pour sa confiance. Vous en voulez encore ? Alors abonnez-vous à ce podcast sur votre plateforme d'écoute pour rester à l'affût de toutes les nouvelles sorties d'épisodes et recevoir les notifications dès la mise en ligne d'un nouveau témoignage. Likez, avec 5 étoiles évidemment, et diffusez ce podcast autour de vous pour faire grandir la communauté LSLC. C'est possible aussi via Insta, sur la page at-lumière-sous-la-couette-underscore. Et si vous aussi vous avez une histoire à partager, vous pouvez me contacter via MP ou à l'adresse mail et l'eau. arrobase-lumière-sous-la-couette.com On se retrouve un mardi sur deux pour la sortie d'un nouvel épisode. D'ici là, prenez soin de vous, kiffez, merci, bisous.