- Speaker #0
Helmut Fritz, c'est Chucky. Plus je le tue, et plus il revient.
- Speaker #1
Lux,
- Speaker #2
c'est le podcast qui écoute la lumière. Je m'appelle Lucie Brasseur, je suis journaliste, écrivain et maman. Après des romans, des essais, des millions d'articles et d'interviews, j'ai décidé, au printemps dernier, de lancer mon podcast pour partager avec vous des histoires inspirantes au rythme de la vibration des voix. Pour ce premier épisode, je reçois Eric Greff. Son nom ne te dit rien ? Delmout Fritz, à Geronimo, tu as forcément entendu l'une de ses chansons. Incroyable showman, entertainer, il a dévoilé à mon micro un visage très différent de celui qu'il porte sur scène. Plus sensible, mélancolique presque, plein de fêlures et d'une sincérité fragile. Tu viens ? Je te le présente.
- Speaker #0
J'étais pas éveillé à mes rêves et à la projection de ce que je voulais être. Comme j'étais un enfant unique, assez choyé, assez gâté matériellement, je me voyais en chef d'entreprise, rentrer le matin dans une tour, dans un building américain, donner des clés de ma Ferrari à un voiturier. Petit con, quoi, tu vois. Et puis après, à l'âge de 8 ans, je m'inscris au théâtre et là, tout change.
- Speaker #2
C'est marrant parce qu'à 5-6 ans, on se voit plutôt pompier,
- Speaker #0
pirate ou super-héros,
- Speaker #2
quoi.
- Speaker #0
Ah non, non, justement. Moi, je suis devenu le prêt, ouais, ouais.
- Speaker #2
Donc, tu prends des cours de théâtre, là, il y a tout qui change. Est-ce que c'est parce que tu as rencontré quelqu'un qui t'a dit il peut se passer autre chose ou c'est l'activité du théâtre ?
- Speaker #0
C'est l'activité, c'est la scène. C'est la première scène dans ma ville natale à Forbach dans le 57, quand je joue ma première pièce de théâtre dans une salle d'animation culturelle devant 1000 personnes, où je dis une réplique et où les gens applaudissent, où je me dis c'est ça que je veux faire Je veux être sur une scène, je veux divertir les gens, je veux être performeur, entertainer. Je ne sais pas à ce moment-là si c'est le théâtre, le cinéma, la musique, je n'en sais rien. Mais l'énergie que je reçois touche mon âme, touche mon égo aussi. Parce que même si on est très petit, il y a toujours un truc un peu égotique dans la construction de soi. Et là, je me dis, c'est ça, c'est pour moi ça. Je vais jusqu'à une école de commerce.
- Speaker #2
Ah oui, quand même, donc tu reviens au truc du départ.
- Speaker #0
Oui, bien sûr, mais oui, parce que je commence la musique à l'âge de 12 ans. J'ai des groupes, je joue dans la cour de l'école, je joue dans des caves. Mais à côté de ça, encore une fois, je suis fils unique, donc j'ai des parents qui me modèlent. sur le goût du non-risque. Fais tes études, trouve-toi un job, etc. Donc, j'aligne le bac, un BTS. À la sortie du BTS, je regarde les salaires, j'ai envie de pleurer. Je me remets dans un cursus école de commerce et je fais une école de commerce internationale. Je pars deux ans en Angleterre. Je fais un stage à New York. Je rentre, je termine à Reims et je sors avec un double diplôme. Je vais bosser pendant cinq ans comme cadre avant d'être malheureux et de me dire que ce n'est pas ma vie.
- Speaker #2
T'as quand même fait 5 ans.
- Speaker #0
J'ai fait 5 ans. Après les études. Après les études.
- Speaker #2
Donc t'avais pas loin de 30 ans.
- Speaker #0
J'avais 30 ans. J'avais 30 ans, j'ai démissionné à l'âge de 30 ans du groupe BMW France, où j'étais responsable grand compte, en disant je vais faire de la musique. Tout le monde s'est foutu de ma gueule en disant c'est pas à 30 ans qu'on devient une rockstar. T'es bien con de quitter ton salaire, ton confort, ta voiture de fonction, ta participation et ton plan sur la comète. Et je pars.
- Speaker #2
Tu te réveilles une nuit, au milieu de la nuit, tu te dis, là, il faut changer quelque chose. Non. Ou c'est un cheminement ?
- Speaker #0
Un cheminement, ça fait un peu cinématographique, mais c'est vrai et je le raconte dans mon livre. C'est d'ailleurs le début du livre. Au moment où je démissionne, c'est que je pars à Munich pour la sortie d'une voiture BMW. Il y a tout le board BMW France. Je suis bourré au mojito. Il y a un groupe qui joue sur scène, Maroon 5, U2, etc. Et je monte sur scène, je vais voir le chanteur et je lui dis donne-moi le micro et joue-moi un titre de Robbie Williams. Et je chante devant tout le board BMW un peu alcoolisé comme si j'étais devant un zénith. Et je signe mon arrêt de mort dans cette société. Et je démissionne le lendemain. J'ai tout de suite compris dans le regard de ma hiérarchie que je n'appartenais plus au clan. Et moi-même en revenant avec les uns qui me traitaient de fou et les autres qui disaient c'est du génie, machin. Je savais que j'avais une place qui n'était plus du tout logique au milieu de cette boîte. ultra formatée où il ne fallait pas avoir un petit poil de barbe en trop, pas de coupe hirsute, pas de favoris. Tu vois, il fallait vraiment être dans le moule. Donc, je suis très heureux de me barrer.
- Speaker #2
Entre là, tu as 30 ans et les chansons qui ont fait le luxe de ton pseudo, qu'est-ce qui se passe ? Comment ? Parce que là, c'est un succès total.
- Speaker #0
Il se passe trois ans où il n'y a rien. C'est-à-dire que pendant trois ans, j'essaie de proposer des pop songs. À l'époque, je fais un truc, c'est difficile de te le... vraiment l'identifier, mais c'est un peu du calogéro entre calogéro et stéréophonics, tu vois. J'essaie de faire de la britpop en français, quoi. Ça marche pas. J'essaie de bien écrire, de bien interpréter, de trouver des gens qui me font des beaux arrangements. J'ai pas de contact en maison de disques. Je vais voir des standardistes, s'il te plaît. Je leur laisse des maquettes. Enfin, c'est lunaire, parce que quand je sais maintenant comment marche ce métier, que même un directeur artistique... Quand tu le files à un scud, il n'écoute pas. Standardiste, il ne se passait rien, il mettait dans la poubelle direct. Donc pendant trois ans, il n'y a rien. Et au bout des trois ans, je connais un épisode très violent, qui est un épisode d'humiliation assez intense. Pendant ces trois années-là, je fais des petits boulots à 8 balles de l'heure, hôte d'accueil dans les salons, tu vois, je bip les badges des gens et tout. Et je me retrouve, trois ans après, au Mondial de l'Automobile, où je conduis des Golfettes électriques avec un petit cahouet rouge. le chauffeur, quoi, et où j'emmène les gens du parking vers les halls des véhicules premium, je vois arriver tous mes anciens collègues de BMW, tous les cadres. Et donc, je suis humilié, parce que ça fait trois ans et que les mecs disent Waouh, la rockstar ! Bravo ! Bien le soir ! La violence ! J'ai eu envie de me suicider le soir, là, en fait. J'étais au bout de ma vie, vraiment. J'ai beaucoup pleuré, je me suis dit Ils ont raison, en fait, je suis nul, j'ai échoué. Qu'est-ce que je vais faire de ma vie, en fait ? Et quelques jours après, tombe sur Arte, sur un reportage incroyable. qui s'appelle Lagerfeld Confidentiel, qui est l'intérieur de la vie du couturier de Karl. Et je me dis, ce mec est un génie, ce mec est un personnage. Je vais le parodier dans la musique et je vais créer un buzz. Je vais obliger tout le monde à regarder mon buzz. Et après, derrière, je ferai mes vraies chansons. Ça,
- Speaker #2
c'est trois jours après ?
- Speaker #0
Ouais. C'est dingue. Je suis au fond, là. Je suis au fond. Je n'ai plus rien. Je n'ai plus d'oseille. Je n'ai plus de dignité. Ma meuf, à l'époque, veut se barrer. Je me plante, en fait. Je me dis, mais tu fais quoi de ta vie, en fait ? Tu as 33 balais, tu vas crever, en fait. Tu n'y arriveras jamais. Et il y a ce truc-là qui se pointe, en fait. Et j'écris, ça m'énerve.
- Speaker #2
C'est à ce moment-là que tu t'écris cette chanson ?
- Speaker #0
5 minutes. Seul ? Seul. Seul, un matin. Après avoir vu le reportage sur Carl, j'ai écrit cette chanson avec la voix de Carl en tête. Et je vais appeler un pote. On va la maqueter, on va la mettre sur MySpace. Puis Sony va la signer.
- Speaker #2
Il la trouve sur MySpace ?
- Speaker #0
Il la trouve pas sur MySpace. Je l'envoie à plusieurs DJs. Je l'envoie à... Bob Sinclar, David Guetta et un troisième mec qui s'appelle Laurent Conrad, qui avait fait Disco Beach un an avant. Et ce mec-là me rappelle et il me dit, ton texte, il est génial. Moi, je fais du son, je suis maqué avec Sony. Est-ce que tu veux bien me laisser retravailler la prod ? Et là, on est en octobre 2008. Et en février 2009, je suis devant 8000 personnes au Energy Tour de Toulouse.
- Speaker #2
Totalement dingue.
- Speaker #0
Et ensuite, je vends 10 000 singles par jour jusqu'à l'été et j'en vends 700 000.
- Speaker #2
C'est un truc de malade.
- Speaker #0
C'est un truc de malade. C'est un film.
- Speaker #2
Franchement, c'est un film. Un jour, je fais une série Netflix en post-cred.
- Speaker #0
Il y a mon père déjà. J'espère qu'il va l'adapter.
- Speaker #2
Pourquoi tu en as pris d'autres des pseudos après ?
- Speaker #0
J'en ai pris d'autres parce que déjà, je n'ai eu de cesse depuis 2009 d'essayer de me débarrasser d'Elmoud Fritz. Parce que c'était une sorte de poupée d'appel au secours dans ce métier qui ne voulait pas de moi. Comme je te disais tout à l'heure, faire un buzz, attirer le regard et ensuite dire... Regardez derrière Helmut, il y a un vrai chanteur, un auteur mélancolique, pop song, etc. où je sais faire des choses. Ne vous arrêtez pas à ce personnage, je n'y arrive pas. Au moment où la musique s'essouffle, on me réclame en télé, parce qu'il y a un personnage qui est bon client en télé. Donc je vais faire toutes les émissions possibles. Au moment où ça retombe en France, c'est le Québec qui m'appelle. Donc je repars pendant un an faire de la promo et des clubs au Québec. Helmut Fritz, c'est Chucky. Plus je le tue, et plus il revient. À la fin de mon livre, je l'assassine. Je dis, je ne veux plus jamais longtemps te parler. Et je me retrouve six mois après avoir écrit ce bouquin, en train de déjeuner avec mon tour manager de l'époque d'Edmoud qui me dit, ton livre, il a eu l'effet inverse. Tous les bookers de club m'appellent. Ils veulent tous te réengager. Ils veulent que ça m'énerve. Et je lui dis, mais non, en fait. Il me dit, mais tu vis de quoi aujourd'hui ? Je dis, je ne vis pas, je vivote aujourd'hui. J'ai remonté Géronimo, je me bats, etc. Il me dit, ouais, mais il me dit, moi, je t'offre 60 dates à l'année. Qu'est-ce qu'on fait, quoi ? Et puis donc, je réfléchis et puis arrive l'explosion de TikTok. Puis sur TikTok, il y a du Sam Nerve en speed up avec 30 000 vidéos et tout le monde en parle. Tous les gens autour de moi me disent Bon, Eric, arrête, il est là le truc, t'appelles. Et en plus, t'as pas à en rugir, tu l'as créé en fait. Vas-y, embrasse-le, fais-en un business model. Fais tes dates, fais tes festivals et tes clubs et puis à côté, tu développes ton vrai son. Et au départ, la mort dans l'âme, j'y vais en me disant Putain, encore du Sam Nerve, quoi. Là, on est en 2022. La première date prend une gifle comme en 2009. C'est-à-dire que c'est plein. Le club est plein. Les momies chantent, ils hurlent, ils chantent par cœur. Et là, je me rends compte qu'en fait, le truc a passé un cycle et que tous ceux qui avaient 10 piges quand c'est sorti, ils ont maintenant l'âge d'aller en club. Et pour eux, c'est un marqueur d'enfance. Ils le chantent à tue-tête et j'ai la même énergie et donc le même plaisir à leur dérouler le truc. Donc, j'y vais et j'embraye et je fais ma tournée. Et à côté de ça... Je monte Géronimo et je fais mes titres, mes démarches auprès des radios. Et donc, aujourd'hui, j'ai les deux projets qui cohabitent.
- Speaker #2
Donc, tu as deux projets en ce moment. Oui. Les trois premières années de galère, c'était déjà sur Géronimo que tu bossais ?
- Speaker #0
Non. En fait, les trois premières années, il n'y avait pas le nom Géronimo. Ça s'appelait Elliot. C'était mon premier pseudo parce que Peter et Elliot, le dessin animé. Il y a toujours des références régressives dans tout ce que je fais. Un peu tendre à l'enfance parce que je suis quelqu'un de très mélancolique. Donc, j'ai des espèces de flash fantômes comme ça qui viennent et je les utilise pour mes projets. Donc c'est un autre nom. Non, Geronimo arrive en 2016, quand je suis entre les deux grosses vagues, c'est-à-dire la vague de succès de 2009 et la reprise de la tournée en 2022. Puis dans un grand creux, où je fais des choses dans l'ombre. Je fais de la direction artistique pour Sony Music, je signe des artistes pour les différents labels, je signe en édition chez Warner Chappelle, j'écris, j'écris des tubes pour Magic System, j'écris pour Amir, j'écris pour plein de gens. Je ne suis pas heureux parce que je ne suis pas en frontman, je ne suis pas sur scène et je ne m'exprime pas. Donc ça me frustre, je viens aigri, il faut que je me réinvente. Et Geronimo arrive en 2015 avec un premier titre qui va être un gros succès radio, qui s'appelle Possédé, qui sort en 2015, qui met quelques mois à arriver sur les ondes. Et une fois que ça arrive sur NRJ, ça explose. C'est joué 12 fois par jour, ça devient numéro 1 Airplay France. Je fais tous les NRJ tours, je deviens vraiment Geronimo. J'oublie Helmut à ce moment-là. Je ne dis pas que c'est moi au début. Et quand je commence à faire le tour des radios et qu'on sait que c'est moi... Il arrive un truc assez bizarre, c'est qu'on se dit, ouais, en fait, c'est un faiseur de tubes. Il a fait Helmut, puis là, il a fait Possédé. On a du mal à me considérer comme un artiste, avec un univers, avec des choses à développer. Les titres suivants de Géronimo ne marchent pas. Et donc, Géronimo, qui arrive en feu d'artifice, retombe et s'arrête. Et là, c'est dur, là. C'est de là qu'après est venue toute la réflexion de, est-ce que je reprends Helmut ou pas ? Il y a eu mon livre pour essayer d'expulser tout ça. Je jongle avec les deux, mais je suis quand même toujours encore dans la difficulté de développer Géronimo, parce que ça... pas encore briqué comme je voudrais. Je pense qu'on a des bonnes chansons, mais on n'arrive pas encore à élargir et à toucher suffisamment de monde avec des gros réseaux radio. Et à côté de ça, Helmut, ça n'a jamais autant cartonné. Je fais des dates dans tous les sens. Je fais même le Delta Festival à Marseille. Je fais la closing le 5 septembre derrière Solveig. C'est ouf, en fait. Tu vois, normalement, j'ai rien à foutre là, mais je suis là.
- Speaker #2
Tu dis, on a des bonnes chansons. C'est quoi une bonne chanson ?
- Speaker #0
C'est une chanson qui est écrite sincèrement, avec un beau texte, qui te parle, avec une belle mélodie. et qui est bien produite. Après, il n'y a pas de recette. Je n'ai pas de vérité absolue, mais je pense savoir, moi, à mon sens, ce que je considère comme une bonne chanson ou une chanson faible. Et je mets beaucoup d'énergie, beaucoup de cœur à faire mes chansons sur Geronimo, sur une playlist globale radiophonique française par rapport à beaucoup de choses que j'entends. Je n'ai pas du tout à rougir de ce que je propose. J'aimerais bien qu'on ait une place un peu plus importante aujourd'hui en airplay sur Geronimo que ce qu'on a. Mais ce n'est pas le cas, donc je continue de travailler, je continue de... de fournir, de produire et d'affirmer l'identité.
- Speaker #2
L'émotion, elle, semble être à fleur de peau.
- Speaker #0
Je pense que c'est tous les artistes. J'ai l'impression. La véritable création, tu la trouves pas dans le bonheur. Tu la trouves en général dans les difficultés, dans les déceptions amoureuses, dans les gifles affectives, dans les gamelles amicales. J'ai besoin de ça pour créer et puis c'est ce qui me caractérise. pas l'impression que si t'es ultra happy, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, tu peux faire une carrière en fait. Regarde des textes de Stromae, regarde des textes d'Orel, regarde Lompal, c'est pas très gay quoi.
- Speaker #2
Ce soir t'as joué 4 titres ?
- Speaker #0
J'en ai joué 5. 3 à moi et 2 reprises. La Miley Cyrus, c'est parti d'une blague en loge. Clément me disait, ce serait cool de surprendre les gens sur un truc complètement inattendu où on t'attend pas. Et donc je lui dis une chanson de meuf. commence à me gratter ma ailée. Je fais, mais les paroles aussi, elles sont très féminines. Moi, je ne vais pas m'acheter de fleurs et tout. Ils me disent, ce n'est pas grave, vas-y, essaye. Et on le fait, on trouve que ça le fait. Donc, on le garde.
- Speaker #2
Tu as déjà écrit ton nom dans le sable ?
- Speaker #0
Non. Ou alors, quand j'étais très petit, non. J'ai plus écrit les noms de mes petites copines ou de mes fantasmes quand j'étais petit dans le sable. Tu vois, genre, quand je sortais avec une Émilie, c'était E plus E égale A. Le téléphone, c'est parce que j'avais envie d'un truc actuel. rock produit avec les sons du moment, tu vois, entre un Maneskin et un... Comme si Stereophonics faisait un album 2.0, quoi. Puis, pardon, mais en groupe de rock français, moi j'ai trois références, c'est Trust, Téléphone et Noir Désir, quoi. Et j'avais envie de sortir cette chanson-là parce qu'on est dans un contexte géopolitique dégueulasse, qu'on a peut-être tous un peu envie de vivre dans un autre monde. Et je trouve que les paroles, elles résonnent bien aujourd'hui dans le contexte.
- Speaker #2
De manière générale, tu te sens à partir à cette époque ?
- Speaker #0
Ah non, moi je suis un enfant des années 90 et au risque de faire mon bacri un peu en avance, j'aimais l'organique, tout l'organique, le vinyle, le CD. Le Walkman, la cassette, les boutons, l'auto-reverse. Je trouve que c'est une époque qui est très difficile pour nous qui sommes dans la transition, qui est peut-être facile pour nos enfants parce qu'eux, ils naissent dans cet univers dématérialisé. Ils ne connaissent que Spotify, que WhatsApp, même pour draguer. Donc je ne me sens pas vraiment de cette époque. Je trouve qu'en plus, on est dans une époque assez faux cul. On est censé vouloir... libérer absolument la parole des minorités. Mais en réalité, on ne peut plus rien dire parce que dès que tu as une pensée qui sort un peu de la pensée unique, on te tape dessus et on te traite de complotiste ou autre. Un mot de travers, ça peut te faire glisser une carrière. Elle est toxique, cette époque. Et je pense qu'elle est en grande partie toxique à cause de ce monolithe-là, de 15 cm par 5, téléphone portable.
- Speaker #2
Tu crois que ça peut revenir à la rencontre, à l'échange ? Est-ce qu'à l'inverse, il y a toujours des extrêmes ? des moments un peu dramatiques quand il y a des changements technologiques de rupture.
- Speaker #0
Je pense que oui. Je pense que malheureusement, ça n'arrivera qu'à la faveur d'un accident technologique. Je ne pense pas qu'on aura le recul, l'intelligence, la lucidité et le discernement de le provoquer. Au même titre qu'on fera tous les efforts nécessaires pour notre planète quand on manquera d'eau ou quand on n'aura plus de lumière. À partir du moment où on se rendra compte que l'intelligence artificielle est plus forte que nous et se retourne contre nous, peut-être qu'on reviendra en arrière et qu'on diminuera la technologie. J'espère que ça ne se produira pas. Moi, quand j'entends qu'aujourd'hui, on peut prendre une phrase de toi, synthétiser ta voix, te faire dire ce qu'on veut, donner trois mots à Chad GPT pour qu'il t'écrive une chanson, je ne suis pas rassuré par ça. Je n'ai pas essayé. J'ai vu un truc sur Insta avec Christophe Willem et qui dit Putain, les mecs, on est foutus ! Il dit trois mots. et ça lui sort un truc et je regarde le truc. Et non, je n'ai pas essayé parce que moi, je suis un songwriter. J'aime écrire des chansons. Et je ne veux même pas essayer parce que je ne veux même pas tenter de comprendre la mécanique de cet outil-là. Je veux continuer, moi, à créer avec de l'émotion, pour reprendre le terme que tu as utilisé tout à l'heure. Il faut de l'émotion. Un ordinateur n'a pas d'émotion, mais il peut faire croire qu'il en a puisqu'il va utiliser plein de références qui en ont eu, tu vois. Je ne suis pas rassuré. Je ne vais pas faire mon révolutionnaire tout seul dans mon coin en disant il faut tuer Mark Zuckerberg et Elon Musk. Mais je ne suis pas rassuré. Et ce qui ne me rassure pas, c'est que je vois que même chez des mômes, maintenant, il y a des stages de digital detox.
- Speaker #2
Tu as une fille de 13 ans, tu lui disais, comment tu fais pour lui donner de la joie ?
- Speaker #0
Ça, c'est une grosse question.
- Speaker #2
Sur l'avenir, en fait. En tant que parent, on est aussi en train de leur dire, OK, ne t'inquiète pas, ça va être cool. Comment on fait pour leur donner de la joie quand on voit ce monde qui est compliqué ?
- Speaker #0
J'ai une fille qui est incroyablement curieuse sur plein de terrains. Elle fait de la gym, elle joue du piano. Elle fait court Simon. C'est une dynamite, ma fille. Elle est curieuse de tout. Elle mange la vie. Je me bats avec ça aussi. J'ai mis Custodio, j'ai mis des limites sur le portable. Un temps d'écran limité. Elle a voulu absolument avoir TikTok. Elle l'a pour consulter, elle n'a pas le droit de poster. Elle a 30 minutes par jour. Elle n'a pas Snapchat, elle n'a pas Instagram. Contrôle. Twitter, contrôle. Trop tôt, c'est trop tôt. Ça leur malaxe le cerveau, c'est trop tôt. Et pour lui donner de la joie et de l'espoir, je lui dis qu'il faut qu'elle s'écoute, qu'elle continue à être curieuse, que quand ses copines viennent à la maison, qu'elle privilégie les moments où ça, c'est dans la boîte à portable qu'on a mis en bas dans le salon, qu'elle se projette en dehors de ses tutos de beauté YouTube. Tant que je la vois chanter, danser dans la salle de bain, hurler de rire en regardant un film avec nous, etc., je me dis ça va. Voilà, j'ai beaucoup de chance parce qu'elle s'intéresse à plein de trucs. J'essaie en tout cas devant elle de ne pas tenir le discours. passéiste, ringard, de dire Mais tu sais, moi, quand j'avais ton âge... Mais par contre, quand elle me dit Papa, tu connais ça ? Elle me fait écouter un morceau, je fais Bah, c'est Billy Idol. Elle me dit Bah, j'ai entendu sur TikTok, c'est vachement bien. Là, j'ai la petite larme qui vient, tu vois ? Je dis Ah ouais, t'écoutes pas que Dajou ou Jul. C'est génial. J'ai rien contre eux, mais tu vois, ça me fait du bien.
- Speaker #2
Dernière question. C'est quoi ta baseline ou ton leitmotiv ? C'est quoi la petite phrase qui te...
- Speaker #0
C'est un truc du pancha tantra indien qui dit de la considération des obstacles vient l'échec, de la considération des moyens vient la réussite. Magnifique. Merci.
- Speaker #2
Pour tout vous dire, quand j'ai rencontré Eric, je n'avais pas encore lu son livre. Le livre dont il parle ici et dans lequel il essaye de tuer Helmut. Paru en 2022 chez Anne Carrière, Rockstar Sinorien raconte les débuts de cette incroyable aventure de BMW aux jobs alimentaires jusqu'aux millions de singles vendus. Le tout en moins de trois ans. Je vous préviens, c'est aussi addictif qu'une série Netflix, parce que ce qu'il y raconte dépasse tout ce qu'un scénariste bien intentionné aurait osé imaginer. Totalement ouf ! Vous avez aimé ce premier épisode ? Racontez-moi sur les réseaux ce qui vous a plu, puis pensez à me laisser un commentaire et 5 étoiles sur les plateformes d'écoute. La semaine prochaine, je reçois Franck Thiliès, l'un des grands maîtres français du thriller, à l'occasion de la sortie de son dernier roman, Noferville.
- Speaker #1
Lux,
- Speaker #2
c'est le podcast qui écoute la lumière.
- Speaker #0
J'entre au poste boire un verre, mais la service me complaire. J'ai pas la réservation, je ressors et je l'ai atteint. Bon, ça m'énerve. Oui,
- Speaker #1
ça m'énerve, c'est pour vous.
- Speaker #0
J'ai un cadeau à faire de chez Zadig et Voltaire. Le plus l'on se marquait,
- Speaker #1
le plus il y en a. C'est le dos, ça !
- Speaker #0
Dans le club VIP, y'a plein de Lamborghini, moi j'arrive sur mon Vespa, on me dit tu rentres pas,
- Speaker #1
ça m'énerve. J'entre chez Weston,
- Speaker #0
une blonde a son téléphone, je me dis...
- Speaker #1
Vous avez vu ?
- Speaker #0
Non, je pouvais pas sonner, elle m'énerve. Mon Dieu, elle m'énerve.
- Speaker #1
J'ai plus le mot fricot au milliardaire.
- Speaker #0
Dans le carré, je trouve vomis par terre.
- Speaker #1
J'ai perdu mon ticket pour le vestiaire. Je trouve pas de taxi. C'est un hiéros de la règle. Je suis en train de me faire un petit déjeuner. Vous savez, les gens de France, ils ont des problèmes. m C'est ce qui prend le chat paris de français
- Speaker #0
Ça m'énerve tous ces gens qui font la queue chez la durée tout ça pour des macarons
- Speaker #1
Il a pris le temps de battre Bernard et de faire sa vie. Il a fait des erreurs, mais il a fait la