- Speaker #0
Est-ce que le bonheur, ce n'est pas juste ça, de prendre son temps et d'écouter le silence ? Luxe,
- Speaker #1
c'est le podcast qui écoute la lumière. Je m'appelle Lucie Brasseur, je suis journaliste, écrivain et maman. Après des romans, des essais, des millions d'articles et d'interviews, j'ai décidé au printemps dernier de lancer mon podcast pour partager avec vous des histoires inspirantes au rythme de la vibration des voix. Pour ce deuxième épisode, je reçois Franck Thilliez. Évidemment, elle ne peut pas s'en rappeler, mais nous nous sommes déjà croisés. Lorsque j'ai publié mon premier Pola en 2014, j'avais été invitée en dédicace par le fur et du nobre au salon Polar Lance. Local de l'étape, Franck Thiliès y était aussi en signature. Bon, disons qu'il tenait le premier rôle sur l'affiche, genre superstar du rock, et que nous, jeunes auteurs, nous le regardions plutôt un peu comme des Merle en frit. Et il y a de quoi. Fort de 24 romans, tous aussi bien construits qu'hyper documentés, Franck Thilliez écrit avant tout pour divertir, mais ses romans ne manquent jamais de profondeur. En somme, il coche toutes les cases. Assez différent des précédents, Norfairville, paru au fleuve noir au printemps, soulève un phénomène de société d'une gravité rare dans un décor glacial. Je ne vous en dis pas plus, vous venez, je vous le présente. Tout d'abord, bravo pour ce roman. Merci,
- Speaker #0
merci.
- Speaker #1
Je suis un peu émue, je viens de le finir, donc je suis encore un peu dans le...
- Speaker #0
Vous êtes là-bas encore.
- Speaker #1
Je suis un peu encore là-bas, donc justement, je ne me sens pas encore tout à fait revenue en France. Combien de temps vous avez passé au Québec pour être en capacité d'inventer cette ville tellement réelle ?
- Speaker #0
Pas tant que ça, en fait. Je suis resté trois semaines au Québec. D'ailleurs, c'était des vacances qui remontent à quelques années, sans avoir l'objectif d'écrire un livre. C'était vraiment purement repos et road trip, en fait, parce que j'aime bien se déplacer. Et c'est surtout beaucoup de recherche, en fait. C'est-à-dire que, comme pour la majeure partie des romans, je passe de longs mois à faire toutes les recherches nécessaires pour pouvoir raconter une histoire. Donc voilà, à Pornhub Fairville, ça n'a pas échappé à la règle. C'est avant tout, à la jeunesse du livre, on va dire, c'était une envie générale d'écrire une histoire qui se passe dans la nature et dans le grand air. La faille, l'année dernière, était très... très noir, très urbain, beaucoup de scènes un peu souterraines, tout ça. Donc voilà, je me suis dit, j'ai envie de grand air. Je me suis rappelé ce voyage au Québec et je me suis dit, tiens, c'est vrai qu'il y avait cette nature, est-ce qu'il n'y a pas moyen de… Cette nature est tellement gigantesque que je me dis, il peut se passer des choses assez terrifiantes là-bas. Et donc j'ai commencé à faire des recherches et c'est un peu comme ça que c'est venu de fil en aiguille. Je me suis rendu compte qu'il existait des villes comme Norfairville, tout ça, puisque… Nord-Ferville est basée sur une ville existante sur laquelle je me suis renseigné. Donc des villes minières comme ça, complètement isolées. On continue à creuser. J'ai découvert aussi tout ce qu'on va retrouver dans le livre, c'est-à-dire tout ce qui concerne les autochtones, les violences sur les femmes. C'est un ensemble qui fait qu'à la fin, on se dit, j'ai quand même suffisamment de matière pour raconter une histoire. J'avais le décor avec les villes minières, il fallait le fond pour... Essayer de raconter un mot polar, et ça s'est fait un peu par hasard, justement avec ce sujet de société autour des femmes autochtones.
- Speaker #1
Au-delà de la citation de Jack London au tout début, il y a à plein de moments dans l'histoire, on sent une filiation assez évidente, ou en tout cas peut-être que c'est une projection de ma part, mais est-ce que c'est dans cette veine de roman social que vous avez rédigé la trame ?
- Speaker #0
Oui, alors en fait c'est tellement difficile de trouver la bonne idée, que je passe beaucoup de temps à la fin. de temps à jeter des idées à la poubelle, à chaque livre, c'est en permanence, tous les jours, il y a des idées qui arrivent, et puis elles finissent à la poubelle, et donc finalement, quand j'en trouve une, je suis très content, et si elle accroche, si elle continue le lendemain, le surlendemain, la semaine d'après, à être présente, je me dis c'est la bonne. Et voilà, donc c'est un peu, on va dire, le hasard, le bon moment, un concours de circonstances qui fait que, et quand je tombe sur ce sujet de disparition, de meurtre, dans tout le Canada, des femmes autochtones, et je me dis, mais c'est... Il y a vraiment de la matière incroyable à raconter une histoire policière, qui rentre pile dans ce que je sais faire, et il se trouve que le sujet, c'est un sujet de société, et c'était l'idéal, sujet de société, en plus, sujet dans l'air du temps, donc ça me parlait, c'est ce qui fait que j'ai écrit ce roman-là, mais ça aurait pu être autre chose si j'étais tombé sur un autre sujet. Et voilà, ça m'a éloigné un peu de ce que je fais d'habitude, parce que je suis plutôt dans le complexe, qui se recoupe, un peu technologique et scientifique. Pas tout le temps, mais en tout cas dans la majeure partie. Et là, ça m'a changé. Et puis, voilà, c'est un bon changement parce qu'après autant de livres, j'en ai écrit 24, on cherche toujours aussi à faire des choses différentes.
- Speaker #1
Vous avez quand même eu la sensation d'avoir Jack London qui vous accompagne pendant l'écriture de ce roman, au-delà du Grand Nord ?
- Speaker #0
Oui, évidemment. Cro-Blanc fait partie de mes livres préférés. J'ai des souvenirs incroyables de description du froid chez Jack London. C'est de survie, de... trappeurs comme ça qui sont dans des immenses forêts, pris dans le gel et tout. Et oui, évidemment, je me suis... J'ai relu certaines de ses nouvelles parce qu'en fait, il avait cette force de décrire ces éléments-là, les éléments extrêmes du Grand Nord. Je me dis, bah oui, je vais beaucoup parler du froid, beaucoup parler de l'ambiance et voilà, il faut que je m'en imprègne. et de voir comment on peut la retranscrire, de trouver tous les éléments qui permettent de retranscrire sa sensation de froid au-delà, autrement que par souvent des mêmes formules, il a froid, il fait froid, etc. Là, il fallait trouver vraiment des images fortes, qui parlent aux gens et qui montrent ce qu'est le froid extrême. Sous divers aspects, je parle par exemple du déshabillage paradoxal. C'était un médecin légiste qui m'a expliqué. Souvent, on retrouvait des SDF nus beaucoup l'hiver quand il faisait très très froid. Avec leurs vêtements à côté d'eux, ils s'étaient déshabillés. Il me dit parce qu'à un moment donné, le cerveau fonctionne mal et pense qu'en enlevant des vêtements, on va avoir plus chaud. D'ailleurs, il y a une sensation de chaleur qui se dégage. Je me suis dit que c'est bien pour retranscrire le froid. C'est un mélange d'éléments que je connaissais et d'aller chercher aussi des influences de gens qui savaient très bien le faire.
- Speaker #1
Et même, tout le rapport aux populations autochtones, on le voit dès le prologue, quand elle se projette son esprit ailleurs, sur la scène du viol en fait, on peut le dire,
- Speaker #0
parce que c'est la toute première scène,
- Speaker #1
on a la sensation d'être dans le vagabond des étoiles, quand il est là, mais son corps est là, mais son esprit n'y est pas.
- Speaker #0
Oui, c'était important de garder un peu justement ces... Ces légendes, ces traditions autochtones, ce sont des gens qui ont beaucoup de croyances envers les esprits dans la forêt, les esprits des animaux, des arbres, qui croient en ces choses-là, de la nature, que la nature est un personnage vivant qu'il faut respecter. Et donc c'est important de garder ça et de l'introduire dans le récit, parce que c'est vrai qu'en lisant, on va se rendre compte que les légendes indiennes autochtones sont très... finalement très présente. Mais j'aime bien aussi toujours rester dans le réalisme aussi, parce que ça fait partie aussi de mon écriture, de toujours expliquer les événements et d'écrire des histoires très crédibles. Donc voilà, je voulais que les légendes soient là, qu'elles imprègnent le récit, mais sans qu'on sombre dans le fantastique, absolument.
- Speaker #1
Est-ce que vous mettez, pareil, un contreplaqué avec une grande feuille en papier sur laquelle vous cartographiez en fait ?
- Speaker #0
l'histoire ? Oui, alors je suis un peu plus technologique, j'ai ce genre de choses sur mon ordinateur, c'est-à-dire sur mon écran, ce qu'on appelle du mind mapping, c'est un logiciel justement où on colle dessus des cases avec des post-it, avec des flèches, et quand on clique sur un post-it, ça ouvre un document qui est quelque part sur l'ordinateur, donc voilà, étant ancien ingénieur informatique, je suis moderne à ce niveau-là, mais oui, ça me sert bien, parce que ça permet vraiment de... structurer une histoire, d'avoir un visuel. J'écris des histoires, c'est vrai, complexes, où il y a beaucoup de recoupements. Et parfois, je fais mes recherches six mois avant d'écrire le livre. Donc au moment d'écrire le passage correspondant à une recherche, je ne sais plus où est forcément la recherche. Donc c'est vrai que ça, ça m'aide à retrouver mes documents, à créer des fiches de personnages, on peut mettre des photos, des liens, tout ça. Donc c'est assez pratique.
- Speaker #1
Tout au long de l'histoire, on sent qu'il y a un rapport à la lumière qui est omniprésent. En fait, la lumière semble être synonyme d'amour. Elle est omniprésente quand on voit ses premières aurores boréales, jusqu'à la ville de Teddy, qui est la ville des Lumières, qui est Lyon. En fait, est-ce que c'est une façon de créer le contraste avec les ténèbres ?
- Speaker #0
Oui, c'est un peu ça. C'est-à-dire qu'en fait... Je le dis à plusieurs reprises, cette ville, et d'ailleurs cette nature, c'est à la fois l'émerveillement absolu, c'est d'une beauté incroyable. et en même temps il y a une hostilité qui est permanente donc c'est vrai que ça oscille entre l'obscurité, la nuit avec le bizarre, on voit rien c'est très mortel comme ambiance et puis justement des moments comme ça de pur bonheur de pure communion avec la nature où on se dit finalement, est-ce que le bonheur c'est pas juste ça de prendre son temps et d'écouter le silence je voulais qu'il y ait des moments comme ça, un peu de respiration entre deux moments assez sombres pour contrebalancer effectivement parce que cette nature reste avant tout merveilleuse et c'est juste peut-être que c'est l'homme qui n'y a pas forcément sa place en fait.
- Speaker #1
On sent qu'il y a quand même des questions derrière, la question sur le progrès, la modernisation, dans les derniers chapitres, la vie est un combat, on sent quand même que chez vous, ça pose quand même plein, il y a plein de questions qui sont, qui vont bien au delà de la narration et de l'histoire du meurtre.
- Speaker #0
Oui oui oui, notre monde aujourd'hui, on voit toutes ces... On voit l'accélération du temps et les multi-sollicitations technologiques qu'on a autour de soi qui font qu'on n'a plus le temps de faire les choses bien. On fait plein de petites choses moins bien et on ne prend plus son temps pour rien. Même dans l'écriture, quand j'écris des histoires policières, je suis embêté par toute cette multi-technologie. Parfois, on ne sait pas dans quelle direction aller parce qu'il faut parler de tout quand il y a une scène de crime. Il faut parler des portables, il faut parler des ordinateurs, il faut parler de l'ADN. Et on se dit, mais c'est que de la technologie. Donc, où est l'homme là-dedans ? Nous, on aime bien quand on écrit des romans. Il faut que les personnages réfléchissent, font appel à leurs instincts, soient en danger et se retrouvent seuls parfois sans avoir un portable où il suffit juste d'appeler et de dire, venez me chercher. Donc oui, on est confrontés à ça. Et c'est pour ça que ça a fait du bien aussi, c'était aussi une volonté d'écrire dans un environnement comme celui-là, parce que finalement, ils ont accès à Internet et au téléphone, mais tout ça est très minimisé, et le temps s'écoule différemment là-bas, et ce n'était pas aberrant qu'il y ait un crime et qu'il n'y ait pas d'un seul coup 50 personnes, techniciens qui débarquent avec chacun leur spécialité. Là, on est vraiment dans la nature, et on se débrouille avec les moyens du bord. Il faut faire fonctionner son esprit pour essayer de comprendre ce qui s'est passé.
- Speaker #1
Ça ressemble presque à un petit théâtre en huis clos, par moment. Pas tout le temps, ils disent, on a Internet depuis six ans, c'est assez récent. Mais ça ressemble quand même vraiment à un huis clos, par moment.
- Speaker #0
Oui, oui, moi j'adore les huis clos. Quand je cherche des idées, je cherche en permanence à essayer de trouver une histoire de huis clos. Alors ça, finalement, j'écris jamais des huis clos parce que c'est très compliqué et puis beaucoup de choses ont été faites. Oui, quelque part, c'en est un, parce que huis clos, c'est un groupe de personnes qui sont dans un endroit fixe, dont ils ne peuvent pas sortir. En tout cas, toute la scène, tout se passe là, dans le même lieu, même unité de lieu, même unité de temps, quasiment. Et c'est un peu ça, Norfairville, c'est-à-dire que finalement, ce n'est pas une pièce dans laquelle on est enfermé, c'est une ville dans laquelle on est enfermé. On ne peut pas en sortir, il n'y a pas de route qui nous permet d'y accéder, d'y repartir. Donc finalement, on est prisonnier de cette ville. Donc oui, on est dans un huis clos extérieur, je dirais. Et moi, j'adore ces ambiances-là, parce que ça rajoute une espèce de pression sur les personnages. On se dit, le criminel, il est là, il est parmi tous ces gens, il n'a pas pu, lui non plus, partir. Et donc, on est vraiment dans l'ambiance du thriller, de la psychologie. Et ça, je trouve ça intéressant, quand on est lecteur, de ressentir cet emprisonnement, quelque part, du lieu.
- Speaker #1
On le ressent à plusieurs moments, de manière générale, dans la ville. Et puis quand on est dans la centrale, et puis quand on est sur la scène finale, on le ressent vraiment à plein de moments, ce resserrement d'un huis clos vers un autre, encore plus restreint vers un autre. C'est très bien fait.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Même des fois, on se dit, non mais moi jamais j'aurais eu le courage d'y aller.
- Speaker #0
Oui, la centrale, ça a lieu absolument effroyable, parce qu'il le dit lui-même, il dit, déjà pour lui, Norferville, quand je dis lui, c'était dit... Le français, c'est déjà l'enfer et l'isolement extrême. On lui dit qu'il y a encore un endroit pire que ça, la centrale. Et quand il débarque là-bas, c'est vrai qu'il se dit comment des gens peuvent travailler et vivre là, c'est l'enfer. Donc, c'est des lieux qui sont super angoissants et vraiment très forts en ambiance.
- Speaker #1
Est-ce qu'on peut juste revenir sur ce que vous avez découvert des disparitions, des viols, des violences faites aux femmes autochtones ?
- Speaker #0
C'est un phénomène de société qui existe depuis plus de... de 40 ans au Québec, qui est une surreprésentation de la violence chez les femmes autochtones par rapport aux... aux femmes non autochtones. Une jeune fille de 15 ans qui est autochtone a 10 fois plus de chances de se faire assassiner ou de disparaître ou de se faire agresser qu'une blanche. Et ça, ça existe depuis 40 ans. Et il y a des phénomènes comme ça dans les villes très isolées, de maltraitance, de punition sur les femmes autochtones qui s'appelaient la cure géographique. C'est-à-dire que certains policiers attendaient à la sortie des bars les jeunes filles autochtones enivrées, et puis quand elles étaient enivrées, ils disaient, ils les attrapaient, les emmenaient en dehors de la ville et les abandonnaient très loin de chez elles, dans le froid, en disant, ça t'apprendra à boire, la prochaine fois tu comprendras. Donc, cure géographique, c'était ça. Et il faut bien imaginer, il y a encore 15 ans ou 20 ans, ce qui se passait dans ces villes, c'est-à-dire... rien de sortir de ces villes, complètement isolé, tout ce qui se passait à l'intérieur restait à l'intérieur. Et les gens n'avaient aucun moyen de s'exprimer, de faire savoir ce qu'ils subissaient. Et d'ailleurs, on peut trouver ça normal finalement, parce qu'on imagine bien une réserve autochtone, enfin qui a toujours vécu, en tout cas des autochtones qui ont toujours vécu sur ces territoires très éloignés, et après dans les villes quand elles se sont créées, n'en sont jamais sorties de ces villes, donc ils ne savent pas ce qu'est le monde extérieur. avant Internet. Mais quand je dis violence aussi, c'est pas forcément des blancs sur les autochtones, il y a aussi de la violence intérieure chez les autochtones, des maris qui battent leurs femmes, etc. Voilà, c'est quelque chose qui n'est pas normal et qui est surreprésenté dans ces communautés. Et évidemment, ça a explosé avec Internet, parce que dans les mouvements un peu MeToo, tout ça, on s'est dit c'est pas normal, et les femmes elles-mêmes ont commencé à dire peut-être que ce qui m'arrive... complètement anormales. Et voilà, donc ça, c'est vraiment le sujet de fond du livre, c'est le moteur aussi, qui m'a permis de créer cette enquête policière.
- Speaker #1
Est-ce que, quand vous avez l'impression de défendre un sujet comme celui-ci, vous vous sentez heureux ? Est-ce que c'est le terme qu'on peut utiliser ?
- Speaker #0
Oui, je suis ravi, parce que c'est encore actuel, ça existe encore, et je ne suis pas engagé, traditionnellement, le polar, c'est quelque chose de... J'ai envie en transition française, les années 70-80. Ceux qui écrivaient des polars à l'époque, il fallait que ce soit absolument politique et engagé, et puis dire aux gens, voilà, votez ceci, cela. Moi, c'est pas du tout ça, parce qu'il faut que ça reste une distraction. Je me dis, les gens, aujourd'hui, lisent des livres pour s'évader, justement, un peu. Donc, je raconte avant tout une histoire. Donc, il y a romanesque, il y a un roman romanesque, il faut qu'il y ait une trame romanesque, et que les gens passent un bon moment. Mais quand j'ai l'occasion, ce que j'essaye de faire à chaque fois, de glisser des sujets graves à l'intérieur, de sorte que l'histoire continue à prendre le dessus, mais l'air de rien, il y a des messages qui passent. Moi, j'en suis ravi. Et c'est vrai que là, finalement, oui, de montrer qu'aujourd'hui, dans nos mondes civilisés, ce genre de choses existent encore, qu'il y a encore des vieilles rancœurs, des vieilles images autour des Autochtones et des inégalités comme ça qui sont encore bien présentes. Voilà, c'est un peu la particularité de ce genre. polar, c'est d'aller pointer justement des sujets comme cela.
- Speaker #1
En tout cas, c'est un sujet que moi, je n'avais jamais vu nulle part. On parle beaucoup de la situation des peuples premiers en Amérique latine, dans plein de pays d'Amérique latine d'ailleurs, aux États-Unis, mais le Canada, c'est silence radio. C'est vraiment un sujet personnel.
- Speaker #0
Oui, oui, oui, on connaît tous les Indiens d'Amérique, les westerns, tous les films qu'on a pu voir, et c'est vrai que parmi eux, il y a toutes ces... Oui, c'est une première nation tout là-haut, qui a été spoilée, dont le territoire a été spoilé, malmené, parce qu'on voulait exploiter tout un tas de richesses qui n'appartenaient à personne, mais en tout cas qui étaient sur leur terre à eux. Oui, donc à partir de ce moment-là, il y a eu toute l'emprise des colonies sur ce peuple, dans les années 60, on leur a pris leurs enfants. Il y a une très bonne série en ce moment qui est passée sur Arte qui s'appelait Little Bird, où dans les années 70, ils sont débarqués chez les Autochtones, chez les femmes Autochtones, et on leur a embarqué leurs enfants pour les mettre dans des orphelinats, pour leur inculquer la culture blanche en fait. Donc voilà, tout ça existait encore il n'y a pas si longtemps que ça. On est encore un peu, alors ça s'adoucit, mais on est encore dans une certaine forme de violence qui est un peu noyée dans tout le reste. mais tout ça existe encore donc c'est important d'en parler
- Speaker #1
C'est ça le progrès, c'est ce que vous dites.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. C'est ce que je vous propose.
- Speaker #1
Merci beaucoup, je ne vais pas vous embêter plus longtemps.
- Speaker #0
C'était super. Je vous en prie, c'était un plaisir.
- Speaker #1
Merci,
- Speaker #0
au revoir. Merci, oui au revoir, merci.
- Speaker #1
Trouver une idée, construire des personnages, opter pour le huis clos oppressant ou pour des allers-retours dans le temps, choisir un décor, voilà autant de questions que se posent les romanciers, autant d'éléments à prendre en compte pour bâtir une histoire qui permettra au lecteur de s'évader, de réfléchir, de frissonner ou parfois de rire ou de rêver. C'est notre rôle, notre mission d'artiste accomplie ou débutant, embarquée. Embarquée et non pas engagée, comme le disait d'ailleurs si justement Albert Camus. Camus que je vous invite à redécouvrir la semaine prochaine au travers des yeux d'Hubert Védrine, ex-ministre des Affaires étrangères sous Mitterrand. Racontez-moi sur les réseaux ce qui vous a plu, puis pensez à me laisser un commentaire et 5 étoiles sur les plateformes d'écoute.