- Speaker #0
Salut à tous, c'est Gab, bienvenue dans cet épisode, je démarre un petit peu différemment que d'habitude parce qu'en fait vous allez voir je me suis bien moqué de Raph parce qu'il avait oublié le câble de son micro pour cet épisode mais évidemment le mien n'était pas branché, donc on a une qualité audio qui est un peu moins bonne en tout cas on espère que cet épisode vous plaira quand même, allez je vous laisse avec le jingle et tout ce qu'il faut Salut, bon épisode ! Mesdames, messieurs, bienvenue dans ce tout nouvel épisode de La Voix de l'Entrepreneur. Salut à tous, installez-vous bien, montez le volume, on est reparti pour un tout nouvel épisode. Épisode 18 d'ailleurs, je crois. Salut Raph, comment ça va ?
- Speaker #1
Eh bien écoute, ça va super, mis à part le fait que voilà, 5 minutes avant d'enregistrer, je viens de voir que j'ai complètement perdu mon câble, je viens de me taper la pluie, là j'ai couru dans toute la rue pour trouver le câble de quoi ? De mon micro. Donc malheureusement, on fera sans micro pour cette fois, c'est pas grave, mais bon.
- Speaker #0
Bon, le contenu sera bon, j'en suis sûr. En plus, on a une super invitée aujourd'hui qui va vous raconter plein de belles histoires, j'en suis sûr, et nous éclairer sur le fameux métier d'architecte. Donc, sans perdre de temps, jingle ! Salut à tous et bienvenue sur la Voix de l'Entrepreneur. Je m'appelle Gab. Moi,
- Speaker #1
c'est Raph. Notre seule mission, vous faire découvrir le monde de l'entrepreneuriat.
- Speaker #0
Retrouvez-nous un dimanche sur deux avec un nouvel invité pour un nouvel épisode.
- Speaker #1
On vous attend évidemment sur toutes les plateformes et les réseaux sociaux.
- Speaker #0
En attendant... C'est parti pour un nouvel épisode !
- Speaker #1
Ah putain t'as pas enregistré ?
- Speaker #0
Ah si t'inquiète.
- Speaker #1
Hello Isabelle, comment tu vas ?
- Speaker #2
Très bien !
- Speaker #1
Écoute Isabelle, avant de commencer je suis obligé de te raconter une anecdote. Il y a deux jours j'étais comme ça avec ma femme, on était sur le canapé, on a regardé une émission qu'on adore qui est l'agence, je sais pas si nos éditeurs connaissent. Je vends un super appart, un appart que je rêverais au moins de faire une nuit là-bas, je peux pas dire l'acheter à l'administration mais au moins dormir une nuit là-bas, et qui était l'architecte.
- Speaker #2
évidemment que c'est d'Isabelle Stanislas on m'en a parlé mais je ne l'ai même pas vu il faut que je regarde il faut que je regarde cette émission parce que plusieurs personnes m'en ont parlé et il
- Speaker #1
faut que je regarde de quoi il s'agit c'est très sympa d'ailleurs je recommande à tous nos auditeurs parce que nous on passe vraiment du bon moment avec ma femme donc je vous le recommande à tous moi je recommande encore plus la voix de l'entrepreneur c'est encore plus sympa arrête avec la puce Isabelle pour commencer présente toi pour nos auditeurs en quelques lignes je m'appelle Isabelle Benabou Stanislas je suis architecte architecte
- Speaker #2
d'intérieur architecte diplômé par le gouvernement et designer Et en fait, j'ai réussi à avoir les trois casquettes à travers le temps. Mais tout ça partait d'une seule et unique passion. Et j'ai voulu être architecte lors d'un voyage qui est organisé par mon école en Israël. Et j'ai visité l'école Beth Salel. Et quand j'ai visité l'école Beth Salel, qui était une école artistique, Je me suis dit, wow, moi aussi j'ai envie d'être libre, j'ai envie d'être comme eux, j'ai envie de faire de l'art, etc. Et puis c'est là que j'ai commencé à m'intéresser, à me cultiver, à apprendre ce que c'était que l'art, l'architecture, la décoration, etc. Et j'ai passé mon temps à voyager, à faire les galeries, les expos, à dessiner. J'ai beaucoup beaucoup dessiné Paris pendant longtemps. Et puis après, j'ai commencé à m'amuser. à vendre des aquarelles sur la butte Montmartre, quand j'en ai eu l'occasion. Parce qu'il fallait que je gagne aussi un petit peu ma vie. Et puis, à partir de là, en fait, de là, je n'avais qu'un seul et unique objectif, c'était m'offrir cette liberté. Donc, c'était m'offrir une liberté de travail et une liberté créative. Et pour la liberté de travail, j'avais compris que... Quatre décoratrices, ça ne suffisait pas et qu'il fallait avoir un diplôme d'État pour pouvoir vraiment construire, démolir des murs porteurs, modifier les volumes.
- Speaker #0
Donc, passer par une école, j'imagine ?
- Speaker #2
Oui, je suis passée par une école publique qui s'appelle Paris-Villemin, qui était dans l'école des Beaux-Arts. Et donc, j'avais réalisé mon rêve. C'est-à-dire que j'étais dans un univers complètement libre, complètement artistique. Et j'étais vraiment empreinte d'une... C'était une passion et puis c'était aussi un objectif de vie. En fait, j'avais envie de me réveiller tous les matins avec le sourire, de me réveiller tous les matins avec des journées qui ne se ressemblent pas. Et c'est ce que je crois avoir réussi à faire 30 ans après.
- Speaker #0
Génial. Et ça te plaît toujours autant ?
- Speaker #2
Oui, ça me plaît toujours autant, mais toujours avec l'envie et la notion de me réinventer constamment. Et en fait, je me challenge moi-même et je challenge mon agence elle-même sur des recherches de produits, de matières, de prototypes. On dépose des brevets. En fait, on invente des systèmes constructifs. Un très, très gros projet aujourd'hui qui me tient énormément à cœur, c'est qu'on travaille sur un système de maisons préfabriquées qui sont très, très belles. Qui sont transportables par conteneurs, montables en 24 heures et avec des typologies différentes et des matières différentes. Par exemple, ça, c'est le projet aujourd'hui personnel. qui me tient à cœur. Mais ce n'est pas encore le projet qui me fait vivre et ce n'est pas encore le projet qui me permet de faire vivre mon agence ou manger, quoi.
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #2
Mais voilà, donc j'ai travaillé comme ça sur des choses qui me tenaient à cœur, mais c'est vraiment depuis 30 ans.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #2
Depuis 30 ans.
- Speaker #0
Waouh, donc il y a de l'expérience.
- Speaker #1
Oui. Et du coup, comment est-ce que tu es arrivée à la création d'une agence ? tu me disais que tu as étudié, tu as fait des examens mais comment,
- Speaker #2
tu as eu des premiers projets comment est-ce que tu as dans la vie il y a l'ambition il y a la passion puis il y a la chance aussi et en fait moi ça a démarré assez jeune j'étais babysitter pour des gens et en fait ils savaient que je faisais mes études et ils m'ont dit tiens Tu ne veux pas essayer de nous redécorer notre loft ? Tu ne veux pas essayer de nous redécorer ça, etc. Et puis, j'ai commencé comme ça. Donc, j'ai commencé en fait à redécorer le loft.
- Speaker #0
C'est énorme.
- Speaker #2
Chez qui je faisais le babysitting.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #2
Et ça a vachement plu. Et puis après, en fait, de là, il y a la maman de cette personne qui me dit, écoute Isabelle, si tu as un petit peu de temps, moi j'étais encore étudiante à cette époque-là. Si tu as un petit peu de temps, j'aimerais bien que tu m'aides à faire mon appartement, etc. Et puis, je l'ai aidée à faire son appartement. Et il s'avère que cet appartement a eu de la presse, en fait, par une copine à moi qui démarrait comme pigiste dans un journal. Elle me dit, mais attends, tu n'as pas un truc à me montrer ? Je dis, ouais, si, j'ai un truc. Et je lui ai montré. Et donc, il y a eu une parution. Et bien, depuis ce jour-là, je vous assure que je n'ai jamais décroché mon téléphone pour chercher du travail.
- Speaker #0
Waouh, c'est ouf. C'est génial. Et pourvu que ça dure.
- Speaker #2
On le souhaite.
- Speaker #0
Avant qu'on rentre dans les projets dans la création réelle de ton agence bon aujourd'hui pour être architecte il n'y a pas 36 000 moyens j'ai l'impression, il faut passer par une école en tout cas c'est le chemin qui est le plus approprié, qu'est-ce que tu retiendrais si tu as une chose à retenir de ton passage à l'école pour devenir architecte, ça serait quoi ?
- Speaker #2
ça serait que c'est bien de suivre les études c'est bien de décrocher les diplômes ... Mais c'est aussi bien de croire en soi. Parce que si tu fais vraiment tes études, tu sais, quand tu fais des études d'architecture, on t'apprend à construire, etc. Et puis très souvent, l'architecture, c'est assez rébarbatif. Parce que c'est un métier qui est grave. C'est-à-dire qu'en fait, tu fais une erreur, c'est du pénal.
- Speaker #0
Tu vas en prix trop.
- Speaker #2
Mais quand tu vas au-delà de ça et que tu sais que même le... tout petit truc qu'on va te demander de faire. Le tout petit truc. Tu peux en faire quelque chose de bien, c'est une autre démarche. Parce que tu te dis si j'arrive à faire de ce meuble-là une prouesse, peut-être qu'il sera remarquable dans le projet que j'ai fait. Moi, le conseil que je peux donner, c'est que même si on est étudiant, le plus important, c'est de produire. Nous, quand on a commencé, enfin moi, quand j'ai commencé, j'étais étudiante. Et puis, à l'époque, on était donc dans cette école publique, dans les Beaux-Arts, et on n'est pas beaucoup de sous. Et en fait, avec mes copains de fac, on a monté un collectif. De ce collectif, il y avait six personnes, et on louait un local tous ensemble. Je me souviendrai de toute ma vie, c'était 2300 francs, et on était six. Et ouais... Et on a loué ce truc ensemble. Et en fait, on travaillait ensemble et on produisait ensemble. Le plus important, c'est de produire, produire le maximum de choses que tu peux produire, tu produis.
- Speaker #0
Avoir des choses à montrer, avoir un portfolio.
- Speaker #2
C'est ça, c'est ça. Et en fait, on était tous ensemble, on était tous dans le même bateau. Et qu'est-ce qu'on a fait ? Évidemment, on était à l'école, mais on avait aussi... En fait, on faisait des espèces de mini-concours. Dès qu'on savait qu'il y avait un concours auquel on pouvait participer, on le faisait. Et il s'avère qu'on avait une telle énergie tous ensemble que ça marchait, en fait. Les gens s'intéressaient à nous parce qu'en gros, ils se disaient « Mais c'est quoi ces dingues qui sont à l'école ? » et qui se permettent d'oser, d'avoir de l'audace. Il faut avoir de l'audace. Parce que l'école, ça ne suffit pas. Je pense qu'il faut vraiment avoir de l'audace. Il faut vraiment chercher des choses qui te plaisent, etc. Et donc, du coup, en fait, bon an, mal an, en avançant comme ça, on a travaillé sur des petits concours, on a travaillé sur des petits... projets.
- Speaker #0
Les concours qui vont te porter chance par la suite, d'ailleurs, on en parlera un petit peu après.
- Speaker #2
Et tu vois, on tapait un petit peu à toutes les portes. Moi, il y a un truc qui a révolutionné ma vie. Je n'étais pas encore diplômée. Un jour, je me promenais dans la rue et j'ai vu une boutique de vêtements. Et j'ai vu des vêtements et j'avais trouvé ça, je ne sais pas, ça m'a plu. Je trouvais qu'il y avait une vibe. Je me suis mis bien en tête de rencontrer le propriétaire de la boutique. J'ai mis un an à le rencontrer, une année entière. Au bout d'un an, je le rencontre et puis là, il me regarde et me dit « mais qu'est-ce que tu veux ? » Je dis « mais moi rien, mais je pense qu'on a un truc à faire ensemble » . Alors il me dit « mais quoi ? » Je dis « je ne sais pas, on a un truc à faire ensemble » . Je lui dis « moi j'adore votre vibe, moi je pense que ma vibe correspond à la vôtre, donc je pense qu'on peut faire un truc » . Ce monsieur, c'était Thierry Gillier, le patron de Zadig et Voltaire. Et ensemble, derrière, je vous la fais très courte, mais on a monté 400 boutiques, 400 corps en heure à travers le monde. Et donc, j'ai voyagé, voyagé, voyagé dans tous les pays du monde à implanter les choses. Et puis après, il m'a mis sur sa maison, puis après deux maisons. Et puis après, j'ai commencé à travailler pour ses amis, etc. Et en fait, tout ça, je ne sais pas, ça a été un petit peu boule de neige. Moi, ce que j'ai appris surtout dans tout ça, c'est que quand on fait des métiers créatifs, on a un égo. On a un égo, ouais, moi, je fais de ça, moi, j'ai rêvé de ça, j'ai envie de ça, etc. Il y a quand même une chose, c'est qu'il ne faut jamais perdre son humilité. Jamais.
- Speaker #0
Voilà. Humilité et l'humanité, du coup.
- Speaker #2
Ouais. Ouais. Ouais. Et ça, je pense que c'est l'ultime luxe.
- Speaker #1
qu'on puisse s'offrir mais du coup juste pour revenir à cette histoire parce que c'est quand même une histoire assez incroyable toi tu savais pas du tout que c'était Zadig et Voltaire enfin je sais pas c'était déjà hype à l'époque pas du tout,
- Speaker #0
il existait une boutique ah waouh waouh c'est incroyable t'as bonne étoile qui t'a suivi et qui te suit encore ouais il y a ça il y a ça,
- Speaker #2
il y a l'instinct et puis il y a l'audace aussi ce que tu disais L'audace, c'est ce que tu aimes. C'est vraiment ce que tu aimes et que tu y crois. Pourquoi ne pas frapper à une porte ? Pourquoi ne pas toquer ? Pourquoi ne pas essayer ? Parce que finalement, tu connais beaucoup de monde, tu es pistonné, puis tu y vas. Mais si tu ne connais personne, et que... Tiens, j'ai vu ça.
- Speaker #0
Tant que rien n'a rien.
- Speaker #2
C'est ça.
- Speaker #1
et de faire avec chaque invité,
- Speaker #2
on se dit au pire il nous répond pas mais au moins on l'attend et franchement on a fait des beaux épisodes au final donc franchement ça nous a bien porté chance aussi bien sûr tu vois on sait jamais tu vois c'est toujours une question de moments d'opportunités d'imagination et en fait quand tu cumules tous ces trucs là en même temps ça t'amène à faire des projets quoi et c'est magique tu vois moi je sais que ça a été mon grand départ Ça a été assez incroyable.
- Speaker #1
Donc, c'est faire des boutiques pour Zadig et Walter qui t'a vraiment, entre guillemets, fait décoller et travailler sur d'autres...
- Speaker #2
En fait, il y avait plusieurs choses. C'est que c'était pour une femme aussi, parce que l'architecte, c'est aussi un métier qui est beaucoup un métier d'homme, parce que c'est un métier assez complexe. Mais en fait, complexe et, je veux dire, physiquement difficile. Tu vois, quand tu vas sur les chantiers, il fait froid, tout ça. Et en fait... Pour moi, je trouvais que c'était un bon chemin pour une femme de rentrer dans ce métier-là via le monde de la mode. Parce que derrière ça, j'ai été remarquée, derrière ça, c'est « ah, ben qui est-ce qui a fait ça ? » Puis là, j'ai bossé pour Hermès, j'ai bossé pour Cartier, j'ai bossé pour Céline, j'ai bossé pour des marques super prestigieuses. à qui je commençais à amener autre chose c'était des choses que j'avais appris mais en fait à chaque fois je profitais de la nouvelle expérience pour montrer ce que je savais faire encore et encore
- Speaker #1
Attends mais juste pour que je comprenne je vais revenir encore une fois sur l'histoire tu nous as dit que ça t'a mis un an à rencontrer le patron concrètement il s'est passé quoi pendant cette année qu'est-ce que t'as fait pour essayer de le rencontrer ça veut dire que toi tu toquais tous les jours à son magasin non
- Speaker #2
Non, je n'ai pas toqué à son magasin. En fait, pendant un an, j'ai essayé de... Je parlais, je parlais. Je parlais à des gens que je rencontrais. Je disais, ah oui, tiens, vous connaissez cette boutique ? Vous savez à qui ça appartient ? Après, à un moment donné, même quand tu as le nom, parce que j'avais eu le nom à un moment, je me suis dit, tu ne peux pas rentrer comme ça, etc. Et donc, je m'étais arrangée avec une des personnes qui m'avait parlé de lui. En fait, pour qu'elle nous organise un rendez-vous. Parce que, c'est vrai, c'est une très très bonne question que tu poses. Parce qu'en fait, il y a aussi la source. La source. Comment tu gères, en fait, la demande, comment tu toques à la porte. Et ça, il faut que ça soit quand même assez élégant. Tu vois ? Si c'est du harcèlement, si c'est dans le vide, si ce n'est pas approprié, si ce n'est pas au bon moment, ça ne sert à rien. Ouais. Ça ne sert à rien. Parce que finalement, tu ne fais que déranger les gens, etc. Moi, en tout cas, ce n'était pas l'image que j'avais envie de donner de moi, en fait. J'avais envie de montrer qu'il y avait une opportunité, mais j'arrivais tellement avec rien dans les mains que...
- Speaker #1
Mais toi, juste pour comprendre le mindset à cette époque-là, toi, en tâté, tu te disais, waouh, ils ont un super vibe, la marque, elle est top. Il y a vraiment une possibilité qu'ils aillent à l'étranger, à l'international, et qu'ils fassent 400 boutiques ou pas du tout. Toi, tu étais focus sur la boutique à Paris. Tu faisais ça. C'était plus ça.
- Speaker #2
Oui, et puis même au-delà de ça, ce n'était même pas à me dire, tiens, je vais bosser et je vais avoir du boulot. Je veux rencontrer cette personne. Parce que derrière cette personne, en fait, il y a un état d'esprit. Et j'ai envie de rencontrer cet état d'esprit. Et c'était plus ça, en fait. C'est que... Et ça, c'est vraiment le caractère humain des choses. C'est qu'en fait, tu ne targetises pas les choses parce que tu te dis « je vais avoir une opportunité financière » , tu te dis « ça m'intéresse de comprendre ce qui se passe derrière » . Parce que ça aussi, ça fait partie de l'enseignement. Et je pense que quand tes pensées sont dénuées de volonté financière ou dénuées de ce qu'on appelle la passion, l'amour ou des choses comme ça, quand c'est dénué d'intention, Je pense que c'est beau, c'est naïf, c'est frais, c'est ouvert. En fait, c'est ouvert. Ça laisse la porte ouverte à beaucoup de choses.
- Speaker #1
Ok, waouh. C'est incroyable. Franchement, et en termes de business, d'ailleurs, comment est-ce que ça se passe qu'on va faire 400 boutiques pour Dagué Voltaire ? Il y a des contrats qui se négocient. Comment est-ce que ça se passe concrètement ? C'est quoi ? C'est une exclusivité pour toutes les boutiques ? Comment ça se passe dans l'univers du luxe ?
- Speaker #2
Concrètement, je suis un très mauvais exemple parce que j'avais pas de contrat top top. Moi, j'étais déjà tellement contente qu'il me laisse ma chance que j'étais heureuse. Mais on avait un tel rapport humain et une telle connexion artistique que ça filait dessous. Et donc... Moi, la seule chose, en fait, c'est que je voulais rester indépendante et je ne voulais pas être embauchée dans la boîte parce qu'être indépendante, ça me donnait des ailes. Ça me permettait d'aller voir dehors, de continuer mon process d'apprentissage, de curiosité, en fait, et d'apprendre les choses. Et donc, c'est comme ça que j'ai bossé non-stop. Voilà. Et après, bien sûr, tu sais, c'était tout un monde de commencer à bosser à l'étranger, de prendre des avions. d'avoir affaire à des architectes locaux, de parler plusieurs langues, de la fatigue aussi, beaucoup de fatigue, parce que quand tu prends autant d'avions, tu es épuisé et tout ça. Mais en fait, j'avais tellement envie d'apprendre que ça passait en second plan.
- Speaker #0
C'est quoi qui te plaisait dans le luxe, travailler dans des grandes maisons comme ça ? Qu'est-ce qui rendait la chose un peu stimulante plutôt que travailler pour des artistes ou plutôt des choses comme ça ?
- Speaker #2
Le détail. Oui ? Le détail, en fait. Quand tu travailles dans le monde du luxe, on t'apprend ce que c'est que le détail. Il y a deux choses. On t'apprend l'élégance et on t'apprend le détail. Et moi, je me souviens de mon premier rendez-vous chez Hermès, où, en fait, c'était un vieux monsieur qui ne travaillait plus du tout là-bas, qui avait mis toutes les boîtes Hermès sur une table. Et puis, il m'a dit, voilà, Isabelle, regardez toutes ces boîtes et dites-moi ce que vous en pensez. Je dis, ah ouais, super, ces boîtes Hermès, elles sont trop belles et tout ça. Je lui ai dit, non, regardez-les bien. Et sur les boîtes Hermès, il y a un petit livret marron. Et en fait, en gros, je dis, ben quoi ? En fait, chaque boîte est appropriée à un produit, etc. Il me dit, oui, mais encore. En fait, ce qu'il voulait me montrer, c'est que le liseré marron, en fait, il n'avait pas la même épaisseur suivant la proportion des boîtes. Et ça se voulait à un millimètre près. Et en fait, quand il m'a dit ça, je fais, waouh, OK.
- Speaker #0
C'est ça l'entretien d'embauche d'un architecte de luxe ?
- Speaker #2
Non, c'est pas ça. Non, non, c'est pas ça, c'est pas ça. Non, l'architecte... En fait, un architecte de luxe, ça n'existe pas. Je pense qu'un architecte, c'est avant tout quelqu'un qui pense humain, émotion, sensation, volume. Donc, c'est avant tout quelqu'un de très technique. Et derrière, en fait, il y a la sensibilité qui vient se rajouter dessus, la sensibilité esthétique. Et c'est pour ça que c'est un métier assez complet, parce que... Parce qu'au départ, c'est vraiment très technique. En fait, c'est un cerveau extrêmement cartésien, etc. Et puis après, derrière, il y a la fantaisie de l'artiste, il y a la personnalité, etc. qui vient se remettre par-dessus et par-dessus.
- Speaker #0
C'est assez intéressant ce que tu dis, parce que j'ai l'impression que dans l'opinion un peu populaire, on a plutôt l'impression qu'un architecte, c'est juste quelqu'un qui a des bons goûts et qui a fait les études d'architecte. En fait, c'est bien plus que ça. Ça ne s'arrête pas juste à ça. Et donc, comme tu disais, je pense que les deux vont ensemble, mais que c'est d'abord peut-être la technique qui prime et ensuite la créativité, c'est ça ?
- Speaker #2
Oui, moi, c'est ce que je pense. Parce qu'en fait, je pense que quand tu as un projet qui est maîtrisé techniquement, en fait, c'est quelque chose qui est indiscutable parce qu'en fait, il y a un dessin qui est très précis. Et quand ton dessin est très précis... que tu y mettes une couleur rouge, verte, du bois, ce que tu veux, etc. Ça va donner un style différent. Mais quand ton dessin est précis, on te reconnaît.
- Speaker #1
Ok. Et juste pour revenir, pendant ta période de Zadig et Voltaire, où tu as fait 400 boutiques, tu ne faisais que ça ou tu avais d'autres projets en parallèle ?
- Speaker #2
Non, j'avais d'autres projets.
- Speaker #1
Tu nous as parlé notamment de Cartier et Hermès. Ça, c'est des choses qui sont venues en parallèle ou qui sont venues après ta réputation avec Zadig ?
- Speaker #2
C'est venu en parallèle. Non, non, c'est venu en parallèle. Écoute, je travaillais énormément. Et c'est là que j'ai commencé, effectivement, la masse de travail venant à travailler avec des copains de la fac. Donc, ça a été un copain, deux copains, trois copains. Et puis, après, en fait, moi, je me souviendrai toute ma vie. Mon premier rendez-vous avec Thierry, c'était une table de très tôt et j'étais seule devant lui. Et puis, un jour, c'est la même table avec deux très tôt. On était trois et puis un jour, on était quatre. Et ça a grandi comme ça. Ça a grandi comme ça. Et c'est comme ça que l'agence s'est créée, en fait. C'est-à-dire que l'agence s'est créée sur le tas, en vrai.
- Speaker #0
Ok. Donc, c'est à ce moment-là que ça fait combien de temps que ça a été créé, ton agence ?
- Speaker #2
Il y a 25 ans.
- Speaker #0
Ok. Qui s'appelle, d'ailleurs, ton agence ?
- Speaker #2
N'importe mon nom. Isabelle Stanislas, architecte. Alors,
- Speaker #1
c'est ça, on n'était pas sûrs. On a regardé. On n'a pas trop... Donc, l'agence, tu l'as montée seule, toi ?
- Speaker #2
Ouais.
- Speaker #1
Seul complètement. Tu peux nous raconter, juste pour qu'on comprenne un peu l'évolution, c'est quand tu as commencé à recruter des gens ? Quel profil tu as commencé à recruter ?
- Speaker #2
Moi, j'ai commencé à recruter des gens dès que j'ai commencé à avoir un peu plus de travail. J'ai un système de recrutement qui est très particulier, qui n'est pas du tout lié à la compétence, mais qui est lié à l'énergie.
- Speaker #0
Tu donnes des liserés marrons, tu regardes l'épaisseur.
- Speaker #2
C'est beaucoup lié à l'énergie, au sourire, à la vibe. encore une fois, parce que je pense humain, parce que si quelqu'un en fait déjà arrive avec un beau sourire une belle énergie, avec une envie d'eux c'est quelqu'un qui va être prêt à apprendre et qui va être prêt à se battre pour toi et avec toi et donc ça c'est fondamentalement différent qu'un employé qui est là qui fait ses heures, que tu payes, etc bien sûr, ouais à moi aussi de rendre la pareille d'être aussi humaine avec les gens qui travaillent avec moi Et puis aussi, en 25 ans, je n'ai jamais voulu faire d'alimentaire. C'est-à-dire que cette âme de petite fille que j'avais, je crois que je l'ai gardée jusqu'à aujourd'hui. dans la volonté de ne faire que des projets qui me plaisent. Et pour ça, j'ai eu des moments très difficiles, des moments où j'ai beaucoup moins gagné ma vie, des moments où j'ai mieux gagné ma vie. C'était un parti pris,
- Speaker #0
c'était toi qui le voulais.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Parce que tu te sentais plus efficace ou plus créative ou que tu avais plus envie de te lever le matin.
- Speaker #2
Plus heureuse.
- Speaker #0
Plus heureuse. Oui, c'est ce qui prime, tu as bien raison.
- Speaker #2
Ça a un prix. On ne va pas se moquer, c'est un vrai prix. Et donc, du coup, voilà, j'ai continué comme ça. Et puis, au bout de 18 ans, je me suis dit stop, il faut que j'arrête de travailler dans les boutiques, etc. Parce que j'avais quand même une étiquette d'architecte de boutique, etc. Et puis, j'avais aussi commencé à faire des maisons. Et puis, je m'intéressais pas mal à l'art aussi. Mais ça, c'était plus de la curiosité. Et puis, à ce moment-là, je me suis dit, si tu veux sortir de là, il faut que tu commences à faire des concours. Et puis, je me suis mise à faire des concours. Là, tu prends cher parce que d'un côté, il faut manger, et puis de l'autre côté, il faut faire le concours.
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #1
Quand tu te prépares pour un concours, désolé, on part un peu dans tous les sens, mais juste vu que tu nous parles de concours, moi, c'est un montage de savoir. Est-ce que c'est comme... Je vais faire un petit peu une métaphore, mais comme par exemple quelqu'un qui se prépare pour le barreau, ça veut dire qu'il oublie tout ce qu'il a dans sa vie, ou médecine par exemple, et il ne se concentre que là-dessus 6 mois, 8 mois. Est-ce que ça se passe comme ça aussi dans ces genres de concours ? Tu oublies toutes tes activités, tu te consacres là-dessus ?
- Speaker #2
Alors tu ne les oublies pas, parce que quand tu as une agence à faire tourner, bien sûr il faut que tu continues à travailler, et puis il faut que tu continues à t'occuper de tes clients. Mais en revanche, en fait c'est une période où moi je prends moins de projets. Et c'est une période où je me concentre, focus en fait sur le concours. Et c'est un peu comme Bruce Lee, « Be the water » . C'est-à-dire que je sens le concours, je sens le projet, je rentre dans le projet, je m'immerge, je me mets dedans jusqu'à avoir des déclics le soir, la nuit, le matin, avec des nouvelles idées, etc. Mais c'est vrai que les concours, ça t'emmène vers des projets que tu ne peux pas avoir
- Speaker #0
de tes personnes en fait donc ça te permet de passer des steps et des caps et c'est ce que j'ai fait quoi donc c'est important les concours aujourd'hui pour pouvoir vouloir être un architecte qui a beaucoup de projets, c'est un passage quasiment obligatoire tu dirais ?
- Speaker #2
Non, non c'est pas un passage obligatoire parce que en fait il y a après ... Si on revient à la base, moi, je suis un produit hybride, puisque je suis architecte, architecte d'intérieur et designer. Donc, c'est vraiment un truc hybride, tu vois. Et en fait, je peux aussi bien faire des projets d'architecture d'intérieur que d'architecture, que des projets de design. Et du coup, en fait, aujourd'hui, on ne va pas trop se mentir, quand je fais un concours, c'est que je le choisis vraiment. C'est-à-dire qu'en fait, c'est que j'ai vraiment envie de faire le truc. J'ai vraiment envie d'y arriver parce que je sais que ça va m'emmener ailleurs. Et c'est le moyen que j'ai trouvé pour déjà me faire plaisir, parce que c'est quand même la base, et puis réussir des choses que je n'aurais jamais pu faire autrement. Jamais.
- Speaker #0
Tu parlais avant des gros projets que tu avais à faire à l'international dans différents pays, etc. Qui dit différents pays, dit évidemment différentes cultures. Comment est-ce qu'on s'adapte ? Quand on arrive avec une idée en tête, une architecte, qu'on a une mission et qu'il faut faire un petit peu avec la culture sur place. Ça a été un challenge pour toi ?
- Speaker #2
Non, ça n'a pas été un challenge. Ça a été un vrai plaisir. Parce qu'en fait, c'est tellement agréable et plaisant de découvrir des nouvelles cultures, des nouvelles personnes, des nouvelles habitudes, des nouvelles villes. Mais moi, j'ai adoré faire ça. C'est-à-dire qu'en fait... À travers mon métier, j'ai eu l'opportunité de faire le tour du monde. Donc franchement, et puis en plus, tu rentres dans le pays via son travail. Donc du coup, via la manière de travailler. Donc tu apprends, j'ai envie de te dire, tu apprends presque deux fois plus vite les choses. Et quand tu travailles à l'étranger, en fait, la base, c'est le respect. En fait, tu respectes la personne. chez qui tu es, enfin chez qui tu t'installes quoi. Ouais.
- Speaker #0
D'ailleurs, c'est quoi le pays dans lequel tu as le plus travaillé ? Où tu as aimé le plus bosser ? Où il n'y en a pas de préféré ?
- Speaker #1
Non, il n'y en a pas de préféré. Je travaillais un peu partout. Il y a eu New York, l'Espagne, l'Allemagne, l'Italie, les Bahamas, l'Angleterre, Israël. Pardon ?
- Speaker #0
Tu profites un peu quand tu vas dans ces endroits ?
- Speaker #1
Non, non, non. Non, je n'ai pas le temps.
- Speaker #0
Tu retournes pour les vacances après ? Si,
- Speaker #1
je peux. Mais en général, je n'ai pas le temps. En général, c'est des voyages de 24-48 heures.
- Speaker #0
Ah ouais ? Oui. Ok, trop bien. Et du coup, on est parti un peu dans tous les sens. Moi, je voulais juste revenir sur le début de l'agence. Du coup, juste parler pour recrutement, pour qu'on comprenne. Nous, avec la Voix d'entrepreneur, franchement, on parle de plein d'industries différentes. On n'a pas encore parlé d'architectes. Mais c'est vrai que dans toutes les agences, dans toutes les boîtes dans lesquelles on parle avec nos invités, il y a toujours plus ou moins les mêmes profils. Il y a les commerciaux, il y a un peu de marketing, il y a des développeurs, il y a toutes ces choses-là. Là, c'est complètement différent, on est dans un univers artistique. Toi, c'est que des architectes ou il y a d'autres profils aussi avec vous ?
- Speaker #1
Il y a plein de profils différents. Il y a des architectes, il y a des architectes d'intérieur, il y a des graphistes, il y a des 3Distes. Ouais. il y a un peu il y a une personne c'est marrant ça comme nom 3Diste je ne l'avais jamais entendu c'est rigolo il y a une personne sociale et en fait l'idée justement c'était de croiser les compétences et de croiser les savoir-faire mais à la base quand même c'est les logiciels c'est-à-dire qu'il faut qu'on sache tous un petit peu parler le même langage Et c'est tous les logiciels, tu vois. C'est AutoCAD pour dessiner les plans, c'est Revit, c'est Beam, c'est 3ds Max, c'est Photoshop.
- Speaker #2
Ah, enfin, que je connais.
- Speaker #0
AutoCAD, c'est connu. Ça évolue d'ailleurs dans ce domaine-là ? Bien sûr.
- Speaker #1
C'est bien ça que ça évolue, bien sûr.
- Speaker #0
Il faut toujours se mettre à jour aussi.
- Speaker #1
Il faut toujours se mettre à jour. Et puis rien que si tu travailles sur Mac ou PC, tu vois. t'es plutôt Mac ou t'es plutôt PC ? c'est pas plus archi on est plutôt PC ah ouais ?
- Speaker #2
voilà ça ça me plaît j'aurais dû être architecte bah ouais ouais parce que en fait c'est des fichiers assez lourds c'est des fichiers en fait et les logiciels d'architecture en fait c'est plus PC que
- Speaker #1
Mac maintenant Mac il y a une facilité de travail et une rapidité qui est assez impressionnante donc donc
- Speaker #2
Vas-y, dis-le, Raph, dis-le.
- Speaker #0
Moi, je suis un fan de Mac, c'est pour ça que...
- Speaker #1
Donc, il nous arrive de convertir nos fichiers, tu vois. Voilà, quoi. Mais la base quand même du recrutement, c'est ça. C'est qu'est-ce que tu sais faire, tu vois.
- Speaker #0
Ouais, OK. Hyper, hyper intéressant. Et c'est quoi ? Alors, on va quand même en parler, mais c'est quoi ? Je vais te poser une question, je pense qu'elle est rhétorique, mais je vais quand même te la poser. C'est lequel le projet qui t'a le plus marqué dans ta carrière ? Celui où t'as pris le plus de plaisir et celui... où tu as le plus kiffé ?
- Speaker #1
Écoute, après quelques années, j'ai eu la chance d'être demandée par le Mobi National à concourir sur la réhabilitation, la redécoration de la salle des fêtes de l'Élysée. Et évidemment, ça, c'est incroyable. Et puis, je l'ai fait. Et puis, j'ai gagné le concours. Et j'ai vécu l'année la plus incroyable de ma vie.
- Speaker #0
Vous étiez plusieurs agences ? Il y avait beaucoup d'agences ?
- Speaker #1
On était cinq agences.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #2
Qui avaient déjà été présélectionnées ? Ou comment est-ce que ça se passait pour participer au concours ?
- Speaker #1
On a été présélectionnées, oui. On a été présélectionnés. Et d'abord, j'étais hyper contente d'être présélectionnée déjà. Et puis après, quand j'ai gagné, j'en revenais vraiment pas. Et en fait, du coup, je voulais vraiment tout donner et être la meilleure et faire le truc le mieux au monde, etc. Donc, ça a été une année où j'ai quasiment pas eu de vie. Parce qu'en fait, j'ai bossé avec les artisans français. J'ai travaillé vraiment dans le moindre détail, j'étais sur place extrêmement souvent.
- Speaker #2
C'était quand d'ailleurs ?
- Speaker #1
C'était 2019, 2018-2019.
- Speaker #2
Ah mais tout récemment là en plus.
- Speaker #1
Ouais. Et donc, voilà, ça a été le truc le plus incroyable de ma vie. Parce qu'aussi, tu as quand même affaire au président de la République.
- Speaker #2
Tu as eu des contacts directs avec lui ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #2
Il venait un peu des directives, il avait des choses qu'il voulait absolument. Comment ça se passait, ce contact-là, cette liaison que vous avez ?
- Speaker #1
C'est quelqu'un de brillant, quoi. En fait, moi, pour lui, j'étais un petit peu son moment de détente. Mais c'est quelqu'un d'incroyablement brillant, de très sharp, qui voit les choses très rapidement. Et donc, voilà, c'était absolument une expérience folle. Pour moi, ça restera le souvenir. Je suis rentrée dans l'histoire avec ça, quand même.
- Speaker #2
Absolument, carrément. Il y a une petite plaque ou quelque chose dans la salle des fêtes, non ?
- Speaker #1
Non, mais quand tu bookines un livre sur l'Elysée, je fais partie de l'histoire de l'Elysée.
- Speaker #2
C'est dingue.
- Speaker #1
C'est ouf. Oui, c'était assez fou. Après ça,
- Speaker #0
tu peux te dire, j'ai fait ce que j'avais à faire. Mais j'imagine qu'il y a eu aussi un avant et un après. J'imagine qu'après ça, tu as pu...
- Speaker #1
Alors, il y a eu un avant et un après, effectivement. Il y a eu un après qui était très délicat à gérer. Parce que, ou bien je pouvais utiliser le truc en me disant « je suis la reine du monde » , machin, etc. Je n'ai pas fait ça. Je n'ai pas fait ça. J'ai continué à créer. J'en ai profité, en fait, parce que Rizzoli, les éditions Rizzoli m'avaient contactée pour sortir un bouquin sur ma première monographie. Donc, j'en ai profité pour le faire. Ça a été un an de travail. J'en ai profité pour le faire. C'était l'année du Covid, ça. Après, j'ai sorti mon parfum d'intérieur. En fait, j'en ai profité pour presque tamponner qui j'étais.
- Speaker #2
D'accord, créer un peu ta marque presque.
- Speaker #1
Voilà. Et ça, ça a été il n'y a pas si longtemps finalement. Oui,
- Speaker #2
bien sûr.
- Speaker #1
2020-2021. Et puis après, j'ai accentué la créativité, la création. Et là, j'ai vraiment accentué mon travail sur le design de meubles, sur le dessin de meubles, etc. Et donc, du coup, ce qui m'a fait rentrer dans le monde des designers, pour le coup. Et donc, voilà, j'étais dans le monde de l'architecture d'intérieur, après dans le monde de l'architecture. Et puis après, je suis rentrée dans le monde des designers.
- Speaker #2
Donc, tu peux t'inviter Isabelle Stanislas un jour chez vous. Pensez-y deux fois.
- Speaker #1
Ça, c'est sûr, je vois tout. Mais je ne vois pas tout parce que je suis architecte. Je pense que je vois tout. parce que j'ai tellement voyagé, j'ai vu tellement de choses, que je suis tellement curieuse. Mais je vais te dire, quand tu vas chez quelqu'un, c'est comme quand tu regardes une œuvre d'art. Il y a une personne qui va regarder une œuvre d'art et qui va dire, ouais, elle est trop belle, etc. J'adore. Il y a une autre personne qui va voir cette même œuvre et qui va dire, attends, t'es gentille, mais moi, je ne la comprends pas du tout. Moi, ça ne me touche pas. Il n'y a pas de sensation. Quand tu vas chez quelqu'un, et bien, non. quand tu analyses ces œuvres d'art et puis là, tu commences à analyser l'œuvre, l'artiste, tu commences à rentrer dans l'histoire de l'artiste, etc., tu vas voir l'œuvre sous un autre angle. Tu vas voir ton premier input, mais tu vas voir l'œuvre sous un autre angle. Je pense que quand tu vas chez quelqu'un, c'est pareil. Tu vas chez quelqu'un et tu dis « Oh là là, c'est vraiment pas beau, quoi. » Mais même ça, c'est intéressant. Même ça, c'est intéressant parce que en fait...
- Speaker #2
Il y a toujours quelque chose à prendre.
- Speaker #1
Il y a toujours quelque chose à prendre. tu comprends mieux la personnalité des gens aussi, tu vois, sans jugement. C'est juste toujours avec curiosité et ouverture d'esprit. Et en fait, tu... Voilà. Mais moi, c'est ce que j'essaie vraiment de transmettre. C'est vraiment un travail de transmission parce que dans la série, j'ai aussi été prof. En fait, c'est ce que j'essaie de transmettre à mes élèves, à mes enfants, à mon agence. qui est de ne pas juger, de regarder les choses en fait avec humilité, d'essayer de les comprendre, de voir ce qui te touche ou ce qui te touche pas, et puis de là en fait en sortir ta propre personnalité et ce que tu veux faire toi. En fait, on revient à la base et à la source, je pense que c'est le meilleur moyen d'être libre, d'être ouvert, d'être ouvert à ses expériences, à... à ces modes d'expression, c'est le meilleur moyen d'être libre. Alors après... Soyons honnêtes, je n'ai pas une agence classique. J'ai une agence très atypique. C'est-à-dire que tu ne viens pas chez moi le matin, tu repars le soir. Si tu es fatigué, je te demande de rester chez toi. Si tu ne vas pas bien, je te demande de ne pas travailler et de venir travailler après. C'est très particulier chez moi. Parce qu'en fait, je demande tellement d'investissement personnel qu'il faut être à 100%. Et je pense que le repos va avec. D'ailleurs, chez moi, c'est des semaines de 4 jours. Ouais, 4 jours. On ne travaille pas le vendredi.
- Speaker #2
Il vaut mieux être 4 jours à 200% que 5 jours à 80-90%. C'est ça. Ouais,
- Speaker #1
c'est ça.
- Speaker #2
Est-ce que, je me posais la question, est-ce qu'aujourd'hui, dans tes créations, on arrive à voir la petite touche Isabelle ? Ou est-ce que c'est vraiment quelque chose de... C'est la créativité qui parle et puis impossible à discerner.
- Speaker #1
Ah si, on la voit. Ouais ? Ouais, si, on me reconnaît. On me reconnaît. Alors, on ne me reconnaît pas forcément par rapport à la déco ou des choses comme ça parce que je pense que je mets toujours la touche des clients dedans. Puis j'adore les Occidents en plus. Mais en revanche, on me reconnaît dans le dessin, ouais. Si, si. Ok.
- Speaker #2
Ok, ok.
- Speaker #0
Moi, il y a une question que je me pose. aucun rapport, mais est-ce que le fait justement d'avoir travaillé pour des maisons de luxe et tout ça, ça t'a amené à travailler avec d'autres gens, je sais pas, d'autres célébrités ou quoi, mais des gens plus ou moins importants de l'international qui ont fait appel à toi ? Est-ce que tu fais aussi pour des particuliers comme ça ?
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Ouais, tu sais,
- Speaker #1
ça se fait. Ouais, bien sûr.
- Speaker #0
Tu as quelques exemples à nous donner par hasard ? Non. Non. Bon, bah, je vais te laisser. Je vais t'appeler, t'es pas là. Bien tenté ! Il y a une autre question que je me pose par contre, c'est, aucun rapport, mais par rapport aux réseaux sociaux, comment est-ce que ça te... Vous utilisez en tant qu'architecte les réseaux sociaux, comment est-ce que ça vous sert aujourd'hui ? Parce que je sais, on voit toujours, du coup les agents immobiliers à chaque fois, ils publient des trucs, on les voit de plus en plus sur les réseaux sociaux, est-ce que pour les architectes c'est quelque chose qui...
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Bien sûr qu'on utilise les réseaux sociaux. Après, moi, je n'en ai pas fait une priorité. Maintenant, ce qui est important dans les réseaux sociaux, c'est l'image que tu veux renvoyer. Ce n'est pas un réseau personnel. C'est l'image.
- Speaker #2
C'est une vitrine.
- Speaker #1
Et donc... J'aime pas trop le mot vitrine, mais là, pour le coup, on y revient, c'est l'état d'esprit. Quel état d'esprit, en fait, tu veux transmettre ? Et c'est pour ça que j'y vais vraiment de manière assez lente et assez réfléchie à chaque fois, parce que je ne veux montrer que le meilleur de moi-même et que le meilleur de ce que j'ai envie de montrer, en fait.
- Speaker #2
D'accord, donc ce n'est pas poster pour poster ou montrer pour montrer, c'est vraiment bien réfléchir.
- Speaker #1
Des choses que j'aime, dont je suis fière, des choses que j'ai vues, des choses qui m'ont touchée, etc. Mais je ne vais pas poster pour poster, non.
- Speaker #2
Oui, bien sûr. D'accord. Qu'est-ce qui te motive encore aujourd'hui dans ce métier, dans tes projets que tu peux avoir ? Parce qu'on pourrait se dire, bon ben... avoir refait la salle des fêtes de l'Elysée, c'est un peu le Graal. Peut-être que les projets après, ils paraissent tous un petit peu fades, du coup. C'est un peu moins excitant. Qu'est-ce qui te motive encore aujourd'hui ?
- Speaker #1
Non, non, non, les projets ne paraissent pas fades. Tu sais, je trouve autant de passion à faire un 20 mètres carrés, 50 mètres carrés qu'un 1000 mètres carrés. Parce que, encore une fois, c'est la source. C'est-à-dire qu'en fait... tout est intéressant. C'est-à-dire que dans chaque petit projet, tu vas trouver quelque chose qui va te faire avancer. Tu vas faire dans 20 mètres carrés un meuble invisible, un meuble qui disparaît. En fait, ça, ça te fait avancer sur une recherche que tu as faite et que tu vas réutiliser dans quelque chose plus tard. Mais pour moi, il n'y a pas de petit projet.
- Speaker #2
Un meuble qui disparaît, c'est dingue. Moi, je trouve un meuble qui est incroyable. Et si elle nous parle d'un meuble qui disparaît dans 2 mètres carrés, c'est dingue.
- Speaker #0
j'adore il y a zéro limite en termes de créativité tu peux aller vraiment partout mais du coup est-ce qu'il y a un truc spécifique, une mission un objectif un projet en particulier quelque chose qui te ferait rêver de faire quelque chose qui aujourd'hui c'est mes maisons c'est mes maisons tu as le droit de dire mon appart
- Speaker #2
Pardon ? Tu as le droit de dire mon appart.
- Speaker #1
Non, non, non, non. Aujourd'hui, c'est vraiment ce système que j'ai breveté, qui permet des constructions rapides. Et c'est vraiment le projet que j'ai envie de développer, dans deux axes en fait. Le premier axe, c'est un acte social. Donc c'est reloger des gens qui ne peuvent pas se loger. et reconstruire des zones qui ont été détruites pendant la guerre, pendant des montées des Ausha cause de problèmes climatiques ou des choses comme ça. Et puis, dans un deuxième axe, c'est utiliser ce même système pour créer des extensions de maisons, des extensions d'appartements, des mini-constructions sur des terrasses. Et en fait, c'est un projet qui me tient extrêmement à cœur. aujourd'hui. Et c'est vraiment l'axe que je me donne. Et voilà. Exactement comme je l'ai fait il y a 25 ans, qui était d'aller frapper à des portes, demander de rencontrer une personne. Là, je suis en train de le faire encore.
- Speaker #2
Génial. Incroyable. C'est trop bien. Sur la longévité, comme ça, c'est absolument formidable. Bravo. Bravo Isabelle, en tout cas. Pour clôturer un petit peu cet échange qui est passionnant, on a l'habitude de poser quelques petites questions plus générales sur l'entrepreneuriat et sur ton agence en particulier. D'abord, la première question, comment est-ce que tu vois ton agence dans cinq ans ?
- Speaker #1
Oui, je la vois bien. Je la vois bien. Je la vois exactement sur le même format. mais avec des projets un peu plus conséquents et un peu plus complets.
- Speaker #2
D'accord.
- Speaker #0
Et du coup, quel conseil tu donnerais à quelqu'un en ambition qui aimerait se lancer dans l'architecture ou dans l'entrepreneuriat en général ? Est-ce qu'il y a quelque chose que tu aurais voulu savoir quand tu étais plus jeune, quand tu étais étudiante ?
- Speaker #1
Moi, je dirais passion, curiosité, humilité et audace.
- Speaker #2
J'ai l'impression que ça rejoint un peu la question d'après et j'allais te demander quelles seraient pour toi les compétences qui seraient indispensables justement pour réussir en tant qu'entrepreneur
- Speaker #1
Le calme et la patience la patience surtout
- Speaker #2
J'imagine que ça doit être important Raph perd un peu patience avec moi parfois j'avoue mais on fait ce qu'il a besoin de son micro
- Speaker #1
C'est hyper important parce que Rome ne s'est pas construit en un jour. Et en fait, c'est vraiment un processus de construction. Et si tu ne veux pas que ton histoire, ça soit un feu de paille, en fait, il faut chercher à lui donner du sens dès le départ. Et pour ça, c'est de la patience.
- Speaker #0
Trop bien. Et si tu pouvais poser une question à un entrepreneur de ton choix ou une personnalité, quelqu'un... que tu as accès ou peut-être qui n'est pas accessible non plus, ce serait qui et qu'est-ce que tu aurais voulu lui poser comme question ?
- Speaker #2
Ou même un designer d'ailleurs, si c'est dans ton designer, un artiste, un architecte.
- Speaker #1
Moi, ça aurait été Donald Judd. C'est l'artiste Donald Judd et ma question en fait, c'est comment et pourquoi il s'est toujours intéressé à l'essentiel et comment ses œuvres en ont découlé. Ok,
- Speaker #2
c'est intéressant. C'est trop intéressant. Et puis enfin, est-ce qu'il y a des entrepreneurs que tu aimerais voir participer à ce podcast, à la Voix de l'Entrepreneur ?
- Speaker #1
Ben ouais, moi je trouve qu'en fait, il y a plein de jeunes entrepreneurs qui se lancent dans des nouveaux métiers, dans des nouvelles aventures. Et je pense que ça, ça vaudrait le coup d'en parler.
- Speaker #2
On ira vers les jeunes entrepreneurs en tout cas, en 2025. Merci, merci beaucoup Isabelle. Merci d'avoir partagé. Merci infiniment d'avoir partagé. ton parcours depuis le début, tes expériences tes projets absolument fascinants et comme tu l'as dit on peut te retrouver sur les réseaux et puis sur la série L'Agence finalement tu vas aller voir de quoi il s'agit c'est génial que ce soit sur Netflix et que tu saches pas de quoi ça parle c'est absolument formidable Écoutez, merci à vous, chers auditeurs, de nous suivre, encore d'être ici. Comme on l'a dit, vous pouvez retrouver Isabelle sur les réseaux sociaux. Toujours à les voir, c'est cool de mettre un peu un visage sur ses voix. Et puis, pour ce qui est de LVDLE, comme d'habitude, si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire. C'est un épisode inédit, un dimanche sur deux. C'est comme ça que ça se passera pour 2025. et puis prenez au moins une petite seconde pour mettre une petite note à ma vie ça nous aide beaucoup et puis ça nous donne beaucoup de force pour continuer cette si belle aventure et puis comme je vous l'ai dit juste avant nous on se retrouve dans deux dimanches Raph avec son micro pour un nouvel épisode avec un nouvel invité évidemment et plein de belles histoires sur l'entreprenariat n'oubliez pas de vous abonner à la Voix de l'Entrepreneur et puis sur ce prenez bien soin de vous à très vite