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Ma Banque Sans Filtre

Choisir son orientation professionnelle - ⁨Timth_c et Alexandre VERMEERSCH

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1h19 |24/06/2025
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Description

Dans cet épisode de "Ma Banque Sans Filtre", nous allons aborder le sujet de l'orientation professionnelle avec deux invités qui bousculent les idées reçues !


Découvrez les parcours inspirants de Alexandre Vermeersch, fondateur de la Brasserie 360 dans le Cantal et Timth_c, créateur de contenu sur les réseaux sociaux et professeur de physique chimie. Avec eux, vous allez découvrir comment écouter vos véritables passions et oser tracer votre propre route, sans préjugé.


Ne manquez pas cette rencontre enrichissante !

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La Caisse d’Epargne et de Prévoyance d’Auvergne et du Limousin, Banque coopérative régie par les articles L512-85 et suivants du Code monétaire et financier, Société Anonyme à Directoire et Conseil d’Orientation et de Surveillance – Capital social de 360 000 000 euros – Siège social : 63, rue Montlosier 63000 Clermont-Ferrand – 382 742 013 RCS Clermont-Ferrand – Intermédiaire en assurance immatriculé à l’ORIAS sous le n° 07 006 292 – Titulaire de la carte professionnelle « Transactions sur immeubles et fonds de commerce » n° CPI 6302 2016 000 008 503 délivrée par la CCI du Puy-de-Dôme.


Présentateur: Jod_anim

Réalisation: Riot House


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jonathan

    Salut tout le monde, bienvenue sur ma banque sans filtre pour parler aujourd'hui d'un nouveau sujet dans ce format vidéo et podcast. Un sujet essentiel et qu'on va essayer d'évoquer sans tabou ni préjugé. On va parler orientation et choix de carrière. Deux invités sont avec moi pour m'accompagner et qui ont des parcours assez atypiques et surtout plein de choses à dire au niveau de cette question d'orientation. Je vais commencer par présenter Alexandre Vermerge qui est le patron, le grand chef. Je l'ai vu sur le site internet. de la Brasserie 360. Bonjour Alexandre.

  • Alexandre

    Bonjour à tous.

  • Jonathan

    Merci d'être là avec nous et accompagné aujourd'hui par Tim THC ou alors Timothée, créateur de contenu et prof de physique chimie au lycée. Bonjour Timothée.

  • Timothée

    Salut.

  • Jonathan

    Merci d'être avec nous. Également, des expériences, vous en avez plein à nous partager, j'en suis sûr. Aujourd'hui, vous avez des parcours assez fous. Déjà Alexandre, est-ce qu'on peut expliquer un petit peu ce qu'est la Brasserie 360, une brasserie cantalienne ?

  • Alexandre

    Oui, alors la Brasserie 360, comme son nom indique, c'est... C'est une structure artisanale qui produit de la bière biologique et aussi maintenant des boissons non alcoolisées, des softs, limonade, bientôt un cola et une gamme de thé glacé.

  • Jonathan

    Et pourquoi 360 ?

  • Alexandre

    Alors 360, c'est parce qu'on travaille 360 jours par an. Non, ça c'est parfois vrai dans l'artisanat. C'est surtout parce qu'on est situé à 1000 mètres d'altitude sur les flancs du volcan Cantalien et qu'on a une vue à 360 degrés sur le massif.

  • Jonathan

    Et 360 aussi, je pense que c'est la polyvalence des activités de la brasserie. On peut presque le définir comme ça.

  • Alexandre

    Et puis la circularité aussi de notre réflexion. Voilà, en tout cas, cette sensation d'horizon qui nous plaisait beaucoup.

  • Jonathan

    Alors, je vais y revenir, mais à la base, tu n'es pas brasseur. Et c'est ça qui est intéressant.

  • Alexandre

    Je le suis devenu.

  • Jonathan

    Mais tu es devenu brasseur. Timothée, on l'a dit, professeur de physique chimie au lycée en Auvergne. Et à côté, créateur de contenu. Tu n'aimes pas le mot influenceur.

  • Timothée

    Ouais, plutôt créateur de contenu, parce que je trouve qu'il s'est passé beaucoup de choses avec des influenceurs, et je trouve qu'aujourd'hui, influenceur, c'est un terme qui est un peu péjoratif pour beaucoup. Donc créateur de contenu, c'est ce qu'on aime faire avant tout, c'est vraiment créer du contenu sur les réseaux sociaux, donc c'est ça que je préfère, créateur de contenu.

  • Jonathan

    Mais avant tout, tu restes quand même professeur.

  • Timothée

    Avant tout, professeur, bien sûr.

  • Jonathan

    Voilà, ça dépend comment on se base sur la chose. Alors je vais commencer avec le grand chef de la table. C'est encore une fois, c'est le site de la Brasserie 360 qui te définit comme ça. J'ai juste recopié ce qui est marqué.

  • Alexandre

    Le druide en chef.

  • Jonathan

    Si c'est toi qui as fait le site, du coup c'est un peu prétentieux.

  • Alexandre

    Et non.

  • Jonathan

    À la base, tu ne viens pas du tout de ce milieu-là, tu n'étais pas du tout dans le monde de la brasserie. Tu étais plutôt côté secteur routier.

  • Alexandre

    Voilà. Après 22 ans dans le secteur du transport et de la logistique, et en tant que cadre dirigeant, j'ai décidé de changer de vie. de me réorienter complètement autour d'un métier passion, un métier aussi en lien fort avec le terroir et le territoire. Et j'ai décidé de changer complètement d'orientation et de créer cette brasserie artisanale.

  • Jonathan

    À quel âge du coup ?

  • Alexandre

    À 43 ans, on va dire que j'ai fait une belle grosse crise de la quarantaine. Voilà, j'étais plus très heureux dans mon job pour différentes raisons. J'avais plus cette énergie après 22 ans d'aller au boulot le matin avec passion. Et j'ai connu même sur une période le mal-être au travail. qu'il ne faut pas sous-estimer aujourd'hui, c'est un sujet qui n'est plus tabou. Et je me suis dit, voilà, écoute, Alex, il faut que tu retrouves cette énergie quand le réveil sonne le matin, cette joie d'aller au boulot. Et pour ça, il fallait trouver un métier passion.

  • Jonathan

    Il s'exprimait de quelle manière, ton mal-être ? Ça peut être par quel symptôme ?

  • Alexandre

    Par une forme, ça peut être physique, vraiment une fatigue, une lassitude morale, et puis un manque d'énergie, un manque de créativité, une impatience, une insociabilité aussi, alors que je suis plutôt quelqu'un qui adore les gens. Donc voilà, ça se manifestait par des moins d'envie.

  • Jonathan

    Et quand on est cadre ? Parce que t'étais cadre, du coup.

  • Alexandre

    Quand on est cadre, on est manager, on doit être leader, on doit avoir cette énergie d'amener son équipe avec soi et d'aller en avant. Donc quand on est moins efficace là-dessus, quand on a moins ce rôle de capitaine, il faut se poser des questions et se reconcentrer aussi sur soi.

  • Jonathan

    Du coup, t'es passé par une période de doute, d'hésitation. Est-ce que je dois tout changer, tout plaquer ou continuer quand même et relever la tête ?

  • Alexandre

    Oui, de questionnements importants. Déjà, moi, j'étais cadre dirigeant, donc bien installé dans la vie. J'aurais pu faire le choix de la rémunération. Mais il aurait fallu quitter l'Auvergne, en tout cas le Cantal, pour trouver un job identique dans une structure, dans une PME. Moi, j'ai fait le choix aussi, en quelque part, en créant mon entreprise, j'ai créé mon job. J'ai créé mon poste pour rester sur le territoire, là où je suis heureux de faire grandir mes enfants.

  • Jonathan

    Parce que tu n'as pas tout le loté dans le Cantal ?

  • Alexandre

    Non, moi je suis un immigré, je suis un viking, je suis un gars du Nord, je suis un flamand. J'étais un flamand, mais je suis tombé amoureux du Cantal, de l'Auvergne et d'une cantalienne aussi. Et je suis un ambassadeur pour de ce territoire. On a tous de la chance de vivre ici.

  • Jonathan

    Et alors du coup, tu t'es dit, je vais changer de secteur, du tout au tout. Et je vais me lancer dans le monde de la brasserie.

  • Alexandre

    Alors ça n'a pas été évident tout de suite, la brasserie. J'ai demandé pourquoi. Je me suis dit, qu'est-ce que j'aime ? Qu'est-ce que j'aime dans la vie ? Quelle est ma passion ? La bière. Et bien en fait, c'est vous surtout. Moi, je vous aime. Je vous fais une déclaration, moi j'aime les gens, j'aime ce qui se passe autour d'une table, j'aime la convivialité, le rapport aux autres, le rapport aux produits, parce que je suis un gourmand, je suis un gourmet aussi, donc j'ai hésité, la boucherie, la restauration, les arts de la table, et puis comme je vous le disais, il s'avère que je suis flamand, mon arrière-grand-mère était houblonnière, et je suis entrepreneur aussi, donc j'ai analysé le marché de la bière artisanale, et je me suis dit, il y a quand même une place à prendre ici en Auvergne. Et puis c'est un très beau trait d'union entre mes origines flamandes et mon attachement viscéral à l'Auvergne.

  • Jonathan

    Et tu t'es pas posé des questions en mode, est-ce que j'en suis capable ?

  • Alexandre

    Jamais. Jamais, parce que, non pas que j'ai une haute estime de moi, mais je pense que... Globalement, je me suis dit, voilà, au bout de 22 ans, moi j'ai attaqué tout en bas de l'échelle, j'ai attaqué des ménageurs, pour finir associé dans une structure où j'étais amené à manager 150 personnes, donc je me suis dit, je suis quand même capable. Alors bien sûr il y avait la peur de se rechallenger complètement, de faire un reset complet. Et là je remercie mon entourage, ma famille, parce qu'il a fallu aussi, c'est un vrai projet de vie, de se relancer comme ça, de repartir à zéro parce que la bière, à part quelques belles aptitudes à la dégustation, et là bien sûr en toute modération toujours, la fabriquer je ne savais absolument pas les faire.

  • Jonathan

    Alors on va continuer cette histoire dans quelques instants, parlons un petit peu avec Timothée sur ton parcours. Professeur de physique-chimie en lycée, ça a toujours été une évidence ?

  • Timothée

    Professeur, ça a toujours été une évidence. Et physique-chimie, j'ai choisi en terminale. J'hésitais entre maths et physique.

  • Jonathan

    Parce qu'il est jeune déjà. Il a l'intention de savoir jeune.

  • Timothée

    Dès l'école primaire, je savais que je voulais être... Alors, je disais maîtresse à l'époque parce que j'avais que des maîtresses. Mais j'ai toujours voulu se faire ce métier.

  • Jonathan

    Ok, et pourquoi ? Qu'est-ce qui te séduisait déjà dès tout petit dans l'idée d'être professeur ?

  • Timothée

    Euh... Ben... les maîtresses que j'avais, les profs que j'ai eus après, en fait, ça a toujours été un peu mes modèles. Je me suis toujours senti très bien à l'école. Ce qui est une chance. Oui, ce qui est une chance.

  • Jonathan

    On reparlera d'orientation tout à l'heure et d'école aussi, mais c'est une chance.

  • Timothée

    Et je me suis toujours dit, je veux être comme eux. Et à chaque fois que j'avais l'opportunité d'aider un de mes amis à mieux comprendre quelque chose ou à faire du soutien avec eux, je le faisais toujours. Je me suis toujours inscrit dans les groupes d'aide entre élèves au collège qu'il y avait. Et j'aimais trop ça. J'aimais vraiment partager ce que je savais. Donc ouais, c'était un peu une évidence. Et physique-chimie, j'ai toujours aimé les sciences. Et il y a l'expérience en plus qu'il n'y a pas dans les maths. Donc physique-chimie.

  • Jonathan

    Et cette évidence, elle a toujours émaillé ton parcours tout au long de ton lycée, d'après des années post-bac. et des concours, parce qu'il faut un concours, il me semble, pour être physique chimie en lycée. Ça a toujours été pareil, cette même évidence, il n'y a pas eu de moment d'hésitation ou de « Ah, en fait, ce n'est peut-être pas vraiment ce que j'ai envie de faire dans la vie. »

  • Timothée

    En fait, en terminale, je me suis dit « Ça se trouve, dans cinq ans, je ne voudrais plus. Ça ne m'intéresserait plus. » Donc, j'ai un peu... Je n'ai pas fait un parcours d'études supérieures. classique pour devenir prof tout de suite. J'ai dit, je préfère avoir un bagage au cas où, au bout de deux ans. Donc, je suis passé par un BUT. Et en fait, à la fin des deux ans, j'avais toujours envie d'être prof. Donc, j'ai fait la licence et après, j'ai passé le concours. Mais j'avais toujours focus prof.

  • Jonathan

    Et alors, depuis 2020, tu as décidé de te diversifier un petit peu et de ne pas être juste prof, ce qui est déjà très fort et très compliqué et lourd en termes de charge mentale ou de travail, t'as décidé de te lancer sur Internet et de commencer à créer du contenu. Du coup, c'était quoi la volonté de départ en fait ?

  • Timothée

    Il n'y avait pas vraiment de volonté de départ. Non, en fait, pendant le confinement, il fallait s'occuper. Et j'étais déjà un petit peu sur Instagram et j'avais lancé un concours pendant deux semaines sur Disney. parce que je suis fan de Disney. Et pour m'occuper, voilà...

  • Jonathan

    On ne peut pas le rater, si on va faire un tour sur Insta, on ne peut pas le rater, que t'es fan de Disney.

  • Timothée

    Donc en fait, je postais une photo, une vidéo par jour, et en gros, l'idée, c'était de deviner le Disney. Et à la fin des 15 jours, on est reconfinés à nouveau. Et là, je savais plus quoi faire. Et en fait, c'est mes petites sœurs qui m'ont dit « Mais pourquoi tu fais pas des vidéos sur TikTok ? » Donc je connaissais pas TikTok. Et je télécharge et...

  • Jonathan

    C'est un autre monde.

  • Timothée

    C'est un autre monde. Je regarde des vidéos et je tombais sur des personnes qui parlaient de leur métier et l'impact qu'avait eu le Covid sur leur métier. Et je voyais rien sur les profs. Donc je me suis dit « Bah pourquoi ? Est-ce que je parlerais pas du métier de prof ? » Et j'ai commencé à faire des vidéos comme ça et en fait, ça a plu très vite. Et je me suis jamais arrêté.

  • Jonathan

    C'était à quel moment que tu as eu l'idée, toi Alexandre, de monter la brasserie ? Tu disais à 43 ans, mais c'était il y a du coup combien de temps ?

  • Alexandre

    Je vais bientôt fêter mes 50 ans, donc c'était il y a 7 ans.

  • Jonathan

    Donc juste avant la période Covid.

  • Alexandre

    Voilà, j'ai bien démarré au bon moment là.

  • Jonathan

    Mais ça veut dire que tu as eu l'idée de vouloir tout plaquer et changer avant cette période où tout le monde a eu cette idée-là. Je dis on, je fais une grande généralité, ce qui n'est pas forcément le cas, mais la plupart des gens s'est quand même remis en cause en mode qu'est-ce que je peux faire de ma vie ? et est-ce que je ne changerais pas de vie pour le coup ?

  • Alexandre

    La crise sanitaire a effectivement amené beaucoup de professionnels à se poser des questions. On s'est retourné beaucoup sur le bien-être justement et sur la personne que l'on est et pas uniquement le salarié ou le collaborateur ou le dirigeant qu'on est. Donc oui, c'était en amont.

  • Jonathan

    C'est marrant de se dire que cette période-là, à la base, on ne l'aurait pas définie comme une période de réajustement de l'orientation. Et finalement, on s'est tous posé la question de savoir si on devait se réorienter ou refaire autre chose, faire des choses nouvelles. comme de la création de contenu ? Parce qu'au début, tu parlais là-dessus, Timothée, mais tu te dis pas peut-être au bout de deux semaines, tiens, je vais en faire du quotidien.

  • Timothée

    Ah non, pas du tout. J'avais jamais eu pour vocation, pour le coup, d'être sur les réseaux. J'ai fait ça pendant le confinement pour m'occuper et puis pour faire rire. On avait besoin, à ce moment-là, de penser à autre chose aussi.

  • Jonathan

    Et à quel moment tu comprends que c'est sérieux et que tu vas continuer ?

  • Timothée

    Eh bien, quand... Quand un matin on se lève et qu'on passe de 3000 à 30000 abonnés en une soirée, et qu'une vidéo a fait 3 millions de vues et que les médias t'appellent le lendemain, là on se dit, allez là, il s'est passé quelque chose.

  • Jonathan

    Et ça n'arrive pas à tout le monde. Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas non plus l'Eldorado rêvé.

  • Timothée

    Non, non, non.

  • Jonathan

    Il y a du potentiel les réseaux sociaux,

  • Timothée

    mais c'est pas tout le monde. Bien sûr, il y a du potentiel, mais c'est un vrai métier à part entière, parce que ça demande beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, et c'est un métier H24. Il faut poster tous les jours, il y a le montage, il faut trouver les idées. C'est vraiment... On se rend compte en le faisant que c'est un vrai métier.

  • Jonathan

    Pour toi, aujourd'hui, c'est un métier ?

  • Timothée

    Ah oui, complètement.

  • Jonathan

    Tu en es rémunéré de la création de contenu ?

  • Timothée

    Oui, aussi. Donc, oui, bien sûr, tout temps passé mérite salaire, comme on dit.

  • Jonathan

    Alors, on va continuer un petit peu l'histoire de la Brasserie 360 avant d'arriver vraiment à comment choisir son orientation professionnelle. C'est la question qui nous anime aujourd'hui. Tu démarres la brasserie et tu disais que tu n'y connaissais rien, Alexandre, au début. Comment on met le pied à l'étrier ? Comment on se lance dans un monde, dans un univers, dans un secteur professionnel qu'on ne connaît pas du tout ? Ça démarre par quoi ?

  • Alexandre

    Ça démarre par la recherche de formation, en fait. Par l'acquisition de nouvelles compétences, pour deux raisons.

  • Jonathan

    Donc faire le point déjà des compétences qu'on connaît, qu'on maîtrise et qu'on ne maîtrise pas.

  • Alexandre

    Voilà, savoir d'où l'on vient, où on veut aller. professionnaliser la démarche. Donc moi, je n'avais aucune idée de la manière avec laquelle on fabriquait une bière. Donc je me suis renseigné sur les différentes formations possibles pour accéder à ce métier-là, parce qu'on ne peut pas monter un restaurant si on ne sait pas faire une mayonnaise. Donc il fallait vraiment apprendre avec beaucoup de modestie et se remettre en question là-dessus. Voilà, donc une formation, on va dire, qualifiante, mais non diplômante à Nancy, à l'Institut français de la bière et les malteries. Et ensuite, un diplôme universitaire à La Rochelle. Donc là, une formation diplômante.

  • Jonathan

    T'as voyagé.

  • Alexandre

    Il fallait un peu, avec beaucoup de plaisir d'ailleurs. Donc ça, c'est l'apprentissage théorique. Et puis, j'avais besoin de crédibiliser aussi les banquiers dans ma démarche. Parce que pour lever des fonds, il faut aussi faire voir à l'écosystème économique qu'on est expert dans son domaine et qu'il fallait aller chercher de la compétence. Et puis ensuite, des visites. Beaucoup de visites de brasseries. J'ai fait mon tour de France des brasseries pour aller piquer un peu des idées, regarder ce qui se passait à droite à gauche.

  • Jonathan

    C'est un moment assez cool ?

  • Alexandre

    Ça, c'était le moment découverte génial. Ça, c'était vraiment très, très sympa de prendre son sac à dos et d'aller rencontrer des brasseries. Et puis ensuite, il y a eu la période également tambouille dans mon garage, en achetant une pico-brasserie italienne et en commençant à faire quelques litres de bière à la grande inquiétude de mon entourage, de mes enfants qui me regardent avec des yeux tout ronds en me disant « Papa, tu crois qu'on va gagner de l'argent avec ça ? » Voilà, je faisais 60 litres de bière à la maison le soir.

  • Jonathan

    Et avant de répondre, c'était quoi cette question ?

  • Alexandre

    Alors ça, c'était une très grosse responsabilité. Et là, vraiment, c'était assez angoissant, assez flippant pour moi. Parce que quand vous avez vos gamins qui viennent vous voir comme ça, on se dit, attends, t'es peut-être en train de gérer ton cas à toi, Alex, de mal-être professionnel, mais t'as la responsabilité de la famille derrière.

  • Jonathan

    Et alors justement, toi, tu te positionnais comment par rapport à cette question ? Tu étais sûr et certain que ce business allait marcher, que tu allais gagner de l'argent avec ça ?

  • Alexandre

    Moi, je crois qu'en fait, ça, c'est le propre de l'entrepreneur, du créateur d'entreprise. C'est qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Autant on essaie d'être hyper focus sur son projet, autant si on commence à réfléchir sur est-ce que je vais pouvoir me payer ? Est-ce que je vais pouvoir rembourser ? Je crois qu'il ne vaut mieux pas trop y penser si on veut dormir encore un peu.

  • Jonathan

    Et c'est marrant parce que souvent en entrepreneuriat, on nous dit aussi qu'il faut anticiper les questions et ne pas hésiter à s'en poser, se remettre en cause.

  • Alexandre

    Il faut se poser les bonnes. Mais notamment, on parlait tout à l'heure de la crise sanitaire en école supérieure de commerce jusqu'à ce qu'il y ait une pandémie mondiale et qu'on nous demande de rester confinés. Un budget prévisionnel, je pense qu'on n'avait pas intégré la ligne pandémie. Donc le business plan, si vous voulez, tout est toujours relatif. Il faut rester très sérieux dans ce qu'on fait, mais il faut aussi... garder cette part de déconnexion qui nous permet d'être bien.

  • Jonathan

    Et donc après, le commerce, enfin en tout cas le business, l'entreprise se lance. Comment se passent les premiers pas ? On tâtonne, on cherche ou alors ça décolle directement ?

  • Alexandre

    Une galère énorme des séances. On ne savait pas comment on a reçu les machines. Enfin moi, je n'ai jamais une formation très technique. Une embouteilleuse, une brasseuse, une étiqueteuse. J'ai des séances d'embouteillage qui finissent à 2h du matin. Mais c'est aussi toute l'excitation du démarrage, avec que des petites victoires, qui faisait qu'on ne s'est jamais découragé et qu'on a appris ce métier avec beaucoup d'humidité.

  • Jonathan

    Tu dis « on » parce que tu parles de toi, mais tu parles aussi d'une équipe qui est derrière.

  • Alexandre

    Oui, j'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de belles personnes, et notamment aujourd'hui, l'équipe, la Team 360, c'est un peu comme ça que je l'appelle. C'était aussi la volonté de créer une TPE, une toute très petite entreprise, on y reviendra peut-être, c'est le partage des valeurs et le lien qu'on a avec les collaborateurs qui sont très forts. Aujourd'hui, ce management très partagé, une vision plus moderne et plus participative de l'entreprise.

  • Jonathan

    Tim, à côté du métier de professeur, il y a cette création de contenu qui se lance. À partir du moment où ça y est, tu commences à toucher tes premières billes, à toucher tes premiers billets. grâce à la création de contenu et tu commences à te rémunérer. Est-ce que déjà, tu prends conscience que là, ça y est, tu passes dans une autre sphère ?

  • Timothée

    Oui, oui, oui, bien sûr. Alors après, c'était moins compliqué parce que j'ai pas...

  • Jonathan

    T'avais une assise derrière ?

  • Timothée

    Ouais, mon métier principal, c'est mon métier de prof, donc j'avais pas assez de stress. Mais ça met toujours du beurre dans les épinards. Et oui, c'est vrai qu'on se dit, ah, ok. il y a quand même moyen de gagner de l'argent, si on respecte certains critères et tout. Pourquoi pas continuer à faire ce qu'on aime, mais en étant rémunéré en même temps. Et en vrai, c'est très bien parce que ça permet vraiment... Enfin, moi, je sais qu'avec cet argent-là, je peux acheter plein de trucs pour faire cours, en fait. Alors, c'est bizarre dit comme ça, mais j'aime trop faire des escape games. Et j'aime vraiment faire le truc à fond, en classe. Donc vraiment, j'achète plein de décos et tout. Et c'est trop bien parce que je peux me permettre tout ça. Sans avoir finalement à mettre l'argent de ma poche vraiment. Donc en vrai, pour ça, c'est cool.

  • Jonathan

    C'est plutôt confort. Et du coup, quand tu gagnes ces premiers billets, ces premières rémunérations, tu commences à te dire qu'il va falloir aussi, entre guillemets, que tu te construises un modèle économique pour mieux gérer ce qui commence à devenir un second métier, une entreprise.

  • Timothée

    Je n'ai jamais vraiment considéré comme ça, parce que... Parce qu'en fait, j'ai toujours considéré que c'était un bonus. Donc, si demain, je venais à ne plus gagner d'argent sur les réseaux sociaux, ça ne me changerait pas grand-chose. Je serais juste un peu déçu parce que je ferais peut-être un peu moins de shopping. Mais voilà, sinon...

  • Jonathan

    On parlait de la brasserie tout à l'heure, Alexandre, une brasserie 360. Et on a commencé à dire que c'était peut-être aussi le mot pour qualifier le principe de la brasserie, de toucher à plein de choses, d'être polyvalent. parce que... Il y a la bière, mais il n'y a pas que la bière. Il y a tout un tas d'activités à côté, plein de choses que vous organisez, d'événements. C'est primordial aujourd'hui quand on est entrepreneur et quand on crée un peu son emploi, son orientation, de réfléchir à une polyvalence, ce qui est une nouvelle manière, et ça c'est une question que je vais aussi poser à tous les deux, une nouvelle manière de concevoir son avenir professionnel.

  • Alexandre

    Waouh, là il y a de la question. Ah bah,

  • Jonathan

    il ne fallait pas donner ce nom-là à la brasserie.

  • Alexandre

    Oui, je crois que cette polyvalence, alors déjà, elle est inhérente aux petites structures. C'est ce qui fait d'ailleurs tout l'intérêt des petites entreprises artisanales. C'est qu'on fait dix métiers dans la même journée. Donc on ne s'ennuie jamais. Et surtout, quand on va s'entourer des collaborateurs. chacun va amener sa compétence sur tel et tel domaine. Donc c'est vrai que c'est important d'avoir quelque chose de très collaboratif. Alors c'est aussi la réflexion 360, c'est aussi la réflexion par rapport à la circularité, par rapport à l'environnement et l'écosystème dans lequel on évolue, ça c'est très important. Mais c'est vrai que la polyvalence aujourd'hui est fondamentale.

  • Jonathan

    pour redévelopper son business, mais peut-être aussi pour se sentir mieux. Tu parlais de la question du bien-être, que tu n'avais plus en tout cas dans ton travail avant. Peut-être que c'est en ne faisant jamais la même chose ?

  • Alexandre

    Oui, c'est sûr qu'aujourd'hui, c'est ne pas se sentir cloisonné dans un poste, dans une fonction. Quelque chose de très transversal. Je pense que l'hyper spécialisation, alors il faut des experts. Chacun peut être expert dans son domaine. Personnellement, j'étais en recherche de... plus de polyvalence quoi.

  • Jonathan

    T'en penses quoi toi Timothée, t'es un peu de cette question ? Déjà dans ton métier de professeur, est-ce qu'il y a moyen d'avoir je sais pas une plus grande liberté polyvalence, d'envisager le métier autrement ?

  • Timothée

    Oui bah déjà en vrai quand on est prof on fait plein de métiers en même temps. Certes on enseigne notre matière mais on fait aussi beaucoup de social, de la psychologie, enfin voilà. Un peu de police. Un peu de police. Non c'est un métier qui est très riche et très enrichissant et d'ailleurs s'il y a des profs qui regardent cette... cette interview, cette vidéo. En fait, quand on est prof, on a plein de compétences. Et parfois, j'entends des profs dire « Franchement, j'aimerais bien changer, mais je ne sais pas quoi faire. J'ai l'impression que je ne pourrais rien faire d'autre à part être prof. » Mais en fait, pas du tout. On a vraiment plein de compétences. Et moi, j'ai vraiment... Au début, quand j'ai commencé sur les réseaux sociaux, je me suis rendu compte que j'étais plutôt à l'aise sur certaines choses. Et je suis sûr que c'est parce que j'avais réussi à développer ces compétences grâce à mon métier.

  • Jonathan

    S'il y a des profs qui nous suivent, n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaire, votre expérience, ça fera un plaisir de vous lire.

  • Timothée

    C'est vraiment un métier qui est très riche.

  • Jonathan

    Et qui est pluriel, qui permet de...

  • Timothée

    Et sur les réseaux, pareil. Moi je sais que depuis que je fais des vidéos, il y a beaucoup de points que j'ai pu développer. Ma rigueur, ma créativité, tout ça c'est vraiment des compétences que j'ai bien réussi à développer.

  • Jonathan

    La créativité, c'est celle que tu as le plus développée depuis que tu t'es mis sur les réseaux ?

  • Timothée

    Oui, vraiment. C'est vrai qu'on pense tout le temps. Déjà, quand on est prof, on pense tout le temps. Et là, on pense tout le temps autrement. Et moi, j'ai toujours aimé ce côté un peu créatif. Et ça m'a même aidé dans mon métier de prof aussi. C'est-à-dire que je fais encore plus de choses parce que j'avais eu l'idée de faire ça sur les réseaux. Et du coup, je me dis, ça peut être pas mal si je le fais en classe. Et en vrai, je trouve que ça se combine très bien. Et on n'a pas le temps de s'ennuyer.

  • Jonathan

    Tiens, même question Alexandre.

  • Alexandre

    Je veux rebondir sur les propos de Timothée, parce que la créativité, c'est vraiment quelque chose qui nous unit, qui unit nos propos. Parce que la créativité, c'est valable pour le dirigeant d'entreprise aussi, pour le créateur. C'est ce qui va nous donner cette énergie, c'est ce qui va nous donner ces bonnes ondes. Et je crois que c'est ça, la créativité. Pourquoi tu as choisi, Timothée, de lancer ton activité pendant le confinement ? C'est parce qu'on avait du temps. On a réfléchi et c'est là où on a été finalement créatifs. Et sur les réseaux, on n'a jamais vu autant de vidéos. humoristique, mais la créativité était là.

  • Jonathan

    C'était soit ça, soit faire du pain.

  • Alexandre

    C'était là où on était vraiment... Ou du bricolage avec des tutos, mais bon voilà. Mais en tout cas, on a vu tellement de choses émerger à ce moment-là et la créativité, c'est hyper important de nos jours.

  • Jonathan

    Mais il faut du temps.

  • Timothée

    Il faut du temps.

  • Alexandre

    Il faut du temps, on en a de moins en moins, on le voit bien. Toutes les journées de tout le monde sont bien pleines, mais il faut s'accorder ce temps-là pour être créatif.

  • Jonathan

    Alexandre et Timothée, chaque année, on a plus de 2 millions de collégiens ou lycéens qui ont un choix à faire. qui ont un choix d'orientation à faire, soit pour arriver dans un nouveau lycée, soit pour arriver en post-bac et dans une nouvelle université, ou avoir directement un métier. Tim, tu es suivi par énormément de jeunes sur les réseaux sociaux. Qu'est-ce que tu dirais à ceux qui pourraient hésiter entre plusieurs chemins à prendre, ceux qui ne savent pas trop quoi faire ? Est-ce que tu aurais un premier conseil à leur donner ?

  • Timothée

    Souvent, ce que je leur dis, c'est de relativiser. ils vont pas faire le choix de leur vie. Alors, bien sûr que c'est important, mais ils vont choisir des études post-bac, ils font une année, ils se rendent compte que c'est pas pour eux. Bah c'est pas grave, ils changent. Voilà, y'a rien qui est gravé dans le marbre. Je pense qu'on est des très bons exemples. Qu'en fait, on peut très bien faire des études et puis en fait faire un métier qui n'avait pas forcément à voir avec nos études de base. Donc voilà, il faut vraiment relativiser. Essayez de ne pas trop stresser parce que c'est malheureusement une période qui est assez stressante. Parce qu'on nous le vend comme ça aussi.

  • Jonathan

    En mode, sinon vous allez trop rater quoi.

  • Timothée

    Vous allez rater votre vie si vous ne faites pas ça. Non, puis Parcoursup, on l'entend beaucoup. pas qu'un bien. Donc c'est vrai que même pour les parents, c'est une période qui est assez stressante. En fait, il faut vraiment relativiser. Et voilà, on fait des choix. Alors il y a des choix qui vont être plus sélectifs que d'autres, mais si on met au moins un choix non sélectif, on est sûr de ne pas se retrouver sans rien l'année d'après. Presque sûr.

  • Jonathan

    Ouais. Alexandre, quand t'étais plus jeune, on te vendait...

  • Alexandre

    Ah bah oui, ça commence.

  • Jonathan

    On demandait le même discours en mode tu rates ta vie si tu ne fais pas le bon choix ?

  • Alexandre

    Oui, on nous mettait cette forme de pression un peu quand même. Moi je trouve qu'il fallait trouver la bonne case. C'est vrai que ce n'est pas facile quand on a 15, 16, 17 ans de savoir ce qu'on va faire demain. Je crois qu'il faut déjà vraiment dire aux jeunes de se détendre par rapport à ça et qu'il n'y a pas vraiment de ligne directrice. Il faut qu'on sache vraiment ce qu'on aime faire. Est-ce que je veux travailler seul, en équipe, à l'intérieur, en extérieur ? Poser déjà ces questions très basiques, dans un bureau ou sur le terrain. Me déplacer ou pas ? Est-ce que j'aime parler aux gens ou pas ? Poser ces questions alimentaires.

  • Jonathan

    Et posez-vous aussi la question, qu'est-ce que je sais faire ? On sait tous faire des choses, et souvent on a des jeunes, et peut-être que Tim tu confirmeras, qui disent « moi je sais rien faire » .

  • Timothée

    Ah oui, oui. Je trouve qu'on parlait de la pandémie, mais ça a aussi beaucoup joué sur la confiance qu'ont les élèves en eux. Et ça, c'est aussi un sacré travail à faire parce qu'il y a beaucoup d'élèves aujourd'hui qui n'ont pas assez confiance en eux et la moindre difficulté va les faire redescendre.

  • Jonathan

    Je t'ai coupé du coup Alexandre, tu disais il y a ces questions alimentaires à se poser et en fait à partir de là...

  • Alexandre

    Oui, alors pour parler de mon cas très précis, moi au-delà de ma passion pour les gens et la gourmandise, j'aime aussi beaucoup la nature et je voulais travailler... Je voulais faire les eaux et forer, je voulais travailler au plus proche de la tueur. Or, il fallait passer par des filières scientifiques et j'étais vraiment nul en maths physique. Donc, je n'ai pas pu faire mon métier passion à l'époque. Et je suis allé au CIO, au centre d'orientation à l'époque, en disant je ne peux pas faire le métier passion. Donc, dites-moi maintenant, je veux un métier débouché. Demain, ça embauche dans quoi ? À l'époque, c'était la logistique. Il y a toujours un secteur comme ça. Et j'ai fait un peu par défaut. un IUT en gestion logistique et transport, il s'avère que ça m'a beaucoup plu. Vous voyez comme quoi il n'y a pas de préconçus. Cette formation m'a vraiment plu. Et finalement, je me suis retrouvé dans le secteur du transport routier alors que je voulais travailler au plus près de la nature. Et du coup,

  • Jonathan

    tu es revenu à la nature aujourd'hui.

  • Alexandre

    Je suis revenu à la nature.

  • Jonathan

    Parce qu'on appelle la brasserie et localisée à Saint-Martin-Valmeroux, qui n'est pas la plus grande ville de France.

  • Alexandre

    Ah non, on est en zone hyper rurale. Moi d'ailleurs, je suis un ambassadeur de cette ruralité. Moi je pense que plus que jamais la ruralité est tendance, notamment en termes de créativité, en termes d'emploi. Mais jamais un seul instant j'aurais imaginé changer d'orientation professionnelle à 43 ans. J'avais une vision très japonaise de la carrière. Moi j'étais fidèle, j'ai fait qu'une entreprise auparavant.

  • Jonathan

    On reste dans la meilleure entreprise toute la vie.

  • Alexandre

    C'est ça, on fait sa carrière, on évolue, etc. Ça je pense que ça change et ça fait du bien d'ailleurs de changer.

  • Jonathan

    Et alors toi s'il y a bien un conseil que tu peux donner c'est qu'on peut changer pour le coup à tout âge et quand on est jeune en plus on n'a pas entre guillemets cette pression de on doit nourrir sa famille.

  • Alexandre

    Oui il y a ça, il y a le côté un peu moins alimentaire. Alors après il faut faire attention, il ne faut pas changer trop non plus, il ne faut pas papillonner en permanence parce que là ça passe. Mais en tout cas il faut se dire qu'on peut changer effectivement d'orientation et je crois que c'est même bien, il y a des grandes entreprises comme Michelin. qui gèrent les carrières de leurs collaborateurs justement en leur faisant changer de poste pour justement se chahuter un peu, se re-challenger et c'est plus épanouissant pour chacun et je pense que c'est plus productif pour l'entreprise.

  • Jonathan

    Timothée, est-ce que c'est grave de papillonner quand on a 16, 17, 18 ans ?

  • Timothée

    Non, au contraire, on se pose toutes les questions en vrai. Donc c'est important. Mais oui, ce que je voulais dire aussi c'est que parfois on peut... peut avoir des difficultés dans certaines matières qui vont nous empêcher, par exemple, d'accéder à un parcours. Mais en fait, il y a plein de chemins différents pour accéder à un même métier.

  • Jonathan

    Ah, il faut les connaître, ces chemins ?

  • Timothée

    Il faut les connaître.

  • Jonathan

    On n'a pas tous les panneaux,

  • Timothée

    quoi. On n'a pas tous les panneaux, mais c'est pour ça que c'est important de se renseigner pour savoir comment faire. Parce que, si je prends un exemple, je ne sais pas, si je prends médecine, par exemple, on pense tout de suite à un parcours classique, fac de médecine. En réalité, il n'y a pas que ça. Il y a aussi des passerelles qui existent. pour intégrer les études de médecine. Donc parfois, en fonction des...

  • Jonathan

    des capacités qu'on peut avoir, des facilités dans certaines matières plutôt que d'autres, mieux vaut passer par un chemin qu'un autre. Mais à la fin, on peut quand même arriver à un métier qui nous plaît. Et je pense que ça aussi, c'est important. Dans sa liste de ce que je sais faire, ce que je ne sais pas faire, il faut aussi mettre à côté qu'est-ce que j'aime faire. C'est important aussi. Qu'est-ce que j'ai envie d'apprendre ? Qu'est-ce que j'ai envie d'apprendre ? Je pense qu'il y a un côté passion. Il faut être épanoui au maximum. Et ne pas faire ce métier ou ne pas faire ces études parce qu'on m'a dit que.

  • Alexandre

    Est-ce qu'on s'écoute assez soi-même ? Est-ce qu'on a cette petite voix intérieure qui nous dit « Ouais, tu devrais faire ça » ou « T'aimerais bien faire ça » ? Est-ce qu'on se l'écoute assez, cette petite voix intérieure ?

  • Timothée

    Moi, je pense pas. C'est pour ça que j'aime bien que Tim dise qu'il n'est pas influenceur. Faut pas trop se laisser influencer. En tout cas, je pense que ça change, les codes changent, mais moi en ce qui me concerne, on était un peu dans des systèmes, on écoutait ses parents, où il faut faire ça parce que dans la famille on fait ça, et puis c'est pas forcément... Je crois qu'il faut se considérer justement qui on est, et parce que dans une entreprise, qu'elle soit grande ou petite, c'est la personne qu'on est avec les capacités qu'on va dégager qui font qu'on va s'épanouir, on va être heureux dans son job, mais on va être aussi très productif pour la boîte.

  • Alexandre

    Pour 91% des jeunes, l'orientation professionnelle est un sujet important. On se rend bien compte à quel point ça les impacte dans leur vie, c'est déterminant. Et il y a même 69% d'entre eux, chez eux, ça suscite du stress. Le mot est fort quand même. Il y a du stress pour quasiment 7 jeunes sur 10. Oui,

  • Jonathan

    mais ça se ressent en classe. À partir de janvier... Les visages changent. Oui, les visages changent. On sent que ça leur met un coup de pression. Et puis en plus, en terminale, tout arrive pour eux. Il y a le bac. qui s'approche. Non, mais c'est important parce qu'il y a aussi le climat de la société qui va avoir un impact aussi sur ce stress parce que en ce moment, quand on parle du monde professionnel, c'est pas forcément... Je trouve qu'il n'y a rien qui rassure aussi. Et donc tout ça, ça les fait stresser.

  • Alexandre

    Les jeunes t'en parlent justement, Claire, de « je vois pas trop ce que je peux faire dans la vie » parce que de toute façon, je mets vraiment des guillemets sur l'expression, mais tout est pourri.

  • Jonathan

    Oui, ils en parlent. Et c'est ça qui les bloque aussi, parce qu'ils vont avoir des idées. En se disant « j'aurais bien aimé faire ça, pourquoi pas ? » « Ah ouais, mais non, parce qu'en fait, ça n'en bouge plus. » Donc oui, bien sûr, ils en parlent beaucoup entre eux. Et il y a des réflexions qui sortent comme ça des fois en classe. Donc ça permet de... d'en discuter aussi.

  • Alexandre

    J'ai l'impression que tous ces sujets, ça en soulève un autre, c'est la notion d'échec, qu'en gros, on n'a pas le droit d'échouer et que si on rate son bac, ou si on se trompe dans notre avenir professionnel, ou si on fait couler une entreprise, entre guillemets, on n'est que dans l'échec et qu'on ne considère pas l'échec comme une expérience, mais comme quelque chose d'absolument négatif. Qu'est-ce que vous en pensez, vous, sur cette notion d'échec et comment aujourd'hui on en parle ou on la traite, Alexandre, parce que quand on est entrepreneur la notion d'échec on l'envisage

  • Timothée

    Alors oui, mais on échoue par rapport à quoi ? C'est ça. Par rapport à ça, c'est toujours par rapport à des objectifs, par rapport... Moi, là, je veux mettre tout le monde à l'aise. Enfin, je veux dire, moi, je n'ai pas fait des grandes études. Je suis souvent entouré dans le milieu professionnel de dirigeants de société, artisans, ou même des patrons de très belles PME qui n'ont pas des niveaux scolaires de fou. Ce sont des autodidactes, des gens pragmatiques. On peut... Moi j'ai deux enfants, j'ai mon fils aîné, longtemps à l'école, dans le cursus primaire. Voilà, Louis, ça va être compliqué pour Louis. Et puis Louis aujourd'hui, il est en Master 1, il a suivi une carrière, un cursus scolaire par le biais de l'alternance. Et ça, on y reviendra peut-être, mais je suis vraiment... J'accorde beaucoup d'importance à la filière professionnelle et notamment à l'alternance. entre guillemets un gamin qui était plutôt avoué à demain ne pas faire de grandes études, parce qu'il a trouvé sa voie et parce qu'il a compris quelles étaient ses capacités aujourd'hui a suivi. Donc faut pas trop se mettre le stress, c'est vrai qu'on est déjà tout ça est assez anxiogène pour les jeunes et Parcoursup c'est pas non plus le site le plus intuitif, le plus ergonomique qu'on ait en plus pour assurer les jeunes.

  • Alexandre

    Alors moi j'ai raté Parcoursup, je suis trop vieux pour ça déjà. Mais de ce que j'en entends, c'est compliqué, quoi.

  • Timothée

    Oui, je pense que pire, c'est le site des impôts, après. Donc, on ne doit pas...

  • Jonathan

    Non, mais après, en vrai, c'est difficile parce qu'il y a quand même de plus en plus d'étudiants. Il n'y a pas forcément l'offre qui répond à la demande. Donc, c'est ce que j'essaye de dire aux élèves le plus tôt possible, c'est que... Quand ils arrivent Parcoursup, ils sont en concurrence avec les élèves de la France entière. Donc il faut vraiment qu'ils mettent toutes les chances de leur côté pour réussir au mieux d'avoir un de leurs voeux une fois que c'est fait.

  • Alexandre

    Mais ils sont en concurrence. Ce mot-là, il est terrible. C'est une pétition géante.

  • Jonathan

    Il est terrible,

  • Timothée

    mais il faut classer. C'est la vérité. C'est la vérité. C'est la tente.

  • Jonathan

    C'est vrai que c'est terrible. Après,

  • Alexandre

    est-ce qu'il y a une meilleure méthode ? J'en sais rien. Je ne suis pas dans l'éducation nationale.

  • Jonathan

    Je ne suis pas dans... C'est là que c'est compliqué.

  • Alexandre

    C'est compliqué et ils essaient de faire au mieux. Mais c'est une compétition géante,

  • Jonathan

    le stress est rare. C'est ce que je leur dis, il n'y a pas de stress à avoir s'ils ont des super bulletins.

  • Alexandre

    Et les bulletins, ce n'est pas que les notes.

  • Jonathan

    Et les bulletins, ce n'est pas que les notes. Il y a des filières qui sont non sélectives, mais encore, ça existe. J'espère qu'on l'aura le plus longtemps possible. Donc voilà, pas de stress. Mais pour les filières sélectives, c'est plus compliqué. Mais voilà. C'est ce que j'ai dit tout à l'heure, il y a plusieurs chemins possibles et même s'ils n'arrivent pas à avoir l'école qu'ils voulaient absolument, ils pourront toujours soit y retourner d'une autre façon ou faire le métier en question.

  • Alexandre

    Dans ta classe, les jeunes, ils ont le droit d'échouer ?

  • Jonathan

    Bien sûr. J'espère même qu'ils vont échouer parce que c'est comme ça qu'on apprend le mieux. Quand un élève fait une erreur, je sais qu'il ne la refera plus.

  • Alexandre

    C'est quoi à chacun votre plus gros échec, en tout cas qui vous a servi pour la suite ? où vous vous êtes appuyé sur cet échec pour peut-être construire votre expérience, votre vécu, votre carrière. Alexandre, est-ce que tu as une idée d'échec qui est en tête ? Ah, là, je suis en situation inconfortable.

  • Timothée

    Oui, là, ce n'est pas facile.

  • Alexandre

    Est-ce que tu as vécu ton précédent emploi et la fin qui était sans épanouissement, avec difficulté, comme un échec ?

  • Timothée

    Oui, en fait, c'est ça. Parce que quand on se pose des questions et qu'on veut quitter son... Son boulot, on se dit, c'est 50-50. C'est un peu comme dans un divorce. C'est jamais totalement la faute de l'autre. Il y a toujours sa part de responsabilité. Donc on se dit, tiens, oui, j'ai échoué sûrement sur tel ou tel point. Ce qui amène la remise en question, comme disait Timothée, le fait de tomber, ça permet de se relever. C'est important de se nourrir de ces échecs-là. Il ne faut pas se décourager. Ça, c'est important aussi. Rien n'est facile aujourd'hui. On ne part pas non plus tous avec les mêmes clés au départ. Il faut vraiment avoir un discours très positif. Et moi, aujourd'hui, je pense que ce n'est pas facile d'être jeune aujourd'hui. Il faut s'accrocher.

  • Alexandre

    On peut gagner des clés au fur et à mesure.

  • Timothée

    On n'a jamais eu autant de boîtes d'outils partout.

  • Alexandre

    Là, il n'y a pas de voyages. À chaque épreuve,

  • Timothée

    il y a des clés. C'est ça. Il y a une chose qui est importante, c'est la capacité à communiquer. Il faut communiquer parce que quand on communique, on peut aller chercher l'info. Et quand on va aller chercher l'info, on va se sortir de l'ornière.

  • Alexandre

    Tu as déjà vécu un échec ou pas ? Qui t'a aidé ?

  • Jonathan

    Mon ex.

  • Timothée

    J'allais dire aussi, si on avait parlé des râteaux, là j'en avais une bonne. Oui, il y a beaucoup.

  • Jonathan

    Tu parlais du concours pour devenir prof. J'ai réussi à l'avoir du premier coup. Mais par contre, on avait fait un concours blanc que j'avais complètement raté. Et alors là, c'était compliqué parce que c'était vraiment trois mois avant le vrai. Ouais,

  • Alexandre

    c'est la dernière ligne droite.

  • Jonathan

    Et quand j'ai raté, vraiment, on a passé deux écrits et j'ai eu un 4 sur 20, un de tes écrits. Je me suis dit, à trois mois du concours, j'ai eu de l'angoisse.

  • Alexandre

    Et t'as l'impression de faire sa dernière ligne droite sur une seule jambe, quoi.

  • Jonathan

    Ah ouais, c'était vraiment... Non mais ça va être impossible. Et en fait, c'était une super promo.

  • Alexandre

    donc on s'est vraiment tous encouragés et voilà je me suis pas laissé abattre et j'ai bien fait tu parlais de communication il ya quelques instants alexandre j'adore ce mot le mot de la communication à quel point ça ça t'a aidé dans ton parcours de

  • Timothée

    communiquer d'échanger et notamment pour monter cette nouvelle activité alors je pense déjà c'est génétique enfin la communication c'est tellement large Je pense qu'on n'a jamais eu autant d'outils pour communiquer et pourtant on n'a jamais aussi peu communiqué entre nous.

  • Alexandre

    Ou aussi mal.

  • Timothée

    Aussi mal, voilà. Donc je crois qu'il faut déjà avoir ce rapport aux autres, c'est l'empathie, c'est cette envie de discuter avec les gens qui est importante. On l'a ou on l'a pas ça, c'est génétique. Mais la communication, aujourd'hui c'est important déjà pour le business parce que... On le voit bien, si on est autour de cette table aujourd'hui, tout le monde, on a besoin de communiquer, mais on a surtout besoin d'échanger. La communication, c'est important, mais on ne fait pas tout passer par la com. C'est l'échange, c'est la rencontre, c'est le partage. Et surtout le partage des valeurs, c'est les valeurs qui comptent aujourd'hui.

  • Alexandre

    Est-ce que dans ton cas, ça a pu prédéterminer ton changement de carrière ? De communiquer, d'échanger ?

  • Timothée

    Ah oui, c'était évident. Il fallait que je fasse un métier autour de... La production de bière, c'est un métier qui est tellement convivial. Je veux dire, c'est facile. C'est plus facile qu'un métier technique. Moi, je suis artisan brasseur, je suis fournisseur de bonne humeur. Donc, je dois aussi avoir ce côté très rapport aux autres.

  • Alexandre

    prenant une sorte de bonne humeur, on pourrait qualifier un peu ce que tu fais sur les réseaux de la même manière.

  • Jonathan

    Oui, et puis même en tant que prof, je pense que quand on veut devenir prof, il faut aussi avoir ce côté très social, on aime être avec les autres, on aime partager avec les autres, c'est aussi important. Et moi, jamais j'aurais pu travailler dans un bureau pendant 35 heures, par exemple. J'ai besoin aussi du contact.

  • Timothée

    Et puis la passion.

  • Jonathan

    C'est la passion.

  • Timothée

    J'ai un ami, son fils, il est nul à l'école, c'est une expression triviale, mais il est passionné de pêche. Il a des difficultés.

  • Alexandre

    Là c'est le prof qui reprend.

  • Timothée

    Il adore la pêche, la pêche à la ligne, la pêche au carnassier. Mais il est en train, parce qu'il est passionné, il a été repéré par des influenceurs, pour utiliser ce nom-là. Il progresse, il est connu dans son secteur et je suis persuadé que demain, il va faire de cette passion un vrai métier. Il commence déjà à gagner de l'argent avec cette passion. c'est la passion qui doit animer et quand on est passionné généralement on devient expert dans son domaine

  • Alexandre

    Est-ce que le fait de faire de la création de contenu sur le web ça a influencé ton métier de prof en gros est-ce que diversifier les activités ça apporte un atout un avantage indéniable dans la manière de concevoir sa carrière professionnelle

  • Jonathan

    C'est sûr et puis en plus ce que je fais sur les réseaux sociaux en général quand je parle de mes cours ... Je le faisais déjà en cours avant et je trouve ça génial de le partager. Mais comme je l'ai dit tout à l'heure, ça m'a poussé encore plus loin dans ma créativité. Et puis, il ne faut pas se mentir, les réseaux sociaux, je sais très bien que c'est surtout les ados qui vont être dessus. Donc, ça me permet, moi aussi, de toujours rester dans le coup. Non, mais de savoir ce qu'ils regardent, savoir quelles sont les tendances.

  • Alexandre

    Parce que mineurien, on prend de l'âge.

  • Timothée

    Je vous confirme.

  • Jonathan

    Quand on est au contact d'un public,

  • Alexandre

    il faut avoir cette notion-là aussi, il faut rester avec les tendances, le coup,

  • Jonathan

    on peut la reprendre. Ça va bientôt faire dix ans que j'enseigne, mais juste des fois, d'une année sur l'autre, on a l'impression que on se rend compte qu'on a vieilli. Donc les réseaux sociaux, c'est vrai que ça permet vraiment de rester tendance et de savoir ce que vont regarder les élèves, ce qui va les intéresser. Et ça, quand on choisit un contexte dans un TP ou quoi, c'est super pratique. Et en plus, ça permet de donner des contextes qui vont plaire aux élèves.

  • Alexandre

    Ça vous sert les réseaux sociaux à la brasserie aujourd'hui ?

  • Timothée

    Oui, énormément. On ne peut pas passer outre. Parce que la production de bière et de soft, c'est une fabrication populaire, générale, grand public. Donc il nous faut des réseaux sociaux. Purement, on va dire... Pour le marketing, mais pas que. C'est aussi, une fois de plus, pour le partage des valeurs, c'est de faire passer des messages, savoir qui on est, quelles sont les valeurs fortes de l'entreprise. C'est important.

  • Alexandre

    Ça va être quoi, par exemple, tu parles beaucoup de valeurs depuis tout à l'heure, les trois valeurs de ton entreprise ?

  • Timothée

    Alors, moi, elles sont indissociables. C'est l'homme, le terroir et le produit.

  • Alexandre

    Et les mettre tous ensemble ?

  • Timothée

    Et les mettre tous ensemble, donc ça c'est pour résumer à trois valeurs. Mais ce qui est important, c'est l'approche très environnementale de notre démarche. C'est surtout donner du sens, le faire avec les acteurs locaux, le circuit court. Tout ça, c'est des choses qui sont importantes. Et le partage de valeurs, c'est important. Pardon ? Pardon ?

  • Alexandre

    Donc le partage des valeurs, important. Et prof en trois valeurs.

  • Jonathan

    Prof en trois valeurs ? Le partage, la passion et l'envie de rendre le monde meilleur, je pense aussi. Parce qu'en vrai, on a une vraie responsabilité dans le monde de demain. Et pouvoir apporter sa petite touche personnelle, c'est bien aussi. On se sent utile tous les matins en se levant.

  • Alexandre

    Alexandre a pu dire les mêmes, j'ai l'impression à quelque chose par là c'est vrai,

  • Timothée

    avec une responsabilité ça me permet de rendre hommage aux enseignants parce que ils ont leur matière première c'est l'humain et c'est des jeunes humains donc ça c'est une sacrée responsabilité parce qu'on n'a pas des bouteilles en verre en face de soi ou en production

  • Alexandre

    leur objectif c'est de sortir le meilleur des jeunes et ça c'est pas facile parce que là on est sur un métier qui est compliqué je vous ai posé cette question sur les valeurs parce que je me demandais si finalement pour choisir son choix de carrière son orientation professionnelle, on pouvait s'appuyer avant tout sur les valeurs, bien avant les compétences, bien avant le savoir faire, est-ce que les valeurs finalement c'est pas la première porte d'entrée ?

  • Timothée

    Pour moi c'est une évidence c'est les valeurs qui doivent être recherchées Merci. et pourquoi j'ai décidé de recréer une petite structure artisanale, c'est pour ça. C'est parce que je pense que c'est beaucoup plus facile de partager les valeurs dans une petite structure. Il y a moins d'inertie, on est en famille. Je veux dire, moi je mange tous les midis avec mes collaborateurs, etc. Alors ça ne veut pas dire que c'est le monde du bisounours. Mais je crois qu'aujourd'hui l'entreprise doit se réinventer, qu'il y a beaucoup de dirigeants aussi qui ont besoin de se réinventer sur leur manière de gérer leur boîte. Alors on se cache sous des acronymes, le RSE, la marque entreprise, qu'est-ce que c'est que voilà. Mais je crois que c'est surtout le partage des valeurs, de se donner une ligne directrice, de faire valider ces valeurs-là par l'ensemble. Ça s'appelle la raison d'être dans les entreprises, quelle est la raison d'être de la boîte. Et ça permet de gommer comme ça plein de choses. Et c'est vraiment ça qui doit guider, je pense, le choix de son boulot des jeunes pour demain.

  • Alexandre

    De boulot ou de vocation ?

  • Timothée

    Ou de vocation, carrément. Quand c'est fort, c'est la vocation.

  • Jonathan

    Et ça, c'est un conseil que j'aurais bien aimé... Recevoir ? Recevoir plus jeune. Certains de mes profs ont tout fait pour que je ne devienne pas prof. Et je trouve ça dommage. Et non, j'aurais bien aimé avoir ce conseil de prioriser les valeurs, avant tout.

  • Alexandre

    Mais il te disait quoi, ses profs ?

  • Jonathan

    Ah non, mais c'est pas un métier d'avenir.

  • Alexandre

    Ah les profs peuvent même dire que c'était pas un métier d'avenir.

  • Jonathan

    Non, non, c'est un métier qui se dégrade, voilà. Pendant une réunion parents-profs, je me souviens mon prof de maths à l'époque, avait dit à mes parents, il avait attendu la réunion parents-profs pour dire à mes parents, bon j'espère que vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour qu'ils ne deviennent pas profs. Alors que j'avais 17 de moyenne, je veux dire, je m'attendais pas à ça quoi. Bon, j'ai eu la chance que mes parents m'ont toujours... mais c'est vrai que c'est dur de vouloir faire un métier et qu'on te dise à côté par des gens qui le font déjà c'est pas un métier d'avenir tu peux mieux faire c'est dur à entendre j'ai eu la même expérience plus jeune quand j'étais au lycée j'ai

  • Alexandre

    rencontré un journaliste télé qui m'avait dit qui avait dit à plusieurs jeunes surtout ce métier là ne pensez pas que c'est un métier d'avenir c'est un métier qui va être compliqué Et c'est un métier qui est super difficile. Et moi, je ne vous le conseille pas. Il dénigrait presque son métier. Et bien moi, ça m'a donné le sentiment inverse. Et ça m'a dit, OK, en fait, mec, je vais prendre ta place. Et je vais montrer que le métier, c'est aussi autre chose. Et ça, c'était ma pensée au lycée. Et finalement, j'ai suivi des études de journaliste et je suis devenu journaliste par la suite. Et moi, ça m'a donné un sentiment de renfort, un sentiment de motivation presque surmultiplié.

  • Jonathan

    Ah oui, pareil. Au contraire. Des fois,

  • Alexandre

    les conseils qu'on vous donne pour vous limiter, ça peut faire l'effet inverse.

  • Timothée

    Oui, ça peut être.

  • Jonathan

    Mais c'est important, pour revenir à ce qu'on disait, de dire aussi aux élèves que les valeurs, c'est important. Parce qu'aujourd'hui, si on demande à un élève comment il choisit son métier, 80% c'est le salaire. même si c'est pas quelque chose qui les intéresse vraiment, ouais mais ça gagne bien. Et en fait... Ça suffit pas. Je suis pas si sûr.

  • Alexandre

    Alors là je rejoins un peu Alexandre sur cette question, est-ce que ça change pas un tout petit peu en ce moment, où on met plus le cœur sur le bien-être, sur l'environnement ?

  • Jonathan

    Alors c'est très récent, c'est très récent, mais la première chose, la première question que posent les élèves, c'est ça gagne combien ?

  • Timothée

    Je pense que c'est vrai, Timothée, pour les... pour les jeunes qui n'ont pas encore eu d'expérience professionnelle. Ah,

  • Jonathan

    mais non, je parle pour les jeunes qui n'ont pas d'expérience professionnelle.

  • Timothée

    Je pense qu'effectivement, est-ce que ça gagne bien ou pas ? J'ai été dans ce cas-là,

  • Jonathan

    on regarde.

  • Timothée

    On sortait avec un bac plus 2, un bac plus 3, ça va être quoi le salaire demain ? Mais après, je pense que quand ils ont intégré le milieu professionnel, justement, ça ne devient plus la priorité. Les gens, déjà, je pense que si tout le monde regardait d'abord le salaire, tout le monde... Tout le monde bosserait aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Je crois que les gens veulent aussi chercher de la reconnaissance, ils veulent chercher un épanouissement personnel, un mix aussi vie privée, loisirs et boulot. Moi, je pense que je ne suis pas un dinosaure, mais à 50 ans, je suis un peu la dernière génération de professionnels. On a d'abord géré notre carrière pro et on a organisé notre vie privée autour. La nouvelle génération, elle ne veut pas ça. Et je pense qu'elle a en partie raison. On doit exister avant tout en tant qu'être humain.

  • Alexandre

    Comme salarié.

  • Timothée

    Et pas que salarié. C'est un statut qui est important, parce qu'il faut gagner sa croûte, mais ce n'est pas que ça.

  • Alexandre

    Mais le salaire, oui, bien sûr, rentre en compte.

  • Timothée

    Bien sûr. Moi,

  • Alexandre

    je vous conseille de faire des jobs saisonniers.

  • Timothée

    Pour payer les gens ?

  • Jonathan

    C'est très bien.

  • Alexandre

    17 ans, je vous conseille d'être animateur BAFA ou de faire les maïs ou les betteraves. Les maïs,

  • Timothée

    c'est bien.

  • Alexandre

    Je pense que... la notion de salaire et de ce qu'on veut dans son boulot aussi, il y a beaucoup de questions qui rentrent en compte.

  • Jonathan

    C'est pour ça que c'est important, dès le plus jeune âge, dès le collège, vraiment, dès le lycée, de dire justement aux élèves que le salaire, ce n'est pas le plus important, mais c'est vraiment d'avoir ce bien-être, de faire quelque chose où ils seront épanouis, et ça, c'est important. et ils n'en ont pas forcément conscience au départ, c'est vrai.

  • Timothée

    Et on peut très bien gagner sa vie avec des métiers aussi de l'artisanat, des métiers techniques, des métiers manuels. Un boucher, ça gagne très bien sa vie, aujourd'hui, que ce soit en grande distribution ou... Voilà, un plombier qui, à son compte, il gagne très bien sa vie. Donc il faut vraiment valoriser ça aussi. Et on a l'intelligence artificielle qui arrive, qui va faire aussi que, peut-être que les métiers les plus intellectuels et qui étaient les plus rémunérés, le seront peut-être de moins, et que ce savoir-faire manuel, technique, va être valorisé demain.

  • Alexandre

    Oui, l'intelligence artificielle ne va pas tout de suite remplacer les électriciens ou les careleurs.

  • Timothée

    Et ne découpera pas la côte de bœuf.

  • Alexandre

    Non, non, bien sûr. Non, mais c'est pour ça, il faut aussi préciser que le salaire n'est pas toujours lié qu'au niveau d'études. Parce que bien-être au travail n'est pas toujours lié qu'à nos victoires scolaires. Enfin, il y a des choses à dissocier aussi. et puis surtout, il faut se dissocier aussi des attentes de l'entourage. Tout à l'heure, tu parlais d'influence, Alexandre. Est-ce qu'on peut vraiment se détacher à 100% de l'influence de notre entourage et de ce qu'on attend un petit peu, de ce que voudraient les parents, de ce que nous disent les profs, etc. Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'on peut se détacher vraiment de cette question-là et être notre libre arbitre à 100% ?

  • Jonathan

    Quand on est ado, c'est compliqué de se détacher à 100%. Après, ils ont un projet vraiment très très défini déjà, donc c'est très bien. Mais on est souvent influencé, soit par son entourage familial, ça peut être par les amis, ça peut être par des... étudiants qui ont donné leur avis sur la formation, par la société elle-même aussi. Donc c'est difficile. Mais après, je pense que toute influence n'est pas mauvaise. Je pense que c'est aussi difficile d'avoir parfois un raisonnement bien construit quand on est encore ado. Donc c'est bien de se laisser guider, en partie, et ensuite, revenir, c'est nécessaire, mais je pense que une influence peut aussi être positive.

  • Alexandre

    Il y a 43 ans, on se détache de l'influence ou pas ?

  • Timothée

    Non, jamais. On a tous nos modèles. C'est aussi pour ça que c'est important, quand on est prof ou quand on est dirigeant de société, d'avoir cette notion un peu d'exemplarité. Enfin, moi, à chaque fois, j'étais bon dans une matière, c'est parce que j'adorais le prof. Et que j'avais envie aussi de faire plaisir. Je crois que j'en ai fait l'autre. Oui, c'est ça. Et puis, quelqu'un qui amène... Donc, on est tous sous influence. de quelqu'un, que ce soit un familial, que ce soit dans le cadre de nos passions, un sportif, une star, enfin voilà, tout est fait justement. Le système fait qu'on essaye de... Mais il ne faut pas oublier qui on est et ce qu'on aime vraiment.

  • Alexandre

    En parlant d'influence, Alexandre, on évoquait ton équipe tout à l'heure, on l'a un peu touché du doigt ce sujet parce que la Brasserie 360, c'est une brasserie cantalienne à Saint-St Martin-Valmeroux , on le rappelle. C'est plusieurs personnes qui gravitent autour, c'est une belle petite équipe. À quel point... l'enjeu de communauté a été déterminant, important pour que la brasserie vive et que cette entreprise fonctionne ?

  • Timothée

    En fait, moi, comme je le disais tout à l'heure, j'ai été amené à manager 150 personnes et je crois que ça avait atteint un peu mes limites. Voilà, je ne me reconnaissais plus dans cette manière de gérer dans un système etc. et je voulais revenir sur une structure beaucoup plus petite. Travailler, ça peut paraître galvaudé comme ça, mais travailler un peu en famille. parce que c'est plus rassurant pour tout le monde et parce que moi en fait, quand j'ai décidé de produire de la bière, c'est une sacrée responsabilité. C'est que c'est un produit qu'on va ingérer. Je veux dire, les gens vont boire cette boisson-là. Il faut que ça soit bon, mais il faut que ça soit sain aussi. Et d'un seul coup, c'était une prise de conscience. Et ça, je ne voulais pas le supporter tout seul. Je ne voulais plus ça, je voulais partager ça. Et partager les valeurs avec des collaborateurs, comme ça, c'est... Aussi de se dire, aujourd'hui on est 7 équivalents temps plein, on reste une petite structure, mais 7 cerveaux qui fonctionnent, c'est toujours mieux qu'un. Alors il faut toujours un chef, ça c'est important, il y en a, il faut trancher. Mais par contre, on a des bonnes idées tout le temps, de partout. Et par exemple, sur les sujets écologiques, les collaborateurs qui sont tous plus jeunes que moi, m'ont énormément formé. Moi, je n'ai pas été sensibilisé à ça, c'est générationnel je pense, mais on a beaucoup avancé sur ces sujets de l'environnement parce qu'on a travaillé ensemble.

  • Alexandre

    Je reprends ta phrase, il faut toujours un chef. Oui. Toi, t'es quel type de chef ? Comment ? Un chef un peu différent ?

  • Timothée

    Pour avoir échangé justement avec les collaborateurs sur les modèles, les différents modèles politiques, sociaux, etc. On se dit, mais finalement, c'est quoi le meilleur modèle ? Et il y a un Romain, notre druide en chef, qui a dit mais pour moi, le meilleur système, c'est un bon roi. En fait, je crois que c'est ça. C'est-à-dire quelqu'un qui doit être juste. Par contre, il faut être exemplaire aussi. Mais il faut être aussi exigeant parce que l'exigence, ça mène à la qualité. Et puis reconnaissance. Et voilà, il n'y a pas de... Il n'y a pas de petit chef, en tout cas. Le petit chef, ce n'est pas bien, ça.

  • Alexandre

    Donc, à la Brasserie 360, on est dans une jolie monarchie.

  • Timothée

    Oui, c'est ça. On est dans un équilibre bien juste.

  • Alexandre

    Est-ce qu'au lycée, en tout cas là où t'enseignes, Timothée, on favorise vraiment le travail et en tout cas le savoir vivre en équipe ? Est-ce que la notion d'équipe, de communauté, c'est quelque chose qui rentre en compte et qui peut être déterminant pour ces choix de carrière qu'on évoque depuis tout à l'heure ?

  • Jonathan

    C'est super important, aussi bien pour les profs que les élèves. Quand on est dans une équipe pédagogique où tout marche bien, tout le monde s'entraide, ça change tout, surtout quand on débarque. Ma première année, je l'ai fait dans le 93, en région parisienne, donc c'est une zone qui est assez difficile. Et quand on débarque, on n'a plus du tout d'expérience. Donc si on arrive, c'est compliqué avec les élèves, et qu'en plus on a une équipe pédagogique qui ne nous soutient pas, C'est là que beaucoup démissionnent en fait. La première année, il y a beaucoup de démission chez les profs. Parce qu'on se rend vraiment compte de ce que c'est d'enseigner.

  • Alexandre

    Parce que souvent, on rappelle en première année, vous n'avez pas trop le choix de où vous allez atterrir.

  • Jonathan

    Oui, ça marche par mutation et comme on n'a pas de fond au départ, il y a beaucoup de postes de libre et le 93 en fait partie. Donc voilà, moi j'avais eu la chance d'avoir une super équipe et dès que j'avais le moindre problème, le cours d'avant, le collègue était déjà au courant et du coup, Ils étaient encore repris les élèves, donc la fois d'après, ça se passait bien. Et c'était très formateur. Donc non, l'équipe, l'entraide entre les collègues, très important.

  • Alexandre

    Comment on favorise ça au sein d'un établissement, mais même au sein d'une salle de classe ? C'est quoi les petits tips, les petits trucs à mettre en place ?

  • Jonathan

    Déjà, la chose la plus importante, c'est que l'établissement roule bien. Qu'il y ait une hiérarchie qui soit présente et qui soit à l'écoute. et ensuite ben ça pète la mise en place de projets entre les différentes matières. Ça va créer une cohésion. Et puis après, il y a l'amicale dans les établissements scolaires pour faire des petits trucs un peu plus sympas, des sorties. Ça crée une cohésion et je pense que c'est important. Et avec les élèves, c'est pareil. Avec les élèves, moi je considère que c'est donnant-donnant. Je ne suis pas leur chef. Ouais.

  • Alexandre

    T'apprends d'eux aussi.

  • Jonathan

    J'apprends d'eux aussi. Et ça marche vraiment dans les deux sens. Et je pense que quand il y a une relation de confiance qui est mise en place, en vrai, ça roule.

  • Alexandre

    Alors moi, je voudrais revenir sur un sujet qu'on a juste évoqué tout à l'heure. Et c'est Alexandre qui en parlait, j'ai l'impression que ça tenait à cœur, c'est celui de l'alternance. Parce qu'on se dit comment on peut trouver son choix de carrière, comment on peut trouver le métier idéal, comment on peut avoir la bonne orientation. Est-ce que l'alternance, ce n'est pas un peu le bon compromis ? pour se dire, on reste dans les études, on tente des choses, on peut revenir en arrière. Et ça nous permet de savoir un petit peu plus en détail ce qu'on veut.

  • Timothée

    Moi, je crois beaucoup à l'alternance, parce que c'est un système qui va permettre justement déjà de mettre un pied en l'entreprise. Donc de découvrir déjà le monde vers lequel on s'oriente, on se dirige. Donc ça permet effectivement de se rassurer, est-ce que c'est bien ce milieu-là dans lequel je vais évoluer demain ou pas ? Ça enlève cette pression de réussite, c'est-à-dire que c'est progressif l'alternance. Allez, on est 50% de son temps pour les études, 50% en situation réelle. En entreprise, c'est rassurant. Ça permet déjà d'enlever cette angoisse de l'arrivée sur le marché du travail. Ensuite, l'alternance, c'est rémunérateur. Alors ça peut paraître bête de dire ça, mais on est quand même aussi encore en période un peu de crise.

  • Jonathan

    Ça permet aussi d'enlever une pression financière sur l'étudiant, parce qu'il va quand même avoir un peu un revenu, ou sur la famille. Et en quelque part, ça va alléger la charge de l'étude supérieure pour les parents.

  • Alexandre

    Et de ne pas forcément avoir besoin de prendre un job alimentaire à côté des étudiants.

  • Jonathan

    Exactement, et ça peut déculpabiliser le jeune aussi, de se dire, je fais payer à mes parents mes études, ou je suis obligé d'aller bosser. C'est une solution gagnant-gagnant. Il faut aussi que l'employeur joue le jeu. bien intégrer le poste de l'alternant dans l'entreprise. C'est intéressant pour les employeurs aussi, financièrement, avec les accompagnements, etc.

  • Alexandre

    Tu en prends des alternants toi ?

  • Jonathan

    Oui, j'en prends, pas beaucoup parce qu'on est une petite structure, mais mes deux enfants sont alternants, et les deux avec beaucoup de plaisir, sans les avoir poussés vers cette voie-là, mais en tout cas ils se sont révélés grâce à l'alternance.

  • Timothée

    Est-ce que tu prends des stagiaires en seconde ? Oui. Parce que j'ai quelques élèves encore qui n'ont pas de stage.

  • Jonathan

    Oui, on prend. Et ça fait partie aussi, l'accueil du stagiaire, elle est importante aussi, d'ouvrir. On doit désacraliser, ouvrir le monde de l'entreprise pour faciliter le recrutement aussi.

  • Alexandre

    Il y a des stages en seconde ?

  • Timothée

    Oui, depuis l'année dernière.

  • Alexandre

    Oui, c'est récent, c'est ce que j'allais dire.

  • Timothée

    Les deux dernières semaines de juin. Donc tous les élèves de seconde doivent faire un stage dans l'entreprise, ça peut être dans le monde associatif ou un séjour linguistique à l'étranger. L'idée c'était de... parce qu'à partir du 10 juin en général, il n'y a plus cours au lycée parce que c'est les épreuves du baccalauréat. Donc c'était pour éviter que les élèves de seconde aient quasiment trois mois de vacances.

  • Alexandre

    Ah je me rappelle, c'était bien quand même.

  • Timothée

    Ouais c'était bien.

  • Alexandre

    Moi j'aimais bien cette vacances.

  • Timothée

    Mais en vrai c'est une bonne idée je trouve d'avoir mis en place ce stage, parce qu'ils sont quand même plus en cours. Mais en même temps... Ils font quelque chose qui... Quoi qu'il arrive, même si c'est pas un stage dans ce qu'ils aimeraient faire plus tard, ça leur fait découvrir le monde de l'entreprise. Et ça, c'est bien. Ça ne peut que leur donner des clés pour la suite. Et d'ailleurs, j'ai une petite anecdote sur ça, parce que j'expliquais tout ça aux élèves, parce que je suis prof principal d'une classe de seconde. Et donc voilà, je fais mon topo sur l'orientation, sur les métiers, le monde professionnel et tout. Et à la fin, il y en a un qui me dit « Mais monsieur, vous me racontez tout ça, mais vous n'avez aucune crédibilité. » Je fais « Pourquoi ? » « Vous n'avez jamais quitté l'école, vous. » Alors, ce n'est pas totalement faux, parce qu'en vrai, c'est vrai qu'il n'a jamais quitté l'école. Donc, c'est pour ça que je trouve ça très intéressant, parfois, qu'il y ait des intervenants du monde professionnel qui viennent dans les salles de classe pour justement expliquer leur métier, expliquer leur ressenti, ou même des étudiants qui viennent m'expliquer ça. C'est très important parce qu'aux yeux des élèves, ça a plus d'impact. que quand c'est le prof qui le dit.

  • Alexandre

    Et t'as répondu quoi, du quoi, à cet élève ?

  • Timothée

    J'ai longtemps réfléchi.

  • Alexandre

    Le bug.

  • Timothée

    Le bug. C'est pas faux, en vrai. Non, non, mais après, je lui ai dit, alors, c'est pas faux, ce que tu dis, mais j'avais quand même travaillé pendant mes études, donc voilà. Et puis, en vrai, aux yeux des élèves, l'école et le monde professionnel, c'est différent. Alors, c'est vrai, c'est différent. Mais en vrai, on a besoin, l'un a besoin de l'autre. Voilà. Le monde professionnel a besoin d'écoles.

  • Alexandre

    Il y a des connecteurs communs.

  • Timothée

    Donc je pense que c'est vraiment un travail qui doit se faire à deux dans les deux sens. Le monde d'entreprise et l'école.

  • Alexandre

    Tu parlais d'anecdotes, de souvenirs. Est-ce que toi tu as en tête le parcours d'un élève un peu paumé et qui a réussi par X ou Y raison à se révéler, à trouver sa voie, qui aurait grâce à une expérience pu se découvrir ?

  • Timothée

    Alors, c'est pas tout à fait dans ce sens, mais je garde un très bon souvenir d'un élève qui était brillant, vraiment, qui avait des très très bonnes notes. Il a eu son bac avec mention très bien et il voulait devenir boulanger. Voilà, donc en fait, ça n'intéressait pas du tout les études supérieures et il voulait même pas passer le bac. Il voulait partir tout de suite en apprentissage pour devenir boulanger. C'est un CAP ? Pour faire un boulanger, oui. Et ses parents n'ont jamais voulu. Et du coup, il a fait son bac. Et à la fin de son bac, durant toute l'année, on avait dû travailler, travailler, travailler pour que les parents changent d'avis. Je ne comprenais pas pourquoi ses parents ne voulaient pas le laisser faire son CAP. Et il a réussi à faire son CAP. Et je l'ai revu, c'était en septembre, en début d'année. Et il était aux Anges, il était devenu boulanger-pâtissier. Là, il allait faire une spécialisation dans le chocolat. Il était vraiment aux Anges. Et ça fait plaisir de voir que parfois, on se donne à fond pour l'orientation d'un élève, pour prendre en compte ce que lui intéresse, pour parfois, comme on parlait d'influence tout à l'heure, faire en sorte que les parents n'aient pas trop d'influence négative, parce qu'en vrai, il aurait loupé une super vocation.

  • Alexandre

    Est-ce qu'il n'y avait pas un peu de crainte aussi de la part des parents, toujours avec ce discours, de se dire, passe ton bac ou fais des études, un bac plus 2, plus 3, ça sécurise ?

  • Timothée

    Mais bien sûr que si, mais les choses changent aujourd'hui quand même. mais il y a toujours des parents qui hiérarchise les choses. En gros, tu veux réussir dans la vie, tu fais un bac général.

  • Alexandre

    Chirugien que c'est mieux que boulanger.

  • Timothée

    Voilà. Alors qu'en vrai, les choses changent, mais il y a encore du travail à faire là-dessus. Il y a beaucoup de parents qui ne veulent pas que leur enfant fasse un bac professionnel, parce que pour eux, le bac professionnel, c'est quand on est pas... Voilà, on est un peu nul. Voilà. Alors que c'est pas du tout ça. C'est pas du tout le cas. Moi, ce que j'explique aux élèves, c'est qu'on propose trois types de bacs différents, parce qu'il y a plein de façons d'apprendre différentes. Trouvez la vôtre. Trouvez la vôtre. et vous réussirez.

  • Alexandre

    Alexandre, en tant que père de famille, comment tu t'es placé vis-à-vis de cette question-là sur l'éducation de tes enfants, sur leur choix professionnel ?

  • Jonathan

    Moi, je n'ai jamais été très assidu dans les études, donc je vais faire en sorte de ne pas demander à mes enfants ce que tu n'as pas fait toi-même. Moi, j'ai surtout veillé à ce qu'ils soient bien dans leur peau et à ce qu'ils soient équilibrés et ouverts aux autres. Pour moi, j'accorde de l'importance à la communication. C'est important qu'elle soit écrite, orale.

  • Alexandre

    Ça dépasse la carrière professionnelle.

  • Jonathan

    Oui, c'est ça. C'est plus de travailler sur... Et assez rapidement, je n'ai pas été trop inquiet. Je n'ai pas été trop ambitieux pour eux. Heureusement, à la télévision notamment, vous voyez bien, top chef, le meilleur boulanger, la meilleure pâtisserie. On a quand même des métiers d'artisans qui sont valorisés.

  • Alexandre

    Il n'y a pas encore le meilleur brasseur.

  • Jonathan

    Il n'y a pas encore le meilleur brasseur. Ça arrivera peut-être. Mais voilà, donc tout, tout, ce n'est pas que The Voice. Donc, on peut aussi faire rêver les gens avec des métiers, des métiers plus pragmatiques.

  • Alexandre

    Mais toujours avec cette notion de meilleur. Après, c'est des émissions de télé. Donc, il y a l'aspect compétition et c'est ça qui fait vendre aussi. Mais il y a cet aspect de meilleur. Et même si on n'est pas le meilleur, ce n'est pas grave non plus.

  • Jonathan

    C'est ça. On n'est pas le meilleur, mais on peut le devenir et c'est comme l'échec le meilleur vis-à-vis de qui ? c'est ça Il faut croire en soi aussi. Ça peut paraître très généraliste comme propos, mais il faut désacraliser un petit peu tout ça et travailler. Je crois qu'on n'accompagne pas assez nos jeunes sur eux. Il y a un gros travail sur ce qui se passe. Et les jeunes vivent une période qui n'est pas facile. Post-Covid, très traumatisante. La jeunesse aujourd'hui, ce n'est pas facile. Il faut se réinventer tout ça. Il y a aussi beaucoup d'espoir. Et moi, je crois beaucoup aux petites structures artisanales pour accueillir nos jeunes demain.

  • Alexandre

    Tu es bien d'accord ?

  • Timothée

    Je suis d'accord. Et puis, sur l'idée du meilleur, en vrai, je trouve que c'est bien aussi de se challenger et de toujours viser plus haut. Moi, c'est ce que je leur dis. Visez le plus haut possible et comme ça, vous arriverez à atteindre le meilleur de vous-même. Donc, même s'il peut y avoir un peu une idée de compétition, Je trouve que c'est aussi...

  • Jonathan

    Non mais regardez, avant il fallait aller vite. C'est plus la 4G, c'est la 5G, c'est du haut débit, c'est la vitesse. Aujourd'hui, le rêve, le luxe, c'est d'aller doucement. Est-ce que demain, pour nos jeunes, se réapproprier, revivre autrement, c'est pas l'avenir ? Voilà, aujourd'hui, le vrai luxe c'est de prendre son temps. Pourquoi demain les jeunes, le vrai luxe, c'est pas déjà de savoir qui on est, comment s'accepter et de faire vraiment ce qu'on a envie de faire. avoir des objectifs de dingue.

  • Alexandre

    Visez la Lune, au pire vous finirez la tête dans les étoiles.

  • Jonathan

    C'est ça.

  • Alexandre

    Je crois que c'est Oscar Wilde qui disait ça. Très bien. Mais oui, il faut essayer de viser en tout cas ce qu'on veut. Pas le mieux pour les autres, mais ce qu'on veut. Tout à l'heure, je vous ai posé la question des échecs personnels. Du coup, je vais quand même vous faire le pendant inverse. Quelle est à chacun votre plus belle victoire professionnelle ? En tout cas, vous, votre...

  • Timothée

    Il n'y a pas de doute. C'est le même truc. C'est le concours. Vraiment parce qu'on passe le concours après les cinq ans d'études. Donc ça aussi ça a été terrible je trouve. Parce que souvent on fait le concours et on rentre dans l'école. Là on fait cinq ans d'études sans être sûr en fait qu'on y arrivera. Et ouais je me souviens et toujours, je travaillais, le jour des résultats je travaillais. Et c'est une amie qui m'envoie un message félicitations. Donc là, je regarde et je vois que j'ai le concours. Donc vraiment, je me mets à pleurer. J'étais trop content. J'appelle mes parents qui m'avaient soutenu financièrement aussi pendant cinq ans. Et j'ai vraiment, ça y est, on y est. C'était vraiment un très, très beau souvenir.

  • Alexandre

    Alexandre, ta plus belle victoire ?

  • Jonathan

    La plus belle, je ne sais pas, mais enfin une victoire qui a compté pour moi, c'est professionnellement, bien sûr, parce que j'ai participé à la demande de la CCI du Cantal à un trophée mettant en avant les entrepreneurs locaux. Je ne suis pas trop fan de ces trophées-là, mais on m'a dit, allez, tu fais quand même partie de l'écosystème économique, donc ça serait bien que tu participes. J'ai candidaté dans une catégorie, je savais très bien, pour différentes raisons, que je n'aurais pas le prix. parce que je ne remplis pas toutes les cases. Vous savez, dans la vie, il faut toujours remplir toutes les cases pour être élu. Et par contre, il y avait le trophée du public. Et c'est celui que j'aurais voulu avoir et je l'ai eu. Et ça, ça m'a fait plaisir. Parce que la reconnaissance, c'est quand même du travail. C'est quand même quand ce n'est pas les institutions qui vous mettent en avant, mais c'est le consommateur, le client ou le public.

  • Alexandre

    On ne t'aimait pas ce genre de concours, mais finalement...

  • Jonathan

    Ça m'a bien plu quand même. Tu prends une petite médaille au passage, c'est jamais désagréable.

  • Alexandre

    Mais voilà, les petites victoires, il faut aussi les célébrer.

  • Jonathan

    C'est vrai.

  • Alexandre

    Quand on est jeune et qu'on va choisir son orientation, on a tendance à faire des fixettes sur les échecs, mais les victoires, il faut les célébrer.

  • Timothée

    C'est sûr.

  • Alexandre

    Et on oublie. On oublie tout ça.

  • Timothée

    C'est comme les to-do list.

  • Alexandre

    Oui, c'est-à-dire se faire un peu la bucket list de tiens, il faut que je fasse ça, ça, ça, ça dans ma vie.

  • Timothée

    Je pense qu'il faut arrêter de faire des to-do list et plutôt à la fin de la journée, dire ce qu'on a fait. comme ça ça met en valeur ce qu'on a fait plutôt que ce qu'on a passé mais c'est pareil pour les victoires

  • Alexandre

    Ça peut être l'un des premiers conseils qu'on va pouvoir vous donner. Alexandre, la brasserie 360 et ton métier, tu le vois où dans une dizaine d'années ? Est-ce que tu penses que ton orientation professionnelle va encore évoluer ?

  • Jonathan

    Mon orientation professionnelle, je ne pense pas. Mon métier va évoluer, mon secteur d'activité va évoluer aussi. Moi, je me vois toujours petit, en fait. C'est-à-dire que la taille de l'entreprise va toujours compter. C'est quand on aura atteint un certain effectif que je vais me poser des questions. Mais moi, je n'ai pas envie de grossir, de devenir toujours plus gros. Souvent aussi, c'est pareil dans la vie professionnelle. On peut se fixer des objectifs, mais qui ne sont pas forcément des objectifs de taille. Ça peut être des objectifs de durabilité, de qualité.

  • Alexandre

    L'ambition, ce n'est pas forcément que de grandir.

  • Jonathan

    Non, c'est ça, c'est de faire la qualité. Moi, je crois beaucoup à ça, à la qualité. Moi, j'ai la chance, c'est que je n'ai jamais eu une réflexion autour de l'argent. Je ne suis pas motivé par l'argent. Gagner beaucoup, ça ne compte pas pour moi. Par contre, je suis assez sensible à la qualité. Or, la qualité mène au profit. Si on travaille bien, on gagne sa croûte. Donc, c'est ça qu'il faut travailler d'abord, c'est cette notion de qualité. Et puis, on sait que notre métier va évoluer. On parlait de l'IA tout à l'heure. C'est une nouvelle technologie qui arrive, auquel il va falloir s'adapter. Donc, on va forcément travailler différemment demain.

  • Alexandre

    Et toi, Tim, tu te posais la question de savoir un petit peu où tu en seras dans 10 ans, comment ton métier, ta carrière va évoluer. Parce que tu es sur deux tableaux, on le rappelle, professeur de physique chimie en lycée, mais à côté aussi créateur de contenu, et ça marche bien, 1,7 million sur TikTok de tête. Donc voilà, il y a aussi un certain point de notoriété qui rentre en jeu. Est-ce que tu as la sensation que ton métier et toi, professionnellement, tu vas évoluer et peut-être dans dix ans changer du tout au tout ?

  • Timothée

    Évoluer, c'est sûr. Après, où j'en serai dans dix ans ? En vrai, je me dis, si aujourd'hui on me demandait de choisir entre les deux, j'arrêterais les réseaux, je pense. Parce que j'aime vraiment trop enseigner. Et les réseaux, je suis encore plus heureux parce que je parle de mon métier. Et donc, partager mon métier, c'est encore mieux. Mais voilà, je ne suis pas fermé à l'idée de faire autre chose. Et une chose est sûre, et ça, mes amis me l'ont promis. Je leur ai dit, si un jour je deviens le prof aigri, vous me le dites. Et là, j'arrêterai parce que je veux rester passionné. Et si un jour je sens que c'est plus fait pour moi, ou que pareil, le matin je me lève et j'ai plus envie d'y aller, là je ferai autre chose. Mais encore une fois, j'aurai réussi à acquérir plein de compétences, donc on verra ce qui s'offre à moi.

  • Alexandre

    Pareil, on ne peut pas être brasseur et aigri.

  • Jonathan

    Ah non, ça c'est incompréhensible. Là si c'est ça, il faut tout arrêter. Non, c'est tellement un métier passion. Passion pour le produit, passion pour les agriculteurs, toutes les matières premières qui sont utilisées. C'est très vertueux lorsqu'on veut vraiment faire une bière de qualité avec des matières premières de qualité. En parlant des agriculteurs, ça me donne l'occasion aussi de vous parler de la ruralité. Moi, j'ai fait le choix de créer mon entreprise en zone hyper rurale. Moi je crois que c'est pareil, la ruralité est tendance, il faut dire à nos jeunes de regarder aussi, bien sûr on a toujours tendance quand on est jeune de se rapprocher de la ville pour des raisons de loisirs, d'accessibilité au sport, à la culture, mais la campagne offre beaucoup de possibilités, on est fibré, on peut avoir une activité professionnelle à la campagne et pas avoir des sabots de bois.

  • Alexandre

    Et puis surtout il y a énormément de choses à créer.

  • Jonathan

    Oui, c'est ça. Et puis surtout, la campagne, la ruralité est un terrain d'accueil pour les jeunes, parce que souvent, les employeurs sont plus en demande. La possibilité de se loger à moindre coût est là et on cherche des compétences aussi en zone rurale. On l'a vu d'ailleurs pendant la période Covid, les gens se sont réfugiés à la campagne. Mais il y a beaucoup, moi, je pense qu'il y a beaucoup de plus en plus de jeunes qui sont convaincus de ça, de ce retour à la nature.

  • Alexandre

    On va passer un peu à la conclusion de tout ce qu'on vient de se dire, messieurs. avec nos trois conseils. À chaque fois, on demande aux invités de donner trois conseils. Je vais vous demander de donner aux caméras et au micro trois conseils pour que les jeunes, en tout cas ceux qui hésitent à se lancer dans une voie professionnelle, peuvent entendre, peuvent recevoir. Moi, demain, je suis un jeune et je ne sais pas trop ce que je veux faire de ma vie, ou alors j'ai des idées, mais je ne sais pas trop comment m'y prendre et tout. Quels conseils on pourrait lui donner à ce jeune ? Trois conseils chacun. Alexandre, on va commencer.

  • Jonathan

    C'est dur. Moi je crois qu'il faut, un, croire en soi, ça c'est hyper important de croire en soi, être convaincu qu'on peut apporter aux autres, à la boîte, et surtout, il est toujours possible de changer. Il n'y a rien de... Vous voyez, moi à 43 ans, j'ai passé du goudron au blond, d'une société de transport routier à une entreprise artisanale. C'est un grand écart, c'est possible, et je ne suis pas un génie intellectuel, c'est possible à quelqu'un de très pragmatique, donc il faut être à l'aise avec ça et se dire que tout peut changer, et qu'on ne doit pas être cloisonné.

  • Alexandre

    Tim, trois conseils ?

  • Timothée

    Je vais donner des conseils un peu plus scolaires.

  • Alexandre

    Mais il en faut aussi, parce que la plupart des gens qui nous suivent aussi sont des jeunes qui sont en situation encore scolaire, ou en tout cas universitaire peut-être aussi, donc ces conseils sont à prendre.

  • Timothée

    Oui, la première chose, c'est de bien se renseigner, faire des salons, faire des portes ouvertes, ne pas hésiter à demander des gens qui ont déjà l'expérience. Ça, c'est hyper important. Des étudiants, que ce soit des salariés déjà, pour avoir leur ressenti aussi. Parce que lire une fiche technique et demander à un salarié, c'est vraiment deux choses totalement différentes.

  • Alexandre

    On va jouer un peu les darons, mais vous ne savez pas tout. Et nous non plus, on ne sait pas tout d'ailleurs, tous à notre niveau,

  • Timothée

    tous dans notre métier,

  • Alexandre

    on ne sait pas tout, et donc prendre des autres,

  • Timothée

    c'est super important. Quoi en soi, je te reçois, et essayer de se connaître un maximum, de savoir ce qu'on est capable de faire, et de relativiser. C'est important de ne pas se mettre trop la pression, et si on a vraiment un objectif qu'on veut atteindre, quoi qu'il arrive, on l'atteindra.

  • Alexandre

    N'hésitez pas à parler autour de vous et faire... même sans le coucher forcément sur feuille, de manière très professionnelle, mais un petit bilan de compétences. Je sais faire quoi de plus, j'aime faire quoi. Enfin, toutes les questions qu'on s'est déjà posées, en fait. Je ne sais pas d'ailleurs si tu as fait un bilan de compétences à 43 ans, mais...

  • Jonathan

    Non, non, du tout. Dieu sait si la crise de la quarantaine, je l'ai fait, donc j'ai dû poser pas mal de questions et être bien pénible pour pas mal de gens dans mon entourage. Mais non, non, non, il faut se poser ces bonnes questions. Puis ce qu'il faut dire aussi quand même à nos jeunes, c'est qu'il faut travailler. alors ça c'est le côté daron bien chiant mais on passe toujours par le travail, que ce soit le travail scolaire ou le travail professionnel, mais quand on aime ce qu'on fait, on ne travaille jamais vraiment. C'est ça. Quand on a une matière qui nous plaît, à l'école, on bosse bien. C'est bien d'identifier tout ça pour demain, que la charge de travail soit plus qu'un plaisir.

  • Alexandre

    Et quand on est épanoui dans un métier, en tout cas, moi, c'est ma sensation. Par exemple, je parle à mon nom, mais je n'ai pas le sentiment de travailler.

  • Jonathan

    Oui, alors même si dans chaque boulot, il y a toujours une partie de notre tâche qui est plus difficile, mais voilà, c'est ça. En gros, c'est que... Moi, j'ai toujours le plaisir d'aller au boulot le matin et je sais que mes collaborateurs aussi. Et on a le plaisir de se retrouver. Donc ça, c'est bien.

  • Alexandre

    Garder du plaisir, ça, c'est le plus important. Merci à vous pour vos témoignages, votre expérience. Merci beaucoup. Il y a énormément de jeunes qui ne sont peut-être pas encore se reconnaître, mais en tout cas, qui vont prendre des conseils avisés pour leur avenir professionnel. N'oubliez pas, explorez vos options, parlez de votre avenir professionnel, échangez sur ces questions, c'est essentiel. Et c'est pour ça qu'on a fait cette vidéo. aujourd'hui avec ma banque sans filtre. On se retrouve très bientôt pour une nouvelle vidéo. N'hésitez pas à vous abonner, à partager, à liker, commenter. Et moi, je vous dis à la prochaine !

Description

Dans cet épisode de "Ma Banque Sans Filtre", nous allons aborder le sujet de l'orientation professionnelle avec deux invités qui bousculent les idées reçues !


Découvrez les parcours inspirants de Alexandre Vermeersch, fondateur de la Brasserie 360 dans le Cantal et Timth_c, créateur de contenu sur les réseaux sociaux et professeur de physique chimie. Avec eux, vous allez découvrir comment écouter vos véritables passions et oser tracer votre propre route, sans préjugé.


Ne manquez pas cette rencontre enrichissante !

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La Caisse d’Epargne et de Prévoyance d’Auvergne et du Limousin, Banque coopérative régie par les articles L512-85 et suivants du Code monétaire et financier, Société Anonyme à Directoire et Conseil d’Orientation et de Surveillance – Capital social de 360 000 000 euros – Siège social : 63, rue Montlosier 63000 Clermont-Ferrand – 382 742 013 RCS Clermont-Ferrand – Intermédiaire en assurance immatriculé à l’ORIAS sous le n° 07 006 292 – Titulaire de la carte professionnelle « Transactions sur immeubles et fonds de commerce » n° CPI 6302 2016 000 008 503 délivrée par la CCI du Puy-de-Dôme.


Présentateur: Jod_anim

Réalisation: Riot House


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jonathan

    Salut tout le monde, bienvenue sur ma banque sans filtre pour parler aujourd'hui d'un nouveau sujet dans ce format vidéo et podcast. Un sujet essentiel et qu'on va essayer d'évoquer sans tabou ni préjugé. On va parler orientation et choix de carrière. Deux invités sont avec moi pour m'accompagner et qui ont des parcours assez atypiques et surtout plein de choses à dire au niveau de cette question d'orientation. Je vais commencer par présenter Alexandre Vermerge qui est le patron, le grand chef. Je l'ai vu sur le site internet. de la Brasserie 360. Bonjour Alexandre.

  • Alexandre

    Bonjour à tous.

  • Jonathan

    Merci d'être là avec nous et accompagné aujourd'hui par Tim THC ou alors Timothée, créateur de contenu et prof de physique chimie au lycée. Bonjour Timothée.

  • Timothée

    Salut.

  • Jonathan

    Merci d'être avec nous. Également, des expériences, vous en avez plein à nous partager, j'en suis sûr. Aujourd'hui, vous avez des parcours assez fous. Déjà Alexandre, est-ce qu'on peut expliquer un petit peu ce qu'est la Brasserie 360, une brasserie cantalienne ?

  • Alexandre

    Oui, alors la Brasserie 360, comme son nom indique, c'est... C'est une structure artisanale qui produit de la bière biologique et aussi maintenant des boissons non alcoolisées, des softs, limonade, bientôt un cola et une gamme de thé glacé.

  • Jonathan

    Et pourquoi 360 ?

  • Alexandre

    Alors 360, c'est parce qu'on travaille 360 jours par an. Non, ça c'est parfois vrai dans l'artisanat. C'est surtout parce qu'on est situé à 1000 mètres d'altitude sur les flancs du volcan Cantalien et qu'on a une vue à 360 degrés sur le massif.

  • Jonathan

    Et 360 aussi, je pense que c'est la polyvalence des activités de la brasserie. On peut presque le définir comme ça.

  • Alexandre

    Et puis la circularité aussi de notre réflexion. Voilà, en tout cas, cette sensation d'horizon qui nous plaisait beaucoup.

  • Jonathan

    Alors, je vais y revenir, mais à la base, tu n'es pas brasseur. Et c'est ça qui est intéressant.

  • Alexandre

    Je le suis devenu.

  • Jonathan

    Mais tu es devenu brasseur. Timothée, on l'a dit, professeur de physique chimie au lycée en Auvergne. Et à côté, créateur de contenu. Tu n'aimes pas le mot influenceur.

  • Timothée

    Ouais, plutôt créateur de contenu, parce que je trouve qu'il s'est passé beaucoup de choses avec des influenceurs, et je trouve qu'aujourd'hui, influenceur, c'est un terme qui est un peu péjoratif pour beaucoup. Donc créateur de contenu, c'est ce qu'on aime faire avant tout, c'est vraiment créer du contenu sur les réseaux sociaux, donc c'est ça que je préfère, créateur de contenu.

  • Jonathan

    Mais avant tout, tu restes quand même professeur.

  • Timothée

    Avant tout, professeur, bien sûr.

  • Jonathan

    Voilà, ça dépend comment on se base sur la chose. Alors je vais commencer avec le grand chef de la table. C'est encore une fois, c'est le site de la Brasserie 360 qui te définit comme ça. J'ai juste recopié ce qui est marqué.

  • Alexandre

    Le druide en chef.

  • Jonathan

    Si c'est toi qui as fait le site, du coup c'est un peu prétentieux.

  • Alexandre

    Et non.

  • Jonathan

    À la base, tu ne viens pas du tout de ce milieu-là, tu n'étais pas du tout dans le monde de la brasserie. Tu étais plutôt côté secteur routier.

  • Alexandre

    Voilà. Après 22 ans dans le secteur du transport et de la logistique, et en tant que cadre dirigeant, j'ai décidé de changer de vie. de me réorienter complètement autour d'un métier passion, un métier aussi en lien fort avec le terroir et le territoire. Et j'ai décidé de changer complètement d'orientation et de créer cette brasserie artisanale.

  • Jonathan

    À quel âge du coup ?

  • Alexandre

    À 43 ans, on va dire que j'ai fait une belle grosse crise de la quarantaine. Voilà, j'étais plus très heureux dans mon job pour différentes raisons. J'avais plus cette énergie après 22 ans d'aller au boulot le matin avec passion. Et j'ai connu même sur une période le mal-être au travail. qu'il ne faut pas sous-estimer aujourd'hui, c'est un sujet qui n'est plus tabou. Et je me suis dit, voilà, écoute, Alex, il faut que tu retrouves cette énergie quand le réveil sonne le matin, cette joie d'aller au boulot. Et pour ça, il fallait trouver un métier passion.

  • Jonathan

    Il s'exprimait de quelle manière, ton mal-être ? Ça peut être par quel symptôme ?

  • Alexandre

    Par une forme, ça peut être physique, vraiment une fatigue, une lassitude morale, et puis un manque d'énergie, un manque de créativité, une impatience, une insociabilité aussi, alors que je suis plutôt quelqu'un qui adore les gens. Donc voilà, ça se manifestait par des moins d'envie.

  • Jonathan

    Et quand on est cadre ? Parce que t'étais cadre, du coup.

  • Alexandre

    Quand on est cadre, on est manager, on doit être leader, on doit avoir cette énergie d'amener son équipe avec soi et d'aller en avant. Donc quand on est moins efficace là-dessus, quand on a moins ce rôle de capitaine, il faut se poser des questions et se reconcentrer aussi sur soi.

  • Jonathan

    Du coup, t'es passé par une période de doute, d'hésitation. Est-ce que je dois tout changer, tout plaquer ou continuer quand même et relever la tête ?

  • Alexandre

    Oui, de questionnements importants. Déjà, moi, j'étais cadre dirigeant, donc bien installé dans la vie. J'aurais pu faire le choix de la rémunération. Mais il aurait fallu quitter l'Auvergne, en tout cas le Cantal, pour trouver un job identique dans une structure, dans une PME. Moi, j'ai fait le choix aussi, en quelque part, en créant mon entreprise, j'ai créé mon job. J'ai créé mon poste pour rester sur le territoire, là où je suis heureux de faire grandir mes enfants.

  • Jonathan

    Parce que tu n'as pas tout le loté dans le Cantal ?

  • Alexandre

    Non, moi je suis un immigré, je suis un viking, je suis un gars du Nord, je suis un flamand. J'étais un flamand, mais je suis tombé amoureux du Cantal, de l'Auvergne et d'une cantalienne aussi. Et je suis un ambassadeur pour de ce territoire. On a tous de la chance de vivre ici.

  • Jonathan

    Et alors du coup, tu t'es dit, je vais changer de secteur, du tout au tout. Et je vais me lancer dans le monde de la brasserie.

  • Alexandre

    Alors ça n'a pas été évident tout de suite, la brasserie. J'ai demandé pourquoi. Je me suis dit, qu'est-ce que j'aime ? Qu'est-ce que j'aime dans la vie ? Quelle est ma passion ? La bière. Et bien en fait, c'est vous surtout. Moi, je vous aime. Je vous fais une déclaration, moi j'aime les gens, j'aime ce qui se passe autour d'une table, j'aime la convivialité, le rapport aux autres, le rapport aux produits, parce que je suis un gourmand, je suis un gourmet aussi, donc j'ai hésité, la boucherie, la restauration, les arts de la table, et puis comme je vous le disais, il s'avère que je suis flamand, mon arrière-grand-mère était houblonnière, et je suis entrepreneur aussi, donc j'ai analysé le marché de la bière artisanale, et je me suis dit, il y a quand même une place à prendre ici en Auvergne. Et puis c'est un très beau trait d'union entre mes origines flamandes et mon attachement viscéral à l'Auvergne.

  • Jonathan

    Et tu t'es pas posé des questions en mode, est-ce que j'en suis capable ?

  • Alexandre

    Jamais. Jamais, parce que, non pas que j'ai une haute estime de moi, mais je pense que... Globalement, je me suis dit, voilà, au bout de 22 ans, moi j'ai attaqué tout en bas de l'échelle, j'ai attaqué des ménageurs, pour finir associé dans une structure où j'étais amené à manager 150 personnes, donc je me suis dit, je suis quand même capable. Alors bien sûr il y avait la peur de se rechallenger complètement, de faire un reset complet. Et là je remercie mon entourage, ma famille, parce qu'il a fallu aussi, c'est un vrai projet de vie, de se relancer comme ça, de repartir à zéro parce que la bière, à part quelques belles aptitudes à la dégustation, et là bien sûr en toute modération toujours, la fabriquer je ne savais absolument pas les faire.

  • Jonathan

    Alors on va continuer cette histoire dans quelques instants, parlons un petit peu avec Timothée sur ton parcours. Professeur de physique-chimie en lycée, ça a toujours été une évidence ?

  • Timothée

    Professeur, ça a toujours été une évidence. Et physique-chimie, j'ai choisi en terminale. J'hésitais entre maths et physique.

  • Jonathan

    Parce qu'il est jeune déjà. Il a l'intention de savoir jeune.

  • Timothée

    Dès l'école primaire, je savais que je voulais être... Alors, je disais maîtresse à l'époque parce que j'avais que des maîtresses. Mais j'ai toujours voulu se faire ce métier.

  • Jonathan

    Ok, et pourquoi ? Qu'est-ce qui te séduisait déjà dès tout petit dans l'idée d'être professeur ?

  • Timothée

    Euh... Ben... les maîtresses que j'avais, les profs que j'ai eus après, en fait, ça a toujours été un peu mes modèles. Je me suis toujours senti très bien à l'école. Ce qui est une chance. Oui, ce qui est une chance.

  • Jonathan

    On reparlera d'orientation tout à l'heure et d'école aussi, mais c'est une chance.

  • Timothée

    Et je me suis toujours dit, je veux être comme eux. Et à chaque fois que j'avais l'opportunité d'aider un de mes amis à mieux comprendre quelque chose ou à faire du soutien avec eux, je le faisais toujours. Je me suis toujours inscrit dans les groupes d'aide entre élèves au collège qu'il y avait. Et j'aimais trop ça. J'aimais vraiment partager ce que je savais. Donc ouais, c'était un peu une évidence. Et physique-chimie, j'ai toujours aimé les sciences. Et il y a l'expérience en plus qu'il n'y a pas dans les maths. Donc physique-chimie.

  • Jonathan

    Et cette évidence, elle a toujours émaillé ton parcours tout au long de ton lycée, d'après des années post-bac. et des concours, parce qu'il faut un concours, il me semble, pour être physique chimie en lycée. Ça a toujours été pareil, cette même évidence, il n'y a pas eu de moment d'hésitation ou de « Ah, en fait, ce n'est peut-être pas vraiment ce que j'ai envie de faire dans la vie. »

  • Timothée

    En fait, en terminale, je me suis dit « Ça se trouve, dans cinq ans, je ne voudrais plus. Ça ne m'intéresserait plus. » Donc, j'ai un peu... Je n'ai pas fait un parcours d'études supérieures. classique pour devenir prof tout de suite. J'ai dit, je préfère avoir un bagage au cas où, au bout de deux ans. Donc, je suis passé par un BUT. Et en fait, à la fin des deux ans, j'avais toujours envie d'être prof. Donc, j'ai fait la licence et après, j'ai passé le concours. Mais j'avais toujours focus prof.

  • Jonathan

    Et alors, depuis 2020, tu as décidé de te diversifier un petit peu et de ne pas être juste prof, ce qui est déjà très fort et très compliqué et lourd en termes de charge mentale ou de travail, t'as décidé de te lancer sur Internet et de commencer à créer du contenu. Du coup, c'était quoi la volonté de départ en fait ?

  • Timothée

    Il n'y avait pas vraiment de volonté de départ. Non, en fait, pendant le confinement, il fallait s'occuper. Et j'étais déjà un petit peu sur Instagram et j'avais lancé un concours pendant deux semaines sur Disney. parce que je suis fan de Disney. Et pour m'occuper, voilà...

  • Jonathan

    On ne peut pas le rater, si on va faire un tour sur Insta, on ne peut pas le rater, que t'es fan de Disney.

  • Timothée

    Donc en fait, je postais une photo, une vidéo par jour, et en gros, l'idée, c'était de deviner le Disney. Et à la fin des 15 jours, on est reconfinés à nouveau. Et là, je savais plus quoi faire. Et en fait, c'est mes petites sœurs qui m'ont dit « Mais pourquoi tu fais pas des vidéos sur TikTok ? » Donc je connaissais pas TikTok. Et je télécharge et...

  • Jonathan

    C'est un autre monde.

  • Timothée

    C'est un autre monde. Je regarde des vidéos et je tombais sur des personnes qui parlaient de leur métier et l'impact qu'avait eu le Covid sur leur métier. Et je voyais rien sur les profs. Donc je me suis dit « Bah pourquoi ? Est-ce que je parlerais pas du métier de prof ? » Et j'ai commencé à faire des vidéos comme ça et en fait, ça a plu très vite. Et je me suis jamais arrêté.

  • Jonathan

    C'était à quel moment que tu as eu l'idée, toi Alexandre, de monter la brasserie ? Tu disais à 43 ans, mais c'était il y a du coup combien de temps ?

  • Alexandre

    Je vais bientôt fêter mes 50 ans, donc c'était il y a 7 ans.

  • Jonathan

    Donc juste avant la période Covid.

  • Alexandre

    Voilà, j'ai bien démarré au bon moment là.

  • Jonathan

    Mais ça veut dire que tu as eu l'idée de vouloir tout plaquer et changer avant cette période où tout le monde a eu cette idée-là. Je dis on, je fais une grande généralité, ce qui n'est pas forcément le cas, mais la plupart des gens s'est quand même remis en cause en mode qu'est-ce que je peux faire de ma vie ? et est-ce que je ne changerais pas de vie pour le coup ?

  • Alexandre

    La crise sanitaire a effectivement amené beaucoup de professionnels à se poser des questions. On s'est retourné beaucoup sur le bien-être justement et sur la personne que l'on est et pas uniquement le salarié ou le collaborateur ou le dirigeant qu'on est. Donc oui, c'était en amont.

  • Jonathan

    C'est marrant de se dire que cette période-là, à la base, on ne l'aurait pas définie comme une période de réajustement de l'orientation. Et finalement, on s'est tous posé la question de savoir si on devait se réorienter ou refaire autre chose, faire des choses nouvelles. comme de la création de contenu ? Parce qu'au début, tu parlais là-dessus, Timothée, mais tu te dis pas peut-être au bout de deux semaines, tiens, je vais en faire du quotidien.

  • Timothée

    Ah non, pas du tout. J'avais jamais eu pour vocation, pour le coup, d'être sur les réseaux. J'ai fait ça pendant le confinement pour m'occuper et puis pour faire rire. On avait besoin, à ce moment-là, de penser à autre chose aussi.

  • Jonathan

    Et à quel moment tu comprends que c'est sérieux et que tu vas continuer ?

  • Timothée

    Eh bien, quand... Quand un matin on se lève et qu'on passe de 3000 à 30000 abonnés en une soirée, et qu'une vidéo a fait 3 millions de vues et que les médias t'appellent le lendemain, là on se dit, allez là, il s'est passé quelque chose.

  • Jonathan

    Et ça n'arrive pas à tout le monde. Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas non plus l'Eldorado rêvé.

  • Timothée

    Non, non, non.

  • Jonathan

    Il y a du potentiel les réseaux sociaux,

  • Timothée

    mais c'est pas tout le monde. Bien sûr, il y a du potentiel, mais c'est un vrai métier à part entière, parce que ça demande beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, et c'est un métier H24. Il faut poster tous les jours, il y a le montage, il faut trouver les idées. C'est vraiment... On se rend compte en le faisant que c'est un vrai métier.

  • Jonathan

    Pour toi, aujourd'hui, c'est un métier ?

  • Timothée

    Ah oui, complètement.

  • Jonathan

    Tu en es rémunéré de la création de contenu ?

  • Timothée

    Oui, aussi. Donc, oui, bien sûr, tout temps passé mérite salaire, comme on dit.

  • Jonathan

    Alors, on va continuer un petit peu l'histoire de la Brasserie 360 avant d'arriver vraiment à comment choisir son orientation professionnelle. C'est la question qui nous anime aujourd'hui. Tu démarres la brasserie et tu disais que tu n'y connaissais rien, Alexandre, au début. Comment on met le pied à l'étrier ? Comment on se lance dans un monde, dans un univers, dans un secteur professionnel qu'on ne connaît pas du tout ? Ça démarre par quoi ?

  • Alexandre

    Ça démarre par la recherche de formation, en fait. Par l'acquisition de nouvelles compétences, pour deux raisons.

  • Jonathan

    Donc faire le point déjà des compétences qu'on connaît, qu'on maîtrise et qu'on ne maîtrise pas.

  • Alexandre

    Voilà, savoir d'où l'on vient, où on veut aller. professionnaliser la démarche. Donc moi, je n'avais aucune idée de la manière avec laquelle on fabriquait une bière. Donc je me suis renseigné sur les différentes formations possibles pour accéder à ce métier-là, parce qu'on ne peut pas monter un restaurant si on ne sait pas faire une mayonnaise. Donc il fallait vraiment apprendre avec beaucoup de modestie et se remettre en question là-dessus. Voilà, donc une formation, on va dire, qualifiante, mais non diplômante à Nancy, à l'Institut français de la bière et les malteries. Et ensuite, un diplôme universitaire à La Rochelle. Donc là, une formation diplômante.

  • Jonathan

    T'as voyagé.

  • Alexandre

    Il fallait un peu, avec beaucoup de plaisir d'ailleurs. Donc ça, c'est l'apprentissage théorique. Et puis, j'avais besoin de crédibiliser aussi les banquiers dans ma démarche. Parce que pour lever des fonds, il faut aussi faire voir à l'écosystème économique qu'on est expert dans son domaine et qu'il fallait aller chercher de la compétence. Et puis ensuite, des visites. Beaucoup de visites de brasseries. J'ai fait mon tour de France des brasseries pour aller piquer un peu des idées, regarder ce qui se passait à droite à gauche.

  • Jonathan

    C'est un moment assez cool ?

  • Alexandre

    Ça, c'était le moment découverte génial. Ça, c'était vraiment très, très sympa de prendre son sac à dos et d'aller rencontrer des brasseries. Et puis ensuite, il y a eu la période également tambouille dans mon garage, en achetant une pico-brasserie italienne et en commençant à faire quelques litres de bière à la grande inquiétude de mon entourage, de mes enfants qui me regardent avec des yeux tout ronds en me disant « Papa, tu crois qu'on va gagner de l'argent avec ça ? » Voilà, je faisais 60 litres de bière à la maison le soir.

  • Jonathan

    Et avant de répondre, c'était quoi cette question ?

  • Alexandre

    Alors ça, c'était une très grosse responsabilité. Et là, vraiment, c'était assez angoissant, assez flippant pour moi. Parce que quand vous avez vos gamins qui viennent vous voir comme ça, on se dit, attends, t'es peut-être en train de gérer ton cas à toi, Alex, de mal-être professionnel, mais t'as la responsabilité de la famille derrière.

  • Jonathan

    Et alors justement, toi, tu te positionnais comment par rapport à cette question ? Tu étais sûr et certain que ce business allait marcher, que tu allais gagner de l'argent avec ça ?

  • Alexandre

    Moi, je crois qu'en fait, ça, c'est le propre de l'entrepreneur, du créateur d'entreprise. C'est qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Autant on essaie d'être hyper focus sur son projet, autant si on commence à réfléchir sur est-ce que je vais pouvoir me payer ? Est-ce que je vais pouvoir rembourser ? Je crois qu'il ne vaut mieux pas trop y penser si on veut dormir encore un peu.

  • Jonathan

    Et c'est marrant parce que souvent en entrepreneuriat, on nous dit aussi qu'il faut anticiper les questions et ne pas hésiter à s'en poser, se remettre en cause.

  • Alexandre

    Il faut se poser les bonnes. Mais notamment, on parlait tout à l'heure de la crise sanitaire en école supérieure de commerce jusqu'à ce qu'il y ait une pandémie mondiale et qu'on nous demande de rester confinés. Un budget prévisionnel, je pense qu'on n'avait pas intégré la ligne pandémie. Donc le business plan, si vous voulez, tout est toujours relatif. Il faut rester très sérieux dans ce qu'on fait, mais il faut aussi... garder cette part de déconnexion qui nous permet d'être bien.

  • Jonathan

    Et donc après, le commerce, enfin en tout cas le business, l'entreprise se lance. Comment se passent les premiers pas ? On tâtonne, on cherche ou alors ça décolle directement ?

  • Alexandre

    Une galère énorme des séances. On ne savait pas comment on a reçu les machines. Enfin moi, je n'ai jamais une formation très technique. Une embouteilleuse, une brasseuse, une étiqueteuse. J'ai des séances d'embouteillage qui finissent à 2h du matin. Mais c'est aussi toute l'excitation du démarrage, avec que des petites victoires, qui faisait qu'on ne s'est jamais découragé et qu'on a appris ce métier avec beaucoup d'humidité.

  • Jonathan

    Tu dis « on » parce que tu parles de toi, mais tu parles aussi d'une équipe qui est derrière.

  • Alexandre

    Oui, j'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de belles personnes, et notamment aujourd'hui, l'équipe, la Team 360, c'est un peu comme ça que je l'appelle. C'était aussi la volonté de créer une TPE, une toute très petite entreprise, on y reviendra peut-être, c'est le partage des valeurs et le lien qu'on a avec les collaborateurs qui sont très forts. Aujourd'hui, ce management très partagé, une vision plus moderne et plus participative de l'entreprise.

  • Jonathan

    Tim, à côté du métier de professeur, il y a cette création de contenu qui se lance. À partir du moment où ça y est, tu commences à toucher tes premières billes, à toucher tes premiers billets. grâce à la création de contenu et tu commences à te rémunérer. Est-ce que déjà, tu prends conscience que là, ça y est, tu passes dans une autre sphère ?

  • Timothée

    Oui, oui, oui, bien sûr. Alors après, c'était moins compliqué parce que j'ai pas...

  • Jonathan

    T'avais une assise derrière ?

  • Timothée

    Ouais, mon métier principal, c'est mon métier de prof, donc j'avais pas assez de stress. Mais ça met toujours du beurre dans les épinards. Et oui, c'est vrai qu'on se dit, ah, ok. il y a quand même moyen de gagner de l'argent, si on respecte certains critères et tout. Pourquoi pas continuer à faire ce qu'on aime, mais en étant rémunéré en même temps. Et en vrai, c'est très bien parce que ça permet vraiment... Enfin, moi, je sais qu'avec cet argent-là, je peux acheter plein de trucs pour faire cours, en fait. Alors, c'est bizarre dit comme ça, mais j'aime trop faire des escape games. Et j'aime vraiment faire le truc à fond, en classe. Donc vraiment, j'achète plein de décos et tout. Et c'est trop bien parce que je peux me permettre tout ça. Sans avoir finalement à mettre l'argent de ma poche vraiment. Donc en vrai, pour ça, c'est cool.

  • Jonathan

    C'est plutôt confort. Et du coup, quand tu gagnes ces premiers billets, ces premières rémunérations, tu commences à te dire qu'il va falloir aussi, entre guillemets, que tu te construises un modèle économique pour mieux gérer ce qui commence à devenir un second métier, une entreprise.

  • Timothée

    Je n'ai jamais vraiment considéré comme ça, parce que... Parce qu'en fait, j'ai toujours considéré que c'était un bonus. Donc, si demain, je venais à ne plus gagner d'argent sur les réseaux sociaux, ça ne me changerait pas grand-chose. Je serais juste un peu déçu parce que je ferais peut-être un peu moins de shopping. Mais voilà, sinon...

  • Jonathan

    On parlait de la brasserie tout à l'heure, Alexandre, une brasserie 360. Et on a commencé à dire que c'était peut-être aussi le mot pour qualifier le principe de la brasserie, de toucher à plein de choses, d'être polyvalent. parce que... Il y a la bière, mais il n'y a pas que la bière. Il y a tout un tas d'activités à côté, plein de choses que vous organisez, d'événements. C'est primordial aujourd'hui quand on est entrepreneur et quand on crée un peu son emploi, son orientation, de réfléchir à une polyvalence, ce qui est une nouvelle manière, et ça c'est une question que je vais aussi poser à tous les deux, une nouvelle manière de concevoir son avenir professionnel.

  • Alexandre

    Waouh, là il y a de la question. Ah bah,

  • Jonathan

    il ne fallait pas donner ce nom-là à la brasserie.

  • Alexandre

    Oui, je crois que cette polyvalence, alors déjà, elle est inhérente aux petites structures. C'est ce qui fait d'ailleurs tout l'intérêt des petites entreprises artisanales. C'est qu'on fait dix métiers dans la même journée. Donc on ne s'ennuie jamais. Et surtout, quand on va s'entourer des collaborateurs. chacun va amener sa compétence sur tel et tel domaine. Donc c'est vrai que c'est important d'avoir quelque chose de très collaboratif. Alors c'est aussi la réflexion 360, c'est aussi la réflexion par rapport à la circularité, par rapport à l'environnement et l'écosystème dans lequel on évolue, ça c'est très important. Mais c'est vrai que la polyvalence aujourd'hui est fondamentale.

  • Jonathan

    pour redévelopper son business, mais peut-être aussi pour se sentir mieux. Tu parlais de la question du bien-être, que tu n'avais plus en tout cas dans ton travail avant. Peut-être que c'est en ne faisant jamais la même chose ?

  • Alexandre

    Oui, c'est sûr qu'aujourd'hui, c'est ne pas se sentir cloisonné dans un poste, dans une fonction. Quelque chose de très transversal. Je pense que l'hyper spécialisation, alors il faut des experts. Chacun peut être expert dans son domaine. Personnellement, j'étais en recherche de... plus de polyvalence quoi.

  • Jonathan

    T'en penses quoi toi Timothée, t'es un peu de cette question ? Déjà dans ton métier de professeur, est-ce qu'il y a moyen d'avoir je sais pas une plus grande liberté polyvalence, d'envisager le métier autrement ?

  • Timothée

    Oui bah déjà en vrai quand on est prof on fait plein de métiers en même temps. Certes on enseigne notre matière mais on fait aussi beaucoup de social, de la psychologie, enfin voilà. Un peu de police. Un peu de police. Non c'est un métier qui est très riche et très enrichissant et d'ailleurs s'il y a des profs qui regardent cette... cette interview, cette vidéo. En fait, quand on est prof, on a plein de compétences. Et parfois, j'entends des profs dire « Franchement, j'aimerais bien changer, mais je ne sais pas quoi faire. J'ai l'impression que je ne pourrais rien faire d'autre à part être prof. » Mais en fait, pas du tout. On a vraiment plein de compétences. Et moi, j'ai vraiment... Au début, quand j'ai commencé sur les réseaux sociaux, je me suis rendu compte que j'étais plutôt à l'aise sur certaines choses. Et je suis sûr que c'est parce que j'avais réussi à développer ces compétences grâce à mon métier.

  • Jonathan

    S'il y a des profs qui nous suivent, n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaire, votre expérience, ça fera un plaisir de vous lire.

  • Timothée

    C'est vraiment un métier qui est très riche.

  • Jonathan

    Et qui est pluriel, qui permet de...

  • Timothée

    Et sur les réseaux, pareil. Moi je sais que depuis que je fais des vidéos, il y a beaucoup de points que j'ai pu développer. Ma rigueur, ma créativité, tout ça c'est vraiment des compétences que j'ai bien réussi à développer.

  • Jonathan

    La créativité, c'est celle que tu as le plus développée depuis que tu t'es mis sur les réseaux ?

  • Timothée

    Oui, vraiment. C'est vrai qu'on pense tout le temps. Déjà, quand on est prof, on pense tout le temps. Et là, on pense tout le temps autrement. Et moi, j'ai toujours aimé ce côté un peu créatif. Et ça m'a même aidé dans mon métier de prof aussi. C'est-à-dire que je fais encore plus de choses parce que j'avais eu l'idée de faire ça sur les réseaux. Et du coup, je me dis, ça peut être pas mal si je le fais en classe. Et en vrai, je trouve que ça se combine très bien. Et on n'a pas le temps de s'ennuyer.

  • Jonathan

    Tiens, même question Alexandre.

  • Alexandre

    Je veux rebondir sur les propos de Timothée, parce que la créativité, c'est vraiment quelque chose qui nous unit, qui unit nos propos. Parce que la créativité, c'est valable pour le dirigeant d'entreprise aussi, pour le créateur. C'est ce qui va nous donner cette énergie, c'est ce qui va nous donner ces bonnes ondes. Et je crois que c'est ça, la créativité. Pourquoi tu as choisi, Timothée, de lancer ton activité pendant le confinement ? C'est parce qu'on avait du temps. On a réfléchi et c'est là où on a été finalement créatifs. Et sur les réseaux, on n'a jamais vu autant de vidéos. humoristique, mais la créativité était là.

  • Jonathan

    C'était soit ça, soit faire du pain.

  • Alexandre

    C'était là où on était vraiment... Ou du bricolage avec des tutos, mais bon voilà. Mais en tout cas, on a vu tellement de choses émerger à ce moment-là et la créativité, c'est hyper important de nos jours.

  • Jonathan

    Mais il faut du temps.

  • Timothée

    Il faut du temps.

  • Alexandre

    Il faut du temps, on en a de moins en moins, on le voit bien. Toutes les journées de tout le monde sont bien pleines, mais il faut s'accorder ce temps-là pour être créatif.

  • Jonathan

    Alexandre et Timothée, chaque année, on a plus de 2 millions de collégiens ou lycéens qui ont un choix à faire. qui ont un choix d'orientation à faire, soit pour arriver dans un nouveau lycée, soit pour arriver en post-bac et dans une nouvelle université, ou avoir directement un métier. Tim, tu es suivi par énormément de jeunes sur les réseaux sociaux. Qu'est-ce que tu dirais à ceux qui pourraient hésiter entre plusieurs chemins à prendre, ceux qui ne savent pas trop quoi faire ? Est-ce que tu aurais un premier conseil à leur donner ?

  • Timothée

    Souvent, ce que je leur dis, c'est de relativiser. ils vont pas faire le choix de leur vie. Alors, bien sûr que c'est important, mais ils vont choisir des études post-bac, ils font une année, ils se rendent compte que c'est pas pour eux. Bah c'est pas grave, ils changent. Voilà, y'a rien qui est gravé dans le marbre. Je pense qu'on est des très bons exemples. Qu'en fait, on peut très bien faire des études et puis en fait faire un métier qui n'avait pas forcément à voir avec nos études de base. Donc voilà, il faut vraiment relativiser. Essayez de ne pas trop stresser parce que c'est malheureusement une période qui est assez stressante. Parce qu'on nous le vend comme ça aussi.

  • Jonathan

    En mode, sinon vous allez trop rater quoi.

  • Timothée

    Vous allez rater votre vie si vous ne faites pas ça. Non, puis Parcoursup, on l'entend beaucoup. pas qu'un bien. Donc c'est vrai que même pour les parents, c'est une période qui est assez stressante. En fait, il faut vraiment relativiser. Et voilà, on fait des choix. Alors il y a des choix qui vont être plus sélectifs que d'autres, mais si on met au moins un choix non sélectif, on est sûr de ne pas se retrouver sans rien l'année d'après. Presque sûr.

  • Jonathan

    Ouais. Alexandre, quand t'étais plus jeune, on te vendait...

  • Alexandre

    Ah bah oui, ça commence.

  • Jonathan

    On demandait le même discours en mode tu rates ta vie si tu ne fais pas le bon choix ?

  • Alexandre

    Oui, on nous mettait cette forme de pression un peu quand même. Moi je trouve qu'il fallait trouver la bonne case. C'est vrai que ce n'est pas facile quand on a 15, 16, 17 ans de savoir ce qu'on va faire demain. Je crois qu'il faut déjà vraiment dire aux jeunes de se détendre par rapport à ça et qu'il n'y a pas vraiment de ligne directrice. Il faut qu'on sache vraiment ce qu'on aime faire. Est-ce que je veux travailler seul, en équipe, à l'intérieur, en extérieur ? Poser déjà ces questions très basiques, dans un bureau ou sur le terrain. Me déplacer ou pas ? Est-ce que j'aime parler aux gens ou pas ? Poser ces questions alimentaires.

  • Jonathan

    Et posez-vous aussi la question, qu'est-ce que je sais faire ? On sait tous faire des choses, et souvent on a des jeunes, et peut-être que Tim tu confirmeras, qui disent « moi je sais rien faire » .

  • Timothée

    Ah oui, oui. Je trouve qu'on parlait de la pandémie, mais ça a aussi beaucoup joué sur la confiance qu'ont les élèves en eux. Et ça, c'est aussi un sacré travail à faire parce qu'il y a beaucoup d'élèves aujourd'hui qui n'ont pas assez confiance en eux et la moindre difficulté va les faire redescendre.

  • Jonathan

    Je t'ai coupé du coup Alexandre, tu disais il y a ces questions alimentaires à se poser et en fait à partir de là...

  • Alexandre

    Oui, alors pour parler de mon cas très précis, moi au-delà de ma passion pour les gens et la gourmandise, j'aime aussi beaucoup la nature et je voulais travailler... Je voulais faire les eaux et forer, je voulais travailler au plus proche de la tueur. Or, il fallait passer par des filières scientifiques et j'étais vraiment nul en maths physique. Donc, je n'ai pas pu faire mon métier passion à l'époque. Et je suis allé au CIO, au centre d'orientation à l'époque, en disant je ne peux pas faire le métier passion. Donc, dites-moi maintenant, je veux un métier débouché. Demain, ça embauche dans quoi ? À l'époque, c'était la logistique. Il y a toujours un secteur comme ça. Et j'ai fait un peu par défaut. un IUT en gestion logistique et transport, il s'avère que ça m'a beaucoup plu. Vous voyez comme quoi il n'y a pas de préconçus. Cette formation m'a vraiment plu. Et finalement, je me suis retrouvé dans le secteur du transport routier alors que je voulais travailler au plus près de la nature. Et du coup,

  • Jonathan

    tu es revenu à la nature aujourd'hui.

  • Alexandre

    Je suis revenu à la nature.

  • Jonathan

    Parce qu'on appelle la brasserie et localisée à Saint-Martin-Valmeroux, qui n'est pas la plus grande ville de France.

  • Alexandre

    Ah non, on est en zone hyper rurale. Moi d'ailleurs, je suis un ambassadeur de cette ruralité. Moi je pense que plus que jamais la ruralité est tendance, notamment en termes de créativité, en termes d'emploi. Mais jamais un seul instant j'aurais imaginé changer d'orientation professionnelle à 43 ans. J'avais une vision très japonaise de la carrière. Moi j'étais fidèle, j'ai fait qu'une entreprise auparavant.

  • Jonathan

    On reste dans la meilleure entreprise toute la vie.

  • Alexandre

    C'est ça, on fait sa carrière, on évolue, etc. Ça je pense que ça change et ça fait du bien d'ailleurs de changer.

  • Jonathan

    Et alors toi s'il y a bien un conseil que tu peux donner c'est qu'on peut changer pour le coup à tout âge et quand on est jeune en plus on n'a pas entre guillemets cette pression de on doit nourrir sa famille.

  • Alexandre

    Oui il y a ça, il y a le côté un peu moins alimentaire. Alors après il faut faire attention, il ne faut pas changer trop non plus, il ne faut pas papillonner en permanence parce que là ça passe. Mais en tout cas il faut se dire qu'on peut changer effectivement d'orientation et je crois que c'est même bien, il y a des grandes entreprises comme Michelin. qui gèrent les carrières de leurs collaborateurs justement en leur faisant changer de poste pour justement se chahuter un peu, se re-challenger et c'est plus épanouissant pour chacun et je pense que c'est plus productif pour l'entreprise.

  • Jonathan

    Timothée, est-ce que c'est grave de papillonner quand on a 16, 17, 18 ans ?

  • Timothée

    Non, au contraire, on se pose toutes les questions en vrai. Donc c'est important. Mais oui, ce que je voulais dire aussi c'est que parfois on peut... peut avoir des difficultés dans certaines matières qui vont nous empêcher, par exemple, d'accéder à un parcours. Mais en fait, il y a plein de chemins différents pour accéder à un même métier.

  • Jonathan

    Ah, il faut les connaître, ces chemins ?

  • Timothée

    Il faut les connaître.

  • Jonathan

    On n'a pas tous les panneaux,

  • Timothée

    quoi. On n'a pas tous les panneaux, mais c'est pour ça que c'est important de se renseigner pour savoir comment faire. Parce que, si je prends un exemple, je ne sais pas, si je prends médecine, par exemple, on pense tout de suite à un parcours classique, fac de médecine. En réalité, il n'y a pas que ça. Il y a aussi des passerelles qui existent. pour intégrer les études de médecine. Donc parfois, en fonction des...

  • Jonathan

    des capacités qu'on peut avoir, des facilités dans certaines matières plutôt que d'autres, mieux vaut passer par un chemin qu'un autre. Mais à la fin, on peut quand même arriver à un métier qui nous plaît. Et je pense que ça aussi, c'est important. Dans sa liste de ce que je sais faire, ce que je ne sais pas faire, il faut aussi mettre à côté qu'est-ce que j'aime faire. C'est important aussi. Qu'est-ce que j'ai envie d'apprendre ? Qu'est-ce que j'ai envie d'apprendre ? Je pense qu'il y a un côté passion. Il faut être épanoui au maximum. Et ne pas faire ce métier ou ne pas faire ces études parce qu'on m'a dit que.

  • Alexandre

    Est-ce qu'on s'écoute assez soi-même ? Est-ce qu'on a cette petite voix intérieure qui nous dit « Ouais, tu devrais faire ça » ou « T'aimerais bien faire ça » ? Est-ce qu'on se l'écoute assez, cette petite voix intérieure ?

  • Timothée

    Moi, je pense pas. C'est pour ça que j'aime bien que Tim dise qu'il n'est pas influenceur. Faut pas trop se laisser influencer. En tout cas, je pense que ça change, les codes changent, mais moi en ce qui me concerne, on était un peu dans des systèmes, on écoutait ses parents, où il faut faire ça parce que dans la famille on fait ça, et puis c'est pas forcément... Je crois qu'il faut se considérer justement qui on est, et parce que dans une entreprise, qu'elle soit grande ou petite, c'est la personne qu'on est avec les capacités qu'on va dégager qui font qu'on va s'épanouir, on va être heureux dans son job, mais on va être aussi très productif pour la boîte.

  • Alexandre

    Pour 91% des jeunes, l'orientation professionnelle est un sujet important. On se rend bien compte à quel point ça les impacte dans leur vie, c'est déterminant. Et il y a même 69% d'entre eux, chez eux, ça suscite du stress. Le mot est fort quand même. Il y a du stress pour quasiment 7 jeunes sur 10. Oui,

  • Jonathan

    mais ça se ressent en classe. À partir de janvier... Les visages changent. Oui, les visages changent. On sent que ça leur met un coup de pression. Et puis en plus, en terminale, tout arrive pour eux. Il y a le bac. qui s'approche. Non, mais c'est important parce qu'il y a aussi le climat de la société qui va avoir un impact aussi sur ce stress parce que en ce moment, quand on parle du monde professionnel, c'est pas forcément... Je trouve qu'il n'y a rien qui rassure aussi. Et donc tout ça, ça les fait stresser.

  • Alexandre

    Les jeunes t'en parlent justement, Claire, de « je vois pas trop ce que je peux faire dans la vie » parce que de toute façon, je mets vraiment des guillemets sur l'expression, mais tout est pourri.

  • Jonathan

    Oui, ils en parlent. Et c'est ça qui les bloque aussi, parce qu'ils vont avoir des idées. En se disant « j'aurais bien aimé faire ça, pourquoi pas ? » « Ah ouais, mais non, parce qu'en fait, ça n'en bouge plus. » Donc oui, bien sûr, ils en parlent beaucoup entre eux. Et il y a des réflexions qui sortent comme ça des fois en classe. Donc ça permet de... d'en discuter aussi.

  • Alexandre

    J'ai l'impression que tous ces sujets, ça en soulève un autre, c'est la notion d'échec, qu'en gros, on n'a pas le droit d'échouer et que si on rate son bac, ou si on se trompe dans notre avenir professionnel, ou si on fait couler une entreprise, entre guillemets, on n'est que dans l'échec et qu'on ne considère pas l'échec comme une expérience, mais comme quelque chose d'absolument négatif. Qu'est-ce que vous en pensez, vous, sur cette notion d'échec et comment aujourd'hui on en parle ou on la traite, Alexandre, parce que quand on est entrepreneur la notion d'échec on l'envisage

  • Timothée

    Alors oui, mais on échoue par rapport à quoi ? C'est ça. Par rapport à ça, c'est toujours par rapport à des objectifs, par rapport... Moi, là, je veux mettre tout le monde à l'aise. Enfin, je veux dire, moi, je n'ai pas fait des grandes études. Je suis souvent entouré dans le milieu professionnel de dirigeants de société, artisans, ou même des patrons de très belles PME qui n'ont pas des niveaux scolaires de fou. Ce sont des autodidactes, des gens pragmatiques. On peut... Moi j'ai deux enfants, j'ai mon fils aîné, longtemps à l'école, dans le cursus primaire. Voilà, Louis, ça va être compliqué pour Louis. Et puis Louis aujourd'hui, il est en Master 1, il a suivi une carrière, un cursus scolaire par le biais de l'alternance. Et ça, on y reviendra peut-être, mais je suis vraiment... J'accorde beaucoup d'importance à la filière professionnelle et notamment à l'alternance. entre guillemets un gamin qui était plutôt avoué à demain ne pas faire de grandes études, parce qu'il a trouvé sa voie et parce qu'il a compris quelles étaient ses capacités aujourd'hui a suivi. Donc faut pas trop se mettre le stress, c'est vrai qu'on est déjà tout ça est assez anxiogène pour les jeunes et Parcoursup c'est pas non plus le site le plus intuitif, le plus ergonomique qu'on ait en plus pour assurer les jeunes.

  • Alexandre

    Alors moi j'ai raté Parcoursup, je suis trop vieux pour ça déjà. Mais de ce que j'en entends, c'est compliqué, quoi.

  • Timothée

    Oui, je pense que pire, c'est le site des impôts, après. Donc, on ne doit pas...

  • Jonathan

    Non, mais après, en vrai, c'est difficile parce qu'il y a quand même de plus en plus d'étudiants. Il n'y a pas forcément l'offre qui répond à la demande. Donc, c'est ce que j'essaye de dire aux élèves le plus tôt possible, c'est que... Quand ils arrivent Parcoursup, ils sont en concurrence avec les élèves de la France entière. Donc il faut vraiment qu'ils mettent toutes les chances de leur côté pour réussir au mieux d'avoir un de leurs voeux une fois que c'est fait.

  • Alexandre

    Mais ils sont en concurrence. Ce mot-là, il est terrible. C'est une pétition géante.

  • Jonathan

    Il est terrible,

  • Timothée

    mais il faut classer. C'est la vérité. C'est la vérité. C'est la tente.

  • Jonathan

    C'est vrai que c'est terrible. Après,

  • Alexandre

    est-ce qu'il y a une meilleure méthode ? J'en sais rien. Je ne suis pas dans l'éducation nationale.

  • Jonathan

    Je ne suis pas dans... C'est là que c'est compliqué.

  • Alexandre

    C'est compliqué et ils essaient de faire au mieux. Mais c'est une compétition géante,

  • Jonathan

    le stress est rare. C'est ce que je leur dis, il n'y a pas de stress à avoir s'ils ont des super bulletins.

  • Alexandre

    Et les bulletins, ce n'est pas que les notes.

  • Jonathan

    Et les bulletins, ce n'est pas que les notes. Il y a des filières qui sont non sélectives, mais encore, ça existe. J'espère qu'on l'aura le plus longtemps possible. Donc voilà, pas de stress. Mais pour les filières sélectives, c'est plus compliqué. Mais voilà. C'est ce que j'ai dit tout à l'heure, il y a plusieurs chemins possibles et même s'ils n'arrivent pas à avoir l'école qu'ils voulaient absolument, ils pourront toujours soit y retourner d'une autre façon ou faire le métier en question.

  • Alexandre

    Dans ta classe, les jeunes, ils ont le droit d'échouer ?

  • Jonathan

    Bien sûr. J'espère même qu'ils vont échouer parce que c'est comme ça qu'on apprend le mieux. Quand un élève fait une erreur, je sais qu'il ne la refera plus.

  • Alexandre

    C'est quoi à chacun votre plus gros échec, en tout cas qui vous a servi pour la suite ? où vous vous êtes appuyé sur cet échec pour peut-être construire votre expérience, votre vécu, votre carrière. Alexandre, est-ce que tu as une idée d'échec qui est en tête ? Ah, là, je suis en situation inconfortable.

  • Timothée

    Oui, là, ce n'est pas facile.

  • Alexandre

    Est-ce que tu as vécu ton précédent emploi et la fin qui était sans épanouissement, avec difficulté, comme un échec ?

  • Timothée

    Oui, en fait, c'est ça. Parce que quand on se pose des questions et qu'on veut quitter son... Son boulot, on se dit, c'est 50-50. C'est un peu comme dans un divorce. C'est jamais totalement la faute de l'autre. Il y a toujours sa part de responsabilité. Donc on se dit, tiens, oui, j'ai échoué sûrement sur tel ou tel point. Ce qui amène la remise en question, comme disait Timothée, le fait de tomber, ça permet de se relever. C'est important de se nourrir de ces échecs-là. Il ne faut pas se décourager. Ça, c'est important aussi. Rien n'est facile aujourd'hui. On ne part pas non plus tous avec les mêmes clés au départ. Il faut vraiment avoir un discours très positif. Et moi, aujourd'hui, je pense que ce n'est pas facile d'être jeune aujourd'hui. Il faut s'accrocher.

  • Alexandre

    On peut gagner des clés au fur et à mesure.

  • Timothée

    On n'a jamais eu autant de boîtes d'outils partout.

  • Alexandre

    Là, il n'y a pas de voyages. À chaque épreuve,

  • Timothée

    il y a des clés. C'est ça. Il y a une chose qui est importante, c'est la capacité à communiquer. Il faut communiquer parce que quand on communique, on peut aller chercher l'info. Et quand on va aller chercher l'info, on va se sortir de l'ornière.

  • Alexandre

    Tu as déjà vécu un échec ou pas ? Qui t'a aidé ?

  • Jonathan

    Mon ex.

  • Timothée

    J'allais dire aussi, si on avait parlé des râteaux, là j'en avais une bonne. Oui, il y a beaucoup.

  • Jonathan

    Tu parlais du concours pour devenir prof. J'ai réussi à l'avoir du premier coup. Mais par contre, on avait fait un concours blanc que j'avais complètement raté. Et alors là, c'était compliqué parce que c'était vraiment trois mois avant le vrai. Ouais,

  • Alexandre

    c'est la dernière ligne droite.

  • Jonathan

    Et quand j'ai raté, vraiment, on a passé deux écrits et j'ai eu un 4 sur 20, un de tes écrits. Je me suis dit, à trois mois du concours, j'ai eu de l'angoisse.

  • Alexandre

    Et t'as l'impression de faire sa dernière ligne droite sur une seule jambe, quoi.

  • Jonathan

    Ah ouais, c'était vraiment... Non mais ça va être impossible. Et en fait, c'était une super promo.

  • Alexandre

    donc on s'est vraiment tous encouragés et voilà je me suis pas laissé abattre et j'ai bien fait tu parlais de communication il ya quelques instants alexandre j'adore ce mot le mot de la communication à quel point ça ça t'a aidé dans ton parcours de

  • Timothée

    communiquer d'échanger et notamment pour monter cette nouvelle activité alors je pense déjà c'est génétique enfin la communication c'est tellement large Je pense qu'on n'a jamais eu autant d'outils pour communiquer et pourtant on n'a jamais aussi peu communiqué entre nous.

  • Alexandre

    Ou aussi mal.

  • Timothée

    Aussi mal, voilà. Donc je crois qu'il faut déjà avoir ce rapport aux autres, c'est l'empathie, c'est cette envie de discuter avec les gens qui est importante. On l'a ou on l'a pas ça, c'est génétique. Mais la communication, aujourd'hui c'est important déjà pour le business parce que... On le voit bien, si on est autour de cette table aujourd'hui, tout le monde, on a besoin de communiquer, mais on a surtout besoin d'échanger. La communication, c'est important, mais on ne fait pas tout passer par la com. C'est l'échange, c'est la rencontre, c'est le partage. Et surtout le partage des valeurs, c'est les valeurs qui comptent aujourd'hui.

  • Alexandre

    Est-ce que dans ton cas, ça a pu prédéterminer ton changement de carrière ? De communiquer, d'échanger ?

  • Timothée

    Ah oui, c'était évident. Il fallait que je fasse un métier autour de... La production de bière, c'est un métier qui est tellement convivial. Je veux dire, c'est facile. C'est plus facile qu'un métier technique. Moi, je suis artisan brasseur, je suis fournisseur de bonne humeur. Donc, je dois aussi avoir ce côté très rapport aux autres.

  • Alexandre

    prenant une sorte de bonne humeur, on pourrait qualifier un peu ce que tu fais sur les réseaux de la même manière.

  • Jonathan

    Oui, et puis même en tant que prof, je pense que quand on veut devenir prof, il faut aussi avoir ce côté très social, on aime être avec les autres, on aime partager avec les autres, c'est aussi important. Et moi, jamais j'aurais pu travailler dans un bureau pendant 35 heures, par exemple. J'ai besoin aussi du contact.

  • Timothée

    Et puis la passion.

  • Jonathan

    C'est la passion.

  • Timothée

    J'ai un ami, son fils, il est nul à l'école, c'est une expression triviale, mais il est passionné de pêche. Il a des difficultés.

  • Alexandre

    Là c'est le prof qui reprend.

  • Timothée

    Il adore la pêche, la pêche à la ligne, la pêche au carnassier. Mais il est en train, parce qu'il est passionné, il a été repéré par des influenceurs, pour utiliser ce nom-là. Il progresse, il est connu dans son secteur et je suis persuadé que demain, il va faire de cette passion un vrai métier. Il commence déjà à gagner de l'argent avec cette passion. c'est la passion qui doit animer et quand on est passionné généralement on devient expert dans son domaine

  • Alexandre

    Est-ce que le fait de faire de la création de contenu sur le web ça a influencé ton métier de prof en gros est-ce que diversifier les activités ça apporte un atout un avantage indéniable dans la manière de concevoir sa carrière professionnelle

  • Jonathan

    C'est sûr et puis en plus ce que je fais sur les réseaux sociaux en général quand je parle de mes cours ... Je le faisais déjà en cours avant et je trouve ça génial de le partager. Mais comme je l'ai dit tout à l'heure, ça m'a poussé encore plus loin dans ma créativité. Et puis, il ne faut pas se mentir, les réseaux sociaux, je sais très bien que c'est surtout les ados qui vont être dessus. Donc, ça me permet, moi aussi, de toujours rester dans le coup. Non, mais de savoir ce qu'ils regardent, savoir quelles sont les tendances.

  • Alexandre

    Parce que mineurien, on prend de l'âge.

  • Timothée

    Je vous confirme.

  • Jonathan

    Quand on est au contact d'un public,

  • Alexandre

    il faut avoir cette notion-là aussi, il faut rester avec les tendances, le coup,

  • Jonathan

    on peut la reprendre. Ça va bientôt faire dix ans que j'enseigne, mais juste des fois, d'une année sur l'autre, on a l'impression que on se rend compte qu'on a vieilli. Donc les réseaux sociaux, c'est vrai que ça permet vraiment de rester tendance et de savoir ce que vont regarder les élèves, ce qui va les intéresser. Et ça, quand on choisit un contexte dans un TP ou quoi, c'est super pratique. Et en plus, ça permet de donner des contextes qui vont plaire aux élèves.

  • Alexandre

    Ça vous sert les réseaux sociaux à la brasserie aujourd'hui ?

  • Timothée

    Oui, énormément. On ne peut pas passer outre. Parce que la production de bière et de soft, c'est une fabrication populaire, générale, grand public. Donc il nous faut des réseaux sociaux. Purement, on va dire... Pour le marketing, mais pas que. C'est aussi, une fois de plus, pour le partage des valeurs, c'est de faire passer des messages, savoir qui on est, quelles sont les valeurs fortes de l'entreprise. C'est important.

  • Alexandre

    Ça va être quoi, par exemple, tu parles beaucoup de valeurs depuis tout à l'heure, les trois valeurs de ton entreprise ?

  • Timothée

    Alors, moi, elles sont indissociables. C'est l'homme, le terroir et le produit.

  • Alexandre

    Et les mettre tous ensemble ?

  • Timothée

    Et les mettre tous ensemble, donc ça c'est pour résumer à trois valeurs. Mais ce qui est important, c'est l'approche très environnementale de notre démarche. C'est surtout donner du sens, le faire avec les acteurs locaux, le circuit court. Tout ça, c'est des choses qui sont importantes. Et le partage de valeurs, c'est important. Pardon ? Pardon ?

  • Alexandre

    Donc le partage des valeurs, important. Et prof en trois valeurs.

  • Jonathan

    Prof en trois valeurs ? Le partage, la passion et l'envie de rendre le monde meilleur, je pense aussi. Parce qu'en vrai, on a une vraie responsabilité dans le monde de demain. Et pouvoir apporter sa petite touche personnelle, c'est bien aussi. On se sent utile tous les matins en se levant.

  • Alexandre

    Alexandre a pu dire les mêmes, j'ai l'impression à quelque chose par là c'est vrai,

  • Timothée

    avec une responsabilité ça me permet de rendre hommage aux enseignants parce que ils ont leur matière première c'est l'humain et c'est des jeunes humains donc ça c'est une sacrée responsabilité parce qu'on n'a pas des bouteilles en verre en face de soi ou en production

  • Alexandre

    leur objectif c'est de sortir le meilleur des jeunes et ça c'est pas facile parce que là on est sur un métier qui est compliqué je vous ai posé cette question sur les valeurs parce que je me demandais si finalement pour choisir son choix de carrière son orientation professionnelle, on pouvait s'appuyer avant tout sur les valeurs, bien avant les compétences, bien avant le savoir faire, est-ce que les valeurs finalement c'est pas la première porte d'entrée ?

  • Timothée

    Pour moi c'est une évidence c'est les valeurs qui doivent être recherchées Merci. et pourquoi j'ai décidé de recréer une petite structure artisanale, c'est pour ça. C'est parce que je pense que c'est beaucoup plus facile de partager les valeurs dans une petite structure. Il y a moins d'inertie, on est en famille. Je veux dire, moi je mange tous les midis avec mes collaborateurs, etc. Alors ça ne veut pas dire que c'est le monde du bisounours. Mais je crois qu'aujourd'hui l'entreprise doit se réinventer, qu'il y a beaucoup de dirigeants aussi qui ont besoin de se réinventer sur leur manière de gérer leur boîte. Alors on se cache sous des acronymes, le RSE, la marque entreprise, qu'est-ce que c'est que voilà. Mais je crois que c'est surtout le partage des valeurs, de se donner une ligne directrice, de faire valider ces valeurs-là par l'ensemble. Ça s'appelle la raison d'être dans les entreprises, quelle est la raison d'être de la boîte. Et ça permet de gommer comme ça plein de choses. Et c'est vraiment ça qui doit guider, je pense, le choix de son boulot des jeunes pour demain.

  • Alexandre

    De boulot ou de vocation ?

  • Timothée

    Ou de vocation, carrément. Quand c'est fort, c'est la vocation.

  • Jonathan

    Et ça, c'est un conseil que j'aurais bien aimé... Recevoir ? Recevoir plus jeune. Certains de mes profs ont tout fait pour que je ne devienne pas prof. Et je trouve ça dommage. Et non, j'aurais bien aimé avoir ce conseil de prioriser les valeurs, avant tout.

  • Alexandre

    Mais il te disait quoi, ses profs ?

  • Jonathan

    Ah non, mais c'est pas un métier d'avenir.

  • Alexandre

    Ah les profs peuvent même dire que c'était pas un métier d'avenir.

  • Jonathan

    Non, non, c'est un métier qui se dégrade, voilà. Pendant une réunion parents-profs, je me souviens mon prof de maths à l'époque, avait dit à mes parents, il avait attendu la réunion parents-profs pour dire à mes parents, bon j'espère que vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour qu'ils ne deviennent pas profs. Alors que j'avais 17 de moyenne, je veux dire, je m'attendais pas à ça quoi. Bon, j'ai eu la chance que mes parents m'ont toujours... mais c'est vrai que c'est dur de vouloir faire un métier et qu'on te dise à côté par des gens qui le font déjà c'est pas un métier d'avenir tu peux mieux faire c'est dur à entendre j'ai eu la même expérience plus jeune quand j'étais au lycée j'ai

  • Alexandre

    rencontré un journaliste télé qui m'avait dit qui avait dit à plusieurs jeunes surtout ce métier là ne pensez pas que c'est un métier d'avenir c'est un métier qui va être compliqué Et c'est un métier qui est super difficile. Et moi, je ne vous le conseille pas. Il dénigrait presque son métier. Et bien moi, ça m'a donné le sentiment inverse. Et ça m'a dit, OK, en fait, mec, je vais prendre ta place. Et je vais montrer que le métier, c'est aussi autre chose. Et ça, c'était ma pensée au lycée. Et finalement, j'ai suivi des études de journaliste et je suis devenu journaliste par la suite. Et moi, ça m'a donné un sentiment de renfort, un sentiment de motivation presque surmultiplié.

  • Jonathan

    Ah oui, pareil. Au contraire. Des fois,

  • Alexandre

    les conseils qu'on vous donne pour vous limiter, ça peut faire l'effet inverse.

  • Timothée

    Oui, ça peut être.

  • Jonathan

    Mais c'est important, pour revenir à ce qu'on disait, de dire aussi aux élèves que les valeurs, c'est important. Parce qu'aujourd'hui, si on demande à un élève comment il choisit son métier, 80% c'est le salaire. même si c'est pas quelque chose qui les intéresse vraiment, ouais mais ça gagne bien. Et en fait... Ça suffit pas. Je suis pas si sûr.

  • Alexandre

    Alors là je rejoins un peu Alexandre sur cette question, est-ce que ça change pas un tout petit peu en ce moment, où on met plus le cœur sur le bien-être, sur l'environnement ?

  • Jonathan

    Alors c'est très récent, c'est très récent, mais la première chose, la première question que posent les élèves, c'est ça gagne combien ?

  • Timothée

    Je pense que c'est vrai, Timothée, pour les... pour les jeunes qui n'ont pas encore eu d'expérience professionnelle. Ah,

  • Jonathan

    mais non, je parle pour les jeunes qui n'ont pas d'expérience professionnelle.

  • Timothée

    Je pense qu'effectivement, est-ce que ça gagne bien ou pas ? J'ai été dans ce cas-là,

  • Jonathan

    on regarde.

  • Timothée

    On sortait avec un bac plus 2, un bac plus 3, ça va être quoi le salaire demain ? Mais après, je pense que quand ils ont intégré le milieu professionnel, justement, ça ne devient plus la priorité. Les gens, déjà, je pense que si tout le monde regardait d'abord le salaire, tout le monde... Tout le monde bosserait aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Je crois que les gens veulent aussi chercher de la reconnaissance, ils veulent chercher un épanouissement personnel, un mix aussi vie privée, loisirs et boulot. Moi, je pense que je ne suis pas un dinosaure, mais à 50 ans, je suis un peu la dernière génération de professionnels. On a d'abord géré notre carrière pro et on a organisé notre vie privée autour. La nouvelle génération, elle ne veut pas ça. Et je pense qu'elle a en partie raison. On doit exister avant tout en tant qu'être humain.

  • Alexandre

    Comme salarié.

  • Timothée

    Et pas que salarié. C'est un statut qui est important, parce qu'il faut gagner sa croûte, mais ce n'est pas que ça.

  • Alexandre

    Mais le salaire, oui, bien sûr, rentre en compte.

  • Timothée

    Bien sûr. Moi,

  • Alexandre

    je vous conseille de faire des jobs saisonniers.

  • Timothée

    Pour payer les gens ?

  • Jonathan

    C'est très bien.

  • Alexandre

    17 ans, je vous conseille d'être animateur BAFA ou de faire les maïs ou les betteraves. Les maïs,

  • Timothée

    c'est bien.

  • Alexandre

    Je pense que... la notion de salaire et de ce qu'on veut dans son boulot aussi, il y a beaucoup de questions qui rentrent en compte.

  • Jonathan

    C'est pour ça que c'est important, dès le plus jeune âge, dès le collège, vraiment, dès le lycée, de dire justement aux élèves que le salaire, ce n'est pas le plus important, mais c'est vraiment d'avoir ce bien-être, de faire quelque chose où ils seront épanouis, et ça, c'est important. et ils n'en ont pas forcément conscience au départ, c'est vrai.

  • Timothée

    Et on peut très bien gagner sa vie avec des métiers aussi de l'artisanat, des métiers techniques, des métiers manuels. Un boucher, ça gagne très bien sa vie, aujourd'hui, que ce soit en grande distribution ou... Voilà, un plombier qui, à son compte, il gagne très bien sa vie. Donc il faut vraiment valoriser ça aussi. Et on a l'intelligence artificielle qui arrive, qui va faire aussi que, peut-être que les métiers les plus intellectuels et qui étaient les plus rémunérés, le seront peut-être de moins, et que ce savoir-faire manuel, technique, va être valorisé demain.

  • Alexandre

    Oui, l'intelligence artificielle ne va pas tout de suite remplacer les électriciens ou les careleurs.

  • Timothée

    Et ne découpera pas la côte de bœuf.

  • Alexandre

    Non, non, bien sûr. Non, mais c'est pour ça, il faut aussi préciser que le salaire n'est pas toujours lié qu'au niveau d'études. Parce que bien-être au travail n'est pas toujours lié qu'à nos victoires scolaires. Enfin, il y a des choses à dissocier aussi. et puis surtout, il faut se dissocier aussi des attentes de l'entourage. Tout à l'heure, tu parlais d'influence, Alexandre. Est-ce qu'on peut vraiment se détacher à 100% de l'influence de notre entourage et de ce qu'on attend un petit peu, de ce que voudraient les parents, de ce que nous disent les profs, etc. Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'on peut se détacher vraiment de cette question-là et être notre libre arbitre à 100% ?

  • Jonathan

    Quand on est ado, c'est compliqué de se détacher à 100%. Après, ils ont un projet vraiment très très défini déjà, donc c'est très bien. Mais on est souvent influencé, soit par son entourage familial, ça peut être par les amis, ça peut être par des... étudiants qui ont donné leur avis sur la formation, par la société elle-même aussi. Donc c'est difficile. Mais après, je pense que toute influence n'est pas mauvaise. Je pense que c'est aussi difficile d'avoir parfois un raisonnement bien construit quand on est encore ado. Donc c'est bien de se laisser guider, en partie, et ensuite, revenir, c'est nécessaire, mais je pense que une influence peut aussi être positive.

  • Alexandre

    Il y a 43 ans, on se détache de l'influence ou pas ?

  • Timothée

    Non, jamais. On a tous nos modèles. C'est aussi pour ça que c'est important, quand on est prof ou quand on est dirigeant de société, d'avoir cette notion un peu d'exemplarité. Enfin, moi, à chaque fois, j'étais bon dans une matière, c'est parce que j'adorais le prof. Et que j'avais envie aussi de faire plaisir. Je crois que j'en ai fait l'autre. Oui, c'est ça. Et puis, quelqu'un qui amène... Donc, on est tous sous influence. de quelqu'un, que ce soit un familial, que ce soit dans le cadre de nos passions, un sportif, une star, enfin voilà, tout est fait justement. Le système fait qu'on essaye de... Mais il ne faut pas oublier qui on est et ce qu'on aime vraiment.

  • Alexandre

    En parlant d'influence, Alexandre, on évoquait ton équipe tout à l'heure, on l'a un peu touché du doigt ce sujet parce que la Brasserie 360, c'est une brasserie cantalienne à Saint-St Martin-Valmeroux , on le rappelle. C'est plusieurs personnes qui gravitent autour, c'est une belle petite équipe. À quel point... l'enjeu de communauté a été déterminant, important pour que la brasserie vive et que cette entreprise fonctionne ?

  • Timothée

    En fait, moi, comme je le disais tout à l'heure, j'ai été amené à manager 150 personnes et je crois que ça avait atteint un peu mes limites. Voilà, je ne me reconnaissais plus dans cette manière de gérer dans un système etc. et je voulais revenir sur une structure beaucoup plus petite. Travailler, ça peut paraître galvaudé comme ça, mais travailler un peu en famille. parce que c'est plus rassurant pour tout le monde et parce que moi en fait, quand j'ai décidé de produire de la bière, c'est une sacrée responsabilité. C'est que c'est un produit qu'on va ingérer. Je veux dire, les gens vont boire cette boisson-là. Il faut que ça soit bon, mais il faut que ça soit sain aussi. Et d'un seul coup, c'était une prise de conscience. Et ça, je ne voulais pas le supporter tout seul. Je ne voulais plus ça, je voulais partager ça. Et partager les valeurs avec des collaborateurs, comme ça, c'est... Aussi de se dire, aujourd'hui on est 7 équivalents temps plein, on reste une petite structure, mais 7 cerveaux qui fonctionnent, c'est toujours mieux qu'un. Alors il faut toujours un chef, ça c'est important, il y en a, il faut trancher. Mais par contre, on a des bonnes idées tout le temps, de partout. Et par exemple, sur les sujets écologiques, les collaborateurs qui sont tous plus jeunes que moi, m'ont énormément formé. Moi, je n'ai pas été sensibilisé à ça, c'est générationnel je pense, mais on a beaucoup avancé sur ces sujets de l'environnement parce qu'on a travaillé ensemble.

  • Alexandre

    Je reprends ta phrase, il faut toujours un chef. Oui. Toi, t'es quel type de chef ? Comment ? Un chef un peu différent ?

  • Timothée

    Pour avoir échangé justement avec les collaborateurs sur les modèles, les différents modèles politiques, sociaux, etc. On se dit, mais finalement, c'est quoi le meilleur modèle ? Et il y a un Romain, notre druide en chef, qui a dit mais pour moi, le meilleur système, c'est un bon roi. En fait, je crois que c'est ça. C'est-à-dire quelqu'un qui doit être juste. Par contre, il faut être exemplaire aussi. Mais il faut être aussi exigeant parce que l'exigence, ça mène à la qualité. Et puis reconnaissance. Et voilà, il n'y a pas de... Il n'y a pas de petit chef, en tout cas. Le petit chef, ce n'est pas bien, ça.

  • Alexandre

    Donc, à la Brasserie 360, on est dans une jolie monarchie.

  • Timothée

    Oui, c'est ça. On est dans un équilibre bien juste.

  • Alexandre

    Est-ce qu'au lycée, en tout cas là où t'enseignes, Timothée, on favorise vraiment le travail et en tout cas le savoir vivre en équipe ? Est-ce que la notion d'équipe, de communauté, c'est quelque chose qui rentre en compte et qui peut être déterminant pour ces choix de carrière qu'on évoque depuis tout à l'heure ?

  • Jonathan

    C'est super important, aussi bien pour les profs que les élèves. Quand on est dans une équipe pédagogique où tout marche bien, tout le monde s'entraide, ça change tout, surtout quand on débarque. Ma première année, je l'ai fait dans le 93, en région parisienne, donc c'est une zone qui est assez difficile. Et quand on débarque, on n'a plus du tout d'expérience. Donc si on arrive, c'est compliqué avec les élèves, et qu'en plus on a une équipe pédagogique qui ne nous soutient pas, C'est là que beaucoup démissionnent en fait. La première année, il y a beaucoup de démission chez les profs. Parce qu'on se rend vraiment compte de ce que c'est d'enseigner.

  • Alexandre

    Parce que souvent, on rappelle en première année, vous n'avez pas trop le choix de où vous allez atterrir.

  • Jonathan

    Oui, ça marche par mutation et comme on n'a pas de fond au départ, il y a beaucoup de postes de libre et le 93 en fait partie. Donc voilà, moi j'avais eu la chance d'avoir une super équipe et dès que j'avais le moindre problème, le cours d'avant, le collègue était déjà au courant et du coup, Ils étaient encore repris les élèves, donc la fois d'après, ça se passait bien. Et c'était très formateur. Donc non, l'équipe, l'entraide entre les collègues, très important.

  • Alexandre

    Comment on favorise ça au sein d'un établissement, mais même au sein d'une salle de classe ? C'est quoi les petits tips, les petits trucs à mettre en place ?

  • Jonathan

    Déjà, la chose la plus importante, c'est que l'établissement roule bien. Qu'il y ait une hiérarchie qui soit présente et qui soit à l'écoute. et ensuite ben ça pète la mise en place de projets entre les différentes matières. Ça va créer une cohésion. Et puis après, il y a l'amicale dans les établissements scolaires pour faire des petits trucs un peu plus sympas, des sorties. Ça crée une cohésion et je pense que c'est important. Et avec les élèves, c'est pareil. Avec les élèves, moi je considère que c'est donnant-donnant. Je ne suis pas leur chef. Ouais.

  • Alexandre

    T'apprends d'eux aussi.

  • Jonathan

    J'apprends d'eux aussi. Et ça marche vraiment dans les deux sens. Et je pense que quand il y a une relation de confiance qui est mise en place, en vrai, ça roule.

  • Alexandre

    Alors moi, je voudrais revenir sur un sujet qu'on a juste évoqué tout à l'heure. Et c'est Alexandre qui en parlait, j'ai l'impression que ça tenait à cœur, c'est celui de l'alternance. Parce qu'on se dit comment on peut trouver son choix de carrière, comment on peut trouver le métier idéal, comment on peut avoir la bonne orientation. Est-ce que l'alternance, ce n'est pas un peu le bon compromis ? pour se dire, on reste dans les études, on tente des choses, on peut revenir en arrière. Et ça nous permet de savoir un petit peu plus en détail ce qu'on veut.

  • Timothée

    Moi, je crois beaucoup à l'alternance, parce que c'est un système qui va permettre justement déjà de mettre un pied en l'entreprise. Donc de découvrir déjà le monde vers lequel on s'oriente, on se dirige. Donc ça permet effectivement de se rassurer, est-ce que c'est bien ce milieu-là dans lequel je vais évoluer demain ou pas ? Ça enlève cette pression de réussite, c'est-à-dire que c'est progressif l'alternance. Allez, on est 50% de son temps pour les études, 50% en situation réelle. En entreprise, c'est rassurant. Ça permet déjà d'enlever cette angoisse de l'arrivée sur le marché du travail. Ensuite, l'alternance, c'est rémunérateur. Alors ça peut paraître bête de dire ça, mais on est quand même aussi encore en période un peu de crise.

  • Jonathan

    Ça permet aussi d'enlever une pression financière sur l'étudiant, parce qu'il va quand même avoir un peu un revenu, ou sur la famille. Et en quelque part, ça va alléger la charge de l'étude supérieure pour les parents.

  • Alexandre

    Et de ne pas forcément avoir besoin de prendre un job alimentaire à côté des étudiants.

  • Jonathan

    Exactement, et ça peut déculpabiliser le jeune aussi, de se dire, je fais payer à mes parents mes études, ou je suis obligé d'aller bosser. C'est une solution gagnant-gagnant. Il faut aussi que l'employeur joue le jeu. bien intégrer le poste de l'alternant dans l'entreprise. C'est intéressant pour les employeurs aussi, financièrement, avec les accompagnements, etc.

  • Alexandre

    Tu en prends des alternants toi ?

  • Jonathan

    Oui, j'en prends, pas beaucoup parce qu'on est une petite structure, mais mes deux enfants sont alternants, et les deux avec beaucoup de plaisir, sans les avoir poussés vers cette voie-là, mais en tout cas ils se sont révélés grâce à l'alternance.

  • Timothée

    Est-ce que tu prends des stagiaires en seconde ? Oui. Parce que j'ai quelques élèves encore qui n'ont pas de stage.

  • Jonathan

    Oui, on prend. Et ça fait partie aussi, l'accueil du stagiaire, elle est importante aussi, d'ouvrir. On doit désacraliser, ouvrir le monde de l'entreprise pour faciliter le recrutement aussi.

  • Alexandre

    Il y a des stages en seconde ?

  • Timothée

    Oui, depuis l'année dernière.

  • Alexandre

    Oui, c'est récent, c'est ce que j'allais dire.

  • Timothée

    Les deux dernières semaines de juin. Donc tous les élèves de seconde doivent faire un stage dans l'entreprise, ça peut être dans le monde associatif ou un séjour linguistique à l'étranger. L'idée c'était de... parce qu'à partir du 10 juin en général, il n'y a plus cours au lycée parce que c'est les épreuves du baccalauréat. Donc c'était pour éviter que les élèves de seconde aient quasiment trois mois de vacances.

  • Alexandre

    Ah je me rappelle, c'était bien quand même.

  • Timothée

    Ouais c'était bien.

  • Alexandre

    Moi j'aimais bien cette vacances.

  • Timothée

    Mais en vrai c'est une bonne idée je trouve d'avoir mis en place ce stage, parce qu'ils sont quand même plus en cours. Mais en même temps... Ils font quelque chose qui... Quoi qu'il arrive, même si c'est pas un stage dans ce qu'ils aimeraient faire plus tard, ça leur fait découvrir le monde de l'entreprise. Et ça, c'est bien. Ça ne peut que leur donner des clés pour la suite. Et d'ailleurs, j'ai une petite anecdote sur ça, parce que j'expliquais tout ça aux élèves, parce que je suis prof principal d'une classe de seconde. Et donc voilà, je fais mon topo sur l'orientation, sur les métiers, le monde professionnel et tout. Et à la fin, il y en a un qui me dit « Mais monsieur, vous me racontez tout ça, mais vous n'avez aucune crédibilité. » Je fais « Pourquoi ? » « Vous n'avez jamais quitté l'école, vous. » Alors, ce n'est pas totalement faux, parce qu'en vrai, c'est vrai qu'il n'a jamais quitté l'école. Donc, c'est pour ça que je trouve ça très intéressant, parfois, qu'il y ait des intervenants du monde professionnel qui viennent dans les salles de classe pour justement expliquer leur métier, expliquer leur ressenti, ou même des étudiants qui viennent m'expliquer ça. C'est très important parce qu'aux yeux des élèves, ça a plus d'impact. que quand c'est le prof qui le dit.

  • Alexandre

    Et t'as répondu quoi, du quoi, à cet élève ?

  • Timothée

    J'ai longtemps réfléchi.

  • Alexandre

    Le bug.

  • Timothée

    Le bug. C'est pas faux, en vrai. Non, non, mais après, je lui ai dit, alors, c'est pas faux, ce que tu dis, mais j'avais quand même travaillé pendant mes études, donc voilà. Et puis, en vrai, aux yeux des élèves, l'école et le monde professionnel, c'est différent. Alors, c'est vrai, c'est différent. Mais en vrai, on a besoin, l'un a besoin de l'autre. Voilà. Le monde professionnel a besoin d'écoles.

  • Alexandre

    Il y a des connecteurs communs.

  • Timothée

    Donc je pense que c'est vraiment un travail qui doit se faire à deux dans les deux sens. Le monde d'entreprise et l'école.

  • Alexandre

    Tu parlais d'anecdotes, de souvenirs. Est-ce que toi tu as en tête le parcours d'un élève un peu paumé et qui a réussi par X ou Y raison à se révéler, à trouver sa voie, qui aurait grâce à une expérience pu se découvrir ?

  • Timothée

    Alors, c'est pas tout à fait dans ce sens, mais je garde un très bon souvenir d'un élève qui était brillant, vraiment, qui avait des très très bonnes notes. Il a eu son bac avec mention très bien et il voulait devenir boulanger. Voilà, donc en fait, ça n'intéressait pas du tout les études supérieures et il voulait même pas passer le bac. Il voulait partir tout de suite en apprentissage pour devenir boulanger. C'est un CAP ? Pour faire un boulanger, oui. Et ses parents n'ont jamais voulu. Et du coup, il a fait son bac. Et à la fin de son bac, durant toute l'année, on avait dû travailler, travailler, travailler pour que les parents changent d'avis. Je ne comprenais pas pourquoi ses parents ne voulaient pas le laisser faire son CAP. Et il a réussi à faire son CAP. Et je l'ai revu, c'était en septembre, en début d'année. Et il était aux Anges, il était devenu boulanger-pâtissier. Là, il allait faire une spécialisation dans le chocolat. Il était vraiment aux Anges. Et ça fait plaisir de voir que parfois, on se donne à fond pour l'orientation d'un élève, pour prendre en compte ce que lui intéresse, pour parfois, comme on parlait d'influence tout à l'heure, faire en sorte que les parents n'aient pas trop d'influence négative, parce qu'en vrai, il aurait loupé une super vocation.

  • Alexandre

    Est-ce qu'il n'y avait pas un peu de crainte aussi de la part des parents, toujours avec ce discours, de se dire, passe ton bac ou fais des études, un bac plus 2, plus 3, ça sécurise ?

  • Timothée

    Mais bien sûr que si, mais les choses changent aujourd'hui quand même. mais il y a toujours des parents qui hiérarchise les choses. En gros, tu veux réussir dans la vie, tu fais un bac général.

  • Alexandre

    Chirugien que c'est mieux que boulanger.

  • Timothée

    Voilà. Alors qu'en vrai, les choses changent, mais il y a encore du travail à faire là-dessus. Il y a beaucoup de parents qui ne veulent pas que leur enfant fasse un bac professionnel, parce que pour eux, le bac professionnel, c'est quand on est pas... Voilà, on est un peu nul. Voilà. Alors que c'est pas du tout ça. C'est pas du tout le cas. Moi, ce que j'explique aux élèves, c'est qu'on propose trois types de bacs différents, parce qu'il y a plein de façons d'apprendre différentes. Trouvez la vôtre. Trouvez la vôtre. et vous réussirez.

  • Alexandre

    Alexandre, en tant que père de famille, comment tu t'es placé vis-à-vis de cette question-là sur l'éducation de tes enfants, sur leur choix professionnel ?

  • Jonathan

    Moi, je n'ai jamais été très assidu dans les études, donc je vais faire en sorte de ne pas demander à mes enfants ce que tu n'as pas fait toi-même. Moi, j'ai surtout veillé à ce qu'ils soient bien dans leur peau et à ce qu'ils soient équilibrés et ouverts aux autres. Pour moi, j'accorde de l'importance à la communication. C'est important qu'elle soit écrite, orale.

  • Alexandre

    Ça dépasse la carrière professionnelle.

  • Jonathan

    Oui, c'est ça. C'est plus de travailler sur... Et assez rapidement, je n'ai pas été trop inquiet. Je n'ai pas été trop ambitieux pour eux. Heureusement, à la télévision notamment, vous voyez bien, top chef, le meilleur boulanger, la meilleure pâtisserie. On a quand même des métiers d'artisans qui sont valorisés.

  • Alexandre

    Il n'y a pas encore le meilleur brasseur.

  • Jonathan

    Il n'y a pas encore le meilleur brasseur. Ça arrivera peut-être. Mais voilà, donc tout, tout, ce n'est pas que The Voice. Donc, on peut aussi faire rêver les gens avec des métiers, des métiers plus pragmatiques.

  • Alexandre

    Mais toujours avec cette notion de meilleur. Après, c'est des émissions de télé. Donc, il y a l'aspect compétition et c'est ça qui fait vendre aussi. Mais il y a cet aspect de meilleur. Et même si on n'est pas le meilleur, ce n'est pas grave non plus.

  • Jonathan

    C'est ça. On n'est pas le meilleur, mais on peut le devenir et c'est comme l'échec le meilleur vis-à-vis de qui ? c'est ça Il faut croire en soi aussi. Ça peut paraître très généraliste comme propos, mais il faut désacraliser un petit peu tout ça et travailler. Je crois qu'on n'accompagne pas assez nos jeunes sur eux. Il y a un gros travail sur ce qui se passe. Et les jeunes vivent une période qui n'est pas facile. Post-Covid, très traumatisante. La jeunesse aujourd'hui, ce n'est pas facile. Il faut se réinventer tout ça. Il y a aussi beaucoup d'espoir. Et moi, je crois beaucoup aux petites structures artisanales pour accueillir nos jeunes demain.

  • Alexandre

    Tu es bien d'accord ?

  • Timothée

    Je suis d'accord. Et puis, sur l'idée du meilleur, en vrai, je trouve que c'est bien aussi de se challenger et de toujours viser plus haut. Moi, c'est ce que je leur dis. Visez le plus haut possible et comme ça, vous arriverez à atteindre le meilleur de vous-même. Donc, même s'il peut y avoir un peu une idée de compétition, Je trouve que c'est aussi...

  • Jonathan

    Non mais regardez, avant il fallait aller vite. C'est plus la 4G, c'est la 5G, c'est du haut débit, c'est la vitesse. Aujourd'hui, le rêve, le luxe, c'est d'aller doucement. Est-ce que demain, pour nos jeunes, se réapproprier, revivre autrement, c'est pas l'avenir ? Voilà, aujourd'hui, le vrai luxe c'est de prendre son temps. Pourquoi demain les jeunes, le vrai luxe, c'est pas déjà de savoir qui on est, comment s'accepter et de faire vraiment ce qu'on a envie de faire. avoir des objectifs de dingue.

  • Alexandre

    Visez la Lune, au pire vous finirez la tête dans les étoiles.

  • Jonathan

    C'est ça.

  • Alexandre

    Je crois que c'est Oscar Wilde qui disait ça. Très bien. Mais oui, il faut essayer de viser en tout cas ce qu'on veut. Pas le mieux pour les autres, mais ce qu'on veut. Tout à l'heure, je vous ai posé la question des échecs personnels. Du coup, je vais quand même vous faire le pendant inverse. Quelle est à chacun votre plus belle victoire professionnelle ? En tout cas, vous, votre...

  • Timothée

    Il n'y a pas de doute. C'est le même truc. C'est le concours. Vraiment parce qu'on passe le concours après les cinq ans d'études. Donc ça aussi ça a été terrible je trouve. Parce que souvent on fait le concours et on rentre dans l'école. Là on fait cinq ans d'études sans être sûr en fait qu'on y arrivera. Et ouais je me souviens et toujours, je travaillais, le jour des résultats je travaillais. Et c'est une amie qui m'envoie un message félicitations. Donc là, je regarde et je vois que j'ai le concours. Donc vraiment, je me mets à pleurer. J'étais trop content. J'appelle mes parents qui m'avaient soutenu financièrement aussi pendant cinq ans. Et j'ai vraiment, ça y est, on y est. C'était vraiment un très, très beau souvenir.

  • Alexandre

    Alexandre, ta plus belle victoire ?

  • Jonathan

    La plus belle, je ne sais pas, mais enfin une victoire qui a compté pour moi, c'est professionnellement, bien sûr, parce que j'ai participé à la demande de la CCI du Cantal à un trophée mettant en avant les entrepreneurs locaux. Je ne suis pas trop fan de ces trophées-là, mais on m'a dit, allez, tu fais quand même partie de l'écosystème économique, donc ça serait bien que tu participes. J'ai candidaté dans une catégorie, je savais très bien, pour différentes raisons, que je n'aurais pas le prix. parce que je ne remplis pas toutes les cases. Vous savez, dans la vie, il faut toujours remplir toutes les cases pour être élu. Et par contre, il y avait le trophée du public. Et c'est celui que j'aurais voulu avoir et je l'ai eu. Et ça, ça m'a fait plaisir. Parce que la reconnaissance, c'est quand même du travail. C'est quand même quand ce n'est pas les institutions qui vous mettent en avant, mais c'est le consommateur, le client ou le public.

  • Alexandre

    On ne t'aimait pas ce genre de concours, mais finalement...

  • Jonathan

    Ça m'a bien plu quand même. Tu prends une petite médaille au passage, c'est jamais désagréable.

  • Alexandre

    Mais voilà, les petites victoires, il faut aussi les célébrer.

  • Jonathan

    C'est vrai.

  • Alexandre

    Quand on est jeune et qu'on va choisir son orientation, on a tendance à faire des fixettes sur les échecs, mais les victoires, il faut les célébrer.

  • Timothée

    C'est sûr.

  • Alexandre

    Et on oublie. On oublie tout ça.

  • Timothée

    C'est comme les to-do list.

  • Alexandre

    Oui, c'est-à-dire se faire un peu la bucket list de tiens, il faut que je fasse ça, ça, ça, ça dans ma vie.

  • Timothée

    Je pense qu'il faut arrêter de faire des to-do list et plutôt à la fin de la journée, dire ce qu'on a fait. comme ça ça met en valeur ce qu'on a fait plutôt que ce qu'on a passé mais c'est pareil pour les victoires

  • Alexandre

    Ça peut être l'un des premiers conseils qu'on va pouvoir vous donner. Alexandre, la brasserie 360 et ton métier, tu le vois où dans une dizaine d'années ? Est-ce que tu penses que ton orientation professionnelle va encore évoluer ?

  • Jonathan

    Mon orientation professionnelle, je ne pense pas. Mon métier va évoluer, mon secteur d'activité va évoluer aussi. Moi, je me vois toujours petit, en fait. C'est-à-dire que la taille de l'entreprise va toujours compter. C'est quand on aura atteint un certain effectif que je vais me poser des questions. Mais moi, je n'ai pas envie de grossir, de devenir toujours plus gros. Souvent aussi, c'est pareil dans la vie professionnelle. On peut se fixer des objectifs, mais qui ne sont pas forcément des objectifs de taille. Ça peut être des objectifs de durabilité, de qualité.

  • Alexandre

    L'ambition, ce n'est pas forcément que de grandir.

  • Jonathan

    Non, c'est ça, c'est de faire la qualité. Moi, je crois beaucoup à ça, à la qualité. Moi, j'ai la chance, c'est que je n'ai jamais eu une réflexion autour de l'argent. Je ne suis pas motivé par l'argent. Gagner beaucoup, ça ne compte pas pour moi. Par contre, je suis assez sensible à la qualité. Or, la qualité mène au profit. Si on travaille bien, on gagne sa croûte. Donc, c'est ça qu'il faut travailler d'abord, c'est cette notion de qualité. Et puis, on sait que notre métier va évoluer. On parlait de l'IA tout à l'heure. C'est une nouvelle technologie qui arrive, auquel il va falloir s'adapter. Donc, on va forcément travailler différemment demain.

  • Alexandre

    Et toi, Tim, tu te posais la question de savoir un petit peu où tu en seras dans 10 ans, comment ton métier, ta carrière va évoluer. Parce que tu es sur deux tableaux, on le rappelle, professeur de physique chimie en lycée, mais à côté aussi créateur de contenu, et ça marche bien, 1,7 million sur TikTok de tête. Donc voilà, il y a aussi un certain point de notoriété qui rentre en jeu. Est-ce que tu as la sensation que ton métier et toi, professionnellement, tu vas évoluer et peut-être dans dix ans changer du tout au tout ?

  • Timothée

    Évoluer, c'est sûr. Après, où j'en serai dans dix ans ? En vrai, je me dis, si aujourd'hui on me demandait de choisir entre les deux, j'arrêterais les réseaux, je pense. Parce que j'aime vraiment trop enseigner. Et les réseaux, je suis encore plus heureux parce que je parle de mon métier. Et donc, partager mon métier, c'est encore mieux. Mais voilà, je ne suis pas fermé à l'idée de faire autre chose. Et une chose est sûre, et ça, mes amis me l'ont promis. Je leur ai dit, si un jour je deviens le prof aigri, vous me le dites. Et là, j'arrêterai parce que je veux rester passionné. Et si un jour je sens que c'est plus fait pour moi, ou que pareil, le matin je me lève et j'ai plus envie d'y aller, là je ferai autre chose. Mais encore une fois, j'aurai réussi à acquérir plein de compétences, donc on verra ce qui s'offre à moi.

  • Alexandre

    Pareil, on ne peut pas être brasseur et aigri.

  • Jonathan

    Ah non, ça c'est incompréhensible. Là si c'est ça, il faut tout arrêter. Non, c'est tellement un métier passion. Passion pour le produit, passion pour les agriculteurs, toutes les matières premières qui sont utilisées. C'est très vertueux lorsqu'on veut vraiment faire une bière de qualité avec des matières premières de qualité. En parlant des agriculteurs, ça me donne l'occasion aussi de vous parler de la ruralité. Moi, j'ai fait le choix de créer mon entreprise en zone hyper rurale. Moi je crois que c'est pareil, la ruralité est tendance, il faut dire à nos jeunes de regarder aussi, bien sûr on a toujours tendance quand on est jeune de se rapprocher de la ville pour des raisons de loisirs, d'accessibilité au sport, à la culture, mais la campagne offre beaucoup de possibilités, on est fibré, on peut avoir une activité professionnelle à la campagne et pas avoir des sabots de bois.

  • Alexandre

    Et puis surtout il y a énormément de choses à créer.

  • Jonathan

    Oui, c'est ça. Et puis surtout, la campagne, la ruralité est un terrain d'accueil pour les jeunes, parce que souvent, les employeurs sont plus en demande. La possibilité de se loger à moindre coût est là et on cherche des compétences aussi en zone rurale. On l'a vu d'ailleurs pendant la période Covid, les gens se sont réfugiés à la campagne. Mais il y a beaucoup, moi, je pense qu'il y a beaucoup de plus en plus de jeunes qui sont convaincus de ça, de ce retour à la nature.

  • Alexandre

    On va passer un peu à la conclusion de tout ce qu'on vient de se dire, messieurs. avec nos trois conseils. À chaque fois, on demande aux invités de donner trois conseils. Je vais vous demander de donner aux caméras et au micro trois conseils pour que les jeunes, en tout cas ceux qui hésitent à se lancer dans une voie professionnelle, peuvent entendre, peuvent recevoir. Moi, demain, je suis un jeune et je ne sais pas trop ce que je veux faire de ma vie, ou alors j'ai des idées, mais je ne sais pas trop comment m'y prendre et tout. Quels conseils on pourrait lui donner à ce jeune ? Trois conseils chacun. Alexandre, on va commencer.

  • Jonathan

    C'est dur. Moi je crois qu'il faut, un, croire en soi, ça c'est hyper important de croire en soi, être convaincu qu'on peut apporter aux autres, à la boîte, et surtout, il est toujours possible de changer. Il n'y a rien de... Vous voyez, moi à 43 ans, j'ai passé du goudron au blond, d'une société de transport routier à une entreprise artisanale. C'est un grand écart, c'est possible, et je ne suis pas un génie intellectuel, c'est possible à quelqu'un de très pragmatique, donc il faut être à l'aise avec ça et se dire que tout peut changer, et qu'on ne doit pas être cloisonné.

  • Alexandre

    Tim, trois conseils ?

  • Timothée

    Je vais donner des conseils un peu plus scolaires.

  • Alexandre

    Mais il en faut aussi, parce que la plupart des gens qui nous suivent aussi sont des jeunes qui sont en situation encore scolaire, ou en tout cas universitaire peut-être aussi, donc ces conseils sont à prendre.

  • Timothée

    Oui, la première chose, c'est de bien se renseigner, faire des salons, faire des portes ouvertes, ne pas hésiter à demander des gens qui ont déjà l'expérience. Ça, c'est hyper important. Des étudiants, que ce soit des salariés déjà, pour avoir leur ressenti aussi. Parce que lire une fiche technique et demander à un salarié, c'est vraiment deux choses totalement différentes.

  • Alexandre

    On va jouer un peu les darons, mais vous ne savez pas tout. Et nous non plus, on ne sait pas tout d'ailleurs, tous à notre niveau,

  • Timothée

    tous dans notre métier,

  • Alexandre

    on ne sait pas tout, et donc prendre des autres,

  • Timothée

    c'est super important. Quoi en soi, je te reçois, et essayer de se connaître un maximum, de savoir ce qu'on est capable de faire, et de relativiser. C'est important de ne pas se mettre trop la pression, et si on a vraiment un objectif qu'on veut atteindre, quoi qu'il arrive, on l'atteindra.

  • Alexandre

    N'hésitez pas à parler autour de vous et faire... même sans le coucher forcément sur feuille, de manière très professionnelle, mais un petit bilan de compétences. Je sais faire quoi de plus, j'aime faire quoi. Enfin, toutes les questions qu'on s'est déjà posées, en fait. Je ne sais pas d'ailleurs si tu as fait un bilan de compétences à 43 ans, mais...

  • Jonathan

    Non, non, du tout. Dieu sait si la crise de la quarantaine, je l'ai fait, donc j'ai dû poser pas mal de questions et être bien pénible pour pas mal de gens dans mon entourage. Mais non, non, non, il faut se poser ces bonnes questions. Puis ce qu'il faut dire aussi quand même à nos jeunes, c'est qu'il faut travailler. alors ça c'est le côté daron bien chiant mais on passe toujours par le travail, que ce soit le travail scolaire ou le travail professionnel, mais quand on aime ce qu'on fait, on ne travaille jamais vraiment. C'est ça. Quand on a une matière qui nous plaît, à l'école, on bosse bien. C'est bien d'identifier tout ça pour demain, que la charge de travail soit plus qu'un plaisir.

  • Alexandre

    Et quand on est épanoui dans un métier, en tout cas, moi, c'est ma sensation. Par exemple, je parle à mon nom, mais je n'ai pas le sentiment de travailler.

  • Jonathan

    Oui, alors même si dans chaque boulot, il y a toujours une partie de notre tâche qui est plus difficile, mais voilà, c'est ça. En gros, c'est que... Moi, j'ai toujours le plaisir d'aller au boulot le matin et je sais que mes collaborateurs aussi. Et on a le plaisir de se retrouver. Donc ça, c'est bien.

  • Alexandre

    Garder du plaisir, ça, c'est le plus important. Merci à vous pour vos témoignages, votre expérience. Merci beaucoup. Il y a énormément de jeunes qui ne sont peut-être pas encore se reconnaître, mais en tout cas, qui vont prendre des conseils avisés pour leur avenir professionnel. N'oubliez pas, explorez vos options, parlez de votre avenir professionnel, échangez sur ces questions, c'est essentiel. Et c'est pour ça qu'on a fait cette vidéo. aujourd'hui avec ma banque sans filtre. On se retrouve très bientôt pour une nouvelle vidéo. N'hésitez pas à vous abonner, à partager, à liker, commenter. Et moi, je vous dis à la prochaine !

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Description

Dans cet épisode de "Ma Banque Sans Filtre", nous allons aborder le sujet de l'orientation professionnelle avec deux invités qui bousculent les idées reçues !


Découvrez les parcours inspirants de Alexandre Vermeersch, fondateur de la Brasserie 360 dans le Cantal et Timth_c, créateur de contenu sur les réseaux sociaux et professeur de physique chimie. Avec eux, vous allez découvrir comment écouter vos véritables passions et oser tracer votre propre route, sans préjugé.


Ne manquez pas cette rencontre enrichissante !

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La Caisse d’Epargne et de Prévoyance d’Auvergne et du Limousin, Banque coopérative régie par les articles L512-85 et suivants du Code monétaire et financier, Société Anonyme à Directoire et Conseil d’Orientation et de Surveillance – Capital social de 360 000 000 euros – Siège social : 63, rue Montlosier 63000 Clermont-Ferrand – 382 742 013 RCS Clermont-Ferrand – Intermédiaire en assurance immatriculé à l’ORIAS sous le n° 07 006 292 – Titulaire de la carte professionnelle « Transactions sur immeubles et fonds de commerce » n° CPI 6302 2016 000 008 503 délivrée par la CCI du Puy-de-Dôme.


Présentateur: Jod_anim

Réalisation: Riot House


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jonathan

    Salut tout le monde, bienvenue sur ma banque sans filtre pour parler aujourd'hui d'un nouveau sujet dans ce format vidéo et podcast. Un sujet essentiel et qu'on va essayer d'évoquer sans tabou ni préjugé. On va parler orientation et choix de carrière. Deux invités sont avec moi pour m'accompagner et qui ont des parcours assez atypiques et surtout plein de choses à dire au niveau de cette question d'orientation. Je vais commencer par présenter Alexandre Vermerge qui est le patron, le grand chef. Je l'ai vu sur le site internet. de la Brasserie 360. Bonjour Alexandre.

  • Alexandre

    Bonjour à tous.

  • Jonathan

    Merci d'être là avec nous et accompagné aujourd'hui par Tim THC ou alors Timothée, créateur de contenu et prof de physique chimie au lycée. Bonjour Timothée.

  • Timothée

    Salut.

  • Jonathan

    Merci d'être avec nous. Également, des expériences, vous en avez plein à nous partager, j'en suis sûr. Aujourd'hui, vous avez des parcours assez fous. Déjà Alexandre, est-ce qu'on peut expliquer un petit peu ce qu'est la Brasserie 360, une brasserie cantalienne ?

  • Alexandre

    Oui, alors la Brasserie 360, comme son nom indique, c'est... C'est une structure artisanale qui produit de la bière biologique et aussi maintenant des boissons non alcoolisées, des softs, limonade, bientôt un cola et une gamme de thé glacé.

  • Jonathan

    Et pourquoi 360 ?

  • Alexandre

    Alors 360, c'est parce qu'on travaille 360 jours par an. Non, ça c'est parfois vrai dans l'artisanat. C'est surtout parce qu'on est situé à 1000 mètres d'altitude sur les flancs du volcan Cantalien et qu'on a une vue à 360 degrés sur le massif.

  • Jonathan

    Et 360 aussi, je pense que c'est la polyvalence des activités de la brasserie. On peut presque le définir comme ça.

  • Alexandre

    Et puis la circularité aussi de notre réflexion. Voilà, en tout cas, cette sensation d'horizon qui nous plaisait beaucoup.

  • Jonathan

    Alors, je vais y revenir, mais à la base, tu n'es pas brasseur. Et c'est ça qui est intéressant.

  • Alexandre

    Je le suis devenu.

  • Jonathan

    Mais tu es devenu brasseur. Timothée, on l'a dit, professeur de physique chimie au lycée en Auvergne. Et à côté, créateur de contenu. Tu n'aimes pas le mot influenceur.

  • Timothée

    Ouais, plutôt créateur de contenu, parce que je trouve qu'il s'est passé beaucoup de choses avec des influenceurs, et je trouve qu'aujourd'hui, influenceur, c'est un terme qui est un peu péjoratif pour beaucoup. Donc créateur de contenu, c'est ce qu'on aime faire avant tout, c'est vraiment créer du contenu sur les réseaux sociaux, donc c'est ça que je préfère, créateur de contenu.

  • Jonathan

    Mais avant tout, tu restes quand même professeur.

  • Timothée

    Avant tout, professeur, bien sûr.

  • Jonathan

    Voilà, ça dépend comment on se base sur la chose. Alors je vais commencer avec le grand chef de la table. C'est encore une fois, c'est le site de la Brasserie 360 qui te définit comme ça. J'ai juste recopié ce qui est marqué.

  • Alexandre

    Le druide en chef.

  • Jonathan

    Si c'est toi qui as fait le site, du coup c'est un peu prétentieux.

  • Alexandre

    Et non.

  • Jonathan

    À la base, tu ne viens pas du tout de ce milieu-là, tu n'étais pas du tout dans le monde de la brasserie. Tu étais plutôt côté secteur routier.

  • Alexandre

    Voilà. Après 22 ans dans le secteur du transport et de la logistique, et en tant que cadre dirigeant, j'ai décidé de changer de vie. de me réorienter complètement autour d'un métier passion, un métier aussi en lien fort avec le terroir et le territoire. Et j'ai décidé de changer complètement d'orientation et de créer cette brasserie artisanale.

  • Jonathan

    À quel âge du coup ?

  • Alexandre

    À 43 ans, on va dire que j'ai fait une belle grosse crise de la quarantaine. Voilà, j'étais plus très heureux dans mon job pour différentes raisons. J'avais plus cette énergie après 22 ans d'aller au boulot le matin avec passion. Et j'ai connu même sur une période le mal-être au travail. qu'il ne faut pas sous-estimer aujourd'hui, c'est un sujet qui n'est plus tabou. Et je me suis dit, voilà, écoute, Alex, il faut que tu retrouves cette énergie quand le réveil sonne le matin, cette joie d'aller au boulot. Et pour ça, il fallait trouver un métier passion.

  • Jonathan

    Il s'exprimait de quelle manière, ton mal-être ? Ça peut être par quel symptôme ?

  • Alexandre

    Par une forme, ça peut être physique, vraiment une fatigue, une lassitude morale, et puis un manque d'énergie, un manque de créativité, une impatience, une insociabilité aussi, alors que je suis plutôt quelqu'un qui adore les gens. Donc voilà, ça se manifestait par des moins d'envie.

  • Jonathan

    Et quand on est cadre ? Parce que t'étais cadre, du coup.

  • Alexandre

    Quand on est cadre, on est manager, on doit être leader, on doit avoir cette énergie d'amener son équipe avec soi et d'aller en avant. Donc quand on est moins efficace là-dessus, quand on a moins ce rôle de capitaine, il faut se poser des questions et se reconcentrer aussi sur soi.

  • Jonathan

    Du coup, t'es passé par une période de doute, d'hésitation. Est-ce que je dois tout changer, tout plaquer ou continuer quand même et relever la tête ?

  • Alexandre

    Oui, de questionnements importants. Déjà, moi, j'étais cadre dirigeant, donc bien installé dans la vie. J'aurais pu faire le choix de la rémunération. Mais il aurait fallu quitter l'Auvergne, en tout cas le Cantal, pour trouver un job identique dans une structure, dans une PME. Moi, j'ai fait le choix aussi, en quelque part, en créant mon entreprise, j'ai créé mon job. J'ai créé mon poste pour rester sur le territoire, là où je suis heureux de faire grandir mes enfants.

  • Jonathan

    Parce que tu n'as pas tout le loté dans le Cantal ?

  • Alexandre

    Non, moi je suis un immigré, je suis un viking, je suis un gars du Nord, je suis un flamand. J'étais un flamand, mais je suis tombé amoureux du Cantal, de l'Auvergne et d'une cantalienne aussi. Et je suis un ambassadeur pour de ce territoire. On a tous de la chance de vivre ici.

  • Jonathan

    Et alors du coup, tu t'es dit, je vais changer de secteur, du tout au tout. Et je vais me lancer dans le monde de la brasserie.

  • Alexandre

    Alors ça n'a pas été évident tout de suite, la brasserie. J'ai demandé pourquoi. Je me suis dit, qu'est-ce que j'aime ? Qu'est-ce que j'aime dans la vie ? Quelle est ma passion ? La bière. Et bien en fait, c'est vous surtout. Moi, je vous aime. Je vous fais une déclaration, moi j'aime les gens, j'aime ce qui se passe autour d'une table, j'aime la convivialité, le rapport aux autres, le rapport aux produits, parce que je suis un gourmand, je suis un gourmet aussi, donc j'ai hésité, la boucherie, la restauration, les arts de la table, et puis comme je vous le disais, il s'avère que je suis flamand, mon arrière-grand-mère était houblonnière, et je suis entrepreneur aussi, donc j'ai analysé le marché de la bière artisanale, et je me suis dit, il y a quand même une place à prendre ici en Auvergne. Et puis c'est un très beau trait d'union entre mes origines flamandes et mon attachement viscéral à l'Auvergne.

  • Jonathan

    Et tu t'es pas posé des questions en mode, est-ce que j'en suis capable ?

  • Alexandre

    Jamais. Jamais, parce que, non pas que j'ai une haute estime de moi, mais je pense que... Globalement, je me suis dit, voilà, au bout de 22 ans, moi j'ai attaqué tout en bas de l'échelle, j'ai attaqué des ménageurs, pour finir associé dans une structure où j'étais amené à manager 150 personnes, donc je me suis dit, je suis quand même capable. Alors bien sûr il y avait la peur de se rechallenger complètement, de faire un reset complet. Et là je remercie mon entourage, ma famille, parce qu'il a fallu aussi, c'est un vrai projet de vie, de se relancer comme ça, de repartir à zéro parce que la bière, à part quelques belles aptitudes à la dégustation, et là bien sûr en toute modération toujours, la fabriquer je ne savais absolument pas les faire.

  • Jonathan

    Alors on va continuer cette histoire dans quelques instants, parlons un petit peu avec Timothée sur ton parcours. Professeur de physique-chimie en lycée, ça a toujours été une évidence ?

  • Timothée

    Professeur, ça a toujours été une évidence. Et physique-chimie, j'ai choisi en terminale. J'hésitais entre maths et physique.

  • Jonathan

    Parce qu'il est jeune déjà. Il a l'intention de savoir jeune.

  • Timothée

    Dès l'école primaire, je savais que je voulais être... Alors, je disais maîtresse à l'époque parce que j'avais que des maîtresses. Mais j'ai toujours voulu se faire ce métier.

  • Jonathan

    Ok, et pourquoi ? Qu'est-ce qui te séduisait déjà dès tout petit dans l'idée d'être professeur ?

  • Timothée

    Euh... Ben... les maîtresses que j'avais, les profs que j'ai eus après, en fait, ça a toujours été un peu mes modèles. Je me suis toujours senti très bien à l'école. Ce qui est une chance. Oui, ce qui est une chance.

  • Jonathan

    On reparlera d'orientation tout à l'heure et d'école aussi, mais c'est une chance.

  • Timothée

    Et je me suis toujours dit, je veux être comme eux. Et à chaque fois que j'avais l'opportunité d'aider un de mes amis à mieux comprendre quelque chose ou à faire du soutien avec eux, je le faisais toujours. Je me suis toujours inscrit dans les groupes d'aide entre élèves au collège qu'il y avait. Et j'aimais trop ça. J'aimais vraiment partager ce que je savais. Donc ouais, c'était un peu une évidence. Et physique-chimie, j'ai toujours aimé les sciences. Et il y a l'expérience en plus qu'il n'y a pas dans les maths. Donc physique-chimie.

  • Jonathan

    Et cette évidence, elle a toujours émaillé ton parcours tout au long de ton lycée, d'après des années post-bac. et des concours, parce qu'il faut un concours, il me semble, pour être physique chimie en lycée. Ça a toujours été pareil, cette même évidence, il n'y a pas eu de moment d'hésitation ou de « Ah, en fait, ce n'est peut-être pas vraiment ce que j'ai envie de faire dans la vie. »

  • Timothée

    En fait, en terminale, je me suis dit « Ça se trouve, dans cinq ans, je ne voudrais plus. Ça ne m'intéresserait plus. » Donc, j'ai un peu... Je n'ai pas fait un parcours d'études supérieures. classique pour devenir prof tout de suite. J'ai dit, je préfère avoir un bagage au cas où, au bout de deux ans. Donc, je suis passé par un BUT. Et en fait, à la fin des deux ans, j'avais toujours envie d'être prof. Donc, j'ai fait la licence et après, j'ai passé le concours. Mais j'avais toujours focus prof.

  • Jonathan

    Et alors, depuis 2020, tu as décidé de te diversifier un petit peu et de ne pas être juste prof, ce qui est déjà très fort et très compliqué et lourd en termes de charge mentale ou de travail, t'as décidé de te lancer sur Internet et de commencer à créer du contenu. Du coup, c'était quoi la volonté de départ en fait ?

  • Timothée

    Il n'y avait pas vraiment de volonté de départ. Non, en fait, pendant le confinement, il fallait s'occuper. Et j'étais déjà un petit peu sur Instagram et j'avais lancé un concours pendant deux semaines sur Disney. parce que je suis fan de Disney. Et pour m'occuper, voilà...

  • Jonathan

    On ne peut pas le rater, si on va faire un tour sur Insta, on ne peut pas le rater, que t'es fan de Disney.

  • Timothée

    Donc en fait, je postais une photo, une vidéo par jour, et en gros, l'idée, c'était de deviner le Disney. Et à la fin des 15 jours, on est reconfinés à nouveau. Et là, je savais plus quoi faire. Et en fait, c'est mes petites sœurs qui m'ont dit « Mais pourquoi tu fais pas des vidéos sur TikTok ? » Donc je connaissais pas TikTok. Et je télécharge et...

  • Jonathan

    C'est un autre monde.

  • Timothée

    C'est un autre monde. Je regarde des vidéos et je tombais sur des personnes qui parlaient de leur métier et l'impact qu'avait eu le Covid sur leur métier. Et je voyais rien sur les profs. Donc je me suis dit « Bah pourquoi ? Est-ce que je parlerais pas du métier de prof ? » Et j'ai commencé à faire des vidéos comme ça et en fait, ça a plu très vite. Et je me suis jamais arrêté.

  • Jonathan

    C'était à quel moment que tu as eu l'idée, toi Alexandre, de monter la brasserie ? Tu disais à 43 ans, mais c'était il y a du coup combien de temps ?

  • Alexandre

    Je vais bientôt fêter mes 50 ans, donc c'était il y a 7 ans.

  • Jonathan

    Donc juste avant la période Covid.

  • Alexandre

    Voilà, j'ai bien démarré au bon moment là.

  • Jonathan

    Mais ça veut dire que tu as eu l'idée de vouloir tout plaquer et changer avant cette période où tout le monde a eu cette idée-là. Je dis on, je fais une grande généralité, ce qui n'est pas forcément le cas, mais la plupart des gens s'est quand même remis en cause en mode qu'est-ce que je peux faire de ma vie ? et est-ce que je ne changerais pas de vie pour le coup ?

  • Alexandre

    La crise sanitaire a effectivement amené beaucoup de professionnels à se poser des questions. On s'est retourné beaucoup sur le bien-être justement et sur la personne que l'on est et pas uniquement le salarié ou le collaborateur ou le dirigeant qu'on est. Donc oui, c'était en amont.

  • Jonathan

    C'est marrant de se dire que cette période-là, à la base, on ne l'aurait pas définie comme une période de réajustement de l'orientation. Et finalement, on s'est tous posé la question de savoir si on devait se réorienter ou refaire autre chose, faire des choses nouvelles. comme de la création de contenu ? Parce qu'au début, tu parlais là-dessus, Timothée, mais tu te dis pas peut-être au bout de deux semaines, tiens, je vais en faire du quotidien.

  • Timothée

    Ah non, pas du tout. J'avais jamais eu pour vocation, pour le coup, d'être sur les réseaux. J'ai fait ça pendant le confinement pour m'occuper et puis pour faire rire. On avait besoin, à ce moment-là, de penser à autre chose aussi.

  • Jonathan

    Et à quel moment tu comprends que c'est sérieux et que tu vas continuer ?

  • Timothée

    Eh bien, quand... Quand un matin on se lève et qu'on passe de 3000 à 30000 abonnés en une soirée, et qu'une vidéo a fait 3 millions de vues et que les médias t'appellent le lendemain, là on se dit, allez là, il s'est passé quelque chose.

  • Jonathan

    Et ça n'arrive pas à tout le monde. Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas non plus l'Eldorado rêvé.

  • Timothée

    Non, non, non.

  • Jonathan

    Il y a du potentiel les réseaux sociaux,

  • Timothée

    mais c'est pas tout le monde. Bien sûr, il y a du potentiel, mais c'est un vrai métier à part entière, parce que ça demande beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, et c'est un métier H24. Il faut poster tous les jours, il y a le montage, il faut trouver les idées. C'est vraiment... On se rend compte en le faisant que c'est un vrai métier.

  • Jonathan

    Pour toi, aujourd'hui, c'est un métier ?

  • Timothée

    Ah oui, complètement.

  • Jonathan

    Tu en es rémunéré de la création de contenu ?

  • Timothée

    Oui, aussi. Donc, oui, bien sûr, tout temps passé mérite salaire, comme on dit.

  • Jonathan

    Alors, on va continuer un petit peu l'histoire de la Brasserie 360 avant d'arriver vraiment à comment choisir son orientation professionnelle. C'est la question qui nous anime aujourd'hui. Tu démarres la brasserie et tu disais que tu n'y connaissais rien, Alexandre, au début. Comment on met le pied à l'étrier ? Comment on se lance dans un monde, dans un univers, dans un secteur professionnel qu'on ne connaît pas du tout ? Ça démarre par quoi ?

  • Alexandre

    Ça démarre par la recherche de formation, en fait. Par l'acquisition de nouvelles compétences, pour deux raisons.

  • Jonathan

    Donc faire le point déjà des compétences qu'on connaît, qu'on maîtrise et qu'on ne maîtrise pas.

  • Alexandre

    Voilà, savoir d'où l'on vient, où on veut aller. professionnaliser la démarche. Donc moi, je n'avais aucune idée de la manière avec laquelle on fabriquait une bière. Donc je me suis renseigné sur les différentes formations possibles pour accéder à ce métier-là, parce qu'on ne peut pas monter un restaurant si on ne sait pas faire une mayonnaise. Donc il fallait vraiment apprendre avec beaucoup de modestie et se remettre en question là-dessus. Voilà, donc une formation, on va dire, qualifiante, mais non diplômante à Nancy, à l'Institut français de la bière et les malteries. Et ensuite, un diplôme universitaire à La Rochelle. Donc là, une formation diplômante.

  • Jonathan

    T'as voyagé.

  • Alexandre

    Il fallait un peu, avec beaucoup de plaisir d'ailleurs. Donc ça, c'est l'apprentissage théorique. Et puis, j'avais besoin de crédibiliser aussi les banquiers dans ma démarche. Parce que pour lever des fonds, il faut aussi faire voir à l'écosystème économique qu'on est expert dans son domaine et qu'il fallait aller chercher de la compétence. Et puis ensuite, des visites. Beaucoup de visites de brasseries. J'ai fait mon tour de France des brasseries pour aller piquer un peu des idées, regarder ce qui se passait à droite à gauche.

  • Jonathan

    C'est un moment assez cool ?

  • Alexandre

    Ça, c'était le moment découverte génial. Ça, c'était vraiment très, très sympa de prendre son sac à dos et d'aller rencontrer des brasseries. Et puis ensuite, il y a eu la période également tambouille dans mon garage, en achetant une pico-brasserie italienne et en commençant à faire quelques litres de bière à la grande inquiétude de mon entourage, de mes enfants qui me regardent avec des yeux tout ronds en me disant « Papa, tu crois qu'on va gagner de l'argent avec ça ? » Voilà, je faisais 60 litres de bière à la maison le soir.

  • Jonathan

    Et avant de répondre, c'était quoi cette question ?

  • Alexandre

    Alors ça, c'était une très grosse responsabilité. Et là, vraiment, c'était assez angoissant, assez flippant pour moi. Parce que quand vous avez vos gamins qui viennent vous voir comme ça, on se dit, attends, t'es peut-être en train de gérer ton cas à toi, Alex, de mal-être professionnel, mais t'as la responsabilité de la famille derrière.

  • Jonathan

    Et alors justement, toi, tu te positionnais comment par rapport à cette question ? Tu étais sûr et certain que ce business allait marcher, que tu allais gagner de l'argent avec ça ?

  • Alexandre

    Moi, je crois qu'en fait, ça, c'est le propre de l'entrepreneur, du créateur d'entreprise. C'est qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Autant on essaie d'être hyper focus sur son projet, autant si on commence à réfléchir sur est-ce que je vais pouvoir me payer ? Est-ce que je vais pouvoir rembourser ? Je crois qu'il ne vaut mieux pas trop y penser si on veut dormir encore un peu.

  • Jonathan

    Et c'est marrant parce que souvent en entrepreneuriat, on nous dit aussi qu'il faut anticiper les questions et ne pas hésiter à s'en poser, se remettre en cause.

  • Alexandre

    Il faut se poser les bonnes. Mais notamment, on parlait tout à l'heure de la crise sanitaire en école supérieure de commerce jusqu'à ce qu'il y ait une pandémie mondiale et qu'on nous demande de rester confinés. Un budget prévisionnel, je pense qu'on n'avait pas intégré la ligne pandémie. Donc le business plan, si vous voulez, tout est toujours relatif. Il faut rester très sérieux dans ce qu'on fait, mais il faut aussi... garder cette part de déconnexion qui nous permet d'être bien.

  • Jonathan

    Et donc après, le commerce, enfin en tout cas le business, l'entreprise se lance. Comment se passent les premiers pas ? On tâtonne, on cherche ou alors ça décolle directement ?

  • Alexandre

    Une galère énorme des séances. On ne savait pas comment on a reçu les machines. Enfin moi, je n'ai jamais une formation très technique. Une embouteilleuse, une brasseuse, une étiqueteuse. J'ai des séances d'embouteillage qui finissent à 2h du matin. Mais c'est aussi toute l'excitation du démarrage, avec que des petites victoires, qui faisait qu'on ne s'est jamais découragé et qu'on a appris ce métier avec beaucoup d'humidité.

  • Jonathan

    Tu dis « on » parce que tu parles de toi, mais tu parles aussi d'une équipe qui est derrière.

  • Alexandre

    Oui, j'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de belles personnes, et notamment aujourd'hui, l'équipe, la Team 360, c'est un peu comme ça que je l'appelle. C'était aussi la volonté de créer une TPE, une toute très petite entreprise, on y reviendra peut-être, c'est le partage des valeurs et le lien qu'on a avec les collaborateurs qui sont très forts. Aujourd'hui, ce management très partagé, une vision plus moderne et plus participative de l'entreprise.

  • Jonathan

    Tim, à côté du métier de professeur, il y a cette création de contenu qui se lance. À partir du moment où ça y est, tu commences à toucher tes premières billes, à toucher tes premiers billets. grâce à la création de contenu et tu commences à te rémunérer. Est-ce que déjà, tu prends conscience que là, ça y est, tu passes dans une autre sphère ?

  • Timothée

    Oui, oui, oui, bien sûr. Alors après, c'était moins compliqué parce que j'ai pas...

  • Jonathan

    T'avais une assise derrière ?

  • Timothée

    Ouais, mon métier principal, c'est mon métier de prof, donc j'avais pas assez de stress. Mais ça met toujours du beurre dans les épinards. Et oui, c'est vrai qu'on se dit, ah, ok. il y a quand même moyen de gagner de l'argent, si on respecte certains critères et tout. Pourquoi pas continuer à faire ce qu'on aime, mais en étant rémunéré en même temps. Et en vrai, c'est très bien parce que ça permet vraiment... Enfin, moi, je sais qu'avec cet argent-là, je peux acheter plein de trucs pour faire cours, en fait. Alors, c'est bizarre dit comme ça, mais j'aime trop faire des escape games. Et j'aime vraiment faire le truc à fond, en classe. Donc vraiment, j'achète plein de décos et tout. Et c'est trop bien parce que je peux me permettre tout ça. Sans avoir finalement à mettre l'argent de ma poche vraiment. Donc en vrai, pour ça, c'est cool.

  • Jonathan

    C'est plutôt confort. Et du coup, quand tu gagnes ces premiers billets, ces premières rémunérations, tu commences à te dire qu'il va falloir aussi, entre guillemets, que tu te construises un modèle économique pour mieux gérer ce qui commence à devenir un second métier, une entreprise.

  • Timothée

    Je n'ai jamais vraiment considéré comme ça, parce que... Parce qu'en fait, j'ai toujours considéré que c'était un bonus. Donc, si demain, je venais à ne plus gagner d'argent sur les réseaux sociaux, ça ne me changerait pas grand-chose. Je serais juste un peu déçu parce que je ferais peut-être un peu moins de shopping. Mais voilà, sinon...

  • Jonathan

    On parlait de la brasserie tout à l'heure, Alexandre, une brasserie 360. Et on a commencé à dire que c'était peut-être aussi le mot pour qualifier le principe de la brasserie, de toucher à plein de choses, d'être polyvalent. parce que... Il y a la bière, mais il n'y a pas que la bière. Il y a tout un tas d'activités à côté, plein de choses que vous organisez, d'événements. C'est primordial aujourd'hui quand on est entrepreneur et quand on crée un peu son emploi, son orientation, de réfléchir à une polyvalence, ce qui est une nouvelle manière, et ça c'est une question que je vais aussi poser à tous les deux, une nouvelle manière de concevoir son avenir professionnel.

  • Alexandre

    Waouh, là il y a de la question. Ah bah,

  • Jonathan

    il ne fallait pas donner ce nom-là à la brasserie.

  • Alexandre

    Oui, je crois que cette polyvalence, alors déjà, elle est inhérente aux petites structures. C'est ce qui fait d'ailleurs tout l'intérêt des petites entreprises artisanales. C'est qu'on fait dix métiers dans la même journée. Donc on ne s'ennuie jamais. Et surtout, quand on va s'entourer des collaborateurs. chacun va amener sa compétence sur tel et tel domaine. Donc c'est vrai que c'est important d'avoir quelque chose de très collaboratif. Alors c'est aussi la réflexion 360, c'est aussi la réflexion par rapport à la circularité, par rapport à l'environnement et l'écosystème dans lequel on évolue, ça c'est très important. Mais c'est vrai que la polyvalence aujourd'hui est fondamentale.

  • Jonathan

    pour redévelopper son business, mais peut-être aussi pour se sentir mieux. Tu parlais de la question du bien-être, que tu n'avais plus en tout cas dans ton travail avant. Peut-être que c'est en ne faisant jamais la même chose ?

  • Alexandre

    Oui, c'est sûr qu'aujourd'hui, c'est ne pas se sentir cloisonné dans un poste, dans une fonction. Quelque chose de très transversal. Je pense que l'hyper spécialisation, alors il faut des experts. Chacun peut être expert dans son domaine. Personnellement, j'étais en recherche de... plus de polyvalence quoi.

  • Jonathan

    T'en penses quoi toi Timothée, t'es un peu de cette question ? Déjà dans ton métier de professeur, est-ce qu'il y a moyen d'avoir je sais pas une plus grande liberté polyvalence, d'envisager le métier autrement ?

  • Timothée

    Oui bah déjà en vrai quand on est prof on fait plein de métiers en même temps. Certes on enseigne notre matière mais on fait aussi beaucoup de social, de la psychologie, enfin voilà. Un peu de police. Un peu de police. Non c'est un métier qui est très riche et très enrichissant et d'ailleurs s'il y a des profs qui regardent cette... cette interview, cette vidéo. En fait, quand on est prof, on a plein de compétences. Et parfois, j'entends des profs dire « Franchement, j'aimerais bien changer, mais je ne sais pas quoi faire. J'ai l'impression que je ne pourrais rien faire d'autre à part être prof. » Mais en fait, pas du tout. On a vraiment plein de compétences. Et moi, j'ai vraiment... Au début, quand j'ai commencé sur les réseaux sociaux, je me suis rendu compte que j'étais plutôt à l'aise sur certaines choses. Et je suis sûr que c'est parce que j'avais réussi à développer ces compétences grâce à mon métier.

  • Jonathan

    S'il y a des profs qui nous suivent, n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaire, votre expérience, ça fera un plaisir de vous lire.

  • Timothée

    C'est vraiment un métier qui est très riche.

  • Jonathan

    Et qui est pluriel, qui permet de...

  • Timothée

    Et sur les réseaux, pareil. Moi je sais que depuis que je fais des vidéos, il y a beaucoup de points que j'ai pu développer. Ma rigueur, ma créativité, tout ça c'est vraiment des compétences que j'ai bien réussi à développer.

  • Jonathan

    La créativité, c'est celle que tu as le plus développée depuis que tu t'es mis sur les réseaux ?

  • Timothée

    Oui, vraiment. C'est vrai qu'on pense tout le temps. Déjà, quand on est prof, on pense tout le temps. Et là, on pense tout le temps autrement. Et moi, j'ai toujours aimé ce côté un peu créatif. Et ça m'a même aidé dans mon métier de prof aussi. C'est-à-dire que je fais encore plus de choses parce que j'avais eu l'idée de faire ça sur les réseaux. Et du coup, je me dis, ça peut être pas mal si je le fais en classe. Et en vrai, je trouve que ça se combine très bien. Et on n'a pas le temps de s'ennuyer.

  • Jonathan

    Tiens, même question Alexandre.

  • Alexandre

    Je veux rebondir sur les propos de Timothée, parce que la créativité, c'est vraiment quelque chose qui nous unit, qui unit nos propos. Parce que la créativité, c'est valable pour le dirigeant d'entreprise aussi, pour le créateur. C'est ce qui va nous donner cette énergie, c'est ce qui va nous donner ces bonnes ondes. Et je crois que c'est ça, la créativité. Pourquoi tu as choisi, Timothée, de lancer ton activité pendant le confinement ? C'est parce qu'on avait du temps. On a réfléchi et c'est là où on a été finalement créatifs. Et sur les réseaux, on n'a jamais vu autant de vidéos. humoristique, mais la créativité était là.

  • Jonathan

    C'était soit ça, soit faire du pain.

  • Alexandre

    C'était là où on était vraiment... Ou du bricolage avec des tutos, mais bon voilà. Mais en tout cas, on a vu tellement de choses émerger à ce moment-là et la créativité, c'est hyper important de nos jours.

  • Jonathan

    Mais il faut du temps.

  • Timothée

    Il faut du temps.

  • Alexandre

    Il faut du temps, on en a de moins en moins, on le voit bien. Toutes les journées de tout le monde sont bien pleines, mais il faut s'accorder ce temps-là pour être créatif.

  • Jonathan

    Alexandre et Timothée, chaque année, on a plus de 2 millions de collégiens ou lycéens qui ont un choix à faire. qui ont un choix d'orientation à faire, soit pour arriver dans un nouveau lycée, soit pour arriver en post-bac et dans une nouvelle université, ou avoir directement un métier. Tim, tu es suivi par énormément de jeunes sur les réseaux sociaux. Qu'est-ce que tu dirais à ceux qui pourraient hésiter entre plusieurs chemins à prendre, ceux qui ne savent pas trop quoi faire ? Est-ce que tu aurais un premier conseil à leur donner ?

  • Timothée

    Souvent, ce que je leur dis, c'est de relativiser. ils vont pas faire le choix de leur vie. Alors, bien sûr que c'est important, mais ils vont choisir des études post-bac, ils font une année, ils se rendent compte que c'est pas pour eux. Bah c'est pas grave, ils changent. Voilà, y'a rien qui est gravé dans le marbre. Je pense qu'on est des très bons exemples. Qu'en fait, on peut très bien faire des études et puis en fait faire un métier qui n'avait pas forcément à voir avec nos études de base. Donc voilà, il faut vraiment relativiser. Essayez de ne pas trop stresser parce que c'est malheureusement une période qui est assez stressante. Parce qu'on nous le vend comme ça aussi.

  • Jonathan

    En mode, sinon vous allez trop rater quoi.

  • Timothée

    Vous allez rater votre vie si vous ne faites pas ça. Non, puis Parcoursup, on l'entend beaucoup. pas qu'un bien. Donc c'est vrai que même pour les parents, c'est une période qui est assez stressante. En fait, il faut vraiment relativiser. Et voilà, on fait des choix. Alors il y a des choix qui vont être plus sélectifs que d'autres, mais si on met au moins un choix non sélectif, on est sûr de ne pas se retrouver sans rien l'année d'après. Presque sûr.

  • Jonathan

    Ouais. Alexandre, quand t'étais plus jeune, on te vendait...

  • Alexandre

    Ah bah oui, ça commence.

  • Jonathan

    On demandait le même discours en mode tu rates ta vie si tu ne fais pas le bon choix ?

  • Alexandre

    Oui, on nous mettait cette forme de pression un peu quand même. Moi je trouve qu'il fallait trouver la bonne case. C'est vrai que ce n'est pas facile quand on a 15, 16, 17 ans de savoir ce qu'on va faire demain. Je crois qu'il faut déjà vraiment dire aux jeunes de se détendre par rapport à ça et qu'il n'y a pas vraiment de ligne directrice. Il faut qu'on sache vraiment ce qu'on aime faire. Est-ce que je veux travailler seul, en équipe, à l'intérieur, en extérieur ? Poser déjà ces questions très basiques, dans un bureau ou sur le terrain. Me déplacer ou pas ? Est-ce que j'aime parler aux gens ou pas ? Poser ces questions alimentaires.

  • Jonathan

    Et posez-vous aussi la question, qu'est-ce que je sais faire ? On sait tous faire des choses, et souvent on a des jeunes, et peut-être que Tim tu confirmeras, qui disent « moi je sais rien faire » .

  • Timothée

    Ah oui, oui. Je trouve qu'on parlait de la pandémie, mais ça a aussi beaucoup joué sur la confiance qu'ont les élèves en eux. Et ça, c'est aussi un sacré travail à faire parce qu'il y a beaucoup d'élèves aujourd'hui qui n'ont pas assez confiance en eux et la moindre difficulté va les faire redescendre.

  • Jonathan

    Je t'ai coupé du coup Alexandre, tu disais il y a ces questions alimentaires à se poser et en fait à partir de là...

  • Alexandre

    Oui, alors pour parler de mon cas très précis, moi au-delà de ma passion pour les gens et la gourmandise, j'aime aussi beaucoup la nature et je voulais travailler... Je voulais faire les eaux et forer, je voulais travailler au plus proche de la tueur. Or, il fallait passer par des filières scientifiques et j'étais vraiment nul en maths physique. Donc, je n'ai pas pu faire mon métier passion à l'époque. Et je suis allé au CIO, au centre d'orientation à l'époque, en disant je ne peux pas faire le métier passion. Donc, dites-moi maintenant, je veux un métier débouché. Demain, ça embauche dans quoi ? À l'époque, c'était la logistique. Il y a toujours un secteur comme ça. Et j'ai fait un peu par défaut. un IUT en gestion logistique et transport, il s'avère que ça m'a beaucoup plu. Vous voyez comme quoi il n'y a pas de préconçus. Cette formation m'a vraiment plu. Et finalement, je me suis retrouvé dans le secteur du transport routier alors que je voulais travailler au plus près de la nature. Et du coup,

  • Jonathan

    tu es revenu à la nature aujourd'hui.

  • Alexandre

    Je suis revenu à la nature.

  • Jonathan

    Parce qu'on appelle la brasserie et localisée à Saint-Martin-Valmeroux, qui n'est pas la plus grande ville de France.

  • Alexandre

    Ah non, on est en zone hyper rurale. Moi d'ailleurs, je suis un ambassadeur de cette ruralité. Moi je pense que plus que jamais la ruralité est tendance, notamment en termes de créativité, en termes d'emploi. Mais jamais un seul instant j'aurais imaginé changer d'orientation professionnelle à 43 ans. J'avais une vision très japonaise de la carrière. Moi j'étais fidèle, j'ai fait qu'une entreprise auparavant.

  • Jonathan

    On reste dans la meilleure entreprise toute la vie.

  • Alexandre

    C'est ça, on fait sa carrière, on évolue, etc. Ça je pense que ça change et ça fait du bien d'ailleurs de changer.

  • Jonathan

    Et alors toi s'il y a bien un conseil que tu peux donner c'est qu'on peut changer pour le coup à tout âge et quand on est jeune en plus on n'a pas entre guillemets cette pression de on doit nourrir sa famille.

  • Alexandre

    Oui il y a ça, il y a le côté un peu moins alimentaire. Alors après il faut faire attention, il ne faut pas changer trop non plus, il ne faut pas papillonner en permanence parce que là ça passe. Mais en tout cas il faut se dire qu'on peut changer effectivement d'orientation et je crois que c'est même bien, il y a des grandes entreprises comme Michelin. qui gèrent les carrières de leurs collaborateurs justement en leur faisant changer de poste pour justement se chahuter un peu, se re-challenger et c'est plus épanouissant pour chacun et je pense que c'est plus productif pour l'entreprise.

  • Jonathan

    Timothée, est-ce que c'est grave de papillonner quand on a 16, 17, 18 ans ?

  • Timothée

    Non, au contraire, on se pose toutes les questions en vrai. Donc c'est important. Mais oui, ce que je voulais dire aussi c'est que parfois on peut... peut avoir des difficultés dans certaines matières qui vont nous empêcher, par exemple, d'accéder à un parcours. Mais en fait, il y a plein de chemins différents pour accéder à un même métier.

  • Jonathan

    Ah, il faut les connaître, ces chemins ?

  • Timothée

    Il faut les connaître.

  • Jonathan

    On n'a pas tous les panneaux,

  • Timothée

    quoi. On n'a pas tous les panneaux, mais c'est pour ça que c'est important de se renseigner pour savoir comment faire. Parce que, si je prends un exemple, je ne sais pas, si je prends médecine, par exemple, on pense tout de suite à un parcours classique, fac de médecine. En réalité, il n'y a pas que ça. Il y a aussi des passerelles qui existent. pour intégrer les études de médecine. Donc parfois, en fonction des...

  • Jonathan

    des capacités qu'on peut avoir, des facilités dans certaines matières plutôt que d'autres, mieux vaut passer par un chemin qu'un autre. Mais à la fin, on peut quand même arriver à un métier qui nous plaît. Et je pense que ça aussi, c'est important. Dans sa liste de ce que je sais faire, ce que je ne sais pas faire, il faut aussi mettre à côté qu'est-ce que j'aime faire. C'est important aussi. Qu'est-ce que j'ai envie d'apprendre ? Qu'est-ce que j'ai envie d'apprendre ? Je pense qu'il y a un côté passion. Il faut être épanoui au maximum. Et ne pas faire ce métier ou ne pas faire ces études parce qu'on m'a dit que.

  • Alexandre

    Est-ce qu'on s'écoute assez soi-même ? Est-ce qu'on a cette petite voix intérieure qui nous dit « Ouais, tu devrais faire ça » ou « T'aimerais bien faire ça » ? Est-ce qu'on se l'écoute assez, cette petite voix intérieure ?

  • Timothée

    Moi, je pense pas. C'est pour ça que j'aime bien que Tim dise qu'il n'est pas influenceur. Faut pas trop se laisser influencer. En tout cas, je pense que ça change, les codes changent, mais moi en ce qui me concerne, on était un peu dans des systèmes, on écoutait ses parents, où il faut faire ça parce que dans la famille on fait ça, et puis c'est pas forcément... Je crois qu'il faut se considérer justement qui on est, et parce que dans une entreprise, qu'elle soit grande ou petite, c'est la personne qu'on est avec les capacités qu'on va dégager qui font qu'on va s'épanouir, on va être heureux dans son job, mais on va être aussi très productif pour la boîte.

  • Alexandre

    Pour 91% des jeunes, l'orientation professionnelle est un sujet important. On se rend bien compte à quel point ça les impacte dans leur vie, c'est déterminant. Et il y a même 69% d'entre eux, chez eux, ça suscite du stress. Le mot est fort quand même. Il y a du stress pour quasiment 7 jeunes sur 10. Oui,

  • Jonathan

    mais ça se ressent en classe. À partir de janvier... Les visages changent. Oui, les visages changent. On sent que ça leur met un coup de pression. Et puis en plus, en terminale, tout arrive pour eux. Il y a le bac. qui s'approche. Non, mais c'est important parce qu'il y a aussi le climat de la société qui va avoir un impact aussi sur ce stress parce que en ce moment, quand on parle du monde professionnel, c'est pas forcément... Je trouve qu'il n'y a rien qui rassure aussi. Et donc tout ça, ça les fait stresser.

  • Alexandre

    Les jeunes t'en parlent justement, Claire, de « je vois pas trop ce que je peux faire dans la vie » parce que de toute façon, je mets vraiment des guillemets sur l'expression, mais tout est pourri.

  • Jonathan

    Oui, ils en parlent. Et c'est ça qui les bloque aussi, parce qu'ils vont avoir des idées. En se disant « j'aurais bien aimé faire ça, pourquoi pas ? » « Ah ouais, mais non, parce qu'en fait, ça n'en bouge plus. » Donc oui, bien sûr, ils en parlent beaucoup entre eux. Et il y a des réflexions qui sortent comme ça des fois en classe. Donc ça permet de... d'en discuter aussi.

  • Alexandre

    J'ai l'impression que tous ces sujets, ça en soulève un autre, c'est la notion d'échec, qu'en gros, on n'a pas le droit d'échouer et que si on rate son bac, ou si on se trompe dans notre avenir professionnel, ou si on fait couler une entreprise, entre guillemets, on n'est que dans l'échec et qu'on ne considère pas l'échec comme une expérience, mais comme quelque chose d'absolument négatif. Qu'est-ce que vous en pensez, vous, sur cette notion d'échec et comment aujourd'hui on en parle ou on la traite, Alexandre, parce que quand on est entrepreneur la notion d'échec on l'envisage

  • Timothée

    Alors oui, mais on échoue par rapport à quoi ? C'est ça. Par rapport à ça, c'est toujours par rapport à des objectifs, par rapport... Moi, là, je veux mettre tout le monde à l'aise. Enfin, je veux dire, moi, je n'ai pas fait des grandes études. Je suis souvent entouré dans le milieu professionnel de dirigeants de société, artisans, ou même des patrons de très belles PME qui n'ont pas des niveaux scolaires de fou. Ce sont des autodidactes, des gens pragmatiques. On peut... Moi j'ai deux enfants, j'ai mon fils aîné, longtemps à l'école, dans le cursus primaire. Voilà, Louis, ça va être compliqué pour Louis. Et puis Louis aujourd'hui, il est en Master 1, il a suivi une carrière, un cursus scolaire par le biais de l'alternance. Et ça, on y reviendra peut-être, mais je suis vraiment... J'accorde beaucoup d'importance à la filière professionnelle et notamment à l'alternance. entre guillemets un gamin qui était plutôt avoué à demain ne pas faire de grandes études, parce qu'il a trouvé sa voie et parce qu'il a compris quelles étaient ses capacités aujourd'hui a suivi. Donc faut pas trop se mettre le stress, c'est vrai qu'on est déjà tout ça est assez anxiogène pour les jeunes et Parcoursup c'est pas non plus le site le plus intuitif, le plus ergonomique qu'on ait en plus pour assurer les jeunes.

  • Alexandre

    Alors moi j'ai raté Parcoursup, je suis trop vieux pour ça déjà. Mais de ce que j'en entends, c'est compliqué, quoi.

  • Timothée

    Oui, je pense que pire, c'est le site des impôts, après. Donc, on ne doit pas...

  • Jonathan

    Non, mais après, en vrai, c'est difficile parce qu'il y a quand même de plus en plus d'étudiants. Il n'y a pas forcément l'offre qui répond à la demande. Donc, c'est ce que j'essaye de dire aux élèves le plus tôt possible, c'est que... Quand ils arrivent Parcoursup, ils sont en concurrence avec les élèves de la France entière. Donc il faut vraiment qu'ils mettent toutes les chances de leur côté pour réussir au mieux d'avoir un de leurs voeux une fois que c'est fait.

  • Alexandre

    Mais ils sont en concurrence. Ce mot-là, il est terrible. C'est une pétition géante.

  • Jonathan

    Il est terrible,

  • Timothée

    mais il faut classer. C'est la vérité. C'est la vérité. C'est la tente.

  • Jonathan

    C'est vrai que c'est terrible. Après,

  • Alexandre

    est-ce qu'il y a une meilleure méthode ? J'en sais rien. Je ne suis pas dans l'éducation nationale.

  • Jonathan

    Je ne suis pas dans... C'est là que c'est compliqué.

  • Alexandre

    C'est compliqué et ils essaient de faire au mieux. Mais c'est une compétition géante,

  • Jonathan

    le stress est rare. C'est ce que je leur dis, il n'y a pas de stress à avoir s'ils ont des super bulletins.

  • Alexandre

    Et les bulletins, ce n'est pas que les notes.

  • Jonathan

    Et les bulletins, ce n'est pas que les notes. Il y a des filières qui sont non sélectives, mais encore, ça existe. J'espère qu'on l'aura le plus longtemps possible. Donc voilà, pas de stress. Mais pour les filières sélectives, c'est plus compliqué. Mais voilà. C'est ce que j'ai dit tout à l'heure, il y a plusieurs chemins possibles et même s'ils n'arrivent pas à avoir l'école qu'ils voulaient absolument, ils pourront toujours soit y retourner d'une autre façon ou faire le métier en question.

  • Alexandre

    Dans ta classe, les jeunes, ils ont le droit d'échouer ?

  • Jonathan

    Bien sûr. J'espère même qu'ils vont échouer parce que c'est comme ça qu'on apprend le mieux. Quand un élève fait une erreur, je sais qu'il ne la refera plus.

  • Alexandre

    C'est quoi à chacun votre plus gros échec, en tout cas qui vous a servi pour la suite ? où vous vous êtes appuyé sur cet échec pour peut-être construire votre expérience, votre vécu, votre carrière. Alexandre, est-ce que tu as une idée d'échec qui est en tête ? Ah, là, je suis en situation inconfortable.

  • Timothée

    Oui, là, ce n'est pas facile.

  • Alexandre

    Est-ce que tu as vécu ton précédent emploi et la fin qui était sans épanouissement, avec difficulté, comme un échec ?

  • Timothée

    Oui, en fait, c'est ça. Parce que quand on se pose des questions et qu'on veut quitter son... Son boulot, on se dit, c'est 50-50. C'est un peu comme dans un divorce. C'est jamais totalement la faute de l'autre. Il y a toujours sa part de responsabilité. Donc on se dit, tiens, oui, j'ai échoué sûrement sur tel ou tel point. Ce qui amène la remise en question, comme disait Timothée, le fait de tomber, ça permet de se relever. C'est important de se nourrir de ces échecs-là. Il ne faut pas se décourager. Ça, c'est important aussi. Rien n'est facile aujourd'hui. On ne part pas non plus tous avec les mêmes clés au départ. Il faut vraiment avoir un discours très positif. Et moi, aujourd'hui, je pense que ce n'est pas facile d'être jeune aujourd'hui. Il faut s'accrocher.

  • Alexandre

    On peut gagner des clés au fur et à mesure.

  • Timothée

    On n'a jamais eu autant de boîtes d'outils partout.

  • Alexandre

    Là, il n'y a pas de voyages. À chaque épreuve,

  • Timothée

    il y a des clés. C'est ça. Il y a une chose qui est importante, c'est la capacité à communiquer. Il faut communiquer parce que quand on communique, on peut aller chercher l'info. Et quand on va aller chercher l'info, on va se sortir de l'ornière.

  • Alexandre

    Tu as déjà vécu un échec ou pas ? Qui t'a aidé ?

  • Jonathan

    Mon ex.

  • Timothée

    J'allais dire aussi, si on avait parlé des râteaux, là j'en avais une bonne. Oui, il y a beaucoup.

  • Jonathan

    Tu parlais du concours pour devenir prof. J'ai réussi à l'avoir du premier coup. Mais par contre, on avait fait un concours blanc que j'avais complètement raté. Et alors là, c'était compliqué parce que c'était vraiment trois mois avant le vrai. Ouais,

  • Alexandre

    c'est la dernière ligne droite.

  • Jonathan

    Et quand j'ai raté, vraiment, on a passé deux écrits et j'ai eu un 4 sur 20, un de tes écrits. Je me suis dit, à trois mois du concours, j'ai eu de l'angoisse.

  • Alexandre

    Et t'as l'impression de faire sa dernière ligne droite sur une seule jambe, quoi.

  • Jonathan

    Ah ouais, c'était vraiment... Non mais ça va être impossible. Et en fait, c'était une super promo.

  • Alexandre

    donc on s'est vraiment tous encouragés et voilà je me suis pas laissé abattre et j'ai bien fait tu parlais de communication il ya quelques instants alexandre j'adore ce mot le mot de la communication à quel point ça ça t'a aidé dans ton parcours de

  • Timothée

    communiquer d'échanger et notamment pour monter cette nouvelle activité alors je pense déjà c'est génétique enfin la communication c'est tellement large Je pense qu'on n'a jamais eu autant d'outils pour communiquer et pourtant on n'a jamais aussi peu communiqué entre nous.

  • Alexandre

    Ou aussi mal.

  • Timothée

    Aussi mal, voilà. Donc je crois qu'il faut déjà avoir ce rapport aux autres, c'est l'empathie, c'est cette envie de discuter avec les gens qui est importante. On l'a ou on l'a pas ça, c'est génétique. Mais la communication, aujourd'hui c'est important déjà pour le business parce que... On le voit bien, si on est autour de cette table aujourd'hui, tout le monde, on a besoin de communiquer, mais on a surtout besoin d'échanger. La communication, c'est important, mais on ne fait pas tout passer par la com. C'est l'échange, c'est la rencontre, c'est le partage. Et surtout le partage des valeurs, c'est les valeurs qui comptent aujourd'hui.

  • Alexandre

    Est-ce que dans ton cas, ça a pu prédéterminer ton changement de carrière ? De communiquer, d'échanger ?

  • Timothée

    Ah oui, c'était évident. Il fallait que je fasse un métier autour de... La production de bière, c'est un métier qui est tellement convivial. Je veux dire, c'est facile. C'est plus facile qu'un métier technique. Moi, je suis artisan brasseur, je suis fournisseur de bonne humeur. Donc, je dois aussi avoir ce côté très rapport aux autres.

  • Alexandre

    prenant une sorte de bonne humeur, on pourrait qualifier un peu ce que tu fais sur les réseaux de la même manière.

  • Jonathan

    Oui, et puis même en tant que prof, je pense que quand on veut devenir prof, il faut aussi avoir ce côté très social, on aime être avec les autres, on aime partager avec les autres, c'est aussi important. Et moi, jamais j'aurais pu travailler dans un bureau pendant 35 heures, par exemple. J'ai besoin aussi du contact.

  • Timothée

    Et puis la passion.

  • Jonathan

    C'est la passion.

  • Timothée

    J'ai un ami, son fils, il est nul à l'école, c'est une expression triviale, mais il est passionné de pêche. Il a des difficultés.

  • Alexandre

    Là c'est le prof qui reprend.

  • Timothée

    Il adore la pêche, la pêche à la ligne, la pêche au carnassier. Mais il est en train, parce qu'il est passionné, il a été repéré par des influenceurs, pour utiliser ce nom-là. Il progresse, il est connu dans son secteur et je suis persuadé que demain, il va faire de cette passion un vrai métier. Il commence déjà à gagner de l'argent avec cette passion. c'est la passion qui doit animer et quand on est passionné généralement on devient expert dans son domaine

  • Alexandre

    Est-ce que le fait de faire de la création de contenu sur le web ça a influencé ton métier de prof en gros est-ce que diversifier les activités ça apporte un atout un avantage indéniable dans la manière de concevoir sa carrière professionnelle

  • Jonathan

    C'est sûr et puis en plus ce que je fais sur les réseaux sociaux en général quand je parle de mes cours ... Je le faisais déjà en cours avant et je trouve ça génial de le partager. Mais comme je l'ai dit tout à l'heure, ça m'a poussé encore plus loin dans ma créativité. Et puis, il ne faut pas se mentir, les réseaux sociaux, je sais très bien que c'est surtout les ados qui vont être dessus. Donc, ça me permet, moi aussi, de toujours rester dans le coup. Non, mais de savoir ce qu'ils regardent, savoir quelles sont les tendances.

  • Alexandre

    Parce que mineurien, on prend de l'âge.

  • Timothée

    Je vous confirme.

  • Jonathan

    Quand on est au contact d'un public,

  • Alexandre

    il faut avoir cette notion-là aussi, il faut rester avec les tendances, le coup,

  • Jonathan

    on peut la reprendre. Ça va bientôt faire dix ans que j'enseigne, mais juste des fois, d'une année sur l'autre, on a l'impression que on se rend compte qu'on a vieilli. Donc les réseaux sociaux, c'est vrai que ça permet vraiment de rester tendance et de savoir ce que vont regarder les élèves, ce qui va les intéresser. Et ça, quand on choisit un contexte dans un TP ou quoi, c'est super pratique. Et en plus, ça permet de donner des contextes qui vont plaire aux élèves.

  • Alexandre

    Ça vous sert les réseaux sociaux à la brasserie aujourd'hui ?

  • Timothée

    Oui, énormément. On ne peut pas passer outre. Parce que la production de bière et de soft, c'est une fabrication populaire, générale, grand public. Donc il nous faut des réseaux sociaux. Purement, on va dire... Pour le marketing, mais pas que. C'est aussi, une fois de plus, pour le partage des valeurs, c'est de faire passer des messages, savoir qui on est, quelles sont les valeurs fortes de l'entreprise. C'est important.

  • Alexandre

    Ça va être quoi, par exemple, tu parles beaucoup de valeurs depuis tout à l'heure, les trois valeurs de ton entreprise ?

  • Timothée

    Alors, moi, elles sont indissociables. C'est l'homme, le terroir et le produit.

  • Alexandre

    Et les mettre tous ensemble ?

  • Timothée

    Et les mettre tous ensemble, donc ça c'est pour résumer à trois valeurs. Mais ce qui est important, c'est l'approche très environnementale de notre démarche. C'est surtout donner du sens, le faire avec les acteurs locaux, le circuit court. Tout ça, c'est des choses qui sont importantes. Et le partage de valeurs, c'est important. Pardon ? Pardon ?

  • Alexandre

    Donc le partage des valeurs, important. Et prof en trois valeurs.

  • Jonathan

    Prof en trois valeurs ? Le partage, la passion et l'envie de rendre le monde meilleur, je pense aussi. Parce qu'en vrai, on a une vraie responsabilité dans le monde de demain. Et pouvoir apporter sa petite touche personnelle, c'est bien aussi. On se sent utile tous les matins en se levant.

  • Alexandre

    Alexandre a pu dire les mêmes, j'ai l'impression à quelque chose par là c'est vrai,

  • Timothée

    avec une responsabilité ça me permet de rendre hommage aux enseignants parce que ils ont leur matière première c'est l'humain et c'est des jeunes humains donc ça c'est une sacrée responsabilité parce qu'on n'a pas des bouteilles en verre en face de soi ou en production

  • Alexandre

    leur objectif c'est de sortir le meilleur des jeunes et ça c'est pas facile parce que là on est sur un métier qui est compliqué je vous ai posé cette question sur les valeurs parce que je me demandais si finalement pour choisir son choix de carrière son orientation professionnelle, on pouvait s'appuyer avant tout sur les valeurs, bien avant les compétences, bien avant le savoir faire, est-ce que les valeurs finalement c'est pas la première porte d'entrée ?

  • Timothée

    Pour moi c'est une évidence c'est les valeurs qui doivent être recherchées Merci. et pourquoi j'ai décidé de recréer une petite structure artisanale, c'est pour ça. C'est parce que je pense que c'est beaucoup plus facile de partager les valeurs dans une petite structure. Il y a moins d'inertie, on est en famille. Je veux dire, moi je mange tous les midis avec mes collaborateurs, etc. Alors ça ne veut pas dire que c'est le monde du bisounours. Mais je crois qu'aujourd'hui l'entreprise doit se réinventer, qu'il y a beaucoup de dirigeants aussi qui ont besoin de se réinventer sur leur manière de gérer leur boîte. Alors on se cache sous des acronymes, le RSE, la marque entreprise, qu'est-ce que c'est que voilà. Mais je crois que c'est surtout le partage des valeurs, de se donner une ligne directrice, de faire valider ces valeurs-là par l'ensemble. Ça s'appelle la raison d'être dans les entreprises, quelle est la raison d'être de la boîte. Et ça permet de gommer comme ça plein de choses. Et c'est vraiment ça qui doit guider, je pense, le choix de son boulot des jeunes pour demain.

  • Alexandre

    De boulot ou de vocation ?

  • Timothée

    Ou de vocation, carrément. Quand c'est fort, c'est la vocation.

  • Jonathan

    Et ça, c'est un conseil que j'aurais bien aimé... Recevoir ? Recevoir plus jeune. Certains de mes profs ont tout fait pour que je ne devienne pas prof. Et je trouve ça dommage. Et non, j'aurais bien aimé avoir ce conseil de prioriser les valeurs, avant tout.

  • Alexandre

    Mais il te disait quoi, ses profs ?

  • Jonathan

    Ah non, mais c'est pas un métier d'avenir.

  • Alexandre

    Ah les profs peuvent même dire que c'était pas un métier d'avenir.

  • Jonathan

    Non, non, c'est un métier qui se dégrade, voilà. Pendant une réunion parents-profs, je me souviens mon prof de maths à l'époque, avait dit à mes parents, il avait attendu la réunion parents-profs pour dire à mes parents, bon j'espère que vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour qu'ils ne deviennent pas profs. Alors que j'avais 17 de moyenne, je veux dire, je m'attendais pas à ça quoi. Bon, j'ai eu la chance que mes parents m'ont toujours... mais c'est vrai que c'est dur de vouloir faire un métier et qu'on te dise à côté par des gens qui le font déjà c'est pas un métier d'avenir tu peux mieux faire c'est dur à entendre j'ai eu la même expérience plus jeune quand j'étais au lycée j'ai

  • Alexandre

    rencontré un journaliste télé qui m'avait dit qui avait dit à plusieurs jeunes surtout ce métier là ne pensez pas que c'est un métier d'avenir c'est un métier qui va être compliqué Et c'est un métier qui est super difficile. Et moi, je ne vous le conseille pas. Il dénigrait presque son métier. Et bien moi, ça m'a donné le sentiment inverse. Et ça m'a dit, OK, en fait, mec, je vais prendre ta place. Et je vais montrer que le métier, c'est aussi autre chose. Et ça, c'était ma pensée au lycée. Et finalement, j'ai suivi des études de journaliste et je suis devenu journaliste par la suite. Et moi, ça m'a donné un sentiment de renfort, un sentiment de motivation presque surmultiplié.

  • Jonathan

    Ah oui, pareil. Au contraire. Des fois,

  • Alexandre

    les conseils qu'on vous donne pour vous limiter, ça peut faire l'effet inverse.

  • Timothée

    Oui, ça peut être.

  • Jonathan

    Mais c'est important, pour revenir à ce qu'on disait, de dire aussi aux élèves que les valeurs, c'est important. Parce qu'aujourd'hui, si on demande à un élève comment il choisit son métier, 80% c'est le salaire. même si c'est pas quelque chose qui les intéresse vraiment, ouais mais ça gagne bien. Et en fait... Ça suffit pas. Je suis pas si sûr.

  • Alexandre

    Alors là je rejoins un peu Alexandre sur cette question, est-ce que ça change pas un tout petit peu en ce moment, où on met plus le cœur sur le bien-être, sur l'environnement ?

  • Jonathan

    Alors c'est très récent, c'est très récent, mais la première chose, la première question que posent les élèves, c'est ça gagne combien ?

  • Timothée

    Je pense que c'est vrai, Timothée, pour les... pour les jeunes qui n'ont pas encore eu d'expérience professionnelle. Ah,

  • Jonathan

    mais non, je parle pour les jeunes qui n'ont pas d'expérience professionnelle.

  • Timothée

    Je pense qu'effectivement, est-ce que ça gagne bien ou pas ? J'ai été dans ce cas-là,

  • Jonathan

    on regarde.

  • Timothée

    On sortait avec un bac plus 2, un bac plus 3, ça va être quoi le salaire demain ? Mais après, je pense que quand ils ont intégré le milieu professionnel, justement, ça ne devient plus la priorité. Les gens, déjà, je pense que si tout le monde regardait d'abord le salaire, tout le monde... Tout le monde bosserait aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Je crois que les gens veulent aussi chercher de la reconnaissance, ils veulent chercher un épanouissement personnel, un mix aussi vie privée, loisirs et boulot. Moi, je pense que je ne suis pas un dinosaure, mais à 50 ans, je suis un peu la dernière génération de professionnels. On a d'abord géré notre carrière pro et on a organisé notre vie privée autour. La nouvelle génération, elle ne veut pas ça. Et je pense qu'elle a en partie raison. On doit exister avant tout en tant qu'être humain.

  • Alexandre

    Comme salarié.

  • Timothée

    Et pas que salarié. C'est un statut qui est important, parce qu'il faut gagner sa croûte, mais ce n'est pas que ça.

  • Alexandre

    Mais le salaire, oui, bien sûr, rentre en compte.

  • Timothée

    Bien sûr. Moi,

  • Alexandre

    je vous conseille de faire des jobs saisonniers.

  • Timothée

    Pour payer les gens ?

  • Jonathan

    C'est très bien.

  • Alexandre

    17 ans, je vous conseille d'être animateur BAFA ou de faire les maïs ou les betteraves. Les maïs,

  • Timothée

    c'est bien.

  • Alexandre

    Je pense que... la notion de salaire et de ce qu'on veut dans son boulot aussi, il y a beaucoup de questions qui rentrent en compte.

  • Jonathan

    C'est pour ça que c'est important, dès le plus jeune âge, dès le collège, vraiment, dès le lycée, de dire justement aux élèves que le salaire, ce n'est pas le plus important, mais c'est vraiment d'avoir ce bien-être, de faire quelque chose où ils seront épanouis, et ça, c'est important. et ils n'en ont pas forcément conscience au départ, c'est vrai.

  • Timothée

    Et on peut très bien gagner sa vie avec des métiers aussi de l'artisanat, des métiers techniques, des métiers manuels. Un boucher, ça gagne très bien sa vie, aujourd'hui, que ce soit en grande distribution ou... Voilà, un plombier qui, à son compte, il gagne très bien sa vie. Donc il faut vraiment valoriser ça aussi. Et on a l'intelligence artificielle qui arrive, qui va faire aussi que, peut-être que les métiers les plus intellectuels et qui étaient les plus rémunérés, le seront peut-être de moins, et que ce savoir-faire manuel, technique, va être valorisé demain.

  • Alexandre

    Oui, l'intelligence artificielle ne va pas tout de suite remplacer les électriciens ou les careleurs.

  • Timothée

    Et ne découpera pas la côte de bœuf.

  • Alexandre

    Non, non, bien sûr. Non, mais c'est pour ça, il faut aussi préciser que le salaire n'est pas toujours lié qu'au niveau d'études. Parce que bien-être au travail n'est pas toujours lié qu'à nos victoires scolaires. Enfin, il y a des choses à dissocier aussi. et puis surtout, il faut se dissocier aussi des attentes de l'entourage. Tout à l'heure, tu parlais d'influence, Alexandre. Est-ce qu'on peut vraiment se détacher à 100% de l'influence de notre entourage et de ce qu'on attend un petit peu, de ce que voudraient les parents, de ce que nous disent les profs, etc. Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'on peut se détacher vraiment de cette question-là et être notre libre arbitre à 100% ?

  • Jonathan

    Quand on est ado, c'est compliqué de se détacher à 100%. Après, ils ont un projet vraiment très très défini déjà, donc c'est très bien. Mais on est souvent influencé, soit par son entourage familial, ça peut être par les amis, ça peut être par des... étudiants qui ont donné leur avis sur la formation, par la société elle-même aussi. Donc c'est difficile. Mais après, je pense que toute influence n'est pas mauvaise. Je pense que c'est aussi difficile d'avoir parfois un raisonnement bien construit quand on est encore ado. Donc c'est bien de se laisser guider, en partie, et ensuite, revenir, c'est nécessaire, mais je pense que une influence peut aussi être positive.

  • Alexandre

    Il y a 43 ans, on se détache de l'influence ou pas ?

  • Timothée

    Non, jamais. On a tous nos modèles. C'est aussi pour ça que c'est important, quand on est prof ou quand on est dirigeant de société, d'avoir cette notion un peu d'exemplarité. Enfin, moi, à chaque fois, j'étais bon dans une matière, c'est parce que j'adorais le prof. Et que j'avais envie aussi de faire plaisir. Je crois que j'en ai fait l'autre. Oui, c'est ça. Et puis, quelqu'un qui amène... Donc, on est tous sous influence. de quelqu'un, que ce soit un familial, que ce soit dans le cadre de nos passions, un sportif, une star, enfin voilà, tout est fait justement. Le système fait qu'on essaye de... Mais il ne faut pas oublier qui on est et ce qu'on aime vraiment.

  • Alexandre

    En parlant d'influence, Alexandre, on évoquait ton équipe tout à l'heure, on l'a un peu touché du doigt ce sujet parce que la Brasserie 360, c'est une brasserie cantalienne à Saint-St Martin-Valmeroux , on le rappelle. C'est plusieurs personnes qui gravitent autour, c'est une belle petite équipe. À quel point... l'enjeu de communauté a été déterminant, important pour que la brasserie vive et que cette entreprise fonctionne ?

  • Timothée

    En fait, moi, comme je le disais tout à l'heure, j'ai été amené à manager 150 personnes et je crois que ça avait atteint un peu mes limites. Voilà, je ne me reconnaissais plus dans cette manière de gérer dans un système etc. et je voulais revenir sur une structure beaucoup plus petite. Travailler, ça peut paraître galvaudé comme ça, mais travailler un peu en famille. parce que c'est plus rassurant pour tout le monde et parce que moi en fait, quand j'ai décidé de produire de la bière, c'est une sacrée responsabilité. C'est que c'est un produit qu'on va ingérer. Je veux dire, les gens vont boire cette boisson-là. Il faut que ça soit bon, mais il faut que ça soit sain aussi. Et d'un seul coup, c'était une prise de conscience. Et ça, je ne voulais pas le supporter tout seul. Je ne voulais plus ça, je voulais partager ça. Et partager les valeurs avec des collaborateurs, comme ça, c'est... Aussi de se dire, aujourd'hui on est 7 équivalents temps plein, on reste une petite structure, mais 7 cerveaux qui fonctionnent, c'est toujours mieux qu'un. Alors il faut toujours un chef, ça c'est important, il y en a, il faut trancher. Mais par contre, on a des bonnes idées tout le temps, de partout. Et par exemple, sur les sujets écologiques, les collaborateurs qui sont tous plus jeunes que moi, m'ont énormément formé. Moi, je n'ai pas été sensibilisé à ça, c'est générationnel je pense, mais on a beaucoup avancé sur ces sujets de l'environnement parce qu'on a travaillé ensemble.

  • Alexandre

    Je reprends ta phrase, il faut toujours un chef. Oui. Toi, t'es quel type de chef ? Comment ? Un chef un peu différent ?

  • Timothée

    Pour avoir échangé justement avec les collaborateurs sur les modèles, les différents modèles politiques, sociaux, etc. On se dit, mais finalement, c'est quoi le meilleur modèle ? Et il y a un Romain, notre druide en chef, qui a dit mais pour moi, le meilleur système, c'est un bon roi. En fait, je crois que c'est ça. C'est-à-dire quelqu'un qui doit être juste. Par contre, il faut être exemplaire aussi. Mais il faut être aussi exigeant parce que l'exigence, ça mène à la qualité. Et puis reconnaissance. Et voilà, il n'y a pas de... Il n'y a pas de petit chef, en tout cas. Le petit chef, ce n'est pas bien, ça.

  • Alexandre

    Donc, à la Brasserie 360, on est dans une jolie monarchie.

  • Timothée

    Oui, c'est ça. On est dans un équilibre bien juste.

  • Alexandre

    Est-ce qu'au lycée, en tout cas là où t'enseignes, Timothée, on favorise vraiment le travail et en tout cas le savoir vivre en équipe ? Est-ce que la notion d'équipe, de communauté, c'est quelque chose qui rentre en compte et qui peut être déterminant pour ces choix de carrière qu'on évoque depuis tout à l'heure ?

  • Jonathan

    C'est super important, aussi bien pour les profs que les élèves. Quand on est dans une équipe pédagogique où tout marche bien, tout le monde s'entraide, ça change tout, surtout quand on débarque. Ma première année, je l'ai fait dans le 93, en région parisienne, donc c'est une zone qui est assez difficile. Et quand on débarque, on n'a plus du tout d'expérience. Donc si on arrive, c'est compliqué avec les élèves, et qu'en plus on a une équipe pédagogique qui ne nous soutient pas, C'est là que beaucoup démissionnent en fait. La première année, il y a beaucoup de démission chez les profs. Parce qu'on se rend vraiment compte de ce que c'est d'enseigner.

  • Alexandre

    Parce que souvent, on rappelle en première année, vous n'avez pas trop le choix de où vous allez atterrir.

  • Jonathan

    Oui, ça marche par mutation et comme on n'a pas de fond au départ, il y a beaucoup de postes de libre et le 93 en fait partie. Donc voilà, moi j'avais eu la chance d'avoir une super équipe et dès que j'avais le moindre problème, le cours d'avant, le collègue était déjà au courant et du coup, Ils étaient encore repris les élèves, donc la fois d'après, ça se passait bien. Et c'était très formateur. Donc non, l'équipe, l'entraide entre les collègues, très important.

  • Alexandre

    Comment on favorise ça au sein d'un établissement, mais même au sein d'une salle de classe ? C'est quoi les petits tips, les petits trucs à mettre en place ?

  • Jonathan

    Déjà, la chose la plus importante, c'est que l'établissement roule bien. Qu'il y ait une hiérarchie qui soit présente et qui soit à l'écoute. et ensuite ben ça pète la mise en place de projets entre les différentes matières. Ça va créer une cohésion. Et puis après, il y a l'amicale dans les établissements scolaires pour faire des petits trucs un peu plus sympas, des sorties. Ça crée une cohésion et je pense que c'est important. Et avec les élèves, c'est pareil. Avec les élèves, moi je considère que c'est donnant-donnant. Je ne suis pas leur chef. Ouais.

  • Alexandre

    T'apprends d'eux aussi.

  • Jonathan

    J'apprends d'eux aussi. Et ça marche vraiment dans les deux sens. Et je pense que quand il y a une relation de confiance qui est mise en place, en vrai, ça roule.

  • Alexandre

    Alors moi, je voudrais revenir sur un sujet qu'on a juste évoqué tout à l'heure. Et c'est Alexandre qui en parlait, j'ai l'impression que ça tenait à cœur, c'est celui de l'alternance. Parce qu'on se dit comment on peut trouver son choix de carrière, comment on peut trouver le métier idéal, comment on peut avoir la bonne orientation. Est-ce que l'alternance, ce n'est pas un peu le bon compromis ? pour se dire, on reste dans les études, on tente des choses, on peut revenir en arrière. Et ça nous permet de savoir un petit peu plus en détail ce qu'on veut.

  • Timothée

    Moi, je crois beaucoup à l'alternance, parce que c'est un système qui va permettre justement déjà de mettre un pied en l'entreprise. Donc de découvrir déjà le monde vers lequel on s'oriente, on se dirige. Donc ça permet effectivement de se rassurer, est-ce que c'est bien ce milieu-là dans lequel je vais évoluer demain ou pas ? Ça enlève cette pression de réussite, c'est-à-dire que c'est progressif l'alternance. Allez, on est 50% de son temps pour les études, 50% en situation réelle. En entreprise, c'est rassurant. Ça permet déjà d'enlever cette angoisse de l'arrivée sur le marché du travail. Ensuite, l'alternance, c'est rémunérateur. Alors ça peut paraître bête de dire ça, mais on est quand même aussi encore en période un peu de crise.

  • Jonathan

    Ça permet aussi d'enlever une pression financière sur l'étudiant, parce qu'il va quand même avoir un peu un revenu, ou sur la famille. Et en quelque part, ça va alléger la charge de l'étude supérieure pour les parents.

  • Alexandre

    Et de ne pas forcément avoir besoin de prendre un job alimentaire à côté des étudiants.

  • Jonathan

    Exactement, et ça peut déculpabiliser le jeune aussi, de se dire, je fais payer à mes parents mes études, ou je suis obligé d'aller bosser. C'est une solution gagnant-gagnant. Il faut aussi que l'employeur joue le jeu. bien intégrer le poste de l'alternant dans l'entreprise. C'est intéressant pour les employeurs aussi, financièrement, avec les accompagnements, etc.

  • Alexandre

    Tu en prends des alternants toi ?

  • Jonathan

    Oui, j'en prends, pas beaucoup parce qu'on est une petite structure, mais mes deux enfants sont alternants, et les deux avec beaucoup de plaisir, sans les avoir poussés vers cette voie-là, mais en tout cas ils se sont révélés grâce à l'alternance.

  • Timothée

    Est-ce que tu prends des stagiaires en seconde ? Oui. Parce que j'ai quelques élèves encore qui n'ont pas de stage.

  • Jonathan

    Oui, on prend. Et ça fait partie aussi, l'accueil du stagiaire, elle est importante aussi, d'ouvrir. On doit désacraliser, ouvrir le monde de l'entreprise pour faciliter le recrutement aussi.

  • Alexandre

    Il y a des stages en seconde ?

  • Timothée

    Oui, depuis l'année dernière.

  • Alexandre

    Oui, c'est récent, c'est ce que j'allais dire.

  • Timothée

    Les deux dernières semaines de juin. Donc tous les élèves de seconde doivent faire un stage dans l'entreprise, ça peut être dans le monde associatif ou un séjour linguistique à l'étranger. L'idée c'était de... parce qu'à partir du 10 juin en général, il n'y a plus cours au lycée parce que c'est les épreuves du baccalauréat. Donc c'était pour éviter que les élèves de seconde aient quasiment trois mois de vacances.

  • Alexandre

    Ah je me rappelle, c'était bien quand même.

  • Timothée

    Ouais c'était bien.

  • Alexandre

    Moi j'aimais bien cette vacances.

  • Timothée

    Mais en vrai c'est une bonne idée je trouve d'avoir mis en place ce stage, parce qu'ils sont quand même plus en cours. Mais en même temps... Ils font quelque chose qui... Quoi qu'il arrive, même si c'est pas un stage dans ce qu'ils aimeraient faire plus tard, ça leur fait découvrir le monde de l'entreprise. Et ça, c'est bien. Ça ne peut que leur donner des clés pour la suite. Et d'ailleurs, j'ai une petite anecdote sur ça, parce que j'expliquais tout ça aux élèves, parce que je suis prof principal d'une classe de seconde. Et donc voilà, je fais mon topo sur l'orientation, sur les métiers, le monde professionnel et tout. Et à la fin, il y en a un qui me dit « Mais monsieur, vous me racontez tout ça, mais vous n'avez aucune crédibilité. » Je fais « Pourquoi ? » « Vous n'avez jamais quitté l'école, vous. » Alors, ce n'est pas totalement faux, parce qu'en vrai, c'est vrai qu'il n'a jamais quitté l'école. Donc, c'est pour ça que je trouve ça très intéressant, parfois, qu'il y ait des intervenants du monde professionnel qui viennent dans les salles de classe pour justement expliquer leur métier, expliquer leur ressenti, ou même des étudiants qui viennent m'expliquer ça. C'est très important parce qu'aux yeux des élèves, ça a plus d'impact. que quand c'est le prof qui le dit.

  • Alexandre

    Et t'as répondu quoi, du quoi, à cet élève ?

  • Timothée

    J'ai longtemps réfléchi.

  • Alexandre

    Le bug.

  • Timothée

    Le bug. C'est pas faux, en vrai. Non, non, mais après, je lui ai dit, alors, c'est pas faux, ce que tu dis, mais j'avais quand même travaillé pendant mes études, donc voilà. Et puis, en vrai, aux yeux des élèves, l'école et le monde professionnel, c'est différent. Alors, c'est vrai, c'est différent. Mais en vrai, on a besoin, l'un a besoin de l'autre. Voilà. Le monde professionnel a besoin d'écoles.

  • Alexandre

    Il y a des connecteurs communs.

  • Timothée

    Donc je pense que c'est vraiment un travail qui doit se faire à deux dans les deux sens. Le monde d'entreprise et l'école.

  • Alexandre

    Tu parlais d'anecdotes, de souvenirs. Est-ce que toi tu as en tête le parcours d'un élève un peu paumé et qui a réussi par X ou Y raison à se révéler, à trouver sa voie, qui aurait grâce à une expérience pu se découvrir ?

  • Timothée

    Alors, c'est pas tout à fait dans ce sens, mais je garde un très bon souvenir d'un élève qui était brillant, vraiment, qui avait des très très bonnes notes. Il a eu son bac avec mention très bien et il voulait devenir boulanger. Voilà, donc en fait, ça n'intéressait pas du tout les études supérieures et il voulait même pas passer le bac. Il voulait partir tout de suite en apprentissage pour devenir boulanger. C'est un CAP ? Pour faire un boulanger, oui. Et ses parents n'ont jamais voulu. Et du coup, il a fait son bac. Et à la fin de son bac, durant toute l'année, on avait dû travailler, travailler, travailler pour que les parents changent d'avis. Je ne comprenais pas pourquoi ses parents ne voulaient pas le laisser faire son CAP. Et il a réussi à faire son CAP. Et je l'ai revu, c'était en septembre, en début d'année. Et il était aux Anges, il était devenu boulanger-pâtissier. Là, il allait faire une spécialisation dans le chocolat. Il était vraiment aux Anges. Et ça fait plaisir de voir que parfois, on se donne à fond pour l'orientation d'un élève, pour prendre en compte ce que lui intéresse, pour parfois, comme on parlait d'influence tout à l'heure, faire en sorte que les parents n'aient pas trop d'influence négative, parce qu'en vrai, il aurait loupé une super vocation.

  • Alexandre

    Est-ce qu'il n'y avait pas un peu de crainte aussi de la part des parents, toujours avec ce discours, de se dire, passe ton bac ou fais des études, un bac plus 2, plus 3, ça sécurise ?

  • Timothée

    Mais bien sûr que si, mais les choses changent aujourd'hui quand même. mais il y a toujours des parents qui hiérarchise les choses. En gros, tu veux réussir dans la vie, tu fais un bac général.

  • Alexandre

    Chirugien que c'est mieux que boulanger.

  • Timothée

    Voilà. Alors qu'en vrai, les choses changent, mais il y a encore du travail à faire là-dessus. Il y a beaucoup de parents qui ne veulent pas que leur enfant fasse un bac professionnel, parce que pour eux, le bac professionnel, c'est quand on est pas... Voilà, on est un peu nul. Voilà. Alors que c'est pas du tout ça. C'est pas du tout le cas. Moi, ce que j'explique aux élèves, c'est qu'on propose trois types de bacs différents, parce qu'il y a plein de façons d'apprendre différentes. Trouvez la vôtre. Trouvez la vôtre. et vous réussirez.

  • Alexandre

    Alexandre, en tant que père de famille, comment tu t'es placé vis-à-vis de cette question-là sur l'éducation de tes enfants, sur leur choix professionnel ?

  • Jonathan

    Moi, je n'ai jamais été très assidu dans les études, donc je vais faire en sorte de ne pas demander à mes enfants ce que tu n'as pas fait toi-même. Moi, j'ai surtout veillé à ce qu'ils soient bien dans leur peau et à ce qu'ils soient équilibrés et ouverts aux autres. Pour moi, j'accorde de l'importance à la communication. C'est important qu'elle soit écrite, orale.

  • Alexandre

    Ça dépasse la carrière professionnelle.

  • Jonathan

    Oui, c'est ça. C'est plus de travailler sur... Et assez rapidement, je n'ai pas été trop inquiet. Je n'ai pas été trop ambitieux pour eux. Heureusement, à la télévision notamment, vous voyez bien, top chef, le meilleur boulanger, la meilleure pâtisserie. On a quand même des métiers d'artisans qui sont valorisés.

  • Alexandre

    Il n'y a pas encore le meilleur brasseur.

  • Jonathan

    Il n'y a pas encore le meilleur brasseur. Ça arrivera peut-être. Mais voilà, donc tout, tout, ce n'est pas que The Voice. Donc, on peut aussi faire rêver les gens avec des métiers, des métiers plus pragmatiques.

  • Alexandre

    Mais toujours avec cette notion de meilleur. Après, c'est des émissions de télé. Donc, il y a l'aspect compétition et c'est ça qui fait vendre aussi. Mais il y a cet aspect de meilleur. Et même si on n'est pas le meilleur, ce n'est pas grave non plus.

  • Jonathan

    C'est ça. On n'est pas le meilleur, mais on peut le devenir et c'est comme l'échec le meilleur vis-à-vis de qui ? c'est ça Il faut croire en soi aussi. Ça peut paraître très généraliste comme propos, mais il faut désacraliser un petit peu tout ça et travailler. Je crois qu'on n'accompagne pas assez nos jeunes sur eux. Il y a un gros travail sur ce qui se passe. Et les jeunes vivent une période qui n'est pas facile. Post-Covid, très traumatisante. La jeunesse aujourd'hui, ce n'est pas facile. Il faut se réinventer tout ça. Il y a aussi beaucoup d'espoir. Et moi, je crois beaucoup aux petites structures artisanales pour accueillir nos jeunes demain.

  • Alexandre

    Tu es bien d'accord ?

  • Timothée

    Je suis d'accord. Et puis, sur l'idée du meilleur, en vrai, je trouve que c'est bien aussi de se challenger et de toujours viser plus haut. Moi, c'est ce que je leur dis. Visez le plus haut possible et comme ça, vous arriverez à atteindre le meilleur de vous-même. Donc, même s'il peut y avoir un peu une idée de compétition, Je trouve que c'est aussi...

  • Jonathan

    Non mais regardez, avant il fallait aller vite. C'est plus la 4G, c'est la 5G, c'est du haut débit, c'est la vitesse. Aujourd'hui, le rêve, le luxe, c'est d'aller doucement. Est-ce que demain, pour nos jeunes, se réapproprier, revivre autrement, c'est pas l'avenir ? Voilà, aujourd'hui, le vrai luxe c'est de prendre son temps. Pourquoi demain les jeunes, le vrai luxe, c'est pas déjà de savoir qui on est, comment s'accepter et de faire vraiment ce qu'on a envie de faire. avoir des objectifs de dingue.

  • Alexandre

    Visez la Lune, au pire vous finirez la tête dans les étoiles.

  • Jonathan

    C'est ça.

  • Alexandre

    Je crois que c'est Oscar Wilde qui disait ça. Très bien. Mais oui, il faut essayer de viser en tout cas ce qu'on veut. Pas le mieux pour les autres, mais ce qu'on veut. Tout à l'heure, je vous ai posé la question des échecs personnels. Du coup, je vais quand même vous faire le pendant inverse. Quelle est à chacun votre plus belle victoire professionnelle ? En tout cas, vous, votre...

  • Timothée

    Il n'y a pas de doute. C'est le même truc. C'est le concours. Vraiment parce qu'on passe le concours après les cinq ans d'études. Donc ça aussi ça a été terrible je trouve. Parce que souvent on fait le concours et on rentre dans l'école. Là on fait cinq ans d'études sans être sûr en fait qu'on y arrivera. Et ouais je me souviens et toujours, je travaillais, le jour des résultats je travaillais. Et c'est une amie qui m'envoie un message félicitations. Donc là, je regarde et je vois que j'ai le concours. Donc vraiment, je me mets à pleurer. J'étais trop content. J'appelle mes parents qui m'avaient soutenu financièrement aussi pendant cinq ans. Et j'ai vraiment, ça y est, on y est. C'était vraiment un très, très beau souvenir.

  • Alexandre

    Alexandre, ta plus belle victoire ?

  • Jonathan

    La plus belle, je ne sais pas, mais enfin une victoire qui a compté pour moi, c'est professionnellement, bien sûr, parce que j'ai participé à la demande de la CCI du Cantal à un trophée mettant en avant les entrepreneurs locaux. Je ne suis pas trop fan de ces trophées-là, mais on m'a dit, allez, tu fais quand même partie de l'écosystème économique, donc ça serait bien que tu participes. J'ai candidaté dans une catégorie, je savais très bien, pour différentes raisons, que je n'aurais pas le prix. parce que je ne remplis pas toutes les cases. Vous savez, dans la vie, il faut toujours remplir toutes les cases pour être élu. Et par contre, il y avait le trophée du public. Et c'est celui que j'aurais voulu avoir et je l'ai eu. Et ça, ça m'a fait plaisir. Parce que la reconnaissance, c'est quand même du travail. C'est quand même quand ce n'est pas les institutions qui vous mettent en avant, mais c'est le consommateur, le client ou le public.

  • Alexandre

    On ne t'aimait pas ce genre de concours, mais finalement...

  • Jonathan

    Ça m'a bien plu quand même. Tu prends une petite médaille au passage, c'est jamais désagréable.

  • Alexandre

    Mais voilà, les petites victoires, il faut aussi les célébrer.

  • Jonathan

    C'est vrai.

  • Alexandre

    Quand on est jeune et qu'on va choisir son orientation, on a tendance à faire des fixettes sur les échecs, mais les victoires, il faut les célébrer.

  • Timothée

    C'est sûr.

  • Alexandre

    Et on oublie. On oublie tout ça.

  • Timothée

    C'est comme les to-do list.

  • Alexandre

    Oui, c'est-à-dire se faire un peu la bucket list de tiens, il faut que je fasse ça, ça, ça, ça dans ma vie.

  • Timothée

    Je pense qu'il faut arrêter de faire des to-do list et plutôt à la fin de la journée, dire ce qu'on a fait. comme ça ça met en valeur ce qu'on a fait plutôt que ce qu'on a passé mais c'est pareil pour les victoires

  • Alexandre

    Ça peut être l'un des premiers conseils qu'on va pouvoir vous donner. Alexandre, la brasserie 360 et ton métier, tu le vois où dans une dizaine d'années ? Est-ce que tu penses que ton orientation professionnelle va encore évoluer ?

  • Jonathan

    Mon orientation professionnelle, je ne pense pas. Mon métier va évoluer, mon secteur d'activité va évoluer aussi. Moi, je me vois toujours petit, en fait. C'est-à-dire que la taille de l'entreprise va toujours compter. C'est quand on aura atteint un certain effectif que je vais me poser des questions. Mais moi, je n'ai pas envie de grossir, de devenir toujours plus gros. Souvent aussi, c'est pareil dans la vie professionnelle. On peut se fixer des objectifs, mais qui ne sont pas forcément des objectifs de taille. Ça peut être des objectifs de durabilité, de qualité.

  • Alexandre

    L'ambition, ce n'est pas forcément que de grandir.

  • Jonathan

    Non, c'est ça, c'est de faire la qualité. Moi, je crois beaucoup à ça, à la qualité. Moi, j'ai la chance, c'est que je n'ai jamais eu une réflexion autour de l'argent. Je ne suis pas motivé par l'argent. Gagner beaucoup, ça ne compte pas pour moi. Par contre, je suis assez sensible à la qualité. Or, la qualité mène au profit. Si on travaille bien, on gagne sa croûte. Donc, c'est ça qu'il faut travailler d'abord, c'est cette notion de qualité. Et puis, on sait que notre métier va évoluer. On parlait de l'IA tout à l'heure. C'est une nouvelle technologie qui arrive, auquel il va falloir s'adapter. Donc, on va forcément travailler différemment demain.

  • Alexandre

    Et toi, Tim, tu te posais la question de savoir un petit peu où tu en seras dans 10 ans, comment ton métier, ta carrière va évoluer. Parce que tu es sur deux tableaux, on le rappelle, professeur de physique chimie en lycée, mais à côté aussi créateur de contenu, et ça marche bien, 1,7 million sur TikTok de tête. Donc voilà, il y a aussi un certain point de notoriété qui rentre en jeu. Est-ce que tu as la sensation que ton métier et toi, professionnellement, tu vas évoluer et peut-être dans dix ans changer du tout au tout ?

  • Timothée

    Évoluer, c'est sûr. Après, où j'en serai dans dix ans ? En vrai, je me dis, si aujourd'hui on me demandait de choisir entre les deux, j'arrêterais les réseaux, je pense. Parce que j'aime vraiment trop enseigner. Et les réseaux, je suis encore plus heureux parce que je parle de mon métier. Et donc, partager mon métier, c'est encore mieux. Mais voilà, je ne suis pas fermé à l'idée de faire autre chose. Et une chose est sûre, et ça, mes amis me l'ont promis. Je leur ai dit, si un jour je deviens le prof aigri, vous me le dites. Et là, j'arrêterai parce que je veux rester passionné. Et si un jour je sens que c'est plus fait pour moi, ou que pareil, le matin je me lève et j'ai plus envie d'y aller, là je ferai autre chose. Mais encore une fois, j'aurai réussi à acquérir plein de compétences, donc on verra ce qui s'offre à moi.

  • Alexandre

    Pareil, on ne peut pas être brasseur et aigri.

  • Jonathan

    Ah non, ça c'est incompréhensible. Là si c'est ça, il faut tout arrêter. Non, c'est tellement un métier passion. Passion pour le produit, passion pour les agriculteurs, toutes les matières premières qui sont utilisées. C'est très vertueux lorsqu'on veut vraiment faire une bière de qualité avec des matières premières de qualité. En parlant des agriculteurs, ça me donne l'occasion aussi de vous parler de la ruralité. Moi, j'ai fait le choix de créer mon entreprise en zone hyper rurale. Moi je crois que c'est pareil, la ruralité est tendance, il faut dire à nos jeunes de regarder aussi, bien sûr on a toujours tendance quand on est jeune de se rapprocher de la ville pour des raisons de loisirs, d'accessibilité au sport, à la culture, mais la campagne offre beaucoup de possibilités, on est fibré, on peut avoir une activité professionnelle à la campagne et pas avoir des sabots de bois.

  • Alexandre

    Et puis surtout il y a énormément de choses à créer.

  • Jonathan

    Oui, c'est ça. Et puis surtout, la campagne, la ruralité est un terrain d'accueil pour les jeunes, parce que souvent, les employeurs sont plus en demande. La possibilité de se loger à moindre coût est là et on cherche des compétences aussi en zone rurale. On l'a vu d'ailleurs pendant la période Covid, les gens se sont réfugiés à la campagne. Mais il y a beaucoup, moi, je pense qu'il y a beaucoup de plus en plus de jeunes qui sont convaincus de ça, de ce retour à la nature.

  • Alexandre

    On va passer un peu à la conclusion de tout ce qu'on vient de se dire, messieurs. avec nos trois conseils. À chaque fois, on demande aux invités de donner trois conseils. Je vais vous demander de donner aux caméras et au micro trois conseils pour que les jeunes, en tout cas ceux qui hésitent à se lancer dans une voie professionnelle, peuvent entendre, peuvent recevoir. Moi, demain, je suis un jeune et je ne sais pas trop ce que je veux faire de ma vie, ou alors j'ai des idées, mais je ne sais pas trop comment m'y prendre et tout. Quels conseils on pourrait lui donner à ce jeune ? Trois conseils chacun. Alexandre, on va commencer.

  • Jonathan

    C'est dur. Moi je crois qu'il faut, un, croire en soi, ça c'est hyper important de croire en soi, être convaincu qu'on peut apporter aux autres, à la boîte, et surtout, il est toujours possible de changer. Il n'y a rien de... Vous voyez, moi à 43 ans, j'ai passé du goudron au blond, d'une société de transport routier à une entreprise artisanale. C'est un grand écart, c'est possible, et je ne suis pas un génie intellectuel, c'est possible à quelqu'un de très pragmatique, donc il faut être à l'aise avec ça et se dire que tout peut changer, et qu'on ne doit pas être cloisonné.

  • Alexandre

    Tim, trois conseils ?

  • Timothée

    Je vais donner des conseils un peu plus scolaires.

  • Alexandre

    Mais il en faut aussi, parce que la plupart des gens qui nous suivent aussi sont des jeunes qui sont en situation encore scolaire, ou en tout cas universitaire peut-être aussi, donc ces conseils sont à prendre.

  • Timothée

    Oui, la première chose, c'est de bien se renseigner, faire des salons, faire des portes ouvertes, ne pas hésiter à demander des gens qui ont déjà l'expérience. Ça, c'est hyper important. Des étudiants, que ce soit des salariés déjà, pour avoir leur ressenti aussi. Parce que lire une fiche technique et demander à un salarié, c'est vraiment deux choses totalement différentes.

  • Alexandre

    On va jouer un peu les darons, mais vous ne savez pas tout. Et nous non plus, on ne sait pas tout d'ailleurs, tous à notre niveau,

  • Timothée

    tous dans notre métier,

  • Alexandre

    on ne sait pas tout, et donc prendre des autres,

  • Timothée

    c'est super important. Quoi en soi, je te reçois, et essayer de se connaître un maximum, de savoir ce qu'on est capable de faire, et de relativiser. C'est important de ne pas se mettre trop la pression, et si on a vraiment un objectif qu'on veut atteindre, quoi qu'il arrive, on l'atteindra.

  • Alexandre

    N'hésitez pas à parler autour de vous et faire... même sans le coucher forcément sur feuille, de manière très professionnelle, mais un petit bilan de compétences. Je sais faire quoi de plus, j'aime faire quoi. Enfin, toutes les questions qu'on s'est déjà posées, en fait. Je ne sais pas d'ailleurs si tu as fait un bilan de compétences à 43 ans, mais...

  • Jonathan

    Non, non, du tout. Dieu sait si la crise de la quarantaine, je l'ai fait, donc j'ai dû poser pas mal de questions et être bien pénible pour pas mal de gens dans mon entourage. Mais non, non, non, il faut se poser ces bonnes questions. Puis ce qu'il faut dire aussi quand même à nos jeunes, c'est qu'il faut travailler. alors ça c'est le côté daron bien chiant mais on passe toujours par le travail, que ce soit le travail scolaire ou le travail professionnel, mais quand on aime ce qu'on fait, on ne travaille jamais vraiment. C'est ça. Quand on a une matière qui nous plaît, à l'école, on bosse bien. C'est bien d'identifier tout ça pour demain, que la charge de travail soit plus qu'un plaisir.

  • Alexandre

    Et quand on est épanoui dans un métier, en tout cas, moi, c'est ma sensation. Par exemple, je parle à mon nom, mais je n'ai pas le sentiment de travailler.

  • Jonathan

    Oui, alors même si dans chaque boulot, il y a toujours une partie de notre tâche qui est plus difficile, mais voilà, c'est ça. En gros, c'est que... Moi, j'ai toujours le plaisir d'aller au boulot le matin et je sais que mes collaborateurs aussi. Et on a le plaisir de se retrouver. Donc ça, c'est bien.

  • Alexandre

    Garder du plaisir, ça, c'est le plus important. Merci à vous pour vos témoignages, votre expérience. Merci beaucoup. Il y a énormément de jeunes qui ne sont peut-être pas encore se reconnaître, mais en tout cas, qui vont prendre des conseils avisés pour leur avenir professionnel. N'oubliez pas, explorez vos options, parlez de votre avenir professionnel, échangez sur ces questions, c'est essentiel. Et c'est pour ça qu'on a fait cette vidéo. aujourd'hui avec ma banque sans filtre. On se retrouve très bientôt pour une nouvelle vidéo. N'hésitez pas à vous abonner, à partager, à liker, commenter. Et moi, je vous dis à la prochaine !

Description

Dans cet épisode de "Ma Banque Sans Filtre", nous allons aborder le sujet de l'orientation professionnelle avec deux invités qui bousculent les idées reçues !


Découvrez les parcours inspirants de Alexandre Vermeersch, fondateur de la Brasserie 360 dans le Cantal et Timth_c, créateur de contenu sur les réseaux sociaux et professeur de physique chimie. Avec eux, vous allez découvrir comment écouter vos véritables passions et oser tracer votre propre route, sans préjugé.


Ne manquez pas cette rencontre enrichissante !

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La Caisse d’Epargne et de Prévoyance d’Auvergne et du Limousin, Banque coopérative régie par les articles L512-85 et suivants du Code monétaire et financier, Société Anonyme à Directoire et Conseil d’Orientation et de Surveillance – Capital social de 360 000 000 euros – Siège social : 63, rue Montlosier 63000 Clermont-Ferrand – 382 742 013 RCS Clermont-Ferrand – Intermédiaire en assurance immatriculé à l’ORIAS sous le n° 07 006 292 – Titulaire de la carte professionnelle « Transactions sur immeubles et fonds de commerce » n° CPI 6302 2016 000 008 503 délivrée par la CCI du Puy-de-Dôme.


Présentateur: Jod_anim

Réalisation: Riot House


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jonathan

    Salut tout le monde, bienvenue sur ma banque sans filtre pour parler aujourd'hui d'un nouveau sujet dans ce format vidéo et podcast. Un sujet essentiel et qu'on va essayer d'évoquer sans tabou ni préjugé. On va parler orientation et choix de carrière. Deux invités sont avec moi pour m'accompagner et qui ont des parcours assez atypiques et surtout plein de choses à dire au niveau de cette question d'orientation. Je vais commencer par présenter Alexandre Vermerge qui est le patron, le grand chef. Je l'ai vu sur le site internet. de la Brasserie 360. Bonjour Alexandre.

  • Alexandre

    Bonjour à tous.

  • Jonathan

    Merci d'être là avec nous et accompagné aujourd'hui par Tim THC ou alors Timothée, créateur de contenu et prof de physique chimie au lycée. Bonjour Timothée.

  • Timothée

    Salut.

  • Jonathan

    Merci d'être avec nous. Également, des expériences, vous en avez plein à nous partager, j'en suis sûr. Aujourd'hui, vous avez des parcours assez fous. Déjà Alexandre, est-ce qu'on peut expliquer un petit peu ce qu'est la Brasserie 360, une brasserie cantalienne ?

  • Alexandre

    Oui, alors la Brasserie 360, comme son nom indique, c'est... C'est une structure artisanale qui produit de la bière biologique et aussi maintenant des boissons non alcoolisées, des softs, limonade, bientôt un cola et une gamme de thé glacé.

  • Jonathan

    Et pourquoi 360 ?

  • Alexandre

    Alors 360, c'est parce qu'on travaille 360 jours par an. Non, ça c'est parfois vrai dans l'artisanat. C'est surtout parce qu'on est situé à 1000 mètres d'altitude sur les flancs du volcan Cantalien et qu'on a une vue à 360 degrés sur le massif.

  • Jonathan

    Et 360 aussi, je pense que c'est la polyvalence des activités de la brasserie. On peut presque le définir comme ça.

  • Alexandre

    Et puis la circularité aussi de notre réflexion. Voilà, en tout cas, cette sensation d'horizon qui nous plaisait beaucoup.

  • Jonathan

    Alors, je vais y revenir, mais à la base, tu n'es pas brasseur. Et c'est ça qui est intéressant.

  • Alexandre

    Je le suis devenu.

  • Jonathan

    Mais tu es devenu brasseur. Timothée, on l'a dit, professeur de physique chimie au lycée en Auvergne. Et à côté, créateur de contenu. Tu n'aimes pas le mot influenceur.

  • Timothée

    Ouais, plutôt créateur de contenu, parce que je trouve qu'il s'est passé beaucoup de choses avec des influenceurs, et je trouve qu'aujourd'hui, influenceur, c'est un terme qui est un peu péjoratif pour beaucoup. Donc créateur de contenu, c'est ce qu'on aime faire avant tout, c'est vraiment créer du contenu sur les réseaux sociaux, donc c'est ça que je préfère, créateur de contenu.

  • Jonathan

    Mais avant tout, tu restes quand même professeur.

  • Timothée

    Avant tout, professeur, bien sûr.

  • Jonathan

    Voilà, ça dépend comment on se base sur la chose. Alors je vais commencer avec le grand chef de la table. C'est encore une fois, c'est le site de la Brasserie 360 qui te définit comme ça. J'ai juste recopié ce qui est marqué.

  • Alexandre

    Le druide en chef.

  • Jonathan

    Si c'est toi qui as fait le site, du coup c'est un peu prétentieux.

  • Alexandre

    Et non.

  • Jonathan

    À la base, tu ne viens pas du tout de ce milieu-là, tu n'étais pas du tout dans le monde de la brasserie. Tu étais plutôt côté secteur routier.

  • Alexandre

    Voilà. Après 22 ans dans le secteur du transport et de la logistique, et en tant que cadre dirigeant, j'ai décidé de changer de vie. de me réorienter complètement autour d'un métier passion, un métier aussi en lien fort avec le terroir et le territoire. Et j'ai décidé de changer complètement d'orientation et de créer cette brasserie artisanale.

  • Jonathan

    À quel âge du coup ?

  • Alexandre

    À 43 ans, on va dire que j'ai fait une belle grosse crise de la quarantaine. Voilà, j'étais plus très heureux dans mon job pour différentes raisons. J'avais plus cette énergie après 22 ans d'aller au boulot le matin avec passion. Et j'ai connu même sur une période le mal-être au travail. qu'il ne faut pas sous-estimer aujourd'hui, c'est un sujet qui n'est plus tabou. Et je me suis dit, voilà, écoute, Alex, il faut que tu retrouves cette énergie quand le réveil sonne le matin, cette joie d'aller au boulot. Et pour ça, il fallait trouver un métier passion.

  • Jonathan

    Il s'exprimait de quelle manière, ton mal-être ? Ça peut être par quel symptôme ?

  • Alexandre

    Par une forme, ça peut être physique, vraiment une fatigue, une lassitude morale, et puis un manque d'énergie, un manque de créativité, une impatience, une insociabilité aussi, alors que je suis plutôt quelqu'un qui adore les gens. Donc voilà, ça se manifestait par des moins d'envie.

  • Jonathan

    Et quand on est cadre ? Parce que t'étais cadre, du coup.

  • Alexandre

    Quand on est cadre, on est manager, on doit être leader, on doit avoir cette énergie d'amener son équipe avec soi et d'aller en avant. Donc quand on est moins efficace là-dessus, quand on a moins ce rôle de capitaine, il faut se poser des questions et se reconcentrer aussi sur soi.

  • Jonathan

    Du coup, t'es passé par une période de doute, d'hésitation. Est-ce que je dois tout changer, tout plaquer ou continuer quand même et relever la tête ?

  • Alexandre

    Oui, de questionnements importants. Déjà, moi, j'étais cadre dirigeant, donc bien installé dans la vie. J'aurais pu faire le choix de la rémunération. Mais il aurait fallu quitter l'Auvergne, en tout cas le Cantal, pour trouver un job identique dans une structure, dans une PME. Moi, j'ai fait le choix aussi, en quelque part, en créant mon entreprise, j'ai créé mon job. J'ai créé mon poste pour rester sur le territoire, là où je suis heureux de faire grandir mes enfants.

  • Jonathan

    Parce que tu n'as pas tout le loté dans le Cantal ?

  • Alexandre

    Non, moi je suis un immigré, je suis un viking, je suis un gars du Nord, je suis un flamand. J'étais un flamand, mais je suis tombé amoureux du Cantal, de l'Auvergne et d'une cantalienne aussi. Et je suis un ambassadeur pour de ce territoire. On a tous de la chance de vivre ici.

  • Jonathan

    Et alors du coup, tu t'es dit, je vais changer de secteur, du tout au tout. Et je vais me lancer dans le monde de la brasserie.

  • Alexandre

    Alors ça n'a pas été évident tout de suite, la brasserie. J'ai demandé pourquoi. Je me suis dit, qu'est-ce que j'aime ? Qu'est-ce que j'aime dans la vie ? Quelle est ma passion ? La bière. Et bien en fait, c'est vous surtout. Moi, je vous aime. Je vous fais une déclaration, moi j'aime les gens, j'aime ce qui se passe autour d'une table, j'aime la convivialité, le rapport aux autres, le rapport aux produits, parce que je suis un gourmand, je suis un gourmet aussi, donc j'ai hésité, la boucherie, la restauration, les arts de la table, et puis comme je vous le disais, il s'avère que je suis flamand, mon arrière-grand-mère était houblonnière, et je suis entrepreneur aussi, donc j'ai analysé le marché de la bière artisanale, et je me suis dit, il y a quand même une place à prendre ici en Auvergne. Et puis c'est un très beau trait d'union entre mes origines flamandes et mon attachement viscéral à l'Auvergne.

  • Jonathan

    Et tu t'es pas posé des questions en mode, est-ce que j'en suis capable ?

  • Alexandre

    Jamais. Jamais, parce que, non pas que j'ai une haute estime de moi, mais je pense que... Globalement, je me suis dit, voilà, au bout de 22 ans, moi j'ai attaqué tout en bas de l'échelle, j'ai attaqué des ménageurs, pour finir associé dans une structure où j'étais amené à manager 150 personnes, donc je me suis dit, je suis quand même capable. Alors bien sûr il y avait la peur de se rechallenger complètement, de faire un reset complet. Et là je remercie mon entourage, ma famille, parce qu'il a fallu aussi, c'est un vrai projet de vie, de se relancer comme ça, de repartir à zéro parce que la bière, à part quelques belles aptitudes à la dégustation, et là bien sûr en toute modération toujours, la fabriquer je ne savais absolument pas les faire.

  • Jonathan

    Alors on va continuer cette histoire dans quelques instants, parlons un petit peu avec Timothée sur ton parcours. Professeur de physique-chimie en lycée, ça a toujours été une évidence ?

  • Timothée

    Professeur, ça a toujours été une évidence. Et physique-chimie, j'ai choisi en terminale. J'hésitais entre maths et physique.

  • Jonathan

    Parce qu'il est jeune déjà. Il a l'intention de savoir jeune.

  • Timothée

    Dès l'école primaire, je savais que je voulais être... Alors, je disais maîtresse à l'époque parce que j'avais que des maîtresses. Mais j'ai toujours voulu se faire ce métier.

  • Jonathan

    Ok, et pourquoi ? Qu'est-ce qui te séduisait déjà dès tout petit dans l'idée d'être professeur ?

  • Timothée

    Euh... Ben... les maîtresses que j'avais, les profs que j'ai eus après, en fait, ça a toujours été un peu mes modèles. Je me suis toujours senti très bien à l'école. Ce qui est une chance. Oui, ce qui est une chance.

  • Jonathan

    On reparlera d'orientation tout à l'heure et d'école aussi, mais c'est une chance.

  • Timothée

    Et je me suis toujours dit, je veux être comme eux. Et à chaque fois que j'avais l'opportunité d'aider un de mes amis à mieux comprendre quelque chose ou à faire du soutien avec eux, je le faisais toujours. Je me suis toujours inscrit dans les groupes d'aide entre élèves au collège qu'il y avait. Et j'aimais trop ça. J'aimais vraiment partager ce que je savais. Donc ouais, c'était un peu une évidence. Et physique-chimie, j'ai toujours aimé les sciences. Et il y a l'expérience en plus qu'il n'y a pas dans les maths. Donc physique-chimie.

  • Jonathan

    Et cette évidence, elle a toujours émaillé ton parcours tout au long de ton lycée, d'après des années post-bac. et des concours, parce qu'il faut un concours, il me semble, pour être physique chimie en lycée. Ça a toujours été pareil, cette même évidence, il n'y a pas eu de moment d'hésitation ou de « Ah, en fait, ce n'est peut-être pas vraiment ce que j'ai envie de faire dans la vie. »

  • Timothée

    En fait, en terminale, je me suis dit « Ça se trouve, dans cinq ans, je ne voudrais plus. Ça ne m'intéresserait plus. » Donc, j'ai un peu... Je n'ai pas fait un parcours d'études supérieures. classique pour devenir prof tout de suite. J'ai dit, je préfère avoir un bagage au cas où, au bout de deux ans. Donc, je suis passé par un BUT. Et en fait, à la fin des deux ans, j'avais toujours envie d'être prof. Donc, j'ai fait la licence et après, j'ai passé le concours. Mais j'avais toujours focus prof.

  • Jonathan

    Et alors, depuis 2020, tu as décidé de te diversifier un petit peu et de ne pas être juste prof, ce qui est déjà très fort et très compliqué et lourd en termes de charge mentale ou de travail, t'as décidé de te lancer sur Internet et de commencer à créer du contenu. Du coup, c'était quoi la volonté de départ en fait ?

  • Timothée

    Il n'y avait pas vraiment de volonté de départ. Non, en fait, pendant le confinement, il fallait s'occuper. Et j'étais déjà un petit peu sur Instagram et j'avais lancé un concours pendant deux semaines sur Disney. parce que je suis fan de Disney. Et pour m'occuper, voilà...

  • Jonathan

    On ne peut pas le rater, si on va faire un tour sur Insta, on ne peut pas le rater, que t'es fan de Disney.

  • Timothée

    Donc en fait, je postais une photo, une vidéo par jour, et en gros, l'idée, c'était de deviner le Disney. Et à la fin des 15 jours, on est reconfinés à nouveau. Et là, je savais plus quoi faire. Et en fait, c'est mes petites sœurs qui m'ont dit « Mais pourquoi tu fais pas des vidéos sur TikTok ? » Donc je connaissais pas TikTok. Et je télécharge et...

  • Jonathan

    C'est un autre monde.

  • Timothée

    C'est un autre monde. Je regarde des vidéos et je tombais sur des personnes qui parlaient de leur métier et l'impact qu'avait eu le Covid sur leur métier. Et je voyais rien sur les profs. Donc je me suis dit « Bah pourquoi ? Est-ce que je parlerais pas du métier de prof ? » Et j'ai commencé à faire des vidéos comme ça et en fait, ça a plu très vite. Et je me suis jamais arrêté.

  • Jonathan

    C'était à quel moment que tu as eu l'idée, toi Alexandre, de monter la brasserie ? Tu disais à 43 ans, mais c'était il y a du coup combien de temps ?

  • Alexandre

    Je vais bientôt fêter mes 50 ans, donc c'était il y a 7 ans.

  • Jonathan

    Donc juste avant la période Covid.

  • Alexandre

    Voilà, j'ai bien démarré au bon moment là.

  • Jonathan

    Mais ça veut dire que tu as eu l'idée de vouloir tout plaquer et changer avant cette période où tout le monde a eu cette idée-là. Je dis on, je fais une grande généralité, ce qui n'est pas forcément le cas, mais la plupart des gens s'est quand même remis en cause en mode qu'est-ce que je peux faire de ma vie ? et est-ce que je ne changerais pas de vie pour le coup ?

  • Alexandre

    La crise sanitaire a effectivement amené beaucoup de professionnels à se poser des questions. On s'est retourné beaucoup sur le bien-être justement et sur la personne que l'on est et pas uniquement le salarié ou le collaborateur ou le dirigeant qu'on est. Donc oui, c'était en amont.

  • Jonathan

    C'est marrant de se dire que cette période-là, à la base, on ne l'aurait pas définie comme une période de réajustement de l'orientation. Et finalement, on s'est tous posé la question de savoir si on devait se réorienter ou refaire autre chose, faire des choses nouvelles. comme de la création de contenu ? Parce qu'au début, tu parlais là-dessus, Timothée, mais tu te dis pas peut-être au bout de deux semaines, tiens, je vais en faire du quotidien.

  • Timothée

    Ah non, pas du tout. J'avais jamais eu pour vocation, pour le coup, d'être sur les réseaux. J'ai fait ça pendant le confinement pour m'occuper et puis pour faire rire. On avait besoin, à ce moment-là, de penser à autre chose aussi.

  • Jonathan

    Et à quel moment tu comprends que c'est sérieux et que tu vas continuer ?

  • Timothée

    Eh bien, quand... Quand un matin on se lève et qu'on passe de 3000 à 30000 abonnés en une soirée, et qu'une vidéo a fait 3 millions de vues et que les médias t'appellent le lendemain, là on se dit, allez là, il s'est passé quelque chose.

  • Jonathan

    Et ça n'arrive pas à tout le monde. Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas non plus l'Eldorado rêvé.

  • Timothée

    Non, non, non.

  • Jonathan

    Il y a du potentiel les réseaux sociaux,

  • Timothée

    mais c'est pas tout le monde. Bien sûr, il y a du potentiel, mais c'est un vrai métier à part entière, parce que ça demande beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, et c'est un métier H24. Il faut poster tous les jours, il y a le montage, il faut trouver les idées. C'est vraiment... On se rend compte en le faisant que c'est un vrai métier.

  • Jonathan

    Pour toi, aujourd'hui, c'est un métier ?

  • Timothée

    Ah oui, complètement.

  • Jonathan

    Tu en es rémunéré de la création de contenu ?

  • Timothée

    Oui, aussi. Donc, oui, bien sûr, tout temps passé mérite salaire, comme on dit.

  • Jonathan

    Alors, on va continuer un petit peu l'histoire de la Brasserie 360 avant d'arriver vraiment à comment choisir son orientation professionnelle. C'est la question qui nous anime aujourd'hui. Tu démarres la brasserie et tu disais que tu n'y connaissais rien, Alexandre, au début. Comment on met le pied à l'étrier ? Comment on se lance dans un monde, dans un univers, dans un secteur professionnel qu'on ne connaît pas du tout ? Ça démarre par quoi ?

  • Alexandre

    Ça démarre par la recherche de formation, en fait. Par l'acquisition de nouvelles compétences, pour deux raisons.

  • Jonathan

    Donc faire le point déjà des compétences qu'on connaît, qu'on maîtrise et qu'on ne maîtrise pas.

  • Alexandre

    Voilà, savoir d'où l'on vient, où on veut aller. professionnaliser la démarche. Donc moi, je n'avais aucune idée de la manière avec laquelle on fabriquait une bière. Donc je me suis renseigné sur les différentes formations possibles pour accéder à ce métier-là, parce qu'on ne peut pas monter un restaurant si on ne sait pas faire une mayonnaise. Donc il fallait vraiment apprendre avec beaucoup de modestie et se remettre en question là-dessus. Voilà, donc une formation, on va dire, qualifiante, mais non diplômante à Nancy, à l'Institut français de la bière et les malteries. Et ensuite, un diplôme universitaire à La Rochelle. Donc là, une formation diplômante.

  • Jonathan

    T'as voyagé.

  • Alexandre

    Il fallait un peu, avec beaucoup de plaisir d'ailleurs. Donc ça, c'est l'apprentissage théorique. Et puis, j'avais besoin de crédibiliser aussi les banquiers dans ma démarche. Parce que pour lever des fonds, il faut aussi faire voir à l'écosystème économique qu'on est expert dans son domaine et qu'il fallait aller chercher de la compétence. Et puis ensuite, des visites. Beaucoup de visites de brasseries. J'ai fait mon tour de France des brasseries pour aller piquer un peu des idées, regarder ce qui se passait à droite à gauche.

  • Jonathan

    C'est un moment assez cool ?

  • Alexandre

    Ça, c'était le moment découverte génial. Ça, c'était vraiment très, très sympa de prendre son sac à dos et d'aller rencontrer des brasseries. Et puis ensuite, il y a eu la période également tambouille dans mon garage, en achetant une pico-brasserie italienne et en commençant à faire quelques litres de bière à la grande inquiétude de mon entourage, de mes enfants qui me regardent avec des yeux tout ronds en me disant « Papa, tu crois qu'on va gagner de l'argent avec ça ? » Voilà, je faisais 60 litres de bière à la maison le soir.

  • Jonathan

    Et avant de répondre, c'était quoi cette question ?

  • Alexandre

    Alors ça, c'était une très grosse responsabilité. Et là, vraiment, c'était assez angoissant, assez flippant pour moi. Parce que quand vous avez vos gamins qui viennent vous voir comme ça, on se dit, attends, t'es peut-être en train de gérer ton cas à toi, Alex, de mal-être professionnel, mais t'as la responsabilité de la famille derrière.

  • Jonathan

    Et alors justement, toi, tu te positionnais comment par rapport à cette question ? Tu étais sûr et certain que ce business allait marcher, que tu allais gagner de l'argent avec ça ?

  • Alexandre

    Moi, je crois qu'en fait, ça, c'est le propre de l'entrepreneur, du créateur d'entreprise. C'est qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Autant on essaie d'être hyper focus sur son projet, autant si on commence à réfléchir sur est-ce que je vais pouvoir me payer ? Est-ce que je vais pouvoir rembourser ? Je crois qu'il ne vaut mieux pas trop y penser si on veut dormir encore un peu.

  • Jonathan

    Et c'est marrant parce que souvent en entrepreneuriat, on nous dit aussi qu'il faut anticiper les questions et ne pas hésiter à s'en poser, se remettre en cause.

  • Alexandre

    Il faut se poser les bonnes. Mais notamment, on parlait tout à l'heure de la crise sanitaire en école supérieure de commerce jusqu'à ce qu'il y ait une pandémie mondiale et qu'on nous demande de rester confinés. Un budget prévisionnel, je pense qu'on n'avait pas intégré la ligne pandémie. Donc le business plan, si vous voulez, tout est toujours relatif. Il faut rester très sérieux dans ce qu'on fait, mais il faut aussi... garder cette part de déconnexion qui nous permet d'être bien.

  • Jonathan

    Et donc après, le commerce, enfin en tout cas le business, l'entreprise se lance. Comment se passent les premiers pas ? On tâtonne, on cherche ou alors ça décolle directement ?

  • Alexandre

    Une galère énorme des séances. On ne savait pas comment on a reçu les machines. Enfin moi, je n'ai jamais une formation très technique. Une embouteilleuse, une brasseuse, une étiqueteuse. J'ai des séances d'embouteillage qui finissent à 2h du matin. Mais c'est aussi toute l'excitation du démarrage, avec que des petites victoires, qui faisait qu'on ne s'est jamais découragé et qu'on a appris ce métier avec beaucoup d'humidité.

  • Jonathan

    Tu dis « on » parce que tu parles de toi, mais tu parles aussi d'une équipe qui est derrière.

  • Alexandre

    Oui, j'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de belles personnes, et notamment aujourd'hui, l'équipe, la Team 360, c'est un peu comme ça que je l'appelle. C'était aussi la volonté de créer une TPE, une toute très petite entreprise, on y reviendra peut-être, c'est le partage des valeurs et le lien qu'on a avec les collaborateurs qui sont très forts. Aujourd'hui, ce management très partagé, une vision plus moderne et plus participative de l'entreprise.

  • Jonathan

    Tim, à côté du métier de professeur, il y a cette création de contenu qui se lance. À partir du moment où ça y est, tu commences à toucher tes premières billes, à toucher tes premiers billets. grâce à la création de contenu et tu commences à te rémunérer. Est-ce que déjà, tu prends conscience que là, ça y est, tu passes dans une autre sphère ?

  • Timothée

    Oui, oui, oui, bien sûr. Alors après, c'était moins compliqué parce que j'ai pas...

  • Jonathan

    T'avais une assise derrière ?

  • Timothée

    Ouais, mon métier principal, c'est mon métier de prof, donc j'avais pas assez de stress. Mais ça met toujours du beurre dans les épinards. Et oui, c'est vrai qu'on se dit, ah, ok. il y a quand même moyen de gagner de l'argent, si on respecte certains critères et tout. Pourquoi pas continuer à faire ce qu'on aime, mais en étant rémunéré en même temps. Et en vrai, c'est très bien parce que ça permet vraiment... Enfin, moi, je sais qu'avec cet argent-là, je peux acheter plein de trucs pour faire cours, en fait. Alors, c'est bizarre dit comme ça, mais j'aime trop faire des escape games. Et j'aime vraiment faire le truc à fond, en classe. Donc vraiment, j'achète plein de décos et tout. Et c'est trop bien parce que je peux me permettre tout ça. Sans avoir finalement à mettre l'argent de ma poche vraiment. Donc en vrai, pour ça, c'est cool.

  • Jonathan

    C'est plutôt confort. Et du coup, quand tu gagnes ces premiers billets, ces premières rémunérations, tu commences à te dire qu'il va falloir aussi, entre guillemets, que tu te construises un modèle économique pour mieux gérer ce qui commence à devenir un second métier, une entreprise.

  • Timothée

    Je n'ai jamais vraiment considéré comme ça, parce que... Parce qu'en fait, j'ai toujours considéré que c'était un bonus. Donc, si demain, je venais à ne plus gagner d'argent sur les réseaux sociaux, ça ne me changerait pas grand-chose. Je serais juste un peu déçu parce que je ferais peut-être un peu moins de shopping. Mais voilà, sinon...

  • Jonathan

    On parlait de la brasserie tout à l'heure, Alexandre, une brasserie 360. Et on a commencé à dire que c'était peut-être aussi le mot pour qualifier le principe de la brasserie, de toucher à plein de choses, d'être polyvalent. parce que... Il y a la bière, mais il n'y a pas que la bière. Il y a tout un tas d'activités à côté, plein de choses que vous organisez, d'événements. C'est primordial aujourd'hui quand on est entrepreneur et quand on crée un peu son emploi, son orientation, de réfléchir à une polyvalence, ce qui est une nouvelle manière, et ça c'est une question que je vais aussi poser à tous les deux, une nouvelle manière de concevoir son avenir professionnel.

  • Alexandre

    Waouh, là il y a de la question. Ah bah,

  • Jonathan

    il ne fallait pas donner ce nom-là à la brasserie.

  • Alexandre

    Oui, je crois que cette polyvalence, alors déjà, elle est inhérente aux petites structures. C'est ce qui fait d'ailleurs tout l'intérêt des petites entreprises artisanales. C'est qu'on fait dix métiers dans la même journée. Donc on ne s'ennuie jamais. Et surtout, quand on va s'entourer des collaborateurs. chacun va amener sa compétence sur tel et tel domaine. Donc c'est vrai que c'est important d'avoir quelque chose de très collaboratif. Alors c'est aussi la réflexion 360, c'est aussi la réflexion par rapport à la circularité, par rapport à l'environnement et l'écosystème dans lequel on évolue, ça c'est très important. Mais c'est vrai que la polyvalence aujourd'hui est fondamentale.

  • Jonathan

    pour redévelopper son business, mais peut-être aussi pour se sentir mieux. Tu parlais de la question du bien-être, que tu n'avais plus en tout cas dans ton travail avant. Peut-être que c'est en ne faisant jamais la même chose ?

  • Alexandre

    Oui, c'est sûr qu'aujourd'hui, c'est ne pas se sentir cloisonné dans un poste, dans une fonction. Quelque chose de très transversal. Je pense que l'hyper spécialisation, alors il faut des experts. Chacun peut être expert dans son domaine. Personnellement, j'étais en recherche de... plus de polyvalence quoi.

  • Jonathan

    T'en penses quoi toi Timothée, t'es un peu de cette question ? Déjà dans ton métier de professeur, est-ce qu'il y a moyen d'avoir je sais pas une plus grande liberté polyvalence, d'envisager le métier autrement ?

  • Timothée

    Oui bah déjà en vrai quand on est prof on fait plein de métiers en même temps. Certes on enseigne notre matière mais on fait aussi beaucoup de social, de la psychologie, enfin voilà. Un peu de police. Un peu de police. Non c'est un métier qui est très riche et très enrichissant et d'ailleurs s'il y a des profs qui regardent cette... cette interview, cette vidéo. En fait, quand on est prof, on a plein de compétences. Et parfois, j'entends des profs dire « Franchement, j'aimerais bien changer, mais je ne sais pas quoi faire. J'ai l'impression que je ne pourrais rien faire d'autre à part être prof. » Mais en fait, pas du tout. On a vraiment plein de compétences. Et moi, j'ai vraiment... Au début, quand j'ai commencé sur les réseaux sociaux, je me suis rendu compte que j'étais plutôt à l'aise sur certaines choses. Et je suis sûr que c'est parce que j'avais réussi à développer ces compétences grâce à mon métier.

  • Jonathan

    S'il y a des profs qui nous suivent, n'hésitez pas à laisser votre avis en commentaire, votre expérience, ça fera un plaisir de vous lire.

  • Timothée

    C'est vraiment un métier qui est très riche.

  • Jonathan

    Et qui est pluriel, qui permet de...

  • Timothée

    Et sur les réseaux, pareil. Moi je sais que depuis que je fais des vidéos, il y a beaucoup de points que j'ai pu développer. Ma rigueur, ma créativité, tout ça c'est vraiment des compétences que j'ai bien réussi à développer.

  • Jonathan

    La créativité, c'est celle que tu as le plus développée depuis que tu t'es mis sur les réseaux ?

  • Timothée

    Oui, vraiment. C'est vrai qu'on pense tout le temps. Déjà, quand on est prof, on pense tout le temps. Et là, on pense tout le temps autrement. Et moi, j'ai toujours aimé ce côté un peu créatif. Et ça m'a même aidé dans mon métier de prof aussi. C'est-à-dire que je fais encore plus de choses parce que j'avais eu l'idée de faire ça sur les réseaux. Et du coup, je me dis, ça peut être pas mal si je le fais en classe. Et en vrai, je trouve que ça se combine très bien. Et on n'a pas le temps de s'ennuyer.

  • Jonathan

    Tiens, même question Alexandre.

  • Alexandre

    Je veux rebondir sur les propos de Timothée, parce que la créativité, c'est vraiment quelque chose qui nous unit, qui unit nos propos. Parce que la créativité, c'est valable pour le dirigeant d'entreprise aussi, pour le créateur. C'est ce qui va nous donner cette énergie, c'est ce qui va nous donner ces bonnes ondes. Et je crois que c'est ça, la créativité. Pourquoi tu as choisi, Timothée, de lancer ton activité pendant le confinement ? C'est parce qu'on avait du temps. On a réfléchi et c'est là où on a été finalement créatifs. Et sur les réseaux, on n'a jamais vu autant de vidéos. humoristique, mais la créativité était là.

  • Jonathan

    C'était soit ça, soit faire du pain.

  • Alexandre

    C'était là où on était vraiment... Ou du bricolage avec des tutos, mais bon voilà. Mais en tout cas, on a vu tellement de choses émerger à ce moment-là et la créativité, c'est hyper important de nos jours.

  • Jonathan

    Mais il faut du temps.

  • Timothée

    Il faut du temps.

  • Alexandre

    Il faut du temps, on en a de moins en moins, on le voit bien. Toutes les journées de tout le monde sont bien pleines, mais il faut s'accorder ce temps-là pour être créatif.

  • Jonathan

    Alexandre et Timothée, chaque année, on a plus de 2 millions de collégiens ou lycéens qui ont un choix à faire. qui ont un choix d'orientation à faire, soit pour arriver dans un nouveau lycée, soit pour arriver en post-bac et dans une nouvelle université, ou avoir directement un métier. Tim, tu es suivi par énormément de jeunes sur les réseaux sociaux. Qu'est-ce que tu dirais à ceux qui pourraient hésiter entre plusieurs chemins à prendre, ceux qui ne savent pas trop quoi faire ? Est-ce que tu aurais un premier conseil à leur donner ?

  • Timothée

    Souvent, ce que je leur dis, c'est de relativiser. ils vont pas faire le choix de leur vie. Alors, bien sûr que c'est important, mais ils vont choisir des études post-bac, ils font une année, ils se rendent compte que c'est pas pour eux. Bah c'est pas grave, ils changent. Voilà, y'a rien qui est gravé dans le marbre. Je pense qu'on est des très bons exemples. Qu'en fait, on peut très bien faire des études et puis en fait faire un métier qui n'avait pas forcément à voir avec nos études de base. Donc voilà, il faut vraiment relativiser. Essayez de ne pas trop stresser parce que c'est malheureusement une période qui est assez stressante. Parce qu'on nous le vend comme ça aussi.

  • Jonathan

    En mode, sinon vous allez trop rater quoi.

  • Timothée

    Vous allez rater votre vie si vous ne faites pas ça. Non, puis Parcoursup, on l'entend beaucoup. pas qu'un bien. Donc c'est vrai que même pour les parents, c'est une période qui est assez stressante. En fait, il faut vraiment relativiser. Et voilà, on fait des choix. Alors il y a des choix qui vont être plus sélectifs que d'autres, mais si on met au moins un choix non sélectif, on est sûr de ne pas se retrouver sans rien l'année d'après. Presque sûr.

  • Jonathan

    Ouais. Alexandre, quand t'étais plus jeune, on te vendait...

  • Alexandre

    Ah bah oui, ça commence.

  • Jonathan

    On demandait le même discours en mode tu rates ta vie si tu ne fais pas le bon choix ?

  • Alexandre

    Oui, on nous mettait cette forme de pression un peu quand même. Moi je trouve qu'il fallait trouver la bonne case. C'est vrai que ce n'est pas facile quand on a 15, 16, 17 ans de savoir ce qu'on va faire demain. Je crois qu'il faut déjà vraiment dire aux jeunes de se détendre par rapport à ça et qu'il n'y a pas vraiment de ligne directrice. Il faut qu'on sache vraiment ce qu'on aime faire. Est-ce que je veux travailler seul, en équipe, à l'intérieur, en extérieur ? Poser déjà ces questions très basiques, dans un bureau ou sur le terrain. Me déplacer ou pas ? Est-ce que j'aime parler aux gens ou pas ? Poser ces questions alimentaires.

  • Jonathan

    Et posez-vous aussi la question, qu'est-ce que je sais faire ? On sait tous faire des choses, et souvent on a des jeunes, et peut-être que Tim tu confirmeras, qui disent « moi je sais rien faire » .

  • Timothée

    Ah oui, oui. Je trouve qu'on parlait de la pandémie, mais ça a aussi beaucoup joué sur la confiance qu'ont les élèves en eux. Et ça, c'est aussi un sacré travail à faire parce qu'il y a beaucoup d'élèves aujourd'hui qui n'ont pas assez confiance en eux et la moindre difficulté va les faire redescendre.

  • Jonathan

    Je t'ai coupé du coup Alexandre, tu disais il y a ces questions alimentaires à se poser et en fait à partir de là...

  • Alexandre

    Oui, alors pour parler de mon cas très précis, moi au-delà de ma passion pour les gens et la gourmandise, j'aime aussi beaucoup la nature et je voulais travailler... Je voulais faire les eaux et forer, je voulais travailler au plus proche de la tueur. Or, il fallait passer par des filières scientifiques et j'étais vraiment nul en maths physique. Donc, je n'ai pas pu faire mon métier passion à l'époque. Et je suis allé au CIO, au centre d'orientation à l'époque, en disant je ne peux pas faire le métier passion. Donc, dites-moi maintenant, je veux un métier débouché. Demain, ça embauche dans quoi ? À l'époque, c'était la logistique. Il y a toujours un secteur comme ça. Et j'ai fait un peu par défaut. un IUT en gestion logistique et transport, il s'avère que ça m'a beaucoup plu. Vous voyez comme quoi il n'y a pas de préconçus. Cette formation m'a vraiment plu. Et finalement, je me suis retrouvé dans le secteur du transport routier alors que je voulais travailler au plus près de la nature. Et du coup,

  • Jonathan

    tu es revenu à la nature aujourd'hui.

  • Alexandre

    Je suis revenu à la nature.

  • Jonathan

    Parce qu'on appelle la brasserie et localisée à Saint-Martin-Valmeroux, qui n'est pas la plus grande ville de France.

  • Alexandre

    Ah non, on est en zone hyper rurale. Moi d'ailleurs, je suis un ambassadeur de cette ruralité. Moi je pense que plus que jamais la ruralité est tendance, notamment en termes de créativité, en termes d'emploi. Mais jamais un seul instant j'aurais imaginé changer d'orientation professionnelle à 43 ans. J'avais une vision très japonaise de la carrière. Moi j'étais fidèle, j'ai fait qu'une entreprise auparavant.

  • Jonathan

    On reste dans la meilleure entreprise toute la vie.

  • Alexandre

    C'est ça, on fait sa carrière, on évolue, etc. Ça je pense que ça change et ça fait du bien d'ailleurs de changer.

  • Jonathan

    Et alors toi s'il y a bien un conseil que tu peux donner c'est qu'on peut changer pour le coup à tout âge et quand on est jeune en plus on n'a pas entre guillemets cette pression de on doit nourrir sa famille.

  • Alexandre

    Oui il y a ça, il y a le côté un peu moins alimentaire. Alors après il faut faire attention, il ne faut pas changer trop non plus, il ne faut pas papillonner en permanence parce que là ça passe. Mais en tout cas il faut se dire qu'on peut changer effectivement d'orientation et je crois que c'est même bien, il y a des grandes entreprises comme Michelin. qui gèrent les carrières de leurs collaborateurs justement en leur faisant changer de poste pour justement se chahuter un peu, se re-challenger et c'est plus épanouissant pour chacun et je pense que c'est plus productif pour l'entreprise.

  • Jonathan

    Timothée, est-ce que c'est grave de papillonner quand on a 16, 17, 18 ans ?

  • Timothée

    Non, au contraire, on se pose toutes les questions en vrai. Donc c'est important. Mais oui, ce que je voulais dire aussi c'est que parfois on peut... peut avoir des difficultés dans certaines matières qui vont nous empêcher, par exemple, d'accéder à un parcours. Mais en fait, il y a plein de chemins différents pour accéder à un même métier.

  • Jonathan

    Ah, il faut les connaître, ces chemins ?

  • Timothée

    Il faut les connaître.

  • Jonathan

    On n'a pas tous les panneaux,

  • Timothée

    quoi. On n'a pas tous les panneaux, mais c'est pour ça que c'est important de se renseigner pour savoir comment faire. Parce que, si je prends un exemple, je ne sais pas, si je prends médecine, par exemple, on pense tout de suite à un parcours classique, fac de médecine. En réalité, il n'y a pas que ça. Il y a aussi des passerelles qui existent. pour intégrer les études de médecine. Donc parfois, en fonction des...

  • Jonathan

    des capacités qu'on peut avoir, des facilités dans certaines matières plutôt que d'autres, mieux vaut passer par un chemin qu'un autre. Mais à la fin, on peut quand même arriver à un métier qui nous plaît. Et je pense que ça aussi, c'est important. Dans sa liste de ce que je sais faire, ce que je ne sais pas faire, il faut aussi mettre à côté qu'est-ce que j'aime faire. C'est important aussi. Qu'est-ce que j'ai envie d'apprendre ? Qu'est-ce que j'ai envie d'apprendre ? Je pense qu'il y a un côté passion. Il faut être épanoui au maximum. Et ne pas faire ce métier ou ne pas faire ces études parce qu'on m'a dit que.

  • Alexandre

    Est-ce qu'on s'écoute assez soi-même ? Est-ce qu'on a cette petite voix intérieure qui nous dit « Ouais, tu devrais faire ça » ou « T'aimerais bien faire ça » ? Est-ce qu'on se l'écoute assez, cette petite voix intérieure ?

  • Timothée

    Moi, je pense pas. C'est pour ça que j'aime bien que Tim dise qu'il n'est pas influenceur. Faut pas trop se laisser influencer. En tout cas, je pense que ça change, les codes changent, mais moi en ce qui me concerne, on était un peu dans des systèmes, on écoutait ses parents, où il faut faire ça parce que dans la famille on fait ça, et puis c'est pas forcément... Je crois qu'il faut se considérer justement qui on est, et parce que dans une entreprise, qu'elle soit grande ou petite, c'est la personne qu'on est avec les capacités qu'on va dégager qui font qu'on va s'épanouir, on va être heureux dans son job, mais on va être aussi très productif pour la boîte.

  • Alexandre

    Pour 91% des jeunes, l'orientation professionnelle est un sujet important. On se rend bien compte à quel point ça les impacte dans leur vie, c'est déterminant. Et il y a même 69% d'entre eux, chez eux, ça suscite du stress. Le mot est fort quand même. Il y a du stress pour quasiment 7 jeunes sur 10. Oui,

  • Jonathan

    mais ça se ressent en classe. À partir de janvier... Les visages changent. Oui, les visages changent. On sent que ça leur met un coup de pression. Et puis en plus, en terminale, tout arrive pour eux. Il y a le bac. qui s'approche. Non, mais c'est important parce qu'il y a aussi le climat de la société qui va avoir un impact aussi sur ce stress parce que en ce moment, quand on parle du monde professionnel, c'est pas forcément... Je trouve qu'il n'y a rien qui rassure aussi. Et donc tout ça, ça les fait stresser.

  • Alexandre

    Les jeunes t'en parlent justement, Claire, de « je vois pas trop ce que je peux faire dans la vie » parce que de toute façon, je mets vraiment des guillemets sur l'expression, mais tout est pourri.

  • Jonathan

    Oui, ils en parlent. Et c'est ça qui les bloque aussi, parce qu'ils vont avoir des idées. En se disant « j'aurais bien aimé faire ça, pourquoi pas ? » « Ah ouais, mais non, parce qu'en fait, ça n'en bouge plus. » Donc oui, bien sûr, ils en parlent beaucoup entre eux. Et il y a des réflexions qui sortent comme ça des fois en classe. Donc ça permet de... d'en discuter aussi.

  • Alexandre

    J'ai l'impression que tous ces sujets, ça en soulève un autre, c'est la notion d'échec, qu'en gros, on n'a pas le droit d'échouer et que si on rate son bac, ou si on se trompe dans notre avenir professionnel, ou si on fait couler une entreprise, entre guillemets, on n'est que dans l'échec et qu'on ne considère pas l'échec comme une expérience, mais comme quelque chose d'absolument négatif. Qu'est-ce que vous en pensez, vous, sur cette notion d'échec et comment aujourd'hui on en parle ou on la traite, Alexandre, parce que quand on est entrepreneur la notion d'échec on l'envisage

  • Timothée

    Alors oui, mais on échoue par rapport à quoi ? C'est ça. Par rapport à ça, c'est toujours par rapport à des objectifs, par rapport... Moi, là, je veux mettre tout le monde à l'aise. Enfin, je veux dire, moi, je n'ai pas fait des grandes études. Je suis souvent entouré dans le milieu professionnel de dirigeants de société, artisans, ou même des patrons de très belles PME qui n'ont pas des niveaux scolaires de fou. Ce sont des autodidactes, des gens pragmatiques. On peut... Moi j'ai deux enfants, j'ai mon fils aîné, longtemps à l'école, dans le cursus primaire. Voilà, Louis, ça va être compliqué pour Louis. Et puis Louis aujourd'hui, il est en Master 1, il a suivi une carrière, un cursus scolaire par le biais de l'alternance. Et ça, on y reviendra peut-être, mais je suis vraiment... J'accorde beaucoup d'importance à la filière professionnelle et notamment à l'alternance. entre guillemets un gamin qui était plutôt avoué à demain ne pas faire de grandes études, parce qu'il a trouvé sa voie et parce qu'il a compris quelles étaient ses capacités aujourd'hui a suivi. Donc faut pas trop se mettre le stress, c'est vrai qu'on est déjà tout ça est assez anxiogène pour les jeunes et Parcoursup c'est pas non plus le site le plus intuitif, le plus ergonomique qu'on ait en plus pour assurer les jeunes.

  • Alexandre

    Alors moi j'ai raté Parcoursup, je suis trop vieux pour ça déjà. Mais de ce que j'en entends, c'est compliqué, quoi.

  • Timothée

    Oui, je pense que pire, c'est le site des impôts, après. Donc, on ne doit pas...

  • Jonathan

    Non, mais après, en vrai, c'est difficile parce qu'il y a quand même de plus en plus d'étudiants. Il n'y a pas forcément l'offre qui répond à la demande. Donc, c'est ce que j'essaye de dire aux élèves le plus tôt possible, c'est que... Quand ils arrivent Parcoursup, ils sont en concurrence avec les élèves de la France entière. Donc il faut vraiment qu'ils mettent toutes les chances de leur côté pour réussir au mieux d'avoir un de leurs voeux une fois que c'est fait.

  • Alexandre

    Mais ils sont en concurrence. Ce mot-là, il est terrible. C'est une pétition géante.

  • Jonathan

    Il est terrible,

  • Timothée

    mais il faut classer. C'est la vérité. C'est la vérité. C'est la tente.

  • Jonathan

    C'est vrai que c'est terrible. Après,

  • Alexandre

    est-ce qu'il y a une meilleure méthode ? J'en sais rien. Je ne suis pas dans l'éducation nationale.

  • Jonathan

    Je ne suis pas dans... C'est là que c'est compliqué.

  • Alexandre

    C'est compliqué et ils essaient de faire au mieux. Mais c'est une compétition géante,

  • Jonathan

    le stress est rare. C'est ce que je leur dis, il n'y a pas de stress à avoir s'ils ont des super bulletins.

  • Alexandre

    Et les bulletins, ce n'est pas que les notes.

  • Jonathan

    Et les bulletins, ce n'est pas que les notes. Il y a des filières qui sont non sélectives, mais encore, ça existe. J'espère qu'on l'aura le plus longtemps possible. Donc voilà, pas de stress. Mais pour les filières sélectives, c'est plus compliqué. Mais voilà. C'est ce que j'ai dit tout à l'heure, il y a plusieurs chemins possibles et même s'ils n'arrivent pas à avoir l'école qu'ils voulaient absolument, ils pourront toujours soit y retourner d'une autre façon ou faire le métier en question.

  • Alexandre

    Dans ta classe, les jeunes, ils ont le droit d'échouer ?

  • Jonathan

    Bien sûr. J'espère même qu'ils vont échouer parce que c'est comme ça qu'on apprend le mieux. Quand un élève fait une erreur, je sais qu'il ne la refera plus.

  • Alexandre

    C'est quoi à chacun votre plus gros échec, en tout cas qui vous a servi pour la suite ? où vous vous êtes appuyé sur cet échec pour peut-être construire votre expérience, votre vécu, votre carrière. Alexandre, est-ce que tu as une idée d'échec qui est en tête ? Ah, là, je suis en situation inconfortable.

  • Timothée

    Oui, là, ce n'est pas facile.

  • Alexandre

    Est-ce que tu as vécu ton précédent emploi et la fin qui était sans épanouissement, avec difficulté, comme un échec ?

  • Timothée

    Oui, en fait, c'est ça. Parce que quand on se pose des questions et qu'on veut quitter son... Son boulot, on se dit, c'est 50-50. C'est un peu comme dans un divorce. C'est jamais totalement la faute de l'autre. Il y a toujours sa part de responsabilité. Donc on se dit, tiens, oui, j'ai échoué sûrement sur tel ou tel point. Ce qui amène la remise en question, comme disait Timothée, le fait de tomber, ça permet de se relever. C'est important de se nourrir de ces échecs-là. Il ne faut pas se décourager. Ça, c'est important aussi. Rien n'est facile aujourd'hui. On ne part pas non plus tous avec les mêmes clés au départ. Il faut vraiment avoir un discours très positif. Et moi, aujourd'hui, je pense que ce n'est pas facile d'être jeune aujourd'hui. Il faut s'accrocher.

  • Alexandre

    On peut gagner des clés au fur et à mesure.

  • Timothée

    On n'a jamais eu autant de boîtes d'outils partout.

  • Alexandre

    Là, il n'y a pas de voyages. À chaque épreuve,

  • Timothée

    il y a des clés. C'est ça. Il y a une chose qui est importante, c'est la capacité à communiquer. Il faut communiquer parce que quand on communique, on peut aller chercher l'info. Et quand on va aller chercher l'info, on va se sortir de l'ornière.

  • Alexandre

    Tu as déjà vécu un échec ou pas ? Qui t'a aidé ?

  • Jonathan

    Mon ex.

  • Timothée

    J'allais dire aussi, si on avait parlé des râteaux, là j'en avais une bonne. Oui, il y a beaucoup.

  • Jonathan

    Tu parlais du concours pour devenir prof. J'ai réussi à l'avoir du premier coup. Mais par contre, on avait fait un concours blanc que j'avais complètement raté. Et alors là, c'était compliqué parce que c'était vraiment trois mois avant le vrai. Ouais,

  • Alexandre

    c'est la dernière ligne droite.

  • Jonathan

    Et quand j'ai raté, vraiment, on a passé deux écrits et j'ai eu un 4 sur 20, un de tes écrits. Je me suis dit, à trois mois du concours, j'ai eu de l'angoisse.

  • Alexandre

    Et t'as l'impression de faire sa dernière ligne droite sur une seule jambe, quoi.

  • Jonathan

    Ah ouais, c'était vraiment... Non mais ça va être impossible. Et en fait, c'était une super promo.

  • Alexandre

    donc on s'est vraiment tous encouragés et voilà je me suis pas laissé abattre et j'ai bien fait tu parlais de communication il ya quelques instants alexandre j'adore ce mot le mot de la communication à quel point ça ça t'a aidé dans ton parcours de

  • Timothée

    communiquer d'échanger et notamment pour monter cette nouvelle activité alors je pense déjà c'est génétique enfin la communication c'est tellement large Je pense qu'on n'a jamais eu autant d'outils pour communiquer et pourtant on n'a jamais aussi peu communiqué entre nous.

  • Alexandre

    Ou aussi mal.

  • Timothée

    Aussi mal, voilà. Donc je crois qu'il faut déjà avoir ce rapport aux autres, c'est l'empathie, c'est cette envie de discuter avec les gens qui est importante. On l'a ou on l'a pas ça, c'est génétique. Mais la communication, aujourd'hui c'est important déjà pour le business parce que... On le voit bien, si on est autour de cette table aujourd'hui, tout le monde, on a besoin de communiquer, mais on a surtout besoin d'échanger. La communication, c'est important, mais on ne fait pas tout passer par la com. C'est l'échange, c'est la rencontre, c'est le partage. Et surtout le partage des valeurs, c'est les valeurs qui comptent aujourd'hui.

  • Alexandre

    Est-ce que dans ton cas, ça a pu prédéterminer ton changement de carrière ? De communiquer, d'échanger ?

  • Timothée

    Ah oui, c'était évident. Il fallait que je fasse un métier autour de... La production de bière, c'est un métier qui est tellement convivial. Je veux dire, c'est facile. C'est plus facile qu'un métier technique. Moi, je suis artisan brasseur, je suis fournisseur de bonne humeur. Donc, je dois aussi avoir ce côté très rapport aux autres.

  • Alexandre

    prenant une sorte de bonne humeur, on pourrait qualifier un peu ce que tu fais sur les réseaux de la même manière.

  • Jonathan

    Oui, et puis même en tant que prof, je pense que quand on veut devenir prof, il faut aussi avoir ce côté très social, on aime être avec les autres, on aime partager avec les autres, c'est aussi important. Et moi, jamais j'aurais pu travailler dans un bureau pendant 35 heures, par exemple. J'ai besoin aussi du contact.

  • Timothée

    Et puis la passion.

  • Jonathan

    C'est la passion.

  • Timothée

    J'ai un ami, son fils, il est nul à l'école, c'est une expression triviale, mais il est passionné de pêche. Il a des difficultés.

  • Alexandre

    Là c'est le prof qui reprend.

  • Timothée

    Il adore la pêche, la pêche à la ligne, la pêche au carnassier. Mais il est en train, parce qu'il est passionné, il a été repéré par des influenceurs, pour utiliser ce nom-là. Il progresse, il est connu dans son secteur et je suis persuadé que demain, il va faire de cette passion un vrai métier. Il commence déjà à gagner de l'argent avec cette passion. c'est la passion qui doit animer et quand on est passionné généralement on devient expert dans son domaine

  • Alexandre

    Est-ce que le fait de faire de la création de contenu sur le web ça a influencé ton métier de prof en gros est-ce que diversifier les activités ça apporte un atout un avantage indéniable dans la manière de concevoir sa carrière professionnelle

  • Jonathan

    C'est sûr et puis en plus ce que je fais sur les réseaux sociaux en général quand je parle de mes cours ... Je le faisais déjà en cours avant et je trouve ça génial de le partager. Mais comme je l'ai dit tout à l'heure, ça m'a poussé encore plus loin dans ma créativité. Et puis, il ne faut pas se mentir, les réseaux sociaux, je sais très bien que c'est surtout les ados qui vont être dessus. Donc, ça me permet, moi aussi, de toujours rester dans le coup. Non, mais de savoir ce qu'ils regardent, savoir quelles sont les tendances.

  • Alexandre

    Parce que mineurien, on prend de l'âge.

  • Timothée

    Je vous confirme.

  • Jonathan

    Quand on est au contact d'un public,

  • Alexandre

    il faut avoir cette notion-là aussi, il faut rester avec les tendances, le coup,

  • Jonathan

    on peut la reprendre. Ça va bientôt faire dix ans que j'enseigne, mais juste des fois, d'une année sur l'autre, on a l'impression que on se rend compte qu'on a vieilli. Donc les réseaux sociaux, c'est vrai que ça permet vraiment de rester tendance et de savoir ce que vont regarder les élèves, ce qui va les intéresser. Et ça, quand on choisit un contexte dans un TP ou quoi, c'est super pratique. Et en plus, ça permet de donner des contextes qui vont plaire aux élèves.

  • Alexandre

    Ça vous sert les réseaux sociaux à la brasserie aujourd'hui ?

  • Timothée

    Oui, énormément. On ne peut pas passer outre. Parce que la production de bière et de soft, c'est une fabrication populaire, générale, grand public. Donc il nous faut des réseaux sociaux. Purement, on va dire... Pour le marketing, mais pas que. C'est aussi, une fois de plus, pour le partage des valeurs, c'est de faire passer des messages, savoir qui on est, quelles sont les valeurs fortes de l'entreprise. C'est important.

  • Alexandre

    Ça va être quoi, par exemple, tu parles beaucoup de valeurs depuis tout à l'heure, les trois valeurs de ton entreprise ?

  • Timothée

    Alors, moi, elles sont indissociables. C'est l'homme, le terroir et le produit.

  • Alexandre

    Et les mettre tous ensemble ?

  • Timothée

    Et les mettre tous ensemble, donc ça c'est pour résumer à trois valeurs. Mais ce qui est important, c'est l'approche très environnementale de notre démarche. C'est surtout donner du sens, le faire avec les acteurs locaux, le circuit court. Tout ça, c'est des choses qui sont importantes. Et le partage de valeurs, c'est important. Pardon ? Pardon ?

  • Alexandre

    Donc le partage des valeurs, important. Et prof en trois valeurs.

  • Jonathan

    Prof en trois valeurs ? Le partage, la passion et l'envie de rendre le monde meilleur, je pense aussi. Parce qu'en vrai, on a une vraie responsabilité dans le monde de demain. Et pouvoir apporter sa petite touche personnelle, c'est bien aussi. On se sent utile tous les matins en se levant.

  • Alexandre

    Alexandre a pu dire les mêmes, j'ai l'impression à quelque chose par là c'est vrai,

  • Timothée

    avec une responsabilité ça me permet de rendre hommage aux enseignants parce que ils ont leur matière première c'est l'humain et c'est des jeunes humains donc ça c'est une sacrée responsabilité parce qu'on n'a pas des bouteilles en verre en face de soi ou en production

  • Alexandre

    leur objectif c'est de sortir le meilleur des jeunes et ça c'est pas facile parce que là on est sur un métier qui est compliqué je vous ai posé cette question sur les valeurs parce que je me demandais si finalement pour choisir son choix de carrière son orientation professionnelle, on pouvait s'appuyer avant tout sur les valeurs, bien avant les compétences, bien avant le savoir faire, est-ce que les valeurs finalement c'est pas la première porte d'entrée ?

  • Timothée

    Pour moi c'est une évidence c'est les valeurs qui doivent être recherchées Merci. et pourquoi j'ai décidé de recréer une petite structure artisanale, c'est pour ça. C'est parce que je pense que c'est beaucoup plus facile de partager les valeurs dans une petite structure. Il y a moins d'inertie, on est en famille. Je veux dire, moi je mange tous les midis avec mes collaborateurs, etc. Alors ça ne veut pas dire que c'est le monde du bisounours. Mais je crois qu'aujourd'hui l'entreprise doit se réinventer, qu'il y a beaucoup de dirigeants aussi qui ont besoin de se réinventer sur leur manière de gérer leur boîte. Alors on se cache sous des acronymes, le RSE, la marque entreprise, qu'est-ce que c'est que voilà. Mais je crois que c'est surtout le partage des valeurs, de se donner une ligne directrice, de faire valider ces valeurs-là par l'ensemble. Ça s'appelle la raison d'être dans les entreprises, quelle est la raison d'être de la boîte. Et ça permet de gommer comme ça plein de choses. Et c'est vraiment ça qui doit guider, je pense, le choix de son boulot des jeunes pour demain.

  • Alexandre

    De boulot ou de vocation ?

  • Timothée

    Ou de vocation, carrément. Quand c'est fort, c'est la vocation.

  • Jonathan

    Et ça, c'est un conseil que j'aurais bien aimé... Recevoir ? Recevoir plus jeune. Certains de mes profs ont tout fait pour que je ne devienne pas prof. Et je trouve ça dommage. Et non, j'aurais bien aimé avoir ce conseil de prioriser les valeurs, avant tout.

  • Alexandre

    Mais il te disait quoi, ses profs ?

  • Jonathan

    Ah non, mais c'est pas un métier d'avenir.

  • Alexandre

    Ah les profs peuvent même dire que c'était pas un métier d'avenir.

  • Jonathan

    Non, non, c'est un métier qui se dégrade, voilà. Pendant une réunion parents-profs, je me souviens mon prof de maths à l'époque, avait dit à mes parents, il avait attendu la réunion parents-profs pour dire à mes parents, bon j'espère que vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour qu'ils ne deviennent pas profs. Alors que j'avais 17 de moyenne, je veux dire, je m'attendais pas à ça quoi. Bon, j'ai eu la chance que mes parents m'ont toujours... mais c'est vrai que c'est dur de vouloir faire un métier et qu'on te dise à côté par des gens qui le font déjà c'est pas un métier d'avenir tu peux mieux faire c'est dur à entendre j'ai eu la même expérience plus jeune quand j'étais au lycée j'ai

  • Alexandre

    rencontré un journaliste télé qui m'avait dit qui avait dit à plusieurs jeunes surtout ce métier là ne pensez pas que c'est un métier d'avenir c'est un métier qui va être compliqué Et c'est un métier qui est super difficile. Et moi, je ne vous le conseille pas. Il dénigrait presque son métier. Et bien moi, ça m'a donné le sentiment inverse. Et ça m'a dit, OK, en fait, mec, je vais prendre ta place. Et je vais montrer que le métier, c'est aussi autre chose. Et ça, c'était ma pensée au lycée. Et finalement, j'ai suivi des études de journaliste et je suis devenu journaliste par la suite. Et moi, ça m'a donné un sentiment de renfort, un sentiment de motivation presque surmultiplié.

  • Jonathan

    Ah oui, pareil. Au contraire. Des fois,

  • Alexandre

    les conseils qu'on vous donne pour vous limiter, ça peut faire l'effet inverse.

  • Timothée

    Oui, ça peut être.

  • Jonathan

    Mais c'est important, pour revenir à ce qu'on disait, de dire aussi aux élèves que les valeurs, c'est important. Parce qu'aujourd'hui, si on demande à un élève comment il choisit son métier, 80% c'est le salaire. même si c'est pas quelque chose qui les intéresse vraiment, ouais mais ça gagne bien. Et en fait... Ça suffit pas. Je suis pas si sûr.

  • Alexandre

    Alors là je rejoins un peu Alexandre sur cette question, est-ce que ça change pas un tout petit peu en ce moment, où on met plus le cœur sur le bien-être, sur l'environnement ?

  • Jonathan

    Alors c'est très récent, c'est très récent, mais la première chose, la première question que posent les élèves, c'est ça gagne combien ?

  • Timothée

    Je pense que c'est vrai, Timothée, pour les... pour les jeunes qui n'ont pas encore eu d'expérience professionnelle. Ah,

  • Jonathan

    mais non, je parle pour les jeunes qui n'ont pas d'expérience professionnelle.

  • Timothée

    Je pense qu'effectivement, est-ce que ça gagne bien ou pas ? J'ai été dans ce cas-là,

  • Jonathan

    on regarde.

  • Timothée

    On sortait avec un bac plus 2, un bac plus 3, ça va être quoi le salaire demain ? Mais après, je pense que quand ils ont intégré le milieu professionnel, justement, ça ne devient plus la priorité. Les gens, déjà, je pense que si tout le monde regardait d'abord le salaire, tout le monde... Tout le monde bosserait aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Je crois que les gens veulent aussi chercher de la reconnaissance, ils veulent chercher un épanouissement personnel, un mix aussi vie privée, loisirs et boulot. Moi, je pense que je ne suis pas un dinosaure, mais à 50 ans, je suis un peu la dernière génération de professionnels. On a d'abord géré notre carrière pro et on a organisé notre vie privée autour. La nouvelle génération, elle ne veut pas ça. Et je pense qu'elle a en partie raison. On doit exister avant tout en tant qu'être humain.

  • Alexandre

    Comme salarié.

  • Timothée

    Et pas que salarié. C'est un statut qui est important, parce qu'il faut gagner sa croûte, mais ce n'est pas que ça.

  • Alexandre

    Mais le salaire, oui, bien sûr, rentre en compte.

  • Timothée

    Bien sûr. Moi,

  • Alexandre

    je vous conseille de faire des jobs saisonniers.

  • Timothée

    Pour payer les gens ?

  • Jonathan

    C'est très bien.

  • Alexandre

    17 ans, je vous conseille d'être animateur BAFA ou de faire les maïs ou les betteraves. Les maïs,

  • Timothée

    c'est bien.

  • Alexandre

    Je pense que... la notion de salaire et de ce qu'on veut dans son boulot aussi, il y a beaucoup de questions qui rentrent en compte.

  • Jonathan

    C'est pour ça que c'est important, dès le plus jeune âge, dès le collège, vraiment, dès le lycée, de dire justement aux élèves que le salaire, ce n'est pas le plus important, mais c'est vraiment d'avoir ce bien-être, de faire quelque chose où ils seront épanouis, et ça, c'est important. et ils n'en ont pas forcément conscience au départ, c'est vrai.

  • Timothée

    Et on peut très bien gagner sa vie avec des métiers aussi de l'artisanat, des métiers techniques, des métiers manuels. Un boucher, ça gagne très bien sa vie, aujourd'hui, que ce soit en grande distribution ou... Voilà, un plombier qui, à son compte, il gagne très bien sa vie. Donc il faut vraiment valoriser ça aussi. Et on a l'intelligence artificielle qui arrive, qui va faire aussi que, peut-être que les métiers les plus intellectuels et qui étaient les plus rémunérés, le seront peut-être de moins, et que ce savoir-faire manuel, technique, va être valorisé demain.

  • Alexandre

    Oui, l'intelligence artificielle ne va pas tout de suite remplacer les électriciens ou les careleurs.

  • Timothée

    Et ne découpera pas la côte de bœuf.

  • Alexandre

    Non, non, bien sûr. Non, mais c'est pour ça, il faut aussi préciser que le salaire n'est pas toujours lié qu'au niveau d'études. Parce que bien-être au travail n'est pas toujours lié qu'à nos victoires scolaires. Enfin, il y a des choses à dissocier aussi. et puis surtout, il faut se dissocier aussi des attentes de l'entourage. Tout à l'heure, tu parlais d'influence, Alexandre. Est-ce qu'on peut vraiment se détacher à 100% de l'influence de notre entourage et de ce qu'on attend un petit peu, de ce que voudraient les parents, de ce que nous disent les profs, etc. Qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce qu'on peut se détacher vraiment de cette question-là et être notre libre arbitre à 100% ?

  • Jonathan

    Quand on est ado, c'est compliqué de se détacher à 100%. Après, ils ont un projet vraiment très très défini déjà, donc c'est très bien. Mais on est souvent influencé, soit par son entourage familial, ça peut être par les amis, ça peut être par des... étudiants qui ont donné leur avis sur la formation, par la société elle-même aussi. Donc c'est difficile. Mais après, je pense que toute influence n'est pas mauvaise. Je pense que c'est aussi difficile d'avoir parfois un raisonnement bien construit quand on est encore ado. Donc c'est bien de se laisser guider, en partie, et ensuite, revenir, c'est nécessaire, mais je pense que une influence peut aussi être positive.

  • Alexandre

    Il y a 43 ans, on se détache de l'influence ou pas ?

  • Timothée

    Non, jamais. On a tous nos modèles. C'est aussi pour ça que c'est important, quand on est prof ou quand on est dirigeant de société, d'avoir cette notion un peu d'exemplarité. Enfin, moi, à chaque fois, j'étais bon dans une matière, c'est parce que j'adorais le prof. Et que j'avais envie aussi de faire plaisir. Je crois que j'en ai fait l'autre. Oui, c'est ça. Et puis, quelqu'un qui amène... Donc, on est tous sous influence. de quelqu'un, que ce soit un familial, que ce soit dans le cadre de nos passions, un sportif, une star, enfin voilà, tout est fait justement. Le système fait qu'on essaye de... Mais il ne faut pas oublier qui on est et ce qu'on aime vraiment.

  • Alexandre

    En parlant d'influence, Alexandre, on évoquait ton équipe tout à l'heure, on l'a un peu touché du doigt ce sujet parce que la Brasserie 360, c'est une brasserie cantalienne à Saint-St Martin-Valmeroux , on le rappelle. C'est plusieurs personnes qui gravitent autour, c'est une belle petite équipe. À quel point... l'enjeu de communauté a été déterminant, important pour que la brasserie vive et que cette entreprise fonctionne ?

  • Timothée

    En fait, moi, comme je le disais tout à l'heure, j'ai été amené à manager 150 personnes et je crois que ça avait atteint un peu mes limites. Voilà, je ne me reconnaissais plus dans cette manière de gérer dans un système etc. et je voulais revenir sur une structure beaucoup plus petite. Travailler, ça peut paraître galvaudé comme ça, mais travailler un peu en famille. parce que c'est plus rassurant pour tout le monde et parce que moi en fait, quand j'ai décidé de produire de la bière, c'est une sacrée responsabilité. C'est que c'est un produit qu'on va ingérer. Je veux dire, les gens vont boire cette boisson-là. Il faut que ça soit bon, mais il faut que ça soit sain aussi. Et d'un seul coup, c'était une prise de conscience. Et ça, je ne voulais pas le supporter tout seul. Je ne voulais plus ça, je voulais partager ça. Et partager les valeurs avec des collaborateurs, comme ça, c'est... Aussi de se dire, aujourd'hui on est 7 équivalents temps plein, on reste une petite structure, mais 7 cerveaux qui fonctionnent, c'est toujours mieux qu'un. Alors il faut toujours un chef, ça c'est important, il y en a, il faut trancher. Mais par contre, on a des bonnes idées tout le temps, de partout. Et par exemple, sur les sujets écologiques, les collaborateurs qui sont tous plus jeunes que moi, m'ont énormément formé. Moi, je n'ai pas été sensibilisé à ça, c'est générationnel je pense, mais on a beaucoup avancé sur ces sujets de l'environnement parce qu'on a travaillé ensemble.

  • Alexandre

    Je reprends ta phrase, il faut toujours un chef. Oui. Toi, t'es quel type de chef ? Comment ? Un chef un peu différent ?

  • Timothée

    Pour avoir échangé justement avec les collaborateurs sur les modèles, les différents modèles politiques, sociaux, etc. On se dit, mais finalement, c'est quoi le meilleur modèle ? Et il y a un Romain, notre druide en chef, qui a dit mais pour moi, le meilleur système, c'est un bon roi. En fait, je crois que c'est ça. C'est-à-dire quelqu'un qui doit être juste. Par contre, il faut être exemplaire aussi. Mais il faut être aussi exigeant parce que l'exigence, ça mène à la qualité. Et puis reconnaissance. Et voilà, il n'y a pas de... Il n'y a pas de petit chef, en tout cas. Le petit chef, ce n'est pas bien, ça.

  • Alexandre

    Donc, à la Brasserie 360, on est dans une jolie monarchie.

  • Timothée

    Oui, c'est ça. On est dans un équilibre bien juste.

  • Alexandre

    Est-ce qu'au lycée, en tout cas là où t'enseignes, Timothée, on favorise vraiment le travail et en tout cas le savoir vivre en équipe ? Est-ce que la notion d'équipe, de communauté, c'est quelque chose qui rentre en compte et qui peut être déterminant pour ces choix de carrière qu'on évoque depuis tout à l'heure ?

  • Jonathan

    C'est super important, aussi bien pour les profs que les élèves. Quand on est dans une équipe pédagogique où tout marche bien, tout le monde s'entraide, ça change tout, surtout quand on débarque. Ma première année, je l'ai fait dans le 93, en région parisienne, donc c'est une zone qui est assez difficile. Et quand on débarque, on n'a plus du tout d'expérience. Donc si on arrive, c'est compliqué avec les élèves, et qu'en plus on a une équipe pédagogique qui ne nous soutient pas, C'est là que beaucoup démissionnent en fait. La première année, il y a beaucoup de démission chez les profs. Parce qu'on se rend vraiment compte de ce que c'est d'enseigner.

  • Alexandre

    Parce que souvent, on rappelle en première année, vous n'avez pas trop le choix de où vous allez atterrir.

  • Jonathan

    Oui, ça marche par mutation et comme on n'a pas de fond au départ, il y a beaucoup de postes de libre et le 93 en fait partie. Donc voilà, moi j'avais eu la chance d'avoir une super équipe et dès que j'avais le moindre problème, le cours d'avant, le collègue était déjà au courant et du coup, Ils étaient encore repris les élèves, donc la fois d'après, ça se passait bien. Et c'était très formateur. Donc non, l'équipe, l'entraide entre les collègues, très important.

  • Alexandre

    Comment on favorise ça au sein d'un établissement, mais même au sein d'une salle de classe ? C'est quoi les petits tips, les petits trucs à mettre en place ?

  • Jonathan

    Déjà, la chose la plus importante, c'est que l'établissement roule bien. Qu'il y ait une hiérarchie qui soit présente et qui soit à l'écoute. et ensuite ben ça pète la mise en place de projets entre les différentes matières. Ça va créer une cohésion. Et puis après, il y a l'amicale dans les établissements scolaires pour faire des petits trucs un peu plus sympas, des sorties. Ça crée une cohésion et je pense que c'est important. Et avec les élèves, c'est pareil. Avec les élèves, moi je considère que c'est donnant-donnant. Je ne suis pas leur chef. Ouais.

  • Alexandre

    T'apprends d'eux aussi.

  • Jonathan

    J'apprends d'eux aussi. Et ça marche vraiment dans les deux sens. Et je pense que quand il y a une relation de confiance qui est mise en place, en vrai, ça roule.

  • Alexandre

    Alors moi, je voudrais revenir sur un sujet qu'on a juste évoqué tout à l'heure. Et c'est Alexandre qui en parlait, j'ai l'impression que ça tenait à cœur, c'est celui de l'alternance. Parce qu'on se dit comment on peut trouver son choix de carrière, comment on peut trouver le métier idéal, comment on peut avoir la bonne orientation. Est-ce que l'alternance, ce n'est pas un peu le bon compromis ? pour se dire, on reste dans les études, on tente des choses, on peut revenir en arrière. Et ça nous permet de savoir un petit peu plus en détail ce qu'on veut.

  • Timothée

    Moi, je crois beaucoup à l'alternance, parce que c'est un système qui va permettre justement déjà de mettre un pied en l'entreprise. Donc de découvrir déjà le monde vers lequel on s'oriente, on se dirige. Donc ça permet effectivement de se rassurer, est-ce que c'est bien ce milieu-là dans lequel je vais évoluer demain ou pas ? Ça enlève cette pression de réussite, c'est-à-dire que c'est progressif l'alternance. Allez, on est 50% de son temps pour les études, 50% en situation réelle. En entreprise, c'est rassurant. Ça permet déjà d'enlever cette angoisse de l'arrivée sur le marché du travail. Ensuite, l'alternance, c'est rémunérateur. Alors ça peut paraître bête de dire ça, mais on est quand même aussi encore en période un peu de crise.

  • Jonathan

    Ça permet aussi d'enlever une pression financière sur l'étudiant, parce qu'il va quand même avoir un peu un revenu, ou sur la famille. Et en quelque part, ça va alléger la charge de l'étude supérieure pour les parents.

  • Alexandre

    Et de ne pas forcément avoir besoin de prendre un job alimentaire à côté des étudiants.

  • Jonathan

    Exactement, et ça peut déculpabiliser le jeune aussi, de se dire, je fais payer à mes parents mes études, ou je suis obligé d'aller bosser. C'est une solution gagnant-gagnant. Il faut aussi que l'employeur joue le jeu. bien intégrer le poste de l'alternant dans l'entreprise. C'est intéressant pour les employeurs aussi, financièrement, avec les accompagnements, etc.

  • Alexandre

    Tu en prends des alternants toi ?

  • Jonathan

    Oui, j'en prends, pas beaucoup parce qu'on est une petite structure, mais mes deux enfants sont alternants, et les deux avec beaucoup de plaisir, sans les avoir poussés vers cette voie-là, mais en tout cas ils se sont révélés grâce à l'alternance.

  • Timothée

    Est-ce que tu prends des stagiaires en seconde ? Oui. Parce que j'ai quelques élèves encore qui n'ont pas de stage.

  • Jonathan

    Oui, on prend. Et ça fait partie aussi, l'accueil du stagiaire, elle est importante aussi, d'ouvrir. On doit désacraliser, ouvrir le monde de l'entreprise pour faciliter le recrutement aussi.

  • Alexandre

    Il y a des stages en seconde ?

  • Timothée

    Oui, depuis l'année dernière.

  • Alexandre

    Oui, c'est récent, c'est ce que j'allais dire.

  • Timothée

    Les deux dernières semaines de juin. Donc tous les élèves de seconde doivent faire un stage dans l'entreprise, ça peut être dans le monde associatif ou un séjour linguistique à l'étranger. L'idée c'était de... parce qu'à partir du 10 juin en général, il n'y a plus cours au lycée parce que c'est les épreuves du baccalauréat. Donc c'était pour éviter que les élèves de seconde aient quasiment trois mois de vacances.

  • Alexandre

    Ah je me rappelle, c'était bien quand même.

  • Timothée

    Ouais c'était bien.

  • Alexandre

    Moi j'aimais bien cette vacances.

  • Timothée

    Mais en vrai c'est une bonne idée je trouve d'avoir mis en place ce stage, parce qu'ils sont quand même plus en cours. Mais en même temps... Ils font quelque chose qui... Quoi qu'il arrive, même si c'est pas un stage dans ce qu'ils aimeraient faire plus tard, ça leur fait découvrir le monde de l'entreprise. Et ça, c'est bien. Ça ne peut que leur donner des clés pour la suite. Et d'ailleurs, j'ai une petite anecdote sur ça, parce que j'expliquais tout ça aux élèves, parce que je suis prof principal d'une classe de seconde. Et donc voilà, je fais mon topo sur l'orientation, sur les métiers, le monde professionnel et tout. Et à la fin, il y en a un qui me dit « Mais monsieur, vous me racontez tout ça, mais vous n'avez aucune crédibilité. » Je fais « Pourquoi ? » « Vous n'avez jamais quitté l'école, vous. » Alors, ce n'est pas totalement faux, parce qu'en vrai, c'est vrai qu'il n'a jamais quitté l'école. Donc, c'est pour ça que je trouve ça très intéressant, parfois, qu'il y ait des intervenants du monde professionnel qui viennent dans les salles de classe pour justement expliquer leur métier, expliquer leur ressenti, ou même des étudiants qui viennent m'expliquer ça. C'est très important parce qu'aux yeux des élèves, ça a plus d'impact. que quand c'est le prof qui le dit.

  • Alexandre

    Et t'as répondu quoi, du quoi, à cet élève ?

  • Timothée

    J'ai longtemps réfléchi.

  • Alexandre

    Le bug.

  • Timothée

    Le bug. C'est pas faux, en vrai. Non, non, mais après, je lui ai dit, alors, c'est pas faux, ce que tu dis, mais j'avais quand même travaillé pendant mes études, donc voilà. Et puis, en vrai, aux yeux des élèves, l'école et le monde professionnel, c'est différent. Alors, c'est vrai, c'est différent. Mais en vrai, on a besoin, l'un a besoin de l'autre. Voilà. Le monde professionnel a besoin d'écoles.

  • Alexandre

    Il y a des connecteurs communs.

  • Timothée

    Donc je pense que c'est vraiment un travail qui doit se faire à deux dans les deux sens. Le monde d'entreprise et l'école.

  • Alexandre

    Tu parlais d'anecdotes, de souvenirs. Est-ce que toi tu as en tête le parcours d'un élève un peu paumé et qui a réussi par X ou Y raison à se révéler, à trouver sa voie, qui aurait grâce à une expérience pu se découvrir ?

  • Timothée

    Alors, c'est pas tout à fait dans ce sens, mais je garde un très bon souvenir d'un élève qui était brillant, vraiment, qui avait des très très bonnes notes. Il a eu son bac avec mention très bien et il voulait devenir boulanger. Voilà, donc en fait, ça n'intéressait pas du tout les études supérieures et il voulait même pas passer le bac. Il voulait partir tout de suite en apprentissage pour devenir boulanger. C'est un CAP ? Pour faire un boulanger, oui. Et ses parents n'ont jamais voulu. Et du coup, il a fait son bac. Et à la fin de son bac, durant toute l'année, on avait dû travailler, travailler, travailler pour que les parents changent d'avis. Je ne comprenais pas pourquoi ses parents ne voulaient pas le laisser faire son CAP. Et il a réussi à faire son CAP. Et je l'ai revu, c'était en septembre, en début d'année. Et il était aux Anges, il était devenu boulanger-pâtissier. Là, il allait faire une spécialisation dans le chocolat. Il était vraiment aux Anges. Et ça fait plaisir de voir que parfois, on se donne à fond pour l'orientation d'un élève, pour prendre en compte ce que lui intéresse, pour parfois, comme on parlait d'influence tout à l'heure, faire en sorte que les parents n'aient pas trop d'influence négative, parce qu'en vrai, il aurait loupé une super vocation.

  • Alexandre

    Est-ce qu'il n'y avait pas un peu de crainte aussi de la part des parents, toujours avec ce discours, de se dire, passe ton bac ou fais des études, un bac plus 2, plus 3, ça sécurise ?

  • Timothée

    Mais bien sûr que si, mais les choses changent aujourd'hui quand même. mais il y a toujours des parents qui hiérarchise les choses. En gros, tu veux réussir dans la vie, tu fais un bac général.

  • Alexandre

    Chirugien que c'est mieux que boulanger.

  • Timothée

    Voilà. Alors qu'en vrai, les choses changent, mais il y a encore du travail à faire là-dessus. Il y a beaucoup de parents qui ne veulent pas que leur enfant fasse un bac professionnel, parce que pour eux, le bac professionnel, c'est quand on est pas... Voilà, on est un peu nul. Voilà. Alors que c'est pas du tout ça. C'est pas du tout le cas. Moi, ce que j'explique aux élèves, c'est qu'on propose trois types de bacs différents, parce qu'il y a plein de façons d'apprendre différentes. Trouvez la vôtre. Trouvez la vôtre. et vous réussirez.

  • Alexandre

    Alexandre, en tant que père de famille, comment tu t'es placé vis-à-vis de cette question-là sur l'éducation de tes enfants, sur leur choix professionnel ?

  • Jonathan

    Moi, je n'ai jamais été très assidu dans les études, donc je vais faire en sorte de ne pas demander à mes enfants ce que tu n'as pas fait toi-même. Moi, j'ai surtout veillé à ce qu'ils soient bien dans leur peau et à ce qu'ils soient équilibrés et ouverts aux autres. Pour moi, j'accorde de l'importance à la communication. C'est important qu'elle soit écrite, orale.

  • Alexandre

    Ça dépasse la carrière professionnelle.

  • Jonathan

    Oui, c'est ça. C'est plus de travailler sur... Et assez rapidement, je n'ai pas été trop inquiet. Je n'ai pas été trop ambitieux pour eux. Heureusement, à la télévision notamment, vous voyez bien, top chef, le meilleur boulanger, la meilleure pâtisserie. On a quand même des métiers d'artisans qui sont valorisés.

  • Alexandre

    Il n'y a pas encore le meilleur brasseur.

  • Jonathan

    Il n'y a pas encore le meilleur brasseur. Ça arrivera peut-être. Mais voilà, donc tout, tout, ce n'est pas que The Voice. Donc, on peut aussi faire rêver les gens avec des métiers, des métiers plus pragmatiques.

  • Alexandre

    Mais toujours avec cette notion de meilleur. Après, c'est des émissions de télé. Donc, il y a l'aspect compétition et c'est ça qui fait vendre aussi. Mais il y a cet aspect de meilleur. Et même si on n'est pas le meilleur, ce n'est pas grave non plus.

  • Jonathan

    C'est ça. On n'est pas le meilleur, mais on peut le devenir et c'est comme l'échec le meilleur vis-à-vis de qui ? c'est ça Il faut croire en soi aussi. Ça peut paraître très généraliste comme propos, mais il faut désacraliser un petit peu tout ça et travailler. Je crois qu'on n'accompagne pas assez nos jeunes sur eux. Il y a un gros travail sur ce qui se passe. Et les jeunes vivent une période qui n'est pas facile. Post-Covid, très traumatisante. La jeunesse aujourd'hui, ce n'est pas facile. Il faut se réinventer tout ça. Il y a aussi beaucoup d'espoir. Et moi, je crois beaucoup aux petites structures artisanales pour accueillir nos jeunes demain.

  • Alexandre

    Tu es bien d'accord ?

  • Timothée

    Je suis d'accord. Et puis, sur l'idée du meilleur, en vrai, je trouve que c'est bien aussi de se challenger et de toujours viser plus haut. Moi, c'est ce que je leur dis. Visez le plus haut possible et comme ça, vous arriverez à atteindre le meilleur de vous-même. Donc, même s'il peut y avoir un peu une idée de compétition, Je trouve que c'est aussi...

  • Jonathan

    Non mais regardez, avant il fallait aller vite. C'est plus la 4G, c'est la 5G, c'est du haut débit, c'est la vitesse. Aujourd'hui, le rêve, le luxe, c'est d'aller doucement. Est-ce que demain, pour nos jeunes, se réapproprier, revivre autrement, c'est pas l'avenir ? Voilà, aujourd'hui, le vrai luxe c'est de prendre son temps. Pourquoi demain les jeunes, le vrai luxe, c'est pas déjà de savoir qui on est, comment s'accepter et de faire vraiment ce qu'on a envie de faire. avoir des objectifs de dingue.

  • Alexandre

    Visez la Lune, au pire vous finirez la tête dans les étoiles.

  • Jonathan

    C'est ça.

  • Alexandre

    Je crois que c'est Oscar Wilde qui disait ça. Très bien. Mais oui, il faut essayer de viser en tout cas ce qu'on veut. Pas le mieux pour les autres, mais ce qu'on veut. Tout à l'heure, je vous ai posé la question des échecs personnels. Du coup, je vais quand même vous faire le pendant inverse. Quelle est à chacun votre plus belle victoire professionnelle ? En tout cas, vous, votre...

  • Timothée

    Il n'y a pas de doute. C'est le même truc. C'est le concours. Vraiment parce qu'on passe le concours après les cinq ans d'études. Donc ça aussi ça a été terrible je trouve. Parce que souvent on fait le concours et on rentre dans l'école. Là on fait cinq ans d'études sans être sûr en fait qu'on y arrivera. Et ouais je me souviens et toujours, je travaillais, le jour des résultats je travaillais. Et c'est une amie qui m'envoie un message félicitations. Donc là, je regarde et je vois que j'ai le concours. Donc vraiment, je me mets à pleurer. J'étais trop content. J'appelle mes parents qui m'avaient soutenu financièrement aussi pendant cinq ans. Et j'ai vraiment, ça y est, on y est. C'était vraiment un très, très beau souvenir.

  • Alexandre

    Alexandre, ta plus belle victoire ?

  • Jonathan

    La plus belle, je ne sais pas, mais enfin une victoire qui a compté pour moi, c'est professionnellement, bien sûr, parce que j'ai participé à la demande de la CCI du Cantal à un trophée mettant en avant les entrepreneurs locaux. Je ne suis pas trop fan de ces trophées-là, mais on m'a dit, allez, tu fais quand même partie de l'écosystème économique, donc ça serait bien que tu participes. J'ai candidaté dans une catégorie, je savais très bien, pour différentes raisons, que je n'aurais pas le prix. parce que je ne remplis pas toutes les cases. Vous savez, dans la vie, il faut toujours remplir toutes les cases pour être élu. Et par contre, il y avait le trophée du public. Et c'est celui que j'aurais voulu avoir et je l'ai eu. Et ça, ça m'a fait plaisir. Parce que la reconnaissance, c'est quand même du travail. C'est quand même quand ce n'est pas les institutions qui vous mettent en avant, mais c'est le consommateur, le client ou le public.

  • Alexandre

    On ne t'aimait pas ce genre de concours, mais finalement...

  • Jonathan

    Ça m'a bien plu quand même. Tu prends une petite médaille au passage, c'est jamais désagréable.

  • Alexandre

    Mais voilà, les petites victoires, il faut aussi les célébrer.

  • Jonathan

    C'est vrai.

  • Alexandre

    Quand on est jeune et qu'on va choisir son orientation, on a tendance à faire des fixettes sur les échecs, mais les victoires, il faut les célébrer.

  • Timothée

    C'est sûr.

  • Alexandre

    Et on oublie. On oublie tout ça.

  • Timothée

    C'est comme les to-do list.

  • Alexandre

    Oui, c'est-à-dire se faire un peu la bucket list de tiens, il faut que je fasse ça, ça, ça, ça dans ma vie.

  • Timothée

    Je pense qu'il faut arrêter de faire des to-do list et plutôt à la fin de la journée, dire ce qu'on a fait. comme ça ça met en valeur ce qu'on a fait plutôt que ce qu'on a passé mais c'est pareil pour les victoires

  • Alexandre

    Ça peut être l'un des premiers conseils qu'on va pouvoir vous donner. Alexandre, la brasserie 360 et ton métier, tu le vois où dans une dizaine d'années ? Est-ce que tu penses que ton orientation professionnelle va encore évoluer ?

  • Jonathan

    Mon orientation professionnelle, je ne pense pas. Mon métier va évoluer, mon secteur d'activité va évoluer aussi. Moi, je me vois toujours petit, en fait. C'est-à-dire que la taille de l'entreprise va toujours compter. C'est quand on aura atteint un certain effectif que je vais me poser des questions. Mais moi, je n'ai pas envie de grossir, de devenir toujours plus gros. Souvent aussi, c'est pareil dans la vie professionnelle. On peut se fixer des objectifs, mais qui ne sont pas forcément des objectifs de taille. Ça peut être des objectifs de durabilité, de qualité.

  • Alexandre

    L'ambition, ce n'est pas forcément que de grandir.

  • Jonathan

    Non, c'est ça, c'est de faire la qualité. Moi, je crois beaucoup à ça, à la qualité. Moi, j'ai la chance, c'est que je n'ai jamais eu une réflexion autour de l'argent. Je ne suis pas motivé par l'argent. Gagner beaucoup, ça ne compte pas pour moi. Par contre, je suis assez sensible à la qualité. Or, la qualité mène au profit. Si on travaille bien, on gagne sa croûte. Donc, c'est ça qu'il faut travailler d'abord, c'est cette notion de qualité. Et puis, on sait que notre métier va évoluer. On parlait de l'IA tout à l'heure. C'est une nouvelle technologie qui arrive, auquel il va falloir s'adapter. Donc, on va forcément travailler différemment demain.

  • Alexandre

    Et toi, Tim, tu te posais la question de savoir un petit peu où tu en seras dans 10 ans, comment ton métier, ta carrière va évoluer. Parce que tu es sur deux tableaux, on le rappelle, professeur de physique chimie en lycée, mais à côté aussi créateur de contenu, et ça marche bien, 1,7 million sur TikTok de tête. Donc voilà, il y a aussi un certain point de notoriété qui rentre en jeu. Est-ce que tu as la sensation que ton métier et toi, professionnellement, tu vas évoluer et peut-être dans dix ans changer du tout au tout ?

  • Timothée

    Évoluer, c'est sûr. Après, où j'en serai dans dix ans ? En vrai, je me dis, si aujourd'hui on me demandait de choisir entre les deux, j'arrêterais les réseaux, je pense. Parce que j'aime vraiment trop enseigner. Et les réseaux, je suis encore plus heureux parce que je parle de mon métier. Et donc, partager mon métier, c'est encore mieux. Mais voilà, je ne suis pas fermé à l'idée de faire autre chose. Et une chose est sûre, et ça, mes amis me l'ont promis. Je leur ai dit, si un jour je deviens le prof aigri, vous me le dites. Et là, j'arrêterai parce que je veux rester passionné. Et si un jour je sens que c'est plus fait pour moi, ou que pareil, le matin je me lève et j'ai plus envie d'y aller, là je ferai autre chose. Mais encore une fois, j'aurai réussi à acquérir plein de compétences, donc on verra ce qui s'offre à moi.

  • Alexandre

    Pareil, on ne peut pas être brasseur et aigri.

  • Jonathan

    Ah non, ça c'est incompréhensible. Là si c'est ça, il faut tout arrêter. Non, c'est tellement un métier passion. Passion pour le produit, passion pour les agriculteurs, toutes les matières premières qui sont utilisées. C'est très vertueux lorsqu'on veut vraiment faire une bière de qualité avec des matières premières de qualité. En parlant des agriculteurs, ça me donne l'occasion aussi de vous parler de la ruralité. Moi, j'ai fait le choix de créer mon entreprise en zone hyper rurale. Moi je crois que c'est pareil, la ruralité est tendance, il faut dire à nos jeunes de regarder aussi, bien sûr on a toujours tendance quand on est jeune de se rapprocher de la ville pour des raisons de loisirs, d'accessibilité au sport, à la culture, mais la campagne offre beaucoup de possibilités, on est fibré, on peut avoir une activité professionnelle à la campagne et pas avoir des sabots de bois.

  • Alexandre

    Et puis surtout il y a énormément de choses à créer.

  • Jonathan

    Oui, c'est ça. Et puis surtout, la campagne, la ruralité est un terrain d'accueil pour les jeunes, parce que souvent, les employeurs sont plus en demande. La possibilité de se loger à moindre coût est là et on cherche des compétences aussi en zone rurale. On l'a vu d'ailleurs pendant la période Covid, les gens se sont réfugiés à la campagne. Mais il y a beaucoup, moi, je pense qu'il y a beaucoup de plus en plus de jeunes qui sont convaincus de ça, de ce retour à la nature.

  • Alexandre

    On va passer un peu à la conclusion de tout ce qu'on vient de se dire, messieurs. avec nos trois conseils. À chaque fois, on demande aux invités de donner trois conseils. Je vais vous demander de donner aux caméras et au micro trois conseils pour que les jeunes, en tout cas ceux qui hésitent à se lancer dans une voie professionnelle, peuvent entendre, peuvent recevoir. Moi, demain, je suis un jeune et je ne sais pas trop ce que je veux faire de ma vie, ou alors j'ai des idées, mais je ne sais pas trop comment m'y prendre et tout. Quels conseils on pourrait lui donner à ce jeune ? Trois conseils chacun. Alexandre, on va commencer.

  • Jonathan

    C'est dur. Moi je crois qu'il faut, un, croire en soi, ça c'est hyper important de croire en soi, être convaincu qu'on peut apporter aux autres, à la boîte, et surtout, il est toujours possible de changer. Il n'y a rien de... Vous voyez, moi à 43 ans, j'ai passé du goudron au blond, d'une société de transport routier à une entreprise artisanale. C'est un grand écart, c'est possible, et je ne suis pas un génie intellectuel, c'est possible à quelqu'un de très pragmatique, donc il faut être à l'aise avec ça et se dire que tout peut changer, et qu'on ne doit pas être cloisonné.

  • Alexandre

    Tim, trois conseils ?

  • Timothée

    Je vais donner des conseils un peu plus scolaires.

  • Alexandre

    Mais il en faut aussi, parce que la plupart des gens qui nous suivent aussi sont des jeunes qui sont en situation encore scolaire, ou en tout cas universitaire peut-être aussi, donc ces conseils sont à prendre.

  • Timothée

    Oui, la première chose, c'est de bien se renseigner, faire des salons, faire des portes ouvertes, ne pas hésiter à demander des gens qui ont déjà l'expérience. Ça, c'est hyper important. Des étudiants, que ce soit des salariés déjà, pour avoir leur ressenti aussi. Parce que lire une fiche technique et demander à un salarié, c'est vraiment deux choses totalement différentes.

  • Alexandre

    On va jouer un peu les darons, mais vous ne savez pas tout. Et nous non plus, on ne sait pas tout d'ailleurs, tous à notre niveau,

  • Timothée

    tous dans notre métier,

  • Alexandre

    on ne sait pas tout, et donc prendre des autres,

  • Timothée

    c'est super important. Quoi en soi, je te reçois, et essayer de se connaître un maximum, de savoir ce qu'on est capable de faire, et de relativiser. C'est important de ne pas se mettre trop la pression, et si on a vraiment un objectif qu'on veut atteindre, quoi qu'il arrive, on l'atteindra.

  • Alexandre

    N'hésitez pas à parler autour de vous et faire... même sans le coucher forcément sur feuille, de manière très professionnelle, mais un petit bilan de compétences. Je sais faire quoi de plus, j'aime faire quoi. Enfin, toutes les questions qu'on s'est déjà posées, en fait. Je ne sais pas d'ailleurs si tu as fait un bilan de compétences à 43 ans, mais...

  • Jonathan

    Non, non, du tout. Dieu sait si la crise de la quarantaine, je l'ai fait, donc j'ai dû poser pas mal de questions et être bien pénible pour pas mal de gens dans mon entourage. Mais non, non, non, il faut se poser ces bonnes questions. Puis ce qu'il faut dire aussi quand même à nos jeunes, c'est qu'il faut travailler. alors ça c'est le côté daron bien chiant mais on passe toujours par le travail, que ce soit le travail scolaire ou le travail professionnel, mais quand on aime ce qu'on fait, on ne travaille jamais vraiment. C'est ça. Quand on a une matière qui nous plaît, à l'école, on bosse bien. C'est bien d'identifier tout ça pour demain, que la charge de travail soit plus qu'un plaisir.

  • Alexandre

    Et quand on est épanoui dans un métier, en tout cas, moi, c'est ma sensation. Par exemple, je parle à mon nom, mais je n'ai pas le sentiment de travailler.

  • Jonathan

    Oui, alors même si dans chaque boulot, il y a toujours une partie de notre tâche qui est plus difficile, mais voilà, c'est ça. En gros, c'est que... Moi, j'ai toujours le plaisir d'aller au boulot le matin et je sais que mes collaborateurs aussi. Et on a le plaisir de se retrouver. Donc ça, c'est bien.

  • Alexandre

    Garder du plaisir, ça, c'est le plus important. Merci à vous pour vos témoignages, votre expérience. Merci beaucoup. Il y a énormément de jeunes qui ne sont peut-être pas encore se reconnaître, mais en tout cas, qui vont prendre des conseils avisés pour leur avenir professionnel. N'oubliez pas, explorez vos options, parlez de votre avenir professionnel, échangez sur ces questions, c'est essentiel. Et c'est pour ça qu'on a fait cette vidéo. aujourd'hui avec ma banque sans filtre. On se retrouve très bientôt pour une nouvelle vidéo. N'hésitez pas à vous abonner, à partager, à liker, commenter. Et moi, je vous dis à la prochaine !

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