Speaker #1Vous écoutez l'épisode 69 du podcast Ma Juste Valeur. Je suis Insa Ferasini, et dans le Negotiation Monday de cette semaine, je réponds aux questions que se posent les jeunes diplômés sur la négociation salariale, et j'en profite aussi pour vous livrer mes conseils pratiques pour négocier vos premiers salaires. Alors, la question la plus courante que se posent les jeunes diplômés est de savoir s'il est vraiment possible de négocier ses premiers salaires quand on sort de l'école et donc en début de carrière. Alors, ma réponse est toujours invariablement la même. Alors oui, c'est possible de négocier son premier salaire. Et d'ailleurs, il est même, à mon sens, capital de le faire. Pourquoi ? Parce qu'en fait, c'est ce premier salaire qui va déterminer votre future trajectoire salariale pour les cinq, voire les dix prochaines années. Pour imager mon propos. Le salaire, c'est un peu comme l'effet boule de neige des intérêts composés. Les 2 000 euros de retard avec lesquels vous partez en début de carrière vont se transformer en 20 000 euros de retard au bout de 5 à 10 ans de carrière. Du coup, même si à date vous n'êtes pas vraiment à 2 000 euros près, eh bien dites-vous quand même. que c'est ces fameux 2 000 euros négociés aujourd'hui qui vont vous éviter d'en perdre 20 000 dans 5 à 10 ans. L'autre chose sur laquelle j'aimerais attirer votre attention, c'est que je sais que quand on est jeune diplômé, et donc la majorité d'entre vous, les jeunes diplômés, quand vous pensez à négocier votre salaire, vous avez le sentiment qu'en fait, c'est juste, je dis juste avec des guillemets, c'est juste demander plus d'argent. Et donc, vous n'êtes pas vraiment à l'aise à l'idée de faire ça. En fait, si vous n'êtes pas à l'aise avec l'idée de demander plus d'argent, c'est surtout parce que vous avez peur de le faire. Vous avez peur de passer pour quelqu'un d'arrogant ou d'arrogante, de vaniteux ou de vaniteuse, et qu'en plus vous vous sentez déjà en position d'infériorité puisque c'est vous qui êtes entre guillemets demandeur ou demandeuse d'emploi. Et que du coup, vous préférez prendre ce qu'on vous donne pour commencer plutôt que de faire la fine bouche et terminer avec R. Comme vous dites si bien. Ça, c'est le narratif avec lequel on a toutes et tous grandi, et avec lequel on a toutes et tous été biberonnés. pour nous faire peur, pour nous faire accepter d'abandonner notre pouvoir de discussion, d'abandonner notre pouvoir de négociation, et donc d'abandonner notre pouvoir financier sur la question du salaire. Parce qu'en pratique, la réalité du terrain est tout autre. Et négocier son salaire, ce n'est pas juste demander plus d'argent. Négocier son salaire, c'est aussi et surtout démontrer aux recruteurs votre maturité professionnelle. Puisqu'en posant les bonnes questions, de la bonne manière, avec les bons mots, et les bons arguments, vous lui prouvez votre connaissance de la pratique du marché du travail, de la pratique de votre industrie, votre connaissance de la valorisation que le marché de l'emploi fait de vos diplômes, de vos qualifications et donc de vos compétences. Et ainsi, non seulement vous légitimez votre juste valeur, mais en plus, vous assillez votre leadership et votre assurance naturelle. Et ça, croyez-moi, les recruteurs adorent. Ils adorent parce que les recruteurs ne recherchent pas juste un ou une candidate qui va faire l'affaire. Ils veulent tous la Rising Star, le jeune cheval de course prometteur sur lequel ils vont avoir un retour sur investissement plus, plus, plus. Et si ça implique de le payer 2 000 euros supplémentaires pour qu'il rejoigne leur écurie plutôt que celle de la concurrence, alors ils le feront. Et ils le feront de bon cœur et d'autant plus si en réalité cela correspond à son juste prix sur le marché. Vous me saisissez ? Alors négociez vos salaires. Ensuite, la deuxième question que se posent et me posent régulièrement les jeunes diplômés, c'est maintenant qu'on sait que c'est important de négocier son salaire, comment on fait ? Ben écoutez, c'est très simple, vous écoutez le podcast de Majesté Valeur, vous achetez mon livre Autunes citoyennes ou l'un de mes guides sur la négociation salariale, ou mieux, vous suivez ma formation ou vous demandez un coaching avec moi. Voilà, ça c'est la manière la plus simple pour apprendre à négocier son salaire. Et si je vous dis ça, ce n'est pas juste pour faire la promotion de mes offres, c'est aussi et surtout pour que vous compreniez que négocier son salaire, c'est une compétence qui s'apprend. Ce n'est pas un don du ciel qui nous est attribué ou pas d'ailleurs à la naissance, comme lire, écrire, faire du vélo ou réaliser la dernière recette de cookies à la mode sur Instagram, négocier son salaire est une compétence qui s'apprend. Donc, arrêtez de penser que le monde est divisé entre ceux qui ne sont pas négociés. qui savent négocier naturellement et les autres, et commencez à vous former sur la question, et le plus tôt possible de préférence, afin de pouvoir bénéficier des retombées sur le long terme. D'ailleurs, vous verrez, plus vous allez gagner en expérience, et plus vous allez avancer dans le monde de l'entreprise, et plus vous allez réaliser que si le monde n'est pas divisé entre ceux qui savent négocier naturellement et les autres, en revanche, le monde de l'entreprise, lui, est divisé entre ceux qui ont appris à parler d'argent sereinement, à négocier leurs rémunérations, à parler de leur travail aux bonnes personnes, à demander des promotions et les autres. Et si vous voulez avoir une carrière épanouissante et ne pas être constamment laissé sur le banc de touche, vous avez tout intérêt à prendre ces compétences maintenant pour ne pas faire partie, justement, des autres. Maintenant qu'on sait ça, concrètement, comment on fait pour négocier son premier salaire ? La première chose à faire, c'est de déterminer la juste valeur de votre profil sur le marché du travail. C'est la base. C'est le prérequis auquel vous ne pouvez pas échapper et dont vous ne pouvez pas vous dispenser. Donc, à ce stade, on oublie la confiance en soi, que vous en ayez ou que vous n'en ayez pas, ce n'est pas grave, et vous commencez par le début, c'est-à-dire, essayez de découvrir le juste prix de vente de vos diplômes et de vos qualifications sur le marché de l'emploi. C'est le même exercice que lorsque vous vous apprêtez à vendre un appartement ou une maison sur le marché de l'immobilier. Sauf qu'ici, ce que vous mettez en vente, c'est vos diplômes, vos compétences. la notoriété et le prestige de votre école. C'est ça que vous vendez. Et de la même manière que sur le marché immobilier, on ne laisse pas l'acheteur décider du prix de vente, eh bien, sur le marché du travail, vous n'allez pas laisser le recruteur décider de votre juste salaire à votre place. Vous en discutez, vous échangez les points de vue, vous vous mettez d'accord sur un prix de vente, c'est-à-dire sur un niveau de rémunération. Bref, vous négociez. Et comme pour un bien immobilier, vous allez faire une étude de marché, puis... Vous allez utiliser les données découvertes lors de cette étude pour définir une fourchette de rémunération avec un prix de vente idéal, c'est-à-dire votre salaire idéal, et un prix de vente planché, c'est-à-dire le salaire en dessous duquel vous refuserez une offre. Car en dessous d'un certain prix et en dessous d'un certain salaire, vous vendez vos compétences à perte et donc vous perdez de l'argent. Et on sera tous d'accord, on n'a pas fait toutes ces études, on ne s'est pas enquiquiné toutes ces années pour au final se retrouver à perdre de l'argent. Enfin, si tu as besoin d'aide pour cette étape, n'hésite pas toujours à écouter le podcast, ou mieux, acheter mon livre, mon guide ou ma formation pour apprendre à déterminer la juste valeur de ton profil en deux-trois coups de cuillère à peau. La troisième question, la plus récurrente que se posent les jeunes diplômés femmes cette fois-ci, c'est comment éviter les pièges du patriarcat, notamment les biais de genre, lors de la négociation salariale. Alors, comme cela ne vous a pas échappé, chers auditeurs et chères auditrices, nous vivons en patriarcat depuis des millénaires. Et en patriarcat, la femme n'est pas censée parler d'argent. Pire, la femme est censée être docile et se sacrifier en disant oui à tout, notamment à des éléments qui ne vont pas dans son intérêt. Donc, le premier piège que je vois pour les femmes, et dans lequel 80% des femmes tombent d'ailleurs tête la première, peu importe leur âge, c'est de croire que le monde du travail, c'est le prolongement de l'école, et qu'il suffit de bien travailler pour être bien rémunéré. parce que c'est ce que nous enseigne le patriarcat et c'est comme ça qu'on est conditionné. Or, c'est faux. Le monde du travail, ce n'est pas l'école. C'est un univers bien particulier, avec ses propres codes, son propre langage et ses propres pratiques. Ne l'oubliez pas, l'école vous apprend un métier, il ne vous apprend pas à gagner votre vie. Donc si vous voulez apprendre à gagner votre vie, il va falloir le faire par vous-même. Et ça passe par apprendre à négocier sa rémunération, Peu importe que vous décidiez d'être salarié, entrepreneur ou freelance d'ailleurs. Vous devez impérativement apprendre à monétiser vos compétences, valoriser votre profil et votre travail et parler d'argent sereinement. Que cela soit avec un recruteur, votre service RH ou votre manager. Il ne faut surtout pas faire l'économie de cet apprentissage parce que sinon vous risquez de perdre vos illusions et vos rêves de carrière sur le marché du travail. On en a déjà d'ailleurs parlé. Le deuxième piège dans lequel il ne faut surtout pas tomber quand on est une femme, c'est de ne pas corréler votre rémunération avec votre tranche de vie. Et donc, de ne pas envisager le salaire comme une composition d'éléments, et de l'envisager uniquement comme le chiffre qui est indiqué en bas à droite de votre fiche de paye. Attention, la rémunération est toujours composée de trois éléments. Le salaire fixe, le salaire variable et les avantages en nature. Et il est impératif pour moi, surtout quand on est une femme, d'aligner les avantages en nature avec nos objectifs de carrière et nos priorités de vie. Parce qu'en fait, les avantages en nature, quand ils sont bien utilisés, quand ils sont bien alignés avec nos priorités de vie, ils nous permettent d'avoir un équilibre de vie pro-vie perso vraiment impeccable. Ils nous permettent aussi d'augmenter notre niveau de rémunération sans forcément toucher au salaire fixe. Et ça, c'est génial parce que du coup, c'est indolore financièrement pour l'entreprise et donc, ils vous l'accordent plus facilement. Et aussi, ça n'a pas d'impact fiscal sur vous. Donc, à mon sens, il est impératif. de choisir son avantage en nature en fonction de sa tranche de vie et surtout de ne pas oublier de le prendre en compte dans la négociation de votre package de rémunération globale. Enfin, le dernier piège sur lequel il me semble essentiel d'insister et d'alerter les femmes dessus, notamment les jeunes filles, c'est celui de la bonne gentille élève. Vous savez, la good girl, la première de la classe, cette fille gentille qui dit oui à tout, qui n'ose pas faire de vagues, qui n'ose pas élever la voix, qui est prête. à tout pour remercier son employeur, parfois même jusqu'à aller à le payer, ou le payer pour avoir son emploi. Bref, cette petite fille sage, docile, qui n'ose pas défendre ses intérêts. Si tu connais cette jeune fille et que tu te reconnais parfois dans cette description, mon message pour toi. Arrête d'être gentille. Cesse de vouloir être appréciée de tous. Arrête de croire que le monde de l'entreprise, c'est comme l'école. Ce n'est pas comme ça que ça marche. Ce n'est pas en étant une bonne élève que tu seras récompensé, c'est en étant badass. Comme je l'ai dit plus haut, le monde de l'entreprise, ce n'est pas l'école. C'est un univers et c'est un game qui est différent. Donc si tu veux réussir dans le monde de l'entreprise, et si vous voulez réussir dans le monde de l'entreprise et réaliser vos rêves de carrière, il va falloir apprendre à l'ouvrir, mesdemoiselles. Donc à défendre vos intérêts. Alors attention, je ne dis pas qu'il faut que vous vous transformiez en connasse. C'est pas du tout ce que je dis, je dis juste qu'il va falloir à un moment donné déconstruire un peu toutes ces injonctions à la gentillesse et aux sacrifices qu'on vous a inculqués et apprendre à défendre vos intérêts, quitte à décevoir, quitte aussi à déplaire. Et ça, ça passe par apprendre à parler de son travail, apprendre à se placer sur les bons projets, apprendre à être vocal sur vos réalisations et apprendre à négocier vos salaires. Voilà. Vous l'aurez compris, négocier ses premiers salaires quand on est jeune diplômé n'est pas impossible. Déjouer les pièges du patriarcat non plus quand on est une femme jeune diplômée. La négociation est un art, c'est surtout une compétence qui s'apprend et comme toute chose, vous en êtes capable. Alors, Autune, citoyens et citoyennes, et Autune, jeunes diplômés.