- Speaker #0
Ma maman m'a dit non, non, mais vas-y, économise, économise.
- Speaker #1
On ne sait pas exactement combien gagnent les gens, on n'en parle pas trop. Je dois, ben voilà, prendre en main mon épargne, prendre en main mon argent.
- Speaker #0
De toute façon, ça ne rapporte rien et puis je n'ai pas le temps de m'en occuper.
- Speaker #2
Vous vous souvenez du bruit que faisaient les pièces que vous glissiez une à une dans votre tirelire quand vous étiez petit ? Sans même le savoir, vous étiez déjà dans une démarche d'investissement. économiser pour pouvoir acheter vos trésors d'enfants. Aujourd'hui il est peu probable que votre épargne prenne la forme d'un cochon rose. Il n'est plus question d'aller chez le marchand du coin pour compléter votre collection de cartes ou acheter un paquet de bonbons. Aujourd'hui on vous parle de plan d'épargne, de private equity, d'assurance vie, d'immobilier, de livret A, PEA, SCPI et d'autres sigles plus ou moins obscurs. Parce que je suis convaincu que l'épargne peut être simple, plus proche de notre réalité et en accord avec nos choix du quotidien et de nos convictions, et qu'il est possible d'allier performance et sens, je vous propose d'écouter Ma Tirelire, le podcast qui fait résonner votre argent dans le bon sens. Je suis Alexandre Toussaint et vous écoutez Ma Tirelire. Toutes les deux semaines, je rencontre des experts qui nous aident à dénicher des idées d'épargne qui nous ressemblent vraiment. Ils nous donnent des conseils simples, clairs, transparents pour enfin passer à l'action. Et à la fin de chaque épisode, ces experts nous dévoilent ce qu'ils ont dans leur Tirelire. Bonne écoute !
- Speaker #0
Et bien c'est parti pour l'épisode numéro 40 de Matire Lire avec une invitée, c'est vrai que c'est assez rare, je crois que tu es la troisième femme qui seulement sur 40 épisodes qui vient, donc je suis quand même aussi content pour ça. Donc Aude Karmarek, salut Aude.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Bienvenue, merci d'être là. Karmarek, j'imagine ça vient de l'Ouest, du Grand Ouest ?
- Speaker #1
J'ai dû me marier pour passer inaperçu en effet.
- Speaker #0
Qui est directrice d'investissement de chez Go Capital. dont on va évidemment détailler et je suis assez content de faire cet épisode parce que je pense que depuis le départ depuis l'idée de lancer matière lire l'eau et les océans est toujours été un sujet un peu intriguant et je trouve très difficile pour le pour les investisseurs et pour le grand public d'investir je crois qu'à l'époque j'avais trouvé un fonds je crois qu'ils étaient gérés ou qui encore gérée par bnp water world water quelque chose comme ça tout à fait mais qui est plutôt sur deux du papier ou des très très content tout cas Ouais, et en fait, on ne sait pas trop ce qu'il y a dedans. On peut creuser un peu, mais en fait, je trouve que c'est pas très... c'est dur de savoir exactement dans quoi on va investir, de bien comprendre ce que ça veut dire investir dans l'eau, et surtout dans quel type de boîte, pourquoi, comment, pour quels défis, etc. Et c'est vrai que j'avais cherché un petit peu quelqu'un qui pouvait m'en parler, je n'avais pas trouvé, donc j'avais mis ce dossier un peu de côté malheureusement, donc je suis très content de le réouvrir aujourd'hui, trois ans après, pour faire du coup cet épisode sur l'investissement dans l'eau, les océans et tout ce qui est autour. les infrastructures maritimes, enfin tout ce qui touche l'eau de près ou de loin. Mais avant de commencer, je voudrais bien que tu te présentes et surtout comprendre comment est-ce que tu en es arrivé à t'intéresser à cet univers-là de l'eau. Est-ce que c'est une conviction ? Est-ce que c'est un hasard ? Est-ce que c'est une rencontre ? Et jusqu'à ce que tu fais aujourd'hui.
- Speaker #1
Alors, moi je suis directrice générale de GoCapital. Je suis chez GoCapital depuis 13 ans maintenant. Je m'occupe de beaucoup de sujets transverses dont l'impact, qui est un sujet sur lequel on a fait un fort virage depuis 2018, d'abord sur l'ESG puis plus particulièrement sur l'impact, parce que c'est un sujet qu'on a considéré. Jérôme est revenu d'un voyage à San Francisco et quand il est revenu, il nous a dit qu'il fallait qu'on migre vers quelque chose qui est urgent. Et l'urgence, c'est demain, c'est tout ce qui est en train de se passer. Et tout ce vers quoi il faut qu'on investisse pour permettre à nos enfants et aux successions futures d'avoir une vie plus qualitative que ce qui nous attend dans l'environnement actuel. Donc c'est comme ça que le virage s'est pris en interne.
- Speaker #0
Ça veut dire que cette problématique, elle date, elle n'est pas toute nouvelle ? Ça fait déjà 13 ans qu'il y a eu urgence sur ce sujet-là ?
- Speaker #1
Ça fait 80 ans, je crois, que les scientifiques ont alerté. Ils se sont entendus depuis maintenant une bonne trentaine, quarantaine d'années. On entend parler de carbone, mais en fait, le carbone, c'est le début de l'iceberg. C'est une toute petite partie. Il y a beaucoup d'autres sujets et de ressources planétaires qui sont en jeu, dont certaines qui sont déjà oranges, rouges. Et l'eau, alors on parle de trois types d'eau. On a l'eau salée, donc l'eau de mer, les océans, mais on a aussi l'eau bleue ou l'eau verte, donc l'eau agricole ou l'eau en termes de disponibilité qu'on boit, qu'on consomme, qu'on utilise tous les jours.
- Speaker #0
Donc l'eau verte, c'est celle qu'on utilise pour l'agriculture ?
- Speaker #1
Exactement, donc celle-là qui est aujourd'hui considérée comme une ressource qui a dépassé ses réserves. On a des grands changements planétaires qui s'opèrent de par le réchauffement climatique et autres. Alors je ne vais pas rentrer dans une phase critique avec beaucoup d'angoisse, parce que ce n'est pas l'idée, mais en tout cas on a beaucoup de changements qu'on constate au quotidien, mais qui vont encore s'accélérer dans les prochaines années. Les études scientifiques qu'on n'entendait pas il y a 80 ans sont aujourd'hui complètement confortées, en tout cas en termes d'analyse sur la progression. Donc même si on n'a pas envie de se faire peur, la réalité c'est qu'il y a un certain nombre de choses qui arrivent. Et il y a des mouvements économiques majeurs qui vont s'opérer dans les prochaines années, puisqu'on va avoir de la réréflexion de ressources. Donc on parle de l'eau, mais il n'y a pas que ça. Il y a les métaux, il y a un certain nombre de ressources qu'on utilise de façon massive dans le monde. et qui font que, compte tenu de l'accroissement de la démographie, etc., et des changements majeurs qui s'opèrent climatiques et environnementaux, vont être de plus en plus rares et donc vont générer une pression économique. Parce que si on revient à notre sujet, c'est pourquoi on investit dedans. Pression économique qui va avoir des conséquences sur la viabilité de nos sociétés, le développement de certaines sociétés plutôt que d'autres, et donc des vrais partis pris à prendre en tout cas sur ce sujet.
- Speaker #0
Et tu parlais de Jérôme et de San Francisco, ça veut dire que les Etats-Unis sont engagés sur ce sujet-là depuis longtemps ? Parce que moi, ce n'est pas forcément l'image que j'en ai de l'extérieur, mais ils ont pris ce sujet-là, ils ont pris un peu le rôle de leader, ou finalement, c'est le cas partout dans le monde ?
- Speaker #1
Alors, comme partout dans le monde, on a... Les Etats-Unis ne sont pas forcément les pays qu'on qualifie comme les plus précoces ou les plus précautionneux sur le sujet de l'environnement. En revanche, il y a là aussi, là-bas, des scientifiques ou en tout cas des entrepreneurs qui ont un savoir-faire, des idées et qui sont très avancés sur le sujet, comme dans d'autres parties du monde. En l'occurrence, ceux qu'il avait vus l'avaient marqué lui à titre individuel et il est revenu avec ce sentiment-là d'urgence. Si on connote au niveau du monde, on se rend compte que les pays nordiques sont très en avance en tout cas sur ces enjeux. D'autres pays le sont aussi. Les États-Unis ne sont pas forcément ceux qui sont, en tout cas en termes d'images, tout comme l'Asie, effectivement ne ressortent pas comme les mieux-disant sur le sujet. Mais on a quand même des communautés scientifiques partout dans le monde qui sont convaincus de la convergence de ce qui est en train d'arriver. Personne n'a vraiment la feuille de route exacte de ce qui va se passer, mais on sent quand même qu'il y a beaucoup de choses qui se passent.
- Speaker #0
Ça veut dire que l'eau, aujourd'hui, on considère que c'est une ressource rare ?
- Speaker #1
Alors aujourd'hui, on est en pleine migration, un peu comme à l'instar du carbone il y a quelques années, qui était beaucoup plus abstrait que l'eau, parce que le carbone, on le quantifie aujourd'hui, mais on ne le voit pas. Ça reste relativement abstrait. L'eau, quand il y a une raréfaction d'eau ou un excès d'eau, parce que quand on parle de problématiques de stress hydrique, en l'occurrence là, on est sur de l'eau douce. ou de l'eau verte, on est sur des sujets qui sont immédiatement visibles, soit en raréfaction, soit en excès. On l'a vu avec les inondations, on l'a vu avec la pénurie d'eau qui a eu majeur l'année dernière en Espagne, qui a eu des conséquences économiques. C'est que, par exemple, Barcelone a dû choisir entre alimenter les touristes ou alimenter l'agriculture. La conséquence, c'est que vous avez vu qu'il y avait moins de fraises et moins de tomates sur les étals qui venaient d'Espagne l'année dernière, parce que c'est le tourisme qui a été privilégié. Donc il y a des vrais arbitrages politiques qui se jouent sur le sujet de l'eau, parce que l'eau est un bien vital en fait. Et donc les conséquences sont immédiates quand on en a pas et quand on en a trop aussi.
- Speaker #0
Ouais, parce qu'on en a besoin pour l'agriculture, les animaux, les humains, tout le monde en a besoin.
- Speaker #1
Et les industries, parce qu'on sous-estime l'industrie, on a aussi besoin. Il y a des process pour pouvoir faire fonctionner certaines usines, il faut de l'eau pour nettoyer ou pour refroidir, pour plein de sujets. Et aujourd'hui on est au niveau de l'Europe, au niveau de la France, pas équipés. Certains pays sont... extrêmement avancés sur le sujet de l'eau, l'Israël, Singapour. La France ne l'est pas en fait, en termes de reuse de l'eau, on n'est pas du tout bon. On parle d'un pouillème de pourcentage pour 99-98% au Singapour ou en Israël, donc on pourrait faire beaucoup mieux. Et puis en plus, on utilise de l'eau propre à la consommation pour une chasse d'eau. ce qui est un vrai changement de paradigme par rapport à des pays où l'eau est déjà perçue comme une ressource vraiment sensible.
- Speaker #0
Parce qu'en fait, je trouve que le paradoxe de l'eau, c'est que la Terre, on l'appelle la planète bleue, il y a 70% d'eau. Donc on se dit, il y en a quand même beaucoup de l'eau quelque part. Après, elle n'est peut-être pas utilisable de la bonne manière, mais en tout cas, il y a 30% de Terre, 70% d'eau, il y a de l'eau. Après, il faut peut-être la traiter, la dessaler, etc. On a l'impression que la ressource n'est pas si rare, parce qu'il y en a quand même partout, autour de quasiment tous les pays du monde.
- Speaker #1
Alors la difficulté, moi je ne suis pas une spécialiste du domaine, en tout cas vu de ma fenêtre, c'est qu'effectivement il y a beaucoup d'eau, mais il y a beaucoup d'eau de mer. Pour pouvoir la passer en eau douce, c'est ce qu'on appelle la désalinisation, c'est une consommation énergétique extrêmement importante. Donc il faut vraiment arbitrer tout ce qui est osmose inversée, savoir vraiment s'il y a un usage qualitatif et un coût. qui justifie de faire cette démarche. Donc c'est par exemple Barcelone, si on revient sur cet exemple, ils ont alimenté par de la désalinisation Barcelone au travers de camions-citernes qui ont récupéré cette eau désalinisée pour la transmettre à Barcelone. Donc il y a eu un coût carbone extrêmement important à ce choix et cet arbitrage politique. Dans un environnement où on nous demande de faire des économies carbone, il faut plutôt essayer d'utiliser à bon escient de l'eau disponible et de la réutiliser plutôt que désaliniser massivement. il y a certains pays qui n'ont pas pas le choix que de le faire. Mais quand on a de l'eau disponible, il ne faut pas la gâcher. Et pour finir là-dessus, c'est la problématique de l'eau. Oui, on a beaucoup d'eau, mais on ne l'a pas forcément au bon endroit au bon moment. Donc c'est comment on fait pour avoir cette eau au bon endroit au bon moment et bien la gérer et bien l'utiliser en termes de qualité pour que si elle est aujourd'hui consommable et propre à la consommation par l'humain ou par l'animal... qu'on n'abîme pas cette eau, comme on a pu voir avec les scandales d'épiphase, etc., qui sont des scandales dont on ne connaît aussi que le début de l'iceberg par rapport à ce qui arrive. Il y a un certain nombre de sujets aussi sur la qualité de l'eau. Donc il y a la disponibilité de l'eau, la qualité de l'eau et la gestion du process de l'eau. Donc là, on est sur l'eau douce, l'eau verte, l'eau bleue, l'eau verte. Ensuite, on peut parler des océans. Sur les océans, on a d'autres problématiques de biodiversité. On a des problématiques d'acidification des océans. qui vont avec les problématiques qu'on rencontre sur le changement climatique majeur. Les océans se réchauffent, ça génère des problématiques d'acidification, ça génère des problématiques de population d'écosystèmes et végétaux et animaux qui décèdent. Donc ça veut dire une production de poissons moins quantitative, des poissons aussi avec plus de maladies. Donc là, on parle d'une ressource en termes aussi alimentaire qui est disponible immédiatement. si les espèces progressivement s'éteignent au travers de la surpêche, mais aussi au travers de tout ce qu'on va trouver comme problématique liée à l'eau qu'on vient de citer, il y a aussi là des sujets à traiter sur la biodiversité. Et paradoxalement, on ne parle pas souvent de la mer comme d'un élément économique, mais en fait la mer à elle seule, l'économie bleue, c'est plus important en termes de secteur économique que l'aéronautique ou l'industrie automobile. Donc on sous-estime le poids des océans. en termes économiques et en termes d'apport de marchandises, puisque tout le transport d'une grande partie des marchandises qu'on voit sur les étals, notamment l'électroménager, mais également tout ce qui va être vêtements, etc., provient de pays où c'est transité par des bateaux. Donc il y a tout ce flux de transport qu'il faut contrôler, qu'il faut amener à réduire en termes d'impact carbone, et donc aussi à réduire en termes d'empreintes de biodiversité.
- Speaker #0
Et si on reste justement sur ces océans-là, je me suis toujours demandé à qui appartiennent les océans ? Est-ce que moi j'ai le droit d'aller chercher de l'eau de mer et d'en faire ce que je veux librement ? Ou cette économie-là, qui gère ou qui régule peut-être les océans ?
- Speaker #1
Alors là, je ne suis pas une spécialiste de la propriété. En tout cas, tout ce qui est territoire côtier appartient aux pays qui sont en proximité. Après, il y a des zones qui sont des zones dites internationales. Je ne suis pas suffisamment compétente pour répondre sur la question. En tout cas, j'ai pu prendre des sauts d'eau à la plage et on ne m'a jamais fait payer pour l'instant 1 euro.
- Speaker #0
C'est ça, c'est en fait si quelqu'un monte une usine pour dessaler l'eau, est-ce qu'il a le droit de piocher dans l'eau librement et de pomper l'eau ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, c'est le cas.
- Speaker #0
Gratuitement ? Gratuitement.
- Speaker #1
À ma connaissance, en tout cas, je ne connais pas de pays où l'eau de mer est un sujet économique en termes d'emprise. L'eau douce, en revanche, a un coût. Un coût qui est relativement bas finalement, qu'on ne quantifie pas. Parce qu'aujourd'hui, quand on parle d'eau, on a une de nos venture partners qui en parle beaucoup mieux que moi, mais on oublie la quantité d'eau qu'il faut pour faire un aliment. Donc la consommation d'eau qu'on a par jour, elle est extrêmement substantielle. Ce n'est pas l'eau qu'on boit, mais c'est tout ce qu'on utilise et qu'il y a une empreinte eau en fait. Au même titre que l'empreinte carbone qu'on mesure aujourd'hui, qu'on quantifie et qu'on essaye de réduire, dans quelques années il est... probable, quand je ne sais pas exactement, mais qu'on se pose des questions d'empreintes eau. Quand la chemise que vous portez sur vous, enfin que tu portes sur toi, elle a une empreinte eau, un jean, on en parle parce que le jean, c'est vraiment... Voilà, mais particulièrement le jean, parce qu'en fonction de s'il est passé plusieurs fois, s'il a été délavé, il a eu une consommation d'eau extrêmement substantielle. Et quand on parle de fast fashion en termes de textile, il y a un gros sujet sur l'eau. Au-delà des déchets que ça génère d'avoir des vêtements qui restent, mais c'est combien d'eau on a utilisé pour faire ces vêtements et quelle pollution ça a amené dans les rivières, etc. On voit que les principales rivières du monde dans les pays en développement qui font justement cet exil sont extrêmement polluées. c'est pas pour rien.
- Speaker #0
Il y avait eu une campagne, je crois, sur... Je n'ai pas les chiffres exacts, je vais peut-être dire au hasard, mais un steak haché, c'est 5 litres d'eau. Et on ne comprenait pas pourquoi, mais en fait, effectivement, il faut retracer toute la chaîne d'arroser le bétail, enfin, arroser les plantes, faire hydrater les animaux, le transport, etc. Et au final, c'est 5 litres d'eau consommée pour un steak haché.
- Speaker #1
C'est exactement ça. Alors en général, c'est l'alimentation qui a servi aux animaux de se nourrir qui a nécessité de l'eau agricole pour pouvoir grandir. Il y a une grosse partie des cultures aujourd'hui qu'on voit pousser sur les bords de route qui sont à destination de la nourriture animale.
- Speaker #0
Du coup, on parle de l'économie de l'eau, l'économie bleue. C'est toi qui parle comme ça ou c'est acté dans le monde que ça s'appelle comme ça ?
- Speaker #1
Alors l'économie bleue, c'est une terminologie qui est utilisée dans la presse, qui est utilisée partout. Ce n'est pas du tout moi qui l'ai inventée. Et on parle plutôt, quand on parle d'économie bleue, d'économie des océans. Donc c'est plutôt la partie eau salée. Et on parle de l'eau douce ou de l'eau verte, effectivement, pour la partie agricole ou pour la partie consommation directe.
- Speaker #0
Ok. Et donc si on veut parler de l'économie de l'eau au sens large, sans faire de politique, c'est organisé de manière... Très individuel, pays par pays, où c'est, il y a quand même, quand tu parlais d'eau internationale, etc., c'est forcément un sujet qui va au-delà des frontières, sur lequel tout le monde se met un peu d'accord sur le traitement, l'usage, tout ce qui est bateau, etc. C'est forcément un sujet commun, d'intérêt commun.
- Speaker #1
Là encore, on a certains pays qui s'harmonisent, mais c'est pas, aujourd'hui, il n'y a pas de position mondiale sur les sujets.
- Speaker #0
Le sommet de l'eau, justement ?
- Speaker #1
Il y a des sommets de l'eau, il y a des choses qui sont préconisées, mais... À ma connaissance, il n'y a rien d'imposé de façon contraignante ou en termes d'amende. Il y a par contre l'Europe, c'est en pris du sujet de l'eau, puisque c'est quelque chose qui est perçu, qui remonte des pays du Sud, qui est très bien connu des pays du Nord, puisque c'est eux, que ce soit Norvège, Suède, Danemark ou Hollande, qui maîtrisent très bien ces enjeux-là. La Suisse aussi est assez précurseur sur ces sujets. Mais en termes de constats et de visibilité immédiate, là où on le voit beaucoup aujourd'hui, c'est sur les pays du Sud, en fait. Cette raréfaction en Grèce, en Italie, en Espagne, Portugal un petit peu aussi. Mais où on voit qu'effectivement, il y a des vraies problématiques hydriques. Là, c'est en raréfaction.
- Speaker #0
Raréfaction, donc on a quand même tous conscience qu'il y a un peu une crise globale, enfin en tout cas une situation critique autour de l'eau. Et justement, est-ce que les solutions sont clairement identifiées ? Est-ce que ça vient du public, du privé ou est-ce qu'on se dit, c'est assez simple pour résoudre ce problème-là, ou en fait il y a une infinité de solutions, de petites solutions ?
- Speaker #1
Alors notre sentiment aujourd'hui, l'étude qu'on a, c'est que les technologies sont existantes sur l'eau, elles ne sont pas encore scalées sur l'ensemble des modèles. Quand on parle d'eau, on pense à Veolia, Suez, Sors, sur la partie eau urbaine en fait, mais la grande majorité de l'usage de l'eau, elle se fait sur la partie... Sur la partie agricole et sur la partie énergétique, sur la partie industrielle, dont une grosse partie sur la partie énergétique, mais qui prend pour relâcher. C'est par exemple pour tout ce qui est refroidissement des centrales nucléaires. Sur la partie agricole, c'est utilisé, c'est retourné dans le sol, et après c'est censé retourner sur un cycle. Et donc s'il y a effectivement des nappes phréatiques, etc., c'est censé retourner dedans. Mais on n'a pas aujourd'hui... Un litre d'eau versée dans l'agriculture, on ne sait pas exactement quelle quantité redescend en fonction des zones où c'est mis, en fonction de la qualité de la terre, en fonction de la sécheresse de la terre. On voit qu'en plus on a des éléments de précipitation qui sont sporadiques par endroit. Donc certaines fois on a des grosses précipitations où la terre n'est pas en capacité d'absorber parce que ça a été très sec pendant très longtemps. On a d'autres où ça se passe bien. On a des changements aussi de cycle de l'eau puisque... Le fait qu'on ait un certain nombre de montagnes qui réduisent en hauteur de par la fonte des glaciers, etc. On a des cycles de l'eau qui sont bougés puisque les nuages ne tapent plus dans les montagnes et donc ne repartent pas dans le sens où c'était avant. Et donc, on a des précipitations qui sont en train de se faire à l'échelle mondiale, à l'échelle régionale, de façon complètement différente de ce qu'on pouvait avoir antérieurement, de par les changements climatiques qui s'opèrent en augmentation de la température. donc plus de D'évaporation de l'eau des océans puisque la température augmente, les océans augmentent en température, la fonte des glaciers qui augmente la quantité d'eau. Et à côté de ça, on a toutes les zones qui étaient des zones où on avait finalement des barrières, des frontières naturelles, au travers des montagnes notamment, qui sont en train de changer de profilage. Et donc on a une vraie réorganisation des cycles. Alors là je suis vraiment dans la théorie de l'eau et des précipitations de l'eau, mais on a des gros changements. qui sont en train de s'opérer au travers de toutes ces modifications planétaires qui interviennent.
- Speaker #0
Est-ce qu'on pourrait se dire, tiens, les glaciers font de bonnes nouvelles, il y aura plus d'eau ? Mais en fait non, parce que ça dérègle tout le cycle. Voilà,
- Speaker #1
donc c'est pour ça qu'on a beaucoup de choses aujourd'hui qu'on constate, où on ne sait pas vraiment pourquoi, mais en fait c'est parce que tout est en train d'être déréglé. Alors quand je dis ça, ce n'est pas pour demain où on n'aura plus d'eau, mais en tout cas on sent qu'il y a un vrai sujet. Et d'ailleurs les banques... sont en train de s'intéresser au sujet, puisque un certain nombre de banques sont en train de faire l'analyse de leur portefeuille d'investissement au travers du prisme du stress hydrique. quelles sont les sociétés sur lesquelles il y a un risque d'eau. Quand vous parlez, par exemple, de toute la problématique qu'on a eue sur les composants électroniques ces dernières années, où on a eu des difficultés de la raréfaction sur les composants, c'était un problème d'eau, puisqu'ils n'arrivaient pas à refroidir. Dans certains pays où ils faisaient ces composants électroniques, ils n'avaient pas suffisamment d'eau, puisqu'il y avait un problème de sécheresse, pour refroidir les pièces, et donc ils ne pouvaient pas alimenter le marché en pièces électroniques pour cette raison-là. Donc en fait... On a l'impression que l'eau, on en dispose. Alors particulièrement en France, où on est aujourd'hui un pays, alors même si dans le sud, il peut y avoir des problèmes, on a le sentiment qu'en France, globalement, on a de l'eau à disposition. En fait, on ne voit pas les répercussions économiques d'une raréfaction, même dans une zone du monde, sur ce que ça peut induire sur le business global français. Là, on parle des composants, mais il y a plein d'autres sujets qui peuvent intervenir où ça peut avoir une répercussion indirecte sur l'économie mondiale.
- Speaker #0
Ça passera peut-être par une prise de conscience déjà d'avoir un indice eau ou litre d'eau pour avoir conscience que, comme tu disais, ce jean, cet aliment, ce téléphone, cette voiture, effectivement, il y a X litres d'eau pour le faire et donc on ne se rend pas compte. Donc déjà, la prise de conscience, elle sera peut-être plus mondiale en tant que particulier et on fera peut-être plus attention aussi parce qu'on se dit, OK, il y a de l'eau autour de nous, mais en fait, il y a quand même toute une phase invisible. Dans la consommation d'eau, et ça on n'en a pas conscience.
- Speaker #1
Exactement. Donc pour nous, vu notre prisme aujourd'hui, les technologies elles existent, puisqu'on parlait de l'Israël, on parlait de Singapour, du fait qu'aujourd'hui eux ils savent extrêmement bien utiliser cette ressource. Pourquoi ? Parce qu'ils ont conscience de la rareté de la ressource, donc ils en prennent soin. Et ces technologies en France, on est un pays extrêmement avancé sur les technologies de l'eau. Pourquoi ? Parce que la Lyonnaise des eaux était un des précurseurs en termes de technologies d'eau. donc on a toujours eu une très bonne connaissance technologique de l'eau, du suivi de l'eau. Mais aujourd'hui, on a un certain nombre de sociétés qui sont à détail intermédiaire, qui ont besoin d'être scalées en termes de modèles. Et donc, on pense, on est convaincus, on a étayé ça par de l'analyse concrète, qu'il y a beaucoup de sociétés qui méritent aujourd'hui de bénéficier d'un financement pour pouvoir aller scaler, aller chercher des verticaux différents en termes de techniques, de métiers, pour venir sur l'agriculture et sur l'industrie, qui sont les deux segments qui nous intéressent tout particulièrement. Parce qu'il y a une vraie valeur ajoutée à aller chercher, alors que sur la partie urbaine, on pense qu'en tout cas, c'est plus difficile d'aller vendre bien ces technologies à des clients. Parce que le marché a trois acteurs présents et donc, du coup, c'est un petit peu plus compliqué d'avoir une vraie valeur ajoutée sur le produit.
- Speaker #0
C'est-à-dire que c'est autant un sujet technique qu'industriel. tu vois par exemple chez Baltice on a financé une boîte qui s'appelle Saturne qui permet de dans les toilettes de consommer quasiment 50% d'eau de moins à chaque chasse d'eau, autant pour le nettoyage de la cuvette que de l'assise. Et ils sont hyper appelés par tous les pays du Golfe en disant en fait, nous on a bientôt plus d'eau, on en a moins, donc en tout cas on s'y met dès maintenant pour équiper tous les aéroports, les écoles, les bureaux, les restos, dès maintenant parce qu'ils ont conscience que c'est une ressource qui est déjà rare ou encore plus rare chez eux et donc ils essayent d'anticiper. Et ça passe. par la techno du nettoyage, mais aussi par l'industrie, parce qu'il faut fabriquer ce toilette. Toi, tu penses que c'est du coup un double sujet ? Qu'est-ce que peut faire la techno ? Peut-être du contrôle, peut-être de l'analyse. Mais il y a quand même un sujet derrière infrastructure, industrie, non ?
- Speaker #1
Alors, je pense que, comme pour toute industrie, la première chose, c'est de quantifier. Donc, c'est d'avoir la data pour pouvoir savoir... Quelle quantité est utilisée à quel endroit ? Est-ce qu'il y a de la déperdition ou pas ? Ils savent très bien le faire dans le domaine urbain. Dans le domaine industriel et agricole, c'est moins le cas. Ils savent combien ils payent à la fin d'eau, mais ça reste... En tout cas, qualitativement, l'intelligence artificielle n'est pas forcément encore arrivée à cet endroit-là, alors que ça mériterait de réfléchir. Par exemple, si on pense à l'agriculture, ce n'est pas la quantité d'eau qu'on utilise, mais c'est utiliser de l'eau au bon moment, au bon endroit sur la plante. Donc on a effectivement de l'irrigation ciblée, par exemple, qui peut être quelque chose d'extrêmement pertinent dans certains types de cultures. Mais pas que, on peut avoir des choix de semences, on peut avoir plein de choses qui peuvent permettre de consommer moins d'eau, de façon à l'utiliser. au bon moment pour que la plante grandisse. À l'instant où la plante grandit, l'apport dans l'eau lui permet de faire la meilleure croissance.
- Speaker #0
Avec moins d'eau, mais au meilleur moment.
- Speaker #1
Aux meilleurs moments, en prenant en considération les éléments climatiques. Nous, on a investi dans une société qui s'appelle Winat, au travers d'un de nos fonds. C'est une société qui vient aider les agriculteurs dans leur décision de mettre des entrains ou de mettre de l'eau en fonction de la météo qui arrive. Il y a des flux d'intelligence qui arrivent pour alimenter l'agriculture en disant qu'il va peut-être pleuvoir ce soir entre 19h et 20h, donc ce n'est pas utile de mettre de l'eau. Avant, on regardait la météo, mais là c'est encore plus précis, encore plus sensible. C'est en déterminant en fonction du type de semence qui a été fait. et du besoin d'eau pour la semence, etc. Donc il y a de l'intelligence qui peut arriver dans ce type de technologie, là on parle en agriculture.
- Speaker #0
Il paraît que les agriculteurs, ils ont une météo un peu spéciale, où ils savent exactement à la minute près quasiment quand est-ce qu'il pleut ?
- Speaker #1
Oui, c'est un peu comme les courants de vent pour les marins, c'est des éléments qui sont critiques pour les agriculteurs. D'ailleurs, quand en général vous voulez une bonne météo bien fiable, il faut aller sur la météo des agriculteurs.
- Speaker #0
Ou la météo marine, effectivement, il y en a beaucoup qui pensent.
- Speaker #1
La météo marine, alors là c'est plus pour le vent, mais ça peut aussi être pour le temps mais la météo marine c'est vraiment... précis pour la partie effectivement vent, force de vent et direction du vent. La météo agricole, c'est pour tout ce qui va être effectivement remplacer l'irrigation par de la pluie naturelle.
- Speaker #0
Donc c'est-à-dire que vous êtes la première étape dans la partie data, justement ? Ça veut dire que là, c'est plutôt de la techno ?
- Speaker #1
Alors nous, on n'investit pas que dans la data. Je dirais par rapport à la question, qu'est-ce qui est primordial de venir financer ? C'est effectivement toutes les technologies qui vont faire émerger de la data qualitative. Et de la data qui n'existe peut-être pas, c'est qu'aujourd'hui, on parlait d'épiphase tout à l'heure sur la qualité de l'eau, mais il y a un certain nombre de choses qui ne sont aujourd'hui pas contrôlées dans l'eau, pas testées, et qui vont mettre en évidence un certain nombre de risques, comme on en parle aujourd'hui pour l'épiphase, mais probablement qu'il y a d'autres choses, c'est même certain, et qu'au travers de tests et de data qui remontent vont nous permettre de mieux traiter l'eau, de mieux anticiper la zone où éventuellement il y a une contamination de l'eau, pour pouvoir comprendre ce qui se passe et à quel moment. Donc ça c'est sur la partie data. au sens large et analyse. Mais après, il va y avoir tout ce qui va être récupération, optimisation de l'eau. Par exemple, on a investi dans une société qui s'appelle TMW, qui est basée en Angers, qui, pour tout ce qui va être eau, est très toxique, on va dire, qui en tout cas ont des éléments toxiques. Donc c'est par exemple pour toutes les sociétés qui font du traitement ou du refroidissement par de l'eau sur des traitements de surface extrêmement corrosifs. L'eau qui a permis de faire ce refroidissement est extrêmement polluée par les surfaces contaminantes qu'elle a touchées. Et antérieurement, c'était des citernes remplies d'eau contaminée qui allaient directement se déverser dans des centrales d'incinération, dans lesquelles on venait brûler cette eau finalement, donc ça repartait dans l'atmosphère en termes de vapeur d'eau. Et on envoyait des camions énormes en termes de citernes d'eau. Ce dispositif permet aujourd'hui de récupérer l'eau par un système de condensation, enfin un équivalent de condensation, je vais passer les détails techniques. Ça permet de récupérer énormément de vapeur d'eau qui elle est saine et de récupérer à peu près 80-90% de l'eau pour ne garder que 10% finalement d'eau contaminée pour aller brûler ces 10%. Donc ça permet et de recycler de l'eau et de la remettre dans le système directement dans l'usine, ce qui lui fait une économie substantielle en termes de coûts. d'eau apportée et ça permet de diminuer substantiellement l'empreinte carbone puisqu'antérieurement si on avait je sais pas 1000 litres d'eau dans un camion-citerne, aujourd'hui on n'en a plus que 100 donc c'est un poids à transporter nettement inférieur et donc une empreinte carbone nettement inférieure. Il y a plein de dispositifs comme ça de cette nature donc auxquels on pense pas mais qui permettent de réutiliser, mieux utiliser l'eau, mieux traiter l'eau. Et surtout d'essayer un maximum que les usines soient dans la mesure du possible dans le reuse.
- Speaker #0
quasiment à 100% de l'eau utilisée, c'est-à-dire on fait rentrer une fois de l'eau et elle est remise dans le système au fur et à mesure, traitée, comme on le fait avec des centrales d'épuration pour le public, et réutilisée à un coût abordable pour l'entreprise. Parce que la difficulté aujourd'hui de l'eau, particulièrement en France, c'est que l'eau n'est pas chère. Certaines personnes vont dire que si, mais en réalité non, parce qu'on a un prix au robinet qui reste très accessible.
- Speaker #1
Par rapport aux autres pays ou par rapport à l'utilité de la ressource ?
- Speaker #0
Par rapport à l'utilité de la ressource et à la réaffection arrivant de la ressource. Alors l'eau, c'est inscrit, tout le monde doit pouvoir avoir accès à l'eau puisque c'est un bien vital. Donc tous les pays doivent permettre à leur population d'avoir accès à l'eau. Ça c'est inscrit vraiment dans l'ADN mondial. Je ne sais plus si c'est dans les droits d'hommes, je ne sais plus dans quel registre, mais en tout cas ça fait partie des choses qui font...
- Speaker #1
À l'eau potable.
- Speaker #0
À l'eau potable. Donc tous les gouvernements doivent permettre à leur population d'avoir accès à une certaine quantité d'eau par jour. Donc l'eau n'est pas chère. Alors, elle est chère pour du particulier, mais ça veut dire qu'il reste accessible économiquement. Donc, du coup, on l'utilise sans se poser la question de « est-ce qu'on pourrait faire différemment ? » puisqu'il ne coûte pas cher. Si demain, on augmente significativement le coût de l'eau pour les industriels ou les agriculteurs, ils vont se poser la question de comment mieux utiliser l'eau ou surtout dans quelle technologie investir pour en consommer moins ou mieux. Donc toute la difficulté à l'aide de cette temporalité entre le coût, la sensibilisation du public à l'intérêt de faire attention à cette ressource, et puis tout le domaine réglementaire qui est en train d'arriver. Parce que tout à l'heure, j'ai changé de sujet, mais en Europe, ils ont préempté ce sujet. Et en France, on a un plan de l'eau qui est sorti avec plusieurs directives, il y a un petit peu moins d'un an maintenant, et qui donne un certain nombre de guidelines pour les industriels, pour l'agriculture, etc. qui arrivent.
- Speaker #1
Si on repart sur la partie technologique, enfin technologique data plutôt, la data elle arrive grâce à qui ? Est-ce que c'est forcément des startups qui créent des solutions par la data ou est-ce que ça vient des gouvernements ? Est-ce que ça vient de l'État ? Est-ce que ça vient d'entreprises comme Veolia qui cherchent aussi de la data ? Qui fait en sorte qu'aujourd'hui il y en a de plus en plus ?
- Speaker #0
Alors les deux. les grands groupes bien sûr sont extrêmement sensibles sur ces éléments donc ont parfois des ressources en R&D qui développent des produits qui sont ultra qualitatifs et parfois c'est des startups qui ont perçu qu'il y avait un besoin qui l'ont exploité dans une partie ou un vertical mais qui n'ont pas forcément et la disponibilité de temps et les ressources et les connexions qu'ils font pour aller le développer dans d'autres verticaux Merci. L'intérêt du fonds, en tout cas que nous on voit dans ce fonds Sustainable Water Fund, c'est de venir impulser au travers des sociétés du financement, pour pouvoir, quand il y a en tout cas un intérêt à venir développer d'autres verticaux, trouver les sociétés et leur permettre d'avoir les moyens économiques et aussi des operating partners en interne pour venir pousser finalement ces autres verticaux, France, Europe, particulièrement Sud-Europe d'ailleurs. Et puis éventuellement mondial, parce que ce sujet de l'eau, c'est un sujet qui concerne tous les pays du monde.
- Speaker #1
Et qui sont ces entrepreneurs qui montent justement des startups dans l'eau ? Est-ce que c'est des gens, parce que je trouve que c'est délicat de se dire, tiens, je vais gagner de l'argent, je vais faire un business profitable autour de cette ressource qui est rare. Donc c'est des entrepreneurs comme dans tout secteur ou c'est des gens qui ont un peu plus que ça, un peu plus de conviction et qui veulent essayer de résoudre un défi climatique, un défi mondial ?
- Speaker #0
Alors là, on est en train de parler de l'impact et de, effectivement, est-ce que l'entrepreneur est impact natif ou est-ce qu'il ne se rend pas compte et il fait de l'impact ? En fait, la réalité sur notre premier fonds Impact Océan Capital, c'est qu'on se rend compte que volontairement, ils ont tous une envie de faire mieux, mais ils n'ont pas forcément perçu qu'ils faisaient de l'impact quand ils le font. Donc certains, ils se disent qu'il y a quelque chose à faire, qu'il y a une vertu écologique, économique. D'autres se disent j'ai envie de développer un produit. qui va avoir une connotation positive. Certains disent, pour mes enfants, j'ai envie de laisser une empreinte positive. Mais il n'y a pas de bons et de mauvais exemples. On peut trouver tout type d'entrepreneurs, des entrepreneurs qui sont très économiques, mindset, et qui finalement s'avèrent être complètement dans l'impact, mais sans le savoir. Et d'autres qui, à contrario, sont très impact, mindset, mais qui font quand même du business avec. Parce que l'un et l'autre sont indissociables. On peut faire une boîte d'impact, mais si elle ne gagne pas d'argent, elle ne va pas te perdurer. Donc il faut que ce soit les deux.
- Speaker #1
Exactement. Et c'est plutôt des profils jeunes ou pas forcément ?
- Speaker #0
Pas forcément. Là, si je prends notre fonds, parce qu'on a deux fonds, on a un fonds qui est dédié à la décarbonation et au maintien de la biodiversité marine qui s'appelle Impact Océan Capital, dans lequel aujourd'hui on a prévu d'investir une quinzaine de sociétés, on a la moitié du parcours en termes d'investissement. Donc là, on a des profils de femmes ou d'hommes entrepreneurs qui ont en général entre 35 et 50 ans. Ça, c'est la grande majorité. La réalité, c'est que là aussi, il n'y a pas d'âge pour avoir une bonne idée. Il n'y a pas d'âge pour avoir le sens de l'impact du business. C'est indissociable. On peut être un homme, une femme. Il n'y a pas de règle. Là, aujourd'hui, dans notre fonds Impact Océan, on a une femme dirigeante. Alors, il y a moins de femmes dirigeantes, mais ça, c'est un autre sujet. Ce n'est pas le sujet du jour. Et on a majoritairement des hommes qui ont une quarantaine d'années, effectivement.
- Speaker #1
OK. Et justement, si on en vient un peu à décortiquer un peu GoCapital, ça va un peu vos missions et vos fonds. Déjà, GoCapital, il y a un lien avec l'eau dans Go ? Non. Parce qu'il n'y a pas que de l'eau chez GoCapital, il y a aussi d'autres verticales.
- Speaker #0
Non, il n'y a pas de lien dans l'eau dans GoCapital. Nous, on existe depuis 2003. Et en fait, l'élément natif de création de GoCapital, comme quoi on avait déjà une fibre impact, c'était de venir développer nos territoires. D'être présent en proximité dans les territoires pour venir faire grandir les pépites locales. à l'échelle des différents territoires qu'on couvrait. La genèse à l'origine, c'était Bretagne, pays ligériens, donc les pays de la loi. Et puis progressivement, on s'est étendu. Aujourd'hui, on est vraiment sur l'arc ouest et on va jusqu'à Marseille. Donc on couvre tous les territoires littoraux de France, qui sont assez substantiels en termes de mètres linéaires.
- Speaker #1
Et quand vous couvrez, c'est-à-dire par rapport aux investissements ?
- Speaker #0
Aux investissements, c'est que l'être motif de Go Capital, c'est s'implanter dans les territoires pour connaître les entrepreneurs, les accompagner en proximité et rester toujours avec cet ADN. Donc aujourd'hui, on est une trentaine de collaborateurs. On a cinq personnes à Paris. C'est pour donner le cadre. Et toutes les autres sont en région implantées sur les territoires qu'on couvre. Donc Go Capital, aujourd'hui, on se segmente en plusieurs activités. On a de l'impact territorial au travers de plusieurs véhicules qui sont des véhicules. très sides, soit vraiment sur le tout début des sociétés, quand elles ne font pas encore de chiffre d'affaires, et qu'on est sur le début de la plante qui commence à pousser, et où il faut l'arroser, et en énergie, et en financier, et en conseil pour pouvoir bien la faire grandir. Donc là, on fait de zéro chiffre d'affaires jusqu'à 10 millions d'euros de chiffre d'affaires dans les sociétés pour les accompagner dans la croissance, sur des sociétés qui ne sont pas rentables au moment où on investit, mais où on a une conviction, et principalement sur des sociétés qui sont... hautement technologiques. Donc vraiment ce qu'on appelle des deep tech ou équivalents, mais des sociétés en tout cas qui sont disruptives dans leur marché et qui sont très différenciantes par rapport à la concurrence. Et ensuite, on a une autre partie de l'activité qui est sur de l'impact thématique, donc avec un premier fonds océan, un deuxième sur le water et probablement d'autres qui arriveront dans les prochaines années sur d'autres thématiques impact.
- Speaker #1
Et là, les autres thématiques que vous avez en cours ou déjà faites, il y avait une verticale sur la santé aussi ?
- Speaker #0
Alors ça, c'est au travers de nos fonds territoriaux. On n'a pas de fonds thématiques santé. On n'exclut pas, pour le coup, c'est un sujet qu'on maîtrise bien ou sur lequel on a déjà beaucoup de sociétés au travers des fonds impact territoriaux dans lesquels on a investi. Mais c'est pas aujourd'hui, on n'a pas de fonds santé. Mais on a une grosse proportion de nos fonds amorçage et de nos fonds VC qui sont dans le domaine de la santé. Parce qu'effectivement, l'arc ouest, tout ce qui va être Nantes, Bordeaux... Ce sont des territoires très importants dans le domaine de la santé, en tout cas où il y a des vrais savoir-faire locaux. Et tout ce qui va être région de... D'ailleurs, on a Rouen également, où on a des sociétés dans le domaine. Et à Rennes, on a tout ce qui va être cyber, tout ce qui va être digital, qui est très présent. À Nantes aussi, on a pas mal de digital, mais Rennes, c'est vraiment sur la partie cyber, digital. On a des très belles sociétés dans ce domaine.
- Speaker #1
Ok. Donc à chaque fois, c'est des fonds... territoire ou fonds thématiques. Donc ces fonds ils sont ouverts à qui ? Qui sont les investisseurs derrière ?
- Speaker #0
Alors sur les investisseurs, aujourd'hui on a plus de 200 investisseurs des institutionnels, donc on a le fonds européen d'investissement, on a la banque publique d'investissement, on a toutes les banques quasiment de l'ouest et même nationales, on a quelques banques nationales.
- Speaker #1
Donc elles, elles investissent à travers leurs fonds propres ou à travers des fonds ?
- Speaker #0
à travers leur fonds propre. Donc, ce n'est pas des fonds de fonds, c'est vraiment, elles investissent une partie de leurs fonds propres dans nos véhicules parce qu'elles sont convaincues que c'est développer les territoires et développer l'impact pour les fonds d'impact qu'on couvre. Donc, généralement, c'est des banques qui sont convaincues de l'intérêt et de développement économique local ou de développement sur des thématiques impact parce que toutes les banques aujourd'hui ont perçu la réalité du besoin dans le domaine. Donc, on a également toutes les régions. Alors ça dépend des fonds, on n'a pas toujours exactement les mêmes souscripteurs. En fonction de la thèse, certains adhèrent ou d'autres préfèrent d'autres typologies. Ça dépend de ce qu'ils recherchent en fait dans l'investissement. On a des métropoles. On a beaucoup d'entrepreneurs et de corporate. En général, ce sont des entrepreneurs qui ont très bien réussi dans la vie puisqu'on ne prend pas de souscription inférieure à un montant de 100 000 euros. Donc, ça veut dire que c'est quand même des personnes qui ont eu une vie successful, en général professionnelle, et qui nous permettent d'accompagner nos projets aussi, parfois nos entrepreneurs qui viennent investir à nos côtés. sont aussi des gens qu'on sollicite dans le cadre du suivi de nos sociétés quand elles ont une compétence dans une société, ou dans une typologie, ou dans un vertical, ou dans un accompagnement client, etc.
- Speaker #1
Et pourquoi du coup 100 000 euros à un investisseur assimilé, corporate ou autre ? Et pourquoi ne pas faire un fonds plus grand public ? Parce que j'imagine que les particuliers comme moi qui en investissent dans l'eau, je pense qu'on en serait très nombreux, un peu comme en ce moment tout ce qui est autour de la défense ou de la souveraineté. C'est forcément un sujet qui va parler, pourquoi n'essayez pas de le rendre ouvert à un plus grand nombre ?
- Speaker #0
Alors, c'est un sujet qui va arriver, puisqu'on vient de se rapprocher du groupe Magellim Capital, et on fait ce rapprochement de façon très convaincue, parce qu'on vient chercher cette brique qu'aujourd'hui on ne sait pas faire, parce qu'eux ont ce savoir-faire à la historique, et qu'on trouvait que ça faisait sens, et un acteur du territoire aussi, puisque c'est un acteur à la base nantais. Donc ça faisait sens d'avoir ce rapprochement, ce mariage entre nous pour pouvoir justement permettre d'ouvrir cette brique, puisqu'on est convaincus que particulièrement sur les thématiques impact, le grand public est de plus en plus averti sur les sujets et l'intérêt de ces sujets. Et qu'il y a effectivement, puisqu'on nous a sollicité plusieurs fois, un certain nombre de personnes qui ont envie d'investir dans ces thèses. Mais on n'avait pas aujourd'hui l'équipe suffisamment étoffée en termes de dimensionnement et le savoir-faire pour pouvoir... faire ce type d'ouverture. Mais en tout cas, c'est l'avenir, c'est ce qu'on projette. Probablement qu'on le fera à une échéance très court terme sur le fond Water qui est en cours d'ouverture et sur lequel on va avoir 18 mois de période d'ouverture, ce qui est usuel dans les fonds. Donc là, on va pouvoir le faire sur ce premier fonds, effectivement.
- Speaker #1
Ok, bonne nouvelle. Est-ce que vous avez des statistiques sur les boîtes dans lesquelles vous avez investi ? sur celles qui ont cartonné, celles qui stagnent un peu, celles qui relèvent, est-ce qu'il y a beaucoup d'échecs ? On sait qu'une boîte, dans le site ou le pré-site, il y a quand même un gros taux d'échecs, ce qui fait partie du risque, mais est-ce qu'il y a moins de risques dans l'eau parce que c'est un secteur qui a un pacte justement, donc un peu moins de risques ? Ou est-ce qu'il y a des chiffres là-dessus ?
- Speaker #0
Je dirais que sur le CID et le VC, effectivement, le taux de casse est supérieur à celui du Capdev, ce qui est complètement normal. On est sur des sociétés qui poussent, donc il y a plus de risques que la plante ne prenne pas. Par contre, il y a aussi normalement plus de retours sur investissement par rapport à un investissement en Capdev, puisque on est censé investir plus tôt, donc moins cher, mais pour avoir une portée supérieure. Normalement, le tout est censé s'équilibrer sur les fonds. de site, de VC, là je parle de façon globale. Nous, ce qu'on constate, c'est que souvent les sociétés, elles réussissent sur un homme ou une femme. C'est-à-dire que c'est l'entrepreneur ou c'est l'équipe d'entrepreneurs qui fait la différence sur le développement d'une société. C'est l'accompagnement que nous, on va y porter en termes de temps, pas que financier, c'est surtout de l'accompagnement humain en fait. Le financier, c'est juste le... la courroie pour faire en sorte que la société puisse mettre en œuvre un certain nombre de choses en termes de développement. Sur le fonds Impact Océan Capital, on est majoritairement sur ce qu'on appelle du growth. Donc c'est des sociétés qui font déjà du chiffre d'affaires, donc ont déjà trouvé leur marché, qui ont déjà trouvé leur client. On a une petite poche pour aller faire sur des sociétés un peu plus immatures, parce que sur la partie océan, on était sur une partie où il y avait une raréfaction des ressources en fonds propres dans ce type d'entreprise. Il n'y avait pas de marché au moment où on a décidé de lancer le fonds. Il y a eu plusieurs fonds qui se sont lancés concomitamment. Mais en tout cas, il n'y avait pas cette structuration de haut de bilan pour les sociétés. Donc, on s'était laissé la possibilité d'aller faire des sociétés un peu plus jeunes pour structurer des filières où on pensait qu'il y avait de l'intérêt. parce qu'on n'a pas parlé mais dans l'océan il y a la biodiversité, il y a la décarbonation mais il y a aussi tout ce qui est électrification portuaire. Tout ce qui va être changement en fait majeur dans les ports puisque les ports particulièrement en France on a une couverture de ports significatif on a Rochelle, on a Marseille, on a le Havre. Antérieurement on était extrêmement bien placé dans le placement des ports en fait Rotterdam nous est passé devant il ya quelques années donc il y a une vraie réflexion à avoir sur comment on fait en sorte aujourd'hui de reprendre le lead ou en tout cas de revenir dans la course façon substantielle sur les marchés portuaires. Donc Marseille reste un bastion important, le Havre et la Rochelle aussi, mais par rapport à Rotterdam, on a pris du retard. Donc il y a toute une réflexion à avoir sur comment on change les habitudes des ports pour pouvoir être plus productif et pouvoir justement récupérer une partie de l'activité économique qui est importante pour nous en France. Donc ça, c'était le sujet. Donc on est sur du growth, on est sur effectivement une petite poche qui nous permet d'aller sur des sociétés plus jeunes. Sur le fond Water, là, on est vraiment sur une approche de sociétés beaucoup plus matures, donc des sociétés qui viennent pour scaler leur modèle, qui sont déjà leurs clients, déjà leurs verticales, mais qui viennent soit accélérer leur développement, soit chercher d'autres verticaux qui ne couvrent pas encore, mais où leur produit est déjà fonctionnel. Donc on n'est pas sur du développement produit. Ce qui est le cas sur du SIN en général. Sur le SIN, on est sur la fin de développement de produits et du début d'amorçage commercial. Là, ce n'est pas du tout ça. On est déjà sur des sociétés qui sont éprouvées sur un plan commercial et qui cherchent juste à accélérer, soit géographiquement, soit en termes de verticaux, sur un produit qu'ils maîtrisent.
- Speaker #1
Et le fonds Water, il peut investir dans les boîtes qui ont été financées par le premier fonds ? Pour faire un peu la continuité ?
- Speaker #0
Déjà, on a quelques sociétés dans le Water. Aujourd'hui, on a investi dans un peu moins. un peu moins d'une dizaine de sociétés dans l'eau. Ce n'est pas l'objectif du fonds, parce qu'on est un peu conflicté si on faisait ça, parce qu'on est jugé parti, donc déjà c'est des équipes différentes. Mais au-delà de ça, on pense aujourd'hui que c'est intéressant d'aller chercher d'autres sociétés, parce qu'encore une fois, c'est un marché qui n'est pas adressé aujourd'hui, le marché de l'eau sous ce prisme-là. Alors il y a des opérations dans l'eau, mais qui sont faites par des fonds généralistes. Et l'intérêt du fonds Water, c'est de venir créer une équipe, ce qui est le cas avec des gens, on a une personne qui est une ancienne de chez Suez Veolia. On a un venture partner qui est l'ancien DG de Suez et Spagne, spécialisé dans la commercialisation digitale des produits, donc un ancien C-Level, donc il a une vraie compétence technique et internationale sur le sujet. Donc l'idée, c'est de constituer une team qui connaît le métier de l'investissement de façon substantielle, c'est le cas du gérant de fonds, qui maîtrise les technologies de l'eau et les sujets de l'eau sur tout. toutes les transversales industrielles, agricoles et urbains, même si on vise principalement industrielles et agricoles, et de venir impulser des operating partners dédiés dans le développement de business des différents verticaux qu'on cherche à couvrir. Donc là, on est en train de constituer une team d'operating partners dans le domaine pour venir accompagner les boîtes dans ce domaine.
- Speaker #1
Et sur les deux questions, sur les cycles d'investissement, est-ce que c'est les cycles classiques ? Vici, sur la durée des boîtes, est-ce que c'est 2, 3, 5 ans, 10 ans ? Ou est-ce qu'il y a une particularité d'être un peu plus long terme sur ces boîtes ?
- Speaker #0
Alors là, quand on touche à des fonds institutionnels, en général, on est sur des durées qui sont limitées dans le temps. Nos fonds ont une durée de vie de 10 ans, qui peuvent être prolongées de 2 ans si on a besoin, pour une ou deux sociétés, de finaliser ou de prendre un peu plus de temps pour la session. Ça se fait toujours de la même façon. Les fonds ont une durée de 10 ans. La période d'investissement, c'est-à-dire la période où on prend des nouvelles lignes d'investissement, des nouveaux pourcentages dans des sociétés dans lesquelles on n'est pas, c'est 5 ans, en général entre 4 et 5 ans, en fonction de si on trouve rapidement ou pas les cibles. Et après, on est dans une phase de réinvestissement éventuel et de désinvestissement. L'objectif, c'est vraiment d'être sur des durées de détention qui vont entre 3 et 7 ans pour les plus jeunes. Pour se laisser l'opportunité, la majorité, la moyenne de détention devra être autour de 5 ans. C'est un peu plus long en général quand on est sur du CID, parce qu'il y a cette phase de démarrage commercial, et les fruits de ce démarrage commercial se perçoivent qu'au moment où on est vraiment dans la phase de commercialisation intensive. Donc souvent, on a besoin d'attendre un peu plus longtemps, 2 ans de plus en général. La moyenne, c'est plutôt autour de 7-8 ans pour des sociétés en CID. Donc là, sur le fonds Water, on est sur une moyenne de 5 ans attendu.
- Speaker #1
Et sur les exits, qui les font ces exits ? Est-ce que c'est plutôt d'autres fonds impact qui rachètent ces boîtes ou plutôt des industriels type Veolia Suez qui veulent intégrer ces pépites en interne ?
- Speaker #0
C'est une très bonne question. Il n'y a pas de réponse. Sur un domaine où là on est entre du growth et du cap dev, on peut avoir les deux schémas. En général, ce qu'on constate, c'est quand des industriels viennent racheter les sociétés, c'est plus profitable pour nos fonds. Parce qu'ils viennent acheter un vrai actif stratégique pour venir déployer. Quand on est sur des rachats par des fonds qui sont sur des stades de maturité un petit peu après ce qu'on fait et donc qui viennent chercher ça, on est sur un rachat de la société à une valeur purement économique et pas forcément à une valeur stratégique. Donc souvent, il y a une divergence. Donc nous, notre préférence, c'est d'aller sur des sessions industrielles. Après, c'est le marché qui détermine et puis c'est surtout l'entrepreneur. Quand l'entrepreneur vient avec nous, il a une idée en tête de où il veut être dans 5 ans et de qu'est-ce qui sera pour lui la bonne feuille de route en termes de session. Est-ce que ce sera de trouver des nouveaux fonds pour accompagner ou est-ce que ce sera de faire une vente industrielle ? Là, on n'est pas seul aux manettes sur ce type de réponse.
- Speaker #1
Vous êtes toujours minoritaire, vous, dans les boîtes ?
- Speaker #0
On est minoritaire. Alors, ça peut nous arriver à la marge d'être majoritaire. Ce n'est pas notre souhait. Ce qu'on préfère, c'est que les entrepreneurs soient vraiment entrepreneurs chez eux et puis aux manettes. Si on commence à passer majoritaire, c'est notre philosophie, notre politique et souvent une moins grande implication des entrepreneurs, en tout cas vu de notre fenêtre. Donc on préfère être minoritaire.
- Speaker #1
Ok. Et tu as quelques, de ce que tu peux nous en dire, mais quelques belles histoires ou quelques histoires de boîtes que vous avez accompagnées depuis 13 ans ?
- Speaker #0
Alors, une que j'aime tout particulièrement, mais c'est dans le domaine seed. Donc, on n'est pas du tout dans le... C'est un peu ce qui... Enfin, moi, ce que j'aime dans le métier, c'est voir des entrepreneurs qui arrivent convaincus par un produit et qui se développent. J'ai une société en tête où ça fait longtemps qu'on est dedans maintenant, mais que je trouve qui est en tout cas extrêmement intéressante sur la potentialité. C'est une société qui est arrivée avec un projet, alors ça devait faire 1 mm sur 1 mm en termes de taille, qui nous ont expliqué qu'avec cette membrane, qui faisait 1 mm sur 1 mm, il fallait presque une paire de loupes pour voir ce que c'était, ils allaient créer de l'énergie sur la différence de gradient de salinité, ce qu'on appelle l'énergie osmotique. C'est-à-dire que quand vous avez de l'eau douce et de l'eau salée qui se rejoignent, vous avez des échanges physico-chimiques. qui s'opèrent et il se passe quelque chose et il y a de l'énergie qui est recrachée au moment du rapprochement de l'eau douce et de l'eau saine. Et donc ces entrepreneurs sont arrivés, totalement, presque hilars de leur découverte. Donc là, ils sont venus nous présenter ça, ce tout petit bout de papier presque, de membrane. Et ils nous ont expliqué qu'en mettant la membrane pile entre les deux, au moment où le rapprochement se faisait, la membrane pouvait récupérer de l'énergie et qu'on pourrait récupérer suffisamment d'énergie pour... pour pouvoir alimenter une ville, etc. au travers d'un certain nombre de membranes. Donc ça, c'était 2017. Et aujourd'hui, la centrale est en cours de lancement. En fait, c'est la société qui s'appelle Switch Energy. Donc il a fallu beaucoup de temps, parce que là, c'était le montage, la scalabilité du produit, entre le 1 mm par 1 mm qui faisait je ne sais plus combien en énergie, mais on n'allumait même pas une lampe. Et aujourd'hui, on essaye de faire un prototype industriel première phase pour alimenter une ville. C'est quelque chose qui se fait avec EDF, la compagnie nationale du Rhône. Et on a un premier démonstrateur industriel qui a finalisé sa construction, qui est sur l'une des branches du Rhône. Et qui aujourd'hui, alors elle n'est pas complètement opérationnelle aujourd'hui, il est quasiment en phase de finalisation, mais il commence déjà à délivrer de l'énergie. Mais qui est censé délivrer de l'énergie pour une petite ville.
- Speaker #1
Donc huit ans après.
- Speaker #0
Voilà. 8 ans après. Mais technologiquement, on est quand même sur une nouvelle ENR, sur quelque chose qui est totalement disruptif. Ça n'existait pas avant, sur un bilan économique qui pourrait permettre de vraiment avoir un intérêt économique. Parce que c'est ça aussi, la génération d'énergie, c'est combien d'euros coûte la création énergétique. Donc là, on est typiquement dedans, mais en tout cas qui est économiquement viable, si on peut dire, comme technologie. Ce type de choses, c'est ce qui nous fait vibrer en tant qu'investisseurs. Là, on parle de CIDE, mais pas que. Là, on a une société qui se développe super bien dans le fonds Impact Ocean Capital, ça ne fait que deux ans qu'on est dedans, et qui développe un logiciel à destination des portes-conteneurs pour venir arbitrer pour les industriels qui choisissent entre aller plus vite, faire moins carboné ou avoir le moins cher possible dans le transport. Donc, ils laissent l'opportunité de choisir et d'arbitrer. Comme aujourd'hui, les industriels sont sensibilisés sur le sujet du bilan carbone, beaucoup arbitrent un peu différemment leurs transports. Ça contraint d'une certaine façon aussi les transporteurs à changer leurs bateaux pour aller vers des bateaux de moins en moins polluants. Donc là, typiquement, c'est pareil, cette société se développe super bien, les dirigeants en plus sont au top. En plus, c'est un plaisir de côtoyer ce type de profils qui sont hyper intéressants, hyper structurés et puis surtout hyper concernés par l'impact, là en l'occurrence. Et de voir les effets et dans le développement business, mais aussi dans le changement d'un segment de marché, en fait, qui aujourd'hui était quand même très, très polluant et qui est en train de se poser des questions sur ses propres clients et ce que ses propres clients souhaitent et donc changer une dynamique. Donc ça, c'est des choses qui nous font vibrer parce qu'on a l'impression, nous, avec notre petit porte-monnaie qu'on ouvre et qu'on converse à la société, d'accompagner vraiment quelque chose de concret. et d'aller là où on veut en termes d'impact. Là, on est sur de la décarbo, on est sur les océans.
- Speaker #1
Justement, à travers les océans, ça me fait penser à une question, c'est jusqu'où on estime que c'est la thèse de l'eau ? Par exemple, si on prend les vagues qui créent de l'électricité, est-ce que c'est un sujet eau ou est-ce que c'est un sujet ENR ? Sur les gros paquebots qui maintenant fonctionnent avec des voiles, est-ce que c'est un sujet eau aussi ? Parce qu'en fait, il y a plein de sujets qui se mélangent. où tu as un peu de création, les nouveaux zénoïdes, on en parlait, mais c'est quand même lié indirectement ou presque indirectement à de l'eau. Jusqu'où ça va, cette thématique de l'eau ?
- Speaker #0
Alors, c'est assez large, mais il faut quand même trouver une convergence logique. Donc, par exemple, si c'est une société qui réduit l'impact de pollution plastique, sachant que la grande majorité de la pollution plastique, elle est dans les océans, Ben oui ! il y a un intérêt à ce qu'on finance cette technologie parce qu'il y a un vrai sujet de biodiversité marine. Donc il n'y a pas de bonne et de mauvaise réponse. Là, ce qu'on va venir regarder, c'est l'impact. Qu'est-ce que ça a comme impact ? Et est-ce que ça vient toucher l'impact sur la partie océan ou sur la partie eau et qualité ou quantité ou disponibilité ? Si la réponse, c'est oui, alors il n'y a pas de raison qu'on se prive d'investir dans cette société s'il y a une vraie incidence.
- Speaker #1
C'était ma question. Qui sont les startups qui sont éligibles ? Donc, en fait, que ce soit un impact direct ou indirect, ça peut rentrer dans la thèse.
- Speaker #0
Oui, à partir du moment où il y a une vraie problématique avec une incidence négative mesurée et où on peut venir justement mesurer l'impact positif ou la réduction d'impact négatif sur le nouveau produit que développe cette société.
- Speaker #1
Ok. Et tu parlais des boîtes françaises, même très locales. Vous avez aussi fait des investissements sur des boîtes européennes.
- Speaker #0
Alors aujourd'hui non, on a beaucoup regardé sur le fond ImpactOcéan des sujets sur le nord de l'Europe principalement. On est en train de regarder une société en Espagne en ce moment qui est très intéressante aussi. Donc on est en étude de sociétés mais jusqu'à maintenant on n'a pas eu l'opportunité de le faire. Déjà parce qu'on pense que si on investit dans une société européenne aujourd'hui... On veut avoir un vrai, enfin c'est notre mode de fonctionnement, mais on veut être vraiment operating sur un intérêt en France pour qu'on vienne apporter une valeur à la société au-delà de l'argent qu'on fournit sur un développement de business ou un développement de marché dans un endroit où on maîtrise et où on connaît les enjeux et où on peut avoir un vrai apport pour la société. Donc c'est la convergence de tout ça qui fait qu'aujourd'hui on n'a pas fait d'investissement, mais... probablement que dans l'année qui va venir, vu ce qu'on a dans les tuyaux, ça m'étonnerait qu'on n'ait pas une société en Europe, soit, là encore une fois, c'est Espagne aujourd'hui, et puis Norvège-Suède qu'on regarde attentivement, parce qu'ils sont très avancés sur un certain nombre de technologies dans la brique Water et Océan d'ailleurs, sur les deux.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, c'est quoi la difficulté ? Vous avez beaucoup de dossiers, de bons dossiers, ou c'est plutôt moins d'investisseurs ? C'est quoi l'enjeu du moment ?
- Speaker #0
Alors, il y a les deux. il y a Il y a des investisseurs aujourd'hui dans le domaine de l'océan. Dans le domaine water, il y en a très peu. Dans le domaine de l'océan, il commence à y avoir quelques acteurs. Quand on s'est lancé, il y avait très peu. Là, il commence à y avoir quelques beaux fonds qui se sont lancés. Et tant mieux, parce qu'il y a besoin de toute façon d'avoir ces fonds pour toute la dynamique. Il n'y a pas de concurrence. Par contre, il peut y avoir sur certains dossiers emblématiques, je pense au Vélique, etc., effectivement des marchés où on peut avoir des prix qui s'envolent. sur la partie des tours de table. Donc, on est assez vigilant quand il y a une tendance de marché comme ça sur la valorisation des sociétés et la réalité du momentum en termes de développement et du coût économique d'entrée. Donc, ça, c'est des sujets d'attention sur la partie structuration des capitaux propres. Sur Océan, il commence à avoir ce qu'il faut. Sur Water, ce n'est pas le cas encore.
- Speaker #1
Je vois que le temps file assez vite. J'ai une dernière question pour toi. Pour savoir ce que tu as dans ta tirelire, j'imagine que tu as un peu d'eau dans ta tirelire, mais comment elle est répartie, dans quoi tu investis, en fonction de tes convictions, tes connaissances, ton histoire ?
- Speaker #0
Alors, en tant que nous, en tant que dirigeants de GoCapital, on investit dans tous nos fonds. C'est normal, on doit être en adéquation avec ce qu'on vend, entre guillemets, comme produit. Bien sûr, on investit dedans substantiellement, parce qu'aujourd'hui, j'ai beaucoup d'investissements dans les fonds. Et puis après, ça c'est plus anecdotique, mais moi je viens d'une famille d'entrepreneurs dans l'immobilier, à une toute petite échelle, et dans l'hôtellerie. Donc j'ai quelques investissements dans l'immobilier aussi, mais ça c'est ma vie d'avant, c'est ma vie quand j'étais petite.
- Speaker #1
Et ça c'est des opérations d'investissement ou de création de valeur ?
- Speaker #0
C'est plutôt des opérations, effectivement. Alors j'aime bien, je ne suis pas sur... Moi, je suis moins sur le papier, mais c'est parce que j'ai toujours eu les mains dans le cambouis. J'ai toujours vu mon papa, les mains dans le cambouis. Donc forcément, il y a des choses qui restent. Je suis plutôt opérationnelle sur les investissements que je fais sur la partie immobilière. Donc on est effectivement sur du direct, sur de l'investissement direct.
- Speaker #1
Et des investissements un peu plus exotiques sur de l'art, du vin, des voitures ?
- Speaker #0
Alors non, je suis quelqu'un de très simple. Je ne dis pas que c'est... Mais en tout cas, pour ma partie, non, j'ai quelques pièces, mais c'est plus des coups de cœur que de l'investissement dans l'art. Et puis sur les voitures, moi, je n'ai pas de voiture. On a une voiture familiale, parce que je considère que c'est mon empreinte Impact, que je peux tout faire en train ou en vélo ou en métro. Et si j'ai besoin d'une voiture, je la loue, mais je n'ai pas de voiture personnelle. Donc c'est un vrai choix personnel aussi sur ce sujet. On est passé de deux à une voiture il y a un peu plus d'un an maintenant. Et en fait, ça marche hyper bien. Et je recommande de se poser à action, parce que c'est un facteur d'économie, mais ce n'était pas pour ça que je l'ai fait. Mais en fait, on se passe et on s'organise différemment quand on a une seule voiture. Et que moi, je vis dans le centre à Rennes, donc c'est plus facile aussi que quand on vit en campagne. Mais en tout cas, c'est complètement faisable.
- Speaker #1
Top, c'est noté. et j'en profite pour faire le petit disclaimer assez classique que tout ce qu'on s'est dit, ce n'est pas du conseil, c'est plutôt un partage d'expérience, de conviction, de combat et d'énergie. Aude, merci beaucoup pour ton temps. Bravo pour tout ce que tu fais et tout ce que vous faites chez GoCapital parce que c'est quand même rassurant d'un côté de se dire qu'il y en a qui cherchent à résoudre des problèmes plus importants que d'autres, qu'il y a de l'impact et que bientôt, si j'ai bien compris, tout le monde pourra investir. Les canaux de distribution vont un peu s'élargir, donc on pourra tous plus facilement investir dans cette thèse pour ceux que ça intéresse. Parce qu'on a tous bien compris que c'est un sujet rare, un sujet d'actualité et pour l'instant, ça va qu'en s'aggravant. Donc il faut vraiment faire quelque chose. Et le quelque chose passe souvent par des entrepreneurs, par des startups. Mais pour ça, il faut les financer. Donc il faut aussi de l'argent et ainsi de suite. Donc on sent qu'il y a un sujet qui a été pris en main et il y a des solutions. Donc c'est top parce que quand un sujet est intéressant, il faut aussi pouvoir mettre à disposition une solution. Merci beaucoup pour ton temps.
- Speaker #0
Merci à toi de m'avoir reçu.
- Speaker #1
Et puis sûrement à très bientôt du coup.
- Speaker #0
A bientôt. Salut.
- Speaker #1
Au revoir.
- Speaker #2
Merci d'avoir écouté cet épisode de Matière Lire. J'espère qu'il vous a permis de découvrir de nouvelles manières de faire résonner votre argent. Et si l'épisode vous a plu, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute habituelle, à le partager autour de vous et à laisser un commentaire ainsi que 5 étoiles sur Apple Podcast. A très vite pour un nouvel épisode.