- Speaker #0
Bienvenue dans ma vie de DRH, le podcast dédié au partage d'expériences RH. Je suis Pauline Danguay, dirigeante inspirée de Go4Human.
- Speaker #1
Psst !
- Speaker #0
Avant ça, je voulais vous parler de Go4Human, l'aventure que je mène avec Thierry. Parce que oui, on aide les entreprises à être plus authentiques, plus engagées et plus agiles. Mais comment, me direz-vous ? Eh bien, en alignant la direction sur la vision, les décisions et la communication. mais aussi en donnant aux managers les clés pour engager, fédérer et piloter leurs équipes. Et enfin, en aidant chaque équipe à mieux collaborer et mieux communiquer. Le tout grâce à des séminaires team building, du coaching, de la formation, du co-développement et du conseil RH. Parce que oui, on en est convaincus, une entreprise qui rayonne à l'extérieur, c'est d'abord une entreprise qui brille de l'intérieur. Et maintenant, place à l'épisode du jour. Bonjour à tous et bienvenue dans ma vie de DRH. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Magali Domange, qui est DRH chez Vema, et qui va nous parler d'un sujet passionnant, comme j'aime à dire toujours, les sujets sont passionnants, qui est les RH comme pont entre deux mondes, entre deux cultures. Il y a de quoi faire sur ce sujet, mais je laisserai Magali expliquer plus en détail ce qui se cache derrière. En tout cas, avant de laisser Magali s'introduire, j'aimerais vous dire que Magali va vous parler en métaphore. Vous allez voir. plein d'images qu'elle va pouvoir relever. C'est ce que j'ai compris en échangeant avec Magali. Vous allez voir, elle est très créative. Pour ceux qui connaissent un peu le disque, il y a du jaune à gogo ici. Vous n'allez pas être déçus de l'échange. En tout cas, bienvenue Magali, je te laisse te présenter.
- Speaker #1
Merci Pauline. Donc moi, c'est Magali. Écoute, qu'est-ce que je peux te dire actuellement ? Je suis donc derrière chez Vema, qui est un cabinet d'expertise comptable et qui traverse une période importante de sa vie. puisqu'on est en pleine fusion avec des évolutions d'effectifs, des rapprochements de structures. Donc, plein de beaux sujets pour la DRH que je suis en termes d'accompagnement du changement. Maintenant, si on fait un petit coup de rétro sur mon parcours. Alors, écoute, j'ai fait des études en fac de droit. J'ai développé en troisième année de licence une passion pour le droit du travail. Du coup, j'ai fait un master, un master de universitaire en droit du travail. Et ensuite, je suis arrivée. sur le marché du travail et j'ai alterné les expériences soit dans le juridique, soit plutôt dans les ressources humaines que j'ai apprises sur le terrain et surtout dans les environnements professionnels hyper variés parce que j'ai profité de chaque nouvelle expérience pour découvrir un nouveau monde. Je vais déjà en lien avec le titre de ce podcast puisque du coup, j'ai eu l'opportunité de travailler en tant que juriste à la CGT ensuite en tant que chargée RH dans un... un établissement socioculturel de la ville de Paris. Après, j'ai travaillé en restauration collective dans le milieu du handicap, puis dans le milieu hospitalier. Et plus récemment, j'ai fait six ans dans l'environnement industriel aux Asies. Voilà un petit peu pour te résumer rapidement dans les très, très, très grandes lignes de mon parcours.
- Speaker #0
Un beau bagage professionnel, pas mal de secteurs différents qui vont apporter aussi pas mal de contenu et peut-être de regards différents sur... Le sujet que tu as décidé d'apporter aujourd'hui, qui est vraiment l'ERH comme un pont entre deux mondes, entre deux cultures. Et du coup, ma première question, c'est pourquoi tu as choisi ce sujet et qu'est-ce qui se cache derrière ?
- Speaker #1
Demande régulière, que ce soit dans un cadre personnel ou dans un cadre professionnel, et notamment par exemple dans des salons, dans des écoles, de définir mon métier. Et en fait, pendant longtemps, j'étais très à l'aise pour expliquer ce que le métier d'ERH n'est pas. mais j'avais beaucoup plus de mal à verbaliser ce que j'avais dit. que le métier de RH est. Et j'ai trouvé à un moment donné cette métaphore du pont, qui est finalement pour moi une image qui représente très bien le rôle qu'on a et finalement quel que soit le domaine RH dans lequel on gravite, que ce soit dans le développement RH, dans du RH dit opérationnel, et même dans de la paie et de l'administration du personnel, il y a toujours, toujours pour moi cette notion de pont et de dialogue à créer. Et j'ai trouvé que c'était finalement l'image la plus parlante qui regroupait tous les aspects et tous les domaines RH. Et je l'ai choisi parce que j'espère que grâce à ça, ma maman et ma fille comprendront enfin c'est quoi mon travail.
- Speaker #0
Et derrière cette notion de pont ou passerelle, ou quel mot on peut utiliser pour avoir cette métaphore du lien entre les deux, tu me disais en off tout à l'heure que il y avait Trois points qui étaient importants pour toi, qui étaient déjà ce lien avec ces valeurs personnelles que tu portes, tu vas pouvoir nous en dire plus, ce pont avec ces stéréotypes RH, et puis... tout ce que tu as appris tout au long de ton parcours.
- Speaker #1
Effectivement, si je commence par le premier volet, je pense que je suis une personne qui a grandi, à qui on a inculqué de très fortes valeurs autour du collectif, autour du fait que l'autre, c'est de la richesse et qu'en se parlant, les choses vont mieux. Or, aujourd'hui, on est globalement dans un monde qui ne va pas forcément bien parce que les gens ne savent pas. plus se conveler ou communiquer. Ok, bon, ça, c'est un constat à l'échelle sociale. Maintenant, dans un environnement professionnel, j'ai quand même la chance de faire un métier où, justement, je peux être un acteur et un contributeur très fort de ce dialogue, de faire en sorte que les gens se parlent ou, à défaut, d'être peut-être parfois le traducteur, la courroie de transmission pour que la communication se fasse. Donc, voilà, et c'est quelque chose qui me... quelque chose qui me fait vivre, qui me fait vibrer cette idée de faire parler les gens entre eux et de maintenir autant que possible la notion de collectif dans un climat quand même assez individualiste et un perpétuel développement sur cet système-là. Donc ça, c'est peut-être pour l'aspect très personnel de ce sujet-là, le lien, le pont, la passerelle. La passerelle, c'est la version du pont un peu branlante où il y a encore un peu du taf pour la traverser entre Merci. sécurité, mais ça fonctionne quand même. Après, il y a effectivement le fruit de mes différentes expériences. Mon parcours au-delà des missions que j'ai été amenée à porter ou des dossiers que j'ai été amenée à gérer, il est beaucoup marqué par le fait, comme tu l'as très bien dit, d'avoir gravité dans des environnements professionnels très très très très différents. Et ce que je te racontais, c'est qu'effectivement je suis arrivée sur le marché du travail avec ma petite... de mal-être de juriste spécialisée en droit du travail avec pas beaucoup d'expérience professionnelle dans ce domaine-là et que j'ai très rapidement compris que si j'arrivais avec une approche très dogmatique de mon métier, en disant non à tout et en ne prenant pas en compte l'environnement dans lequel je me trouvais, j'allais difficilement me faire entendre, être convaincante, être pertinente et donc être professionnelle. Donc en fait, ça a été une prise de conscience assez rapide de finalement me dire que le meilleur moyen d'obtenir ce que je voulais, c'est-à-dire que les gens fassent ce que je leur préconisais parce que je pensais avec ma casquette d'expert et de spécialiste ce qu'il fallait faire, qu'en fait le meilleur moyen d'y arriver c'était déjà de les comprendre eux, apprendre leur langage, me l'approprier, pour finalement les mettre assez en confiance dans l'échange pour que ils suivent mes préconisations dans les différents sujets qui soient juridiques. au début, et tout doucement RH ensuite. Et donc forcément, quand j'ai pris ma petite barque et que j'ai ramé sur l'autre rive pour comprendre c'est quoi ton business, c'est quoi tes problématiques, c'est quoi ton histoire, c'est quoi les choses qui te motivent, c'est quoi tes ressorts de motivation, de démotivation, à l'échelle personnelle, à l'échelle professionnelle, dans un environnement collectif, je me suis rendue compte que tout doucement, déjà c'était une source de richesse pour moi, mais qu'en plus ça me permettait... était de tout doucement éviter de retraverser l'autre rive en bateau, mais plutôt de le faire main dans la main en construisant tout doucement une petite ponte et où après la circulation se faisait plus facilement d'une rive à l'autre. Si je devais peut-être préciser l'image, quand je parle d'une rive à l'autre, c'est d'un côté il y a finalement le monde de l'humain et donc des ressources humaines et de l'autre côté celle du business, où on parle euro, on parle productivité, on parle perte et on parle héroïque. Plein de mots barbares au début.
- Speaker #0
Si je prends un petit peu la métaphore antinomique, est-ce que finalement, il n'y a pas deux mondes séparés, mais finalement, tout le monde est ensemble, et ce business est empreint d'humains, et le RH, c'est de l'humain, mais il y a aussi beaucoup de business à intégrer. Et finalement, est-ce qu'il n'y a pas un monde, et pas cette rivière et ce pont au milieu ? Et finalement, pourquoi toi, tu me vois comme ça aujourd'hui ? Qu'est-ce qui fait que ?
- Speaker #1
Parce que je reste compte. J'étais convaincue. Et l'expérience m'a renforcée dans ces convictions que finalement, quand ces deux mondes n'en font qu'un, grâce notamment à des ponts, des passerelles et tout ce que tu veux, et qu'il y a des échanges fluides entre ces deux mondes, au point qu'ils n'en font plus qu'un, en fait, c'est profitable aux deux. Et qu'un business ne peut fonctionner que parce qu'il y a de l'humain et inversement. Sauf que je me suis aussi, globalement, toujours retrouvée dans des situations où j'arrivais Merci. pas sur un champ de ruines non plus, mais sur plutôt des environnements où il y avait vraiment ces demandes. et séparée par une rivière plus ou moins large, plus ou moins tumultueuse, et avec une incompréhension réciproque des deux côtés, voire une incapacité à se parler. Et finalement, là où je suis plutôt heureuse de mes différentes expériences, c'est que j'ai l'impression qu'à mon échelle, j'ai toujours réussi à contribuer, à faire en sorte que ces deux mondes arrivent à se parler. Alors, sur certaines expériences, pour des questions de… de temps passé sur le poste et d'envergure du poste, je m'en suis tenue à une frêle passerelle. Pour d'autres, j'estime avoir quand même grandement participé à des flux d'échanges, de sorte à ne faire quasi qu'un seul monde.
- Speaker #0
Justement, dans ces expériences que tu as vécues, est-ce qu'il y en a une ou deux qui ont été très impactantes pour toi et qui t'ont permis de beaucoup apprendre ? Et si oui, quels sont ces apprentissages et qu'est-ce que tu as mis en place ? pour justement faire ce lien entre ces deux mondes et ces deux cultures, comme tu le dis si bien.
- Speaker #1
Alors écoute, je peux te parler de ma dernière expérience professionnelle où j'ai travaillé dans le milieu industriel alsacien chez mon groupe. J'y ai passé six ans. Et pendant six ans, même si j'ai changé de périmètre et de thématique, j'ai quand même globalement toujours eu le titre de RH opérationnel, qui va parler à certains. on peut dire RRH généraliste. Et cette expérience, elle a été pour moi très structurante parce que forcément, en six ans, tu as quand même la capacité de voir ce que tu construis. Et mon homme de bâtisseur a été ravi de tout ça, n'est-ce pas ? Donc, je peux te parler de mes débuts chez Schmitt. Quand je suis arrivée chez Schmitt, j'ai tout de suite été mise dans le bain industriel auprès des opérateurs, des responsables de production. Et je suis arrivée, enfin, je n'avais pas forcément identifié ça dans mon parcours de recrutement, mais j'ai très vite fait le constat que les rapports entre l'industrie et les ressources humaines, on était clairement dans ce que je te décrivais, c'est-à-dire deux mondes qui ne se parlent pas et qui ont des rapports utilitaires. Bon, évidemment, c'était, comme tu l'as compris, ce n'était pas du tout ma vision du métier. Donc, je me suis dit, OK, soit c'est ce qu'on attend de moi, et auquel cas... par ma place, et ce n'est pas grave, ça arrive. Soit on m'a justement recrutée pour transformer les rapports entre ces deux environnements. Effectivement, j'ai rapidement eu confirmation qu'on était plutôt sur cette deuxième option. Et là, je me suis confrontée à le monde industriel dans tous ses stéréotypes, c'est-à-dire beaucoup de tableaux Excel, beaucoup de tableaux de bord, des indicateurs. des choses très millimétrées, beaucoup de chiffres, pas beaucoup d'humains, un milieu très masculin aussi, ça joue forcément. Et là je me suis dit « ok, j'aime les défis, ça tombe bien, comment on va aborder le sujet ? » Et du coup, par rapport à ça, j'ai décidé de enlever pendant quelque temps mon costume de RH et m'immerger complètement tel un explorateur en terre inconnue. dans ce milieu industriel pour en comprendre le langage, les outils, l'utilité des choses, de comment ça fonctionne et pourquoi. J'ai beaucoup posé la question de pourquoi, pourquoi on fait ça, pourquoi, pourquoi, pourquoi. Je crois que ça a été un peu pénible pour mes interlocuteurs. Mais en fait, rapidement, ça m'a permis, on va dire, d'avoir le niveau 1 du Olingo, tu vois, du monde industriel et d'utiliser toutes ces connaissances pour les utiliser, bénéfice finalement. de mes sujets RH, n'est-ce pas ? En finalement me rendant compte que si j'utilisais leur champ lexical, ils étaient tout de suite beaucoup plus réceptifs, que ça créait une forme de rapport de confiance et que finalement, j'étais beaucoup plus convaincue dans ce cadre-là. Donc tout de suite, je me suis formée avec tel. J'ai transformé tout ce qui était PowerPoint imagé en tableau Excel structuré avec des codes 1, 2, 3, 4, 5. J'ai dû mettre de côté... comment dire, mon égo sur le fait que non, on ne note pas les gens, c'est pas bien, c'est pas grave. On va quand même noter les gens parce que si ça permet à des esprits très très bleus d'y voir plus clair, tout doucement j'arriverai à les amener vers autre chose. Bref, en gros, je me suis pris de cette manière là, c'est à dire que j'ai réussi à imposer la fonction RH comme un partenaire indispensable l'activité. industrielle. Alors j'ai pas été toute seule pour faire ça parce que j'étais en Bino avec un collègue à moi qui a aussi grandement participé à ça, mais je pense qu'à deux on a au moins notre crédit professionnel d'avoir réussi à vraiment se positionner en partenaire et où en tout cas quand je faisais partie de chez Schmitt, on était un acteur incontournable au service du business et c'était plus un sujet qui faisait débat. J'ai un exemple très concret là dessus quand je suis arrivée chez Schmitt et que j'ai participé à des process de recrutement où on ne parlait que technique en entretien, j'ai quitté Schmitt, j'ai entendu des managers faire des briefs de poste. qui consistait à juste expliquer quel type de personnalité ils voulaient et pourquoi c'était au service de leur collectif de travail.
- Speaker #0
Ça, ça s'appelle une belle réussite.
- Speaker #1
Arriver à convaincre un industriel pur produit de l'industrie que c'est beaucoup plus durable et pérenne de recruter une personnalité plutôt que des compétences techniques, surtout à l'échelle d'un groupe où les compétences techniques peuvent s'apprendre. C'est plutôt une belle réussite. dont je ne suis pas peu fière.
- Speaker #0
Et par rapport à cette expérience-là chez Smith, quels sont tes grands enseignements ? Là, tu en as partagé pas mal, si tu devais les reformuler. Et quelles sont les grandes actions que tu as vues, qui t'ont fait grandir et que tu gardes aujourd'hui dans tes autres entreprises ?
- Speaker #1
Je pense que ce que m'a beaucoup appris cette expérience, c'est, allez, le premier, il faut choisir, et choisir, c'est à me lancer, c'est apprendre à... à perdre des batailles pour gagner la guerre. Je vais reprendre l'exemple du recrutement, parce que je pense qu'il va parler, il est assez accessible. C'est typiquement à un moment donné dire, « Ok, tu veux recruter cette personne-là ? Allez, je te suis, je te soutiens, même si au fond de moi, je suis convaincue que ça ne va pas le faire, mais je sens que tu n'es pas mûre encore pour entendre cet argumentaire-là. » Donc, ok. Et c'est typiquement ça, c'est-à-dire, je suis convaincue de quelque chose. et d'une manière d'aborder une situation, de la gérer. Mais j'ai en face de moi quelqu'un que je dois faire adhérer, parce que c'est lui qui va porter le sujet, c'est lui le manager, c'est lui le responsable. Et il faut qu'il soit convaincant, et pour être convaincant, il faut qu'il soit convaincu. Je n'arrive pas à le convaincre, ce n'est pas grave. Je vais essayer de trouver un compromis entre sa vision des choses et la mienne. Par contre, je m'engage, une fois que j'ai décidé de perdre la bataille, de quand même ne pas quitter le champ de bataille en courant. avec ma baïonnette sur l'épaule, mais plutôt de rester à ses côtés et de dire « Ok, tu veux qu'on aille dans ce chemin-là ? Ok, on y va ensemble. » En me disant « Ok, j'abdique sur cette bataille, on prend un chemin qui n'est pas celui que j'aurais pris, c'est ok, je te soutiens dans ce chemin-là. » Par contre, j'ai quand même à cœur deux choses. La première, c'est rester sincère dans mon accompagnement, même si ça prend une orientation qui n'était pas celle que je souhaitais. Et la deuxième... c'est de toujours en faire un enseignement. Et l'enseignement, en fait, il peut être évidemment plus riche qu'il n'y paraît, mais il peut être de « ça n'a finalement pas marché, et peut-être que par l'expérience, la prochaine fois, tu seras un petit peu plus à l'écoute de ma vision des choses. » Ou ça peut être aussi pour moi de me dire « finalement, on ne s'en est pas si mal sorti que ça, et même si j'avais beaucoup de fuites. » Le fait d'avoir compensé ces freins par peut-être un accompagnement plus rapproché, ça a permis de sécuriser la situation et de quand même me permettre d'aboutir à l'objectif que je m'étais fixé, même si ça a demandé peut-être plus d'énergie qu'il m'en fallait. Et ce côté apprendre à gagner des batailles et pas en faire une guerre d'égo, pour au final garder une cible qui reste peut-être un peu plus lointaine, mais toujours aux lignes de mire. Je pense que ça, ça a été un de mes plus gros enseignements. Et ça a été un enseignement très profitable parce que je pense que c'est l'enseignement qui m'assure une forme de durabilité. Le métier des ressources humaines demande beaucoup de conviction, beaucoup de dons de soi, que ce soit de l'énergie, des émotions, etc. Et la manière de durer dans ce métier est quelque chose qui me fait beaucoup réfléchir ces derniers temps de comment on garde la flamme. dans un environnement qui nous pompe beaucoup d'énergie, mais qui ne nous en redonne pas forcément autant. Et typiquement, ce sujet de savoir abdiquer sur certaines batailles et quand même se dire qu'en perdant cette bataille, on garde quand même la flamme et que c'est beaucoup plus profitable au système et au sujet sur le long terme. Je pense que ça, ça a été mon gros enseignement chez Schmitt. Le deuxième, pour t'en citer quand même un deuxième, C'est qu'en industrie, tu as beaucoup la culture de l'amélioration continue, les indicateurs qualité, la notion d'efficience aussi, où à un moment donné, on ne va pas chercher que l'efficacité. On va faire en sorte, par exemple, de produire quelque chose en faisant en sorte que les critères qualité, sécurité, production, coût soient tous équivalents. Et qu'en fait, on va bien produire, je mets des guillemets, qu'à la condition que plusieurs indicateurs soient à niveau équivalent et pas qu'il y en ait un qui soit très très bon et que les autres soient très mauvais. Et cette culture de l'efficience et de l'amélioration continue. C'est quelque chose qui a un marqueur très fort en milieu industriel et qui, je trouve, est très profitable à la fonction RH, dans la manière dont on aborde les sujets RH qui sont individuels, collectifs, et notamment quand on parle des sujets liés à l'accompagnement du changement. Cette notion de chef-lutre projet au service de l'amélioration continue et de l'efficience, ce n'est pas forcément des notions qui sont très ancrées dans le métier. Je sais que le milieu industriel m'a beaucoup appris à structurer des démarches de... le progrès continue et c'est quelque chose qui m'en sert quotidiennement aujourd'hui.
- Speaker #0
Et je pense à d'autres enseignements, peut-être que j'extrapole de ce que tu as dit, mais ce que j'entends, c'est que tu as besoin de t'immerger dans le monde de l'autre au démarrage et d'apprendre de lui pour pouvoir ensuite grandir et peut-être aussi embarquer les autres, non ?
- Speaker #1
Complètement. Alors déjà, sur le thème grandir, je n'ai aucun exemple d'expérience. personnelle ou professionnelle où je suis allée à la rencontre de l'autre, entendu au sens très large, que ce soit une personne, un collectif, un milieu, peu importe, et où je n'en suis pas sortie enrichie. Même une discussion avec un taxidermiste, j'ai trouvé ça génial, tu vois. Donc, vraiment, j'en suis toujours sortie hyper enrichie de ces temps d'échange, même si, je ne te cache pas, avant, c'est toujours un peu la purge. de me dire ok je vais prendre une journée, une semaine, faire X kilomètres pour passer une journée là aussi je mets des guillemets non productive et le payer très cher dans les jours qui suivent pour autant j'en suis toujours sortie hyper enrichie de connaissances techniques, de connaissances humaines, de connaissances personnelles donc vraiment j'ai toujours vu quelque chose de profitable à titre personnel et en fait ça crée du lien pour moi Et le fait de créer un attachement avec un business, une activité, en fait, après, je déplace des montagnes, je mets tout le monde dans le bus et puis tout se passe bien et on chante des chansons sur la route des vacances.
- Speaker #0
C'est beau. Je veux bien venir sur la route des vacances avec toi prochainement.
- Speaker #1
Oui, bien, avec Chélène.
- Speaker #0
Par rapport à tes années d'expérience, t'en as eu pas mal. Qu'est-ce que tu ne faisais pas au début et que tu fais aujourd'hui et qui t'a aidé à grandir justement dans ce lien entre... Le lien entre les deux mondes et ces deux cultures.
- Speaker #1
Waouh ! Alors, j'ai le sentiment d'avoir tellement changé qu'il y a... Je vais te le dire autrement, je pense qu'aujourd'hui, je ne fais plus rien comme il y a dix ans. Non, écoute, déjà, je pense que j'ai commencé avec un fort enjeu de résultats et de réactivité. Tu vois, par exemple, aujourd'hui, j'aborde les situations où je commence par dire, une de mes phrases favorites maintenant, c'est « les gars, on n'est pas urgentiste, on n'a pas un cœur entre les mains à transplanter, donc on va respirer un grand coup, on va se poser, on va dormir une nuit là-dessus, et ensuite, on va discuter du sujet » . Voilà, typiquement, ça, c'est quelque chose que je ne faisais pas avant parce que je pense que j'ai un tempérament, tu l'as dit, très jaune, mais aussi un peu rouge. et que j'avais un côté où je me laissais très vite embarquer dans les émotions des autres. Je vais te prendre un exemple qui va sûrement parler à plein de gens. On a reçu un courrier des prud'hommes. Tu vois ça, cette situation ? Le courrier, il est arrivé au secrétariat, il a été ouvert. Il est passé ensuite entre les mains du responsable de service, du DAF, du président. Bref, peu importe. avant d'arriver chez toi. Et au moment où il arrive chez toi, il y a le courrier. Mais il y a toute la charge émotionnelle de toute la chaîne qui est passée de « Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Mais qu'est-ce qu'on a mal fait ? Mais qu'est-ce qu'il nous veut ? Mais c'est ingrat ! » etc. Dans mes premières années d'expérience, je m'appropriais et le courrier, et donc la responsabilité du sujet, mais aussi tout le paquet d'émotions qu'il y avait avec. Et il fallait vite apporter des pansements à toutes ces problématiques émotionnelles. Aujourd'hui, je ne fais plus du tout comme ça. Le courrier, je le mets dans ma bannette et j'attends le lendemain avant de le scanner, de le lire et de décider ce qu'on fait et ce que je fais. en général ce que je fais quand même, parce que certaines émotions n'attendent pas une nuit de sommeil, j'explique que j'ai bien pris en compte le sujet, que je m'en occupe et que je vais faire un retour sous X délai. Voilà. Et effectivement, je pense qu'aujourd'hui, je me donne souvent beaucoup plus pour mission d'apaiser un peu les choses et de remettre un peu de factuel dans les événements, quelles que soient les émotions que ça peut susciter chez les uns et les autres, là où avant... Je participais à mon échelle, à l'effervescence émotionnelle autour des sujets, quels qu'ils soient, qu'ils soient positifs ou qu'ils soient négatifs. Donc voilà, là aussi, on est sur un sujet de durabilité. À un moment donné, les montagnes russes émotionnelles dans tous les sens, c'est très fatigant et boire, c'est épuisant. Donc garder la tête froide, savoir poser les choses, remettre les choses à leur bon niveau d'importance. le bon niveau d'importance étant la situation et les risques associés et pas les émotions du directeur la directrice d'ailleurs ou des deux quand il y en a plusieurs donc voilà je pense que ça c'est un sujet tu vois typiquement où je fais les choses complètement différemment pareil je te donne un autre exemple qui n'a du coup rien à voir je pense que j'ai aussi beaucoup appris à bien définir le cahier des charges alors j'ai jamais travaillé dans des cabinets RH qui vendent de la prestat. Par contre, j'ai beaucoup gravité dans des environnements où je me suis vue comme un prestataire, où j'ai été traitée comme un prestataire, voire un sous-traitant. Et surtout, j'ai été au contact de professions qui faisaient ce métier-là dans le monde du business. Pour toutes ces bonnes raisons, je pense qu'il y a quelque chose auquel je suis très attentive aujourd'hui, et je ne l'étais pas du tout avant, et ça m'a porté préjudice professionnellement, c'est de m'assurer que j'ai bien compris quel était le besoin de l'autre ou des autres, de sorte à ce que la réponse opérationnelle RH soit adaptée. Parce qu'en fait, je me suis souvent retrouvée dans des situations où finalement la réponse apportée n'était pas bonne, mais pas parce qu'elle n'était pas bonne, c'est juste parce qu'en fait, il y avait plein d'éléments qui n'étaient pas connus, pas maîtrisés, et qui faisaient que la réponse ne pouvait, dans tous les cas, pas être adaptée. et ça c'est quelque chose sur lequel j'alerte souvent les personnes qui commencent dans les ressources humaines, dans n'importe quel métier mais en l'occurrence plutôt dans les ressources humaines, c'est de bien s'assurer d'avoir tous les éléments pour réduire le risque que la réponse ne soit pas adaptée. Au risque, derrière une réponse pas adaptée, ça amène aussi une perte de confiance et là clairement si je reprends mon image du pont, je repars de l'autre côté avec ma petite barque. marqué mes rames et il y a juste un peu plus de vagues. Donc ça aussi, je pense que j'ai beaucoup appris professionnellement et aujourd'hui, je ne me mets en mouvement qu'à la condition d'avoir le sentiment de bien maîtriser l'entièreté du contexte et du besoin. Voilà, c'est un autre exemple. Et là-dessus, le côté cahier des charges dans le cadre d'une prestation de service facturé. a énormément appris par rapport à ça.
- Speaker #0
Merci pour tous ces enseignements. Il y a vraiment pas mal de contenu à prendre et je pense que ça parlera à certains. L'expérience fait grandir les uns et les autres. On en arrive déjà à la fin de cet échange, mais j'aimerais quand même te poser une question qui est importante pour moi. C'est par rapport à tout ce que tu as appris, quels conseils tu aimerais partager aux DRH et aux RH qui t'écoutent par rapport à la thématique ? que tu as apporté aujourd'hui sur ce podcast ?
- Speaker #1
Alors, si c'est des gens qui ont du bagage, je pense qu'ils se posent tous la question, ou ils se la sont posée, de comment je dure dans ce métier sans m'épuiser. Et je pense que le meilleur moyen d'y arriver, c'est de respirer et de prendre du recul. Je me souviendrai toujours de ma DRH d'il y a quelques années, qui en séminaire n'avait rien dit et s'était contentée pendant une minute, et ça peut être très long une minute, de monter sur une chaise, descendre de la chaise, se mettre à côté de la chaise, se mettre derrière la chaise. On s'est tous regardés en se disant « qu'est-ce qui se passe ? C'est un spectacle de danse contemporaine, on n'a pas compris l'ordre du jour. » Et pendant une minute, dans le silence, complète, elle a fait cet exercice-là. C'était très particulier. On était 50 ans à regarder ça.
- Speaker #0
et dans une très grande salle, avec une salle et tout, vraiment c'était...
- Speaker #1
Et ensuite elle a pris la parole et elle nous a expliqué quelque chose qui pour moi était... Pour le coup je n'ai pas compris, mais ça a beaucoup vécu, tu sais, en moi a posteriori, et je pense que ça vit encore beaucoup, cette question de prendre de la hauteur, faire un pas de côté, prendre du recul, il y a plein d'expressions comme ça, et en fait n'importe quelle situation, à partir du moment où elle nous met en tension, que la tension soit positive, qu'elle soit négative, qu'elle soit émotionnelle, qu'elle fasse vibrer ou qu'elle fasse rentrer en résonance la corde des valeurs. Plus il y a quelque chose qui va se passer au fond de nous, plus ça va être important de prendre le temps, de prendre du recul, de prendre de la hauteur pour apprécier la manière dont on va aborder la situation et pas seulement dans un objectif opérationnel ou de résolution de problèmes. d'apport de solutions, peu importe. C'est juste que je pense que pour durer dans ce métier et garder le feu sacré, c'est important de faire très attention à soi et donc de bien s'écouter. Et de plus la situation va être impactante émotionnellement, plus il va falloir prendre le temps de l'étudier posément et sereinement. Et je pense en plus que faire ça, même si les gens ne s'en rendent pas compte, c'est un rang que... plus juste la manière dont on va traiter la situation.
- Speaker #2
Merci, Mégali, d'avoir filé une métaphore jusqu'au bout. Je n'avais pas compris l'histoire de la chaise, mais finalement, prendre de la hauteur, c'est monter sur la chaise, c'est aussi se mettre à côté, se mettre derrière.
- Speaker #3
Et tout ceci,
- Speaker #1
tant mieux.
- Speaker #2
Donc voilà, tous ceux qui veulent faire un show prochainement, même devant 50 personnes ou plus, n'hésitez pas à demander à Mégali des conseils pour faire un petit show et qui, finalement, marquerait les esprits. Il ne faut pas avoir... peur de faire les choses différemment, c'est ça qui marquera aussi peut-être dans le temps.
- Speaker #3
En tout cas,
- Speaker #2
merci beaucoup Magali pour tout ce partage.
- Speaker #3
Je vous dis à tous, à bientôt pour un nouvel épisode de Ma vie de DRH et surtout, merci Magali.
- Speaker #4
J'espère que cet épisode vous a plu.
- Speaker #3
En tout cas,
- Speaker #4
si vous souhaitez avoir une communication plus fluide et sincère au sein de votre organisation, un codire plus visionnaire et authentique, des managers qui fédèrent et engagent leurs équipes, et enfin, des collaborateurs... plus autonome et responsable. Ça vous dit qu'on en parle ? Je vous ai mis notre numéro de téléphone dans la description de ce podcast et je serais ravie de vous avoir au bout du fil.
- Speaker #3
Et voilà, cet épisode est terminé. Merci de nous avoir écoutés et si ce podcast vous a plu, n'hésitez surtout pas à me partager autour de vous. À très vite pour un prochain épisode de Ma vie de DRH.