- Speaker #0
Bonjour à tous, ici Justine, vous écoutez Melting Pod, le podcast où l'on parle de tous les sujets. Aujourd'hui, on se retrouve pour un nouvel épisode d'Excavations. Salut vous ! Ça va. Aujourd'hui, nouvel épisode et aujourd'hui aussi, nouvel invité. Aujourd'hui, je reçois Mathieu Rosset et du coup, je vous laisserai découvrir Mathieu au fur et à mesure de l'épisode. Mathieu est un ancien sportif de haut niveau qui a fait les Jeux Olympiques. Je trouve ça intéressant qu'aujourd'hui, avec les JO 2024 qu'on va voir à Paris, où on entend énormément de choses, où on met en valeur énormément de sportifs, je trouvais ça intéressant aujourd'hui de voir l'envers du décor de l'après. L'après carrière, l'après sport, l'après qu'est-ce qu'on est, qu'est-ce qu'on devient et qu'est-ce qu'on fait finalement. Parce que ce n'est pas toujours simple pour les sportifs de se retourner, que ce soit financièrement, que ce soit professionnellement ou même juste mentalement. Et que la fin de carrière peut être compliquée pour chacun. Bien évidemment, je ne fais pas une généralité. Chaque sportif, chaque discipline est différente. Mais je pense que c'est bien aussi de mettre en exergue que certains sportifs, pour eux, c'est compliqué l'après. Et qu'ils n'ont pas tous des retraites simples, on va dire. Donc voilà, je vous laisse avec la suite de l'épisode. J'espère que ça vous plaira. Et je pense que c'est un épisode très intéressant qu'on devrait un peu tous écouter. Je t'appelle aujourd'hui pour te poser quelques questions concernant ton ancienne vie professionnelle, on va dire. Tu as été du coup un plongeur français médaillé, donc tu as eu des médailles de bronze, tu as eu des médailles d'or en championnat d'Europe et même sur le championnat du monde aussi.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Et du coup, moi, je voulais voir un peu déjà l'après sportivement, on va dire, comment ça se passe du coup. Comment tu as découvert cette discipline et pourquoi tu as aimé cette discipline ?
- Speaker #1
Alors, déjà, comment j'ai découvert cette discipline ? Moi, je faisais... énormément de sport mes parents m'inscrivaient dans plein d'associations et j'ai découvert ça par hasard un jour je m'amusais l'été dans une piscine et c'est mes parents qui m'ont proposé de faire du plongeon alors que moi je ne connaissais pas du tout je ne connaissais même pas du tout l'existence de ce sport et j'ai essayé surtout c'est que moi à l'époque je viens de Lyon donc Lyon Plongeon Club à la piscine de Vey c'était C'était en fait des modalités de sélection pour pouvoir rentrer dans le club. Il y avait très peu de sections de loisirs et donc j'avais dû passer des tests et tout. C'est pour ça que ça m'avait un peu plus motivé le jour où on m'avait accepté. Et donc j'ai commencé au Léon Plongeon Club à l'âge de 7 ans.
- Speaker #0
Ok, c'est tôt quand même ! Et du coup, je n'avais jamais entendu parler de ces disciplines, qu'il y avait la possibilité de faire ce sport. C'est rare, en vrai, je pense, non ?
- Speaker #1
Oui, ce n'est pas du tout un sport connu. Disons que c'est un sport qui coûte cher au niveau infrastructure. C'est plus cher pour l'athlète. Mais en général, c'est des piscines qui méritent d'avoir des plongeoires. Les plongeoires, il faut les entretenir. C'est des gros bassins, parce que dès qu'on monte à partir de 3 mètres de hauteur, il faut au moins 4 mètres de profondeur. Si on monte à 10 mètres, il faut 5 mètres de profondeur. Donc c'est des grosses fosses qui coûtent très cher. Et en fait, en France, à part celles qu'ils sont en train de construire pour les Jeux Olympiques, en fait, toutes les piscines, c'est des très vieilles piscines. Et en général... Ils enlèvent les 10 mètres pour raisons de sécurité, pour le public. C'était souvent des piscines extérieures. Comme si le plongeon, à l'époque, c'était vraiment un sport de piscines découvertes. Et c'était vraiment un sport d'été, en fait. Et donc, il y avait très, très peu de piscines avec des hauts plongeoirs, on va dire, de 10 mètres en intérieur. Donc, c'est pour ça que... Ouais, mais au niveau infrastructure en France, on n'a quasiment rien et donc quasiment pas de club. Et il y a juste, en fait, Lyon fait partie des plus vieux clubs, en fait, parce qu'il y a la piscine de Vez avec le 5 mètres. Et en fait, ils ont réussi à avoir des créneaux, en fait, dans cette piscine. Ils ont réussi à construire quelque chose. Et en fait, c'est comme ça que ça a été développé à Lyon et dans quelques autres villes, en fait. Parce que le plus gros problème de ce sport, c'est aussi les créneaux. C'est-à-dire que les associations doivent demander des créneaux à la ville pour pouvoir s'entraîner et c'est les plus gros problèmes en France et même partout dans le monde. En termes médiatiques, c'est un très beau sport, mais c'est un sport qui est compliqué à comprendre parce qu'il y a un système de notation, les figures en général, les gens ont l'impression de voir toutes les mêmes figures, elles sont notées à peu près pareilles, donc c'est très très dur à... En fait, visuellement c'est joli, mais d'un point de vue compréhension, c'est assez compliqué pour... pour les spectateurs.
- Speaker #0
Ouais, je comprends. Et du coup, t'as fait en compétition, t'as déjà fait les JO ?
- Speaker #1
Ouais, j'ai fait 3 JO. J'ai fait ceux de Londres en 2012, à 3 mètres. J'ai fait ceux de Rio en 2016, à 3 mètres aussi. Et j'ai fait ceux de Tokyo en 2021, du coup. Mais je les ai faits à 10 mètres. Et ça, c'était vraiment... Enfin, ceux de Tokyo, c'était un challenge à la base. J'avais arrêté ma carrière. Je voulais me remettre... Au plongement pour faire du high dive, donc le Red Bull à 28 mètres. Et en fait avec le Covid on ne pouvait plus s'entraîner, on ne pouvait plus partir, les frontières étaient fermées et en France on ne pouvait pas s'entraîner à 28 mètres. Donc je m'étais remis à la compétition mais à 10 mètres. Et normalement dans une carrière de plongeur ça vous fait l'inverse, on fait d'abord du 10 mètres et à la fin de sa carrière on redescend à 3 mètres parce que c'est assez traumatisant pour le corps et moi j'avais décidé de... de montrer qu'on pouvait faire l'inverse.
- Speaker #0
Et dans les JO, toi, tu les as vécues comment ? C'est quoi ? C'est des périodes hyper stressantes ? C'est des périodes que tu aimais bien, c'était excitant ? C'était quoi ?
- Speaker #1
C'était des périodes stressantes. Après, c'est assez satisfaisant aussi. C'est ça, quand on fait de la compétition aussi, c'est avoir du stress. Après, c'est vrai que les JO, c'est quelque chose... Bah, c'est unique en fait, parce que l'ambiance là-bas, la compétition, c'est vraiment quelque chose d'unique qu'on ne retrouve pas dans les autres compétitions, même dans les plus grosses comme les Choupettes du Monde. Pour moi, c'est l'une des meilleures expériences de ma vie.
- Speaker #0
Comment du coup s'est passé l'après ? Tu as décidé d'arrêter ta carrière en 2021, c'est du coup après les JO. Tu avais déjà mis un terme un peu avant, mais du coup, tu as refait après.
- Speaker #1
Alors ? C'est hyper intéressant parce que l'après-carrière, en gros, moi, après les JO de 2012, j'ai arrêté six mois le plongeon, déjà parce que j'avais fait les JO. Et c'est un peu compliqué quand on atteint notre objectif ultime. C'est assez compliqué de se relever en fait parce qu'on ne sait pas quoi faire, on est un peu perdu. J'ai arrêté 6 mois mais je n'avais que 22 ans donc mes coachs étaient assez proches de moi donc ils m'ont poussé à rester un petit peu et au final j'ai repris la compétition. Je suis parti m'entraîner en Australie pour ensuite faire les JO de 2016. En 2016, les JO sont très très mal passées pour moi. Donc j'ai décidé de continuer un an de plus, donc en 2017, et d'arrêter après. Et c'est là où j'ai fait champion du monde, donc avec Laura Marino en team event. Donc en fait, c'est une épreuve mixte. Et quand j'ai arrêté, donc là, ça a été mon premier, on va dire, arrêt. Et pour moi, c'était mon arrêt définitif à cette époque. et j'avais l'impression que j'avais pas tout fait, qu'il me manquait quelque chose donc c'est pour ça que je m'étais mis dans le high dive et suite au Covid je suis parti sur le 10 mètres et donc j'ai fait les 3ème Jeux Olympiques Et là, il y a eu ma vraie fin de carrière, on va dire, et j'avais l'impression que je pensais être prêt, parce que ça m'était déjà arrivé du coup d'arrêter. Et ça a été, en 2021, l'un des pires moments de ma vie, parce que la précarrière était vraiment très très compliquée. Donc en gros, ce qui s'est passé déjà après 2021, moi en gros, j'ai eu des grosses embrouilles avec la fédération. Et en fait, ils m'avaient promis, enfin ils m'avaient promis, ils m'avaient soutenu qu'ils allaient me donner un poste d'entraîneur à Paris, parce que j'avais passé des diplômes pour tout ça. Et en fait, je me suis un peu embrouillé avec eux. Donc ils m'ont un peu laissé sans rien. Je suis allé à Lyon pour entraîner dans mon club, pour essayer de développer la discipline dans mon club, en tout cas dans la région surtout. Et en fait, il n'y avait aucun soutien de la fédération. Et je me suis vraiment senti délaissé. J'avais vraiment l'impression que tout ce que j'avais fait, ça n'avait rien servi.
- Speaker #0
Bah les gens dans la fédération ils s'en foutaient complètement quoi Ouais qu'une fois que t'es plus sportif Tu sers plus à rien entre guillemets
- Speaker #1
Ouais non mais exactement Et surtout c'est que moi j'avais En fait moi j'ai passé un diplôme c'est le DES GEPS Et euh bah Clairement, à ce moment-là, j'étais le seul Français. On est plusieurs à l'avoir, mais en France, en tout cas, à ce moment-là, j'étais le seul Français à l'avoir. C'est le plus gros diplôme qu'on peut avoir pour pouvoir développer une structure ou quoi que ce soit. Et en fait, ça ne servait totalement à rien. Ils m'ont complètement délaissé, on va dire. Donc j'ai eu une grosse, grosse dépression. Je me suis retrouvé vraiment sans rien, en fait. Limite, je ne pouvais même pas me payer mon appart, tout ça. Ce que j'ai fait, en fait, c'est que j'ai continué les entraînements dans mon club. J'ai pris un boulot de 2 mètres nageurs. J'ai mangé une fois par jour pendant un an. Et je me suis barré à l'autre bout du monde pour vivre un voyage exceptionnel. Je suis parti en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Bali. J'ai bossé là-bas pendant un an. J'étais en backpacker. Pour moi, j'étais parti pour voyager pendant cinq ans à peu près. Parce que j'avais vraiment une... En fait, je ne voulais plus entendre parler de plongeon. Je ne voulais plus entendre parler de la France. Tu avais quel âge ? Du coup, c'était en 2021. J'avais 31 ans. Du coup, je suis parti en 2022, donc 32 ans. Donc voilà, ça a été un arrêt de carrière qui a été très, très compliqué. Vraiment, d'un point de vue psychologique et même physique, en fait, je me détestais. Et en fait, ça m'a permis du coup de vivre cette expérience de malade, de voyager. Donc, j'ai voyagé avec un pote, j'ai voyagé tout seul, j'ai rencontré des gens. Enfin, ça a été vraiment exceptionnel. Et pendant ce voyage, en fait, pendant ce voyage, j'ai un de mes meilleurs amis qui, lui, a eu pas mal de problèmes aussi avec... La France, en fait, qui était entraîneur, ça a été mon entraîneur, d'ailleurs, avec qui j'ai fait champion du monde, enfin, un de mes entraîneurs. En fait, lui, il est parti travailler en Suisse. Et pendant mon voyage, il m'a proposé de venir le rejoindre et d'entraîner à Lausanne dans le même club. Et j'ai dit banco, j'ai dit vas-y, feu. Donc, c'est pour ça que je me suis retrouvé. Après, derrière, maintenant, j'entraîne à Lausanne. Là, cette année, avec des loisirs, et à partir de l'année prochaine, j'aurai des compétitions.
- Speaker #0
OK. Et le retour un peu au sport, à ce sport, ça ne t'a pas fait du mal ?
- Speaker #1
Je pensais que ça allait être un peu difficile et pas du tout parce que je suis vraiment arrivé dans un... Un endroit, un milieu assez sain. Alors, il y a toujours des problèmes de partout, on va dire. Mais c'est comme si un peu je repartais à zéro. Ici, en fait, en Suisse, je suis hyper reconnu. Les gens savent qui je suis et ils m'utilisent, ils me reconnaissent par mes valeurs sportives et humaines. En Suisse, le système n'est pas du tout fait pareil. Quand tu es entraîneur, tu as des vraies valorisations, des vraies reconnaissances. Et du coup, c'est hyper intéressant et ça m'a redonné goût au plongeon. Mais par contre, quand je suis rentré de mon voyage... La fédération m'a demandé de revenir travailler à Paris avec eux. Et voilà, du coup, j'avais vraiment pas du tout envie. Donc en fait, ça m'a redonné le goût au sport, mais pas du tout en France.
- Speaker #0
Et mentalement, du coup, c'était compliqué toute cette période,
- Speaker #1
tu penses ? Ouais, mentalement, c'était compliqué. En fait, mentalement, on va dire qu'on se retrouve sans rien. Après, il faut dire aussi, dans le monde du sport, on est très, très maternisés. On a beaucoup d'aide. Il y a beaucoup de gens qui sont autour de nous pour nous aider sur plein de choses. En fait, quand on arrête, il y a déjà ce côté-là. Et ce qui est normal, je ne vais pas me plaindre, c'est la vie. Il y a des gens, ils se retrouvent comme ça à l'âge de 15 ans, on va dire. Mais ça déjà ça a été dur, donc mentalement c'est dur mais voilà on arrive à se relever. Ce qui a été dur en fait surtout c'est de se dire que moi j'ai plongé pendant plus de 20 ans, j'ai réalisé pas mal de choses pour la FED et pour la France. Et ce qui est dur c'est qu'on se dit du jour au lendemain en fait on n'est plus rien du tout quoi. Et c'est ça le plus dur. Même s'il y a des gens qui sont au sein de la FEDE, il y a des gens qui ont essayé de m'aider, mais c'est infime en fait, ces gens-là, je les remercie parce qu'ils sont vraiment derrière, ils essayent en tout cas derrière les athlètes, mais ce n'est pas assez en fait, ce n'est pas assez les plus hauts dirigeants des fédérations. Clairement, on n'en a rien à foutre. Et en fait, du coup, on a beau avoir ces gens-là qui donnent énormément pour pouvoir nous aider, en fait, ce n'est pas assez. Donc moi, je me suis vraiment retrouvé... clairement à la rue, parce que même si ces gens-là, ils essayaient de m'aider, au final, j'avais toujours pas de contrat, j'avais toujours pas de taf, et pas de reconnaissance, donc en fait, ça avançait pas. Mentalement, en fait, on me prend en coup en se disant, mais est-ce que je suis utile à cette société, au final ? Mais c'est assez violent, mais je pense que... Je pense que si je n'avais pas pris cette décision de partir à l'autre bout du monde, je ne m'en serais jamais remis, clairement, parce que je serais resté chez moi, ruminé. Et là, le fait d'être parti à l'autre bout du monde, déjà, je me suis complètement coupé des réseaux sociaux, je me suis complètement coupé du monde du sport, et en fait, j'ai redécouvert, on va dire, la vie, et surtout, j'ai redécouvert qui j'étais, en fait, parce que j'avais toujours eu... En fait, j'associais toujours ma vie par rapport à ma carrière, et ce qui est normal. mais au final il y a mille fois plus de choses dans la vie que j'ai découvertes.
- Speaker #0
Je trouve ça intéressant chez les sportifs de haut niveau, c'est que toute votre vie est basée sur le sport, et même votre corps et votre esprit, tout est sur le sport, et du coup si vous perdez ça ou quoi que ce soit, forcément votre vie n'a plus de sens, mais je trouve ça très intéressant à écouter.
- Speaker #1
Mais c'est ça, et puis au final nous, quand on s'entraîne c'est dur, c'est dur physiquement et mentalement. Souvent on est là en se disant, j'aimerais bien être dans mon lit, j'aimerais bien arrêter, j'aimerais bien faire des choses, mais en fait ce que je me suis rendu compte c'est que c'était ma zone de confort. En fait ma zone de confort c'était de trimmer tous les jours, d'aller en compétition, de m'entraîner, d'avoir des conflits. En fait c'était ça ma zone de confort, et je me suis rendu compte en fait que justement... Déjà, le jour où je suis arrivé à Lyon, c'était la première fois que j'avais un appart où vraiment je me posais. En fait, ça ne m'allait pas parce que j'ai toujours eu l'habitude de partir à droite, à gauche. Donc, c'est pour ça qu'en fait, ce voyage, on va dire, il m'a un peu aidé parce que j'étais dans une zone de confort où je n'étais pas ancré quelque part. Mais par contre, justement, j'étais libre de faire ce que je voulais. Et en fait, il y avait même des jours où je m'ennuyais. Et c'était génial, en fait. J'ai découvert l'ennui mais utile.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
c'est ça. Je m'ennuie, je vais quelque part. Donc en fait, je bougeais quand je voulais. Et c'était impressionnant de voir cette différence de vie où j'avais tout pour moi, j'étais materné. Et à l'inverse, elle me retrouvait... Par choix, à l'autre bout du monde, sans rien, aller chercher du travail, aller visiter, aller rencontrer des gens. Et ça, c'était vraiment impressionnant. C'était quelque chose que j'aurais voulu connaître avant.
- Speaker #0
D'avoir un temps pour toi.
- Speaker #1
Oui, et puis un temps pour moi, et puis même de prendre la liberté de faire ce que je veux.
- Speaker #0
Tu en as parlé vite fait tout à l'heure, financièrement aussi, parce que quand tu étais sur le devant de la scène, tu avais des sponsors, je suppose.
- Speaker #1
Ouais, alors j'avais pas de son de soeur. En fait, j'ai eu la chance d'être, à la fin de ma carrière, j'ai eu la chance d'être payé pour plonger. En fait, en gros, en 2014, j'ai eu un contrat, on appelle ça une... Une CIP, en fait comme j'avais passé des diplômes de paysagiste, j'avais un contrat avec une entreprise d'espace vert dans le nord de la France, où en fait je bossais 20% de l'année dans l'entreprise et 80% du temps c'était pour les entraînements et les compétitions et j'avais un salaire... à 100% j'ai été l'un des premiers plongeurs à avoir ça et ça c'était trop bien et c'était une expérience de malade aussi parce que je me retrouvais en entreprise aussi dans le nord de la France ça c'était génial et après ça du coup quand on arrête le plongeon on n'a plus ce genre de choses donc en fait quand j'ai repris après pour les Jeux de 2021, enfin 2020 à la base et du coup 2021 j'ai eu une chance inouïe c'est qu'en fait j'ai eu un contrat avec l'INSEP donc à Paris tu vois ce que c'est l'INSEP ? Et du coup, en fait, j'étais agent de l'INSEP et là, j'étais payé à 100% pour plonger, en fait. OK. Et ça, c'était une chance inouïe, en fait, de pouvoir avoir ça, en fait, de... pouvoir être payé pour plonger, pour faire ce qu'on aime. Sauf qu'en fait, cette situation s'est un peu retournée contre moi pendant l'année des Jeux, parce qu'en fait, justement, au moment où j'avais des coups de dinde, où j'étais fatigué, où à un moment je me suis blessé, mes entraîneurs, et c'est pour ça que j'ai commencé à m'embrouiller avec la Fédération, c'est que les entraîneurs, c'était limite, il y en avait, ils me disaient, mec, n'oublie pas que t'es payé pour faire ce que tu fais. Et en fait, j'avais plus... Du coup, je me plongeais parce que j'étais payé. Il y avait des moments où j'allais vraiment à l'entraînement parce que je me disais, bon, il faut que j'aille à l'entraînement parce que sinon, je ne vais pas être payé. Et là, en fait, c'est complètement retourné contre moi. Donc, disons que c'était la première fois de ma vie où je me plaignais d'être payé pour ce que je faisais. C'est comme si je n'avais plus la liberté de plonger. Et ça, du coup, ce contrat s'est terminé quand j'ai arrêté. Et quand j'ai arrêté, du coup, comme je ne pouvais plus rester à Paris, j'ai dû aller à Lyon. En fait, ce qui s'est passé, c'est que là, je me suis vraiment embrouillé avec la fédé, parce que je leur disais, mais les gars, aidez-moi à Lyon. En gros, prévenait que je vais venir et tout, parce que je vais avoir besoin de contrat, de machin. Et en fait, surtout, c'est parce que moi, à ce moment-là, je touchais le chômage et en fait, je ne pouvais pas prendre d'appartement. En fait, je n'avais pas d'appartement quand je suis arrivé à Lyon. Comme j'étais au chômage, il n'y avait aucune agence qui voulait me laisser un appart. Donc sur ça, j'ai commencé à me vraiment retrouver dans la merde par rapport à ça. Donc heureusement, j'ai des parents. Mais voilà, en fait, la fédération, les seuls mots qu'ils avaient à me dire par rapport à ça, c'est ça va, tu touches le chômage. Ce n'est pas grave si tu n'as pas un contrat tout de suite. Donc voilà, en fait, c'était que des allers-retours comme ça. Et du coup, clairement, moi, personnellement, vivre avec le chômage, c'était pas mon objectif de fin de carrière. Donc ouais, ça a été très compliqué financièrement.
- Speaker #0
Est-ce que tu penses que c'est... C'est comme ça pour beaucoup de sportifs ? Ou alors c'est plus dans ta discipline parce qu'elle est moins connue ?
- Speaker #1
Je pense que c'est comme ça dans beaucoup de disciplines. Après la gestion, d'après carrière, je pense que chaque fédération est différente. En fait, je pense que déjà c'est difficile de base. Et moi j'ai eu la malchance, c'est comme je me suis embrouillé avec mes entraîneurs et la fédération, c'est qu'en fait ça s'est retourné contre moi et j'ai eu encore plus de mal. parce que déjà de base c'est dur et en plus j'avais pas d'aide au niveau de la fédé. Donc, ça a été... Mais je pense que dans beaucoup de disciplines, c'est compliqué. En fait, déjà, d'un point de vue mental, dès que c'est compliqué d'un point de vue mental, ça ronge dans tous les côtés. Et en fait, on arrive... Enfin, souvent, c'est dur à se relever et ça touche le côté financier aussi. Parce que si on n'arrive pas à se relever, à aller chercher du taf ou à trouver quelque chose, forcément, ça va se voir dans les comptes en banque. Mais oui, quand je vois plein d'athlètes qui arrêtent, même en préparant, il y en a qui n'arrivent pas à se relever.
- Speaker #0
Et faire un travail lambda
- Speaker #1
Je voulais, moi à la base j'étais en train de regarder pour bosser chez Decathlon, chez des trucs comme ça, en attendant d'avoir un contrat. Mais après, moi en fait comme j'avais un diplôme de 2 mètres nageur, c'est là où j'ai de la chance et je remercie mes coachs qui m'ont poussé à le passer, ce diplôme de 2 mètres nageur qui n'existe plus aujourd'hui et qui est hyper recherché dans les piscines. Et en fait, la commune où j'entraînais et la commune de mon club, je suis allé les voir et je leur ai dit clairement les gars, J'ai plus de thunes, j'ai besoin d'un taf. Est-ce qu'il y a une place dans la piscine en tant que mètre nageur ? Et les gars, ils m'ont ouvert les bras, ils m'ont dit carrément, et pour toi, il y en aura toujours. Donc en fait, c'est là où je remercie vraiment mon club et ma commune. Grâce à ça, j'ai pu prendre un travail lambda, qui était pour moi, de mètre nageur, et ça m'allait parfaitement. Pour moi, travailler, ce n'est pas un problème. Quand je suis parti en Australie, je faisais entre 50 et 80 heures dans les fermes, j'adorais.
- Speaker #0
C'est quelque chose de très différent parce que les sportifs vous avez une manière d'aborder le travail vu que c'est un plaisir et en même temps axé sur votre corps et tout, c'est très différent qu'un travail lambda 5 jours sur 7, 35 heures, c'est très différent.
- Speaker #1
Après ce que je trouve, c'est mon point de vue, c'est pas pour les autres. Mais après, dans ce que je trouve moi et dans les boulots que j'ai faits, j'ai jamais été dans des bureaux, par exemple, j'ai jamais fait de 45 heures dans des bureaux, donc ça je ne connais pas, mais tous les boulots que j'ai faits, en fait, pour moi, par rapport... Par rapport à ma carrière, j'avais l'impression que c'était facile. Vraiment, d'aller au travail, je me disais que ce n'était pas compliqué. Ce n'était pas compliqué, il faut juste faire ce qu'on te demande. Il faut un peu réfléchir. Nous, quand on allait à l'entraînement, on se disait est-ce que je ne vais pas me prendre la planche aujourd'hui ? Est-ce que je ne vais pas me casser une main ? Est-ce que je ne vais pas me casser la jambe ? Du coup, je me suis rendu compte que la vie au travail était super simple. C'est pour ça que c'est dur aussi. Il y a des moments où je me dis que je me fais chier. C'est trop facile. Et c'est pour ça que la première fois que j'ai arrêté ma carrière, en 2017, j'étais parti dans le monde du cinéma. Je bossais dans le cinéma et pourtant je bossais vraiment comme un dingue. Mais je trouvais ça trop facile. Je n'avais pas de dredaline. Et c'est pour ça que j'avais repris le plongeon et pour pouvoir en faire à 28 mètres, donc la plus haute hauteur, parce que j'avais besoin de cette adrenaline. J'avais besoin de me lever et de me dire peut-être qu'aujourd'hui... Je vais me faire mal en fait, c'est pas du masochisme mais c'est de l'adrénaline en fait et c'est ça en fait qui est compliqué aussi quand on arrête le sport c'est l'ennui mais l'ennui au travail mais après là aujourd'hui je le retrouve plus parce que... Je pense que j'ai beaucoup plongé et je me dis maintenant j'ai plus besoin de ça et je recherche dans d'autres choses. Et là le côté entraîneur il est intéressant parce que l'année prochaine je vais avoir des compétitions et je vais avoir de l'adrénaline pour mes plongeurs. Donc ça c'est intéressant en fait, c'est intéressant de pouvoir le transmettre en fait, de pouvoir transmettre les bonnes choses.
- Speaker #0
Ouais c'est pas la même adrénaline mais ça reste quand même quelque chose de transmettre. J'ai vu que t'as fait une vidéo avec Pierre Croce.
- Speaker #1
Ouais alors j'en ai fait plusieurs. Ouais.
- Speaker #0
Comment ça s'est passé ?
- Speaker #1
La compétition des plats ? Ouais. Ça, c'était marrant. Par contre, je me suis fait mal. Ouais,
- Speaker #0
je me suis fait mal.
- Speaker #1
Ouais, ouais, je me suis fait mal. Mais ça, c'était bien marrant. En fait, à la base, avec Pierre Croce, on avait fait un faux documentaire sur le champion de plat. Ouais. C'était en 2014, je crois, et c'était une vidéo, on l'avait sortie. On s'était dit, ça ne va pas marcher, ça va faire un flop. Et au contraire, elle a fait le buzz. Et en fait, il y a eu, en ce moment, il y a des plongeants freestyle, des compétitions de Dods, Dive of Death, qui se font beaucoup en Norvège. Et Pierre, en fait, il a vu ça et il a dit, viens, on fait ça en France. Donc, je lui ai dit, en fait, on a parlé et on s'est dit, ouais, il faudrait faire un truc moins haut parce que ça se fait à 10 mètres. Il faudrait faire un truc moins haut, mais par contre, il faudrait faire des vrais plats, avec des gens qui ne savent pas plonger. Il a vraiment une bonne idée d'en créer une compétition. Donc ça, c'était bien marrant.
- Speaker #0
Bon, en tout cas, merci. C'était hyper intéressant, je trouve, de voir aussi l'après-sportif. Et que ce n'est pas toujours simple de retourner dans la vraie vie. Et que des fois, on n'en a pas forcément envie. Ou alors qu'on n'a pas le choix de changer de carrière. du coup merci à toi voilà les gars c'est la fin de l'épisode j'espère que ça vous a plu, j'espère que vous avez pu en apprendre un peu plus sur les sportifs de haut niveau nos sportifs français et que malgré les disciplines qu'elles soient connues ou peu connues bah finalement c'est pas toujours simple pour eux j'espère que l'épisode vous a plu nous on se retrouve la semaine prochaine pour un épisode sympa Bref, comme tous. Bref, à la semaine prochaine. Sur ce, bye !