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Motif émotif - saison 1/3

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09min |18/04/2025
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Description

Qu’est-ce qui se cache sous ces anémones, d’un rouge coquelicot ? 

Marie dénoue le fil de l’ « intergénérationnel », questionne ce qui donne à un motif le pouvoir de plaire autant la mère, qu’à la fille ou la grand-mère. Cet équilibre entre les générations trouve-t-il son écho dans l’ambition originelle de la marque : tisser un pont entre tradition et modernité ?

Parlons du Lauréat et des années 60, de Louis de Funès et de processus créatif, d’intemporalité. 

 

« Il suffit d’une couleur ou d’une ligne pour faire le lien, ou il suffit d’une intention… » 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Alors ça c'est le spring. On pourrait y voir des coquelicots, mais ce ne sont pas des coquelicots, ce sont des anémones d'un rouge coquelicot. T'as aussi des espèces de dahlia, des feuilles vert tendres cette fois. avec un vert plus foncé qui structure des feuilles pointues. C'est marrant parce qu'elles sont extrêmement pointues. Il y a plein de pointes dans ce motif. À la fois des rondeurs dans les grosses anémones et des fleurs pointues dans les marguerites. Jaune très pâle. Tu as très peu de blanc. Très très peu de vide. Ça c'est étonnant. Il est rempli, rempli, rempli. Il y a un espèce de bleu lavande qui vient vibrer avec le rouge. Il se marie avec une bordure rayée, bleu très franc et blanc. qui rappelle la rayure du matelot. Le blanc, il est au service de la couleur. Et il prendra la place que la couleur lui laissera. Et là, en l'occurrence, il n'a pas beaucoup de place. Mais sans le blanc, tu n'as plus la ligne. Si tu regardes bien, en fait, ta fleur, elle est rouge, mais les pétales se dessinent grâce au blanc. En fait, le blanc, il est vital. Quand on construit le motif, on parle d'oxygène. On peut dire qu'un motif manque d'oxygène. C'est quand il y a une... de persaturation, celui-là il pourrait presque manquer d'oxygène mais il manque pas d'oxygène parce que le blanc il est là il structure la fleur il est là quand même mais il est très présent sur les rayures du bord aussi ce motif c'est le motif de la dernière collection donc été 24 qui a été pensé sur le thème qui est parti du L'Oréa, le film américain des années 60-70 et on s'est rendu compte que c'était un film dont l'esthétique ne correspondait pas à la marque C'est-à-dire que c'est un film qui a très peu de motifs, très peu de couleurs. À part la piscine, des moments ponctuels, ça ne marchait pas. Donc en fait, on a basculé sur un thème années 60. Et tout le challenge a été de faire une fleur suffisamment délicate et raffinée, qu'on recherche en tout cas nous quand on fait un motif, tout en ayant l'audace des années 60. Il ne fallait pas basculer dans le kitsch. On a vachement tâtonné avec ce motif parce qu'on avait... peur de rebasculer dans quelque chose qu'on avait déjà fait. Et en fait c'est une problématique qu'on a très souvent. Ça fait 20 ans qu'on existe, donc en 20 ans on a fait une série de motifs et une série de tentatives. Et je me souviens d'une époque où on n'était pas dans les codes et on voulait l'être. Tout le monde voulait du gris, du rock'n'roll, donc on a essayé de faire des motifs plus petits, de faire autrement, de faire autre chose. Mais en fait c'est ce qu'on sait faire, donc en fait il faut arrêter de chercher... à faire autre chose que ce qu'on est et en fait on a arrêté. Tu ne peux pas me demander à moi qui suis blonde de séduire un homme qui aime les brunes. Là il faut parler de funès. Parce que de funès pendant des années c'était le même jeu. De funès ne fera jamais une comédie romantique. Si tu veux voir une comédie romantique tu ne te mets pas un bon vieux de funès. De funès tu vas voir un mec qui a toujours le même rôle, le même jeu, la même gestuelle, les mêmes rictus. Et en fait c'est ce que tu veux voir. Nous c'est pareil. C'est pas du Dauphinez, c'est du Lucas Duterte, mais si tu veux du rock'n'roll, tu viens pas chez nous, quoique on peut te faire un truc rock'n'roll avec l'hibiscus. Mais en tout cas, tu viens chercher quelque chose chez nous et je trouve que ce motif le porte. Je trouve que dans nos motifs, il y a quelque chose qui revient extrêmement souvent, c'est les gens qui nous disent « mais c'est fou, ça me rappelle les draps de ma grand-mère, ça me rappelle le pareo de ma grand-mère, ça me rappelle la robe de ma grand-mère » . Et en fait, je pense qu'il y a un fil intergénérationnel qui est extrêmement important chez nous. Depuis qu'on existe aussi, on essaye de faire le pont entre la tradition et la modernité. Et je pense que c'est ce qui fait que nos motifs parlent autant à la mère qu'à la grand-mère qu'à la fille. Et moi, je vois ma fille qui veut me le piquer. Elle le dit, elle dit « il est génial celui-là » . Je me dis qu'il doit avoir ce petit truc de Lucas Duterte. Il nous dépasse, il plaît. Je pense qu'il y a quelque chose de très fort dans le lien à la grand-mère. Je le remarque, énormément des gens qu'on rencontre nous disent « Ah c'est marrant, ça me fait penser à ma grand-mère. » Et je trouve qu'il y a un lien extrêmement fort à la grand-mère. Je n'arrive pas à savoir si c'est uniquement chez les personnes qui sont hyper sensibles, hyper créatives, ou si c'est global. En fait, la mère, elle porte, elle doit quand même structurer, elle pose les limites, elle va te laver les dents. La grand-mère, elle a lâché tous ces trucs. Je pense que la grand-mère donne le droit. Là où la mère aimerait te donner le droit, mais ne peut pas se permettre parce qu'elle veut que tu pousses droit, la grand-mère, en fait, elle n'en a rien à faire. La mère remplit ce rôle-là. Est-ce que la grand-mère, ce n'est pas la tendresse ? Tu vois, la tendresse sans règle. Et est-ce que les motifs, ce serait pas ça ? Tu vois, la tendresse s'enrègle. Tous les six mois, depuis qu'on existe, on fait des nouveaux motifs. On pourrait en lancer vingt. On essaye de se limiter, on atterrit souvent sur onze. C'est étonnant, on a souvent onze nouveaux motifs par saison. Dont le spring cette saison, et dont la saison prochaine. On va essayer de partir vers un truc qui innove un petit peu. Que serait la rayure après la rayure ? Pour nous, ce serait le tartan. Ce qui est dingue. On pourrait passer des heures sur le tartan. C'est à la fois des combinaisons de couleurs, des combinaisons de rayures, des croisements de rayures. Si tu mets une couleur de fond et si tu mets un blanc au fond, tu n'auras pas le même résultat avec le même rythme, la même rythmique de croisement. C'est fascinant le tartan. C'est sans fin, c'est infini. On a été bluffé en bossant pour la première fois le tartan. En fait, l'enfance a moins de codes que l'adulte. Les boutiques étaient très frustrées que nos motifs qu'ils avaient aimés et qu'on leur demandait partent. Donc en fait, on a développé le linge de maison, parce qu'en fait dans la maison, tu as beaucoup moins de saisonnalité. Et on se retrouve parfois tiraillés avec des besoins de nouvelles collections et en même temps une intemporalité qu'on revendique. À la fois, il faut qu'une marque vive se renouvelle, que les saisons se suivent, s'en se ressembler. Tout en se ressemblant, parce qu'il faut qu'on retrouve du lucat du tertre. En fait, c'est quand même un challenge au quotidien. Et donc voilà, par le linge de maison, on a un peu tenu tête à la saisonnalité. Puisque le temps est plus long, on pourrait sortir une saison par an. On peut reconduire les motifs tant qu'on veut. Et là, on va développer à la rentrée une offre sur mesure. L'idée étant que ces motifs dont on a encore envie, que nous on peut encore produire ou alors qu'on a encore en stock, on puisse faire faire sur mesure les draps dont on a envie. Quand on était à Calcutta, chez Bapan, avec qui on a bossé pour la suite, on a observé un peu comment il faisait un tartan, et on s'est rendu compte que c'était une ligne qui se croisait. En fait, c'est une ligne dans un sens, puis dans un autre. Et donc, revenu de Calcutta, nous voilà posés avec Anne-Sophie, et on n'avait jamais fait de tartan, donc en fait, on a tâtonné. On a fait nos lignes, et du coup, après on les a croisées, on s'est rendu compte qu'il fallait jouer sur la transparence. On n'a rien réfléchi sur le tartan, on a pris nos couleurs, et on les a appliquées sur des tartans. Et à la fin, on a retenu ce qui nous faisait le plus de bien. Quand tu crées, il y a une espèce de fil conducteur inconscient, implicite, qui t'emmène au bon endroit. Et c'est marrant, au début, j'essayais de tout contrôler. Il faut que ce bleu soit là, et puis là, donc ok, on a repris trois bleus. Et en fait, non, ça ne se passe pas comme ça. C'est-à-dire que le lien, il peut se faire juste par un bleu. C'est-à-dire que tu peux avoir sur une matière le même bleu, ça fonctionnera avec l'autre matière qui part complètement dans un autre sens, juste par le bleu. Donc en fait maintenant on lâche un peu plus et c'est là que tout fonctionne. Il suffit d'une couleur pour faire le lien, il suffit d'une ligne pour faire le lien entre les motifs. Ou il suffit d'une intention de bousculer un motif par un autre pour que d'un seul coup les deux fonctionnent ensemble en fait. Donc les collections elles se font comme ça. Après on a des structures de motifs mais qu'on lâche un peu sinon on se répète trop. Donc là je trouve qu'on est un peu parti bille en tête sur la collection en prenant le meilleur de ce qu'on avait envie de faire. Alors j'en ai jamais marre des tissus, mais par contre parfois je les vois plus. Donc ce qu'on fait quand c'est comme ça, on fait un tableau, devant lequel on passe, on repasse, je le prends en photo, dans le métro je le regarde, je vois les équilibres, je plisse un peu les yeux. C'est vachement fait en équipe, c'est-à-dire que moi à l'origine je réfléchis le thème, ensuite Anne-Sophie dessine, ensuite on se pose côte à côte et on tâtonne sur le motif. Je trouve qu'il y a une énorme relation de confiance entre nous deux. Et on avance donc côte à côte et ensuite on arrive à un résultat. Donc là en général je vais chercher Clem et je lui dis vas-y est-ce que tu peux juste me dire j'aime, j'aime pas. Parce qu'en fait on va quelque part et je suis à l'étape intermédiaire et j'ai besoin qu'elle m'aide à dégager tout le superflu, ce qui n'est pas nécessaire. Parfois il y en a un auquel je tiens, je vais me battre. Et puis après donc t'as ce tableau qui est au milieu de la pièce, tout le monde passe. Et puis on se rend compte que d'un seul coup tout le monde va aller vers un et on se dit que celui-là il est bon. Après, il y en a que les gens regardent même pas, tant pis. C'est triste, mais on les évacue. Ou alors on les met dans des piles. Et puis moi, il y a un jour où ça me frustre et je vais le ressortir et le retravailler. C'est qu'il n'était juste pas assez travaillé. J'offrirais le spring à ma fille. À qui je l'offrirais ? Quelqu'un que j'ai envie de bousculer. Quelqu'un qui le laisserait traîner et puis qui, au bout d'un moment, à force d'ouvrir le placard avec ce motif, le trouverait joli, le sortirait, le poserait sur un dossier de chaise et le ferait rentrer dans sa vie. Sous-

Description

Qu’est-ce qui se cache sous ces anémones, d’un rouge coquelicot ? 

Marie dénoue le fil de l’ « intergénérationnel », questionne ce qui donne à un motif le pouvoir de plaire autant la mère, qu’à la fille ou la grand-mère. Cet équilibre entre les générations trouve-t-il son écho dans l’ambition originelle de la marque : tisser un pont entre tradition et modernité ?

Parlons du Lauréat et des années 60, de Louis de Funès et de processus créatif, d’intemporalité. 

 

« Il suffit d’une couleur ou d’une ligne pour faire le lien, ou il suffit d’une intention… » 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Alors ça c'est le spring. On pourrait y voir des coquelicots, mais ce ne sont pas des coquelicots, ce sont des anémones d'un rouge coquelicot. T'as aussi des espèces de dahlia, des feuilles vert tendres cette fois. avec un vert plus foncé qui structure des feuilles pointues. C'est marrant parce qu'elles sont extrêmement pointues. Il y a plein de pointes dans ce motif. À la fois des rondeurs dans les grosses anémones et des fleurs pointues dans les marguerites. Jaune très pâle. Tu as très peu de blanc. Très très peu de vide. Ça c'est étonnant. Il est rempli, rempli, rempli. Il y a un espèce de bleu lavande qui vient vibrer avec le rouge. Il se marie avec une bordure rayée, bleu très franc et blanc. qui rappelle la rayure du matelot. Le blanc, il est au service de la couleur. Et il prendra la place que la couleur lui laissera. Et là, en l'occurrence, il n'a pas beaucoup de place. Mais sans le blanc, tu n'as plus la ligne. Si tu regardes bien, en fait, ta fleur, elle est rouge, mais les pétales se dessinent grâce au blanc. En fait, le blanc, il est vital. Quand on construit le motif, on parle d'oxygène. On peut dire qu'un motif manque d'oxygène. C'est quand il y a une... de persaturation, celui-là il pourrait presque manquer d'oxygène mais il manque pas d'oxygène parce que le blanc il est là il structure la fleur il est là quand même mais il est très présent sur les rayures du bord aussi ce motif c'est le motif de la dernière collection donc été 24 qui a été pensé sur le thème qui est parti du L'Oréa, le film américain des années 60-70 et on s'est rendu compte que c'était un film dont l'esthétique ne correspondait pas à la marque C'est-à-dire que c'est un film qui a très peu de motifs, très peu de couleurs. À part la piscine, des moments ponctuels, ça ne marchait pas. Donc en fait, on a basculé sur un thème années 60. Et tout le challenge a été de faire une fleur suffisamment délicate et raffinée, qu'on recherche en tout cas nous quand on fait un motif, tout en ayant l'audace des années 60. Il ne fallait pas basculer dans le kitsch. On a vachement tâtonné avec ce motif parce qu'on avait... peur de rebasculer dans quelque chose qu'on avait déjà fait. Et en fait c'est une problématique qu'on a très souvent. Ça fait 20 ans qu'on existe, donc en 20 ans on a fait une série de motifs et une série de tentatives. Et je me souviens d'une époque où on n'était pas dans les codes et on voulait l'être. Tout le monde voulait du gris, du rock'n'roll, donc on a essayé de faire des motifs plus petits, de faire autrement, de faire autre chose. Mais en fait c'est ce qu'on sait faire, donc en fait il faut arrêter de chercher... à faire autre chose que ce qu'on est et en fait on a arrêté. Tu ne peux pas me demander à moi qui suis blonde de séduire un homme qui aime les brunes. Là il faut parler de funès. Parce que de funès pendant des années c'était le même jeu. De funès ne fera jamais une comédie romantique. Si tu veux voir une comédie romantique tu ne te mets pas un bon vieux de funès. De funès tu vas voir un mec qui a toujours le même rôle, le même jeu, la même gestuelle, les mêmes rictus. Et en fait c'est ce que tu veux voir. Nous c'est pareil. C'est pas du Dauphinez, c'est du Lucas Duterte, mais si tu veux du rock'n'roll, tu viens pas chez nous, quoique on peut te faire un truc rock'n'roll avec l'hibiscus. Mais en tout cas, tu viens chercher quelque chose chez nous et je trouve que ce motif le porte. Je trouve que dans nos motifs, il y a quelque chose qui revient extrêmement souvent, c'est les gens qui nous disent « mais c'est fou, ça me rappelle les draps de ma grand-mère, ça me rappelle le pareo de ma grand-mère, ça me rappelle la robe de ma grand-mère » . Et en fait, je pense qu'il y a un fil intergénérationnel qui est extrêmement important chez nous. Depuis qu'on existe aussi, on essaye de faire le pont entre la tradition et la modernité. Et je pense que c'est ce qui fait que nos motifs parlent autant à la mère qu'à la grand-mère qu'à la fille. Et moi, je vois ma fille qui veut me le piquer. Elle le dit, elle dit « il est génial celui-là » . Je me dis qu'il doit avoir ce petit truc de Lucas Duterte. Il nous dépasse, il plaît. Je pense qu'il y a quelque chose de très fort dans le lien à la grand-mère. Je le remarque, énormément des gens qu'on rencontre nous disent « Ah c'est marrant, ça me fait penser à ma grand-mère. » Et je trouve qu'il y a un lien extrêmement fort à la grand-mère. Je n'arrive pas à savoir si c'est uniquement chez les personnes qui sont hyper sensibles, hyper créatives, ou si c'est global. En fait, la mère, elle porte, elle doit quand même structurer, elle pose les limites, elle va te laver les dents. La grand-mère, elle a lâché tous ces trucs. Je pense que la grand-mère donne le droit. Là où la mère aimerait te donner le droit, mais ne peut pas se permettre parce qu'elle veut que tu pousses droit, la grand-mère, en fait, elle n'en a rien à faire. La mère remplit ce rôle-là. Est-ce que la grand-mère, ce n'est pas la tendresse ? Tu vois, la tendresse sans règle. Et est-ce que les motifs, ce serait pas ça ? Tu vois, la tendresse s'enrègle. Tous les six mois, depuis qu'on existe, on fait des nouveaux motifs. On pourrait en lancer vingt. On essaye de se limiter, on atterrit souvent sur onze. C'est étonnant, on a souvent onze nouveaux motifs par saison. Dont le spring cette saison, et dont la saison prochaine. On va essayer de partir vers un truc qui innove un petit peu. Que serait la rayure après la rayure ? Pour nous, ce serait le tartan. Ce qui est dingue. On pourrait passer des heures sur le tartan. C'est à la fois des combinaisons de couleurs, des combinaisons de rayures, des croisements de rayures. Si tu mets une couleur de fond et si tu mets un blanc au fond, tu n'auras pas le même résultat avec le même rythme, la même rythmique de croisement. C'est fascinant le tartan. C'est sans fin, c'est infini. On a été bluffé en bossant pour la première fois le tartan. En fait, l'enfance a moins de codes que l'adulte. Les boutiques étaient très frustrées que nos motifs qu'ils avaient aimés et qu'on leur demandait partent. Donc en fait, on a développé le linge de maison, parce qu'en fait dans la maison, tu as beaucoup moins de saisonnalité. Et on se retrouve parfois tiraillés avec des besoins de nouvelles collections et en même temps une intemporalité qu'on revendique. À la fois, il faut qu'une marque vive se renouvelle, que les saisons se suivent, s'en se ressembler. Tout en se ressemblant, parce qu'il faut qu'on retrouve du lucat du tertre. En fait, c'est quand même un challenge au quotidien. Et donc voilà, par le linge de maison, on a un peu tenu tête à la saisonnalité. Puisque le temps est plus long, on pourrait sortir une saison par an. On peut reconduire les motifs tant qu'on veut. Et là, on va développer à la rentrée une offre sur mesure. L'idée étant que ces motifs dont on a encore envie, que nous on peut encore produire ou alors qu'on a encore en stock, on puisse faire faire sur mesure les draps dont on a envie. Quand on était à Calcutta, chez Bapan, avec qui on a bossé pour la suite, on a observé un peu comment il faisait un tartan, et on s'est rendu compte que c'était une ligne qui se croisait. En fait, c'est une ligne dans un sens, puis dans un autre. Et donc, revenu de Calcutta, nous voilà posés avec Anne-Sophie, et on n'avait jamais fait de tartan, donc en fait, on a tâtonné. On a fait nos lignes, et du coup, après on les a croisées, on s'est rendu compte qu'il fallait jouer sur la transparence. On n'a rien réfléchi sur le tartan, on a pris nos couleurs, et on les a appliquées sur des tartans. Et à la fin, on a retenu ce qui nous faisait le plus de bien. Quand tu crées, il y a une espèce de fil conducteur inconscient, implicite, qui t'emmène au bon endroit. Et c'est marrant, au début, j'essayais de tout contrôler. Il faut que ce bleu soit là, et puis là, donc ok, on a repris trois bleus. Et en fait, non, ça ne se passe pas comme ça. C'est-à-dire que le lien, il peut se faire juste par un bleu. C'est-à-dire que tu peux avoir sur une matière le même bleu, ça fonctionnera avec l'autre matière qui part complètement dans un autre sens, juste par le bleu. Donc en fait maintenant on lâche un peu plus et c'est là que tout fonctionne. Il suffit d'une couleur pour faire le lien, il suffit d'une ligne pour faire le lien entre les motifs. Ou il suffit d'une intention de bousculer un motif par un autre pour que d'un seul coup les deux fonctionnent ensemble en fait. Donc les collections elles se font comme ça. Après on a des structures de motifs mais qu'on lâche un peu sinon on se répète trop. Donc là je trouve qu'on est un peu parti bille en tête sur la collection en prenant le meilleur de ce qu'on avait envie de faire. Alors j'en ai jamais marre des tissus, mais par contre parfois je les vois plus. Donc ce qu'on fait quand c'est comme ça, on fait un tableau, devant lequel on passe, on repasse, je le prends en photo, dans le métro je le regarde, je vois les équilibres, je plisse un peu les yeux. C'est vachement fait en équipe, c'est-à-dire que moi à l'origine je réfléchis le thème, ensuite Anne-Sophie dessine, ensuite on se pose côte à côte et on tâtonne sur le motif. Je trouve qu'il y a une énorme relation de confiance entre nous deux. Et on avance donc côte à côte et ensuite on arrive à un résultat. Donc là en général je vais chercher Clem et je lui dis vas-y est-ce que tu peux juste me dire j'aime, j'aime pas. Parce qu'en fait on va quelque part et je suis à l'étape intermédiaire et j'ai besoin qu'elle m'aide à dégager tout le superflu, ce qui n'est pas nécessaire. Parfois il y en a un auquel je tiens, je vais me battre. Et puis après donc t'as ce tableau qui est au milieu de la pièce, tout le monde passe. Et puis on se rend compte que d'un seul coup tout le monde va aller vers un et on se dit que celui-là il est bon. Après, il y en a que les gens regardent même pas, tant pis. C'est triste, mais on les évacue. Ou alors on les met dans des piles. Et puis moi, il y a un jour où ça me frustre et je vais le ressortir et le retravailler. C'est qu'il n'était juste pas assez travaillé. J'offrirais le spring à ma fille. À qui je l'offrirais ? Quelqu'un que j'ai envie de bousculer. Quelqu'un qui le laisserait traîner et puis qui, au bout d'un moment, à force d'ouvrir le placard avec ce motif, le trouverait joli, le sortirait, le poserait sur un dossier de chaise et le ferait rentrer dans sa vie. Sous-

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Qu’est-ce qui se cache sous ces anémones, d’un rouge coquelicot ? 

Marie dénoue le fil de l’ « intergénérationnel », questionne ce qui donne à un motif le pouvoir de plaire autant la mère, qu’à la fille ou la grand-mère. Cet équilibre entre les générations trouve-t-il son écho dans l’ambition originelle de la marque : tisser un pont entre tradition et modernité ?

Parlons du Lauréat et des années 60, de Louis de Funès et de processus créatif, d’intemporalité. 

 

« Il suffit d’une couleur ou d’une ligne pour faire le lien, ou il suffit d’une intention… » 


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  • Speaker #0

    Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Alors ça c'est le spring. On pourrait y voir des coquelicots, mais ce ne sont pas des coquelicots, ce sont des anémones d'un rouge coquelicot. T'as aussi des espèces de dahlia, des feuilles vert tendres cette fois. avec un vert plus foncé qui structure des feuilles pointues. C'est marrant parce qu'elles sont extrêmement pointues. Il y a plein de pointes dans ce motif. À la fois des rondeurs dans les grosses anémones et des fleurs pointues dans les marguerites. Jaune très pâle. Tu as très peu de blanc. Très très peu de vide. Ça c'est étonnant. Il est rempli, rempli, rempli. Il y a un espèce de bleu lavande qui vient vibrer avec le rouge. Il se marie avec une bordure rayée, bleu très franc et blanc. qui rappelle la rayure du matelot. Le blanc, il est au service de la couleur. Et il prendra la place que la couleur lui laissera. Et là, en l'occurrence, il n'a pas beaucoup de place. Mais sans le blanc, tu n'as plus la ligne. Si tu regardes bien, en fait, ta fleur, elle est rouge, mais les pétales se dessinent grâce au blanc. En fait, le blanc, il est vital. Quand on construit le motif, on parle d'oxygène. On peut dire qu'un motif manque d'oxygène. C'est quand il y a une... de persaturation, celui-là il pourrait presque manquer d'oxygène mais il manque pas d'oxygène parce que le blanc il est là il structure la fleur il est là quand même mais il est très présent sur les rayures du bord aussi ce motif c'est le motif de la dernière collection donc été 24 qui a été pensé sur le thème qui est parti du L'Oréa, le film américain des années 60-70 et on s'est rendu compte que c'était un film dont l'esthétique ne correspondait pas à la marque C'est-à-dire que c'est un film qui a très peu de motifs, très peu de couleurs. À part la piscine, des moments ponctuels, ça ne marchait pas. Donc en fait, on a basculé sur un thème années 60. Et tout le challenge a été de faire une fleur suffisamment délicate et raffinée, qu'on recherche en tout cas nous quand on fait un motif, tout en ayant l'audace des années 60. Il ne fallait pas basculer dans le kitsch. On a vachement tâtonné avec ce motif parce qu'on avait... peur de rebasculer dans quelque chose qu'on avait déjà fait. Et en fait c'est une problématique qu'on a très souvent. Ça fait 20 ans qu'on existe, donc en 20 ans on a fait une série de motifs et une série de tentatives. Et je me souviens d'une époque où on n'était pas dans les codes et on voulait l'être. Tout le monde voulait du gris, du rock'n'roll, donc on a essayé de faire des motifs plus petits, de faire autrement, de faire autre chose. Mais en fait c'est ce qu'on sait faire, donc en fait il faut arrêter de chercher... à faire autre chose que ce qu'on est et en fait on a arrêté. Tu ne peux pas me demander à moi qui suis blonde de séduire un homme qui aime les brunes. Là il faut parler de funès. Parce que de funès pendant des années c'était le même jeu. De funès ne fera jamais une comédie romantique. Si tu veux voir une comédie romantique tu ne te mets pas un bon vieux de funès. De funès tu vas voir un mec qui a toujours le même rôle, le même jeu, la même gestuelle, les mêmes rictus. Et en fait c'est ce que tu veux voir. Nous c'est pareil. C'est pas du Dauphinez, c'est du Lucas Duterte, mais si tu veux du rock'n'roll, tu viens pas chez nous, quoique on peut te faire un truc rock'n'roll avec l'hibiscus. Mais en tout cas, tu viens chercher quelque chose chez nous et je trouve que ce motif le porte. Je trouve que dans nos motifs, il y a quelque chose qui revient extrêmement souvent, c'est les gens qui nous disent « mais c'est fou, ça me rappelle les draps de ma grand-mère, ça me rappelle le pareo de ma grand-mère, ça me rappelle la robe de ma grand-mère » . Et en fait, je pense qu'il y a un fil intergénérationnel qui est extrêmement important chez nous. Depuis qu'on existe aussi, on essaye de faire le pont entre la tradition et la modernité. Et je pense que c'est ce qui fait que nos motifs parlent autant à la mère qu'à la grand-mère qu'à la fille. Et moi, je vois ma fille qui veut me le piquer. Elle le dit, elle dit « il est génial celui-là » . Je me dis qu'il doit avoir ce petit truc de Lucas Duterte. Il nous dépasse, il plaît. Je pense qu'il y a quelque chose de très fort dans le lien à la grand-mère. Je le remarque, énormément des gens qu'on rencontre nous disent « Ah c'est marrant, ça me fait penser à ma grand-mère. » Et je trouve qu'il y a un lien extrêmement fort à la grand-mère. Je n'arrive pas à savoir si c'est uniquement chez les personnes qui sont hyper sensibles, hyper créatives, ou si c'est global. En fait, la mère, elle porte, elle doit quand même structurer, elle pose les limites, elle va te laver les dents. La grand-mère, elle a lâché tous ces trucs. Je pense que la grand-mère donne le droit. Là où la mère aimerait te donner le droit, mais ne peut pas se permettre parce qu'elle veut que tu pousses droit, la grand-mère, en fait, elle n'en a rien à faire. La mère remplit ce rôle-là. Est-ce que la grand-mère, ce n'est pas la tendresse ? Tu vois, la tendresse sans règle. Et est-ce que les motifs, ce serait pas ça ? Tu vois, la tendresse s'enrègle. Tous les six mois, depuis qu'on existe, on fait des nouveaux motifs. On pourrait en lancer vingt. On essaye de se limiter, on atterrit souvent sur onze. C'est étonnant, on a souvent onze nouveaux motifs par saison. Dont le spring cette saison, et dont la saison prochaine. On va essayer de partir vers un truc qui innove un petit peu. Que serait la rayure après la rayure ? Pour nous, ce serait le tartan. Ce qui est dingue. On pourrait passer des heures sur le tartan. C'est à la fois des combinaisons de couleurs, des combinaisons de rayures, des croisements de rayures. Si tu mets une couleur de fond et si tu mets un blanc au fond, tu n'auras pas le même résultat avec le même rythme, la même rythmique de croisement. C'est fascinant le tartan. C'est sans fin, c'est infini. On a été bluffé en bossant pour la première fois le tartan. En fait, l'enfance a moins de codes que l'adulte. Les boutiques étaient très frustrées que nos motifs qu'ils avaient aimés et qu'on leur demandait partent. Donc en fait, on a développé le linge de maison, parce qu'en fait dans la maison, tu as beaucoup moins de saisonnalité. Et on se retrouve parfois tiraillés avec des besoins de nouvelles collections et en même temps une intemporalité qu'on revendique. À la fois, il faut qu'une marque vive se renouvelle, que les saisons se suivent, s'en se ressembler. Tout en se ressemblant, parce qu'il faut qu'on retrouve du lucat du tertre. En fait, c'est quand même un challenge au quotidien. Et donc voilà, par le linge de maison, on a un peu tenu tête à la saisonnalité. Puisque le temps est plus long, on pourrait sortir une saison par an. On peut reconduire les motifs tant qu'on veut. Et là, on va développer à la rentrée une offre sur mesure. L'idée étant que ces motifs dont on a encore envie, que nous on peut encore produire ou alors qu'on a encore en stock, on puisse faire faire sur mesure les draps dont on a envie. Quand on était à Calcutta, chez Bapan, avec qui on a bossé pour la suite, on a observé un peu comment il faisait un tartan, et on s'est rendu compte que c'était une ligne qui se croisait. En fait, c'est une ligne dans un sens, puis dans un autre. Et donc, revenu de Calcutta, nous voilà posés avec Anne-Sophie, et on n'avait jamais fait de tartan, donc en fait, on a tâtonné. On a fait nos lignes, et du coup, après on les a croisées, on s'est rendu compte qu'il fallait jouer sur la transparence. On n'a rien réfléchi sur le tartan, on a pris nos couleurs, et on les a appliquées sur des tartans. Et à la fin, on a retenu ce qui nous faisait le plus de bien. Quand tu crées, il y a une espèce de fil conducteur inconscient, implicite, qui t'emmène au bon endroit. Et c'est marrant, au début, j'essayais de tout contrôler. Il faut que ce bleu soit là, et puis là, donc ok, on a repris trois bleus. Et en fait, non, ça ne se passe pas comme ça. C'est-à-dire que le lien, il peut se faire juste par un bleu. C'est-à-dire que tu peux avoir sur une matière le même bleu, ça fonctionnera avec l'autre matière qui part complètement dans un autre sens, juste par le bleu. Donc en fait maintenant on lâche un peu plus et c'est là que tout fonctionne. Il suffit d'une couleur pour faire le lien, il suffit d'une ligne pour faire le lien entre les motifs. Ou il suffit d'une intention de bousculer un motif par un autre pour que d'un seul coup les deux fonctionnent ensemble en fait. Donc les collections elles se font comme ça. Après on a des structures de motifs mais qu'on lâche un peu sinon on se répète trop. Donc là je trouve qu'on est un peu parti bille en tête sur la collection en prenant le meilleur de ce qu'on avait envie de faire. Alors j'en ai jamais marre des tissus, mais par contre parfois je les vois plus. Donc ce qu'on fait quand c'est comme ça, on fait un tableau, devant lequel on passe, on repasse, je le prends en photo, dans le métro je le regarde, je vois les équilibres, je plisse un peu les yeux. C'est vachement fait en équipe, c'est-à-dire que moi à l'origine je réfléchis le thème, ensuite Anne-Sophie dessine, ensuite on se pose côte à côte et on tâtonne sur le motif. Je trouve qu'il y a une énorme relation de confiance entre nous deux. Et on avance donc côte à côte et ensuite on arrive à un résultat. Donc là en général je vais chercher Clem et je lui dis vas-y est-ce que tu peux juste me dire j'aime, j'aime pas. Parce qu'en fait on va quelque part et je suis à l'étape intermédiaire et j'ai besoin qu'elle m'aide à dégager tout le superflu, ce qui n'est pas nécessaire. Parfois il y en a un auquel je tiens, je vais me battre. Et puis après donc t'as ce tableau qui est au milieu de la pièce, tout le monde passe. Et puis on se rend compte que d'un seul coup tout le monde va aller vers un et on se dit que celui-là il est bon. Après, il y en a que les gens regardent même pas, tant pis. C'est triste, mais on les évacue. Ou alors on les met dans des piles. Et puis moi, il y a un jour où ça me frustre et je vais le ressortir et le retravailler. C'est qu'il n'était juste pas assez travaillé. J'offrirais le spring à ma fille. À qui je l'offrirais ? Quelqu'un que j'ai envie de bousculer. Quelqu'un qui le laisserait traîner et puis qui, au bout d'un moment, à force d'ouvrir le placard avec ce motif, le trouverait joli, le sortirait, le poserait sur un dossier de chaise et le ferait rentrer dans sa vie. Sous-

Description

Qu’est-ce qui se cache sous ces anémones, d’un rouge coquelicot ? 

Marie dénoue le fil de l’ « intergénérationnel », questionne ce qui donne à un motif le pouvoir de plaire autant la mère, qu’à la fille ou la grand-mère. Cet équilibre entre les générations trouve-t-il son écho dans l’ambition originelle de la marque : tisser un pont entre tradition et modernité ?

Parlons du Lauréat et des années 60, de Louis de Funès et de processus créatif, d’intemporalité. 

 

« Il suffit d’une couleur ou d’une ligne pour faire le lien, ou il suffit d’une intention… » 


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Transcription

  • Speaker #0

    Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Motif et motif. Alors ça c'est le spring. On pourrait y voir des coquelicots, mais ce ne sont pas des coquelicots, ce sont des anémones d'un rouge coquelicot. T'as aussi des espèces de dahlia, des feuilles vert tendres cette fois. avec un vert plus foncé qui structure des feuilles pointues. C'est marrant parce qu'elles sont extrêmement pointues. Il y a plein de pointes dans ce motif. À la fois des rondeurs dans les grosses anémones et des fleurs pointues dans les marguerites. Jaune très pâle. Tu as très peu de blanc. Très très peu de vide. Ça c'est étonnant. Il est rempli, rempli, rempli. Il y a un espèce de bleu lavande qui vient vibrer avec le rouge. Il se marie avec une bordure rayée, bleu très franc et blanc. qui rappelle la rayure du matelot. Le blanc, il est au service de la couleur. Et il prendra la place que la couleur lui laissera. Et là, en l'occurrence, il n'a pas beaucoup de place. Mais sans le blanc, tu n'as plus la ligne. Si tu regardes bien, en fait, ta fleur, elle est rouge, mais les pétales se dessinent grâce au blanc. En fait, le blanc, il est vital. Quand on construit le motif, on parle d'oxygène. On peut dire qu'un motif manque d'oxygène. C'est quand il y a une... de persaturation, celui-là il pourrait presque manquer d'oxygène mais il manque pas d'oxygène parce que le blanc il est là il structure la fleur il est là quand même mais il est très présent sur les rayures du bord aussi ce motif c'est le motif de la dernière collection donc été 24 qui a été pensé sur le thème qui est parti du L'Oréa, le film américain des années 60-70 et on s'est rendu compte que c'était un film dont l'esthétique ne correspondait pas à la marque C'est-à-dire que c'est un film qui a très peu de motifs, très peu de couleurs. À part la piscine, des moments ponctuels, ça ne marchait pas. Donc en fait, on a basculé sur un thème années 60. Et tout le challenge a été de faire une fleur suffisamment délicate et raffinée, qu'on recherche en tout cas nous quand on fait un motif, tout en ayant l'audace des années 60. Il ne fallait pas basculer dans le kitsch. On a vachement tâtonné avec ce motif parce qu'on avait... peur de rebasculer dans quelque chose qu'on avait déjà fait. Et en fait c'est une problématique qu'on a très souvent. Ça fait 20 ans qu'on existe, donc en 20 ans on a fait une série de motifs et une série de tentatives. Et je me souviens d'une époque où on n'était pas dans les codes et on voulait l'être. Tout le monde voulait du gris, du rock'n'roll, donc on a essayé de faire des motifs plus petits, de faire autrement, de faire autre chose. Mais en fait c'est ce qu'on sait faire, donc en fait il faut arrêter de chercher... à faire autre chose que ce qu'on est et en fait on a arrêté. Tu ne peux pas me demander à moi qui suis blonde de séduire un homme qui aime les brunes. Là il faut parler de funès. Parce que de funès pendant des années c'était le même jeu. De funès ne fera jamais une comédie romantique. Si tu veux voir une comédie romantique tu ne te mets pas un bon vieux de funès. De funès tu vas voir un mec qui a toujours le même rôle, le même jeu, la même gestuelle, les mêmes rictus. Et en fait c'est ce que tu veux voir. Nous c'est pareil. C'est pas du Dauphinez, c'est du Lucas Duterte, mais si tu veux du rock'n'roll, tu viens pas chez nous, quoique on peut te faire un truc rock'n'roll avec l'hibiscus. Mais en tout cas, tu viens chercher quelque chose chez nous et je trouve que ce motif le porte. Je trouve que dans nos motifs, il y a quelque chose qui revient extrêmement souvent, c'est les gens qui nous disent « mais c'est fou, ça me rappelle les draps de ma grand-mère, ça me rappelle le pareo de ma grand-mère, ça me rappelle la robe de ma grand-mère » . Et en fait, je pense qu'il y a un fil intergénérationnel qui est extrêmement important chez nous. Depuis qu'on existe aussi, on essaye de faire le pont entre la tradition et la modernité. Et je pense que c'est ce qui fait que nos motifs parlent autant à la mère qu'à la grand-mère qu'à la fille. Et moi, je vois ma fille qui veut me le piquer. Elle le dit, elle dit « il est génial celui-là » . Je me dis qu'il doit avoir ce petit truc de Lucas Duterte. Il nous dépasse, il plaît. Je pense qu'il y a quelque chose de très fort dans le lien à la grand-mère. Je le remarque, énormément des gens qu'on rencontre nous disent « Ah c'est marrant, ça me fait penser à ma grand-mère. » Et je trouve qu'il y a un lien extrêmement fort à la grand-mère. Je n'arrive pas à savoir si c'est uniquement chez les personnes qui sont hyper sensibles, hyper créatives, ou si c'est global. En fait, la mère, elle porte, elle doit quand même structurer, elle pose les limites, elle va te laver les dents. La grand-mère, elle a lâché tous ces trucs. Je pense que la grand-mère donne le droit. Là où la mère aimerait te donner le droit, mais ne peut pas se permettre parce qu'elle veut que tu pousses droit, la grand-mère, en fait, elle n'en a rien à faire. La mère remplit ce rôle-là. Est-ce que la grand-mère, ce n'est pas la tendresse ? Tu vois, la tendresse sans règle. Et est-ce que les motifs, ce serait pas ça ? Tu vois, la tendresse s'enrègle. Tous les six mois, depuis qu'on existe, on fait des nouveaux motifs. On pourrait en lancer vingt. On essaye de se limiter, on atterrit souvent sur onze. C'est étonnant, on a souvent onze nouveaux motifs par saison. Dont le spring cette saison, et dont la saison prochaine. On va essayer de partir vers un truc qui innove un petit peu. Que serait la rayure après la rayure ? Pour nous, ce serait le tartan. Ce qui est dingue. On pourrait passer des heures sur le tartan. C'est à la fois des combinaisons de couleurs, des combinaisons de rayures, des croisements de rayures. Si tu mets une couleur de fond et si tu mets un blanc au fond, tu n'auras pas le même résultat avec le même rythme, la même rythmique de croisement. C'est fascinant le tartan. C'est sans fin, c'est infini. On a été bluffé en bossant pour la première fois le tartan. En fait, l'enfance a moins de codes que l'adulte. Les boutiques étaient très frustrées que nos motifs qu'ils avaient aimés et qu'on leur demandait partent. Donc en fait, on a développé le linge de maison, parce qu'en fait dans la maison, tu as beaucoup moins de saisonnalité. Et on se retrouve parfois tiraillés avec des besoins de nouvelles collections et en même temps une intemporalité qu'on revendique. À la fois, il faut qu'une marque vive se renouvelle, que les saisons se suivent, s'en se ressembler. Tout en se ressemblant, parce qu'il faut qu'on retrouve du lucat du tertre. En fait, c'est quand même un challenge au quotidien. Et donc voilà, par le linge de maison, on a un peu tenu tête à la saisonnalité. Puisque le temps est plus long, on pourrait sortir une saison par an. On peut reconduire les motifs tant qu'on veut. Et là, on va développer à la rentrée une offre sur mesure. L'idée étant que ces motifs dont on a encore envie, que nous on peut encore produire ou alors qu'on a encore en stock, on puisse faire faire sur mesure les draps dont on a envie. Quand on était à Calcutta, chez Bapan, avec qui on a bossé pour la suite, on a observé un peu comment il faisait un tartan, et on s'est rendu compte que c'était une ligne qui se croisait. En fait, c'est une ligne dans un sens, puis dans un autre. Et donc, revenu de Calcutta, nous voilà posés avec Anne-Sophie, et on n'avait jamais fait de tartan, donc en fait, on a tâtonné. On a fait nos lignes, et du coup, après on les a croisées, on s'est rendu compte qu'il fallait jouer sur la transparence. On n'a rien réfléchi sur le tartan, on a pris nos couleurs, et on les a appliquées sur des tartans. Et à la fin, on a retenu ce qui nous faisait le plus de bien. Quand tu crées, il y a une espèce de fil conducteur inconscient, implicite, qui t'emmène au bon endroit. Et c'est marrant, au début, j'essayais de tout contrôler. Il faut que ce bleu soit là, et puis là, donc ok, on a repris trois bleus. Et en fait, non, ça ne se passe pas comme ça. C'est-à-dire que le lien, il peut se faire juste par un bleu. C'est-à-dire que tu peux avoir sur une matière le même bleu, ça fonctionnera avec l'autre matière qui part complètement dans un autre sens, juste par le bleu. Donc en fait maintenant on lâche un peu plus et c'est là que tout fonctionne. Il suffit d'une couleur pour faire le lien, il suffit d'une ligne pour faire le lien entre les motifs. Ou il suffit d'une intention de bousculer un motif par un autre pour que d'un seul coup les deux fonctionnent ensemble en fait. Donc les collections elles se font comme ça. Après on a des structures de motifs mais qu'on lâche un peu sinon on se répète trop. Donc là je trouve qu'on est un peu parti bille en tête sur la collection en prenant le meilleur de ce qu'on avait envie de faire. Alors j'en ai jamais marre des tissus, mais par contre parfois je les vois plus. Donc ce qu'on fait quand c'est comme ça, on fait un tableau, devant lequel on passe, on repasse, je le prends en photo, dans le métro je le regarde, je vois les équilibres, je plisse un peu les yeux. C'est vachement fait en équipe, c'est-à-dire que moi à l'origine je réfléchis le thème, ensuite Anne-Sophie dessine, ensuite on se pose côte à côte et on tâtonne sur le motif. Je trouve qu'il y a une énorme relation de confiance entre nous deux. Et on avance donc côte à côte et ensuite on arrive à un résultat. Donc là en général je vais chercher Clem et je lui dis vas-y est-ce que tu peux juste me dire j'aime, j'aime pas. Parce qu'en fait on va quelque part et je suis à l'étape intermédiaire et j'ai besoin qu'elle m'aide à dégager tout le superflu, ce qui n'est pas nécessaire. Parfois il y en a un auquel je tiens, je vais me battre. Et puis après donc t'as ce tableau qui est au milieu de la pièce, tout le monde passe. Et puis on se rend compte que d'un seul coup tout le monde va aller vers un et on se dit que celui-là il est bon. Après, il y en a que les gens regardent même pas, tant pis. C'est triste, mais on les évacue. Ou alors on les met dans des piles. Et puis moi, il y a un jour où ça me frustre et je vais le ressortir et le retravailler. C'est qu'il n'était juste pas assez travaillé. J'offrirais le spring à ma fille. À qui je l'offrirais ? Quelqu'un que j'ai envie de bousculer. Quelqu'un qui le laisserait traîner et puis qui, au bout d'un moment, à force d'ouvrir le placard avec ce motif, le trouverait joli, le sortirait, le poserait sur un dossier de chaise et le ferait rentrer dans sa vie. Sous-

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