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MUMONS

Épisode 109 - Les iguanodons de Bernissart : des fossiles et des hommes

Épisode 109 - Les iguanodons de Bernissart : des fossiles et des hommes

49min |12/02/2025
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49min |12/02/2025
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Description


« Qui aurait cru qu'une simple découverte dans une mine pourrait révolutionner notre compréhension des dinosaures ? » Dans cet épisode captivant de MUMONS, Maxime te plonge dans l'univers fascinant des iguanodons de Bernissard aux côtés de Pascal Godefroy, paléontologue à l'Institut Royal des Sciences Naturelles. Ensemble, ils explorent cette découverte paléontologique majeure datant de 1878, révélant comment des mineurs en Belgique ont mis au jour des fossiles qui ont changé la donne dans le monde de la paléontologie.


Pascal partage avec passion les détails de cette aventure scientifique, tirés de son livre « Les iguanodons de Bernissard, des fossiles et des hommes ». Tu découvriras non seulement les aspects scientifiques, mais aussi les relations humaines qui ont permis cette découverte incroyable. Comment les mineurs ont-ils collaboré avec les scientifiques ? Quelles sont les implications de cette coopération sur notre société contemporaine ? 📖


Au fil de la discussion, tu seras émerveillés par l'évolution des représentations des iguanodons et comment la paléontologie a su s'adapter et évoluer grâce à ces découvertes. En intégrant des éléments de sciences humaines et de sciences sociales, cet épisode ne se contente pas de transmettre des faits, il invite à une exploration culturelle qui fait écho à notre époque. 🌍✨


Et ce n'est pas tout ! Maxime et Pascal ne manquent pas de soulever des enjeux cruciaux tels que les défis financiers liés aux futures fouilles à Bernissard. Comment assurer la préservation de ces trésors naturels tout en soutenant la recherche ? En mettant l'accent sur la transmission culturelle et la collaboration ! Cet épisode de MUMONS vous incitera à réfléchir sur le rôle de chacun dans la protection de notre patrimoine scientifique.


Ne manque pas cette occasion d'enrichir tes connaissances ! Que tu sois passionné de science et d'art ou encore de curiosités scientifiques ou bien à la recherche d'une discussion stimulante, cet épisode est fait pour toi ! Rejoins la communauté MUMONS et plonge dans cette aventure incroyable digne du scénario du premier jurassik park🦖 (il faut dire qu'après, ça ne va pas en s'améliorant...) . 🎧💡



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Lorsque ce petit bolide atteindra 88 miles à l'heure, attends-toi à voir quelque chose qui décoiffe.

  • Speaker #1

    Ce qui place votre zone d'atterrissage à 5,0667 degrés de latitude nord et 77,3333 de longitude ouest.

  • Speaker #0

    Rien de tout ça n'est réel. Qu'est-ce que le réel ? La seule variable constante est l'inattendue. On ne peut pas la contrôler. Je crois que vous êtes encore pire que ces créatures. Elles, elles n'essaient pas de se massacrer entre elles pour tirer le plus gros paquet de fric. Voyons si une capacité de poussée de 10% permet le décollage. Et 3,

  • Speaker #1

    2, 1...

  • Speaker #0

    Chères auditrices, chers auditeurs, bienvenue dans cette nouvelle saison, la neuvième déjà, de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Alors, pour ce premier épisode de cette nouvelle saison, je suis au Van der valk Hotel à Mons, un peu devenu mon QG, tu l'auras compris depuis l'épisode 100, où on fait un peu un podcast sur le podcast, que je te conseille d'ailleurs... d'écouter et avant d'accueillir mon invité du jour, je vais te parler rapidement du contenu de cette neuvième saison pour t'inciter à l'écouter jusqu'au bout. Alors on va parler de transition écologique avec la chaire umons AIMS qui est un tout nouveau projet qui vient de naître il y a quelques mois. Il y aura même plusieurs podcasts selon tout vraisemblant sur cette chaire liée à la transition. Je vais aussi accueillir Francesco. pour aborder la machine denticitaire, un objet complètement dingue, que l'on a l'occasion de voir dans le dernier Indiana Jones. J'ai envie de parler de légende arthurienne, donc là je suis en train d'investiguer pour avoir des personnes qui vont venir discuter avec moi autour de ce sujet. Avec Fleur, qui est une habituée des podcasts du MUMONS, on parlera des Dark Romances, tout un programme. J'aurai aussi l'occasion de discuter du problème à trois corps, donc à la fois les livres de science-fiction chinois et la série. Je parlerai aussi des Dents de la Mer avec Guillaume et Alexia qui sont aussi des habitués. Et on fètera ensemble un anniversaire particulier en 2025. Il y a vraiment une date particulière pour les Dents de la Mer. Et enfin, pour ce premier épisode de la saison 9, on va parler de dinosaures, un sujet aussi incontournable. Ça reste toujours à la mode ce sujet. D'ailleurs, bientôt, il devrait y avoir un nouveau Jurassic Park. Et pour cela, j'accueille aujourd'hui Pascal Godefroy. Bonjour Pascal. Bonjour Maxime. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Très bien, merci.

  • Speaker #0

    Avant de rentrer dans le vif du sujet, dans quelle œuvre on va utiliser pour ce podcast, est-ce que tu peux nous dire qui est Pascal Godefroy ?

  • Speaker #1

    Je suis paléontologue à l'Institut Royal des Sciences Naturelles depuis plus de 30 ans. Je suis acclassé parmi les dinosaures également.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, on va parler de dinosaures, on l'a dit, et plus particulièrement des iguanodons. Et pour cela, je m'appuie sur le livre que tu as rédigé. qui s'appelle « Les iguanodons de Bernissard, des fossiles et des hommes » . Et on va le voir ensemble aujourd'hui, c'est réellement une histoire de fossiles qui va changer beaucoup de choses dans la compréhension de la paléontologie, mais aussi une histoire d'hommes derrière, de découvertes et de relations humaines. Moi, c'est un sujet qui m'a complètement passionné. Alors, le livre que tu as rédigé, c'est un livre de plus de 300 pages sur ce sujet complètement incroyable. Moi, ce que j'ai adoré dans le bouquin, c'est qu'il y a de superbes photos et de superbes illustrations qui viennent... permettre aux lecteurs de vraiment comprendre de quoi on parle. Et ces iguanodons, maintenant, ils sont au musée de Bruxelles. On les voit vraiment remis en position bipède. On en parlera durant le podcast. Et on le verra aussi, ce livre parle d'histoires complètement dingues, parce qu'une découverte dans notre région va complètement changer la perception que l'on a des dinosaures à l'époque de la découverte. Et c'est assez incroyable que pour en parler. Alors, avant de s'attaquer au contenu, Moi, j'aurais une première question pour toi, Pascal. C'est pourquoi ce livre en 2024 ? On pourrait se dire en 2024, c'est vrai, les dinosaures ont encore le vent en poupe. On en parle quand même assez souvent. Mais pourquoi reparler de cette découverte qui date quand même ? On remettra tout ça dans le contexte historique. En 2024 ?

  • Speaker #1

    Depuis une dizaine d'années, nous avons relancé, notamment en collaboration avec l'Université de De Mons, la faculté polytechnique, en particulier des recherches... autour des iguanodons de Bernissard. On a réexploité des documents de fouille pour vraiment reconstituer le contexte géologique au cours du Crétacé inférieur, là où ont vécu les iguanodons de Bernissard, mais aussi le contexte de la découverte en 1878. Donc on a accumulé depuis une dizaine d'années un tas de nouvelles informations, je ne suis pas objectif, mais qui je pense valaient la peine d'être partagées. auprès du grand public. Et voilà, j'ai eu cette opportunité, en discutant avec le secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique, de pouvoir publier ce bouquin. C'est vrai, c'est un bel objet, avec des belles photos. C'est un projet qui a pu naître grâce à l'impulsion de l'Académie royale de Belgique.

  • Speaker #0

    Tu nous parles du Crétacé inférieur, dans une aisselle de temps, c'est combien de millions d'années en arrière par rapport à nous ?

  • Speaker #1

    Précisément, les iguanodons de Béarnissart ont vécu il y a 125 millions d'années. Les premiers dinosaures sont apparus il y a environ 230 millions d'années, donc ils ont disparu il y a 65 millions d'années, là on est plus ou moins au milieu de l'histoire des dinosaures.

  • Speaker #0

    Ok, et tu nous dis que tu n'es pas objectif par rapport à ce sujet des iguanodons ? que tu trouves ça très intéressant, etc. Pourquoi justement tu y as une relation particulière avec ces iguanodons ?

  • Speaker #1

    Je les côtoie quotidiennement depuis 30 ans, comme je travaille au musée d'histoire naturelle à Bruxelles. Ce sont les superstars de notre musée. Et je me rappelle, comme de très nombreux Belges, j'ai eu un choc dès que j'étais gosse en visitant le musée d'histoire naturelle et en se retrouvant vraiment confronté avec ces bestioles qui sont absolument... Fabuleuse, cette rencontre était vraiment un choc.

  • Speaker #0

    Alors moi je suis allé au musée d'histoire naturelle avec ma fille il y a sept ans cet été et en effet c'est hyper impressionnant de les voir dans cette position, on se rend compte de la taille qu'ils ont, enfin c'est comme tu le dis, c'est vraiment incroyable. Majestueux est vraiment le terme. Justement avant de parler plus en détail de ces iguanodons, moi je voudrais aborder avec toi l'histoire de la découverte. Comment on découvre ces fossiles dans notre région ? Généralement, quand on est gamin, on a l'impression que les fossiles de dinosaures, c'est aux Etats-Unis, c'est en Chine, mais ce n'est pas chez nous. Alors que pourtant, chez nous, on en a découvert et pas qu'un. En fait, ils sont très nombreux à avoir été découverts dans cette zone de Bernissard.

  • Speaker #1

    Ce qui est fabuleux avec l'histoire de la découverte des iguanodons de Bernissard, c'est que c'est un coup de bol monstrueux. En fait, rien ne prédestinait les mineurs de Bernissard à tomber nez à nez avec des fossiles de dinosaures. Ils exploitaient à 322 mètres sous le plancher des vaches des veines de charbon carbonifères, datant de 300 millions d'années. C'est vraiment en suivant ces veines de charbon qu'ils sont tombés face à un accident en géologie. C'est ce que les mineurs appelaient des crans. Des crans, c'est vraiment des puits d'effondrement. C'est quelque chose que les mineurs connaissaient bien à l'époque. Ils ont donc décidé de traverser ce cran. Et en traversant ce cran, ils sont tombés face à des objets. Ils ne savaient pas très bien ce que c'était. C'était fibreux, c'était noir. C'était brillant, donc ils ont extrait ces premiers objets en se disant « Tiens, c'est peut-être des troncs d'arbres remplis d'or, on ne sait pas » . Et très rapidement, les porions, les ingénieurs et les directeurs du charbonnage de Bernissard ont pris contact avec les géologues, avec les paléontologues. Je dirais qu'en un mois, on est passé de la découverte d'objets mystérieux à l'élaboration d'une fouille extrêmement bien organisée. C'est aussi ça qui est important. La découverte des iguanodons de Bernissard, c'est vraiment, comme l'indique le titre, de... De ce bouquin, c'est vraiment une affaire de relation humaine, parce que cette découverte, en fait, a pu aboutir grâce à la collaboration entre paléontologues, entre mineurs et entre ingénieurs des mines. Il a vraiment fallu ces trois corps de métier pour pouvoir extraire des squelettes qui pesaient plusieurs tonnes, pouvoir les extraire et les ramener à la surface.

  • Speaker #0

    Alors, derrière toute découverte importante, parce que cette découverte va être très, très importante, on sent qu'il y a aussi des petites... de tension dans l'histoire, où des gens vont vouloir s'attribuer, en fait, la paternité, parce que c'est des hommes, désolé, de la découverte, et on va vraiment avoir deux personnes importantes qui vont, entre guillemets, s'affronter avec des mots, à priori, je ne pense pas qu'ils se sont tapés dessus à un moment,

  • Speaker #1

    ils auraient bien voulu,

  • Speaker #0

    pour s'attribuer la paternité de la découverte.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Alors, ce qui est aussi fabuleux, c'est que, directement, le monde scientifique a évalué l'importance, en tout cas, de cette découverte, ce qui a créé des animosités entre entre plusieurs personnes qui vraiment voulaient s'attribuer la paternité. On a d'un côté Van Beneden. Van Beneden, c'était vraiment le paléontologue, le zoologiste phare en Belgique. C'est quelqu'un qui travaillait, qui était déjà âgé à l'époque et qui a étudié un tas de sujets. À l'époque, il était en train d'étudier les faunes de baleines et de cétacés fossiles découverts dans la région d'Anvers. Donc, depuis une vingtaine d'années, il a publié des monographies absolument invraisemblables, super intéressantes. Je me suis dit... sur ces animaux-là, et semble-t-il à l'époque, il s'ennuyait un peu. Très rapidement, il a eu entre les mains quelques ossements de ces iguanodons, et il a immédiatement évalué l'importance scientifique de cette découverte. Et de l'autre côté, on a le musée royal d'histoire naturelle à Bruxelles, qui a reçu également quelques éléments de cette découverte, quelques semaines après cette découverte, et dont le directeur, Édouard Dupont, a très rapidement réalisé qu'on était là devant une... découverte invraisemblable. Donc, les deux personnes, Van Benet et Denis Dupont, ont vraiment essayé de mettre la main sur le trésor de Bernissat. et de pouvoir s'attribuer la découverte. Et dans cette course, c'est Édouard Dupont, c'est le musée d'histoire naturelle qui l'a emporté. Il faut savoir qu'une semaine après la découverte des Premières Haussmann, le directeur du musée d'histoire naturelle de Bruxelles a déjà dépêché sur place son préparateur vedette, Louis Depeau. Depeau est descendu avec les mineurs à 322 mètres sous terre et lors de cette descente, ils sont tombés sur une patte complète d'un iguanodon qu'ils ont très rapidement extrait. qu'ils ont mis sur une civière de fortune fabriquée avec des morceaux d'herbe, et même avec le manteau de deux pots, et qu'ils ont ramené en surface. Et en ramenant les ossements en surface, les ossements ont commencé à craqueler et à tomber en poussière. Donc vraiment, panique à bord. Tout le monde a paniqué, sauf deux pots, qui savaient déjà à l'époque exactement ce qui se passait, et qui a rassuré le directeur du charbonnage de Béretzé en disant, écoutez, moi je sais ce qui se passe, les eaux sont imbibées de pyrite, et c'est la pyrite qui se désagrège. Je sais comment faire. Si vous confiez la fouille à l'État belge, au fusil royal d'histoire naturelle, moi, je vous garantis qu'on va faire une découverte extraordinaire et que tout va se stabiliser.

  • Speaker #0

    Et c'était un peu un coup de poker, parce que c'est ce que tu expliques dans ton bouquin. C'est qu'au final, à ce moment-là, il ne sait pas nécessairement très bien comment gérer cette situation. Mais il se dit qu'il va trouver une solution. Alors, je reviens justement, tu l'as dit à une autre reprise, c'est-à-dire que les mineurs pensaient que c'était rempli d'or. Lui, il identifie la pyrite. Donc la pyrite, en fait, c'est un minéral qui est cubique et qui est de couleur dorée. Ce qui explique que les mineurs pensaient que c'était des morceaux remplis d'or. Mais par contre, quand on la met à l'air, elle réagit et elle finit par produire des éléments corrosifs, en fait.

  • Speaker #1

    En fait, l'accumulation de pyrite dans les ossements résulte vraiment des conditions de fossilisation en milieu réducteur de ces ossements. Donc on a les carcasses. les iguanodons bernissaires qui vont se déposer au fond d'un marécage, qui immédiatement vont être recouverts de vases, de boules. La décomposition des cadavres va pouvoir se faire en milieu d'un aérobie.

  • Speaker #0

    Sans air, ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Sans air, et c'est vraiment ces conditions de fossilisation qui vont permettre la préservation exceptionnelle de ces cadavres, mais également l'accumulation de pyrite au sein des ossements en cours de fossilisation.

  • Speaker #0

    Comme tu l'as dit, Depeau joue un peu un coup de poker en disant « Ne vous inquiétez pas, moi je vais trouver une solution pour ça, je sais comment faire. » Alors qu'en fait, il ne sait pas nécessairement très bien à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Tu l'as vu apparemment que déjà il y a eu une petite idée.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais ce que je veux mettre en avant, c'est qu'au-delà de la découverte purement scientifique, c'est aussi un contexte qui va voir apparaître toute une série de techniques d'excavation, de préservation des fossiles. qui sont ultra modernes pour l'époque. Ce sont des choses qui n'ont pas été souvent faites ou presque jamais faites.

  • Speaker #1

    C'est vraiment la première découverte de squelettes complets et articulés de dinosaures. Ce qui est aussi marrant, c'est que pratiquement la même semaine, des découvertes extraordinaires vont être faites dans le Wyoming, aux États-Unis. Donc vraiment, la naissance, la recherche sur les dinosaures date vraiment d'avril 1878, où on va découvrir le gisement de Bernissa et on va découvrir de l'autre côté de l'Atlantique. le gisement de Comobleuve dans le Wyoming, qui va également livrer des squelettes complètes. Donc vraiment, la naissance de la recherche moderne sur les dinosaures, on peut vraiment la dater précisément de cette semaine-là. Nos pauvres mineurs, ils sont à 322 mètres sous terre et on va devoir extraire des squelettes qui pèsent plusieurs tonnes, qui sont imbibées de pyrite et donc qui explosent dès qu'ils sont en contact avec l'air. Donc Depeau et ses équipes vont vraiment mettre au point une technique. qui marchent remarquablement bien. Ils vont utiliser la méthode du bras cassé. Ils vont subdiviser l'esquelette en plusieurs blocs. Ces blocs, une fois délimités, vont être recouverts de plâtre et ramenés en surface sous forme de blocs de plâtre. Ce qui est extraordinaire, c'est qu'à l'heure actuelle, on utilise toujours exactement les mêmes techniques, surtout si on travaille dans des endroits un peu exotiques où on n'a pas beaucoup de matériel. Du plâtre, de la toile de jute et du papier, on peut trouver ça n'importe où. Voilà, lorsqu'on fait des fouilles à l'heure actuelle, dans des gisements à dinosaures, on utilise encore exactement les mêmes techniques qui ont été mises au point en 1878 par Louis de Pau.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous expliquer, au final, comment se fossilise un os ? Parce qu'un os fossilisé, ce n'est pas un os qui a été enfoui et qui reste un os. Il se passe quelque chose. Tu peux nous en parler brièvement ?

  • Speaker #1

    Alors, très brièvement. Donc, il faut savoir que l'os est constitué d'une partie minérale et d'une partie organique. Lorsque le cadavre va se décomposer, la partie organique va également disparaître. La partie organique, c'est le collagène et d'autres structures cellulaires qui vont produire ce collagène. Avec cette décomposition de la matière organique dans les os, ça va laisser des vies qui vont être... rempli par des éléments provenant de l'environnement de fossilisation. On va voir des échanges entre l'os et son milieu d'enfouissement. La partie minérale de l'ossement va être conservée, et la partie organique va être remplacée par des molécules, par des ions provenant de l'environnement. Un fossile, c'est un os dont la composition chimique a été partiellement remplacée. Mais ce qui est souvent extraordinaire, et c'est le cas dans le prélude de Bernard de Bernissard, c'est que si la composition chimique des os a un peu changé, la microstructure des ossements peut être conservée. Donc on peut faire des observations de type histologique sur les os.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as fait avec l'histologie ?

  • Speaker #1

    Donc c'est vraiment la microstructure de l'os. Par exemple, on peut dater l'âge d'un dinosaure lorsqu'il est mort. Est-ce que c'était un jeune ou est-ce que c'était un adulte ? On conserve dans les ossements fossiles ce qu'on pourrait dire rapidement comme étant les cernes de croissance de l'ossement. Donc en fait, on peut dire beaucoup de choses à partir d'un os fossile sur la biologie de ces animaux.

  • Speaker #0

    Ce qui va être dingue sur ce site, c'est qu'en fait, on va retrouver des dinosaures entiers, donc complètement en place. On va pouvoir réassembler ensuite. Et ce qui est encore plus dingue, je trouve, en tout cas, moi, ça m'a vraiment marqué dans ce que tu expliquais dans ton livre, c'est qu'en fait, il va y avoir des registres. Un cas très précis, tellement précis qu'en fait, on peut remettre les iguanodons dans la position dans laquelle on les a trouvés. Donc, il va y avoir vraiment des mesures, des mesures relatives, des os les uns par rapport aux autres, qui vont permettre, et c'est le cas au Musée d'Histoire Naturelle de Bruxelles, dans une des salles, on remet vraiment les ossements dans la position dans laquelle les mineurs les ont vus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qui est génial. C'est là où le fait de travailler avec des ingénieurs de mine... a été super intéressant parce que ça fait partie de leur ADN, de leur boulot. Donc ils sont capables vraiment d'enregistrer la position relative de chaque bloc. Ils vont le faire. Donc c'est vraiment, et là aussi c'est la première fois où c'est fait. C'est vraiment cette fouille à Bernissère en 1878. Il faut bien garder ça en tête. C'était quelque chose d'absolument remarquable. Et c'est si remarquable qu'il y a quelques années, en collaboration avec Jean-Marc Ball de la...

  • Speaker #0

    On le retrouvera dans un podcast, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    On s'est dit, on va essayer de recréer la fouille de Bernissère il y a plus de 140 ans. Donc, on a tous les éléments pour remettre vraiment chaque bloc de sement dans sa position initiale. On pourrait dire qu'on a fait de l'archéopaléontologie. Et ce sont des informations extrêmement importantes, parce qu'on va pouvoir, grâce à ces réinterprétations de plans, avoir des informations absolument primordiales sur les conditions de dépôt de ces squelettes d'iguanodon. Et ça a notamment une importance pour essayer d'expliquer, je pense qu'on y reviendra plus tard, pourquoi ces animaux, pourquoi ces squelettes se sont accumulées dans un endroit bien précis à Berlissat.

  • Speaker #0

    Alors toujours dans cette histoire un petit peu de tension et de querelle, ce qui est intéressant aussi, c'est qu'il y a un document qui a disparu. Et ce document, a priori... Et ben... On se dit qu'il pourrait régler la querelle. Est-ce que tu peux nous en parler brièvement ?

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Toute l'histoire de la découverte des iguanodons de Bernissard, comment on peut la reconstituer à l'heure actuelle, est basée sur un document qui est en fait le rapport du registre des rapports journaliers, des chefs de service de charbonnage, les porions, les ingénieurs, donc chaque jour noter les événements importants qui se passaient au charbonnage. Et ça, ce sont des documents qui sont normalement conservés encore à l'heure actuelle. aux archives de l'État. Pour Bernissat, on a retrouvé tous ses registres, sauf un, et celui qui manque, c'est le premier semestre 1878, quand on a fait la découverte des iguanodons de Bernissat. Heureusement, au Musée d'Histoire Naturelle, nous avons conservé une copie des pages de ce registre concernant la découverte de Bernissat, donc c'est à partir de ce document qu'on va pouvoir reconstituer l'histoire. Le problème, c'est que je pense que cette copie conservée à Bruxelles a été... partiellement remaniée, réécrite en faveur du directeur du charbonnage auquel on donne vraiment le beau rôle. Donc, ce serait vraiment super intéressant de pouvoir retrouver le document original. Je suspecte qu'il doit être conservé quelque part chez un collectionneur. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. Donc, ce n'est pas que le document a disparu, c'est qu'il a certainement été pris par quelqu'un, puis revendu, qu'il a voyagé, etc.

  • Speaker #1

    Il doit exister quelque part, mais il faut vraiment le retrouver. C'est bon, voilà, c'est le moment peut-être de lancer un appel à l'aide. Exactement,

  • Speaker #0

    c'est ce que je voulais dire. Bouteille à la mer, si quelqu'un vous entend. Et que là, chez lui, où il connaît quelqu'un, il y a cette page, enfin, ou ces pages.

  • Speaker #1

    C'était pour lui, mais c'était un registre.

  • Speaker #0

    Juste se signaler, dire à Pascal, j'ai les infos, mais voilà, je ne m'identifie pas, mais je peux partager les infos que j'ai. ça peut être sympa.

  • Speaker #1

    Parce que très clairement, la copie qu'on a a été remaniée. C'est vraiment clair. Moi, je compare toujours ça à la guerre des Gaules pour le directeur du musée de Bernissard, qui veut être connu comme étant l'unique découvreur des iguanodons de Bernissard.

  • Speaker #0

    Mais globalement, en fait, quand les iguanodons vont repartir vers le musée de Bruxelles, donc le musée d'histoire naturelle, les gens de Bernissard ne vont pas le vivre nécessairement très bien parce que pour eux, c'est un trésor local qui leur appartient.

  • Speaker #1

    Oui et non, parce qu'à l'époque, on a quand même quelques articles de journaux indiquant qu'il y avait vraiment un très bon contact entre les techniciens du musée d'histoire naturelle et les gens de Bernissard. Cette histoire de conflit entre les Bruxellois et les Borins, c'est quelque chose qui était un petit peu mis en exergue, je dirais, plutôt tout au début du XXe siècle.

  • Speaker #0

    Et puis, ce qu'on garde toujours dans l'histoire, c'est les gens qui ont une grande gueule, permettez-moi l'expression, et donc il y a peut-être quelques personnes à Bernissard qui étaient contre. Et c'est leur témoignage qu'on garde en mémoire. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Donc, il y a un contexte politique tout à fait clair. Ce qui est marrant, c'est qu'il y a eu cette querelle. Qui a découvert les iguanodons de Bernissard ? Entre le grand scientifique, le directeur qui essaie de s'attribuer la découverte. Et si vous posez la question aux gens de Bernissard à l'heure actuelle, c'est qui a découvert les iguanodons ? Dans 99% des réponses, vous allez avoir Jules Créteur. Jules Créteur, qui était un des deux mineurs qui a vraiment... découvert les premiers ossements. Là, c'est tout à fait clair. Si vous allez à Bernissat, vous avez une place Jules Créteur, vous avez une cité Jules Créteur. Alors là, la question, c'est pourquoi Jules Créteur et pourquoi pas l'autre, Alphonse Blanchard, qui était l'autre mineur ?

  • Speaker #0

    Plus la question de l'identification, c'est-à-dire il y a une personne qui, à un moment, a dit ça, c'est des eaux d'Iguana. Oui, oui, ça. C'est non discutable.

  • Speaker #1

    Alors, ce qui est assez marrant, c'est que j'ai appris assez récemment qu'en fait, Jules Créteur a eu 8 gosses. Un de ses fils est devenu mailleur bourgmestre de Pomerol, je pense. Donc probablement, le fils de Jules Créteur a mis également sur un pied des salles son papa, au dépend de l'autre mineur qui a découvert les poupons de dons.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça aussi que ça s'appelle ton livre porte une histoire d'hommes, de fossiles et d'hommes. Il y a toutes ces relations humaines qui sont là. Alors, on l'a dit sans s'attarder là-dessus précédemment. En fait, c'est une découverte qui va quand même complètement changer la... paléontologie à l'époque. Est-ce que tu peux nous expliquer comment on imaginait les dinosaures avant la découverte de Bernissard ?

  • Speaker #1

    Les premiers dinosaures, et en particulier les iguanodons, ont tout d'abord été découverts en Angleterre dans les années 1820. L'iguanodon a été découvert en 1825, mais il faut bien s'imaginer que c'était des dents et des ossements isolés. Donc voilà, le nom iguanodon veut d'ailleurs dire dents d'iguanes parce que... Mantel, qui est le premier à avoir découvert ces fossiles, se demandait à qui ils pouvaient bien appartenir. Et ce qu'il a remarqué, c'est que les dents de ces fossiles ressemblaient très fort à les dents des iguanes actuelles. Donc pour Mantel, dans les années 1820, l'iguanodon, c'était une sorte d'immense iguane. Donc on voit très bien ses propres représentations. Donc il imaginait ça comme des sortes d'énormes lézards arboricoles. Donc ça, c'est les premières interprétations.

  • Speaker #0

    Arboricoles qui vivent dans les arbres, c'est bien ça ? Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. La seconde interprétation a été faite par Richard Owen, qui est aussi un Anglais, qui était curator du Natural History Museum à Londres, et qui a également travaillé sur les fossiles découverts en Angleterre, qui étaient toujours des fossiles fragmentaires. C'est d'ailleurs lui qui a nommé pour le premier le nom dinosaure. Et pour lui, les dinosaures, et en particulier les iguanodons, devait ressembler à une sorte d'hybride entre les lézards et les grands mammifères à l'heure actuelle. On a notamment des représentations de l'iguanodon datant de 1853 et exposées au Crystal Palace, qui est un parc dans la banlieue de Londres. On voit très bien que... On imaginait les iguanodons comme des sortes de gros rhinocéros avec une corne sur le nez et une longue queue et une peau écailleuse. Et voilà pour en 1878. on tombe sur des squelettes comblées et articulées de ces animaux qui vont vraiment permettre de se faire une idée bien précise de ce à quoi ils pouvaient réellement ressembler. Et donc, d'où la reconstitution, je dirais, en kangourou, telle qu'imaginée par Louis de Peau à l'époque. Le problème, c'est qu'ils avaient ces squelettes, mais même s'ils étaient articulés, il leur manquait le plan de montage. Et donc, comment va-t-on représenter ces animaux en position de vie ? C'est toujours un peu mystérieux. par analogie avec les animaux actuels. Ils se sont dit que ça ressemble quand même vachement à un kangourou, un walabi. Et on le voit sur les premières reconstitutions, il y a un modèle, on a un squelette de kangourou comme modèle, et ils vont se baser sur ce kangourou pour remonter les premiers îles Wainaudon.

  • Speaker #0

    Alors que fondamentalement, aucun lien avec le kangourou.

  • Speaker #1

    Aucun, mais bon, c'est vrai. Avec une longue queue très puissante, des pattes arrières très robustes et des petites pattes avant, quelque part, ça ressemble vaguement à un kangourou. L'idée n'était pas vraiment idiote à l'époque. On sait à l'heure actuelle que ce n'est pas le cas, mais bon, voilà.

  • Speaker #0

    Moi, ce que je trouve fou, parce qu'on a tendance à l'oublier, c'est qu'à cette époque, Bernissard va devenir un des centres de référence pour la paléontologie. C'est-à-dire que le site de Bernissard va être pratiquement cité dans toutes les publications qui vont faire évoluer la conception que l'on a des dinosaures.

  • Speaker #1

    Oui, donc attention, c'est le centre pour les dinosaures. La paléontologie ne se limite pas aux dinosaures. En tout cas, pendant plus d'un siècle, oui, vraiment, c'était la découverte, une des découvertes majeures, en tout cas, en paléontologie. Puis, dans les années 1990, on voit que ça a été un peu supplanté par les découvertes faites en Chine, notamment sur les sites à dinosaures à plumes.

  • Speaker #0

    Et on en parlera plus tard dans le podcast. Alors, comme tu le dis, il n'y a pas que des dinosaures qui ont été découverts à Bernissard. Il y a réellement tout un écosystème du Crétacé inférieur qui, en fait, est découvert. et qui nous permet de comprendre le contexte du Crétacé inférieur aussi.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est aussi un des grands mérites de cette découverte et des fouilles qui ont été menées à Bernissard, c'est que les chercheurs ne se sont pas focalisés sur les squelettes de dinosaures, qui étaient vraiment des découvertes spectaculaires, mais ils ont également ramassé tous les fossiles de plus petite taille qui traînaient entre ces squelettes. Bon, il faut bien s'imaginer, la journée d'un fouilleur à Bernissard, c'est 5h30 du matin, on descend, à 322 mètres sous le sol, et de 5h30 à 12h30, on va vraiment fouiller dans les galeries. Bon, les fouilles dans les galeries, ça va principalement consister à extraire les squelettes des iguanodons. Donc il faut vraiment bien s'imaginer, on est en 1878, pour s'éclairer sur place, ce n'était pas évident. Pendant la matinée, ils vont extraire les iguanodons, et l'après-midi, donc ils remontent vers 12h30, ils mangent un bout. Et après, ils vont passer toute l'après-midi sur le terril, là où on a ramené en surface les sédiments du fond de la mille. Ils vont vraiment examiner à la lumière du soleil les argiles extraites et ils vont en extraire les petits fossiles. Donc dans les petits fossiles, on a des tortues, on a une salamandre, on a des crocodiles, on a énormément de poissons, on a plus de 3000 poissons qui ont été extraits et une quantité invraisemblable de plantes. Tous ces petits fossiles vont être... découvert l'après-midi en surface. Mais bon, tout est répertorié, donc ils ont tout ramassé. Et donc, on a vraiment une idée très précise de ce à quoi pouvait ressembler l'écosystème de Bernissard il y a 125 millions d'années. Et là, c'est également vraiment une première.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant aussi dans le bouquin, tu montres ces représentations un peu fantaisistes des dinosaures. Tu parles entre autres du Crystal Palace. On va remonter des squelettes, mais un peu comme on peut, parce qu'on ne comprend pas nécessairement... ce que sont ces êtres. Bernissard va complètement tout changer. Au final, à l'heure actuelle, est-ce que les représentations qu'on s'est imaginées lors de la découverte de Bernissard sont encore valides ? Non, ces reconstitutions sont en très grande partie invalides. À l'heure actuelle, on pense que les gros iguanodons de Bernissard étaient peut-être plutôt des animaux quadrupèdes. Avec leur longue queue, elles ne traînaient pas par terre comme on se les imaginait à l'époque. Mais bon, ça servait à ces animaux de balancier. Il faut bien s'imaginer que le centre de gravité du corps d'un iguanodon se situait au niveau du sacrum, donc au niveau de la hanche. Donc c'était des animaux qui gardaient leur... leur colonne vertébrale à l'horizontale. Et cette colonne vertébrale était vraiment extrêmement rigide du bout de la queue jusqu'au niveau du cou. Donc vraiment, pour pouvoir équilibrer l'avant du corps, ils avaient besoin d'une queue très lourde et extrêmement développée. Donc c'était plutôt des animaux quadrupèdes, des animaux qui gardaient leur colonne vertébrale horizontale et qui posaient en grande partie leurs pattes avant au sol. La main des iguanodons est garnie de petits sabots. Donc un sabot, ça sert à... à poser la patte au sol. Mais on pense également que lorsque les iguanodons couraient, ils se redressaient un peu et ils étaient à ce moment-là partiellement bipèdes. Donc vraiment, ils shiftaient d'une position franchement quadripède vers une position plus bipède. Et ça, on en a des preuves plus ou moins directes en analysant des pistes de traces de pas fossilisées, découvertes notamment en Angleterre, où on voit très bien qu'on voit à un certain moment des... des traces de pas quadrupèdes et à un autre moment des traces de pas bipèdes.

  • Speaker #1

    Justement, là, tu nous parles au final de c'est quoi un iguanodon, donc plutôt position quadrupète. Un autre élément assez saisissant chez l'iguanodon, c'est cette fameuse main avec un pouce qui a une espèce d'excroissance. Est-ce que tu peux nous parler de cette main, que nous on appelle main justement avec un peu cette projection anthropomorphique en fait ?

  • Speaker #0

    Oui, la main des iguanodons, c'était vraiment ce que j'appelle dans le bouquin le recouteau suisse. Le pouce était transformé en un éperon osseux très robuste. À l'origine, avant la découverte de Bernissat, le pouce des iguanodons avait été remis au sommet de leur crâne. Pour eux, c'était une sorte de corne ressemblant à une corne de rhinocéros. Avec Bernissat, on a remis le pouce à sa place, sur la main. Cet éperon osseux était probablement un élément défensif important pour les iguanodons pour se défendre contre les prédateurs qui devaient pulluler à l'époque. que dans l'écosystème. Donc ça, c'est pour le pouce. Les trois doigts centraux sont plus ou moins accolés les uns aux autres. Et comme je l'ai dit, ils sont munis de petits sabots. Donc c'était des éléments servant probablement lors de la locomotion quadrupède des animaux. Et le petit doigt, donc le cinquième doigt, le petit doigt est hypertrophié. Et c'est un élément probablement extrêmement mobile et qui devait un peu remplir le même rôle que le pouce. Chez l'homme actuel, ça devait probablement leur servir à saisir les branchages des végétaux. Donc, ils avaient une main plus ou moins préhensile comme nous, mais le rôle du pouce était joué par le petit doigt.

  • Speaker #1

    Au niveau de leur mâchoire aussi, ils avaient des caractéristiques particulières. C'était des espèces de super masticateurs, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, voilà. C'est quelque chose qui a joué un rôle très important au niveau du succès évolutif. des iguanodons et de leurs successeurs, ce qu'on appelle les dinosaures à bec de canard ou les adroseurs. Donc c'est vraiment des machines à broyer des végétaux. Donc les dents sont continuellement remplacées, ce sont des sortes de tapis roulants, donc c'est vraiment des batteries dentaires. Les dents suffisaient très rapidement au contact des végétaux durs. Mais bon, pas d'importance, une fois que la dent a été utilisée, elle était directement remplacée par une dent de la généreuse. Donc voilà, c'était pratique.

  • Speaker #1

    Un peu comme les requins, mais en version herbivore.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc voilà, l'Iguanodon, en tout cas, ne devait pas passer chez le dentiste. Une fois que la dent était foutue, elle était immédiatement remplacée. Et c'est vraiment ce qui a, probablement, ce qui a constitué le succès évolutif de ces animaux-là. Alors,

  • Speaker #1

    ce qui est fou aussi, en tout cas, moi, je trouvais ça complètement dingue, c'est qu'on arrive à étudier, en quelque sorte, leur cerveau aussi, à comprendre quel était l'espace de leur boîte crânienne et comment il était un peu constitué.

  • Speaker #0

    Oui, ça fait partie des nouvelles études qui ont été effectuées sur les escaliers d'iguanodon. On a repassé une série de crânes au CT scan, au scanner médical, et on a pu reconstituer à quoi ressemblait la boîte crânienne de ces iguanodons de Bernissard. Ce qui est assez marrant, c'est qu'il y a deux types d'iguanodons à Bernissard. On a l'iguanodon Bernissard tensis, qui est l'animal le plus courant à Bernissard, qui est un animal de grande taille et dont le cerveau est... relativement, je dirais, primitif, basal pour un dinosaure. Et on a l'autre espèce, une espèce plus gracile, plus légère, dont on a découvert seulement deux, peut-être trois spécimens à Bernissa. et qui lui possède un cerveau plus évolué, qui fait plus penser aux hadrosaures qui vont succéder aux iguanodons. Donc voilà, on a deux lignées caractérisées par des cerveaux de morphologie sensiblement différents. Et probablement, on ne sait pas très bien comment fonctionnait ce cerveau. On voit des lobes olfactives très développés, donc c'était des animaux qui sentaient plus qu'ils ne voyaient. Le fait que le cerveau de l'espèce gracile ressemble plutôt au cerveau des hadrosaures me fait penser que ces iguanodons graciles avaient peut-être une vie sociale un peu plus développée. Mais bon, ça c'est juste des hypothèses. On est un peu dans le domaine de la science-fiction.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. On pose des hypothèses et a priori, ce ne sera pas facile de vérifier ces hypothèses. Tout à fait. Ce qui est aussi intéressant, c'est qu'il y a toute une enquête sur leurs morts. Comment ces iguanodons ? Il n'y en a pas deux qui sont morts, soyons claquaires. On parle d'un troupeau d'iguanodons qui est mort à cet endroit-là. Dans le livre, et à d'autres moments, j'ai entendu aussi cette expression, on parle d'une colquaisse de plusieurs millions d'années. C'est comment ces dinosaures, en fait, sont morts. Et donc, on finit par se retrouver dans ce que tu as appelé un cran que les mineurs ont traversé.

  • Speaker #0

    Dès 1878, les géologues se sont posé la question, comment se fait-il qu'on retrouve une telle concentration de dinosaures ? à cet endroit limité. Le cran des iguanodons à Bernissère, c'est peut-être maximum 80 mètres, 100 mètres de large. Et finalement, ces squelettes de dinosaures, on ne va pas les retrouver ailleurs. En dehors du site de Bernissère, je pense qu'on connaît deux ossements de dinosaures dans tout le bassin de Mons. Alors, c'est quelque chose qui a fasciné les géologues dès la découverte. Par exemple, Édouard Dupont, à l'époque, s'imaginait qu'à Bernissère, il y avait une immense falaise. que les troupeaux d'iguanodons étaient poursuivis par des prédateurs et qu'ils se sont cassés la figure le long de la falaise, un peu comme les lemmings à l'heure actuelle. Bon, ça, on sait que ce n'est pas vrai, mais il y a eu des tas d'hypothèses. On a parlé d'une sorte de cimetière des éléphants pour les iguanodons. On a également imaginé que, en fait, c'était des animaux morts à différents endroits, mais dont les cadavres se sont réacculés au point le plus profond de la région, donc correspondant. au fond du lac de Bernissère, un petit peu un système de lavabo. Si on lève des poils de barbe ou des cheveux au bord du lavabo, si on fait couler le robinet, il y a tout qui va se trouver dans le goulot. Bon, c'est quelque chose qui a fasciné, et ce sont des études qui ont été reprises il y a quelques années, notamment grâce au travail effectué par Jean-Marc Ball. Donc, on a réanalysé tous les documents de fouilles qui ont été dessinés à l'époque, en 1878, et on a pu... En fait, les... Les squelettes d'Iguanodon bernissard ne se sont pas retrouvées de façon aléatoire. Et en fait, ce qui était extrait à l'heure actuelle correspond à quatre épisodes de morts catastrophiques. À certains moments, on a un ensemble d'animaux qui sont morts en même temps et qui ont formé vraiment ce qu'on appelle des bone beds, donc des zones d'accumulation. Donc, on a des événements récurrents catastrophiques qui ont provoqué la mort en masse. de groupes d'iguanodons. À l'heure actuelle, on pense que les iguanodons de Bernissard ont vécu au moment où le cran, le puits d'effondrement de Bernissard, s'est formé. Un cran, c'est vraiment un puits d'effondrement. Si on fait un sondage à 1 ou 2 km sous le plancher des vaches, on va se retrouver dans des zones formées par des anidrises, par des sortes de sels. Ces sels vont se mélanger avec des eaux très chaudes. Le mélange sel et eau chaude va provoquer la dissolution de ces couches de sel. Cette dissolution va aboutir à la création de sortes d'immenses grottes, d'immenses cavernes, d'immenses poches de vie. De temps en temps, le plafond de ces grottes va s'effondrer par le poids des sédiments qui sont autour. On va vraiment avoir un puits d'effondrement. Et donc ces effondrements vont assez rapidement se retrouver en surface, provoquant ce qu'on appelle une doline. Les dolines, ce sont des structures qui existent encore à l'heure actuelle, de temps en temps. Il y a quelques maisons ou des champs qui se retrouvent effondrés par un événement tout à fait catastrophique. Et probablement ces dolines sont apparues en surface il y a 125 millions d'années lorsque les iguanodons vivaient à Bernissard. Ces deux lignes vont très rapidement se remplir d'eau. Ça va se transformer en... en lac, en marécage. Naturellement, ça va attirer les animaux qui vivaient tout autour. Donc, ils vont aller s'abreuver dans ces nouveaux lacs. Mais comme ces structures sont encore très peu stabilisées, vous imaginez, si vous avez un groupe d'iguanodons qui vient boire sur le bord du lac, ça va provoquer des effondrements locaux de la berge entraînant les animaux au fond du lac. On peut s'imaginer que les animaux les plus agiles, les plus...

  • Speaker #1

    Dégourdis, on va dire.

  • Speaker #0

    Les plus dégourdis, les plus légers surtout, vont pouvoir regagner la berge, mais les lourds iguanodons, adultes probablement, vont se retrouver vraiment, ils vont crever.

  • Speaker #1

    On estime leur masse à combien ?

  • Speaker #0

    Ça fait plusieurs tonnes, 3-4 tonnes certainement. Si la berge s'effondre et se casse la figure, il y a beaucoup de chances qu'une partie du troupeau va se retrouver noyée. Donc peut-être que ce sont les événements catastrophiques qui ont provoqué la mort soudaine de groupes d'iguanodons. Ces effondrements de berges auraient pu se répéter à plusieurs reprises au cours des années de formation de cette deline.

  • Speaker #1

    On l'a dit, au moment de la découverte des iguanodons, ils vont faire complètement évoluer la perception que l'on a des dinosaures. On l'a dit aussi, cette perception a continué à évoluer suite aux découvertes. À l'heure actuelle, qu'est-ce qu'on sait au final des dinosaures ? Comment la perception que l'on a, quand je dis perception, c'est plutôt la projection que l'on fait. a évolué ces dernières années ?

  • Speaker #0

    Ces dernières années, on a surtout réalisé qu'en fait, ce qui est important, c'est que les dinosaures n'ont pas disparu, qui sont encore bien présents parmi nous, ce sont les oiseaux. C'est quelque chose de tout à fait établi, c'est que les oiseaux sont des dinosaures. L'idée a eu un peu de mal à percoler, non seulement auprès du grand public, mais surtout au niveau des paléontologues, et donc ça a vraiment induit toute une nouvelle perception de ce qu'étaient des dinosaures. Donc ce sont des animaux... qui ressemblait plus aux oiseaux qu'aux lézards ou aux crocodiles.

  • Speaker #1

    C'est ce qui a empêché cette idée de percoler auprès des paléontologues. Au grand public, on peut se dire qu'il y a l'image Jurassic Park, je caricature, mais paléontologues, a priori, c'est les spécialistes du sujet. Qu'est-ce qui les freinait dans cette représentation ?

  • Speaker #0

    Je pense que les scientifiques ont quand même un esprit assez conservateur, pour la plupart. Même s'il y a des évidences, c'est parfois difficile de se débarrasser des anciennes conceptions. En fait, l'idée qu'oiseaux et dinosaures sont étroitement apparentés, ce n'est pas nouveau. En 1869, Thomas Huxley, qui est un paléontologue, c'était d'ailleurs un pote de Charles Darwin, a montré que les dinosaures et les oiseaux coureurs, comme les autruches, étaient très étroitement apparentés. Mais voilà, c'est une idée qui a disparu pendant plus d'un siècle. Il a vraiment fallu la découverte de ces dinosaures à plumes en Chine pour se dire, il avait quand même raison, les dinosaures, c'est des gros oiseaux.

  • Speaker #1

    Et donc, on découvre ces dinosaures à plumes en Chine, ce qui change complètement le paradigme, au final, de la représentation qu'on se fait du dinosaure, le lézard géant.

  • Speaker #0

    Oui, là maintenant, si on voit les représentations des paléoarthistes, là on voit tout le monde mettre des plumes autour des dinosaures. Là maintenant, c'est quelque chose de bien établi, en tout cas pour les dinosaures, ce qu'on appelle les théropodes, donc les dinosaures carnivores, donc c'était des animaux. La plupart, probablement, étaient recouverts de plumes. Le vélociraptor de Jurassic Park. On sait dire qu'on a des preuves directes, comme quoi c'était un animal complètement recouvert de plumes. Alors la question, c'est pour le T-Rex. Est-ce que le T-Rex ressemblait à un gros poussin ou au T-Rex de Jurassic Park ? Ce qui est amusant, c'est qu'on a découvert en Chine, au début des années 2000, un tyrannosaure primitif de plus petite taille. Bon, il faisait quand même 8 mètres, donc c'était déjà une belle bestiole, dont le corps était recouvert de duvet. Est-ce que le vrai T-rex de la fin du Cretacea était recouvert de plumes ? On ne sait pas trop. Vu sa taille, avait-il besoin de plumes ? Probablement pas. Est-ce que les jeunes avaient des plumes et que ces plumes disparaissaient au cours de la croissance ? Peut-être. Là, malheureusement, on a pas eu de T-rex. Ce sont des animaux qui ont été découverts uniquement en Amérique du Nord. Donc, pour le moment, on n'a que des os lents. On a quelques fragments de peau, mais on n'a pas vraiment de preuves directes quant à leur aspect extérieur. Alors, nos iguanodons, à quoi ressemblaient à l'extérieur ? Je vous le dirai dans peut-être deux ou trois mois, parce que là, on a des nouvelles découvertes par Bernissard Dodo qui risquent de changer radicalement notre idée de ce à quoi pouvait ressembler un jeune iguanodon. Alors,

  • Speaker #1

    tu anticipes ma prochaine question, c'est magnifique. Justement, la question que j'allais poser, c'est est-ce que Bernissard permet encore des découvertes à l'heure actuelle ? C'est-à-dire, est-ce que les ossements... les fossiles que l'on a découverts à ce moment-là, dans les années 1800, fin 1800, à Bernissard, permettent encore, à l'heure actuelle, de mener des recherches et de découvrir des choses.

  • Speaker #0

    Oui. Là, pour le moment, je dirais, il y a quelques années, on a entrepris une campagne de... de digitalisation des squelettes des iguanodons bernissards. Là maintenant, tous les squelettes sont digitalisés, donc on est en train de travailler au montage de ces images digitales. On travaille un peu sur des thématiques comme la locomotion. Et notamment, on a réexaminé les squelettes des petits iguanodons, ce qu'on appelait le Mantellis osiopius satyrphile d'Henzi. Et à nouveau, ces nouvelles images, ne fût-ce qu'au niveau de l'identification de ce dinosaure-là, probablement on va arriver avec quelque chose de nouveau. Je disais également que les premiers squelettes d'iguanodon étaient découverts en Angleterre. Là, on a un ancien médecin qui a pris sa retraite, et comme il s'ennuyait un peu, il a repris l'analyse des anciens squelettes découverts à l'île de White. Il est en train de découvrir des trucs absolument fabuleux, et notamment sur l'identification de ces animaux. Il est en train de montrer que la diversité des iguanodons au cours du Crétacé inférieur en Europe était beaucoup plus importante que ce qu'on croyait. Jusqu'à présent. Donc, en fait, il y a des tas d'iguanodons qui vivaient en Europe, mais qui sont des espèces ou des gens complètement différents. C'était des animaux qui, probablement, migraient peu, qui formaient des faunes relativement endémiques. Et donc, voilà, on a des tas de nouveaux noms d'iguanodons qui commencent à apparaître.

  • Speaker #1

    Et ça nous conduit à une question quand même essentielle, j'ai l'impression, sur cette fouille de Bernissard. C'est que, est-ce qu'à l'heure actuelle, ce serait intéressant de refaire des fouilles à Bernissard ?

  • Speaker #0

    Le problème de Bernissère, c'est que c'est profond. Ça fait quand même 322 mètres. On sait que le sous-sol de Bernissère est encore truffé de squelettes d'iguanodon. En 2002, il y a eu des campagnes de forage qui ont été entreprises dans et autour du cran d'iguanodon. Et un de ces sondages, il faut bien imaginer qu'un sondage, ça fait 8 centimètres de diamètre.

  • Speaker #1

    C'est tout petit.

  • Speaker #0

    À l'époque, lorsqu'on a vendu le projet, on s'est dit... Le but n'était pas de retrouver des nouveaux restes, mais c'est plutôt d'avoir des nouvelles... sur la formation du cran et sur l'âge des iguanodon bernissaires. Pour vendre le projet, on a dit qu'on allait peut-être retrouver des nouveaux squelettes. Pour moi, à l'époque, c'était du vent.

  • Speaker #1

    Hyper hypothétique, en fait.

  • Speaker #0

    La probabilité de retrouver un squelette si vous faites un trou de 8 cm, c'est proche de zéro. Non seulement on est tombé sur un ossement, mais en fait, on est tombé sur quatre niveaux d'ossements en faisant ce sondage de 8 cm. Et ces niveaux correspondent plus ou moins aux niveaux qui ont été découverts à l'époque des fouilles de bernissaires. Donc ça veut dire que c'est encore blindé de...

  • Speaker #1

    Vous avez beaucoup de chance. Oui,

  • Speaker #0

    oui. Bon, voilà. Il y a des iguanodons ou d'autres bestioles, on n'en sait rien. Les techniques de fouilles, il n'y a aucun problème pour les faire. Ce qui manque, c'est l'argent, c'est le fric. Dans les années 1990, il y a eu des études de marketing qui ont été effectuées pour savoir...

  • Speaker #1

    Un parc, etc.

  • Speaker #0

    Oui, et combien ça coûterait pour refaire des fouilles à Bernissard et qu'est-ce que ça pourrait rapporter à la région. Dans les années 1990... Donc les estimations, c'est qu'il fallait réinjecter environ 100 millions d'euros avant de pouvoir donner le premier coup de pelle à Benzac.

  • Speaker #1

    Ah ouais,

  • Speaker #0

    d'accord. Donc 100 millions d'euros, c'est pas mal d'argent. Donc le problème, c'est vraiment de trouver l'argent. Et je pense que là, c'est insoluble. Bon et maintenant, 100 millions d'euros, si c'est pour tomber encore sur des squelettes d'Iguanodon, est-ce que c'est rentable ? Si c'est tombé sur des nouveaux trucs, peut-être. Mais voilà, il y a vraiment un problème, un nœud financier qu'il faudrait résoudre. Si vous connaissez une riche héritière, investir 100 ou 200 millions pour ne pas les retrouver.

  • Speaker #1

    Parce qu'elle aime bien l'épinosaure et qu'elle a cette fameuse feuille perdue, on ne sait jamais. Dérégistre.

  • Speaker #0

    Donc voilà, le problème est là. Le problème est là. Purement financier.

  • Speaker #1

    On arrive tout doucement à la fin de cet épisode. Merci beaucoup. Quand toi, tu as rédigé ce bouquin, tu as redécouvert des choses ? Ou est-ce qu'il y a des choses qui te tiennent à cœur dont on n'a pas parlé ?

  • Speaker #0

    Ce qui m'amusait à l'époque, c'est d'aller vraiment retomber sur les documents. On a des centaines de documents d'époque qui n'avaient vraiment pas été totalement analysés. C'était marrant, il y a des tas d'anecdotes qui peuvent être retracées.

  • Speaker #1

    Et qui sont racontées dans le bouquin, c'est un cas super.

  • Speaker #0

    En partie en tout cas, parce qu'il y a vraiment plein de documents. C'est vraiment marrant de remettre les mains dans le camp.

  • Speaker #1

    On arrive tout doucement à la fin de cet épisode et j'ai oublié de le dire pendant la préparation, donc c'est une petite surprise et je te laisserai quelques minutes pour réfléchir.

  • Speaker #0

    Tu as trouvé 100 millions.

  • Speaker #1

    Non ! On finit toujours le podcast par une citation qui évoque un peu ce dont on a parlé durant notre échange. Donc, est-ce que tu as une citation à nous partager ?

  • Speaker #0

    Bon, alors je pense que je vais reprendre un découplet de « La complainte des Iguanodons » de Bernie Sark, qui est une chanson. qui a été écrite et composée en 1912 par Maurice Victor Guido. Un découplé dit, bon, je ne vais pas le chanter, il vaut mieux pour tout le monde.

  • Speaker #1

    On va juste le lire.

  • Speaker #0

    Bon, pitié pour un iguanodon qu'on exhibe dans une connexion. Où ce qui vient un tas d'abrutis qui contemplent ses abattis, les uns disent c'est un kangourou, les commères disent c'est le loup-garou, un piou-piou, qui est très éduqué, dit à sa bonne, c'est fabriqué.

  • Speaker #1

    Excellent. Super, merci pour ce moment qui au final nous indique toutes les représentations que les gens avaient de l'Iguanodon à cette époque. Pascal, merci beaucoup d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir invité.

  • Speaker #1

    Et j'espère, chers auditeurs, chères auditrices, que ça t'a vraiment donné envie d'aller plus loin sur cette histoire des iguanodons de Bernissard, d'acheter le livre de Pascal, de découvrir cette aventure complètement incroyable. Et surtout, chers auditeurs, chères auditrices, je te donne rendez-vous dans deux semaines pour le prochain épisode de la saison 9 de Science, Art et Curiosité, le podcast du Mumons. À très très bientôt. Tu viens d'écouter un épisode du podcast du Mumons. Et franchement, j'espère qu'il t'a plu. D'ailleurs, si en passant, tu veux me faire un retour ou si tu as des idées d'amélioration, surtout n'hésite pas à nous contacter. Tu peux aussi devenir notre ambassadeur et faire découvrir ce podcast tout autour de toi. Si tu as des idées de sujets ou si tu souhaites enregistrer un épisode, surtout n'hésite pas à nous contacter. Rendez-vous sur le site internet mumons.be ou sur la page Facebook du Mumons.

  • Speaker #0

    Merci à tous.

Chapters

  • Introduction à la saison 9 et présentation des thèmes

    00:37

  • Les iguanodons de Bernissard : contexte de la découverte

    02:06

  • Pascal Godefroy : parcours et expertise en paléontologie

    02:43

  • L'importance des fossiles dans la compréhension des dinosaures

    03:08

  • Découverte des fossiles : histoire et enjeux scientifiques

    06:16

  • Les représentations des iguanodons à travers l'histoire

    20:34

  • Évolution de la perception des dinosaures et conclusion

    39:12

Description


« Qui aurait cru qu'une simple découverte dans une mine pourrait révolutionner notre compréhension des dinosaures ? » Dans cet épisode captivant de MUMONS, Maxime te plonge dans l'univers fascinant des iguanodons de Bernissard aux côtés de Pascal Godefroy, paléontologue à l'Institut Royal des Sciences Naturelles. Ensemble, ils explorent cette découverte paléontologique majeure datant de 1878, révélant comment des mineurs en Belgique ont mis au jour des fossiles qui ont changé la donne dans le monde de la paléontologie.


Pascal partage avec passion les détails de cette aventure scientifique, tirés de son livre « Les iguanodons de Bernissard, des fossiles et des hommes ». Tu découvriras non seulement les aspects scientifiques, mais aussi les relations humaines qui ont permis cette découverte incroyable. Comment les mineurs ont-ils collaboré avec les scientifiques ? Quelles sont les implications de cette coopération sur notre société contemporaine ? 📖


Au fil de la discussion, tu seras émerveillés par l'évolution des représentations des iguanodons et comment la paléontologie a su s'adapter et évoluer grâce à ces découvertes. En intégrant des éléments de sciences humaines et de sciences sociales, cet épisode ne se contente pas de transmettre des faits, il invite à une exploration culturelle qui fait écho à notre époque. 🌍✨


Et ce n'est pas tout ! Maxime et Pascal ne manquent pas de soulever des enjeux cruciaux tels que les défis financiers liés aux futures fouilles à Bernissard. Comment assurer la préservation de ces trésors naturels tout en soutenant la recherche ? En mettant l'accent sur la transmission culturelle et la collaboration ! Cet épisode de MUMONS vous incitera à réfléchir sur le rôle de chacun dans la protection de notre patrimoine scientifique.


Ne manque pas cette occasion d'enrichir tes connaissances ! Que tu sois passionné de science et d'art ou encore de curiosités scientifiques ou bien à la recherche d'une discussion stimulante, cet épisode est fait pour toi ! Rejoins la communauté MUMONS et plonge dans cette aventure incroyable digne du scénario du premier jurassik park🦖 (il faut dire qu'après, ça ne va pas en s'améliorant...) . 🎧💡



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Lorsque ce petit bolide atteindra 88 miles à l'heure, attends-toi à voir quelque chose qui décoiffe.

  • Speaker #1

    Ce qui place votre zone d'atterrissage à 5,0667 degrés de latitude nord et 77,3333 de longitude ouest.

  • Speaker #0

    Rien de tout ça n'est réel. Qu'est-ce que le réel ? La seule variable constante est l'inattendue. On ne peut pas la contrôler. Je crois que vous êtes encore pire que ces créatures. Elles, elles n'essaient pas de se massacrer entre elles pour tirer le plus gros paquet de fric. Voyons si une capacité de poussée de 10% permet le décollage. Et 3,

  • Speaker #1

    2, 1...

  • Speaker #0

    Chères auditrices, chers auditeurs, bienvenue dans cette nouvelle saison, la neuvième déjà, de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Alors, pour ce premier épisode de cette nouvelle saison, je suis au Van der valk Hotel à Mons, un peu devenu mon QG, tu l'auras compris depuis l'épisode 100, où on fait un peu un podcast sur le podcast, que je te conseille d'ailleurs... d'écouter et avant d'accueillir mon invité du jour, je vais te parler rapidement du contenu de cette neuvième saison pour t'inciter à l'écouter jusqu'au bout. Alors on va parler de transition écologique avec la chaire umons AIMS qui est un tout nouveau projet qui vient de naître il y a quelques mois. Il y aura même plusieurs podcasts selon tout vraisemblant sur cette chaire liée à la transition. Je vais aussi accueillir Francesco. pour aborder la machine denticitaire, un objet complètement dingue, que l'on a l'occasion de voir dans le dernier Indiana Jones. J'ai envie de parler de légende arthurienne, donc là je suis en train d'investiguer pour avoir des personnes qui vont venir discuter avec moi autour de ce sujet. Avec Fleur, qui est une habituée des podcasts du MUMONS, on parlera des Dark Romances, tout un programme. J'aurai aussi l'occasion de discuter du problème à trois corps, donc à la fois les livres de science-fiction chinois et la série. Je parlerai aussi des Dents de la Mer avec Guillaume et Alexia qui sont aussi des habitués. Et on fètera ensemble un anniversaire particulier en 2025. Il y a vraiment une date particulière pour les Dents de la Mer. Et enfin, pour ce premier épisode de la saison 9, on va parler de dinosaures, un sujet aussi incontournable. Ça reste toujours à la mode ce sujet. D'ailleurs, bientôt, il devrait y avoir un nouveau Jurassic Park. Et pour cela, j'accueille aujourd'hui Pascal Godefroy. Bonjour Pascal. Bonjour Maxime. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Très bien, merci.

  • Speaker #0

    Avant de rentrer dans le vif du sujet, dans quelle œuvre on va utiliser pour ce podcast, est-ce que tu peux nous dire qui est Pascal Godefroy ?

  • Speaker #1

    Je suis paléontologue à l'Institut Royal des Sciences Naturelles depuis plus de 30 ans. Je suis acclassé parmi les dinosaures également.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, on va parler de dinosaures, on l'a dit, et plus particulièrement des iguanodons. Et pour cela, je m'appuie sur le livre que tu as rédigé. qui s'appelle « Les iguanodons de Bernissard, des fossiles et des hommes » . Et on va le voir ensemble aujourd'hui, c'est réellement une histoire de fossiles qui va changer beaucoup de choses dans la compréhension de la paléontologie, mais aussi une histoire d'hommes derrière, de découvertes et de relations humaines. Moi, c'est un sujet qui m'a complètement passionné. Alors, le livre que tu as rédigé, c'est un livre de plus de 300 pages sur ce sujet complètement incroyable. Moi, ce que j'ai adoré dans le bouquin, c'est qu'il y a de superbes photos et de superbes illustrations qui viennent... permettre aux lecteurs de vraiment comprendre de quoi on parle. Et ces iguanodons, maintenant, ils sont au musée de Bruxelles. On les voit vraiment remis en position bipède. On en parlera durant le podcast. Et on le verra aussi, ce livre parle d'histoires complètement dingues, parce qu'une découverte dans notre région va complètement changer la perception que l'on a des dinosaures à l'époque de la découverte. Et c'est assez incroyable que pour en parler. Alors, avant de s'attaquer au contenu, Moi, j'aurais une première question pour toi, Pascal. C'est pourquoi ce livre en 2024 ? On pourrait se dire en 2024, c'est vrai, les dinosaures ont encore le vent en poupe. On en parle quand même assez souvent. Mais pourquoi reparler de cette découverte qui date quand même ? On remettra tout ça dans le contexte historique. En 2024 ?

  • Speaker #1

    Depuis une dizaine d'années, nous avons relancé, notamment en collaboration avec l'Université de De Mons, la faculté polytechnique, en particulier des recherches... autour des iguanodons de Bernissard. On a réexploité des documents de fouille pour vraiment reconstituer le contexte géologique au cours du Crétacé inférieur, là où ont vécu les iguanodons de Bernissard, mais aussi le contexte de la découverte en 1878. Donc on a accumulé depuis une dizaine d'années un tas de nouvelles informations, je ne suis pas objectif, mais qui je pense valaient la peine d'être partagées. auprès du grand public. Et voilà, j'ai eu cette opportunité, en discutant avec le secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique, de pouvoir publier ce bouquin. C'est vrai, c'est un bel objet, avec des belles photos. C'est un projet qui a pu naître grâce à l'impulsion de l'Académie royale de Belgique.

  • Speaker #0

    Tu nous parles du Crétacé inférieur, dans une aisselle de temps, c'est combien de millions d'années en arrière par rapport à nous ?

  • Speaker #1

    Précisément, les iguanodons de Béarnissart ont vécu il y a 125 millions d'années. Les premiers dinosaures sont apparus il y a environ 230 millions d'années, donc ils ont disparu il y a 65 millions d'années, là on est plus ou moins au milieu de l'histoire des dinosaures.

  • Speaker #0

    Ok, et tu nous dis que tu n'es pas objectif par rapport à ce sujet des iguanodons ? que tu trouves ça très intéressant, etc. Pourquoi justement tu y as une relation particulière avec ces iguanodons ?

  • Speaker #1

    Je les côtoie quotidiennement depuis 30 ans, comme je travaille au musée d'histoire naturelle à Bruxelles. Ce sont les superstars de notre musée. Et je me rappelle, comme de très nombreux Belges, j'ai eu un choc dès que j'étais gosse en visitant le musée d'histoire naturelle et en se retrouvant vraiment confronté avec ces bestioles qui sont absolument... Fabuleuse, cette rencontre était vraiment un choc.

  • Speaker #0

    Alors moi je suis allé au musée d'histoire naturelle avec ma fille il y a sept ans cet été et en effet c'est hyper impressionnant de les voir dans cette position, on se rend compte de la taille qu'ils ont, enfin c'est comme tu le dis, c'est vraiment incroyable. Majestueux est vraiment le terme. Justement avant de parler plus en détail de ces iguanodons, moi je voudrais aborder avec toi l'histoire de la découverte. Comment on découvre ces fossiles dans notre région ? Généralement, quand on est gamin, on a l'impression que les fossiles de dinosaures, c'est aux Etats-Unis, c'est en Chine, mais ce n'est pas chez nous. Alors que pourtant, chez nous, on en a découvert et pas qu'un. En fait, ils sont très nombreux à avoir été découverts dans cette zone de Bernissard.

  • Speaker #1

    Ce qui est fabuleux avec l'histoire de la découverte des iguanodons de Bernissard, c'est que c'est un coup de bol monstrueux. En fait, rien ne prédestinait les mineurs de Bernissard à tomber nez à nez avec des fossiles de dinosaures. Ils exploitaient à 322 mètres sous le plancher des vaches des veines de charbon carbonifères, datant de 300 millions d'années. C'est vraiment en suivant ces veines de charbon qu'ils sont tombés face à un accident en géologie. C'est ce que les mineurs appelaient des crans. Des crans, c'est vraiment des puits d'effondrement. C'est quelque chose que les mineurs connaissaient bien à l'époque. Ils ont donc décidé de traverser ce cran. Et en traversant ce cran, ils sont tombés face à des objets. Ils ne savaient pas très bien ce que c'était. C'était fibreux, c'était noir. C'était brillant, donc ils ont extrait ces premiers objets en se disant « Tiens, c'est peut-être des troncs d'arbres remplis d'or, on ne sait pas » . Et très rapidement, les porions, les ingénieurs et les directeurs du charbonnage de Bernissard ont pris contact avec les géologues, avec les paléontologues. Je dirais qu'en un mois, on est passé de la découverte d'objets mystérieux à l'élaboration d'une fouille extrêmement bien organisée. C'est aussi ça qui est important. La découverte des iguanodons de Bernissard, c'est vraiment, comme l'indique le titre, de... De ce bouquin, c'est vraiment une affaire de relation humaine, parce que cette découverte, en fait, a pu aboutir grâce à la collaboration entre paléontologues, entre mineurs et entre ingénieurs des mines. Il a vraiment fallu ces trois corps de métier pour pouvoir extraire des squelettes qui pesaient plusieurs tonnes, pouvoir les extraire et les ramener à la surface.

  • Speaker #0

    Alors, derrière toute découverte importante, parce que cette découverte va être très, très importante, on sent qu'il y a aussi des petites... de tension dans l'histoire, où des gens vont vouloir s'attribuer, en fait, la paternité, parce que c'est des hommes, désolé, de la découverte, et on va vraiment avoir deux personnes importantes qui vont, entre guillemets, s'affronter avec des mots, à priori, je ne pense pas qu'ils se sont tapés dessus à un moment,

  • Speaker #1

    ils auraient bien voulu,

  • Speaker #0

    pour s'attribuer la paternité de la découverte.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Alors, ce qui est aussi fabuleux, c'est que, directement, le monde scientifique a évalué l'importance, en tout cas, de cette découverte, ce qui a créé des animosités entre entre plusieurs personnes qui vraiment voulaient s'attribuer la paternité. On a d'un côté Van Beneden. Van Beneden, c'était vraiment le paléontologue, le zoologiste phare en Belgique. C'est quelqu'un qui travaillait, qui était déjà âgé à l'époque et qui a étudié un tas de sujets. À l'époque, il était en train d'étudier les faunes de baleines et de cétacés fossiles découverts dans la région d'Anvers. Donc, depuis une vingtaine d'années, il a publié des monographies absolument invraisemblables, super intéressantes. Je me suis dit... sur ces animaux-là, et semble-t-il à l'époque, il s'ennuyait un peu. Très rapidement, il a eu entre les mains quelques ossements de ces iguanodons, et il a immédiatement évalué l'importance scientifique de cette découverte. Et de l'autre côté, on a le musée royal d'histoire naturelle à Bruxelles, qui a reçu également quelques éléments de cette découverte, quelques semaines après cette découverte, et dont le directeur, Édouard Dupont, a très rapidement réalisé qu'on était là devant une... découverte invraisemblable. Donc, les deux personnes, Van Benet et Denis Dupont, ont vraiment essayé de mettre la main sur le trésor de Bernissat. et de pouvoir s'attribuer la découverte. Et dans cette course, c'est Édouard Dupont, c'est le musée d'histoire naturelle qui l'a emporté. Il faut savoir qu'une semaine après la découverte des Premières Haussmann, le directeur du musée d'histoire naturelle de Bruxelles a déjà dépêché sur place son préparateur vedette, Louis Depeau. Depeau est descendu avec les mineurs à 322 mètres sous terre et lors de cette descente, ils sont tombés sur une patte complète d'un iguanodon qu'ils ont très rapidement extrait. qu'ils ont mis sur une civière de fortune fabriquée avec des morceaux d'herbe, et même avec le manteau de deux pots, et qu'ils ont ramené en surface. Et en ramenant les ossements en surface, les ossements ont commencé à craqueler et à tomber en poussière. Donc vraiment, panique à bord. Tout le monde a paniqué, sauf deux pots, qui savaient déjà à l'époque exactement ce qui se passait, et qui a rassuré le directeur du charbonnage de Béretzé en disant, écoutez, moi je sais ce qui se passe, les eaux sont imbibées de pyrite, et c'est la pyrite qui se désagrège. Je sais comment faire. Si vous confiez la fouille à l'État belge, au fusil royal d'histoire naturelle, moi, je vous garantis qu'on va faire une découverte extraordinaire et que tout va se stabiliser.

  • Speaker #0

    Et c'était un peu un coup de poker, parce que c'est ce que tu expliques dans ton bouquin. C'est qu'au final, à ce moment-là, il ne sait pas nécessairement très bien comment gérer cette situation. Mais il se dit qu'il va trouver une solution. Alors, je reviens justement, tu l'as dit à une autre reprise, c'est-à-dire que les mineurs pensaient que c'était rempli d'or. Lui, il identifie la pyrite. Donc la pyrite, en fait, c'est un minéral qui est cubique et qui est de couleur dorée. Ce qui explique que les mineurs pensaient que c'était des morceaux remplis d'or. Mais par contre, quand on la met à l'air, elle réagit et elle finit par produire des éléments corrosifs, en fait.

  • Speaker #1

    En fait, l'accumulation de pyrite dans les ossements résulte vraiment des conditions de fossilisation en milieu réducteur de ces ossements. Donc on a les carcasses. les iguanodons bernissaires qui vont se déposer au fond d'un marécage, qui immédiatement vont être recouverts de vases, de boules. La décomposition des cadavres va pouvoir se faire en milieu d'un aérobie.

  • Speaker #0

    Sans air, ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Sans air, et c'est vraiment ces conditions de fossilisation qui vont permettre la préservation exceptionnelle de ces cadavres, mais également l'accumulation de pyrite au sein des ossements en cours de fossilisation.

  • Speaker #0

    Comme tu l'as dit, Depeau joue un peu un coup de poker en disant « Ne vous inquiétez pas, moi je vais trouver une solution pour ça, je sais comment faire. » Alors qu'en fait, il ne sait pas nécessairement très bien à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Tu l'as vu apparemment que déjà il y a eu une petite idée.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais ce que je veux mettre en avant, c'est qu'au-delà de la découverte purement scientifique, c'est aussi un contexte qui va voir apparaître toute une série de techniques d'excavation, de préservation des fossiles. qui sont ultra modernes pour l'époque. Ce sont des choses qui n'ont pas été souvent faites ou presque jamais faites.

  • Speaker #1

    C'est vraiment la première découverte de squelettes complets et articulés de dinosaures. Ce qui est aussi marrant, c'est que pratiquement la même semaine, des découvertes extraordinaires vont être faites dans le Wyoming, aux États-Unis. Donc vraiment, la naissance, la recherche sur les dinosaures date vraiment d'avril 1878, où on va découvrir le gisement de Bernissa et on va découvrir de l'autre côté de l'Atlantique. le gisement de Comobleuve dans le Wyoming, qui va également livrer des squelettes complètes. Donc vraiment, la naissance de la recherche moderne sur les dinosaures, on peut vraiment la dater précisément de cette semaine-là. Nos pauvres mineurs, ils sont à 322 mètres sous terre et on va devoir extraire des squelettes qui pèsent plusieurs tonnes, qui sont imbibées de pyrite et donc qui explosent dès qu'ils sont en contact avec l'air. Donc Depeau et ses équipes vont vraiment mettre au point une technique. qui marchent remarquablement bien. Ils vont utiliser la méthode du bras cassé. Ils vont subdiviser l'esquelette en plusieurs blocs. Ces blocs, une fois délimités, vont être recouverts de plâtre et ramenés en surface sous forme de blocs de plâtre. Ce qui est extraordinaire, c'est qu'à l'heure actuelle, on utilise toujours exactement les mêmes techniques, surtout si on travaille dans des endroits un peu exotiques où on n'a pas beaucoup de matériel. Du plâtre, de la toile de jute et du papier, on peut trouver ça n'importe où. Voilà, lorsqu'on fait des fouilles à l'heure actuelle, dans des gisements à dinosaures, on utilise encore exactement les mêmes techniques qui ont été mises au point en 1878 par Louis de Pau.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous expliquer, au final, comment se fossilise un os ? Parce qu'un os fossilisé, ce n'est pas un os qui a été enfoui et qui reste un os. Il se passe quelque chose. Tu peux nous en parler brièvement ?

  • Speaker #1

    Alors, très brièvement. Donc, il faut savoir que l'os est constitué d'une partie minérale et d'une partie organique. Lorsque le cadavre va se décomposer, la partie organique va également disparaître. La partie organique, c'est le collagène et d'autres structures cellulaires qui vont produire ce collagène. Avec cette décomposition de la matière organique dans les os, ça va laisser des vies qui vont être... rempli par des éléments provenant de l'environnement de fossilisation. On va voir des échanges entre l'os et son milieu d'enfouissement. La partie minérale de l'ossement va être conservée, et la partie organique va être remplacée par des molécules, par des ions provenant de l'environnement. Un fossile, c'est un os dont la composition chimique a été partiellement remplacée. Mais ce qui est souvent extraordinaire, et c'est le cas dans le prélude de Bernard de Bernissard, c'est que si la composition chimique des os a un peu changé, la microstructure des ossements peut être conservée. Donc on peut faire des observations de type histologique sur les os.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as fait avec l'histologie ?

  • Speaker #1

    Donc c'est vraiment la microstructure de l'os. Par exemple, on peut dater l'âge d'un dinosaure lorsqu'il est mort. Est-ce que c'était un jeune ou est-ce que c'était un adulte ? On conserve dans les ossements fossiles ce qu'on pourrait dire rapidement comme étant les cernes de croissance de l'ossement. Donc en fait, on peut dire beaucoup de choses à partir d'un os fossile sur la biologie de ces animaux.

  • Speaker #0

    Ce qui va être dingue sur ce site, c'est qu'en fait, on va retrouver des dinosaures entiers, donc complètement en place. On va pouvoir réassembler ensuite. Et ce qui est encore plus dingue, je trouve, en tout cas, moi, ça m'a vraiment marqué dans ce que tu expliquais dans ton livre, c'est qu'en fait, il va y avoir des registres. Un cas très précis, tellement précis qu'en fait, on peut remettre les iguanodons dans la position dans laquelle on les a trouvés. Donc, il va y avoir vraiment des mesures, des mesures relatives, des os les uns par rapport aux autres, qui vont permettre, et c'est le cas au Musée d'Histoire Naturelle de Bruxelles, dans une des salles, on remet vraiment les ossements dans la position dans laquelle les mineurs les ont vus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qui est génial. C'est là où le fait de travailler avec des ingénieurs de mine... a été super intéressant parce que ça fait partie de leur ADN, de leur boulot. Donc ils sont capables vraiment d'enregistrer la position relative de chaque bloc. Ils vont le faire. Donc c'est vraiment, et là aussi c'est la première fois où c'est fait. C'est vraiment cette fouille à Bernissère en 1878. Il faut bien garder ça en tête. C'était quelque chose d'absolument remarquable. Et c'est si remarquable qu'il y a quelques années, en collaboration avec Jean-Marc Ball de la...

  • Speaker #0

    On le retrouvera dans un podcast, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    On s'est dit, on va essayer de recréer la fouille de Bernissère il y a plus de 140 ans. Donc, on a tous les éléments pour remettre vraiment chaque bloc de sement dans sa position initiale. On pourrait dire qu'on a fait de l'archéopaléontologie. Et ce sont des informations extrêmement importantes, parce qu'on va pouvoir, grâce à ces réinterprétations de plans, avoir des informations absolument primordiales sur les conditions de dépôt de ces squelettes d'iguanodon. Et ça a notamment une importance pour essayer d'expliquer, je pense qu'on y reviendra plus tard, pourquoi ces animaux, pourquoi ces squelettes se sont accumulées dans un endroit bien précis à Berlissat.

  • Speaker #0

    Alors toujours dans cette histoire un petit peu de tension et de querelle, ce qui est intéressant aussi, c'est qu'il y a un document qui a disparu. Et ce document, a priori... Et ben... On se dit qu'il pourrait régler la querelle. Est-ce que tu peux nous en parler brièvement ?

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Toute l'histoire de la découverte des iguanodons de Bernissard, comment on peut la reconstituer à l'heure actuelle, est basée sur un document qui est en fait le rapport du registre des rapports journaliers, des chefs de service de charbonnage, les porions, les ingénieurs, donc chaque jour noter les événements importants qui se passaient au charbonnage. Et ça, ce sont des documents qui sont normalement conservés encore à l'heure actuelle. aux archives de l'État. Pour Bernissat, on a retrouvé tous ses registres, sauf un, et celui qui manque, c'est le premier semestre 1878, quand on a fait la découverte des iguanodons de Bernissat. Heureusement, au Musée d'Histoire Naturelle, nous avons conservé une copie des pages de ce registre concernant la découverte de Bernissat, donc c'est à partir de ce document qu'on va pouvoir reconstituer l'histoire. Le problème, c'est que je pense que cette copie conservée à Bruxelles a été... partiellement remaniée, réécrite en faveur du directeur du charbonnage auquel on donne vraiment le beau rôle. Donc, ce serait vraiment super intéressant de pouvoir retrouver le document original. Je suspecte qu'il doit être conservé quelque part chez un collectionneur. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. Donc, ce n'est pas que le document a disparu, c'est qu'il a certainement été pris par quelqu'un, puis revendu, qu'il a voyagé, etc.

  • Speaker #1

    Il doit exister quelque part, mais il faut vraiment le retrouver. C'est bon, voilà, c'est le moment peut-être de lancer un appel à l'aide. Exactement,

  • Speaker #0

    c'est ce que je voulais dire. Bouteille à la mer, si quelqu'un vous entend. Et que là, chez lui, où il connaît quelqu'un, il y a cette page, enfin, ou ces pages.

  • Speaker #1

    C'était pour lui, mais c'était un registre.

  • Speaker #0

    Juste se signaler, dire à Pascal, j'ai les infos, mais voilà, je ne m'identifie pas, mais je peux partager les infos que j'ai. ça peut être sympa.

  • Speaker #1

    Parce que très clairement, la copie qu'on a a été remaniée. C'est vraiment clair. Moi, je compare toujours ça à la guerre des Gaules pour le directeur du musée de Bernissard, qui veut être connu comme étant l'unique découvreur des iguanodons de Bernissard.

  • Speaker #0

    Mais globalement, en fait, quand les iguanodons vont repartir vers le musée de Bruxelles, donc le musée d'histoire naturelle, les gens de Bernissard ne vont pas le vivre nécessairement très bien parce que pour eux, c'est un trésor local qui leur appartient.

  • Speaker #1

    Oui et non, parce qu'à l'époque, on a quand même quelques articles de journaux indiquant qu'il y avait vraiment un très bon contact entre les techniciens du musée d'histoire naturelle et les gens de Bernissard. Cette histoire de conflit entre les Bruxellois et les Borins, c'est quelque chose qui était un petit peu mis en exergue, je dirais, plutôt tout au début du XXe siècle.

  • Speaker #0

    Et puis, ce qu'on garde toujours dans l'histoire, c'est les gens qui ont une grande gueule, permettez-moi l'expression, et donc il y a peut-être quelques personnes à Bernissard qui étaient contre. Et c'est leur témoignage qu'on garde en mémoire. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Donc, il y a un contexte politique tout à fait clair. Ce qui est marrant, c'est qu'il y a eu cette querelle. Qui a découvert les iguanodons de Bernissard ? Entre le grand scientifique, le directeur qui essaie de s'attribuer la découverte. Et si vous posez la question aux gens de Bernissard à l'heure actuelle, c'est qui a découvert les iguanodons ? Dans 99% des réponses, vous allez avoir Jules Créteur. Jules Créteur, qui était un des deux mineurs qui a vraiment... découvert les premiers ossements. Là, c'est tout à fait clair. Si vous allez à Bernissat, vous avez une place Jules Créteur, vous avez une cité Jules Créteur. Alors là, la question, c'est pourquoi Jules Créteur et pourquoi pas l'autre, Alphonse Blanchard, qui était l'autre mineur ?

  • Speaker #0

    Plus la question de l'identification, c'est-à-dire il y a une personne qui, à un moment, a dit ça, c'est des eaux d'Iguana. Oui, oui, ça. C'est non discutable.

  • Speaker #1

    Alors, ce qui est assez marrant, c'est que j'ai appris assez récemment qu'en fait, Jules Créteur a eu 8 gosses. Un de ses fils est devenu mailleur bourgmestre de Pomerol, je pense. Donc probablement, le fils de Jules Créteur a mis également sur un pied des salles son papa, au dépend de l'autre mineur qui a découvert les poupons de dons.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça aussi que ça s'appelle ton livre porte une histoire d'hommes, de fossiles et d'hommes. Il y a toutes ces relations humaines qui sont là. Alors, on l'a dit sans s'attarder là-dessus précédemment. En fait, c'est une découverte qui va quand même complètement changer la... paléontologie à l'époque. Est-ce que tu peux nous expliquer comment on imaginait les dinosaures avant la découverte de Bernissard ?

  • Speaker #1

    Les premiers dinosaures, et en particulier les iguanodons, ont tout d'abord été découverts en Angleterre dans les années 1820. L'iguanodon a été découvert en 1825, mais il faut bien s'imaginer que c'était des dents et des ossements isolés. Donc voilà, le nom iguanodon veut d'ailleurs dire dents d'iguanes parce que... Mantel, qui est le premier à avoir découvert ces fossiles, se demandait à qui ils pouvaient bien appartenir. Et ce qu'il a remarqué, c'est que les dents de ces fossiles ressemblaient très fort à les dents des iguanes actuelles. Donc pour Mantel, dans les années 1820, l'iguanodon, c'était une sorte d'immense iguane. Donc on voit très bien ses propres représentations. Donc il imaginait ça comme des sortes d'énormes lézards arboricoles. Donc ça, c'est les premières interprétations.

  • Speaker #0

    Arboricoles qui vivent dans les arbres, c'est bien ça ? Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. La seconde interprétation a été faite par Richard Owen, qui est aussi un Anglais, qui était curator du Natural History Museum à Londres, et qui a également travaillé sur les fossiles découverts en Angleterre, qui étaient toujours des fossiles fragmentaires. C'est d'ailleurs lui qui a nommé pour le premier le nom dinosaure. Et pour lui, les dinosaures, et en particulier les iguanodons, devait ressembler à une sorte d'hybride entre les lézards et les grands mammifères à l'heure actuelle. On a notamment des représentations de l'iguanodon datant de 1853 et exposées au Crystal Palace, qui est un parc dans la banlieue de Londres. On voit très bien que... On imaginait les iguanodons comme des sortes de gros rhinocéros avec une corne sur le nez et une longue queue et une peau écailleuse. Et voilà pour en 1878. on tombe sur des squelettes comblées et articulées de ces animaux qui vont vraiment permettre de se faire une idée bien précise de ce à quoi ils pouvaient réellement ressembler. Et donc, d'où la reconstitution, je dirais, en kangourou, telle qu'imaginée par Louis de Peau à l'époque. Le problème, c'est qu'ils avaient ces squelettes, mais même s'ils étaient articulés, il leur manquait le plan de montage. Et donc, comment va-t-on représenter ces animaux en position de vie ? C'est toujours un peu mystérieux. par analogie avec les animaux actuels. Ils se sont dit que ça ressemble quand même vachement à un kangourou, un walabi. Et on le voit sur les premières reconstitutions, il y a un modèle, on a un squelette de kangourou comme modèle, et ils vont se baser sur ce kangourou pour remonter les premiers îles Wainaudon.

  • Speaker #0

    Alors que fondamentalement, aucun lien avec le kangourou.

  • Speaker #1

    Aucun, mais bon, c'est vrai. Avec une longue queue très puissante, des pattes arrières très robustes et des petites pattes avant, quelque part, ça ressemble vaguement à un kangourou. L'idée n'était pas vraiment idiote à l'époque. On sait à l'heure actuelle que ce n'est pas le cas, mais bon, voilà.

  • Speaker #0

    Moi, ce que je trouve fou, parce qu'on a tendance à l'oublier, c'est qu'à cette époque, Bernissard va devenir un des centres de référence pour la paléontologie. C'est-à-dire que le site de Bernissard va être pratiquement cité dans toutes les publications qui vont faire évoluer la conception que l'on a des dinosaures.

  • Speaker #1

    Oui, donc attention, c'est le centre pour les dinosaures. La paléontologie ne se limite pas aux dinosaures. En tout cas, pendant plus d'un siècle, oui, vraiment, c'était la découverte, une des découvertes majeures, en tout cas, en paléontologie. Puis, dans les années 1990, on voit que ça a été un peu supplanté par les découvertes faites en Chine, notamment sur les sites à dinosaures à plumes.

  • Speaker #0

    Et on en parlera plus tard dans le podcast. Alors, comme tu le dis, il n'y a pas que des dinosaures qui ont été découverts à Bernissard. Il y a réellement tout un écosystème du Crétacé inférieur qui, en fait, est découvert. et qui nous permet de comprendre le contexte du Crétacé inférieur aussi.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est aussi un des grands mérites de cette découverte et des fouilles qui ont été menées à Bernissard, c'est que les chercheurs ne se sont pas focalisés sur les squelettes de dinosaures, qui étaient vraiment des découvertes spectaculaires, mais ils ont également ramassé tous les fossiles de plus petite taille qui traînaient entre ces squelettes. Bon, il faut bien s'imaginer, la journée d'un fouilleur à Bernissard, c'est 5h30 du matin, on descend, à 322 mètres sous le sol, et de 5h30 à 12h30, on va vraiment fouiller dans les galeries. Bon, les fouilles dans les galeries, ça va principalement consister à extraire les squelettes des iguanodons. Donc il faut vraiment bien s'imaginer, on est en 1878, pour s'éclairer sur place, ce n'était pas évident. Pendant la matinée, ils vont extraire les iguanodons, et l'après-midi, donc ils remontent vers 12h30, ils mangent un bout. Et après, ils vont passer toute l'après-midi sur le terril, là où on a ramené en surface les sédiments du fond de la mille. Ils vont vraiment examiner à la lumière du soleil les argiles extraites et ils vont en extraire les petits fossiles. Donc dans les petits fossiles, on a des tortues, on a une salamandre, on a des crocodiles, on a énormément de poissons, on a plus de 3000 poissons qui ont été extraits et une quantité invraisemblable de plantes. Tous ces petits fossiles vont être... découvert l'après-midi en surface. Mais bon, tout est répertorié, donc ils ont tout ramassé. Et donc, on a vraiment une idée très précise de ce à quoi pouvait ressembler l'écosystème de Bernissard il y a 125 millions d'années. Et là, c'est également vraiment une première.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant aussi dans le bouquin, tu montres ces représentations un peu fantaisistes des dinosaures. Tu parles entre autres du Crystal Palace. On va remonter des squelettes, mais un peu comme on peut, parce qu'on ne comprend pas nécessairement... ce que sont ces êtres. Bernissard va complètement tout changer. Au final, à l'heure actuelle, est-ce que les représentations qu'on s'est imaginées lors de la découverte de Bernissard sont encore valides ? Non, ces reconstitutions sont en très grande partie invalides. À l'heure actuelle, on pense que les gros iguanodons de Bernissard étaient peut-être plutôt des animaux quadrupèdes. Avec leur longue queue, elles ne traînaient pas par terre comme on se les imaginait à l'époque. Mais bon, ça servait à ces animaux de balancier. Il faut bien s'imaginer que le centre de gravité du corps d'un iguanodon se situait au niveau du sacrum, donc au niveau de la hanche. Donc c'était des animaux qui gardaient leur... leur colonne vertébrale à l'horizontale. Et cette colonne vertébrale était vraiment extrêmement rigide du bout de la queue jusqu'au niveau du cou. Donc vraiment, pour pouvoir équilibrer l'avant du corps, ils avaient besoin d'une queue très lourde et extrêmement développée. Donc c'était plutôt des animaux quadrupèdes, des animaux qui gardaient leur colonne vertébrale horizontale et qui posaient en grande partie leurs pattes avant au sol. La main des iguanodons est garnie de petits sabots. Donc un sabot, ça sert à... à poser la patte au sol. Mais on pense également que lorsque les iguanodons couraient, ils se redressaient un peu et ils étaient à ce moment-là partiellement bipèdes. Donc vraiment, ils shiftaient d'une position franchement quadripède vers une position plus bipède. Et ça, on en a des preuves plus ou moins directes en analysant des pistes de traces de pas fossilisées, découvertes notamment en Angleterre, où on voit très bien qu'on voit à un certain moment des... des traces de pas quadrupèdes et à un autre moment des traces de pas bipèdes.

  • Speaker #1

    Justement, là, tu nous parles au final de c'est quoi un iguanodon, donc plutôt position quadrupète. Un autre élément assez saisissant chez l'iguanodon, c'est cette fameuse main avec un pouce qui a une espèce d'excroissance. Est-ce que tu peux nous parler de cette main, que nous on appelle main justement avec un peu cette projection anthropomorphique en fait ?

  • Speaker #0

    Oui, la main des iguanodons, c'était vraiment ce que j'appelle dans le bouquin le recouteau suisse. Le pouce était transformé en un éperon osseux très robuste. À l'origine, avant la découverte de Bernissat, le pouce des iguanodons avait été remis au sommet de leur crâne. Pour eux, c'était une sorte de corne ressemblant à une corne de rhinocéros. Avec Bernissat, on a remis le pouce à sa place, sur la main. Cet éperon osseux était probablement un élément défensif important pour les iguanodons pour se défendre contre les prédateurs qui devaient pulluler à l'époque. que dans l'écosystème. Donc ça, c'est pour le pouce. Les trois doigts centraux sont plus ou moins accolés les uns aux autres. Et comme je l'ai dit, ils sont munis de petits sabots. Donc c'était des éléments servant probablement lors de la locomotion quadrupède des animaux. Et le petit doigt, donc le cinquième doigt, le petit doigt est hypertrophié. Et c'est un élément probablement extrêmement mobile et qui devait un peu remplir le même rôle que le pouce. Chez l'homme actuel, ça devait probablement leur servir à saisir les branchages des végétaux. Donc, ils avaient une main plus ou moins préhensile comme nous, mais le rôle du pouce était joué par le petit doigt.

  • Speaker #1

    Au niveau de leur mâchoire aussi, ils avaient des caractéristiques particulières. C'était des espèces de super masticateurs, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, voilà. C'est quelque chose qui a joué un rôle très important au niveau du succès évolutif. des iguanodons et de leurs successeurs, ce qu'on appelle les dinosaures à bec de canard ou les adroseurs. Donc c'est vraiment des machines à broyer des végétaux. Donc les dents sont continuellement remplacées, ce sont des sortes de tapis roulants, donc c'est vraiment des batteries dentaires. Les dents suffisaient très rapidement au contact des végétaux durs. Mais bon, pas d'importance, une fois que la dent a été utilisée, elle était directement remplacée par une dent de la généreuse. Donc voilà, c'était pratique.

  • Speaker #1

    Un peu comme les requins, mais en version herbivore.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc voilà, l'Iguanodon, en tout cas, ne devait pas passer chez le dentiste. Une fois que la dent était foutue, elle était immédiatement remplacée. Et c'est vraiment ce qui a, probablement, ce qui a constitué le succès évolutif de ces animaux-là. Alors,

  • Speaker #1

    ce qui est fou aussi, en tout cas, moi, je trouvais ça complètement dingue, c'est qu'on arrive à étudier, en quelque sorte, leur cerveau aussi, à comprendre quel était l'espace de leur boîte crânienne et comment il était un peu constitué.

  • Speaker #0

    Oui, ça fait partie des nouvelles études qui ont été effectuées sur les escaliers d'iguanodon. On a repassé une série de crânes au CT scan, au scanner médical, et on a pu reconstituer à quoi ressemblait la boîte crânienne de ces iguanodons de Bernissard. Ce qui est assez marrant, c'est qu'il y a deux types d'iguanodons à Bernissard. On a l'iguanodon Bernissard tensis, qui est l'animal le plus courant à Bernissard, qui est un animal de grande taille et dont le cerveau est... relativement, je dirais, primitif, basal pour un dinosaure. Et on a l'autre espèce, une espèce plus gracile, plus légère, dont on a découvert seulement deux, peut-être trois spécimens à Bernissa. et qui lui possède un cerveau plus évolué, qui fait plus penser aux hadrosaures qui vont succéder aux iguanodons. Donc voilà, on a deux lignées caractérisées par des cerveaux de morphologie sensiblement différents. Et probablement, on ne sait pas très bien comment fonctionnait ce cerveau. On voit des lobes olfactives très développés, donc c'était des animaux qui sentaient plus qu'ils ne voyaient. Le fait que le cerveau de l'espèce gracile ressemble plutôt au cerveau des hadrosaures me fait penser que ces iguanodons graciles avaient peut-être une vie sociale un peu plus développée. Mais bon, ça c'est juste des hypothèses. On est un peu dans le domaine de la science-fiction.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. On pose des hypothèses et a priori, ce ne sera pas facile de vérifier ces hypothèses. Tout à fait. Ce qui est aussi intéressant, c'est qu'il y a toute une enquête sur leurs morts. Comment ces iguanodons ? Il n'y en a pas deux qui sont morts, soyons claquaires. On parle d'un troupeau d'iguanodons qui est mort à cet endroit-là. Dans le livre, et à d'autres moments, j'ai entendu aussi cette expression, on parle d'une colquaisse de plusieurs millions d'années. C'est comment ces dinosaures, en fait, sont morts. Et donc, on finit par se retrouver dans ce que tu as appelé un cran que les mineurs ont traversé.

  • Speaker #0

    Dès 1878, les géologues se sont posé la question, comment se fait-il qu'on retrouve une telle concentration de dinosaures ? à cet endroit limité. Le cran des iguanodons à Bernissère, c'est peut-être maximum 80 mètres, 100 mètres de large. Et finalement, ces squelettes de dinosaures, on ne va pas les retrouver ailleurs. En dehors du site de Bernissère, je pense qu'on connaît deux ossements de dinosaures dans tout le bassin de Mons. Alors, c'est quelque chose qui a fasciné les géologues dès la découverte. Par exemple, Édouard Dupont, à l'époque, s'imaginait qu'à Bernissère, il y avait une immense falaise. que les troupeaux d'iguanodons étaient poursuivis par des prédateurs et qu'ils se sont cassés la figure le long de la falaise, un peu comme les lemmings à l'heure actuelle. Bon, ça, on sait que ce n'est pas vrai, mais il y a eu des tas d'hypothèses. On a parlé d'une sorte de cimetière des éléphants pour les iguanodons. On a également imaginé que, en fait, c'était des animaux morts à différents endroits, mais dont les cadavres se sont réacculés au point le plus profond de la région, donc correspondant. au fond du lac de Bernissère, un petit peu un système de lavabo. Si on lève des poils de barbe ou des cheveux au bord du lavabo, si on fait couler le robinet, il y a tout qui va se trouver dans le goulot. Bon, c'est quelque chose qui a fasciné, et ce sont des études qui ont été reprises il y a quelques années, notamment grâce au travail effectué par Jean-Marc Ball. Donc, on a réanalysé tous les documents de fouilles qui ont été dessinés à l'époque, en 1878, et on a pu... En fait, les... Les squelettes d'Iguanodon bernissard ne se sont pas retrouvées de façon aléatoire. Et en fait, ce qui était extrait à l'heure actuelle correspond à quatre épisodes de morts catastrophiques. À certains moments, on a un ensemble d'animaux qui sont morts en même temps et qui ont formé vraiment ce qu'on appelle des bone beds, donc des zones d'accumulation. Donc, on a des événements récurrents catastrophiques qui ont provoqué la mort en masse. de groupes d'iguanodons. À l'heure actuelle, on pense que les iguanodons de Bernissard ont vécu au moment où le cran, le puits d'effondrement de Bernissard, s'est formé. Un cran, c'est vraiment un puits d'effondrement. Si on fait un sondage à 1 ou 2 km sous le plancher des vaches, on va se retrouver dans des zones formées par des anidrises, par des sortes de sels. Ces sels vont se mélanger avec des eaux très chaudes. Le mélange sel et eau chaude va provoquer la dissolution de ces couches de sel. Cette dissolution va aboutir à la création de sortes d'immenses grottes, d'immenses cavernes, d'immenses poches de vie. De temps en temps, le plafond de ces grottes va s'effondrer par le poids des sédiments qui sont autour. On va vraiment avoir un puits d'effondrement. Et donc ces effondrements vont assez rapidement se retrouver en surface, provoquant ce qu'on appelle une doline. Les dolines, ce sont des structures qui existent encore à l'heure actuelle, de temps en temps. Il y a quelques maisons ou des champs qui se retrouvent effondrés par un événement tout à fait catastrophique. Et probablement ces dolines sont apparues en surface il y a 125 millions d'années lorsque les iguanodons vivaient à Bernissard. Ces deux lignes vont très rapidement se remplir d'eau. Ça va se transformer en... en lac, en marécage. Naturellement, ça va attirer les animaux qui vivaient tout autour. Donc, ils vont aller s'abreuver dans ces nouveaux lacs. Mais comme ces structures sont encore très peu stabilisées, vous imaginez, si vous avez un groupe d'iguanodons qui vient boire sur le bord du lac, ça va provoquer des effondrements locaux de la berge entraînant les animaux au fond du lac. On peut s'imaginer que les animaux les plus agiles, les plus...

  • Speaker #1

    Dégourdis, on va dire.

  • Speaker #0

    Les plus dégourdis, les plus légers surtout, vont pouvoir regagner la berge, mais les lourds iguanodons, adultes probablement, vont se retrouver vraiment, ils vont crever.

  • Speaker #1

    On estime leur masse à combien ?

  • Speaker #0

    Ça fait plusieurs tonnes, 3-4 tonnes certainement. Si la berge s'effondre et se casse la figure, il y a beaucoup de chances qu'une partie du troupeau va se retrouver noyée. Donc peut-être que ce sont les événements catastrophiques qui ont provoqué la mort soudaine de groupes d'iguanodons. Ces effondrements de berges auraient pu se répéter à plusieurs reprises au cours des années de formation de cette deline.

  • Speaker #1

    On l'a dit, au moment de la découverte des iguanodons, ils vont faire complètement évoluer la perception que l'on a des dinosaures. On l'a dit aussi, cette perception a continué à évoluer suite aux découvertes. À l'heure actuelle, qu'est-ce qu'on sait au final des dinosaures ? Comment la perception que l'on a, quand je dis perception, c'est plutôt la projection que l'on fait. a évolué ces dernières années ?

  • Speaker #0

    Ces dernières années, on a surtout réalisé qu'en fait, ce qui est important, c'est que les dinosaures n'ont pas disparu, qui sont encore bien présents parmi nous, ce sont les oiseaux. C'est quelque chose de tout à fait établi, c'est que les oiseaux sont des dinosaures. L'idée a eu un peu de mal à percoler, non seulement auprès du grand public, mais surtout au niveau des paléontologues, et donc ça a vraiment induit toute une nouvelle perception de ce qu'étaient des dinosaures. Donc ce sont des animaux... qui ressemblait plus aux oiseaux qu'aux lézards ou aux crocodiles.

  • Speaker #1

    C'est ce qui a empêché cette idée de percoler auprès des paléontologues. Au grand public, on peut se dire qu'il y a l'image Jurassic Park, je caricature, mais paléontologues, a priori, c'est les spécialistes du sujet. Qu'est-ce qui les freinait dans cette représentation ?

  • Speaker #0

    Je pense que les scientifiques ont quand même un esprit assez conservateur, pour la plupart. Même s'il y a des évidences, c'est parfois difficile de se débarrasser des anciennes conceptions. En fait, l'idée qu'oiseaux et dinosaures sont étroitement apparentés, ce n'est pas nouveau. En 1869, Thomas Huxley, qui est un paléontologue, c'était d'ailleurs un pote de Charles Darwin, a montré que les dinosaures et les oiseaux coureurs, comme les autruches, étaient très étroitement apparentés. Mais voilà, c'est une idée qui a disparu pendant plus d'un siècle. Il a vraiment fallu la découverte de ces dinosaures à plumes en Chine pour se dire, il avait quand même raison, les dinosaures, c'est des gros oiseaux.

  • Speaker #1

    Et donc, on découvre ces dinosaures à plumes en Chine, ce qui change complètement le paradigme, au final, de la représentation qu'on se fait du dinosaure, le lézard géant.

  • Speaker #0

    Oui, là maintenant, si on voit les représentations des paléoarthistes, là on voit tout le monde mettre des plumes autour des dinosaures. Là maintenant, c'est quelque chose de bien établi, en tout cas pour les dinosaures, ce qu'on appelle les théropodes, donc les dinosaures carnivores, donc c'était des animaux. La plupart, probablement, étaient recouverts de plumes. Le vélociraptor de Jurassic Park. On sait dire qu'on a des preuves directes, comme quoi c'était un animal complètement recouvert de plumes. Alors la question, c'est pour le T-Rex. Est-ce que le T-Rex ressemblait à un gros poussin ou au T-Rex de Jurassic Park ? Ce qui est amusant, c'est qu'on a découvert en Chine, au début des années 2000, un tyrannosaure primitif de plus petite taille. Bon, il faisait quand même 8 mètres, donc c'était déjà une belle bestiole, dont le corps était recouvert de duvet. Est-ce que le vrai T-rex de la fin du Cretacea était recouvert de plumes ? On ne sait pas trop. Vu sa taille, avait-il besoin de plumes ? Probablement pas. Est-ce que les jeunes avaient des plumes et que ces plumes disparaissaient au cours de la croissance ? Peut-être. Là, malheureusement, on a pas eu de T-rex. Ce sont des animaux qui ont été découverts uniquement en Amérique du Nord. Donc, pour le moment, on n'a que des os lents. On a quelques fragments de peau, mais on n'a pas vraiment de preuves directes quant à leur aspect extérieur. Alors, nos iguanodons, à quoi ressemblaient à l'extérieur ? Je vous le dirai dans peut-être deux ou trois mois, parce que là, on a des nouvelles découvertes par Bernissard Dodo qui risquent de changer radicalement notre idée de ce à quoi pouvait ressembler un jeune iguanodon. Alors,

  • Speaker #1

    tu anticipes ma prochaine question, c'est magnifique. Justement, la question que j'allais poser, c'est est-ce que Bernissard permet encore des découvertes à l'heure actuelle ? C'est-à-dire, est-ce que les ossements... les fossiles que l'on a découverts à ce moment-là, dans les années 1800, fin 1800, à Bernissard, permettent encore, à l'heure actuelle, de mener des recherches et de découvrir des choses.

  • Speaker #0

    Oui. Là, pour le moment, je dirais, il y a quelques années, on a entrepris une campagne de... de digitalisation des squelettes des iguanodons bernissards. Là maintenant, tous les squelettes sont digitalisés, donc on est en train de travailler au montage de ces images digitales. On travaille un peu sur des thématiques comme la locomotion. Et notamment, on a réexaminé les squelettes des petits iguanodons, ce qu'on appelait le Mantellis osiopius satyrphile d'Henzi. Et à nouveau, ces nouvelles images, ne fût-ce qu'au niveau de l'identification de ce dinosaure-là, probablement on va arriver avec quelque chose de nouveau. Je disais également que les premiers squelettes d'iguanodon étaient découverts en Angleterre. Là, on a un ancien médecin qui a pris sa retraite, et comme il s'ennuyait un peu, il a repris l'analyse des anciens squelettes découverts à l'île de White. Il est en train de découvrir des trucs absolument fabuleux, et notamment sur l'identification de ces animaux. Il est en train de montrer que la diversité des iguanodons au cours du Crétacé inférieur en Europe était beaucoup plus importante que ce qu'on croyait. Jusqu'à présent. Donc, en fait, il y a des tas d'iguanodons qui vivaient en Europe, mais qui sont des espèces ou des gens complètement différents. C'était des animaux qui, probablement, migraient peu, qui formaient des faunes relativement endémiques. Et donc, voilà, on a des tas de nouveaux noms d'iguanodons qui commencent à apparaître.

  • Speaker #1

    Et ça nous conduit à une question quand même essentielle, j'ai l'impression, sur cette fouille de Bernissard. C'est que, est-ce qu'à l'heure actuelle, ce serait intéressant de refaire des fouilles à Bernissard ?

  • Speaker #0

    Le problème de Bernissère, c'est que c'est profond. Ça fait quand même 322 mètres. On sait que le sous-sol de Bernissère est encore truffé de squelettes d'iguanodon. En 2002, il y a eu des campagnes de forage qui ont été entreprises dans et autour du cran d'iguanodon. Et un de ces sondages, il faut bien imaginer qu'un sondage, ça fait 8 centimètres de diamètre.

  • Speaker #1

    C'est tout petit.

  • Speaker #0

    À l'époque, lorsqu'on a vendu le projet, on s'est dit... Le but n'était pas de retrouver des nouveaux restes, mais c'est plutôt d'avoir des nouvelles... sur la formation du cran et sur l'âge des iguanodon bernissaires. Pour vendre le projet, on a dit qu'on allait peut-être retrouver des nouveaux squelettes. Pour moi, à l'époque, c'était du vent.

  • Speaker #1

    Hyper hypothétique, en fait.

  • Speaker #0

    La probabilité de retrouver un squelette si vous faites un trou de 8 cm, c'est proche de zéro. Non seulement on est tombé sur un ossement, mais en fait, on est tombé sur quatre niveaux d'ossements en faisant ce sondage de 8 cm. Et ces niveaux correspondent plus ou moins aux niveaux qui ont été découverts à l'époque des fouilles de bernissaires. Donc ça veut dire que c'est encore blindé de...

  • Speaker #1

    Vous avez beaucoup de chance. Oui,

  • Speaker #0

    oui. Bon, voilà. Il y a des iguanodons ou d'autres bestioles, on n'en sait rien. Les techniques de fouilles, il n'y a aucun problème pour les faire. Ce qui manque, c'est l'argent, c'est le fric. Dans les années 1990, il y a eu des études de marketing qui ont été effectuées pour savoir...

  • Speaker #1

    Un parc, etc.

  • Speaker #0

    Oui, et combien ça coûterait pour refaire des fouilles à Bernissard et qu'est-ce que ça pourrait rapporter à la région. Dans les années 1990... Donc les estimations, c'est qu'il fallait réinjecter environ 100 millions d'euros avant de pouvoir donner le premier coup de pelle à Benzac.

  • Speaker #1

    Ah ouais,

  • Speaker #0

    d'accord. Donc 100 millions d'euros, c'est pas mal d'argent. Donc le problème, c'est vraiment de trouver l'argent. Et je pense que là, c'est insoluble. Bon et maintenant, 100 millions d'euros, si c'est pour tomber encore sur des squelettes d'Iguanodon, est-ce que c'est rentable ? Si c'est tombé sur des nouveaux trucs, peut-être. Mais voilà, il y a vraiment un problème, un nœud financier qu'il faudrait résoudre. Si vous connaissez une riche héritière, investir 100 ou 200 millions pour ne pas les retrouver.

  • Speaker #1

    Parce qu'elle aime bien l'épinosaure et qu'elle a cette fameuse feuille perdue, on ne sait jamais. Dérégistre.

  • Speaker #0

    Donc voilà, le problème est là. Le problème est là. Purement financier.

  • Speaker #1

    On arrive tout doucement à la fin de cet épisode. Merci beaucoup. Quand toi, tu as rédigé ce bouquin, tu as redécouvert des choses ? Ou est-ce qu'il y a des choses qui te tiennent à cœur dont on n'a pas parlé ?

  • Speaker #0

    Ce qui m'amusait à l'époque, c'est d'aller vraiment retomber sur les documents. On a des centaines de documents d'époque qui n'avaient vraiment pas été totalement analysés. C'était marrant, il y a des tas d'anecdotes qui peuvent être retracées.

  • Speaker #1

    Et qui sont racontées dans le bouquin, c'est un cas super.

  • Speaker #0

    En partie en tout cas, parce qu'il y a vraiment plein de documents. C'est vraiment marrant de remettre les mains dans le camp.

  • Speaker #1

    On arrive tout doucement à la fin de cet épisode et j'ai oublié de le dire pendant la préparation, donc c'est une petite surprise et je te laisserai quelques minutes pour réfléchir.

  • Speaker #0

    Tu as trouvé 100 millions.

  • Speaker #1

    Non ! On finit toujours le podcast par une citation qui évoque un peu ce dont on a parlé durant notre échange. Donc, est-ce que tu as une citation à nous partager ?

  • Speaker #0

    Bon, alors je pense que je vais reprendre un découplet de « La complainte des Iguanodons » de Bernie Sark, qui est une chanson. qui a été écrite et composée en 1912 par Maurice Victor Guido. Un découplé dit, bon, je ne vais pas le chanter, il vaut mieux pour tout le monde.

  • Speaker #1

    On va juste le lire.

  • Speaker #0

    Bon, pitié pour un iguanodon qu'on exhibe dans une connexion. Où ce qui vient un tas d'abrutis qui contemplent ses abattis, les uns disent c'est un kangourou, les commères disent c'est le loup-garou, un piou-piou, qui est très éduqué, dit à sa bonne, c'est fabriqué.

  • Speaker #1

    Excellent. Super, merci pour ce moment qui au final nous indique toutes les représentations que les gens avaient de l'Iguanodon à cette époque. Pascal, merci beaucoup d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir invité.

  • Speaker #1

    Et j'espère, chers auditeurs, chères auditrices, que ça t'a vraiment donné envie d'aller plus loin sur cette histoire des iguanodons de Bernissard, d'acheter le livre de Pascal, de découvrir cette aventure complètement incroyable. Et surtout, chers auditeurs, chères auditrices, je te donne rendez-vous dans deux semaines pour le prochain épisode de la saison 9 de Science, Art et Curiosité, le podcast du Mumons. À très très bientôt. Tu viens d'écouter un épisode du podcast du Mumons. Et franchement, j'espère qu'il t'a plu. D'ailleurs, si en passant, tu veux me faire un retour ou si tu as des idées d'amélioration, surtout n'hésite pas à nous contacter. Tu peux aussi devenir notre ambassadeur et faire découvrir ce podcast tout autour de toi. Si tu as des idées de sujets ou si tu souhaites enregistrer un épisode, surtout n'hésite pas à nous contacter. Rendez-vous sur le site internet mumons.be ou sur la page Facebook du Mumons.

  • Speaker #0

    Merci à tous.

Chapters

  • Introduction à la saison 9 et présentation des thèmes

    00:37

  • Les iguanodons de Bernissard : contexte de la découverte

    02:06

  • Pascal Godefroy : parcours et expertise en paléontologie

    02:43

  • L'importance des fossiles dans la compréhension des dinosaures

    03:08

  • Découverte des fossiles : histoire et enjeux scientifiques

    06:16

  • Les représentations des iguanodons à travers l'histoire

    20:34

  • Évolution de la perception des dinosaures et conclusion

    39:12

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Description


« Qui aurait cru qu'une simple découverte dans une mine pourrait révolutionner notre compréhension des dinosaures ? » Dans cet épisode captivant de MUMONS, Maxime te plonge dans l'univers fascinant des iguanodons de Bernissard aux côtés de Pascal Godefroy, paléontologue à l'Institut Royal des Sciences Naturelles. Ensemble, ils explorent cette découverte paléontologique majeure datant de 1878, révélant comment des mineurs en Belgique ont mis au jour des fossiles qui ont changé la donne dans le monde de la paléontologie.


Pascal partage avec passion les détails de cette aventure scientifique, tirés de son livre « Les iguanodons de Bernissard, des fossiles et des hommes ». Tu découvriras non seulement les aspects scientifiques, mais aussi les relations humaines qui ont permis cette découverte incroyable. Comment les mineurs ont-ils collaboré avec les scientifiques ? Quelles sont les implications de cette coopération sur notre société contemporaine ? 📖


Au fil de la discussion, tu seras émerveillés par l'évolution des représentations des iguanodons et comment la paléontologie a su s'adapter et évoluer grâce à ces découvertes. En intégrant des éléments de sciences humaines et de sciences sociales, cet épisode ne se contente pas de transmettre des faits, il invite à une exploration culturelle qui fait écho à notre époque. 🌍✨


Et ce n'est pas tout ! Maxime et Pascal ne manquent pas de soulever des enjeux cruciaux tels que les défis financiers liés aux futures fouilles à Bernissard. Comment assurer la préservation de ces trésors naturels tout en soutenant la recherche ? En mettant l'accent sur la transmission culturelle et la collaboration ! Cet épisode de MUMONS vous incitera à réfléchir sur le rôle de chacun dans la protection de notre patrimoine scientifique.


Ne manque pas cette occasion d'enrichir tes connaissances ! Que tu sois passionné de science et d'art ou encore de curiosités scientifiques ou bien à la recherche d'une discussion stimulante, cet épisode est fait pour toi ! Rejoins la communauté MUMONS et plonge dans cette aventure incroyable digne du scénario du premier jurassik park🦖 (il faut dire qu'après, ça ne va pas en s'améliorant...) . 🎧💡



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Lorsque ce petit bolide atteindra 88 miles à l'heure, attends-toi à voir quelque chose qui décoiffe.

  • Speaker #1

    Ce qui place votre zone d'atterrissage à 5,0667 degrés de latitude nord et 77,3333 de longitude ouest.

  • Speaker #0

    Rien de tout ça n'est réel. Qu'est-ce que le réel ? La seule variable constante est l'inattendue. On ne peut pas la contrôler. Je crois que vous êtes encore pire que ces créatures. Elles, elles n'essaient pas de se massacrer entre elles pour tirer le plus gros paquet de fric. Voyons si une capacité de poussée de 10% permet le décollage. Et 3,

  • Speaker #1

    2, 1...

  • Speaker #0

    Chères auditrices, chers auditeurs, bienvenue dans cette nouvelle saison, la neuvième déjà, de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Alors, pour ce premier épisode de cette nouvelle saison, je suis au Van der valk Hotel à Mons, un peu devenu mon QG, tu l'auras compris depuis l'épisode 100, où on fait un peu un podcast sur le podcast, que je te conseille d'ailleurs... d'écouter et avant d'accueillir mon invité du jour, je vais te parler rapidement du contenu de cette neuvième saison pour t'inciter à l'écouter jusqu'au bout. Alors on va parler de transition écologique avec la chaire umons AIMS qui est un tout nouveau projet qui vient de naître il y a quelques mois. Il y aura même plusieurs podcasts selon tout vraisemblant sur cette chaire liée à la transition. Je vais aussi accueillir Francesco. pour aborder la machine denticitaire, un objet complètement dingue, que l'on a l'occasion de voir dans le dernier Indiana Jones. J'ai envie de parler de légende arthurienne, donc là je suis en train d'investiguer pour avoir des personnes qui vont venir discuter avec moi autour de ce sujet. Avec Fleur, qui est une habituée des podcasts du MUMONS, on parlera des Dark Romances, tout un programme. J'aurai aussi l'occasion de discuter du problème à trois corps, donc à la fois les livres de science-fiction chinois et la série. Je parlerai aussi des Dents de la Mer avec Guillaume et Alexia qui sont aussi des habitués. Et on fètera ensemble un anniversaire particulier en 2025. Il y a vraiment une date particulière pour les Dents de la Mer. Et enfin, pour ce premier épisode de la saison 9, on va parler de dinosaures, un sujet aussi incontournable. Ça reste toujours à la mode ce sujet. D'ailleurs, bientôt, il devrait y avoir un nouveau Jurassic Park. Et pour cela, j'accueille aujourd'hui Pascal Godefroy. Bonjour Pascal. Bonjour Maxime. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Très bien, merci.

  • Speaker #0

    Avant de rentrer dans le vif du sujet, dans quelle œuvre on va utiliser pour ce podcast, est-ce que tu peux nous dire qui est Pascal Godefroy ?

  • Speaker #1

    Je suis paléontologue à l'Institut Royal des Sciences Naturelles depuis plus de 30 ans. Je suis acclassé parmi les dinosaures également.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, on va parler de dinosaures, on l'a dit, et plus particulièrement des iguanodons. Et pour cela, je m'appuie sur le livre que tu as rédigé. qui s'appelle « Les iguanodons de Bernissard, des fossiles et des hommes » . Et on va le voir ensemble aujourd'hui, c'est réellement une histoire de fossiles qui va changer beaucoup de choses dans la compréhension de la paléontologie, mais aussi une histoire d'hommes derrière, de découvertes et de relations humaines. Moi, c'est un sujet qui m'a complètement passionné. Alors, le livre que tu as rédigé, c'est un livre de plus de 300 pages sur ce sujet complètement incroyable. Moi, ce que j'ai adoré dans le bouquin, c'est qu'il y a de superbes photos et de superbes illustrations qui viennent... permettre aux lecteurs de vraiment comprendre de quoi on parle. Et ces iguanodons, maintenant, ils sont au musée de Bruxelles. On les voit vraiment remis en position bipède. On en parlera durant le podcast. Et on le verra aussi, ce livre parle d'histoires complètement dingues, parce qu'une découverte dans notre région va complètement changer la perception que l'on a des dinosaures à l'époque de la découverte. Et c'est assez incroyable que pour en parler. Alors, avant de s'attaquer au contenu, Moi, j'aurais une première question pour toi, Pascal. C'est pourquoi ce livre en 2024 ? On pourrait se dire en 2024, c'est vrai, les dinosaures ont encore le vent en poupe. On en parle quand même assez souvent. Mais pourquoi reparler de cette découverte qui date quand même ? On remettra tout ça dans le contexte historique. En 2024 ?

  • Speaker #1

    Depuis une dizaine d'années, nous avons relancé, notamment en collaboration avec l'Université de De Mons, la faculté polytechnique, en particulier des recherches... autour des iguanodons de Bernissard. On a réexploité des documents de fouille pour vraiment reconstituer le contexte géologique au cours du Crétacé inférieur, là où ont vécu les iguanodons de Bernissard, mais aussi le contexte de la découverte en 1878. Donc on a accumulé depuis une dizaine d'années un tas de nouvelles informations, je ne suis pas objectif, mais qui je pense valaient la peine d'être partagées. auprès du grand public. Et voilà, j'ai eu cette opportunité, en discutant avec le secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique, de pouvoir publier ce bouquin. C'est vrai, c'est un bel objet, avec des belles photos. C'est un projet qui a pu naître grâce à l'impulsion de l'Académie royale de Belgique.

  • Speaker #0

    Tu nous parles du Crétacé inférieur, dans une aisselle de temps, c'est combien de millions d'années en arrière par rapport à nous ?

  • Speaker #1

    Précisément, les iguanodons de Béarnissart ont vécu il y a 125 millions d'années. Les premiers dinosaures sont apparus il y a environ 230 millions d'années, donc ils ont disparu il y a 65 millions d'années, là on est plus ou moins au milieu de l'histoire des dinosaures.

  • Speaker #0

    Ok, et tu nous dis que tu n'es pas objectif par rapport à ce sujet des iguanodons ? que tu trouves ça très intéressant, etc. Pourquoi justement tu y as une relation particulière avec ces iguanodons ?

  • Speaker #1

    Je les côtoie quotidiennement depuis 30 ans, comme je travaille au musée d'histoire naturelle à Bruxelles. Ce sont les superstars de notre musée. Et je me rappelle, comme de très nombreux Belges, j'ai eu un choc dès que j'étais gosse en visitant le musée d'histoire naturelle et en se retrouvant vraiment confronté avec ces bestioles qui sont absolument... Fabuleuse, cette rencontre était vraiment un choc.

  • Speaker #0

    Alors moi je suis allé au musée d'histoire naturelle avec ma fille il y a sept ans cet été et en effet c'est hyper impressionnant de les voir dans cette position, on se rend compte de la taille qu'ils ont, enfin c'est comme tu le dis, c'est vraiment incroyable. Majestueux est vraiment le terme. Justement avant de parler plus en détail de ces iguanodons, moi je voudrais aborder avec toi l'histoire de la découverte. Comment on découvre ces fossiles dans notre région ? Généralement, quand on est gamin, on a l'impression que les fossiles de dinosaures, c'est aux Etats-Unis, c'est en Chine, mais ce n'est pas chez nous. Alors que pourtant, chez nous, on en a découvert et pas qu'un. En fait, ils sont très nombreux à avoir été découverts dans cette zone de Bernissard.

  • Speaker #1

    Ce qui est fabuleux avec l'histoire de la découverte des iguanodons de Bernissard, c'est que c'est un coup de bol monstrueux. En fait, rien ne prédestinait les mineurs de Bernissard à tomber nez à nez avec des fossiles de dinosaures. Ils exploitaient à 322 mètres sous le plancher des vaches des veines de charbon carbonifères, datant de 300 millions d'années. C'est vraiment en suivant ces veines de charbon qu'ils sont tombés face à un accident en géologie. C'est ce que les mineurs appelaient des crans. Des crans, c'est vraiment des puits d'effondrement. C'est quelque chose que les mineurs connaissaient bien à l'époque. Ils ont donc décidé de traverser ce cran. Et en traversant ce cran, ils sont tombés face à des objets. Ils ne savaient pas très bien ce que c'était. C'était fibreux, c'était noir. C'était brillant, donc ils ont extrait ces premiers objets en se disant « Tiens, c'est peut-être des troncs d'arbres remplis d'or, on ne sait pas » . Et très rapidement, les porions, les ingénieurs et les directeurs du charbonnage de Bernissard ont pris contact avec les géologues, avec les paléontologues. Je dirais qu'en un mois, on est passé de la découverte d'objets mystérieux à l'élaboration d'une fouille extrêmement bien organisée. C'est aussi ça qui est important. La découverte des iguanodons de Bernissard, c'est vraiment, comme l'indique le titre, de... De ce bouquin, c'est vraiment une affaire de relation humaine, parce que cette découverte, en fait, a pu aboutir grâce à la collaboration entre paléontologues, entre mineurs et entre ingénieurs des mines. Il a vraiment fallu ces trois corps de métier pour pouvoir extraire des squelettes qui pesaient plusieurs tonnes, pouvoir les extraire et les ramener à la surface.

  • Speaker #0

    Alors, derrière toute découverte importante, parce que cette découverte va être très, très importante, on sent qu'il y a aussi des petites... de tension dans l'histoire, où des gens vont vouloir s'attribuer, en fait, la paternité, parce que c'est des hommes, désolé, de la découverte, et on va vraiment avoir deux personnes importantes qui vont, entre guillemets, s'affronter avec des mots, à priori, je ne pense pas qu'ils se sont tapés dessus à un moment,

  • Speaker #1

    ils auraient bien voulu,

  • Speaker #0

    pour s'attribuer la paternité de la découverte.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Alors, ce qui est aussi fabuleux, c'est que, directement, le monde scientifique a évalué l'importance, en tout cas, de cette découverte, ce qui a créé des animosités entre entre plusieurs personnes qui vraiment voulaient s'attribuer la paternité. On a d'un côté Van Beneden. Van Beneden, c'était vraiment le paléontologue, le zoologiste phare en Belgique. C'est quelqu'un qui travaillait, qui était déjà âgé à l'époque et qui a étudié un tas de sujets. À l'époque, il était en train d'étudier les faunes de baleines et de cétacés fossiles découverts dans la région d'Anvers. Donc, depuis une vingtaine d'années, il a publié des monographies absolument invraisemblables, super intéressantes. Je me suis dit... sur ces animaux-là, et semble-t-il à l'époque, il s'ennuyait un peu. Très rapidement, il a eu entre les mains quelques ossements de ces iguanodons, et il a immédiatement évalué l'importance scientifique de cette découverte. Et de l'autre côté, on a le musée royal d'histoire naturelle à Bruxelles, qui a reçu également quelques éléments de cette découverte, quelques semaines après cette découverte, et dont le directeur, Édouard Dupont, a très rapidement réalisé qu'on était là devant une... découverte invraisemblable. Donc, les deux personnes, Van Benet et Denis Dupont, ont vraiment essayé de mettre la main sur le trésor de Bernissat. et de pouvoir s'attribuer la découverte. Et dans cette course, c'est Édouard Dupont, c'est le musée d'histoire naturelle qui l'a emporté. Il faut savoir qu'une semaine après la découverte des Premières Haussmann, le directeur du musée d'histoire naturelle de Bruxelles a déjà dépêché sur place son préparateur vedette, Louis Depeau. Depeau est descendu avec les mineurs à 322 mètres sous terre et lors de cette descente, ils sont tombés sur une patte complète d'un iguanodon qu'ils ont très rapidement extrait. qu'ils ont mis sur une civière de fortune fabriquée avec des morceaux d'herbe, et même avec le manteau de deux pots, et qu'ils ont ramené en surface. Et en ramenant les ossements en surface, les ossements ont commencé à craqueler et à tomber en poussière. Donc vraiment, panique à bord. Tout le monde a paniqué, sauf deux pots, qui savaient déjà à l'époque exactement ce qui se passait, et qui a rassuré le directeur du charbonnage de Béretzé en disant, écoutez, moi je sais ce qui se passe, les eaux sont imbibées de pyrite, et c'est la pyrite qui se désagrège. Je sais comment faire. Si vous confiez la fouille à l'État belge, au fusil royal d'histoire naturelle, moi, je vous garantis qu'on va faire une découverte extraordinaire et que tout va se stabiliser.

  • Speaker #0

    Et c'était un peu un coup de poker, parce que c'est ce que tu expliques dans ton bouquin. C'est qu'au final, à ce moment-là, il ne sait pas nécessairement très bien comment gérer cette situation. Mais il se dit qu'il va trouver une solution. Alors, je reviens justement, tu l'as dit à une autre reprise, c'est-à-dire que les mineurs pensaient que c'était rempli d'or. Lui, il identifie la pyrite. Donc la pyrite, en fait, c'est un minéral qui est cubique et qui est de couleur dorée. Ce qui explique que les mineurs pensaient que c'était des morceaux remplis d'or. Mais par contre, quand on la met à l'air, elle réagit et elle finit par produire des éléments corrosifs, en fait.

  • Speaker #1

    En fait, l'accumulation de pyrite dans les ossements résulte vraiment des conditions de fossilisation en milieu réducteur de ces ossements. Donc on a les carcasses. les iguanodons bernissaires qui vont se déposer au fond d'un marécage, qui immédiatement vont être recouverts de vases, de boules. La décomposition des cadavres va pouvoir se faire en milieu d'un aérobie.

  • Speaker #0

    Sans air, ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Sans air, et c'est vraiment ces conditions de fossilisation qui vont permettre la préservation exceptionnelle de ces cadavres, mais également l'accumulation de pyrite au sein des ossements en cours de fossilisation.

  • Speaker #0

    Comme tu l'as dit, Depeau joue un peu un coup de poker en disant « Ne vous inquiétez pas, moi je vais trouver une solution pour ça, je sais comment faire. » Alors qu'en fait, il ne sait pas nécessairement très bien à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Tu l'as vu apparemment que déjà il y a eu une petite idée.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais ce que je veux mettre en avant, c'est qu'au-delà de la découverte purement scientifique, c'est aussi un contexte qui va voir apparaître toute une série de techniques d'excavation, de préservation des fossiles. qui sont ultra modernes pour l'époque. Ce sont des choses qui n'ont pas été souvent faites ou presque jamais faites.

  • Speaker #1

    C'est vraiment la première découverte de squelettes complets et articulés de dinosaures. Ce qui est aussi marrant, c'est que pratiquement la même semaine, des découvertes extraordinaires vont être faites dans le Wyoming, aux États-Unis. Donc vraiment, la naissance, la recherche sur les dinosaures date vraiment d'avril 1878, où on va découvrir le gisement de Bernissa et on va découvrir de l'autre côté de l'Atlantique. le gisement de Comobleuve dans le Wyoming, qui va également livrer des squelettes complètes. Donc vraiment, la naissance de la recherche moderne sur les dinosaures, on peut vraiment la dater précisément de cette semaine-là. Nos pauvres mineurs, ils sont à 322 mètres sous terre et on va devoir extraire des squelettes qui pèsent plusieurs tonnes, qui sont imbibées de pyrite et donc qui explosent dès qu'ils sont en contact avec l'air. Donc Depeau et ses équipes vont vraiment mettre au point une technique. qui marchent remarquablement bien. Ils vont utiliser la méthode du bras cassé. Ils vont subdiviser l'esquelette en plusieurs blocs. Ces blocs, une fois délimités, vont être recouverts de plâtre et ramenés en surface sous forme de blocs de plâtre. Ce qui est extraordinaire, c'est qu'à l'heure actuelle, on utilise toujours exactement les mêmes techniques, surtout si on travaille dans des endroits un peu exotiques où on n'a pas beaucoup de matériel. Du plâtre, de la toile de jute et du papier, on peut trouver ça n'importe où. Voilà, lorsqu'on fait des fouilles à l'heure actuelle, dans des gisements à dinosaures, on utilise encore exactement les mêmes techniques qui ont été mises au point en 1878 par Louis de Pau.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous expliquer, au final, comment se fossilise un os ? Parce qu'un os fossilisé, ce n'est pas un os qui a été enfoui et qui reste un os. Il se passe quelque chose. Tu peux nous en parler brièvement ?

  • Speaker #1

    Alors, très brièvement. Donc, il faut savoir que l'os est constitué d'une partie minérale et d'une partie organique. Lorsque le cadavre va se décomposer, la partie organique va également disparaître. La partie organique, c'est le collagène et d'autres structures cellulaires qui vont produire ce collagène. Avec cette décomposition de la matière organique dans les os, ça va laisser des vies qui vont être... rempli par des éléments provenant de l'environnement de fossilisation. On va voir des échanges entre l'os et son milieu d'enfouissement. La partie minérale de l'ossement va être conservée, et la partie organique va être remplacée par des molécules, par des ions provenant de l'environnement. Un fossile, c'est un os dont la composition chimique a été partiellement remplacée. Mais ce qui est souvent extraordinaire, et c'est le cas dans le prélude de Bernard de Bernissard, c'est que si la composition chimique des os a un peu changé, la microstructure des ossements peut être conservée. Donc on peut faire des observations de type histologique sur les os.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as fait avec l'histologie ?

  • Speaker #1

    Donc c'est vraiment la microstructure de l'os. Par exemple, on peut dater l'âge d'un dinosaure lorsqu'il est mort. Est-ce que c'était un jeune ou est-ce que c'était un adulte ? On conserve dans les ossements fossiles ce qu'on pourrait dire rapidement comme étant les cernes de croissance de l'ossement. Donc en fait, on peut dire beaucoup de choses à partir d'un os fossile sur la biologie de ces animaux.

  • Speaker #0

    Ce qui va être dingue sur ce site, c'est qu'en fait, on va retrouver des dinosaures entiers, donc complètement en place. On va pouvoir réassembler ensuite. Et ce qui est encore plus dingue, je trouve, en tout cas, moi, ça m'a vraiment marqué dans ce que tu expliquais dans ton livre, c'est qu'en fait, il va y avoir des registres. Un cas très précis, tellement précis qu'en fait, on peut remettre les iguanodons dans la position dans laquelle on les a trouvés. Donc, il va y avoir vraiment des mesures, des mesures relatives, des os les uns par rapport aux autres, qui vont permettre, et c'est le cas au Musée d'Histoire Naturelle de Bruxelles, dans une des salles, on remet vraiment les ossements dans la position dans laquelle les mineurs les ont vus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qui est génial. C'est là où le fait de travailler avec des ingénieurs de mine... a été super intéressant parce que ça fait partie de leur ADN, de leur boulot. Donc ils sont capables vraiment d'enregistrer la position relative de chaque bloc. Ils vont le faire. Donc c'est vraiment, et là aussi c'est la première fois où c'est fait. C'est vraiment cette fouille à Bernissère en 1878. Il faut bien garder ça en tête. C'était quelque chose d'absolument remarquable. Et c'est si remarquable qu'il y a quelques années, en collaboration avec Jean-Marc Ball de la...

  • Speaker #0

    On le retrouvera dans un podcast, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    On s'est dit, on va essayer de recréer la fouille de Bernissère il y a plus de 140 ans. Donc, on a tous les éléments pour remettre vraiment chaque bloc de sement dans sa position initiale. On pourrait dire qu'on a fait de l'archéopaléontologie. Et ce sont des informations extrêmement importantes, parce qu'on va pouvoir, grâce à ces réinterprétations de plans, avoir des informations absolument primordiales sur les conditions de dépôt de ces squelettes d'iguanodon. Et ça a notamment une importance pour essayer d'expliquer, je pense qu'on y reviendra plus tard, pourquoi ces animaux, pourquoi ces squelettes se sont accumulées dans un endroit bien précis à Berlissat.

  • Speaker #0

    Alors toujours dans cette histoire un petit peu de tension et de querelle, ce qui est intéressant aussi, c'est qu'il y a un document qui a disparu. Et ce document, a priori... Et ben... On se dit qu'il pourrait régler la querelle. Est-ce que tu peux nous en parler brièvement ?

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Toute l'histoire de la découverte des iguanodons de Bernissard, comment on peut la reconstituer à l'heure actuelle, est basée sur un document qui est en fait le rapport du registre des rapports journaliers, des chefs de service de charbonnage, les porions, les ingénieurs, donc chaque jour noter les événements importants qui se passaient au charbonnage. Et ça, ce sont des documents qui sont normalement conservés encore à l'heure actuelle. aux archives de l'État. Pour Bernissat, on a retrouvé tous ses registres, sauf un, et celui qui manque, c'est le premier semestre 1878, quand on a fait la découverte des iguanodons de Bernissat. Heureusement, au Musée d'Histoire Naturelle, nous avons conservé une copie des pages de ce registre concernant la découverte de Bernissat, donc c'est à partir de ce document qu'on va pouvoir reconstituer l'histoire. Le problème, c'est que je pense que cette copie conservée à Bruxelles a été... partiellement remaniée, réécrite en faveur du directeur du charbonnage auquel on donne vraiment le beau rôle. Donc, ce serait vraiment super intéressant de pouvoir retrouver le document original. Je suspecte qu'il doit être conservé quelque part chez un collectionneur. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. Donc, ce n'est pas que le document a disparu, c'est qu'il a certainement été pris par quelqu'un, puis revendu, qu'il a voyagé, etc.

  • Speaker #1

    Il doit exister quelque part, mais il faut vraiment le retrouver. C'est bon, voilà, c'est le moment peut-être de lancer un appel à l'aide. Exactement,

  • Speaker #0

    c'est ce que je voulais dire. Bouteille à la mer, si quelqu'un vous entend. Et que là, chez lui, où il connaît quelqu'un, il y a cette page, enfin, ou ces pages.

  • Speaker #1

    C'était pour lui, mais c'était un registre.

  • Speaker #0

    Juste se signaler, dire à Pascal, j'ai les infos, mais voilà, je ne m'identifie pas, mais je peux partager les infos que j'ai. ça peut être sympa.

  • Speaker #1

    Parce que très clairement, la copie qu'on a a été remaniée. C'est vraiment clair. Moi, je compare toujours ça à la guerre des Gaules pour le directeur du musée de Bernissard, qui veut être connu comme étant l'unique découvreur des iguanodons de Bernissard.

  • Speaker #0

    Mais globalement, en fait, quand les iguanodons vont repartir vers le musée de Bruxelles, donc le musée d'histoire naturelle, les gens de Bernissard ne vont pas le vivre nécessairement très bien parce que pour eux, c'est un trésor local qui leur appartient.

  • Speaker #1

    Oui et non, parce qu'à l'époque, on a quand même quelques articles de journaux indiquant qu'il y avait vraiment un très bon contact entre les techniciens du musée d'histoire naturelle et les gens de Bernissard. Cette histoire de conflit entre les Bruxellois et les Borins, c'est quelque chose qui était un petit peu mis en exergue, je dirais, plutôt tout au début du XXe siècle.

  • Speaker #0

    Et puis, ce qu'on garde toujours dans l'histoire, c'est les gens qui ont une grande gueule, permettez-moi l'expression, et donc il y a peut-être quelques personnes à Bernissard qui étaient contre. Et c'est leur témoignage qu'on garde en mémoire. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Donc, il y a un contexte politique tout à fait clair. Ce qui est marrant, c'est qu'il y a eu cette querelle. Qui a découvert les iguanodons de Bernissard ? Entre le grand scientifique, le directeur qui essaie de s'attribuer la découverte. Et si vous posez la question aux gens de Bernissard à l'heure actuelle, c'est qui a découvert les iguanodons ? Dans 99% des réponses, vous allez avoir Jules Créteur. Jules Créteur, qui était un des deux mineurs qui a vraiment... découvert les premiers ossements. Là, c'est tout à fait clair. Si vous allez à Bernissat, vous avez une place Jules Créteur, vous avez une cité Jules Créteur. Alors là, la question, c'est pourquoi Jules Créteur et pourquoi pas l'autre, Alphonse Blanchard, qui était l'autre mineur ?

  • Speaker #0

    Plus la question de l'identification, c'est-à-dire il y a une personne qui, à un moment, a dit ça, c'est des eaux d'Iguana. Oui, oui, ça. C'est non discutable.

  • Speaker #1

    Alors, ce qui est assez marrant, c'est que j'ai appris assez récemment qu'en fait, Jules Créteur a eu 8 gosses. Un de ses fils est devenu mailleur bourgmestre de Pomerol, je pense. Donc probablement, le fils de Jules Créteur a mis également sur un pied des salles son papa, au dépend de l'autre mineur qui a découvert les poupons de dons.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça aussi que ça s'appelle ton livre porte une histoire d'hommes, de fossiles et d'hommes. Il y a toutes ces relations humaines qui sont là. Alors, on l'a dit sans s'attarder là-dessus précédemment. En fait, c'est une découverte qui va quand même complètement changer la... paléontologie à l'époque. Est-ce que tu peux nous expliquer comment on imaginait les dinosaures avant la découverte de Bernissard ?

  • Speaker #1

    Les premiers dinosaures, et en particulier les iguanodons, ont tout d'abord été découverts en Angleterre dans les années 1820. L'iguanodon a été découvert en 1825, mais il faut bien s'imaginer que c'était des dents et des ossements isolés. Donc voilà, le nom iguanodon veut d'ailleurs dire dents d'iguanes parce que... Mantel, qui est le premier à avoir découvert ces fossiles, se demandait à qui ils pouvaient bien appartenir. Et ce qu'il a remarqué, c'est que les dents de ces fossiles ressemblaient très fort à les dents des iguanes actuelles. Donc pour Mantel, dans les années 1820, l'iguanodon, c'était une sorte d'immense iguane. Donc on voit très bien ses propres représentations. Donc il imaginait ça comme des sortes d'énormes lézards arboricoles. Donc ça, c'est les premières interprétations.

  • Speaker #0

    Arboricoles qui vivent dans les arbres, c'est bien ça ? Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. La seconde interprétation a été faite par Richard Owen, qui est aussi un Anglais, qui était curator du Natural History Museum à Londres, et qui a également travaillé sur les fossiles découverts en Angleterre, qui étaient toujours des fossiles fragmentaires. C'est d'ailleurs lui qui a nommé pour le premier le nom dinosaure. Et pour lui, les dinosaures, et en particulier les iguanodons, devait ressembler à une sorte d'hybride entre les lézards et les grands mammifères à l'heure actuelle. On a notamment des représentations de l'iguanodon datant de 1853 et exposées au Crystal Palace, qui est un parc dans la banlieue de Londres. On voit très bien que... On imaginait les iguanodons comme des sortes de gros rhinocéros avec une corne sur le nez et une longue queue et une peau écailleuse. Et voilà pour en 1878. on tombe sur des squelettes comblées et articulées de ces animaux qui vont vraiment permettre de se faire une idée bien précise de ce à quoi ils pouvaient réellement ressembler. Et donc, d'où la reconstitution, je dirais, en kangourou, telle qu'imaginée par Louis de Peau à l'époque. Le problème, c'est qu'ils avaient ces squelettes, mais même s'ils étaient articulés, il leur manquait le plan de montage. Et donc, comment va-t-on représenter ces animaux en position de vie ? C'est toujours un peu mystérieux. par analogie avec les animaux actuels. Ils se sont dit que ça ressemble quand même vachement à un kangourou, un walabi. Et on le voit sur les premières reconstitutions, il y a un modèle, on a un squelette de kangourou comme modèle, et ils vont se baser sur ce kangourou pour remonter les premiers îles Wainaudon.

  • Speaker #0

    Alors que fondamentalement, aucun lien avec le kangourou.

  • Speaker #1

    Aucun, mais bon, c'est vrai. Avec une longue queue très puissante, des pattes arrières très robustes et des petites pattes avant, quelque part, ça ressemble vaguement à un kangourou. L'idée n'était pas vraiment idiote à l'époque. On sait à l'heure actuelle que ce n'est pas le cas, mais bon, voilà.

  • Speaker #0

    Moi, ce que je trouve fou, parce qu'on a tendance à l'oublier, c'est qu'à cette époque, Bernissard va devenir un des centres de référence pour la paléontologie. C'est-à-dire que le site de Bernissard va être pratiquement cité dans toutes les publications qui vont faire évoluer la conception que l'on a des dinosaures.

  • Speaker #1

    Oui, donc attention, c'est le centre pour les dinosaures. La paléontologie ne se limite pas aux dinosaures. En tout cas, pendant plus d'un siècle, oui, vraiment, c'était la découverte, une des découvertes majeures, en tout cas, en paléontologie. Puis, dans les années 1990, on voit que ça a été un peu supplanté par les découvertes faites en Chine, notamment sur les sites à dinosaures à plumes.

  • Speaker #0

    Et on en parlera plus tard dans le podcast. Alors, comme tu le dis, il n'y a pas que des dinosaures qui ont été découverts à Bernissard. Il y a réellement tout un écosystème du Crétacé inférieur qui, en fait, est découvert. et qui nous permet de comprendre le contexte du Crétacé inférieur aussi.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est aussi un des grands mérites de cette découverte et des fouilles qui ont été menées à Bernissard, c'est que les chercheurs ne se sont pas focalisés sur les squelettes de dinosaures, qui étaient vraiment des découvertes spectaculaires, mais ils ont également ramassé tous les fossiles de plus petite taille qui traînaient entre ces squelettes. Bon, il faut bien s'imaginer, la journée d'un fouilleur à Bernissard, c'est 5h30 du matin, on descend, à 322 mètres sous le sol, et de 5h30 à 12h30, on va vraiment fouiller dans les galeries. Bon, les fouilles dans les galeries, ça va principalement consister à extraire les squelettes des iguanodons. Donc il faut vraiment bien s'imaginer, on est en 1878, pour s'éclairer sur place, ce n'était pas évident. Pendant la matinée, ils vont extraire les iguanodons, et l'après-midi, donc ils remontent vers 12h30, ils mangent un bout. Et après, ils vont passer toute l'après-midi sur le terril, là où on a ramené en surface les sédiments du fond de la mille. Ils vont vraiment examiner à la lumière du soleil les argiles extraites et ils vont en extraire les petits fossiles. Donc dans les petits fossiles, on a des tortues, on a une salamandre, on a des crocodiles, on a énormément de poissons, on a plus de 3000 poissons qui ont été extraits et une quantité invraisemblable de plantes. Tous ces petits fossiles vont être... découvert l'après-midi en surface. Mais bon, tout est répertorié, donc ils ont tout ramassé. Et donc, on a vraiment une idée très précise de ce à quoi pouvait ressembler l'écosystème de Bernissard il y a 125 millions d'années. Et là, c'est également vraiment une première.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant aussi dans le bouquin, tu montres ces représentations un peu fantaisistes des dinosaures. Tu parles entre autres du Crystal Palace. On va remonter des squelettes, mais un peu comme on peut, parce qu'on ne comprend pas nécessairement... ce que sont ces êtres. Bernissard va complètement tout changer. Au final, à l'heure actuelle, est-ce que les représentations qu'on s'est imaginées lors de la découverte de Bernissard sont encore valides ? Non, ces reconstitutions sont en très grande partie invalides. À l'heure actuelle, on pense que les gros iguanodons de Bernissard étaient peut-être plutôt des animaux quadrupèdes. Avec leur longue queue, elles ne traînaient pas par terre comme on se les imaginait à l'époque. Mais bon, ça servait à ces animaux de balancier. Il faut bien s'imaginer que le centre de gravité du corps d'un iguanodon se situait au niveau du sacrum, donc au niveau de la hanche. Donc c'était des animaux qui gardaient leur... leur colonne vertébrale à l'horizontale. Et cette colonne vertébrale était vraiment extrêmement rigide du bout de la queue jusqu'au niveau du cou. Donc vraiment, pour pouvoir équilibrer l'avant du corps, ils avaient besoin d'une queue très lourde et extrêmement développée. Donc c'était plutôt des animaux quadrupèdes, des animaux qui gardaient leur colonne vertébrale horizontale et qui posaient en grande partie leurs pattes avant au sol. La main des iguanodons est garnie de petits sabots. Donc un sabot, ça sert à... à poser la patte au sol. Mais on pense également que lorsque les iguanodons couraient, ils se redressaient un peu et ils étaient à ce moment-là partiellement bipèdes. Donc vraiment, ils shiftaient d'une position franchement quadripède vers une position plus bipède. Et ça, on en a des preuves plus ou moins directes en analysant des pistes de traces de pas fossilisées, découvertes notamment en Angleterre, où on voit très bien qu'on voit à un certain moment des... des traces de pas quadrupèdes et à un autre moment des traces de pas bipèdes.

  • Speaker #1

    Justement, là, tu nous parles au final de c'est quoi un iguanodon, donc plutôt position quadrupète. Un autre élément assez saisissant chez l'iguanodon, c'est cette fameuse main avec un pouce qui a une espèce d'excroissance. Est-ce que tu peux nous parler de cette main, que nous on appelle main justement avec un peu cette projection anthropomorphique en fait ?

  • Speaker #0

    Oui, la main des iguanodons, c'était vraiment ce que j'appelle dans le bouquin le recouteau suisse. Le pouce était transformé en un éperon osseux très robuste. À l'origine, avant la découverte de Bernissat, le pouce des iguanodons avait été remis au sommet de leur crâne. Pour eux, c'était une sorte de corne ressemblant à une corne de rhinocéros. Avec Bernissat, on a remis le pouce à sa place, sur la main. Cet éperon osseux était probablement un élément défensif important pour les iguanodons pour se défendre contre les prédateurs qui devaient pulluler à l'époque. que dans l'écosystème. Donc ça, c'est pour le pouce. Les trois doigts centraux sont plus ou moins accolés les uns aux autres. Et comme je l'ai dit, ils sont munis de petits sabots. Donc c'était des éléments servant probablement lors de la locomotion quadrupède des animaux. Et le petit doigt, donc le cinquième doigt, le petit doigt est hypertrophié. Et c'est un élément probablement extrêmement mobile et qui devait un peu remplir le même rôle que le pouce. Chez l'homme actuel, ça devait probablement leur servir à saisir les branchages des végétaux. Donc, ils avaient une main plus ou moins préhensile comme nous, mais le rôle du pouce était joué par le petit doigt.

  • Speaker #1

    Au niveau de leur mâchoire aussi, ils avaient des caractéristiques particulières. C'était des espèces de super masticateurs, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, voilà. C'est quelque chose qui a joué un rôle très important au niveau du succès évolutif. des iguanodons et de leurs successeurs, ce qu'on appelle les dinosaures à bec de canard ou les adroseurs. Donc c'est vraiment des machines à broyer des végétaux. Donc les dents sont continuellement remplacées, ce sont des sortes de tapis roulants, donc c'est vraiment des batteries dentaires. Les dents suffisaient très rapidement au contact des végétaux durs. Mais bon, pas d'importance, une fois que la dent a été utilisée, elle était directement remplacée par une dent de la généreuse. Donc voilà, c'était pratique.

  • Speaker #1

    Un peu comme les requins, mais en version herbivore.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc voilà, l'Iguanodon, en tout cas, ne devait pas passer chez le dentiste. Une fois que la dent était foutue, elle était immédiatement remplacée. Et c'est vraiment ce qui a, probablement, ce qui a constitué le succès évolutif de ces animaux-là. Alors,

  • Speaker #1

    ce qui est fou aussi, en tout cas, moi, je trouvais ça complètement dingue, c'est qu'on arrive à étudier, en quelque sorte, leur cerveau aussi, à comprendre quel était l'espace de leur boîte crânienne et comment il était un peu constitué.

  • Speaker #0

    Oui, ça fait partie des nouvelles études qui ont été effectuées sur les escaliers d'iguanodon. On a repassé une série de crânes au CT scan, au scanner médical, et on a pu reconstituer à quoi ressemblait la boîte crânienne de ces iguanodons de Bernissard. Ce qui est assez marrant, c'est qu'il y a deux types d'iguanodons à Bernissard. On a l'iguanodon Bernissard tensis, qui est l'animal le plus courant à Bernissard, qui est un animal de grande taille et dont le cerveau est... relativement, je dirais, primitif, basal pour un dinosaure. Et on a l'autre espèce, une espèce plus gracile, plus légère, dont on a découvert seulement deux, peut-être trois spécimens à Bernissa. et qui lui possède un cerveau plus évolué, qui fait plus penser aux hadrosaures qui vont succéder aux iguanodons. Donc voilà, on a deux lignées caractérisées par des cerveaux de morphologie sensiblement différents. Et probablement, on ne sait pas très bien comment fonctionnait ce cerveau. On voit des lobes olfactives très développés, donc c'était des animaux qui sentaient plus qu'ils ne voyaient. Le fait que le cerveau de l'espèce gracile ressemble plutôt au cerveau des hadrosaures me fait penser que ces iguanodons graciles avaient peut-être une vie sociale un peu plus développée. Mais bon, ça c'est juste des hypothèses. On est un peu dans le domaine de la science-fiction.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. On pose des hypothèses et a priori, ce ne sera pas facile de vérifier ces hypothèses. Tout à fait. Ce qui est aussi intéressant, c'est qu'il y a toute une enquête sur leurs morts. Comment ces iguanodons ? Il n'y en a pas deux qui sont morts, soyons claquaires. On parle d'un troupeau d'iguanodons qui est mort à cet endroit-là. Dans le livre, et à d'autres moments, j'ai entendu aussi cette expression, on parle d'une colquaisse de plusieurs millions d'années. C'est comment ces dinosaures, en fait, sont morts. Et donc, on finit par se retrouver dans ce que tu as appelé un cran que les mineurs ont traversé.

  • Speaker #0

    Dès 1878, les géologues se sont posé la question, comment se fait-il qu'on retrouve une telle concentration de dinosaures ? à cet endroit limité. Le cran des iguanodons à Bernissère, c'est peut-être maximum 80 mètres, 100 mètres de large. Et finalement, ces squelettes de dinosaures, on ne va pas les retrouver ailleurs. En dehors du site de Bernissère, je pense qu'on connaît deux ossements de dinosaures dans tout le bassin de Mons. Alors, c'est quelque chose qui a fasciné les géologues dès la découverte. Par exemple, Édouard Dupont, à l'époque, s'imaginait qu'à Bernissère, il y avait une immense falaise. que les troupeaux d'iguanodons étaient poursuivis par des prédateurs et qu'ils se sont cassés la figure le long de la falaise, un peu comme les lemmings à l'heure actuelle. Bon, ça, on sait que ce n'est pas vrai, mais il y a eu des tas d'hypothèses. On a parlé d'une sorte de cimetière des éléphants pour les iguanodons. On a également imaginé que, en fait, c'était des animaux morts à différents endroits, mais dont les cadavres se sont réacculés au point le plus profond de la région, donc correspondant. au fond du lac de Bernissère, un petit peu un système de lavabo. Si on lève des poils de barbe ou des cheveux au bord du lavabo, si on fait couler le robinet, il y a tout qui va se trouver dans le goulot. Bon, c'est quelque chose qui a fasciné, et ce sont des études qui ont été reprises il y a quelques années, notamment grâce au travail effectué par Jean-Marc Ball. Donc, on a réanalysé tous les documents de fouilles qui ont été dessinés à l'époque, en 1878, et on a pu... En fait, les... Les squelettes d'Iguanodon bernissard ne se sont pas retrouvées de façon aléatoire. Et en fait, ce qui était extrait à l'heure actuelle correspond à quatre épisodes de morts catastrophiques. À certains moments, on a un ensemble d'animaux qui sont morts en même temps et qui ont formé vraiment ce qu'on appelle des bone beds, donc des zones d'accumulation. Donc, on a des événements récurrents catastrophiques qui ont provoqué la mort en masse. de groupes d'iguanodons. À l'heure actuelle, on pense que les iguanodons de Bernissard ont vécu au moment où le cran, le puits d'effondrement de Bernissard, s'est formé. Un cran, c'est vraiment un puits d'effondrement. Si on fait un sondage à 1 ou 2 km sous le plancher des vaches, on va se retrouver dans des zones formées par des anidrises, par des sortes de sels. Ces sels vont se mélanger avec des eaux très chaudes. Le mélange sel et eau chaude va provoquer la dissolution de ces couches de sel. Cette dissolution va aboutir à la création de sortes d'immenses grottes, d'immenses cavernes, d'immenses poches de vie. De temps en temps, le plafond de ces grottes va s'effondrer par le poids des sédiments qui sont autour. On va vraiment avoir un puits d'effondrement. Et donc ces effondrements vont assez rapidement se retrouver en surface, provoquant ce qu'on appelle une doline. Les dolines, ce sont des structures qui existent encore à l'heure actuelle, de temps en temps. Il y a quelques maisons ou des champs qui se retrouvent effondrés par un événement tout à fait catastrophique. Et probablement ces dolines sont apparues en surface il y a 125 millions d'années lorsque les iguanodons vivaient à Bernissard. Ces deux lignes vont très rapidement se remplir d'eau. Ça va se transformer en... en lac, en marécage. Naturellement, ça va attirer les animaux qui vivaient tout autour. Donc, ils vont aller s'abreuver dans ces nouveaux lacs. Mais comme ces structures sont encore très peu stabilisées, vous imaginez, si vous avez un groupe d'iguanodons qui vient boire sur le bord du lac, ça va provoquer des effondrements locaux de la berge entraînant les animaux au fond du lac. On peut s'imaginer que les animaux les plus agiles, les plus...

  • Speaker #1

    Dégourdis, on va dire.

  • Speaker #0

    Les plus dégourdis, les plus légers surtout, vont pouvoir regagner la berge, mais les lourds iguanodons, adultes probablement, vont se retrouver vraiment, ils vont crever.

  • Speaker #1

    On estime leur masse à combien ?

  • Speaker #0

    Ça fait plusieurs tonnes, 3-4 tonnes certainement. Si la berge s'effondre et se casse la figure, il y a beaucoup de chances qu'une partie du troupeau va se retrouver noyée. Donc peut-être que ce sont les événements catastrophiques qui ont provoqué la mort soudaine de groupes d'iguanodons. Ces effondrements de berges auraient pu se répéter à plusieurs reprises au cours des années de formation de cette deline.

  • Speaker #1

    On l'a dit, au moment de la découverte des iguanodons, ils vont faire complètement évoluer la perception que l'on a des dinosaures. On l'a dit aussi, cette perception a continué à évoluer suite aux découvertes. À l'heure actuelle, qu'est-ce qu'on sait au final des dinosaures ? Comment la perception que l'on a, quand je dis perception, c'est plutôt la projection que l'on fait. a évolué ces dernières années ?

  • Speaker #0

    Ces dernières années, on a surtout réalisé qu'en fait, ce qui est important, c'est que les dinosaures n'ont pas disparu, qui sont encore bien présents parmi nous, ce sont les oiseaux. C'est quelque chose de tout à fait établi, c'est que les oiseaux sont des dinosaures. L'idée a eu un peu de mal à percoler, non seulement auprès du grand public, mais surtout au niveau des paléontologues, et donc ça a vraiment induit toute une nouvelle perception de ce qu'étaient des dinosaures. Donc ce sont des animaux... qui ressemblait plus aux oiseaux qu'aux lézards ou aux crocodiles.

  • Speaker #1

    C'est ce qui a empêché cette idée de percoler auprès des paléontologues. Au grand public, on peut se dire qu'il y a l'image Jurassic Park, je caricature, mais paléontologues, a priori, c'est les spécialistes du sujet. Qu'est-ce qui les freinait dans cette représentation ?

  • Speaker #0

    Je pense que les scientifiques ont quand même un esprit assez conservateur, pour la plupart. Même s'il y a des évidences, c'est parfois difficile de se débarrasser des anciennes conceptions. En fait, l'idée qu'oiseaux et dinosaures sont étroitement apparentés, ce n'est pas nouveau. En 1869, Thomas Huxley, qui est un paléontologue, c'était d'ailleurs un pote de Charles Darwin, a montré que les dinosaures et les oiseaux coureurs, comme les autruches, étaient très étroitement apparentés. Mais voilà, c'est une idée qui a disparu pendant plus d'un siècle. Il a vraiment fallu la découverte de ces dinosaures à plumes en Chine pour se dire, il avait quand même raison, les dinosaures, c'est des gros oiseaux.

  • Speaker #1

    Et donc, on découvre ces dinosaures à plumes en Chine, ce qui change complètement le paradigme, au final, de la représentation qu'on se fait du dinosaure, le lézard géant.

  • Speaker #0

    Oui, là maintenant, si on voit les représentations des paléoarthistes, là on voit tout le monde mettre des plumes autour des dinosaures. Là maintenant, c'est quelque chose de bien établi, en tout cas pour les dinosaures, ce qu'on appelle les théropodes, donc les dinosaures carnivores, donc c'était des animaux. La plupart, probablement, étaient recouverts de plumes. Le vélociraptor de Jurassic Park. On sait dire qu'on a des preuves directes, comme quoi c'était un animal complètement recouvert de plumes. Alors la question, c'est pour le T-Rex. Est-ce que le T-Rex ressemblait à un gros poussin ou au T-Rex de Jurassic Park ? Ce qui est amusant, c'est qu'on a découvert en Chine, au début des années 2000, un tyrannosaure primitif de plus petite taille. Bon, il faisait quand même 8 mètres, donc c'était déjà une belle bestiole, dont le corps était recouvert de duvet. Est-ce que le vrai T-rex de la fin du Cretacea était recouvert de plumes ? On ne sait pas trop. Vu sa taille, avait-il besoin de plumes ? Probablement pas. Est-ce que les jeunes avaient des plumes et que ces plumes disparaissaient au cours de la croissance ? Peut-être. Là, malheureusement, on a pas eu de T-rex. Ce sont des animaux qui ont été découverts uniquement en Amérique du Nord. Donc, pour le moment, on n'a que des os lents. On a quelques fragments de peau, mais on n'a pas vraiment de preuves directes quant à leur aspect extérieur. Alors, nos iguanodons, à quoi ressemblaient à l'extérieur ? Je vous le dirai dans peut-être deux ou trois mois, parce que là, on a des nouvelles découvertes par Bernissard Dodo qui risquent de changer radicalement notre idée de ce à quoi pouvait ressembler un jeune iguanodon. Alors,

  • Speaker #1

    tu anticipes ma prochaine question, c'est magnifique. Justement, la question que j'allais poser, c'est est-ce que Bernissard permet encore des découvertes à l'heure actuelle ? C'est-à-dire, est-ce que les ossements... les fossiles que l'on a découverts à ce moment-là, dans les années 1800, fin 1800, à Bernissard, permettent encore, à l'heure actuelle, de mener des recherches et de découvrir des choses.

  • Speaker #0

    Oui. Là, pour le moment, je dirais, il y a quelques années, on a entrepris une campagne de... de digitalisation des squelettes des iguanodons bernissards. Là maintenant, tous les squelettes sont digitalisés, donc on est en train de travailler au montage de ces images digitales. On travaille un peu sur des thématiques comme la locomotion. Et notamment, on a réexaminé les squelettes des petits iguanodons, ce qu'on appelait le Mantellis osiopius satyrphile d'Henzi. Et à nouveau, ces nouvelles images, ne fût-ce qu'au niveau de l'identification de ce dinosaure-là, probablement on va arriver avec quelque chose de nouveau. Je disais également que les premiers squelettes d'iguanodon étaient découverts en Angleterre. Là, on a un ancien médecin qui a pris sa retraite, et comme il s'ennuyait un peu, il a repris l'analyse des anciens squelettes découverts à l'île de White. Il est en train de découvrir des trucs absolument fabuleux, et notamment sur l'identification de ces animaux. Il est en train de montrer que la diversité des iguanodons au cours du Crétacé inférieur en Europe était beaucoup plus importante que ce qu'on croyait. Jusqu'à présent. Donc, en fait, il y a des tas d'iguanodons qui vivaient en Europe, mais qui sont des espèces ou des gens complètement différents. C'était des animaux qui, probablement, migraient peu, qui formaient des faunes relativement endémiques. Et donc, voilà, on a des tas de nouveaux noms d'iguanodons qui commencent à apparaître.

  • Speaker #1

    Et ça nous conduit à une question quand même essentielle, j'ai l'impression, sur cette fouille de Bernissard. C'est que, est-ce qu'à l'heure actuelle, ce serait intéressant de refaire des fouilles à Bernissard ?

  • Speaker #0

    Le problème de Bernissère, c'est que c'est profond. Ça fait quand même 322 mètres. On sait que le sous-sol de Bernissère est encore truffé de squelettes d'iguanodon. En 2002, il y a eu des campagnes de forage qui ont été entreprises dans et autour du cran d'iguanodon. Et un de ces sondages, il faut bien imaginer qu'un sondage, ça fait 8 centimètres de diamètre.

  • Speaker #1

    C'est tout petit.

  • Speaker #0

    À l'époque, lorsqu'on a vendu le projet, on s'est dit... Le but n'était pas de retrouver des nouveaux restes, mais c'est plutôt d'avoir des nouvelles... sur la formation du cran et sur l'âge des iguanodon bernissaires. Pour vendre le projet, on a dit qu'on allait peut-être retrouver des nouveaux squelettes. Pour moi, à l'époque, c'était du vent.

  • Speaker #1

    Hyper hypothétique, en fait.

  • Speaker #0

    La probabilité de retrouver un squelette si vous faites un trou de 8 cm, c'est proche de zéro. Non seulement on est tombé sur un ossement, mais en fait, on est tombé sur quatre niveaux d'ossements en faisant ce sondage de 8 cm. Et ces niveaux correspondent plus ou moins aux niveaux qui ont été découverts à l'époque des fouilles de bernissaires. Donc ça veut dire que c'est encore blindé de...

  • Speaker #1

    Vous avez beaucoup de chance. Oui,

  • Speaker #0

    oui. Bon, voilà. Il y a des iguanodons ou d'autres bestioles, on n'en sait rien. Les techniques de fouilles, il n'y a aucun problème pour les faire. Ce qui manque, c'est l'argent, c'est le fric. Dans les années 1990, il y a eu des études de marketing qui ont été effectuées pour savoir...

  • Speaker #1

    Un parc, etc.

  • Speaker #0

    Oui, et combien ça coûterait pour refaire des fouilles à Bernissard et qu'est-ce que ça pourrait rapporter à la région. Dans les années 1990... Donc les estimations, c'est qu'il fallait réinjecter environ 100 millions d'euros avant de pouvoir donner le premier coup de pelle à Benzac.

  • Speaker #1

    Ah ouais,

  • Speaker #0

    d'accord. Donc 100 millions d'euros, c'est pas mal d'argent. Donc le problème, c'est vraiment de trouver l'argent. Et je pense que là, c'est insoluble. Bon et maintenant, 100 millions d'euros, si c'est pour tomber encore sur des squelettes d'Iguanodon, est-ce que c'est rentable ? Si c'est tombé sur des nouveaux trucs, peut-être. Mais voilà, il y a vraiment un problème, un nœud financier qu'il faudrait résoudre. Si vous connaissez une riche héritière, investir 100 ou 200 millions pour ne pas les retrouver.

  • Speaker #1

    Parce qu'elle aime bien l'épinosaure et qu'elle a cette fameuse feuille perdue, on ne sait jamais. Dérégistre.

  • Speaker #0

    Donc voilà, le problème est là. Le problème est là. Purement financier.

  • Speaker #1

    On arrive tout doucement à la fin de cet épisode. Merci beaucoup. Quand toi, tu as rédigé ce bouquin, tu as redécouvert des choses ? Ou est-ce qu'il y a des choses qui te tiennent à cœur dont on n'a pas parlé ?

  • Speaker #0

    Ce qui m'amusait à l'époque, c'est d'aller vraiment retomber sur les documents. On a des centaines de documents d'époque qui n'avaient vraiment pas été totalement analysés. C'était marrant, il y a des tas d'anecdotes qui peuvent être retracées.

  • Speaker #1

    Et qui sont racontées dans le bouquin, c'est un cas super.

  • Speaker #0

    En partie en tout cas, parce qu'il y a vraiment plein de documents. C'est vraiment marrant de remettre les mains dans le camp.

  • Speaker #1

    On arrive tout doucement à la fin de cet épisode et j'ai oublié de le dire pendant la préparation, donc c'est une petite surprise et je te laisserai quelques minutes pour réfléchir.

  • Speaker #0

    Tu as trouvé 100 millions.

  • Speaker #1

    Non ! On finit toujours le podcast par une citation qui évoque un peu ce dont on a parlé durant notre échange. Donc, est-ce que tu as une citation à nous partager ?

  • Speaker #0

    Bon, alors je pense que je vais reprendre un découplet de « La complainte des Iguanodons » de Bernie Sark, qui est une chanson. qui a été écrite et composée en 1912 par Maurice Victor Guido. Un découplé dit, bon, je ne vais pas le chanter, il vaut mieux pour tout le monde.

  • Speaker #1

    On va juste le lire.

  • Speaker #0

    Bon, pitié pour un iguanodon qu'on exhibe dans une connexion. Où ce qui vient un tas d'abrutis qui contemplent ses abattis, les uns disent c'est un kangourou, les commères disent c'est le loup-garou, un piou-piou, qui est très éduqué, dit à sa bonne, c'est fabriqué.

  • Speaker #1

    Excellent. Super, merci pour ce moment qui au final nous indique toutes les représentations que les gens avaient de l'Iguanodon à cette époque. Pascal, merci beaucoup d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir invité.

  • Speaker #1

    Et j'espère, chers auditeurs, chères auditrices, que ça t'a vraiment donné envie d'aller plus loin sur cette histoire des iguanodons de Bernissard, d'acheter le livre de Pascal, de découvrir cette aventure complètement incroyable. Et surtout, chers auditeurs, chères auditrices, je te donne rendez-vous dans deux semaines pour le prochain épisode de la saison 9 de Science, Art et Curiosité, le podcast du Mumons. À très très bientôt. Tu viens d'écouter un épisode du podcast du Mumons. Et franchement, j'espère qu'il t'a plu. D'ailleurs, si en passant, tu veux me faire un retour ou si tu as des idées d'amélioration, surtout n'hésite pas à nous contacter. Tu peux aussi devenir notre ambassadeur et faire découvrir ce podcast tout autour de toi. Si tu as des idées de sujets ou si tu souhaites enregistrer un épisode, surtout n'hésite pas à nous contacter. Rendez-vous sur le site internet mumons.be ou sur la page Facebook du Mumons.

  • Speaker #0

    Merci à tous.

Chapters

  • Introduction à la saison 9 et présentation des thèmes

    00:37

  • Les iguanodons de Bernissard : contexte de la découverte

    02:06

  • Pascal Godefroy : parcours et expertise en paléontologie

    02:43

  • L'importance des fossiles dans la compréhension des dinosaures

    03:08

  • Découverte des fossiles : histoire et enjeux scientifiques

    06:16

  • Les représentations des iguanodons à travers l'histoire

    20:34

  • Évolution de la perception des dinosaures et conclusion

    39:12

Description


« Qui aurait cru qu'une simple découverte dans une mine pourrait révolutionner notre compréhension des dinosaures ? » Dans cet épisode captivant de MUMONS, Maxime te plonge dans l'univers fascinant des iguanodons de Bernissard aux côtés de Pascal Godefroy, paléontologue à l'Institut Royal des Sciences Naturelles. Ensemble, ils explorent cette découverte paléontologique majeure datant de 1878, révélant comment des mineurs en Belgique ont mis au jour des fossiles qui ont changé la donne dans le monde de la paléontologie.


Pascal partage avec passion les détails de cette aventure scientifique, tirés de son livre « Les iguanodons de Bernissard, des fossiles et des hommes ». Tu découvriras non seulement les aspects scientifiques, mais aussi les relations humaines qui ont permis cette découverte incroyable. Comment les mineurs ont-ils collaboré avec les scientifiques ? Quelles sont les implications de cette coopération sur notre société contemporaine ? 📖


Au fil de la discussion, tu seras émerveillés par l'évolution des représentations des iguanodons et comment la paléontologie a su s'adapter et évoluer grâce à ces découvertes. En intégrant des éléments de sciences humaines et de sciences sociales, cet épisode ne se contente pas de transmettre des faits, il invite à une exploration culturelle qui fait écho à notre époque. 🌍✨


Et ce n'est pas tout ! Maxime et Pascal ne manquent pas de soulever des enjeux cruciaux tels que les défis financiers liés aux futures fouilles à Bernissard. Comment assurer la préservation de ces trésors naturels tout en soutenant la recherche ? En mettant l'accent sur la transmission culturelle et la collaboration ! Cet épisode de MUMONS vous incitera à réfléchir sur le rôle de chacun dans la protection de notre patrimoine scientifique.


Ne manque pas cette occasion d'enrichir tes connaissances ! Que tu sois passionné de science et d'art ou encore de curiosités scientifiques ou bien à la recherche d'une discussion stimulante, cet épisode est fait pour toi ! Rejoins la communauté MUMONS et plonge dans cette aventure incroyable digne du scénario du premier jurassik park🦖 (il faut dire qu'après, ça ne va pas en s'améliorant...) . 🎧💡



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Lorsque ce petit bolide atteindra 88 miles à l'heure, attends-toi à voir quelque chose qui décoiffe.

  • Speaker #1

    Ce qui place votre zone d'atterrissage à 5,0667 degrés de latitude nord et 77,3333 de longitude ouest.

  • Speaker #0

    Rien de tout ça n'est réel. Qu'est-ce que le réel ? La seule variable constante est l'inattendue. On ne peut pas la contrôler. Je crois que vous êtes encore pire que ces créatures. Elles, elles n'essaient pas de se massacrer entre elles pour tirer le plus gros paquet de fric. Voyons si une capacité de poussée de 10% permet le décollage. Et 3,

  • Speaker #1

    2, 1...

  • Speaker #0

    Chères auditrices, chers auditeurs, bienvenue dans cette nouvelle saison, la neuvième déjà, de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Alors, pour ce premier épisode de cette nouvelle saison, je suis au Van der valk Hotel à Mons, un peu devenu mon QG, tu l'auras compris depuis l'épisode 100, où on fait un peu un podcast sur le podcast, que je te conseille d'ailleurs... d'écouter et avant d'accueillir mon invité du jour, je vais te parler rapidement du contenu de cette neuvième saison pour t'inciter à l'écouter jusqu'au bout. Alors on va parler de transition écologique avec la chaire umons AIMS qui est un tout nouveau projet qui vient de naître il y a quelques mois. Il y aura même plusieurs podcasts selon tout vraisemblant sur cette chaire liée à la transition. Je vais aussi accueillir Francesco. pour aborder la machine denticitaire, un objet complètement dingue, que l'on a l'occasion de voir dans le dernier Indiana Jones. J'ai envie de parler de légende arthurienne, donc là je suis en train d'investiguer pour avoir des personnes qui vont venir discuter avec moi autour de ce sujet. Avec Fleur, qui est une habituée des podcasts du MUMONS, on parlera des Dark Romances, tout un programme. J'aurai aussi l'occasion de discuter du problème à trois corps, donc à la fois les livres de science-fiction chinois et la série. Je parlerai aussi des Dents de la Mer avec Guillaume et Alexia qui sont aussi des habitués. Et on fètera ensemble un anniversaire particulier en 2025. Il y a vraiment une date particulière pour les Dents de la Mer. Et enfin, pour ce premier épisode de la saison 9, on va parler de dinosaures, un sujet aussi incontournable. Ça reste toujours à la mode ce sujet. D'ailleurs, bientôt, il devrait y avoir un nouveau Jurassic Park. Et pour cela, j'accueille aujourd'hui Pascal Godefroy. Bonjour Pascal. Bonjour Maxime. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Très bien, merci.

  • Speaker #0

    Avant de rentrer dans le vif du sujet, dans quelle œuvre on va utiliser pour ce podcast, est-ce que tu peux nous dire qui est Pascal Godefroy ?

  • Speaker #1

    Je suis paléontologue à l'Institut Royal des Sciences Naturelles depuis plus de 30 ans. Je suis acclassé parmi les dinosaures également.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, on va parler de dinosaures, on l'a dit, et plus particulièrement des iguanodons. Et pour cela, je m'appuie sur le livre que tu as rédigé. qui s'appelle « Les iguanodons de Bernissard, des fossiles et des hommes » . Et on va le voir ensemble aujourd'hui, c'est réellement une histoire de fossiles qui va changer beaucoup de choses dans la compréhension de la paléontologie, mais aussi une histoire d'hommes derrière, de découvertes et de relations humaines. Moi, c'est un sujet qui m'a complètement passionné. Alors, le livre que tu as rédigé, c'est un livre de plus de 300 pages sur ce sujet complètement incroyable. Moi, ce que j'ai adoré dans le bouquin, c'est qu'il y a de superbes photos et de superbes illustrations qui viennent... permettre aux lecteurs de vraiment comprendre de quoi on parle. Et ces iguanodons, maintenant, ils sont au musée de Bruxelles. On les voit vraiment remis en position bipède. On en parlera durant le podcast. Et on le verra aussi, ce livre parle d'histoires complètement dingues, parce qu'une découverte dans notre région va complètement changer la perception que l'on a des dinosaures à l'époque de la découverte. Et c'est assez incroyable que pour en parler. Alors, avant de s'attaquer au contenu, Moi, j'aurais une première question pour toi, Pascal. C'est pourquoi ce livre en 2024 ? On pourrait se dire en 2024, c'est vrai, les dinosaures ont encore le vent en poupe. On en parle quand même assez souvent. Mais pourquoi reparler de cette découverte qui date quand même ? On remettra tout ça dans le contexte historique. En 2024 ?

  • Speaker #1

    Depuis une dizaine d'années, nous avons relancé, notamment en collaboration avec l'Université de De Mons, la faculté polytechnique, en particulier des recherches... autour des iguanodons de Bernissard. On a réexploité des documents de fouille pour vraiment reconstituer le contexte géologique au cours du Crétacé inférieur, là où ont vécu les iguanodons de Bernissard, mais aussi le contexte de la découverte en 1878. Donc on a accumulé depuis une dizaine d'années un tas de nouvelles informations, je ne suis pas objectif, mais qui je pense valaient la peine d'être partagées. auprès du grand public. Et voilà, j'ai eu cette opportunité, en discutant avec le secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique, de pouvoir publier ce bouquin. C'est vrai, c'est un bel objet, avec des belles photos. C'est un projet qui a pu naître grâce à l'impulsion de l'Académie royale de Belgique.

  • Speaker #0

    Tu nous parles du Crétacé inférieur, dans une aisselle de temps, c'est combien de millions d'années en arrière par rapport à nous ?

  • Speaker #1

    Précisément, les iguanodons de Béarnissart ont vécu il y a 125 millions d'années. Les premiers dinosaures sont apparus il y a environ 230 millions d'années, donc ils ont disparu il y a 65 millions d'années, là on est plus ou moins au milieu de l'histoire des dinosaures.

  • Speaker #0

    Ok, et tu nous dis que tu n'es pas objectif par rapport à ce sujet des iguanodons ? que tu trouves ça très intéressant, etc. Pourquoi justement tu y as une relation particulière avec ces iguanodons ?

  • Speaker #1

    Je les côtoie quotidiennement depuis 30 ans, comme je travaille au musée d'histoire naturelle à Bruxelles. Ce sont les superstars de notre musée. Et je me rappelle, comme de très nombreux Belges, j'ai eu un choc dès que j'étais gosse en visitant le musée d'histoire naturelle et en se retrouvant vraiment confronté avec ces bestioles qui sont absolument... Fabuleuse, cette rencontre était vraiment un choc.

  • Speaker #0

    Alors moi je suis allé au musée d'histoire naturelle avec ma fille il y a sept ans cet été et en effet c'est hyper impressionnant de les voir dans cette position, on se rend compte de la taille qu'ils ont, enfin c'est comme tu le dis, c'est vraiment incroyable. Majestueux est vraiment le terme. Justement avant de parler plus en détail de ces iguanodons, moi je voudrais aborder avec toi l'histoire de la découverte. Comment on découvre ces fossiles dans notre région ? Généralement, quand on est gamin, on a l'impression que les fossiles de dinosaures, c'est aux Etats-Unis, c'est en Chine, mais ce n'est pas chez nous. Alors que pourtant, chez nous, on en a découvert et pas qu'un. En fait, ils sont très nombreux à avoir été découverts dans cette zone de Bernissard.

  • Speaker #1

    Ce qui est fabuleux avec l'histoire de la découverte des iguanodons de Bernissard, c'est que c'est un coup de bol monstrueux. En fait, rien ne prédestinait les mineurs de Bernissard à tomber nez à nez avec des fossiles de dinosaures. Ils exploitaient à 322 mètres sous le plancher des vaches des veines de charbon carbonifères, datant de 300 millions d'années. C'est vraiment en suivant ces veines de charbon qu'ils sont tombés face à un accident en géologie. C'est ce que les mineurs appelaient des crans. Des crans, c'est vraiment des puits d'effondrement. C'est quelque chose que les mineurs connaissaient bien à l'époque. Ils ont donc décidé de traverser ce cran. Et en traversant ce cran, ils sont tombés face à des objets. Ils ne savaient pas très bien ce que c'était. C'était fibreux, c'était noir. C'était brillant, donc ils ont extrait ces premiers objets en se disant « Tiens, c'est peut-être des troncs d'arbres remplis d'or, on ne sait pas » . Et très rapidement, les porions, les ingénieurs et les directeurs du charbonnage de Bernissard ont pris contact avec les géologues, avec les paléontologues. Je dirais qu'en un mois, on est passé de la découverte d'objets mystérieux à l'élaboration d'une fouille extrêmement bien organisée. C'est aussi ça qui est important. La découverte des iguanodons de Bernissard, c'est vraiment, comme l'indique le titre, de... De ce bouquin, c'est vraiment une affaire de relation humaine, parce que cette découverte, en fait, a pu aboutir grâce à la collaboration entre paléontologues, entre mineurs et entre ingénieurs des mines. Il a vraiment fallu ces trois corps de métier pour pouvoir extraire des squelettes qui pesaient plusieurs tonnes, pouvoir les extraire et les ramener à la surface.

  • Speaker #0

    Alors, derrière toute découverte importante, parce que cette découverte va être très, très importante, on sent qu'il y a aussi des petites... de tension dans l'histoire, où des gens vont vouloir s'attribuer, en fait, la paternité, parce que c'est des hommes, désolé, de la découverte, et on va vraiment avoir deux personnes importantes qui vont, entre guillemets, s'affronter avec des mots, à priori, je ne pense pas qu'ils se sont tapés dessus à un moment,

  • Speaker #1

    ils auraient bien voulu,

  • Speaker #0

    pour s'attribuer la paternité de la découverte.

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Alors, ce qui est aussi fabuleux, c'est que, directement, le monde scientifique a évalué l'importance, en tout cas, de cette découverte, ce qui a créé des animosités entre entre plusieurs personnes qui vraiment voulaient s'attribuer la paternité. On a d'un côté Van Beneden. Van Beneden, c'était vraiment le paléontologue, le zoologiste phare en Belgique. C'est quelqu'un qui travaillait, qui était déjà âgé à l'époque et qui a étudié un tas de sujets. À l'époque, il était en train d'étudier les faunes de baleines et de cétacés fossiles découverts dans la région d'Anvers. Donc, depuis une vingtaine d'années, il a publié des monographies absolument invraisemblables, super intéressantes. Je me suis dit... sur ces animaux-là, et semble-t-il à l'époque, il s'ennuyait un peu. Très rapidement, il a eu entre les mains quelques ossements de ces iguanodons, et il a immédiatement évalué l'importance scientifique de cette découverte. Et de l'autre côté, on a le musée royal d'histoire naturelle à Bruxelles, qui a reçu également quelques éléments de cette découverte, quelques semaines après cette découverte, et dont le directeur, Édouard Dupont, a très rapidement réalisé qu'on était là devant une... découverte invraisemblable. Donc, les deux personnes, Van Benet et Denis Dupont, ont vraiment essayé de mettre la main sur le trésor de Bernissat. et de pouvoir s'attribuer la découverte. Et dans cette course, c'est Édouard Dupont, c'est le musée d'histoire naturelle qui l'a emporté. Il faut savoir qu'une semaine après la découverte des Premières Haussmann, le directeur du musée d'histoire naturelle de Bruxelles a déjà dépêché sur place son préparateur vedette, Louis Depeau. Depeau est descendu avec les mineurs à 322 mètres sous terre et lors de cette descente, ils sont tombés sur une patte complète d'un iguanodon qu'ils ont très rapidement extrait. qu'ils ont mis sur une civière de fortune fabriquée avec des morceaux d'herbe, et même avec le manteau de deux pots, et qu'ils ont ramené en surface. Et en ramenant les ossements en surface, les ossements ont commencé à craqueler et à tomber en poussière. Donc vraiment, panique à bord. Tout le monde a paniqué, sauf deux pots, qui savaient déjà à l'époque exactement ce qui se passait, et qui a rassuré le directeur du charbonnage de Béretzé en disant, écoutez, moi je sais ce qui se passe, les eaux sont imbibées de pyrite, et c'est la pyrite qui se désagrège. Je sais comment faire. Si vous confiez la fouille à l'État belge, au fusil royal d'histoire naturelle, moi, je vous garantis qu'on va faire une découverte extraordinaire et que tout va se stabiliser.

  • Speaker #0

    Et c'était un peu un coup de poker, parce que c'est ce que tu expliques dans ton bouquin. C'est qu'au final, à ce moment-là, il ne sait pas nécessairement très bien comment gérer cette situation. Mais il se dit qu'il va trouver une solution. Alors, je reviens justement, tu l'as dit à une autre reprise, c'est-à-dire que les mineurs pensaient que c'était rempli d'or. Lui, il identifie la pyrite. Donc la pyrite, en fait, c'est un minéral qui est cubique et qui est de couleur dorée. Ce qui explique que les mineurs pensaient que c'était des morceaux remplis d'or. Mais par contre, quand on la met à l'air, elle réagit et elle finit par produire des éléments corrosifs, en fait.

  • Speaker #1

    En fait, l'accumulation de pyrite dans les ossements résulte vraiment des conditions de fossilisation en milieu réducteur de ces ossements. Donc on a les carcasses. les iguanodons bernissaires qui vont se déposer au fond d'un marécage, qui immédiatement vont être recouverts de vases, de boules. La décomposition des cadavres va pouvoir se faire en milieu d'un aérobie.

  • Speaker #0

    Sans air, ça veut dire ?

  • Speaker #1

    Sans air, et c'est vraiment ces conditions de fossilisation qui vont permettre la préservation exceptionnelle de ces cadavres, mais également l'accumulation de pyrite au sein des ossements en cours de fossilisation.

  • Speaker #0

    Comme tu l'as dit, Depeau joue un peu un coup de poker en disant « Ne vous inquiétez pas, moi je vais trouver une solution pour ça, je sais comment faire. » Alors qu'en fait, il ne sait pas nécessairement très bien à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Tu l'as vu apparemment que déjà il y a eu une petite idée.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais ce que je veux mettre en avant, c'est qu'au-delà de la découverte purement scientifique, c'est aussi un contexte qui va voir apparaître toute une série de techniques d'excavation, de préservation des fossiles. qui sont ultra modernes pour l'époque. Ce sont des choses qui n'ont pas été souvent faites ou presque jamais faites.

  • Speaker #1

    C'est vraiment la première découverte de squelettes complets et articulés de dinosaures. Ce qui est aussi marrant, c'est que pratiquement la même semaine, des découvertes extraordinaires vont être faites dans le Wyoming, aux États-Unis. Donc vraiment, la naissance, la recherche sur les dinosaures date vraiment d'avril 1878, où on va découvrir le gisement de Bernissa et on va découvrir de l'autre côté de l'Atlantique. le gisement de Comobleuve dans le Wyoming, qui va également livrer des squelettes complètes. Donc vraiment, la naissance de la recherche moderne sur les dinosaures, on peut vraiment la dater précisément de cette semaine-là. Nos pauvres mineurs, ils sont à 322 mètres sous terre et on va devoir extraire des squelettes qui pèsent plusieurs tonnes, qui sont imbibées de pyrite et donc qui explosent dès qu'ils sont en contact avec l'air. Donc Depeau et ses équipes vont vraiment mettre au point une technique. qui marchent remarquablement bien. Ils vont utiliser la méthode du bras cassé. Ils vont subdiviser l'esquelette en plusieurs blocs. Ces blocs, une fois délimités, vont être recouverts de plâtre et ramenés en surface sous forme de blocs de plâtre. Ce qui est extraordinaire, c'est qu'à l'heure actuelle, on utilise toujours exactement les mêmes techniques, surtout si on travaille dans des endroits un peu exotiques où on n'a pas beaucoup de matériel. Du plâtre, de la toile de jute et du papier, on peut trouver ça n'importe où. Voilà, lorsqu'on fait des fouilles à l'heure actuelle, dans des gisements à dinosaures, on utilise encore exactement les mêmes techniques qui ont été mises au point en 1878 par Louis de Pau.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous expliquer, au final, comment se fossilise un os ? Parce qu'un os fossilisé, ce n'est pas un os qui a été enfoui et qui reste un os. Il se passe quelque chose. Tu peux nous en parler brièvement ?

  • Speaker #1

    Alors, très brièvement. Donc, il faut savoir que l'os est constitué d'une partie minérale et d'une partie organique. Lorsque le cadavre va se décomposer, la partie organique va également disparaître. La partie organique, c'est le collagène et d'autres structures cellulaires qui vont produire ce collagène. Avec cette décomposition de la matière organique dans les os, ça va laisser des vies qui vont être... rempli par des éléments provenant de l'environnement de fossilisation. On va voir des échanges entre l'os et son milieu d'enfouissement. La partie minérale de l'ossement va être conservée, et la partie organique va être remplacée par des molécules, par des ions provenant de l'environnement. Un fossile, c'est un os dont la composition chimique a été partiellement remplacée. Mais ce qui est souvent extraordinaire, et c'est le cas dans le prélude de Bernard de Bernissard, c'est que si la composition chimique des os a un peu changé, la microstructure des ossements peut être conservée. Donc on peut faire des observations de type histologique sur les os.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu as fait avec l'histologie ?

  • Speaker #1

    Donc c'est vraiment la microstructure de l'os. Par exemple, on peut dater l'âge d'un dinosaure lorsqu'il est mort. Est-ce que c'était un jeune ou est-ce que c'était un adulte ? On conserve dans les ossements fossiles ce qu'on pourrait dire rapidement comme étant les cernes de croissance de l'ossement. Donc en fait, on peut dire beaucoup de choses à partir d'un os fossile sur la biologie de ces animaux.

  • Speaker #0

    Ce qui va être dingue sur ce site, c'est qu'en fait, on va retrouver des dinosaures entiers, donc complètement en place. On va pouvoir réassembler ensuite. Et ce qui est encore plus dingue, je trouve, en tout cas, moi, ça m'a vraiment marqué dans ce que tu expliquais dans ton livre, c'est qu'en fait, il va y avoir des registres. Un cas très précis, tellement précis qu'en fait, on peut remettre les iguanodons dans la position dans laquelle on les a trouvés. Donc, il va y avoir vraiment des mesures, des mesures relatives, des os les uns par rapport aux autres, qui vont permettre, et c'est le cas au Musée d'Histoire Naturelle de Bruxelles, dans une des salles, on remet vraiment les ossements dans la position dans laquelle les mineurs les ont vus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce qui est génial. C'est là où le fait de travailler avec des ingénieurs de mine... a été super intéressant parce que ça fait partie de leur ADN, de leur boulot. Donc ils sont capables vraiment d'enregistrer la position relative de chaque bloc. Ils vont le faire. Donc c'est vraiment, et là aussi c'est la première fois où c'est fait. C'est vraiment cette fouille à Bernissère en 1878. Il faut bien garder ça en tête. C'était quelque chose d'absolument remarquable. Et c'est si remarquable qu'il y a quelques années, en collaboration avec Jean-Marc Ball de la...

  • Speaker #0

    On le retrouvera dans un podcast, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    On s'est dit, on va essayer de recréer la fouille de Bernissère il y a plus de 140 ans. Donc, on a tous les éléments pour remettre vraiment chaque bloc de sement dans sa position initiale. On pourrait dire qu'on a fait de l'archéopaléontologie. Et ce sont des informations extrêmement importantes, parce qu'on va pouvoir, grâce à ces réinterprétations de plans, avoir des informations absolument primordiales sur les conditions de dépôt de ces squelettes d'iguanodon. Et ça a notamment une importance pour essayer d'expliquer, je pense qu'on y reviendra plus tard, pourquoi ces animaux, pourquoi ces squelettes se sont accumulées dans un endroit bien précis à Berlissat.

  • Speaker #0

    Alors toujours dans cette histoire un petit peu de tension et de querelle, ce qui est intéressant aussi, c'est qu'il y a un document qui a disparu. Et ce document, a priori... Et ben... On se dit qu'il pourrait régler la querelle. Est-ce que tu peux nous en parler brièvement ?

  • Speaker #1

    Oui, voilà. Toute l'histoire de la découverte des iguanodons de Bernissard, comment on peut la reconstituer à l'heure actuelle, est basée sur un document qui est en fait le rapport du registre des rapports journaliers, des chefs de service de charbonnage, les porions, les ingénieurs, donc chaque jour noter les événements importants qui se passaient au charbonnage. Et ça, ce sont des documents qui sont normalement conservés encore à l'heure actuelle. aux archives de l'État. Pour Bernissat, on a retrouvé tous ses registres, sauf un, et celui qui manque, c'est le premier semestre 1878, quand on a fait la découverte des iguanodons de Bernissat. Heureusement, au Musée d'Histoire Naturelle, nous avons conservé une copie des pages de ce registre concernant la découverte de Bernissat, donc c'est à partir de ce document qu'on va pouvoir reconstituer l'histoire. Le problème, c'est que je pense que cette copie conservée à Bruxelles a été... partiellement remaniée, réécrite en faveur du directeur du charbonnage auquel on donne vraiment le beau rôle. Donc, ce serait vraiment super intéressant de pouvoir retrouver le document original. Je suspecte qu'il doit être conservé quelque part chez un collectionneur. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. Donc, ce n'est pas que le document a disparu, c'est qu'il a certainement été pris par quelqu'un, puis revendu, qu'il a voyagé, etc.

  • Speaker #1

    Il doit exister quelque part, mais il faut vraiment le retrouver. C'est bon, voilà, c'est le moment peut-être de lancer un appel à l'aide. Exactement,

  • Speaker #0

    c'est ce que je voulais dire. Bouteille à la mer, si quelqu'un vous entend. Et que là, chez lui, où il connaît quelqu'un, il y a cette page, enfin, ou ces pages.

  • Speaker #1

    C'était pour lui, mais c'était un registre.

  • Speaker #0

    Juste se signaler, dire à Pascal, j'ai les infos, mais voilà, je ne m'identifie pas, mais je peux partager les infos que j'ai. ça peut être sympa.

  • Speaker #1

    Parce que très clairement, la copie qu'on a a été remaniée. C'est vraiment clair. Moi, je compare toujours ça à la guerre des Gaules pour le directeur du musée de Bernissard, qui veut être connu comme étant l'unique découvreur des iguanodons de Bernissard.

  • Speaker #0

    Mais globalement, en fait, quand les iguanodons vont repartir vers le musée de Bruxelles, donc le musée d'histoire naturelle, les gens de Bernissard ne vont pas le vivre nécessairement très bien parce que pour eux, c'est un trésor local qui leur appartient.

  • Speaker #1

    Oui et non, parce qu'à l'époque, on a quand même quelques articles de journaux indiquant qu'il y avait vraiment un très bon contact entre les techniciens du musée d'histoire naturelle et les gens de Bernissard. Cette histoire de conflit entre les Bruxellois et les Borins, c'est quelque chose qui était un petit peu mis en exergue, je dirais, plutôt tout au début du XXe siècle.

  • Speaker #0

    Et puis, ce qu'on garde toujours dans l'histoire, c'est les gens qui ont une grande gueule, permettez-moi l'expression, et donc il y a peut-être quelques personnes à Bernissard qui étaient contre. Et c'est leur témoignage qu'on garde en mémoire. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Donc, il y a un contexte politique tout à fait clair. Ce qui est marrant, c'est qu'il y a eu cette querelle. Qui a découvert les iguanodons de Bernissard ? Entre le grand scientifique, le directeur qui essaie de s'attribuer la découverte. Et si vous posez la question aux gens de Bernissard à l'heure actuelle, c'est qui a découvert les iguanodons ? Dans 99% des réponses, vous allez avoir Jules Créteur. Jules Créteur, qui était un des deux mineurs qui a vraiment... découvert les premiers ossements. Là, c'est tout à fait clair. Si vous allez à Bernissat, vous avez une place Jules Créteur, vous avez une cité Jules Créteur. Alors là, la question, c'est pourquoi Jules Créteur et pourquoi pas l'autre, Alphonse Blanchard, qui était l'autre mineur ?

  • Speaker #0

    Plus la question de l'identification, c'est-à-dire il y a une personne qui, à un moment, a dit ça, c'est des eaux d'Iguana. Oui, oui, ça. C'est non discutable.

  • Speaker #1

    Alors, ce qui est assez marrant, c'est que j'ai appris assez récemment qu'en fait, Jules Créteur a eu 8 gosses. Un de ses fils est devenu mailleur bourgmestre de Pomerol, je pense. Donc probablement, le fils de Jules Créteur a mis également sur un pied des salles son papa, au dépend de l'autre mineur qui a découvert les poupons de dons.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça aussi que ça s'appelle ton livre porte une histoire d'hommes, de fossiles et d'hommes. Il y a toutes ces relations humaines qui sont là. Alors, on l'a dit sans s'attarder là-dessus précédemment. En fait, c'est une découverte qui va quand même complètement changer la... paléontologie à l'époque. Est-ce que tu peux nous expliquer comment on imaginait les dinosaures avant la découverte de Bernissard ?

  • Speaker #1

    Les premiers dinosaures, et en particulier les iguanodons, ont tout d'abord été découverts en Angleterre dans les années 1820. L'iguanodon a été découvert en 1825, mais il faut bien s'imaginer que c'était des dents et des ossements isolés. Donc voilà, le nom iguanodon veut d'ailleurs dire dents d'iguanes parce que... Mantel, qui est le premier à avoir découvert ces fossiles, se demandait à qui ils pouvaient bien appartenir. Et ce qu'il a remarqué, c'est que les dents de ces fossiles ressemblaient très fort à les dents des iguanes actuelles. Donc pour Mantel, dans les années 1820, l'iguanodon, c'était une sorte d'immense iguane. Donc on voit très bien ses propres représentations. Donc il imaginait ça comme des sortes d'énormes lézards arboricoles. Donc ça, c'est les premières interprétations.

  • Speaker #0

    Arboricoles qui vivent dans les arbres, c'est bien ça ? Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. La seconde interprétation a été faite par Richard Owen, qui est aussi un Anglais, qui était curator du Natural History Museum à Londres, et qui a également travaillé sur les fossiles découverts en Angleterre, qui étaient toujours des fossiles fragmentaires. C'est d'ailleurs lui qui a nommé pour le premier le nom dinosaure. Et pour lui, les dinosaures, et en particulier les iguanodons, devait ressembler à une sorte d'hybride entre les lézards et les grands mammifères à l'heure actuelle. On a notamment des représentations de l'iguanodon datant de 1853 et exposées au Crystal Palace, qui est un parc dans la banlieue de Londres. On voit très bien que... On imaginait les iguanodons comme des sortes de gros rhinocéros avec une corne sur le nez et une longue queue et une peau écailleuse. Et voilà pour en 1878. on tombe sur des squelettes comblées et articulées de ces animaux qui vont vraiment permettre de se faire une idée bien précise de ce à quoi ils pouvaient réellement ressembler. Et donc, d'où la reconstitution, je dirais, en kangourou, telle qu'imaginée par Louis de Peau à l'époque. Le problème, c'est qu'ils avaient ces squelettes, mais même s'ils étaient articulés, il leur manquait le plan de montage. Et donc, comment va-t-on représenter ces animaux en position de vie ? C'est toujours un peu mystérieux. par analogie avec les animaux actuels. Ils se sont dit que ça ressemble quand même vachement à un kangourou, un walabi. Et on le voit sur les premières reconstitutions, il y a un modèle, on a un squelette de kangourou comme modèle, et ils vont se baser sur ce kangourou pour remonter les premiers îles Wainaudon.

  • Speaker #0

    Alors que fondamentalement, aucun lien avec le kangourou.

  • Speaker #1

    Aucun, mais bon, c'est vrai. Avec une longue queue très puissante, des pattes arrières très robustes et des petites pattes avant, quelque part, ça ressemble vaguement à un kangourou. L'idée n'était pas vraiment idiote à l'époque. On sait à l'heure actuelle que ce n'est pas le cas, mais bon, voilà.

  • Speaker #0

    Moi, ce que je trouve fou, parce qu'on a tendance à l'oublier, c'est qu'à cette époque, Bernissard va devenir un des centres de référence pour la paléontologie. C'est-à-dire que le site de Bernissard va être pratiquement cité dans toutes les publications qui vont faire évoluer la conception que l'on a des dinosaures.

  • Speaker #1

    Oui, donc attention, c'est le centre pour les dinosaures. La paléontologie ne se limite pas aux dinosaures. En tout cas, pendant plus d'un siècle, oui, vraiment, c'était la découverte, une des découvertes majeures, en tout cas, en paléontologie. Puis, dans les années 1990, on voit que ça a été un peu supplanté par les découvertes faites en Chine, notamment sur les sites à dinosaures à plumes.

  • Speaker #0

    Et on en parlera plus tard dans le podcast. Alors, comme tu le dis, il n'y a pas que des dinosaures qui ont été découverts à Bernissard. Il y a réellement tout un écosystème du Crétacé inférieur qui, en fait, est découvert. et qui nous permet de comprendre le contexte du Crétacé inférieur aussi.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est aussi un des grands mérites de cette découverte et des fouilles qui ont été menées à Bernissard, c'est que les chercheurs ne se sont pas focalisés sur les squelettes de dinosaures, qui étaient vraiment des découvertes spectaculaires, mais ils ont également ramassé tous les fossiles de plus petite taille qui traînaient entre ces squelettes. Bon, il faut bien s'imaginer, la journée d'un fouilleur à Bernissard, c'est 5h30 du matin, on descend, à 322 mètres sous le sol, et de 5h30 à 12h30, on va vraiment fouiller dans les galeries. Bon, les fouilles dans les galeries, ça va principalement consister à extraire les squelettes des iguanodons. Donc il faut vraiment bien s'imaginer, on est en 1878, pour s'éclairer sur place, ce n'était pas évident. Pendant la matinée, ils vont extraire les iguanodons, et l'après-midi, donc ils remontent vers 12h30, ils mangent un bout. Et après, ils vont passer toute l'après-midi sur le terril, là où on a ramené en surface les sédiments du fond de la mille. Ils vont vraiment examiner à la lumière du soleil les argiles extraites et ils vont en extraire les petits fossiles. Donc dans les petits fossiles, on a des tortues, on a une salamandre, on a des crocodiles, on a énormément de poissons, on a plus de 3000 poissons qui ont été extraits et une quantité invraisemblable de plantes. Tous ces petits fossiles vont être... découvert l'après-midi en surface. Mais bon, tout est répertorié, donc ils ont tout ramassé. Et donc, on a vraiment une idée très précise de ce à quoi pouvait ressembler l'écosystème de Bernissard il y a 125 millions d'années. Et là, c'est également vraiment une première.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant aussi dans le bouquin, tu montres ces représentations un peu fantaisistes des dinosaures. Tu parles entre autres du Crystal Palace. On va remonter des squelettes, mais un peu comme on peut, parce qu'on ne comprend pas nécessairement... ce que sont ces êtres. Bernissard va complètement tout changer. Au final, à l'heure actuelle, est-ce que les représentations qu'on s'est imaginées lors de la découverte de Bernissard sont encore valides ? Non, ces reconstitutions sont en très grande partie invalides. À l'heure actuelle, on pense que les gros iguanodons de Bernissard étaient peut-être plutôt des animaux quadrupèdes. Avec leur longue queue, elles ne traînaient pas par terre comme on se les imaginait à l'époque. Mais bon, ça servait à ces animaux de balancier. Il faut bien s'imaginer que le centre de gravité du corps d'un iguanodon se situait au niveau du sacrum, donc au niveau de la hanche. Donc c'était des animaux qui gardaient leur... leur colonne vertébrale à l'horizontale. Et cette colonne vertébrale était vraiment extrêmement rigide du bout de la queue jusqu'au niveau du cou. Donc vraiment, pour pouvoir équilibrer l'avant du corps, ils avaient besoin d'une queue très lourde et extrêmement développée. Donc c'était plutôt des animaux quadrupèdes, des animaux qui gardaient leur colonne vertébrale horizontale et qui posaient en grande partie leurs pattes avant au sol. La main des iguanodons est garnie de petits sabots. Donc un sabot, ça sert à... à poser la patte au sol. Mais on pense également que lorsque les iguanodons couraient, ils se redressaient un peu et ils étaient à ce moment-là partiellement bipèdes. Donc vraiment, ils shiftaient d'une position franchement quadripède vers une position plus bipède. Et ça, on en a des preuves plus ou moins directes en analysant des pistes de traces de pas fossilisées, découvertes notamment en Angleterre, où on voit très bien qu'on voit à un certain moment des... des traces de pas quadrupèdes et à un autre moment des traces de pas bipèdes.

  • Speaker #1

    Justement, là, tu nous parles au final de c'est quoi un iguanodon, donc plutôt position quadrupète. Un autre élément assez saisissant chez l'iguanodon, c'est cette fameuse main avec un pouce qui a une espèce d'excroissance. Est-ce que tu peux nous parler de cette main, que nous on appelle main justement avec un peu cette projection anthropomorphique en fait ?

  • Speaker #0

    Oui, la main des iguanodons, c'était vraiment ce que j'appelle dans le bouquin le recouteau suisse. Le pouce était transformé en un éperon osseux très robuste. À l'origine, avant la découverte de Bernissat, le pouce des iguanodons avait été remis au sommet de leur crâne. Pour eux, c'était une sorte de corne ressemblant à une corne de rhinocéros. Avec Bernissat, on a remis le pouce à sa place, sur la main. Cet éperon osseux était probablement un élément défensif important pour les iguanodons pour se défendre contre les prédateurs qui devaient pulluler à l'époque. que dans l'écosystème. Donc ça, c'est pour le pouce. Les trois doigts centraux sont plus ou moins accolés les uns aux autres. Et comme je l'ai dit, ils sont munis de petits sabots. Donc c'était des éléments servant probablement lors de la locomotion quadrupède des animaux. Et le petit doigt, donc le cinquième doigt, le petit doigt est hypertrophié. Et c'est un élément probablement extrêmement mobile et qui devait un peu remplir le même rôle que le pouce. Chez l'homme actuel, ça devait probablement leur servir à saisir les branchages des végétaux. Donc, ils avaient une main plus ou moins préhensile comme nous, mais le rôle du pouce était joué par le petit doigt.

  • Speaker #1

    Au niveau de leur mâchoire aussi, ils avaient des caractéristiques particulières. C'était des espèces de super masticateurs, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, voilà. C'est quelque chose qui a joué un rôle très important au niveau du succès évolutif. des iguanodons et de leurs successeurs, ce qu'on appelle les dinosaures à bec de canard ou les adroseurs. Donc c'est vraiment des machines à broyer des végétaux. Donc les dents sont continuellement remplacées, ce sont des sortes de tapis roulants, donc c'est vraiment des batteries dentaires. Les dents suffisaient très rapidement au contact des végétaux durs. Mais bon, pas d'importance, une fois que la dent a été utilisée, elle était directement remplacée par une dent de la généreuse. Donc voilà, c'était pratique.

  • Speaker #1

    Un peu comme les requins, mais en version herbivore.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc voilà, l'Iguanodon, en tout cas, ne devait pas passer chez le dentiste. Une fois que la dent était foutue, elle était immédiatement remplacée. Et c'est vraiment ce qui a, probablement, ce qui a constitué le succès évolutif de ces animaux-là. Alors,

  • Speaker #1

    ce qui est fou aussi, en tout cas, moi, je trouvais ça complètement dingue, c'est qu'on arrive à étudier, en quelque sorte, leur cerveau aussi, à comprendre quel était l'espace de leur boîte crânienne et comment il était un peu constitué.

  • Speaker #0

    Oui, ça fait partie des nouvelles études qui ont été effectuées sur les escaliers d'iguanodon. On a repassé une série de crânes au CT scan, au scanner médical, et on a pu reconstituer à quoi ressemblait la boîte crânienne de ces iguanodons de Bernissard. Ce qui est assez marrant, c'est qu'il y a deux types d'iguanodons à Bernissard. On a l'iguanodon Bernissard tensis, qui est l'animal le plus courant à Bernissard, qui est un animal de grande taille et dont le cerveau est... relativement, je dirais, primitif, basal pour un dinosaure. Et on a l'autre espèce, une espèce plus gracile, plus légère, dont on a découvert seulement deux, peut-être trois spécimens à Bernissa. et qui lui possède un cerveau plus évolué, qui fait plus penser aux hadrosaures qui vont succéder aux iguanodons. Donc voilà, on a deux lignées caractérisées par des cerveaux de morphologie sensiblement différents. Et probablement, on ne sait pas très bien comment fonctionnait ce cerveau. On voit des lobes olfactives très développés, donc c'était des animaux qui sentaient plus qu'ils ne voyaient. Le fait que le cerveau de l'espèce gracile ressemble plutôt au cerveau des hadrosaures me fait penser que ces iguanodons graciles avaient peut-être une vie sociale un peu plus développée. Mais bon, ça c'est juste des hypothèses. On est un peu dans le domaine de la science-fiction.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. On pose des hypothèses et a priori, ce ne sera pas facile de vérifier ces hypothèses. Tout à fait. Ce qui est aussi intéressant, c'est qu'il y a toute une enquête sur leurs morts. Comment ces iguanodons ? Il n'y en a pas deux qui sont morts, soyons claquaires. On parle d'un troupeau d'iguanodons qui est mort à cet endroit-là. Dans le livre, et à d'autres moments, j'ai entendu aussi cette expression, on parle d'une colquaisse de plusieurs millions d'années. C'est comment ces dinosaures, en fait, sont morts. Et donc, on finit par se retrouver dans ce que tu as appelé un cran que les mineurs ont traversé.

  • Speaker #0

    Dès 1878, les géologues se sont posé la question, comment se fait-il qu'on retrouve une telle concentration de dinosaures ? à cet endroit limité. Le cran des iguanodons à Bernissère, c'est peut-être maximum 80 mètres, 100 mètres de large. Et finalement, ces squelettes de dinosaures, on ne va pas les retrouver ailleurs. En dehors du site de Bernissère, je pense qu'on connaît deux ossements de dinosaures dans tout le bassin de Mons. Alors, c'est quelque chose qui a fasciné les géologues dès la découverte. Par exemple, Édouard Dupont, à l'époque, s'imaginait qu'à Bernissère, il y avait une immense falaise. que les troupeaux d'iguanodons étaient poursuivis par des prédateurs et qu'ils se sont cassés la figure le long de la falaise, un peu comme les lemmings à l'heure actuelle. Bon, ça, on sait que ce n'est pas vrai, mais il y a eu des tas d'hypothèses. On a parlé d'une sorte de cimetière des éléphants pour les iguanodons. On a également imaginé que, en fait, c'était des animaux morts à différents endroits, mais dont les cadavres se sont réacculés au point le plus profond de la région, donc correspondant. au fond du lac de Bernissère, un petit peu un système de lavabo. Si on lève des poils de barbe ou des cheveux au bord du lavabo, si on fait couler le robinet, il y a tout qui va se trouver dans le goulot. Bon, c'est quelque chose qui a fasciné, et ce sont des études qui ont été reprises il y a quelques années, notamment grâce au travail effectué par Jean-Marc Ball. Donc, on a réanalysé tous les documents de fouilles qui ont été dessinés à l'époque, en 1878, et on a pu... En fait, les... Les squelettes d'Iguanodon bernissard ne se sont pas retrouvées de façon aléatoire. Et en fait, ce qui était extrait à l'heure actuelle correspond à quatre épisodes de morts catastrophiques. À certains moments, on a un ensemble d'animaux qui sont morts en même temps et qui ont formé vraiment ce qu'on appelle des bone beds, donc des zones d'accumulation. Donc, on a des événements récurrents catastrophiques qui ont provoqué la mort en masse. de groupes d'iguanodons. À l'heure actuelle, on pense que les iguanodons de Bernissard ont vécu au moment où le cran, le puits d'effondrement de Bernissard, s'est formé. Un cran, c'est vraiment un puits d'effondrement. Si on fait un sondage à 1 ou 2 km sous le plancher des vaches, on va se retrouver dans des zones formées par des anidrises, par des sortes de sels. Ces sels vont se mélanger avec des eaux très chaudes. Le mélange sel et eau chaude va provoquer la dissolution de ces couches de sel. Cette dissolution va aboutir à la création de sortes d'immenses grottes, d'immenses cavernes, d'immenses poches de vie. De temps en temps, le plafond de ces grottes va s'effondrer par le poids des sédiments qui sont autour. On va vraiment avoir un puits d'effondrement. Et donc ces effondrements vont assez rapidement se retrouver en surface, provoquant ce qu'on appelle une doline. Les dolines, ce sont des structures qui existent encore à l'heure actuelle, de temps en temps. Il y a quelques maisons ou des champs qui se retrouvent effondrés par un événement tout à fait catastrophique. Et probablement ces dolines sont apparues en surface il y a 125 millions d'années lorsque les iguanodons vivaient à Bernissard. Ces deux lignes vont très rapidement se remplir d'eau. Ça va se transformer en... en lac, en marécage. Naturellement, ça va attirer les animaux qui vivaient tout autour. Donc, ils vont aller s'abreuver dans ces nouveaux lacs. Mais comme ces structures sont encore très peu stabilisées, vous imaginez, si vous avez un groupe d'iguanodons qui vient boire sur le bord du lac, ça va provoquer des effondrements locaux de la berge entraînant les animaux au fond du lac. On peut s'imaginer que les animaux les plus agiles, les plus...

  • Speaker #1

    Dégourdis, on va dire.

  • Speaker #0

    Les plus dégourdis, les plus légers surtout, vont pouvoir regagner la berge, mais les lourds iguanodons, adultes probablement, vont se retrouver vraiment, ils vont crever.

  • Speaker #1

    On estime leur masse à combien ?

  • Speaker #0

    Ça fait plusieurs tonnes, 3-4 tonnes certainement. Si la berge s'effondre et se casse la figure, il y a beaucoup de chances qu'une partie du troupeau va se retrouver noyée. Donc peut-être que ce sont les événements catastrophiques qui ont provoqué la mort soudaine de groupes d'iguanodons. Ces effondrements de berges auraient pu se répéter à plusieurs reprises au cours des années de formation de cette deline.

  • Speaker #1

    On l'a dit, au moment de la découverte des iguanodons, ils vont faire complètement évoluer la perception que l'on a des dinosaures. On l'a dit aussi, cette perception a continué à évoluer suite aux découvertes. À l'heure actuelle, qu'est-ce qu'on sait au final des dinosaures ? Comment la perception que l'on a, quand je dis perception, c'est plutôt la projection que l'on fait. a évolué ces dernières années ?

  • Speaker #0

    Ces dernières années, on a surtout réalisé qu'en fait, ce qui est important, c'est que les dinosaures n'ont pas disparu, qui sont encore bien présents parmi nous, ce sont les oiseaux. C'est quelque chose de tout à fait établi, c'est que les oiseaux sont des dinosaures. L'idée a eu un peu de mal à percoler, non seulement auprès du grand public, mais surtout au niveau des paléontologues, et donc ça a vraiment induit toute une nouvelle perception de ce qu'étaient des dinosaures. Donc ce sont des animaux... qui ressemblait plus aux oiseaux qu'aux lézards ou aux crocodiles.

  • Speaker #1

    C'est ce qui a empêché cette idée de percoler auprès des paléontologues. Au grand public, on peut se dire qu'il y a l'image Jurassic Park, je caricature, mais paléontologues, a priori, c'est les spécialistes du sujet. Qu'est-ce qui les freinait dans cette représentation ?

  • Speaker #0

    Je pense que les scientifiques ont quand même un esprit assez conservateur, pour la plupart. Même s'il y a des évidences, c'est parfois difficile de se débarrasser des anciennes conceptions. En fait, l'idée qu'oiseaux et dinosaures sont étroitement apparentés, ce n'est pas nouveau. En 1869, Thomas Huxley, qui est un paléontologue, c'était d'ailleurs un pote de Charles Darwin, a montré que les dinosaures et les oiseaux coureurs, comme les autruches, étaient très étroitement apparentés. Mais voilà, c'est une idée qui a disparu pendant plus d'un siècle. Il a vraiment fallu la découverte de ces dinosaures à plumes en Chine pour se dire, il avait quand même raison, les dinosaures, c'est des gros oiseaux.

  • Speaker #1

    Et donc, on découvre ces dinosaures à plumes en Chine, ce qui change complètement le paradigme, au final, de la représentation qu'on se fait du dinosaure, le lézard géant.

  • Speaker #0

    Oui, là maintenant, si on voit les représentations des paléoarthistes, là on voit tout le monde mettre des plumes autour des dinosaures. Là maintenant, c'est quelque chose de bien établi, en tout cas pour les dinosaures, ce qu'on appelle les théropodes, donc les dinosaures carnivores, donc c'était des animaux. La plupart, probablement, étaient recouverts de plumes. Le vélociraptor de Jurassic Park. On sait dire qu'on a des preuves directes, comme quoi c'était un animal complètement recouvert de plumes. Alors la question, c'est pour le T-Rex. Est-ce que le T-Rex ressemblait à un gros poussin ou au T-Rex de Jurassic Park ? Ce qui est amusant, c'est qu'on a découvert en Chine, au début des années 2000, un tyrannosaure primitif de plus petite taille. Bon, il faisait quand même 8 mètres, donc c'était déjà une belle bestiole, dont le corps était recouvert de duvet. Est-ce que le vrai T-rex de la fin du Cretacea était recouvert de plumes ? On ne sait pas trop. Vu sa taille, avait-il besoin de plumes ? Probablement pas. Est-ce que les jeunes avaient des plumes et que ces plumes disparaissaient au cours de la croissance ? Peut-être. Là, malheureusement, on a pas eu de T-rex. Ce sont des animaux qui ont été découverts uniquement en Amérique du Nord. Donc, pour le moment, on n'a que des os lents. On a quelques fragments de peau, mais on n'a pas vraiment de preuves directes quant à leur aspect extérieur. Alors, nos iguanodons, à quoi ressemblaient à l'extérieur ? Je vous le dirai dans peut-être deux ou trois mois, parce que là, on a des nouvelles découvertes par Bernissard Dodo qui risquent de changer radicalement notre idée de ce à quoi pouvait ressembler un jeune iguanodon. Alors,

  • Speaker #1

    tu anticipes ma prochaine question, c'est magnifique. Justement, la question que j'allais poser, c'est est-ce que Bernissard permet encore des découvertes à l'heure actuelle ? C'est-à-dire, est-ce que les ossements... les fossiles que l'on a découverts à ce moment-là, dans les années 1800, fin 1800, à Bernissard, permettent encore, à l'heure actuelle, de mener des recherches et de découvrir des choses.

  • Speaker #0

    Oui. Là, pour le moment, je dirais, il y a quelques années, on a entrepris une campagne de... de digitalisation des squelettes des iguanodons bernissards. Là maintenant, tous les squelettes sont digitalisés, donc on est en train de travailler au montage de ces images digitales. On travaille un peu sur des thématiques comme la locomotion. Et notamment, on a réexaminé les squelettes des petits iguanodons, ce qu'on appelait le Mantellis osiopius satyrphile d'Henzi. Et à nouveau, ces nouvelles images, ne fût-ce qu'au niveau de l'identification de ce dinosaure-là, probablement on va arriver avec quelque chose de nouveau. Je disais également que les premiers squelettes d'iguanodon étaient découverts en Angleterre. Là, on a un ancien médecin qui a pris sa retraite, et comme il s'ennuyait un peu, il a repris l'analyse des anciens squelettes découverts à l'île de White. Il est en train de découvrir des trucs absolument fabuleux, et notamment sur l'identification de ces animaux. Il est en train de montrer que la diversité des iguanodons au cours du Crétacé inférieur en Europe était beaucoup plus importante que ce qu'on croyait. Jusqu'à présent. Donc, en fait, il y a des tas d'iguanodons qui vivaient en Europe, mais qui sont des espèces ou des gens complètement différents. C'était des animaux qui, probablement, migraient peu, qui formaient des faunes relativement endémiques. Et donc, voilà, on a des tas de nouveaux noms d'iguanodons qui commencent à apparaître.

  • Speaker #1

    Et ça nous conduit à une question quand même essentielle, j'ai l'impression, sur cette fouille de Bernissard. C'est que, est-ce qu'à l'heure actuelle, ce serait intéressant de refaire des fouilles à Bernissard ?

  • Speaker #0

    Le problème de Bernissère, c'est que c'est profond. Ça fait quand même 322 mètres. On sait que le sous-sol de Bernissère est encore truffé de squelettes d'iguanodon. En 2002, il y a eu des campagnes de forage qui ont été entreprises dans et autour du cran d'iguanodon. Et un de ces sondages, il faut bien imaginer qu'un sondage, ça fait 8 centimètres de diamètre.

  • Speaker #1

    C'est tout petit.

  • Speaker #0

    À l'époque, lorsqu'on a vendu le projet, on s'est dit... Le but n'était pas de retrouver des nouveaux restes, mais c'est plutôt d'avoir des nouvelles... sur la formation du cran et sur l'âge des iguanodon bernissaires. Pour vendre le projet, on a dit qu'on allait peut-être retrouver des nouveaux squelettes. Pour moi, à l'époque, c'était du vent.

  • Speaker #1

    Hyper hypothétique, en fait.

  • Speaker #0

    La probabilité de retrouver un squelette si vous faites un trou de 8 cm, c'est proche de zéro. Non seulement on est tombé sur un ossement, mais en fait, on est tombé sur quatre niveaux d'ossements en faisant ce sondage de 8 cm. Et ces niveaux correspondent plus ou moins aux niveaux qui ont été découverts à l'époque des fouilles de bernissaires. Donc ça veut dire que c'est encore blindé de...

  • Speaker #1

    Vous avez beaucoup de chance. Oui,

  • Speaker #0

    oui. Bon, voilà. Il y a des iguanodons ou d'autres bestioles, on n'en sait rien. Les techniques de fouilles, il n'y a aucun problème pour les faire. Ce qui manque, c'est l'argent, c'est le fric. Dans les années 1990, il y a eu des études de marketing qui ont été effectuées pour savoir...

  • Speaker #1

    Un parc, etc.

  • Speaker #0

    Oui, et combien ça coûterait pour refaire des fouilles à Bernissard et qu'est-ce que ça pourrait rapporter à la région. Dans les années 1990... Donc les estimations, c'est qu'il fallait réinjecter environ 100 millions d'euros avant de pouvoir donner le premier coup de pelle à Benzac.

  • Speaker #1

    Ah ouais,

  • Speaker #0

    d'accord. Donc 100 millions d'euros, c'est pas mal d'argent. Donc le problème, c'est vraiment de trouver l'argent. Et je pense que là, c'est insoluble. Bon et maintenant, 100 millions d'euros, si c'est pour tomber encore sur des squelettes d'Iguanodon, est-ce que c'est rentable ? Si c'est tombé sur des nouveaux trucs, peut-être. Mais voilà, il y a vraiment un problème, un nœud financier qu'il faudrait résoudre. Si vous connaissez une riche héritière, investir 100 ou 200 millions pour ne pas les retrouver.

  • Speaker #1

    Parce qu'elle aime bien l'épinosaure et qu'elle a cette fameuse feuille perdue, on ne sait jamais. Dérégistre.

  • Speaker #0

    Donc voilà, le problème est là. Le problème est là. Purement financier.

  • Speaker #1

    On arrive tout doucement à la fin de cet épisode. Merci beaucoup. Quand toi, tu as rédigé ce bouquin, tu as redécouvert des choses ? Ou est-ce qu'il y a des choses qui te tiennent à cœur dont on n'a pas parlé ?

  • Speaker #0

    Ce qui m'amusait à l'époque, c'est d'aller vraiment retomber sur les documents. On a des centaines de documents d'époque qui n'avaient vraiment pas été totalement analysés. C'était marrant, il y a des tas d'anecdotes qui peuvent être retracées.

  • Speaker #1

    Et qui sont racontées dans le bouquin, c'est un cas super.

  • Speaker #0

    En partie en tout cas, parce qu'il y a vraiment plein de documents. C'est vraiment marrant de remettre les mains dans le camp.

  • Speaker #1

    On arrive tout doucement à la fin de cet épisode et j'ai oublié de le dire pendant la préparation, donc c'est une petite surprise et je te laisserai quelques minutes pour réfléchir.

  • Speaker #0

    Tu as trouvé 100 millions.

  • Speaker #1

    Non ! On finit toujours le podcast par une citation qui évoque un peu ce dont on a parlé durant notre échange. Donc, est-ce que tu as une citation à nous partager ?

  • Speaker #0

    Bon, alors je pense que je vais reprendre un découplet de « La complainte des Iguanodons » de Bernie Sark, qui est une chanson. qui a été écrite et composée en 1912 par Maurice Victor Guido. Un découplé dit, bon, je ne vais pas le chanter, il vaut mieux pour tout le monde.

  • Speaker #1

    On va juste le lire.

  • Speaker #0

    Bon, pitié pour un iguanodon qu'on exhibe dans une connexion. Où ce qui vient un tas d'abrutis qui contemplent ses abattis, les uns disent c'est un kangourou, les commères disent c'est le loup-garou, un piou-piou, qui est très éduqué, dit à sa bonne, c'est fabriqué.

  • Speaker #1

    Excellent. Super, merci pour ce moment qui au final nous indique toutes les représentations que les gens avaient de l'Iguanodon à cette époque. Pascal, merci beaucoup d'avoir participé à cet épisode.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir invité.

  • Speaker #1

    Et j'espère, chers auditeurs, chères auditrices, que ça t'a vraiment donné envie d'aller plus loin sur cette histoire des iguanodons de Bernissard, d'acheter le livre de Pascal, de découvrir cette aventure complètement incroyable. Et surtout, chers auditeurs, chères auditrices, je te donne rendez-vous dans deux semaines pour le prochain épisode de la saison 9 de Science, Art et Curiosité, le podcast du Mumons. À très très bientôt. Tu viens d'écouter un épisode du podcast du Mumons. Et franchement, j'espère qu'il t'a plu. D'ailleurs, si en passant, tu veux me faire un retour ou si tu as des idées d'amélioration, surtout n'hésite pas à nous contacter. Tu peux aussi devenir notre ambassadeur et faire découvrir ce podcast tout autour de toi. Si tu as des idées de sujets ou si tu souhaites enregistrer un épisode, surtout n'hésite pas à nous contacter. Rendez-vous sur le site internet mumons.be ou sur la page Facebook du Mumons.

  • Speaker #0

    Merci à tous.

Chapters

  • Introduction à la saison 9 et présentation des thèmes

    00:37

  • Les iguanodons de Bernissard : contexte de la découverte

    02:06

  • Pascal Godefroy : parcours et expertise en paléontologie

    02:43

  • L'importance des fossiles dans la compréhension des dinosaures

    03:08

  • Découverte des fossiles : histoire et enjeux scientifiques

    06:16

  • Les représentations des iguanodons à travers l'histoire

    20:34

  • Évolution de la perception des dinosaures et conclusion

    39:12

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