Speaker #0Mais déjà, qu'est-ce qu'un bullshit job, autrement dit, job à la con, en français ? La définition donnée par l'anthropologue David Greber est la suivante. Un job à la con est une forme d'emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflu ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence. David Greber en a identifié cinq, que voici : En un, les larbins. Ce sont les personnes dont le métier est de permettre à quelqu'un d'autre de paraître ou de se sentir important. Bien souvent, il s'agit de son supérieur hiérarchique. En faisant le lien avec l'époque médiévale, David Greber explique qu'un larbin fait aussi partie d'une cour, et qu'une cour est faite pour magnifier le roi. Par conséquent, plus vous avez de larbins, donc d'employés sous vos ordres, plus vous rayonnez en quelque sorte. Cela renforce même le poids du supérieur vis-à-vis de son entourage. En deux, le porte-flingue. Au sens métaphorique, ce sont les salariés dont le travail à composantes agressives n'existe que parce qu'il a été créé par d'autres. L'auteur s'appuie sur des exemples concrets tels que les lobbyistes, les télévendeurs ou les avocats d'affaires. Cerise sur le gâteau, ces métiers ont selon lui un impact négatif sur la société dans son ensemble. D'ailleurs, s'ils disparaissaient, personne ne s'en porterait plus mal. En trois, les rafistoleurs. Il s'agit des jobs qui rafistolent des problèmes qui ne devraient pas exister. L'écrivain s'appuie notamment sur l'industrie du logiciel pour étayer son propos. Schématiquement, ce sont des travailleurs dont le rôle consiste à gérer les conséquences de stratégies ou décisions vouées à l'échec, mais qui ont tout de même vu le jour. Comme revenir en arrière coûterait trop cher, ces employés sont rémunérés pour gérer quotidiennement les désagréments de ces décisions. Métaphoriquement, c'est comme si on réparait sans cesse un tuyau qui fuit, plutôt que de le remplacer complètement. En 4, les Ausha de cases. Cette expression concerne les salariés dont le rôle permet à une entreprise de prétendre faire quelque chose qu'elle ne fait pas en réalité. À titre d'illustration, David Greber cite les commissions d'enquête, les services chargés d'établir des rapports orientés, ou encore les services d'inscription administratifs. Bref, tous les services qui s'attachent uniquement à vérifier que les procédures ont bien été respectées, même si leur utilité est vaine. Enfin, en 5, les petits chefs. Cette caste se divise en deux catégories. La première se contente d'assigner des tâches aux autres. Celle-ci est assez proche des larbins que nous avons évoquées précédemment, mais au lieu d'être en bout de chaîne, ce sont leurs supérieurs. La seconde génère des jobs à la con pour les autres. a créé des tâches inutiles juste pour le plaisir de voir les subordonnés s'exécuter. Le besoin d'affirmer son pouvoir est extrêmement présent, on parle même de bullshitisation du job des autres.