- Speaker #0
Je leur dirais à ces CEOs de start-up, je dirais, mais donnez leur chance à tout le monde. Donnez sa chance au produit. Ce n'est pas parce qu'on a 54, 53 ans qu'on est Asbine. Bien au contraire, aujourd'hui, on est tenu de se former. Parce que le monde ne nous attend pas. Il ne nous fera aucun cadeau.
- Speaker #1
Pour cette émission, j'ai la grande joie d'accueillir Florence. Florence va fêter ses 55 ans. Elle croit fermement que les croyances limitantes n'ont jamais leur... place et qu'il est clé d'avoir un carnet d'adresses de qualité pour se développer professionnellement. Elle valorise volontiers la valeur de l'intergénérationnel et s'épanouit pleinement dans une équipe managée par une femme beaucoup plus jeune. Elle va vous montrer à quel point son état d'esprit conquérant et sa pugnacité lui ont toujours ouvert de jolies portes. Bonjour Florence.
- Speaker #0
Bonjour Mathilde.
- Speaker #1
Je suis absolument ravie de vous recevoir aujourd'hui au studio.
- Speaker #0
Plaisir partagé.
- Speaker #1
Est-ce que je peux commencer par vous demander de vous présenter ?
- Speaker #0
Avec plaisir. Alors, je m'appelle Florence Anglerot, j'ai 55 ans dans 12 jours, voilà, et je suis maman de deux garçons de 28 et 25 ans, voilà.
- Speaker #1
Superbe. Est-ce que vous pourriez me dire, qu'est-ce qui vous a donné envie de participer à cette émission, de témoigner sur le fait que l'expérience est une tendance et de bousculer un certain nombre de préjugés ?
- Speaker #0
Je crois qu'aujourd'hui, alors on va vers une société du jeunisme. A chaque fois on voit des, j'allais dire, j'oserais dire des publicités pour des cosmétiques avec de très jeunes femmes qui vendent des crèmes anti-âge. Bah ouais, sauf que c'est comme en entreprise, on peut pas parler de l'âge sans qu'il y ait des noldi. C'est évident. Donc une entreprise, pour qu'elle fonctionne, il faut qu'il y ait toutes les générations. Pour moi c'est indispensable. Donc je voulais témoigner aussi de cette facilité que j'ai aujourd'hui d'assumer mon âge. D'ailleurs, on me le dit souvent, « Oui, mais tu ne les fais pas. » Je lui dis, « Oui, mais la carte d'identité dit le contraire. » Et lorsque j'envoie des CV à des chatbots, l'année du diplôme, elle fait que l'IA, les algorithmes, m'éjectent parce qu'on sait que c'est 50 ans et plus. Donc il faut un petit peu passer outre. ces biais cognitifs. Non, les seniors ne sont pas des vieux croulants. Ils ont eu des diplômes, ils ont des compétences, une expérience à valoriser. Et c'est à eux aussi de se faire un petit peu confiance, je dirais.
- Speaker #1
Ça, c'est important. C'est un super message. Et d'ailleurs, je crois que vous l'illustrez quand même très, très bien puisque depuis le début de votre parcours professionnel, Vous avez quand même beaucoup, beaucoup travaillé sur le fait de vous former très, très régulièrement. Est-ce que vous pouvez nous raconter ça ?
- Speaker #0
Pour moi, c'est le mot magique. Formation, formation, formation. Alors, je ne dis pas qu'il faut rester un éternel ou une éternelle étudiante, loin de là. Il faut à un moment donné mettre les mains dans le moteur et puis passer à l'action. Sinon, ça ne vaut rien. Je veux dire, tout ce qu'on aura pu acquérir comme savoir, comme connaissance et comme bonne pratique, il faut le mettre en action. On est bien d'accord. Mais néanmoins, aujourd'hui, avec un monde qui va deux fois plus vite qu'il y a 30 ans, quand j'ai commencé de travailler, à 25 ans, je m'aperçois que les nouvelles technologies allant crescendo, étant de plus en plus, entre guillemets, sophistiquées, c'est à nous aussi, les noldi, de savoir dire, « Ah ben attends, moi je suis capable de faire ça, ou… » Je prends un bouquin, je vais sur un site comme udemy.fr pour m'auto-former le week-end sur le chat GPT, je mobilise mon CPF, bref, je me bouge.
- Speaker #1
Comment vous vous formez à toutes ces compétences digitales ? Comment est-ce que vous travaillez au quotidien avec chat GPT ?
- Speaker #0
Actuellement, j'ai la chance d'avoir un employeur qui pousse beaucoup sur cet outil, qui nous le recommande, mais vraiment… j'allais dire au moins trois quatre fois dans la journée si c'est pas plus mais c'est bien ça finit par entrer la preuve c'est que je me suis créé un compte et j'ai l'intention d'exploiter mes cours d'allemand que j'ai repris à titre personnel pour optimiser mon niveau et peut-être pouvoir le mettre en pratique dans une entreprise prochainement entre Babel, le livre et puis Chergibiti, je vais me constituer des listes de vocabulaire d'allemand des affaires. Voilà. Je pense que c'est un bon outil qui va servir à mon apprentissage.
- Speaker #1
Ça, c'est super. Et vous avez, du coup, je crois, qu'on prend une forme d'amour des langues. Vous aimez pratiquer le français, du coup, l'allemand et sans doute l'anglais.
- Speaker #0
L'anglais. J'ai baigné dans l'anglais depuis toute jeune, j'ai voyagé, une mère qui voulait passer son agrégation. Donc du coup, effectivement, l'anglais pour moi, c'était pas ma seconde langue, loin s'en faut, mais disons que je suis à l'aise pour parler anglais. Voilà, ça, il n'y a aucun souci. L'allemand, j'avais un bon niveau en BTS, faute d'expérience.
- Speaker #1
Faute de pratique.
- Speaker #0
Voilà, j'ai cessé de le pratiquer. Mais j'ai continué de m'y intéresser, à la langue. j'ai continué de m'intéresser à cette langue. Et certains mots me sont restés, voilà. Une certaine logique aussi. Un petit exemple, les noms d'animaux, à part le chien et le chat, par exemple, c'est toujours neutre. Voilà. Alors que, par exemple, les noms en height, avec un height, c'est toujours féminin. Voilà. The sure height, la sécurité. Voilà, ce sont des petits trucs comme ça qu'on retient, malgré tout, au fil des années. et qui font que réapprendre la langue est beaucoup plus aisé.
- Speaker #1
Vous avez laissé entrevoir que du coup, pendant une partie de votre vie, j'imagine l'enfance, l'adolescence, vous avez changé, vous avez déménagé régulièrement et c'est ce qui vous a permis d'acquérir, de parler d'autres langues ? Alors,
- Speaker #0
pas forcément voyager en étranger malheureusement, mais voyager au gré des provinces, au gré des expériences professionnelles, des postes de mon père. qui est effectivement changé tous les 4 à 5 ans jusqu'à mes 14 ans. À 14 ans, on s'est enfin fixé. Mon père a fini sa carrière à Soissons, chez un fabricant de pommes de chips, Vico, pour ne pas le nommer. L'amour des pommes de terre. C'était de 14 ans à mes 24 ans. date de mon BTS, j'ai connu enfin une certaine stabilité. J'ai pu me faire des amis qui ont duré, des amitiés qui ont duré. Et ça, c'était quand même un gage aussi pour mieux apprendre, moins dur psychologiquement.
- Speaker #1
Oui, et puis je pense qu'on l'a entendu régulièrement dans l'émission, le fait de s'ancrer à un moment et effectivement de construire est important. Et pour autant, je suis aussi très curieuse de vous entendre sur le fait de déménager tous les X temps, qu'on le souhaite ou qu'on ne le souhaite pas.
- Speaker #0
pas le fait que ça vous ait apporté probablement de l'adaptabilité complètement qu'est ce que gagne pas le mesure et ah oui complètement c'est sans doute peut-être si effectivement on était resté ancré dans un territoire comme bordeaux la bretagne beauvais et après soissons j'aurais eu moins cette capacité à comment dire à me fondre dans le paysage et à m'adapter à de nouvelles nouvelles de nouvelles têtes, de nouvelles formes d'apprentissage, de nouveaux lieux, de nouvelles habitudes. Et effectivement, je pense que ça, ça m'a rendu complètement adaptable à pas mal de milieux et pas mal de secteurs d'activité après dans ma vie pro.
- Speaker #1
Et donc, je comprends que vous êtes un vrai caméléon. Et aujourd'hui, dans votre travail, est-ce que vous travaillez avec différentes générations ? Oui,
- Speaker #0
tout à fait. Ça va de 25 à peu près. Je suis la plus ancienne, je suis la doyenne du cabinet où je travaille aujourd'hui. Mon patron a deux ans moins que moi.
- Speaker #1
Un petit jeune.
- Speaker #0
C'est exactement ça. Avec tout ce que ça comporte, et pareil, il est super adaptable. Il s'intéresse à tout. C'est quelqu'un d'extrêmement curieux intellectuellement, de très riche culturellement, et de très riche aussi sur le plan personnel. Donc effectivement, on apprend énormément avec lui. ça c'est clair, mais j'apprends aussi de mes collègues puisque comme c'est un cabinet de communication, relations publiques, communication politique et institutionnelle, j'ai affaire à des jeunes qui sont issus de formations que je ne connaissais absolument ni d'Ève ni d'Adam, Sciences Po, master en communication politique, et j'apprends aussi sur le fonctionnement de nos institutions. Comme je suis d'une génération où il n'y avait pas d'éducation civique, Du coup, je réapprends le fonctionnement de l'Assemblée, des commissions, comment fonctionne le Sénat une fois que l'Assemblée a promulgué une loi. Hop, on passe à un autre niveau. Voilà, donc finalement, ça a du bon. C'est complètement positif. On apprend mieux en tant que citoyen comment fonctionne notre pays et son système politique.
- Speaker #1
Ça, c'est super. Et qu'est-ce que vous, vous leur apportez ? Comment est-ce qu'ils vous voient ? Comment ils perçoivent votre valeur ?
- Speaker #0
Moi, ils me voient un peu comme la Mary Poppins de l'agence. Je sais résoudre pas mal de problèmes avec l'imprimante. Je suis un peu bricolo, donc j'ai ce côté MacGyver. J'ai toujours été comme ça en fait. Dès qu'un problème se présente, il y a toujours une solution. Donc on va la chercher. Et si vraiment ça dépasse mes compétences, j'appelle le prestataire de l'immeuble, évidemment. Mais d'abord, on essaie de résoudre, de trouver la solution.
- Speaker #1
Ça c'est super. Et ce côté multigénérationnel, vous le pratiquez au travail ? Est-ce qu'il y a d'autres endroits où vous le pratiquez ?
- Speaker #0
Oui, j'ai la chance de faire du chant. du chant de variété française, je précise, ce n'est pas une chorale comme on peut l'entendre dans certaines chapelles, c'est vraiment de la chanson de tous les jours, mais alors c'est le fun, on s'amuse. Hier, j'allais dire la Benjamin du groupe qui s'appelle Lou, 28 ans, nous a interprété, mais avec une poésie, un talent, alors qu'elle connaissait à peine la chanson, voilà de Barbara Pravi. Bon, ce n'est pas une de mes chanteuses préférées, mais du coup, elle interprétant cette chanson, on est tous restés bouche bée, on l'écoutait religieusement, c'est qu'elle veut dire, on était bluffés. C'est ça le groupe de chant, et une fois par an, on se produit en spectacle à la fin de l'année, vers juin, en général c'est vers la fin du mois de mai, début juin, avant les vacances, on offre ce moment de détente au Marlichois. La mairie nous prête une salle et on a 50, 60, les familles, les amis qui viennent nous écouter. On a eu le droit à notre appel l'année dernière.
- Speaker #1
C'est génial. Et ça fait longtemps que vous faites ça, Florence, que vous pratiquez le chant ? Oui, trois ans.
- Speaker #0
J'ai besoin de ça. C'est ma soupape de respiration le jeudi soir à 20h. De 20h à 22h. En général, on déborde d'ailleurs parce qu'on est tellement enthousiaste qu'à 22h30, on est... encore dans la salle en train de travailler. Comme quoi, travailler, ça peut engendrer du plaisir. Et voilà, on travaille aussi les techniques vocales, comment chauffer sa voix, comment placer sa voix, les arrangements, les notes. On ne fait pas de solfège, mais on apprend quand même à placer sa voix en fonction d'une note. Et ça, c'est... Et j'avoue que c'est un plus. Je vais vous dire pourquoi c'est un plus, Mathilde, le chant. C'est que derrière, quand vous prononcez des discours, ou quand vous allez par exemple faire une formation sur du secrétariat, chose que j'ai faite, j'ai été formatrice à l'AFPA, placer sa voix permet de ne pas endormir son auditoire.
- Speaker #1
Ça c'est super important. Et vous sentez que le chant vous apporte, vous aide à développer cette compétence ?
- Speaker #0
Complètement.
- Speaker #1
Et donc vous êtes l'exemple, et je me permets quand même de le mettre en valeur, qu'à 52 ans... démarrer, commencer à travailler une nouvelle passion, c'est absolument possible et extrêmement complémentaire de ce que vous faites.
- Speaker #0
Mais au contraire, moi je dirais, allez-y, foncez. Ça peut être le pilates, ça peut être le chant, ça peut être, pourquoi pas, aller la couture, ou même le crochet, à la limite on s'en fiche. Si vous trouvez du plaisir dans un loisir, tout est gagné. Et en plus, ce sont toujours des compétences transversales. La preuve, c'est exprimer à l'oral sur un powerpoint, ne pas regarder son powerpoint, avoir les idées focus, les idées principales sur la slide, et savoir placer sa voix. C'est ça qui va faire la différence entre un orateur correct et un mauvais orateur.
- Speaker #1
Et c'est vrai qu'on est quand même dans une société, et moi je le travaille à titre personnel, dans laquelle avoir un format d'expression orale qui soit correct, impactant et engageant, est quand même quelque chose d'important. Parce qu'on a quand même au quotidien, dans son travail, qu'on souhaite le garder, se développer ou en chercher un autre, besoin finalement de donner envie et de convaincre.
- Speaker #0
Exactement. C'est du pitch, c'est un simple pitch ou alors c'est parler de soi, mais en orientant la thématique vers les atouts qu'on va apporter à l'entreprise lors d'un entretien. Oui, à multiples reprises dans la journée, vous avez besoin. de convaincre. Donc, autant bien le faire, et autant le faire avec envie. Bon, après, défendre, par exemple, je ne sais pas, la profession de contrôleur des impôts, j'aurais du mal. Bon, je vous l'avoue. Peut-être que... Voilà. Non pas que ce soit inutile, bien au contraire, il en faut. Mais comme je ne me vois pas le faire, j'aurais du mal à être quelqu'un de convaincant pour ce job.
- Speaker #1
Et du coup, je vous sens hyper à l'aise avec cette expression orale, avec ce pitch, comme vous le dites si bien. Ça existe depuis combien de temps dans votre carrière, ça ?
- Speaker #0
Depuis que je suis indépendante, j'ai été indépendante. Il a fallu pitcher en réseautage, en réunion de réseautage, les BNU, les Carbao, toutes sortes de clubs aujourd'hui sur la place de Paris qui vous invitent à boire un café. Et vous devez effectivement pitcher votre activité. Donner envie à une entreprise de faire appel à vous pour du community manager, pour être votre graphiste. Et puis j'ai fait du théâtre plus jeune, donc j'ai toujours été habituée à avoir un public. Bien au contraire, moi j'adore ça. J'adore vendre ce que j'aime. cargué, fourgué, maquable.
- Speaker #1
Un peu de cargaison.
- Speaker #0
Voilà, je dirais les camelots. Mais en tout bien, tout honneur, bien sûr.
- Speaker #1
Non mais bien sûr, parce que ça, je l'entends souvent en fait. Je suis dans une vraie phase d'immersion avec plus d'une centaine, à mon avis, pas très très loin maintenant, des 200 nolds. Et ce que j'entends souvent, en tout cas pour ceux qui se mettent à leur compte, c'est en fait, c'est super dur de se vendre soi-même. On n'a pas forcément été habitué à le faire. On a souvent représenté une entreprise. On était en général fiers de le faire, en tout cas pour la plupart. Et le jour où il faut vendre ses propres services, sa valeur, ce qu'on peut apporter, c'est dur.
- Speaker #0
Et c'est d'autant plus dur pour nous les femmes, parce que je ne sais pas si c'est génétique ou pas, ou culturel ou pas, mais nous les femmes, on nous a souvent dit, dès notre plus jeune âge, tiens-toi bien, sois tranquille, ne parle pas, sois sage. Résultat, on a développé une espèce de syndrome de l'imposteur aussi. Et j'ai remarqué que les hommes étaient moins atteints, quand même beaucoup moins atteints par ce syndrome, que nous, les filles. Après, je peux me tromper, mais statistiquement, j'ai jamais vu un homme incompétent avoir peur d'aller se vendre. Et Dieu sait que j'en ai croisé.
- Speaker #1
On ne les mentionnera pas, Florence. Non. Mais vous aurez une pensée pour eux.
- Speaker #0
J'ai une pensée pour eux et pour certains, leur situation est guère enviable aujourd'hui. Donc je me dis quand même qu'il y a un karma.
- Speaker #1
En général, on récolte ce que l'on s'aime.
- Speaker #0
Nous sommes d'accord.
- Speaker #1
Et du coup, aux hommes qui ont ce complexe de l'imposteur, aux femmes qui l'ont peut-être plus globalement, qu'est-ce que vous, vous avez envie de dire, Florence ?
- Speaker #0
de s'écouter, d'être sûr de soi parce que quand on est convaincu par sa valeur et quand on véhicule de belles valeurs à titre personnel, psychologique, culturel, on devient crédible. C'est une compétition, on est d'accord ? Entre trois graphistes sur la place de Paris, se vendre et décrocher un marché va s'avérer plus facile pour certains que pour d'autres. Néanmoins, si on a... aussi un bon carnet d'adresses. Il faut savoir se constituer un carnet d'adresses, savoir se faire recommander. Ça c'est très important. LinkedIn est un formidable outil pour ça où on peut se faire recommander. Alors moi, je ne me suis jamais permise d'être recommandée par quelqu'un si je savais que c'était du pipeau. Il ne s'agit pas de me vendre sur mes aptitudes en contrôle de gestion, je n'en ai pas. Voilà. Par contre, les langues vivantes, bien écrire, avoir une parfaite rédaction, avoir le sens de l'accueil, avoir une aisance relationnelle et être honnête, ça oui. Voilà, ça je vais pouvoir demander une recommandation là-dessus parce que je sais que ça sera légitimé.
- Speaker #1
Ça c'est super. Et je reviens à ce sujet du carnet d'adresse. Ce que j'entends aussi, c'est en fait j'ai tellement travaillé que je n'ai pas particulièrement entretenu mon raison et donc… Aujourd'hui, aller toquer à la porte d'un tel ou d'une telle, je ne me sens pas à l'aise, peut-être que j'ai un peu honte parce que je suis moins dans une situation de force. Comment peuvent-ils faire ?
- Speaker #0
Déjà, c'est entretenir son réseau, demander des nouvelles, envoyer une carte de vœux. J'ai fait des cartes de vœux électroniques que j'ai envoyées à certaines personnes de mon réseau. Je continue ce week-end. C'est tout bête, je me suis concocté un petit truc sur Canva avec de la musique et tout ça, une petite carte de vœux vidéo. J'ai envoyé ça à certains de mes réseaux et puis j'écris aussi mes cartes de vœux que j'envoie à des gens. La bonne vieille carte de vœux à l'ancienne, ça fait toujours plaisir, on a pris le temps d'écrire. C'est comme ça qu'on soigne son réseau aussi. Ce n'est pas qu'au moment où vous avez besoin d'eux. Et puis pourquoi pas leur proposer un service gratuit ? Tiens, tu as besoin de ça ? Je peux te dépanner sur... Tu refais ton CV ou tu refais ta plaquette ? Attends, je vais te donner un coup de main. C'est free of charge.
- Speaker #1
Ça, c'est un excellent conseil. Et effectivement, ne pas s'en préoccuper qu'au moment où on en a besoin.
- Speaker #0
Parce que les gens sont... sont tous au fidéo. Ils vont bien voir que vous êtes là par intérêt et pas seulement pour leurs beaux yeux. Enfin, je veux dire, on est naïfs, mais pas au-delà d'un certain degré quand même. Donc c'est pour ça que mon réseau, je l'entretiens, mes anciens clients, tout simplement. Je continue de leur demander des nouvelles. De temps en temps, on va boire un verre. Même si je ne leur demande rien.
- Speaker #1
Mais sans doute parce que ça vous fait juste plaisir. Et c'est ce que je tente.
- Speaker #0
Ah, mais complètement. C'est une démarche complètement dénuée d'intérêt et en toute sincérité. Et les autres le sentent. Donc, effectivement, je vais leur payer le cocktail. C'est à charge de revanche la fois suivante. Ils m'invitent à déjeuner. Voilà. Et j'aime beaucoup aussi conseiller les assistantes de ma génération, entre 45 et 55 ans. Leur dire, ben voilà, si j'étais toi, tu t'ennuies dans ton job. Attends, je vais te donner. Si tu veux, on se voit, on se boit un café, je t'invite. Et je te dis sur quoi tu peux te former par rapport à tes rêves ou à tes aspirations.
- Speaker #1
C'est apprécié, bien reçu ?
- Speaker #0
Complètement. C'est totalement bien apprécié. Au contraire même. Dans un monde où tout le monde ne s'occupe que de sa pomme, si j'ose dire, dans une société hyper individualiste, le côté échange de retour de cadeaux, ça marche. C'est bête comme chou, le troc, ça marche.
- Speaker #1
J'ai toujours eu le sentiment que les assistantes étaient assez douées pour créer quand même des cercles, s'entraider, ou en tout cas que c'était une profession dans laquelle il y avait plus d'entraide peut-être que dans d'autres.
- Speaker #0
Il y a de l'entraide, il y a une réelle entraide. Moi j'ai bénéficié des conseils d'une assistante plus âgée que moi à l'époque, dans un cabinet où je faisais un CDD comme assistante. Son fils était mon manager, il avait quoi, 25-26 ans à l'époque Fabrice, donc il avait l'âge de mon fils cadet aujourd'hui. Et elle, elle avait quoi, 53-54 ans à l'époque et elle m'a mentorisée, elle m'a prise en main, elle m'a donné des tas de conseils sur comment se tenir en entreprise, comment s'habiller en entreprise, comment s'exprimer. en six mois avec elle j'ai appris plus qu'en deux ans au BTS.
- Speaker #1
Ça c'est un sacré cadeau.
- Speaker #0
Ça je peux vous dire c'est vraiment un cadeau du ciel. Il y a des belles personnes comme ça que vous avez l'occasion de rencontrer sur votre lieu de travail. Dès que vous sentez qu'il y a une vraie bonté, une vraie générosité de leur part, tâchez d'être aussi à l'écoute vis-à-vis d'eux pour leur rendre la pareille.
- Speaker #1
Et vous l'avez dit, j'étais managée par son fils qui avait l'âge de mon fils. Voilà. Comment est-ce que c'est ? Parce qu'il y a aussi beaucoup...
- Speaker #0
Non mais à l'époque j'étais plus jeune, donc on avait à peu près le même âge.
- Speaker #1
Ah vous aviez à peu près le même âge ? Oui, oui. Ok, il n'y avait pas...
- Speaker #0
Non, non, j'avais 26 ans. J'étais légèrement plus âgée que lui, mais j'avais 26 ans quand même.
- Speaker #1
Est-ce que ça vous est arrivé d'être managée par des gens beaucoup plus jeunes que vous ?
- Speaker #0
Alors oui, actuellement je suis managée par une jeune femme de 27 ans. donc qui est plus jeune que mon fils aîné, mais c'est quelqu'un de formidable. C'est une fille qui est d'une intelligence, mais alors hors du commun, elle est bien éduquée, respectueuse de l'autre, aucun problème.
- Speaker #1
Donc pour vous, ce n'est pas parce que...
- Speaker #0
Non, non, au contraire, ce n'est pas une question de génération. Le management, c'est une question de respect de l'autre. On peut être managé par quelqu'un de plus jeune, qui soit bien mieux, bien plus compétent, que quelqu'un qui soit plus âgé que vous. Ça n'a rien à voir avec l'âge. C'est une question d'humain.
- Speaker #1
Moi, je suis complètement d'accord avec vous, mais je trouve que ce qui est important de souligner, c'est certainement la valeur que cette femme vous apporte, mais aussi le positionnement que vous, vous avez. Puisqu'il n'est pas aisé quand même, dans la tête de tout le monde, ou en tout cas des personnes également avec lesquelles j'échange, de se dire, ben voilà, moi j'ai 55 et ma manager, elle a 27, ou elle a 30, ou elle a 35. Il y a un certain nombre de personnes qui trouvent que ça n'est pas légitime. Et j'invite du coup les NOLD, les seniors, à adopter une posture qui soit une posture d'égal à égal. Bien sûr que vous avez plein de choses à apporter parce que vous avez une expérience. Oui,
- Speaker #0
mais bien sûr.
- Speaker #1
Sans doute que lui ou elle aussi. Et c'était en faisant circuler...
- Speaker #0
Elle a un background que je n'ai pas. Et ça, moi, je dis bravo. Je fais waouh. Parce que cette fille, elle a passé un diplôme en Angleterre. Elle a travaillé, elle a étudié dans une grande fac en Angleterre. Elle a étudié la communication institutionnelle. Elle est hyper forte en économie, en stade. elle a fait un diplôme en stats en angleterre et elle a cette espèce de logique d'esprit d'analyse que peu dont peu dispose je peux vous dire franchement j'ai vu des gens mais bien plus capable qu'elle se vautrer dans des analyses des slides des powerpoint chiantissime parce qu'ils ne savent pas analyser ils ne savent pas synthétiser Elle, quand elle fait un power punch, c'est « strike to the point » et c'est efficace. Et vas-y, on n'a pas besoin d'une tartine pour arriver au bon résultat. Donc rien que pour ça, moi je suis fière d'être managée par cette fille. Voilà, c'est tout. Il faut savoir un petit peu être humble de temps en temps. Ce n'est pas parce qu'on a 55 ans qu'on sait tout. Ça aussi, il ne faut pas l'oublier. On apprend à tout âge, donc on continue d'apprendre jusqu'à la retraite. jusqu'à nos...
- Speaker #1
Et peut-être même jusqu'à toujours.
- Speaker #0
Et bien voilà, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus exprimer un souffle. On continue d'apprendre.
- Speaker #1
Vous avez encore, vous le disiez, des projets de formation à venir. Complètement,
- Speaker #0
je me suis remise à l'allemand, donc en autodidacte pour le moment. Après, il va falloir quand même que je me trouve une formation avec un prof costaud, surtout en allemand des affaires, pour passer le bulatz, parce que c'est quand même ça sur le CV qui mentionne que vous avez un bon niveau. A partir de B2, on peut dire que vous avez un niveau correct en langue vivante. Il faut également, je vise une formation à l'IFOCOP. Alors, j'hésite encore entre assistant de gestion et contrôleur de gestion. Il faut que je vois un petit peu le contenu plus avant et que je discute avec le responsable pédagogique du centre pour voir exactement où je me situe et ce qui me correspondrait le mieux. Et le troisième volet. repasser une certification Excel. Me fermer sur... Passer ce qu'on appelle... Autrefois, c'était le Passport Compétences Informatiques Européens. Là, aujourd'hui, c'est un autre. C'est Learning Computer Driving License ou un truc comme ça. Et ça permet, au niveau européen, d'être reconnu sur un niveau en informatique. Que ce soit sur Word, PowerPoint, Excel, Access, enfin, toute la suite Microsoft Office, le Teams aussi.
- Speaker #1
C'est vos parents qui ont été, j'allais dire, des modèles sur le fait d'apprendre à tout âge ? Oui, oui,
- Speaker #0
oui. Mon père continuait... Alors déjà, mon père parlait très, très bien allemand, puisqu'il a grandi au Luxembourg. Moi, je suis binationale, je suis franco-luxembourgeoise. Et puis derrière, ma mère, donc, à 40 ans, aidait la grecque d'anglais. Enfin, c'est tout sauf évident. Surtout avec deux oiseaux comme mon frère et moi. Voilà. Et pas toujours sage et très discipliné et rentrant à l'heure comme il faudrait. Et derrière, j'ai passé ce virus à mes enfants.
- Speaker #1
C'est un bon virus, ça, Florence.
- Speaker #0
Je crois. C'est mieux que le Covid.
- Speaker #1
C'est mieux que le Covid. Vous vous êtes réinventée plusieurs fois pendant votre carrière. Quel conseil vous donnez aux personnes qui ont envie de se réinventer ? Quelle est la démarche ? Comment est-ce qu'on se vend quand on se réinvente ? n'aient envie de continuer sous un format de salariat, qu'on soit à son compte, qu'est-ce que vous voulez leur dire ?
- Speaker #0
Mûrir son projet, bien réfléchir à son projet, savoir où l'on va, faire une étude de marché, pourquoi pas un benchmarking. Alors là, si je me forme sur cette compétence, quel va être mon tour de retour à l'emploi ? Comment je vais financer ? Voilà, ça il faut y penser, sachant que je me retrouve à France Travail, c'est avec quels sous ? Combien j'ai sur mon CPF ? Si par exemple, gros avantage par contre pour les noldi, si on a 50 ans et plus, il y a certaines formations reconnues Calliope et inscrites au RNCP qui sont prises en charge par France Travail. pour notamment les plus de 50 ans. Ça s'appelle Atout Senior Plus. Je ne sais pas du tout, c'est tout récent. Mais en tout cas, je peux vous dire qu'on n'a pas à se soucier de la finance. On sait que le cursus de 8 mois va être pris en charge.
- Speaker #1
Ça, c'est quand même un bel avantage en France.
- Speaker #0
En France, oui, on a ça. Dans d'autres pays, il faut sortir le porte-monnaie. C'est comme pour certaines opérations aujourd'hui. J'ai vu le prix en France, j'ai vu le prix aux États-Unis. Waouh ! Si j'avais été américaine, jamais je n'aurais pu me payer cette opération. Par exemple, voilà. Et bien pour une formation, c'est pareil. En France, on a la chance d'avoir ce pays qui mise sur ses seniors, qui mise sur ses noldis. Mais néanmoins, je peux vous dire qu'il est indispensable de mûrir son projet. de dire, aujourd'hui, je vois les offres d'emploi, moi, je les ai épluchées, en tant que freelance ou en tant qu'office manager. Quand je voyais les offres d'office manager, il y a plus de 47% des offres qui demandent des compétences en compta. Rapprochement bancaire, savoir saisir les opérations, les factures dans Penny Lane, puisque c'est le nouveau SaaS à la mode, dans les startups. Il faut également savoir comment... enregistrer, aller ouvrir un compte à la banque, déposer les chèques, sortir un premier bilan des premiers KPI pour voir si la marge commerciale est respectée, si on n'est pas en-dessous du prix de revient, etc. Donc ça, je sais que le contrôle de gestion, enfin au moins la formation assistante gestion va me donner ces outils-là. Donc je sais que je peux y aller.
- Speaker #1
Vous allez vous donner plus de chance.
- Speaker #0
Voilà, exactement. C'est se donner plus de chance. C'est s'autoriser d'avoir plus de chance sur un marché hyper concurrentiel. Bon, Dieu merci, étant donné que je suis plus disponible, je n'ai pas de parents encore à aider et mes enfants sont autonomes, j'ai le temps de me lancer dans ce type de cursus. Tout le monde n'a pas cette chance. Les jeunes femmes, et je les ai connues entre 26 et 40 ans, sont plutôt prises par leur famille. et leurs enfants qu'autre chose. Malgré tout, j'ai quand même eu mon Master 1 RH avec deux bambins à la maison. Donc c'est faisable. Mais ça m'a laissé des plumes. J'ai laissé pas mal de fatigue. Pas mal de fatigue, voilà. Donc, il faut vraiment être sûre de son coût.
- Speaker #1
Et les sujets, on en parle beaucoup, et je crois que France Travail le propose aujourd'hui, d'aller s'immerger, de faire des sessions d'immersion. Oui, effectivement,
- Speaker #0
il y a des dispositifs. Je crois que c'est la formation, ce qu'on appelle la FOE, la formation opérationnelle à l'emploi, où on est rémunéré par France Travail. L'entreprise qui vous accueille ne débourse rien. Et ça permet pendant… Alors, bien sûr, il faut la trouver. Tous les employeurs vous diront « moi, je n'ai pas le temps d'encadrer quelqu'un » . Il y a toujours une excuse. Mais si vous avez un bon réseau, c'est le moment de le mobiliser. D'où l'intérêt aussi de faire ça. Et donc, la FOE vous permet d'être immergé, par exemple, un mois, trois semaines, pour aller tester le métier, voir si c'est vraiment ça qu'il vous faut. Moi je sais que quand j'étais en fac d'anglais, parce qu'avant le BTS, je me suis essayée la fac d'anglais, parce qu'on m'a dit « t'as un bac littéraire, vas-y, tu peux être prof d'anglais » . Alors je suis allée à la fac, sauf que je me suis rendue compte que l'enseignement, c'était pas du tout pour moi. Que même en étant pionne, j'allais bousiller un gosse, en moins de deux ans de carrière, j'allais lui claquer la tête sur le mur, parce que bien sûr j'étais dans le pire collège de Reims. Donc à faire. Et je me suis dit, non, ce n'est pas un métier pour moi. Je n'ai pas la patience, sauf avec mes enfants, j'ai eu cette patience. Et en plus, j'en ai un en situation de handicap. Donc il fallait quand même que je déploie des trésors de patience. Mais ce sont mes enfants, c'est la chair de ma chair. Donc là, je fais des efforts, j'ai fait des efforts. Mais pour les autres, j'avoue que ça me passait un peu au-dessus du cigare. Je me suis dit, non, ce n'est pas un métier pour moi.
- Speaker #1
Donc le fait d'être immergé...
- Speaker #0
Voilà, m'a permis d'éviter cette erreur.
- Speaker #1
Principe de réalité. Voilà,
- Speaker #0
exactement. Principe de réalité. D'où l'intérêt, effectivement, d'aller se frotter au terrain. pour voir si on se fourvoie ou si au contraire c'est la bonne voie pour donner un élan à sa carrière. Très important.
- Speaker #1
Est-ce que vous, Florence, au cours de votre carrière, pour l'instant, à un moment vous vous êtes sentie discriminée en rapport avec votre âge ?
- Speaker #0
Alors oui, quand j'ai postulé dans des start-up. Ah ! Il y a vraiment, on sent quand même un frein dans certaines structures. Alors il faudrait que les jeunes CEOs de 26, 27, 28 ans, de ces structures, se disent « mais ils respectent bien leurs parents, alors pourquoi ne sont-ils pas capables de respecter un collaborateur plus âgé qui peut leur apporter quelque chose et qui peut peut-être aussi leur apporter la légitimité dont parfois ils manquent quand ils vont voir un banquier ou parce que la présence de quelqu'un d'âgé… » rassure surtout dans la finance. En général, on voit peu... Moi, mon chargé de compte, il a 30 ans, mais le directeur de l'agence, il en a 50. Donc voilà, au bout d'un moment, on arrive quand même à avoir des repères qui sont un peu logiques. Donc je leur dirais à ces CEOs de start-up, je leur dirais, donnez leur chance à tout le monde, donnez sa chance aux produits. Ce n'est pas parce qu'on a 54-53 ans qu'on est has-been. Bien au contraire, aujourd'hui, on est tenu de se former. Parce que le monde ne nous attend pas, ne nous fera aucun cadeau.
- Speaker #1
Et comment ? C'est-à-dire que vous n'avez pas passé les premiers scrollings, vous n'avez pas été reçue aux entretiens, vous avez sorti avec la déclin ?
- Speaker #0
J'ai eu les appels. Et après, effectivement, on m'a posé la question fatidique. Mais vous avez eu votre diplôme en 1994. Donc là,
- Speaker #1
vous sentez qu'il fait une soustraction ?
- Speaker #0
Ah oui, voilà, exactement. Il a quand même reçu mon CV, il m'a quand même téléphoné, mais au bout d'un moment, les maths restent les maths. Donc, il y a certains résultats d'opération qui sont incompatibles avec ces valeurs.
- Speaker #1
Ok. Et bien, un des résultats de nombreuses études que j'essaye de lire montre que finalement, les startups françaises ne comptent que 8% de leurs travailleurs qui ont plus de 45 ans. À partir de 55 ans, je crois que c'est 2,4%. Donc là, c'est carrément la chute libre. Et donc, je souhaiterais attirer l'attention. Grâce aux Medianoldi, justement des fondateurs, des fondatrices de ces startups. Regardez, renseignez-vous, voyez s'il n'y a pas un intérêt à les diversifier. Votre force de frappe.
- Speaker #0
Voilà, votre staff, c'est très très important. Le plaisir, c'est toujours important. On peut bien bosser dans le fun. Moi, je l'ai toujours vu entre les voyages CE, quand j'étais dans l'informatique, où justement il y avait cette espèce d'émulation, les séminaires d'entreprise. C'est ça qui me manque aujourd'hui, je crois aussi, dans une grande entreprise. C'est ce côté fédérateur. Moi, je me suis fait une amie il y a 17 ans dans une expérience. Au moins, on est parti en vacances. C'est ma meilleure amie depuis 17 ans.
- Speaker #1
Ah, waouh, c'est des beaux liens.
- Speaker #0
Voilà, on s'est trouvés. A l'époque, je fumais malheureusement, donc je suis sortie sur le perron pour fumer. On a commencé à discuter, elle appartenait à l'autre filiale du groupe et on ne s'est plus quitté. Elle a 4 ans de plus que moi, elle attend sa retraite par contre avec impatience parce qu'elle en a marre. Et elle s'est retrouvée justement confrontée à une manager plus jeune qu'elle, qui en fait est une personne incompétente. Peu importe l'âge de la personne managée. elle est incompétente.
- Speaker #1
Et ça arrive aussi.
- Speaker #0
Et moi, je l'ai vu dans mon expérience en grand groupe, de voir des gens promus à des postes de managers, alors que sur le plan humain, ils en étaient totalement incapables. Totalement incapables. J'ai eu une manager, c'était une folle pendant mon alternance. RH Master 2, un jour c'était blanc, deux mois après c'était noir. Alors après j'ai appris qu'elle était bipolaire. Bon, certes c'est une maladie, mais pourquoi on promeut des gens comme ça à des postes, à tel poste ? Il faut s'assurer quand même quand on est un peu des RH que la personne ait les épaules et le tissu humain. pour être pour diriger d'autres humains parce que c'est tout sauf facile
- Speaker #1
J'ai eu une fois une manager qui effectivement... Un jour j'étais formidable et je ne savais pas pourquoi. Et le lendemain j'étais complètement nulle et je ne savais pas non plus pourquoi. Et je me souviens que c'était probablement les années de ma carrière dans lesquelles j'ai eu le moins confiance en moi parce que cette instabilité émotionnelle qu'elle générait, moi ne me permettait plus d'apporter de la valeur. Alors là, complexe de l'imposteur...
- Speaker #0
Mais c'est une perverse narcissique.
- Speaker #1
Ça peut être un peu dur.
- Speaker #0
Oui, là c'est une perverse narcissique. C'est un des traits du pervers narcissique, jouer sur le déséquilibre permanent.
- Speaker #1
Je ne sais même pas si elle le conscientisait ou autre. Pour moi, ça a été assez douloureux. C'est une étape, c'est une épreuve parmi tant d'autres. Mais effectivement, les managers à n'importe quel âge sont quand même appelés à avoir cette essence de management. Et donc, cet appui, cette envie de faire avancer des humains dans une direction qui leur est donnée. Sinon, l'expérience n'est pas super agréable.
- Speaker #0
Non. L'expérience n'est pas super agréable et elle est encore moins agréable quand vous dispensez du savoir en tant que formatrice. À l'AFPA, moi je garde un très bon souvenir de l'AFPA parce que je suis en relation avec deux anciennes stagiaires, même plus puisque j'ai déjà été formatrice en 2017, donc j'ai gardé des liens avec certaines des stagiaires. Mais la dernière fois, je me suis fâchée lors de mon expérience en disant « mais excusez-moi, mais vous êtes là pour quoi en fait ? » Pour apprendre à être secrétaire comptable ou pour passer les semaines en attendant de trouver le job de vos rêves. Vous avez des choses à apprendre. Vous vous êtes engagé par un contrat à apprendre. Donc quand je vous donne un exercice, vous le faites. J'ai l'impression d'être face à des enfants de CE1. Or je suis face à des adultes.
- Speaker #1
Responsables.
- Speaker #0
Qui sont censés l'être. Donc je dis, soit vous changez de mindset, soit je distribue des sanctions à tout le monde.
- Speaker #1
C'est un sort de coup là.
- Speaker #0
Oui, on s'en est retrouvé, moi je me suis retrouvée devant cette espèce d'obligation morale que de sanctionner. Donc, certaines ont eu des sanctions, effectivement, et d'autres sont rentrées dans le rang et se sont mises à travailler. Et bien sûr, celles qui se sont remises à travailler ont eu leur titre.
- Speaker #1
Les autres pas.
- Speaker #0
Les autres pas. Et on m'a rendue responsable de cette situation, m'a dit une de mes anciennes stagiaires. Elle m'a dit, il faut voir ce qu'elles ont dit sur toi. Je dis, écoute, les six, je m'en fiche. Elles n'ont pas voulu se mettre au travail. Elles sont sanctionnées. La vie, c'est comme ça.
- Speaker #1
De toute manière, dans la vie, on n'a quand même globalement rien sans rien. Et puis si on s'engage sur quelque chose, on est sans tel tenir.
- Speaker #0
Voilà, exactement. Justement, c'est ça être adulte, c'est ça être mature. On s'engage à faire quelque chose. Et c'est ce que j'ai dit dans ma lettre de motivation pour les Focop. J'ai déjà eu deux certifications grâce à votre organisme. À chaque fois, mention bien, parce qu'il faut mouiller le maillot. Pendant huit mois, on nous demande de mouiller le maillot. On mouille le maillot. C'est un contrat moral entre l'organisme et le demandeur d'emploi. C'est tout. Ou le salarié qui prend un an de son temps face à son employeur pour se former. Donc, à nous de jouer. Et puis, si on veut grimper dans les échelons et acquérir des compétences, il faut se mettre un petit peu au travail. à tout âge. Et voilà, c'est tout. On n'a rien sans rien, effectivement.
- Speaker #1
Un petit coup de pied aux fesses qui fait toujours du bien.
- Speaker #0
Voilà, se sortir les doigts, et puis comme dirait mon fils, maman, il faut qu'il se sorte les doigts et qu'il se les mette dans la prise. Voilà, bon, c'est bien résumé. Ok,
- Speaker #1
je la reprendrai celle-là.
- Speaker #0
Phrase de mon fils cadet. Bon, pas toujours avec le langage qu'il faut, mais...
- Speaker #1
Mais c'est imagé et on a très bien compris. Voilà.
- Speaker #0
Bon, je n'irai pas plus loin.
- Speaker #1
Je sens que j'ai déjà des éléments de réponse, Florence, mais quelle est la qualité qui vous a le plus servi pendant votre carrière ?
- Speaker #0
La pugnacité. La pugnacité. Je ne lâche rien. Je ne lâche rien. J'ai un but. Je suis comme les pitbulls. Je prends le morceau. Impossible de me faire desserrer les dents.
- Speaker #1
Toujours,
- Speaker #0
jusqu'au bout. Si vraiment je renonce, c'est que j'ai analysé la situation et qu'effectivement, le facteur risque était trop important. Mais au départ, sauf si on a réussi à me convaincre qu'effectivement mon projet était peut-être sans solution, sans issue, je me suis quand même accrochée. Je suis une compétitrice. Donc, je m'améliore, c'est pour la santé, je l'ai fait pour ma santé, je l'ai fait pour mes études, donc maintenant je le fais pour d'autres choses aussi, pour le chant notamment, améliorer mes techniques de chant. Et quand j'aurai un peu plus les moyens, je me prendrai une coach vocale, une vraie.
- Speaker #1
Voilà. Génial. Et qu'est-ce que vous avez envie de réaliser professionnellement dans les années à venir ? Qu'est-ce que vous imaginez ? Alors,
- Speaker #0
j'avais l'idée à un moment donné d'avoir une entreprise avec des office managers, des assistantes de direction externalisées, et de prendre aussi des femmes justement matures dans mon staff, de mélanger les générations, des hommes aussi, des hommes assistants, ça existe. et de faire une scope, une espèce de coopérative où tous les salariés auraient leur mot à dire, seraient sociétaires, ils auraient des parts. Je crois beaucoup à la scope, j'ai travaillé dans une scope, j'ai encore des parts sociales dans cette scope, dans les Yvelines, et je trouve que c'est un super modèle démocratique de fonctionnement d'une structure.
- Speaker #1
Et vous avez toujours envie ?
- Speaker #0
Oui, j'ai toujours envie. Après, on verra ce que...
- Speaker #1
La vie vous amène.
- Speaker #0
Mais effectivement, des compétences en gestion me seraient grandement utiles pour créer ce type de projet.
- Speaker #1
Ok, ça me parle. Si vous le faites, Florence, ça nous fera un nouveau sujet de conversation.
- Speaker #0
Voilà. Mais je n'oublie pas de m'amuser quand même. Attention, le week-end, il faut savoir aussi un peu lâcher prise. Je suis une fan de cinéma et notamment, j'ai grandi avec des parents qui aimaient le vrai cinéma, Truffaut. Claude Lelouch, et puis les films avec les dialogues de Michel Audiard. Et alors là, pour moi, ça, ce sont des bijoux.
- Speaker #1
C'est vrai.
- Speaker #0
60 ans après, puisque la plupart datent de 1962 au 63, si on prend par exemple les Tontons-Flingueurs, la fameuse scène où... où Lino Ventura s'est pointé sur la péniche des frères Wolfoni, joué par Bernard Blier et Jean Lefebvre, et il lui a mis ce qu'on appelle un bourre-pif. Et puis Bernard Blier est furieux, il ouvre son secrétaire, il dit « Ah mais moi les dingues, je les soigne ! Je m'en vais lui faire une ordonnance et une sévère. Je vais lui montrer qui c'est Raoul. Au quatre coins de Paris qu'on va le retrouver en petits bouts, éparpillés façon puzzle. Moi... Quand on m'en fait trop, je ne correctionne plus. Je dynamite, je disperse, je ventile. Voilà, ça c'est...
- Speaker #1
C'est un bijou.
- Speaker #0
Voilà, c'est un bijou. Il y a aussi... C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases. À un moment donné, quand il fait tomber le marinier de la péniche. Bon, voilà. Et puis, il y a aussi le dialogue. Alors, le caf se rebiffe, joué par Maurice Birault. On s'aperçoit qu'il a l'air plus malin. Il n'est pas si caf que ça. Il est plus malin qu'il n'en a l'air. Il arrive à blouser Jean Gabin quand même. Donc c'est un trafiquant de fausses monnaies, le DAB, et à un moment donné, il discute avec une des essentielles associées, une actrice française formidable qui s'appelait Françoise Rosé, qui avait une voix très particulière, rauque. Il lui dit « Bon, je t'envoie un mec cette semaine pour le papy. » « Ok, mais à quoi je le reconnais ? » « Ah, c'est un grand brin avec des petites bacantes, l'air con. » Ça court les rues, les grands cons. Et là, Jean Gabin répond à cette phrase. Oui, mais lui, c'est un gabarit exceptionnel. Si la connerie se mesurait, il servirait de maître étalon. Il serait à Sèvres. Des films comme ça, vous n'en avez plus.
- Speaker #1
Le talent.
- Speaker #0
Vous n'en avez plus. Et ce genre de film, moi, j'ai mal aux abdos. Quand je regarde ça, j'ai mal aux abdos. J'arrive à avoir mal aux abdos. Heureusement, je ne fais pas que regarder des films. J'essaie quand même de sélectionner des films pas trop débiles. Je lis aussi, mais j'ai une grande passion pour Stephen King. C'est vrai ?
- Speaker #1
Ah oui. Mon préféré,
- Speaker #0
c'est Finding. L'hôtel Overlook en plein hiver, où il perd la boule, tout simplement. Et sa suite qui s'appelle Le Doctor Sleep, écrite également par Stephen King, 30 ans après. où on voit le jeune garçon de l'hôtel devenu grand, et avec toujours ce shining, donc cette capacité à communiquer par la pensée. Et c'est génial, c'est une atmosphère tout à fait particulière. Et je m'ennuyais tellement en philo pendant mon bac que j'écrivais des nouvelles fantastiques.
- Speaker #1
C'est vrai ?
- Speaker #0
Oui, les notes s'en sont ressenties, évidemment. En tout cas, j'ai noirci pas mal de cahiers. J'étais assez contente de moi.
- Speaker #1
Génial. Vous les avez encore ?
- Speaker #0
Non, malheureusement, ils ont un peu disparu. Ma mère a fait pas mal de ménage après le décès de mon père et la vente de la maison à Soissons. Mais je serai prête à me remettre.
- Speaker #1
À prendre la plume.
- Speaker #0
Oui, oui. Et cette fois-ci, j'ai l'ordinateur. C'est quand même plus facile.
- Speaker #1
Trop sympa. Vous m'avez précédée dans mes questions. Et du coup, peut-être une dernière sur la partie un peu plus fun. Si vous pouviez inviter qui vous vouliez ? À dîner, autour de votre table, vous auriez envie d'inviter qui ?
- Speaker #0
Mort ou vivant ?
- Speaker #1
Mort ou vivant !
- Speaker #0
Alors, je commencerais par Olympe de Gouges, cette femme révolutionnaire qui n'a pas assez de place et de rue à son nom, je trouve, et qui a contribué au péril de sa vie d'ailleurs, puisqu'elle en a perdu la tête, la peau, à la déclaration de la femme et de la citoyenne. Parce que bon, il ne faut pas oublier que la Révolution française, malheureusement, a oublié un peu les femmes. Ils ne vont pas que je sois féministe à tout craint, mais il y a quand même eu un manque d'évolution de ce côté-là. Ensuite, je dirais Simone Veil, puisque aujourd'hui ce sont les 50 ans de la loi Veil, d'entrer en vigueur de la loi Veil. Donc aussi une grande femme et une... une rescapée de la Shoah. Donc ça aussi, malgré tout, cette femme politique, elle a lutté contre vents et marées. Moi j'ai regardé sur l'INA et LCP les archives des débats à l'Assemblée nationale, mais c'était d'une violence, d'une violence inimaginable. Même en entreprise, je n'ai jamais eu affaire à des machos comme ça. C'est terrible, je ne comprends pas qu'on puisse traiter une femme comme ça, surtout avec sa culture, son pédigré.
- Speaker #1
Non mais c'est inacceptable.
- Speaker #0
Inacceptable. Ensuite, je dirais Voltaire, parce que c'était un des siècles des Lumières. Alors j'aurais pu dire d'Alembert ou d'Hydrault. Mais Voltaire, j'ai toujours eu de bonnes notes sur les ouvrages à l'école, sur les ouvrages de Voltaire. Donc je me disais, allez, Candide, c'est un de mes ouvrages préférés de Voltaire. Et en dernier, pour la voix, Marianne James. Cette femme, elle me touche. Elle me touche parce qu'elle, elle arrive à s'assumer avec ses formes, dans une société où on n'aime pas les gros. Et pour avoir fait de la bariatrique, parce que j'étais obèse, je peux vous dire qu'elle, elle a réussi à s'assumer. Et moi, je dis chapeau, parce que moi, je n'ai pas eu ce courage. Voilà. Et ça, rien que pour ça. Et puis alors, quand elle chante, il y a des frissons là, des papillons partout. C'est extraordinaire.
- Speaker #1
C'est vrai qu'elle a sa place et qu'elle a sa place depuis longtemps. Elle a sa place depuis longtemps.
- Speaker #0
Elle dure. Elle dure et elle est solaire. Elle rentre dans une pièce. Moi, j'ai eu la chance de rencontrer Sonia Dubois, une ex-journaliste de Christine Bravo, et Laetitia Milot, l'actrice pour la lutte contre l'endométriose, dont j'étais atteinte. Et j'avoue qu'il y a des personnalités comme ça. Ouais, respect.
- Speaker #1
Ce serait une jolie tape, Florence.
- Speaker #0
Oui, ça pourrait être sympa.
- Speaker #1
Avec des débats animés.
- Speaker #0
Oui, j'ai peur que Voltaire prenne un peu le dessus sur Olympe de Gouges et Simone Veil à un moment donné.
- Speaker #1
C'est bien avec les codes de son époque.
- Speaker #0
Voilà, c'est ça. Mais néanmoins, il a quand même eu, je crois, une liaison avec une des premières femmes mathématiciennes, Émilie Duchâtelet, et il l'a respectée. Donc je me dis que ça ne devait pas être un si mauvais bougre.
- Speaker #1
Génial. Est-ce qu'avant qu'on termine, Florence, il y a quelque chose que vous n'avez pas dit, que vous auriez envie de dire ?
- Speaker #0
Je dis au Noldi, faites-vous confiance. Croyez en vous et arrêtez les croyances limitantes. Les seules croyances limitantes que vous vous mettez, ce sont les vôtres. Ce sont vos propres croyances. Donc arrêtez d'écouter Pierre. Paul, Jacques, qui vous disent « Mais non, mais t'es trop âgé pour faire ça, t'es trop… » Non, non, non, non. Aujourd'hui, on peut aller jusqu'à 92 ans. La preuve, Jimmy Carter, il ne bougeait plus beaucoup, mais il avait encore sa tête, il avait 100 ans. Donc, je pense qu'à 70 ans, on est encore capable de faire quelque chose. Alors, à 55, toutes les portes nous sont ouvertes.
- Speaker #1
Il n'y a même pas de question à se poser.
- Speaker #0
Voilà. Ne nous posons pas la question, ouvrons-la, franchissons-la. Donc, écoutez-vous, faites-vous confiance, écoutez votre instinct et entourez-vous des bonnes personnes.
- Speaker #1
Florence, c'était une super interview. Moi, je me suis régalée. Merci beaucoup d'être venue.
- Speaker #0
Merci de m'avoir invitée et surtout.
- Speaker #1
Merci de nous avoir suivies. Si vous avez aimé cet épisode, partagez-le, commentez-le, mettez des étoiles, abonnez-vous,
- Speaker #0
je compte sur vous.