Speaker #1Je m'appelle Jeanne Richard-Foy et j'ai mon entreprise qui s'appelle Des Mains de Jeanne, pour laquelle je crée des décorations artisanales. J'ai toujours été très très manuelle depuis toute petite, j'adorais faire des petits cadeaux personnalisés, même quand j'envoyais des lettres, faire des enveloppes sur mesure, vraiment même des papier cadeaux où je prenais des feuilles de magazine. Voilà, et qui était assortie au thème du cadeau. Enfin bref, j'ai toujours adoré faire des choses comme ça. Et est arrivé le confinement, où on est tous restés coincés pas mal de temps chez nous. Et là, j'ai renoué avec mon côté assez manuel. D'abord avec l'origami, j'en faisais déjà beaucoup quand j'étais petite. Donc j'ai beaucoup renoué avec ça. Et je me suis mise au macramé à cette période-là. Toutes les décorations qu'on voit avec des fils de coton, qui sont noués d'une certaine manière. Et voilà, à cette période, j'avais beaucoup de copines qui étaient enceintes, qui allaient être mamans. Donc c'était l'occasion de faire des petits cadeaux de naissance personnalisés. Je me suis rendu compte que ça me nourrissait vraiment dans mon équilibre personnel de créer des choses de mes mains, de rendre concrets des choses que j'imagine dans ma tête. Et puis le retour aussi de ceux à qui j'offrais, qui n'arrêtaient pas de me dire « mais Jeanne, tu devrais les vendre » . Ça a fini par me convaincre et j'ai décidé de tenter l'aventure. C'est un peu particulier dans mon cas parce que moi, j'ai une autre activité à mon compte. Donc, j'ai une auto-entreprise avec deux activités dedans. Je suis toujours kinésiologue. Je travaille sur tout ce qui est gestion des émotions. Et voilà, j'avais déjà eu l'expérience de quitter le salariat pour créer ma boîte en étant à mon compte. J'avais déjà cette expérience. C'est à l'occasion d'un déménagement, un changement de région, où il fallait que je reconstruise mon activité de kinésiologue de A à Z, donc avec du temps libre sur le début où je n'avais pas forcément beaucoup de clientèle. Je me suis dit que c'est l'occasion de me plonger un peu plus dans l'artisanat. Comme dans mon premier métier, il y a quelque chose d'assez impalpable, ce qui se passe, ce que j'imagine, ce que j'ai en tête, je ne vois pas forcément le résultat concret tout de suite, puisque mes clients repartent et ça se passe chez eux. dans leur intimité. Donc là, c'est vrai que ça me fait vraiment du bien d'imaginer quelque chose et de le rendre concret avec mes mains, là, tout de suite. Voilà, ça m'a donné envie de vraiment donner une vraie existence à cette activité, en fait. Et donc, de créer cette seconde activité pour pouvoir vendre et pas juste faire des cadeaux. Je connaissais déjà la BGE puisque j'ai... Une tante qui travaillait pour la BGE, mais en région parisienne, donc j'en avais déjà entendu parler, je connaissais le concept, je savais comment ça fonctionnait. Quand je suis arrivée ici, dans la région centre, donc en devant recréer mon activité principale, j'avais envie d'avoir un réseau professionnel en fait. Donc je suis allée à des salons de l'entrepreneuriat, voilà, je me suis renseignée, j'ai entendu parler d'abord du réseau Les Audacieuses, qui est un réseau d'entrepreneuses porté par la BGE. porte d'entrée que j'ai intégré la BGE du Cher. Et c'est aussi par ce biais-là que j'ai pu entendre parler du projet Le Spot. Et je tiens à préciser d'ailleurs que, que ce soit pour les audacieuses ou pour Le Spot, ce ne sont pas des services qu'on voit partout au niveau national. Donc je suis vraiment consciente de la chance qu'on a ici, dans le Cher. La première fois, on m'a partagé le petit formulaire pour postuler. J'avais uniquement des dates et un lieu. Je ne savais pas trop ce qu'il en était. Donc, j'ai un peu rempli le formulaire pour avoir plus d'infos, sans forcément me dire que j'allais vraiment postuler. C'était pour en savoir plus. Ensuite, j'ai été contactée par Zoé, qui m'a donné beaucoup plus de détails. Et avec beaucoup plus de détails, ça m'a d'abord paru compliqué à mettre en place parce qu'on avait un temps très court. entre le moment où il fallait passer enfin là où J'avais l'info et le moment où il fallait se présenter au jury, puis être prêt pour la boutique. Et moi, j'avais très peu de stock, donc ça m'inquiétait. Et puis aussi m'organiser, vu que j'ai toujours mon autre activité en parallèle, que je ne voulais pas non plus fermer. Au début, je me suis dit, ça me paraît compliqué, mais en fait, Zoui a su répondre à chacune de mes inquiétudes, a su argumenter. Il y a quand même une flexibilité dans ce projet-là. Petit à petit, j'ai réfléchi à des solutions que j'ai trouvées. Ce qui est rigolo, c'est qu'à l'origine, j'avais postulé à Meun-sur-Yèvre, puisque moi je suis à Meun. Et finalement, comme il n'y a pas eu assez de candidats, il n'a pas été maintenu. Mais je pense que sinon, je n'aurais jamais postulé à Bourges en me disant tout de suite, c'est un peu loin. Et bon, la vie est bien faite, puisqu'au final, ici à Varicom, on a une visibilité qui est bien meilleure. Donc je suis très contente finalement que ça se soit déroulé comme ça. Zoé m'a dit qu'on pouvait créer ici sur place. J'ai bien évidemment passé tous mes week-ends et toutes mes soirées avant le spot à créer au maximum. Et puis j'ai continué. D'ailleurs, le 2e ou 3e jour, j'ai vendu une guirlande que j'avais qu'en un seul exemplaire. Donc j'ai mis la petite étiquette victime de son succès le temps de reproduire la même chose. Mais voilà, on s'organise. Les personnes qui viennent pour la kinésiologie, c'est vraiment parce qu'elles ont entendu parler du métier, parce qu'elles ont une problématique très ciblée à laquelle je peux répondre, alors que là, on est plus sur de l'achat sympa, où on veut se faire un petit plaisir, il n'y a pas un besoin profond, où il y a déjà eu une recherche de solution, etc. Là, ça va plus être du coup de cœur, des choses comme ça. Donc sur la manière d'argumenter, moi, je ne savais absolument pas faire. Donc heureusement, on est accompagné par la BGE et sur le programme du spot. J'ai appris aussi à comprendre un peu tout ça, à dédiaboliser aussi le rôle d'un commercial parce qu'on n'a pas toujours une bonne image du commercial. Donc j'ai un peu appris tout ça. Et puis c'est pareil, mon métier de service, je n'ai pas besoin de présenter des objets physiques. Là, tout ce qui est merchandising, mettre en valeur les objets, tout ça, j'ai beaucoup appris grâce au projet du spot. Quel est le dialogue inconscient quand il y a beaucoup de quantités, qu'est-ce que ça raconte, quand il y a une pièce unique en termes de qualité, si c'est du bas de gamme qu'on a en quantité ou bien un peu du luxe qu'on a en pièces uniques, etc. Ces choses-là qu'on sait un petit peu au fond de soi, mais de manière inconsciente. Donc d'avoir là vraiment des règles plus structurées, plus posées, ça nous a énormément aidé pour construire cette boutique. D'ailleurs, on a... énormément de bons retours. Beaucoup de gens nous disent que la boutique est très jolie. Certains aussi ont vu d'autres boutiques, alors pas forcément du spot, mais ont l'habitude de voir les boutiques éphémères ici. Ils sont tous assez impressionnés par la beauté de la boutique. Donc voilà, c'est un détour à venir faire. Par exemple, j'avais une grande difficulté pour déterminer mes prix et c'est aussi pour ça que je voulais participer à ce programme. Parce que j'ai un peu construit mon activité toute seule, en pensant naïvement qu'en ayant déjà une auto-entreprise, je n'étais pas éligible à un accompagnement. Depuis, j'ai appris que c'était une fausse idée. Donc s'il y a des personnes qui écoutent et qui ont cette fausse idée, sachez que si vous construisez une seconde activité, vous pouvez être accompagné pour celle-là. J'avais beaucoup de mal à déterminer mes prix. J'avais peur que ce soit trop cher pour l'acheteur. Et je ne regardais pas forcément le temps de travail passé. La rémunération que ça me faisait à la fin, je ne mettais pas de marge, j'essayais de ne pas vendre à perte tout simplement. Et donc là, j'ai vraiment appris à faire un calcul très structuré pour me payer au moins un SMIC, pour mettre une petite marge parce qu'effectivement, de temps en temps, il faut faire des promos. Si on travaille avec une boutique qui revend, on lui vend un petit peu moins cher en général. Donc, il faut cette marge pour pouvoir faire face à des négociations aussi. Pour moi, c'est indispensable pour devenir professionnel. Quand on veut faire de la vente, même ne serait-ce que participer à des marchés, la plupart quand même, ils nous demandent des justificatifs pour montrer qu'on est professionnel. Pour pouvoir vendre aussi dans les boutiques, moi je propose par exemple des petits bouquets de fleurs en origami qui sont vendus chez une fleuriste à Moins-sur-Yèvre. Évidemment qu'elle ne peut pas vendre mes créations si elle n'a pas une traçabilité. Donc si moi-même, je ne suis pas professionnelle, ce n'est pas possible. Pour la boutique, je me rends vraiment compte avec cette expérience. du travail que c'est. Sur une formule éphémère, c'est intéressant. Et je pense que j'aimerais garder contact avec d'autres créateurs pour, à des moments clés de l'année, le faire. Mais sur du temps plein, c'est vraiment fatigant, je trouve, ça dépend des gens, moi je trouve. Et puis, c'est aussi un coût qu'il faut réussir à absorber. Donc, selon ce qu'on fabrique, c'est plus ou moins facile. Je ne pense pas qu'il y ait des choses qui m'aient particulièrement étonnée. Après, il y avait des attentes que j'avais, notamment pour bien calculer mes prix, pour bien structurer la com, avoir sa petite ligne éditoriale, des choses comme ça. C'était des choses où je savais que j'avais du mal à le faire. Et justement, j'étais demandeuse d'une structure, d'une formation. Je m'étais déjà lancée, mais... Je ne suis pas organisée, je le vois, que j'ai l'impression d'être plus comme une petite fille qui joue à la dînette. Et là, j'ai envie d'être vraiment une vraie société qui fait des choses comme une professionnelle. Et je voyais qu'il me manquait des clés. C'est pour ça que ce projet m'intéressait. La structure où il y a un cadre, où on arrive à mieux prévoir son planning sur la semaine, sur le mois, même certaines échéances sur l'année, à bien accorder le temps qu'il faut à chacune des missions de chef d'entreprise, puisque quand on est artisan, on est son propre chef d'entreprise. Donc, il faut être sur tous les fronts. La compta, la com, la création, tout. La relation au partenaire. Par les audacieuses, c'est grâce à ça aussi que j'ai connu le spot. Donc l'opportunité que ça m'a donnée, c'est assez fou. Et puis j'ai des idées en tête de personnes que j'ai rencontrées dans le cadre de ces réseaux-là, avec qui j'aimerais travailler plus tard. J'attends un peu de mûrir, notamment des ateliers que j'animerais, que je pourrais proposer à d'autres entreprises pour vendre mes services. Donc ça viendra, mais j'ai quelques idées comme ça grâce à ce réseau d'ajustement. J'avais faussement peur d'être payée au juste prix, donc qui donne un prix élevé pour un objet, mais quand on voit la main d'œuvre derrière, c'est tout à fait normal. J'avais peur que ce soit un frein. Mais en fait, il y a des personnes qui savent voir ce côté artisanal, qui l'apprécient et qui sont prêtes à payer le prix pour ça. Donc ça, ça m'a rassurée. Après, dans le côté un peu moins sympa, on va dire, il y a certaines personnes qui, à l'inverse, rentrent dans les boutiques vraiment avec un truc en tête, qui disent même pas bonjour. Il y a certaines personnes qui sont un petit peu sauvages, on va dire. Quand on est en boutique, on fait face à l'humain dans toute sa splendeur. Après, une chose qui n'est ni négative ni positive, mais plus un constat qui m'a surprise, c'est que finalement, en boutique, il y a beaucoup de personnes qui vont nous confier des choses de leur vie. Des choses pas forcément faciles, où des fois je me disais, en fait on est presque un peu psy, qui traverse une maladie, un deuil ou des choses comme ça, et qui viennent un petit peu discuter. Et ça je ne m'y attendais pas, par exemple. On est en direct avec l'humain. Et puis quand on anime les ateliers aussi, quand on crée des choses de nos mains dans les ateliers, il y a parfois aussi des choses un peu introspectives, donc ça peut peut-être aussi amener à se raconter. Même mon autre métier kinésiologue, c'est la gestion des émotions, mais par le corps. Donc c'est quand même une technique qui est très manuelle aussi. Je pense que ça me définit en fait. Je suis quelqu'un qui aime cuisiner, j'aime bricoler, j'aime mettre les mains. C'était un peu mon gros défi de l'année. J'ai travaillé assez longuement à faire un site internet. Donc j'ai choisi... pour ne pas trop dépenser d'argent, d'utiliser la plateforme qui me fournit mon terminal de paiement. Puisque ayant déjà un terminal pour mes encaissements sur mon activité de kinésiologue, j'ai le droit gratuitement d'avoir un site internet de vente que je veux. Donc j'ai fait un site internet de vente des mains de Jeanne. Mais voilà, je me sentais tellement pas légitime que je l'ai créé et je n'en parlais à personne. Et là, le spot pour moi, c'est aussi une manière de me sortir de ma zone de confort, de me bousculer pour arrêter de me cacher. Oui, moi, c'était aussi ça que je venais chercher. Déjà, de passer devant un jury, d'avoir le retour d'un jury qui a l'habitude de voir passer beaucoup d'artisans qui sont des professionnels du commerce. Ça vient valider quelque chose. Puis après, la formation qui vient aussi structurer. Pour moi, c'était important, puisque c'est des techniques, l'origami, le macramé, où il n'y a pas de diplôme qui existe. J'ai appris en regardant des livres, des vidéos, mais il n'y a pas de diplôme qui pourrait attester de mes compétences. Donc ce regard professionnel qui vient me valider, c'est important pour moi. Il est conseillé de toute manière de faire un petit PowerPoint. pour bien structurer, dire ce qu'on vend, quelle gamme, etc. Ce qu'on projette, pourquoi on choisit le spot, puisqu'on est quand même plusieurs à se présenter, donc il faut aussi argumenter pourquoi nous et pas quelqu'un d'autre. Donc oui, ça je l'ai préparé et on est aussi très bien accompagnés par la BGE là-dessus, notamment par Zoé, vu que c'est elle qui gère le spot. Donc elle prend le temps de nous faire des retours si on veut échanger avec elle sur notre présentation. On fait ça un peu au feeling en fait. Si on a une qui est en train de travailler sur une création et que nous, on est assez dispo, on va la laisser travailler et aller à la rencontre du client ou du prospect à ce stade. Voilà, après, on a appris qu'il faut aussi un peu laisser le temps et l'espace à la personne de se promener dans le magasin. Donc en général, on lui laisse un peu le temps et l'espace et quand on sent qu'il peut y avoir une interrogation ou qu'elle va... C'est peut-être à côté d'une info, on vient un peu lui raconter ce qui se passe ici dans notre boutique, être sûr qu'elle a toutes les clés. Un seul mot, accompagnement. C'est vraiment une structure qui accompagne tous les porteurs de projets à se construire, à mûrir leurs projets, à se développer jusqu'à éclore. Il y a une graine qui est dans notre tête et puis il faut la faire germer, l'arroser, parce que si ça reste qu'un projet dans notre tête, il ne se passe pas grand-chose. Nourrir cette graine, lui donner du soleil, de l'eau, pour qu'elle sorte de terre et que ça devienne quelque chose de concret. Bon, vous l'aurez deviné, je suis très inspirée par la nature dans mes créations.