- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Objectif Mental. Je suis Kevin Rich, cofondateur de Kairn, K A I R N, une application mobile qui démocratise l'accès au coaching mental d'élite. Chaque semaine, je partage des conseils pratiques, des interviews d'experts ainsi que des témoignages inspirants d'entrepreneurs, de sportifs et d'artistes. Mon objectif est de vous aider à développer votre mental pour performer en toute sérénité, que ce soit dans votre vie professionnelle ou extra-professionnelle. Je vous souhaite une excellente écoute. Salut Clément, comment vas-tu ?
- Speaker #1
Salut Kevin, très bien. Merci pour l'invitation.
- Speaker #0
Écoute, avec plaisir. Je t'ai repéré sur Instagram. Tu fais des posts super sympas sur le mental. Et ensuite, je suis allé voir ton profil pro sur LinkedIn et j'ai vu que tu étais préparateur mental dans une section féminine. de rugby au stade Rochelet donc section d'élite et en fait je me suis empressé de te contacter puisque j'ai toujours pas couvert le sujet du mental dans le collectif en tout cas dans les sports co et je pense que ça peut intéresser les auditeurs autant dans le sport qu'en entreprise parce que finalement tu vois suivre mentalement des individualités ça pousse le collectif et en même temps il faut essayer de créer une cohérence donc je trouve ça super intéressant Ton parcours m'a aussi interpellé, alors tu es le deuxième et tu as fait une reconversion professionnelle. On va dire que tu viens du monde de l'entreprise et tu t'es reconverti dans la performance. Donc ça c'est super intéressant, on va pouvoir aussi couvrir ça aujourd'hui. Je ne vais pas en dire plus, est-ce que tu peux te présenter Clément ?
- Speaker #1
Oui avec plaisir, merci pour l'introduction. Effectivement je suis préparateur mental depuis bientôt trois ans maintenant. J'ai une autre casquette, c'est que je suis également... tuteur pédagogique d'athlètes de haut niveau. J'aide des athlètes à gérer ce double projet, une carrière sportive d'un côté et des études supérieures de l'autre. C'est deux métiers aujourd'hui que je fais, qui se complètent évidemment et qui touchent à chaque fois le sport de haut niveau. Et effectivement, comme tu l'as dit, j'ai le plaisir au quotidien, de manière locale, à être impliqué sur la section féminine du stade Rochelin. Et j'ai des athlètes individuels un peu partout en France, cette fois pour du suivi individuel.
- Speaker #0
Effectivement sur la partie on va pouvoir en parler aussi ta fonction de tuteur pédagogique c'est vrai que j'en ai pas parlé sur le fait qu'on concilie deux activités c'est parfois difficile surtout qu'il y a une particularité au stade Rochelet de ce que j'ai compris la dernière fois c'est qu'elles ont aussi une activité à côté donc être performant à très haut niveau comme elles le sont et en même temps avoir un métier à côté ou des études c'est super difficile donc on va pouvoir couvrir ça aussi aujourd'hui Merci. Ce que je te propose, c'est qu'on commence sur ta partie, toi, professionnelle vraiment et personnelle. Comment tu es arrivé à te reconvertir dans la préparation mentale ? Pourquoi ? Est-ce que tu peux un peu nous raconter ton parcours jusque-là ?
- Speaker #1
Oui, carrément. C'est un long parcours. Le premier chapitre de ma vie professionnelle, il est assez classique. Je sors d'une école de commerce. J'ai fait 10 ans en tant que directeur commercial dans la publicité digitale. Et j'ai toujours été passionné de sport, évidemment. J'ai fait du sport au niveau national dans le karaté. Après, j'ai toujours eu des sports passions comme le tennis, le football, le trail en bon trentenaire que je suis, petit à petit. Mais le sport a toujours gravité autour de moi. Et au bout de dix ans, comme beaucoup de gens, je trouvais moins de sens. Alors, c'est difficile à définir, mais je trouvais moins de sens dans ce que je faisais. J'avais aussi fait le tour de la publicité, il faut le dire. Et je me suis posé la question tout simplement de qu'est-ce que je pouvais faire plus tard, parce que c'est vrai qu'après 10 ans, on est assez déformé professionnellement, surtout qu'on a travaillé dans la même industrie comme moi, et je n'avais plus trop de lumière au bout du tunnel, pour faire simple. Et donc, j'ai fait un bilan de compétences, parce que je ne savais pas trop comment faire autrement, qui m'a beaucoup aidé, et ça m'a assez marqué, puisque la coach que j'ai eue m'a très vite dit Vous c'est intéressant, souvent quand je coache des gens, ils ont des rêves et ils ne se sentent pas nécessairement compétents, vous c'est un peu l'inverse. Vous vous sentez compétent mais vous n'avez plus de rêves. Et ça, ça m'avait vachement marqué parce qu'effectivement, au bout de 10 ans, l'activité professionnelle avec un poste à responsabilité, c'est vrai que je ne manquais pas forcément de confiance en moi et j'étais assez confiant sur mes capacités, par contre je ne savais plus où aller, j'étais complètement perdu. et le bien de compétence est pas mal et le sport revenait toujours sur les différents exercices ça revenait, ça revenait, ça revenait et j'ai eu une grosse pensée limitante en me disant le sport c'est le plaisir, c'est le loisir, c'est pour mon bien-être je ne vais pas travailler dedans ou alors éventuellement vers le sport business dans des métiers comme le sponsorisme, etc. Et je n'arrivais pas à passer le pas. Et puis, en fait, au bout d'un moment, je me suis dit, mais en fait, si c'est possible de travailler dans le sport, toucher du dos le sport de haut niveau. Et là a commencé l'exploration. Comment faire pour toucher le sport de haut niveau, pour aider les athlètes à atteindre leur objectif ? Parce que c'était un peu ça ma... Ma mission qui m'est apparue, je me suis dit, je ne suis pas sportif de haut niveau, je ne le serai peut-être jamais. Par contre, mon rêve, ce serait d'aider les athlètes à atteindre les leurs. Et je me suis dit, comment je peux faire pour les aider à atteindre leurs rêves ? Et du coup, grâce au bilan de compétences, tu te rends compte des compétences que tu as acquis en 10 ans. Et petit à petit, j'ai commencé à me rendre compte que, oui, je... J'ai appris à gérer mon stress, je sais inspirer la confiance, j'ai appris à planifier les objectifs. Donc petit à petit, on se rend compte que nos 10 ans d'expérience professionnelle, c'était pas pour rien. Et tu ajoutes à ça tes valeurs de partage, de bienveillance, d'écoute. Puis petit à petit, t'as des métiers qui apparaissent et la préparation mentale est apparue comme une évidence pour moi, comme une porte d'entrée pour vraiment aider, et de manière assez proche, les athlètes à gérer leur... leur quotidien et leur réoptimisation.
- Speaker #0
Tu connaissais la préparation mentale avant, puisque tu as fait du karaté à très haut niveau aussi, au niveau national. Est-ce que c'est une discipline ou un métier que tu connaissais avant de faire ce bilan de compétences ? Non,
- Speaker #1
il n'y a qu'un exemple.
- Speaker #0
Ok, donc tu l'as découvert vraiment avec ce bilan-là. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles j'ai envie de rebondir, il y a plein de choses intéressantes. Effectivement, en tant que directeur commercial, j'imagine que tu faisais déjà indirectement quelques... ... comment dire, quelques fonctions de coach, en tout cas sur la partie mentale, parce qu'en fait, tu coaches les équipes, tu les encourages, surtout que la partie commerciale, pour en avoir fait un peu, c'est beaucoup de performances, évidemment. Il faut prendre du plaisir là-dedans, mais j'imagine que tu avais aussi un peu ça en toi via le sport. Est-ce que tu as dit un truc très intéressant sur une pensée limitante aussi, que tu n'imaginais pas que le sport pouvait être pour toi réellement un métier ? À partir de quel moment ? tu as réussi à faire sauter cette pensée ? Est-ce que c'était grâce à la coach ? Est-ce que c'était toi en introspection ?
- Speaker #1
En fait, je pense que c'est l'envie qui a débordé la raison. C'est-à-dire que j'ai exploré ce métier, j'ai parlé à plusieurs préparateurs mentaux et en fait, quand ils me racontaient leur quotidien, je me suis dit, ah oui, c'est vraiment ça que j'ai envie de faire. Et c'est possible. Et d'autant plus que la préparation mentale est vraiment une discipline en... en plein boom et je me suis rendu compte qu'il y avait énormément de profils différents. Des profils évidemment très chercheurs, des docteurs en psychologie du sport qui sont aussi préparateurs mentaux. Il y a des profils qui viennent du monde STAPS aussi, donc du monde sportif aussi. Et puis il y a d'autres profils, donc je me suis rendu compte que c'est une nouvelle discipline évidemment qui sera amenée à être réglementée et pour le bien de... de toute profession, comme la préparation physique à 20 ans. Mais oui, je me suis dit, en fait, il y a des parcours vraiment variés. Leur quotidien me fascine.
- Speaker #0
Il faut que tu tentes, ouais. Tu t'es formé comment ? Alors donc, tu fais ce bilan, là tu te dis, bon, c'est sûr que c'est ça que je veux faire. Comment ensuite tu enclenches le pas ? En fait, j'essaie de... Tu vois, pour les auditeurs qui veulent se reconvertir actuellement, il y en a quelques-uns. J'essaie de suivre ton processus. Et ensuite, comment tu t'es formé et comment tu es passé sur le terrain ?
- Speaker #1
Sur le processus, il y a une étape sur laquelle j'aimerais insister, parce qu'on a beau faire beaucoup de plans, la partie qui m'a le plus aidé, c'est la partie rencontre avec des préparateurs mentaux ou des gens qui gravitent autour du sport. Parce qu'à chaque rencontre, même si les rencontres ne sont pas toujours révolutionnaires, il y a toujours une petite phrase qui nous permet d'aiguiller notre projet. un peu à gauche, puis un peu à droite. On marche un peu en crabe comme ça, quand on ne sait pas trop où on va. Mais les rencontres nous permettent d'aller un peu vers là où ça résonne en nous. Et au bout d'un moment, il y a des chemins qui commencent à se tracer. Et moi, c'est vraiment grâce aux rencontres, en fait. Il n'y a pas de secret. Il faut rencontrer des gens, s'inspirer de leur vécu et se dire, ah tiens, lui, sa trajectoire me ressemble un peu. Ou alors, tiens, son quotidien, lui, me donne vraiment envie. Et c'est comme ça qu'on arrive à lever un peu les pensées parce qu'à priori, les pensées limitantes, a priori c'est possible pour lui, c'est possible pour moi. Donc ça, ça m'a pas mal aidé. Et sur la formation en tant que telle, il y a deux options, souvent, en tout cas à l'époque. Il y a les diplômes universitaires, dans mon cas, qui permet d'avoir une base de préparation mentale. Et il y a aussi... des écoles privées qui sont souvent construites par des docteurs en psychologie du sport qui ont leurs méthodes, leurs experts et qui construisent leur propre formation et dans les deux cas il y a aussi pas mal d'heures de pratique. Donc moi je cherchais à pratiquer le plus vite possible parce qu'en sortant d'un bilan de compétences j'avais besoin de comprendre si c'est un métier qui pouvait vraiment plaire. Donc j'ai essayé de trouver évidemment là... où on pouvait avoir les meilleurs fondamentaux. Après, c'est difficile de loin. Tu as beau échanger avec des gens, c'est difficile de savoir ce que vaut un diplôme universitaire dans une université ou une école privée. Mais oui, j'ai privilégié la pratique aussi parce qu'après 10 ans, il faut aussi gagner de l'avis. C'est clair.
- Speaker #0
C'est une question que j'avais posée.
- Speaker #1
Donc, tu te dis, OK, il faut que je pratique quand même pour me rendre compte de la réalité de ce qui se passe. Déjà, un, est-ce que ça me plaît ? Et deux, est-ce que je peux en vivre ? Donc... Donc voilà, j'ai choisi la formation qui a été créée par Anthony Mette, qui est un docteur en psychologie du sport. Et ensuite, j'ai continué à me former par Emery Guillaume, notamment en visualisation, qui est un chercheur en neurosciences.
- Speaker #0
On connaît bien.
- Speaker #1
Que vous connaissez bien. Et voilà, je continue à me former pratiquement tous les ans. Ça, c'est aussi un plaisir qui est ressorti dans mes besoins au quotidien, c'est de continuer à être stimulé. C'est un métier qui évolue extrêmement vite et j'ai à cœur d'être compétent, de faire les choses bien. Après dix ans dans une autre industrie, je sais que je ne suis pas psychologue du sport, donc j'ai vraiment à cœur de faire les choses intelligemment et de m'entourer de professionnels qui ont des compétences que je n'ai pas.
- Speaker #0
Ce qui est intéressant, c'est que tu dis que souvent les formations privées sont créées par des docteurs aussi en psychologie du sport. parce qu'en France on a un peu ce débat université vs privé et donc on a l'impression que quand c'est une formation privée c'est de moins bonne qualité parce que c'est pas validé par des universitaires et pour être totalement transparent moi aussi au début quand je commençais à découvrir cette discipline je me suis tout de suite tourné vers les livres, les bibles de la préparation mentale ces choses là qui sont universitaires, qui sont très très bien mais je voulais faire un aparté là dessus en disant que Il y a aussi des formations privées qui peuvent être très qualitatives. Et le plus important, c'est ce qu'on en fait, je pense. Et toi, c'est ce que tu dis, c'est que tu te formes régulièrement et tu ajoutes des cordes à ton arc comme tu l'as fait avec la visualisation. Et en fait, c'est aussi pour donner un peu de clarté sur le marché des préparateurs mentaux pour des athlètes amateurs, semi-pro, etc. Dans le choix des préparateurs mentaux, ce n'est pas simple. Parce que maintenant que tu es sur Instagram, je suis ciblé par tous les préparateurs mentaux. C'est vrai. C'est difficile de se tourner vers quelqu'un. Donc peut-être que le mieux, c'est de voir si la personne, déjà évidemment, est réellement passionnée par ce qu'elle fait, mais aussi qu'elle continue de se former,
- Speaker #1
comme tu le fais. Absolument. Absolument, continuer de se former, c'est un point qui est très important. Évidemment, ses valeurs, ses principes, comment la personne travaille, est-ce qu'elle va sur des champs de compétences qui ne sont pas les leurs, qui ne sont pas les siens. Ça c'est hyper important et derrière c'est aussi son réseau, à quel point le préparateur mental est entouré de professionnels de santé qui va pouvoir aider l'athlète sur des champs de compétences qui ne sont pas ceux d'un préparateur mental. Moi je sais que quand j'ai commencé, c'était ma priorité. Avant le syndrome de l'imposteur, peut-être qu'on en parlera, j'avais plutôt le syndrome du bon élève, c'est-à-dire que j'ai été formé par un docteur en psychologie du sport qui nous a formé à être d'une extrême vigilance sur ce qui... ce qui est dans notre champ de compétences et ce qui ne l'est pas, et de continuer à se former, évidemment. Et moi, j'ai vraiment construit mes premières années là-dessus. C'est-à-dire que je m'entoure de psychologues du sport, notamment de Lys, qui a été psychologue du sport à l'INSEP pendant plus de 10 ans, pour que dès qu'on dépasse mon champ de compétences, je puisse accueillir la parole et rediriger vers des gens compétents. Je ne suis pas spécialiste du sommeil, je ne suis pas nutritionniste, je ne suis pas préparateur physique, et pourtant... Ce sont des domaines qui vont impacter la performance des athlètes et qui vont possiblement être posés sur la table lors de mes sessions. Et dans ces moments-là, mon rôle, c'est plutôt d'être chef d'orchestre que préparateur mental. Je m'assure qu'ils puissent trouver des professionnels qui pourront les aider et les soulager sur des sujets qui sont parfois prioritaires, parfois un peu moins. Mais je te donne un exemple. Un footballeur qui veut gérer son patrimoine, ça peut être une source de stress réelle.
- Speaker #0
Clairement.
- Speaker #1
donc moi je suis pas magicien s'il vient me voir pour optimiser ses performances et gérer son stress mais que je me rends compte qu'au bout de 2-3 sessions en fait ce qui le stresse vraiment c'est ces 3 salles de sport au Maroc qui tournent pas bien ah oui Moi, je ne vais pas le coacher en business et reprendre ses salles de sport. En revanche, je connais peut-être des gens qui pourront l'aider et le soulager.
- Speaker #0
C'est intéressant.
- Speaker #1
Donc ça, c'est pour la partie business. Mais pour la partie sommeil, quand j'ai un athlète face à moi qui n'est plus performant, qui a besoin d'être préparé mentalement, qui vient normalement pour optimiser ses performances, très vite, on se rend compte qu'il ne dort pas de la nuit. Là aussi, j'essaie de l'aider en trouvant des personnes qui... pourront peut-être...
- Speaker #0
Oui, tu ne t'improvises pas coach en sommeil et ce n'est pas toi qui vas lui dire fais ci, fais ça.
- Speaker #1
Alors évidemment, j'ai une culture générale parce que je suis passionné. J'ai des conseils, j'ai des retours d'expérience d'autres athlètes, mais à aucun moment je vais donner des conseils de sommeil. Non, non, pas du tout si c'est trop compliqué. Juste, je trouve le bon professionnel et...
- Speaker #0
C'est super intéressant parce que j'imagine qu'il y a des préparateurs mentaux ou des coachs qui essaient de faire une approche holistique. Dans l'idée, je trouve ça très chouette de pouvoir avoir une approche globale de l'athlète. Mais par contre, dans chaque spécialité, je pense qu'ensuite, il faut aussi savoir renvoyer vers les bonnes personnes. Si on reprend le fil de ta reconversion... Un truc qui m'a impressionné aussi, c'est que tu es rentré dans une structure professionnelle. Le Stade Rochelet, c'est quand même un grand club en France. Et j'aimerais comprendre comment tu as réussi. Donc, tu avais cette peur de dire, est-ce que je peux en faire mon métier ? Et ensuite, on voit la suite de ton parcours. Bim, tu arrives dans une structure comme le Stade Rochelet. Comment tu as fait ?
- Speaker #1
Alors, comment j'ai fait ? Eh bien, encore une fois, la rencontre. Et ça arrive toujours quand on ne s'y attend pas. Je me suis installé à Rochelle il n'y a pas très longtemps, je suis dans un espace de coworking. Et dans les espaces de coworking, souvent il y a des gens qui proposent des verres. Et moi j'ai souvent la flemme d'aller à ce genre de moment. Et cette fois-ci, ma conjointe qui est aussi à l'espace de coworking m'a dit « Allez, c'est quand même sympa, on vous invite pour ces 30 ans. » Je lui ai dit « C'est vrai, franchement c'est cool, allez je viens, je fais l'effort. » Et là-bas, il y avait tout simplement une personne qui prenait du coaching sportif avec le préparateur physique du Stade Rochelet. Excellent. Il m'a dit, écoute, je pense que ton profil peut l'intéresser. En vrai, il est hyper sympa. Écoute, je te donne son contact. Je lui transfère le tien aussi. Et peut-être qu'il te contactera. Et trois semaines plus tard, ce préparateur physique du Stade Rochelet m'appelle. Donc, je remercie encore. Les membres du coworking de fêter leur anniversaire et nous inviter. Et après, la rencontre s'est faite avec le préparatoire physique. Ça a très bien fonctionné. Et on est arrivé en fin de saison pour la sélection féminine. Ça faisait plusieurs fois qu'elle ratait le titre de championne de France d'élite 2, donc la deuxième division. Et ils nous ont dit, c'est l'occasion. On voit que tu es fraîchement diplômée. C'est l'occasion de faire un test. On en a vraiment besoin. Il y a des sujets de communication, de cohésion. ça peut être le moment pour toi de tenter ta chance. Évidemment, c'était bénévole au début pour me donner ma chance. Et ils m'ont donné vraiment carte blanche. J'ai eu la confiance des coachs, Alex et Flo à l'époque, et Rémi le préparateur physique. On a construit un plan sur deux mois ensemble. Et c'est comme ça que ça a commencé. Et j'ai ouvert la porte à Evie. aussi à du suivi individuel pour les filles qui voulaient aller plus loin parce que les sessions étaient d'abord collectives et je permettais aux joueuses qui voulaient se développer individuellement de faire des sessions avec moi aussi.
- Speaker #0
Donc le pari c'était du bénévolat d'abord et ensuite la machine a pris et il y a plusieurs gros apprentissages dans ce que tu dis que j'aime beaucoup le premier c'est évidemment qu'il faut se bouger de temps en temps et aller faire des verres. Et tu l'as dit au début, c'est revu plusieurs fois, c'est partir à la rencontre des personnes. Il se passe beaucoup plus de choses, évidemment, qu'en rencontre du monde. Et j'essaie de me l'appliquer. Donc, partir à la rencontre de personnes. Et ensuite, la deuxième chose, c'est l'indipité, donc les choses qui arrivent parfois par hasard et qui sont bénéfiques, comme toi, avec cette rencontre du préparateur physique. Et le bénévolat, ça c'est un point important. C'est-à-dire que je rencontre Aussi beaucoup de personnes qui me disent, et qui sont fraîchement diplômés ou qui commencent dans une activité, qui disent « ah ben moi c'est hors de question que je fasse ça gratuitement » . Mais en fait c'est aussi un moyen de rentrer quelque part et de mettre le pied dans la porte, comme tu l'as fait. Ouais,
- Speaker #1
il faut bien choisir ses combats en fait, tout simplement. Il y a du bénévolat qui t'apportera rien, il y a du bénévolat... qui, quand il est bien construit, va être très intéressant. Et là, sur le stade Rochelet, je suis allé un peu à contre-courant des conseils qu'on peut donner pour rentrer dans un club. C'est-à-dire que, et c'est des bons conseils normalement, c'est-à-dire que pour rentrer dans un club, il vaut mieux rencontrer ce qu'on appelle les decision makers, donc ceux qui prennent les décisions, les entraîneurs, le président, ceux qui ont le budget. En gros, c'est ce qui dit oui. Et en fait, avec le bénévolat, c'est tout l'inverse qui s'est passé pour moi et c'était finalement beaucoup plus puissant. C'est-à-dire qu'en faisant du bénévolat, il y a beaucoup de joueuses qui ont voulu faire du suivi individuel, qui ont voulu tester. Ça s'est hyper bien passé. Et du coup, qu'est-ce qui s'est passé pendant l'été ? Je n'ai pas du tout eu besoin de rencontrer qui que ce soit. Ce sont des joueuses, dont la capitaine, qui ont demandé à l'entraîneur, mais où est passé Clément ? Est-ce qu'il reviendra l'année prochaine ? Donc en fait, j'avais dit commercial pour moi tout l'été, qui se demandait est-ce que j'allais revenir ? Donc je l'ai fait vraiment de manière complètement inversée. c'est que je n'ai pas forcément rencontré les décisionnaires et j'ai plutôt eu une approche athlète. Et une fois que les athlètes sont convaincus, c'est en fait eux qui sont capables de t'ouvrir les portes au sein du club parce qu'ils sont convaincus de ce que tu apportes. Et donc, ça, c'était une révélation.
- Speaker #0
J'aime bien cette approche. D'abord, tu prouves et ensuite, les personnes vont être commerciales pour toi. C'est ce qu'on appelle l'approche bottom-up. En gros, tu passes par le bas pour essayer d'aller chercher, comme tu dis, les décideurs en haut. Mais c'est marrant parce que tu aurais pu faire, vu que tu étais directeur commercial, tu aurais pu faire totalement l'inverse, te dire avec ton égo, je vais aller parler tout de suite aux grosses têtes.
- Speaker #1
C'est pour ça que c'est une idée reçue qui m'a vraiment marqué parce qu'effectivement, avec mes réflexes commerciaux, j'aurais certainement préféré rencontrer ceux qui disent oui, ceux qui ont le budget, qui prennent les décisions. Et en fait, je me suis vraiment rendu compte de la force Merci. de l'engagement des attentes. C'est-à-dire qu'elles sont tellement engagées que quand elles croient en quelque chose, vraiment, elles ouvrent leurs portes. Et elles savent convaincre aussi. Donc ça, c'était un grand principe.
- Speaker #0
Ça veut dire que tu as bien fait le job aussi avant, quoi. Puisque tu les as bien accompagnées. On peut rentrer, du coup, dans le sujet vraiment préparation mentale. Quelle a été tes premières briques ? Quel est le plan que tu as mis en place parce que tu parlais de sessions collectives ? Je veux bien que tu les éclaircisses un peu tout ça sur la partie collective et individuelle, comment tu les accompagnes maintenant ? Quels sont les grands sujets aussi qui reviennent en rugby féminin ? Carrément,
- Speaker #1
alors du coup on construit les choses aussi avec les contraintes de temps et de budget. Donc aujourd'hui comment c'est organisé ? On a deux sessions collectives par mois, par équipe. Dans ces deux sessions collectives, j'essaie de faire deux choses. La première, c'est une session qui est dédiée au collectif. Donc là, on va aborder les sujets de communication, de cohésion, de leadership aussi. C'est un sujet qu'on pourra parler, comment on essaye de partager le leadership au sein d'une équipe. Ça, c'est hyper intéressant. On analyse ensemble les situations critiques, comment on fait pour gérer telle ou telle situation dans un match. Donc ça, c'est des sujets qui sont essentiellement collectifs. Et dans l'autre session, toujours tout ensemble, là, j'essaie de les aider à développer quand même des compétences individuelles,
- Speaker #0
mais ensemble.
- Speaker #1
Donc aborder des thématiques comme la gestion du stress, la confiance en soi, la concentration, la motivation, toutes ces thématiques qui peuvent être clés dans la performance d'une joueuse, on essaie de les traiter ensemble. Donc là, les joueuses peuvent se transformer un peu comme des mini préparatrices mentales, parce que sur des groupes de 30, 50, voire 60 joueuses, c'est difficile de faire quelque chose d'hyper pointilleux, mais du coup ça permet des échanges, souvent en binôme ou en sous-groupe, et c'est assez intéressant d'avoir des... partagent d'expérience parce qu'il y a des filles qui ont plus d'expérience que d'autres donc elles essayent de se tirer vers le haut aussi sur ces compétences individuelles ensemble.
- Speaker #0
C'est génial parce que ça crée de la communication dans le groupe et ça doit renforcer aussi le groupe quelque part quand t'arrives ensuite sur le terrain en fait tout le monde se connait tu connais les forces, les faiblesses de chacune tu sais comment elles réagissent quels sont peut-être leurs doutes actuels c'est hyper intéressant comment tu... pardon vas-y Merci.
- Speaker #1
Ça peut prendre du temps, parce qu'il y a toujours des sujets de concurrence quand même. Mais j'ai peut-être beaucoup de chance avec ce groupe au stade Rochelet. La communication est quand même assez ouverte et c'est vraiment top. Mais voilà, il faut choisir les sujets petit à petit. On ne commence pas avec la confiance en soi. On commence peut-être avec la motivation, c'est plus simple. Qu'est-ce qui te motive dans le rugby ? Pourquoi tu en es arrivé là ? Ça, c'est des choses qui sont peut-être plus simples à partager.
- Speaker #0
Pour commencer, oui, bien sûr. Collectivement, j'ai eu un flash. Moi, j'ai pas mal joué au foot et il y a un sujet, tu vas peut-être pouvoir me répondre. Quand tu rencontres une équipe plus faible ? Tu joues moins bien quand tu rencontres une équipe plus forte que toi, en général tu te mets au niveau et tu joues mieux. D'où est ce que ça peut venir ? Et je te dis ça, c'est dans n'importe quel domaine de vie. Tu sais, même en entreprise, il y a des rendez vous commerciaux. J'imagine que tu y vas un peu en diétense, tu te dis bon, ça va bien se passer. En fait, tu le rates. Inversement, quand tu as bien la pression, là, tu prépares et tu es au niveau. Tu penses que ça vient d'où et comment on peut aider les auditeurs à être toujours au bon niveau ?
- Speaker #1
C'est vrai qu'il y a une question d'envie et de motivation, évidemment, et aussi d'objectif. Les filles du stade Rochelet, dans leur division, le niveau est vraiment très varié et elles sont tout le temps dans le top 2, voire le top 1. Et quand elles gagnent leur match contre les autres équipes, ça peut être du 80, voire du 100,
- Speaker #0
0 parfois.
- Speaker #1
Donc, effectivement, elles peuvent être face à ce genre de problématiques. Au-delà de l'envie et de la motivation, là, ça va être plus une question d'objectif et d'intention. Avec quelle intention, quel objectif tu viens au match ? Et c'est vrai que quand on arrive dans des matchs avec moins d'enjeux, on oublie parfois de se fixer une intention ou un objectif. Ça, ça peut être quand même important parce qu'il y a quand même des choses à chercher, à travailler, même dans des matchs avec des équipes a priori faibles. Donc, c'est le moment aussi de tester des choses. Mais ça, il faut que ça soit énoncé et communiqué. verbaliser pour éventuellement contrer...
- Speaker #0
Donc l'intention.
- Speaker #1
Je pense que c'est l'intention. Pareil à l'entraînement, beaucoup de choses n'arrivent pas avec une intention particulière à l'entraînement. Celles qui font la différence, c'est souvent celles qui arrivent avec une intention à l'entraînement, quelque chose qu'elles ont envie de travailler, un nombre d'erreurs maximum autorisé, un taux de réussite sur un exercice spécifique. Celle qui arrive avec cette approche, elle progresse souvent beaucoup plus.
- Speaker #0
Tu vois dans tes accompagnements individuels, alors j'imagine que la pensée, oui, mais des disparités sur le mental, des caractères, entre les très très bonnes joueuses, excellentes joueuses, et celles qui sont un peu en dessous. Bon, c'est un terme un peu dur, mais c'est vrai, il y a des différences de niveau forcément dans des équipes. Quelle est la différence entre, la question est simple, quelle est la différence entre quelqu'un qui peut être excellent et quelqu'un qui restera toujours un peu dans la moyenne ?
- Speaker #1
Je trouve que c'est le côté hyper rationnel. La capacité d'analyse et de mettre de la distance avec ce qui se passe. C'est-à-dire que je trouve que les athlètes qui progressent vite, c'est souvent ceux qui sortent de ce duo infernal qui est « je suis bon,
- Speaker #0
je suis bien,
- Speaker #1
j'ai fait un bon entraînement, j'ai fait un mauvais entraînement » . C'est ceux qui arrivent à avoir un niveau d'analyse beaucoup plus élevé, c'est-à-dire que « je suis nul » , derrière c'est plutôt physiquement j'étais là, techniquement j'étais pas là, techniquement c'était pas mal mentalement je me sentais vraiment bien donc là en fait je suis sorti du je suis bon je suis nul tout d'un coup en fait je me rends compte que je peux explorer 5-6 leviers de performance et me rendre compte que même si quand je pense que je suis nul physiquement j'étais quand même vraiment là ça montre que je progresse sur mon cardio sur ma vitesse en revanche effectivement techniquement je respectais pas du tout le plan de jeu j'étais pas là C'est ceux qui ont vraiment un côté très rationnel à mettre de la distance avec ce qui se passe. J'étais hyper énervé, je suis complètement sorti de mon match à tel moment et je sais pourquoi. Donc c'est ceux qui arrivent à observer ce qui se passe, être moins perdus dans leurs pensées, qui sont plus observateurs, je dirais, et de manière presque...
- Speaker #0
Créer une forme de nuance aussi dans sa propre analyse. Puisque c'est vrai qu'en fin de match, on dit « ah, j'ai été nul » , après on déprime toute la fin du week-end, on remet tout en question. Donc je comprends l'approche. C'est quoi les trois thématiques, les deux-trois thématiques les plus récurrentes que tu as en accompagnement de sportives du stade ?
- Speaker #1
Alors, la confiance en soi, la gestion du stress, la concentration et... Un petit peu à part la gestion de la blessure et de la douleur.
- Speaker #0
Ok, intéressant.
- Speaker #1
Je dirais que c'est les points les plus importants. Et il y a un autre thème qui revient souvent, mais qui est plus difficile à définir scientifiquement, c'est le lâcher-près.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
C'est très intéressant. Quand je demande aux athlètes au début, ben voilà, c'est quoi tes attentes ? Qu'est-ce qui ferait que notre travail...
- Speaker #0
fonctionne pour toi, pourquoi tu serais contente de notre collaboration. On me dit souvent, j'aimerais bien apprendre à lâcher prise. Je suis toujours un peu surpris parce que c'est une notion qui est scientifiquement difficile à définir, mais pourtant c'est très palpable pour les athlètes. Et souvent, ils ont envie de travailler sur cette notion de lâcher prise. Et je trouve ça toujours très intéressant. Et évidemment, ça se travaille. C'est juste que c'est difficile à définir.
- Speaker #1
C'est ce fameux état de flot où les choses viennent naturellement. Ou c'est plus au point de vue de ne pas être stressé ?
- Speaker #0
Alors oui, je pense que c'est lié. L'état de flow, je l'associerais plutôt au domaine des capacités attentionnelles, à tes capacités de concentration et de reconcentration, ou de focus. Pour moi, le flow est plutôt lié à ces fonctions-là. Mais évidemment, quand on ressent le flow, il y a une notion où tout est fluide, tout est automatique, et il y a une notion de lâcher prise nécessairement. Mais le lâcher-prise, je dirais, c'est plus de l'ordre de l'acceptation. Accepter ce qui se passe, accepter qu'on n'est pas à 100%, et pour autant, on va quand même arriver à en faire quelque chose. C'est accepter les décisions arbitrales injustes, accepter qu'il pleut, accepter que je n'ai pas dormi de la nuit et pour autant, j'ai la finale des Jeux Olympiques là, maintenant. C'est ça, c'est une forme d'acceptation radicale. Donc voilà, lâcher-prise sur en fait... tout ce qu'on ne peut pas contrôler, mais plus vite que la moyenne.
- Speaker #1
Super important. C'est super important ce que tu dis là, puisque souvent on se laisse submerger par des émotions et des distractions liées à des événements extérieurs. Et ça me parle, je me souviens, quand je jouais au foot, quand on arrivait sur un terrain pas top, où effectivement les décisions de l'arbitre et tout ce genre de choses, tu te laisses submerger, tu deviens mauvais après parce que tu es plus concentré. Donc ok, je comprends, c'est plutôt ça le lâcher prise. en rugby j'aurais jamais fait mais j'ai l'impression qu'il y a une culture sur le terrain et c'est assez c'est plutôt caché et mesquin c'est à dire que t'as des coups bas parfois peut-être un peu de trash talking aussi c'est une forme de déconcentrer l'adversaire comment tu arrives à les
- Speaker #0
renforcer là-dessus les athlètes parce que ça peut te faire sortir du match ce genre de choses complètement ça c'est assez drôle parce qu'on peut être créatif là-dessus pour les préparer au trash talking C'est ce que j'aime bien dire, c'est les préparer au chaos en fait. C'est travailler leur flexibilité mentale, potentiellement il peut tout se passer dans un match et souvent des choses auxquelles on n'a jamais été confronté. Donc pour les préparer au chaos, c'est là où on peut un peu s'amuser, c'est souvent des sessions de préparation mentale un peu hors cadre, où on fait de la préparation mentale intégrée, c'est-à-dire que je viens m'incruster à leurs entraînements, on construit avec le coach toute une série de parasites. Donc on va venir les parasiter tout au long de l'entraînement, évidemment sans les prévenir, pour voir comment elles gèrent leurs émotions, comment elles gèrent leur impulsivité. Et sur le sujet du trash-talking, alors c'est peut-être pas hyper poussé scientifiquement, mais avant un entraînement, j'avais mis des infiltrés. Donc il y avait cinq joueuses, leur rôle c'était de faire dégoupiller leur copine. Et après évidemment j'ai révélé qu'il y avait des infiltrés. pour pas qu'il y ait de conflit t'arrêtes avant la bagarre bon après elles savent jouer avec la limite et vraiment je leur faisais 100% confiance là-dessus mais c'est un petit élément bah voilà tout simplement pour les tester donc oui sur cette partie les préparer au chaos c'est souvent sur le terrain et c'est avec le coach où il choisit des situations bien particulières pour un peu les parasiter ça peut être sur leur sens aussi Merci. qu'elles entendent moins sur le terrain, qu'elles voient moins des décisions arbitrales injustes. Donc ça, elles s'en occupaient très très bien, elles ne comprenaient parfois pas. Donc ça, c'est vraiment drôle, parce que les joueuses, quand elles sortent de là, elles se sont pris un peu une machine à laver. Elles ne comprennent pas. Elles ne comprennent pas trop. Le débrief post-entraînement est toujours intéressant.
- Speaker #1
Et donc ensuite, ça vous l'avez répété plusieurs fois dans l'année, puisque j'imagine qu'en une fois, ce n'est peut-être pas suffisant.
- Speaker #0
Oui, on l'a fait deux ou trois fois, en essayant d'amener toujours des stimuli et des parasites différents. Un public hostile, par exemple. On a eu la chance d'avoir des supporters du stade Rochelet qui sont transformés en supporters toulonnais le soir d'un entraînement. Ils ont fait énormément de bruit. Je crois que la direction du club... donc pas mal de gens en club ont été au courant de cette session puisqu'ils avaient ramené tous les bruits possibles pour distraire et déconcentrer des joueuses donc ça c'était sympa Au-delà du fait que c'était une expérience rigolote, oui, le but, c'est qu'elles ne s'entendent pas sur le terrain. Donc là, il faut quand même pouvoir gérer.
- Speaker #1
On ne se rend pas compte, quand on regarde un match, tu vois, à la télé, on ne se rend pas compte de tout ce qui est fait en backstage pour préparer les sportifs. Mais en fait, on en revient au point, j'en parlais dans le dernier épisode, avec Fanny Nussbaum, de la partie préparation. Et en fait, encore une fois, c'est ça, c'est que tu les prépares au pire, dès l'entraînement, pour qu'en match, ça se passe mieux. Ça, on peut l'appliquer en fait quelque part à plein de situations. Je vais parler de mon cas, mais tu vois, par exemple, là pour Kern, on va partir en levée de fonds d'ici la fin de l'année. Maintenant que tu me dis ça, je me dis qu'il faut que je prépare aussi à des questions déstabilisantes, tu sais, d'investisseurs, etc. Parce que parfois, ils sont un peu taquins forcément pour tester. ils ne te feront pas de cadeaux donc se préparer c'est hyper important et je vois que tu le fais même sur le terrain tu vas pendant les entraînements carrément pour les tester oui et là aussi c'est un double avantage c'est intégré c'est
- Speaker #0
dans leur entraînement c'est plus proche de la réalité et l'autre avantage c'est que c'est préparé avec le coach donc il y a aussi comment dirais-je et non elle s'accapare, elle s'approprie les sujets aussi plus parce que le coach est impliqué. Donc, il y a une adhésion plus forte parce qu'elle comprenne que c'est co-construit avec l'entraîneur. Et donc, ça, en tant que préparateur mental, dans ma posture et l'impact que je peux avoir, ça change tout. Quand on a l'entraîneur, le préparateur physique, l'entraîneur des trois quarts aussi, qui participe à l'élaboration et à la gestion du groupe pendant la session, ça change tout. Ça décuple vraiment ce qu'on peut faire. Parce qu'il y a leur expérience, leur autorité, leur gestion du groupe. Et moi, mes idées pour essayer de les préparer. Et ça fait souvent un cocktail et une session d'entraînement vraiment intéressante.
- Speaker #1
Carrément. Tu parlais d'autorité et de partage de leadership avant, au début. Comment tu gères les égaux dans un groupe ? Puisque dans les sports collectifs, à très haut niveau, à un niveau amateur peut-être moins, mais à très haut niveau comme elles le sont, forcément, tu as envie de briller puisque tu es un compétitif. Une compétitrice, pardon. Et donc, tu dois te mettre en avant. Et en même temps, il ne faut pas le faire à contre-courant du groupe. Comment tu gères ça ?
- Speaker #0
Alors, il y a plusieurs choses. En fait, pour résumer la performance dans une équipe, tu as la performance de l'entraîneur, tu as la performance de la joueuse, la performance de l'équipe, mais aussi la performance de la structure sportive. Donc déjà, le club, selon sa culture, selon ses valeurs, nous fait déjà gagner pas mal de temps. En tout cas, au stade Angelet, il y a des valeurs très fortes d'entraide, d'engagement et de solidarité. donc il y a déjà une culture de l'entraide au sein du club, qui n'est peut-être pas dans tous les clubs, mais je dirais que la performance de la structure du club aide déjà. Ensuite, évidemment, il y a ce que l'entraîneur va apporter. Ça, ça va être hyper important. Et ensuite, il y a comment on aide les joueuses à apporter leur pierre à l'édifice en se basant sur leurs propres compétences. Et c'est de leur faire passer le message qu'elles ont toutes des compétences. souvent complémentaires et l'idée c'est de créer les conditions pour qu'elles puissent les partager et les mettre en oeuvre donc c'est pour cela que ça fait maintenant deux saisons qu'on avance petit à petit sur la notion de leadership partagé c'est considéré qu'il y a des leaders qui sont formels donc souvent les capitaines qui sont soit élus par le groupe soit choisi par l'entraîneur soit les deux d'ailleurs ça peut être le groupe qui donne son avis et l'entraîneur choisi dans les noms qui ressortent Mais c'est de considérer que tout ne peut pas reposer sur le capitaine parce que bien souvent, et les études le montrent, elles sont souvent performantes sur certains sujets. Par exemple, ça va être des leaders techniques ou des leaders motivationnels. Et ce n'est pas pour autant des leaders sociales, celles qui vont assurer la bonne atmosphère du groupe, ou les leaders promotionnels, celles qui vont porter les messages du groupe auprès de la direction. Donc, il y a quatre types de leadership. Le leader technique sur le terrain, le leader motivationnel qui est aussi sur le terrain. Et il y a les leaders aussi sociaux et promotionnels. Et souvent, quand on fait des sondages, 99% des capitaines ne sont pas identifiées comme meilleures sur ces quatre domaines. Et c'est pas normal. Très difficile de faire leader sur ces quatre domaines au sein d'une équipe. Donc l'idée, c'est de faire émerger des leaders, cette fois informels, qui ne vont pas aller à contre-courant des leaders formels. Donc ils vont possiblement être responsabilisés et on va clarifier leur rôle sur des postes. peut-être motivationnels, sociaux, promotionnels ou parfois techniques. Il y a beaucoup de joueuses qui montrent l'exemple sur le terrain, qui ne sont pas très bavardes et qui sont pourtant hyper reconnues par... Les autres vendeuses, l'idée c'est de leur faire prendre conscience de cette place qu'elles ont, de cette légitimité, et de les aider petit à petit à leur donner des missions ou leur ouvrir la possibilité à des initiatives. Et donc c'est souvent grâce à ce groupe de leaders formels et informels qu'on arrive à créer des techniques.
- Speaker #1
Juste pour aller plus loin sur les quatre types de leadership, leader technique c'est la personne qui prouve sur le terrain grâce à ses actions et à son... Le sport, vraiment, techniquement.
- Speaker #0
C'est conseils techniques et tactiques. C'est aussi celles qui vont aider les joueuses à rester sur le plan de jeu et à avoir bien en tête les objectifs du match.
- Speaker #1
Ensuite, on a leader social, tu disais ?
- Speaker #0
En gros, tu as les leaders terrain, techniques d'un côté, et motivationnels. C'est elles qui vont gérer un peu l'état d'esprit du groupe.
- Speaker #1
C'est celles qui vont faire les discours à l'étang.
- Speaker #0
d'avant-match par exemple et bien souvent une capitaine même si c'est un peu l'image qu'on en a c'est pas dit qu'elle soit à la fois experte tactique et technique et qu'elle soit aussi capable de motiver tout le monde et pourtant de facto on dit t'es capitaine c'est toi qui dois faire le discours d'avant-match. Bon bah parfois c'est pas forcément tes compétences et là où il faut être intelligent c'est de pas forcer les choses il y a peut-être d'autres joueuses qui sont pas capitaines mais par contre qui sont très justes sur le discours motivationnel avant.
- Speaker #1
Tu le vois, quand tu regardes le film sur l'équipe de France de foot pendant la Coupe du Monde 2018, tu avais Hugo Lloris qui était capitaine, mais ce n'est pas lui qui parlait le plus dans le vestiaire. Tu avais un Paul Pogba, je crois, qui parlait beaucoup. Puis tu en as d'autres qui étaient plus techniques style Antoine Griezmann. Donc c'est un peu ça les différents types de profils.
- Speaker #0
C'est un peu ça les différents types. Et là où ça va marcher, c'est qu'il faut clarifier les rôles au sein de l'équipe. Il faut pouvoir leur dire, voilà, il y a des joueuses qui sont identifiées comme leader et c'est elles qui vont essayer d'engendrer d'autres leaders. Et donc, c'est là où on va essayer de s'intéresser aussi derrière la dynamique entre les joueurs. Elles se reconnaissent comme leader. Donc, comment toi tu fais, qui est un peu la leader formelle, pour engendrer d'autres leaders, qui vont engendrer d'autres leaders ?
- Speaker #1
tout le monde puisse prendre leur place petit à petit et c'est un long processus ça se fait pas du jour au lendemain parce qu'il faut comprendre les synergies entre les joueuses et éviter de créer des soucis sur le papier comme ça ça a l'air simple mais je pensais qu'il faut composer ensuite avec chacune dans
- Speaker #0
l'équipe il faut composer avec leur vie aussi c'est à dire que sur le papier on va avoir des leaders sociales qui sont hyper identifiés pour gérer la cohésion sociale du groupe, faire des soirées des soirées. Et la réalité, c'est qu'elles ont leurs études, leur travail, leur famille. Elles font 20 à 25 heures de sport par semaine en plus. Donc, bon, parfois, les ligues sociales, ce n'est pas si simple d'organiser une galette des rois. En plus, les joueuses du stade Rocher ont de la famille en dehors de la Rochelle. Elles rentrent parfois chez elles. Donc, sur le papier, c'est assez robuste. Mais après, il faut le faire vivre. Il faut accepter que tout le monde ne sera pas là, qu'il y a parfois des sous-groupes. parfois des conflits, c'est aussi la réalité d'un groupe.
- Speaker #1
Comment tu gères la partie cohésion, sachant qu'il y a du turnover aussi dans les équipes d'année en année, et comment tu fais en sorte que... En fait, tu parlais de conflits, c'est pour ça que ça m'a fait tilt. Comment tu gères les conflits ? Est-ce que toi, tu es aussi parfois un intermédiaire ou pas du tout ? Comment ça fonctionne ?
- Speaker #0
Aujourd'hui, je le suis de manière plutôt indirecte. C'est-à-dire que comme j'ai des joueuses en suivi individuel, c'est plutôt dans ces moments-là que ça se passe, dans des entretiens individuels, où je vais essayer de comprendre déjà ce qui s'est passé et de les aiguiller par rapport aux attentes que le club va avoir par rapport à leur comportement, par rapport à ce que l'entraîneur attend aussi. L'entraîneur va souvent vraiment délimiter son regard sur le terrain d'abord. C'est ça sa priorité. Et effectivement, en session individuelle, moi je peux essayer de passer des messages et de les aider à aussi communiquer tout simplement. Les aider à pouvoir exprimer ce qu'elles ressentent, déjà dans un premier temps, sans même avoir de conseils. Et derrière, peut-être essayer de réfléchir à comment elles peuvent communiquer leurs besoins soit à l'entraîneur, soit à leur coéquipière, aux leaders aussi. ou à d'autres personnes qui seraient impliquées. Mais c'est ça un peu mon travail, c'est plus un travail de Londres, où je vais déjà accueillir ce qui se passe. les aider à identifier leurs besoins satisfaits ou leurs frustrations et les aider à communiquer de manière constructive.
- Speaker #1
C'est intéressant puisque dans le dernier épisode, Fanny Nielsbaum n'est pas fan du tout de la communication non-violente, mais de ce que j'entends à travers tes mots, c'est ce que tu essaies de mettre en place. Après, chacun a le droit d'avoir des avis différents là-dessus. Toi, je pense que tu es plutôt protagoniste là-dessus. comment tu... Comment tu mets en place ? Qu'est-ce que tu entends par ça ? Et comment ça peut être bénéfique aussi pour les personnes ?
- Speaker #0
En fait, j'ai une approche qui est... Vraiment, je n'ai pas d'idée à arrêter. Et effectivement, être à l'écoute de ses sentiments, identifier ses besoins, c'est effectivement un processus très CNV, comme on dit. Mais moi, c'est plus de manière plus empirique. Je me suis rendu compte que les joueuses de rugby, en tout cas les athlètes de haut niveau... qui ont des études à gérer, un taf à gérer, une famille à gérer, elles ont très peu de temps pour elles. Donc en fait, le simple fait de prendre une heure et de poser déjà ce qu'elles ressentent, ça permet parfois quand même de désamorcer pas mal de choses parce qu'elles ont juste simplement pas le temps d'y réfléchir ou pas le temps de l'exprimer. Donc je ne mettrais pas forcément de modèle derrière, de CNV ou quoi que ce soit, je me suis juste rendu compte qu'elles n'ont jamais le temps de faire. de le noter c'est déjà exprimer d'exprimer, de prendre conscience de ce qui se passe donc j'ai pas de processus CNV appliqué à la préparation mentale je me rends juste compte que elles ont très peu de temps pour poser ce qu'elles ressentent oui
- Speaker #1
que c'est mieux que de l'enfuir et de le mettre sous le tapis et que ça explose un jour
- Speaker #0
De créer une courte minute, ouais, exactement. Et en fait, ça désannonce souvent certaines situations et je ne vais pas chercher leur... Enfin, c'est pas plus philosophique.
- Speaker #1
Je comprends.
- Speaker #0
Prendre le temps d'exprimer ce qu'elles ressentent et derrière, d'agir efficacement.
- Speaker #1
Sur, tu l'as mentionné plusieurs fois, sur la partie donc c'est des athlètes de très haut niveau et en même temps, elles ont encore leur vie à côté. Quel est globalement leur rythme actuel ? Elles ont combien d'entraînements par semaine ? J'essaie de comprendre la charge qu'il y a autour du rugby. En fait,
- Speaker #0
il y a la charge rugby qui sont souvent le mardi, jeudi, voire le vendredi quand il y a un match. Et il y a la charge musculation et kiné qui sont le mercredi, le lundi.
- Speaker #1
Toutes les semaines quoi.
- Speaker #0
Tous les jours. C'est tous les jours en fonction de la préparation physique ou du rugby. Mais grosso modo, je dirais qu'il y a deux ou trois jours de rugby et tout le reste, récupération, musculation, kiné.
- Speaker #1
Il y en a qui pètent des plombs sur le rythme, sur l'intensité, sur le trop-plein, tu vois.
- Speaker #0
Oui, je pense qu'il y a des phénomènes de burn-out, bien sûr. Bien sûr, parce que comme tous les gens qui sont souvent sujets au burn-out, c'est des profils qui sont... hyper engagés qui ont un sens de l'engagement extrême moi je pense être engagé mais vraiment extrême c'est à dire que elles sont hyper engagés dans leur club donc elles vont tout faire pour qu'on puisse compter sur elles elles sont hyper engagés dans leurs études ou leur travail évidemment parce que c'est leur game pas et derrière elles sont aussi engagés de manière associative parce que le club reste une association donc quand elles donnent du son elles sont là elles sont parfois sapeurs pompiers volontaires aussi quand il y a des initiatives sur la santé mentale, elles sont là. Des initiatives sur les risques des accidents de la route, elles sont là aussi. Parce que parfois, c'est des sujets qui les touchent. En fait, elles sont partout. Et elles ont un sens d'engagement extrême. Donc, elles annulent rarement leur engagement. Donc oui, parfois, ça pousse à l'épuisement, c'est sûr. Parce qu'elles ont un niveau d'exigence aussi très élevé sur tous ces sujets.
- Speaker #1
Ok. Comment tu essayes de désamorcer tout ça ? Tu vois, d'éviter justement qu'elle rentre dans ce schéma. J'en parlais avec Kevin Duchy dans un épisode sur le burn-out qui disait qu'en gros, c'est des personnes qui sont people pleasers, qui essayent de faire plaisir à tout le monde. Toi, comment tu essayes de détecter ça et puis de mettre aussi peut-être des garde-fous à ce niveau ?
- Speaker #0
C'est d'essayer de leur faire comprendre qu'il y a un temps pour tout et de prioriser. Et derrière, souvent, c'est des jeunes athlètes qui n'ont pas eu l'habitude de déléguer, parfois. Donc, essayer de leur dire, ok, dans ce qui se passe aujourd'hui en toi, qu'est-ce que tu peux repousser ? qu'est-ce que tu peux déléguer et qu'est-ce que tu peux même supprimer. Et déjà, après avoir fait ce tri-là, il y a des priorités qui peuvent ressortir. Et il y a autre chose aussi que j'aime bien analyser, c'est que souvent, quand on est épuisé, on essaie de réfléchir à ce qui nous donne de l'énergie. Récupérer, sortir du cadre, partir en vacances. Et dans ces moments-là, j'essaie plutôt de commencer par la priorité des priorités. C'est déjà qu'est-ce qui te coûte de l'énergie. avant d'analyser ce qui peut t'en donner. Parce que parfois, on essaie de mettre des ronds dans des carrés, à faire des massages, à partir en vacances, et on ne met pas forcément le doigt sur ce qui nous coûte de l'énergie. Vraiment. Et donc souvent, quand on fait un peu le tri dans ce qui nous coûte beaucoup d'énergie, déjà, ça peut soulager. Mais oui, je dirais que de manière plus rationnelle, c'est les aider à prioriser, en fait.
- Speaker #1
Ok. On a fait un bon passage sur la partie rugby. Tu suis aussi des athlètes individuels dans d'autres sports. Tu as quoi comme suivi actuellement ?
- Speaker #0
Absolument. Au tout début, j'ai commencé avec des profils plus Ironman, triathlon, etc. qui ont un peu un objectif de vie. Et petit à petit, par mes rencontres, je me dirige de plus en plus vers des sports olympiques. Donc le judo notamment, l'aviron et également le skit olympique qui est le tir. Ça aussi c'est une discipline qui est assez impressionnante parce qu'en termes de prise de décision et de concentration, c'est du très très haut niveau parce que là on parle dans une demi-heure et deux secondes.
- Speaker #1
Tu peux nous en dire plus parce que c'est vrai qu'on le voit tous les quatre ans, enfin moi je le vois tous les quatre ans de temps en temps à 15h, mais tu peux nous expliquer un peu plus la discipline et toi comment tu interviens là-dessus ?
- Speaker #0
Alors oui, la discipline, c'est comme on peut le voir sur les images, il y a plusieurs plateaux et le but, c'est tout simplement de tirer les petits, comme les frisbees, je dirais. Alors, mon athlète me tuerait.
- Speaker #1
Pour vulgariser, c'est très bien.
- Speaker #0
Pour que tout le monde puisse comprendre, c'est des sortes de frisbees que l'athlète doit tirer, ça va extrêmement vite. et là où j'interviens c'est sur la gestion des pensées en fait. C'est que dans ces moments-là, il y a énormément de pensées parasites qui vont arriver, évidemment. Ne rate pas ton tir, ne te déconcentre pas. Toutes ces injonctions qui arrivent, malheureusement, on ne peut pas vraiment supprimer, en tout cas que pendant une durée très réduite. Et donc, oui, je travaille avec cet athlète beaucoup sur ce sujet-là. Comment on fait pour gérer ces pensées ? Et le piège, c'est souvent d'essayer de les supprimer parce que là, il y a un effet boomerang immédiat. C'est qu'en fait... ne peut pas vraiment supprimer ses pensées. Donc c'est plutôt apprendre à les accepter et à vivre avec, et à très vite se refocaliser sur l'instant présent et sur une action qui est très utile. Donc un point d'intention visuel, par exemple. Et donc c'est un peu ce travail-là. Comment on fait pour réduire au maximum le moment où il y a des pensées parasites qui arrivent, ce processus d'acceptation, et de rediriger son attention sur quelque chose d'utile et efficace. Et ça se passe souvent par des points intentionnels et visuels.
- Speaker #1
Et tu fais de la visualisation, puisque tu t'es bien formé là-dessus avec Ayke Emric. Tu fais de la visualisation pour ce type de sport, j'imagine que c'est quand même bien la pique-lube.
- Speaker #0
Oui, alors souvent, c'est des athlètes qui en font déjà beaucoup. Donc moi, je m'assure juste que la visualisation est bien intégrée dans la routine et aussi dans l'entraînement. Et je leur donne aussi d'autres idées. Avec le prérequis principal, c'est de nous assurer qu'il visualise à vitesse réelle. Et là, c'est compliqué dans le butir. Donc, on essaie de travailler un peu différemment sur les sujets aussi de confiance en soi. Par exemple, on ne va pas forcément travailler la correction gestuelle avec la visualisation. On va plutôt aborder la confiance en soi. Donc, l'idée est de créer un état d'esprit qui le met dans le meilleur dispositif.
- Speaker #1
Ok. Attends, tu as dit un truc super intéressant sur la vitesse réelle. Ça, c'est essentiel. Si tu ne visualises pas à vitesse réelle, ça peut être néfaste ?
- Speaker #0
Effectivement. Ça dépend des types de visualisation. Si on est sur de la confiance en soi, je te refais visualiser tes plus grands succès, je dis n'importe quoi, là, on peut vraiment se faire plaisir, zoomer sur un geste, zoomer sur ta dernière frappe. Ça, il n'y a pas de souci. Regarder tous les angles du ballon, ça, il n'y a aucun problème. En revanche, quand on est sur un sujet de correction gestuelle ou de modélisation gestuelle, c'est-à-dire apprendre un nouveau geste, effectivement un des prérequis le plus important c'est de se rapprocher de la vitesse réelle c'est à dire que tu visualises à peu près à la même vitesse que si tu faisais le geste réellement Puisqu'on remarque que derrière, si tu ne le fais pas, ça peut engendrer des petits déréglages petit à petit. Donc, il y a des exercices un peu fondamentaux où on va tester la chronométrie mentale. Tu vas faire 10 squats physiquement et puis tu vas les imaginer dans ta tête et en chronomètre.
- Speaker #1
Excellent.
- Speaker #0
Pour voir à quel point tes 10 squats sont complètement décorrélés de ceux que tu imagines. Et puis au fur et à mesure, on le fait sur des gestes réels. Donc on va à chaque fois essayer de voir à quel point tu te rapproches du vrai tempo. Parce que derrière, souvent la visualisation c'est visuel, mais il y a aussi la modalité auditive. Donc là il y a la notion de tempo. Quand tu fais de la gymnastique artistique ou quand tu fais de l'escalade, quand tu écoutes les sons en fait c'est hyper rythmé. Donc ça tu peux l'utiliser aussi pour amorcer tes visualisations. Tu utilises un son pour justement refaire ton geste. Et là du coup grâce au tempo, tu respectes un peu plus la vitesse réelle. Donc ça c'est des méthodes qu'on peut utiliser mais effectivement un des prérequis le plus important c'est, en tout cas pour la correction gestuelle,
- Speaker #1
c'est la vitesse. Donc c'est pas anodin, c'est quand même assez millimétré quoi.
- Speaker #0
C'est important,
- Speaker #1
ouais.
- Speaker #0
Ok. Tu imagines bien qu'un pilote de faille humain, ça se joue à la seconde et d'ailleurs il y a des vidéos toujours un peu impressionnantes où t'as le... le pilote de Formule 1 qui se chronomètre quand il visualise et c'est vraiment pratiquement le même temps qu'il finit le tour du circuit pratiquement avec le même temps quand il ouvre les yeux quand il ouvre les yeux c'est pratiquement le même second en même temps à je sais pas combien de kilomètres heure vaut
- Speaker #1
mieux que ce soit précis on va essayer de trouver ça, le mettre en description ça peut être super intéressant elle est assez cool,
- Speaker #0
je me rappelle pas du pilote mais elle a assez l'impression ok
- Speaker #1
Et toi, personnellement, est-ce que tu t'appliques justement tous ces concepts de préparation mentale ? À ton niveau, tu sais que tu fais du trail, même pour ta vie, tu es pro. Est-ce que tu te l'appliques ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. J'essaie d'être le plus cerveau bleu, comme j'aime dire, donc le plus rationnel possible, de mettre de la distance avec ce qui se passe. Me dire, je suis en train de penser que je suis nul, plutôt que de dire, je suis nul. Et d'essayer de comprendre ce qui se passe. Oui, je me l'applique sur la planification d'objectifs, notamment sur la connexion à l'instant présent. Essayer toujours de me reconnecter à mon environnement direct, notamment quand tu cours plusieurs heures et que tu es un peu perdu dans tes pensées, tu penses que tu ne vas pas y arriver. Essayer de te reconnecter sur le bruit de tes pas. Ça, c'est plus de la pleine conscience. Le bruit de tes pas, un nuage, des racines. Essayer ensuite de réenclencher un processus un peu plus rationnel. Qu'est-ce que je peux faire ? pour limiter la douleur, d'avoir une approche switchée le plus rapidement possible d'un état émotionnel, un état rationnel, c'est ça que je fais au quotidien. Tous les jours, il y a un peu l'état émotionnel qui se réveille et puis derrière, essayer de revenir à un état un peu plus rationnel.
- Speaker #1
Ça peut servir, pour ceux qui ont tenu jusque-là dans l'épisode, c'est un bon conseil, parce qu'il y a beaucoup de coureurs aussi évidemment dans les auditeurs, que ce soit trail ou marathon, semi-marathon, etc. Donc quand il y a cette douleur, Toi, tu conseilles de se raccrocher à quelque chose de rationnel pour pousser l'effort.
- Speaker #0
En fait, quand il y a le cerveau rouge, comme on aime dire, donc l'état émotionnel qui se réveille, c'est déjà accepter qu'on puisse être dans le rouge, l'identifier plus vite que les autres et ne pas réagir, comme tu l'as dit au tout début, par l'ego ou sous l'émotion. Tu as dix coureurs qui te passent devant, le cerveau rouge te dirait, bon, rattrape-les. Alors qu'en fait, ton cerveau bleu... plus rationnel, tu dirais, potentiellement, eux, ils sont en surchauffe, tu les retrouveras dans 2 km au réveillement, suis ton plan, c'était quoi ton plan, où t'en es, regarde ton allure, possiblement, rectifie le geste de tes bras, ton inclinaison, peu importe un ajustement technique ou tactique, mais oui, c'est d'essayer d'identifier vite quand tu vas dans le rouge, donc dans un état émotionnel, l'accepter, parce que tous les athlètes Merci. finissent par aller dans le rouge, c'est juste qu'ils y restent un moment de temps et derrière, ils arrivent à se reconnecter à l'instant présent et à agir efficacement et rationnellement. Donc, possiblement, ajuster peut-être sa stratégie, revenir sur des mouvements purement techniques. Il y a des athlètes, notamment sur des distances courtes, comme 5 km ou 10 km, eux, ils vont se refocaliser sur la technique, le mouvement des coudes, la mode. Exactement, et du coup ils repassent dans le bleu comme ça, se focalisant sur des points bien précis, soit de leur technique, soit de leur tactique. Mais tu passes éternellement entre le bleu et le rouge.
- Speaker #1
Donc, ne pas essayer de... Enfin, de ne pas se laisser submerger par des phrases du type « je suis nul » , « c'est foutu » , ce genre de choses, quoi. En gros.
- Speaker #0
D'accepter que ces pensées, elles seront toujours là, et ceux qui font la différence, c'est pas ceux qui les suppriment, c'est ceux qui les acceptent. Là, je suis en train de me dire que je ne vais pas y arriver, que je vais abandonner. Très bien. Qu'est-ce que j'en fais de cette pensée ? Ce n'est que des mots, a priori. Cette pensée-là, c'est a priori d'abord que des mots, des histoires que mon cerveau est en train de me raconter. Je ne suis pas obligé de suivre ces pensées. Si cette pensée est utile, fonce. Si elle n'est pas utile, il faut trouver un moyen de pouvoir s'adapter. Mais c'est un peu ça la vraie question, entre guillemets. Ce n'est pas est-ce que cette pensée est vraie ou fausse ? Tu ne sauras jamais. Est-ce que tu es vraiment nul ? C'est est-ce que cette pensée est utile là, maintenant ?
- Speaker #1
Génial.
- Speaker #0
Souvent.
- Speaker #1
Elle n'est pas utile. Complètement. Dans les sports d'endurance, ça me parle tellement ce que tu racontes.
- Speaker #2
C'est clair.
- Speaker #1
Et toi qui fais du trail, est-ce que tu as envie de suivre, puisqu'il y a eu l'UTMB dimanche dernier, est-ce que tu as envie de suivre des trail-trailers de haut niveau en préparation motale ?
- Speaker #0
Oui, j'aimerais beaucoup. Après, eux, ils aiment repousser leurs propres limites aussi. Par eux-mêmes, de manière vraiment empirique. mais évidemment j'en ai suivi et j'adore les suivre parce que pour le coup il y a autant de préparation mentale que d'athlète mais vraiment dans l'ultra trail ils ont tous une approche ils ont tous leur approche donc c'est très enrichissant aussi parce que sur des durées de 10, 13, 20 heures la gestion du mental c'est vraiment hyper personnalisé et certains s'évade complètement mentalement. Il y en a un, c'est très marrant, il prend ses dix personnes préférées dans sa vie et il va se refaire tous les plus beaux moments qu'il a vécu avec ses dix personnes. Donc là on est vraiment sur une technique bien pratique,
- Speaker #1
bien additionnée, bien additionnée,
- Speaker #0
en temps réel et ça lui permet de tenir des heures.
- Speaker #1
C'est trop bien, ok.
- Speaker #0
Donc là on est moins dans l'instant présent pour le coup.
- Speaker #1
mais il s'évade mentalement aussi parfois comme ça et donc ça c'est hyper enrichissant je sais pas si c'est une technique que je recommanderais mais en tout cas pour lui ça fait une différence ouais il a créé sa propre procédure qui fonctionne ça c'est encore plus beau quoi il a pas copié quoi que ce soit c'est génial et c'est vrai que ça peut durer longtemps si tu le refais sur 10 personnes tous les bons moments c'est une bonne idée et
- Speaker #0
ça a l'avantage de t'occuper mais bon j'imagine que ça crée des émotions positives aussi c'est vrai ouais complètement
- Speaker #1
Ok, je termine. On va clôturer l'épisode tranquillement. J'ai deux questions pour finir en général. C'est de quoi rêves-tu maintenant ? Et la deuxième question, c'est est-ce qu'il y a une personne qui t'inspire particulièrement ? Ça peut être vivant, pas vivant. Enfin, voilà. C'est deux questions assez ouvertes.
- Speaker #0
Ok. Alors, ce à quoi je rêve, c'est Los Angeles, 2028. Je rêve d'accompagner des athlètes que je suis. Je rêve pour eux déjà. Je serai vraiment dans un cliff faire et aller. Parce que les qualifications ne seront pas toutes finalisées. Je rêve déjà pour eux que tous leurs efforts soient récompensés. Et évidemment, le cliff ultime, c'est de partager ces moments avec eux. Donc là,
- Speaker #1
je rêve pour moi,
- Speaker #0
sur place, évidemment, de faire partie de ce type d'aventure. C'est ce pourquoi j'ai fait ma reconversion et je touche du doigt ce rêve aussi, même si je le fais d'abord pour eux parce que j'essaie d'être le plus professionnel possible, de ne pas me perdre dans mes émotions. Et une personne qui m'inspire au quotidien, je pense que c'est mon premier coach de boxe, parce que j'ai fait trois ans de boxe. Et c'est quelqu'un qui m'inspire beaucoup parce qu'il construit autour de lui. Il construit un club de boxe, il construit une association et il apporte une dimension à la boxe qu'on voit peu, c'est-à-dire qu'il aide des personnes en situation de handicap. Ça, c'est quelque chose que je trouve incroyable. Il a fait un gros travail d'introspection sur lui-même. On s'est dit, en fait, en tant que boxeur professionnel, mon rôle in fine, c'est quand même de taper les gens. Et donc il arrive à remettre en question un peu ça. Il a une approche très intéressante. Il dit, OK, en fait, il faut que je permette à la boxe d'apporter autre chose que cette vision. Donc il utilise... ses compétences et son parcours pour permettre aux gens de découvrir tellement de choses sur eux grâce à la boxe. Je trouve ça incroyable les effets que ça a sur des gens qui n'ont pas forcément confiance en eux, qui ne s'exposent pas beaucoup aux risques. Il le fait d'une manière tellement pédagogique et accessible et avec un enthousiasme incroyable. Il s'appelle Yazid. S'il se reconnaît, il a une salle à Paris à Nice.
- Speaker #1
et il est absolument génial on mettra le lien aussi de la salle merci Clément pour tous ces partages c'était génial on a essayé de couvrir beaucoup de sujets c'était cool j'ai plutôt l'habitude d'être celui qui écoute j'ai
- Speaker #0
fait de mon mieux pour parler et être un peu plus bavard que je me suis d'habitude donc merci pour cette opportunité et de m'avoir invité salut
- Speaker #2
Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu et que vous avez appris des choses. Si c'est le cas, merci de mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify et surtout de partager cet épisode autour de vous. N'hésitez pas à me faire part de vos retours pour les prochains épisodes. Je vous dis à bientôt sur Objectif Mental.