Speaker #1Bienvenue dans le 77e épisode d'Obsession Progression que j'enregistre avec un tout nouveau micro, j'espère que ça te plaira. Moi en tout cas je suis très content d'enregistrer avec et d'espérer que le son soit meilleur. Partons maintenant à la rencontre du sujet de l'épisode. qui est les effets de palier dans la progression, comment ça influence ton état interne et les décisions que tu prends. Et en fait, pour commencer à te parler de ça, je vais te raconter ce qui m'est arrivé en escalade. Donc, je me suis mis à la grimpe, là, je suis au taquet depuis le mois d'août. En plus, mon ami Antoine, qui est entraîneur d'escalade à haut niveau, et notamment déjà dans l'équipe de France, il m'a encouragé à m'y mettre et je prends du plaisir à le faire. Et en fait, je remarque une chose en escalade. Alors, je fais de l'escalade de bloc, essentiellement, pour ne pas dire que ça. Et ce que je remarque sur l'escalade, dans le bloc, c'est que quand tu démarres le bloc, Tu sais que le but c'est d'aller en haut, c'est très clair. Et puis tu construis l'attente d'aller en haut, l'objectif c'est d'aller en haut, etc. Et là d'un coup, alors que tu es en train de grimper, peut-être que après quelques secondes, après un mouvement ou deux, d'un coup tu te retrouves dans un mouvement qui est difficile. Admettons pour que tout le monde comprenne, que ça soit un bloc qui est en dévers et qui d'un coup demande beaucoup d'énergie, demande beaucoup de force dans les doigts, et que tu es obligé de forcer le temps de te tourner, de trouver la position dans laquelle tu peux aller chercher la prochaine prise. À ce moment-là... J'ai remarqué à quel point souvent dans ce moment où en plein milieu du bloc, ou après un tiers du bloc, je suis dans le dur, je me dis Oh là là, mais si c'est dur comme ça, j'irai jamais jusqu'en haut ! Parce que je suis conscient à ce moment-là que l'effort que ça me demande dans ce moment, je ne serai pas capable de le poursuivre encore autant de temps pour aller jusqu'en haut. Mais il se passe quelque chose de super intéressant, c'est que les fois où j'ose continuer, en disant tant que tu peux tenir la prise, continue, continue Et bien souvent, tu passes à la prise d'après, et là d'un coup tu as genre un gros bac, là d'un coup tu as genre une prise où en fait c'est facile de la tenir, tu as un bon pied, j'en sais rien. Et à ce moment-là, le reste du bloc paraît super simple. Peut-être d'ailleurs qu'il est encore techniquement difficile, par exemple si tu as un bloc qui commence en dévers et qui finit en dalle, et bien une fois que tu as dépassé la phase de dévers, tu te retrouves dans une phase qui, d'un point de vue énergétique, devient extrêmement facile. Et c'est là où, alors que c'est la même couleur de prise, on est toujours dans le même bloc, c'est là où pour moi ça soulève quelque chose de super intéressant par rapport à la dimension mentale de l'escalade et du reste de la vie, c'est que dans la vie, il y a des moments dans lesquels t'es tellement dans le dur, et tu vois encore tout le chemin qui te reste à parcourir, et tu te dis, mais en fait si c'est dur comme maintenant, jusqu'à la fin du chemin qui me reste à parcourir, je n'arriverai jamais à aller au bout, c'est trop dur pour moi, j'en suis incapable. Alors que... Il suffirait de continuer d'avancer de quelques millimètres, comme les appelle Fred Chevalier dans mon équipe. Il suffirait de continuer d'avancer de quelques pourcents pour qu'au final, une fois que tu as passé ce palier, d'un coup derrière, ça soit fluide, ça soit plus facile. Et ce que j'ai remarqué, c'est que la plupart des projets que j'ai menés dans ma vie correspondent à ça. C'est-à-dire que pour aller du point A au point Z, tu vas passer par exemple de A à B et de A à C. Ça va être extrêmement difficile et tu vas te dire... Oh là là, mais comment je vais aller de C à Z ? Alors qu'en fait, une fois que tu seras arrivé à D, d'un coup, ça devient, par exemple, de plus en plus facile. Et puis peut-être qu'entre N et M, d'un coup, il y a à nouveau un pic qui est extrêmement difficile, mais tu as eu le temps de te reposer avant, et puis tu as eu le temps de te reposer après, etc. Et donc pour moi, c'est vraiment une prise de conscience que je suis en train d'avoir avec l'escalade en ce moment, et surtout que j'avais envie de vous partager. Je trouve que le sport, c'est un super endroit pour apprendre la vie. En fait, il y a tellement de liens entre eux. Le sport et la vie, la manière dont une petite histoire de sport est en fait une grande histoire de vie, la manière dont une heure ou une année en sport peuvent être l'équivalent d'une vie par exemple. J'ai eu ça aussi avec ma blessure à l'épaule, là, quand je me suis fait opérer de l'épaule le 29 septembre 2023. Au début, c'était extrêmement difficile et je me suis dit, oh là là, mais si c'est dur comme ça, toutes les semaines, tous les mois, pour revenir jusqu'au niveau où mon épaule sera en pleine forme, je ne sais pas comment le faire. Pareil, de m'entraîner. En faisant du vélo, juste du vélo et pas des séances de crossfit, parce que je ne pouvais pas utiliser mes bras, c'était aussi très difficile de garder un rythme de sport, de continuer à être motivé, etc. Alors que les conditions pour s'entraîner sont franchement ennuyeuses. Mais il y a un moment où quand tu passes un palier, par exemple je me souviens très bien quand je me suis fait opérer de l'épaule, il y a le palier après trois mois où tu peux reprendre le sport pour de vrai. et bien tout est différent d'un coup. C'est beaucoup plus motivant, c'est plus facile, c'est plus fluide. Même dans la vie, tu n'as plus les gènes que tu avais au quotidien. Et pour aller à la fin de cet épisode, ce que j'ai envie de te poser comme question, c'est les suivantes. C'est, toi, tu en es où en ce moment sur le chemin que tu cherches à parcourir ? C'est entre ton point de départ et l'objectif que tu veux atteindre. Et la phase dans laquelle tu es en ce moment, à quel point est-ce qu'elle est difficile ? Je me souviendrai toujours que mon enseignant en STAPS qui m'a appris l'escalade, là, Bertrand Donzé, il disait Il faut aller vite. dans les passages difficiles et lentement dans les passages faciles. Et c'est pour ça que j'ai envie de te demander, toi, est-ce que tu es en train de traverser un passage où l'adversité est difficile, le caillou à déplacer, il est lourd, il faut forcer, quoi ? Est-ce que tu es dans ce type de phase-là ? Et si tu es dans ce type de phase-là, comment est-ce que ça influence ton quotidien de voir que la ligne d'arrivée est encore loin ? Parce que peut-être que tu es dans ce quotidien où tu te dis Ah ben, là, pour atteindre tel truc, il faut que je fasse autant d'efforts pendant encore tant de temps alors qu'en fait il suffirait juste de faire ces efforts là pour passer le palier et après derrière ça va être plus fluide. Alors c'est le cas aussi pour les athlètes qui commencent la préparation mentale des fois ils veulent pas le faire parce qu'ils se rendent compte que moi je leur proposais par exemple entre deux et quatre séances de préparation mentale par mois au début quand ils en ont jamais fait et qu'ils viennent me voir avec un problème et qu'on se lance et qu'on veut vraiment le résoudre et là ils pourraient se dire oh mais ça va me demander autant d'investissements pour le reste de ma carrière non non pas du tout Au début, si tu es un sportif de haut niveau, on va bosser ensemble. On va faire ces 2 à 4 séances par mois pour que ça avance vite et qu'on puisse agir en profondeur pour résoudre le problème. Et après, comme le problème ne sera plus là, d'un coup, il y a besoin de beaucoup moins de fréquence. Alors voilà, j'espère que ça t'inspire cette idée de des fois, pendant que je suis dans le dur, je me dis je n'arriverai jamais à être dans le dur comme ça longtemps. Et donc... Et pour bien finir, parce que je ne suis pas sûr que tu aies bien compris ça, ça m'est arrivé dans des blocs de lâcher l'affaire à ce moment-là, au moment où j'avais cette pensée en tête, en me disant de toute façon je n'arriverai pas à aller plus loin, il faut que je récupère, il faut que je grimpe mieux, il faut que je change ma technique, il faut que j'améliore quelque chose. Et ce qui est fou, c'est que quand je me suis aperçu de ça et que j'avais ce problème mental dans ma tête en escalade, après j'ai commencé à grimper pour de vrai, de manière déterminée. Ça veut dire que quand j'étais dans cette phase difficile du bloc, j'ai cherché à grimper. tant que je pouvais continuer de tenir la prise, tant que je pouvais continuer d'aller plus loin. Et c'est là que j'ai découvert, en fait, il y a une variation du niveau d'intensité dans le bloc. Ce n'est pas forcément aussi dur au début qu'à la fin. Et ça m'a permis finalement de débloquer des voies que je n'étais pas capable de toper auparavant. Et ça, ça me semble important pour toi que tu te rendes compte de ça, de ces moments dans lesquels, peut-être parce que tu te dis maintenant c'est difficile ou parce que tu vois le truc devant toi qui est difficile, tu diras, j'y vais même pas ou je continue même pas de faire les efforts. parce que tu te fais l'image que ça va être super long et qu'il va falloir les maintenir pendant longtemps ces efforts, alors que ce n'est pas du tout le cas. Il suffit de passer le palier. Donc, demande-toi, c'est quoi le palier que tu as à passer ? Et après, j'ai envie de dire, fais ce qu'il faut pour le passer et puis tu vas kiffer ensuite. C'est une synthèse un peu trop simple à un épisode aussi complexe. Donc, j'espère que tu seras plutôt à l'écoute de ton discours interne, que ce soit dans les sports que tu vas pratiquer. ou bien dans les projets que tu pourrais mener. Je te dis à très vite, salut,