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Officieux

"L’entreprise est un collectif et le bureau en est l’incarnation" - Cevan Torossian, le bureau : stop ou encore ?

"L’entreprise est un collectif et le bureau en est l’incarnation" - Cevan Torossian, le bureau : stop ou encore ?

49min |05/03/2025
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49min |05/03/2025
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Description

📢 Le bureau : stop ou encore ? 🏢💡


Dans cet épisode d’Officieux, je reçois Cevan Torossian, associé et directeur études et recherches chez Arthur Loyd. Si la crise frappe l'immobilier de bureaux, faut-il pour autant y voir la fin d'un modèle ? Selon Cevan, derrière les turbulences du marché, une chose reste certaine : le bureau évolue, mais son rôle dans l'entreprise demeure essentiel.


💬 "L’entreprise est un collectif, et le bureau en est l’incarnation."


Cette phrase résume sa conviction : le bureau évolue, mais son rôle dans l’entreprise reste fondamental. Au cours de notre échange, Cevan décrypte les grandes mutations en cours : nouvelles attentes des entreprises, transformation des espaces de travail, redéfinition des stratégies d'investissement, tertiairisation des métropoles...


🔎 Au programme de cet épisode :


Parcours et philosophie : Un itinéraire marqué par la passion de l’aménagement du territoire et l’importance du collectif.


Le baromètre d’attractivité Arthur Loyd : Une méthodologie unique pour décrypter les évolutions et les dynamiques des territoires.


Marché de l’immobilier d’entreprise : Focus sur Paris et les grandes métropoles régionales : tendances, évolutions et perspectives.


Le bureau en mutation : Nouveaux usages, flexibilité, centralité… Comment les entreprises réinventent leurs espaces de travail ?


Bilan 2024 et projections 2025 : Analyse des dynamiques du marché et des perspectives pour l’investissement et l’occupation des bureaux.


Comprendre la crise actuelle : Décryptage des causes et mise en perspective avec les grandes crises financières passées.


📊 Pour retrouver le baromètre d'attractivité des régions Arthur Loyd, ca se passe 🔗ici !


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 25 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Pour ce tout premier épisode, j'ai l'honneur de recevoir un expert de l'immobilier d'entreprise, puisqu'il s'agit de Cevan Torossian, associé et directeur études et recherches chez Arthur Loyd. Cevan est un habitué des prises de parole médiatiques, mais dans cet épisode, en plus de son expertise, vous découvrirez sa personnalité, sa vision et sa philosophie professionnelle. Et faites-moi confiance, c'est très inspirant et ça vaut la peine d'être écouté. Au fil de l'échange, Cevan nous livre sa vision du marché des bureaux, la méthodologie unique du baromètre d'attractivité des régions Arthur Loyd, le bilan 2024 et les perspectives 2025 pour l'investissement tertiaire à Paris et en région. Mais ce qui m'a le plus marquée, c'est son analyse de la crise que traverse le secteur et sa mise en perspective dans le cycle des dernières crises financières. Vraiment, je vous invite à écouter cet épisode jusqu'au bout, car il est riche d'enseignements du début à la fin. N'hésitez pas à laisser vos commentaires et à lui envoyer un petit mot sur LinkedIn, je suis sûre qu'il sera ravi de vous lire. Je vous mets toutes les informations nécessaires dans les notes de l'épisode. En attendant, je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Cevan

  • Cevan

    Bonjour Salomé.

  • Salomé

    Cevan, je suis ravie de te recevoir pour cet épisode, pour ce premier épisode du podcast. Un premier épisode qu'on enregistre à la maison, en plus dans nos bureaux lillois.

  • Cevan

    Merci de m'accueillir dans vos locaux.

  • Salomé

    Je suis ravie. Alors Cevan, je vais te demander d'abord, est-ce que tu peux te présenter à nos auditeurs et peut-être nous parler d'ores et déjà de ton parcours académique ?

  • Cevan

    Bien sûr. Alors, j'ai 42 ans, je suis marié, papa de deux enfants. Mon patronyme me masque difficilement, donc je suis d'origine étrangère. Je suis fils d'immigré par mon père, qui est libanais d'origine arménienne, arrivé en France dans les années 60. Donc ça commence à remonter. Ma maman est française, pieds noirs d'Algérie. J'ai passé ma jeunesse entre Paris et la Côte d'Azur, parce que Villefranche-sur-Mer est mon fief, vraiment. Voilà, donc je me dessinais comme un provincial, fier de l'être, mais un provincial qui adore Paris. Donc je suis passionné d'aménagement du territoire. Et donc, je me suis orienté vers des études en géographie et aménagement.

  • Salomé

    D'accord.

  • Cevan

    Où j'ai appris à réfléchir, penser les interactions qui façonnent un peu la construction de la ville. La géographie, c'est au carrefour de plusieurs matières. Et donc, j'ai beaucoup appris. Puis après, j'ai voulu me spécialiser. Donc, j'ai fait un master en urbanisme à l'école d'urbanisme de Paris. On avait des cours à la fois sur la politique de l'habitat, la mobilité, l'immobilier d'entreprise sous le biais des stratégies d'implantation des entreprises. Et puis après je me lance à la carrière professionnelle.

  • Salomé

    Justement j'aimerais qu'on en parle de ce début de carrière. C'est une licence en géographie et un master en urbanisme. Je connais mal les débouchés, par quoi est-ce que tu as commencé ?

  • Cevan

    Oui alors j'ai commencé en fait par une expérience dans un cabinet de conseil en urbanisme réglementaire qui s'appelait Urbaconseil et où en fait ça consistait à travailler sur les PLU, règlement d'urbanisme de PLU, les études d'impact de ZAC. C'est une approche un peu trop réglementaire pour moi, et donc assez vite, je prends la décision de réorienter très tôt ma carrière. J'ai la chance de rencontrer, via un camarade de promo, Monique Benisty, donc MBE Conseil, qui malheureusement nous a quittés, qui était une femme exceptionnelle, et qui m'a transmis ses savoirs sur les études en immobilier d'entreprise. Donc là vraiment, j'apprends le B.A.BA de l'immobilier d'entreprise, l'art de la présentation de marché, parce que Monique était très douée pour ça. C'était une économiste, et donc du coup, elle m'a transmis aussi ses savoirs sur les liens entre la macroéconomie et l'immobilier. Voilà, donc j'apprends le métier pendant 8 ans à ses côtés. Et puis, au bout de 8 ans, je décide de prendre mon envol en 2015, de rejoindre Arthur Loyd. Et donc, c'est au même moment, en fait, la naissance de mon deuxième enfant. Et j'en profite, en fait, pour un hommage, en fait, à ma femme, Bénédicte, et à mes enfants, qui sont un peu mon point d'équilibre. Et sans eux, clairement, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Donc, voilà, je tenais à leur rendre hommage.

  • Salomé

    C'est vraiment très joli de leur rendre hommage de cette façon. Je te remercie beaucoup. Alors, je voudrais qu'on parle d'Arthur Loyd. Arthur Loyd. Se présentent comme les leaders du brokerage en France. Vous avez une spécialisation, en tout cas un maillage territorial qui est vraiment très important, je crois 80 agences, c'est ça ? Est-ce que tu peux nous en dire plus, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Bien sûr. Alors, effectivement, Arthur Loyd, c'est défini comme le premier réseau national de conseil en immobilier d'entreprise, donc qui est présidé par Daniel Dorchies. Les deux grands types de clients d'Arthur Loyd, c'est les entreprises et les administrations qui sont à la recherche de locaux professionnels, les bureaux, les locaux industriels, les locaux commerciaux, la logistique, etc. Et puis, l'autre point, ce sont les acteurs de l'immobilier, les investisseurs, les bailleurs, les promoteurs, etc. Donc en fait, Arthur Loyd aujourd'hui, c'est un peu plus de 450 collaborateurs, c'est 3400 transactions et projets immobiliers accompagnés chaque année. Et vraiment, ce qui nous distingue des autres acteurs nationaux du brokerage, du conseil en immobilier d'entreprise, il y a deux choses. La première, c'est la forte culture entrepreneuriale. Je vais le dire de manière un peu triviale, un entrepreneur, c'est quelqu'un qui mouille sa chemise, qui est obligé de s'engager dans la satisfaction de ses clients. Et j'ai eu la chance de rencontrer de très belles personnalités chez Arthur Loyd depuis dix ans. Et je pense que moi, clairement, j'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs. C'est sûrement lié à mon histoire familiale. Mon papa a été lui-même entrepreneur. Donc voilà, j'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs. La deuxième chose qui caractérise Arthur Loyd, je pense qu'il est important de souligner, c'est le seul acteur dont l'ADN est profondément ancré dans les territoires. Donc avec cette spécialisation région, 80 implantations. également aussi en Ile-de-France, mais voilà, on est vraiment partout, on a un maillage territorial qui est assez unique, les grandes métropoles comme les villes moyennes. Et en plus de ça, de ces 80 implantations, on a 5 services transverses qui sont nationaux, comme la logistique, comme l'asset management, l'investissement, etc., les grands comptes.

  • Salomé

    D'accord. Alors, j'ai dit un mot, effectivement, le brokerage. Est-ce qu'en une phrase, tu peux définir à nos auditeurs qui seraient peut-être novices sur le sujet, ce que c'est ?

  • Cevan

    Faire de l'intermédiation sur la transaction immobilière principalement.

  • Salomé

    Merci. Alors, très intéressant, est-ce que tu peux me parler de ton rôle chez Arthur Loyd, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, alors, quand je suis arrivé chez Arthur Loyd en 2015, j'ai créé le département études et recherches d'Arthur Loyd. Belle prise de risque. J'avais alors 33 ans, donc aujourd'hui j'ai une équipe de 6 personnes. Une équipe au top, avec des collaboratrices de grande valeur, donc je tiens aussi à rendre un petit hommage. En fait, études et recherches dans le domaine de l'immobilier d'entreprise, c'est la cellule qui décrypte les tendances du marché principalement. Les deux axes de ma feuille de route, qui m'ont été donnés en 2015, mais qui est toujours la même aujourd'hui. Le premier axe, c'est l'axe de la notoriété et le positionnement de marque, avec la production de ce qu'on appelle... Je le dis avec beaucoup de modestie, mais la production d'intelligence économique, donc la production d'études qui permettent en fait un positionnement de la marque. Le deuxième axe, c'est le soutien au métier, au business unit, pour d'une certaine manière un peu rééquilibrer la relation client en apportant en fait des insights du marché, des marchés d'immobilier.

  • Salomé

    Alors justement, ton positionnement en tant que membre du Codire, il me semble d'Arthur Loyd. démontre aussi, je trouve, la participation du département études et recherches dans la vision et la stratégie d'Arthur Loyd dans son développement. Est-ce que tu peux nous en dire plus, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Alors, en fait, l'études et recherches, comme tu l'as compris, ça s'inscrit effectivement dans une politique de développement pour positionner Arthur Loyd sur le paysage du brokerage en France. Néanmoins, moi, comme je suis entré au CODIR en 2021, sous l'impulsion de notre DG Emmanuel Massy. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai une formation plutôt assez académique, universitaire. J'avais besoin de compléter ma formation académique et donc j'ai pris la décision en 2024 de faire une formation, un certificat en stratégie avec HEC. Le sujet c'était en fait comment résoudre les problèmes stratégiques pour améliorer les performances de l'entreprise. Donc c'était assez challenging, c'est une formation sur 8 mois. J'ai appris le B.A.BA de la stratégie, les différents frameworks, etc. pour identifier les sources d'avantages compétitifs, les modes de croissance. Mais ce qui m'a peut-être le plus marqué dans cette formation, et ça fait écho au sujet Codire d'Arthur Loyd, c'est finalement les interactions qu'il y a et l'alignement qu'il y a entre la stratégie, la culture d'entreprise et l'organisation de l'entreprise. Parce qu'en fait, on oublie souvent, mais 80% de la performance d'une entreprise, c'est lié à cet alignement. Et seulement 20% le contexte, le marché. D'accord. Et donc ça, je pense que ça m'a beaucoup... J'ai beaucoup appris avec cette formation et ça m'a ouvert les yeux sur plein de choses. C'était très riche.

  • Salomé

    Et justement, je trouve que quand on lit une étude, moi pour en lire en tout cas beaucoup, sur le marché de l'immobilier, je trouve qu'on ressent très fort la personnalité de soit l'équipe, soit la personne qui dirige le service. Je ne saurais pas dire forcément exactement. Toi, est-ce que tu peux nous parler de ta philosophie professionnelle, justement ?

  • Cevan

    Oui, alors ma philosophie professionnelle, déjà, ce que j'aime, c'est transmettre mes savoirs. Je pense que c'est important d'être toujours dans la transmission des savoirs, parce que j'estime qu'il faut diffuser le maximum les savoirs, notamment auprès de mon équipe. Je suis plutôt quelqu'un qui aime écouter, je suis plutôt dans la co-construction des solutions. Je n'aime pas imposer les choses, mais je pense que c'est important de se baser sur l'intelligence collective, parce que c'est comme ça qu'on arrive finalement à transformer l'entreprise. Dans ce qui me définit, je pense que c'est important d'être authentique. Quand j'ai fait cette formation HEC, j'ai eu pas mal d'études de cas et il y en avait un qui m'a vraiment marqué. C'est le cas Accor avec Sébastien Bazin, qui est le président directeur général d'Accor. Quand il dit "Être chef d'entreprise, c'est aimer les autres". Tu vois, rien qu'en te le disant, ça me donne des frissons.

  • Salomé

    J'aime beaucoup cette phrase, cette philosophie, cette vision. Ça me parle énormément.

  • Cevan

    En fait, moi aussi, parce que je ne suis pas chef d'entreprise, je suis juste chef d'équipe. Mais n'empêche que je pense que quand on dirige un collectif, une entreprise, des collaborateurs, je pense que c'est super important d'écouter parce que c'est le meilleur moyen aussi d'embarquer les gens dans un projet et dans une transformation. Et vraiment, ce que j'ai pu apprendre, c'est que dans cette formation HEC, c'est qu'en fait, les dirigeants négligent souvent l'aspect émotionnel qui peut déclencher des résistances. Et donc, en fait, c'est vraiment important d'écouter pour garantir une forme d'adhésion et d'embarquer les gens dans une vision. Je pense que c'est vraiment quelque chose qui m'a marqué.

  • Salomé

    Et tu me parlais, quand on a préparé cette interview, de quatre piliers qui sont importants pour toi.

  • Cevan

    Oui, effectivement. Quand je recrute dans mon équipe, je rappelle souvent ces quatre piliers. Les quatre piliers de ma manière de travailler, ce sont les suivants. Le premier, c'est l'engagement. Pourquoi ? Parce que moi, je suis quelqu'un d'assez déterminé quand j'entreprends quelque chose. Et donc, du coup, j'attends aussi des gens avec qui je travaille de mettre toutes les forces dans la bataille. Donc, le premier, c'est l'engagement. Le deuxième, c'est la rigueur. On fait un métier de chiffres, de statistiques. Donc, il faut vérifier, revérifier, être ultra rigoureux. Parce qu'il en va un peu aussi de la crédibilité d'Arthur Loyd. Le troisième, c'est l'entraide. Ça rejoint les notions de collectif. On est un collectif. Il faut s'entraider à la fois au sein de mon équipe, mais aussi avec les autres collaborateurs du groupe. C'est important. Et mon quatrième pilier, vraiment, c'est l'audace. Quand je dis l'audace, c'est en fait essayer toujours de se réinventer. Einstein disait "La folie, c'est toujours faire la même chose et de s'attendre à un résultat différent". Je pense que si on ne sort pas des sentiers battus, on se fait rattraper par la patrouille, on se fait rattraper par la concurrence. Et puis même intellectuellement, on finit par s'ennuyer. Donc je pense que c'est important d'essayer toujours d'innover dans ce qu'on fait.

  • Salomé

    Au sujet de ce pas de côté, justement, Arthur Loyd sort une étude que peu de cabinets de conseil sortent, qui est le baromètre sur l'attractivité des régions. Est-ce qu'en quelques mots, tu peux déjà nous expliquer ce que c'est que ce baromètre, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, alors le baromètre, effectivement, c'est une étude qu'on a sortie il y a maintenant huit ans, une étude annuelle. Donc en fait, tout simplement, c'est une étude qui décrypte l'attractivité et la résilience des territoires de manière très synthétique.

  • Salomé

    Alors, j'ai une question. Justement, est-ce que tu peux aller un tout petit peu plus loin, nous expliquer quelle est la démarche ? Peut-être aussi, quelle est votre méthodologie ? Comment est-ce qu'on mesure l'attractivité d'une région ? Et puis, je suppose que vous vous appuyez sur des données chiffrées. C'est quoi la place de ta vision dans ces analyses ?

  • Cevan

    Ce baromètre, on l'a sorti parce qu'on a fait un constat. On est un acteur de l'immobilier d'entreprise. On brasse beaucoup de données en immobilier d'entreprise, sur les marchés de l'immobilier d'entreprise. Mais on est parti du constat que l'attractivité des territoires n'était pas que liée à l'immobilier d'entreprise. Ça fait évidemment partie du dynamisme des territoires. Mais si on veut avoir un regard sur ce qui fait la vitalité de nos territoires, de nos métropoles, il faut avoir un regard à 360 degrés. Et donc, dans ce baromètre, on intègre des données socio-économiques, du développement économique, de la création d'emplois, des transports en commun, de l'offre d'enseignement supérieur, des créations d'entreprises, etc. La transition énergétique, voilà. On a donc 75 indicateurs statistiques qui vont mesurer, prendre le pouls des territoires. On a 50 territoires qu'on analyse.

  • Salomé

    Parmi ces 75 indicateurs, est-ce que tu peux donner quelques exemples ? Parce que moi, ça ne me parle pas énormément.

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Déjà, quand on parle de demande placée, c'est des indicateurs très immobiliers, de loyers, etc. Les volumes de transactions qui sont transactés. Mais on va au-delà. Donc, on va prendre en compte tout ce qui va être lié. à la vitalité économique des territoires, donc les créations d'emplois, le taux de chômage, les créations d'entreprises, etc. Tout ce qui va être lié à la capacité d'accueil des entreprises et à l'immobilier professionnel, c'est le métier d'Arthur Loyd. On va aussi intégrer la fiscalité locale, on va intégrer tout ce genre de choses. Troisième pan, c'est tout ce qui est lié à la démographie, au capital humain, au potentiel d'innovation des territoires. Et enfin, tout ce qui est lié à la qualité de vie, qui est devenu en fait vraiment... Un sujet majeur aujourd'hui et qu'on prend en compte à travers là aussi à peu près 25 indicateurs. Et donc c'est un travail qui est assez considérable chaque année de collecte de l'information, des datas et de la mise au point en fait de ce classement parce qu'au final on arrive sur un classement.

  • Salomé

    D'accord. Alors je comprends mieux du coup, excuse-moi je t'ai coupé dans ta réponse. Du coup c'est quoi toi la place de ta vision dans cette data parce que je suppose que vous n'appuyez pas que là-dessus.

  • Cevan

    Oui, en fait, la vision, c'est d'essayer déjà de décrypter ce qui se passe dans nos territoires. C'est ça aussi. C'est en fait, finalement, on a tous un peu la tête dans le guidon, j'allais dire. Mais en fait, quand on prend un peu de hauteur par rapport à ce qui se passe en France, c'est de comprendre les grandes mutations qu'il y a aujourd'hui en France. Et ça, je pense que c'est important. Et c'est encore mieux quand on arrive à l'expliquer avec des chiffres, à l'étayer avec des chiffres. Donc, j'ai une satisfaction personnelle dans le sens où ça rejoint un peu ma passion pour les sujets de développement territorial avec les sujets d'immobilier, parce que finalement, aujourd'hui, les marchés, ce qui fait le dynamisme des marchés d'immobilier d'entreprise, c'est un peu la conséquence de tout l'environnement socio-économique qu'il y a derrière les territoires.

  • Salomé

    Il y a une place pour l'intuition dans la publication de ces chiffres ?

  • Cevan

    Complètement, parce qu'en fait, quand on fait les métiers de recherche, on teste des hypothèses. On peut avoir des intuitions. Et en fait, ce qui est important, c'est de tester des hypothèses et de voir si elles sont validées avec des chiffres. D'accord. Voilà, on le fait souvent. Parfois, on trouve à côté. Parfois, on n'arrive pas à démontrer des choses. Parfois, on y arrive et on est évidemment super content de y arriver. Mais oui, il y a forcément une part d'intuition.

  • Salomé

    D'accord. Donc là, ça fait la huitième édition cette année du baromètre. Je crois qu'en plus, on est à quelques jours de la publication de la deuxième partie. Donc, on est hyper chaud au niveau de l'actualité. Est-ce que tu remarques un fait un peu marquant, quelque chose d'un peu choc, ou en tout cas qui toi t'a surpris dans ces... Peut-être pas surpris d'ailleurs, auquel tu t'attendais, mais en tout cas dans ces éditions,quelque chose qui ressort ?

  • Cevan

    En fait, comme tu l'as dit, donc huitième édition, cette étude maintenant c'est devenu un peu le porte-étendard médiatique, j'allais dire, de d'Arthur Loyd, puisqu'on a dépassé les mille retombées presse depuis les huit éditions. Et le fait marquant, vraiment, c'est un peu la déconcentration de l'activité économique en France, premièrement. Et puis grâce à l'accumulation du capital humain dans les territoires. Et puis cette déconcentration, en fait, elle s'est accompagnée d'un vaste mouvement de tertiarisation, en fait, des métropoles en France. Et ça, c'est vraiment quelque chose qui a un fait marquant, qui a été soutenu par des créations d'emplois importantes dans les métropoles et donc des créations d'emplois notamment dans le secteur tertiaire. Je pense que c'est vraiment le fait marquant de la transformation un peu du paysage de nos territoires en France.

  • Salomé

    Ok, cette tertiarisation, moi je connais mal le sujet, mais ça me pose une question, parce que ces métiers de service, puisque je suppose que c'est de ça dont il s'agit, c'est plutôt des métiers qui sont historiquement parisiens. Est-ce que tu penses qu'on va arriver à terme à un équilibre entre Paris et les régions ?

  • Cevan

    Alors oui, tu l'as bien souligné. Déjà, je pense que c'est important de rappeler que le marché parisien, le marché francilien des bureaux, c'est le premier marché européen, que c'est une chance d'avoir un marché comme celui-ci sur notre territoire. Mais la France est un pays très centralisé historiquement. Et vraiment, je pense que ce qui a caractérisé les 20 dernières années... C'est cette diffusion, cette émergence des métropoles, métropoles aussi intermédiaires. Et la meilleure traduction, c'est ce qu'on appelle dans notre jargon de conseil en immobilier d'entreprise, le take-up ou la demande placée, qui sont les mètres carrés consommés chaque année par les entreprises pour leur utilisation. Tu me parlais d'équilibre, est-ce qu'on va avoir un équilibre ? J'ai regardé les chiffres avant de préparer cet enregistrement, il y a une vingtaine d'années. On était sur un rapport 65-35 sur la demande placée en France. D'accord. 65% pour l'île de France. Oui, oui. 35% pour ce qu'on appelle la province ou les régions. Aujourd'hui, on est plutôt sur un équilibre 50-50 ou 53-47 selon les années. Donc, on a vraiment, comme ça se traduit bien en fait, cette émergence en fait des métropoles régionales et de leur marché de bureaux. Et ça, je pense que c'est quelque chose d'assez structurant. sur les marchés d'immobilier tertiaire.

  • Salomé

    Alors, donc là justement, vous êtes, en tout cas, la plupart des cabinets de conseil en train de publier leur bilan 2024 du marché des bureaux. Est-ce que tu peux nous en dire quelques mots sur les tendances, peut-être quelques chiffres ?

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Alors sur les marchés de bureaux, déjà je pense que c'est important de se rappeler que le marché de bureaux, c'est un marché qui est pro-cyclique, c'est-à-dire qui évolue en fonction du contexte et des aléas économiques, et de l'environnement économique. Une fois qu'on a dit ça... 2024 c'était une année un peu difficile avec une demande placée France 3 millions de mètres carrés. Quand ça ne va pas sur les marchés de bureaux aujourd'hui en France, on fait 3 millions de mètres carrés de transactés. Quand ça va bien, on est plutôt à 4 millions et demi. Donc on voit un peu l'écart. Donc on a eu un recul de la demande placée de 11% en Ile-de-France comme dans les grandes capitales régionales. Suite à déjà des baisses en 2023. Alors il y a certains marchés qui s'en sortent mieux que d'autres. Il y a un grand écart entre Montpellier qui fait plus 15 et Bordeaux qui fait moins 33. Mais je pense que ce qui est important de se souvenir, une fois qu'on a dit ça, qu'on a un aspect très chiffré, c'est que le marché des bureaux s'est toujours, toujours relevé des crises. En fait, quand on regarde sur le temps long, très pro-cyclique, mais il s'est toujours relevé des crises.

  • Salomé

    Ok, alors justement, j'aimerais qu'on en parle un tout petit peu après de ces crises. Là, tu nous as parlé de quelques chiffres sur les tendances, la mutation des usages, etc. C'est quoi vos grands enseignements ?

  • Cevan

    Déjà il y a un impact du télétravail qui s'est beaucoup amplifié comme on le sait post-crise sanitaire le télétravail en particulier en Ile-de-France où ça vient réduire la demande des grands corporates d'environ 20% le télétravail a un impact mais qui est quand même pas le même je pense en Ile-de-France Et dans les capitales régionales, dans le sens où il y a déjà un sujet de temps de transport, tout simplement, qui ne sont pas les mêmes entre le domicile et le travail, et qui fait que finalement, quand on vient au bureau, on est content de retrouver les collègues, d'avoir des outils de travail. Donc il y a un sujet d'éloignement qui n'est pas du tout le même.

  • Salomé

    Tu veux dire que les régions sont moins exposées au télétravail que la région parisienne ?

  • Cevan

    Oui, il y a moins d'impact quand même. Il y a un impact, on ne peut pas le cacher, mais qui n'est pas du tout le même qui n'est pas du tout le même. Et ça, ça a une traduction très nette sur les volumes de transactions. Donc, première tendance, c'est le télétravail. Il y a peut-être une tendance de fond aussi, qui est en fait l'évolution des modes de travail. Pourquoi ? Parce qu'il y a quand même un sujet qui est le sujet de l'expérience utilisateur. Quelle expérience on offre aux collaborateurs quand ils viennent au bureau ? Et ce qui est intéressant de voir, c'est l'évolution finalement des modes d'aménagement dans les bureaux, avec une forte influence de l'hospitalité en fait avec les codes de l'hôtellerie un vraiment qui est complètement le bureau dans le choix des matériaux dans le type d'aménagement mais aussi dans les dans les services qu'on propose en fait aux utilisateurs et ça vraiment c'est quelque chose qui est assez fort qui est très marquant à paris qui commence vraiment à se diffuser aussi dans les capitales régionales parce qu'en fait les utilisateurs sont aujourd'hui à la recherche de l'immeuble, a lors certes bas carbone, etc. mais déjà serviciel. Et il y a parallèlement à ça, comme on se rend compte que les gens vont un petit peu moins au bureau avec l'émergence du télétravail, il y a aussi ce sujet des entreprises qui est le sujet de la centralité. Et ça je pense que c'est quelque chose d'important. Aujourd'hui en Ile-de-France, Paris c'est quasiment un mètre carré sur deux qui est transacté. C'est une tendance vraiment très importante. A Lyon, on est même sur un ratio 70-30. À Bordeaux aussi, ce n'est pas homogène dans toutes les métropoles. Lille ou Toulouse sont des contre-exemples.

  • Salomé

    Pourquoi ce sont des contre-exemples ?

  • Cevan

    Parce qu'en fait, ce sont des marchés qui se sont structurés historiquement sur des parcs tertiaires périphériques. Par exemple, à Lille avec la Haute-Borne, par exemple à Toulouse avec le pôle aéroportuaire de Blagnac. Et donc, il y a une histoire des territoires qui ont façonné les marchés de bureaux. Et dans certaines métropoles, il y a des quartiers d'affaires de centralité qui ont émergé. Euralil à Lille, Euraclantic à Bordeaux plus récemment, Euronante à Nantes. Et donc qui ont permis... l'émergence de secteurs d'affaires en centralité. Et c'est vrai que ces dernières années, on a vu l'importance, aux yeux des utilisateurs, d'avoir des bureaux très accessibles dans les secteurs centraux, près des lieux où on peut aller boire un verre, après le bureau, se retrouver au cœur des écosystèmes. Et ça, c'est quand même une tendance de fond.

  • Salomé

    D'accord, c'est vraiment très intéressant de savoir faire cette comparaison. Entre Paris, les régions et même les régions entre elles, je trouve ça vraiment très chouette. Tu nous as parlé un peu des crises, donc j'aimerais qu'on vienne à parler même du marché de l'investissement. Tu m'as dit que le marché de l'immobilier était en crise, que c'était une crise qui était cyclique. Est-ce que tu peux nous faire un point sur la conjoncture, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Alors, sur le marché de l'investissement, il a été divisé par trois ces dernières années, sur les volumes d'investissement au niveau des entreprises. Pourquoi ? Parce qu'en fait... En fait, le marché de l'immobilier d'investissement a été confronté à ce que les anglo-saxons appellent « the perfect storm » , donc la tempête parfaite. Ça arrive très rarement, mais quand ça arrive, c'est assez violent. Qu'est-ce qu'il y a eu ? Il y a eu trois facteurs importants. Le premier, c'est un choc inflationniste, qui est conséquence de la guerre en Ukraine, comme on le sait, la crise énergétique, etc. Donc ce choc inflationniste, en fait, il a été assez violent, et ça a entraîné une remontée brutale des taux directeurs pour juguler l'inflation. C'est le seul outil quasiment qu'on ait, banque centrale, pour juguler l'inflation. Et donc, remonter les taux directeurs. Et donc, ça a entraîné évidemment une remontée aussi des taux de l'OAT, des obligations souveraines. Et alors, c'est un peu technique.

  • Salomé

    Oui, l'OAT peut être ?

  • Cevan

    C'est les obligations du Trésor français. D'accord. Et en fait, il faut bien comprendre que c'est ce qui sert en fait de placement, de référence. Ok. Parce que c'est de l'obligation... C'est le placement le plus sécurisé. Et toutes les classes d'actifs, tous les produits d'épargne, que ce soit les obligations, les actions, l'immobilier, sont obligés de s'intégrer dans cette nouvelle matrice. Et donc, la conséquence directe, c'est que la prime de risque de l'immobilier a été fortement dégradée pendant cette phase de remontée des taux. Donc ça, c'est le premier choc inflationniste. Deuxième, c'est l'explosion des coûts de construction. Donc ça, ça a été très important pour le secteur de l'immobilier. Et troisième choc, c'est vraiment les fortes interrogations sur l'actif du bureau à travers le monde auprès des grands investisseurs qui étaient largement dominants dans les allocations d'actifs, quasiment 75%. Et voilà, avec l'émergence du télétravail, il y a beaucoup d'investisseurs qui se sont posés des questions, notamment sur le bureau, parfois pas très bien situé, parfois éloigné des nouveaux usages. Et donc, voilà, ces trois facteurs ont vraiment entraîné des baisses de volume d'investissement majeures sur les marchés.

  • Salomé

    Quand on a préparé aussi cette interview, tu m'as parlé des autres crises. Est-ce que tu peux me dire en quoi cette crise, celle qu'on est en train de vivre en tout cas depuis 2020, je suppose, est différente des autres ou en quoi c'est la même, etc. Est-ce que tu peux remettre un petit peu cette crise dans la perspective du cycle dont tu parlais tout à l'heure ?

  • Cevan

    Comme je te le disais tout à l'heure, en fait... Les crises de cette ampleur sont très rares sur le marché. Quand elles arrivent, elles sont en général assez brutales. Mais on a connu ce genre de crise déjà dans l'histoire du marché. La dernière en date, c'était celle qui était liée à la crise financière mondiale de 2008, où on a connu des baisses brutales des volumes d'investissement un peu du même ordre. Donc là, c'était vraiment un assèchement du crédit. Et donc, en fait, ça a provoqué des très fortes baisse des volumes d'investissement et forte remontée des taux également. On a connu aussi ce genre de crise dans les années 90. Là, c'était d'autres facteurs qui avaient déclenché cette crise. Alors, c'était multifactoriel, 91-92, entre les conséquences de la guerre du Golfe, la crise pétrolière, du coup, le krach immobilier et la récession économique. Enfin bref, l'immobilier a subi complètement aussi cette crise qui était exogène, mais aussi un petit peu endogène par le prisme de l'immobilier. Bref, une fois qu'on a dit ça, là, la crise qu'on est en train de vivre, je pense que c'est important de se rappeler qu'on a été un peu collectivement un peu aveuglé par le coût de l'argent qui était gratuit pendant quasiment dix ans, avec l'assouplissement quantitatif, le quantitative easing qui avait été déclenché à la suite de la crise des dettes souveraines en 2012. On le rappelait, ce qu'on disait à l'époque. Mario Draghi, qui était le patron de la BCE, la Banque Centrale Européenne, avec son fameux « whatever it takes » , quoi qu'il en coûte, on a eu un assouplissement monétaire majeur qui fait que le coût de l'argent était quasi nul et ça a entraîné une compression des taux pendant très longtemps. Et donc c'est vrai que quand est arrivé ce choc inflationniste et la remontée brutale des taux de 450 points de base, ça a complètement déstabilisé les marchés. Et donc, qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ? Beaucoup d'investisseurs ont levé le stylo parce qu'on a eu une très forte baisse de la valeur des actifs de facto avec une remontée des taux de cap de l'ordre de 150 à 300 points de base. C'est assez colossal. Ça a entraîné une destruction de valeur importante. Et donc, clairement, c'est vraiment comparable aux effets d'une crise financière, ce qu'on a vécu.

  • Salomé

    Je t'ai vu tiqué quand j'ai dit crise de 2020. Pourquoi t'as tiqué ?

  • Cevan

    Parce qu'en fait, moi, je considère que la crise, en fait, vraiment, elle a été déclenchée en 2022 au moment de la remontée des taux. Mais en fait, on ne l'a pas du tout vue dans les volumes d'investissement. Pourquoi ? Parce que l'immobilier, en fait, c'est un secteur dans lequel il y a beaucoup d'inertie, ne serait-ce que dans les process de vente. Et donc, c'est vraiment en 2023 que cette crise s'est matérialisée dans les volumes d'investissement. Et donc, voilà, moi, je considère que la crise, voilà, elle a vraiment commencé en 2022. Et en fait, elle va durer dans le sens où, avant de retrouver les volumes d'investissement, vraiment la belle phase qu'on a connue auparavant, autour de 25-30 milliards d'euros, il faudra du temps, en général, de manière un peu empirique. On a démontré qu'il fallait six ans avant de retrouver des volumes d'investissement comparables au cycle précédent. Ça ne veut pas dire qu'on va rester à des niveaux planchers tels qu'on l'a connu en 2023-2024. Moi, je fais partie de ceux qui considèrent qu'on a passé le point bas.

  • Salomé

    D'accord. Justement, est-ce que tu remarques que tous les segments de l'immobilier entreprise sont touchés par cette crise ?

  • Cevan

    Ils l'ont tous été au début. Oui. Tous les segments de marché. Mais certains ont rebondi beaucoup plus vite que d'autres. Déjà, on est dans un marché, évidemment, qui est très fragmenté et polarisé. On a tendance à dire parfois qu'il n'y a plus de marché pour certaines typologies d'actifs ou certaines localisations. Type le bureau, mais clairement pas partout. Il y a des bureaux qui se vendent toujours.

  • Salomé

    Dans Paris notamment.

  • Cevan

    Oui, Paris ou même dans les métropoles régionales. Mais c'est vrai qu'il y a des localisations ou des actifs vieillissants qui aujourd'hui ne sont plus du tout regardés par les investisseurs, ne serait-ce qu'avec les sujets de décret tertiaire et autres. Donc un marché polarisé et des segments de marché qui ont beaucoup plus vite rebondi que d'autres, notamment l'immobilier industriel. Oui. Et ça, c'est une tendance assez forte à travers le monde. Donc l'immobilier industriel avec notamment les actifs de logistique, d'activité. Les volumes d'investissement dans les secteurs de l'immobilier industriel ont été multipliés par deux en 2024, avec quasiment 5 milliards d'euros d'investissement. On retrouve en fait des volumes pré-crise. Et donc ça, c'est plutôt un bon signal. C'est aussi la conséquence au fait d'un repricing de la valeur de ces actifs qui a été beaucoup plus rapide que pour les actifs tertiaires. Et donc, ça a permis un réalignement entre les attentes des vendeurs et des acquéreurs. Donc, ça a permis de redonner de l'oxygène à ce marché. Et autre segment qui a redémarré assez fort, c'est toutes les stratégies value-add qu'on appelle la création de valeur sur les marchés de l'investissement.

  • Salomé

    Alors, value-add, c'est une catégorie d'actifs, c'est en fonction du risque, c'est ça ?

  • Cevan

    Tout à fait. Ça veut dire que l'investisseur est prêt à prendre une part de risque, notamment de risque travaux ou de risque locatif, dans l'intention d'injecter des CAPEX, de faire des travaux et de repositionner l'actif sur son marché. Et à la fin aussi d'avoir une création de valeur avec un sujet de réversion locative qui permet au final d'augmenter le loyer de l'actif.

  • Salomé

    Alors, est-ce que pour toi, parce que tu me parlais justement de ces dichotomies entre les différentes classes d'actifs, pour toi, les investisseurs, est-ce qu'ils se sont désintéressés complètement du bureau ?

  • Cevan

    Eh bien, pas du tout. C'est-à-dire qu'en fait, les investisseurs, dans un premier temps, il y a eu un choc et le marché a perdu vraiment en fluidité. Il ne faut pas se le cacher en fin 2022 et en 2023. Néanmoins, on recommence. à retrouver un peu de fluidité, à retrouver de l'intérêt. Il y a même des sujets qui sont mis sur le marché dans Paris, sur lesquels il y a beaucoup de marques d'intérêt d'investisseurs.

  • Salomé

    En dehors de ce dont tu me parlais tout à l'heure, du QCA, de ses stratégies, de ses emplacements en tout cas très primes.

  • Cevan

    Les emplacements les plus primes sont évidemment ceux qui sont les plus privilégiés. C'est le mouvement de flight to quality. En période de crise, on va chercher d'abord la qualité, et notamment la qualité de la localisation. Mais on a vu aussi que les actifs qui avaient été mis sur le marché, par exemple à Lille ou à Lyon, avaient fini par trouver aussi preneur. Et donc ça, c'est quelque chose d'important. On a quand même, comme je te le disais tout à l'heure, un marché qui est polarisé. Par exemple, sur le bureau, et ça c'est assez historique, on l'a démontré dans notre dernier point marché, 80% des volumes d'investissement en bureaux en Ile-de-France l'ont été uniquement dans la ville de Paris. 80% ! Alors que historiquement, on est plutôt autour de 40-45%. Donc, on a vraiment une vraie sélectivité des investisseurs. Mais il y a quand même des sujets de bureaux qui fonctionnent et un appétit des investisseurs. Pour peu que l'actif coche les cases de la centralité, de la compatibilité avec les besoins des utilisateurs.

  • Salomé

    D'accord. Je le disais tout à l'heure, peut-être un petit point sur les projections. Pour toi, quelles projections est-ce qu'on peut faire pour 2025 ? Tu nous as dit qu'on avait un peu touché les niveaux planchers, le fond de la piscine. Donc, quelle projection pour 2025, peut-être pour les années à venir si vous en avez déjà ? Est-ce que Paris se relèvera en même temps que les régions ? Est-ce que les régions vont mettre plus de temps ? Qu'est-ce que vous prévoyez ?

  • Cevan

    Alors, sur le marché de l'investissement, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on a maintenant une normalisation de l'inflation avec l'assouplissement monétaire qui a été enclenché juin 2024. Et on a eu la cinquième baisse des taux directeurs successives. Ca va apporter une vraie bouffée d'oxygène pour l'économie mais aussi pour l'immobilier à travers notamment les coûts de financement et donc ce qu'on a noté nous c'est une stabilisation des taux de rendement et ça c'est important, c'est d'avoir une stabilité donc on a vraiment, comme je te le disais, on commence à retrouver de la fluidité et un réalignement des intentions entre les vendeurs et acheteurs et ça vraiment ça va mettre encore du temps à se diffuser à se propager, il y a toujours un délai de transmission entre la politique monétaire et l'économie réelle. Il y a toujours un délai important, mais c'est quand même quelque chose de majeur, qui moi, en tout cas, me rend optimiste dans le sens où je pense effectivement qu'on a touché ce fameux plancher au fond de la piscine. Il y a quand même des petits signaux faibles qui montrent aussi qu'on a dépassé ça. On a de plus en plus d'opérations de plus de 100 millions d'euros qui s'échangent ou qui vont s'échanger en 2025. On commence à retrouver des opérations significatives en dehors du QCA, du quartier central des affaires parisiens, d'autres localisations comme Montparnasse ou encore plus récemment comme La Défense. Et à partir du moment où on retrouve ces nouveaux référentiels dans ces localisations un peu stratégiques qui donnent l'impulsion pour tout le marché, comme La Défense par exemple, ça envoie le signal aussi qu'on retrouve une hiérarchie des taux, une hiérarchie des localisations et donc des valorisations des actifs.

  • Salomé

    Il y à nouveau une entente entre les vendeurs et les acheteurs,tu veux dire ?

  • Cevan

    Tout à fait. Ça ne va pas dire qu'on a réglé tous les problèmes, parce qu'il y a encore des pans entiers de marché sur lesquels les dépréciations d'actifs sont quand même très importantes. Mais ça permet enfin de retrouver des lectures du marché, que d'avoir ces jalons comme ça sur les taux et donc sur les prix de vente. Ça va permettre de retrouver un peu plus de fluidité, pour peu que l'environnement international ne soit pas trop dégradé, pour peu qu'on ait une stabilité politique en France, parce qu'on sait que ça a un impact sur la prise de décision aussi, le cadre politique et fiscal. Et donc nous, dans nos prévisions des volumes d'investissement en 2025, on est sur un volume compris entre 13 et 16 milliards d'euros sur l'immobilier banalisé, après 12,5 en 2024.

  • Salomé

    C'est ce que j'allais te demander, la comparer par rapport à 2024.

  • Cevan

    Donc vraiment... Moi, je considère que 2025 va être une année de transition pour l'immobilier d'entreprise, clairement. Et concernant le marché des utilisateurs, nos prévisions sont ISO par rapport au volume de take-up en 2024. On va avoir des niveaux de demandes placées à peu près comparables et ce n'est pas si mal compte tenu du contexte. Donc on a une certaine résilience des marchés utilisateurs. Pourquoi ? Parce qu'il y a toujours des entreprises qui continuent de se développer ou qui ont... les projets de déménager, parfois pour des raisons d'économie, parfois parce qu'elles se développent. Donc il y a quand même toujours du mouvement. Évidemment, les chefs d'entreprise ont besoin de confiance et de visibilité pour prendre des décisions. Mais il n'empêche que, compte tenu du contexte, je trouve que ce n'est pas si mal que d'avoir une stabilité des volumes de demande placée côté marché utilisateur.

  • Salomé

    Et en région, est-ce que tu penses qu'il y a certains territoires qui vont se relever plus rapidement ? Et qu'est-ce qui pourrait expliquer des changements sur ces projections ?

  • Cevan

    Alors, en région, là, on a dépassé cette phase où on était au point bas. C'est-à-dire qu'en 2024, on recommence à voir, notamment sur le segment bureau, des volumes d'investissement qui repartent tout doucement à la hausse. Voilà. Donc là aussi, je pense que c'est important de prendre conscience aussi qu'on a dépassé cette phase de point bas. Et donc, en région, je pense qu'il y a aussi un autre, d'autres signaux faibles qui, moi, me rendent plutôt optimiste, c'est le fait qu'on ait enfin retrouvé des VEFA. C'est-à-dire que les VEFA avaient un peu complètement disparu des radars en 2023. En 2024, on a revu des VEFA se signer. Et ça, c'est plutôt de bonne augure, parce qu'on sait à quel point les marchés de bureaux en région sont dépendants de l'immobilier neuf. Il y a une vraie appétence des utilisateurs pour le neuf. Ça représente parfois 50% des volumes de transactions pour les utilisateurs. Et donc, c'est important de voir qu'il y a certaines VEFA qui recommencent à se signer. On retrouve un peu un alignement entre les promoteurs, les investisseurs et puis les besoins des utilisateurs.

  • Salomé

    D'accord. Peut-être une dernière question sur ces projections. Est-ce que tu penses qu'on peut imaginer un scénario, alors, je pense connaître la réponse étant donné que tous les éléments que tu viens de me donner, un scénario où le bureau disparaît complètement ?

  • Cevan

    Alors, pas du tout. Pas du tout parce que moi, je considère que l'entreprise est un collectif. L'entreprise est un collectif et que le bureau, en fait, c'est... Ça matérialise en fait ce qu'est une entreprise, donc ce collectif. Bien sûr, on a des évolutions de mode de travail, de façon de travailler. Bien sûr, les outils numériques nous permettent de faire plein de choses de manière isolée. Mais si à un moment donné, on ne se retrouve pas dans une aventure commune, qu'est l'entreprise, donc si on ne se retrouve pas au bureau, on passe à côté en fait de ce qu'est l'entreprise, c'est-à-dire une aventure humaine avant tout. Voilà, donc moi je fais partie de ceux qui pensent que le bureau n'est pas prêt de disparaître. Il va continuer de se réinventer. Et il se réinvente, et c'est très bien. Il s'adapte. Mais non, pas du tout. Pour moi, le bureau ne va pas disparaître.

  • Salomé

    Donc, le bureau n'est pas mort ?

  • Cevan

    Clairement.

  • Salomé

    Et bien, sur ces belles paroles, j'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Donc, la première question. Est-ce qu'il y a une maxime, un mantra ou une phrase qui t'accompagne, qui t'inspire au quotidien ?

  • Cevan

    Alors, en fait, il y en aurait deux.

  • Salomé

    Vas-y.

  • Cevan

    La première. La première, c'est la suivante, c'est il n'y a pas de prospérité sans effort. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, moi, je suis quelqu'un d'assez déterminé. Je mets toutes mes forces dans la bataille. Mais en fait, on ne peut pas s'attendre à avoir des succès si on ne travaille pas, tout simplement. Ça, c'est vraiment quelque chose qui m'accompagne au quotidien. Et puis, la deuxième, c'est être sérieux sans trop se prendre au sérieux. Alors, je m'explique. Je pense qu'il faut être sérieux, vraiment rigoureux dans le travail avec toujours ce souci d'excellence mais il faut absolument garder les pieds sur terre quand je dis il ne faut pas trop se prendre au sérieux je pense qu'il faut savoir rester humble il faut rester accessible quels que soient les succès, quelle que soit la réussite donc je pense que c'est important de faire preuve d'humilité malgré les succès

  • Salomé

    L'accessibilité je confirme que tu la représentes très bien puisque je suis ravie que tu aies accepté d'être reçu dans ce podcast sans avoir jamais écouté d'épisodes enregistrés. Donc vraiment, l'accessibilité, l'humilité, je confirme tout ça, tu incarnes parfaitement ces valeurs. La deuxième question, quelle a été la chose la plus inattendue que tu aies faite dans ta carrière ? Peut-être un moment décisif ou en tout cas un moment fort.

  • Cevan

    Alors en fait, i l y a eu deux événements pour moi assez majeurs en 2017. Donc je resitue 2017, je suis deux ans après ma prise de poche chez Arthur Loyd. Et donc je commence un peu à récolter les fruits de mes efforts, la construction d'un département et tout ce que ça implique. Et donc premier événement, c'est... Donc on sort la première édition de notre baromètre d'être activité des métropoles. On fait la première découverte d'un quotidien économique dont je t'ai le nom. Et donc, on arrive à démontrer les effets de la métropolisation en France, à montrer le lien entre la présence de talent et la création d'emplois. Bref, on arrive à démontrer les insights. Et là, on est contacté par l'Assemblée nationale, qui veut en fait qu'on fasse une présentation du baromètre aux députés dans une commission sur le développement des territoires. Et donc là, évidemment, j'ai une descente d'organes. Je me dis "Mais comment ? Non mais clairement, comment je vais me dépatouiller de tout ça ?" À ce moment-là, j'ai 35 ans. Aller présenter mon étude devant des députés. Donc heureusement, je n'y ai pas été seul. J'y suis allé avec notre président, avec Daniel Dorchies qui m'a accompagné. Et donc, ça a été vraiment quelque chose qui a marqué un peu ma carrière en 2017. Et il se trouve que la même année, en 2017, toujours dans un souci un peu de... d'innovation, on est le premier broker à décrypter le marché du coworking, qui à l'époque était un marché complètement émergent, et surtout avoir des chiffres qui permettent de le mesurer. Et donc là c'est pareil, on sort notre étude, et on est contacté par les organisateurs du salon Coworking Europe, qui veulent absolument que je vienne présenter les résultats de mon étude à Dublin, en anglais. Je ne suis pas du tout fluent. Et donc, je pars à Dublin et je présente les résultats de notre étude, une prise de parole en public. Et donc, ça a été deux événements, je crois, assez marquants dans mon parcours. Et tous deux, en fait, en 2017. Et en fait, ces deux événements, ça a permis aussi à démontrer, finalement, que le pari de créer ce département études et recherches en France était un pari gagnant. Et donc, c'est à partir de ce moment-là aussi. que j'ai eu des moyens pour développer mon service, mon département.

  • Salomé

    Le podcast, c'est du billard, en fait. OK. La dernière question, en tout cas sur ces questions un peu signatures. Qui est-ce que tu aimerais entendre sur le podcast ?

  • Cevan

    Alors, j'aimerais bien entendre deux personnes. On dit souvent que c'est dans la tempête que l'on reconnaît les vrais capitaines. Donc, j'aimerais bien entendre un capitaine d'industrie. Je pensais à Alain Taravella, qui est le PDG d'Altarea Cogedim. Parce que je pense qu'il aurait pas mal de choses à nous expliquer, notamment sur les cycles et sur la manière de mener une belle entreprise comme Altarea Cogedim. Et deuxième personne, je pense qu'on a un souci un peu de parité, entendre une grande dame de l'immobilier, qui est Arline Gaujal-Kempler, qui est la directrice générale déléguée de Foncière Inea. Parce que je suis sûr aussi qu'elle aurait un beau parcours à nous expliquer et comment aussi cet investisseur qu'est Foncière Inea à identifier les régions comme un axe aussi de différenciation dans son développement.

  • Salomé

    D'accord. Eh bien, écoute, je prends note et je vais tenter de les contacter pour voir s'ils acceptent d'être reçus sur le podcast. Merci beaucoup. Cevan, où est-ce qu'on peut te suivre ? Où est-ce qu'on peut te retrouver ?

  • Cevan

    Au MIPIM, l'événement mondial incontournable des professionnels de l'immobilier d'entreprise, donc à Cannes, mi-mars. Je serai ravi de rencontrer tous les acteurs de l'écosystème immobilier.

  • Salomé

    Et au quotidien ?

  • Cevan

    Au quotidien, à Lille et à Paris, parce que je partage mon temps entre ces deux belles villes, chez Arthur Lloyd.

  • Salomé

    Tu publies pas mal de choses aussi sur LinkedIn ?

  • Cevan

    Tout à fait, sur LinkedIn, dans la presse.

  • Salomé

    C'est vrai, dans la presse.

  • Cevan

    On a sorti notre étude. Et donc, on peut me retrouver aussi sur les réseaux, à travers les études que mon département publie.

  • Salomé

    Je te remercie beaucoup, Séven. J'ai passé un super bon moment. Je suis vraiment ravie. Je repars de là avec plein de belles explications. Je suis vraiment super contente que tu aies accepté de venir dans le podcast. Je pense que ça va être un premier épisode qui va être franchement très, très chouette.

  • Cevan

    Merci beaucoup, Salomé, pour ton invitation. J'espère que j'étais à la hauteur.

  • Salomé

    Ça, alors là, s'il y a bien un truc sur lequel je ne me fais aucun souci.

  • Cevan

    Merci beaucoup.

  • Salomé

    Je pense que tu vas avoir du succès.

  • Cevan

    Merci.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Sévan qui a accepté de répondre à toutes mes questions. et qui a formidablement introduit le sujet du podcast. J'espère que vous en avez appris autant que moi. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcast, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode de Officieux. Le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 👤 De la géographie à l’immobilier d’entreprise : une trajectoire guidée par l’expertise et le collectif

    01:29

  • 💡 Manager et décrypter le marché : études, recherches et vision stratégique

    06:59

  • 🌍 Baromètre Arthur Loyd : attractivité des régions, où en est-on ?

    13:51

  • 🏢 Bureaux, métropoles & nouveaux usages : le marché est-il en mutation ?

    18:10

  • 📉 Crise ou opportunité ? Comprendre le cycle de l’investissement immobilier

    28:27

  • 🔮 Bilan 2024 & projections 2025 : quelles tendances pour l’avenir ?

    36:22

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast – Audace, leadership et résilience

    42:27

  • Conclusion

    48:32

Description

📢 Le bureau : stop ou encore ? 🏢💡


Dans cet épisode d’Officieux, je reçois Cevan Torossian, associé et directeur études et recherches chez Arthur Loyd. Si la crise frappe l'immobilier de bureaux, faut-il pour autant y voir la fin d'un modèle ? Selon Cevan, derrière les turbulences du marché, une chose reste certaine : le bureau évolue, mais son rôle dans l'entreprise demeure essentiel.


💬 "L’entreprise est un collectif, et le bureau en est l’incarnation."


Cette phrase résume sa conviction : le bureau évolue, mais son rôle dans l’entreprise reste fondamental. Au cours de notre échange, Cevan décrypte les grandes mutations en cours : nouvelles attentes des entreprises, transformation des espaces de travail, redéfinition des stratégies d'investissement, tertiairisation des métropoles...


🔎 Au programme de cet épisode :


Parcours et philosophie : Un itinéraire marqué par la passion de l’aménagement du territoire et l’importance du collectif.


Le baromètre d’attractivité Arthur Loyd : Une méthodologie unique pour décrypter les évolutions et les dynamiques des territoires.


Marché de l’immobilier d’entreprise : Focus sur Paris et les grandes métropoles régionales : tendances, évolutions et perspectives.


Le bureau en mutation : Nouveaux usages, flexibilité, centralité… Comment les entreprises réinventent leurs espaces de travail ?


Bilan 2024 et projections 2025 : Analyse des dynamiques du marché et des perspectives pour l’investissement et l’occupation des bureaux.


Comprendre la crise actuelle : Décryptage des causes et mise en perspective avec les grandes crises financières passées.


📊 Pour retrouver le baromètre d'attractivité des régions Arthur Loyd, ca se passe 🔗ici !


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 25 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Pour ce tout premier épisode, j'ai l'honneur de recevoir un expert de l'immobilier d'entreprise, puisqu'il s'agit de Cevan Torossian, associé et directeur études et recherches chez Arthur Loyd. Cevan est un habitué des prises de parole médiatiques, mais dans cet épisode, en plus de son expertise, vous découvrirez sa personnalité, sa vision et sa philosophie professionnelle. Et faites-moi confiance, c'est très inspirant et ça vaut la peine d'être écouté. Au fil de l'échange, Cevan nous livre sa vision du marché des bureaux, la méthodologie unique du baromètre d'attractivité des régions Arthur Loyd, le bilan 2024 et les perspectives 2025 pour l'investissement tertiaire à Paris et en région. Mais ce qui m'a le plus marquée, c'est son analyse de la crise que traverse le secteur et sa mise en perspective dans le cycle des dernières crises financières. Vraiment, je vous invite à écouter cet épisode jusqu'au bout, car il est riche d'enseignements du début à la fin. N'hésitez pas à laisser vos commentaires et à lui envoyer un petit mot sur LinkedIn, je suis sûre qu'il sera ravi de vous lire. Je vous mets toutes les informations nécessaires dans les notes de l'épisode. En attendant, je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Cevan

  • Cevan

    Bonjour Salomé.

  • Salomé

    Cevan, je suis ravie de te recevoir pour cet épisode, pour ce premier épisode du podcast. Un premier épisode qu'on enregistre à la maison, en plus dans nos bureaux lillois.

  • Cevan

    Merci de m'accueillir dans vos locaux.

  • Salomé

    Je suis ravie. Alors Cevan, je vais te demander d'abord, est-ce que tu peux te présenter à nos auditeurs et peut-être nous parler d'ores et déjà de ton parcours académique ?

  • Cevan

    Bien sûr. Alors, j'ai 42 ans, je suis marié, papa de deux enfants. Mon patronyme me masque difficilement, donc je suis d'origine étrangère. Je suis fils d'immigré par mon père, qui est libanais d'origine arménienne, arrivé en France dans les années 60. Donc ça commence à remonter. Ma maman est française, pieds noirs d'Algérie. J'ai passé ma jeunesse entre Paris et la Côte d'Azur, parce que Villefranche-sur-Mer est mon fief, vraiment. Voilà, donc je me dessinais comme un provincial, fier de l'être, mais un provincial qui adore Paris. Donc je suis passionné d'aménagement du territoire. Et donc, je me suis orienté vers des études en géographie et aménagement.

  • Salomé

    D'accord.

  • Cevan

    Où j'ai appris à réfléchir, penser les interactions qui façonnent un peu la construction de la ville. La géographie, c'est au carrefour de plusieurs matières. Et donc, j'ai beaucoup appris. Puis après, j'ai voulu me spécialiser. Donc, j'ai fait un master en urbanisme à l'école d'urbanisme de Paris. On avait des cours à la fois sur la politique de l'habitat, la mobilité, l'immobilier d'entreprise sous le biais des stratégies d'implantation des entreprises. Et puis après je me lance à la carrière professionnelle.

  • Salomé

    Justement j'aimerais qu'on en parle de ce début de carrière. C'est une licence en géographie et un master en urbanisme. Je connais mal les débouchés, par quoi est-ce que tu as commencé ?

  • Cevan

    Oui alors j'ai commencé en fait par une expérience dans un cabinet de conseil en urbanisme réglementaire qui s'appelait Urbaconseil et où en fait ça consistait à travailler sur les PLU, règlement d'urbanisme de PLU, les études d'impact de ZAC. C'est une approche un peu trop réglementaire pour moi, et donc assez vite, je prends la décision de réorienter très tôt ma carrière. J'ai la chance de rencontrer, via un camarade de promo, Monique Benisty, donc MBE Conseil, qui malheureusement nous a quittés, qui était une femme exceptionnelle, et qui m'a transmis ses savoirs sur les études en immobilier d'entreprise. Donc là vraiment, j'apprends le B.A.BA de l'immobilier d'entreprise, l'art de la présentation de marché, parce que Monique était très douée pour ça. C'était une économiste, et donc du coup, elle m'a transmis aussi ses savoirs sur les liens entre la macroéconomie et l'immobilier. Voilà, donc j'apprends le métier pendant 8 ans à ses côtés. Et puis, au bout de 8 ans, je décide de prendre mon envol en 2015, de rejoindre Arthur Loyd. Et donc, c'est au même moment, en fait, la naissance de mon deuxième enfant. Et j'en profite, en fait, pour un hommage, en fait, à ma femme, Bénédicte, et à mes enfants, qui sont un peu mon point d'équilibre. Et sans eux, clairement, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Donc, voilà, je tenais à leur rendre hommage.

  • Salomé

    C'est vraiment très joli de leur rendre hommage de cette façon. Je te remercie beaucoup. Alors, je voudrais qu'on parle d'Arthur Loyd. Arthur Loyd. Se présentent comme les leaders du brokerage en France. Vous avez une spécialisation, en tout cas un maillage territorial qui est vraiment très important, je crois 80 agences, c'est ça ? Est-ce que tu peux nous en dire plus, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Bien sûr. Alors, effectivement, Arthur Loyd, c'est défini comme le premier réseau national de conseil en immobilier d'entreprise, donc qui est présidé par Daniel Dorchies. Les deux grands types de clients d'Arthur Loyd, c'est les entreprises et les administrations qui sont à la recherche de locaux professionnels, les bureaux, les locaux industriels, les locaux commerciaux, la logistique, etc. Et puis, l'autre point, ce sont les acteurs de l'immobilier, les investisseurs, les bailleurs, les promoteurs, etc. Donc en fait, Arthur Loyd aujourd'hui, c'est un peu plus de 450 collaborateurs, c'est 3400 transactions et projets immobiliers accompagnés chaque année. Et vraiment, ce qui nous distingue des autres acteurs nationaux du brokerage, du conseil en immobilier d'entreprise, il y a deux choses. La première, c'est la forte culture entrepreneuriale. Je vais le dire de manière un peu triviale, un entrepreneur, c'est quelqu'un qui mouille sa chemise, qui est obligé de s'engager dans la satisfaction de ses clients. Et j'ai eu la chance de rencontrer de très belles personnalités chez Arthur Loyd depuis dix ans. Et je pense que moi, clairement, j'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs. C'est sûrement lié à mon histoire familiale. Mon papa a été lui-même entrepreneur. Donc voilà, j'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs. La deuxième chose qui caractérise Arthur Loyd, je pense qu'il est important de souligner, c'est le seul acteur dont l'ADN est profondément ancré dans les territoires. Donc avec cette spécialisation région, 80 implantations. également aussi en Ile-de-France, mais voilà, on est vraiment partout, on a un maillage territorial qui est assez unique, les grandes métropoles comme les villes moyennes. Et en plus de ça, de ces 80 implantations, on a 5 services transverses qui sont nationaux, comme la logistique, comme l'asset management, l'investissement, etc., les grands comptes.

  • Salomé

    D'accord. Alors, j'ai dit un mot, effectivement, le brokerage. Est-ce qu'en une phrase, tu peux définir à nos auditeurs qui seraient peut-être novices sur le sujet, ce que c'est ?

  • Cevan

    Faire de l'intermédiation sur la transaction immobilière principalement.

  • Salomé

    Merci. Alors, très intéressant, est-ce que tu peux me parler de ton rôle chez Arthur Loyd, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, alors, quand je suis arrivé chez Arthur Loyd en 2015, j'ai créé le département études et recherches d'Arthur Loyd. Belle prise de risque. J'avais alors 33 ans, donc aujourd'hui j'ai une équipe de 6 personnes. Une équipe au top, avec des collaboratrices de grande valeur, donc je tiens aussi à rendre un petit hommage. En fait, études et recherches dans le domaine de l'immobilier d'entreprise, c'est la cellule qui décrypte les tendances du marché principalement. Les deux axes de ma feuille de route, qui m'ont été donnés en 2015, mais qui est toujours la même aujourd'hui. Le premier axe, c'est l'axe de la notoriété et le positionnement de marque, avec la production de ce qu'on appelle... Je le dis avec beaucoup de modestie, mais la production d'intelligence économique, donc la production d'études qui permettent en fait un positionnement de la marque. Le deuxième axe, c'est le soutien au métier, au business unit, pour d'une certaine manière un peu rééquilibrer la relation client en apportant en fait des insights du marché, des marchés d'immobilier.

  • Salomé

    Alors justement, ton positionnement en tant que membre du Codire, il me semble d'Arthur Loyd. démontre aussi, je trouve, la participation du département études et recherches dans la vision et la stratégie d'Arthur Loyd dans son développement. Est-ce que tu peux nous en dire plus, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Alors, en fait, l'études et recherches, comme tu l'as compris, ça s'inscrit effectivement dans une politique de développement pour positionner Arthur Loyd sur le paysage du brokerage en France. Néanmoins, moi, comme je suis entré au CODIR en 2021, sous l'impulsion de notre DG Emmanuel Massy. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai une formation plutôt assez académique, universitaire. J'avais besoin de compléter ma formation académique et donc j'ai pris la décision en 2024 de faire une formation, un certificat en stratégie avec HEC. Le sujet c'était en fait comment résoudre les problèmes stratégiques pour améliorer les performances de l'entreprise. Donc c'était assez challenging, c'est une formation sur 8 mois. J'ai appris le B.A.BA de la stratégie, les différents frameworks, etc. pour identifier les sources d'avantages compétitifs, les modes de croissance. Mais ce qui m'a peut-être le plus marqué dans cette formation, et ça fait écho au sujet Codire d'Arthur Loyd, c'est finalement les interactions qu'il y a et l'alignement qu'il y a entre la stratégie, la culture d'entreprise et l'organisation de l'entreprise. Parce qu'en fait, on oublie souvent, mais 80% de la performance d'une entreprise, c'est lié à cet alignement. Et seulement 20% le contexte, le marché. D'accord. Et donc ça, je pense que ça m'a beaucoup... J'ai beaucoup appris avec cette formation et ça m'a ouvert les yeux sur plein de choses. C'était très riche.

  • Salomé

    Et justement, je trouve que quand on lit une étude, moi pour en lire en tout cas beaucoup, sur le marché de l'immobilier, je trouve qu'on ressent très fort la personnalité de soit l'équipe, soit la personne qui dirige le service. Je ne saurais pas dire forcément exactement. Toi, est-ce que tu peux nous parler de ta philosophie professionnelle, justement ?

  • Cevan

    Oui, alors ma philosophie professionnelle, déjà, ce que j'aime, c'est transmettre mes savoirs. Je pense que c'est important d'être toujours dans la transmission des savoirs, parce que j'estime qu'il faut diffuser le maximum les savoirs, notamment auprès de mon équipe. Je suis plutôt quelqu'un qui aime écouter, je suis plutôt dans la co-construction des solutions. Je n'aime pas imposer les choses, mais je pense que c'est important de se baser sur l'intelligence collective, parce que c'est comme ça qu'on arrive finalement à transformer l'entreprise. Dans ce qui me définit, je pense que c'est important d'être authentique. Quand j'ai fait cette formation HEC, j'ai eu pas mal d'études de cas et il y en avait un qui m'a vraiment marqué. C'est le cas Accor avec Sébastien Bazin, qui est le président directeur général d'Accor. Quand il dit "Être chef d'entreprise, c'est aimer les autres". Tu vois, rien qu'en te le disant, ça me donne des frissons.

  • Salomé

    J'aime beaucoup cette phrase, cette philosophie, cette vision. Ça me parle énormément.

  • Cevan

    En fait, moi aussi, parce que je ne suis pas chef d'entreprise, je suis juste chef d'équipe. Mais n'empêche que je pense que quand on dirige un collectif, une entreprise, des collaborateurs, je pense que c'est super important d'écouter parce que c'est le meilleur moyen aussi d'embarquer les gens dans un projet et dans une transformation. Et vraiment, ce que j'ai pu apprendre, c'est que dans cette formation HEC, c'est qu'en fait, les dirigeants négligent souvent l'aspect émotionnel qui peut déclencher des résistances. Et donc, en fait, c'est vraiment important d'écouter pour garantir une forme d'adhésion et d'embarquer les gens dans une vision. Je pense que c'est vraiment quelque chose qui m'a marqué.

  • Salomé

    Et tu me parlais, quand on a préparé cette interview, de quatre piliers qui sont importants pour toi.

  • Cevan

    Oui, effectivement. Quand je recrute dans mon équipe, je rappelle souvent ces quatre piliers. Les quatre piliers de ma manière de travailler, ce sont les suivants. Le premier, c'est l'engagement. Pourquoi ? Parce que moi, je suis quelqu'un d'assez déterminé quand j'entreprends quelque chose. Et donc, du coup, j'attends aussi des gens avec qui je travaille de mettre toutes les forces dans la bataille. Donc, le premier, c'est l'engagement. Le deuxième, c'est la rigueur. On fait un métier de chiffres, de statistiques. Donc, il faut vérifier, revérifier, être ultra rigoureux. Parce qu'il en va un peu aussi de la crédibilité d'Arthur Loyd. Le troisième, c'est l'entraide. Ça rejoint les notions de collectif. On est un collectif. Il faut s'entraider à la fois au sein de mon équipe, mais aussi avec les autres collaborateurs du groupe. C'est important. Et mon quatrième pilier, vraiment, c'est l'audace. Quand je dis l'audace, c'est en fait essayer toujours de se réinventer. Einstein disait "La folie, c'est toujours faire la même chose et de s'attendre à un résultat différent". Je pense que si on ne sort pas des sentiers battus, on se fait rattraper par la patrouille, on se fait rattraper par la concurrence. Et puis même intellectuellement, on finit par s'ennuyer. Donc je pense que c'est important d'essayer toujours d'innover dans ce qu'on fait.

  • Salomé

    Au sujet de ce pas de côté, justement, Arthur Loyd sort une étude que peu de cabinets de conseil sortent, qui est le baromètre sur l'attractivité des régions. Est-ce qu'en quelques mots, tu peux déjà nous expliquer ce que c'est que ce baromètre, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, alors le baromètre, effectivement, c'est une étude qu'on a sortie il y a maintenant huit ans, une étude annuelle. Donc en fait, tout simplement, c'est une étude qui décrypte l'attractivité et la résilience des territoires de manière très synthétique.

  • Salomé

    Alors, j'ai une question. Justement, est-ce que tu peux aller un tout petit peu plus loin, nous expliquer quelle est la démarche ? Peut-être aussi, quelle est votre méthodologie ? Comment est-ce qu'on mesure l'attractivité d'une région ? Et puis, je suppose que vous vous appuyez sur des données chiffrées. C'est quoi la place de ta vision dans ces analyses ?

  • Cevan

    Ce baromètre, on l'a sorti parce qu'on a fait un constat. On est un acteur de l'immobilier d'entreprise. On brasse beaucoup de données en immobilier d'entreprise, sur les marchés de l'immobilier d'entreprise. Mais on est parti du constat que l'attractivité des territoires n'était pas que liée à l'immobilier d'entreprise. Ça fait évidemment partie du dynamisme des territoires. Mais si on veut avoir un regard sur ce qui fait la vitalité de nos territoires, de nos métropoles, il faut avoir un regard à 360 degrés. Et donc, dans ce baromètre, on intègre des données socio-économiques, du développement économique, de la création d'emplois, des transports en commun, de l'offre d'enseignement supérieur, des créations d'entreprises, etc. La transition énergétique, voilà. On a donc 75 indicateurs statistiques qui vont mesurer, prendre le pouls des territoires. On a 50 territoires qu'on analyse.

  • Salomé

    Parmi ces 75 indicateurs, est-ce que tu peux donner quelques exemples ? Parce que moi, ça ne me parle pas énormément.

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Déjà, quand on parle de demande placée, c'est des indicateurs très immobiliers, de loyers, etc. Les volumes de transactions qui sont transactés. Mais on va au-delà. Donc, on va prendre en compte tout ce qui va être lié. à la vitalité économique des territoires, donc les créations d'emplois, le taux de chômage, les créations d'entreprises, etc. Tout ce qui va être lié à la capacité d'accueil des entreprises et à l'immobilier professionnel, c'est le métier d'Arthur Loyd. On va aussi intégrer la fiscalité locale, on va intégrer tout ce genre de choses. Troisième pan, c'est tout ce qui est lié à la démographie, au capital humain, au potentiel d'innovation des territoires. Et enfin, tout ce qui est lié à la qualité de vie, qui est devenu en fait vraiment... Un sujet majeur aujourd'hui et qu'on prend en compte à travers là aussi à peu près 25 indicateurs. Et donc c'est un travail qui est assez considérable chaque année de collecte de l'information, des datas et de la mise au point en fait de ce classement parce qu'au final on arrive sur un classement.

  • Salomé

    D'accord. Alors je comprends mieux du coup, excuse-moi je t'ai coupé dans ta réponse. Du coup c'est quoi toi la place de ta vision dans cette data parce que je suppose que vous n'appuyez pas que là-dessus.

  • Cevan

    Oui, en fait, la vision, c'est d'essayer déjà de décrypter ce qui se passe dans nos territoires. C'est ça aussi. C'est en fait, finalement, on a tous un peu la tête dans le guidon, j'allais dire. Mais en fait, quand on prend un peu de hauteur par rapport à ce qui se passe en France, c'est de comprendre les grandes mutations qu'il y a aujourd'hui en France. Et ça, je pense que c'est important. Et c'est encore mieux quand on arrive à l'expliquer avec des chiffres, à l'étayer avec des chiffres. Donc, j'ai une satisfaction personnelle dans le sens où ça rejoint un peu ma passion pour les sujets de développement territorial avec les sujets d'immobilier, parce que finalement, aujourd'hui, les marchés, ce qui fait le dynamisme des marchés d'immobilier d'entreprise, c'est un peu la conséquence de tout l'environnement socio-économique qu'il y a derrière les territoires.

  • Salomé

    Il y a une place pour l'intuition dans la publication de ces chiffres ?

  • Cevan

    Complètement, parce qu'en fait, quand on fait les métiers de recherche, on teste des hypothèses. On peut avoir des intuitions. Et en fait, ce qui est important, c'est de tester des hypothèses et de voir si elles sont validées avec des chiffres. D'accord. Voilà, on le fait souvent. Parfois, on trouve à côté. Parfois, on n'arrive pas à démontrer des choses. Parfois, on y arrive et on est évidemment super content de y arriver. Mais oui, il y a forcément une part d'intuition.

  • Salomé

    D'accord. Donc là, ça fait la huitième édition cette année du baromètre. Je crois qu'en plus, on est à quelques jours de la publication de la deuxième partie. Donc, on est hyper chaud au niveau de l'actualité. Est-ce que tu remarques un fait un peu marquant, quelque chose d'un peu choc, ou en tout cas qui toi t'a surpris dans ces... Peut-être pas surpris d'ailleurs, auquel tu t'attendais, mais en tout cas dans ces éditions,quelque chose qui ressort ?

  • Cevan

    En fait, comme tu l'as dit, donc huitième édition, cette étude maintenant c'est devenu un peu le porte-étendard médiatique, j'allais dire, de d'Arthur Loyd, puisqu'on a dépassé les mille retombées presse depuis les huit éditions. Et le fait marquant, vraiment, c'est un peu la déconcentration de l'activité économique en France, premièrement. Et puis grâce à l'accumulation du capital humain dans les territoires. Et puis cette déconcentration, en fait, elle s'est accompagnée d'un vaste mouvement de tertiarisation, en fait, des métropoles en France. Et ça, c'est vraiment quelque chose qui a un fait marquant, qui a été soutenu par des créations d'emplois importantes dans les métropoles et donc des créations d'emplois notamment dans le secteur tertiaire. Je pense que c'est vraiment le fait marquant de la transformation un peu du paysage de nos territoires en France.

  • Salomé

    Ok, cette tertiarisation, moi je connais mal le sujet, mais ça me pose une question, parce que ces métiers de service, puisque je suppose que c'est de ça dont il s'agit, c'est plutôt des métiers qui sont historiquement parisiens. Est-ce que tu penses qu'on va arriver à terme à un équilibre entre Paris et les régions ?

  • Cevan

    Alors oui, tu l'as bien souligné. Déjà, je pense que c'est important de rappeler que le marché parisien, le marché francilien des bureaux, c'est le premier marché européen, que c'est une chance d'avoir un marché comme celui-ci sur notre territoire. Mais la France est un pays très centralisé historiquement. Et vraiment, je pense que ce qui a caractérisé les 20 dernières années... C'est cette diffusion, cette émergence des métropoles, métropoles aussi intermédiaires. Et la meilleure traduction, c'est ce qu'on appelle dans notre jargon de conseil en immobilier d'entreprise, le take-up ou la demande placée, qui sont les mètres carrés consommés chaque année par les entreprises pour leur utilisation. Tu me parlais d'équilibre, est-ce qu'on va avoir un équilibre ? J'ai regardé les chiffres avant de préparer cet enregistrement, il y a une vingtaine d'années. On était sur un rapport 65-35 sur la demande placée en France. D'accord. 65% pour l'île de France. Oui, oui. 35% pour ce qu'on appelle la province ou les régions. Aujourd'hui, on est plutôt sur un équilibre 50-50 ou 53-47 selon les années. Donc, on a vraiment, comme ça se traduit bien en fait, cette émergence en fait des métropoles régionales et de leur marché de bureaux. Et ça, je pense que c'est quelque chose d'assez structurant. sur les marchés d'immobilier tertiaire.

  • Salomé

    Alors, donc là justement, vous êtes, en tout cas, la plupart des cabinets de conseil en train de publier leur bilan 2024 du marché des bureaux. Est-ce que tu peux nous en dire quelques mots sur les tendances, peut-être quelques chiffres ?

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Alors sur les marchés de bureaux, déjà je pense que c'est important de se rappeler que le marché de bureaux, c'est un marché qui est pro-cyclique, c'est-à-dire qui évolue en fonction du contexte et des aléas économiques, et de l'environnement économique. Une fois qu'on a dit ça... 2024 c'était une année un peu difficile avec une demande placée France 3 millions de mètres carrés. Quand ça ne va pas sur les marchés de bureaux aujourd'hui en France, on fait 3 millions de mètres carrés de transactés. Quand ça va bien, on est plutôt à 4 millions et demi. Donc on voit un peu l'écart. Donc on a eu un recul de la demande placée de 11% en Ile-de-France comme dans les grandes capitales régionales. Suite à déjà des baisses en 2023. Alors il y a certains marchés qui s'en sortent mieux que d'autres. Il y a un grand écart entre Montpellier qui fait plus 15 et Bordeaux qui fait moins 33. Mais je pense que ce qui est important de se souvenir, une fois qu'on a dit ça, qu'on a un aspect très chiffré, c'est que le marché des bureaux s'est toujours, toujours relevé des crises. En fait, quand on regarde sur le temps long, très pro-cyclique, mais il s'est toujours relevé des crises.

  • Salomé

    Ok, alors justement, j'aimerais qu'on en parle un tout petit peu après de ces crises. Là, tu nous as parlé de quelques chiffres sur les tendances, la mutation des usages, etc. C'est quoi vos grands enseignements ?

  • Cevan

    Déjà il y a un impact du télétravail qui s'est beaucoup amplifié comme on le sait post-crise sanitaire le télétravail en particulier en Ile-de-France où ça vient réduire la demande des grands corporates d'environ 20% le télétravail a un impact mais qui est quand même pas le même je pense en Ile-de-France Et dans les capitales régionales, dans le sens où il y a déjà un sujet de temps de transport, tout simplement, qui ne sont pas les mêmes entre le domicile et le travail, et qui fait que finalement, quand on vient au bureau, on est content de retrouver les collègues, d'avoir des outils de travail. Donc il y a un sujet d'éloignement qui n'est pas du tout le même.

  • Salomé

    Tu veux dire que les régions sont moins exposées au télétravail que la région parisienne ?

  • Cevan

    Oui, il y a moins d'impact quand même. Il y a un impact, on ne peut pas le cacher, mais qui n'est pas du tout le même qui n'est pas du tout le même. Et ça, ça a une traduction très nette sur les volumes de transactions. Donc, première tendance, c'est le télétravail. Il y a peut-être une tendance de fond aussi, qui est en fait l'évolution des modes de travail. Pourquoi ? Parce qu'il y a quand même un sujet qui est le sujet de l'expérience utilisateur. Quelle expérience on offre aux collaborateurs quand ils viennent au bureau ? Et ce qui est intéressant de voir, c'est l'évolution finalement des modes d'aménagement dans les bureaux, avec une forte influence de l'hospitalité en fait avec les codes de l'hôtellerie un vraiment qui est complètement le bureau dans le choix des matériaux dans le type d'aménagement mais aussi dans les dans les services qu'on propose en fait aux utilisateurs et ça vraiment c'est quelque chose qui est assez fort qui est très marquant à paris qui commence vraiment à se diffuser aussi dans les capitales régionales parce qu'en fait les utilisateurs sont aujourd'hui à la recherche de l'immeuble, a lors certes bas carbone, etc. mais déjà serviciel. Et il y a parallèlement à ça, comme on se rend compte que les gens vont un petit peu moins au bureau avec l'émergence du télétravail, il y a aussi ce sujet des entreprises qui est le sujet de la centralité. Et ça je pense que c'est quelque chose d'important. Aujourd'hui en Ile-de-France, Paris c'est quasiment un mètre carré sur deux qui est transacté. C'est une tendance vraiment très importante. A Lyon, on est même sur un ratio 70-30. À Bordeaux aussi, ce n'est pas homogène dans toutes les métropoles. Lille ou Toulouse sont des contre-exemples.

  • Salomé

    Pourquoi ce sont des contre-exemples ?

  • Cevan

    Parce qu'en fait, ce sont des marchés qui se sont structurés historiquement sur des parcs tertiaires périphériques. Par exemple, à Lille avec la Haute-Borne, par exemple à Toulouse avec le pôle aéroportuaire de Blagnac. Et donc, il y a une histoire des territoires qui ont façonné les marchés de bureaux. Et dans certaines métropoles, il y a des quartiers d'affaires de centralité qui ont émergé. Euralil à Lille, Euraclantic à Bordeaux plus récemment, Euronante à Nantes. Et donc qui ont permis... l'émergence de secteurs d'affaires en centralité. Et c'est vrai que ces dernières années, on a vu l'importance, aux yeux des utilisateurs, d'avoir des bureaux très accessibles dans les secteurs centraux, près des lieux où on peut aller boire un verre, après le bureau, se retrouver au cœur des écosystèmes. Et ça, c'est quand même une tendance de fond.

  • Salomé

    D'accord, c'est vraiment très intéressant de savoir faire cette comparaison. Entre Paris, les régions et même les régions entre elles, je trouve ça vraiment très chouette. Tu nous as parlé un peu des crises, donc j'aimerais qu'on vienne à parler même du marché de l'investissement. Tu m'as dit que le marché de l'immobilier était en crise, que c'était une crise qui était cyclique. Est-ce que tu peux nous faire un point sur la conjoncture, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Alors, sur le marché de l'investissement, il a été divisé par trois ces dernières années, sur les volumes d'investissement au niveau des entreprises. Pourquoi ? Parce qu'en fait... En fait, le marché de l'immobilier d'investissement a été confronté à ce que les anglo-saxons appellent « the perfect storm » , donc la tempête parfaite. Ça arrive très rarement, mais quand ça arrive, c'est assez violent. Qu'est-ce qu'il y a eu ? Il y a eu trois facteurs importants. Le premier, c'est un choc inflationniste, qui est conséquence de la guerre en Ukraine, comme on le sait, la crise énergétique, etc. Donc ce choc inflationniste, en fait, il a été assez violent, et ça a entraîné une remontée brutale des taux directeurs pour juguler l'inflation. C'est le seul outil quasiment qu'on ait, banque centrale, pour juguler l'inflation. Et donc, remonter les taux directeurs. Et donc, ça a entraîné évidemment une remontée aussi des taux de l'OAT, des obligations souveraines. Et alors, c'est un peu technique.

  • Salomé

    Oui, l'OAT peut être ?

  • Cevan

    C'est les obligations du Trésor français. D'accord. Et en fait, il faut bien comprendre que c'est ce qui sert en fait de placement, de référence. Ok. Parce que c'est de l'obligation... C'est le placement le plus sécurisé. Et toutes les classes d'actifs, tous les produits d'épargne, que ce soit les obligations, les actions, l'immobilier, sont obligés de s'intégrer dans cette nouvelle matrice. Et donc, la conséquence directe, c'est que la prime de risque de l'immobilier a été fortement dégradée pendant cette phase de remontée des taux. Donc ça, c'est le premier choc inflationniste. Deuxième, c'est l'explosion des coûts de construction. Donc ça, ça a été très important pour le secteur de l'immobilier. Et troisième choc, c'est vraiment les fortes interrogations sur l'actif du bureau à travers le monde auprès des grands investisseurs qui étaient largement dominants dans les allocations d'actifs, quasiment 75%. Et voilà, avec l'émergence du télétravail, il y a beaucoup d'investisseurs qui se sont posés des questions, notamment sur le bureau, parfois pas très bien situé, parfois éloigné des nouveaux usages. Et donc, voilà, ces trois facteurs ont vraiment entraîné des baisses de volume d'investissement majeures sur les marchés.

  • Salomé

    Quand on a préparé aussi cette interview, tu m'as parlé des autres crises. Est-ce que tu peux me dire en quoi cette crise, celle qu'on est en train de vivre en tout cas depuis 2020, je suppose, est différente des autres ou en quoi c'est la même, etc. Est-ce que tu peux remettre un petit peu cette crise dans la perspective du cycle dont tu parlais tout à l'heure ?

  • Cevan

    Comme je te le disais tout à l'heure, en fait... Les crises de cette ampleur sont très rares sur le marché. Quand elles arrivent, elles sont en général assez brutales. Mais on a connu ce genre de crise déjà dans l'histoire du marché. La dernière en date, c'était celle qui était liée à la crise financière mondiale de 2008, où on a connu des baisses brutales des volumes d'investissement un peu du même ordre. Donc là, c'était vraiment un assèchement du crédit. Et donc, en fait, ça a provoqué des très fortes baisse des volumes d'investissement et forte remontée des taux également. On a connu aussi ce genre de crise dans les années 90. Là, c'était d'autres facteurs qui avaient déclenché cette crise. Alors, c'était multifactoriel, 91-92, entre les conséquences de la guerre du Golfe, la crise pétrolière, du coup, le krach immobilier et la récession économique. Enfin bref, l'immobilier a subi complètement aussi cette crise qui était exogène, mais aussi un petit peu endogène par le prisme de l'immobilier. Bref, une fois qu'on a dit ça, là, la crise qu'on est en train de vivre, je pense que c'est important de se rappeler qu'on a été un peu collectivement un peu aveuglé par le coût de l'argent qui était gratuit pendant quasiment dix ans, avec l'assouplissement quantitatif, le quantitative easing qui avait été déclenché à la suite de la crise des dettes souveraines en 2012. On le rappelait, ce qu'on disait à l'époque. Mario Draghi, qui était le patron de la BCE, la Banque Centrale Européenne, avec son fameux « whatever it takes » , quoi qu'il en coûte, on a eu un assouplissement monétaire majeur qui fait que le coût de l'argent était quasi nul et ça a entraîné une compression des taux pendant très longtemps. Et donc c'est vrai que quand est arrivé ce choc inflationniste et la remontée brutale des taux de 450 points de base, ça a complètement déstabilisé les marchés. Et donc, qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ? Beaucoup d'investisseurs ont levé le stylo parce qu'on a eu une très forte baisse de la valeur des actifs de facto avec une remontée des taux de cap de l'ordre de 150 à 300 points de base. C'est assez colossal. Ça a entraîné une destruction de valeur importante. Et donc, clairement, c'est vraiment comparable aux effets d'une crise financière, ce qu'on a vécu.

  • Salomé

    Je t'ai vu tiqué quand j'ai dit crise de 2020. Pourquoi t'as tiqué ?

  • Cevan

    Parce qu'en fait, moi, je considère que la crise, en fait, vraiment, elle a été déclenchée en 2022 au moment de la remontée des taux. Mais en fait, on ne l'a pas du tout vue dans les volumes d'investissement. Pourquoi ? Parce que l'immobilier, en fait, c'est un secteur dans lequel il y a beaucoup d'inertie, ne serait-ce que dans les process de vente. Et donc, c'est vraiment en 2023 que cette crise s'est matérialisée dans les volumes d'investissement. Et donc, voilà, moi, je considère que la crise, voilà, elle a vraiment commencé en 2022. Et en fait, elle va durer dans le sens où, avant de retrouver les volumes d'investissement, vraiment la belle phase qu'on a connue auparavant, autour de 25-30 milliards d'euros, il faudra du temps, en général, de manière un peu empirique. On a démontré qu'il fallait six ans avant de retrouver des volumes d'investissement comparables au cycle précédent. Ça ne veut pas dire qu'on va rester à des niveaux planchers tels qu'on l'a connu en 2023-2024. Moi, je fais partie de ceux qui considèrent qu'on a passé le point bas.

  • Salomé

    D'accord. Justement, est-ce que tu remarques que tous les segments de l'immobilier entreprise sont touchés par cette crise ?

  • Cevan

    Ils l'ont tous été au début. Oui. Tous les segments de marché. Mais certains ont rebondi beaucoup plus vite que d'autres. Déjà, on est dans un marché, évidemment, qui est très fragmenté et polarisé. On a tendance à dire parfois qu'il n'y a plus de marché pour certaines typologies d'actifs ou certaines localisations. Type le bureau, mais clairement pas partout. Il y a des bureaux qui se vendent toujours.

  • Salomé

    Dans Paris notamment.

  • Cevan

    Oui, Paris ou même dans les métropoles régionales. Mais c'est vrai qu'il y a des localisations ou des actifs vieillissants qui aujourd'hui ne sont plus du tout regardés par les investisseurs, ne serait-ce qu'avec les sujets de décret tertiaire et autres. Donc un marché polarisé et des segments de marché qui ont beaucoup plus vite rebondi que d'autres, notamment l'immobilier industriel. Oui. Et ça, c'est une tendance assez forte à travers le monde. Donc l'immobilier industriel avec notamment les actifs de logistique, d'activité. Les volumes d'investissement dans les secteurs de l'immobilier industriel ont été multipliés par deux en 2024, avec quasiment 5 milliards d'euros d'investissement. On retrouve en fait des volumes pré-crise. Et donc ça, c'est plutôt un bon signal. C'est aussi la conséquence au fait d'un repricing de la valeur de ces actifs qui a été beaucoup plus rapide que pour les actifs tertiaires. Et donc, ça a permis un réalignement entre les attentes des vendeurs et des acquéreurs. Donc, ça a permis de redonner de l'oxygène à ce marché. Et autre segment qui a redémarré assez fort, c'est toutes les stratégies value-add qu'on appelle la création de valeur sur les marchés de l'investissement.

  • Salomé

    Alors, value-add, c'est une catégorie d'actifs, c'est en fonction du risque, c'est ça ?

  • Cevan

    Tout à fait. Ça veut dire que l'investisseur est prêt à prendre une part de risque, notamment de risque travaux ou de risque locatif, dans l'intention d'injecter des CAPEX, de faire des travaux et de repositionner l'actif sur son marché. Et à la fin aussi d'avoir une création de valeur avec un sujet de réversion locative qui permet au final d'augmenter le loyer de l'actif.

  • Salomé

    Alors, est-ce que pour toi, parce que tu me parlais justement de ces dichotomies entre les différentes classes d'actifs, pour toi, les investisseurs, est-ce qu'ils se sont désintéressés complètement du bureau ?

  • Cevan

    Eh bien, pas du tout. C'est-à-dire qu'en fait, les investisseurs, dans un premier temps, il y a eu un choc et le marché a perdu vraiment en fluidité. Il ne faut pas se le cacher en fin 2022 et en 2023. Néanmoins, on recommence. à retrouver un peu de fluidité, à retrouver de l'intérêt. Il y a même des sujets qui sont mis sur le marché dans Paris, sur lesquels il y a beaucoup de marques d'intérêt d'investisseurs.

  • Salomé

    En dehors de ce dont tu me parlais tout à l'heure, du QCA, de ses stratégies, de ses emplacements en tout cas très primes.

  • Cevan

    Les emplacements les plus primes sont évidemment ceux qui sont les plus privilégiés. C'est le mouvement de flight to quality. En période de crise, on va chercher d'abord la qualité, et notamment la qualité de la localisation. Mais on a vu aussi que les actifs qui avaient été mis sur le marché, par exemple à Lille ou à Lyon, avaient fini par trouver aussi preneur. Et donc ça, c'est quelque chose d'important. On a quand même, comme je te le disais tout à l'heure, un marché qui est polarisé. Par exemple, sur le bureau, et ça c'est assez historique, on l'a démontré dans notre dernier point marché, 80% des volumes d'investissement en bureaux en Ile-de-France l'ont été uniquement dans la ville de Paris. 80% ! Alors que historiquement, on est plutôt autour de 40-45%. Donc, on a vraiment une vraie sélectivité des investisseurs. Mais il y a quand même des sujets de bureaux qui fonctionnent et un appétit des investisseurs. Pour peu que l'actif coche les cases de la centralité, de la compatibilité avec les besoins des utilisateurs.

  • Salomé

    D'accord. Je le disais tout à l'heure, peut-être un petit point sur les projections. Pour toi, quelles projections est-ce qu'on peut faire pour 2025 ? Tu nous as dit qu'on avait un peu touché les niveaux planchers, le fond de la piscine. Donc, quelle projection pour 2025, peut-être pour les années à venir si vous en avez déjà ? Est-ce que Paris se relèvera en même temps que les régions ? Est-ce que les régions vont mettre plus de temps ? Qu'est-ce que vous prévoyez ?

  • Cevan

    Alors, sur le marché de l'investissement, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on a maintenant une normalisation de l'inflation avec l'assouplissement monétaire qui a été enclenché juin 2024. Et on a eu la cinquième baisse des taux directeurs successives. Ca va apporter une vraie bouffée d'oxygène pour l'économie mais aussi pour l'immobilier à travers notamment les coûts de financement et donc ce qu'on a noté nous c'est une stabilisation des taux de rendement et ça c'est important, c'est d'avoir une stabilité donc on a vraiment, comme je te le disais, on commence à retrouver de la fluidité et un réalignement des intentions entre les vendeurs et acheteurs et ça vraiment ça va mettre encore du temps à se diffuser à se propager, il y a toujours un délai de transmission entre la politique monétaire et l'économie réelle. Il y a toujours un délai important, mais c'est quand même quelque chose de majeur, qui moi, en tout cas, me rend optimiste dans le sens où je pense effectivement qu'on a touché ce fameux plancher au fond de la piscine. Il y a quand même des petits signaux faibles qui montrent aussi qu'on a dépassé ça. On a de plus en plus d'opérations de plus de 100 millions d'euros qui s'échangent ou qui vont s'échanger en 2025. On commence à retrouver des opérations significatives en dehors du QCA, du quartier central des affaires parisiens, d'autres localisations comme Montparnasse ou encore plus récemment comme La Défense. Et à partir du moment où on retrouve ces nouveaux référentiels dans ces localisations un peu stratégiques qui donnent l'impulsion pour tout le marché, comme La Défense par exemple, ça envoie le signal aussi qu'on retrouve une hiérarchie des taux, une hiérarchie des localisations et donc des valorisations des actifs.

  • Salomé

    Il y à nouveau une entente entre les vendeurs et les acheteurs,tu veux dire ?

  • Cevan

    Tout à fait. Ça ne va pas dire qu'on a réglé tous les problèmes, parce qu'il y a encore des pans entiers de marché sur lesquels les dépréciations d'actifs sont quand même très importantes. Mais ça permet enfin de retrouver des lectures du marché, que d'avoir ces jalons comme ça sur les taux et donc sur les prix de vente. Ça va permettre de retrouver un peu plus de fluidité, pour peu que l'environnement international ne soit pas trop dégradé, pour peu qu'on ait une stabilité politique en France, parce qu'on sait que ça a un impact sur la prise de décision aussi, le cadre politique et fiscal. Et donc nous, dans nos prévisions des volumes d'investissement en 2025, on est sur un volume compris entre 13 et 16 milliards d'euros sur l'immobilier banalisé, après 12,5 en 2024.

  • Salomé

    C'est ce que j'allais te demander, la comparer par rapport à 2024.

  • Cevan

    Donc vraiment... Moi, je considère que 2025 va être une année de transition pour l'immobilier d'entreprise, clairement. Et concernant le marché des utilisateurs, nos prévisions sont ISO par rapport au volume de take-up en 2024. On va avoir des niveaux de demandes placées à peu près comparables et ce n'est pas si mal compte tenu du contexte. Donc on a une certaine résilience des marchés utilisateurs. Pourquoi ? Parce qu'il y a toujours des entreprises qui continuent de se développer ou qui ont... les projets de déménager, parfois pour des raisons d'économie, parfois parce qu'elles se développent. Donc il y a quand même toujours du mouvement. Évidemment, les chefs d'entreprise ont besoin de confiance et de visibilité pour prendre des décisions. Mais il n'empêche que, compte tenu du contexte, je trouve que ce n'est pas si mal que d'avoir une stabilité des volumes de demande placée côté marché utilisateur.

  • Salomé

    Et en région, est-ce que tu penses qu'il y a certains territoires qui vont se relever plus rapidement ? Et qu'est-ce qui pourrait expliquer des changements sur ces projections ?

  • Cevan

    Alors, en région, là, on a dépassé cette phase où on était au point bas. C'est-à-dire qu'en 2024, on recommence à voir, notamment sur le segment bureau, des volumes d'investissement qui repartent tout doucement à la hausse. Voilà. Donc là aussi, je pense que c'est important de prendre conscience aussi qu'on a dépassé cette phase de point bas. Et donc, en région, je pense qu'il y a aussi un autre, d'autres signaux faibles qui, moi, me rendent plutôt optimiste, c'est le fait qu'on ait enfin retrouvé des VEFA. C'est-à-dire que les VEFA avaient un peu complètement disparu des radars en 2023. En 2024, on a revu des VEFA se signer. Et ça, c'est plutôt de bonne augure, parce qu'on sait à quel point les marchés de bureaux en région sont dépendants de l'immobilier neuf. Il y a une vraie appétence des utilisateurs pour le neuf. Ça représente parfois 50% des volumes de transactions pour les utilisateurs. Et donc, c'est important de voir qu'il y a certaines VEFA qui recommencent à se signer. On retrouve un peu un alignement entre les promoteurs, les investisseurs et puis les besoins des utilisateurs.

  • Salomé

    D'accord. Peut-être une dernière question sur ces projections. Est-ce que tu penses qu'on peut imaginer un scénario, alors, je pense connaître la réponse étant donné que tous les éléments que tu viens de me donner, un scénario où le bureau disparaît complètement ?

  • Cevan

    Alors, pas du tout. Pas du tout parce que moi, je considère que l'entreprise est un collectif. L'entreprise est un collectif et que le bureau, en fait, c'est... Ça matérialise en fait ce qu'est une entreprise, donc ce collectif. Bien sûr, on a des évolutions de mode de travail, de façon de travailler. Bien sûr, les outils numériques nous permettent de faire plein de choses de manière isolée. Mais si à un moment donné, on ne se retrouve pas dans une aventure commune, qu'est l'entreprise, donc si on ne se retrouve pas au bureau, on passe à côté en fait de ce qu'est l'entreprise, c'est-à-dire une aventure humaine avant tout. Voilà, donc moi je fais partie de ceux qui pensent que le bureau n'est pas prêt de disparaître. Il va continuer de se réinventer. Et il se réinvente, et c'est très bien. Il s'adapte. Mais non, pas du tout. Pour moi, le bureau ne va pas disparaître.

  • Salomé

    Donc, le bureau n'est pas mort ?

  • Cevan

    Clairement.

  • Salomé

    Et bien, sur ces belles paroles, j'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Donc, la première question. Est-ce qu'il y a une maxime, un mantra ou une phrase qui t'accompagne, qui t'inspire au quotidien ?

  • Cevan

    Alors, en fait, il y en aurait deux.

  • Salomé

    Vas-y.

  • Cevan

    La première. La première, c'est la suivante, c'est il n'y a pas de prospérité sans effort. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, moi, je suis quelqu'un d'assez déterminé. Je mets toutes mes forces dans la bataille. Mais en fait, on ne peut pas s'attendre à avoir des succès si on ne travaille pas, tout simplement. Ça, c'est vraiment quelque chose qui m'accompagne au quotidien. Et puis, la deuxième, c'est être sérieux sans trop se prendre au sérieux. Alors, je m'explique. Je pense qu'il faut être sérieux, vraiment rigoureux dans le travail avec toujours ce souci d'excellence mais il faut absolument garder les pieds sur terre quand je dis il ne faut pas trop se prendre au sérieux je pense qu'il faut savoir rester humble il faut rester accessible quels que soient les succès, quelle que soit la réussite donc je pense que c'est important de faire preuve d'humilité malgré les succès

  • Salomé

    L'accessibilité je confirme que tu la représentes très bien puisque je suis ravie que tu aies accepté d'être reçu dans ce podcast sans avoir jamais écouté d'épisodes enregistrés. Donc vraiment, l'accessibilité, l'humilité, je confirme tout ça, tu incarnes parfaitement ces valeurs. La deuxième question, quelle a été la chose la plus inattendue que tu aies faite dans ta carrière ? Peut-être un moment décisif ou en tout cas un moment fort.

  • Cevan

    Alors en fait, i l y a eu deux événements pour moi assez majeurs en 2017. Donc je resitue 2017, je suis deux ans après ma prise de poche chez Arthur Loyd. Et donc je commence un peu à récolter les fruits de mes efforts, la construction d'un département et tout ce que ça implique. Et donc premier événement, c'est... Donc on sort la première édition de notre baromètre d'être activité des métropoles. On fait la première découverte d'un quotidien économique dont je t'ai le nom. Et donc, on arrive à démontrer les effets de la métropolisation en France, à montrer le lien entre la présence de talent et la création d'emplois. Bref, on arrive à démontrer les insights. Et là, on est contacté par l'Assemblée nationale, qui veut en fait qu'on fasse une présentation du baromètre aux députés dans une commission sur le développement des territoires. Et donc là, évidemment, j'ai une descente d'organes. Je me dis "Mais comment ? Non mais clairement, comment je vais me dépatouiller de tout ça ?" À ce moment-là, j'ai 35 ans. Aller présenter mon étude devant des députés. Donc heureusement, je n'y ai pas été seul. J'y suis allé avec notre président, avec Daniel Dorchies qui m'a accompagné. Et donc, ça a été vraiment quelque chose qui a marqué un peu ma carrière en 2017. Et il se trouve que la même année, en 2017, toujours dans un souci un peu de... d'innovation, on est le premier broker à décrypter le marché du coworking, qui à l'époque était un marché complètement émergent, et surtout avoir des chiffres qui permettent de le mesurer. Et donc là c'est pareil, on sort notre étude, et on est contacté par les organisateurs du salon Coworking Europe, qui veulent absolument que je vienne présenter les résultats de mon étude à Dublin, en anglais. Je ne suis pas du tout fluent. Et donc, je pars à Dublin et je présente les résultats de notre étude, une prise de parole en public. Et donc, ça a été deux événements, je crois, assez marquants dans mon parcours. Et tous deux, en fait, en 2017. Et en fait, ces deux événements, ça a permis aussi à démontrer, finalement, que le pari de créer ce département études et recherches en France était un pari gagnant. Et donc, c'est à partir de ce moment-là aussi. que j'ai eu des moyens pour développer mon service, mon département.

  • Salomé

    Le podcast, c'est du billard, en fait. OK. La dernière question, en tout cas sur ces questions un peu signatures. Qui est-ce que tu aimerais entendre sur le podcast ?

  • Cevan

    Alors, j'aimerais bien entendre deux personnes. On dit souvent que c'est dans la tempête que l'on reconnaît les vrais capitaines. Donc, j'aimerais bien entendre un capitaine d'industrie. Je pensais à Alain Taravella, qui est le PDG d'Altarea Cogedim. Parce que je pense qu'il aurait pas mal de choses à nous expliquer, notamment sur les cycles et sur la manière de mener une belle entreprise comme Altarea Cogedim. Et deuxième personne, je pense qu'on a un souci un peu de parité, entendre une grande dame de l'immobilier, qui est Arline Gaujal-Kempler, qui est la directrice générale déléguée de Foncière Inea. Parce que je suis sûr aussi qu'elle aurait un beau parcours à nous expliquer et comment aussi cet investisseur qu'est Foncière Inea à identifier les régions comme un axe aussi de différenciation dans son développement.

  • Salomé

    D'accord. Eh bien, écoute, je prends note et je vais tenter de les contacter pour voir s'ils acceptent d'être reçus sur le podcast. Merci beaucoup. Cevan, où est-ce qu'on peut te suivre ? Où est-ce qu'on peut te retrouver ?

  • Cevan

    Au MIPIM, l'événement mondial incontournable des professionnels de l'immobilier d'entreprise, donc à Cannes, mi-mars. Je serai ravi de rencontrer tous les acteurs de l'écosystème immobilier.

  • Salomé

    Et au quotidien ?

  • Cevan

    Au quotidien, à Lille et à Paris, parce que je partage mon temps entre ces deux belles villes, chez Arthur Lloyd.

  • Salomé

    Tu publies pas mal de choses aussi sur LinkedIn ?

  • Cevan

    Tout à fait, sur LinkedIn, dans la presse.

  • Salomé

    C'est vrai, dans la presse.

  • Cevan

    On a sorti notre étude. Et donc, on peut me retrouver aussi sur les réseaux, à travers les études que mon département publie.

  • Salomé

    Je te remercie beaucoup, Séven. J'ai passé un super bon moment. Je suis vraiment ravie. Je repars de là avec plein de belles explications. Je suis vraiment super contente que tu aies accepté de venir dans le podcast. Je pense que ça va être un premier épisode qui va être franchement très, très chouette.

  • Cevan

    Merci beaucoup, Salomé, pour ton invitation. J'espère que j'étais à la hauteur.

  • Salomé

    Ça, alors là, s'il y a bien un truc sur lequel je ne me fais aucun souci.

  • Cevan

    Merci beaucoup.

  • Salomé

    Je pense que tu vas avoir du succès.

  • Cevan

    Merci.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Sévan qui a accepté de répondre à toutes mes questions. et qui a formidablement introduit le sujet du podcast. J'espère que vous en avez appris autant que moi. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcast, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode de Officieux. Le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 👤 De la géographie à l’immobilier d’entreprise : une trajectoire guidée par l’expertise et le collectif

    01:29

  • 💡 Manager et décrypter le marché : études, recherches et vision stratégique

    06:59

  • 🌍 Baromètre Arthur Loyd : attractivité des régions, où en est-on ?

    13:51

  • 🏢 Bureaux, métropoles & nouveaux usages : le marché est-il en mutation ?

    18:10

  • 📉 Crise ou opportunité ? Comprendre le cycle de l’investissement immobilier

    28:27

  • 🔮 Bilan 2024 & projections 2025 : quelles tendances pour l’avenir ?

    36:22

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast – Audace, leadership et résilience

    42:27

  • Conclusion

    48:32

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Description

📢 Le bureau : stop ou encore ? 🏢💡


Dans cet épisode d’Officieux, je reçois Cevan Torossian, associé et directeur études et recherches chez Arthur Loyd. Si la crise frappe l'immobilier de bureaux, faut-il pour autant y voir la fin d'un modèle ? Selon Cevan, derrière les turbulences du marché, une chose reste certaine : le bureau évolue, mais son rôle dans l'entreprise demeure essentiel.


💬 "L’entreprise est un collectif, et le bureau en est l’incarnation."


Cette phrase résume sa conviction : le bureau évolue, mais son rôle dans l’entreprise reste fondamental. Au cours de notre échange, Cevan décrypte les grandes mutations en cours : nouvelles attentes des entreprises, transformation des espaces de travail, redéfinition des stratégies d'investissement, tertiairisation des métropoles...


🔎 Au programme de cet épisode :


Parcours et philosophie : Un itinéraire marqué par la passion de l’aménagement du territoire et l’importance du collectif.


Le baromètre d’attractivité Arthur Loyd : Une méthodologie unique pour décrypter les évolutions et les dynamiques des territoires.


Marché de l’immobilier d’entreprise : Focus sur Paris et les grandes métropoles régionales : tendances, évolutions et perspectives.


Le bureau en mutation : Nouveaux usages, flexibilité, centralité… Comment les entreprises réinventent leurs espaces de travail ?


Bilan 2024 et projections 2025 : Analyse des dynamiques du marché et des perspectives pour l’investissement et l’occupation des bureaux.


Comprendre la crise actuelle : Décryptage des causes et mise en perspective avec les grandes crises financières passées.


📊 Pour retrouver le baromètre d'attractivité des régions Arthur Loyd, ca se passe 🔗ici !


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 25 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Pour ce tout premier épisode, j'ai l'honneur de recevoir un expert de l'immobilier d'entreprise, puisqu'il s'agit de Cevan Torossian, associé et directeur études et recherches chez Arthur Loyd. Cevan est un habitué des prises de parole médiatiques, mais dans cet épisode, en plus de son expertise, vous découvrirez sa personnalité, sa vision et sa philosophie professionnelle. Et faites-moi confiance, c'est très inspirant et ça vaut la peine d'être écouté. Au fil de l'échange, Cevan nous livre sa vision du marché des bureaux, la méthodologie unique du baromètre d'attractivité des régions Arthur Loyd, le bilan 2024 et les perspectives 2025 pour l'investissement tertiaire à Paris et en région. Mais ce qui m'a le plus marquée, c'est son analyse de la crise que traverse le secteur et sa mise en perspective dans le cycle des dernières crises financières. Vraiment, je vous invite à écouter cet épisode jusqu'au bout, car il est riche d'enseignements du début à la fin. N'hésitez pas à laisser vos commentaires et à lui envoyer un petit mot sur LinkedIn, je suis sûre qu'il sera ravi de vous lire. Je vous mets toutes les informations nécessaires dans les notes de l'épisode. En attendant, je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Cevan

  • Cevan

    Bonjour Salomé.

  • Salomé

    Cevan, je suis ravie de te recevoir pour cet épisode, pour ce premier épisode du podcast. Un premier épisode qu'on enregistre à la maison, en plus dans nos bureaux lillois.

  • Cevan

    Merci de m'accueillir dans vos locaux.

  • Salomé

    Je suis ravie. Alors Cevan, je vais te demander d'abord, est-ce que tu peux te présenter à nos auditeurs et peut-être nous parler d'ores et déjà de ton parcours académique ?

  • Cevan

    Bien sûr. Alors, j'ai 42 ans, je suis marié, papa de deux enfants. Mon patronyme me masque difficilement, donc je suis d'origine étrangère. Je suis fils d'immigré par mon père, qui est libanais d'origine arménienne, arrivé en France dans les années 60. Donc ça commence à remonter. Ma maman est française, pieds noirs d'Algérie. J'ai passé ma jeunesse entre Paris et la Côte d'Azur, parce que Villefranche-sur-Mer est mon fief, vraiment. Voilà, donc je me dessinais comme un provincial, fier de l'être, mais un provincial qui adore Paris. Donc je suis passionné d'aménagement du territoire. Et donc, je me suis orienté vers des études en géographie et aménagement.

  • Salomé

    D'accord.

  • Cevan

    Où j'ai appris à réfléchir, penser les interactions qui façonnent un peu la construction de la ville. La géographie, c'est au carrefour de plusieurs matières. Et donc, j'ai beaucoup appris. Puis après, j'ai voulu me spécialiser. Donc, j'ai fait un master en urbanisme à l'école d'urbanisme de Paris. On avait des cours à la fois sur la politique de l'habitat, la mobilité, l'immobilier d'entreprise sous le biais des stratégies d'implantation des entreprises. Et puis après je me lance à la carrière professionnelle.

  • Salomé

    Justement j'aimerais qu'on en parle de ce début de carrière. C'est une licence en géographie et un master en urbanisme. Je connais mal les débouchés, par quoi est-ce que tu as commencé ?

  • Cevan

    Oui alors j'ai commencé en fait par une expérience dans un cabinet de conseil en urbanisme réglementaire qui s'appelait Urbaconseil et où en fait ça consistait à travailler sur les PLU, règlement d'urbanisme de PLU, les études d'impact de ZAC. C'est une approche un peu trop réglementaire pour moi, et donc assez vite, je prends la décision de réorienter très tôt ma carrière. J'ai la chance de rencontrer, via un camarade de promo, Monique Benisty, donc MBE Conseil, qui malheureusement nous a quittés, qui était une femme exceptionnelle, et qui m'a transmis ses savoirs sur les études en immobilier d'entreprise. Donc là vraiment, j'apprends le B.A.BA de l'immobilier d'entreprise, l'art de la présentation de marché, parce que Monique était très douée pour ça. C'était une économiste, et donc du coup, elle m'a transmis aussi ses savoirs sur les liens entre la macroéconomie et l'immobilier. Voilà, donc j'apprends le métier pendant 8 ans à ses côtés. Et puis, au bout de 8 ans, je décide de prendre mon envol en 2015, de rejoindre Arthur Loyd. Et donc, c'est au même moment, en fait, la naissance de mon deuxième enfant. Et j'en profite, en fait, pour un hommage, en fait, à ma femme, Bénédicte, et à mes enfants, qui sont un peu mon point d'équilibre. Et sans eux, clairement, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Donc, voilà, je tenais à leur rendre hommage.

  • Salomé

    C'est vraiment très joli de leur rendre hommage de cette façon. Je te remercie beaucoup. Alors, je voudrais qu'on parle d'Arthur Loyd. Arthur Loyd. Se présentent comme les leaders du brokerage en France. Vous avez une spécialisation, en tout cas un maillage territorial qui est vraiment très important, je crois 80 agences, c'est ça ? Est-ce que tu peux nous en dire plus, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Bien sûr. Alors, effectivement, Arthur Loyd, c'est défini comme le premier réseau national de conseil en immobilier d'entreprise, donc qui est présidé par Daniel Dorchies. Les deux grands types de clients d'Arthur Loyd, c'est les entreprises et les administrations qui sont à la recherche de locaux professionnels, les bureaux, les locaux industriels, les locaux commerciaux, la logistique, etc. Et puis, l'autre point, ce sont les acteurs de l'immobilier, les investisseurs, les bailleurs, les promoteurs, etc. Donc en fait, Arthur Loyd aujourd'hui, c'est un peu plus de 450 collaborateurs, c'est 3400 transactions et projets immobiliers accompagnés chaque année. Et vraiment, ce qui nous distingue des autres acteurs nationaux du brokerage, du conseil en immobilier d'entreprise, il y a deux choses. La première, c'est la forte culture entrepreneuriale. Je vais le dire de manière un peu triviale, un entrepreneur, c'est quelqu'un qui mouille sa chemise, qui est obligé de s'engager dans la satisfaction de ses clients. Et j'ai eu la chance de rencontrer de très belles personnalités chez Arthur Loyd depuis dix ans. Et je pense que moi, clairement, j'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs. C'est sûrement lié à mon histoire familiale. Mon papa a été lui-même entrepreneur. Donc voilà, j'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs. La deuxième chose qui caractérise Arthur Loyd, je pense qu'il est important de souligner, c'est le seul acteur dont l'ADN est profondément ancré dans les territoires. Donc avec cette spécialisation région, 80 implantations. également aussi en Ile-de-France, mais voilà, on est vraiment partout, on a un maillage territorial qui est assez unique, les grandes métropoles comme les villes moyennes. Et en plus de ça, de ces 80 implantations, on a 5 services transverses qui sont nationaux, comme la logistique, comme l'asset management, l'investissement, etc., les grands comptes.

  • Salomé

    D'accord. Alors, j'ai dit un mot, effectivement, le brokerage. Est-ce qu'en une phrase, tu peux définir à nos auditeurs qui seraient peut-être novices sur le sujet, ce que c'est ?

  • Cevan

    Faire de l'intermédiation sur la transaction immobilière principalement.

  • Salomé

    Merci. Alors, très intéressant, est-ce que tu peux me parler de ton rôle chez Arthur Loyd, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, alors, quand je suis arrivé chez Arthur Loyd en 2015, j'ai créé le département études et recherches d'Arthur Loyd. Belle prise de risque. J'avais alors 33 ans, donc aujourd'hui j'ai une équipe de 6 personnes. Une équipe au top, avec des collaboratrices de grande valeur, donc je tiens aussi à rendre un petit hommage. En fait, études et recherches dans le domaine de l'immobilier d'entreprise, c'est la cellule qui décrypte les tendances du marché principalement. Les deux axes de ma feuille de route, qui m'ont été donnés en 2015, mais qui est toujours la même aujourd'hui. Le premier axe, c'est l'axe de la notoriété et le positionnement de marque, avec la production de ce qu'on appelle... Je le dis avec beaucoup de modestie, mais la production d'intelligence économique, donc la production d'études qui permettent en fait un positionnement de la marque. Le deuxième axe, c'est le soutien au métier, au business unit, pour d'une certaine manière un peu rééquilibrer la relation client en apportant en fait des insights du marché, des marchés d'immobilier.

  • Salomé

    Alors justement, ton positionnement en tant que membre du Codire, il me semble d'Arthur Loyd. démontre aussi, je trouve, la participation du département études et recherches dans la vision et la stratégie d'Arthur Loyd dans son développement. Est-ce que tu peux nous en dire plus, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Alors, en fait, l'études et recherches, comme tu l'as compris, ça s'inscrit effectivement dans une politique de développement pour positionner Arthur Loyd sur le paysage du brokerage en France. Néanmoins, moi, comme je suis entré au CODIR en 2021, sous l'impulsion de notre DG Emmanuel Massy. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai une formation plutôt assez académique, universitaire. J'avais besoin de compléter ma formation académique et donc j'ai pris la décision en 2024 de faire une formation, un certificat en stratégie avec HEC. Le sujet c'était en fait comment résoudre les problèmes stratégiques pour améliorer les performances de l'entreprise. Donc c'était assez challenging, c'est une formation sur 8 mois. J'ai appris le B.A.BA de la stratégie, les différents frameworks, etc. pour identifier les sources d'avantages compétitifs, les modes de croissance. Mais ce qui m'a peut-être le plus marqué dans cette formation, et ça fait écho au sujet Codire d'Arthur Loyd, c'est finalement les interactions qu'il y a et l'alignement qu'il y a entre la stratégie, la culture d'entreprise et l'organisation de l'entreprise. Parce qu'en fait, on oublie souvent, mais 80% de la performance d'une entreprise, c'est lié à cet alignement. Et seulement 20% le contexte, le marché. D'accord. Et donc ça, je pense que ça m'a beaucoup... J'ai beaucoup appris avec cette formation et ça m'a ouvert les yeux sur plein de choses. C'était très riche.

  • Salomé

    Et justement, je trouve que quand on lit une étude, moi pour en lire en tout cas beaucoup, sur le marché de l'immobilier, je trouve qu'on ressent très fort la personnalité de soit l'équipe, soit la personne qui dirige le service. Je ne saurais pas dire forcément exactement. Toi, est-ce que tu peux nous parler de ta philosophie professionnelle, justement ?

  • Cevan

    Oui, alors ma philosophie professionnelle, déjà, ce que j'aime, c'est transmettre mes savoirs. Je pense que c'est important d'être toujours dans la transmission des savoirs, parce que j'estime qu'il faut diffuser le maximum les savoirs, notamment auprès de mon équipe. Je suis plutôt quelqu'un qui aime écouter, je suis plutôt dans la co-construction des solutions. Je n'aime pas imposer les choses, mais je pense que c'est important de se baser sur l'intelligence collective, parce que c'est comme ça qu'on arrive finalement à transformer l'entreprise. Dans ce qui me définit, je pense que c'est important d'être authentique. Quand j'ai fait cette formation HEC, j'ai eu pas mal d'études de cas et il y en avait un qui m'a vraiment marqué. C'est le cas Accor avec Sébastien Bazin, qui est le président directeur général d'Accor. Quand il dit "Être chef d'entreprise, c'est aimer les autres". Tu vois, rien qu'en te le disant, ça me donne des frissons.

  • Salomé

    J'aime beaucoup cette phrase, cette philosophie, cette vision. Ça me parle énormément.

  • Cevan

    En fait, moi aussi, parce que je ne suis pas chef d'entreprise, je suis juste chef d'équipe. Mais n'empêche que je pense que quand on dirige un collectif, une entreprise, des collaborateurs, je pense que c'est super important d'écouter parce que c'est le meilleur moyen aussi d'embarquer les gens dans un projet et dans une transformation. Et vraiment, ce que j'ai pu apprendre, c'est que dans cette formation HEC, c'est qu'en fait, les dirigeants négligent souvent l'aspect émotionnel qui peut déclencher des résistances. Et donc, en fait, c'est vraiment important d'écouter pour garantir une forme d'adhésion et d'embarquer les gens dans une vision. Je pense que c'est vraiment quelque chose qui m'a marqué.

  • Salomé

    Et tu me parlais, quand on a préparé cette interview, de quatre piliers qui sont importants pour toi.

  • Cevan

    Oui, effectivement. Quand je recrute dans mon équipe, je rappelle souvent ces quatre piliers. Les quatre piliers de ma manière de travailler, ce sont les suivants. Le premier, c'est l'engagement. Pourquoi ? Parce que moi, je suis quelqu'un d'assez déterminé quand j'entreprends quelque chose. Et donc, du coup, j'attends aussi des gens avec qui je travaille de mettre toutes les forces dans la bataille. Donc, le premier, c'est l'engagement. Le deuxième, c'est la rigueur. On fait un métier de chiffres, de statistiques. Donc, il faut vérifier, revérifier, être ultra rigoureux. Parce qu'il en va un peu aussi de la crédibilité d'Arthur Loyd. Le troisième, c'est l'entraide. Ça rejoint les notions de collectif. On est un collectif. Il faut s'entraider à la fois au sein de mon équipe, mais aussi avec les autres collaborateurs du groupe. C'est important. Et mon quatrième pilier, vraiment, c'est l'audace. Quand je dis l'audace, c'est en fait essayer toujours de se réinventer. Einstein disait "La folie, c'est toujours faire la même chose et de s'attendre à un résultat différent". Je pense que si on ne sort pas des sentiers battus, on se fait rattraper par la patrouille, on se fait rattraper par la concurrence. Et puis même intellectuellement, on finit par s'ennuyer. Donc je pense que c'est important d'essayer toujours d'innover dans ce qu'on fait.

  • Salomé

    Au sujet de ce pas de côté, justement, Arthur Loyd sort une étude que peu de cabinets de conseil sortent, qui est le baromètre sur l'attractivité des régions. Est-ce qu'en quelques mots, tu peux déjà nous expliquer ce que c'est que ce baromètre, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, alors le baromètre, effectivement, c'est une étude qu'on a sortie il y a maintenant huit ans, une étude annuelle. Donc en fait, tout simplement, c'est une étude qui décrypte l'attractivité et la résilience des territoires de manière très synthétique.

  • Salomé

    Alors, j'ai une question. Justement, est-ce que tu peux aller un tout petit peu plus loin, nous expliquer quelle est la démarche ? Peut-être aussi, quelle est votre méthodologie ? Comment est-ce qu'on mesure l'attractivité d'une région ? Et puis, je suppose que vous vous appuyez sur des données chiffrées. C'est quoi la place de ta vision dans ces analyses ?

  • Cevan

    Ce baromètre, on l'a sorti parce qu'on a fait un constat. On est un acteur de l'immobilier d'entreprise. On brasse beaucoup de données en immobilier d'entreprise, sur les marchés de l'immobilier d'entreprise. Mais on est parti du constat que l'attractivité des territoires n'était pas que liée à l'immobilier d'entreprise. Ça fait évidemment partie du dynamisme des territoires. Mais si on veut avoir un regard sur ce qui fait la vitalité de nos territoires, de nos métropoles, il faut avoir un regard à 360 degrés. Et donc, dans ce baromètre, on intègre des données socio-économiques, du développement économique, de la création d'emplois, des transports en commun, de l'offre d'enseignement supérieur, des créations d'entreprises, etc. La transition énergétique, voilà. On a donc 75 indicateurs statistiques qui vont mesurer, prendre le pouls des territoires. On a 50 territoires qu'on analyse.

  • Salomé

    Parmi ces 75 indicateurs, est-ce que tu peux donner quelques exemples ? Parce que moi, ça ne me parle pas énormément.

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Déjà, quand on parle de demande placée, c'est des indicateurs très immobiliers, de loyers, etc. Les volumes de transactions qui sont transactés. Mais on va au-delà. Donc, on va prendre en compte tout ce qui va être lié. à la vitalité économique des territoires, donc les créations d'emplois, le taux de chômage, les créations d'entreprises, etc. Tout ce qui va être lié à la capacité d'accueil des entreprises et à l'immobilier professionnel, c'est le métier d'Arthur Loyd. On va aussi intégrer la fiscalité locale, on va intégrer tout ce genre de choses. Troisième pan, c'est tout ce qui est lié à la démographie, au capital humain, au potentiel d'innovation des territoires. Et enfin, tout ce qui est lié à la qualité de vie, qui est devenu en fait vraiment... Un sujet majeur aujourd'hui et qu'on prend en compte à travers là aussi à peu près 25 indicateurs. Et donc c'est un travail qui est assez considérable chaque année de collecte de l'information, des datas et de la mise au point en fait de ce classement parce qu'au final on arrive sur un classement.

  • Salomé

    D'accord. Alors je comprends mieux du coup, excuse-moi je t'ai coupé dans ta réponse. Du coup c'est quoi toi la place de ta vision dans cette data parce que je suppose que vous n'appuyez pas que là-dessus.

  • Cevan

    Oui, en fait, la vision, c'est d'essayer déjà de décrypter ce qui se passe dans nos territoires. C'est ça aussi. C'est en fait, finalement, on a tous un peu la tête dans le guidon, j'allais dire. Mais en fait, quand on prend un peu de hauteur par rapport à ce qui se passe en France, c'est de comprendre les grandes mutations qu'il y a aujourd'hui en France. Et ça, je pense que c'est important. Et c'est encore mieux quand on arrive à l'expliquer avec des chiffres, à l'étayer avec des chiffres. Donc, j'ai une satisfaction personnelle dans le sens où ça rejoint un peu ma passion pour les sujets de développement territorial avec les sujets d'immobilier, parce que finalement, aujourd'hui, les marchés, ce qui fait le dynamisme des marchés d'immobilier d'entreprise, c'est un peu la conséquence de tout l'environnement socio-économique qu'il y a derrière les territoires.

  • Salomé

    Il y a une place pour l'intuition dans la publication de ces chiffres ?

  • Cevan

    Complètement, parce qu'en fait, quand on fait les métiers de recherche, on teste des hypothèses. On peut avoir des intuitions. Et en fait, ce qui est important, c'est de tester des hypothèses et de voir si elles sont validées avec des chiffres. D'accord. Voilà, on le fait souvent. Parfois, on trouve à côté. Parfois, on n'arrive pas à démontrer des choses. Parfois, on y arrive et on est évidemment super content de y arriver. Mais oui, il y a forcément une part d'intuition.

  • Salomé

    D'accord. Donc là, ça fait la huitième édition cette année du baromètre. Je crois qu'en plus, on est à quelques jours de la publication de la deuxième partie. Donc, on est hyper chaud au niveau de l'actualité. Est-ce que tu remarques un fait un peu marquant, quelque chose d'un peu choc, ou en tout cas qui toi t'a surpris dans ces... Peut-être pas surpris d'ailleurs, auquel tu t'attendais, mais en tout cas dans ces éditions,quelque chose qui ressort ?

  • Cevan

    En fait, comme tu l'as dit, donc huitième édition, cette étude maintenant c'est devenu un peu le porte-étendard médiatique, j'allais dire, de d'Arthur Loyd, puisqu'on a dépassé les mille retombées presse depuis les huit éditions. Et le fait marquant, vraiment, c'est un peu la déconcentration de l'activité économique en France, premièrement. Et puis grâce à l'accumulation du capital humain dans les territoires. Et puis cette déconcentration, en fait, elle s'est accompagnée d'un vaste mouvement de tertiarisation, en fait, des métropoles en France. Et ça, c'est vraiment quelque chose qui a un fait marquant, qui a été soutenu par des créations d'emplois importantes dans les métropoles et donc des créations d'emplois notamment dans le secteur tertiaire. Je pense que c'est vraiment le fait marquant de la transformation un peu du paysage de nos territoires en France.

  • Salomé

    Ok, cette tertiarisation, moi je connais mal le sujet, mais ça me pose une question, parce que ces métiers de service, puisque je suppose que c'est de ça dont il s'agit, c'est plutôt des métiers qui sont historiquement parisiens. Est-ce que tu penses qu'on va arriver à terme à un équilibre entre Paris et les régions ?

  • Cevan

    Alors oui, tu l'as bien souligné. Déjà, je pense que c'est important de rappeler que le marché parisien, le marché francilien des bureaux, c'est le premier marché européen, que c'est une chance d'avoir un marché comme celui-ci sur notre territoire. Mais la France est un pays très centralisé historiquement. Et vraiment, je pense que ce qui a caractérisé les 20 dernières années... C'est cette diffusion, cette émergence des métropoles, métropoles aussi intermédiaires. Et la meilleure traduction, c'est ce qu'on appelle dans notre jargon de conseil en immobilier d'entreprise, le take-up ou la demande placée, qui sont les mètres carrés consommés chaque année par les entreprises pour leur utilisation. Tu me parlais d'équilibre, est-ce qu'on va avoir un équilibre ? J'ai regardé les chiffres avant de préparer cet enregistrement, il y a une vingtaine d'années. On était sur un rapport 65-35 sur la demande placée en France. D'accord. 65% pour l'île de France. Oui, oui. 35% pour ce qu'on appelle la province ou les régions. Aujourd'hui, on est plutôt sur un équilibre 50-50 ou 53-47 selon les années. Donc, on a vraiment, comme ça se traduit bien en fait, cette émergence en fait des métropoles régionales et de leur marché de bureaux. Et ça, je pense que c'est quelque chose d'assez structurant. sur les marchés d'immobilier tertiaire.

  • Salomé

    Alors, donc là justement, vous êtes, en tout cas, la plupart des cabinets de conseil en train de publier leur bilan 2024 du marché des bureaux. Est-ce que tu peux nous en dire quelques mots sur les tendances, peut-être quelques chiffres ?

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Alors sur les marchés de bureaux, déjà je pense que c'est important de se rappeler que le marché de bureaux, c'est un marché qui est pro-cyclique, c'est-à-dire qui évolue en fonction du contexte et des aléas économiques, et de l'environnement économique. Une fois qu'on a dit ça... 2024 c'était une année un peu difficile avec une demande placée France 3 millions de mètres carrés. Quand ça ne va pas sur les marchés de bureaux aujourd'hui en France, on fait 3 millions de mètres carrés de transactés. Quand ça va bien, on est plutôt à 4 millions et demi. Donc on voit un peu l'écart. Donc on a eu un recul de la demande placée de 11% en Ile-de-France comme dans les grandes capitales régionales. Suite à déjà des baisses en 2023. Alors il y a certains marchés qui s'en sortent mieux que d'autres. Il y a un grand écart entre Montpellier qui fait plus 15 et Bordeaux qui fait moins 33. Mais je pense que ce qui est important de se souvenir, une fois qu'on a dit ça, qu'on a un aspect très chiffré, c'est que le marché des bureaux s'est toujours, toujours relevé des crises. En fait, quand on regarde sur le temps long, très pro-cyclique, mais il s'est toujours relevé des crises.

  • Salomé

    Ok, alors justement, j'aimerais qu'on en parle un tout petit peu après de ces crises. Là, tu nous as parlé de quelques chiffres sur les tendances, la mutation des usages, etc. C'est quoi vos grands enseignements ?

  • Cevan

    Déjà il y a un impact du télétravail qui s'est beaucoup amplifié comme on le sait post-crise sanitaire le télétravail en particulier en Ile-de-France où ça vient réduire la demande des grands corporates d'environ 20% le télétravail a un impact mais qui est quand même pas le même je pense en Ile-de-France Et dans les capitales régionales, dans le sens où il y a déjà un sujet de temps de transport, tout simplement, qui ne sont pas les mêmes entre le domicile et le travail, et qui fait que finalement, quand on vient au bureau, on est content de retrouver les collègues, d'avoir des outils de travail. Donc il y a un sujet d'éloignement qui n'est pas du tout le même.

  • Salomé

    Tu veux dire que les régions sont moins exposées au télétravail que la région parisienne ?

  • Cevan

    Oui, il y a moins d'impact quand même. Il y a un impact, on ne peut pas le cacher, mais qui n'est pas du tout le même qui n'est pas du tout le même. Et ça, ça a une traduction très nette sur les volumes de transactions. Donc, première tendance, c'est le télétravail. Il y a peut-être une tendance de fond aussi, qui est en fait l'évolution des modes de travail. Pourquoi ? Parce qu'il y a quand même un sujet qui est le sujet de l'expérience utilisateur. Quelle expérience on offre aux collaborateurs quand ils viennent au bureau ? Et ce qui est intéressant de voir, c'est l'évolution finalement des modes d'aménagement dans les bureaux, avec une forte influence de l'hospitalité en fait avec les codes de l'hôtellerie un vraiment qui est complètement le bureau dans le choix des matériaux dans le type d'aménagement mais aussi dans les dans les services qu'on propose en fait aux utilisateurs et ça vraiment c'est quelque chose qui est assez fort qui est très marquant à paris qui commence vraiment à se diffuser aussi dans les capitales régionales parce qu'en fait les utilisateurs sont aujourd'hui à la recherche de l'immeuble, a lors certes bas carbone, etc. mais déjà serviciel. Et il y a parallèlement à ça, comme on se rend compte que les gens vont un petit peu moins au bureau avec l'émergence du télétravail, il y a aussi ce sujet des entreprises qui est le sujet de la centralité. Et ça je pense que c'est quelque chose d'important. Aujourd'hui en Ile-de-France, Paris c'est quasiment un mètre carré sur deux qui est transacté. C'est une tendance vraiment très importante. A Lyon, on est même sur un ratio 70-30. À Bordeaux aussi, ce n'est pas homogène dans toutes les métropoles. Lille ou Toulouse sont des contre-exemples.

  • Salomé

    Pourquoi ce sont des contre-exemples ?

  • Cevan

    Parce qu'en fait, ce sont des marchés qui se sont structurés historiquement sur des parcs tertiaires périphériques. Par exemple, à Lille avec la Haute-Borne, par exemple à Toulouse avec le pôle aéroportuaire de Blagnac. Et donc, il y a une histoire des territoires qui ont façonné les marchés de bureaux. Et dans certaines métropoles, il y a des quartiers d'affaires de centralité qui ont émergé. Euralil à Lille, Euraclantic à Bordeaux plus récemment, Euronante à Nantes. Et donc qui ont permis... l'émergence de secteurs d'affaires en centralité. Et c'est vrai que ces dernières années, on a vu l'importance, aux yeux des utilisateurs, d'avoir des bureaux très accessibles dans les secteurs centraux, près des lieux où on peut aller boire un verre, après le bureau, se retrouver au cœur des écosystèmes. Et ça, c'est quand même une tendance de fond.

  • Salomé

    D'accord, c'est vraiment très intéressant de savoir faire cette comparaison. Entre Paris, les régions et même les régions entre elles, je trouve ça vraiment très chouette. Tu nous as parlé un peu des crises, donc j'aimerais qu'on vienne à parler même du marché de l'investissement. Tu m'as dit que le marché de l'immobilier était en crise, que c'était une crise qui était cyclique. Est-ce que tu peux nous faire un point sur la conjoncture, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Alors, sur le marché de l'investissement, il a été divisé par trois ces dernières années, sur les volumes d'investissement au niveau des entreprises. Pourquoi ? Parce qu'en fait... En fait, le marché de l'immobilier d'investissement a été confronté à ce que les anglo-saxons appellent « the perfect storm » , donc la tempête parfaite. Ça arrive très rarement, mais quand ça arrive, c'est assez violent. Qu'est-ce qu'il y a eu ? Il y a eu trois facteurs importants. Le premier, c'est un choc inflationniste, qui est conséquence de la guerre en Ukraine, comme on le sait, la crise énergétique, etc. Donc ce choc inflationniste, en fait, il a été assez violent, et ça a entraîné une remontée brutale des taux directeurs pour juguler l'inflation. C'est le seul outil quasiment qu'on ait, banque centrale, pour juguler l'inflation. Et donc, remonter les taux directeurs. Et donc, ça a entraîné évidemment une remontée aussi des taux de l'OAT, des obligations souveraines. Et alors, c'est un peu technique.

  • Salomé

    Oui, l'OAT peut être ?

  • Cevan

    C'est les obligations du Trésor français. D'accord. Et en fait, il faut bien comprendre que c'est ce qui sert en fait de placement, de référence. Ok. Parce que c'est de l'obligation... C'est le placement le plus sécurisé. Et toutes les classes d'actifs, tous les produits d'épargne, que ce soit les obligations, les actions, l'immobilier, sont obligés de s'intégrer dans cette nouvelle matrice. Et donc, la conséquence directe, c'est que la prime de risque de l'immobilier a été fortement dégradée pendant cette phase de remontée des taux. Donc ça, c'est le premier choc inflationniste. Deuxième, c'est l'explosion des coûts de construction. Donc ça, ça a été très important pour le secteur de l'immobilier. Et troisième choc, c'est vraiment les fortes interrogations sur l'actif du bureau à travers le monde auprès des grands investisseurs qui étaient largement dominants dans les allocations d'actifs, quasiment 75%. Et voilà, avec l'émergence du télétravail, il y a beaucoup d'investisseurs qui se sont posés des questions, notamment sur le bureau, parfois pas très bien situé, parfois éloigné des nouveaux usages. Et donc, voilà, ces trois facteurs ont vraiment entraîné des baisses de volume d'investissement majeures sur les marchés.

  • Salomé

    Quand on a préparé aussi cette interview, tu m'as parlé des autres crises. Est-ce que tu peux me dire en quoi cette crise, celle qu'on est en train de vivre en tout cas depuis 2020, je suppose, est différente des autres ou en quoi c'est la même, etc. Est-ce que tu peux remettre un petit peu cette crise dans la perspective du cycle dont tu parlais tout à l'heure ?

  • Cevan

    Comme je te le disais tout à l'heure, en fait... Les crises de cette ampleur sont très rares sur le marché. Quand elles arrivent, elles sont en général assez brutales. Mais on a connu ce genre de crise déjà dans l'histoire du marché. La dernière en date, c'était celle qui était liée à la crise financière mondiale de 2008, où on a connu des baisses brutales des volumes d'investissement un peu du même ordre. Donc là, c'était vraiment un assèchement du crédit. Et donc, en fait, ça a provoqué des très fortes baisse des volumes d'investissement et forte remontée des taux également. On a connu aussi ce genre de crise dans les années 90. Là, c'était d'autres facteurs qui avaient déclenché cette crise. Alors, c'était multifactoriel, 91-92, entre les conséquences de la guerre du Golfe, la crise pétrolière, du coup, le krach immobilier et la récession économique. Enfin bref, l'immobilier a subi complètement aussi cette crise qui était exogène, mais aussi un petit peu endogène par le prisme de l'immobilier. Bref, une fois qu'on a dit ça, là, la crise qu'on est en train de vivre, je pense que c'est important de se rappeler qu'on a été un peu collectivement un peu aveuglé par le coût de l'argent qui était gratuit pendant quasiment dix ans, avec l'assouplissement quantitatif, le quantitative easing qui avait été déclenché à la suite de la crise des dettes souveraines en 2012. On le rappelait, ce qu'on disait à l'époque. Mario Draghi, qui était le patron de la BCE, la Banque Centrale Européenne, avec son fameux « whatever it takes » , quoi qu'il en coûte, on a eu un assouplissement monétaire majeur qui fait que le coût de l'argent était quasi nul et ça a entraîné une compression des taux pendant très longtemps. Et donc c'est vrai que quand est arrivé ce choc inflationniste et la remontée brutale des taux de 450 points de base, ça a complètement déstabilisé les marchés. Et donc, qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ? Beaucoup d'investisseurs ont levé le stylo parce qu'on a eu une très forte baisse de la valeur des actifs de facto avec une remontée des taux de cap de l'ordre de 150 à 300 points de base. C'est assez colossal. Ça a entraîné une destruction de valeur importante. Et donc, clairement, c'est vraiment comparable aux effets d'une crise financière, ce qu'on a vécu.

  • Salomé

    Je t'ai vu tiqué quand j'ai dit crise de 2020. Pourquoi t'as tiqué ?

  • Cevan

    Parce qu'en fait, moi, je considère que la crise, en fait, vraiment, elle a été déclenchée en 2022 au moment de la remontée des taux. Mais en fait, on ne l'a pas du tout vue dans les volumes d'investissement. Pourquoi ? Parce que l'immobilier, en fait, c'est un secteur dans lequel il y a beaucoup d'inertie, ne serait-ce que dans les process de vente. Et donc, c'est vraiment en 2023 que cette crise s'est matérialisée dans les volumes d'investissement. Et donc, voilà, moi, je considère que la crise, voilà, elle a vraiment commencé en 2022. Et en fait, elle va durer dans le sens où, avant de retrouver les volumes d'investissement, vraiment la belle phase qu'on a connue auparavant, autour de 25-30 milliards d'euros, il faudra du temps, en général, de manière un peu empirique. On a démontré qu'il fallait six ans avant de retrouver des volumes d'investissement comparables au cycle précédent. Ça ne veut pas dire qu'on va rester à des niveaux planchers tels qu'on l'a connu en 2023-2024. Moi, je fais partie de ceux qui considèrent qu'on a passé le point bas.

  • Salomé

    D'accord. Justement, est-ce que tu remarques que tous les segments de l'immobilier entreprise sont touchés par cette crise ?

  • Cevan

    Ils l'ont tous été au début. Oui. Tous les segments de marché. Mais certains ont rebondi beaucoup plus vite que d'autres. Déjà, on est dans un marché, évidemment, qui est très fragmenté et polarisé. On a tendance à dire parfois qu'il n'y a plus de marché pour certaines typologies d'actifs ou certaines localisations. Type le bureau, mais clairement pas partout. Il y a des bureaux qui se vendent toujours.

  • Salomé

    Dans Paris notamment.

  • Cevan

    Oui, Paris ou même dans les métropoles régionales. Mais c'est vrai qu'il y a des localisations ou des actifs vieillissants qui aujourd'hui ne sont plus du tout regardés par les investisseurs, ne serait-ce qu'avec les sujets de décret tertiaire et autres. Donc un marché polarisé et des segments de marché qui ont beaucoup plus vite rebondi que d'autres, notamment l'immobilier industriel. Oui. Et ça, c'est une tendance assez forte à travers le monde. Donc l'immobilier industriel avec notamment les actifs de logistique, d'activité. Les volumes d'investissement dans les secteurs de l'immobilier industriel ont été multipliés par deux en 2024, avec quasiment 5 milliards d'euros d'investissement. On retrouve en fait des volumes pré-crise. Et donc ça, c'est plutôt un bon signal. C'est aussi la conséquence au fait d'un repricing de la valeur de ces actifs qui a été beaucoup plus rapide que pour les actifs tertiaires. Et donc, ça a permis un réalignement entre les attentes des vendeurs et des acquéreurs. Donc, ça a permis de redonner de l'oxygène à ce marché. Et autre segment qui a redémarré assez fort, c'est toutes les stratégies value-add qu'on appelle la création de valeur sur les marchés de l'investissement.

  • Salomé

    Alors, value-add, c'est une catégorie d'actifs, c'est en fonction du risque, c'est ça ?

  • Cevan

    Tout à fait. Ça veut dire que l'investisseur est prêt à prendre une part de risque, notamment de risque travaux ou de risque locatif, dans l'intention d'injecter des CAPEX, de faire des travaux et de repositionner l'actif sur son marché. Et à la fin aussi d'avoir une création de valeur avec un sujet de réversion locative qui permet au final d'augmenter le loyer de l'actif.

  • Salomé

    Alors, est-ce que pour toi, parce que tu me parlais justement de ces dichotomies entre les différentes classes d'actifs, pour toi, les investisseurs, est-ce qu'ils se sont désintéressés complètement du bureau ?

  • Cevan

    Eh bien, pas du tout. C'est-à-dire qu'en fait, les investisseurs, dans un premier temps, il y a eu un choc et le marché a perdu vraiment en fluidité. Il ne faut pas se le cacher en fin 2022 et en 2023. Néanmoins, on recommence. à retrouver un peu de fluidité, à retrouver de l'intérêt. Il y a même des sujets qui sont mis sur le marché dans Paris, sur lesquels il y a beaucoup de marques d'intérêt d'investisseurs.

  • Salomé

    En dehors de ce dont tu me parlais tout à l'heure, du QCA, de ses stratégies, de ses emplacements en tout cas très primes.

  • Cevan

    Les emplacements les plus primes sont évidemment ceux qui sont les plus privilégiés. C'est le mouvement de flight to quality. En période de crise, on va chercher d'abord la qualité, et notamment la qualité de la localisation. Mais on a vu aussi que les actifs qui avaient été mis sur le marché, par exemple à Lille ou à Lyon, avaient fini par trouver aussi preneur. Et donc ça, c'est quelque chose d'important. On a quand même, comme je te le disais tout à l'heure, un marché qui est polarisé. Par exemple, sur le bureau, et ça c'est assez historique, on l'a démontré dans notre dernier point marché, 80% des volumes d'investissement en bureaux en Ile-de-France l'ont été uniquement dans la ville de Paris. 80% ! Alors que historiquement, on est plutôt autour de 40-45%. Donc, on a vraiment une vraie sélectivité des investisseurs. Mais il y a quand même des sujets de bureaux qui fonctionnent et un appétit des investisseurs. Pour peu que l'actif coche les cases de la centralité, de la compatibilité avec les besoins des utilisateurs.

  • Salomé

    D'accord. Je le disais tout à l'heure, peut-être un petit point sur les projections. Pour toi, quelles projections est-ce qu'on peut faire pour 2025 ? Tu nous as dit qu'on avait un peu touché les niveaux planchers, le fond de la piscine. Donc, quelle projection pour 2025, peut-être pour les années à venir si vous en avez déjà ? Est-ce que Paris se relèvera en même temps que les régions ? Est-ce que les régions vont mettre plus de temps ? Qu'est-ce que vous prévoyez ?

  • Cevan

    Alors, sur le marché de l'investissement, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on a maintenant une normalisation de l'inflation avec l'assouplissement monétaire qui a été enclenché juin 2024. Et on a eu la cinquième baisse des taux directeurs successives. Ca va apporter une vraie bouffée d'oxygène pour l'économie mais aussi pour l'immobilier à travers notamment les coûts de financement et donc ce qu'on a noté nous c'est une stabilisation des taux de rendement et ça c'est important, c'est d'avoir une stabilité donc on a vraiment, comme je te le disais, on commence à retrouver de la fluidité et un réalignement des intentions entre les vendeurs et acheteurs et ça vraiment ça va mettre encore du temps à se diffuser à se propager, il y a toujours un délai de transmission entre la politique monétaire et l'économie réelle. Il y a toujours un délai important, mais c'est quand même quelque chose de majeur, qui moi, en tout cas, me rend optimiste dans le sens où je pense effectivement qu'on a touché ce fameux plancher au fond de la piscine. Il y a quand même des petits signaux faibles qui montrent aussi qu'on a dépassé ça. On a de plus en plus d'opérations de plus de 100 millions d'euros qui s'échangent ou qui vont s'échanger en 2025. On commence à retrouver des opérations significatives en dehors du QCA, du quartier central des affaires parisiens, d'autres localisations comme Montparnasse ou encore plus récemment comme La Défense. Et à partir du moment où on retrouve ces nouveaux référentiels dans ces localisations un peu stratégiques qui donnent l'impulsion pour tout le marché, comme La Défense par exemple, ça envoie le signal aussi qu'on retrouve une hiérarchie des taux, une hiérarchie des localisations et donc des valorisations des actifs.

  • Salomé

    Il y à nouveau une entente entre les vendeurs et les acheteurs,tu veux dire ?

  • Cevan

    Tout à fait. Ça ne va pas dire qu'on a réglé tous les problèmes, parce qu'il y a encore des pans entiers de marché sur lesquels les dépréciations d'actifs sont quand même très importantes. Mais ça permet enfin de retrouver des lectures du marché, que d'avoir ces jalons comme ça sur les taux et donc sur les prix de vente. Ça va permettre de retrouver un peu plus de fluidité, pour peu que l'environnement international ne soit pas trop dégradé, pour peu qu'on ait une stabilité politique en France, parce qu'on sait que ça a un impact sur la prise de décision aussi, le cadre politique et fiscal. Et donc nous, dans nos prévisions des volumes d'investissement en 2025, on est sur un volume compris entre 13 et 16 milliards d'euros sur l'immobilier banalisé, après 12,5 en 2024.

  • Salomé

    C'est ce que j'allais te demander, la comparer par rapport à 2024.

  • Cevan

    Donc vraiment... Moi, je considère que 2025 va être une année de transition pour l'immobilier d'entreprise, clairement. Et concernant le marché des utilisateurs, nos prévisions sont ISO par rapport au volume de take-up en 2024. On va avoir des niveaux de demandes placées à peu près comparables et ce n'est pas si mal compte tenu du contexte. Donc on a une certaine résilience des marchés utilisateurs. Pourquoi ? Parce qu'il y a toujours des entreprises qui continuent de se développer ou qui ont... les projets de déménager, parfois pour des raisons d'économie, parfois parce qu'elles se développent. Donc il y a quand même toujours du mouvement. Évidemment, les chefs d'entreprise ont besoin de confiance et de visibilité pour prendre des décisions. Mais il n'empêche que, compte tenu du contexte, je trouve que ce n'est pas si mal que d'avoir une stabilité des volumes de demande placée côté marché utilisateur.

  • Salomé

    Et en région, est-ce que tu penses qu'il y a certains territoires qui vont se relever plus rapidement ? Et qu'est-ce qui pourrait expliquer des changements sur ces projections ?

  • Cevan

    Alors, en région, là, on a dépassé cette phase où on était au point bas. C'est-à-dire qu'en 2024, on recommence à voir, notamment sur le segment bureau, des volumes d'investissement qui repartent tout doucement à la hausse. Voilà. Donc là aussi, je pense que c'est important de prendre conscience aussi qu'on a dépassé cette phase de point bas. Et donc, en région, je pense qu'il y a aussi un autre, d'autres signaux faibles qui, moi, me rendent plutôt optimiste, c'est le fait qu'on ait enfin retrouvé des VEFA. C'est-à-dire que les VEFA avaient un peu complètement disparu des radars en 2023. En 2024, on a revu des VEFA se signer. Et ça, c'est plutôt de bonne augure, parce qu'on sait à quel point les marchés de bureaux en région sont dépendants de l'immobilier neuf. Il y a une vraie appétence des utilisateurs pour le neuf. Ça représente parfois 50% des volumes de transactions pour les utilisateurs. Et donc, c'est important de voir qu'il y a certaines VEFA qui recommencent à se signer. On retrouve un peu un alignement entre les promoteurs, les investisseurs et puis les besoins des utilisateurs.

  • Salomé

    D'accord. Peut-être une dernière question sur ces projections. Est-ce que tu penses qu'on peut imaginer un scénario, alors, je pense connaître la réponse étant donné que tous les éléments que tu viens de me donner, un scénario où le bureau disparaît complètement ?

  • Cevan

    Alors, pas du tout. Pas du tout parce que moi, je considère que l'entreprise est un collectif. L'entreprise est un collectif et que le bureau, en fait, c'est... Ça matérialise en fait ce qu'est une entreprise, donc ce collectif. Bien sûr, on a des évolutions de mode de travail, de façon de travailler. Bien sûr, les outils numériques nous permettent de faire plein de choses de manière isolée. Mais si à un moment donné, on ne se retrouve pas dans une aventure commune, qu'est l'entreprise, donc si on ne se retrouve pas au bureau, on passe à côté en fait de ce qu'est l'entreprise, c'est-à-dire une aventure humaine avant tout. Voilà, donc moi je fais partie de ceux qui pensent que le bureau n'est pas prêt de disparaître. Il va continuer de se réinventer. Et il se réinvente, et c'est très bien. Il s'adapte. Mais non, pas du tout. Pour moi, le bureau ne va pas disparaître.

  • Salomé

    Donc, le bureau n'est pas mort ?

  • Cevan

    Clairement.

  • Salomé

    Et bien, sur ces belles paroles, j'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Donc, la première question. Est-ce qu'il y a une maxime, un mantra ou une phrase qui t'accompagne, qui t'inspire au quotidien ?

  • Cevan

    Alors, en fait, il y en aurait deux.

  • Salomé

    Vas-y.

  • Cevan

    La première. La première, c'est la suivante, c'est il n'y a pas de prospérité sans effort. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, moi, je suis quelqu'un d'assez déterminé. Je mets toutes mes forces dans la bataille. Mais en fait, on ne peut pas s'attendre à avoir des succès si on ne travaille pas, tout simplement. Ça, c'est vraiment quelque chose qui m'accompagne au quotidien. Et puis, la deuxième, c'est être sérieux sans trop se prendre au sérieux. Alors, je m'explique. Je pense qu'il faut être sérieux, vraiment rigoureux dans le travail avec toujours ce souci d'excellence mais il faut absolument garder les pieds sur terre quand je dis il ne faut pas trop se prendre au sérieux je pense qu'il faut savoir rester humble il faut rester accessible quels que soient les succès, quelle que soit la réussite donc je pense que c'est important de faire preuve d'humilité malgré les succès

  • Salomé

    L'accessibilité je confirme que tu la représentes très bien puisque je suis ravie que tu aies accepté d'être reçu dans ce podcast sans avoir jamais écouté d'épisodes enregistrés. Donc vraiment, l'accessibilité, l'humilité, je confirme tout ça, tu incarnes parfaitement ces valeurs. La deuxième question, quelle a été la chose la plus inattendue que tu aies faite dans ta carrière ? Peut-être un moment décisif ou en tout cas un moment fort.

  • Cevan

    Alors en fait, i l y a eu deux événements pour moi assez majeurs en 2017. Donc je resitue 2017, je suis deux ans après ma prise de poche chez Arthur Loyd. Et donc je commence un peu à récolter les fruits de mes efforts, la construction d'un département et tout ce que ça implique. Et donc premier événement, c'est... Donc on sort la première édition de notre baromètre d'être activité des métropoles. On fait la première découverte d'un quotidien économique dont je t'ai le nom. Et donc, on arrive à démontrer les effets de la métropolisation en France, à montrer le lien entre la présence de talent et la création d'emplois. Bref, on arrive à démontrer les insights. Et là, on est contacté par l'Assemblée nationale, qui veut en fait qu'on fasse une présentation du baromètre aux députés dans une commission sur le développement des territoires. Et donc là, évidemment, j'ai une descente d'organes. Je me dis "Mais comment ? Non mais clairement, comment je vais me dépatouiller de tout ça ?" À ce moment-là, j'ai 35 ans. Aller présenter mon étude devant des députés. Donc heureusement, je n'y ai pas été seul. J'y suis allé avec notre président, avec Daniel Dorchies qui m'a accompagné. Et donc, ça a été vraiment quelque chose qui a marqué un peu ma carrière en 2017. Et il se trouve que la même année, en 2017, toujours dans un souci un peu de... d'innovation, on est le premier broker à décrypter le marché du coworking, qui à l'époque était un marché complètement émergent, et surtout avoir des chiffres qui permettent de le mesurer. Et donc là c'est pareil, on sort notre étude, et on est contacté par les organisateurs du salon Coworking Europe, qui veulent absolument que je vienne présenter les résultats de mon étude à Dublin, en anglais. Je ne suis pas du tout fluent. Et donc, je pars à Dublin et je présente les résultats de notre étude, une prise de parole en public. Et donc, ça a été deux événements, je crois, assez marquants dans mon parcours. Et tous deux, en fait, en 2017. Et en fait, ces deux événements, ça a permis aussi à démontrer, finalement, que le pari de créer ce département études et recherches en France était un pari gagnant. Et donc, c'est à partir de ce moment-là aussi. que j'ai eu des moyens pour développer mon service, mon département.

  • Salomé

    Le podcast, c'est du billard, en fait. OK. La dernière question, en tout cas sur ces questions un peu signatures. Qui est-ce que tu aimerais entendre sur le podcast ?

  • Cevan

    Alors, j'aimerais bien entendre deux personnes. On dit souvent que c'est dans la tempête que l'on reconnaît les vrais capitaines. Donc, j'aimerais bien entendre un capitaine d'industrie. Je pensais à Alain Taravella, qui est le PDG d'Altarea Cogedim. Parce que je pense qu'il aurait pas mal de choses à nous expliquer, notamment sur les cycles et sur la manière de mener une belle entreprise comme Altarea Cogedim. Et deuxième personne, je pense qu'on a un souci un peu de parité, entendre une grande dame de l'immobilier, qui est Arline Gaujal-Kempler, qui est la directrice générale déléguée de Foncière Inea. Parce que je suis sûr aussi qu'elle aurait un beau parcours à nous expliquer et comment aussi cet investisseur qu'est Foncière Inea à identifier les régions comme un axe aussi de différenciation dans son développement.

  • Salomé

    D'accord. Eh bien, écoute, je prends note et je vais tenter de les contacter pour voir s'ils acceptent d'être reçus sur le podcast. Merci beaucoup. Cevan, où est-ce qu'on peut te suivre ? Où est-ce qu'on peut te retrouver ?

  • Cevan

    Au MIPIM, l'événement mondial incontournable des professionnels de l'immobilier d'entreprise, donc à Cannes, mi-mars. Je serai ravi de rencontrer tous les acteurs de l'écosystème immobilier.

  • Salomé

    Et au quotidien ?

  • Cevan

    Au quotidien, à Lille et à Paris, parce que je partage mon temps entre ces deux belles villes, chez Arthur Lloyd.

  • Salomé

    Tu publies pas mal de choses aussi sur LinkedIn ?

  • Cevan

    Tout à fait, sur LinkedIn, dans la presse.

  • Salomé

    C'est vrai, dans la presse.

  • Cevan

    On a sorti notre étude. Et donc, on peut me retrouver aussi sur les réseaux, à travers les études que mon département publie.

  • Salomé

    Je te remercie beaucoup, Séven. J'ai passé un super bon moment. Je suis vraiment ravie. Je repars de là avec plein de belles explications. Je suis vraiment super contente que tu aies accepté de venir dans le podcast. Je pense que ça va être un premier épisode qui va être franchement très, très chouette.

  • Cevan

    Merci beaucoup, Salomé, pour ton invitation. J'espère que j'étais à la hauteur.

  • Salomé

    Ça, alors là, s'il y a bien un truc sur lequel je ne me fais aucun souci.

  • Cevan

    Merci beaucoup.

  • Salomé

    Je pense que tu vas avoir du succès.

  • Cevan

    Merci.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Sévan qui a accepté de répondre à toutes mes questions. et qui a formidablement introduit le sujet du podcast. J'espère que vous en avez appris autant que moi. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcast, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode de Officieux. Le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 👤 De la géographie à l’immobilier d’entreprise : une trajectoire guidée par l’expertise et le collectif

    01:29

  • 💡 Manager et décrypter le marché : études, recherches et vision stratégique

    06:59

  • 🌍 Baromètre Arthur Loyd : attractivité des régions, où en est-on ?

    13:51

  • 🏢 Bureaux, métropoles & nouveaux usages : le marché est-il en mutation ?

    18:10

  • 📉 Crise ou opportunité ? Comprendre le cycle de l’investissement immobilier

    28:27

  • 🔮 Bilan 2024 & projections 2025 : quelles tendances pour l’avenir ?

    36:22

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast – Audace, leadership et résilience

    42:27

  • Conclusion

    48:32

Description

📢 Le bureau : stop ou encore ? 🏢💡


Dans cet épisode d’Officieux, je reçois Cevan Torossian, associé et directeur études et recherches chez Arthur Loyd. Si la crise frappe l'immobilier de bureaux, faut-il pour autant y voir la fin d'un modèle ? Selon Cevan, derrière les turbulences du marché, une chose reste certaine : le bureau évolue, mais son rôle dans l'entreprise demeure essentiel.


💬 "L’entreprise est un collectif, et le bureau en est l’incarnation."


Cette phrase résume sa conviction : le bureau évolue, mais son rôle dans l’entreprise reste fondamental. Au cours de notre échange, Cevan décrypte les grandes mutations en cours : nouvelles attentes des entreprises, transformation des espaces de travail, redéfinition des stratégies d'investissement, tertiairisation des métropoles...


🔎 Au programme de cet épisode :


Parcours et philosophie : Un itinéraire marqué par la passion de l’aménagement du territoire et l’importance du collectif.


Le baromètre d’attractivité Arthur Loyd : Une méthodologie unique pour décrypter les évolutions et les dynamiques des territoires.


Marché de l’immobilier d’entreprise : Focus sur Paris et les grandes métropoles régionales : tendances, évolutions et perspectives.


Le bureau en mutation : Nouveaux usages, flexibilité, centralité… Comment les entreprises réinventent leurs espaces de travail ?


Bilan 2024 et projections 2025 : Analyse des dynamiques du marché et des perspectives pour l’investissement et l’occupation des bureaux.


Comprendre la crise actuelle : Décryptage des causes et mise en perspective avec les grandes crises financières passées.


📊 Pour retrouver le baromètre d'attractivité des régions Arthur Loyd, ca se passe 🔗ici !


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 25 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Pour ce tout premier épisode, j'ai l'honneur de recevoir un expert de l'immobilier d'entreprise, puisqu'il s'agit de Cevan Torossian, associé et directeur études et recherches chez Arthur Loyd. Cevan est un habitué des prises de parole médiatiques, mais dans cet épisode, en plus de son expertise, vous découvrirez sa personnalité, sa vision et sa philosophie professionnelle. Et faites-moi confiance, c'est très inspirant et ça vaut la peine d'être écouté. Au fil de l'échange, Cevan nous livre sa vision du marché des bureaux, la méthodologie unique du baromètre d'attractivité des régions Arthur Loyd, le bilan 2024 et les perspectives 2025 pour l'investissement tertiaire à Paris et en région. Mais ce qui m'a le plus marquée, c'est son analyse de la crise que traverse le secteur et sa mise en perspective dans le cycle des dernières crises financières. Vraiment, je vous invite à écouter cet épisode jusqu'au bout, car il est riche d'enseignements du début à la fin. N'hésitez pas à laisser vos commentaires et à lui envoyer un petit mot sur LinkedIn, je suis sûre qu'il sera ravi de vous lire. Je vous mets toutes les informations nécessaires dans les notes de l'épisode. En attendant, je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Cevan

  • Cevan

    Bonjour Salomé.

  • Salomé

    Cevan, je suis ravie de te recevoir pour cet épisode, pour ce premier épisode du podcast. Un premier épisode qu'on enregistre à la maison, en plus dans nos bureaux lillois.

  • Cevan

    Merci de m'accueillir dans vos locaux.

  • Salomé

    Je suis ravie. Alors Cevan, je vais te demander d'abord, est-ce que tu peux te présenter à nos auditeurs et peut-être nous parler d'ores et déjà de ton parcours académique ?

  • Cevan

    Bien sûr. Alors, j'ai 42 ans, je suis marié, papa de deux enfants. Mon patronyme me masque difficilement, donc je suis d'origine étrangère. Je suis fils d'immigré par mon père, qui est libanais d'origine arménienne, arrivé en France dans les années 60. Donc ça commence à remonter. Ma maman est française, pieds noirs d'Algérie. J'ai passé ma jeunesse entre Paris et la Côte d'Azur, parce que Villefranche-sur-Mer est mon fief, vraiment. Voilà, donc je me dessinais comme un provincial, fier de l'être, mais un provincial qui adore Paris. Donc je suis passionné d'aménagement du territoire. Et donc, je me suis orienté vers des études en géographie et aménagement.

  • Salomé

    D'accord.

  • Cevan

    Où j'ai appris à réfléchir, penser les interactions qui façonnent un peu la construction de la ville. La géographie, c'est au carrefour de plusieurs matières. Et donc, j'ai beaucoup appris. Puis après, j'ai voulu me spécialiser. Donc, j'ai fait un master en urbanisme à l'école d'urbanisme de Paris. On avait des cours à la fois sur la politique de l'habitat, la mobilité, l'immobilier d'entreprise sous le biais des stratégies d'implantation des entreprises. Et puis après je me lance à la carrière professionnelle.

  • Salomé

    Justement j'aimerais qu'on en parle de ce début de carrière. C'est une licence en géographie et un master en urbanisme. Je connais mal les débouchés, par quoi est-ce que tu as commencé ?

  • Cevan

    Oui alors j'ai commencé en fait par une expérience dans un cabinet de conseil en urbanisme réglementaire qui s'appelait Urbaconseil et où en fait ça consistait à travailler sur les PLU, règlement d'urbanisme de PLU, les études d'impact de ZAC. C'est une approche un peu trop réglementaire pour moi, et donc assez vite, je prends la décision de réorienter très tôt ma carrière. J'ai la chance de rencontrer, via un camarade de promo, Monique Benisty, donc MBE Conseil, qui malheureusement nous a quittés, qui était une femme exceptionnelle, et qui m'a transmis ses savoirs sur les études en immobilier d'entreprise. Donc là vraiment, j'apprends le B.A.BA de l'immobilier d'entreprise, l'art de la présentation de marché, parce que Monique était très douée pour ça. C'était une économiste, et donc du coup, elle m'a transmis aussi ses savoirs sur les liens entre la macroéconomie et l'immobilier. Voilà, donc j'apprends le métier pendant 8 ans à ses côtés. Et puis, au bout de 8 ans, je décide de prendre mon envol en 2015, de rejoindre Arthur Loyd. Et donc, c'est au même moment, en fait, la naissance de mon deuxième enfant. Et j'en profite, en fait, pour un hommage, en fait, à ma femme, Bénédicte, et à mes enfants, qui sont un peu mon point d'équilibre. Et sans eux, clairement, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Donc, voilà, je tenais à leur rendre hommage.

  • Salomé

    C'est vraiment très joli de leur rendre hommage de cette façon. Je te remercie beaucoup. Alors, je voudrais qu'on parle d'Arthur Loyd. Arthur Loyd. Se présentent comme les leaders du brokerage en France. Vous avez une spécialisation, en tout cas un maillage territorial qui est vraiment très important, je crois 80 agences, c'est ça ? Est-ce que tu peux nous en dire plus, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Bien sûr. Alors, effectivement, Arthur Loyd, c'est défini comme le premier réseau national de conseil en immobilier d'entreprise, donc qui est présidé par Daniel Dorchies. Les deux grands types de clients d'Arthur Loyd, c'est les entreprises et les administrations qui sont à la recherche de locaux professionnels, les bureaux, les locaux industriels, les locaux commerciaux, la logistique, etc. Et puis, l'autre point, ce sont les acteurs de l'immobilier, les investisseurs, les bailleurs, les promoteurs, etc. Donc en fait, Arthur Loyd aujourd'hui, c'est un peu plus de 450 collaborateurs, c'est 3400 transactions et projets immobiliers accompagnés chaque année. Et vraiment, ce qui nous distingue des autres acteurs nationaux du brokerage, du conseil en immobilier d'entreprise, il y a deux choses. La première, c'est la forte culture entrepreneuriale. Je vais le dire de manière un peu triviale, un entrepreneur, c'est quelqu'un qui mouille sa chemise, qui est obligé de s'engager dans la satisfaction de ses clients. Et j'ai eu la chance de rencontrer de très belles personnalités chez Arthur Loyd depuis dix ans. Et je pense que moi, clairement, j'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs. C'est sûrement lié à mon histoire familiale. Mon papa a été lui-même entrepreneur. Donc voilà, j'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs. La deuxième chose qui caractérise Arthur Loyd, je pense qu'il est important de souligner, c'est le seul acteur dont l'ADN est profondément ancré dans les territoires. Donc avec cette spécialisation région, 80 implantations. également aussi en Ile-de-France, mais voilà, on est vraiment partout, on a un maillage territorial qui est assez unique, les grandes métropoles comme les villes moyennes. Et en plus de ça, de ces 80 implantations, on a 5 services transverses qui sont nationaux, comme la logistique, comme l'asset management, l'investissement, etc., les grands comptes.

  • Salomé

    D'accord. Alors, j'ai dit un mot, effectivement, le brokerage. Est-ce qu'en une phrase, tu peux définir à nos auditeurs qui seraient peut-être novices sur le sujet, ce que c'est ?

  • Cevan

    Faire de l'intermédiation sur la transaction immobilière principalement.

  • Salomé

    Merci. Alors, très intéressant, est-ce que tu peux me parler de ton rôle chez Arthur Loyd, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, alors, quand je suis arrivé chez Arthur Loyd en 2015, j'ai créé le département études et recherches d'Arthur Loyd. Belle prise de risque. J'avais alors 33 ans, donc aujourd'hui j'ai une équipe de 6 personnes. Une équipe au top, avec des collaboratrices de grande valeur, donc je tiens aussi à rendre un petit hommage. En fait, études et recherches dans le domaine de l'immobilier d'entreprise, c'est la cellule qui décrypte les tendances du marché principalement. Les deux axes de ma feuille de route, qui m'ont été donnés en 2015, mais qui est toujours la même aujourd'hui. Le premier axe, c'est l'axe de la notoriété et le positionnement de marque, avec la production de ce qu'on appelle... Je le dis avec beaucoup de modestie, mais la production d'intelligence économique, donc la production d'études qui permettent en fait un positionnement de la marque. Le deuxième axe, c'est le soutien au métier, au business unit, pour d'une certaine manière un peu rééquilibrer la relation client en apportant en fait des insights du marché, des marchés d'immobilier.

  • Salomé

    Alors justement, ton positionnement en tant que membre du Codire, il me semble d'Arthur Loyd. démontre aussi, je trouve, la participation du département études et recherches dans la vision et la stratégie d'Arthur Loyd dans son développement. Est-ce que tu peux nous en dire plus, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Alors, en fait, l'études et recherches, comme tu l'as compris, ça s'inscrit effectivement dans une politique de développement pour positionner Arthur Loyd sur le paysage du brokerage en France. Néanmoins, moi, comme je suis entré au CODIR en 2021, sous l'impulsion de notre DG Emmanuel Massy. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'ai une formation plutôt assez académique, universitaire. J'avais besoin de compléter ma formation académique et donc j'ai pris la décision en 2024 de faire une formation, un certificat en stratégie avec HEC. Le sujet c'était en fait comment résoudre les problèmes stratégiques pour améliorer les performances de l'entreprise. Donc c'était assez challenging, c'est une formation sur 8 mois. J'ai appris le B.A.BA de la stratégie, les différents frameworks, etc. pour identifier les sources d'avantages compétitifs, les modes de croissance. Mais ce qui m'a peut-être le plus marqué dans cette formation, et ça fait écho au sujet Codire d'Arthur Loyd, c'est finalement les interactions qu'il y a et l'alignement qu'il y a entre la stratégie, la culture d'entreprise et l'organisation de l'entreprise. Parce qu'en fait, on oublie souvent, mais 80% de la performance d'une entreprise, c'est lié à cet alignement. Et seulement 20% le contexte, le marché. D'accord. Et donc ça, je pense que ça m'a beaucoup... J'ai beaucoup appris avec cette formation et ça m'a ouvert les yeux sur plein de choses. C'était très riche.

  • Salomé

    Et justement, je trouve que quand on lit une étude, moi pour en lire en tout cas beaucoup, sur le marché de l'immobilier, je trouve qu'on ressent très fort la personnalité de soit l'équipe, soit la personne qui dirige le service. Je ne saurais pas dire forcément exactement. Toi, est-ce que tu peux nous parler de ta philosophie professionnelle, justement ?

  • Cevan

    Oui, alors ma philosophie professionnelle, déjà, ce que j'aime, c'est transmettre mes savoirs. Je pense que c'est important d'être toujours dans la transmission des savoirs, parce que j'estime qu'il faut diffuser le maximum les savoirs, notamment auprès de mon équipe. Je suis plutôt quelqu'un qui aime écouter, je suis plutôt dans la co-construction des solutions. Je n'aime pas imposer les choses, mais je pense que c'est important de se baser sur l'intelligence collective, parce que c'est comme ça qu'on arrive finalement à transformer l'entreprise. Dans ce qui me définit, je pense que c'est important d'être authentique. Quand j'ai fait cette formation HEC, j'ai eu pas mal d'études de cas et il y en avait un qui m'a vraiment marqué. C'est le cas Accor avec Sébastien Bazin, qui est le président directeur général d'Accor. Quand il dit "Être chef d'entreprise, c'est aimer les autres". Tu vois, rien qu'en te le disant, ça me donne des frissons.

  • Salomé

    J'aime beaucoup cette phrase, cette philosophie, cette vision. Ça me parle énormément.

  • Cevan

    En fait, moi aussi, parce que je ne suis pas chef d'entreprise, je suis juste chef d'équipe. Mais n'empêche que je pense que quand on dirige un collectif, une entreprise, des collaborateurs, je pense que c'est super important d'écouter parce que c'est le meilleur moyen aussi d'embarquer les gens dans un projet et dans une transformation. Et vraiment, ce que j'ai pu apprendre, c'est que dans cette formation HEC, c'est qu'en fait, les dirigeants négligent souvent l'aspect émotionnel qui peut déclencher des résistances. Et donc, en fait, c'est vraiment important d'écouter pour garantir une forme d'adhésion et d'embarquer les gens dans une vision. Je pense que c'est vraiment quelque chose qui m'a marqué.

  • Salomé

    Et tu me parlais, quand on a préparé cette interview, de quatre piliers qui sont importants pour toi.

  • Cevan

    Oui, effectivement. Quand je recrute dans mon équipe, je rappelle souvent ces quatre piliers. Les quatre piliers de ma manière de travailler, ce sont les suivants. Le premier, c'est l'engagement. Pourquoi ? Parce que moi, je suis quelqu'un d'assez déterminé quand j'entreprends quelque chose. Et donc, du coup, j'attends aussi des gens avec qui je travaille de mettre toutes les forces dans la bataille. Donc, le premier, c'est l'engagement. Le deuxième, c'est la rigueur. On fait un métier de chiffres, de statistiques. Donc, il faut vérifier, revérifier, être ultra rigoureux. Parce qu'il en va un peu aussi de la crédibilité d'Arthur Loyd. Le troisième, c'est l'entraide. Ça rejoint les notions de collectif. On est un collectif. Il faut s'entraider à la fois au sein de mon équipe, mais aussi avec les autres collaborateurs du groupe. C'est important. Et mon quatrième pilier, vraiment, c'est l'audace. Quand je dis l'audace, c'est en fait essayer toujours de se réinventer. Einstein disait "La folie, c'est toujours faire la même chose et de s'attendre à un résultat différent". Je pense que si on ne sort pas des sentiers battus, on se fait rattraper par la patrouille, on se fait rattraper par la concurrence. Et puis même intellectuellement, on finit par s'ennuyer. Donc je pense que c'est important d'essayer toujours d'innover dans ce qu'on fait.

  • Salomé

    Au sujet de ce pas de côté, justement, Arthur Loyd sort une étude que peu de cabinets de conseil sortent, qui est le baromètre sur l'attractivité des régions. Est-ce qu'en quelques mots, tu peux déjà nous expliquer ce que c'est que ce baromètre, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Oui, alors le baromètre, effectivement, c'est une étude qu'on a sortie il y a maintenant huit ans, une étude annuelle. Donc en fait, tout simplement, c'est une étude qui décrypte l'attractivité et la résilience des territoires de manière très synthétique.

  • Salomé

    Alors, j'ai une question. Justement, est-ce que tu peux aller un tout petit peu plus loin, nous expliquer quelle est la démarche ? Peut-être aussi, quelle est votre méthodologie ? Comment est-ce qu'on mesure l'attractivité d'une région ? Et puis, je suppose que vous vous appuyez sur des données chiffrées. C'est quoi la place de ta vision dans ces analyses ?

  • Cevan

    Ce baromètre, on l'a sorti parce qu'on a fait un constat. On est un acteur de l'immobilier d'entreprise. On brasse beaucoup de données en immobilier d'entreprise, sur les marchés de l'immobilier d'entreprise. Mais on est parti du constat que l'attractivité des territoires n'était pas que liée à l'immobilier d'entreprise. Ça fait évidemment partie du dynamisme des territoires. Mais si on veut avoir un regard sur ce qui fait la vitalité de nos territoires, de nos métropoles, il faut avoir un regard à 360 degrés. Et donc, dans ce baromètre, on intègre des données socio-économiques, du développement économique, de la création d'emplois, des transports en commun, de l'offre d'enseignement supérieur, des créations d'entreprises, etc. La transition énergétique, voilà. On a donc 75 indicateurs statistiques qui vont mesurer, prendre le pouls des territoires. On a 50 territoires qu'on analyse.

  • Salomé

    Parmi ces 75 indicateurs, est-ce que tu peux donner quelques exemples ? Parce que moi, ça ne me parle pas énormément.

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Déjà, quand on parle de demande placée, c'est des indicateurs très immobiliers, de loyers, etc. Les volumes de transactions qui sont transactés. Mais on va au-delà. Donc, on va prendre en compte tout ce qui va être lié. à la vitalité économique des territoires, donc les créations d'emplois, le taux de chômage, les créations d'entreprises, etc. Tout ce qui va être lié à la capacité d'accueil des entreprises et à l'immobilier professionnel, c'est le métier d'Arthur Loyd. On va aussi intégrer la fiscalité locale, on va intégrer tout ce genre de choses. Troisième pan, c'est tout ce qui est lié à la démographie, au capital humain, au potentiel d'innovation des territoires. Et enfin, tout ce qui est lié à la qualité de vie, qui est devenu en fait vraiment... Un sujet majeur aujourd'hui et qu'on prend en compte à travers là aussi à peu près 25 indicateurs. Et donc c'est un travail qui est assez considérable chaque année de collecte de l'information, des datas et de la mise au point en fait de ce classement parce qu'au final on arrive sur un classement.

  • Salomé

    D'accord. Alors je comprends mieux du coup, excuse-moi je t'ai coupé dans ta réponse. Du coup c'est quoi toi la place de ta vision dans cette data parce que je suppose que vous n'appuyez pas que là-dessus.

  • Cevan

    Oui, en fait, la vision, c'est d'essayer déjà de décrypter ce qui se passe dans nos territoires. C'est ça aussi. C'est en fait, finalement, on a tous un peu la tête dans le guidon, j'allais dire. Mais en fait, quand on prend un peu de hauteur par rapport à ce qui se passe en France, c'est de comprendre les grandes mutations qu'il y a aujourd'hui en France. Et ça, je pense que c'est important. Et c'est encore mieux quand on arrive à l'expliquer avec des chiffres, à l'étayer avec des chiffres. Donc, j'ai une satisfaction personnelle dans le sens où ça rejoint un peu ma passion pour les sujets de développement territorial avec les sujets d'immobilier, parce que finalement, aujourd'hui, les marchés, ce qui fait le dynamisme des marchés d'immobilier d'entreprise, c'est un peu la conséquence de tout l'environnement socio-économique qu'il y a derrière les territoires.

  • Salomé

    Il y a une place pour l'intuition dans la publication de ces chiffres ?

  • Cevan

    Complètement, parce qu'en fait, quand on fait les métiers de recherche, on teste des hypothèses. On peut avoir des intuitions. Et en fait, ce qui est important, c'est de tester des hypothèses et de voir si elles sont validées avec des chiffres. D'accord. Voilà, on le fait souvent. Parfois, on trouve à côté. Parfois, on n'arrive pas à démontrer des choses. Parfois, on y arrive et on est évidemment super content de y arriver. Mais oui, il y a forcément une part d'intuition.

  • Salomé

    D'accord. Donc là, ça fait la huitième édition cette année du baromètre. Je crois qu'en plus, on est à quelques jours de la publication de la deuxième partie. Donc, on est hyper chaud au niveau de l'actualité. Est-ce que tu remarques un fait un peu marquant, quelque chose d'un peu choc, ou en tout cas qui toi t'a surpris dans ces... Peut-être pas surpris d'ailleurs, auquel tu t'attendais, mais en tout cas dans ces éditions,quelque chose qui ressort ?

  • Cevan

    En fait, comme tu l'as dit, donc huitième édition, cette étude maintenant c'est devenu un peu le porte-étendard médiatique, j'allais dire, de d'Arthur Loyd, puisqu'on a dépassé les mille retombées presse depuis les huit éditions. Et le fait marquant, vraiment, c'est un peu la déconcentration de l'activité économique en France, premièrement. Et puis grâce à l'accumulation du capital humain dans les territoires. Et puis cette déconcentration, en fait, elle s'est accompagnée d'un vaste mouvement de tertiarisation, en fait, des métropoles en France. Et ça, c'est vraiment quelque chose qui a un fait marquant, qui a été soutenu par des créations d'emplois importantes dans les métropoles et donc des créations d'emplois notamment dans le secteur tertiaire. Je pense que c'est vraiment le fait marquant de la transformation un peu du paysage de nos territoires en France.

  • Salomé

    Ok, cette tertiarisation, moi je connais mal le sujet, mais ça me pose une question, parce que ces métiers de service, puisque je suppose que c'est de ça dont il s'agit, c'est plutôt des métiers qui sont historiquement parisiens. Est-ce que tu penses qu'on va arriver à terme à un équilibre entre Paris et les régions ?

  • Cevan

    Alors oui, tu l'as bien souligné. Déjà, je pense que c'est important de rappeler que le marché parisien, le marché francilien des bureaux, c'est le premier marché européen, que c'est une chance d'avoir un marché comme celui-ci sur notre territoire. Mais la France est un pays très centralisé historiquement. Et vraiment, je pense que ce qui a caractérisé les 20 dernières années... C'est cette diffusion, cette émergence des métropoles, métropoles aussi intermédiaires. Et la meilleure traduction, c'est ce qu'on appelle dans notre jargon de conseil en immobilier d'entreprise, le take-up ou la demande placée, qui sont les mètres carrés consommés chaque année par les entreprises pour leur utilisation. Tu me parlais d'équilibre, est-ce qu'on va avoir un équilibre ? J'ai regardé les chiffres avant de préparer cet enregistrement, il y a une vingtaine d'années. On était sur un rapport 65-35 sur la demande placée en France. D'accord. 65% pour l'île de France. Oui, oui. 35% pour ce qu'on appelle la province ou les régions. Aujourd'hui, on est plutôt sur un équilibre 50-50 ou 53-47 selon les années. Donc, on a vraiment, comme ça se traduit bien en fait, cette émergence en fait des métropoles régionales et de leur marché de bureaux. Et ça, je pense que c'est quelque chose d'assez structurant. sur les marchés d'immobilier tertiaire.

  • Salomé

    Alors, donc là justement, vous êtes, en tout cas, la plupart des cabinets de conseil en train de publier leur bilan 2024 du marché des bureaux. Est-ce que tu peux nous en dire quelques mots sur les tendances, peut-être quelques chiffres ?

  • Cevan

    Oui, bien sûr. Alors sur les marchés de bureaux, déjà je pense que c'est important de se rappeler que le marché de bureaux, c'est un marché qui est pro-cyclique, c'est-à-dire qui évolue en fonction du contexte et des aléas économiques, et de l'environnement économique. Une fois qu'on a dit ça... 2024 c'était une année un peu difficile avec une demande placée France 3 millions de mètres carrés. Quand ça ne va pas sur les marchés de bureaux aujourd'hui en France, on fait 3 millions de mètres carrés de transactés. Quand ça va bien, on est plutôt à 4 millions et demi. Donc on voit un peu l'écart. Donc on a eu un recul de la demande placée de 11% en Ile-de-France comme dans les grandes capitales régionales. Suite à déjà des baisses en 2023. Alors il y a certains marchés qui s'en sortent mieux que d'autres. Il y a un grand écart entre Montpellier qui fait plus 15 et Bordeaux qui fait moins 33. Mais je pense que ce qui est important de se souvenir, une fois qu'on a dit ça, qu'on a un aspect très chiffré, c'est que le marché des bureaux s'est toujours, toujours relevé des crises. En fait, quand on regarde sur le temps long, très pro-cyclique, mais il s'est toujours relevé des crises.

  • Salomé

    Ok, alors justement, j'aimerais qu'on en parle un tout petit peu après de ces crises. Là, tu nous as parlé de quelques chiffres sur les tendances, la mutation des usages, etc. C'est quoi vos grands enseignements ?

  • Cevan

    Déjà il y a un impact du télétravail qui s'est beaucoup amplifié comme on le sait post-crise sanitaire le télétravail en particulier en Ile-de-France où ça vient réduire la demande des grands corporates d'environ 20% le télétravail a un impact mais qui est quand même pas le même je pense en Ile-de-France Et dans les capitales régionales, dans le sens où il y a déjà un sujet de temps de transport, tout simplement, qui ne sont pas les mêmes entre le domicile et le travail, et qui fait que finalement, quand on vient au bureau, on est content de retrouver les collègues, d'avoir des outils de travail. Donc il y a un sujet d'éloignement qui n'est pas du tout le même.

  • Salomé

    Tu veux dire que les régions sont moins exposées au télétravail que la région parisienne ?

  • Cevan

    Oui, il y a moins d'impact quand même. Il y a un impact, on ne peut pas le cacher, mais qui n'est pas du tout le même qui n'est pas du tout le même. Et ça, ça a une traduction très nette sur les volumes de transactions. Donc, première tendance, c'est le télétravail. Il y a peut-être une tendance de fond aussi, qui est en fait l'évolution des modes de travail. Pourquoi ? Parce qu'il y a quand même un sujet qui est le sujet de l'expérience utilisateur. Quelle expérience on offre aux collaborateurs quand ils viennent au bureau ? Et ce qui est intéressant de voir, c'est l'évolution finalement des modes d'aménagement dans les bureaux, avec une forte influence de l'hospitalité en fait avec les codes de l'hôtellerie un vraiment qui est complètement le bureau dans le choix des matériaux dans le type d'aménagement mais aussi dans les dans les services qu'on propose en fait aux utilisateurs et ça vraiment c'est quelque chose qui est assez fort qui est très marquant à paris qui commence vraiment à se diffuser aussi dans les capitales régionales parce qu'en fait les utilisateurs sont aujourd'hui à la recherche de l'immeuble, a lors certes bas carbone, etc. mais déjà serviciel. Et il y a parallèlement à ça, comme on se rend compte que les gens vont un petit peu moins au bureau avec l'émergence du télétravail, il y a aussi ce sujet des entreprises qui est le sujet de la centralité. Et ça je pense que c'est quelque chose d'important. Aujourd'hui en Ile-de-France, Paris c'est quasiment un mètre carré sur deux qui est transacté. C'est une tendance vraiment très importante. A Lyon, on est même sur un ratio 70-30. À Bordeaux aussi, ce n'est pas homogène dans toutes les métropoles. Lille ou Toulouse sont des contre-exemples.

  • Salomé

    Pourquoi ce sont des contre-exemples ?

  • Cevan

    Parce qu'en fait, ce sont des marchés qui se sont structurés historiquement sur des parcs tertiaires périphériques. Par exemple, à Lille avec la Haute-Borne, par exemple à Toulouse avec le pôle aéroportuaire de Blagnac. Et donc, il y a une histoire des territoires qui ont façonné les marchés de bureaux. Et dans certaines métropoles, il y a des quartiers d'affaires de centralité qui ont émergé. Euralil à Lille, Euraclantic à Bordeaux plus récemment, Euronante à Nantes. Et donc qui ont permis... l'émergence de secteurs d'affaires en centralité. Et c'est vrai que ces dernières années, on a vu l'importance, aux yeux des utilisateurs, d'avoir des bureaux très accessibles dans les secteurs centraux, près des lieux où on peut aller boire un verre, après le bureau, se retrouver au cœur des écosystèmes. Et ça, c'est quand même une tendance de fond.

  • Salomé

    D'accord, c'est vraiment très intéressant de savoir faire cette comparaison. Entre Paris, les régions et même les régions entre elles, je trouve ça vraiment très chouette. Tu nous as parlé un peu des crises, donc j'aimerais qu'on vienne à parler même du marché de l'investissement. Tu m'as dit que le marché de l'immobilier était en crise, que c'était une crise qui était cyclique. Est-ce que tu peux nous faire un point sur la conjoncture, s'il te plaît ?

  • Cevan

    Alors, sur le marché de l'investissement, il a été divisé par trois ces dernières années, sur les volumes d'investissement au niveau des entreprises. Pourquoi ? Parce qu'en fait... En fait, le marché de l'immobilier d'investissement a été confronté à ce que les anglo-saxons appellent « the perfect storm » , donc la tempête parfaite. Ça arrive très rarement, mais quand ça arrive, c'est assez violent. Qu'est-ce qu'il y a eu ? Il y a eu trois facteurs importants. Le premier, c'est un choc inflationniste, qui est conséquence de la guerre en Ukraine, comme on le sait, la crise énergétique, etc. Donc ce choc inflationniste, en fait, il a été assez violent, et ça a entraîné une remontée brutale des taux directeurs pour juguler l'inflation. C'est le seul outil quasiment qu'on ait, banque centrale, pour juguler l'inflation. Et donc, remonter les taux directeurs. Et donc, ça a entraîné évidemment une remontée aussi des taux de l'OAT, des obligations souveraines. Et alors, c'est un peu technique.

  • Salomé

    Oui, l'OAT peut être ?

  • Cevan

    C'est les obligations du Trésor français. D'accord. Et en fait, il faut bien comprendre que c'est ce qui sert en fait de placement, de référence. Ok. Parce que c'est de l'obligation... C'est le placement le plus sécurisé. Et toutes les classes d'actifs, tous les produits d'épargne, que ce soit les obligations, les actions, l'immobilier, sont obligés de s'intégrer dans cette nouvelle matrice. Et donc, la conséquence directe, c'est que la prime de risque de l'immobilier a été fortement dégradée pendant cette phase de remontée des taux. Donc ça, c'est le premier choc inflationniste. Deuxième, c'est l'explosion des coûts de construction. Donc ça, ça a été très important pour le secteur de l'immobilier. Et troisième choc, c'est vraiment les fortes interrogations sur l'actif du bureau à travers le monde auprès des grands investisseurs qui étaient largement dominants dans les allocations d'actifs, quasiment 75%. Et voilà, avec l'émergence du télétravail, il y a beaucoup d'investisseurs qui se sont posés des questions, notamment sur le bureau, parfois pas très bien situé, parfois éloigné des nouveaux usages. Et donc, voilà, ces trois facteurs ont vraiment entraîné des baisses de volume d'investissement majeures sur les marchés.

  • Salomé

    Quand on a préparé aussi cette interview, tu m'as parlé des autres crises. Est-ce que tu peux me dire en quoi cette crise, celle qu'on est en train de vivre en tout cas depuis 2020, je suppose, est différente des autres ou en quoi c'est la même, etc. Est-ce que tu peux remettre un petit peu cette crise dans la perspective du cycle dont tu parlais tout à l'heure ?

  • Cevan

    Comme je te le disais tout à l'heure, en fait... Les crises de cette ampleur sont très rares sur le marché. Quand elles arrivent, elles sont en général assez brutales. Mais on a connu ce genre de crise déjà dans l'histoire du marché. La dernière en date, c'était celle qui était liée à la crise financière mondiale de 2008, où on a connu des baisses brutales des volumes d'investissement un peu du même ordre. Donc là, c'était vraiment un assèchement du crédit. Et donc, en fait, ça a provoqué des très fortes baisse des volumes d'investissement et forte remontée des taux également. On a connu aussi ce genre de crise dans les années 90. Là, c'était d'autres facteurs qui avaient déclenché cette crise. Alors, c'était multifactoriel, 91-92, entre les conséquences de la guerre du Golfe, la crise pétrolière, du coup, le krach immobilier et la récession économique. Enfin bref, l'immobilier a subi complètement aussi cette crise qui était exogène, mais aussi un petit peu endogène par le prisme de l'immobilier. Bref, une fois qu'on a dit ça, là, la crise qu'on est en train de vivre, je pense que c'est important de se rappeler qu'on a été un peu collectivement un peu aveuglé par le coût de l'argent qui était gratuit pendant quasiment dix ans, avec l'assouplissement quantitatif, le quantitative easing qui avait été déclenché à la suite de la crise des dettes souveraines en 2012. On le rappelait, ce qu'on disait à l'époque. Mario Draghi, qui était le patron de la BCE, la Banque Centrale Européenne, avec son fameux « whatever it takes » , quoi qu'il en coûte, on a eu un assouplissement monétaire majeur qui fait que le coût de l'argent était quasi nul et ça a entraîné une compression des taux pendant très longtemps. Et donc c'est vrai que quand est arrivé ce choc inflationniste et la remontée brutale des taux de 450 points de base, ça a complètement déstabilisé les marchés. Et donc, qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ? Beaucoup d'investisseurs ont levé le stylo parce qu'on a eu une très forte baisse de la valeur des actifs de facto avec une remontée des taux de cap de l'ordre de 150 à 300 points de base. C'est assez colossal. Ça a entraîné une destruction de valeur importante. Et donc, clairement, c'est vraiment comparable aux effets d'une crise financière, ce qu'on a vécu.

  • Salomé

    Je t'ai vu tiqué quand j'ai dit crise de 2020. Pourquoi t'as tiqué ?

  • Cevan

    Parce qu'en fait, moi, je considère que la crise, en fait, vraiment, elle a été déclenchée en 2022 au moment de la remontée des taux. Mais en fait, on ne l'a pas du tout vue dans les volumes d'investissement. Pourquoi ? Parce que l'immobilier, en fait, c'est un secteur dans lequel il y a beaucoup d'inertie, ne serait-ce que dans les process de vente. Et donc, c'est vraiment en 2023 que cette crise s'est matérialisée dans les volumes d'investissement. Et donc, voilà, moi, je considère que la crise, voilà, elle a vraiment commencé en 2022. Et en fait, elle va durer dans le sens où, avant de retrouver les volumes d'investissement, vraiment la belle phase qu'on a connue auparavant, autour de 25-30 milliards d'euros, il faudra du temps, en général, de manière un peu empirique. On a démontré qu'il fallait six ans avant de retrouver des volumes d'investissement comparables au cycle précédent. Ça ne veut pas dire qu'on va rester à des niveaux planchers tels qu'on l'a connu en 2023-2024. Moi, je fais partie de ceux qui considèrent qu'on a passé le point bas.

  • Salomé

    D'accord. Justement, est-ce que tu remarques que tous les segments de l'immobilier entreprise sont touchés par cette crise ?

  • Cevan

    Ils l'ont tous été au début. Oui. Tous les segments de marché. Mais certains ont rebondi beaucoup plus vite que d'autres. Déjà, on est dans un marché, évidemment, qui est très fragmenté et polarisé. On a tendance à dire parfois qu'il n'y a plus de marché pour certaines typologies d'actifs ou certaines localisations. Type le bureau, mais clairement pas partout. Il y a des bureaux qui se vendent toujours.

  • Salomé

    Dans Paris notamment.

  • Cevan

    Oui, Paris ou même dans les métropoles régionales. Mais c'est vrai qu'il y a des localisations ou des actifs vieillissants qui aujourd'hui ne sont plus du tout regardés par les investisseurs, ne serait-ce qu'avec les sujets de décret tertiaire et autres. Donc un marché polarisé et des segments de marché qui ont beaucoup plus vite rebondi que d'autres, notamment l'immobilier industriel. Oui. Et ça, c'est une tendance assez forte à travers le monde. Donc l'immobilier industriel avec notamment les actifs de logistique, d'activité. Les volumes d'investissement dans les secteurs de l'immobilier industriel ont été multipliés par deux en 2024, avec quasiment 5 milliards d'euros d'investissement. On retrouve en fait des volumes pré-crise. Et donc ça, c'est plutôt un bon signal. C'est aussi la conséquence au fait d'un repricing de la valeur de ces actifs qui a été beaucoup plus rapide que pour les actifs tertiaires. Et donc, ça a permis un réalignement entre les attentes des vendeurs et des acquéreurs. Donc, ça a permis de redonner de l'oxygène à ce marché. Et autre segment qui a redémarré assez fort, c'est toutes les stratégies value-add qu'on appelle la création de valeur sur les marchés de l'investissement.

  • Salomé

    Alors, value-add, c'est une catégorie d'actifs, c'est en fonction du risque, c'est ça ?

  • Cevan

    Tout à fait. Ça veut dire que l'investisseur est prêt à prendre une part de risque, notamment de risque travaux ou de risque locatif, dans l'intention d'injecter des CAPEX, de faire des travaux et de repositionner l'actif sur son marché. Et à la fin aussi d'avoir une création de valeur avec un sujet de réversion locative qui permet au final d'augmenter le loyer de l'actif.

  • Salomé

    Alors, est-ce que pour toi, parce que tu me parlais justement de ces dichotomies entre les différentes classes d'actifs, pour toi, les investisseurs, est-ce qu'ils se sont désintéressés complètement du bureau ?

  • Cevan

    Eh bien, pas du tout. C'est-à-dire qu'en fait, les investisseurs, dans un premier temps, il y a eu un choc et le marché a perdu vraiment en fluidité. Il ne faut pas se le cacher en fin 2022 et en 2023. Néanmoins, on recommence. à retrouver un peu de fluidité, à retrouver de l'intérêt. Il y a même des sujets qui sont mis sur le marché dans Paris, sur lesquels il y a beaucoup de marques d'intérêt d'investisseurs.

  • Salomé

    En dehors de ce dont tu me parlais tout à l'heure, du QCA, de ses stratégies, de ses emplacements en tout cas très primes.

  • Cevan

    Les emplacements les plus primes sont évidemment ceux qui sont les plus privilégiés. C'est le mouvement de flight to quality. En période de crise, on va chercher d'abord la qualité, et notamment la qualité de la localisation. Mais on a vu aussi que les actifs qui avaient été mis sur le marché, par exemple à Lille ou à Lyon, avaient fini par trouver aussi preneur. Et donc ça, c'est quelque chose d'important. On a quand même, comme je te le disais tout à l'heure, un marché qui est polarisé. Par exemple, sur le bureau, et ça c'est assez historique, on l'a démontré dans notre dernier point marché, 80% des volumes d'investissement en bureaux en Ile-de-France l'ont été uniquement dans la ville de Paris. 80% ! Alors que historiquement, on est plutôt autour de 40-45%. Donc, on a vraiment une vraie sélectivité des investisseurs. Mais il y a quand même des sujets de bureaux qui fonctionnent et un appétit des investisseurs. Pour peu que l'actif coche les cases de la centralité, de la compatibilité avec les besoins des utilisateurs.

  • Salomé

    D'accord. Je le disais tout à l'heure, peut-être un petit point sur les projections. Pour toi, quelles projections est-ce qu'on peut faire pour 2025 ? Tu nous as dit qu'on avait un peu touché les niveaux planchers, le fond de la piscine. Donc, quelle projection pour 2025, peut-être pour les années à venir si vous en avez déjà ? Est-ce que Paris se relèvera en même temps que les régions ? Est-ce que les régions vont mettre plus de temps ? Qu'est-ce que vous prévoyez ?

  • Cevan

    Alors, sur le marché de l'investissement, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on a maintenant une normalisation de l'inflation avec l'assouplissement monétaire qui a été enclenché juin 2024. Et on a eu la cinquième baisse des taux directeurs successives. Ca va apporter une vraie bouffée d'oxygène pour l'économie mais aussi pour l'immobilier à travers notamment les coûts de financement et donc ce qu'on a noté nous c'est une stabilisation des taux de rendement et ça c'est important, c'est d'avoir une stabilité donc on a vraiment, comme je te le disais, on commence à retrouver de la fluidité et un réalignement des intentions entre les vendeurs et acheteurs et ça vraiment ça va mettre encore du temps à se diffuser à se propager, il y a toujours un délai de transmission entre la politique monétaire et l'économie réelle. Il y a toujours un délai important, mais c'est quand même quelque chose de majeur, qui moi, en tout cas, me rend optimiste dans le sens où je pense effectivement qu'on a touché ce fameux plancher au fond de la piscine. Il y a quand même des petits signaux faibles qui montrent aussi qu'on a dépassé ça. On a de plus en plus d'opérations de plus de 100 millions d'euros qui s'échangent ou qui vont s'échanger en 2025. On commence à retrouver des opérations significatives en dehors du QCA, du quartier central des affaires parisiens, d'autres localisations comme Montparnasse ou encore plus récemment comme La Défense. Et à partir du moment où on retrouve ces nouveaux référentiels dans ces localisations un peu stratégiques qui donnent l'impulsion pour tout le marché, comme La Défense par exemple, ça envoie le signal aussi qu'on retrouve une hiérarchie des taux, une hiérarchie des localisations et donc des valorisations des actifs.

  • Salomé

    Il y à nouveau une entente entre les vendeurs et les acheteurs,tu veux dire ?

  • Cevan

    Tout à fait. Ça ne va pas dire qu'on a réglé tous les problèmes, parce qu'il y a encore des pans entiers de marché sur lesquels les dépréciations d'actifs sont quand même très importantes. Mais ça permet enfin de retrouver des lectures du marché, que d'avoir ces jalons comme ça sur les taux et donc sur les prix de vente. Ça va permettre de retrouver un peu plus de fluidité, pour peu que l'environnement international ne soit pas trop dégradé, pour peu qu'on ait une stabilité politique en France, parce qu'on sait que ça a un impact sur la prise de décision aussi, le cadre politique et fiscal. Et donc nous, dans nos prévisions des volumes d'investissement en 2025, on est sur un volume compris entre 13 et 16 milliards d'euros sur l'immobilier banalisé, après 12,5 en 2024.

  • Salomé

    C'est ce que j'allais te demander, la comparer par rapport à 2024.

  • Cevan

    Donc vraiment... Moi, je considère que 2025 va être une année de transition pour l'immobilier d'entreprise, clairement. Et concernant le marché des utilisateurs, nos prévisions sont ISO par rapport au volume de take-up en 2024. On va avoir des niveaux de demandes placées à peu près comparables et ce n'est pas si mal compte tenu du contexte. Donc on a une certaine résilience des marchés utilisateurs. Pourquoi ? Parce qu'il y a toujours des entreprises qui continuent de se développer ou qui ont... les projets de déménager, parfois pour des raisons d'économie, parfois parce qu'elles se développent. Donc il y a quand même toujours du mouvement. Évidemment, les chefs d'entreprise ont besoin de confiance et de visibilité pour prendre des décisions. Mais il n'empêche que, compte tenu du contexte, je trouve que ce n'est pas si mal que d'avoir une stabilité des volumes de demande placée côté marché utilisateur.

  • Salomé

    Et en région, est-ce que tu penses qu'il y a certains territoires qui vont se relever plus rapidement ? Et qu'est-ce qui pourrait expliquer des changements sur ces projections ?

  • Cevan

    Alors, en région, là, on a dépassé cette phase où on était au point bas. C'est-à-dire qu'en 2024, on recommence à voir, notamment sur le segment bureau, des volumes d'investissement qui repartent tout doucement à la hausse. Voilà. Donc là aussi, je pense que c'est important de prendre conscience aussi qu'on a dépassé cette phase de point bas. Et donc, en région, je pense qu'il y a aussi un autre, d'autres signaux faibles qui, moi, me rendent plutôt optimiste, c'est le fait qu'on ait enfin retrouvé des VEFA. C'est-à-dire que les VEFA avaient un peu complètement disparu des radars en 2023. En 2024, on a revu des VEFA se signer. Et ça, c'est plutôt de bonne augure, parce qu'on sait à quel point les marchés de bureaux en région sont dépendants de l'immobilier neuf. Il y a une vraie appétence des utilisateurs pour le neuf. Ça représente parfois 50% des volumes de transactions pour les utilisateurs. Et donc, c'est important de voir qu'il y a certaines VEFA qui recommencent à se signer. On retrouve un peu un alignement entre les promoteurs, les investisseurs et puis les besoins des utilisateurs.

  • Salomé

    D'accord. Peut-être une dernière question sur ces projections. Est-ce que tu penses qu'on peut imaginer un scénario, alors, je pense connaître la réponse étant donné que tous les éléments que tu viens de me donner, un scénario où le bureau disparaît complètement ?

  • Cevan

    Alors, pas du tout. Pas du tout parce que moi, je considère que l'entreprise est un collectif. L'entreprise est un collectif et que le bureau, en fait, c'est... Ça matérialise en fait ce qu'est une entreprise, donc ce collectif. Bien sûr, on a des évolutions de mode de travail, de façon de travailler. Bien sûr, les outils numériques nous permettent de faire plein de choses de manière isolée. Mais si à un moment donné, on ne se retrouve pas dans une aventure commune, qu'est l'entreprise, donc si on ne se retrouve pas au bureau, on passe à côté en fait de ce qu'est l'entreprise, c'est-à-dire une aventure humaine avant tout. Voilà, donc moi je fais partie de ceux qui pensent que le bureau n'est pas prêt de disparaître. Il va continuer de se réinventer. Et il se réinvente, et c'est très bien. Il s'adapte. Mais non, pas du tout. Pour moi, le bureau ne va pas disparaître.

  • Salomé

    Donc, le bureau n'est pas mort ?

  • Cevan

    Clairement.

  • Salomé

    Et bien, sur ces belles paroles, j'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Donc, la première question. Est-ce qu'il y a une maxime, un mantra ou une phrase qui t'accompagne, qui t'inspire au quotidien ?

  • Cevan

    Alors, en fait, il y en aurait deux.

  • Salomé

    Vas-y.

  • Cevan

    La première. La première, c'est la suivante, c'est il n'y a pas de prospérité sans effort. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, moi, je suis quelqu'un d'assez déterminé. Je mets toutes mes forces dans la bataille. Mais en fait, on ne peut pas s'attendre à avoir des succès si on ne travaille pas, tout simplement. Ça, c'est vraiment quelque chose qui m'accompagne au quotidien. Et puis, la deuxième, c'est être sérieux sans trop se prendre au sérieux. Alors, je m'explique. Je pense qu'il faut être sérieux, vraiment rigoureux dans le travail avec toujours ce souci d'excellence mais il faut absolument garder les pieds sur terre quand je dis il ne faut pas trop se prendre au sérieux je pense qu'il faut savoir rester humble il faut rester accessible quels que soient les succès, quelle que soit la réussite donc je pense que c'est important de faire preuve d'humilité malgré les succès

  • Salomé

    L'accessibilité je confirme que tu la représentes très bien puisque je suis ravie que tu aies accepté d'être reçu dans ce podcast sans avoir jamais écouté d'épisodes enregistrés. Donc vraiment, l'accessibilité, l'humilité, je confirme tout ça, tu incarnes parfaitement ces valeurs. La deuxième question, quelle a été la chose la plus inattendue que tu aies faite dans ta carrière ? Peut-être un moment décisif ou en tout cas un moment fort.

  • Cevan

    Alors en fait, i l y a eu deux événements pour moi assez majeurs en 2017. Donc je resitue 2017, je suis deux ans après ma prise de poche chez Arthur Loyd. Et donc je commence un peu à récolter les fruits de mes efforts, la construction d'un département et tout ce que ça implique. Et donc premier événement, c'est... Donc on sort la première édition de notre baromètre d'être activité des métropoles. On fait la première découverte d'un quotidien économique dont je t'ai le nom. Et donc, on arrive à démontrer les effets de la métropolisation en France, à montrer le lien entre la présence de talent et la création d'emplois. Bref, on arrive à démontrer les insights. Et là, on est contacté par l'Assemblée nationale, qui veut en fait qu'on fasse une présentation du baromètre aux députés dans une commission sur le développement des territoires. Et donc là, évidemment, j'ai une descente d'organes. Je me dis "Mais comment ? Non mais clairement, comment je vais me dépatouiller de tout ça ?" À ce moment-là, j'ai 35 ans. Aller présenter mon étude devant des députés. Donc heureusement, je n'y ai pas été seul. J'y suis allé avec notre président, avec Daniel Dorchies qui m'a accompagné. Et donc, ça a été vraiment quelque chose qui a marqué un peu ma carrière en 2017. Et il se trouve que la même année, en 2017, toujours dans un souci un peu de... d'innovation, on est le premier broker à décrypter le marché du coworking, qui à l'époque était un marché complètement émergent, et surtout avoir des chiffres qui permettent de le mesurer. Et donc là c'est pareil, on sort notre étude, et on est contacté par les organisateurs du salon Coworking Europe, qui veulent absolument que je vienne présenter les résultats de mon étude à Dublin, en anglais. Je ne suis pas du tout fluent. Et donc, je pars à Dublin et je présente les résultats de notre étude, une prise de parole en public. Et donc, ça a été deux événements, je crois, assez marquants dans mon parcours. Et tous deux, en fait, en 2017. Et en fait, ces deux événements, ça a permis aussi à démontrer, finalement, que le pari de créer ce département études et recherches en France était un pari gagnant. Et donc, c'est à partir de ce moment-là aussi. que j'ai eu des moyens pour développer mon service, mon département.

  • Salomé

    Le podcast, c'est du billard, en fait. OK. La dernière question, en tout cas sur ces questions un peu signatures. Qui est-ce que tu aimerais entendre sur le podcast ?

  • Cevan

    Alors, j'aimerais bien entendre deux personnes. On dit souvent que c'est dans la tempête que l'on reconnaît les vrais capitaines. Donc, j'aimerais bien entendre un capitaine d'industrie. Je pensais à Alain Taravella, qui est le PDG d'Altarea Cogedim. Parce que je pense qu'il aurait pas mal de choses à nous expliquer, notamment sur les cycles et sur la manière de mener une belle entreprise comme Altarea Cogedim. Et deuxième personne, je pense qu'on a un souci un peu de parité, entendre une grande dame de l'immobilier, qui est Arline Gaujal-Kempler, qui est la directrice générale déléguée de Foncière Inea. Parce que je suis sûr aussi qu'elle aurait un beau parcours à nous expliquer et comment aussi cet investisseur qu'est Foncière Inea à identifier les régions comme un axe aussi de différenciation dans son développement.

  • Salomé

    D'accord. Eh bien, écoute, je prends note et je vais tenter de les contacter pour voir s'ils acceptent d'être reçus sur le podcast. Merci beaucoup. Cevan, où est-ce qu'on peut te suivre ? Où est-ce qu'on peut te retrouver ?

  • Cevan

    Au MIPIM, l'événement mondial incontournable des professionnels de l'immobilier d'entreprise, donc à Cannes, mi-mars. Je serai ravi de rencontrer tous les acteurs de l'écosystème immobilier.

  • Salomé

    Et au quotidien ?

  • Cevan

    Au quotidien, à Lille et à Paris, parce que je partage mon temps entre ces deux belles villes, chez Arthur Lloyd.

  • Salomé

    Tu publies pas mal de choses aussi sur LinkedIn ?

  • Cevan

    Tout à fait, sur LinkedIn, dans la presse.

  • Salomé

    C'est vrai, dans la presse.

  • Cevan

    On a sorti notre étude. Et donc, on peut me retrouver aussi sur les réseaux, à travers les études que mon département publie.

  • Salomé

    Je te remercie beaucoup, Séven. J'ai passé un super bon moment. Je suis vraiment ravie. Je repars de là avec plein de belles explications. Je suis vraiment super contente que tu aies accepté de venir dans le podcast. Je pense que ça va être un premier épisode qui va être franchement très, très chouette.

  • Cevan

    Merci beaucoup, Salomé, pour ton invitation. J'espère que j'étais à la hauteur.

  • Salomé

    Ça, alors là, s'il y a bien un truc sur lequel je ne me fais aucun souci.

  • Cevan

    Merci beaucoup.

  • Salomé

    Je pense que tu vas avoir du succès.

  • Cevan

    Merci.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Sévan qui a accepté de répondre à toutes mes questions. et qui a formidablement introduit le sujet du podcast. J'espère que vous en avez appris autant que moi. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcast, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode de Officieux. Le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 👤 De la géographie à l’immobilier d’entreprise : une trajectoire guidée par l’expertise et le collectif

    01:29

  • 💡 Manager et décrypter le marché : études, recherches et vision stratégique

    06:59

  • 🌍 Baromètre Arthur Loyd : attractivité des régions, où en est-on ?

    13:51

  • 🏢 Bureaux, métropoles & nouveaux usages : le marché est-il en mutation ?

    18:10

  • 📉 Crise ou opportunité ? Comprendre le cycle de l’investissement immobilier

    28:27

  • 🔮 Bilan 2024 & projections 2025 : quelles tendances pour l’avenir ?

    36:22

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast – Audace, leadership et résilience

    42:27

  • Conclusion

    48:32

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