- Salomé
Hello à tous, ici Salomé, j'ai 26 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Vous l'entendrez, cet épisode est un peu différent du format habituel. Il s'agit toujours d'une conversation, mais dans laquelle mon invitée vous emmène parcourir The Island, le siège de Pernod Ricard à Paris. Émilie est responsable de la communication du bâtiment. Dans cette interview, nous avons échangé sur ce métier nouveau et atypique, sur son parcours et bien sûr sur la façon dont Pernod Ricard a travaillé sur l'incarnation de ses marques au sein de ses espaces de travail. L'enthousiasme et la passion d'Émilie lorsqu'elle parle de son métier sont communicatifs, alors je vous invite à vous laisser entraîner pour une visite unique en son genre. N'hésitez pas à nous laisser vos commentaires et à la contacter sur LinkedIn comme elle vous invite à le faire en fin d'enregistrement. Quant à moi, je vous mettrai les photos de cette visite sur LinkedIn et sur Instagram. Je vous laisse toutes les informations nécessaires dans les notes de l'épisode. En attendant, je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Émilie.
- Emilie
Bonjour Salomé
- Salomé
Emilie, je suis trop contente de te recevoir sur le podcast. Alors, on s'est rencontré ici où on enregistre lors d'une visite de votre siège. Donc là, on est à Paris. On s'est rencontré il y a un mois, un mois et demi. Je pense que comme toute personne qui visite cet endroit, j'ai été hyper impressionnée. Rien que la vue ici est incroyable. Je mettrai une petite photo sur LinkedIn et sur Instagram. Et donc, quelques jours après la visite, c'est comme ça que je t'ai proposé qu'on enregistre un épisode ensemble. Donc, je te remercie mille fois d'avoir accepté. J'avais trop trop hâte.
- Emilie
Avec plaisir. J'étais étonnée en plus parce que moi, je ne savais pas que tu venais pour repérer éventuellement pour un podcast.
- Salomé
Je ne venais pas du tout pour ça, mais c'est l'occasion qui fait le larron.
- Emilie
Parfait.
- Salomé
Alors première question qui est presque un peu une question rituelle puisque je commence toujours par celle-là : est-ce que tu peux te présenter s'il te plaît et me parler de ton parcours ?
- Emilie
Bien sûr. Alors je m'appelle Émilie Martin, je suis en charge de la communication interne de The Island, le siège mondial de Pernod Ricard et cela depuis notre emménagement ici en juillet 2020. Alors pour tout avouer, je viens de fêter mes 20 ans d'ancienneté dans le groupe, mais j'ai un parcours vraiment très atypique car je viens de la finance. J'ai commencé ma carrière au sein de la société Paul Ricard, qui est la holding familiale du groupe Pernod Ricard sur l'île des Embiez dans le Var. Eh oui, je prenais le bateau tous les jours, Salomé, pour aller travailler. Et puis, j'ai rencontré mon mari, un Parisien, et je suis donc devenue Parisienne en intégrant une filiale de distribution de Pernod Ricard, Middle East and North Africa, où j'étais en charge du cash et du contrôle interne, voilà. C'est pas trop trop sexy. Et là, après mon premier enfant, j'ai eu envie de changer de cap, de changer de vie, professionnelle je précise, vers un poste plus orienté vers la com. Et j'ai eu la chance et l'opportunité de m'occuper d'un super projet qui était la coordination du projet de déménagement de Pernod Ricard. Un gros projet hyper passionnant, transversal, qui a duré 4 ans et qui m'a permis de travailler main dans la main avec les architectes du projet Sagues & Partners, mais aussi et surtout avec le directeur de la communication du groupe qui m'a proposé à l'issue de ce projet ce poste de responsable de la communication de The Island, notre nouveau campus situé en plein cœur de Paris sur la gare Saint-Lazare.
- Salomé
Incroyable de faire toute sa carrière sur une île, c'est trop la classe. Bon alors ici, c'est peut-être pas aussi chaud que l'île des Embiez, bien qu'aujourd'hui on a beaucoup de soleil, donc c'est trop chouette. Qu'est-ce que ça veut dire d'être responsable de la communication d'un siège social et qu'est-ce qui te plaît le plus dans ce métier ?
- Emilie
Plus concrètement, je suis en charge d'animer le bâtiment en proposant et en coordonnant des activités et des événements pour les 1200 collaborateurs du site. Je suis en charge aussi de l'identité musicale et l'identité olfactive de Pernod Ricard pour développer ainsi une expérience à 360 degrés. Et j'ai gardé également ma casquette de coordinatrice du projet de déménagement puisque je suis en charge de la décoration du bâtiment, mais aussi des visites d'inspiration à l'externe et c'est comme ça qu'on s'est rencontré Salomé. C'est donc un rôle d'ambassadrice du bâtiment en définitive aussi bien à l'interne qu'à l'externe pour faire rayonner notre marque employeur. Alors, difficile de dire ce que j'aime le plus dans mon job parce que j'aime tout. Mais si je dois choisir, c'est sûrement le fait de me sentir libre de proposer de nouvelles idées, de nouvelles initiatives. Par exemple, le projet de création de l'identité olfactive de Pernod Ricard sur lequel j'ai adoré travailler, mais aussi le lancement d'un club de lecture ou d'atelier d'écriture. Et ce que j'aime le plus dans mon rôle, c'est de faire plaisir aux collaborateurs en leur offrant plus de bien-être et plus de qualité de vie au travail.
- Salomé
Alors, peut-être juste avant de passer à la visite du bâtiment, est-ce que tu peux juste nous dire quelques mots sur Pernod Ricard ?
- Emilie
Pernod Ricard, c'est un groupe qui fête ses 50 ans cette année, qui est né du rapprochement entre Pernod et Ricard en 1975. C'est aujourd'hui un leader mondial du secteur des vins et spiritueux avec un chiffre d'affaires consolidé d'environ 11,6 milliards d'euros sur l'exercice fiscal 2024. Mais Pernod et Ricard, c'est surtout c'est surtout, oui, c'est très important ça, 19 000 collaborateurs qui travaillent dans 60 pays, 94 sites de production, plus de 200 marques distribuées dans plus de 160 pays. C'est un gros groupe avec un portefeuille de marques très diversifié et on trouve notamment la vodka Absolut, le pastis Ricard bien sûr, les whisky Ballantines, Chivas Regal, Royal Salute, The Glenivet, Jameson, le cognac Martel, le rhum Havana Club, le gin Beefeater ou les champagnes Mum et Perrier Jouet. Alors pour moi, Pernod Ricard se caractérise et se différencie surtout par sa culture d'entreprise unique. En un mot, c'est la convivialité. Et c'est notre raison d'être, nous sommes créateurs de convivialité. Et cette convivialité, j'essaie de la faire rayonner au quotidien dans mon métier.
- Salomé
Bon, j'ai spoilé à la question précédente un tout petit peu l'épisode, donc aujourd'hui le format va être un peu différent des épisodes que j'ai enregistrés précédemment, puisqu'on va faire une visite du bâtiment. Donc avant d'entrer dans le bâtiment, on n'arrive pas à n'importe quelle adresse.
- Emilie
Non, pas à n'importe quelle adresse, Salomé, mais une adresse exceptionnelle pour Pernod Ricard, puisque nous sommes situés aux 5 cours Paul Ricard. Il faut dire qu'à la base, il s'agissait d'une impasse qui n'avait pas de nom. Alors, nous avons suggéré pendant le projet de déménagement de la baptiser avec une nouvelle adresse qui avait du sens pour nous, avec le nom de notre fondateur, Paul Ricard. Et par chance, notre bailleur, Union Investment et la mairie du 8e arrondissement ont accepté cette proposition. Et sur ce cours, on trouve aussi la fondation Pernod Ricard, qui est ouverte au public et qui soutient la création artistique émergente avec un programme d'exposition, de performance, de rencontres et d'événements autour de l'art et de la ville. Et on trouve en son sein un café-librairie, même brasserie, très très très sympa aussi pour aller le midi, c'est très bon, baptisé le café Mirette, qui était le petit surnom de l'épouse de Paul Ricard.
- Salomé
Alors malheureusement, on a un timing à tenir, donc on n'aura pas le temps de prendre un petit café là-bas ce matin. Donc on va démarrer la visite du bâtiment, donc en arrivant dans le hall, il y a immédiatement quelque chose de très immersif, tu en as parlé un tout petit peu tout à l'heure, une signature olfactive. C'est une idée qui est super surprenante pour un siège social. On a l'habitude de voir ça pour des commerces ou des hôtels. Quand et comment est venue l'idée de cette dimension sensorielle ?
- Emilie
Effectivement, c'est un projet original et innovant qui me tenait vraiment à cœur et que nous n'avons pas eu le temps de développer pendant la phase du projet de déménagement. Alors, après le déménagement et après avoir obtenu ce poste, je n'avais qu'une idée en tête, c'est de lancer ce beau projet et peu de personnes le savent, mais l'odorat est le sens le plus puissant, le plus sensible et le plus précis que nous ayons. Et pourtant, c'est le seul des sens qui n'est pas étudié à l'école. On a tous en tête l'odeur de sa maison de famille, de la maison de nos grands-parents, de notre école maternelle primaire. L'objectif, c'était de faire vivre la même expérience olfactive à l'ensemble de nos collaborateurs à travers le monde et à tous nos visiteurs. Et pour que notre culture, nos valeurs, notre identité corporate passe aussi par l'odorat via ce parfum, avec un parfum qui nous ressemble en définitive et qui nous rassemble. Et pour cela, on s'est inspiré des îles Paul Ricard. Alors voilà, l'île des Embiez et l'île de Bendor qui font partie de l'histoire du groupe puisque Paul Ricard a acheté ces îles dans les années 50 et on voulait célébrer l'art de vivre en Provence. Alors naturellement, on a choisi un partenaire pour nous aider, Rose & Marius, la première marque de haute parfumerie de Provence localisée à Aix-en-Provence et le processus de création de la marque. La création de parfum a été super collaborative puisqu'on a impliqué 80 collaborateurs qui ont participé à des ateliers de parfum pour choisir les notes principales du parfum qui rentraient dans le brief des odeurs du sud de la France. Et les notes principales qui ont été sélectionnées sont l'iode, la mer, le thym, les plantes aromatiques à l'absinthe, le jasmin et l'immortel, c'est une fleur qu'on trouve beaucoup sur l'île des Embiez. Et le nom Les Embruns by Pernod Ricard, tu l'auras compris, c'est un clin d'œil à l'île des Embiez, mais aussi aux références aux embruns iodés de la Méditerranée. Et on retrouve cette fragrance à The Island, donc ici, notre campus, mais aussi dans tous les halls d'accueil des filiales de Pernod Ricard à travers le monde, pour que les collaborateurs puissent vivre cette même expérience, aussi bien à Paris, à Marseille ou au Japon. Et on a remporté deux prix en 2024 pour ce parfum, dont la médaille d'argent du prix Stratégie du Brand Content. Et les collaborateurs l'apprécient tellement qu'on a dû négocier des tarifs spécifiques pour les commandes internes. C'est marrant.
- Salomé
C'est fou. Et tu sais que c'est trop drôle parce qu'hier, j'ai assisté à une conférence sur l'impact des neurosciences dans le design des espaces de travail. J'ai pensé à toi direct parce que justement, ils disaient que l'odorat, c'était un sens qui était peu travaillé par les entreprises, même celles dont c'est le cœur de métier, comme par exemple les industries de la parfumerie. Alors, ensuite, on est toujours dans le hall. On a cette banque d'accueil qui ressemble à un bar avec un comptoir. Derrière, il y a des bouteilles. Donc, dès l'entrée, on ressent la convivialité de l'endroit. Donc, tu nous as parlé tout à l'heure des valeurs de Pernod Ricard. Je suppose que c'était une volonté dès la conception du projet.
- Emilie
Effectivement, nous souhaitions que l'ADN de Pernod Ricard se matérialise en quelque sorte dès l'entrée dans notre hall d'accueil, que nos collaborateurs et nos visiteurs puissent tout de suite identifier où ils se trouvent lorsqu'ils entrent dans le bâtiment. De ce fait, on a pensé à décorer ce hall comme un vrai bar, comme on le retrouve dans les établissements qui vendent nos marques, comme dans les bars, les hôtels ou les restaurants. Et il y a donc, tu l'as vu, un vrai back bar avec des étagères où l'on trouve plus de 500 bouteilles. Alors, c'est des factices, je précise, juste derrière nos hôtesses et nos hôtes d'accueil et qui reflètent vraiment la convivialité du groupe.
- Salomé
Et à côté du bar, il y a une œuvre de Dali. Donc, bien sûr, ça fait aussi partie des éléments qui marquent lors de la visite de vos bureaux. Ce n'est pas un choix anodin. Tu nous as raconté une vraie histoire derrière.
- Emilie
Carrément, ce tableau a une vraie histoire. Il s'agit d'un chef-d'œuvre de 3 mètres de hauteur par 4 mètres de longueur et qui trône dans le hall d'entrée de The Island. On ne peut pas le rater, c'est le plus grand tableau de Dali en termes de dimensions. Ce tableau s'appelle la pêche au thon. C'est Paul Ricard qui l'a acheté en 1967, avant même qu'il ne soit fini. Et lors d'un voyage en Catalogne, Paul Ricard, qui était passionné lui-même de peinture, il a fait des beaux-arts, rencontre Salvador Dali à son domicile. Il y découvre cette toile monumentale, encore inachevée, et il va décider de l'acquérir. Et pour la petite anecdote, ça les gens aiment bien, il a été volé un soir de juillet 1973 dans la galerie d'art de l'île de Bendor. Et il a été retrouvé cinq ans plus tard, plié, découpé au rasoir, dans un casier de consignes à Paris et sa remise en état a pris plus de 750 heures de travail. Alors, lorsqu'en juillet 2020, le siège de Ricard à Marseille, où il était exposé, a décidé de déménager aux docks, il n'avait plus de place pour l'accueillir. Forcément, nous, on a levé le doigt et on a dit oui, nous, on va saisir cette opportunité, on va remonter le tableau à Paris et l'installer dans notre hall parisien. Et nous sommes très fiers maintenant de pouvoir le montrer à nos collaborateurs et à nos visiteurs. Et tu as vu Salomé, ce tableau, il est très coloré. On y retrouve toutes les techniques qu'a expérimenté Dali durant sa carrière. Il s'intègre parfaitement dans le hall du bâtiment, qui a été imaginé à la base très blanc, très pur par l'architecte du bâtiment, Jacques Ferrier. Et j'adore introduire les visites du bâtiment par une petite présentation de ce chef-d'œuvre. C'est ma petite minute culturelle. Et les visiteurs sont assez étonnés et apprécient vraiment ce moment. Alors,
- Salomé
la culture, on aura l'occasion justement d'en reparler un peu plus tard, parce que je sais que c'est un sujet qui te tient vraiment à cœur. On continue notre visite pour monter dans les étages. On emprunte l'ascenseur. Alors, la signalétique ici ressemble à des cartes de cocktail. Donc, ce soin du détail, cette volonté de raconter une histoire à chaque étape du parcours collaborateur, je suppose que c'est une manière de renforcer l'appartenance à la marque ?
- Emilie
Tout à fait. Dès qu'on franchit effectivement les portes de sécurité pour arriver aux ascenseurs, on tombe sur une signalétique très originale qui fait tout de suite référence à des cartes de menus de restaurant, des cartes de cocktail. Il faut savoir que nous souhaitions vraiment incarner nos marques et notre identité dans les murs du bâtiment et on est allé très loin avec nos architectes pour faire ça. Par exemple, toutes nos salles de réunion portent des noms de filiales, de nos fondateurs aussi et des ingrédients de cocktail. Ici, on est dans la salle Manhattan. Donc, c'est ma salle de réunion préférée. Et c'est aussi mon cocktail préféré. Donc, voilà, moi, je t'accueille dans un endroit qui me tient à... Et en termes de déco, on a aussi décoré les murs des escaliers de secours avec l'histoire de nos marques stratégiques. Et on a choisi des citations qui font référence à nos marques ou à notre histoire pour décorer les espaces de travail.
- Salomé
Et alors, justement, l'incarnation des marques de Pernod Ricard, elle n'est pas seulement visible dans les ascenseurs, elle est visible au niveau des espaces café, dans les étages, dans les lobby bars. Alors effectivement, il y a les noms de cocktails sur les salles de réunion. Mais est-ce que tu peux nous décrire ces lobby bars, nous expliquer comment vous êtes arrivés à créer ces espaces ? Et en dehors de l'esthétisme, en quoi est-ce qu'ils sont l'incarnation du groupe ?
- Emilie
À The Island, nous avons effectivement 14 lobby bars, deux à chaque étage et à chaque sortie d'ascenseur. Ils sont décorés comme de vrais bars et ils incarnent vraiment l'univers de nos marques. Ces lobby sont devenus de vrais espaces de vie et de convivialité pour les pauses café. Et ils servent aussi de lieu de réunion informelle. Je précise encore, on ne boit que du café. L'alcool n'est pas en libre-service chez Pernod Ricard, comme dans toutes les entreprises. Mais ces lobby-bars ont été vraiment aménagés main dans la main avec les brand managers de chaque marque et nos architectes pour incarner au mieux les codes de nos marques. On constate que l'incarnation des espaces et leur aménagement favorisent vraiment la convivialité, avec une convivialité dite de proximité je pense, via les pauses café dans ces lobby bars qui sortent largement comme les endroits préférés des collaborateurs dans les enquêtes de satisfaction. Et lors des visites que j'organise, tu as vu, je remarque souvent que les visiteurs sont assez impressionnés par ces espaces si incarnés et si pleins de vie tout au long de la journée.
- Salomé
Oui, c'est vrai que c'est quelque chose qui m'a beaucoup marquée. Alors, ces espaces, ils sont iconiques. C'est vrai que c'est assez incroyable quand on les voit, ces tisanneries, c'est très original. Et en même temps, ça s'intègre parfaitement. Et puis, en fait, moi, j'ai été impressionnée par, effectivement, la vie qu'il y avait. Mais alors, des gens qui sont là, qui se parlent, qui prennent un café, et même des gens qui sont là avec le casque sur la tête, l'ordi. Et en fait, ce n'est pas choquant. Ça vit et c'est hyper agréable. Enfin, moi, vraiment, ça m'a marquée parce que, même si les bureaux sont calmes, on sent qu'il y a certains endroits où, effectivement, il y a du bruit. Ça vit, c'est hyper agréable. Et justement, en parlant de bruit... Il y a un détail qui fait vraiment la différence, c'est que vous avez développé une véritable identité musicale pour The Island, avec des playlists qui sont associées à vos marques, même un morceau spécialement composé pour les 50 ans du groupe. Pourquoi est-ce que la musique a une place si importante ici ?
- Emilie
La musique, c'est vraiment dans l'ADN de Pernod Ricard aussi. Elle permet de créer une atmosphère conviviale, elle booste la créativité, elle rend, j'ai envie de dire, chaque journée de travail plus inspirante. Et à The Island, nous avons carrément créé une identité musicale corporate avec une playlist sur mesure qui est diffusée en permanence à l'accueil pour parfaire justement l'accueil de nos visiteurs et de nos collaborateurs et être immergé tout de suite dans l'univers de The Island. Ça vient compléter l'identité olfactive avec le parfum et l'identité visuelle avec nos marques et nos bouteilles. Mais nous avons aussi développé des playlists spécifiques pour chacun de nos lobby bars à tous les étages qui reflètent l'identité musicale de chaque marque stratégique des lobby bars. Et en parallèle, nous créons aussi des playlists pour tous les événements que l'on organise en interne, disponibles et accessibles pour tous sur Spotify et Deezer. Et cerise sur le gâteau, cette année, nous célébrons les 50 ans du groupe et nous avons créé spécialement pour l'occasion un tube avec le groupe Belhara qui est diffusé dans tous les lobby et à l'accueil tout au long de la journée aussi, tous les 10 ou 20 tubes.
- Salomé
Compte sur moi pour mettre le lien dans les notes de l'épisode parce que moi, je l'ai écouté. Effectivement, il est disponible sur Spotify. Est-ce que cette vision du bureau comme un lieu d'expérience et non plus seulement comme un espace de travail, ça a été un moteur dans le projet dès le départ ?
- Emilie
Complètement. Dès le début du projet et même aux prémices du projet, quand nos architectes nous proposaient de faire des visites d'inspiration dans d'autres sièges, ce qui nous plaisait, ce n'était pas du tout l'atmosphère des bureaux classiques, mais plutôt des lieux d'expérience chaleureux, un peu comme dans un hall d'hôtel par exemple. Ce qui nous ressemble le plus en définitive, ce sont les lieux conviviaux, chaleureux, qui incarnent mieux notre univers, nos valeurs, notre culture, se sentir en quelque sorte au plus proche de nos consommateurs et de nos clients et j'ai envie de dire un petit peu comme à la maison.
- Salomé
Alors justement, on entend de plus en plus parler aujourd'hui avec le développement du télétravail pour attirer les collaborateurs que le bureau doit même être encore mieux qu'à la maison. C'est d'autant plus vrai que le flex office crée des résistances. Justement... The Island est entièrement en flex, même la direction n'a pas de bureau fermé. Comment est-ce que vous avez accompagné ce changement pour qu'il soit bien accompagné ?
- Emilie
À The Island, on est tous en flex. Alors un flex, mais pas un total flex, dans la mesure où on a quand même des zones attribuées par département ou par filiale. Mais effectivement, personne n'a de bureau fermé, pas même notre PDG Alexandre Ricard. Et ça, ça a été un point fort du projet. Quand on a déménagé en juillet 2020, Alexandre Ricard souhaitait un nouveau siège qui incarnait la modernité du groupe, la digitalisation et la recherche de performances, tout en préservant le bien-être des collaborateurs. Et il a incarné lui-même ce changement qui a eu un effet moteur sur l'accompagnement pour tous les collaborateurs vers le flex, ça c'est sûr.
- Salomé
Même si le flex a des avantages pour les entreprises, les collaborateurs lui reprochent quand même souvent de dépersonnaliser les espaces. C'est pas ce qu'on ressent quand on est ici, notamment avec les photos des collaborateurs sur les casiers. Comment est-ce qu'elle vous est venue cette idée ?
- Emilie
En fait, depuis 2020, j'organise une campagne de photos tous les six mois pour personnaliser les casiers des collaborateurs, pour donner plus de vie en définitive aux espaces de travail. Les collaborateurs adorent ça. Nous sommes en flex, on l'a dit, mais nous avons une zone attribuée pour notre équipe et nous avons aussi chacun un casier. Et ces magnets photos que l'on colle sur nos casiers, c'est une façon de plus de personnaliser et d'incarner les lieux. Ce sont des photos en plus simples,originales, colorées. Les collaborateurs peuvent venir avec des accessoires, des lunettes, des chapeaux, même des bouteilles de leur marque préférée. Et pour la petite anecdote, les fonds colorés (je suis allée très loin), les fonds colorés des photos reprennent la palette des couleurs des lamelles de verre que l'on retrouve sur la façade de l'immeuble. Et les collaborateurs ont accès au format digital de leurs photos et peuvent ainsi personnaliser leur profil Teams ou leurs réseaux sociaux. Et du coup, ils sont hyper ravis d'y participer.
- Salomé
C'est vrai qu'on remarque bien ta signature dans la recherche des détails. Elle ressemble à quoi ta photo à toi ?
- Emilie
Alors moi, ma photo, j'en ai fait plusieurs, je l'avoue. Normalement, on n'a pas le droit, mais...
- Salomé
Petit privilège de la communication.
- Emilie
Petit privilège. J'ai plusieurs photos. J'en ai une avec une veste très colorée, avec une bouteille de Ricard dans la main. J'en ai une autre un peu plus d'hiver, un peu plus corporate. Bref, je change au fur et à mesure des saisons. J'aime bien.
- Salomé
On monte ensuite dans les étages, on arrive au Sky Bar, on est au 7e. Alors c'est vraiment un endroit à part, est-ce que tu peux nous le décrire ?
- Emilie
Alors le 7e étage de The Island, c'est vraiment un étage particulier. C'est le plus bel étage du bâtiment et nous souhaitions vraiment en faire un vrai lieu de vie accessible à tous et ouvert à tous, les collaborateurs. Le but c'était que tout le monde puisse s'y croiser, s'y rencontrer. Et pour cela, on a trouvé une petite astuce. À cet étage, on trouve exclusivement des salles de réunion et des salles de réception modulables. Donc pas du tout des espaces dédiés à la direction ou des open space. C'est donc un point fort du projet. Ce septième étage n'est pas réservé à une direction, mais ouvert à tous les collaborateurs, ce qui favorise la circulation dans le bâtiment puisque tout le monde peut réserver sa salle de réunion au septième, comme aujourd'hui. Et c'est ce qu'on a fait ce matin puisque nous sommes justement dans une magnifique salle.
- Salomé
Et il y a cette terrasse avec des vues sur tout Paris.
- Emilie
Effectivement, le Sky Bar, c'est notre espace emblématique avec des vues à 180 degrés sur Paris. Il est ouvert toute la journée aux collaborateurs. Et c'est un espace informel avec des canapés et surtout un bar incroyable avec une terrasse attenante de 150 mètres carrés et bien sûr, un terrain de pétanque. C'est l'espace qui incarne effectivement le mieux, selon moi, l'esprit de The Island et l'art de la convivialité, je pense.
- Salomé
Vous l'utilisez souvent ce terrain de pétanque ?
- Emilie
Carrément, on organise même des concours de pétanque.
- Salomé
Il y a des choses avec lesquelles on plaisante pas !
- Emilie
Oui !
- Salomé
Avoir une telle ouverture sur Paris, je trouve que c'est une vraie source d'inspiration. Je trouve que vraiment dans cette salle, on se sent vraiment très bien. Est-ce que l'environnement influe sur la manière dont vous collaborez, vous réfléchissez ensemble ?
- Emilie
Si on peut faire un point, quatre ans et demi après le déménagement, on voit que les passerelles entre les différentes fonctions et filiales sont de plus en plus visibles. Il y a de plus en plus de collaboration et de synergie. Les gens se connaissent, se rencontrent, travaillent ensemble de plus en plus et peut-être même de mieux en mieux, j'ai envie de dire. C'est indéniable être au centre de Paris, dans un bâtiment aussi lumineux, agréable et incarné, se reflète aussi sur notre taux de fréquentation. Les gens aiment venir travailler ici à The Island. Contrairement à beaucoup d'entreprises qui viennent visiter The Island, on a pas de problème pour attirer les collaborateurs au bureau. Je crois qu'on a environ 70% de taux de fréquentation au quotidien, sauf le vendredi où la fréquentation diminue plus autour des 30. Mais en termes de marque employeur, on le remarque d'ailleurs, c'est un véritable atout pour tous les entretiens d'embauche et pour attirer les talents.
- Salomé
C'est vraiment un super outil de travail. Je vois que tout est pensé pour encourager les échanges et la transversalité. Avec du recul, qu'est-ce que vous avez vu comme changement concret ? Parce que tu nous disais que tu avais remarqué que la communication entre les services et les filiales s'améliorait. Quels sont les changements concrets que vous avez observés dans la façon dont les équipes travaillent ensemble ?
- Emilie
On voit que l'incarnation des espaces et leur aménagement favorisent vraiment la convivialité, avec cette convivialité de proximité, via les postes café avec une appropriation de ces espaces informels. Les lobby bars, les terrasses, notamment au début, quand on a déménagé, les terrasses étaient un peu vides. Mais maintenant, quatre ans et demi après, les gens adorent venir travailler ou se retrouver sur les terrasses. Et ces endroits, lobby bars, terrasses, ressortent largement comme les endroits préférés des collaborateurs dans nos enquêtes de satisfaction. Et au-delà des indéniables bénéfices en termes de créativité, de performance ou de productivité, je pense que la satisfaction sincère exprimée par nos collaborateurs et leur qualité de vie au travail, c'est aujourd'hui notre plus grande réussite.
- Salomé
On arrive au terme de notre visite. Je voulais aussi parler de la façon dont vous faites venir la culture et l'inspiration au bureau, autrement que par les espaces. Donc toi, tu as créé ce que je trouve trop, trop chouette, un club de lecture au sein du siège avec une vraie dynamique autour des rencontres littéraires. On en parlait juste avant hors micro. Qu'est-ce qui t'a donné envie de créer cet espace d'échange autour des livres ?
- Emilie
Alors ce club de lecture, je l'ai lancé il y a maintenant plus d'un an et il me tient particulièrement à cœur. C'est incroyable parce qu'il compte maintenant près de 200 collaborateurs membres et passionnés de lecture. En créant cette communauté, je souhaitais tout simplement au début partager ma passion et le bonheur de mes moments de lecture avec d'autres lecteurs. Une raison de plus de se lever le matin pour aller travailler et d'aller à la rencontre de ses collègues en définitive, donner plus de vie à notre quotidien. Et c'est fou car l'engouement des collaborateurs a été vraiment exceptionnel. Le club de lecture a pris littéralement son envol. J'organise maintenant des rendez-vous littéraires tous les mois, sous forme d'interviews et de séances de dédicaces. Et j'ai eu la chance d'accueillir des auteurs incroyables. Pour les plus connus, Akira Mizubayashi, Philippe Collin avec le barman du Ritz, en plus en lien avec notre business, Amélie Nothomb, et bientôt, Miguel Bonnefoy, Camille De Peretti, Maud Ventura. Mais j'ai des auteurs aussi un peu moins célèbres. J'ai également accueilli des collaborateurs ou des anciens collaborateurs qui ont écrit des romans et qui se consacrent maintenant à l'écriture. Et qui aiment partager ainsi leur expérience à leurs anciens collègues. Ça, c'est très riche. Et en parallèle, j'ai pu créer un partenariat aussi avec une librairie indépendante, la librairie Fontaine Haussmann, dans notre quartier. Et elle participe à ces rendez-vous littéraires qui permettent aux collaborateurs d'acheter directement sur place les livres pour les faire dédicacer avec une petite remise en plus. Et je m'occupe de notre bibliothèque d'entreprise qui est localisée dans notre game room au cinquième étage et qui compte plus de 500 références. Et ça permet aux collaborateurs d'emprunter gratuitement des livres tout au long de l'année et d'accéder ainsi à des nouveautés littéraires, puisque j'ai un budget pour l'achat de livres subventionnés par notre CSE.
- Salomé
Vraiment, je trouve ça top. Félicitations pour ça. Tu t'attendais à un tel engouement ? 200 collaborateurs, c'est énorme quand même.
- Emilie
Non, en fait, au début, je me suis dit, on va être 10, 15, autour d'un petit café. Au début, je les faisais pour le petit déjeuner. Et en fait, maintenant, ça a pris beaucoup plus d'ampleur. Donc, je réserve le Sky Bar entre midi et 14h. Donc, c'est vraiment une belle initiative, une belle activation. Et les collaborateurs sont à l'affût des prochaines dates. Ils me croisent dans l'ascenseur et me demandent, c'est quand la prochaine date ? Tu envoies quand le save the date ? C'est qui qu'on reçoit ?
- Salomé
Et alors, qui est-ce que tu reçois ?
- Emilie
Miguel Bonnefoy avec Le rêve du Jaguar qui a remporté le prix de l'Académie française 2024 et le Prix Femina. C'est un franco-vénézuélien. Et figure-toi que c'est une collaboratrice de Pernod Ricard qui a vécu au Venezuela et qui était à l'école française avec cette auteure quand elle était jeune. Et du coup, elle a pu me mettre en relation et c'est comme ça qu'il a accepté de venir.
- Salomé
J'ai l'impression qu'à chaque fois que je te pose une question, il y a une histoire incroyable derrière. J'ai l'impression que dès que je tire un fil, je tombe sur une histoire. C'est quoi, toi, tes livres préférés, ton style de livres préférés, peut-être, si tu n'as pas des favoris ?
- Emilie
Alors moi, j'adore lire. Je pense que je lis un livre par semaine. Et ce que j'aime le plus, c'est les histoires qui mêlent peut-être des sagas familiales, qui se déroulent à plusieurs temporalités et qui mêlent aussi des faits historiques. Voilà, j'aime bien apprendre en lisant et voyager aussi en lisant. Quand ça se déroule sur plusieurs continents, j'aime bien aussi.
- Salomé
Donc peut-être des livres à conseiller ?
- Emilie
Oui, j'en ai plein. plein. Justement, la dernière autrice que j'ai reçue, c'est Laetitia Deluca. Elle a publié son premier roman pour la rentrée littéraire 2025. Ça s'appelle L'amour et autres mensonges et ça se déroule à moitié en France, à moitié au Chili et à double temporalité puisque c'est aussi pendant la révolution au Chili en 1970. Donc, on apprend beaucoup sur cette période et il y a une histoire aussi d'amour en parallèle. J'aime bien aussi.
- Salomé
Et donc, en plus de ces clubs de lecture, vous organisez plein d'autres choses, des ateliers d'écriture, des conférences, des ateliers de jardinage, vous avez un ciné-club,
- Emilie
un karaoké.
- Salomé
Donc The Island, j'ai l'impression que c'est aussi un lieu, même au-delà d'être un lieu de culture, j'ai l'impression que c'est un lieu de loisirs et d'apprentissage en fait.
- Emilie
Carrément, The Island, c'est un lieu d'apprentissage, de rencontres, où on offre la possibilité aux collaborateurs de s'épanouir à travers des activités ou des expériences. Tout cela, ça contribue à la qualité de vie au travail, pour aussi augmenter leur créativité, leur bien-être et renforcer la cohésion des équipes, et tout simplement créer du lien entre les gens.
- Salomé
Merci beaucoup, Émilie. On arrive au terme de cette visite. Merci de nous avoir fait visiter The Island sous un format un petit peu différent de ce dont tu as l'habitude. On va passer aux questions signatures du podcast. Donc tout d'abord, la première, est-ce qu'il y a une maxime, un mantra ou une phrase qui t'accompagne au quotidien, qui t'inspire ?
- Emilie
Je dirais tout naturellement la citation de Paul Ricard, « Quoi de mieux qu'une île pour rêver ? » On trouve cette citation à l'entrée dans le hall du bâtiment et elle m'a suivie tout au long de ma carrière car j'ai commencé, là je l'ai dit, à travailler sur l'île des Embiez et je travaille maintenant à The Island sur une île, même à Paris. Et quand on a fait le projet justement d'aménagement du bâtiment, c'est moi qui avais trouvé cette citation pour la mettre dans le hall. Voilà, donc je suis assez fière de la voir tous les jours maintenant quand je passe.
- Salomé
Une deuxième question. Quelle a été la chose la plus inattendue que tu aies faite dans ta carrière ? Un moment décisif ou un moment fort ?
- Emilie
Tout simplement passer de la finance à la communication. Je pense qu'il y a un gap. Et du sud à Paris, un virage à 360 degrés, mais toujours avec la même passion, Salomé.
- Salomé
Qui est-ce que tu aimerais entendre sur le podcast ?
- Emilie
Sans hésiter, j'aimerais entendre nos architectes, Sagaz & Partners, avec qui on a travaillé main dans la main pendant presque 4 ans pour faire de ce beau projet une réalité et une vraie réussite, je pense.
- Salomé
Bon, je spoil pas trop, mais je pense qu'on va y arriver. Où est-ce qu'on peut te suivre et te retrouver ?
- Emilie
Sur mon compte LinkedIn, évidemment. En plus, je dévoile pas mal de fun facts et d'astuces sur la déco du bâtiment, nos événements, nos espaces de travail. Et donc, je vous suggère d'y jeter un coup d'œil.
- Salomé
Merci mille fois, Émilie, d'avoir répondu à toutes mes questions. Je suis trop ravie. J'ai très, très, très hâte de le partager. Je suis sûre que tu vas avoir un succès fou. Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Émilie qui a accepté de répondre à toutes mes questions avec bonne humeur et enthousiasme. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn mais aussi sur Instagram où je vous livre les coulisses du podcast. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcast, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode d'Officieux. le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.