- Speaker #0
Alors, tu es au bon endroit. Bienvenue dans OrthoBoost, le podcast qui va semer des graines de réflexion sur ta posture professionnelle, t'aider à te sentir plus alignée et confiante dans ton quotidien d'orthophoniste. Ici, on va parler de communication, d'écoute, de leadership, de gestion des émotions et de tout ce qui peut booster ta pratique d'ortho. Parce qu'être une ortho bien dans ses baskets, ce n'est pas que maîtriser des techniques de rééducation. Alors bienvenue Audrey, aujourd'hui, bonjour !
- Speaker #1
Bonjour, merci beaucoup de m'avoir invitée sur ce podcast.
- Speaker #0
Je te propose qu'on commence par une présentation. Est-ce que tu veux bien te présenter comme tu le souhaites ?
- Speaker #1
Oui. Avec plaisir. Je suis orthophoniste depuis presque 20 ans. Jusqu'à l'année dernière, j'avais une pratique exclusivement en centre hospitalier universitaire, en néonate et en gastronutrition pédiatrique. J'accompagnais au quotidien des nourrissons et des jeunes enfants qui présentaient des difficultés de succion, des difficultés d'alimentation, au sein d'une équipe d'experts et de professionnels passionnants. Ça a son importance aussi pour la suite. Je me suis vraiment spécialisée sur le terrain avec de nombreuses formations en périnatalité, en troubles alimentaires pédiatriques et ensuite en allaitement avec la certification d'IBCLC. Et puis, suite à de nombreuses demandes de collègues, je me suis lancée aussi il y a plus de dix ans dans la formation, dans la transmission, le partage de connaissances, donc via la formation aux orthophonistes. Et suite à tout ce travail de formation, j'ai cofondé aussi avec mon ami et collègue Emeline, Happy Ortho, qui est un espace de formation et de ressources pour les orthophonistes et dédié à l'accompagnement des troubles alimentaires pédiatriques. Et puis j'ai une autre casquette qui est celle de coach de vie certifié, parce qu'au fil des années je me suis rendu compte que nos outils techniques ne suffisaient pas. toujours à se sentir bien dans son métier et dans sa vie et donc aujourd'hui je jongle avec ces différentes casquettes avec un immense plaisir Merci beaucoup
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous dire ce qui t'a amené au coaching ?
- Speaker #1
Alors ce qui m'a amené au coaching j'en avais une image un petit peu avant un peu erronée parce que j'avais en tête que le coaching c'était quelque chose où un coach, donc quelqu'un allait nous dire comment il fallait faire, comment il fallait penser, me donner des exercices ou des choses à faire. Donc, j'avais un peu cette vision-là du coaching. Et j'ai découvert ça, enfin, j'ai découvert que ce n'était pas du tout comme ça. Et ce qui m'a amenée au coaching, c'est un peu une quête de sens et d'identité dans une période un peu charnière de ma vie parce que j'ai toujours aimé mon métier de manière passionnée. Et à la fois, c'est bien, mais à la fois, du coup, le fait d'être passionnée, ça peut aussi avoir... quelques quelques écueils parce qu'à un moment donné j'ai senti une forme de surcharge de questionnement et d'accumulation de projets qui en soit m'intéressait tous mais finalement avec de moins en moins de temps pour ce qui moi me tenait vraiment à coeur et donc suite à une période un peu difficile de dépuisement professionnel j'ai décidé de prendre une disponibilité d'un an à l'hôpital et de m'équiper d'outils pour d'abord mieux me comprendre donc pour apprendre à à accueillir mes émotions, à faire des choix éclairés, à savoir dire non, ce qui était très très difficile pour moi. Et c'est vraiment dans cette période pas facile, mais finalement dont il ressort plein de belles choses, que j'ai découvert d'abord pour moi le coaching de vie. Et le coaching de vie, c'est vraiment l'accompagnement qui aide à mieux comprendre ce qui se passe dans notre tête, à identifier les pensées qui nous freinent et à choisir consciemment comment est-ce qu'on souhaite avancer. Donc ce n'est pas du conseil. Ce n'est pas de la thérapie, c'est vraiment un espace où le coach qui accompagne va faire la clarté pour nous aider à retrouver un pouvoir d'action et pour créer la vie ou la pratique pro qui nous ressemble. C'est vraiment un outil qui m'a transformée, à la fois d'abord dans ma relation avec moi-même, et puis dans ma relation avec mes enfants, et puis dans ma relation professionnelle, ou avec mes amis, mes collègues. Donc c'est vraiment l'idée d'apprendre à comprendre ce qui se louait en moi, ce qui se passait, pourquoi je me sentais comme ça, et à reprendre les rênes sur ce que je voulais, sur ce qui était en mon pouvoir, sur ce que j'avais vraiment envie. Et du coup, ça a été après une évidence pour moi de me former pour pouvoir transmettre ça aux autres, parce que je pense qu'on peut être, et c'est souvent la difficulté des orthos, on peut être... compétent, passionné, engagé et en même temps se sentir submergé, illégitime, tiraillé avec mille envies, mille injonctions. Et vraiment le coaching c'est venu à un moment comme un outil de clarté pour refaire des choix, j'appelle des choix éclairés. C'est pourquoi je choisis ça, en quoi c'est important pour moi et donc de remettre un peu mes priorités au coeur de ce que je fais. Et donc maintenant je partage à mon tour à celles et ceux qui en ont besoin et ou envie.
- Speaker #0
D'accord. Tu as suivi une formation particulière de coach ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Je me suis formée avec la Life Coach School. C'est l'école de coaching de vie de Brou Castillo, dont les concepts et les outils sont partagés en français, notamment par Clotilde Dussoulier dans son podcast Change ma vie. C'est cette Ausha que j'avais envie qu'il me parlait. et que j'avais envie de creuser. Et donc, c'est avec eux que je me suis formée.
- Speaker #0
D'accord, ok. Alors aujourd'hui, on a décidé ensemble, toutes les deux, d'enregistrer ce podcast autour de la légitimité. Je trouvais que c'était un sujet intéressant et qui revient souvent auprès des orthophonistes, en tout cas. Est-ce que tu peux nous dire comment toi, tu as... rencontrer cette notion de légitimité dans ton parcours personnel ou professionnel ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. La légitimité, c'est un mot, une notion qui a toujours été là, mais avec laquelle maintenant j'apprends à jouer. Parce qu'au tout début de ma vie professionnelle, je me suis retrouvée jeune ortho, à peine diplômée, à travailler dans des équipes d'experts. Et c'est là où je te disais que ça a tout son sens, c'est que je travaillais avec des grands spécialistes, des professeurs. qui étaient connus sur un plan national et international dans leur domaine. Et du coup, je me suis retrouvée, moi, jeune ortho, à me dire, mais Audrey, qui tu es pour pouvoir donner ton avis ? Qui tu es pour pouvoir émettre des recommandations de bonne pratique ? Qui tu es pour accompagner ces bébés si petits, si fragiles dans leur alimentation ? Je me demandais si j'étais à ma place avec mes patients, si j'en savais assez, parce que forcément, c'est des domaines dans lesquels on n'était à l'époque pas encore très formés, si j'étais prête. et du coup la... Ce que j'ai fait au début, c'est vraiment, j'ai beaucoup observé, beaucoup écouté, beaucoup appris en pluripro avant de me sentir moi-même légitime et de pouvoir me donner l'autorisation d'être à l'aise dans mes avis, dans mes diagnostics et de me dire que mon avis pouvait compter autant que celui d'autres personnes que je trouvais très inspirant. Et cette notion de légitimité, c'est quelque chose qui est revenu à chaque fois que j'ai voulu explorer un nouveau champ. la formation l'entrepreneuriat avec Happy Ortho, le coaching. Donc, c'est un doute qui est revenu un petit peu. Voilà qui je suis, moi, pour faire ça. Et maintenant, quand j'ai cette question qui arrive, j'y réponds avec humour et j'invite les collègues à faire la même chose. C'est de pouvoir se dire, par exemple, dans le coaching, quand j'ai cette question qui me dit, oui, mais Audrey, tu veux faire du coaching, mais qui tu es pour faire ça ? Mais je me rappelle qu'en fait, j'ai fait une formation, j'ai investi du temps, j'ai investi... beaucoup d'énergie et donc je suis Audrey qui a un diplôme des outils et donc ça remet en place la légitimité que j'ai à faire ça. Donc ça, c'est une des manières de répondre. On aura l'occasion peut-être d'en reparler. Et donc le coaching m'a vraiment aidée à mettre un doigt sur ce que c'était que la légitimité. Pour moi, c'est un peu un filtre intérieur. C'est pas quelque chose... déterminée par l'extérieur, ce n'est pas une vérité absolue, c'est juste une pensée ou quelque chose qu'on croit réelle. Et cette question de la légitimité, elle est assez universelle, notamment chez les orthos, et j'accompagne beaucoup d'orthophonistes qui ont cette pensée-là de « je ne suis pas assez expérimenté, je ne suis pas assez formé, je ne suis pas légitime pour faire telle ou telle chose » . Et je trouve que c'est vraiment une question intéressante à aborder et à creuser, parce que si on s'arrête là, c'est une pensée qui nous met beaucoup de freins. à ce qu'on souhaite, à nos aspirations, à nos projets. Ok.
- Speaker #0
Est-ce que tu fais une différence entre légitimité, confiance en soi, estime de soi ? Est-ce que tu penses que finalement, ce sont des choses qui se rejoignent ?
- Speaker #1
Je pense que c'est des définitions et des mots différents, mais qu'il y a des points communs entre la légitimité, la confiance et l'estime de soi. La légitimité, l'origine de ce mot, ça vient de la loi, ce qui est légal. Et donc, en fait, quand on se demande « est-ce que je suis légitime ? » , La vraie question, c'est est-ce qu'il y a une validation, est-ce qu'il y a une règle qui dit que j'ai le droit de faire ce que je veux faire ? Est-ce que j'ai le droit de faire ça ? Est-ce que quelqu'un d'extérieur, est-ce que la loi m'a donné son feu vert ? Et donc, on a souvent un peu l'idée qu'on devrait avoir une autorité extérieure qui nous dit c'est bon, vas-y, ça, tu peux le faire. Donc, bien sûr que dans certains domaines, c'est essentiel. c'est que par exemple on peut pas je sais pas, conduire une voiture si on n'a pas son permis. Donc il y a certains domaines dans lesquels la loi vient donner son avis de est-ce que je suis légitime ou pas à faire les choses, mais il y a dans beaucoup d'autres domaines dans notre vie pro, notre vie perso, il y a beaucoup de projets qu'on aimerait lancer pour lesquels on imagine qu'il y aurait quelqu'un qui pourrait nous dire ça c'est bon, t'as le droit ou t'as pas le droit, alors qu'en fait souvent on n'a pas besoin d'autorisation pour le faire. Le seul feu vert qui nous manque c'est celui qu'on se donne ou qu'on ne se donne pas. Et là c'est intéressant de voir dans ces cas là les pensées qu'on peut avoir sur la légitimité parce que quand on se dit je suis pas légitime souvent c'est un peu un réflexe de protection c'est que ça nous c'est je suis pas légitime je ne vais pas le faire parce que ça m'évite peut-être un échec un jugement de moi même ou le fait d'être rejeté par les autres et en même temps donc c'est à la fois quelque chose qui nous protège mais à la fois quelque chose qui va nous prenait parce que ça nous empêche d'oser de nous montrer de faire de créer des choses qui nous tiennent à coeur donc ça c'est déjà pour pour l'idée de légitimité et puis l'estiment de soi c'est plutôt je pense la valeur qu'on va s'accorder à soi même de manière globale est ce que je me considère comme quelqu'un de bien quelqu'un qui a de la valeur indépendamment de ce que je fais de ce que je réussis et la confiance en soi ça peut être des fois un petit peu plus contextuel, ça peut être dans tel contexte je me sens capable de faire ça, et on peut avoir confiance en soi dans un domaine et pas du tout dans un autre, donc voilà c'est des choses qui enfin c'est des notions qui sont quand même très liées je pense les unes avec les autres quand on a de la confiance en soi ça vient avec l'estime de soi et ça vient avec plus facilement un sentiment de légitimité dans les projets qu'on veut mener et souvent un déficit de de... Confiance en soi ou d'estime de soi peut entraîner des difficultés à se sentir légitime dans les projets qu'on souhaite mener. Et la bonne nouvelle, c'est que ça s'apprend, ça se travaille et qu'on peut s'autoriser à avancer dans nos projets.
- Speaker #0
Ok, merci beaucoup. Parmi les orthophonistes que tu accompagnes, est-ce que certains signes d'un manque ou d'une difficulté en regard de la légitimité se manifestent plus souvent que d'autres ?
- Speaker #1
Oui, alors souvent, dans nos métiers, je trouve qu'on voit souvent ces signes ou ces manières de faire un petit peu similaires des orthophonistes qui n'osent pas accepter certaines prises en soins alors qu'elles se sont formées sur le sujet ou alors qu'elles ont leur diplôme sur le sujet. Des collègues qui vont s'inscrire à beaucoup de formations, mais qui ne vont pas passer à l'action après. Elles pensent que le fait d'accumuler des connaissances théoriques, c'est ça qui va leur donner le droit de faire ou de ne pas faire. Souvent, ce sont des personnes très perfectionnistes, qui ont à cœur de bien faire et qui ont peur de mal faire ou de faire du mal. Et ça, je le vois beaucoup dans l'accompagnement des troubles alimentaires ou des nourrissons. L'accompagnement des tout-petits, il y a vraiment cette peur de « je vais mal faire, je vais faire quelque chose qu'il ne faut pas, donc je ne me sens pas légitime » . Souvent, ce sont des personnes qui vont minimiser leurs compétences en disant « je n'ai rien à apporter de plus » et en pensant qu'elles ne sont pas à la hauteur. et souvent elles vont attendre de tout. savoir, ça se questionne, parce que qu'est-ce qu'on pourrait mettre derrière tout savoir, est-ce que quelqu'un sait tout, j'ai beaucoup de doutes là-dessus, ou de tout maîtriser pour se lancer et ce qui n'arrive pas, parce que on ne sait jamais tout sur le sujet, et tant mieux, et heureusement, on grandit, on avance.
- Speaker #0
C'est clair. Souvent, on parle aussi du syndrome de l'imposteur, alors chez les orthophonistes et plus généralement, dans les professions de soins, est-ce que tu penses toi que c'est la même chose, le problème de légitimité et le syndrome de l'aposteur, ou est-ce que tu penses que ce sont deux choses qui sont différentes ?
- Speaker #1
Je pense que c'est quand même assez proche, parce que le syndrome de l'imposteur, ça pourrait être une forme assez aiguë de « je suis complètement illégitime, je ne suis pas à ma place » . Et le syndrome de l'imposteur, c'est faire des choses et avoir la peur, à un moment, d'être démasqué par les autres. On a l'impression qu'on a trompé tout le monde et que quelqu'un va découvrir un jour qu'on ne sait pas faire. Et ça, c'est assez courant chez les profils un petit peu perfectionnistes. qu'on retrouve quand même assez chez les orthophonistes et c'est assez lié à la légitimité avec l'idée intérieure de « je n'ai pas le droit d'être là, je ne suis pas assez, je ne fais pas assez » . Et on baigne un petit peu dans les professionnels de santé, dans la culture du « il faut que je sache avant de me lancer » . Donc on porte une grosse responsabilité auprès des familles, on nous apprend à ne pas faire de mal, à bien faire, mais on ne nous apprend pas forcément à faire confiance à notre... intuition et on est en plus dans un métier qui évolue sans arrêt avec des situations voilà sensible et donc en fait on se limite souvent on se met nous mêmes des freins à prendre en soin ou à accompagner ou à mettre en place projet qui serait porteur pour nous mais souvent on attend alors soit ce qu'on appelle un peu l'alignement des planètes c'est je me lancerai quand trois petits points et donc là il y a quand il y aura telle, telle, telle chose. Mais finalement c'est juste parfois qu'on ne s'autorise pas à se lancer, qu'on pourrait le faire tout à fait maintenant si on osait. Donc la légitimité ça vient avant tout d'une autorisation qu'on peut se donner soi-même et c'est aussi quelque chose qui se construit par l'action, c'est-à-dire que c'est en faisant qu'on voit ce qui est possible, ce qu'on arrive à faire. qu'on est tout en étant conscient de ses limites et ça c'est important parce que bien sûr on ne va pas dire que tu es légitime à faire voilà c'est aussi vraiment cette conscience de si jamais il y a des difficultés je suis légitime et je sais vers qui je peux me tourner ou à qui je peux demander de l'aide ou comment je peux faire dans cette situation, donc l'idée c'est pas d'attendre qu'on ait un boulevard rempli de feu vert pour oser faire les choses c'est de se dire je vais faire un premier pas Merci. Et c'est vraiment de la marche, la mise en projet que naît aussi la légitimité. Ce n'est pas un feu vert au début, c'est parce qu'on se lance, que là on voit que ça a marché, ce n'est pas catastrophique, j'arrive à faire des choses. Et la légitimité, elle vient vraiment, je pense, de la mise en action.
- Speaker #0
Oui, effectivement. Parce que finalement, à force de s'entraîner, à force de se confronter, À la situation, on se rend compte qu'on est capable et donc petit à petit, on sème des graines qui nous permettent d'avancer sur ce chemin-là, effectivement. D'ailleurs, on rencontre aussi ce phénomène-là avec nos patients, sur ce qui est de l'ordre de la désensibilisation, etc. C'est un peu similaire finalement. Est-ce que toi, tu utilises des outils ou des méthodes en particulier ? pour travailler avec tes clients en coaching sur la légitimité ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. L'idée dans le coaching de vie, c'est de faire une grande place, d'abord à l'accueil émotionnel. Parce que souvent, quand on se dit « je ne suis pas légitime à me lancer » , d'abord, c'est accueillir parfois peut-être la peur du jugement, la peur des autres, parfois la honte. Donc c'est de laisser la place d'abord à tout le côté émotionnel parce qu'on sait que les émotions c'est un peu le GPS de notre... c'est le carburant de nos actions et donc c'est intéressant d'abord d'aller creuser, de comprendre ce qui se passe et d'accueillir ces peurs donc de valider vraiment ce que la personne ressent donc pas de balayer en disant allez envers et contre tout on y va, l'idée c'est vraiment pas ça c'est d'abord d'accueillir la personne là où elle en est dans ses ressentis actuels qui sont tout à fait valides et ok et ensuite c'est d'aller observer ça ces pensées là avec un peu de curiosité si la collègue un exemple, si elle dit je me sens pas légitime à accompagner un nourrisson qu'est-ce qui est vrai là-dedans et qu'est-ce qui est pas vrai quelle est la part de faux de quoi tu te protèges en pensant ça peut-être qu'elle se protège de je me lance pas et du coup je me protège du fait que ça puisse ne pas marcher je me protège du fait que les parents ou le médecin puissent penser ça, ça ou ça de moi. Et donc c'est vraiment d'aller regarder avec curiosité ce qui se passe. Et une question intéressante, c'est qu'est-ce que ça me coûte de penser ça et qu'est-ce que ça me coûte d'y aller ou de ne pas y aller. Et de mettre dans la balance, parce qu'effectivement, si ça nous coûte beaucoup d'y aller, notre cerveau aura tendance à limiter la mise en route et l'utilisation de notre énergie. Donc bien sûr qu'on n'ira pas dans quelque chose qui nous coûte beaucoup. Mais finalement, parfois, l'inaction nous coûte encore plus. Le fait de ne pas y aller, ça nous... coûte, que ça va nous couper de nos rêves, de nos aspirations, de nos projets et finalement dans la balance des fois le prix à payer est encore plus lourd en termes d'inaction et de ne pas se lancer. Donc c'est vraiment d'essayer d'explorer un petit peu ça avec curiosité et puis d'essayer d'explorer aussi ça veut dire quoi être légitime. Parce qu'en fait souvent on se rend compte que c'est une définition qui est un petit peu floue et qu'on sait pas trop ce qu'on y met et quand on explore de qu'est ce que ça veut dire pour toi être légitime, à quel moment tu penseras l'être vraiment concrètement ? Est-ce qu'on attend un peu vers de quelqu'un, de quelque chose, un alignement des planètes, un déclic ? Et donc de se reconnecter finalement à son intention, à pourquoi on le fait, à qu'est-ce que ça m'apporterait de le faire ou pas, à qu'est-ce que j'en apprendrais dans ce parcours sur moi, sur les autres, et à quelles sont aussi mes portes de sortie, c'est-à-dire que si je rencontre des difficultés, sur quoi je peux m'appuyer pour continuer à avancer de manière ajustée avec moi. Voilà des pistes de ce qu'on peut être amené à... faire en coaching.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous citer un exemple concret d'une de tes clientes avec laquelle vous avez travaillé sur la légitimité et nous parler de la solution ou des solutions que vous avez pu trouver ensemble ?
- Speaker #1
Oui tout à fait alors c'est difficile sur le partage d'une situation de coaching parce qu'il y a plein de choses effectivement qui sont partagées mais pour vous donner un petit aperçu Je pense à une collègue orthophoniste qui venait de finir une formation sur l'accompagnement des nourrissons et qui, deux semaines après, reçoit une demande de bilan pour accompagner un bébé de 15 jours et qui me dit « j'aimerais beaucoup dire oui, mais je ne me sens pas légitime parce que je n'ai pas assez d'expérience » . Donc on a réfléchi ensemble à ce que ça voulait dire dans ce cas-là être légitime. Donc elle a pu identifier que finalement avoir un diplôme d'orthophonie, c'est pouvoir accompagner des personnes à tout âge de la vie, qu'on soit prématuré ou qu'on soit personne âgée. Qu'en plus elle s'était formée sur le sujet, donc elle avait des outils qui lui permettaient de pouvoir les accompagner. Et puis après l'idée de je n'ai pas encore assez d'expérience, ça c'est toujours intéressant parce qu'en fait on se dit non, je ne vais pas le faire parce que je n'ai pas d'expérience. ni... Et l'expérience, c'est quoi ? En fait, c'est d'avoir fait au moins une fois. Et c'est la mise en action qui permet l'expérience. Donc, si on se dit, non, je n'ai pas d'expérience, je ne fais pas, on ne le fera jamais parce qu'en fait, l'expérience, elle vient de la mise en action et de notre premier patient. Et donc, on a tout eu un premier patient avec lequel on a fait de notre mieux avec les outils qu'on avait. Et c'est comme ça qu'on apprend. Et la légitimité, elle vient aussi de l'expérience et donc de la mise en action et de l'apprentissage. donc voilà on a regardé un petit peu de plus près ensemble pourquoi elle avait envie de le faire et qu'est-ce que ça lui coûtait aussi de ne pas le faire. C'est-à-dire que ne pas accompagner ce bébé, ça lui coûtait le fait qu'elle avait investi dans une formation spécifique sur le sujet et qu'elle ne mettait pas en pratique, le fait qu'en fait c'est un domaine qu'elle avait très envie d'explorer et qu'elle allait passer à côté, le fait que du coup elle avait envie de diversifier ses prises en soins et que si elle ne se lançait pas, elle ne le ferait pas. Donc c'est aussi d'identifier finalement tout ce que l'inaction allait lui coûter. et de trouver avec elle, si jamais elle se lançait, si elle rencontrait des difficultés, vers qui elle pouvait se tourner, quelles étaient ses ressources pour ne pas se lancer tête baissée dans quelque chose qui la mettrait en difficulté. Et donc elle a fait le bilan, elle s'est lancée, et du coup elle est sortie très fière d'elle et soulagée, et surtout convaincue que c'est en faisant qu'on apprend, et on le sait, c'est vraiment de la mise en action que... se révèle petit à petit la légitimité, que se construit petit à petit cette légitimité.
- Speaker #0
Ok, merci beaucoup. Alors, à propos de mise en action, on va arriver vers la fin de cette interview. Est-ce que tu pourrais proposer à nos auditeurs l'un ou l'autre conseil pour pouvoir commencer par repérer un problème de légitimité ? et quels pourraient ensuite être le ou les premiers petits pas que les gens pourraient mettre en œuvre pour avancer sur ce chemin d'une légitimité plus assumée et plus épanouissante.
- Speaker #1
Oui, alors les indicateurs qui reviennent souvent, c'est quand on se dit « je ne suis pas sûre que ça se soit pour moi » ou alors quand on va s'empêcher de faire des choses qu'on aimerait bien faire. quand on se sent quand on ressent un peu de peur ou un peu de honte, ou qu'on va se comparer à ce que font d'autres, ou quand on remet à plus tard quelque chose qu'on aimerait bien faire, parce qu'on ne se sent pas prêt, on a l'impression qu'il n'y a pas les voyants au vert pour se lancer. Et ce qui est important juste de rappeler, qui fait déjà partie des premiers petits pas qu'on peut faire, c'est de se rappeler que les gens qui nous demandent de l'aide, ou les gens qui nous sollicitent, ils n'attendent pas de nous qu'on soit parfait. Ce qu'ils attendent, c'est qu'on soit clair, c'est de l'honnêteté, c'est de l'engagement. Et quand on dit qu'on démarre dans une prise en soin, qu'on est en train d'apprendre et qu'on ira chercher les infos si besoin, ça ne fait pas baisser notre valeur ou notre légitimité, ça inspire confiance. Et dans la relation, c'est ça aussi qui est important, c'est qu'on sait que la personne est fiable, qu'elle va avancer avec nous et ça construit aussi... Voilà, une relation de confiance avec le patient. Donc, c'est, voilà, accepter que c'est normal de ne pas se sentir toujours légitime et qu'à chaque fois qu'on fait quelque chose de nouveau, en fait, on se remet un petit peu en question et de réfléchir à pourquoi est-ce qu'on veut le faire. Donc, au lieu de se dire, je ne suis pas prêt, pouvoir se dire, je me donne la permission d'apprendre, j'essaye. Et surtout, le premier conseil que je peux vous donner, c'est de ne pas attendre de vous sentir absolument prêt pour faire les choses parce que la légitimité... ça vient en y allant petit à petit. Et donc de trouver peut-être la première petite marche vers ce projet, cette chose qui vous inspire, que vous avez envie de faire et que vous avez un peu mis sous le tapis, mais qui est là en lachère et qui ne demande qu'à émerger, pouvoir se dire, si je n'attends pas que les planètes s'alignent pour le faire, quel est aujourd'hui le premier petit pas que j'aurais envie de faire dans cette direction-là et d'oser faire ce premier petit pas.
- Speaker #0
Ok, merci beaucoup. Pour terminer, est-ce que tu aurais un livre ou une autre ressource à proposer aux éditeurs sur ce thème-là ?
- Speaker #1
Alors, j'en ai déjà parlé un petit peu en début de l'interview. Moi, j'aime beaucoup et ça m'inspire beaucoup le podcast Change ma vie. Il y a aussi beaucoup de podcasts sur le sujet en anglais, dont je pourrais vous partager pour celles qui le souhaitent les ressources. Et puis, je trouve que ce qui peut être aidant dans ces cas-là, c'est les récits ou les romans de femmes inspirantes. Alors, à vous de choisir s'il y a une femme dans l'histoire qui vous inspire. Ça peut être au hasard, mais Michelle Obama ou des femmes scientifiques qui ont fait des avancées et de lire leur histoire de vie. Parce qu'en fait, c'est assez inspirant de voir comment d'autres ont osé, se sont lancées et que ce sont des personnes qui n'ont pas attendu que les choses arrivent sans rien faire, mais qui ont osé faire des choses. défricher parfois, surmonter du coup leurs peurs, leurs angoisses. Et donc ça je trouve que c'est des outils assez inspirants pour pouvoir oser se lancer. Et bien sûr le coaching du coup je trouve que c'est vraiment un outil incroyable pour mettre le doigt sur ces blocages et puis avancer vers la vie ou vers ce qu'on se souhaite pour nos projets, qu'ils soient pros ou persos.
- Speaker #0
Ce qu'on fera, c'est qu'on mettra dans la description du podcast les différentes ressources que tu as citées. Et du coup, écoute Audrey, il est temps de te remercier pour cette participation et pour tout le contenu que tu as bien voulu partager avec nous aujourd'hui. J'ai trouvé que c'était très riche et toujours, comme d'habitude, avec toi, dans la bonne humeur, la joie. C'est des échanges qui sont très plaisants.
- Speaker #1
Un grand merci de ton invitation et merci de rendre tout ça accessible aux collègues orthophonistes parce que je trouve que c'est aussi un vrai cadeau pour nous tous d'avancer sur ces sujets-là. Merci beaucoup.
- Speaker #0
Merci beaucoup. Et donc, je vous dis à bientôt. Merci de nous avoir écoutés. N'hésitez pas à nous faire vos commentaires. N'hésitez pas aussi à noter le podcast et à vous abonner. Merci beaucoup. À bientôt.
- Speaker #1
Merci.