Speaker #0Aujourd'hui j'aimerais qu'on prenne un temps pour parler d'un phénomène assez courant mais qu'on n'approfondit pas assez je trouve qui est la fuite spirituelle. Je l'ai vécu, peut-être que tu l'as vécu aussi, il y a des moments comme ça dans notre vie où c'est trop dur et où on se raccroche à l'expérience extraordinaire en espérant que ça va changer notre vie. Mais en fait, c'est simplement une façon récréative, j'ai envie de dire, de ne plus se confronter à la réalité, à qui on est et à ce qu'on traverse, à la douleur du quotidien. Allez, on y va ! Bonjour et bienvenue sur Oser l'âme, le podcast qui te connecte à ton être profond. J'espère par nos partages te réveiller, te révéler pour oser être et oser la vie. Mon nom est Betty Dutris, je suis passionnée par le prendre soin, la thérapie, la spiritualité. J'enseigne à l'Hichpia la psychogénéalogie évolutive, la psycho-énergie intuitive, la médiumnité et plein d'autres choses. Je suis également autrice du livre « La médiumnité spirituelle » . J'espère dans cet épisode te donner des clés qui te permettront d'ouvrir ton cœur pour laisser chanter ton âme. Chaque épisode est une invitation à l'introspection pour exprimer plus librement toutes les paves de ton être. J'aimerais commencer par une image simple. Qu'est-ce que la fuite spirituelle ? Eh bien, c'est comme si tu mettais une couche de lumière sur quelque chose que tu n'as jamais vraiment regardé. Le psychologue John Wellwood, qui a théorisé le concept, expliquait que beaucoup de personnes prennent le chemin spirituel, non pas pour rencontrer leurs blessures, mais pour les contourner. Et Carl Gustav Jung avait déjà mis le doigt dessus bien avant en disant « Ce qui ne remonte pas en conscience revient sous forme de destin » . Autrement dit, si tu n'oses pas sentir, tu vas répéter. Maintenant, voyons comment ça se manifeste dans la vraie vie. Parce que la fuite spirituelle, ce n'est pas seulement être trop positive. C'est beaucoup plus subtil que ça. D'abord, il y a ceux qui fuient en montant trop vite dans les étoiles. Tu vois ces personnes qui expliquent tout par mes vies antérieures, mon guide, mon karma, les contrats d'âme, les blessures d'incarnation. Parfois, oui, ça peut éclairer. Je ne dis pas le contraire, mais parfois ça déresponsabilise complètement. J'ai accompagné une femme qui disait tout le temps « Si mon compagnon me dévalorise, c'est karmique. » « Style, on ne change rien, c'est mon karma, j'ai dû faire un truc de mal, je suis punie, c'est comme ça. » « Notre lien, il est éternel, on ne peut rien faire. » Peut-être, mais ce qui compte, c'est... qu'est-ce qu'elle accepte aujourd'hui ? Quelles limites elle pose aujourd'hui ? Qu'est-ce que son corps dit ? Quand tu mets tout sur avant, tu enlèves ton pouvoir dans le présent. Ensuite, il y a ceux qui fuient en vivant trop d'expériences exceptionnelles. Là, j'ai envie qu'on prenne un instant parce que c'est un point important. Tu connais sûrement des gens qui enchaînent les expériences. Respiration, l'eau tropique, hypnose spirituelle, cérémonie chamani. Session de Kundalini, retraite intensive, état modifié de conscience qui sont dans une quête perpétuelle du waouh, de l'expérience qu'ils vont pouvoir raconter, de l'expérience extraordinaire. Et effectivement, ils vivent des choses incroyables, des visions, des expansions de conscience, mais dès qu'ils rentrent chez eux, ils... continue à choisir les mêmes relations toxiques, à répéter les mêmes schémas et à s'oublier de la même manière. Pourquoi ? Parce que l'expérience est montée haut mais elle n'est jamais redescendue dans la vie. Stanislav Grof, l'un des pionniers de la respiration de tropiques et des états modifiés de conscience, disait très clairement l'expérience n'a de valeur que si elle est intégrée. Et l'intégration, c'est là où beaucoup s'arrêtent. parce que c'est moins spectaculaire, parce que ça nous remet en question, parce que ça nous engage, ça nous implique, c'est moins glorieux. Et puis, il y a ceux qui fuient en comprenant tout, mais en ne sentant rien. Ça, c'est une fuite très fréquente. Tu lis, tu sais, tu analyses, tu comprends tes blessures, tu connais tes schémas, tu peux expliquer ton mécanisme d'attachement, tes blessures, mais tout reste dans la tête, dans le mental. Tu fais ce que Jung appelle une inflation spirituelle. Tu crois avancer. Alors que rien ne bouge dans ton corps, dans tes relations, ni dans ta vie. Comprendre c'est bien, c'est important. Sentir c'est mieux. Intégrer, c'est ce qui transforme. Je pense également au pardon. Dans la spiritualité, moi je rencontre beaucoup de gens qui me disent j'ai vu une énergéticienne, ou j'ai vu tel thérapeute. Tel somatopathe qui m'a dit « oui mais là quand même ce serait bien de pardonner » comme si c'était une obligation spirituelle. Mais le pardon forcé est l'une des formes les plus fréquentes de fuite spirituelle. Quand tu te dis « je devrais pardonner » ou quand quelqu'un te dit « pardonne, tu seras libre » Alors que tu n'as même pas encore nommé ta douleur, tu n'es pas dans la guérison. Tu es dans la performance spirituelle. On en reparlera, j'en reparlerai peut-être dans le prochain épisode du Pardon, parce que c'est vraiment quelque chose de très particulier. Je pense là à la philosophe Anna Arendt qui disait « Le pardon ne peut être authentique que s'il naît de la vérité » . À cet endroit-là, il n'y a pas d'obligation. Pardonner, pour moi, c'est vraiment la dernière étape, c'est le point final à quelque chose. On peut se sentir très bien sans avoir pardonné. On peut être en partie guéri sans avoir pardonné. Alors pourquoi ces fuites existent ? Parce que rencontrer ton ombre demande du courage et surtout aussi du temps et de l'engagement. Et aujourd'hui on veut des résultats rapides, des déclics, des transformations fulgurantes, des expériences de wow ! Mais la vraie guérison elle est lente, patiente, ancrée et pas toujours agréable. Nietzsche disait « on ne guérit que de ce qu'on affronte » . Et affronter sa demande de descendre de la lumière pour revenir dans ton corps. Alors comment sortir de la fuite spirituelle ? J'ai envie de te proposer quelques repères simples. D'abord, reviens dans ton corps. Ce n'est pas ton mental qui guérit, c'est ton corps. Ensuite, privilégie l'intégration à l'expérience. Une seule expérience intégrée vaut mille expériences spirituelles. Puis ramène chaque prise de conscience à ta vie quotidienne. Si ça ne change rien dans ta manière d'aimer, de poser tes limites, de dire non, ce n'est pas intégré. Alors ça prend du temps, on est d'accord, parfois il faut laisser infuser l'expérience. Et surtout, ose regarder ta douleur, pas pour t'y noyer ou... par masochisme, j'ai envie de dire, mais vraiment pour la rencontrer, pour l'honorer avec beaucoup de compassion et beaucoup d'amour. Allez, comme d'habitude, je te propose une petite pratique. Je te propose aujourd'hui un questionnement, un questionnement guidé pour faire le point, justement. Pratique alors avec quelques petites questions. La première question, est-ce que je suis en train de fuir ? J'aimerais te proposer une petite exploration intérieure. On va faire ça doucement, juste toi, ton souffle. Voilà, et quelques questions qui éclairent. Laisse ton corps se déposer, respire, voilà, deux fois. simplement laisse résonner cette question est-ce que je suis en train de fuir laisse ton corps répondre ne cherche pas à analyser Peut-être qu'il y a des sensations corporelles, des émotions, des images. Puis pose-toi la question, est-ce que j'utilise la spiritualité pour éviter une émotion précise ? Et regarde ce qui se passe quand tu entends ça. Pareil à Kay, est-ce que tu sens que tu repousses quelque chose depuis un moment ? Est-ce que tu n'as pas envie de ressentir certaines émotions ? Souvent ce qui se joue dans la fuite spirituelle c'est ça, c'est qu'on n'a pas envie de ressentir. On n'aime pas ressentir ce que l'autre nous fait ressentir. Donc on a envie de rester positif ou de montrer un autre visage. Voilà, qu'est-ce que sont simplement les émotions ? Est-ce que j'utilise la spiritualité pour éviter une émotion précise ? Autre question, est-ce que je cherche des explications compliquées ? Est-ce que je suis dans un perpétuel pourquoi ? Dans une perpétuelle quête d'origine ? Voilà, pour expliquer un mal-être ou quelque chose qui bloque dans ma vie, alors que la vérité est simple. Est-ce que tu te dis souvent c'est karmique, c'est un contrat d'âme ? Est-ce que tu préfères parler des vies antérieures plutôt que de regarder ce que tu vis maintenant ? Est-ce que tu sens que tout ça, ça te rassure, mais que ça ne te transforme pas vraiment ? Si tu notes un léger malaise, une petite résistance, note-le simplement. Accueille, accueille avec bienveillance. Je pense qu'on est tous passés par là, moi y compris. C'est tellement humain tout ça. Est-ce que je poursuis des expériences intenses pour éviter ma vie quotidienne ? Ou pour me sentir supérieure, différente ? Là aussi, laisse ton corps répondre. Est-ce que tu attends l'expérience suivante pour te sentir vivante ? Est-ce que ton corps réclame du calme, mais que ton mental réclame du spectaculaire ? Accueille simplement ce qui est là pour toi. Tout a le droit d'exister, tout a le droit d'être. Autre question, est-ce que je comprends beaucoup mais que je sens très peu ? Est-ce que tu analyses tes blessures mieux que tu ne les ressens ? Autre question, qu'est-ce que je n'ai pas envie de regarder maintenant ? Il n'y a pas de bonne, il n'y a pas de mauvaise réponse. Laisse simplement, voilà, laisse les choses te traverser. Une émotion, une pensée, une relation limite non posée, un mot, une image, une vision qui apparaît. Et voilà, prends le temps de te remercier. d'avoir osé ressentir toutes ces questions. Et pour terminer, place une main sur ton ventre et dis doucement « Je n'ai pas besoin de fuir, je peux me rencontrer. » « Je n'ai pas besoin de fuir, je peux me rencontrer. » En toute sécurité et avec beaucoup d'amour. Voilà, respire une dernière fois, tu peux ouvrir les yeux à nouveau, remercie-toi. C'est une façon de s'honorer cette pratique aussi. Voilà, la fuite spirituelle c'est humain, ce n'est pas un échec. C'est une façon de traverser la vie. Et c'est peut-être un appel à revenir dans ton humanité, dans ton corps, dans ta vérité. La spiritualité n'est pas là pour t'éloigner de ta vie, elle est là pour t'y ramener avec plus de conscience, plus de présence, plus de courage. Merci d'avoir partagé ce moment avec moi. Dans le prochain épisode, je parlerai sans doute du pardon. Voilà, j'espère que cet épisode t'a plu. Si tu veux soutenir le podcast, tu peux t'abonner, tu peux t'inscrire à la newsletter IFPIA. Comment ? Te like, partage, prends soin de toi et je te dis à lundi prochain pour un nouvel épisode. Je t'embrasse !