- Speaker #0
Cette passion, elle est venue tout simplement de ma grand-mère, qui n'était pas une couturière de métier, mais qui était ma nourrice, et qui avait toujours une machine à coudre, soit sur un coin de la table, de la salle à manger. Et j'ai dû confectionner mes premiers vêtements de poupée, je pense, avant de savoir faire mes vêtements.
- Speaker #1
Alexandra Gilles, femme active et dynamique, de couturière à dirigeante, un parcours où oser fut le maître mot.
- Speaker #0
parce que ça a été une belle aventure à chaque fois. En fait, il a deux sens, ce mot. Une belle aventure parce qu'on s'en rend compte à posteriori qu'on a parcouru un joli chemin. Et du coup, une belle aventure. Moi, j'ai toujours eu des belles aventures avec les gens avec qui j'ai travaillé. Et aussi une aventure parce qu'à chaque fois, je me suis donné un peu des nouveaux challenges. Et puis, j'ai toujours remonté un peu le cran d'un curseur. Et du coup, je partais toujours vers de nouvelles aventures. Et je sortais un peu des sentiers battus à chaque fois.
- Speaker #1
L'aventure, un leitmotiv pour Alexandra tout au long de sa carrière. Femme pétillante et chaleureuse, Alexandra a quitté l'Anjou pour venir en Mayenne. Elle nous fait le plaisir de nous accueillir dans les locaux des ateliers des Moines Vertes qu'elle dirige depuis un an. Au départ, couturière dans un atelier de confection, elle a gravi les échelons à la force des aiguilles et de sa machine à coups. Elle a osé essayer, prendre des risques, s'engager. Elle a fait de sa passion d'enfant son métier et nous montre par son parcours riche que chacun peut oser l'aventure d'entreprendre. Alexandra, bonjour.
- Speaker #0
Bonjour Gaëtique.
- Speaker #1
Merci de nous recevoir au sein des ateliers des mouettes à Laval que vous dirigez depuis un an.
- Speaker #0
Merci à vous d'être venue.
- Speaker #1
Comment on passe d'une passion à un métier ?
- Speaker #0
J'ai vu une affiche qui faisait la promotion des portes ouvertes du lycée de la mode de Cholet à l'époque, parce que j'étais, moi je suis originaire de la région Saumuroise à la base, et je suis rentrée ce soir-là de l'école à la maison, tout de suite en me disant à mes parents que je voulais aller visiter ce lycée. J'ai eu une révélation là-bas en me disant, mais en fait, il faut que je perce et il faut que j'avance sur cette voie-là. Et le lycée de la mode proposait un internat. Donc je suis partie à... A peine 15 ans, oui, avec la première semaine, avec mon cartable et puis ma valise dans cette aventure scolaire et puis humaine.
- Speaker #1
Et donc vous êtes partie de Saumur, puis vers Cholet. Et alors comment on arrive de Cholet à
- Speaker #0
Laval ? Ça c'est l'amour ! J'ai rencontré mon mari à Cholet, qui était étudiant lui aussi à l'époque en licence. Il est revenu très très très rapidement en Mayenne, parce que lui ne pouvait pas vraiment se passer de la Mayenne. Et quand je suis sortie de l'école avec mon BTS en poche, j'ai commencé à faire un peu une étude des entreprises de confection dans le Grand Ouest, et il s'est avéré qu'il y avait un maillage textile assez représenté en Mayenne. La Mayenne est une terre de mode, est une terre de confection textile surtout. D'abord parce qu'on a de jolies entreprises qui fabriquent et qui impriment des tissus. Donc je parle là de Tissus d'Avénière et puis de TDV Industries, qui sont des entreprises, on va dire maintenant, bien ancrées dans notre territoire, enfin dans notre département et qui sont de beaux représentants, je trouve, de notre savoir-faire. Et ensuite, on a effectivement pas mal d'entreprises de confection. Et on a, oui, je pense une bonne quinzaine d'entreprises et d'ateliers de confection en Miami. Et donc, j'ai commencé en tant que couturière, quelques semaines, quelques mois. Et puis, c'est comme ça que l'aventure de la confection a démarré.
- Speaker #1
Comment vous êtes partie de ce poste de couturière à Ballot et vous êtes aujourd'hui à la tête des ateliers des mouettes à Laval ?
- Speaker #0
Pareil, facteur change je pense. J'ai commencé chez, du coup, aux productions Fond Lupe, une des monitrices qui était du coup ma responsable a annoncé qu'elle attendait un heureux événement. On m'a demandé d'assister la deuxième responsable d'atelier de manière à soulager. Donc, j'ai tout de suite évolué en poste d'aide monitrice, d'assistante monitrice. J'ai tenu même au retour de la seconde monitrice et j'ai fait un peu ce qu'on appelle, Madame Fonlu, qui était dirigeante de l'entreprise à l'époque, m'appelait la géo, la gentille organisatrice. et c'est vrai que du coup je répondais un petit peu à toutes les demandes les besoins en pré-orgue, enfin en organisation des productions je venais boucher des trous des fois quand il y avait des salariés qui étaient absentes voilà, j'aimais vraiment beaucoup cette polyvalence Et l'entreprise a été rachetée à l'époque. Et du coup, en fait, il a refondu un petit peu l'organisation. Il a fait un peu un audit des services et puis essayé d'aller capter les talents et puis les compétences. Et il a créé un poste d'ordonnancement-lancement qui n'était pas existant au sein de l'atelier. Et ils ont lancé un recrutement. Et je tombe par hasard sur cette annonce dans les journaux. Et je me dis, mais mince alors, moi, je travaille dans cette entreprise. il y a un poste qui est à ma portée il faut que je tente ça et donc en fait j'ai posé ma candidature et en fait on m'a confié le poste et du coup j'ai été responsable de l'ordonnancement au sein de l'atelier pendant 5 ans presque donc
- Speaker #1
vous avez quand même on peut dire oser tout au long de votre carrière pour évoluer, c'est ça avancer, grandir Et alors, quelle est l'étape suivante ? Parce que pour l'instant, nous ne sommes toujours pas...
- Speaker #0
On n'est pas rendus aux ateliers. Et bien ensuite, plus vraiment de perspectives d'évolution au sein des productions fondues. Je me suis dit qu'il était peut-être temps pour moi d'essayer d'aller voir d'autres horizons. Et j'ai eu envie d'aller voir d'autres secteurs d'activité. Pour me dire, je ne vais pas rester dans la confection. Il faut que je sorte un peu de ma zone de confort. et que j'aille voir ailleurs. J'ai tenté l'aventure chez Sodistra, à Château-Gontier, qui était dans un secteur d'activité vraiment complètement différent de celui dans lequel j'évoluais. Vraiment une très belle entreprise avec de très belles personnes. Ça a été un peu un choc pour moi, des activités et de l'univers, en fait. Je suis passée des paillettes de la mode à la vraie industrie, parce qu'il n'y a pas de vraie ou de fausse industrie, mais en tout cas, un secteur beaucoup plus masculin, avec des conditions de travail vraiment différentes des nôtres. Et du coup, ça m'a pas mal chamboulé. Et en même temps, j'ai eu une ancienne des clientes des productions Fond Lupe, qui était une créatrice de mode new-yorkaise, qui m'a contactée parce qu'elle avait appris que j'avais quitté l'entreprise Fond Lupe, en me disant, écoutez, vous auriez dû me... m'en parler, je cherche quelqu'un pour prendre la direction des opérations, enfin en tout cas des productions en France, parce que moi je n'arrive plus à tout piloter depuis les Etats-Unis. Je cherche quelqu'un comme vous, est-ce que vous voulez rejoindre l'aventure ? Et en fait, sur papier, c'était un poste qui ne pouvait pas se refuser. Donc, j'ai, on va dire, lâchement abandonné mon poste chez Sodistra pour oser cette nouvelle expérience, cette nouvelle aventure. Et j'ai rejoint la société new-yorkaise, qui était basée à New York, en prenant mes fonctions en France, sur un poste de direction de production. L'aventure neoyorquaise malheureusement a dû s'arrêter un peu précocement. Et je me suis retrouvée sans emploi du jour au lendemain. Donc il fallait absolument que je retombe sur mes pieds. Et en fait à l'époque... Mon mari travaillait et travaille toujours, d'ailleurs, dans une entreprise que je peux nommer, je pense, qui s'appelle Ecopal, et du coup, qui est bien implantée déjà en Mayenne et à Laval. Et en fait, Ecopal a une activité textile, une activité textile technique. Et j'entendais toujours mon mari me dire, ah là là, mais il nous faudrait quelqu'un comme toi, ou en tout cas, qui ait une partie de ton parcours. Et en fait, quand je me suis retrouvée sur le marché du travail, c'est lui qui m'a un petit peu amenée le sujet. en me disant, pourquoi tu ne viendrais pas bosser avec nous ? Et donc, c'est comme ça que je suis arrivée chez Ecopal. Et donc, chez Ecopal, ça a été pareil, un rebondissement, enfin, une succession de rebondissements entre création d'un bureau d'études et puis lancement d'une activité avec des sous-traitants à l'étranger. Donc, en fait, on a créé, on travaillait avec des sous-traitants au Maghreb. Et en fait, on a eu le projet de lancer, enfin, de créer vraiment notre propre atelier de confection là-bas. Merci. M. Mallet a monté une société et je l'ai accompagnée dans cette aventure de création d'entreprise à l'étranger. C'était vraiment une expérience hyper riche humainement, professionnellement. Ça a été vraiment une superbe aventure.
- Speaker #1
Et après cette page internationale, finalement, vous revenez... à l'aval, en quelque sorte, puisqu'en fait, vous n'aviez pas quitté la Mayenne, mais disons de manière plus quotidienne.
- Speaker #0
Une fois le projet atelier en Tunisie créé, on a accueilli à la maison un troisième enfant. J'ai recruté et formé une jeune femme pour prendre mon relais pendant mon congé maternité. Il s'avère qu'elle a tellement bien fait le job qu'elle n'avait plus besoin de moi à mon retour. C'est poser la question de savoir si on allait continuer à piloter l'activité toutes les deux ou pas. Donc moi j'ai pris des nouvelles fonctions au sein de la société, chez Ecopal, des fonctions dans lesquelles je ne me suis pas vraiment épanouie, et des fonctions qui n'avaient plus vraiment de rapport, de lien avec le textile ou la confection, de près ou de loin d'ailleurs. Et donc j'ai commencé à me poser des questions sur le sens de tout ça, et très rapidement j'en suis venue à la conclusion que j'avais envie de retourner dans la confection.
- Speaker #1
Et donc aujourd'hui vous travaillez au sein d'une atelier des mouettes, est-ce que vous pouvez nous raconter un petit peu les spécificités ? de cet atelier de confection ?
- Speaker #0
Alors, aux ateliers des mouettes, on est un atelier éco-responsable. On respecte des normes bien précises de cahier des charges, en fait, qui sont établies par des certificats. Voilà, donc, nous, qui ont pour origine des matières biologiques, organiques en anglais, issues, en fait, du recyclage. Donc, voilà, que des matières recyclées. Et donc, nous, en fait, à l'atelier, Aux ateliers des mouettes, on respecte ces cahiers des charges sur ces deux catégories de produits, mais pas qu'eux. On fait des produits éco-responsables, donc ça peut être des lingettes démaquillantes, des trousses de toilettes, des culottes menstruelles, un produit dont on est plutôt fier parce qu'on a fait du développement. Et d'ailleurs, toutes les collégiennes de la Mayenne au printemps ont reçu des culottes qui ont été fabriquées ici à l'atelier par nos collaborateurs et collaboratrices. Et on travaille aussi, on a tout un groupe qui travaille des produits plutôt de prêt-à-porter de luxe. Donc ça, c'est une marche qu'on a franchie l'année dernière, dans le but vraiment de pouvoir amener nos collaborateurs vers plus de polyvalence et plus de compétences, de remonter aussi le niveau et le grade qualité des produits que l'on fabrique au quotidien. Et là encore, c'est une belle aventure, parce qu'il faut s'imaginer qu'il y a trois ans, on a démarré en faisant des masques, parce qu'on était en pleine pandémie. du Covid. Donc c'était vraiment le premier produit qui est sorti des ateliers. Et tout juste trois ans après, on est capable de fabriquer des vêtements qui seront vendus dans les boutiques de prêt-à-porter de luxe qu'on peut croiser dans les grandes avenues parisiennes. Voilà. Donc c'est plutôt une fierté aujourd'hui pour l'intégralité des collaborateurs des ateliers de se dire que oui, on franchit des petites étapes au quotidien. Et en fait, on arrive aujourd'hui à répondre aux demandes des plus grandes marques de luxe françaises.
- Speaker #1
C'est un parcours... riche et j'ai envie de dire plein de rebondissements mais dans le bon sens des choses qu'est-ce que vous retenez de de toutes ces années où vous avez évolué vous avez entrepris vous avez osé, vous vous êtes lancé comment, quel regard est-ce que vous posez sur sur ce parcours ?
- Speaker #0
En fait, j'ai eu la chance de tomber toujours sur des gens assez bienveillants qui m'ont fait confiance. et j'ai toujours essayé de me remettre en cause aussi. Donc, on n'est jamais parfait. Moi, j'ai démarré, j'étais une gamine. À 20 ans, j'ai déboulé dans un atelier de confection. Forcément, j'avais l'impression de tout savoir et en même temps, je n'y connaissais pas grand-chose. Et j'ai essayé vraiment de capter les talents, les savoirs auprès des gens avec lesquels je travaillais. Ça m'a vraiment beaucoup inspirée tout au long de mon parcours, beaucoup d'ailleurs aux productions FondLup, j'en garde un merveilleux souvenir. Et en fait, je pense qu'il faut se faire confiance, il faut faire confiance aux autres aussi. Et à un moment donné, comme on se fait confiance, on ose. Chez Fondlup, j'ai osé postuler sur une offre qui, à la base, ne m'était pas forcément destinée. Pour les États-Unis, j'ai osé, alors qu'à la base, ce n'était pas un parcours qui était forcément écrit. En tout cas, ça s'est présenté à moi et j'ai osé franchir le cap. Et là, aux ateliers des mouettes, j'ose aussi parce que je me retrouve face à des situations que je n'ai jamais vécues. J'apprends encore tous les jours. Et je pense que tant qu'on a... pas encore envie d'apprendre, tant qu'on n'est pas dans cette phase où on a envie quotidiennement d'apprendre, on n'avancera pas. donc je pense que c'est ça un peu le bilan c'est que j'ai toujours voulu apprendre toujours voulu m'inspirer des gens qui étaient autour de moi me remettre en question des fois peut-être pas assez d'ailleurs mais voilà on apprend aussi en grandissant et d'oser de s'écouter un petit peu et puis de se dire que nous aussi on est capable et que c'est pas parce qu'on fait des erreurs qu'on n'avancera pas Parlez-en. En fait, si vous... Aujourd'hui, si vous... Soit vous êtes capable de vous faire suffisamment confiance, et dans ce cas-là, la confiance en soi va faire qu'on va réussir à oser. Et si on manque de confiance en soi, il faut parler. Il faut en discuter autour de soi, partager ses émotions, partager ses envies. Et on tombera toujours sur quelqu'un de bienveillant qui vous donnera des conseils, des bons ou peut-être des moins bons, mais en tout cas qui vous aideront à prendre la bonne orientation. Et jamais regretter. Parce qu'on fait tous des... pas en dehors du chemin, mais de toute façon, même si on ne prend pas le bon itinéraire à un moment donné, on arrivera au point final.
- Speaker #1
en quoi la Mayenne vous a inspiré ou alors vous a permis de vous épanouir et d'oser ce parcours quelle place t'elle dans ce parcours ?
- Speaker #0
déjà la Mayenne elle a une place dans mon coeur parce que mon mari est originaire d'ici ensuite parce qu'on a nos trois enfants aussi qui sont nés ici et qui grandissent, qui vont à l'école et qui se construisent aussi un petit réseau, moi j'apprécie la Mayenne personnellement parce que je trouve qu'elle a un petit peu de ma région d'origine, même si je ne viens pas de contrées lointaines et que l'Anjou, c'est quand même à la porte de la Mayenne. Mais je trouve qu'il y a ce côté assez convivial, accueillant. Et les gens font preuve vraiment de beaucoup de gentillesse et de bienveillance en Mayenne. Et je trouve que ça, c'est très riche et c'est très agréable d'évoluer, que ce soit professionnellement ou personnellement, dans ces environnements-là. Et peut-être le deuxième point, on en parlait tout à l'heure, mais c'est le maillage en fait. Plus professionnellement, on a un secteur d'activité textile qui est vraiment présent en Mayenne. Et c'est assez confortable en fait, moi maintenant qui travaille dans la confection depuis quelques années en Mayenne. J'ai réussi en fait à tisser un petit réseau et du coup il y a de la collaboration qui se crée en fait avec d'autres ateliers, avec d'autres partenaires qui sont issus ou pas du pouls de la confection mais en fait il y a un champ des possibles qui est assez important et je trouve ça très intéressant et très stimulant, challengeant au quotidien en fait.
- Speaker #1
Si vous deviez décrire la Mayenne en un mot ?
- Speaker #0
Un mot ? Ouais, je dirais... Je dirais la liberté, peut-être. On est encore... On est relativement libre en Mayenne parce qu'on est libre, on a des grands espaces. Je trouve qu'il y fait vraiment bon vivre aussi pour cette raison-là. Ça, la Mayenne, c'est la ville à la campagne. Et je trouve qu'on a cette qualité de vie qui est vraiment exceptionnelle. Et je pense que, par contre, les Mayennais ne s'en rendent pas forcément compte. C'est nous, les immigrés en Mayenne qui... qu'arrivons en fait à faire ce constat-là. Mais vraiment, on a un cadre de vie qui est vraiment exceptionnel.
- Speaker #1
Alexandra, merci beaucoup pour cet entretien. Merci de nous avoir partagé votre esprit d'aventure, d'aventure dans l'entrepreneuriat, dans le travail, montrer que tout est possible. Il suffit de se lancer et d'y croire. Merci beaucoup.
- Speaker #0
Merci Gaëlie.
- Speaker #1
Osons la Mayenne, c'est fini pour aujourd'hui. Nous nous retrouverons prochainement pour un nouvel épisode. Osons, parcours féminin d'entrepreneur engagé, un podcast être communication en partenariat avec le MEDEV de la Mayenne.