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Où ça mène quand on sème

#30 Armonie : une transfo laitière bio ouverte à tous

#30 Armonie : une transfo laitière bio ouverte à tous

24min |27/06/2025|

79

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#30 Armonie : une transfo laitière bio ouverte à tous

#30 Armonie : une transfo laitière bio ouverte à tous

24min |27/06/2025|

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Description

Leur ferme vient de feter le premier anniversaire de leur ferme pédagogique : joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire TyLipous, joyeux anniversaire !


Armonie est une jeune femme dynamique qui s'est installée sur la ferme de son conjoint pour l'ouvrir au plus grand nombre à travers la création d'une ferme pédagogique.


Son mari a développé la production de produits laitiers sur la ferme laitière biologique en s'y installant.


Nous discuterons ensemble des joies et difficultés à partager la vie d'un agriculteur. Nous aborderons la vie de couple et de famille à la campagne rythmée par les bonheurs mais aussi les contraintes de l'agriculture.

Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?

  • Speaker #1

    Pour cet épisode, j'ai la chance de discuter avec Harmonie. Nous venons de nous découvrir toutes les deux, mais peux-tu brièvement te présenter ?

  • Speaker #2

    Bonjour, moi je m'appelle Harmonie, j'ai 32 ans. Je suis mariée à Yann, qui est installée en Vache Laitière. et on a ensemble deux enfants de 3 et 1 an.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous présenter un petit peu l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Oui, en fait, on est situé à Moustérou, donc c'est une petite commune près de Guingamp, entre Rennes et Brest, et on est en polyculture élevage bovin-lait en bio, avec activité de transformation, donc on fabrique sur place yaourt, crème, dessert, riz au lait, du coup avec le lait de notre ferme, et on a développé une partie d'accueil l'année dernière, en ferme pédagogique, visite guidée et un petit bar fermier. Oh, trop chouette ! Oui. Ça,

  • Speaker #0

    ça va être...

  • Speaker #1

    C'est des choses que tu as développées toi en t'installant ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça, oui. Je les rejoins vraiment pour développer cette partie d'accueil.

  • Speaker #1

    Trop chouette. J'ai hâte que tu nous présentes un peu tout ça. Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu de toi pour te découvrir. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #2

    Moi, j'ai grandi à 15 minutes du lieu où on est actuellement, de la ferme de Yann. Je ne suis pas issue d'un milieu agricole. Mes grands-parents avaient une ferme. J'y allais un petit peu quand j'étais petite, mais je n'étais pas tant que ça intéressée. C'est vraiment le côté cheval qui m'a un peu menée vers le côté agricole d'une certaine manière. Ok,

  • Speaker #1

    salut ! Quelles études as-tu fait et dans quel but ?

  • Speaker #2

    Moi j'ai suivi une licence LEA, donc c'est Langue étrangère appliquée, donc rien à voir avec ce que je fais actuellement. Et l'idée, moi en fait à l'époque je me voyais bien travailler un an en Thaïlande, un an là-bas, vraiment de l'autre bout du monde, travailler avec mon ordinateur et voilà. J'étais très globetrotteuse, j'ai pas mal bougé. pendant mes études et un petit peu après. Et après, j'ai fait un master communication pour allier les compétences entre elles.

  • Speaker #1

    Ce qui peut aider aussi maintenant à ton activité un petit peu aussi.

  • Speaker #2

    Oui, complètement. En fait, je me rends compte que tout le parcours, même si l'idée de base n'a pas grand-chose à voir avec ce que je fais maintenant, finalement, c'est comme ça dans la vie. Tout se sert, toutes les compétences mises bout à bout servent à l'activité actuelle, oui, complètement.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et donc, tu nous disais que tu t'es installée récemment sur l'exploitation de ton... conjoint. Qu'est-ce que tu faisais du coup avant, donc après tes études, quels étaient tes premiers métiers et tes missions dans ces différentes expériences professionnelles ?

  • Speaker #2

    J'ai eu un poste à la sortie de mes études dans une agence de développement touristique. J'ai travaillé pendant 5 ans dans cette agence-là. Mon but, c'était de faire la promotion des Côtes d'Armor d'un point de vue touristique, donner envie aux gens extérieurs à la Bretagne de venir en vacances ici. Pendant mes missions, on cherchait à promouvoir la destination d'un point de vue agritouristique. En fait, on se rend compte depuis le Covid que les gens sont vraiment à la recherche de contacts avec la nature, de revenir dans les fermes, de revenir à quelque chose de plus terre à terre et avec des valeurs simples. Et en fait, on cherchait, nous, en réunion sur le territoire, des structures qui peuvent répondre à ces intentions-là. Et en fait, en creusant comme ça, ça me donnait plein d'idées sur ce qu'on pouvait développer à la ferme. C'est vrai qu'on avait un cadre qui s'y prêtait vraiment. Et je me suis dit, en fait, il y a vraiment quelque chose à faire. Et j'avais vraiment cette volonté de changer, de ne plus rester dans un bureau, de revenir... Travailler avec mes mains, de retrouver aussi du contact client avec les gens, l'envie de transmettre aussi. En fait, tout ça mis bout à bout, donc on est arrivé à développer ça et je m'éclate dans ce que je fais.

  • Speaker #1

    Super. Et du coup, Yann était déjà sur l'exploitation. Quelles étaient, lui, ses missions ? Et comment toi, tu t'es intégré en plus ? Qu'est-ce que tu as donc développé ? Tu nous parlais de la ferme pédagogique. de la transformation laitière. Est-ce que tu peux nous présenter un peu ce que vous faites et un peu, j'allais dire, qui fait quoi ? Qu'on comprenne un peu la valeur ajoutée que tu as pu apporter en arrivant sur l'exploitation.

  • Speaker #2

    Oui, alors en fait, l'activité de transformation, elle existe depuis 2016. On est une équipe de 10 personnes parce qu'en fait, on fait beaucoup de métiers différents. En fait, Yann a commencé tout seul avec sa maman. Puis petit à petit, en fait, il a fallu agrandir l'équipe. Donc raison à peu près d'une personne par an finalement. Donc là, Yann, il chapote un petit peu l'ensemble. On a deux personnes à la ferme, deux et demi à la yaourterie. Et après, on a aussi un livreur, une commerciale, quelqu'un à la compta. Enfin du coup, ça fait des missions très variées. Et en fait, on est assez implanté localement. On a déjà organisé par le passé pas mal d'événements qui avaient beaucoup fonctionné, comme des petits-déj à la ferme, des portes ouvertes. C'est quelque chose qu'on aimait bien de base, recevoir du public et transmettre encore une fois. On avait de la demande, on essayait de répondre à cette demande qui était croissante, notamment de la part des écoles qui voulaient venir voir comment... comment on fabrique un yaourt, qu'ils ont mangé à la cantine, etc. On n'était pas forcément professionnalisés et structurés pour répondre à cette demande-là. Yann le faisait, moi je travaillais à l'extérieur donc je ne pouvais pas le faire. Ça demandait vraiment une logistique, s'arrêter dans son travail pour aller présenter son atelier, parce que chacun présentait son atelier. Mais voilà, après au bout d'un moment on arrivait à un stade où on ne pouvait plus répondre à cette demande et puis on voulait quand même le faire mais en étant plus qualitatif, en se professionnalisant, en se structurant, en proposant des infrastructures qui permettent... des sanitaires, un emplacement de car, etc. pour pouvoir accueillir de manière efficace et confortable. Et donc, c'est là où je suis arrivée avec mes idées et puis en développant ça.

  • Speaker #1

    Et donc, dans l'équipe de 10 personnes dont tu parlais, ce sont des membres de la famille de Yann et ou des personnes extérieures ?

  • Speaker #2

    Ce sont des personnes extérieures. La maman de Yann travaille toujours sur la ferme, mais elle part en retraite cette année. Il y a un peu de chamboulement.

  • Speaker #1

    D'accord. Oui, en effet. OK. Est-ce que tu te serais installée sur l'exploitation si la transformation en yaourt et en crème avait été à initier et à mettre en place sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Je ne pense pas. Je pense que c'est vraiment le contexte où il y avait déjà ça d'implanter qui fait que je me suis installée. Ce côté transformation alimentaire, ce n'était pas forcément mon domaine et je ne me serais pas sentie. Je pense que le challenge aurait été trop élevé pour moi. Je ne dis pas que je n'aurais pas eu les... capacités et les compétences, mais le chemin aurait été pour moi beaucoup plus long et moins naturel.

  • Speaker #1

    Donc il y a quand même quelques facilitations à s'installer sur l'exploitation pour toi.

  • Speaker #2

    Ah oui, complètement. Le fait, comme je l'expliquais, qu'on avait déjà cette demande de visite, de fréquentation, fait qu'il y avait déjà une petite émulsion qui était à travailler, mais il y avait déjà une petite base. et ça met aussi en confiance pour développer quelque chose sur une base qui est déjà existante et développer complètement ce projet de transformation. Je ne pense pas que je m'en serais sentie les épaules. Il faut des épaules quand même. C'est quand même beaucoup de travail, de persévérance, de régularité que Yann a. Il a une vision dans sa gestion. Je ne suis pas très objective, mais je trouve qu'il est quand même vraiment visionnaire. Il voit les choses. Je n'ai pas forcément ce côté-là. Pas en tout cas pour cette activité en elle-même.

  • Speaker #1

    Je comprends. Et lui, c'est lui qui l'a mis en place sur la ferme ou ça y était déjà ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est lui qui l'a mis en place. Lui, il a repris à la suite de sa maman qui exerçait depuis 30 ans. Et la ferme appartenait déjà à ses grands-parents avant. Lui, quand il s'est installé en 2016, il a directement créé l'atelier de transformation.

  • Speaker #1

    D'accord. Maintenant que nous te connaissons un peu mieux, nous allons discuter ensemble de ta vie de couple et de ta vie de famille. Comment est-ce que vous vous êtes connue avec Yann ?

  • Speaker #2

    Alors, c'est drôle parce qu'on s'est connue à l'école d'agriculture. Et pourtant, je n'ai pas fait d'études agricoles. Au lycée, en fait, j'avais redoublé ma seconde et puis un peu pour me remotiver, tout ça, je me suis dit, tiens, je vais aller dans le lycée agricole du coin pour faire option équitation. Enfin voilà, c'était pour me donner un but, enfin de m'impliquer davantage à l'école. Et c'est là qu'on s'est rencontrés. On ne s'est pas mis ensemble tout de suite, on s'est mis ensemble quatre ans après. Mais voilà, on s'est rencontrés à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as ressenti sur le fait qu'il voulait être agriculteur, qu'il était de plus d'agriculteur et qu'il allait reprendre l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Alors, ce n'était pas forcément très évident quand on s'est mis ensemble. Je savais qu'il y avait la ferme, qu'il y avait fait des études pour reprendre un jour. Mais quand vraiment on s'est mis ensemble, il était commercial dans une concession agricole ailleurs. Donc moi, je partais pas mal à l'étranger. En fait, pour la petite anecdote, moi, je lui avais demandé, j'étais en stage au Québec à ce moment-là. Et je lui avais demandé, tiens, ça ne dirait pas qu'on s'installe un an ou deux ici, c'est super et tout ça. Et c'est là, en fait, qu'il m'a annoncé qu'il comptait reprendre la ferme. Donc bon. Ça remettait un petit peu les choses en perspective, puisqu'on ne peut pas trop transposer la ferme au Québec. On ne peut pas la déplacer. Donc finalement, je me suis dit, bon, ok, ce ne sont pas les plans que je m'étais fait, mais pourquoi pas ? Et ma réaction, c'est de me dire, bon, ce n'est pas grave, on aura des chevaux à la maison, ça va être bien. C'était un petit peu naïf peut-être. On était jeunes, on avait 22 ans. Enfin, ouais, même pas. Donc, c'était ma réaction de base. Et ça ne me gêne pas parce que j'aime vraiment ce côté nature, campagne, animaux. Donc, au final, on s'y retrouve vraiment bien.

  • Speaker #1

    Et maintenant, du coup, avec un peu plus de recul, qu'est-ce que tu penses de tes premiers ressentis ? Est-ce qu'il y a des choses que tu n'avais pas spécialement ressenties ? Que ce soit en positif ou en négatif, bien sûr.

  • Speaker #2

    Eh bien, je pense que finalement, j'étais... pas si naïf que ça parce qu'en fait, j'avais vu directement ce côté où j'allais m'y retrouver et je ne m'étais pas trompée. En fait, j'ai tout de suite vu le côté positif et je le vois toujours. On est dans un environnement qui nous correspond vraiment bien à l'un et à l'autre. Donc là-dessus, c'est vraiment chouette. Ouais,

  • Speaker #1

    et puis comme tu as pu, du coup, entre-temps, ce qui n'était pas le cas initialement quand tu l'as rencontré, créer ce projet en plus de t'installer avec lui. Évidemment que ça ressemble.

  • Speaker #2

    Et en même temps, quand je bossais toujours à l'extérieur, ça m'allait très bien le matin d'enfiler mes bottes pour aller soigner mes animaux dehors et après m'habiller bien pour aller être en bureau et revenir et refaire l'inverse. J'aimais vraiment bien ce côté double. J'avais beau bosser en ville dans un bureau, j'avais besoin de ce côté campagne, terre à terre, nature. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr, je comprends. C'est bien de le préciser aussi, puisqu'en effet, dans les femmes d'agriculteurs, qui... qui témoignent ou qui nous écoutent. Il y a un peu les deux. Donc, c'est marrant de voir que finalement, les deux se correspondaient un peu avant quand tu travaillais et qui allaient, on va dire, par plaisir ou par coup de main. Et puis maintenant que tu y travailles en plus, c'est intéressant.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous habitez sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'était un choix ? Est-ce que c'était prévu dès le début ou est-ce que ça s'est fait, je ne sais pas, quand toi, tu t'es installée en plus ?

  • Speaker #2

    Non. Alors, moi, j'ai rejoint Yann l'année dernière et on habite sur... place depuis 2018 si je dis pas de bêtises donc ça fait quelques années ça s'est fait assez naturellement d'être sur place alors je sais que Yann il aimerait bien qu'on soit à quelques centaines de mètres de la ferme pour pas forcément être constamment sur place moi je trouve ça super là dessus il n'y a pas de regrets parce que quand l'un est au travail on peut se voir c'est facile de switcher maison et travail et par contre c'est vrai que si on est en vacances alors lui me le disait avant que je m'installe avec lui que quand il était en vacances il pouvait pas rester à la maison. Et maintenant, en effet, c'est pareil. On peut difficilement couper en étant sur place.

  • Speaker #1

    C'est un peu trop confus entre vie privée et pro.

  • Speaker #2

    C'est ça. Et puis, qu'est-ce qu'il y a du travail et qu'est-ce qu'il y a du plaisir dans nos métiers qui sont quand même des métiers passion ? Où est la frontière ? La limite entre les deux, je pense que c'est le cas pour beaucoup de personnes. Ce n'est pas toujours facile de savoir où mettre la limite. Oui,

  • Speaker #1

    c'est clair. Et qu'est-ce que tu penses du coup, maintenant ça fait un an, de travailler en couple au quotidien ?

  • Speaker #2

    Alors nous, on a la chance de travailler ensemble sans travailler ensemble. C'est-à-dire que chacun a ses activités. On parle beaucoup de travail ensemble, on prend nos décisions ensemble, etc. Mais moi, je gère ma partie et lui, il gère la sienne. Et ça, c'est vachement bien. Je ne sais pas si travailler 24 heures sur 24 ensemble sur le même atelier nous aurait convenu. Enfin, je dis je ne sais pas et en même temps, une petite voix me dit que si, je sais très bien qu'on ne s'y serait pas forcément retrouvés comme ça. Et c'était aussi notre choix. en se disant, ok, on va travailler ensemble, mais en fait, on sera quand même chacun libre de faire ce qu'on a envie, de gérer notre atelier comme on l'entend.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends bien. Quand on se met aussi en couple avec quelqu'un, on ne se frangera pas non plus à le voir 24 heures sur 24. Ce n'est pas forcément évident.

  • Speaker #2

    Non, c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que je pose la question. Tu nous parlais du fait que sa maman travaille sur l'exploitation. Oui. Encore un petit peu maintenant. Ta belle-famille est géographiquement proche. Quels sont tes rapports avec elle ?

  • Speaker #2

    Alors, on s'entend vraiment très bien avec ma belle-mère. J'ai vraiment de la chance parce que c'est quelqu'un qui fait tout pour que ça se passe bien. Elle ne veut pas s'imposer et en même temps, elle est très disponible quand on a besoin. C'est même elle qui nous dit, mais tiens, vous ne voulez pas que je garde les enfants ce soir, vous allez au resto. Elle est vraiment très disponible et très à l'écoute. Et ça, j'ai vraiment beaucoup de chance. Je ne sais pas si elle m'écoute, mais je pense que j'ai vraiment la meilleure belle-mère qu'on pourrait avoir.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Est-ce qu'en t'installant sur la ferme, c'est quelque chose qui te faisait peur cette fois ? proximité, alors t'installer que ce soit vivre sur l'exploitation ou travailler sur l'exploitation de te dire moi je vais travailler avec ma belle famille, est-ce que c'est quelque chose dont tu avais peur ou pas spécialement ?

  • Speaker #2

    Les deux, Yann et sa maman travaillaient déjà très bien ensemble et ça se passait très bien. Le fait que moi j'arrive là en fait c'est pareil, on ne travaille pas ensemble, on se dépanne sur des coups de main. Ma belle maman ne travaille pas sur l'atelier ou me remplace à l'occasion mais du coup on ne travaille pas spécialement ensemble et par contre on se voit. tous les jours, quasiment. Et ça, ça ne m'a jamais posé de problème parce que ça se passe super bien et qu'elle n'est pas envahissante, ce n'est pas du tout un problème.

  • Speaker #1

    Trop bien. Et tu nous parlais d'enfants. Vous en avez tous les deux ?

  • Speaker #2

    Oui, on en a deux, oui.

  • Speaker #1

    Comment ça s'est passé, l'arrivée de ces enfants, par rapport à des périodes peut-être agricoles un peu compliquées ou denses ? Est-ce que ton conjoint a pu être disponible à t'aider dans ces moments-là ?

  • Speaker #2

    On a deux petits garçons de 3 ans et 1 an, et j'ai accouché de notre grand le jour de l'ensilage. Voilà, ça, le ton était donné. C'est le jour où ça ne tombait pas super bien. Mais en fait, moi, j'étais encore salariée à ce moment-là. Le contexte était assez différent par rapport à notre deuxième. Malgré le fait que c'était le jour de l'ensilage, évidemment que Yann était avec moi et qu'il est resté avec moi. Et il a pris tout son congé parental, son congé paternité dans sa totalité. Il était vraiment très investi. Donc ça, c'est vraiment une chance. Et c'est aussi le fait qu'on soit une équipe. Pareil pour les week-ends, on peut se remplacer. Ça tourne, il ne travaille pas tous les week-ends. Et là, c'est pareil, en fait. Il s'était organisé pour pouvoir être remplacé. Donc ça, c'est vraiment une chance. Et après, pour notre deuxième enfant, j'ai accouché quand on a commencé les travaux pour la ferme pédagogique. Donc, ça a été une autre paire de manches parce que du coup, Yann était vraiment aux travaux et moi, j'étais avec les enfants à la maison. Je ne pouvais pas non plus faire autant de travaux que j'avais envie. Et puis, lui ne pouvait pas autant profiter à la maison que ce qu'il aurait voulu. On a fait un peu tout en même temps. Ça a été une période qui était vraiment très dense. Mais bon, c'est fait et c'est une bonne chose de faite.

  • Speaker #1

    Oui, ok, je comprends bien. Et comment se passe maintenant votre organisation familiale vis-à-vis des enfants et du fait que vous travaillez tous les deux sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Alors le fait de travailler tous les deux sur la ferme, ça présente des avantages où on peut quand même facilement moduler nos agendas pour se relayer en fonction des rendez-vous de la journée, de l'emploi du temps de l'un ou de l'autre. Donc il y en a un qui se fait plutôt le matin et l'autre le soir. Et on switch quoi, celui qui commence tôt le matin récupère les enfants et vice versa. Donc là-dessus on arrive à bien gérer. Et puis quand on a vraiment des moments où on est tous les deux bouqués, ben là, on appelle belle-maman. C'est bien, on a de l'aide. Et en fait, travailler sur place, c'est aussi avoir ses enfants sur place. Donc là, je parlais un peu du quotidien, les emmener à l'école ou à la crèche et les faire revenir chez la nourrice. Quand on les a la journée, finalement, le grand, il adore aller sur le tracteur. Le petit, il suit avec les animaux de la ferme pédagogique. En fait, on a quand même créé un environnement qui est propice à avoir une enfance de rêve, d'une certaine manière.

  • Speaker #1

    Ça, je comprends bien. Tes enfants apprécient de passer du temps sur la ferme. Est-ce que vous souhaiteriez qu'ils reprennent l'exploitation ? C'est une question assez clichée, n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce que vous en pensez de ça ?

  • Speaker #2

    Alors, ils font vraiment ce qu'ils voudront. On ne leur met pas la pression. Encore en plus, ils sont tellement petits. Mais vraiment, s'ils veulent reprendre, pas de souci. Mais s'ils veulent faire complètement autre chose, pas de souci non plus. Le tout, c'est un métier qui est quand même prenant. il y a un métier passion et il faut vraiment avoir envie pour s'investir autant sinon on le verrait comme une contrainte et ce serait pas vivable enfin eux le verraient comme ça et ce serait pas vivable pour l'instant ils apprécient vraiment notre grand est mordu de tracteurs et de télescopiques et de tout ça je dois avoir 6 tracteurs dans mon salon donc la ferme c'est pas que dehors c'est dans la maison aussi ouais ouais j'aurais l'idée on serait pas forcément déçus vous verrez bien on verrait bien ce qui se...

  • Speaker #1

    Ça marche. Comment est-ce que vous arrivez à trouver vos moments de couple à côté du travail à la ferme ? Est-ce que vous vous accordez des soirées, des restos, des week-ends ?

  • Speaker #2

    On arrive à s'accorder des restos. Je ne sais pas trop à quelle fréquence, je dirais une fois par mois. Des soirées avec les copains, ça, ça fait assez facile parce qu'on emmène les enfants. Ou alors, on les fait garder et ça se fait assez bien aussi. Les vacances, on n'a jamais fait. C'est un projet. L'idée, on se dit, on part dix jours que tous les deux et puis plus ça va et plus on se dit, non mais quatre jours, c'est bien sinon. Mais en tout cas, on essaye de prendre ces temps-là. Et après, on est quand même conscients que là, ils sont petits. Donc, c'est aussi la phase où on est en lancement d'activité pour moi. Les enfants sont petits. Donc, ce n'est pas le moment le plus facile. Mais en fait, ce qu'on fait là, à sortir de temps en temps tous les deux, ça nous convient bien. Et puis sinon, on se fait aussi des petits restos le midi, puisqu'on travaille ensemble. Là, ce midi, ça te dit, on va se faire un petit resto. Ce n'est pas la même ambiance que quand on y va le soir, mais en fait, ça nous permet de nous retrouver dans un autre contexte. Et ce n'est pas qu'un repas d'associés. C'est un petit resto aussi en amour. Oui,

  • Speaker #1

    et puis comme tu disais, le fait de sortir un peu de l'exploitation, ça vous coupe forcément aussi un peu de ce quotidien et ça vous permet peut-être d'avoir d'autres sujets et de couper un peu.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Et puis, on a vraiment tout sur... place, notre travail, notre maison, l'aire de jeu de la ferme pédagogique pour les enfants, quand ils veulent aller jouer, c'est là. On fait vraiment tout là. Donc c'est vrai que c'est bien aussi de sortir un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends. Tu parlais donc de vacances tous les deux, mais est-ce que vous partez tous les quatre ?

  • Speaker #2

    Oui, on l'a fait l'année dernière. On a toujours réussi, même avant les enfants, à partir chaque année ensemble. Et depuis qu'on a les enfants, je crois qu'on est partis une semaine chaque année aussi. On est partis l'année dernière, pas très loin, mais de quoi couper quand même tous les quatre. Et en fait, c'était moi qui avais le plus de mal à couper du travail. Yann, une fois qu'il coupe, il coupe. Moi, pas trop. Je ne m'y attendais pas. Et en même temps, c'était un contexte un peu particulier. Moi, c'était ma première saison. C'était la dernière semaine d'août. Donc, j'étais remplacée, mais je voulais voir comment ça allait, quelles fréquentations on avait. Je regardais toujours un peu sur le téléphone. Enfin, voilà, je n'ai pas très bien coupé. Mais je pense que par la suite, dans un rythme de croisière, je devrais pouvoir y arriver un peu plus. J'espère.

  • Speaker #1

    C'était à fond. C'est aussi quand on s'installe. L'inverse serait plutôt inquiétant.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #1

    Tu nous parlais de ta belle-mère. Est-ce que vous avez des amis ou de la famille autour de vous ? Est-ce que tu te sens parfois isolée ou plutôt bien entourée ?

  • Speaker #2

    Alors moi, mes parents et ma famille, il y a un quart d'heure d'ici, on est proches géographiquement. On se voit aussi assez souvent. Mon père vient régulièrement nous voir. Je vois ma famille assez fréquemment. Et puis mes amis aussi. Alors mes amis à moi, mes amis d'enfance, d'école, sont tous un peu dispatchés. Assez loin, on se voit moins souvent que pour juste se faire un repas le soir, mais on arrive à s'organiser des week-ends, des retrouvailles de temps en temps. Et puis après, sur place, on a une équipe de 6-8 avec enfants, juste dans les 5 kilomètres autour de la ferme. On a un noyau qui s'entend super bien et on se voit assez souvent pour plein d'occasions. Donc ça, c'est vraiment chouette. C'est très précieux pour nous. Et puis toute l'équipe, Yann fait du rugby, donc l'équipe du rugby qu'on voit souvent. En fait, on a tous eu nos enfants en même temps. Ils ont tous les mêmes âges. Alors du coup, c'est quelque chose quand on est tous ensemble. Il y a autant d'enfants que d'adultes, d'enfants de moins de 4 ans. Mais du coup, on a les mêmes centres d'intérêt. On traverse les mêmes choses au même moment. Et ça, c'est vraiment précieux en tant que jeune parent.

  • Speaker #1

    C'est clair. même d'évoluer en même temps et de rencontrer les mêmes difficultés. Et puis, plaisir, bien sûr. D'avoir des enfants en bas âge, je comprends tout à fait. Dans ces amis autour de vous, est-ce que tout le monde est dans le milieu agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #2

    Pas spécialement, mais quand même une bonne partie. Ceux du club de rugby, beaucoup sont, je dirais que la moitié sont dans le milieu agricole. Et dans nos voisins, pareil. Je vais dire que ce serait 50-50. Et on ne parle pas forcément d'agriculture quand on se retrouve. C'est d'autres sujets qui nous relient. Avec nos voisins, c'est beaucoup l'équitation, le cheval, et puis d'autres choses, mais c'est ça qui nous rapproche en premier lieu. On fait des balades à cheval ensemble, etc. On arrive à couper vraiment du monde agricole avec eux.

  • Speaker #1

    Trop bien, ça marche. Pour conclure notre échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculture ? culturelle que c'est.

  • Speaker #2

    Je pense qu'il faut se laisser porter d'une certaine manière parce qu'on est dans une activité où il y a toujours des choses à faire, il y a toujours des changements de programme. On vit, c'est pas un long fleuve tranquille, mais se laisser porter et puis prendre ça de manière positive, je crois que c'est vraiment le message à faire passer. Je suis loin de dire que c'est facile mais je pense que c'est important. Et puis ne pas oublier qu'en fait, on vit dans un environnement qui est vraiment ... En tout cas, quand on aime ça, proche de la nature, c'est une chance d'être proche de la nature et d'offrir un contexte de vie à nos enfants. J'entendais notamment dans des précédents podcasts que tu as, beaucoup de témoignages disaient que c'est un jardin sans barrière. Et en fait, c'est vraiment ça. On a la chance de pouvoir proposer ça à nos enfants. Ça, c'est vraiment chouette.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. Qu'est-ce qui, selon toi, t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur ?

  • Speaker #2

    Ce qui m'épanouit, c'est vraiment le côté de vivre au rythme de la nature. Ça rejoint vraiment ce que je disais juste avant. Je pense que les deux questions sont un petit peu similaires, ou en tout cas, j'y réponds de manière un peu similaire. Mais d'offrir ce cadre de vie à ses enfants, et puis de voir son mari qui est passionné par ce qu'il fait, et prendre plaisir à ce qu'il fait. Et moi aussi, ça m'a permis le fait de... Mon chemin de vie a fait que je m'éclate aussi dans ce que je fais, et d'avoir pu développer mon activité, c'est quelque chose que je n'aurais pas pu faire dans un autre contexte du tout. et chaque jour je me dis qu'en fait je suis vraiment à la... à ma place et à la bonne place.

  • Speaker #1

    Trop bien. Bah ouais, en fait, du coup, tu t'épanouis personnellement avec lui et maintenant professionnellement aussi.

  • Speaker #2

    Ouais, exactement. C'est un bon résumé.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Écoute, merci beaucoup pour cet échange.

  • Speaker #2

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie ou au contraire, sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

Leur ferme vient de feter le premier anniversaire de leur ferme pédagogique : joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire TyLipous, joyeux anniversaire !


Armonie est une jeune femme dynamique qui s'est installée sur la ferme de son conjoint pour l'ouvrir au plus grand nombre à travers la création d'une ferme pédagogique.


Son mari a développé la production de produits laitiers sur la ferme laitière biologique en s'y installant.


Nous discuterons ensemble des joies et difficultés à partager la vie d'un agriculteur. Nous aborderons la vie de couple et de famille à la campagne rythmée par les bonheurs mais aussi les contraintes de l'agriculture.

Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?

  • Speaker #1

    Pour cet épisode, j'ai la chance de discuter avec Harmonie. Nous venons de nous découvrir toutes les deux, mais peux-tu brièvement te présenter ?

  • Speaker #2

    Bonjour, moi je m'appelle Harmonie, j'ai 32 ans. Je suis mariée à Yann, qui est installée en Vache Laitière. et on a ensemble deux enfants de 3 et 1 an.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous présenter un petit peu l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Oui, en fait, on est situé à Moustérou, donc c'est une petite commune près de Guingamp, entre Rennes et Brest, et on est en polyculture élevage bovin-lait en bio, avec activité de transformation, donc on fabrique sur place yaourt, crème, dessert, riz au lait, du coup avec le lait de notre ferme, et on a développé une partie d'accueil l'année dernière, en ferme pédagogique, visite guidée et un petit bar fermier. Oh, trop chouette ! Oui. Ça,

  • Speaker #0

    ça va être...

  • Speaker #1

    C'est des choses que tu as développées toi en t'installant ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça, oui. Je les rejoins vraiment pour développer cette partie d'accueil.

  • Speaker #1

    Trop chouette. J'ai hâte que tu nous présentes un peu tout ça. Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu de toi pour te découvrir. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #2

    Moi, j'ai grandi à 15 minutes du lieu où on est actuellement, de la ferme de Yann. Je ne suis pas issue d'un milieu agricole. Mes grands-parents avaient une ferme. J'y allais un petit peu quand j'étais petite, mais je n'étais pas tant que ça intéressée. C'est vraiment le côté cheval qui m'a un peu menée vers le côté agricole d'une certaine manière. Ok,

  • Speaker #1

    salut ! Quelles études as-tu fait et dans quel but ?

  • Speaker #2

    Moi j'ai suivi une licence LEA, donc c'est Langue étrangère appliquée, donc rien à voir avec ce que je fais actuellement. Et l'idée, moi en fait à l'époque je me voyais bien travailler un an en Thaïlande, un an là-bas, vraiment de l'autre bout du monde, travailler avec mon ordinateur et voilà. J'étais très globetrotteuse, j'ai pas mal bougé. pendant mes études et un petit peu après. Et après, j'ai fait un master communication pour allier les compétences entre elles.

  • Speaker #1

    Ce qui peut aider aussi maintenant à ton activité un petit peu aussi.

  • Speaker #2

    Oui, complètement. En fait, je me rends compte que tout le parcours, même si l'idée de base n'a pas grand-chose à voir avec ce que je fais maintenant, finalement, c'est comme ça dans la vie. Tout se sert, toutes les compétences mises bout à bout servent à l'activité actuelle, oui, complètement.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et donc, tu nous disais que tu t'es installée récemment sur l'exploitation de ton... conjoint. Qu'est-ce que tu faisais du coup avant, donc après tes études, quels étaient tes premiers métiers et tes missions dans ces différentes expériences professionnelles ?

  • Speaker #2

    J'ai eu un poste à la sortie de mes études dans une agence de développement touristique. J'ai travaillé pendant 5 ans dans cette agence-là. Mon but, c'était de faire la promotion des Côtes d'Armor d'un point de vue touristique, donner envie aux gens extérieurs à la Bretagne de venir en vacances ici. Pendant mes missions, on cherchait à promouvoir la destination d'un point de vue agritouristique. En fait, on se rend compte depuis le Covid que les gens sont vraiment à la recherche de contacts avec la nature, de revenir dans les fermes, de revenir à quelque chose de plus terre à terre et avec des valeurs simples. Et en fait, on cherchait, nous, en réunion sur le territoire, des structures qui peuvent répondre à ces intentions-là. Et en fait, en creusant comme ça, ça me donnait plein d'idées sur ce qu'on pouvait développer à la ferme. C'est vrai qu'on avait un cadre qui s'y prêtait vraiment. Et je me suis dit, en fait, il y a vraiment quelque chose à faire. Et j'avais vraiment cette volonté de changer, de ne plus rester dans un bureau, de revenir... Travailler avec mes mains, de retrouver aussi du contact client avec les gens, l'envie de transmettre aussi. En fait, tout ça mis bout à bout, donc on est arrivé à développer ça et je m'éclate dans ce que je fais.

  • Speaker #1

    Super. Et du coup, Yann était déjà sur l'exploitation. Quelles étaient, lui, ses missions ? Et comment toi, tu t'es intégré en plus ? Qu'est-ce que tu as donc développé ? Tu nous parlais de la ferme pédagogique. de la transformation laitière. Est-ce que tu peux nous présenter un peu ce que vous faites et un peu, j'allais dire, qui fait quoi ? Qu'on comprenne un peu la valeur ajoutée que tu as pu apporter en arrivant sur l'exploitation.

  • Speaker #2

    Oui, alors en fait, l'activité de transformation, elle existe depuis 2016. On est une équipe de 10 personnes parce qu'en fait, on fait beaucoup de métiers différents. En fait, Yann a commencé tout seul avec sa maman. Puis petit à petit, en fait, il a fallu agrandir l'équipe. Donc raison à peu près d'une personne par an finalement. Donc là, Yann, il chapote un petit peu l'ensemble. On a deux personnes à la ferme, deux et demi à la yaourterie. Et après, on a aussi un livreur, une commerciale, quelqu'un à la compta. Enfin du coup, ça fait des missions très variées. Et en fait, on est assez implanté localement. On a déjà organisé par le passé pas mal d'événements qui avaient beaucoup fonctionné, comme des petits-déj à la ferme, des portes ouvertes. C'est quelque chose qu'on aimait bien de base, recevoir du public et transmettre encore une fois. On avait de la demande, on essayait de répondre à cette demande qui était croissante, notamment de la part des écoles qui voulaient venir voir comment... comment on fabrique un yaourt, qu'ils ont mangé à la cantine, etc. On n'était pas forcément professionnalisés et structurés pour répondre à cette demande-là. Yann le faisait, moi je travaillais à l'extérieur donc je ne pouvais pas le faire. Ça demandait vraiment une logistique, s'arrêter dans son travail pour aller présenter son atelier, parce que chacun présentait son atelier. Mais voilà, après au bout d'un moment on arrivait à un stade où on ne pouvait plus répondre à cette demande et puis on voulait quand même le faire mais en étant plus qualitatif, en se professionnalisant, en se structurant, en proposant des infrastructures qui permettent... des sanitaires, un emplacement de car, etc. pour pouvoir accueillir de manière efficace et confortable. Et donc, c'est là où je suis arrivée avec mes idées et puis en développant ça.

  • Speaker #1

    Et donc, dans l'équipe de 10 personnes dont tu parlais, ce sont des membres de la famille de Yann et ou des personnes extérieures ?

  • Speaker #2

    Ce sont des personnes extérieures. La maman de Yann travaille toujours sur la ferme, mais elle part en retraite cette année. Il y a un peu de chamboulement.

  • Speaker #1

    D'accord. Oui, en effet. OK. Est-ce que tu te serais installée sur l'exploitation si la transformation en yaourt et en crème avait été à initier et à mettre en place sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Je ne pense pas. Je pense que c'est vraiment le contexte où il y avait déjà ça d'implanter qui fait que je me suis installée. Ce côté transformation alimentaire, ce n'était pas forcément mon domaine et je ne me serais pas sentie. Je pense que le challenge aurait été trop élevé pour moi. Je ne dis pas que je n'aurais pas eu les... capacités et les compétences, mais le chemin aurait été pour moi beaucoup plus long et moins naturel.

  • Speaker #1

    Donc il y a quand même quelques facilitations à s'installer sur l'exploitation pour toi.

  • Speaker #2

    Ah oui, complètement. Le fait, comme je l'expliquais, qu'on avait déjà cette demande de visite, de fréquentation, fait qu'il y avait déjà une petite émulsion qui était à travailler, mais il y avait déjà une petite base. et ça met aussi en confiance pour développer quelque chose sur une base qui est déjà existante et développer complètement ce projet de transformation. Je ne pense pas que je m'en serais sentie les épaules. Il faut des épaules quand même. C'est quand même beaucoup de travail, de persévérance, de régularité que Yann a. Il a une vision dans sa gestion. Je ne suis pas très objective, mais je trouve qu'il est quand même vraiment visionnaire. Il voit les choses. Je n'ai pas forcément ce côté-là. Pas en tout cas pour cette activité en elle-même.

  • Speaker #1

    Je comprends. Et lui, c'est lui qui l'a mis en place sur la ferme ou ça y était déjà ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est lui qui l'a mis en place. Lui, il a repris à la suite de sa maman qui exerçait depuis 30 ans. Et la ferme appartenait déjà à ses grands-parents avant. Lui, quand il s'est installé en 2016, il a directement créé l'atelier de transformation.

  • Speaker #1

    D'accord. Maintenant que nous te connaissons un peu mieux, nous allons discuter ensemble de ta vie de couple et de ta vie de famille. Comment est-ce que vous vous êtes connue avec Yann ?

  • Speaker #2

    Alors, c'est drôle parce qu'on s'est connue à l'école d'agriculture. Et pourtant, je n'ai pas fait d'études agricoles. Au lycée, en fait, j'avais redoublé ma seconde et puis un peu pour me remotiver, tout ça, je me suis dit, tiens, je vais aller dans le lycée agricole du coin pour faire option équitation. Enfin voilà, c'était pour me donner un but, enfin de m'impliquer davantage à l'école. Et c'est là qu'on s'est rencontrés. On ne s'est pas mis ensemble tout de suite, on s'est mis ensemble quatre ans après. Mais voilà, on s'est rencontrés à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as ressenti sur le fait qu'il voulait être agriculteur, qu'il était de plus d'agriculteur et qu'il allait reprendre l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Alors, ce n'était pas forcément très évident quand on s'est mis ensemble. Je savais qu'il y avait la ferme, qu'il y avait fait des études pour reprendre un jour. Mais quand vraiment on s'est mis ensemble, il était commercial dans une concession agricole ailleurs. Donc moi, je partais pas mal à l'étranger. En fait, pour la petite anecdote, moi, je lui avais demandé, j'étais en stage au Québec à ce moment-là. Et je lui avais demandé, tiens, ça ne dirait pas qu'on s'installe un an ou deux ici, c'est super et tout ça. Et c'est là, en fait, qu'il m'a annoncé qu'il comptait reprendre la ferme. Donc bon. Ça remettait un petit peu les choses en perspective, puisqu'on ne peut pas trop transposer la ferme au Québec. On ne peut pas la déplacer. Donc finalement, je me suis dit, bon, ok, ce ne sont pas les plans que je m'étais fait, mais pourquoi pas ? Et ma réaction, c'est de me dire, bon, ce n'est pas grave, on aura des chevaux à la maison, ça va être bien. C'était un petit peu naïf peut-être. On était jeunes, on avait 22 ans. Enfin, ouais, même pas. Donc, c'était ma réaction de base. Et ça ne me gêne pas parce que j'aime vraiment ce côté nature, campagne, animaux. Donc, au final, on s'y retrouve vraiment bien.

  • Speaker #1

    Et maintenant, du coup, avec un peu plus de recul, qu'est-ce que tu penses de tes premiers ressentis ? Est-ce qu'il y a des choses que tu n'avais pas spécialement ressenties ? Que ce soit en positif ou en négatif, bien sûr.

  • Speaker #2

    Eh bien, je pense que finalement, j'étais... pas si naïf que ça parce qu'en fait, j'avais vu directement ce côté où j'allais m'y retrouver et je ne m'étais pas trompée. En fait, j'ai tout de suite vu le côté positif et je le vois toujours. On est dans un environnement qui nous correspond vraiment bien à l'un et à l'autre. Donc là-dessus, c'est vraiment chouette. Ouais,

  • Speaker #1

    et puis comme tu as pu, du coup, entre-temps, ce qui n'était pas le cas initialement quand tu l'as rencontré, créer ce projet en plus de t'installer avec lui. Évidemment que ça ressemble.

  • Speaker #2

    Et en même temps, quand je bossais toujours à l'extérieur, ça m'allait très bien le matin d'enfiler mes bottes pour aller soigner mes animaux dehors et après m'habiller bien pour aller être en bureau et revenir et refaire l'inverse. J'aimais vraiment bien ce côté double. J'avais beau bosser en ville dans un bureau, j'avais besoin de ce côté campagne, terre à terre, nature. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr, je comprends. C'est bien de le préciser aussi, puisqu'en effet, dans les femmes d'agriculteurs, qui... qui témoignent ou qui nous écoutent. Il y a un peu les deux. Donc, c'est marrant de voir que finalement, les deux se correspondaient un peu avant quand tu travaillais et qui allaient, on va dire, par plaisir ou par coup de main. Et puis maintenant que tu y travailles en plus, c'est intéressant.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous habitez sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'était un choix ? Est-ce que c'était prévu dès le début ou est-ce que ça s'est fait, je ne sais pas, quand toi, tu t'es installée en plus ?

  • Speaker #2

    Non. Alors, moi, j'ai rejoint Yann l'année dernière et on habite sur... place depuis 2018 si je dis pas de bêtises donc ça fait quelques années ça s'est fait assez naturellement d'être sur place alors je sais que Yann il aimerait bien qu'on soit à quelques centaines de mètres de la ferme pour pas forcément être constamment sur place moi je trouve ça super là dessus il n'y a pas de regrets parce que quand l'un est au travail on peut se voir c'est facile de switcher maison et travail et par contre c'est vrai que si on est en vacances alors lui me le disait avant que je m'installe avec lui que quand il était en vacances il pouvait pas rester à la maison. Et maintenant, en effet, c'est pareil. On peut difficilement couper en étant sur place.

  • Speaker #1

    C'est un peu trop confus entre vie privée et pro.

  • Speaker #2

    C'est ça. Et puis, qu'est-ce qu'il y a du travail et qu'est-ce qu'il y a du plaisir dans nos métiers qui sont quand même des métiers passion ? Où est la frontière ? La limite entre les deux, je pense que c'est le cas pour beaucoup de personnes. Ce n'est pas toujours facile de savoir où mettre la limite. Oui,

  • Speaker #1

    c'est clair. Et qu'est-ce que tu penses du coup, maintenant ça fait un an, de travailler en couple au quotidien ?

  • Speaker #2

    Alors nous, on a la chance de travailler ensemble sans travailler ensemble. C'est-à-dire que chacun a ses activités. On parle beaucoup de travail ensemble, on prend nos décisions ensemble, etc. Mais moi, je gère ma partie et lui, il gère la sienne. Et ça, c'est vachement bien. Je ne sais pas si travailler 24 heures sur 24 ensemble sur le même atelier nous aurait convenu. Enfin, je dis je ne sais pas et en même temps, une petite voix me dit que si, je sais très bien qu'on ne s'y serait pas forcément retrouvés comme ça. Et c'était aussi notre choix. en se disant, ok, on va travailler ensemble, mais en fait, on sera quand même chacun libre de faire ce qu'on a envie, de gérer notre atelier comme on l'entend.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends bien. Quand on se met aussi en couple avec quelqu'un, on ne se frangera pas non plus à le voir 24 heures sur 24. Ce n'est pas forcément évident.

  • Speaker #2

    Non, c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que je pose la question. Tu nous parlais du fait que sa maman travaille sur l'exploitation. Oui. Encore un petit peu maintenant. Ta belle-famille est géographiquement proche. Quels sont tes rapports avec elle ?

  • Speaker #2

    Alors, on s'entend vraiment très bien avec ma belle-mère. J'ai vraiment de la chance parce que c'est quelqu'un qui fait tout pour que ça se passe bien. Elle ne veut pas s'imposer et en même temps, elle est très disponible quand on a besoin. C'est même elle qui nous dit, mais tiens, vous ne voulez pas que je garde les enfants ce soir, vous allez au resto. Elle est vraiment très disponible et très à l'écoute. Et ça, j'ai vraiment beaucoup de chance. Je ne sais pas si elle m'écoute, mais je pense que j'ai vraiment la meilleure belle-mère qu'on pourrait avoir.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Est-ce qu'en t'installant sur la ferme, c'est quelque chose qui te faisait peur cette fois ? proximité, alors t'installer que ce soit vivre sur l'exploitation ou travailler sur l'exploitation de te dire moi je vais travailler avec ma belle famille, est-ce que c'est quelque chose dont tu avais peur ou pas spécialement ?

  • Speaker #2

    Les deux, Yann et sa maman travaillaient déjà très bien ensemble et ça se passait très bien. Le fait que moi j'arrive là en fait c'est pareil, on ne travaille pas ensemble, on se dépanne sur des coups de main. Ma belle maman ne travaille pas sur l'atelier ou me remplace à l'occasion mais du coup on ne travaille pas spécialement ensemble et par contre on se voit. tous les jours, quasiment. Et ça, ça ne m'a jamais posé de problème parce que ça se passe super bien et qu'elle n'est pas envahissante, ce n'est pas du tout un problème.

  • Speaker #1

    Trop bien. Et tu nous parlais d'enfants. Vous en avez tous les deux ?

  • Speaker #2

    Oui, on en a deux, oui.

  • Speaker #1

    Comment ça s'est passé, l'arrivée de ces enfants, par rapport à des périodes peut-être agricoles un peu compliquées ou denses ? Est-ce que ton conjoint a pu être disponible à t'aider dans ces moments-là ?

  • Speaker #2

    On a deux petits garçons de 3 ans et 1 an, et j'ai accouché de notre grand le jour de l'ensilage. Voilà, ça, le ton était donné. C'est le jour où ça ne tombait pas super bien. Mais en fait, moi, j'étais encore salariée à ce moment-là. Le contexte était assez différent par rapport à notre deuxième. Malgré le fait que c'était le jour de l'ensilage, évidemment que Yann était avec moi et qu'il est resté avec moi. Et il a pris tout son congé parental, son congé paternité dans sa totalité. Il était vraiment très investi. Donc ça, c'est vraiment une chance. Et c'est aussi le fait qu'on soit une équipe. Pareil pour les week-ends, on peut se remplacer. Ça tourne, il ne travaille pas tous les week-ends. Et là, c'est pareil, en fait. Il s'était organisé pour pouvoir être remplacé. Donc ça, c'est vraiment une chance. Et après, pour notre deuxième enfant, j'ai accouché quand on a commencé les travaux pour la ferme pédagogique. Donc, ça a été une autre paire de manches parce que du coup, Yann était vraiment aux travaux et moi, j'étais avec les enfants à la maison. Je ne pouvais pas non plus faire autant de travaux que j'avais envie. Et puis, lui ne pouvait pas autant profiter à la maison que ce qu'il aurait voulu. On a fait un peu tout en même temps. Ça a été une période qui était vraiment très dense. Mais bon, c'est fait et c'est une bonne chose de faite.

  • Speaker #1

    Oui, ok, je comprends bien. Et comment se passe maintenant votre organisation familiale vis-à-vis des enfants et du fait que vous travaillez tous les deux sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Alors le fait de travailler tous les deux sur la ferme, ça présente des avantages où on peut quand même facilement moduler nos agendas pour se relayer en fonction des rendez-vous de la journée, de l'emploi du temps de l'un ou de l'autre. Donc il y en a un qui se fait plutôt le matin et l'autre le soir. Et on switch quoi, celui qui commence tôt le matin récupère les enfants et vice versa. Donc là-dessus on arrive à bien gérer. Et puis quand on a vraiment des moments où on est tous les deux bouqués, ben là, on appelle belle-maman. C'est bien, on a de l'aide. Et en fait, travailler sur place, c'est aussi avoir ses enfants sur place. Donc là, je parlais un peu du quotidien, les emmener à l'école ou à la crèche et les faire revenir chez la nourrice. Quand on les a la journée, finalement, le grand, il adore aller sur le tracteur. Le petit, il suit avec les animaux de la ferme pédagogique. En fait, on a quand même créé un environnement qui est propice à avoir une enfance de rêve, d'une certaine manière.

  • Speaker #1

    Ça, je comprends bien. Tes enfants apprécient de passer du temps sur la ferme. Est-ce que vous souhaiteriez qu'ils reprennent l'exploitation ? C'est une question assez clichée, n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce que vous en pensez de ça ?

  • Speaker #2

    Alors, ils font vraiment ce qu'ils voudront. On ne leur met pas la pression. Encore en plus, ils sont tellement petits. Mais vraiment, s'ils veulent reprendre, pas de souci. Mais s'ils veulent faire complètement autre chose, pas de souci non plus. Le tout, c'est un métier qui est quand même prenant. il y a un métier passion et il faut vraiment avoir envie pour s'investir autant sinon on le verrait comme une contrainte et ce serait pas vivable enfin eux le verraient comme ça et ce serait pas vivable pour l'instant ils apprécient vraiment notre grand est mordu de tracteurs et de télescopiques et de tout ça je dois avoir 6 tracteurs dans mon salon donc la ferme c'est pas que dehors c'est dans la maison aussi ouais ouais j'aurais l'idée on serait pas forcément déçus vous verrez bien on verrait bien ce qui se...

  • Speaker #1

    Ça marche. Comment est-ce que vous arrivez à trouver vos moments de couple à côté du travail à la ferme ? Est-ce que vous vous accordez des soirées, des restos, des week-ends ?

  • Speaker #2

    On arrive à s'accorder des restos. Je ne sais pas trop à quelle fréquence, je dirais une fois par mois. Des soirées avec les copains, ça, ça fait assez facile parce qu'on emmène les enfants. Ou alors, on les fait garder et ça se fait assez bien aussi. Les vacances, on n'a jamais fait. C'est un projet. L'idée, on se dit, on part dix jours que tous les deux et puis plus ça va et plus on se dit, non mais quatre jours, c'est bien sinon. Mais en tout cas, on essaye de prendre ces temps-là. Et après, on est quand même conscients que là, ils sont petits. Donc, c'est aussi la phase où on est en lancement d'activité pour moi. Les enfants sont petits. Donc, ce n'est pas le moment le plus facile. Mais en fait, ce qu'on fait là, à sortir de temps en temps tous les deux, ça nous convient bien. Et puis sinon, on se fait aussi des petits restos le midi, puisqu'on travaille ensemble. Là, ce midi, ça te dit, on va se faire un petit resto. Ce n'est pas la même ambiance que quand on y va le soir, mais en fait, ça nous permet de nous retrouver dans un autre contexte. Et ce n'est pas qu'un repas d'associés. C'est un petit resto aussi en amour. Oui,

  • Speaker #1

    et puis comme tu disais, le fait de sortir un peu de l'exploitation, ça vous coupe forcément aussi un peu de ce quotidien et ça vous permet peut-être d'avoir d'autres sujets et de couper un peu.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Et puis, on a vraiment tout sur... place, notre travail, notre maison, l'aire de jeu de la ferme pédagogique pour les enfants, quand ils veulent aller jouer, c'est là. On fait vraiment tout là. Donc c'est vrai que c'est bien aussi de sortir un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends. Tu parlais donc de vacances tous les deux, mais est-ce que vous partez tous les quatre ?

  • Speaker #2

    Oui, on l'a fait l'année dernière. On a toujours réussi, même avant les enfants, à partir chaque année ensemble. Et depuis qu'on a les enfants, je crois qu'on est partis une semaine chaque année aussi. On est partis l'année dernière, pas très loin, mais de quoi couper quand même tous les quatre. Et en fait, c'était moi qui avais le plus de mal à couper du travail. Yann, une fois qu'il coupe, il coupe. Moi, pas trop. Je ne m'y attendais pas. Et en même temps, c'était un contexte un peu particulier. Moi, c'était ma première saison. C'était la dernière semaine d'août. Donc, j'étais remplacée, mais je voulais voir comment ça allait, quelles fréquentations on avait. Je regardais toujours un peu sur le téléphone. Enfin, voilà, je n'ai pas très bien coupé. Mais je pense que par la suite, dans un rythme de croisière, je devrais pouvoir y arriver un peu plus. J'espère.

  • Speaker #1

    C'était à fond. C'est aussi quand on s'installe. L'inverse serait plutôt inquiétant.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #1

    Tu nous parlais de ta belle-mère. Est-ce que vous avez des amis ou de la famille autour de vous ? Est-ce que tu te sens parfois isolée ou plutôt bien entourée ?

  • Speaker #2

    Alors moi, mes parents et ma famille, il y a un quart d'heure d'ici, on est proches géographiquement. On se voit aussi assez souvent. Mon père vient régulièrement nous voir. Je vois ma famille assez fréquemment. Et puis mes amis aussi. Alors mes amis à moi, mes amis d'enfance, d'école, sont tous un peu dispatchés. Assez loin, on se voit moins souvent que pour juste se faire un repas le soir, mais on arrive à s'organiser des week-ends, des retrouvailles de temps en temps. Et puis après, sur place, on a une équipe de 6-8 avec enfants, juste dans les 5 kilomètres autour de la ferme. On a un noyau qui s'entend super bien et on se voit assez souvent pour plein d'occasions. Donc ça, c'est vraiment chouette. C'est très précieux pour nous. Et puis toute l'équipe, Yann fait du rugby, donc l'équipe du rugby qu'on voit souvent. En fait, on a tous eu nos enfants en même temps. Ils ont tous les mêmes âges. Alors du coup, c'est quelque chose quand on est tous ensemble. Il y a autant d'enfants que d'adultes, d'enfants de moins de 4 ans. Mais du coup, on a les mêmes centres d'intérêt. On traverse les mêmes choses au même moment. Et ça, c'est vraiment précieux en tant que jeune parent.

  • Speaker #1

    C'est clair. même d'évoluer en même temps et de rencontrer les mêmes difficultés. Et puis, plaisir, bien sûr. D'avoir des enfants en bas âge, je comprends tout à fait. Dans ces amis autour de vous, est-ce que tout le monde est dans le milieu agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #2

    Pas spécialement, mais quand même une bonne partie. Ceux du club de rugby, beaucoup sont, je dirais que la moitié sont dans le milieu agricole. Et dans nos voisins, pareil. Je vais dire que ce serait 50-50. Et on ne parle pas forcément d'agriculture quand on se retrouve. C'est d'autres sujets qui nous relient. Avec nos voisins, c'est beaucoup l'équitation, le cheval, et puis d'autres choses, mais c'est ça qui nous rapproche en premier lieu. On fait des balades à cheval ensemble, etc. On arrive à couper vraiment du monde agricole avec eux.

  • Speaker #1

    Trop bien, ça marche. Pour conclure notre échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculture ? culturelle que c'est.

  • Speaker #2

    Je pense qu'il faut se laisser porter d'une certaine manière parce qu'on est dans une activité où il y a toujours des choses à faire, il y a toujours des changements de programme. On vit, c'est pas un long fleuve tranquille, mais se laisser porter et puis prendre ça de manière positive, je crois que c'est vraiment le message à faire passer. Je suis loin de dire que c'est facile mais je pense que c'est important. Et puis ne pas oublier qu'en fait, on vit dans un environnement qui est vraiment ... En tout cas, quand on aime ça, proche de la nature, c'est une chance d'être proche de la nature et d'offrir un contexte de vie à nos enfants. J'entendais notamment dans des précédents podcasts que tu as, beaucoup de témoignages disaient que c'est un jardin sans barrière. Et en fait, c'est vraiment ça. On a la chance de pouvoir proposer ça à nos enfants. Ça, c'est vraiment chouette.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. Qu'est-ce qui, selon toi, t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur ?

  • Speaker #2

    Ce qui m'épanouit, c'est vraiment le côté de vivre au rythme de la nature. Ça rejoint vraiment ce que je disais juste avant. Je pense que les deux questions sont un petit peu similaires, ou en tout cas, j'y réponds de manière un peu similaire. Mais d'offrir ce cadre de vie à ses enfants, et puis de voir son mari qui est passionné par ce qu'il fait, et prendre plaisir à ce qu'il fait. Et moi aussi, ça m'a permis le fait de... Mon chemin de vie a fait que je m'éclate aussi dans ce que je fais, et d'avoir pu développer mon activité, c'est quelque chose que je n'aurais pas pu faire dans un autre contexte du tout. et chaque jour je me dis qu'en fait je suis vraiment à la... à ma place et à la bonne place.

  • Speaker #1

    Trop bien. Bah ouais, en fait, du coup, tu t'épanouis personnellement avec lui et maintenant professionnellement aussi.

  • Speaker #2

    Ouais, exactement. C'est un bon résumé.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Écoute, merci beaucoup pour cet échange.

  • Speaker #2

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie ou au contraire, sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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Description

Leur ferme vient de feter le premier anniversaire de leur ferme pédagogique : joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire TyLipous, joyeux anniversaire !


Armonie est une jeune femme dynamique qui s'est installée sur la ferme de son conjoint pour l'ouvrir au plus grand nombre à travers la création d'une ferme pédagogique.


Son mari a développé la production de produits laitiers sur la ferme laitière biologique en s'y installant.


Nous discuterons ensemble des joies et difficultés à partager la vie d'un agriculteur. Nous aborderons la vie de couple et de famille à la campagne rythmée par les bonheurs mais aussi les contraintes de l'agriculture.

Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?

  • Speaker #1

    Pour cet épisode, j'ai la chance de discuter avec Harmonie. Nous venons de nous découvrir toutes les deux, mais peux-tu brièvement te présenter ?

  • Speaker #2

    Bonjour, moi je m'appelle Harmonie, j'ai 32 ans. Je suis mariée à Yann, qui est installée en Vache Laitière. et on a ensemble deux enfants de 3 et 1 an.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous présenter un petit peu l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Oui, en fait, on est situé à Moustérou, donc c'est une petite commune près de Guingamp, entre Rennes et Brest, et on est en polyculture élevage bovin-lait en bio, avec activité de transformation, donc on fabrique sur place yaourt, crème, dessert, riz au lait, du coup avec le lait de notre ferme, et on a développé une partie d'accueil l'année dernière, en ferme pédagogique, visite guidée et un petit bar fermier. Oh, trop chouette ! Oui. Ça,

  • Speaker #0

    ça va être...

  • Speaker #1

    C'est des choses que tu as développées toi en t'installant ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça, oui. Je les rejoins vraiment pour développer cette partie d'accueil.

  • Speaker #1

    Trop chouette. J'ai hâte que tu nous présentes un peu tout ça. Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu de toi pour te découvrir. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #2

    Moi, j'ai grandi à 15 minutes du lieu où on est actuellement, de la ferme de Yann. Je ne suis pas issue d'un milieu agricole. Mes grands-parents avaient une ferme. J'y allais un petit peu quand j'étais petite, mais je n'étais pas tant que ça intéressée. C'est vraiment le côté cheval qui m'a un peu menée vers le côté agricole d'une certaine manière. Ok,

  • Speaker #1

    salut ! Quelles études as-tu fait et dans quel but ?

  • Speaker #2

    Moi j'ai suivi une licence LEA, donc c'est Langue étrangère appliquée, donc rien à voir avec ce que je fais actuellement. Et l'idée, moi en fait à l'époque je me voyais bien travailler un an en Thaïlande, un an là-bas, vraiment de l'autre bout du monde, travailler avec mon ordinateur et voilà. J'étais très globetrotteuse, j'ai pas mal bougé. pendant mes études et un petit peu après. Et après, j'ai fait un master communication pour allier les compétences entre elles.

  • Speaker #1

    Ce qui peut aider aussi maintenant à ton activité un petit peu aussi.

  • Speaker #2

    Oui, complètement. En fait, je me rends compte que tout le parcours, même si l'idée de base n'a pas grand-chose à voir avec ce que je fais maintenant, finalement, c'est comme ça dans la vie. Tout se sert, toutes les compétences mises bout à bout servent à l'activité actuelle, oui, complètement.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et donc, tu nous disais que tu t'es installée récemment sur l'exploitation de ton... conjoint. Qu'est-ce que tu faisais du coup avant, donc après tes études, quels étaient tes premiers métiers et tes missions dans ces différentes expériences professionnelles ?

  • Speaker #2

    J'ai eu un poste à la sortie de mes études dans une agence de développement touristique. J'ai travaillé pendant 5 ans dans cette agence-là. Mon but, c'était de faire la promotion des Côtes d'Armor d'un point de vue touristique, donner envie aux gens extérieurs à la Bretagne de venir en vacances ici. Pendant mes missions, on cherchait à promouvoir la destination d'un point de vue agritouristique. En fait, on se rend compte depuis le Covid que les gens sont vraiment à la recherche de contacts avec la nature, de revenir dans les fermes, de revenir à quelque chose de plus terre à terre et avec des valeurs simples. Et en fait, on cherchait, nous, en réunion sur le territoire, des structures qui peuvent répondre à ces intentions-là. Et en fait, en creusant comme ça, ça me donnait plein d'idées sur ce qu'on pouvait développer à la ferme. C'est vrai qu'on avait un cadre qui s'y prêtait vraiment. Et je me suis dit, en fait, il y a vraiment quelque chose à faire. Et j'avais vraiment cette volonté de changer, de ne plus rester dans un bureau, de revenir... Travailler avec mes mains, de retrouver aussi du contact client avec les gens, l'envie de transmettre aussi. En fait, tout ça mis bout à bout, donc on est arrivé à développer ça et je m'éclate dans ce que je fais.

  • Speaker #1

    Super. Et du coup, Yann était déjà sur l'exploitation. Quelles étaient, lui, ses missions ? Et comment toi, tu t'es intégré en plus ? Qu'est-ce que tu as donc développé ? Tu nous parlais de la ferme pédagogique. de la transformation laitière. Est-ce que tu peux nous présenter un peu ce que vous faites et un peu, j'allais dire, qui fait quoi ? Qu'on comprenne un peu la valeur ajoutée que tu as pu apporter en arrivant sur l'exploitation.

  • Speaker #2

    Oui, alors en fait, l'activité de transformation, elle existe depuis 2016. On est une équipe de 10 personnes parce qu'en fait, on fait beaucoup de métiers différents. En fait, Yann a commencé tout seul avec sa maman. Puis petit à petit, en fait, il a fallu agrandir l'équipe. Donc raison à peu près d'une personne par an finalement. Donc là, Yann, il chapote un petit peu l'ensemble. On a deux personnes à la ferme, deux et demi à la yaourterie. Et après, on a aussi un livreur, une commerciale, quelqu'un à la compta. Enfin du coup, ça fait des missions très variées. Et en fait, on est assez implanté localement. On a déjà organisé par le passé pas mal d'événements qui avaient beaucoup fonctionné, comme des petits-déj à la ferme, des portes ouvertes. C'est quelque chose qu'on aimait bien de base, recevoir du public et transmettre encore une fois. On avait de la demande, on essayait de répondre à cette demande qui était croissante, notamment de la part des écoles qui voulaient venir voir comment... comment on fabrique un yaourt, qu'ils ont mangé à la cantine, etc. On n'était pas forcément professionnalisés et structurés pour répondre à cette demande-là. Yann le faisait, moi je travaillais à l'extérieur donc je ne pouvais pas le faire. Ça demandait vraiment une logistique, s'arrêter dans son travail pour aller présenter son atelier, parce que chacun présentait son atelier. Mais voilà, après au bout d'un moment on arrivait à un stade où on ne pouvait plus répondre à cette demande et puis on voulait quand même le faire mais en étant plus qualitatif, en se professionnalisant, en se structurant, en proposant des infrastructures qui permettent... des sanitaires, un emplacement de car, etc. pour pouvoir accueillir de manière efficace et confortable. Et donc, c'est là où je suis arrivée avec mes idées et puis en développant ça.

  • Speaker #1

    Et donc, dans l'équipe de 10 personnes dont tu parlais, ce sont des membres de la famille de Yann et ou des personnes extérieures ?

  • Speaker #2

    Ce sont des personnes extérieures. La maman de Yann travaille toujours sur la ferme, mais elle part en retraite cette année. Il y a un peu de chamboulement.

  • Speaker #1

    D'accord. Oui, en effet. OK. Est-ce que tu te serais installée sur l'exploitation si la transformation en yaourt et en crème avait été à initier et à mettre en place sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Je ne pense pas. Je pense que c'est vraiment le contexte où il y avait déjà ça d'implanter qui fait que je me suis installée. Ce côté transformation alimentaire, ce n'était pas forcément mon domaine et je ne me serais pas sentie. Je pense que le challenge aurait été trop élevé pour moi. Je ne dis pas que je n'aurais pas eu les... capacités et les compétences, mais le chemin aurait été pour moi beaucoup plus long et moins naturel.

  • Speaker #1

    Donc il y a quand même quelques facilitations à s'installer sur l'exploitation pour toi.

  • Speaker #2

    Ah oui, complètement. Le fait, comme je l'expliquais, qu'on avait déjà cette demande de visite, de fréquentation, fait qu'il y avait déjà une petite émulsion qui était à travailler, mais il y avait déjà une petite base. et ça met aussi en confiance pour développer quelque chose sur une base qui est déjà existante et développer complètement ce projet de transformation. Je ne pense pas que je m'en serais sentie les épaules. Il faut des épaules quand même. C'est quand même beaucoup de travail, de persévérance, de régularité que Yann a. Il a une vision dans sa gestion. Je ne suis pas très objective, mais je trouve qu'il est quand même vraiment visionnaire. Il voit les choses. Je n'ai pas forcément ce côté-là. Pas en tout cas pour cette activité en elle-même.

  • Speaker #1

    Je comprends. Et lui, c'est lui qui l'a mis en place sur la ferme ou ça y était déjà ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est lui qui l'a mis en place. Lui, il a repris à la suite de sa maman qui exerçait depuis 30 ans. Et la ferme appartenait déjà à ses grands-parents avant. Lui, quand il s'est installé en 2016, il a directement créé l'atelier de transformation.

  • Speaker #1

    D'accord. Maintenant que nous te connaissons un peu mieux, nous allons discuter ensemble de ta vie de couple et de ta vie de famille. Comment est-ce que vous vous êtes connue avec Yann ?

  • Speaker #2

    Alors, c'est drôle parce qu'on s'est connue à l'école d'agriculture. Et pourtant, je n'ai pas fait d'études agricoles. Au lycée, en fait, j'avais redoublé ma seconde et puis un peu pour me remotiver, tout ça, je me suis dit, tiens, je vais aller dans le lycée agricole du coin pour faire option équitation. Enfin voilà, c'était pour me donner un but, enfin de m'impliquer davantage à l'école. Et c'est là qu'on s'est rencontrés. On ne s'est pas mis ensemble tout de suite, on s'est mis ensemble quatre ans après. Mais voilà, on s'est rencontrés à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as ressenti sur le fait qu'il voulait être agriculteur, qu'il était de plus d'agriculteur et qu'il allait reprendre l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Alors, ce n'était pas forcément très évident quand on s'est mis ensemble. Je savais qu'il y avait la ferme, qu'il y avait fait des études pour reprendre un jour. Mais quand vraiment on s'est mis ensemble, il était commercial dans une concession agricole ailleurs. Donc moi, je partais pas mal à l'étranger. En fait, pour la petite anecdote, moi, je lui avais demandé, j'étais en stage au Québec à ce moment-là. Et je lui avais demandé, tiens, ça ne dirait pas qu'on s'installe un an ou deux ici, c'est super et tout ça. Et c'est là, en fait, qu'il m'a annoncé qu'il comptait reprendre la ferme. Donc bon. Ça remettait un petit peu les choses en perspective, puisqu'on ne peut pas trop transposer la ferme au Québec. On ne peut pas la déplacer. Donc finalement, je me suis dit, bon, ok, ce ne sont pas les plans que je m'étais fait, mais pourquoi pas ? Et ma réaction, c'est de me dire, bon, ce n'est pas grave, on aura des chevaux à la maison, ça va être bien. C'était un petit peu naïf peut-être. On était jeunes, on avait 22 ans. Enfin, ouais, même pas. Donc, c'était ma réaction de base. Et ça ne me gêne pas parce que j'aime vraiment ce côté nature, campagne, animaux. Donc, au final, on s'y retrouve vraiment bien.

  • Speaker #1

    Et maintenant, du coup, avec un peu plus de recul, qu'est-ce que tu penses de tes premiers ressentis ? Est-ce qu'il y a des choses que tu n'avais pas spécialement ressenties ? Que ce soit en positif ou en négatif, bien sûr.

  • Speaker #2

    Eh bien, je pense que finalement, j'étais... pas si naïf que ça parce qu'en fait, j'avais vu directement ce côté où j'allais m'y retrouver et je ne m'étais pas trompée. En fait, j'ai tout de suite vu le côté positif et je le vois toujours. On est dans un environnement qui nous correspond vraiment bien à l'un et à l'autre. Donc là-dessus, c'est vraiment chouette. Ouais,

  • Speaker #1

    et puis comme tu as pu, du coup, entre-temps, ce qui n'était pas le cas initialement quand tu l'as rencontré, créer ce projet en plus de t'installer avec lui. Évidemment que ça ressemble.

  • Speaker #2

    Et en même temps, quand je bossais toujours à l'extérieur, ça m'allait très bien le matin d'enfiler mes bottes pour aller soigner mes animaux dehors et après m'habiller bien pour aller être en bureau et revenir et refaire l'inverse. J'aimais vraiment bien ce côté double. J'avais beau bosser en ville dans un bureau, j'avais besoin de ce côté campagne, terre à terre, nature. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr, je comprends. C'est bien de le préciser aussi, puisqu'en effet, dans les femmes d'agriculteurs, qui... qui témoignent ou qui nous écoutent. Il y a un peu les deux. Donc, c'est marrant de voir que finalement, les deux se correspondaient un peu avant quand tu travaillais et qui allaient, on va dire, par plaisir ou par coup de main. Et puis maintenant que tu y travailles en plus, c'est intéressant.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous habitez sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'était un choix ? Est-ce que c'était prévu dès le début ou est-ce que ça s'est fait, je ne sais pas, quand toi, tu t'es installée en plus ?

  • Speaker #2

    Non. Alors, moi, j'ai rejoint Yann l'année dernière et on habite sur... place depuis 2018 si je dis pas de bêtises donc ça fait quelques années ça s'est fait assez naturellement d'être sur place alors je sais que Yann il aimerait bien qu'on soit à quelques centaines de mètres de la ferme pour pas forcément être constamment sur place moi je trouve ça super là dessus il n'y a pas de regrets parce que quand l'un est au travail on peut se voir c'est facile de switcher maison et travail et par contre c'est vrai que si on est en vacances alors lui me le disait avant que je m'installe avec lui que quand il était en vacances il pouvait pas rester à la maison. Et maintenant, en effet, c'est pareil. On peut difficilement couper en étant sur place.

  • Speaker #1

    C'est un peu trop confus entre vie privée et pro.

  • Speaker #2

    C'est ça. Et puis, qu'est-ce qu'il y a du travail et qu'est-ce qu'il y a du plaisir dans nos métiers qui sont quand même des métiers passion ? Où est la frontière ? La limite entre les deux, je pense que c'est le cas pour beaucoup de personnes. Ce n'est pas toujours facile de savoir où mettre la limite. Oui,

  • Speaker #1

    c'est clair. Et qu'est-ce que tu penses du coup, maintenant ça fait un an, de travailler en couple au quotidien ?

  • Speaker #2

    Alors nous, on a la chance de travailler ensemble sans travailler ensemble. C'est-à-dire que chacun a ses activités. On parle beaucoup de travail ensemble, on prend nos décisions ensemble, etc. Mais moi, je gère ma partie et lui, il gère la sienne. Et ça, c'est vachement bien. Je ne sais pas si travailler 24 heures sur 24 ensemble sur le même atelier nous aurait convenu. Enfin, je dis je ne sais pas et en même temps, une petite voix me dit que si, je sais très bien qu'on ne s'y serait pas forcément retrouvés comme ça. Et c'était aussi notre choix. en se disant, ok, on va travailler ensemble, mais en fait, on sera quand même chacun libre de faire ce qu'on a envie, de gérer notre atelier comme on l'entend.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends bien. Quand on se met aussi en couple avec quelqu'un, on ne se frangera pas non plus à le voir 24 heures sur 24. Ce n'est pas forcément évident.

  • Speaker #2

    Non, c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que je pose la question. Tu nous parlais du fait que sa maman travaille sur l'exploitation. Oui. Encore un petit peu maintenant. Ta belle-famille est géographiquement proche. Quels sont tes rapports avec elle ?

  • Speaker #2

    Alors, on s'entend vraiment très bien avec ma belle-mère. J'ai vraiment de la chance parce que c'est quelqu'un qui fait tout pour que ça se passe bien. Elle ne veut pas s'imposer et en même temps, elle est très disponible quand on a besoin. C'est même elle qui nous dit, mais tiens, vous ne voulez pas que je garde les enfants ce soir, vous allez au resto. Elle est vraiment très disponible et très à l'écoute. Et ça, j'ai vraiment beaucoup de chance. Je ne sais pas si elle m'écoute, mais je pense que j'ai vraiment la meilleure belle-mère qu'on pourrait avoir.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Est-ce qu'en t'installant sur la ferme, c'est quelque chose qui te faisait peur cette fois ? proximité, alors t'installer que ce soit vivre sur l'exploitation ou travailler sur l'exploitation de te dire moi je vais travailler avec ma belle famille, est-ce que c'est quelque chose dont tu avais peur ou pas spécialement ?

  • Speaker #2

    Les deux, Yann et sa maman travaillaient déjà très bien ensemble et ça se passait très bien. Le fait que moi j'arrive là en fait c'est pareil, on ne travaille pas ensemble, on se dépanne sur des coups de main. Ma belle maman ne travaille pas sur l'atelier ou me remplace à l'occasion mais du coup on ne travaille pas spécialement ensemble et par contre on se voit. tous les jours, quasiment. Et ça, ça ne m'a jamais posé de problème parce que ça se passe super bien et qu'elle n'est pas envahissante, ce n'est pas du tout un problème.

  • Speaker #1

    Trop bien. Et tu nous parlais d'enfants. Vous en avez tous les deux ?

  • Speaker #2

    Oui, on en a deux, oui.

  • Speaker #1

    Comment ça s'est passé, l'arrivée de ces enfants, par rapport à des périodes peut-être agricoles un peu compliquées ou denses ? Est-ce que ton conjoint a pu être disponible à t'aider dans ces moments-là ?

  • Speaker #2

    On a deux petits garçons de 3 ans et 1 an, et j'ai accouché de notre grand le jour de l'ensilage. Voilà, ça, le ton était donné. C'est le jour où ça ne tombait pas super bien. Mais en fait, moi, j'étais encore salariée à ce moment-là. Le contexte était assez différent par rapport à notre deuxième. Malgré le fait que c'était le jour de l'ensilage, évidemment que Yann était avec moi et qu'il est resté avec moi. Et il a pris tout son congé parental, son congé paternité dans sa totalité. Il était vraiment très investi. Donc ça, c'est vraiment une chance. Et c'est aussi le fait qu'on soit une équipe. Pareil pour les week-ends, on peut se remplacer. Ça tourne, il ne travaille pas tous les week-ends. Et là, c'est pareil, en fait. Il s'était organisé pour pouvoir être remplacé. Donc ça, c'est vraiment une chance. Et après, pour notre deuxième enfant, j'ai accouché quand on a commencé les travaux pour la ferme pédagogique. Donc, ça a été une autre paire de manches parce que du coup, Yann était vraiment aux travaux et moi, j'étais avec les enfants à la maison. Je ne pouvais pas non plus faire autant de travaux que j'avais envie. Et puis, lui ne pouvait pas autant profiter à la maison que ce qu'il aurait voulu. On a fait un peu tout en même temps. Ça a été une période qui était vraiment très dense. Mais bon, c'est fait et c'est une bonne chose de faite.

  • Speaker #1

    Oui, ok, je comprends bien. Et comment se passe maintenant votre organisation familiale vis-à-vis des enfants et du fait que vous travaillez tous les deux sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Alors le fait de travailler tous les deux sur la ferme, ça présente des avantages où on peut quand même facilement moduler nos agendas pour se relayer en fonction des rendez-vous de la journée, de l'emploi du temps de l'un ou de l'autre. Donc il y en a un qui se fait plutôt le matin et l'autre le soir. Et on switch quoi, celui qui commence tôt le matin récupère les enfants et vice versa. Donc là-dessus on arrive à bien gérer. Et puis quand on a vraiment des moments où on est tous les deux bouqués, ben là, on appelle belle-maman. C'est bien, on a de l'aide. Et en fait, travailler sur place, c'est aussi avoir ses enfants sur place. Donc là, je parlais un peu du quotidien, les emmener à l'école ou à la crèche et les faire revenir chez la nourrice. Quand on les a la journée, finalement, le grand, il adore aller sur le tracteur. Le petit, il suit avec les animaux de la ferme pédagogique. En fait, on a quand même créé un environnement qui est propice à avoir une enfance de rêve, d'une certaine manière.

  • Speaker #1

    Ça, je comprends bien. Tes enfants apprécient de passer du temps sur la ferme. Est-ce que vous souhaiteriez qu'ils reprennent l'exploitation ? C'est une question assez clichée, n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce que vous en pensez de ça ?

  • Speaker #2

    Alors, ils font vraiment ce qu'ils voudront. On ne leur met pas la pression. Encore en plus, ils sont tellement petits. Mais vraiment, s'ils veulent reprendre, pas de souci. Mais s'ils veulent faire complètement autre chose, pas de souci non plus. Le tout, c'est un métier qui est quand même prenant. il y a un métier passion et il faut vraiment avoir envie pour s'investir autant sinon on le verrait comme une contrainte et ce serait pas vivable enfin eux le verraient comme ça et ce serait pas vivable pour l'instant ils apprécient vraiment notre grand est mordu de tracteurs et de télescopiques et de tout ça je dois avoir 6 tracteurs dans mon salon donc la ferme c'est pas que dehors c'est dans la maison aussi ouais ouais j'aurais l'idée on serait pas forcément déçus vous verrez bien on verrait bien ce qui se...

  • Speaker #1

    Ça marche. Comment est-ce que vous arrivez à trouver vos moments de couple à côté du travail à la ferme ? Est-ce que vous vous accordez des soirées, des restos, des week-ends ?

  • Speaker #2

    On arrive à s'accorder des restos. Je ne sais pas trop à quelle fréquence, je dirais une fois par mois. Des soirées avec les copains, ça, ça fait assez facile parce qu'on emmène les enfants. Ou alors, on les fait garder et ça se fait assez bien aussi. Les vacances, on n'a jamais fait. C'est un projet. L'idée, on se dit, on part dix jours que tous les deux et puis plus ça va et plus on se dit, non mais quatre jours, c'est bien sinon. Mais en tout cas, on essaye de prendre ces temps-là. Et après, on est quand même conscients que là, ils sont petits. Donc, c'est aussi la phase où on est en lancement d'activité pour moi. Les enfants sont petits. Donc, ce n'est pas le moment le plus facile. Mais en fait, ce qu'on fait là, à sortir de temps en temps tous les deux, ça nous convient bien. Et puis sinon, on se fait aussi des petits restos le midi, puisqu'on travaille ensemble. Là, ce midi, ça te dit, on va se faire un petit resto. Ce n'est pas la même ambiance que quand on y va le soir, mais en fait, ça nous permet de nous retrouver dans un autre contexte. Et ce n'est pas qu'un repas d'associés. C'est un petit resto aussi en amour. Oui,

  • Speaker #1

    et puis comme tu disais, le fait de sortir un peu de l'exploitation, ça vous coupe forcément aussi un peu de ce quotidien et ça vous permet peut-être d'avoir d'autres sujets et de couper un peu.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Et puis, on a vraiment tout sur... place, notre travail, notre maison, l'aire de jeu de la ferme pédagogique pour les enfants, quand ils veulent aller jouer, c'est là. On fait vraiment tout là. Donc c'est vrai que c'est bien aussi de sortir un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends. Tu parlais donc de vacances tous les deux, mais est-ce que vous partez tous les quatre ?

  • Speaker #2

    Oui, on l'a fait l'année dernière. On a toujours réussi, même avant les enfants, à partir chaque année ensemble. Et depuis qu'on a les enfants, je crois qu'on est partis une semaine chaque année aussi. On est partis l'année dernière, pas très loin, mais de quoi couper quand même tous les quatre. Et en fait, c'était moi qui avais le plus de mal à couper du travail. Yann, une fois qu'il coupe, il coupe. Moi, pas trop. Je ne m'y attendais pas. Et en même temps, c'était un contexte un peu particulier. Moi, c'était ma première saison. C'était la dernière semaine d'août. Donc, j'étais remplacée, mais je voulais voir comment ça allait, quelles fréquentations on avait. Je regardais toujours un peu sur le téléphone. Enfin, voilà, je n'ai pas très bien coupé. Mais je pense que par la suite, dans un rythme de croisière, je devrais pouvoir y arriver un peu plus. J'espère.

  • Speaker #1

    C'était à fond. C'est aussi quand on s'installe. L'inverse serait plutôt inquiétant.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #1

    Tu nous parlais de ta belle-mère. Est-ce que vous avez des amis ou de la famille autour de vous ? Est-ce que tu te sens parfois isolée ou plutôt bien entourée ?

  • Speaker #2

    Alors moi, mes parents et ma famille, il y a un quart d'heure d'ici, on est proches géographiquement. On se voit aussi assez souvent. Mon père vient régulièrement nous voir. Je vois ma famille assez fréquemment. Et puis mes amis aussi. Alors mes amis à moi, mes amis d'enfance, d'école, sont tous un peu dispatchés. Assez loin, on se voit moins souvent que pour juste se faire un repas le soir, mais on arrive à s'organiser des week-ends, des retrouvailles de temps en temps. Et puis après, sur place, on a une équipe de 6-8 avec enfants, juste dans les 5 kilomètres autour de la ferme. On a un noyau qui s'entend super bien et on se voit assez souvent pour plein d'occasions. Donc ça, c'est vraiment chouette. C'est très précieux pour nous. Et puis toute l'équipe, Yann fait du rugby, donc l'équipe du rugby qu'on voit souvent. En fait, on a tous eu nos enfants en même temps. Ils ont tous les mêmes âges. Alors du coup, c'est quelque chose quand on est tous ensemble. Il y a autant d'enfants que d'adultes, d'enfants de moins de 4 ans. Mais du coup, on a les mêmes centres d'intérêt. On traverse les mêmes choses au même moment. Et ça, c'est vraiment précieux en tant que jeune parent.

  • Speaker #1

    C'est clair. même d'évoluer en même temps et de rencontrer les mêmes difficultés. Et puis, plaisir, bien sûr. D'avoir des enfants en bas âge, je comprends tout à fait. Dans ces amis autour de vous, est-ce que tout le monde est dans le milieu agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #2

    Pas spécialement, mais quand même une bonne partie. Ceux du club de rugby, beaucoup sont, je dirais que la moitié sont dans le milieu agricole. Et dans nos voisins, pareil. Je vais dire que ce serait 50-50. Et on ne parle pas forcément d'agriculture quand on se retrouve. C'est d'autres sujets qui nous relient. Avec nos voisins, c'est beaucoup l'équitation, le cheval, et puis d'autres choses, mais c'est ça qui nous rapproche en premier lieu. On fait des balades à cheval ensemble, etc. On arrive à couper vraiment du monde agricole avec eux.

  • Speaker #1

    Trop bien, ça marche. Pour conclure notre échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculture ? culturelle que c'est.

  • Speaker #2

    Je pense qu'il faut se laisser porter d'une certaine manière parce qu'on est dans une activité où il y a toujours des choses à faire, il y a toujours des changements de programme. On vit, c'est pas un long fleuve tranquille, mais se laisser porter et puis prendre ça de manière positive, je crois que c'est vraiment le message à faire passer. Je suis loin de dire que c'est facile mais je pense que c'est important. Et puis ne pas oublier qu'en fait, on vit dans un environnement qui est vraiment ... En tout cas, quand on aime ça, proche de la nature, c'est une chance d'être proche de la nature et d'offrir un contexte de vie à nos enfants. J'entendais notamment dans des précédents podcasts que tu as, beaucoup de témoignages disaient que c'est un jardin sans barrière. Et en fait, c'est vraiment ça. On a la chance de pouvoir proposer ça à nos enfants. Ça, c'est vraiment chouette.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. Qu'est-ce qui, selon toi, t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur ?

  • Speaker #2

    Ce qui m'épanouit, c'est vraiment le côté de vivre au rythme de la nature. Ça rejoint vraiment ce que je disais juste avant. Je pense que les deux questions sont un petit peu similaires, ou en tout cas, j'y réponds de manière un peu similaire. Mais d'offrir ce cadre de vie à ses enfants, et puis de voir son mari qui est passionné par ce qu'il fait, et prendre plaisir à ce qu'il fait. Et moi aussi, ça m'a permis le fait de... Mon chemin de vie a fait que je m'éclate aussi dans ce que je fais, et d'avoir pu développer mon activité, c'est quelque chose que je n'aurais pas pu faire dans un autre contexte du tout. et chaque jour je me dis qu'en fait je suis vraiment à la... à ma place et à la bonne place.

  • Speaker #1

    Trop bien. Bah ouais, en fait, du coup, tu t'épanouis personnellement avec lui et maintenant professionnellement aussi.

  • Speaker #2

    Ouais, exactement. C'est un bon résumé.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Écoute, merci beaucoup pour cet échange.

  • Speaker #2

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie ou au contraire, sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

Leur ferme vient de feter le premier anniversaire de leur ferme pédagogique : joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire TyLipous, joyeux anniversaire !


Armonie est une jeune femme dynamique qui s'est installée sur la ferme de son conjoint pour l'ouvrir au plus grand nombre à travers la création d'une ferme pédagogique.


Son mari a développé la production de produits laitiers sur la ferme laitière biologique en s'y installant.


Nous discuterons ensemble des joies et difficultés à partager la vie d'un agriculteur. Nous aborderons la vie de couple et de famille à la campagne rythmée par les bonheurs mais aussi les contraintes de l'agriculture.

Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?

  • Speaker #1

    Pour cet épisode, j'ai la chance de discuter avec Harmonie. Nous venons de nous découvrir toutes les deux, mais peux-tu brièvement te présenter ?

  • Speaker #2

    Bonjour, moi je m'appelle Harmonie, j'ai 32 ans. Je suis mariée à Yann, qui est installée en Vache Laitière. et on a ensemble deux enfants de 3 et 1 an.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous présenter un petit peu l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Oui, en fait, on est situé à Moustérou, donc c'est une petite commune près de Guingamp, entre Rennes et Brest, et on est en polyculture élevage bovin-lait en bio, avec activité de transformation, donc on fabrique sur place yaourt, crème, dessert, riz au lait, du coup avec le lait de notre ferme, et on a développé une partie d'accueil l'année dernière, en ferme pédagogique, visite guidée et un petit bar fermier. Oh, trop chouette ! Oui. Ça,

  • Speaker #0

    ça va être...

  • Speaker #1

    C'est des choses que tu as développées toi en t'installant ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça, oui. Je les rejoins vraiment pour développer cette partie d'accueil.

  • Speaker #1

    Trop chouette. J'ai hâte que tu nous présentes un peu tout ça. Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu de toi pour te découvrir. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #2

    Moi, j'ai grandi à 15 minutes du lieu où on est actuellement, de la ferme de Yann. Je ne suis pas issue d'un milieu agricole. Mes grands-parents avaient une ferme. J'y allais un petit peu quand j'étais petite, mais je n'étais pas tant que ça intéressée. C'est vraiment le côté cheval qui m'a un peu menée vers le côté agricole d'une certaine manière. Ok,

  • Speaker #1

    salut ! Quelles études as-tu fait et dans quel but ?

  • Speaker #2

    Moi j'ai suivi une licence LEA, donc c'est Langue étrangère appliquée, donc rien à voir avec ce que je fais actuellement. Et l'idée, moi en fait à l'époque je me voyais bien travailler un an en Thaïlande, un an là-bas, vraiment de l'autre bout du monde, travailler avec mon ordinateur et voilà. J'étais très globetrotteuse, j'ai pas mal bougé. pendant mes études et un petit peu après. Et après, j'ai fait un master communication pour allier les compétences entre elles.

  • Speaker #1

    Ce qui peut aider aussi maintenant à ton activité un petit peu aussi.

  • Speaker #2

    Oui, complètement. En fait, je me rends compte que tout le parcours, même si l'idée de base n'a pas grand-chose à voir avec ce que je fais maintenant, finalement, c'est comme ça dans la vie. Tout se sert, toutes les compétences mises bout à bout servent à l'activité actuelle, oui, complètement.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Et donc, tu nous disais que tu t'es installée récemment sur l'exploitation de ton... conjoint. Qu'est-ce que tu faisais du coup avant, donc après tes études, quels étaient tes premiers métiers et tes missions dans ces différentes expériences professionnelles ?

  • Speaker #2

    J'ai eu un poste à la sortie de mes études dans une agence de développement touristique. J'ai travaillé pendant 5 ans dans cette agence-là. Mon but, c'était de faire la promotion des Côtes d'Armor d'un point de vue touristique, donner envie aux gens extérieurs à la Bretagne de venir en vacances ici. Pendant mes missions, on cherchait à promouvoir la destination d'un point de vue agritouristique. En fait, on se rend compte depuis le Covid que les gens sont vraiment à la recherche de contacts avec la nature, de revenir dans les fermes, de revenir à quelque chose de plus terre à terre et avec des valeurs simples. Et en fait, on cherchait, nous, en réunion sur le territoire, des structures qui peuvent répondre à ces intentions-là. Et en fait, en creusant comme ça, ça me donnait plein d'idées sur ce qu'on pouvait développer à la ferme. C'est vrai qu'on avait un cadre qui s'y prêtait vraiment. Et je me suis dit, en fait, il y a vraiment quelque chose à faire. Et j'avais vraiment cette volonté de changer, de ne plus rester dans un bureau, de revenir... Travailler avec mes mains, de retrouver aussi du contact client avec les gens, l'envie de transmettre aussi. En fait, tout ça mis bout à bout, donc on est arrivé à développer ça et je m'éclate dans ce que je fais.

  • Speaker #1

    Super. Et du coup, Yann était déjà sur l'exploitation. Quelles étaient, lui, ses missions ? Et comment toi, tu t'es intégré en plus ? Qu'est-ce que tu as donc développé ? Tu nous parlais de la ferme pédagogique. de la transformation laitière. Est-ce que tu peux nous présenter un peu ce que vous faites et un peu, j'allais dire, qui fait quoi ? Qu'on comprenne un peu la valeur ajoutée que tu as pu apporter en arrivant sur l'exploitation.

  • Speaker #2

    Oui, alors en fait, l'activité de transformation, elle existe depuis 2016. On est une équipe de 10 personnes parce qu'en fait, on fait beaucoup de métiers différents. En fait, Yann a commencé tout seul avec sa maman. Puis petit à petit, en fait, il a fallu agrandir l'équipe. Donc raison à peu près d'une personne par an finalement. Donc là, Yann, il chapote un petit peu l'ensemble. On a deux personnes à la ferme, deux et demi à la yaourterie. Et après, on a aussi un livreur, une commerciale, quelqu'un à la compta. Enfin du coup, ça fait des missions très variées. Et en fait, on est assez implanté localement. On a déjà organisé par le passé pas mal d'événements qui avaient beaucoup fonctionné, comme des petits-déj à la ferme, des portes ouvertes. C'est quelque chose qu'on aimait bien de base, recevoir du public et transmettre encore une fois. On avait de la demande, on essayait de répondre à cette demande qui était croissante, notamment de la part des écoles qui voulaient venir voir comment... comment on fabrique un yaourt, qu'ils ont mangé à la cantine, etc. On n'était pas forcément professionnalisés et structurés pour répondre à cette demande-là. Yann le faisait, moi je travaillais à l'extérieur donc je ne pouvais pas le faire. Ça demandait vraiment une logistique, s'arrêter dans son travail pour aller présenter son atelier, parce que chacun présentait son atelier. Mais voilà, après au bout d'un moment on arrivait à un stade où on ne pouvait plus répondre à cette demande et puis on voulait quand même le faire mais en étant plus qualitatif, en se professionnalisant, en se structurant, en proposant des infrastructures qui permettent... des sanitaires, un emplacement de car, etc. pour pouvoir accueillir de manière efficace et confortable. Et donc, c'est là où je suis arrivée avec mes idées et puis en développant ça.

  • Speaker #1

    Et donc, dans l'équipe de 10 personnes dont tu parlais, ce sont des membres de la famille de Yann et ou des personnes extérieures ?

  • Speaker #2

    Ce sont des personnes extérieures. La maman de Yann travaille toujours sur la ferme, mais elle part en retraite cette année. Il y a un peu de chamboulement.

  • Speaker #1

    D'accord. Oui, en effet. OK. Est-ce que tu te serais installée sur l'exploitation si la transformation en yaourt et en crème avait été à initier et à mettre en place sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Je ne pense pas. Je pense que c'est vraiment le contexte où il y avait déjà ça d'implanter qui fait que je me suis installée. Ce côté transformation alimentaire, ce n'était pas forcément mon domaine et je ne me serais pas sentie. Je pense que le challenge aurait été trop élevé pour moi. Je ne dis pas que je n'aurais pas eu les... capacités et les compétences, mais le chemin aurait été pour moi beaucoup plus long et moins naturel.

  • Speaker #1

    Donc il y a quand même quelques facilitations à s'installer sur l'exploitation pour toi.

  • Speaker #2

    Ah oui, complètement. Le fait, comme je l'expliquais, qu'on avait déjà cette demande de visite, de fréquentation, fait qu'il y avait déjà une petite émulsion qui était à travailler, mais il y avait déjà une petite base. et ça met aussi en confiance pour développer quelque chose sur une base qui est déjà existante et développer complètement ce projet de transformation. Je ne pense pas que je m'en serais sentie les épaules. Il faut des épaules quand même. C'est quand même beaucoup de travail, de persévérance, de régularité que Yann a. Il a une vision dans sa gestion. Je ne suis pas très objective, mais je trouve qu'il est quand même vraiment visionnaire. Il voit les choses. Je n'ai pas forcément ce côté-là. Pas en tout cas pour cette activité en elle-même.

  • Speaker #1

    Je comprends. Et lui, c'est lui qui l'a mis en place sur la ferme ou ça y était déjà ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est lui qui l'a mis en place. Lui, il a repris à la suite de sa maman qui exerçait depuis 30 ans. Et la ferme appartenait déjà à ses grands-parents avant. Lui, quand il s'est installé en 2016, il a directement créé l'atelier de transformation.

  • Speaker #1

    D'accord. Maintenant que nous te connaissons un peu mieux, nous allons discuter ensemble de ta vie de couple et de ta vie de famille. Comment est-ce que vous vous êtes connue avec Yann ?

  • Speaker #2

    Alors, c'est drôle parce qu'on s'est connue à l'école d'agriculture. Et pourtant, je n'ai pas fait d'études agricoles. Au lycée, en fait, j'avais redoublé ma seconde et puis un peu pour me remotiver, tout ça, je me suis dit, tiens, je vais aller dans le lycée agricole du coin pour faire option équitation. Enfin voilà, c'était pour me donner un but, enfin de m'impliquer davantage à l'école. Et c'est là qu'on s'est rencontrés. On ne s'est pas mis ensemble tout de suite, on s'est mis ensemble quatre ans après. Mais voilà, on s'est rencontrés à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as ressenti sur le fait qu'il voulait être agriculteur, qu'il était de plus d'agriculteur et qu'il allait reprendre l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Alors, ce n'était pas forcément très évident quand on s'est mis ensemble. Je savais qu'il y avait la ferme, qu'il y avait fait des études pour reprendre un jour. Mais quand vraiment on s'est mis ensemble, il était commercial dans une concession agricole ailleurs. Donc moi, je partais pas mal à l'étranger. En fait, pour la petite anecdote, moi, je lui avais demandé, j'étais en stage au Québec à ce moment-là. Et je lui avais demandé, tiens, ça ne dirait pas qu'on s'installe un an ou deux ici, c'est super et tout ça. Et c'est là, en fait, qu'il m'a annoncé qu'il comptait reprendre la ferme. Donc bon. Ça remettait un petit peu les choses en perspective, puisqu'on ne peut pas trop transposer la ferme au Québec. On ne peut pas la déplacer. Donc finalement, je me suis dit, bon, ok, ce ne sont pas les plans que je m'étais fait, mais pourquoi pas ? Et ma réaction, c'est de me dire, bon, ce n'est pas grave, on aura des chevaux à la maison, ça va être bien. C'était un petit peu naïf peut-être. On était jeunes, on avait 22 ans. Enfin, ouais, même pas. Donc, c'était ma réaction de base. Et ça ne me gêne pas parce que j'aime vraiment ce côté nature, campagne, animaux. Donc, au final, on s'y retrouve vraiment bien.

  • Speaker #1

    Et maintenant, du coup, avec un peu plus de recul, qu'est-ce que tu penses de tes premiers ressentis ? Est-ce qu'il y a des choses que tu n'avais pas spécialement ressenties ? Que ce soit en positif ou en négatif, bien sûr.

  • Speaker #2

    Eh bien, je pense que finalement, j'étais... pas si naïf que ça parce qu'en fait, j'avais vu directement ce côté où j'allais m'y retrouver et je ne m'étais pas trompée. En fait, j'ai tout de suite vu le côté positif et je le vois toujours. On est dans un environnement qui nous correspond vraiment bien à l'un et à l'autre. Donc là-dessus, c'est vraiment chouette. Ouais,

  • Speaker #1

    et puis comme tu as pu, du coup, entre-temps, ce qui n'était pas le cas initialement quand tu l'as rencontré, créer ce projet en plus de t'installer avec lui. Évidemment que ça ressemble.

  • Speaker #2

    Et en même temps, quand je bossais toujours à l'extérieur, ça m'allait très bien le matin d'enfiler mes bottes pour aller soigner mes animaux dehors et après m'habiller bien pour aller être en bureau et revenir et refaire l'inverse. J'aimais vraiment bien ce côté double. J'avais beau bosser en ville dans un bureau, j'avais besoin de ce côté campagne, terre à terre, nature. Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr, je comprends. C'est bien de le préciser aussi, puisqu'en effet, dans les femmes d'agriculteurs, qui... qui témoignent ou qui nous écoutent. Il y a un peu les deux. Donc, c'est marrant de voir que finalement, les deux se correspondaient un peu avant quand tu travaillais et qui allaient, on va dire, par plaisir ou par coup de main. Et puis maintenant que tu y travailles en plus, c'est intéressant.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous habitez sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'était un choix ? Est-ce que c'était prévu dès le début ou est-ce que ça s'est fait, je ne sais pas, quand toi, tu t'es installée en plus ?

  • Speaker #2

    Non. Alors, moi, j'ai rejoint Yann l'année dernière et on habite sur... place depuis 2018 si je dis pas de bêtises donc ça fait quelques années ça s'est fait assez naturellement d'être sur place alors je sais que Yann il aimerait bien qu'on soit à quelques centaines de mètres de la ferme pour pas forcément être constamment sur place moi je trouve ça super là dessus il n'y a pas de regrets parce que quand l'un est au travail on peut se voir c'est facile de switcher maison et travail et par contre c'est vrai que si on est en vacances alors lui me le disait avant que je m'installe avec lui que quand il était en vacances il pouvait pas rester à la maison. Et maintenant, en effet, c'est pareil. On peut difficilement couper en étant sur place.

  • Speaker #1

    C'est un peu trop confus entre vie privée et pro.

  • Speaker #2

    C'est ça. Et puis, qu'est-ce qu'il y a du travail et qu'est-ce qu'il y a du plaisir dans nos métiers qui sont quand même des métiers passion ? Où est la frontière ? La limite entre les deux, je pense que c'est le cas pour beaucoup de personnes. Ce n'est pas toujours facile de savoir où mettre la limite. Oui,

  • Speaker #1

    c'est clair. Et qu'est-ce que tu penses du coup, maintenant ça fait un an, de travailler en couple au quotidien ?

  • Speaker #2

    Alors nous, on a la chance de travailler ensemble sans travailler ensemble. C'est-à-dire que chacun a ses activités. On parle beaucoup de travail ensemble, on prend nos décisions ensemble, etc. Mais moi, je gère ma partie et lui, il gère la sienne. Et ça, c'est vachement bien. Je ne sais pas si travailler 24 heures sur 24 ensemble sur le même atelier nous aurait convenu. Enfin, je dis je ne sais pas et en même temps, une petite voix me dit que si, je sais très bien qu'on ne s'y serait pas forcément retrouvés comme ça. Et c'était aussi notre choix. en se disant, ok, on va travailler ensemble, mais en fait, on sera quand même chacun libre de faire ce qu'on a envie, de gérer notre atelier comme on l'entend.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends bien. Quand on se met aussi en couple avec quelqu'un, on ne se frangera pas non plus à le voir 24 heures sur 24. Ce n'est pas forcément évident.

  • Speaker #2

    Non, c'est ça.

  • Speaker #1

    C'est pour ça que je pose la question. Tu nous parlais du fait que sa maman travaille sur l'exploitation. Oui. Encore un petit peu maintenant. Ta belle-famille est géographiquement proche. Quels sont tes rapports avec elle ?

  • Speaker #2

    Alors, on s'entend vraiment très bien avec ma belle-mère. J'ai vraiment de la chance parce que c'est quelqu'un qui fait tout pour que ça se passe bien. Elle ne veut pas s'imposer et en même temps, elle est très disponible quand on a besoin. C'est même elle qui nous dit, mais tiens, vous ne voulez pas que je garde les enfants ce soir, vous allez au resto. Elle est vraiment très disponible et très à l'écoute. Et ça, j'ai vraiment beaucoup de chance. Je ne sais pas si elle m'écoute, mais je pense que j'ai vraiment la meilleure belle-mère qu'on pourrait avoir.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Est-ce qu'en t'installant sur la ferme, c'est quelque chose qui te faisait peur cette fois ? proximité, alors t'installer que ce soit vivre sur l'exploitation ou travailler sur l'exploitation de te dire moi je vais travailler avec ma belle famille, est-ce que c'est quelque chose dont tu avais peur ou pas spécialement ?

  • Speaker #2

    Les deux, Yann et sa maman travaillaient déjà très bien ensemble et ça se passait très bien. Le fait que moi j'arrive là en fait c'est pareil, on ne travaille pas ensemble, on se dépanne sur des coups de main. Ma belle maman ne travaille pas sur l'atelier ou me remplace à l'occasion mais du coup on ne travaille pas spécialement ensemble et par contre on se voit. tous les jours, quasiment. Et ça, ça ne m'a jamais posé de problème parce que ça se passe super bien et qu'elle n'est pas envahissante, ce n'est pas du tout un problème.

  • Speaker #1

    Trop bien. Et tu nous parlais d'enfants. Vous en avez tous les deux ?

  • Speaker #2

    Oui, on en a deux, oui.

  • Speaker #1

    Comment ça s'est passé, l'arrivée de ces enfants, par rapport à des périodes peut-être agricoles un peu compliquées ou denses ? Est-ce que ton conjoint a pu être disponible à t'aider dans ces moments-là ?

  • Speaker #2

    On a deux petits garçons de 3 ans et 1 an, et j'ai accouché de notre grand le jour de l'ensilage. Voilà, ça, le ton était donné. C'est le jour où ça ne tombait pas super bien. Mais en fait, moi, j'étais encore salariée à ce moment-là. Le contexte était assez différent par rapport à notre deuxième. Malgré le fait que c'était le jour de l'ensilage, évidemment que Yann était avec moi et qu'il est resté avec moi. Et il a pris tout son congé parental, son congé paternité dans sa totalité. Il était vraiment très investi. Donc ça, c'est vraiment une chance. Et c'est aussi le fait qu'on soit une équipe. Pareil pour les week-ends, on peut se remplacer. Ça tourne, il ne travaille pas tous les week-ends. Et là, c'est pareil, en fait. Il s'était organisé pour pouvoir être remplacé. Donc ça, c'est vraiment une chance. Et après, pour notre deuxième enfant, j'ai accouché quand on a commencé les travaux pour la ferme pédagogique. Donc, ça a été une autre paire de manches parce que du coup, Yann était vraiment aux travaux et moi, j'étais avec les enfants à la maison. Je ne pouvais pas non plus faire autant de travaux que j'avais envie. Et puis, lui ne pouvait pas autant profiter à la maison que ce qu'il aurait voulu. On a fait un peu tout en même temps. Ça a été une période qui était vraiment très dense. Mais bon, c'est fait et c'est une bonne chose de faite.

  • Speaker #1

    Oui, ok, je comprends bien. Et comment se passe maintenant votre organisation familiale vis-à-vis des enfants et du fait que vous travaillez tous les deux sur l'exploitation ?

  • Speaker #2

    Alors le fait de travailler tous les deux sur la ferme, ça présente des avantages où on peut quand même facilement moduler nos agendas pour se relayer en fonction des rendez-vous de la journée, de l'emploi du temps de l'un ou de l'autre. Donc il y en a un qui se fait plutôt le matin et l'autre le soir. Et on switch quoi, celui qui commence tôt le matin récupère les enfants et vice versa. Donc là-dessus on arrive à bien gérer. Et puis quand on a vraiment des moments où on est tous les deux bouqués, ben là, on appelle belle-maman. C'est bien, on a de l'aide. Et en fait, travailler sur place, c'est aussi avoir ses enfants sur place. Donc là, je parlais un peu du quotidien, les emmener à l'école ou à la crèche et les faire revenir chez la nourrice. Quand on les a la journée, finalement, le grand, il adore aller sur le tracteur. Le petit, il suit avec les animaux de la ferme pédagogique. En fait, on a quand même créé un environnement qui est propice à avoir une enfance de rêve, d'une certaine manière.

  • Speaker #1

    Ça, je comprends bien. Tes enfants apprécient de passer du temps sur la ferme. Est-ce que vous souhaiteriez qu'ils reprennent l'exploitation ? C'est une question assez clichée, n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce que vous en pensez de ça ?

  • Speaker #2

    Alors, ils font vraiment ce qu'ils voudront. On ne leur met pas la pression. Encore en plus, ils sont tellement petits. Mais vraiment, s'ils veulent reprendre, pas de souci. Mais s'ils veulent faire complètement autre chose, pas de souci non plus. Le tout, c'est un métier qui est quand même prenant. il y a un métier passion et il faut vraiment avoir envie pour s'investir autant sinon on le verrait comme une contrainte et ce serait pas vivable enfin eux le verraient comme ça et ce serait pas vivable pour l'instant ils apprécient vraiment notre grand est mordu de tracteurs et de télescopiques et de tout ça je dois avoir 6 tracteurs dans mon salon donc la ferme c'est pas que dehors c'est dans la maison aussi ouais ouais j'aurais l'idée on serait pas forcément déçus vous verrez bien on verrait bien ce qui se...

  • Speaker #1

    Ça marche. Comment est-ce que vous arrivez à trouver vos moments de couple à côté du travail à la ferme ? Est-ce que vous vous accordez des soirées, des restos, des week-ends ?

  • Speaker #2

    On arrive à s'accorder des restos. Je ne sais pas trop à quelle fréquence, je dirais une fois par mois. Des soirées avec les copains, ça, ça fait assez facile parce qu'on emmène les enfants. Ou alors, on les fait garder et ça se fait assez bien aussi. Les vacances, on n'a jamais fait. C'est un projet. L'idée, on se dit, on part dix jours que tous les deux et puis plus ça va et plus on se dit, non mais quatre jours, c'est bien sinon. Mais en tout cas, on essaye de prendre ces temps-là. Et après, on est quand même conscients que là, ils sont petits. Donc, c'est aussi la phase où on est en lancement d'activité pour moi. Les enfants sont petits. Donc, ce n'est pas le moment le plus facile. Mais en fait, ce qu'on fait là, à sortir de temps en temps tous les deux, ça nous convient bien. Et puis sinon, on se fait aussi des petits restos le midi, puisqu'on travaille ensemble. Là, ce midi, ça te dit, on va se faire un petit resto. Ce n'est pas la même ambiance que quand on y va le soir, mais en fait, ça nous permet de nous retrouver dans un autre contexte. Et ce n'est pas qu'un repas d'associés. C'est un petit resto aussi en amour. Oui,

  • Speaker #1

    et puis comme tu disais, le fait de sortir un peu de l'exploitation, ça vous coupe forcément aussi un peu de ce quotidien et ça vous permet peut-être d'avoir d'autres sujets et de couper un peu.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça. Et puis, on a vraiment tout sur... place, notre travail, notre maison, l'aire de jeu de la ferme pédagogique pour les enfants, quand ils veulent aller jouer, c'est là. On fait vraiment tout là. Donc c'est vrai que c'est bien aussi de sortir un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, je comprends. Tu parlais donc de vacances tous les deux, mais est-ce que vous partez tous les quatre ?

  • Speaker #2

    Oui, on l'a fait l'année dernière. On a toujours réussi, même avant les enfants, à partir chaque année ensemble. Et depuis qu'on a les enfants, je crois qu'on est partis une semaine chaque année aussi. On est partis l'année dernière, pas très loin, mais de quoi couper quand même tous les quatre. Et en fait, c'était moi qui avais le plus de mal à couper du travail. Yann, une fois qu'il coupe, il coupe. Moi, pas trop. Je ne m'y attendais pas. Et en même temps, c'était un contexte un peu particulier. Moi, c'était ma première saison. C'était la dernière semaine d'août. Donc, j'étais remplacée, mais je voulais voir comment ça allait, quelles fréquentations on avait. Je regardais toujours un peu sur le téléphone. Enfin, voilà, je n'ai pas très bien coupé. Mais je pense que par la suite, dans un rythme de croisière, je devrais pouvoir y arriver un peu plus. J'espère.

  • Speaker #1

    C'était à fond. C'est aussi quand on s'installe. L'inverse serait plutôt inquiétant.

  • Speaker #2

    Exactement.

  • Speaker #1

    Tu nous parlais de ta belle-mère. Est-ce que vous avez des amis ou de la famille autour de vous ? Est-ce que tu te sens parfois isolée ou plutôt bien entourée ?

  • Speaker #2

    Alors moi, mes parents et ma famille, il y a un quart d'heure d'ici, on est proches géographiquement. On se voit aussi assez souvent. Mon père vient régulièrement nous voir. Je vois ma famille assez fréquemment. Et puis mes amis aussi. Alors mes amis à moi, mes amis d'enfance, d'école, sont tous un peu dispatchés. Assez loin, on se voit moins souvent que pour juste se faire un repas le soir, mais on arrive à s'organiser des week-ends, des retrouvailles de temps en temps. Et puis après, sur place, on a une équipe de 6-8 avec enfants, juste dans les 5 kilomètres autour de la ferme. On a un noyau qui s'entend super bien et on se voit assez souvent pour plein d'occasions. Donc ça, c'est vraiment chouette. C'est très précieux pour nous. Et puis toute l'équipe, Yann fait du rugby, donc l'équipe du rugby qu'on voit souvent. En fait, on a tous eu nos enfants en même temps. Ils ont tous les mêmes âges. Alors du coup, c'est quelque chose quand on est tous ensemble. Il y a autant d'enfants que d'adultes, d'enfants de moins de 4 ans. Mais du coup, on a les mêmes centres d'intérêt. On traverse les mêmes choses au même moment. Et ça, c'est vraiment précieux en tant que jeune parent.

  • Speaker #1

    C'est clair. même d'évoluer en même temps et de rencontrer les mêmes difficultés. Et puis, plaisir, bien sûr. D'avoir des enfants en bas âge, je comprends tout à fait. Dans ces amis autour de vous, est-ce que tout le monde est dans le milieu agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #2

    Pas spécialement, mais quand même une bonne partie. Ceux du club de rugby, beaucoup sont, je dirais que la moitié sont dans le milieu agricole. Et dans nos voisins, pareil. Je vais dire que ce serait 50-50. Et on ne parle pas forcément d'agriculture quand on se retrouve. C'est d'autres sujets qui nous relient. Avec nos voisins, c'est beaucoup l'équitation, le cheval, et puis d'autres choses, mais c'est ça qui nous rapproche en premier lieu. On fait des balades à cheval ensemble, etc. On arrive à couper vraiment du monde agricole avec eux.

  • Speaker #1

    Trop bien, ça marche. Pour conclure notre échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculture ? culturelle que c'est.

  • Speaker #2

    Je pense qu'il faut se laisser porter d'une certaine manière parce qu'on est dans une activité où il y a toujours des choses à faire, il y a toujours des changements de programme. On vit, c'est pas un long fleuve tranquille, mais se laisser porter et puis prendre ça de manière positive, je crois que c'est vraiment le message à faire passer. Je suis loin de dire que c'est facile mais je pense que c'est important. Et puis ne pas oublier qu'en fait, on vit dans un environnement qui est vraiment ... En tout cas, quand on aime ça, proche de la nature, c'est une chance d'être proche de la nature et d'offrir un contexte de vie à nos enfants. J'entendais notamment dans des précédents podcasts que tu as, beaucoup de témoignages disaient que c'est un jardin sans barrière. Et en fait, c'est vraiment ça. On a la chance de pouvoir proposer ça à nos enfants. Ça, c'est vraiment chouette.

  • Speaker #1

    Oui, c'est clair. Qu'est-ce qui, selon toi, t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur ?

  • Speaker #2

    Ce qui m'épanouit, c'est vraiment le côté de vivre au rythme de la nature. Ça rejoint vraiment ce que je disais juste avant. Je pense que les deux questions sont un petit peu similaires, ou en tout cas, j'y réponds de manière un peu similaire. Mais d'offrir ce cadre de vie à ses enfants, et puis de voir son mari qui est passionné par ce qu'il fait, et prendre plaisir à ce qu'il fait. Et moi aussi, ça m'a permis le fait de... Mon chemin de vie a fait que je m'éclate aussi dans ce que je fais, et d'avoir pu développer mon activité, c'est quelque chose que je n'aurais pas pu faire dans un autre contexte du tout. et chaque jour je me dis qu'en fait je suis vraiment à la... à ma place et à la bonne place.

  • Speaker #1

    Trop bien. Bah ouais, en fait, du coup, tu t'épanouis personnellement avec lui et maintenant professionnellement aussi.

  • Speaker #2

    Ouais, exactement. C'est un bon résumé.

  • Speaker #1

    Trop chouette. Écoute, merci beaucoup pour cet échange.

  • Speaker #2

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie ou au contraire, sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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