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Où ça mène quand on sème

#4 Juliane : de la mozzarella ch'ti, pourquoi pas ?

#4 Juliane : de la mozzarella ch'ti, pourquoi pas ?

17min |19/04/2024|

344

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Description

À 26 ans, maman d'un petit bébé de 8 mois, future mariée d'un éleveur de vaches et volailles et céréalier dans les Hauts de France, Juliane nous parle de son installation sur la ferme à travers la production de mozzarella, mais également de sa relation avec sa belle famille, son déménagement sur la ferme, ses choix de vie pro...


Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Disponible sur ausha, mais aussi distribué sur spotify, Apple Podcasts et deezer !

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs. En agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée, elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France. Elles sont issues du monde agricole, où le découvre jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles sont elles-mêmes salariées ou agricultrices. Ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec elles et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie, personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Aujourd'hui, j'ai plaisir de discuter avec Juliane, elle a 26 ans, c'est une future mariée à un céréalier et un éleveur de vaches et de volailles depuis de nombreuses générations dans les Hauts-de-France. Elle ne travaille pas encore sur l'exploitation, mais c'est en cours. Juliane, on se connaît un petit peu, mais est-ce que tu peux brièvement te présenter ? Moi,

  • Speaker #1

    c'est Juliane, j'ai bientôt 26 ans. Et mon conjoint, c'est Fernand, qui est agriculteur, qui en a bientôt 31. On s'est rencontrés par le biais de nos études. On avait des connaissances communes, on a fait la même école, mais avec 5 ans d'écart, donc on s'est croisés. J'ai un petit bébé qui s'appelle Vianney, qui a 7 mois. qui est né en août dernier. J'étais technicienne de gestion jusqu'au mois passé chez Briage Pasquier, qui était en cohérence avec mon diplôme d'ingénieur en agriculture agroalimentaire. Et là, j'ai eu une rupture conventionnelle pour revenir également sur l'exploitation, mais pas complètement, enfin, séparer de l'exploitation.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter brièvement l'exploitation de Fernand ?

  • Speaker #1

    Fernand, il est éleveur, il a une exploitation en polyculture élevage. Donc, il a un élevage laitier de 160 vaches laitières en traite robotisée. Il a quelques mères à l'étente et un poulailler de poules pondeuses. Et puis des grandes cultures à côté, donc blé, maïs, colza, lin, betterave. Donc il y a pas mal de choses quand même sur l'exploitation. C'est une exploitation où ils sont plusieurs. Donc j'ai mes beaux-parents qui sont encore sur l'exploitation. Un de mes beaux-frères qui est revenu il y a trois ans. Il y a un autre beau-frère qui, lui, vient de quitter l'exploitation pour également aller sur l'exploitation de sa conjointe. Mais ça fait un joli petit monde.

  • Speaker #0

    Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu plus de toi. Quelles études as-tu fait et dans quel but ?

  • Speaker #1

    Donc moi, j'ai fait la salle Beauvais, une île à salles, qui est une école d'ingénieurs en agronomie et agro-industrie. J'ai fait ça parce que mes parents ne sont pas agriculteurs, mais j'ai quand même des origines agricoles. Mes grands-parents l'étaient. J'aime beaucoup le milieu rural. Donc c'était un peu dans ce but-là que je voulais faire ce diplôme. Donc c'était le côté terre-à-terre, qui était assez ouvert et qui permettait beaucoup de débouchés à la suite de l'école.

  • Speaker #0

    Et maintenant ? Que fais-tu du coup comme métier ?

  • Speaker #1

    Comme métier, j'ai été là pendant deux ans, technicienne de gestion chez Pasquier. J'étais sur une ligne de production de pitchs, les éternels pitchs qu'on a connus durant notre enfance. J'organisais la ligne de prod, donc je mettais les équipes en place, je gérais la partie humaine, tout ce qui est ressources salariales pour produire. Je gérais des opérateurs de production. Je ne m'épanouissais pas pleinement dans ce métier. Je le faisais parce qu'en sortie d'école, il faut aller travailler. Voilà, c'est comme ça. Ce n'était pas forcément ce qui m'a stimulée le plus. En plus, nous, la ferme, elle est située à Édun. Édun, c'est assez paumé, on va dire. C'est assez loin de tout. C'est proche de tout et loin de tout. Mais on n'a pas grand-chose à moins d'une heure de voiture. J'avais trouvé ça en sortie d'école, mais au final, ce n'est pas ce qui me convenait. Pendant mon congé mat, quand j'attendais Vianney, je me suis posé énormément de questions. Et puis, j'ai été beaucoup présente sur la ferme. Et ça m'a donné envie de revenir. Donc, quand j'ai repris le boulot après mon congé mat, au bout d'une semaine, j'ai dit à mon chef que ça n'allait pas durer très longtemps encore parce que je ne m'épanouissais pas du tout. Quatre mois après, ils m'ont accordé une rupture conventionnelle. Donc là, à la fin du mois, j'arrête définitivement mon boulot pour me consacrer à un autre projet.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce projet ? Est-ce que tu viens donc... Travailler sur exploitation et quelles seraient tes missions ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas vraiment travailler sur l'exploitation, parce que c'est là où on a mis un cadre avec Fernand, étant donné qu'il y a encore mes beaux-parents, que là, on est un peu dans la transition des parents vers les enfants. Là, aujourd'hui, ce n'est pas des questions que je revienne pleinement sur l'exploitation, mais Fernand, et puis en discussion avec mon beau-frère qui s'appelle Edouard, quand je leur ai dit que j'avais envie de revenir, ils m'ont dit, viens avec ton projet. De toute façon, dans ma tête, c'était aussi clair comme ça. Je ne voulais pas revenir dans le contexte actuel, juste être une personne en plus. Donc j'ai envie de monter mon atelier de transformation. En discutant depuis quelques mois avec Fernand et puis ensuite avec le reste de la famille, je me suis dit que j'avais envie de faire de la mozzarella. Puis là, on a commencé à regarder auprès des fournisseurs, on a contacté d'autres éleveurs, on est allé en visite d'élevage. J'ai été voir un élevage de bufflonnes, donc on se pose même les questions de ramener des bufflonnes sur l'exploitation. Et puis monter un atelier de transformation pour produire mozzarella, du fromage râpé pour mettre sur les pizzas également. Et puis après, faire tout ce qui est fromage autour de la crèmerie, donc beurre, crème, des fromages frais, des choses comme ça. Mais là, on est tous élus du projet, donc c'est un peu vague, mais c'est l'idée.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant. Du coup, tu ramènes un peu de temps d'agroalimentaire sur la ferme. Exactement. C'est vraiment chouette. Est-ce que dans le secteur d'activité que tu avais choisi initialement, il y avait donc des barrières géographiques ? dont tu nous parlais. Et est-ce que ce projet, du coup, va faciliter ça et faciliter ton épanouissement professionnel en lien avec peut-être cet isolement géographique ?

  • Speaker #1

    Clairement, oui, l'isolement géographique. Moi, en fait, ce qui m'a plu dans mes études à Beauvais, c'était tout ce qui était finance, contrôle de gestion. J'ai fait des stages là-dedans, surtout mon stage de fin d'études où j'étais en audite financière sur l'île. Je me suis éclatée. Après, c'était un boulot assez carriériste. parce que déjà, c'était des grades qu'on prenait chaque année si je restais là-bas. C'était des horaires où c'était du 8h30, 21h30, voire minuit, voire que j'ai fait jusqu'à 1h du matin, même en étant stagiaire. C'est des métiers où on court après le temps et je pense que ce n'était pas compatible avec un agriculteur parce qu'en fait, on ne le voyait pas quand j'étais là-bas avec Fernand. Quand je suis revenue chez Pasquier, ce n'était pas encore la même chose. Il y avait un gros décalage entre Fernand et moi parce que moi, je faisais des horaires fixes. Je faisais 8h30, 18h. J'avais 40 minutes de route le matin, 40 minutes de route le soir. J'avais l'impression d'avoir fait des journées énormes, même si elles n'étaient pas non plus si énormes, à côté de lui. Et on ne parlait pas de la même chose. Moi, j'étais confrontée à des salariés qui ne sont pas forcément faciles à manager. Lui, il organisait ses journées comme il voulait. Il y avait quand même un fossé entre nos deux vies professionnelles qui était assez dur à mettre en cohérence avec notre vie personnelle. Et là, le fait d'être revenue sur la ferme... Oui, ça va carrément contribuer à mon épanouissement professionnel parce que déjà, je vais pouvoir m'organiser comme je veux, voir mon fils comme je veux, voir Fernand quand je veux, manger déjeuner avec lui de midi. Ce qui est bien, c'est que le fait d'avoir mon propre atelier, ce sera mon business, je le gérerai quand j'aurai besoin d'aide. Il sera présent, mais on ne sera pas à 30 marchés sur les pieds tous les jours. On aura aussi nos moments seuls. Lui, il ira voir ses vaches et ses poules, et puis moi, je gérerai mes fromages, on va dire. Donc ça, c'est assez sympa.

  • Speaker #0

    Ça justifie pas mal ton projet au-delà de juste se rapprocher géographiquement. C'est vraiment sur un épanouissement derrière.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Ça va permettre d'accorder nos vies et d'être assez en phase ensemble, de se voir un peu plus, d'avoir un rythme commun. Ça me permettra aussi de comprendre un peu plus pourquoi le week-end, ils bossent et puis moi, j'aimerais bien faire des choses. Mais là, c'est ce qu'il m'a dit. Le week-end, il faudra aussi que je fasse mes fromages. Mais je pense que bosser pour soi et bosser... pour quelqu'un d'autre, ce n'est pas du tout la même chose. Moi, personnellement, là, je suis beaucoup plus stimulée à l'idée de me dire que je me lève le matin, là, en ce moment, je vais nourrir les veaux et je le fais pour nous. Ensuite, quand j'aurai la fromagerie, ce sera pareil, ce sera un projet commun pour nous, pour nos enfants. Les enfants, ils pourront vivre aussi dans ce milieu-là, dans ce cadre-là. Je trouve ça génial.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair, c'est super intéressant. Du coup, tu parlais de la ferme. Est-ce que tu habites sur l'exploitation ? Depuis combien de temps ?

  • Speaker #1

    Oui, on habite au cœur de la ferme. Notre maison est à l'entrée de la ferme, là où il y a du passage, tout le monde y passe. On est au cœur des bâtiments de la ferme. Ça me convient très bien. J'adore ça. Je pense qu'il y a beaucoup de personnes que ça peut rebuter. Moi, dans mon entourage, j'ai plein de copines qui sont là, mais jamais je ne vais vivre sur l'exploitation, jamais à côté de chez mes beaux-parents. Mais moi, c'est un contexte qui me plaît. À la fois, on a beau être au cœur de l'exploitation, chacun garde son intimité. Ma belle-mère ne débarque jamais chez moi, sauf si je l'invite à y venir.

  • Speaker #0

    chacun a ses barrières et je trouve que c'est assez chouette dans cette famille c'est que chaque couple entre guillemets a sa famille son intimité et puis chacun vit de son côté sans regarder ce que fait le voisin et tout à l'heure tu parlais de ton fils comment se passe votre organisation familiale vis-à-vis de lui et comment ça va se passer quand tu travailleras du coup sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Alors là, jusqu'à présent, quand je travaillais chez PASQUI, il était en nourrice chez une assistante maternelle à 10 km d'ici. Donc ça, c'était trois jours et demi par semaine. Et là, je suis revenue sur la ferme. Donc tout le monde m'a dit « Ah, tu vas arrêter la nourrice » . Et non, non, non, je n'ai pas fait ce choix. Il va toujours trois jours et demi par semaine chez la nounou. Parce que pour faire un projet avec un enfant dans les pattes, entre guillemets, ce n'est pas forcément facile. Donc, on a fait ce choix de le laisser là-bas. Ça me permet d'aller aider sur la ferme, comme je te disais, de nourrir les veaux. Fernand, il livre des œufs aussi aux restaurateurs et boulangeries qui se situent à côté de chez nous. Donc, c'est moi qui prends maintenant le relais sur les livraisons. Un peu de paperasse, d'administratif. Et puis, des prises de rendez-vous pour les devis, des visites d'exploitation. Il y a diverses choses à faire au démarrage d'un projet qui, pour moi, n'est pas compatible avec le fait de garder un enfant.

  • Speaker #0

    Quelle relation entretient Fernand avec son fils ? Et quel temps arrive-t-il à y accorder ?

  • Speaker #1

    Alors là-dessus, honnêtement, je n'ai rien à redire. Il est au top. Sur tout ce qui est même, je veux dire, tâches ménagères, préparation des repas, gestion de Vianney, on est à 50-50, chacun gère son truc, mais on a toutes nos tâches. Ce qu'il ne comprenait pas quand son frère est arrivé sur la ferme, c'est qu'Edouard est arrivé sur la ferme, il était déjà papa. Et Edouard avait dit, moi, à 19h, je suis rentrée à la maison. Ça, Fernand, au début, avait du mal à le comprendre. Avec le temps, Edouard a eu un deuxième enfant, puis un troisième. Et en fait, il a compris que Edouard, c'était aussi essentiel pour lui d'avoir des moments privilégiés avec ses enfants. Et maintenant qu'on a Vianney, il comprend encore plus pourquoi Edouard le faisait. Le soir, il rentre à 19h. Moi, je vais le rechercher Vianney vers 18h chez la nounou. Donc certes, j'ai une heure toute seule avec lui. Mais après, le bain, les bibes, les couches, tout ce qui s'ensuit. Avec un enfant, il est présent. Il adore jouer avec lui. Il adore passer du temps avec lui. Le matin, pareil, c'est facilement lui qui le prépare. avant d'aller chez la nourrice. Non, il est vachement présent auprès de son fils. Et je pense que pour lui, c'est essentiel de passer du temps avec son enfant. Mais même dans le futur, avec ses enfants, ce sera quand même quelque chose d'essentiel pour lui. Il a vécu dans une famille où les parents étaient quand même très présents. Je pense qu'il réplique le modèle et ça me convient très, très bien.

  • Speaker #0

    Et donc, tu parlais de la présence de ta belle famille autour de vous. Est-ce que vous avez aussi des amis autour de vous ? Est-ce que parfois, tu te sens... plutôt isolés sur cette ferme ou plutôt bien entourés ?

  • Speaker #1

    On a de la chance, c'est que des amis d'enfants sont aussi également revenus sur les exploitations de leurs parents. C'est des gens qui habitent dans un périmètre de 10-15 kilomètres. Donc on a quand même un noyau dur de 10-15 personnes. Maintenant, avec les pièces rapportées, on arrive à ça, 10-15 personnes juste à côté de la maison. Ce qui fait qu'on arrive facilement à se faire un repas le soir, un apéro, à sortir, à se voir. Ça, c'est quand même une force. et on est tous un peu sur les mêmes dynamiques, les mêmes sujets. C'est les mariages, les gamins, la ferme. On est tous un peu dans le même bateau. Et ça, c'est assez sympa parce que du coup, il y a aussi d'autres pièces rapportées un peu comme moi qui ne viennent pas forcément du coin. Je ne vais pas dire qu'on se serre les coudes parce qu'il n'y a pas forcément de difficultés, mais ça crée un lien un peu plus privilégié, je vais dire. La seule chose, c'est que moi, j'ai mes parents qui sont en Bretagne. Alors forcément, six heures de route, c'est un peu compliqué. Mais bon, j'ai de la chance, mes parents sont en retraite. Ils viennent facilement aussi nous voir. Et mes copines, mes copains d'enfance ou mes copains de Beauvais qui sont assez loin, ça j'avoue que ça peut me manquer par moments, cette distance. Et puis ce fait de ne plus pouvoir bouger comme quand on était étudiant et puis qu'on partait sur 48 heures à l'autre bout de la France. Ça aujourd'hui, ça devient compliqué.

  • Speaker #0

    Ok, donc là tu viens de nous parler de ta vie sociale. Maintenant, je voudrais un peu en savoir plus sur votre couple. Est-ce que vous arrivez à trouver du temps pour vous deux à partir en vacances ou en week-end ? Quel est votre équilibre en fait à tous les deux ? sur cette exploitation familiale ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que oui. En fait, on a aussi de la chance. Sa maman, à Fernand, est quand même assez super là-dessus. Ses petits-enfants, c'est en fait toute sa vie. Et du coup, dès qu'on veut laisser Vianney là-bas, c'est toujours oui, oui, oui. On a réussi à partir au salon de l'agriculture, j'entends. Sur deux, trois jours, en le laissant là-bas, elle nous a dit non, non, mais je m'en occupe. Pareil, on a une passion commune avec Fernand, c'est la chasse. On a quand même réussi deux fois dans l'hiver à laisser notre petit bout qui était quand même petit. Il avait quatre mois, deux week-ends entiers chez mes beaux-parents. Nous, on est partis à deux en week-end. On a fait notre vie. C'était génial. Là-dessus, c'est pareil. Fernand, il arrive aussi à faire la part des choses et à s'accorder du temps à lui. Mais du coup, à lui, il veut dire à nous. Il va trouver notre équilibre, se faire un resto. Bon là, ces derniers temps, on a fait des restos à trois parce que c'était en dernière minute. C'est un vendredi soir. On s'est dit, allez, on va au resto. On a de la chance, on a un bébé qui dort et on a réussi à profiter de notre resto avec le bébé qui dormait dans la poussette. Maintenant, on arrive à décrocher et se faire des moments tous les deux ou tous les trois. parce qu'on a envie d'être avec Vianney, tout simplement. On n'a pas toujours envie de le laisser non plus.

  • Speaker #0

    Est-ce que, pour finir cet échange, tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur qui nous écoute ?

  • Speaker #1

    Surtout, faites ce que vous avez envie de faire. Faites pas ce que la société vous impose ou ce que la chronologie classique impose. Nous, on vient d'un milieu, je veux dire, agricole, mais un peu cateau, mais on a décidé de faire un bébé avant de se marier. parce qu'on en avait envie. Surtout, on a demandé l'avis de personne et on n'a surtout pas écouté ce que les gens ont pu nous dire avec ça. Après, c'est souvent sur le ton de l'humour, mais quand j'ai tout plaqué au bout de même pas deux ans de CDI pour partir rejoindre Fernand sur son exploitation, tout le monde m'a dit « Mais tu vas rejoindre Fernand et tout, tu vas faire ton truc. » Oui, oui, j'en ai envie, donc je le fais. Surtout, il ne faut pas se mettre de barrière. Et puis, j'étais la première à me mettre de barrière il y a six mois, un an de ça, en disant « Fernand, mais tu te rends compte, il faut quand même que je continue. Je ne vais pas arrêter mon métier comme ça, il n'y a pas de place pour moi sur l'exploitation, il n'y a pas de machin. Mais si, en réfléchissant, il y a toujours des solutions et surtout, faites ce que vous avez envie.

  • Speaker #0

    C'est assez clair. Tu parlais de Vianney, votre fils. La personne avant toi, tu as laissé une question.

  • Speaker #2

    Comment est-ce qu'elle conçoit élever des enfants dans le monde agricole, dans le monde rural actuellement ? Comment est-ce qu'elle conçoit cela ? comment est-ce qu'elle voit cela ? Alors si c'est quelqu'un de jeune, forcément il faut se projeter. Si c'est quelqu'un de plus âgé, comment est-ce qu'elle a fait ?

  • Speaker #1

    Comment l'éduquer ? Pareil, en toute liberté. On ne va pas le forcer à aller à la ferme. Mais bon, après un petit garçon, quand il grandit dans le milieu, très souvent de lui-même, c'est lui qui insiste pour y aller, de manière naturelle. On vit dehors, on vit avec la météo, on vit avec les saisons. C'est l'éduquer en lui montrant ce que c'est la nature, en lui montrant ce que c'est les animaux. Et je pense que de lui-même, il verra ses parents faire, il verra ses parents s'épanouir là-dedans. Donc je pense qu'il nous suivra. Après, s'il n'aime pas du tout ça, qu'il est beaucoup plus sur des choses d'intérieur, il fera sa vie comme ça. Mais pareil, il faut qu'il fasse ce qu'il a envie, notre petit. Surtout ça. Fernand, il a toujours fait ce qu'il avait envie. Et il m'a dit surtout de faire la même chose. Au début, j'étais un peu... En fait, je me mettais des barrières toute seule. Et moi, je m'en mets plus je suis heureuse. Et j'ai compris que c'était un peu... un peu le maître mot. Et je pense que même dans l'éducation, c'est pareil. Il faut laisser les enfants... Il faut toujours mettre un cadre. Un enfant, s'il n'y a pas d'éducation minimum, je pense qu'il peut vite partir en vrille. Mais par contre, les laisser faire eux-mêmes leurs propres choix.

  • Speaker #0

    Et quelles questions, toi, tu poserais à la prochaine personne que je vais interviewer ?

  • Speaker #1

    Souvent, la ferme, ça rime avec belle famille. Comment elle voit les choses sur le fait de vivre à proximité de sa belle famille et puis essayer de trouver un... un accord et un équilibre, une osmose dans toute cette vie familiale qui n'est pas forcément la signe de base.

  • Speaker #0

    Très bonne question. Parfait. On aura la suite au prochain épisode. Merci beaucoup pour cet échange, Juliane. Merci à toi. C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie ou au contraire sont bien différents de Ausha professionnels et personnels, Alors, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode.

Description

À 26 ans, maman d'un petit bébé de 8 mois, future mariée d'un éleveur de vaches et volailles et céréalier dans les Hauts de France, Juliane nous parle de son installation sur la ferme à travers la production de mozzarella, mais également de sa relation avec sa belle famille, son déménagement sur la ferme, ses choix de vie pro...


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Disponible sur ausha, mais aussi distribué sur spotify, Apple Podcasts et deezer !

Bonne écoute !


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Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs. En agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée, elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France. Elles sont issues du monde agricole, où le découvre jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles sont elles-mêmes salariées ou agricultrices. Ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec elles et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie, personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Aujourd'hui, j'ai plaisir de discuter avec Juliane, elle a 26 ans, c'est une future mariée à un céréalier et un éleveur de vaches et de volailles depuis de nombreuses générations dans les Hauts-de-France. Elle ne travaille pas encore sur l'exploitation, mais c'est en cours. Juliane, on se connaît un petit peu, mais est-ce que tu peux brièvement te présenter ? Moi,

  • Speaker #1

    c'est Juliane, j'ai bientôt 26 ans. Et mon conjoint, c'est Fernand, qui est agriculteur, qui en a bientôt 31. On s'est rencontrés par le biais de nos études. On avait des connaissances communes, on a fait la même école, mais avec 5 ans d'écart, donc on s'est croisés. J'ai un petit bébé qui s'appelle Vianney, qui a 7 mois. qui est né en août dernier. J'étais technicienne de gestion jusqu'au mois passé chez Briage Pasquier, qui était en cohérence avec mon diplôme d'ingénieur en agriculture agroalimentaire. Et là, j'ai eu une rupture conventionnelle pour revenir également sur l'exploitation, mais pas complètement, enfin, séparer de l'exploitation.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter brièvement l'exploitation de Fernand ?

  • Speaker #1

    Fernand, il est éleveur, il a une exploitation en polyculture élevage. Donc, il a un élevage laitier de 160 vaches laitières en traite robotisée. Il a quelques mères à l'étente et un poulailler de poules pondeuses. Et puis des grandes cultures à côté, donc blé, maïs, colza, lin, betterave. Donc il y a pas mal de choses quand même sur l'exploitation. C'est une exploitation où ils sont plusieurs. Donc j'ai mes beaux-parents qui sont encore sur l'exploitation. Un de mes beaux-frères qui est revenu il y a trois ans. Il y a un autre beau-frère qui, lui, vient de quitter l'exploitation pour également aller sur l'exploitation de sa conjointe. Mais ça fait un joli petit monde.

  • Speaker #0

    Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu plus de toi. Quelles études as-tu fait et dans quel but ?

  • Speaker #1

    Donc moi, j'ai fait la salle Beauvais, une île à salles, qui est une école d'ingénieurs en agronomie et agro-industrie. J'ai fait ça parce que mes parents ne sont pas agriculteurs, mais j'ai quand même des origines agricoles. Mes grands-parents l'étaient. J'aime beaucoup le milieu rural. Donc c'était un peu dans ce but-là que je voulais faire ce diplôme. Donc c'était le côté terre-à-terre, qui était assez ouvert et qui permettait beaucoup de débouchés à la suite de l'école.

  • Speaker #0

    Et maintenant ? Que fais-tu du coup comme métier ?

  • Speaker #1

    Comme métier, j'ai été là pendant deux ans, technicienne de gestion chez Pasquier. J'étais sur une ligne de production de pitchs, les éternels pitchs qu'on a connus durant notre enfance. J'organisais la ligne de prod, donc je mettais les équipes en place, je gérais la partie humaine, tout ce qui est ressources salariales pour produire. Je gérais des opérateurs de production. Je ne m'épanouissais pas pleinement dans ce métier. Je le faisais parce qu'en sortie d'école, il faut aller travailler. Voilà, c'est comme ça. Ce n'était pas forcément ce qui m'a stimulée le plus. En plus, nous, la ferme, elle est située à Édun. Édun, c'est assez paumé, on va dire. C'est assez loin de tout. C'est proche de tout et loin de tout. Mais on n'a pas grand-chose à moins d'une heure de voiture. J'avais trouvé ça en sortie d'école, mais au final, ce n'est pas ce qui me convenait. Pendant mon congé mat, quand j'attendais Vianney, je me suis posé énormément de questions. Et puis, j'ai été beaucoup présente sur la ferme. Et ça m'a donné envie de revenir. Donc, quand j'ai repris le boulot après mon congé mat, au bout d'une semaine, j'ai dit à mon chef que ça n'allait pas durer très longtemps encore parce que je ne m'épanouissais pas du tout. Quatre mois après, ils m'ont accordé une rupture conventionnelle. Donc là, à la fin du mois, j'arrête définitivement mon boulot pour me consacrer à un autre projet.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce projet ? Est-ce que tu viens donc... Travailler sur exploitation et quelles seraient tes missions ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas vraiment travailler sur l'exploitation, parce que c'est là où on a mis un cadre avec Fernand, étant donné qu'il y a encore mes beaux-parents, que là, on est un peu dans la transition des parents vers les enfants. Là, aujourd'hui, ce n'est pas des questions que je revienne pleinement sur l'exploitation, mais Fernand, et puis en discussion avec mon beau-frère qui s'appelle Edouard, quand je leur ai dit que j'avais envie de revenir, ils m'ont dit, viens avec ton projet. De toute façon, dans ma tête, c'était aussi clair comme ça. Je ne voulais pas revenir dans le contexte actuel, juste être une personne en plus. Donc j'ai envie de monter mon atelier de transformation. En discutant depuis quelques mois avec Fernand et puis ensuite avec le reste de la famille, je me suis dit que j'avais envie de faire de la mozzarella. Puis là, on a commencé à regarder auprès des fournisseurs, on a contacté d'autres éleveurs, on est allé en visite d'élevage. J'ai été voir un élevage de bufflonnes, donc on se pose même les questions de ramener des bufflonnes sur l'exploitation. Et puis monter un atelier de transformation pour produire mozzarella, du fromage râpé pour mettre sur les pizzas également. Et puis après, faire tout ce qui est fromage autour de la crèmerie, donc beurre, crème, des fromages frais, des choses comme ça. Mais là, on est tous élus du projet, donc c'est un peu vague, mais c'est l'idée.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant. Du coup, tu ramènes un peu de temps d'agroalimentaire sur la ferme. Exactement. C'est vraiment chouette. Est-ce que dans le secteur d'activité que tu avais choisi initialement, il y avait donc des barrières géographiques ? dont tu nous parlais. Et est-ce que ce projet, du coup, va faciliter ça et faciliter ton épanouissement professionnel en lien avec peut-être cet isolement géographique ?

  • Speaker #1

    Clairement, oui, l'isolement géographique. Moi, en fait, ce qui m'a plu dans mes études à Beauvais, c'était tout ce qui était finance, contrôle de gestion. J'ai fait des stages là-dedans, surtout mon stage de fin d'études où j'étais en audite financière sur l'île. Je me suis éclatée. Après, c'était un boulot assez carriériste. parce que déjà, c'était des grades qu'on prenait chaque année si je restais là-bas. C'était des horaires où c'était du 8h30, 21h30, voire minuit, voire que j'ai fait jusqu'à 1h du matin, même en étant stagiaire. C'est des métiers où on court après le temps et je pense que ce n'était pas compatible avec un agriculteur parce qu'en fait, on ne le voyait pas quand j'étais là-bas avec Fernand. Quand je suis revenue chez Pasquier, ce n'était pas encore la même chose. Il y avait un gros décalage entre Fernand et moi parce que moi, je faisais des horaires fixes. Je faisais 8h30, 18h. J'avais 40 minutes de route le matin, 40 minutes de route le soir. J'avais l'impression d'avoir fait des journées énormes, même si elles n'étaient pas non plus si énormes, à côté de lui. Et on ne parlait pas de la même chose. Moi, j'étais confrontée à des salariés qui ne sont pas forcément faciles à manager. Lui, il organisait ses journées comme il voulait. Il y avait quand même un fossé entre nos deux vies professionnelles qui était assez dur à mettre en cohérence avec notre vie personnelle. Et là, le fait d'être revenue sur la ferme... Oui, ça va carrément contribuer à mon épanouissement professionnel parce que déjà, je vais pouvoir m'organiser comme je veux, voir mon fils comme je veux, voir Fernand quand je veux, manger déjeuner avec lui de midi. Ce qui est bien, c'est que le fait d'avoir mon propre atelier, ce sera mon business, je le gérerai quand j'aurai besoin d'aide. Il sera présent, mais on ne sera pas à 30 marchés sur les pieds tous les jours. On aura aussi nos moments seuls. Lui, il ira voir ses vaches et ses poules, et puis moi, je gérerai mes fromages, on va dire. Donc ça, c'est assez sympa.

  • Speaker #0

    Ça justifie pas mal ton projet au-delà de juste se rapprocher géographiquement. C'est vraiment sur un épanouissement derrière.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Ça va permettre d'accorder nos vies et d'être assez en phase ensemble, de se voir un peu plus, d'avoir un rythme commun. Ça me permettra aussi de comprendre un peu plus pourquoi le week-end, ils bossent et puis moi, j'aimerais bien faire des choses. Mais là, c'est ce qu'il m'a dit. Le week-end, il faudra aussi que je fasse mes fromages. Mais je pense que bosser pour soi et bosser... pour quelqu'un d'autre, ce n'est pas du tout la même chose. Moi, personnellement, là, je suis beaucoup plus stimulée à l'idée de me dire que je me lève le matin, là, en ce moment, je vais nourrir les veaux et je le fais pour nous. Ensuite, quand j'aurai la fromagerie, ce sera pareil, ce sera un projet commun pour nous, pour nos enfants. Les enfants, ils pourront vivre aussi dans ce milieu-là, dans ce cadre-là. Je trouve ça génial.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair, c'est super intéressant. Du coup, tu parlais de la ferme. Est-ce que tu habites sur l'exploitation ? Depuis combien de temps ?

  • Speaker #1

    Oui, on habite au cœur de la ferme. Notre maison est à l'entrée de la ferme, là où il y a du passage, tout le monde y passe. On est au cœur des bâtiments de la ferme. Ça me convient très bien. J'adore ça. Je pense qu'il y a beaucoup de personnes que ça peut rebuter. Moi, dans mon entourage, j'ai plein de copines qui sont là, mais jamais je ne vais vivre sur l'exploitation, jamais à côté de chez mes beaux-parents. Mais moi, c'est un contexte qui me plaît. À la fois, on a beau être au cœur de l'exploitation, chacun garde son intimité. Ma belle-mère ne débarque jamais chez moi, sauf si je l'invite à y venir.

  • Speaker #0

    chacun a ses barrières et je trouve que c'est assez chouette dans cette famille c'est que chaque couple entre guillemets a sa famille son intimité et puis chacun vit de son côté sans regarder ce que fait le voisin et tout à l'heure tu parlais de ton fils comment se passe votre organisation familiale vis-à-vis de lui et comment ça va se passer quand tu travailleras du coup sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Alors là, jusqu'à présent, quand je travaillais chez PASQUI, il était en nourrice chez une assistante maternelle à 10 km d'ici. Donc ça, c'était trois jours et demi par semaine. Et là, je suis revenue sur la ferme. Donc tout le monde m'a dit « Ah, tu vas arrêter la nourrice » . Et non, non, non, je n'ai pas fait ce choix. Il va toujours trois jours et demi par semaine chez la nounou. Parce que pour faire un projet avec un enfant dans les pattes, entre guillemets, ce n'est pas forcément facile. Donc, on a fait ce choix de le laisser là-bas. Ça me permet d'aller aider sur la ferme, comme je te disais, de nourrir les veaux. Fernand, il livre des œufs aussi aux restaurateurs et boulangeries qui se situent à côté de chez nous. Donc, c'est moi qui prends maintenant le relais sur les livraisons. Un peu de paperasse, d'administratif. Et puis, des prises de rendez-vous pour les devis, des visites d'exploitation. Il y a diverses choses à faire au démarrage d'un projet qui, pour moi, n'est pas compatible avec le fait de garder un enfant.

  • Speaker #0

    Quelle relation entretient Fernand avec son fils ? Et quel temps arrive-t-il à y accorder ?

  • Speaker #1

    Alors là-dessus, honnêtement, je n'ai rien à redire. Il est au top. Sur tout ce qui est même, je veux dire, tâches ménagères, préparation des repas, gestion de Vianney, on est à 50-50, chacun gère son truc, mais on a toutes nos tâches. Ce qu'il ne comprenait pas quand son frère est arrivé sur la ferme, c'est qu'Edouard est arrivé sur la ferme, il était déjà papa. Et Edouard avait dit, moi, à 19h, je suis rentrée à la maison. Ça, Fernand, au début, avait du mal à le comprendre. Avec le temps, Edouard a eu un deuxième enfant, puis un troisième. Et en fait, il a compris que Edouard, c'était aussi essentiel pour lui d'avoir des moments privilégiés avec ses enfants. Et maintenant qu'on a Vianney, il comprend encore plus pourquoi Edouard le faisait. Le soir, il rentre à 19h. Moi, je vais le rechercher Vianney vers 18h chez la nounou. Donc certes, j'ai une heure toute seule avec lui. Mais après, le bain, les bibes, les couches, tout ce qui s'ensuit. Avec un enfant, il est présent. Il adore jouer avec lui. Il adore passer du temps avec lui. Le matin, pareil, c'est facilement lui qui le prépare. avant d'aller chez la nourrice. Non, il est vachement présent auprès de son fils. Et je pense que pour lui, c'est essentiel de passer du temps avec son enfant. Mais même dans le futur, avec ses enfants, ce sera quand même quelque chose d'essentiel pour lui. Il a vécu dans une famille où les parents étaient quand même très présents. Je pense qu'il réplique le modèle et ça me convient très, très bien.

  • Speaker #0

    Et donc, tu parlais de la présence de ta belle famille autour de vous. Est-ce que vous avez aussi des amis autour de vous ? Est-ce que parfois, tu te sens... plutôt isolés sur cette ferme ou plutôt bien entourés ?

  • Speaker #1

    On a de la chance, c'est que des amis d'enfants sont aussi également revenus sur les exploitations de leurs parents. C'est des gens qui habitent dans un périmètre de 10-15 kilomètres. Donc on a quand même un noyau dur de 10-15 personnes. Maintenant, avec les pièces rapportées, on arrive à ça, 10-15 personnes juste à côté de la maison. Ce qui fait qu'on arrive facilement à se faire un repas le soir, un apéro, à sortir, à se voir. Ça, c'est quand même une force. et on est tous un peu sur les mêmes dynamiques, les mêmes sujets. C'est les mariages, les gamins, la ferme. On est tous un peu dans le même bateau. Et ça, c'est assez sympa parce que du coup, il y a aussi d'autres pièces rapportées un peu comme moi qui ne viennent pas forcément du coin. Je ne vais pas dire qu'on se serre les coudes parce qu'il n'y a pas forcément de difficultés, mais ça crée un lien un peu plus privilégié, je vais dire. La seule chose, c'est que moi, j'ai mes parents qui sont en Bretagne. Alors forcément, six heures de route, c'est un peu compliqué. Mais bon, j'ai de la chance, mes parents sont en retraite. Ils viennent facilement aussi nous voir. Et mes copines, mes copains d'enfance ou mes copains de Beauvais qui sont assez loin, ça j'avoue que ça peut me manquer par moments, cette distance. Et puis ce fait de ne plus pouvoir bouger comme quand on était étudiant et puis qu'on partait sur 48 heures à l'autre bout de la France. Ça aujourd'hui, ça devient compliqué.

  • Speaker #0

    Ok, donc là tu viens de nous parler de ta vie sociale. Maintenant, je voudrais un peu en savoir plus sur votre couple. Est-ce que vous arrivez à trouver du temps pour vous deux à partir en vacances ou en week-end ? Quel est votre équilibre en fait à tous les deux ? sur cette exploitation familiale ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que oui. En fait, on a aussi de la chance. Sa maman, à Fernand, est quand même assez super là-dessus. Ses petits-enfants, c'est en fait toute sa vie. Et du coup, dès qu'on veut laisser Vianney là-bas, c'est toujours oui, oui, oui. On a réussi à partir au salon de l'agriculture, j'entends. Sur deux, trois jours, en le laissant là-bas, elle nous a dit non, non, mais je m'en occupe. Pareil, on a une passion commune avec Fernand, c'est la chasse. On a quand même réussi deux fois dans l'hiver à laisser notre petit bout qui était quand même petit. Il avait quatre mois, deux week-ends entiers chez mes beaux-parents. Nous, on est partis à deux en week-end. On a fait notre vie. C'était génial. Là-dessus, c'est pareil. Fernand, il arrive aussi à faire la part des choses et à s'accorder du temps à lui. Mais du coup, à lui, il veut dire à nous. Il va trouver notre équilibre, se faire un resto. Bon là, ces derniers temps, on a fait des restos à trois parce que c'était en dernière minute. C'est un vendredi soir. On s'est dit, allez, on va au resto. On a de la chance, on a un bébé qui dort et on a réussi à profiter de notre resto avec le bébé qui dormait dans la poussette. Maintenant, on arrive à décrocher et se faire des moments tous les deux ou tous les trois. parce qu'on a envie d'être avec Vianney, tout simplement. On n'a pas toujours envie de le laisser non plus.

  • Speaker #0

    Est-ce que, pour finir cet échange, tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur qui nous écoute ?

  • Speaker #1

    Surtout, faites ce que vous avez envie de faire. Faites pas ce que la société vous impose ou ce que la chronologie classique impose. Nous, on vient d'un milieu, je veux dire, agricole, mais un peu cateau, mais on a décidé de faire un bébé avant de se marier. parce qu'on en avait envie. Surtout, on a demandé l'avis de personne et on n'a surtout pas écouté ce que les gens ont pu nous dire avec ça. Après, c'est souvent sur le ton de l'humour, mais quand j'ai tout plaqué au bout de même pas deux ans de CDI pour partir rejoindre Fernand sur son exploitation, tout le monde m'a dit « Mais tu vas rejoindre Fernand et tout, tu vas faire ton truc. » Oui, oui, j'en ai envie, donc je le fais. Surtout, il ne faut pas se mettre de barrière. Et puis, j'étais la première à me mettre de barrière il y a six mois, un an de ça, en disant « Fernand, mais tu te rends compte, il faut quand même que je continue. Je ne vais pas arrêter mon métier comme ça, il n'y a pas de place pour moi sur l'exploitation, il n'y a pas de machin. Mais si, en réfléchissant, il y a toujours des solutions et surtout, faites ce que vous avez envie.

  • Speaker #0

    C'est assez clair. Tu parlais de Vianney, votre fils. La personne avant toi, tu as laissé une question.

  • Speaker #2

    Comment est-ce qu'elle conçoit élever des enfants dans le monde agricole, dans le monde rural actuellement ? Comment est-ce qu'elle conçoit cela ? comment est-ce qu'elle voit cela ? Alors si c'est quelqu'un de jeune, forcément il faut se projeter. Si c'est quelqu'un de plus âgé, comment est-ce qu'elle a fait ?

  • Speaker #1

    Comment l'éduquer ? Pareil, en toute liberté. On ne va pas le forcer à aller à la ferme. Mais bon, après un petit garçon, quand il grandit dans le milieu, très souvent de lui-même, c'est lui qui insiste pour y aller, de manière naturelle. On vit dehors, on vit avec la météo, on vit avec les saisons. C'est l'éduquer en lui montrant ce que c'est la nature, en lui montrant ce que c'est les animaux. Et je pense que de lui-même, il verra ses parents faire, il verra ses parents s'épanouir là-dedans. Donc je pense qu'il nous suivra. Après, s'il n'aime pas du tout ça, qu'il est beaucoup plus sur des choses d'intérieur, il fera sa vie comme ça. Mais pareil, il faut qu'il fasse ce qu'il a envie, notre petit. Surtout ça. Fernand, il a toujours fait ce qu'il avait envie. Et il m'a dit surtout de faire la même chose. Au début, j'étais un peu... En fait, je me mettais des barrières toute seule. Et moi, je m'en mets plus je suis heureuse. Et j'ai compris que c'était un peu... un peu le maître mot. Et je pense que même dans l'éducation, c'est pareil. Il faut laisser les enfants... Il faut toujours mettre un cadre. Un enfant, s'il n'y a pas d'éducation minimum, je pense qu'il peut vite partir en vrille. Mais par contre, les laisser faire eux-mêmes leurs propres choix.

  • Speaker #0

    Et quelles questions, toi, tu poserais à la prochaine personne que je vais interviewer ?

  • Speaker #1

    Souvent, la ferme, ça rime avec belle famille. Comment elle voit les choses sur le fait de vivre à proximité de sa belle famille et puis essayer de trouver un... un accord et un équilibre, une osmose dans toute cette vie familiale qui n'est pas forcément la signe de base.

  • Speaker #0

    Très bonne question. Parfait. On aura la suite au prochain épisode. Merci beaucoup pour cet échange, Juliane. Merci à toi. C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie ou au contraire sont bien différents de Ausha professionnels et personnels, Alors, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode.

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Description

À 26 ans, maman d'un petit bébé de 8 mois, future mariée d'un éleveur de vaches et volailles et céréalier dans les Hauts de France, Juliane nous parle de son installation sur la ferme à travers la production de mozzarella, mais également de sa relation avec sa belle famille, son déménagement sur la ferme, ses choix de vie pro...


Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Disponible sur ausha, mais aussi distribué sur spotify, Apple Podcasts et deezer !

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs. En agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée, elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France. Elles sont issues du monde agricole, où le découvre jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles sont elles-mêmes salariées ou agricultrices. Ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec elles et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie, personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Aujourd'hui, j'ai plaisir de discuter avec Juliane, elle a 26 ans, c'est une future mariée à un céréalier et un éleveur de vaches et de volailles depuis de nombreuses générations dans les Hauts-de-France. Elle ne travaille pas encore sur l'exploitation, mais c'est en cours. Juliane, on se connaît un petit peu, mais est-ce que tu peux brièvement te présenter ? Moi,

  • Speaker #1

    c'est Juliane, j'ai bientôt 26 ans. Et mon conjoint, c'est Fernand, qui est agriculteur, qui en a bientôt 31. On s'est rencontrés par le biais de nos études. On avait des connaissances communes, on a fait la même école, mais avec 5 ans d'écart, donc on s'est croisés. J'ai un petit bébé qui s'appelle Vianney, qui a 7 mois. qui est né en août dernier. J'étais technicienne de gestion jusqu'au mois passé chez Briage Pasquier, qui était en cohérence avec mon diplôme d'ingénieur en agriculture agroalimentaire. Et là, j'ai eu une rupture conventionnelle pour revenir également sur l'exploitation, mais pas complètement, enfin, séparer de l'exploitation.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter brièvement l'exploitation de Fernand ?

  • Speaker #1

    Fernand, il est éleveur, il a une exploitation en polyculture élevage. Donc, il a un élevage laitier de 160 vaches laitières en traite robotisée. Il a quelques mères à l'étente et un poulailler de poules pondeuses. Et puis des grandes cultures à côté, donc blé, maïs, colza, lin, betterave. Donc il y a pas mal de choses quand même sur l'exploitation. C'est une exploitation où ils sont plusieurs. Donc j'ai mes beaux-parents qui sont encore sur l'exploitation. Un de mes beaux-frères qui est revenu il y a trois ans. Il y a un autre beau-frère qui, lui, vient de quitter l'exploitation pour également aller sur l'exploitation de sa conjointe. Mais ça fait un joli petit monde.

  • Speaker #0

    Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu plus de toi. Quelles études as-tu fait et dans quel but ?

  • Speaker #1

    Donc moi, j'ai fait la salle Beauvais, une île à salles, qui est une école d'ingénieurs en agronomie et agro-industrie. J'ai fait ça parce que mes parents ne sont pas agriculteurs, mais j'ai quand même des origines agricoles. Mes grands-parents l'étaient. J'aime beaucoup le milieu rural. Donc c'était un peu dans ce but-là que je voulais faire ce diplôme. Donc c'était le côté terre-à-terre, qui était assez ouvert et qui permettait beaucoup de débouchés à la suite de l'école.

  • Speaker #0

    Et maintenant ? Que fais-tu du coup comme métier ?

  • Speaker #1

    Comme métier, j'ai été là pendant deux ans, technicienne de gestion chez Pasquier. J'étais sur une ligne de production de pitchs, les éternels pitchs qu'on a connus durant notre enfance. J'organisais la ligne de prod, donc je mettais les équipes en place, je gérais la partie humaine, tout ce qui est ressources salariales pour produire. Je gérais des opérateurs de production. Je ne m'épanouissais pas pleinement dans ce métier. Je le faisais parce qu'en sortie d'école, il faut aller travailler. Voilà, c'est comme ça. Ce n'était pas forcément ce qui m'a stimulée le plus. En plus, nous, la ferme, elle est située à Édun. Édun, c'est assez paumé, on va dire. C'est assez loin de tout. C'est proche de tout et loin de tout. Mais on n'a pas grand-chose à moins d'une heure de voiture. J'avais trouvé ça en sortie d'école, mais au final, ce n'est pas ce qui me convenait. Pendant mon congé mat, quand j'attendais Vianney, je me suis posé énormément de questions. Et puis, j'ai été beaucoup présente sur la ferme. Et ça m'a donné envie de revenir. Donc, quand j'ai repris le boulot après mon congé mat, au bout d'une semaine, j'ai dit à mon chef que ça n'allait pas durer très longtemps encore parce que je ne m'épanouissais pas du tout. Quatre mois après, ils m'ont accordé une rupture conventionnelle. Donc là, à la fin du mois, j'arrête définitivement mon boulot pour me consacrer à un autre projet.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce projet ? Est-ce que tu viens donc... Travailler sur exploitation et quelles seraient tes missions ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas vraiment travailler sur l'exploitation, parce que c'est là où on a mis un cadre avec Fernand, étant donné qu'il y a encore mes beaux-parents, que là, on est un peu dans la transition des parents vers les enfants. Là, aujourd'hui, ce n'est pas des questions que je revienne pleinement sur l'exploitation, mais Fernand, et puis en discussion avec mon beau-frère qui s'appelle Edouard, quand je leur ai dit que j'avais envie de revenir, ils m'ont dit, viens avec ton projet. De toute façon, dans ma tête, c'était aussi clair comme ça. Je ne voulais pas revenir dans le contexte actuel, juste être une personne en plus. Donc j'ai envie de monter mon atelier de transformation. En discutant depuis quelques mois avec Fernand et puis ensuite avec le reste de la famille, je me suis dit que j'avais envie de faire de la mozzarella. Puis là, on a commencé à regarder auprès des fournisseurs, on a contacté d'autres éleveurs, on est allé en visite d'élevage. J'ai été voir un élevage de bufflonnes, donc on se pose même les questions de ramener des bufflonnes sur l'exploitation. Et puis monter un atelier de transformation pour produire mozzarella, du fromage râpé pour mettre sur les pizzas également. Et puis après, faire tout ce qui est fromage autour de la crèmerie, donc beurre, crème, des fromages frais, des choses comme ça. Mais là, on est tous élus du projet, donc c'est un peu vague, mais c'est l'idée.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant. Du coup, tu ramènes un peu de temps d'agroalimentaire sur la ferme. Exactement. C'est vraiment chouette. Est-ce que dans le secteur d'activité que tu avais choisi initialement, il y avait donc des barrières géographiques ? dont tu nous parlais. Et est-ce que ce projet, du coup, va faciliter ça et faciliter ton épanouissement professionnel en lien avec peut-être cet isolement géographique ?

  • Speaker #1

    Clairement, oui, l'isolement géographique. Moi, en fait, ce qui m'a plu dans mes études à Beauvais, c'était tout ce qui était finance, contrôle de gestion. J'ai fait des stages là-dedans, surtout mon stage de fin d'études où j'étais en audite financière sur l'île. Je me suis éclatée. Après, c'était un boulot assez carriériste. parce que déjà, c'était des grades qu'on prenait chaque année si je restais là-bas. C'était des horaires où c'était du 8h30, 21h30, voire minuit, voire que j'ai fait jusqu'à 1h du matin, même en étant stagiaire. C'est des métiers où on court après le temps et je pense que ce n'était pas compatible avec un agriculteur parce qu'en fait, on ne le voyait pas quand j'étais là-bas avec Fernand. Quand je suis revenue chez Pasquier, ce n'était pas encore la même chose. Il y avait un gros décalage entre Fernand et moi parce que moi, je faisais des horaires fixes. Je faisais 8h30, 18h. J'avais 40 minutes de route le matin, 40 minutes de route le soir. J'avais l'impression d'avoir fait des journées énormes, même si elles n'étaient pas non plus si énormes, à côté de lui. Et on ne parlait pas de la même chose. Moi, j'étais confrontée à des salariés qui ne sont pas forcément faciles à manager. Lui, il organisait ses journées comme il voulait. Il y avait quand même un fossé entre nos deux vies professionnelles qui était assez dur à mettre en cohérence avec notre vie personnelle. Et là, le fait d'être revenue sur la ferme... Oui, ça va carrément contribuer à mon épanouissement professionnel parce que déjà, je vais pouvoir m'organiser comme je veux, voir mon fils comme je veux, voir Fernand quand je veux, manger déjeuner avec lui de midi. Ce qui est bien, c'est que le fait d'avoir mon propre atelier, ce sera mon business, je le gérerai quand j'aurai besoin d'aide. Il sera présent, mais on ne sera pas à 30 marchés sur les pieds tous les jours. On aura aussi nos moments seuls. Lui, il ira voir ses vaches et ses poules, et puis moi, je gérerai mes fromages, on va dire. Donc ça, c'est assez sympa.

  • Speaker #0

    Ça justifie pas mal ton projet au-delà de juste se rapprocher géographiquement. C'est vraiment sur un épanouissement derrière.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Ça va permettre d'accorder nos vies et d'être assez en phase ensemble, de se voir un peu plus, d'avoir un rythme commun. Ça me permettra aussi de comprendre un peu plus pourquoi le week-end, ils bossent et puis moi, j'aimerais bien faire des choses. Mais là, c'est ce qu'il m'a dit. Le week-end, il faudra aussi que je fasse mes fromages. Mais je pense que bosser pour soi et bosser... pour quelqu'un d'autre, ce n'est pas du tout la même chose. Moi, personnellement, là, je suis beaucoup plus stimulée à l'idée de me dire que je me lève le matin, là, en ce moment, je vais nourrir les veaux et je le fais pour nous. Ensuite, quand j'aurai la fromagerie, ce sera pareil, ce sera un projet commun pour nous, pour nos enfants. Les enfants, ils pourront vivre aussi dans ce milieu-là, dans ce cadre-là. Je trouve ça génial.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair, c'est super intéressant. Du coup, tu parlais de la ferme. Est-ce que tu habites sur l'exploitation ? Depuis combien de temps ?

  • Speaker #1

    Oui, on habite au cœur de la ferme. Notre maison est à l'entrée de la ferme, là où il y a du passage, tout le monde y passe. On est au cœur des bâtiments de la ferme. Ça me convient très bien. J'adore ça. Je pense qu'il y a beaucoup de personnes que ça peut rebuter. Moi, dans mon entourage, j'ai plein de copines qui sont là, mais jamais je ne vais vivre sur l'exploitation, jamais à côté de chez mes beaux-parents. Mais moi, c'est un contexte qui me plaît. À la fois, on a beau être au cœur de l'exploitation, chacun garde son intimité. Ma belle-mère ne débarque jamais chez moi, sauf si je l'invite à y venir.

  • Speaker #0

    chacun a ses barrières et je trouve que c'est assez chouette dans cette famille c'est que chaque couple entre guillemets a sa famille son intimité et puis chacun vit de son côté sans regarder ce que fait le voisin et tout à l'heure tu parlais de ton fils comment se passe votre organisation familiale vis-à-vis de lui et comment ça va se passer quand tu travailleras du coup sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Alors là, jusqu'à présent, quand je travaillais chez PASQUI, il était en nourrice chez une assistante maternelle à 10 km d'ici. Donc ça, c'était trois jours et demi par semaine. Et là, je suis revenue sur la ferme. Donc tout le monde m'a dit « Ah, tu vas arrêter la nourrice » . Et non, non, non, je n'ai pas fait ce choix. Il va toujours trois jours et demi par semaine chez la nounou. Parce que pour faire un projet avec un enfant dans les pattes, entre guillemets, ce n'est pas forcément facile. Donc, on a fait ce choix de le laisser là-bas. Ça me permet d'aller aider sur la ferme, comme je te disais, de nourrir les veaux. Fernand, il livre des œufs aussi aux restaurateurs et boulangeries qui se situent à côté de chez nous. Donc, c'est moi qui prends maintenant le relais sur les livraisons. Un peu de paperasse, d'administratif. Et puis, des prises de rendez-vous pour les devis, des visites d'exploitation. Il y a diverses choses à faire au démarrage d'un projet qui, pour moi, n'est pas compatible avec le fait de garder un enfant.

  • Speaker #0

    Quelle relation entretient Fernand avec son fils ? Et quel temps arrive-t-il à y accorder ?

  • Speaker #1

    Alors là-dessus, honnêtement, je n'ai rien à redire. Il est au top. Sur tout ce qui est même, je veux dire, tâches ménagères, préparation des repas, gestion de Vianney, on est à 50-50, chacun gère son truc, mais on a toutes nos tâches. Ce qu'il ne comprenait pas quand son frère est arrivé sur la ferme, c'est qu'Edouard est arrivé sur la ferme, il était déjà papa. Et Edouard avait dit, moi, à 19h, je suis rentrée à la maison. Ça, Fernand, au début, avait du mal à le comprendre. Avec le temps, Edouard a eu un deuxième enfant, puis un troisième. Et en fait, il a compris que Edouard, c'était aussi essentiel pour lui d'avoir des moments privilégiés avec ses enfants. Et maintenant qu'on a Vianney, il comprend encore plus pourquoi Edouard le faisait. Le soir, il rentre à 19h. Moi, je vais le rechercher Vianney vers 18h chez la nounou. Donc certes, j'ai une heure toute seule avec lui. Mais après, le bain, les bibes, les couches, tout ce qui s'ensuit. Avec un enfant, il est présent. Il adore jouer avec lui. Il adore passer du temps avec lui. Le matin, pareil, c'est facilement lui qui le prépare. avant d'aller chez la nourrice. Non, il est vachement présent auprès de son fils. Et je pense que pour lui, c'est essentiel de passer du temps avec son enfant. Mais même dans le futur, avec ses enfants, ce sera quand même quelque chose d'essentiel pour lui. Il a vécu dans une famille où les parents étaient quand même très présents. Je pense qu'il réplique le modèle et ça me convient très, très bien.

  • Speaker #0

    Et donc, tu parlais de la présence de ta belle famille autour de vous. Est-ce que vous avez aussi des amis autour de vous ? Est-ce que parfois, tu te sens... plutôt isolés sur cette ferme ou plutôt bien entourés ?

  • Speaker #1

    On a de la chance, c'est que des amis d'enfants sont aussi également revenus sur les exploitations de leurs parents. C'est des gens qui habitent dans un périmètre de 10-15 kilomètres. Donc on a quand même un noyau dur de 10-15 personnes. Maintenant, avec les pièces rapportées, on arrive à ça, 10-15 personnes juste à côté de la maison. Ce qui fait qu'on arrive facilement à se faire un repas le soir, un apéro, à sortir, à se voir. Ça, c'est quand même une force. et on est tous un peu sur les mêmes dynamiques, les mêmes sujets. C'est les mariages, les gamins, la ferme. On est tous un peu dans le même bateau. Et ça, c'est assez sympa parce que du coup, il y a aussi d'autres pièces rapportées un peu comme moi qui ne viennent pas forcément du coin. Je ne vais pas dire qu'on se serre les coudes parce qu'il n'y a pas forcément de difficultés, mais ça crée un lien un peu plus privilégié, je vais dire. La seule chose, c'est que moi, j'ai mes parents qui sont en Bretagne. Alors forcément, six heures de route, c'est un peu compliqué. Mais bon, j'ai de la chance, mes parents sont en retraite. Ils viennent facilement aussi nous voir. Et mes copines, mes copains d'enfance ou mes copains de Beauvais qui sont assez loin, ça j'avoue que ça peut me manquer par moments, cette distance. Et puis ce fait de ne plus pouvoir bouger comme quand on était étudiant et puis qu'on partait sur 48 heures à l'autre bout de la France. Ça aujourd'hui, ça devient compliqué.

  • Speaker #0

    Ok, donc là tu viens de nous parler de ta vie sociale. Maintenant, je voudrais un peu en savoir plus sur votre couple. Est-ce que vous arrivez à trouver du temps pour vous deux à partir en vacances ou en week-end ? Quel est votre équilibre en fait à tous les deux ? sur cette exploitation familiale ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que oui. En fait, on a aussi de la chance. Sa maman, à Fernand, est quand même assez super là-dessus. Ses petits-enfants, c'est en fait toute sa vie. Et du coup, dès qu'on veut laisser Vianney là-bas, c'est toujours oui, oui, oui. On a réussi à partir au salon de l'agriculture, j'entends. Sur deux, trois jours, en le laissant là-bas, elle nous a dit non, non, mais je m'en occupe. Pareil, on a une passion commune avec Fernand, c'est la chasse. On a quand même réussi deux fois dans l'hiver à laisser notre petit bout qui était quand même petit. Il avait quatre mois, deux week-ends entiers chez mes beaux-parents. Nous, on est partis à deux en week-end. On a fait notre vie. C'était génial. Là-dessus, c'est pareil. Fernand, il arrive aussi à faire la part des choses et à s'accorder du temps à lui. Mais du coup, à lui, il veut dire à nous. Il va trouver notre équilibre, se faire un resto. Bon là, ces derniers temps, on a fait des restos à trois parce que c'était en dernière minute. C'est un vendredi soir. On s'est dit, allez, on va au resto. On a de la chance, on a un bébé qui dort et on a réussi à profiter de notre resto avec le bébé qui dormait dans la poussette. Maintenant, on arrive à décrocher et se faire des moments tous les deux ou tous les trois. parce qu'on a envie d'être avec Vianney, tout simplement. On n'a pas toujours envie de le laisser non plus.

  • Speaker #0

    Est-ce que, pour finir cet échange, tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur qui nous écoute ?

  • Speaker #1

    Surtout, faites ce que vous avez envie de faire. Faites pas ce que la société vous impose ou ce que la chronologie classique impose. Nous, on vient d'un milieu, je veux dire, agricole, mais un peu cateau, mais on a décidé de faire un bébé avant de se marier. parce qu'on en avait envie. Surtout, on a demandé l'avis de personne et on n'a surtout pas écouté ce que les gens ont pu nous dire avec ça. Après, c'est souvent sur le ton de l'humour, mais quand j'ai tout plaqué au bout de même pas deux ans de CDI pour partir rejoindre Fernand sur son exploitation, tout le monde m'a dit « Mais tu vas rejoindre Fernand et tout, tu vas faire ton truc. » Oui, oui, j'en ai envie, donc je le fais. Surtout, il ne faut pas se mettre de barrière. Et puis, j'étais la première à me mettre de barrière il y a six mois, un an de ça, en disant « Fernand, mais tu te rends compte, il faut quand même que je continue. Je ne vais pas arrêter mon métier comme ça, il n'y a pas de place pour moi sur l'exploitation, il n'y a pas de machin. Mais si, en réfléchissant, il y a toujours des solutions et surtout, faites ce que vous avez envie.

  • Speaker #0

    C'est assez clair. Tu parlais de Vianney, votre fils. La personne avant toi, tu as laissé une question.

  • Speaker #2

    Comment est-ce qu'elle conçoit élever des enfants dans le monde agricole, dans le monde rural actuellement ? Comment est-ce qu'elle conçoit cela ? comment est-ce qu'elle voit cela ? Alors si c'est quelqu'un de jeune, forcément il faut se projeter. Si c'est quelqu'un de plus âgé, comment est-ce qu'elle a fait ?

  • Speaker #1

    Comment l'éduquer ? Pareil, en toute liberté. On ne va pas le forcer à aller à la ferme. Mais bon, après un petit garçon, quand il grandit dans le milieu, très souvent de lui-même, c'est lui qui insiste pour y aller, de manière naturelle. On vit dehors, on vit avec la météo, on vit avec les saisons. C'est l'éduquer en lui montrant ce que c'est la nature, en lui montrant ce que c'est les animaux. Et je pense que de lui-même, il verra ses parents faire, il verra ses parents s'épanouir là-dedans. Donc je pense qu'il nous suivra. Après, s'il n'aime pas du tout ça, qu'il est beaucoup plus sur des choses d'intérieur, il fera sa vie comme ça. Mais pareil, il faut qu'il fasse ce qu'il a envie, notre petit. Surtout ça. Fernand, il a toujours fait ce qu'il avait envie. Et il m'a dit surtout de faire la même chose. Au début, j'étais un peu... En fait, je me mettais des barrières toute seule. Et moi, je m'en mets plus je suis heureuse. Et j'ai compris que c'était un peu... un peu le maître mot. Et je pense que même dans l'éducation, c'est pareil. Il faut laisser les enfants... Il faut toujours mettre un cadre. Un enfant, s'il n'y a pas d'éducation minimum, je pense qu'il peut vite partir en vrille. Mais par contre, les laisser faire eux-mêmes leurs propres choix.

  • Speaker #0

    Et quelles questions, toi, tu poserais à la prochaine personne que je vais interviewer ?

  • Speaker #1

    Souvent, la ferme, ça rime avec belle famille. Comment elle voit les choses sur le fait de vivre à proximité de sa belle famille et puis essayer de trouver un... un accord et un équilibre, une osmose dans toute cette vie familiale qui n'est pas forcément la signe de base.

  • Speaker #0

    Très bonne question. Parfait. On aura la suite au prochain épisode. Merci beaucoup pour cet échange, Juliane. Merci à toi. C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie ou au contraire sont bien différents de Ausha professionnels et personnels, Alors, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode.

Description

À 26 ans, maman d'un petit bébé de 8 mois, future mariée d'un éleveur de vaches et volailles et céréalier dans les Hauts de France, Juliane nous parle de son installation sur la ferme à travers la production de mozzarella, mais également de sa relation avec sa belle famille, son déménagement sur la ferme, ses choix de vie pro...


Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Disponible sur ausha, mais aussi distribué sur spotify, Apple Podcasts et deezer !

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs. En agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée, elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France. Elles sont issues du monde agricole, où le découvre jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles sont elles-mêmes salariées ou agricultrices. Ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec elles et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie, personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Aujourd'hui, j'ai plaisir de discuter avec Juliane, elle a 26 ans, c'est une future mariée à un céréalier et un éleveur de vaches et de volailles depuis de nombreuses générations dans les Hauts-de-France. Elle ne travaille pas encore sur l'exploitation, mais c'est en cours. Juliane, on se connaît un petit peu, mais est-ce que tu peux brièvement te présenter ? Moi,

  • Speaker #1

    c'est Juliane, j'ai bientôt 26 ans. Et mon conjoint, c'est Fernand, qui est agriculteur, qui en a bientôt 31. On s'est rencontrés par le biais de nos études. On avait des connaissances communes, on a fait la même école, mais avec 5 ans d'écart, donc on s'est croisés. J'ai un petit bébé qui s'appelle Vianney, qui a 7 mois. qui est né en août dernier. J'étais technicienne de gestion jusqu'au mois passé chez Briage Pasquier, qui était en cohérence avec mon diplôme d'ingénieur en agriculture agroalimentaire. Et là, j'ai eu une rupture conventionnelle pour revenir également sur l'exploitation, mais pas complètement, enfin, séparer de l'exploitation.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter brièvement l'exploitation de Fernand ?

  • Speaker #1

    Fernand, il est éleveur, il a une exploitation en polyculture élevage. Donc, il a un élevage laitier de 160 vaches laitières en traite robotisée. Il a quelques mères à l'étente et un poulailler de poules pondeuses. Et puis des grandes cultures à côté, donc blé, maïs, colza, lin, betterave. Donc il y a pas mal de choses quand même sur l'exploitation. C'est une exploitation où ils sont plusieurs. Donc j'ai mes beaux-parents qui sont encore sur l'exploitation. Un de mes beaux-frères qui est revenu il y a trois ans. Il y a un autre beau-frère qui, lui, vient de quitter l'exploitation pour également aller sur l'exploitation de sa conjointe. Mais ça fait un joli petit monde.

  • Speaker #0

    Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu plus de toi. Quelles études as-tu fait et dans quel but ?

  • Speaker #1

    Donc moi, j'ai fait la salle Beauvais, une île à salles, qui est une école d'ingénieurs en agronomie et agro-industrie. J'ai fait ça parce que mes parents ne sont pas agriculteurs, mais j'ai quand même des origines agricoles. Mes grands-parents l'étaient. J'aime beaucoup le milieu rural. Donc c'était un peu dans ce but-là que je voulais faire ce diplôme. Donc c'était le côté terre-à-terre, qui était assez ouvert et qui permettait beaucoup de débouchés à la suite de l'école.

  • Speaker #0

    Et maintenant ? Que fais-tu du coup comme métier ?

  • Speaker #1

    Comme métier, j'ai été là pendant deux ans, technicienne de gestion chez Pasquier. J'étais sur une ligne de production de pitchs, les éternels pitchs qu'on a connus durant notre enfance. J'organisais la ligne de prod, donc je mettais les équipes en place, je gérais la partie humaine, tout ce qui est ressources salariales pour produire. Je gérais des opérateurs de production. Je ne m'épanouissais pas pleinement dans ce métier. Je le faisais parce qu'en sortie d'école, il faut aller travailler. Voilà, c'est comme ça. Ce n'était pas forcément ce qui m'a stimulée le plus. En plus, nous, la ferme, elle est située à Édun. Édun, c'est assez paumé, on va dire. C'est assez loin de tout. C'est proche de tout et loin de tout. Mais on n'a pas grand-chose à moins d'une heure de voiture. J'avais trouvé ça en sortie d'école, mais au final, ce n'est pas ce qui me convenait. Pendant mon congé mat, quand j'attendais Vianney, je me suis posé énormément de questions. Et puis, j'ai été beaucoup présente sur la ferme. Et ça m'a donné envie de revenir. Donc, quand j'ai repris le boulot après mon congé mat, au bout d'une semaine, j'ai dit à mon chef que ça n'allait pas durer très longtemps encore parce que je ne m'épanouissais pas du tout. Quatre mois après, ils m'ont accordé une rupture conventionnelle. Donc là, à la fin du mois, j'arrête définitivement mon boulot pour me consacrer à un autre projet.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce projet ? Est-ce que tu viens donc... Travailler sur exploitation et quelles seraient tes missions ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas vraiment travailler sur l'exploitation, parce que c'est là où on a mis un cadre avec Fernand, étant donné qu'il y a encore mes beaux-parents, que là, on est un peu dans la transition des parents vers les enfants. Là, aujourd'hui, ce n'est pas des questions que je revienne pleinement sur l'exploitation, mais Fernand, et puis en discussion avec mon beau-frère qui s'appelle Edouard, quand je leur ai dit que j'avais envie de revenir, ils m'ont dit, viens avec ton projet. De toute façon, dans ma tête, c'était aussi clair comme ça. Je ne voulais pas revenir dans le contexte actuel, juste être une personne en plus. Donc j'ai envie de monter mon atelier de transformation. En discutant depuis quelques mois avec Fernand et puis ensuite avec le reste de la famille, je me suis dit que j'avais envie de faire de la mozzarella. Puis là, on a commencé à regarder auprès des fournisseurs, on a contacté d'autres éleveurs, on est allé en visite d'élevage. J'ai été voir un élevage de bufflonnes, donc on se pose même les questions de ramener des bufflonnes sur l'exploitation. Et puis monter un atelier de transformation pour produire mozzarella, du fromage râpé pour mettre sur les pizzas également. Et puis après, faire tout ce qui est fromage autour de la crèmerie, donc beurre, crème, des fromages frais, des choses comme ça. Mais là, on est tous élus du projet, donc c'est un peu vague, mais c'est l'idée.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant. Du coup, tu ramènes un peu de temps d'agroalimentaire sur la ferme. Exactement. C'est vraiment chouette. Est-ce que dans le secteur d'activité que tu avais choisi initialement, il y avait donc des barrières géographiques ? dont tu nous parlais. Et est-ce que ce projet, du coup, va faciliter ça et faciliter ton épanouissement professionnel en lien avec peut-être cet isolement géographique ?

  • Speaker #1

    Clairement, oui, l'isolement géographique. Moi, en fait, ce qui m'a plu dans mes études à Beauvais, c'était tout ce qui était finance, contrôle de gestion. J'ai fait des stages là-dedans, surtout mon stage de fin d'études où j'étais en audite financière sur l'île. Je me suis éclatée. Après, c'était un boulot assez carriériste. parce que déjà, c'était des grades qu'on prenait chaque année si je restais là-bas. C'était des horaires où c'était du 8h30, 21h30, voire minuit, voire que j'ai fait jusqu'à 1h du matin, même en étant stagiaire. C'est des métiers où on court après le temps et je pense que ce n'était pas compatible avec un agriculteur parce qu'en fait, on ne le voyait pas quand j'étais là-bas avec Fernand. Quand je suis revenue chez Pasquier, ce n'était pas encore la même chose. Il y avait un gros décalage entre Fernand et moi parce que moi, je faisais des horaires fixes. Je faisais 8h30, 18h. J'avais 40 minutes de route le matin, 40 minutes de route le soir. J'avais l'impression d'avoir fait des journées énormes, même si elles n'étaient pas non plus si énormes, à côté de lui. Et on ne parlait pas de la même chose. Moi, j'étais confrontée à des salariés qui ne sont pas forcément faciles à manager. Lui, il organisait ses journées comme il voulait. Il y avait quand même un fossé entre nos deux vies professionnelles qui était assez dur à mettre en cohérence avec notre vie personnelle. Et là, le fait d'être revenue sur la ferme... Oui, ça va carrément contribuer à mon épanouissement professionnel parce que déjà, je vais pouvoir m'organiser comme je veux, voir mon fils comme je veux, voir Fernand quand je veux, manger déjeuner avec lui de midi. Ce qui est bien, c'est que le fait d'avoir mon propre atelier, ce sera mon business, je le gérerai quand j'aurai besoin d'aide. Il sera présent, mais on ne sera pas à 30 marchés sur les pieds tous les jours. On aura aussi nos moments seuls. Lui, il ira voir ses vaches et ses poules, et puis moi, je gérerai mes fromages, on va dire. Donc ça, c'est assez sympa.

  • Speaker #0

    Ça justifie pas mal ton projet au-delà de juste se rapprocher géographiquement. C'est vraiment sur un épanouissement derrière.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Ça va permettre d'accorder nos vies et d'être assez en phase ensemble, de se voir un peu plus, d'avoir un rythme commun. Ça me permettra aussi de comprendre un peu plus pourquoi le week-end, ils bossent et puis moi, j'aimerais bien faire des choses. Mais là, c'est ce qu'il m'a dit. Le week-end, il faudra aussi que je fasse mes fromages. Mais je pense que bosser pour soi et bosser... pour quelqu'un d'autre, ce n'est pas du tout la même chose. Moi, personnellement, là, je suis beaucoup plus stimulée à l'idée de me dire que je me lève le matin, là, en ce moment, je vais nourrir les veaux et je le fais pour nous. Ensuite, quand j'aurai la fromagerie, ce sera pareil, ce sera un projet commun pour nous, pour nos enfants. Les enfants, ils pourront vivre aussi dans ce milieu-là, dans ce cadre-là. Je trouve ça génial.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair, c'est super intéressant. Du coup, tu parlais de la ferme. Est-ce que tu habites sur l'exploitation ? Depuis combien de temps ?

  • Speaker #1

    Oui, on habite au cœur de la ferme. Notre maison est à l'entrée de la ferme, là où il y a du passage, tout le monde y passe. On est au cœur des bâtiments de la ferme. Ça me convient très bien. J'adore ça. Je pense qu'il y a beaucoup de personnes que ça peut rebuter. Moi, dans mon entourage, j'ai plein de copines qui sont là, mais jamais je ne vais vivre sur l'exploitation, jamais à côté de chez mes beaux-parents. Mais moi, c'est un contexte qui me plaît. À la fois, on a beau être au cœur de l'exploitation, chacun garde son intimité. Ma belle-mère ne débarque jamais chez moi, sauf si je l'invite à y venir.

  • Speaker #0

    chacun a ses barrières et je trouve que c'est assez chouette dans cette famille c'est que chaque couple entre guillemets a sa famille son intimité et puis chacun vit de son côté sans regarder ce que fait le voisin et tout à l'heure tu parlais de ton fils comment se passe votre organisation familiale vis-à-vis de lui et comment ça va se passer quand tu travailleras du coup sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Alors là, jusqu'à présent, quand je travaillais chez PASQUI, il était en nourrice chez une assistante maternelle à 10 km d'ici. Donc ça, c'était trois jours et demi par semaine. Et là, je suis revenue sur la ferme. Donc tout le monde m'a dit « Ah, tu vas arrêter la nourrice » . Et non, non, non, je n'ai pas fait ce choix. Il va toujours trois jours et demi par semaine chez la nounou. Parce que pour faire un projet avec un enfant dans les pattes, entre guillemets, ce n'est pas forcément facile. Donc, on a fait ce choix de le laisser là-bas. Ça me permet d'aller aider sur la ferme, comme je te disais, de nourrir les veaux. Fernand, il livre des œufs aussi aux restaurateurs et boulangeries qui se situent à côté de chez nous. Donc, c'est moi qui prends maintenant le relais sur les livraisons. Un peu de paperasse, d'administratif. Et puis, des prises de rendez-vous pour les devis, des visites d'exploitation. Il y a diverses choses à faire au démarrage d'un projet qui, pour moi, n'est pas compatible avec le fait de garder un enfant.

  • Speaker #0

    Quelle relation entretient Fernand avec son fils ? Et quel temps arrive-t-il à y accorder ?

  • Speaker #1

    Alors là-dessus, honnêtement, je n'ai rien à redire. Il est au top. Sur tout ce qui est même, je veux dire, tâches ménagères, préparation des repas, gestion de Vianney, on est à 50-50, chacun gère son truc, mais on a toutes nos tâches. Ce qu'il ne comprenait pas quand son frère est arrivé sur la ferme, c'est qu'Edouard est arrivé sur la ferme, il était déjà papa. Et Edouard avait dit, moi, à 19h, je suis rentrée à la maison. Ça, Fernand, au début, avait du mal à le comprendre. Avec le temps, Edouard a eu un deuxième enfant, puis un troisième. Et en fait, il a compris que Edouard, c'était aussi essentiel pour lui d'avoir des moments privilégiés avec ses enfants. Et maintenant qu'on a Vianney, il comprend encore plus pourquoi Edouard le faisait. Le soir, il rentre à 19h. Moi, je vais le rechercher Vianney vers 18h chez la nounou. Donc certes, j'ai une heure toute seule avec lui. Mais après, le bain, les bibes, les couches, tout ce qui s'ensuit. Avec un enfant, il est présent. Il adore jouer avec lui. Il adore passer du temps avec lui. Le matin, pareil, c'est facilement lui qui le prépare. avant d'aller chez la nourrice. Non, il est vachement présent auprès de son fils. Et je pense que pour lui, c'est essentiel de passer du temps avec son enfant. Mais même dans le futur, avec ses enfants, ce sera quand même quelque chose d'essentiel pour lui. Il a vécu dans une famille où les parents étaient quand même très présents. Je pense qu'il réplique le modèle et ça me convient très, très bien.

  • Speaker #0

    Et donc, tu parlais de la présence de ta belle famille autour de vous. Est-ce que vous avez aussi des amis autour de vous ? Est-ce que parfois, tu te sens... plutôt isolés sur cette ferme ou plutôt bien entourés ?

  • Speaker #1

    On a de la chance, c'est que des amis d'enfants sont aussi également revenus sur les exploitations de leurs parents. C'est des gens qui habitent dans un périmètre de 10-15 kilomètres. Donc on a quand même un noyau dur de 10-15 personnes. Maintenant, avec les pièces rapportées, on arrive à ça, 10-15 personnes juste à côté de la maison. Ce qui fait qu'on arrive facilement à se faire un repas le soir, un apéro, à sortir, à se voir. Ça, c'est quand même une force. et on est tous un peu sur les mêmes dynamiques, les mêmes sujets. C'est les mariages, les gamins, la ferme. On est tous un peu dans le même bateau. Et ça, c'est assez sympa parce que du coup, il y a aussi d'autres pièces rapportées un peu comme moi qui ne viennent pas forcément du coin. Je ne vais pas dire qu'on se serre les coudes parce qu'il n'y a pas forcément de difficultés, mais ça crée un lien un peu plus privilégié, je vais dire. La seule chose, c'est que moi, j'ai mes parents qui sont en Bretagne. Alors forcément, six heures de route, c'est un peu compliqué. Mais bon, j'ai de la chance, mes parents sont en retraite. Ils viennent facilement aussi nous voir. Et mes copines, mes copains d'enfance ou mes copains de Beauvais qui sont assez loin, ça j'avoue que ça peut me manquer par moments, cette distance. Et puis ce fait de ne plus pouvoir bouger comme quand on était étudiant et puis qu'on partait sur 48 heures à l'autre bout de la France. Ça aujourd'hui, ça devient compliqué.

  • Speaker #0

    Ok, donc là tu viens de nous parler de ta vie sociale. Maintenant, je voudrais un peu en savoir plus sur votre couple. Est-ce que vous arrivez à trouver du temps pour vous deux à partir en vacances ou en week-end ? Quel est votre équilibre en fait à tous les deux ? sur cette exploitation familiale ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire que oui. En fait, on a aussi de la chance. Sa maman, à Fernand, est quand même assez super là-dessus. Ses petits-enfants, c'est en fait toute sa vie. Et du coup, dès qu'on veut laisser Vianney là-bas, c'est toujours oui, oui, oui. On a réussi à partir au salon de l'agriculture, j'entends. Sur deux, trois jours, en le laissant là-bas, elle nous a dit non, non, mais je m'en occupe. Pareil, on a une passion commune avec Fernand, c'est la chasse. On a quand même réussi deux fois dans l'hiver à laisser notre petit bout qui était quand même petit. Il avait quatre mois, deux week-ends entiers chez mes beaux-parents. Nous, on est partis à deux en week-end. On a fait notre vie. C'était génial. Là-dessus, c'est pareil. Fernand, il arrive aussi à faire la part des choses et à s'accorder du temps à lui. Mais du coup, à lui, il veut dire à nous. Il va trouver notre équilibre, se faire un resto. Bon là, ces derniers temps, on a fait des restos à trois parce que c'était en dernière minute. C'est un vendredi soir. On s'est dit, allez, on va au resto. On a de la chance, on a un bébé qui dort et on a réussi à profiter de notre resto avec le bébé qui dormait dans la poussette. Maintenant, on arrive à décrocher et se faire des moments tous les deux ou tous les trois. parce qu'on a envie d'être avec Vianney, tout simplement. On n'a pas toujours envie de le laisser non plus.

  • Speaker #0

    Est-ce que, pour finir cet échange, tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur qui nous écoute ?

  • Speaker #1

    Surtout, faites ce que vous avez envie de faire. Faites pas ce que la société vous impose ou ce que la chronologie classique impose. Nous, on vient d'un milieu, je veux dire, agricole, mais un peu cateau, mais on a décidé de faire un bébé avant de se marier. parce qu'on en avait envie. Surtout, on a demandé l'avis de personne et on n'a surtout pas écouté ce que les gens ont pu nous dire avec ça. Après, c'est souvent sur le ton de l'humour, mais quand j'ai tout plaqué au bout de même pas deux ans de CDI pour partir rejoindre Fernand sur son exploitation, tout le monde m'a dit « Mais tu vas rejoindre Fernand et tout, tu vas faire ton truc. » Oui, oui, j'en ai envie, donc je le fais. Surtout, il ne faut pas se mettre de barrière. Et puis, j'étais la première à me mettre de barrière il y a six mois, un an de ça, en disant « Fernand, mais tu te rends compte, il faut quand même que je continue. Je ne vais pas arrêter mon métier comme ça, il n'y a pas de place pour moi sur l'exploitation, il n'y a pas de machin. Mais si, en réfléchissant, il y a toujours des solutions et surtout, faites ce que vous avez envie.

  • Speaker #0

    C'est assez clair. Tu parlais de Vianney, votre fils. La personne avant toi, tu as laissé une question.

  • Speaker #2

    Comment est-ce qu'elle conçoit élever des enfants dans le monde agricole, dans le monde rural actuellement ? Comment est-ce qu'elle conçoit cela ? comment est-ce qu'elle voit cela ? Alors si c'est quelqu'un de jeune, forcément il faut se projeter. Si c'est quelqu'un de plus âgé, comment est-ce qu'elle a fait ?

  • Speaker #1

    Comment l'éduquer ? Pareil, en toute liberté. On ne va pas le forcer à aller à la ferme. Mais bon, après un petit garçon, quand il grandit dans le milieu, très souvent de lui-même, c'est lui qui insiste pour y aller, de manière naturelle. On vit dehors, on vit avec la météo, on vit avec les saisons. C'est l'éduquer en lui montrant ce que c'est la nature, en lui montrant ce que c'est les animaux. Et je pense que de lui-même, il verra ses parents faire, il verra ses parents s'épanouir là-dedans. Donc je pense qu'il nous suivra. Après, s'il n'aime pas du tout ça, qu'il est beaucoup plus sur des choses d'intérieur, il fera sa vie comme ça. Mais pareil, il faut qu'il fasse ce qu'il a envie, notre petit. Surtout ça. Fernand, il a toujours fait ce qu'il avait envie. Et il m'a dit surtout de faire la même chose. Au début, j'étais un peu... En fait, je me mettais des barrières toute seule. Et moi, je m'en mets plus je suis heureuse. Et j'ai compris que c'était un peu... un peu le maître mot. Et je pense que même dans l'éducation, c'est pareil. Il faut laisser les enfants... Il faut toujours mettre un cadre. Un enfant, s'il n'y a pas d'éducation minimum, je pense qu'il peut vite partir en vrille. Mais par contre, les laisser faire eux-mêmes leurs propres choix.

  • Speaker #0

    Et quelles questions, toi, tu poserais à la prochaine personne que je vais interviewer ?

  • Speaker #1

    Souvent, la ferme, ça rime avec belle famille. Comment elle voit les choses sur le fait de vivre à proximité de sa belle famille et puis essayer de trouver un... un accord et un équilibre, une osmose dans toute cette vie familiale qui n'est pas forcément la signe de base.

  • Speaker #0

    Très bonne question. Parfait. On aura la suite au prochain épisode. Merci beaucoup pour cet échange, Juliane. Merci à toi. C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie ou au contraire sont bien différents de Ausha professionnels et personnels, Alors, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode.

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