- Speaker #0
Le volleyball assis, pour moi, c'est un jeu très technique parce qu'il faut, mine de rien, vraiment allier le physique et le technique en même temps et avec beaucoup de rapidité afin de pouvoir jouer en équipe.
- Speaker #1
Cette envie de collectif, cet amour pour le groupe transpire chez Sylvanie Logello. À 43 ans, l'ancienne... handballeuse et rugbywoman, a rejoint une bande de femmes. Et ensemble, elles écrivent l'histoire du sport français. L'équipe de France de volleyball assis est née il y a 5 ans et s'apprête à vivre les Jeux paralympiques pour la première fois, chez elles, à Paris. Je m'appelle Ludivine Munoz, nageuse. J'ai remporté 12 médailles aux Jeux paralympiques. Aujourd'hui, avec Roland Richard, mon acolyte journaliste, on vous raconte donc le volleyball assis à travers l'histoire de Sylvain Nélogelot.
- Speaker #2
L'histoire du volleyball assis trouve ses fondements aux Pays-Bas en 1956. A l'origine, c'est un mix entre volleyball et sitzball, un sport allemand sans filet, mais avec des joueurs assis. Et c'est encore aux Pays-Bas, à Arnheim, que la pratique fait son apparition aux Jeux paralympiques en 1980. Sauf qu'à l'époque, il y a deux tournois, un de volley assis et un de volley debout. Les Pays-Bas raflent l'or dans la version assise, Israël dans celle debout. Seuls les hommes sont alors conviés. Tout change en 2004. D'abord, le volleyball debout s'éclipse au profit du seul volleyball assis. Ensuite, les dames font leur entrée dans la compétition. Il faut le dire, Ludivine, le volleyball assis est une affaire de dynastie. Chez les dames, la Chine a dominé les trois premières paralympiades, les Etats-Unis les deux dernières. Chez les messieurs, il y a eu deux titres d'entrée pour les Pays-Bas, mais surtout une hégémonie de l'Iran depuis 1988. L'Iran, vainqueur de sept des neuf tournois paralympiques de volleyball assis depuis les Jeux de Séoul, avec notamment... à Rio comme à Tokyo, une légende. Morteza Merzad. Une taille de
- Speaker #0
2,46 m,
- Speaker #2
ramenée à 1,90 m une fois assise. 1,90 m. Vous avez bien compris.
- Speaker #1
Aujourd'hui, Roland, le volet à scie est pratiqué par plus de 10 000 athlètes à travers 75 pays dans le monde. Mais en France, l'histoire a commencé seulement en 2017. L'équipe nationale féminine s'est formée, elle, en 2019. 2019, c'est justement l'année où le comité paralympique et sportif français part à la chasse de talents pour renforcer ses contingents d'athlètes en vue des Jeux de Paris. Cette détection porte un nom, la relève. C'est là que Sylvanie Logello entre en scène, poussée par sa conjointe.
- Speaker #0
On m'a inscrite malgré moi à la session La Relève en mars 2019 vers Toulon, où on devait venir pour faire des tests et on pouvait nous orienter vers des disciplines. Et j'ai été approchée par le représentant du volet assis, qui était Florian Foulquet à l'époque, et qui m'a dit Faut que tu viennes, tes capacités nous intéressent, on a l'objectif de créer une équipe de France et du coup, pourquoi pas l'intégrer ?
- Speaker #1
Trois mois plus tard, juin 2019, Sylvanie reçoit un coup de fil. Nouvelle série de tests, cette fois-ci, c'est la bonne pour la vignonnaise.
- Speaker #0
Depuis, je ne suis plus partie, j'ai intégré l'équipe de France et l'histoire a commencé.
- Speaker #2
Une petite renaissance parce que pour la grande sportive qui était Sylvanie Logello, tout s'était arrêté brutalement en 2012. Alors qu'elle joue au rugby, elle se casse la jambe, fracture, tibia, perronnée, cheville, avec un nerf sectionné. Le pied ne bouge plus. Plus de flexion ou d'extension, impossible de courir et donc de reprendre les sports collectifs. Sept ans plus tard, le sourire revient, elle découvre le volleyball assis.
- Speaker #0
Pour moi, c'est un renouveau au niveau sportif, puisque c'est ce qui m'a permis de refaire du sport après mon accident. J'ai toujours fait du sport, moi. 20 ans de hand, 5 ans de rugby. Et en 2012, quand j'ai eu mon accident, je n'ai plus rien fait. Et voilà, en 2019, j'ai découvert le volleyball assis. sport qui est beaucoup plus difficile que ce que je pensais. Moi qui étais rugbywoman et qui jouais chez les avants, première ligne ou deuxième ligne, j'avais l'habitude du physique, mais le volet assis, c'est quand même beaucoup plus physique que ça pour moi.
- Speaker #1
Qualifiés d'office au titre de Pays-Haute, les équipes de France-Dame et Messieurs défieront chacune 7 autres nations. Les joueuses et joueurs tricolores doivent alors se familiariser avec les règles. Le volleyball à 6 se dispute à 6 contre 6. Pour gagner un match, il faut remporter 3 sets. Pour gagner un set, il faut marquer 25 points. Sauf s'il y a un cinquième set, celui-ci se joue alors en 15 points. Pour marquer un point, chaque équipe a droit à 3 touches de balle. L'objectif, frapper le sol. avec la balle dans la moitié de terrain adverse. Voilà pour les points communs avec le volleyball olympique. Mais il y a des différences notables, Roland.
- Speaker #2
À commencer par le déplacement, Ludivine. On pousse sur les mains, les jambes et on glisse sur le sol. Quand on touche la balle, il faut obligatoirement être en contact avec le sol. Plus précisément, il faut qu'une partie du tronc, située donc entre les fesses et les épaules, soit en contact avec le sol. Autre différence importante, le filet est placé à un peu plus d'un mètre de hauteur, le terrain. et de dimensions réduites, 10 mètres de longueur sur 6 mètres de large. Chaque camp défend donc une moitié de terrain de 5 mètres de long. Et là, il y a une particularité. Ces 5 mètres sont divisés en deux zones, une avant et une arrière, pour une raison bien précise.
- Speaker #0
Sur le terrain, il y a une ligne qui sépare le terrain en deux, donc elle est à 2 mètres du filet. Et donc les joueurs qui sont dans cette zone de 2 mètres, c'est les joueurs avant. Et les joueurs qui sont derrière cette ligne, ce sont ceux de la zone arrière. Et ceux de la zone arrière ne peuvent pas frapper la balle en ayant dépassé cette ligne.
- Speaker #1
Les arrières sont donc les attaquants, comme Sylvanie. Ils peuvent bien rentrer dans la zone avant, y défendre ou y faire une passe, mais ils n'ont pas le droit d'y renvoyer la balle vers la moitié de terrain adverse. Pour ce qui est du service, là aussi il y a une différence importante, et c'est lié à la hauteur réduite du filet.
- Speaker #0
Sachant qu'on est assis et qu'on essaye tout de même de faire des services agressifs, Qui dit service agressif dit service à ras du filet. Donc forcément, quand on est sur la zone avant, dès qu'on lève les mains, on dépasse forcément du filet puisque le filet est à 1m05. Et ça permet de pouvoir contrer le service et donc de faire retomber le ballon directement dans le carat de verse et de récupérer un point et la balle.
- Speaker #1
Pouvoir contrer le service en volé bolassi n'est pas un détail parce que la mise en jeu est un moment clé de la construction d'un point. Un bon service permet de mettre d'emblée en difficulté l'adversaire. Alors certaines équipes ont mis au point de véritables stratégies pour le rendre encore plus efficace. Sylvanie Logello donne un exemple.
- Speaker #0
La serveuse est au milieu du terrain et toutes les joueuses sont en ligne. Ça permet de la cacher et donc de ne pas voir du tout où elle peut orienter son corps. Parce que des fois les corps parlent d'eux-mêmes pour où le service va être lancé.
- Speaker #1
Prendre de vitesse l'adversaire, envoyer le ballon dans une zone désertée, désorganiser la défense adverse et donc la contre-attaque éventuelle, tout cela permet de marquer des points dans un sport hautement stratégique.
- Speaker #2
Pour ce qui est des handicaps plus divines, ils sont nombreux à être acceptés dans la discipline. Handicap d'un membre, amputation ou malformation congénitale, atteinte importante de la force musculaire ou de l'amplitude articulaire, inégalité de longueur des membres, hypertonie, une exagération permanente du tonus musculaire, Athétose, des mouvements et contorsions involontaires des mains ou des pieds. Et ataxie, c'est-à-dire les pathologies neurodégénératives du tronc ou du cerveau avec manque de coordination des mouvements, perte d'équilibre, troubles oculaires, etc. Tous ces handicaps sont regroupés dans deux classifications. VS1 pour tous les athlètes avec des handicaps significatifs au plan moteur et VS2 pour les athlètes avec des limitations d'amplitude articulaire ou des affaiblissements musculaires. VS pour Volleyball Sitting. Ah si, Sylvain Ilogello est VS2, et la singularité, c'est que dans des équipes de 12 joueuses, on a le droit de sélectionner que deux athlètes VS2. Une seule pourra être sur le terrain.
- Speaker #1
Il faut imaginer que pour la Villeneuve, comme pour ses partenaires en bleu, les Jeux paralympiques représentent une montagne. Les équipes de France féminine comme masculine ne font pas partie du Gotha européen. On l'a dit, Sylvanie et les autres tricolores n'ont constitué une équipe pour la première fois qu'en 2019. Et souvent, elles ont découvert tout en même temps, la création d'une équipe nationale et le sport lui-même.
- Speaker #0
On n'est pas une équipe à la base où on est des voléeuses. Moi, je n'étais pas voléeuse. Sur toute l'équipe, on en a une qui était voléeuse avant. Toutes les autres n'avaient pas fait de volée forcément. Donc, tu vois, c'est vraiment une construction totale. On part des bases.
- Speaker #1
On part des bases, aussi bien dans la pratique du sport que dans sa structuration. Les joueuses de l'équipe de France se rassemblent trois jours par mois en stage, mais au quotidien c'est beaucoup plus difficile. Alors Sylvanie Logelo fait de son mieux et travaille ardemment.
- Speaker #0
Aujourd'hui je suis à deux heures de physique par jour. Alors quand je dis physique, ça peut être du cardio, ça peut être de la musculation, ça peut être du stretching, de l'assouplissement. Il faut beaucoup s'assouplir pour le volet assis parce que la position n'est pas très naturelle. Donc, il faut beaucoup travailler, c'est ça. Je suis à peu près à deux heures par jour de physique sur à peu près six jours par semaine. Et après, j'ai une heure et demie de volet quatre fois par semaine.
- Speaker #2
Une vingtaine d'heures de sport par semaine donc. Et si vous doutiez de la détermination des voléyeux tricolores à réussir, attendez de voir les conditions d'entraînement de Sylvanie. La quadragénaire joue dans... Trois clubs différents. Le sien, le SMUC à Marseille, où il y a trois pratiquants. Un deuxième, à Salon de Provence, avec deux athlètes. Et finalement un dernier, où le système D prévaut.
- Speaker #0
J'ai réussi là, depuis peu, à trouver un club pas trop loin de chez moi, là, hier, où en fait, moi je leur ai demandé qu'il me fallait de la pratique de jeu. Et donc, ils se mobilisent beaucoup et arrivent à me trouver du monde pour qu'on fasse des séances de jeu vraiment avec des volayeurs.
- Speaker #2
Comprendre des volayeurs du club habituellement debout et qui se prêtent à l'exercice assis pour aider Sylvainie. Parce que le plus important, ce sont les automatismes de jeu, aussi bien au plan technique que tactique. Mais rien ne remplace les matchs. Alors les Bleus disputent tous les ans la Silver Nations League, un tournoi court pour les équipes européennes du deuxième échelon. L'apprentissage y est laborieux, austère, quatre défaites en 2022, quatre défaites en 2023, aucun succès. Mais la lumière est venue des grands championnats d'Europe en octobre dernier.
- Speaker #0
Notre premier championnat d'Europe et on gagne notre premier match. Donc pour nous, c'est une grande fierté d'être allé chercher ça. Parce que sur le papier, ce n'était pas gagné, ce n'était pas marqué. On y est allé et on l'a fait.
- Speaker #1
Quatre pour Auvergne-Poule, dont un 3-7 à 0 contre la Slovénie, future vice-championne d'Europe, mais donc un succès 3-7 à 1 contre la Turquie en match de classement pour la neuvième place. De quoi entretenir la flamme. De quoi aussi nourrir des ambitions pour les Jeux de Paris. Des ambitions mesurées, certes.
- Speaker #0
Donner le meilleur de soi-même et montrer qu'on est en construction, mais que la construction est solide et qu'on va aller... taper ces équipes-là, même si, oui, elles ont 20 ans derrière elles de voler à Cile. Mais non, on va y aller et on va leur montrer qu'en peu de temps, on arrive à faire beaucoup de choses.
- Speaker #2
Malheureusement, Sylvain Ilogello a manqué de peu sa classification après notre entretien. C'est donc sans elle que les Bleus vont relever le défi de Paris 2024. Pas pour remporter une médaille, mais pour saisir une chance inouïe, celle d'affronter les sept meilleures équipes au monde. Les Américaines, double championne paralympique en titre. Les Chinoises, leurs dauphines à Rio comme à Tokyo. Ou peut-être les Brésiliennes, championnes du monde en 2022.
- Speaker #1
En somme, ce tournoi paralympique, c'est un accélérateur de particules pour, dans le futur, briller d'abord au niveau continental. C'est un privilège d'assister en direct à la construction d'une équipe. Et pour ça, rendez-vous à l'aréna Porte-Nord à Villepinte du 29 août au 7 septembre.