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#12 – Prenez la roue de Marie Patouillet en Para cyclisme cover
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PAR Amour du sport !

#12 – Prenez la roue de Marie Patouillet en Para cyclisme

#12 – Prenez la roue de Marie Patouillet en Para cyclisme

13min |09/08/2024
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PAR Amour du sport !

#12 – Prenez la roue de Marie Patouillet en Para cyclisme

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Description

Elle se sert de ses performances sur le vélo pour être le porte-étendard d’un message féministe. Double-championne du monde de cyclisme sur piste 2024 et championne du monde sur route 2022, Marie Patouillet livre sa dernière compétition à Paris. Mais pas sa dernière bataille. La trentenaire, amoureuse du 500 m contre-la-montre, fait la promotion d’un sport moins sexiste et guidé davantage par l’amour. Mais pourquoi mener ce combat au travers du sport ? Eh bien, c’est lié aux gens qu’elle aime. Justement.

 

Les épreuves de Para Cyclisme aux Jeux de Paris 2024 ont lieu du 29 août au 1er septembre sur la piste du Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines et du 4 au 7 août pour le Para cyclisme sur route.


PAR Amour du sport est un podcast de Paris 2024 de 22 épisodes, soit un épisode par discipline présente aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Chaque sport, son histoire, ses règles, le niveau de performance qu’il requiert, est raconté à travers le parcours d’une ou d’un athlète. Les épisodes sont publiés dans l’ordre de l’apparition des sports aux Jeux Paralympiques d’été depuis la première édition à Rome en 1960. A l’époque, il y n’avait que huit disciplines en compétition, six d’entre elles sont toujours présentes : le Para athlétisme, la Para natation, l’Escrime fauteuil, le Basket fauteuil, le Para tir à l’arc et le Para tennis de table.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marie Patouillet

    Le Para cyclisme, c'est un sport qui permet à différentes catégories de handisport de s'exprimer sur un vélo. Ça a été ma voie de rebond. Je suis née avec une malformation orthopédique au niveau de la jambe gauche qui ne m'a pas trop dérangée jusqu'à l'âge de mes 25 ans. Et à partir de 25 ans, elle s'est dégradée et aujourd'hui, je ne peux plus courir. Et ça a été un peu mon issue de secours pour continuer à pratiquer beaucoup de sport.

  • Ludivine Munos

    Une douceur radicale. Le timbre, le ton de Marie Patouillet raconte bien son rapport au sport. Le para cyclisme, elle l'a découvert il y a une dizaine d'années seulement, mais à force de détermination, la francilienne a réussi à arracher deux médailles de bronze au jeu de Tokyo, en poursuite individuelle sur piste et lors de la course en ligne sur route. Je m'appelle Ludivine Munos, nageuse, j'ai remporté 12 médailles aux Jeux Paralympiques. Aujourd'hui, avec Roland Richard, mon acolyte journaliste, on vous raconte le paracyclisme à travers l'histoire de Marie Patouillet.

  • Speaker #3

    Si un grand nombre d'athlètes participent à la fois au para cyclisme sur piste et sur route, ils n'ont pas été intégrés au programme des Jeux en même temps. C'était en 1984 pour la piste et en 1996 pour la route. La discipline est particulièrement spectaculaire parce que de multiples types de vélos sont acceptés au jeu. Vélo standard, vélo à main, tricycle, tandem, autant de façons d'inclure différents types de handicaps. Pour la France, il faut retenir un seul chiffre, 17. C'est le nombre de médailles glenées à Tokyo par les para cyclistes tricolores. 17, dont 5 en or. Aucun autre para sport n'a vu autant les bleus briller. C'est impressionnant.

  • C'est absolument phénoménal. Pour un jeune auteur comme lui, il faut se remettre et se rompre un record mondial dans la course de la medal. Alexandre Léauté de France. N'oubliez pas ce nom, il va rester là pendant un moment. Et on voit l'expression de la joie là-bas.

  • Roland Richard

    Mais au milieu des multimédiais messieurs, Alexandre Léauté, Florian Joigny, Loïc Vergniaud ou le binôme Alexandre Loveras-Corentin-Hermenau, une seule dame est montée sur le podium. C'est Marie Patouillet avec ses deux médailles de bronze au Japon. Alors qu'elle a découvert la discipline sur le tard, on l'a dit, Ludivine.

  • Ludivine Munos

    Née avec une malformation aux orteils du pied gauche, avec une cheville gauche en partie bloquée et une jambe gauche plus courte que l'autre, Marie Patouillet a pourtant toujours pratiqué le sport, y compris pendant ses études de médecine générale ou son début de carrière dans l'armée. Mais lorsque son handicap s'accroît en 2013-2014, son avenir militaire est compromis. Elle est réformée. Et pour ce qui est du sport... Le médecin ne lui laisse pas beaucoup d'options.

  • Marie Patouillet

    Le chirurgien m'a dit, tu as le choix entre natation ou vélo. Et natation, pourtant j'ai plus de facilité en natation que sur le cyclisme, mais je garde tellement de mauvais souvenirs de quand j'étais petite que j'avais envie d'aller découvrir autre chose. Et puis en plus avec le vélo, on est quand même à l'extérieur, il y a cette notion de voyage. Sur la piste, il y a quand même la notion de vitesse qui est assez présente.

  • Roland Richard

    La rencontre avec le vélo est heurtée, violente. Elle intervient en juillet 2017 lors de l'étape du Tour. Une amie d'enfance lui offre un dossard pour cette course d'un jour dédiée au cyclo sportif amateur. 181 km dans les Alpes, entre Briançon et le redoutable Izoard, un col hors catégorie à 2360 m d'altitude. Le tout en ayant donné ses premiers coups de pédale seulement deux mois plus tôt.

  • Marie Patouillet

    Mon premier vélo de route, je l'ai acheté en mai 2017. Et je crois que j'ai fait 90 km avec avant de prendre le départ de l'étape du Tour. Et c'est totalement inconscient de ma part, mais à ce moment-là, j'avais besoin d'un challenge, j'avais besoin de me mettre un peu à l'épreuve. Je voulais tester mon amour pour le sport, même si la course à pied était devenue impossible.

  • Roland Richard

    Là, tout va très vite. La route à l'été 2017 donc. Puis la piste, l'hiver suivant. Un baptême au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, en région parisienne. Et du plaisir sur les épreuves chronométrées, en particulier le 500 mètres.

  • Speaker #3

    Des épreuves,

  • Ludivine Munos

    Roland, il y en a donc trois sur la piste. La poursuite individuelle, le 500 mètres pour les dames ou le kilomètre pour les femmes. pour les messieurs et la vitesse par équipe. Sur la route, trois épreuves également. La course en ligne, le contre-la-montre et l'épreuve par équipe. Beaucoup d'athlètes courent aussi bien sur le parquet que sur le goudron. Et les Français ne font pas exception. Alexandre Léauté, 4 médailles à Tokyo, avait ainsi réussi à décrocher l'or sur la piste en poursuite individuelle et le bronze sur la route lors de la course en ligne. Marie Patouillet souhaite, elle, disputer 3 des 4 épreuves solo qui lui sont ouvertes. Le 500 mètres, la poursuite et la course en ligne sur route. Le tout sur un vélo classique. La petite spécificité.

  • Marie Patouillet

    La seule adaptation que j'ai, c'est par rapport à ma chaussure. Parce que la malformation se porte énormément sur mon pied et sur ma cheville. Et donc en fait, j'ai des chaussures qui sont vraiment moulées à mes pieds parce que mon pied n'est pas capable de... Enfin, anatomiquement parlant, ne correspond pas du tout à un pied classique. Et je ne peux pas pédaler avec une paire de chaussures classiques.

  • Roland Richard

    Le vélo standard place Marie Patouillet dans la classe C5 sur la piste. C'est... pour cycle. Le chiffre va lui de 1 à 5 en fonction du handicap. En C1, le handicap touche un membre inférieur et un membre supérieur. On va donc moins vite. En C5, le handicap affecte un membre inférieur, c'est le cas de Marie, ou un membre supérieur. On va donc plus vite, Ludivine.

  • Ludivine Munos

    Les handicaps sont physiques, paraplégie, tétraplégie, amputation et paralysie motrice d'origine cérébrale. Mais la piste comme la route sont également ouvertes aux handicaps visuels. On a évoqué le duo Alexandre Loveras-Corentin Hermenot. Ils sont champions paralympiques du contre-la-montre B. B pour blind, non-voyant ou malvoyant, c'est le cas d'Alexandre Loveras. Et si l'on parle de duo, c'est parce qu'ils roulent en tandem. Corentin Hermenot, lui, est voyant et également en quête d'une médaille olympique à Paris. Enfin, sur la route Roland, il y a aussi deux autres lettres, le H et le T.

  • Roland Richard

    Le H pour handbike, le vélo à main, réservé aux athlètes touchés aux deux jambes. De H1 à H4, les athlètes sont couchés sur le vélo. En H1, les athlètes tétraplégiques, touchés à au moins trois membres. En H4, les paraplégiques, paralysés du bas du corps. Les H5 sont eux en position assise.

  • Ludivine Munos

    Et la lettre T pour tricycle. En T1, on retrouve les athlètes avec des troubles moteurs et de l'équilibre prononcé, comme les victimes d'AVC. Si l'infirmité est motrice d'origine cérébrale et moindre, on court en T2. Mais Marie Patouillet n'aime pas beaucoup qu'on détaille tout cela. Elle donne un conseil simple.

  • Marie Patouillet

    Quand un spectateur néophyte arrive devant une compétition paralympique ou parasport, c'est de passer l'étape où il cherche à comprendre le handicap de l'athlète, où il cherche à savoir pourquoi. De 1, parce que ça peut être offensant, de 2, parce que c'est une perte de temps, on passe tellement de classifications qu'on n'a pas besoin qu'il y ait une énième personne qui vienne donner son avis sur le pourquoi on est dans telle catégorie et est-ce que c'est juste ou pas.

  • Roland Richard

    En résumé, regardez les courses et appréciez le spectacle. Mais quand on regarde le programme aux côtés de Marie Patouillet, il y a quelque chose qui saute aux yeux. C'est l'écart persistant entre le nombre d'épreuves ouvertes aux messieurs, 29, et aux dames, 20. La lenteur du développement du sport pour les femmes n'est pas propre au paracyclisme, mais la discipline souffre historiquement d'un manque de femmes.

  • Ludivine Munos

    Lors de l'avènement du paracyclisme au jeu en 1984, il n'y a que deux femmes parmi les concurrents. que 20% d'athlètes femmes parmi les paracyclistes. À Paris, on montera à 37%. Dès lors, difficile de ne pas faire le lien avec ce qu'a entendu Marie Patouillet dans les travées de Tokyo lors des Jeux en 2021.

  • Marie Patouillet

    Il y a une phrase qui résume très bien. C'est si je ne voulais pas faire un sport sexiste, il fallait que je fasse un sport de filles C'est ce qu'on m'a dit quand j'ai demandé à avoir une ambiance un peu moins sexiste aux Jeux.

  • Roland Richard

    Marie Partouillet gagne la médaille bronze à 33 ans.

  • Ludivine Munos

    Alors, après les Jeux de Tokyo et les deux médailles de bronze paralympiques, viennent les questions, les hésitations.

  • Marie Patouillet

    J'avais comme option de reprendre la médecine complètement à temps plein et d'arrêter le vélo parce que je n'avais pas d'énergie à donner à ces personnes-là qui sont autant acteurs de discrimination.

  • Ludivine Munos

    Mais un homme va peser dans sa décision de replonger. Grégory Boger, son entraîneur. Neuf fois champion du monde et trois fois vice-champion olympique.

  • Marie Patouillet

    J'avais cette rencontre avec Greg, j'avais cette histoire avec Greg et j'avais envie de continuer à partager ça avec lui. Et quand on s'est vus après les Jeux, qu'on a discuté, je lui ai dit moi je veux bien aller jusqu'à Paris, mais je refuse en fait de ne pas raconter la vérité

  • Roland Richard

    Un message d'égalité défendu publiquement dans un milieu sportif habitué aux plaisanteries du siècle précédent. Et en parallèle, des entraînements sur le vélo. Onze fois par semaine, elle est sur sa selle à tourner les guibolles. S'ajoute de la musculation, trois fois par semaine, et du pilates. Un engagement total, nourri par cette relation avec cet entraîneur, pas comme les autres.

  • Marie Patouillet

    Je sais que je peux me confier à lui sur beaucoup de sujets, même des sujets persos. Mais au-delà de ça, il respecte ma volonté, il respecte mon plaisir sur le vélo. Quand je lui ai dit que je voulais faire du 500 mètres, parce que c'était sur cette discipline-là que je prenais le plus de plaisir. C'est le seul qui ne m'a pas répondu, t'as pas la morpho, t'as pas les cuisses pour, fais pas ça. Si on me retire le 500, vous ne me verrez même pas au jeu.

  • Ludivine Munos

    Petit point anatomique, les adeptes de la vitesse sur la piste ont des jambes comparables à celles des rugbymen. Pas vraiment le cas de Marie Patouillet avec son mètre 69 et son profil de grimpeuse. Malgré tout, elle a un peu de poids. Elle continue de briller sur le 500 mètres les années suivantes. Vice-championne du monde en France à Saint-Quentin en 2022, à Glasgow en 2023 et encore une fois à Rio en mars dernier. Au passage, elle a arraché son premier titre de championne du monde sur route au Canada, à Becomo en 2022. Et ses deux premiers titres sur piste à Rio au Brésil sur le Scratch et l'Omnium. En premier lieu,

  • Roland Richard

    la championne du monde,

  • Ludivine Munos

    C.I., médailliste d'or, représentant la France. Et même si ces deux épreuves ne sont pas présentes aux Jeux paralympiques, difficile de ne pas penser à une médaille à Paris. Parce qu'elle, comme son entraîneur, ont une expérience en la matière. Pourtant,

  • Marie Patouillet

    on ne parle jamais de médaille. Et on n'a jamais parlé de médaille. Moi, ce n'est jamais un sujet de discussion. Et lui, ça ne l'a jamais été. Ça doit être aussi un des points en commun qu'on a. Une médaille, honnêtement, ça vient après la course. Donc si j'y pense avant... C'est que pour moi, je ne suis pas dans l'instant présent et je ne fais pas mon taf au niveau mental.

  • Roland Richard

    Cette exigence qui ne sanctifie pas le résultat, on la sent lorsqu'on parle à Marie Patouillet. Elle est pro sur le vélo comme au micro. Mais il y a une chose qui illumine le discours de la française, c'est l'amour. Dans une autre interview, elle avait choisi le mot amoureuse pour se définir. Alors on lui a demandé quelle place tient sa femme dans sa performance.

  • Marie Patouillet

    Ma femme est comédienne et en fait, elle m'apporte beaucoup de légèreté. C'est un vrai soutien de par son amour, mais de par toute sa créativité. Mais quand je parlais d'amoureuse, bien sûr je parlais d'elle. Mais je parlais aussi du fait que j'ai envie que cette année, je mette de l'amour dans toutes mes relations. Par exemple, ma relation avec Greg, il y a de la confiance, il y a du respect, mais en fait c'est de l'amour. Et ce n'est pas au sens amoureux qu'on en parle, mais je veux mettre de l'amour sur mon vélo. C'est-à-dire que si vous me voyez à Paris, vous pouvez être sûr qu'il y a de l'amour sous le casque. Et sur le vélo.

  • Roland Richard

    Les championnes et champions peuvent se construire dans l'adversité, le combat, le travail ou un peu dans tout à la fois. Marie Patouillet place, elle, l'amour au centre de sa performance pour ses derniers coups de pédale. Elle aura 36 ans au Jeu de Paris et la compétition va laisser place à la médecine à plein temps, à sa nouvelle passion, la photographie argentique et à ses proches.

  • Ludivine Munos

    Alors, si vous aimez lire le dernier chapitre d'une histoire, il s'écrira au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Nibline du 29 août au 1er septembre. Et sur les routes d'Île-de-France, du 4 au 7 septembre, ça parlera d'amour et de vélo. On arrête.

Description

Elle se sert de ses performances sur le vélo pour être le porte-étendard d’un message féministe. Double-championne du monde de cyclisme sur piste 2024 et championne du monde sur route 2022, Marie Patouillet livre sa dernière compétition à Paris. Mais pas sa dernière bataille. La trentenaire, amoureuse du 500 m contre-la-montre, fait la promotion d’un sport moins sexiste et guidé davantage par l’amour. Mais pourquoi mener ce combat au travers du sport ? Eh bien, c’est lié aux gens qu’elle aime. Justement.

 

Les épreuves de Para Cyclisme aux Jeux de Paris 2024 ont lieu du 29 août au 1er septembre sur la piste du Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines et du 4 au 7 août pour le Para cyclisme sur route.


PAR Amour du sport est un podcast de Paris 2024 de 22 épisodes, soit un épisode par discipline présente aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Chaque sport, son histoire, ses règles, le niveau de performance qu’il requiert, est raconté à travers le parcours d’une ou d’un athlète. Les épisodes sont publiés dans l’ordre de l’apparition des sports aux Jeux Paralympiques d’été depuis la première édition à Rome en 1960. A l’époque, il y n’avait que huit disciplines en compétition, six d’entre elles sont toujours présentes : le Para athlétisme, la Para natation, l’Escrime fauteuil, le Basket fauteuil, le Para tir à l’arc et le Para tennis de table.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marie Patouillet

    Le Para cyclisme, c'est un sport qui permet à différentes catégories de handisport de s'exprimer sur un vélo. Ça a été ma voie de rebond. Je suis née avec une malformation orthopédique au niveau de la jambe gauche qui ne m'a pas trop dérangée jusqu'à l'âge de mes 25 ans. Et à partir de 25 ans, elle s'est dégradée et aujourd'hui, je ne peux plus courir. Et ça a été un peu mon issue de secours pour continuer à pratiquer beaucoup de sport.

  • Ludivine Munos

    Une douceur radicale. Le timbre, le ton de Marie Patouillet raconte bien son rapport au sport. Le para cyclisme, elle l'a découvert il y a une dizaine d'années seulement, mais à force de détermination, la francilienne a réussi à arracher deux médailles de bronze au jeu de Tokyo, en poursuite individuelle sur piste et lors de la course en ligne sur route. Je m'appelle Ludivine Munos, nageuse, j'ai remporté 12 médailles aux Jeux Paralympiques. Aujourd'hui, avec Roland Richard, mon acolyte journaliste, on vous raconte le paracyclisme à travers l'histoire de Marie Patouillet.

  • Speaker #3

    Si un grand nombre d'athlètes participent à la fois au para cyclisme sur piste et sur route, ils n'ont pas été intégrés au programme des Jeux en même temps. C'était en 1984 pour la piste et en 1996 pour la route. La discipline est particulièrement spectaculaire parce que de multiples types de vélos sont acceptés au jeu. Vélo standard, vélo à main, tricycle, tandem, autant de façons d'inclure différents types de handicaps. Pour la France, il faut retenir un seul chiffre, 17. C'est le nombre de médailles glenées à Tokyo par les para cyclistes tricolores. 17, dont 5 en or. Aucun autre para sport n'a vu autant les bleus briller. C'est impressionnant.

  • C'est absolument phénoménal. Pour un jeune auteur comme lui, il faut se remettre et se rompre un record mondial dans la course de la medal. Alexandre Léauté de France. N'oubliez pas ce nom, il va rester là pendant un moment. Et on voit l'expression de la joie là-bas.

  • Roland Richard

    Mais au milieu des multimédiais messieurs, Alexandre Léauté, Florian Joigny, Loïc Vergniaud ou le binôme Alexandre Loveras-Corentin-Hermenau, une seule dame est montée sur le podium. C'est Marie Patouillet avec ses deux médailles de bronze au Japon. Alors qu'elle a découvert la discipline sur le tard, on l'a dit, Ludivine.

  • Ludivine Munos

    Née avec une malformation aux orteils du pied gauche, avec une cheville gauche en partie bloquée et une jambe gauche plus courte que l'autre, Marie Patouillet a pourtant toujours pratiqué le sport, y compris pendant ses études de médecine générale ou son début de carrière dans l'armée. Mais lorsque son handicap s'accroît en 2013-2014, son avenir militaire est compromis. Elle est réformée. Et pour ce qui est du sport... Le médecin ne lui laisse pas beaucoup d'options.

  • Marie Patouillet

    Le chirurgien m'a dit, tu as le choix entre natation ou vélo. Et natation, pourtant j'ai plus de facilité en natation que sur le cyclisme, mais je garde tellement de mauvais souvenirs de quand j'étais petite que j'avais envie d'aller découvrir autre chose. Et puis en plus avec le vélo, on est quand même à l'extérieur, il y a cette notion de voyage. Sur la piste, il y a quand même la notion de vitesse qui est assez présente.

  • Roland Richard

    La rencontre avec le vélo est heurtée, violente. Elle intervient en juillet 2017 lors de l'étape du Tour. Une amie d'enfance lui offre un dossard pour cette course d'un jour dédiée au cyclo sportif amateur. 181 km dans les Alpes, entre Briançon et le redoutable Izoard, un col hors catégorie à 2360 m d'altitude. Le tout en ayant donné ses premiers coups de pédale seulement deux mois plus tôt.

  • Marie Patouillet

    Mon premier vélo de route, je l'ai acheté en mai 2017. Et je crois que j'ai fait 90 km avec avant de prendre le départ de l'étape du Tour. Et c'est totalement inconscient de ma part, mais à ce moment-là, j'avais besoin d'un challenge, j'avais besoin de me mettre un peu à l'épreuve. Je voulais tester mon amour pour le sport, même si la course à pied était devenue impossible.

  • Roland Richard

    Là, tout va très vite. La route à l'été 2017 donc. Puis la piste, l'hiver suivant. Un baptême au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, en région parisienne. Et du plaisir sur les épreuves chronométrées, en particulier le 500 mètres.

  • Speaker #3

    Des épreuves,

  • Ludivine Munos

    Roland, il y en a donc trois sur la piste. La poursuite individuelle, le 500 mètres pour les dames ou le kilomètre pour les femmes. pour les messieurs et la vitesse par équipe. Sur la route, trois épreuves également. La course en ligne, le contre-la-montre et l'épreuve par équipe. Beaucoup d'athlètes courent aussi bien sur le parquet que sur le goudron. Et les Français ne font pas exception. Alexandre Léauté, 4 médailles à Tokyo, avait ainsi réussi à décrocher l'or sur la piste en poursuite individuelle et le bronze sur la route lors de la course en ligne. Marie Patouillet souhaite, elle, disputer 3 des 4 épreuves solo qui lui sont ouvertes. Le 500 mètres, la poursuite et la course en ligne sur route. Le tout sur un vélo classique. La petite spécificité.

  • Marie Patouillet

    La seule adaptation que j'ai, c'est par rapport à ma chaussure. Parce que la malformation se porte énormément sur mon pied et sur ma cheville. Et donc en fait, j'ai des chaussures qui sont vraiment moulées à mes pieds parce que mon pied n'est pas capable de... Enfin, anatomiquement parlant, ne correspond pas du tout à un pied classique. Et je ne peux pas pédaler avec une paire de chaussures classiques.

  • Roland Richard

    Le vélo standard place Marie Patouillet dans la classe C5 sur la piste. C'est... pour cycle. Le chiffre va lui de 1 à 5 en fonction du handicap. En C1, le handicap touche un membre inférieur et un membre supérieur. On va donc moins vite. En C5, le handicap affecte un membre inférieur, c'est le cas de Marie, ou un membre supérieur. On va donc plus vite, Ludivine.

  • Ludivine Munos

    Les handicaps sont physiques, paraplégie, tétraplégie, amputation et paralysie motrice d'origine cérébrale. Mais la piste comme la route sont également ouvertes aux handicaps visuels. On a évoqué le duo Alexandre Loveras-Corentin Hermenot. Ils sont champions paralympiques du contre-la-montre B. B pour blind, non-voyant ou malvoyant, c'est le cas d'Alexandre Loveras. Et si l'on parle de duo, c'est parce qu'ils roulent en tandem. Corentin Hermenot, lui, est voyant et également en quête d'une médaille olympique à Paris. Enfin, sur la route Roland, il y a aussi deux autres lettres, le H et le T.

  • Roland Richard

    Le H pour handbike, le vélo à main, réservé aux athlètes touchés aux deux jambes. De H1 à H4, les athlètes sont couchés sur le vélo. En H1, les athlètes tétraplégiques, touchés à au moins trois membres. En H4, les paraplégiques, paralysés du bas du corps. Les H5 sont eux en position assise.

  • Ludivine Munos

    Et la lettre T pour tricycle. En T1, on retrouve les athlètes avec des troubles moteurs et de l'équilibre prononcé, comme les victimes d'AVC. Si l'infirmité est motrice d'origine cérébrale et moindre, on court en T2. Mais Marie Patouillet n'aime pas beaucoup qu'on détaille tout cela. Elle donne un conseil simple.

  • Marie Patouillet

    Quand un spectateur néophyte arrive devant une compétition paralympique ou parasport, c'est de passer l'étape où il cherche à comprendre le handicap de l'athlète, où il cherche à savoir pourquoi. De 1, parce que ça peut être offensant, de 2, parce que c'est une perte de temps, on passe tellement de classifications qu'on n'a pas besoin qu'il y ait une énième personne qui vienne donner son avis sur le pourquoi on est dans telle catégorie et est-ce que c'est juste ou pas.

  • Roland Richard

    En résumé, regardez les courses et appréciez le spectacle. Mais quand on regarde le programme aux côtés de Marie Patouillet, il y a quelque chose qui saute aux yeux. C'est l'écart persistant entre le nombre d'épreuves ouvertes aux messieurs, 29, et aux dames, 20. La lenteur du développement du sport pour les femmes n'est pas propre au paracyclisme, mais la discipline souffre historiquement d'un manque de femmes.

  • Ludivine Munos

    Lors de l'avènement du paracyclisme au jeu en 1984, il n'y a que deux femmes parmi les concurrents. que 20% d'athlètes femmes parmi les paracyclistes. À Paris, on montera à 37%. Dès lors, difficile de ne pas faire le lien avec ce qu'a entendu Marie Patouillet dans les travées de Tokyo lors des Jeux en 2021.

  • Marie Patouillet

    Il y a une phrase qui résume très bien. C'est si je ne voulais pas faire un sport sexiste, il fallait que je fasse un sport de filles C'est ce qu'on m'a dit quand j'ai demandé à avoir une ambiance un peu moins sexiste aux Jeux.

  • Roland Richard

    Marie Partouillet gagne la médaille bronze à 33 ans.

  • Ludivine Munos

    Alors, après les Jeux de Tokyo et les deux médailles de bronze paralympiques, viennent les questions, les hésitations.

  • Marie Patouillet

    J'avais comme option de reprendre la médecine complètement à temps plein et d'arrêter le vélo parce que je n'avais pas d'énergie à donner à ces personnes-là qui sont autant acteurs de discrimination.

  • Ludivine Munos

    Mais un homme va peser dans sa décision de replonger. Grégory Boger, son entraîneur. Neuf fois champion du monde et trois fois vice-champion olympique.

  • Marie Patouillet

    J'avais cette rencontre avec Greg, j'avais cette histoire avec Greg et j'avais envie de continuer à partager ça avec lui. Et quand on s'est vus après les Jeux, qu'on a discuté, je lui ai dit moi je veux bien aller jusqu'à Paris, mais je refuse en fait de ne pas raconter la vérité

  • Roland Richard

    Un message d'égalité défendu publiquement dans un milieu sportif habitué aux plaisanteries du siècle précédent. Et en parallèle, des entraînements sur le vélo. Onze fois par semaine, elle est sur sa selle à tourner les guibolles. S'ajoute de la musculation, trois fois par semaine, et du pilates. Un engagement total, nourri par cette relation avec cet entraîneur, pas comme les autres.

  • Marie Patouillet

    Je sais que je peux me confier à lui sur beaucoup de sujets, même des sujets persos. Mais au-delà de ça, il respecte ma volonté, il respecte mon plaisir sur le vélo. Quand je lui ai dit que je voulais faire du 500 mètres, parce que c'était sur cette discipline-là que je prenais le plus de plaisir. C'est le seul qui ne m'a pas répondu, t'as pas la morpho, t'as pas les cuisses pour, fais pas ça. Si on me retire le 500, vous ne me verrez même pas au jeu.

  • Ludivine Munos

    Petit point anatomique, les adeptes de la vitesse sur la piste ont des jambes comparables à celles des rugbymen. Pas vraiment le cas de Marie Patouillet avec son mètre 69 et son profil de grimpeuse. Malgré tout, elle a un peu de poids. Elle continue de briller sur le 500 mètres les années suivantes. Vice-championne du monde en France à Saint-Quentin en 2022, à Glasgow en 2023 et encore une fois à Rio en mars dernier. Au passage, elle a arraché son premier titre de championne du monde sur route au Canada, à Becomo en 2022. Et ses deux premiers titres sur piste à Rio au Brésil sur le Scratch et l'Omnium. En premier lieu,

  • Roland Richard

    la championne du monde,

  • Ludivine Munos

    C.I., médailliste d'or, représentant la France. Et même si ces deux épreuves ne sont pas présentes aux Jeux paralympiques, difficile de ne pas penser à une médaille à Paris. Parce qu'elle, comme son entraîneur, ont une expérience en la matière. Pourtant,

  • Marie Patouillet

    on ne parle jamais de médaille. Et on n'a jamais parlé de médaille. Moi, ce n'est jamais un sujet de discussion. Et lui, ça ne l'a jamais été. Ça doit être aussi un des points en commun qu'on a. Une médaille, honnêtement, ça vient après la course. Donc si j'y pense avant... C'est que pour moi, je ne suis pas dans l'instant présent et je ne fais pas mon taf au niveau mental.

  • Roland Richard

    Cette exigence qui ne sanctifie pas le résultat, on la sent lorsqu'on parle à Marie Patouillet. Elle est pro sur le vélo comme au micro. Mais il y a une chose qui illumine le discours de la française, c'est l'amour. Dans une autre interview, elle avait choisi le mot amoureuse pour se définir. Alors on lui a demandé quelle place tient sa femme dans sa performance.

  • Marie Patouillet

    Ma femme est comédienne et en fait, elle m'apporte beaucoup de légèreté. C'est un vrai soutien de par son amour, mais de par toute sa créativité. Mais quand je parlais d'amoureuse, bien sûr je parlais d'elle. Mais je parlais aussi du fait que j'ai envie que cette année, je mette de l'amour dans toutes mes relations. Par exemple, ma relation avec Greg, il y a de la confiance, il y a du respect, mais en fait c'est de l'amour. Et ce n'est pas au sens amoureux qu'on en parle, mais je veux mettre de l'amour sur mon vélo. C'est-à-dire que si vous me voyez à Paris, vous pouvez être sûr qu'il y a de l'amour sous le casque. Et sur le vélo.

  • Roland Richard

    Les championnes et champions peuvent se construire dans l'adversité, le combat, le travail ou un peu dans tout à la fois. Marie Patouillet place, elle, l'amour au centre de sa performance pour ses derniers coups de pédale. Elle aura 36 ans au Jeu de Paris et la compétition va laisser place à la médecine à plein temps, à sa nouvelle passion, la photographie argentique et à ses proches.

  • Ludivine Munos

    Alors, si vous aimez lire le dernier chapitre d'une histoire, il s'écrira au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Nibline du 29 août au 1er septembre. Et sur les routes d'Île-de-France, du 4 au 7 septembre, ça parlera d'amour et de vélo. On arrête.

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Description

Elle se sert de ses performances sur le vélo pour être le porte-étendard d’un message féministe. Double-championne du monde de cyclisme sur piste 2024 et championne du monde sur route 2022, Marie Patouillet livre sa dernière compétition à Paris. Mais pas sa dernière bataille. La trentenaire, amoureuse du 500 m contre-la-montre, fait la promotion d’un sport moins sexiste et guidé davantage par l’amour. Mais pourquoi mener ce combat au travers du sport ? Eh bien, c’est lié aux gens qu’elle aime. Justement.

 

Les épreuves de Para Cyclisme aux Jeux de Paris 2024 ont lieu du 29 août au 1er septembre sur la piste du Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines et du 4 au 7 août pour le Para cyclisme sur route.


PAR Amour du sport est un podcast de Paris 2024 de 22 épisodes, soit un épisode par discipline présente aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Chaque sport, son histoire, ses règles, le niveau de performance qu’il requiert, est raconté à travers le parcours d’une ou d’un athlète. Les épisodes sont publiés dans l’ordre de l’apparition des sports aux Jeux Paralympiques d’été depuis la première édition à Rome en 1960. A l’époque, il y n’avait que huit disciplines en compétition, six d’entre elles sont toujours présentes : le Para athlétisme, la Para natation, l’Escrime fauteuil, le Basket fauteuil, le Para tir à l’arc et le Para tennis de table.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marie Patouillet

    Le Para cyclisme, c'est un sport qui permet à différentes catégories de handisport de s'exprimer sur un vélo. Ça a été ma voie de rebond. Je suis née avec une malformation orthopédique au niveau de la jambe gauche qui ne m'a pas trop dérangée jusqu'à l'âge de mes 25 ans. Et à partir de 25 ans, elle s'est dégradée et aujourd'hui, je ne peux plus courir. Et ça a été un peu mon issue de secours pour continuer à pratiquer beaucoup de sport.

  • Ludivine Munos

    Une douceur radicale. Le timbre, le ton de Marie Patouillet raconte bien son rapport au sport. Le para cyclisme, elle l'a découvert il y a une dizaine d'années seulement, mais à force de détermination, la francilienne a réussi à arracher deux médailles de bronze au jeu de Tokyo, en poursuite individuelle sur piste et lors de la course en ligne sur route. Je m'appelle Ludivine Munos, nageuse, j'ai remporté 12 médailles aux Jeux Paralympiques. Aujourd'hui, avec Roland Richard, mon acolyte journaliste, on vous raconte le paracyclisme à travers l'histoire de Marie Patouillet.

  • Speaker #3

    Si un grand nombre d'athlètes participent à la fois au para cyclisme sur piste et sur route, ils n'ont pas été intégrés au programme des Jeux en même temps. C'était en 1984 pour la piste et en 1996 pour la route. La discipline est particulièrement spectaculaire parce que de multiples types de vélos sont acceptés au jeu. Vélo standard, vélo à main, tricycle, tandem, autant de façons d'inclure différents types de handicaps. Pour la France, il faut retenir un seul chiffre, 17. C'est le nombre de médailles glenées à Tokyo par les para cyclistes tricolores. 17, dont 5 en or. Aucun autre para sport n'a vu autant les bleus briller. C'est impressionnant.

  • C'est absolument phénoménal. Pour un jeune auteur comme lui, il faut se remettre et se rompre un record mondial dans la course de la medal. Alexandre Léauté de France. N'oubliez pas ce nom, il va rester là pendant un moment. Et on voit l'expression de la joie là-bas.

  • Roland Richard

    Mais au milieu des multimédiais messieurs, Alexandre Léauté, Florian Joigny, Loïc Vergniaud ou le binôme Alexandre Loveras-Corentin-Hermenau, une seule dame est montée sur le podium. C'est Marie Patouillet avec ses deux médailles de bronze au Japon. Alors qu'elle a découvert la discipline sur le tard, on l'a dit, Ludivine.

  • Ludivine Munos

    Née avec une malformation aux orteils du pied gauche, avec une cheville gauche en partie bloquée et une jambe gauche plus courte que l'autre, Marie Patouillet a pourtant toujours pratiqué le sport, y compris pendant ses études de médecine générale ou son début de carrière dans l'armée. Mais lorsque son handicap s'accroît en 2013-2014, son avenir militaire est compromis. Elle est réformée. Et pour ce qui est du sport... Le médecin ne lui laisse pas beaucoup d'options.

  • Marie Patouillet

    Le chirurgien m'a dit, tu as le choix entre natation ou vélo. Et natation, pourtant j'ai plus de facilité en natation que sur le cyclisme, mais je garde tellement de mauvais souvenirs de quand j'étais petite que j'avais envie d'aller découvrir autre chose. Et puis en plus avec le vélo, on est quand même à l'extérieur, il y a cette notion de voyage. Sur la piste, il y a quand même la notion de vitesse qui est assez présente.

  • Roland Richard

    La rencontre avec le vélo est heurtée, violente. Elle intervient en juillet 2017 lors de l'étape du Tour. Une amie d'enfance lui offre un dossard pour cette course d'un jour dédiée au cyclo sportif amateur. 181 km dans les Alpes, entre Briançon et le redoutable Izoard, un col hors catégorie à 2360 m d'altitude. Le tout en ayant donné ses premiers coups de pédale seulement deux mois plus tôt.

  • Marie Patouillet

    Mon premier vélo de route, je l'ai acheté en mai 2017. Et je crois que j'ai fait 90 km avec avant de prendre le départ de l'étape du Tour. Et c'est totalement inconscient de ma part, mais à ce moment-là, j'avais besoin d'un challenge, j'avais besoin de me mettre un peu à l'épreuve. Je voulais tester mon amour pour le sport, même si la course à pied était devenue impossible.

  • Roland Richard

    Là, tout va très vite. La route à l'été 2017 donc. Puis la piste, l'hiver suivant. Un baptême au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, en région parisienne. Et du plaisir sur les épreuves chronométrées, en particulier le 500 mètres.

  • Speaker #3

    Des épreuves,

  • Ludivine Munos

    Roland, il y en a donc trois sur la piste. La poursuite individuelle, le 500 mètres pour les dames ou le kilomètre pour les femmes. pour les messieurs et la vitesse par équipe. Sur la route, trois épreuves également. La course en ligne, le contre-la-montre et l'épreuve par équipe. Beaucoup d'athlètes courent aussi bien sur le parquet que sur le goudron. Et les Français ne font pas exception. Alexandre Léauté, 4 médailles à Tokyo, avait ainsi réussi à décrocher l'or sur la piste en poursuite individuelle et le bronze sur la route lors de la course en ligne. Marie Patouillet souhaite, elle, disputer 3 des 4 épreuves solo qui lui sont ouvertes. Le 500 mètres, la poursuite et la course en ligne sur route. Le tout sur un vélo classique. La petite spécificité.

  • Marie Patouillet

    La seule adaptation que j'ai, c'est par rapport à ma chaussure. Parce que la malformation se porte énormément sur mon pied et sur ma cheville. Et donc en fait, j'ai des chaussures qui sont vraiment moulées à mes pieds parce que mon pied n'est pas capable de... Enfin, anatomiquement parlant, ne correspond pas du tout à un pied classique. Et je ne peux pas pédaler avec une paire de chaussures classiques.

  • Roland Richard

    Le vélo standard place Marie Patouillet dans la classe C5 sur la piste. C'est... pour cycle. Le chiffre va lui de 1 à 5 en fonction du handicap. En C1, le handicap touche un membre inférieur et un membre supérieur. On va donc moins vite. En C5, le handicap affecte un membre inférieur, c'est le cas de Marie, ou un membre supérieur. On va donc plus vite, Ludivine.

  • Ludivine Munos

    Les handicaps sont physiques, paraplégie, tétraplégie, amputation et paralysie motrice d'origine cérébrale. Mais la piste comme la route sont également ouvertes aux handicaps visuels. On a évoqué le duo Alexandre Loveras-Corentin Hermenot. Ils sont champions paralympiques du contre-la-montre B. B pour blind, non-voyant ou malvoyant, c'est le cas d'Alexandre Loveras. Et si l'on parle de duo, c'est parce qu'ils roulent en tandem. Corentin Hermenot, lui, est voyant et également en quête d'une médaille olympique à Paris. Enfin, sur la route Roland, il y a aussi deux autres lettres, le H et le T.

  • Roland Richard

    Le H pour handbike, le vélo à main, réservé aux athlètes touchés aux deux jambes. De H1 à H4, les athlètes sont couchés sur le vélo. En H1, les athlètes tétraplégiques, touchés à au moins trois membres. En H4, les paraplégiques, paralysés du bas du corps. Les H5 sont eux en position assise.

  • Ludivine Munos

    Et la lettre T pour tricycle. En T1, on retrouve les athlètes avec des troubles moteurs et de l'équilibre prononcé, comme les victimes d'AVC. Si l'infirmité est motrice d'origine cérébrale et moindre, on court en T2. Mais Marie Patouillet n'aime pas beaucoup qu'on détaille tout cela. Elle donne un conseil simple.

  • Marie Patouillet

    Quand un spectateur néophyte arrive devant une compétition paralympique ou parasport, c'est de passer l'étape où il cherche à comprendre le handicap de l'athlète, où il cherche à savoir pourquoi. De 1, parce que ça peut être offensant, de 2, parce que c'est une perte de temps, on passe tellement de classifications qu'on n'a pas besoin qu'il y ait une énième personne qui vienne donner son avis sur le pourquoi on est dans telle catégorie et est-ce que c'est juste ou pas.

  • Roland Richard

    En résumé, regardez les courses et appréciez le spectacle. Mais quand on regarde le programme aux côtés de Marie Patouillet, il y a quelque chose qui saute aux yeux. C'est l'écart persistant entre le nombre d'épreuves ouvertes aux messieurs, 29, et aux dames, 20. La lenteur du développement du sport pour les femmes n'est pas propre au paracyclisme, mais la discipline souffre historiquement d'un manque de femmes.

  • Ludivine Munos

    Lors de l'avènement du paracyclisme au jeu en 1984, il n'y a que deux femmes parmi les concurrents. que 20% d'athlètes femmes parmi les paracyclistes. À Paris, on montera à 37%. Dès lors, difficile de ne pas faire le lien avec ce qu'a entendu Marie Patouillet dans les travées de Tokyo lors des Jeux en 2021.

  • Marie Patouillet

    Il y a une phrase qui résume très bien. C'est si je ne voulais pas faire un sport sexiste, il fallait que je fasse un sport de filles C'est ce qu'on m'a dit quand j'ai demandé à avoir une ambiance un peu moins sexiste aux Jeux.

  • Roland Richard

    Marie Partouillet gagne la médaille bronze à 33 ans.

  • Ludivine Munos

    Alors, après les Jeux de Tokyo et les deux médailles de bronze paralympiques, viennent les questions, les hésitations.

  • Marie Patouillet

    J'avais comme option de reprendre la médecine complètement à temps plein et d'arrêter le vélo parce que je n'avais pas d'énergie à donner à ces personnes-là qui sont autant acteurs de discrimination.

  • Ludivine Munos

    Mais un homme va peser dans sa décision de replonger. Grégory Boger, son entraîneur. Neuf fois champion du monde et trois fois vice-champion olympique.

  • Marie Patouillet

    J'avais cette rencontre avec Greg, j'avais cette histoire avec Greg et j'avais envie de continuer à partager ça avec lui. Et quand on s'est vus après les Jeux, qu'on a discuté, je lui ai dit moi je veux bien aller jusqu'à Paris, mais je refuse en fait de ne pas raconter la vérité

  • Roland Richard

    Un message d'égalité défendu publiquement dans un milieu sportif habitué aux plaisanteries du siècle précédent. Et en parallèle, des entraînements sur le vélo. Onze fois par semaine, elle est sur sa selle à tourner les guibolles. S'ajoute de la musculation, trois fois par semaine, et du pilates. Un engagement total, nourri par cette relation avec cet entraîneur, pas comme les autres.

  • Marie Patouillet

    Je sais que je peux me confier à lui sur beaucoup de sujets, même des sujets persos. Mais au-delà de ça, il respecte ma volonté, il respecte mon plaisir sur le vélo. Quand je lui ai dit que je voulais faire du 500 mètres, parce que c'était sur cette discipline-là que je prenais le plus de plaisir. C'est le seul qui ne m'a pas répondu, t'as pas la morpho, t'as pas les cuisses pour, fais pas ça. Si on me retire le 500, vous ne me verrez même pas au jeu.

  • Ludivine Munos

    Petit point anatomique, les adeptes de la vitesse sur la piste ont des jambes comparables à celles des rugbymen. Pas vraiment le cas de Marie Patouillet avec son mètre 69 et son profil de grimpeuse. Malgré tout, elle a un peu de poids. Elle continue de briller sur le 500 mètres les années suivantes. Vice-championne du monde en France à Saint-Quentin en 2022, à Glasgow en 2023 et encore une fois à Rio en mars dernier. Au passage, elle a arraché son premier titre de championne du monde sur route au Canada, à Becomo en 2022. Et ses deux premiers titres sur piste à Rio au Brésil sur le Scratch et l'Omnium. En premier lieu,

  • Roland Richard

    la championne du monde,

  • Ludivine Munos

    C.I., médailliste d'or, représentant la France. Et même si ces deux épreuves ne sont pas présentes aux Jeux paralympiques, difficile de ne pas penser à une médaille à Paris. Parce qu'elle, comme son entraîneur, ont une expérience en la matière. Pourtant,

  • Marie Patouillet

    on ne parle jamais de médaille. Et on n'a jamais parlé de médaille. Moi, ce n'est jamais un sujet de discussion. Et lui, ça ne l'a jamais été. Ça doit être aussi un des points en commun qu'on a. Une médaille, honnêtement, ça vient après la course. Donc si j'y pense avant... C'est que pour moi, je ne suis pas dans l'instant présent et je ne fais pas mon taf au niveau mental.

  • Roland Richard

    Cette exigence qui ne sanctifie pas le résultat, on la sent lorsqu'on parle à Marie Patouillet. Elle est pro sur le vélo comme au micro. Mais il y a une chose qui illumine le discours de la française, c'est l'amour. Dans une autre interview, elle avait choisi le mot amoureuse pour se définir. Alors on lui a demandé quelle place tient sa femme dans sa performance.

  • Marie Patouillet

    Ma femme est comédienne et en fait, elle m'apporte beaucoup de légèreté. C'est un vrai soutien de par son amour, mais de par toute sa créativité. Mais quand je parlais d'amoureuse, bien sûr je parlais d'elle. Mais je parlais aussi du fait que j'ai envie que cette année, je mette de l'amour dans toutes mes relations. Par exemple, ma relation avec Greg, il y a de la confiance, il y a du respect, mais en fait c'est de l'amour. Et ce n'est pas au sens amoureux qu'on en parle, mais je veux mettre de l'amour sur mon vélo. C'est-à-dire que si vous me voyez à Paris, vous pouvez être sûr qu'il y a de l'amour sous le casque. Et sur le vélo.

  • Roland Richard

    Les championnes et champions peuvent se construire dans l'adversité, le combat, le travail ou un peu dans tout à la fois. Marie Patouillet place, elle, l'amour au centre de sa performance pour ses derniers coups de pédale. Elle aura 36 ans au Jeu de Paris et la compétition va laisser place à la médecine à plein temps, à sa nouvelle passion, la photographie argentique et à ses proches.

  • Ludivine Munos

    Alors, si vous aimez lire le dernier chapitre d'une histoire, il s'écrira au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Nibline du 29 août au 1er septembre. Et sur les routes d'Île-de-France, du 4 au 7 septembre, ça parlera d'amour et de vélo. On arrête.

Description

Elle se sert de ses performances sur le vélo pour être le porte-étendard d’un message féministe. Double-championne du monde de cyclisme sur piste 2024 et championne du monde sur route 2022, Marie Patouillet livre sa dernière compétition à Paris. Mais pas sa dernière bataille. La trentenaire, amoureuse du 500 m contre-la-montre, fait la promotion d’un sport moins sexiste et guidé davantage par l’amour. Mais pourquoi mener ce combat au travers du sport ? Eh bien, c’est lié aux gens qu’elle aime. Justement.

 

Les épreuves de Para Cyclisme aux Jeux de Paris 2024 ont lieu du 29 août au 1er septembre sur la piste du Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines et du 4 au 7 août pour le Para cyclisme sur route.


PAR Amour du sport est un podcast de Paris 2024 de 22 épisodes, soit un épisode par discipline présente aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Chaque sport, son histoire, ses règles, le niveau de performance qu’il requiert, est raconté à travers le parcours d’une ou d’un athlète. Les épisodes sont publiés dans l’ordre de l’apparition des sports aux Jeux Paralympiques d’été depuis la première édition à Rome en 1960. A l’époque, il y n’avait que huit disciplines en compétition, six d’entre elles sont toujours présentes : le Para athlétisme, la Para natation, l’Escrime fauteuil, le Basket fauteuil, le Para tir à l’arc et le Para tennis de table.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Marie Patouillet

    Le Para cyclisme, c'est un sport qui permet à différentes catégories de handisport de s'exprimer sur un vélo. Ça a été ma voie de rebond. Je suis née avec une malformation orthopédique au niveau de la jambe gauche qui ne m'a pas trop dérangée jusqu'à l'âge de mes 25 ans. Et à partir de 25 ans, elle s'est dégradée et aujourd'hui, je ne peux plus courir. Et ça a été un peu mon issue de secours pour continuer à pratiquer beaucoup de sport.

  • Ludivine Munos

    Une douceur radicale. Le timbre, le ton de Marie Patouillet raconte bien son rapport au sport. Le para cyclisme, elle l'a découvert il y a une dizaine d'années seulement, mais à force de détermination, la francilienne a réussi à arracher deux médailles de bronze au jeu de Tokyo, en poursuite individuelle sur piste et lors de la course en ligne sur route. Je m'appelle Ludivine Munos, nageuse, j'ai remporté 12 médailles aux Jeux Paralympiques. Aujourd'hui, avec Roland Richard, mon acolyte journaliste, on vous raconte le paracyclisme à travers l'histoire de Marie Patouillet.

  • Speaker #3

    Si un grand nombre d'athlètes participent à la fois au para cyclisme sur piste et sur route, ils n'ont pas été intégrés au programme des Jeux en même temps. C'était en 1984 pour la piste et en 1996 pour la route. La discipline est particulièrement spectaculaire parce que de multiples types de vélos sont acceptés au jeu. Vélo standard, vélo à main, tricycle, tandem, autant de façons d'inclure différents types de handicaps. Pour la France, il faut retenir un seul chiffre, 17. C'est le nombre de médailles glenées à Tokyo par les para cyclistes tricolores. 17, dont 5 en or. Aucun autre para sport n'a vu autant les bleus briller. C'est impressionnant.

  • C'est absolument phénoménal. Pour un jeune auteur comme lui, il faut se remettre et se rompre un record mondial dans la course de la medal. Alexandre Léauté de France. N'oubliez pas ce nom, il va rester là pendant un moment. Et on voit l'expression de la joie là-bas.

  • Roland Richard

    Mais au milieu des multimédiais messieurs, Alexandre Léauté, Florian Joigny, Loïc Vergniaud ou le binôme Alexandre Loveras-Corentin-Hermenau, une seule dame est montée sur le podium. C'est Marie Patouillet avec ses deux médailles de bronze au Japon. Alors qu'elle a découvert la discipline sur le tard, on l'a dit, Ludivine.

  • Ludivine Munos

    Née avec une malformation aux orteils du pied gauche, avec une cheville gauche en partie bloquée et une jambe gauche plus courte que l'autre, Marie Patouillet a pourtant toujours pratiqué le sport, y compris pendant ses études de médecine générale ou son début de carrière dans l'armée. Mais lorsque son handicap s'accroît en 2013-2014, son avenir militaire est compromis. Elle est réformée. Et pour ce qui est du sport... Le médecin ne lui laisse pas beaucoup d'options.

  • Marie Patouillet

    Le chirurgien m'a dit, tu as le choix entre natation ou vélo. Et natation, pourtant j'ai plus de facilité en natation que sur le cyclisme, mais je garde tellement de mauvais souvenirs de quand j'étais petite que j'avais envie d'aller découvrir autre chose. Et puis en plus avec le vélo, on est quand même à l'extérieur, il y a cette notion de voyage. Sur la piste, il y a quand même la notion de vitesse qui est assez présente.

  • Roland Richard

    La rencontre avec le vélo est heurtée, violente. Elle intervient en juillet 2017 lors de l'étape du Tour. Une amie d'enfance lui offre un dossard pour cette course d'un jour dédiée au cyclo sportif amateur. 181 km dans les Alpes, entre Briançon et le redoutable Izoard, un col hors catégorie à 2360 m d'altitude. Le tout en ayant donné ses premiers coups de pédale seulement deux mois plus tôt.

  • Marie Patouillet

    Mon premier vélo de route, je l'ai acheté en mai 2017. Et je crois que j'ai fait 90 km avec avant de prendre le départ de l'étape du Tour. Et c'est totalement inconscient de ma part, mais à ce moment-là, j'avais besoin d'un challenge, j'avais besoin de me mettre un peu à l'épreuve. Je voulais tester mon amour pour le sport, même si la course à pied était devenue impossible.

  • Roland Richard

    Là, tout va très vite. La route à l'été 2017 donc. Puis la piste, l'hiver suivant. Un baptême au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, en région parisienne. Et du plaisir sur les épreuves chronométrées, en particulier le 500 mètres.

  • Speaker #3

    Des épreuves,

  • Ludivine Munos

    Roland, il y en a donc trois sur la piste. La poursuite individuelle, le 500 mètres pour les dames ou le kilomètre pour les femmes. pour les messieurs et la vitesse par équipe. Sur la route, trois épreuves également. La course en ligne, le contre-la-montre et l'épreuve par équipe. Beaucoup d'athlètes courent aussi bien sur le parquet que sur le goudron. Et les Français ne font pas exception. Alexandre Léauté, 4 médailles à Tokyo, avait ainsi réussi à décrocher l'or sur la piste en poursuite individuelle et le bronze sur la route lors de la course en ligne. Marie Patouillet souhaite, elle, disputer 3 des 4 épreuves solo qui lui sont ouvertes. Le 500 mètres, la poursuite et la course en ligne sur route. Le tout sur un vélo classique. La petite spécificité.

  • Marie Patouillet

    La seule adaptation que j'ai, c'est par rapport à ma chaussure. Parce que la malformation se porte énormément sur mon pied et sur ma cheville. Et donc en fait, j'ai des chaussures qui sont vraiment moulées à mes pieds parce que mon pied n'est pas capable de... Enfin, anatomiquement parlant, ne correspond pas du tout à un pied classique. Et je ne peux pas pédaler avec une paire de chaussures classiques.

  • Roland Richard

    Le vélo standard place Marie Patouillet dans la classe C5 sur la piste. C'est... pour cycle. Le chiffre va lui de 1 à 5 en fonction du handicap. En C1, le handicap touche un membre inférieur et un membre supérieur. On va donc moins vite. En C5, le handicap affecte un membre inférieur, c'est le cas de Marie, ou un membre supérieur. On va donc plus vite, Ludivine.

  • Ludivine Munos

    Les handicaps sont physiques, paraplégie, tétraplégie, amputation et paralysie motrice d'origine cérébrale. Mais la piste comme la route sont également ouvertes aux handicaps visuels. On a évoqué le duo Alexandre Loveras-Corentin Hermenot. Ils sont champions paralympiques du contre-la-montre B. B pour blind, non-voyant ou malvoyant, c'est le cas d'Alexandre Loveras. Et si l'on parle de duo, c'est parce qu'ils roulent en tandem. Corentin Hermenot, lui, est voyant et également en quête d'une médaille olympique à Paris. Enfin, sur la route Roland, il y a aussi deux autres lettres, le H et le T.

  • Roland Richard

    Le H pour handbike, le vélo à main, réservé aux athlètes touchés aux deux jambes. De H1 à H4, les athlètes sont couchés sur le vélo. En H1, les athlètes tétraplégiques, touchés à au moins trois membres. En H4, les paraplégiques, paralysés du bas du corps. Les H5 sont eux en position assise.

  • Ludivine Munos

    Et la lettre T pour tricycle. En T1, on retrouve les athlètes avec des troubles moteurs et de l'équilibre prononcé, comme les victimes d'AVC. Si l'infirmité est motrice d'origine cérébrale et moindre, on court en T2. Mais Marie Patouillet n'aime pas beaucoup qu'on détaille tout cela. Elle donne un conseil simple.

  • Marie Patouillet

    Quand un spectateur néophyte arrive devant une compétition paralympique ou parasport, c'est de passer l'étape où il cherche à comprendre le handicap de l'athlète, où il cherche à savoir pourquoi. De 1, parce que ça peut être offensant, de 2, parce que c'est une perte de temps, on passe tellement de classifications qu'on n'a pas besoin qu'il y ait une énième personne qui vienne donner son avis sur le pourquoi on est dans telle catégorie et est-ce que c'est juste ou pas.

  • Roland Richard

    En résumé, regardez les courses et appréciez le spectacle. Mais quand on regarde le programme aux côtés de Marie Patouillet, il y a quelque chose qui saute aux yeux. C'est l'écart persistant entre le nombre d'épreuves ouvertes aux messieurs, 29, et aux dames, 20. La lenteur du développement du sport pour les femmes n'est pas propre au paracyclisme, mais la discipline souffre historiquement d'un manque de femmes.

  • Ludivine Munos

    Lors de l'avènement du paracyclisme au jeu en 1984, il n'y a que deux femmes parmi les concurrents. que 20% d'athlètes femmes parmi les paracyclistes. À Paris, on montera à 37%. Dès lors, difficile de ne pas faire le lien avec ce qu'a entendu Marie Patouillet dans les travées de Tokyo lors des Jeux en 2021.

  • Marie Patouillet

    Il y a une phrase qui résume très bien. C'est si je ne voulais pas faire un sport sexiste, il fallait que je fasse un sport de filles C'est ce qu'on m'a dit quand j'ai demandé à avoir une ambiance un peu moins sexiste aux Jeux.

  • Roland Richard

    Marie Partouillet gagne la médaille bronze à 33 ans.

  • Ludivine Munos

    Alors, après les Jeux de Tokyo et les deux médailles de bronze paralympiques, viennent les questions, les hésitations.

  • Marie Patouillet

    J'avais comme option de reprendre la médecine complètement à temps plein et d'arrêter le vélo parce que je n'avais pas d'énergie à donner à ces personnes-là qui sont autant acteurs de discrimination.

  • Ludivine Munos

    Mais un homme va peser dans sa décision de replonger. Grégory Boger, son entraîneur. Neuf fois champion du monde et trois fois vice-champion olympique.

  • Marie Patouillet

    J'avais cette rencontre avec Greg, j'avais cette histoire avec Greg et j'avais envie de continuer à partager ça avec lui. Et quand on s'est vus après les Jeux, qu'on a discuté, je lui ai dit moi je veux bien aller jusqu'à Paris, mais je refuse en fait de ne pas raconter la vérité

  • Roland Richard

    Un message d'égalité défendu publiquement dans un milieu sportif habitué aux plaisanteries du siècle précédent. Et en parallèle, des entraînements sur le vélo. Onze fois par semaine, elle est sur sa selle à tourner les guibolles. S'ajoute de la musculation, trois fois par semaine, et du pilates. Un engagement total, nourri par cette relation avec cet entraîneur, pas comme les autres.

  • Marie Patouillet

    Je sais que je peux me confier à lui sur beaucoup de sujets, même des sujets persos. Mais au-delà de ça, il respecte ma volonté, il respecte mon plaisir sur le vélo. Quand je lui ai dit que je voulais faire du 500 mètres, parce que c'était sur cette discipline-là que je prenais le plus de plaisir. C'est le seul qui ne m'a pas répondu, t'as pas la morpho, t'as pas les cuisses pour, fais pas ça. Si on me retire le 500, vous ne me verrez même pas au jeu.

  • Ludivine Munos

    Petit point anatomique, les adeptes de la vitesse sur la piste ont des jambes comparables à celles des rugbymen. Pas vraiment le cas de Marie Patouillet avec son mètre 69 et son profil de grimpeuse. Malgré tout, elle a un peu de poids. Elle continue de briller sur le 500 mètres les années suivantes. Vice-championne du monde en France à Saint-Quentin en 2022, à Glasgow en 2023 et encore une fois à Rio en mars dernier. Au passage, elle a arraché son premier titre de championne du monde sur route au Canada, à Becomo en 2022. Et ses deux premiers titres sur piste à Rio au Brésil sur le Scratch et l'Omnium. En premier lieu,

  • Roland Richard

    la championne du monde,

  • Ludivine Munos

    C.I., médailliste d'or, représentant la France. Et même si ces deux épreuves ne sont pas présentes aux Jeux paralympiques, difficile de ne pas penser à une médaille à Paris. Parce qu'elle, comme son entraîneur, ont une expérience en la matière. Pourtant,

  • Marie Patouillet

    on ne parle jamais de médaille. Et on n'a jamais parlé de médaille. Moi, ce n'est jamais un sujet de discussion. Et lui, ça ne l'a jamais été. Ça doit être aussi un des points en commun qu'on a. Une médaille, honnêtement, ça vient après la course. Donc si j'y pense avant... C'est que pour moi, je ne suis pas dans l'instant présent et je ne fais pas mon taf au niveau mental.

  • Roland Richard

    Cette exigence qui ne sanctifie pas le résultat, on la sent lorsqu'on parle à Marie Patouillet. Elle est pro sur le vélo comme au micro. Mais il y a une chose qui illumine le discours de la française, c'est l'amour. Dans une autre interview, elle avait choisi le mot amoureuse pour se définir. Alors on lui a demandé quelle place tient sa femme dans sa performance.

  • Marie Patouillet

    Ma femme est comédienne et en fait, elle m'apporte beaucoup de légèreté. C'est un vrai soutien de par son amour, mais de par toute sa créativité. Mais quand je parlais d'amoureuse, bien sûr je parlais d'elle. Mais je parlais aussi du fait que j'ai envie que cette année, je mette de l'amour dans toutes mes relations. Par exemple, ma relation avec Greg, il y a de la confiance, il y a du respect, mais en fait c'est de l'amour. Et ce n'est pas au sens amoureux qu'on en parle, mais je veux mettre de l'amour sur mon vélo. C'est-à-dire que si vous me voyez à Paris, vous pouvez être sûr qu'il y a de l'amour sous le casque. Et sur le vélo.

  • Roland Richard

    Les championnes et champions peuvent se construire dans l'adversité, le combat, le travail ou un peu dans tout à la fois. Marie Patouillet place, elle, l'amour au centre de sa performance pour ses derniers coups de pédale. Elle aura 36 ans au Jeu de Paris et la compétition va laisser place à la médecine à plein temps, à sa nouvelle passion, la photographie argentique et à ses proches.

  • Ludivine Munos

    Alors, si vous aimez lire le dernier chapitre d'une histoire, il s'écrira au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Nibline du 29 août au 1er septembre. Et sur les routes d'Île-de-France, du 4 au 7 septembre, ça parlera d'amour et de vélo. On arrête.

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