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Parlons Chansons – chanson française, artistes et découvertes musicales

Parlons chansons avec Mikelangelo Loconte de Mozart à Eric Serra, réinventer la variété française face à ses nouveaux défis

Parlons chansons avec Mikelangelo Loconte de Mozart à Eric Serra, réinventer la variété française face à ses nouveaux défis

53min |23/05/2025
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53min |23/05/2025
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Description

Je reçois aujourd'hui Mikelangelo Loconte, le célèbre interprète de Mozart dans Mozart l'Opéra Rock à l'occasion de la sortie de son premier album solo "Art Décade", réalisé par Eric Serra.


Une fois n'est pas coutume, on franchira les frontières de la variété française, puisque Mikele est italien et n'a pas grandi bercé par nos grands artistes.


Pour autant nous évoquerons Jacques Brel, Charles Aznavour, Claude Barzotti, Jacques Higelin, Zazie Marc Lavoine, Michel Berger et même Plastic Bertrand ou Alec Mansion (Leopold Nord et Vous) !


Son oeil extérieur à notre culture de la chanson française, et son ADN de rocker lui confèrent un regard neuf, parfois un peu critique mais résolument bienveillant sur notre variété.


Pour lui, être artiste c'est avoir une responsabilité vis à vis du public. C'est créer avec son coeur et ses tripes, partager avec d'autres artistes, utiliser la technologie mais ne pas la laisser créer à notre place, savoir se vendre sans confondre information et propagande...


Faire des chansons pour faire du bien aux autres et aussi pour se faire comprendre.


J'espère que vous prendrez plaisir à découvrir cet artiste hors norme et extraordinairement attachant et que vous irez découvrir son album.


Quant à lui, en fin d'épisode ill vous fera découvrir deux artistes :


Olive, une chanteuse d'origine belge :

https://www.youtube.com/watch?v=z4KyEje_w0I


Et Thomas Pradeau, auteur compositeur et chanteur français

www.youtube.com/@ThomasPradeau



Merci d'avoir écouté cet épisode. Dont Ruben MG a composé les génériques et l'habillage


La plaît-liste est sur Spotify

https://open.spotify.com/playlist/6AqcJznoUlUhkw408H4lCp?si=AlBg4YDnSk6XI1CmZLAv_Q&pi=QZmd70eyQo--U

Et deezer:

https://dzr.page.link/S7ApTtZispBnH3DU7


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Parlons Chansons. Dans chaque épisode, on déroulera la bande-son en français dans le texte de la vie d'une personnalité qui nous parlera de son actu, de ses projets et qui partagera ses derniers coups de cœur, des pépites méconnues de la chanson française qu'elle a envie de mettre à l'honneur. Je suis Sauvane Delanoë, auteure, comédienne et chanteuse. Mais ça, vous ne le savez pas, puisque mon podcast n'existait pas avant et que personne n'a eu l'occasion de vous parler de moi. Sauf que maintenant... ça va changer et j'ai envie de donner cette chance à plein d'artistes. Alors, si la chanson française, ça vous parle, restez avec nous et parlons chansons. L'épisode d'aujourd'hui sort un peu des sentiers battus. Mon invité n'est pas français et il n'a pas grandi avec la variété française. Pour autant, il est chanteur, auteur, compositeur, artiste touche-à-tout et éclectique. Je le reçois à l'occasion de la sortie de son album Art Decade et je sais que vous serez sensibles à son parcours et à son discours chaleureux et sincère. J'ai l'honneur de recevoir Mozart en personne. Michelangelo, lo conti. Donc déjà, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation, ça me fait très plaisir. En plus, j'ai interviewé il n'y a pas longtemps Diane Dacini, et maintenant j'ai Mozart en personne.

  • Speaker #1

    C'est pas mal.

  • Speaker #0

    Donc je vais commencer par la même première question que celle que je pose à tout le monde. Pour toi, c'est quoi la variété française ?

  • Speaker #1

    Pour le moment, si tu me demandes ça, pour moi, elle n'existe pas. Elle existait, certes, c'était une grande musique aimée par le monde entier, pas seulement par les Français. Donc c'était partagé, c'était à l'unanimité. Tout le monde adorait la musique française, tout le monde adorait la patte de la musique française. Aujourd'hui, la variété française, pour moi, elle n'existe pas, puisqu'elle a pris des influences à tort. Et ça ne marche pas. Je peux le dire avec les oreilles d'un étranger, qui connaît la musique qui se fait ailleurs, surtout. Non, c'est pas assez pour séduire à l'international. Non, moi je pense qu'on peut très bien valoriser la French Touch, que par contre, elle, elle s'est exportée. Et ce qu'on appelle la French Touch, que c'est une musique électro-française, donc du coup, celle-là, oui, elle est valide, puisqu'elle a eu des artistes qui ont vraiment proposé des choses assez originales.

  • Speaker #0

    Celle qui existait avant, donc pour toi, ça s'est arrêté quand à peu près ?

  • Speaker #1

    La grande chanson française, qu'on peut définir la variété française, quoi. Alors ça, c'est intouchable, ça c'est sacré. Mais avec le départ de gens comme Morane, comme ça... La variété française, aujourd'hui, les jeunes ne la proposent pas.

  • Speaker #0

    D'accord, je crois que je partage ton analyse.

  • Speaker #1

    Ah, merci. J'ai toujours peur de dire ces choses-là. Non,

  • Speaker #0

    non, je trouve que c'est très pertinent.

  • Speaker #1

    Vaut mieux dire qu'on pense que...

  • Speaker #0

    C'est très pertinent, je trouve. Et toi, comme tu es née en Italie, forcément, tu n'as donc pas baigné dans cette musique française, et pour cause, puisque tu as dû la découvrir beaucoup plus tard, j'imagine. J'ai vu quand même, quand tu étais enfant, tu étais... plutôt un élève turbulent et donc tu t'es tourné très tôt vers beaucoup d'arts différents, le dessin, le théâtre... Et la musique elle avait déjà une grande place pour toi ou c'est arrivé un peu après ?

  • Speaker #1

    La musique elle avait la plus importante place pour moi dès le départ mais j'ai fait autre chose parce que j'ai fait une école de dessin et d'art j'ai même fait de l'architecture d'intérieur, j'ai un peu tout fait.

  • Speaker #0

    Tu dessines des bijoux aussi non ?

  • Speaker #1

    Oui oui. J'ai besoin de ne pas faire seulement comme... En plus, je connais beaucoup d'artistes qui ne font pas qu'un art. C'est qu'on ne le sait pas, mais les artistes, ils touchent parfois à deux arts en même temps. Et donc, je suis un peu dessinateur, peintre, sculpteur comme ça aussi. Et oui, à bout d'un moment, on s'est créé. Je voulais faire partie d'une rock band et j'en ai eu la possibilité parce que parfois, les désirs, ça se réalise tellement qu'on les désire. Je me rappelle, à un moment, j'étais petit, j'allais avec le vélo. Je suis sorti de mon quartier, chose qui m'était interdite par mes parents. Et je me suis retrouvé dans un autre quartier où il y avait un concert à ciel ouvert, c'est-à-dire... On bat d'animaux, c'était une fête des quartiers.

  • Speaker #0

    T'as grandi dans les Pouilles, c'est ça, en Italie ? Oui,

  • Speaker #1

    dans les Pouilles, dans le sud de l'Italie. D'ailleurs, il y a une chanson dans mon album qui parle de ça, qui s'appelle « We are South » . On est au sud. Et là, j'ai découvert un groupe qui jouait et là j'ai dit ok d'accord je sais ce que je veux faire, je veux faire ça. Et oui j'ai voulu vraiment me mettre sur scène, faire une rock band, c'était l'époque de la New Wave. Et pour finir voilà j'ai fait une rock band New Wave qui s'appelle Art Decade, qui est aussi le titre de mon album et j'expliquerai pourquoi après. D'accord,

  • Speaker #0

    et donc tu as commencé à chanter à ce moment-là, tu as gagné des concours en Italie, notamment un concours pour la RAI qui s'appelait le... La Fête des Inconnus, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un festival. Ce n'est pas tellement pour ce festival, c'est pour la personne qui l'organise. C'est pour la personne qui l'organise. C'était Rita Pavone, qui est une grande star en Italie. C'était vraiment une grande artiste. Elle faisait du cinéma en même temps que de la musique. Elle m'a appris beaucoup de choses. Elle faisait ce concours. D'ailleurs, une des choses qui était belle de ce concours, c'est que c'était les artistes qui votaient l'artiste préféré. Tu devais voter l'artiste que tu préférais, sauf toi-même. Bien sûr. Et donc, à l'unanimité,

  • Speaker #0

    Avec la chanson, c'est là qu'elle s'était... Aria ?

  • Speaker #1

    Aria.

  • Speaker #0

    Après, tu as fait le festival de musique de Castrocaro, si je ne dis pas de bêtises. Oui. Là, avec une autre chanson qui s'appelait... J'ai cherché, hein. Adonimo. Je crois en toi Reste à sourire

  • Speaker #1

    Dans les terres francophones, il y avait moins de... À cette époque, c'était un moment où l'Italie vivait une crise de variété italienne, comme elle est aujourd'hui en France. Elle ne proposait rien de bon, et au festival de Sanremo, notre festival, il y avait vraiment de la musique pas super. Et donc, dans ce contexte... C'était quel année ?

  • Speaker #0

    C'était 2001 ?

  • Speaker #1

    C'était avant.

  • Speaker #0

    Avant 2001,

  • Speaker #1

    d'accord. Avant le 2000, dans les années 90. Ok.

  • Speaker #0

    Oui moi je me suis arrêtée en variété italienne à l'époque de Gianna Nannini avec Imaschi qui avait cartonné en France aussi. Je sais pas s'ils avaient cartonné en Italie mais en France oui.

  • Speaker #1

    Oui un peu toujours trop mélodique mais c'était toujours du rock, c'était Gianna Nannini, c'était toujours quelque chose.

  • Speaker #0

    Mais ça a toujours été très mélodique la musique italienne quand même. Oui. Historiquement je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui parfois dans le sens bon du terme.

  • Speaker #0

    Le rock est arrivé plus tard, maintenant par contre c'est un vrai rock italien.

  • Speaker #1

    On a toujours eu du rock italien sauf que les gens ne le savaient pas. et grâce à internet et grâce à mon skin, voilà là on est dévoilé, tous les rockeurs italiens on est seuls Là on est à jour, je ne remercierai jamais assez ce groupe de jeunes qui ont réussi à faire comprendre au monde entier qu'il existe un vrai rock en Italie et que c'est pour de vrais et que c'est authentique.

  • Speaker #0

    Et en italien en plus parce que les premiers albums sont en italien et ça sonne Parce que c'est très compatible. Et donc comme le rock tu pouvais pas en faire en Italie, t'as exporté ton univers...

  • Speaker #1

    A cette époque non A cette époque, l'Italie s'est éloignée du rock, donc j'ai dû partir. Et sous conseil de Laura Pausini, je suis allé dans les terres francophones, où j'avais une opportunité. C'est Barzotti qui m'a appelé.

  • Speaker #0

    L'autre Barzotti, oui.

  • Speaker #1

    Parce qu'il voulait que je fasse une comédie musicale pour lui.

  • Speaker #0

    Les nouveaux nomades.

  • Speaker #1

    Oui. En étant vraiment honnête avec vous dans l'interview, je me suis rendu juste parce que c'était les terres francophones dont le père de Laura Pausini parlait. Je ne suis pas allé par intérêt de comédie musicale ou musicale. Je suis allé parce que ça me permettait de travailler à l'étranger. et dans le lieu qui m'avait expliqué le père de Laura Pausini, où il y avait la possibilité de trouver des vraies usines, des vrais studios d'enregistrement, dont les CP.

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    à Bruxelles. Où j'ai enregistré mon album. Qui avaient encore des vrais studios, où la musique était encore quelque chose de très sérieux.

  • Speaker #0

    Et donc finalement, elle ne s'est pas faite cette comédie musicale avec Claude Barzotti ?

  • Speaker #1

    Non, elle ne s'est pas faite, elle était bien travaillée. Il avait même contacté Franco Dragone, et puis il fallait la mise en scène. Jean-Luc Moreau, donc des metteurs en scène vraiment de théâtre français. Et donc ils avaient fait cette comédie musicale, qu'après elle ne s'est pas faite parce que voilà, les gens ne l'acceptaient pas, ça s'est pas fait.

  • Speaker #0

    Mais toi tu parlais à peine le français, t'as tout enregistré en phonétique.

  • Speaker #1

    Je ne parlais pas le français. Donc j'ai entendu... En fait, c'est un truc très drôle quand Barzotti m'a demandé de faire la maquette de la comédie musicale, et qu'il m'envoyait l'enregistrement, moi je croyais qu'à partir de l'enregistrement je devais faire la maquette. Je pensais pas qu'il pouvait m'amener la PBO, me donner la PBO comme ça. Donc du coup je l'ai pas vite répondu, mais j'ai refait tous les arrangements. J'ai tout enregistré sur mon clavier et j'ai chanté ma version de la chanson et je lui ai envoyé. Et là il a halluciné, il a fait « Wow ! Tu as tout refait ! » Alors que moi j'attendais juste une réponse pour t'envoyer le pubio.

  • Speaker #0

    Tu maîtrises beaucoup d'instruments toi en plus.

  • Speaker #1

    Au niveau de mon laboratoire, de ma composition, oui. Je ne vais pas le faire sur scène parce que je connais des musiciens que j'apprécie beaucoup plus que moi et mes mains.

  • Speaker #0

    Oui, mais par contre, effectivement, tu parles la langue des musiciens, donc tu sais ce que tu veux.

  • Speaker #1

    Ah ça, oui. Je suis axé à la sensibilité des musiciens. Même parfois quand on fait des concerts avec des musiciens en live, ils me disent que j'aime bien parce que tu as l'écoute.

  • Speaker #0

    Oui, j'en parlais, moi, il n'y a pas très longtemps avec Fifi Chayeb. Et je sais qu'il avait adoré faire cette tournée avec toi.

  • Speaker #1

    Ah non, lui c'est un artiste, pas seulement un bassiste.

  • Speaker #0

    Un vrai artiste, c'est clair. Et donc, du coup, le français, c'est quand même une langue très compliquée. Tu l'apprends en chantant, en travaillant ?

  • Speaker #1

    J'ai dû enregistrer avec le légendaire Bernard Estardi, au CBS Studio. Donc j'ai travaillé avec lui pour connaître vraiment l'union entre moi, qui n'avait pas beaucoup d'expérience, et lui qui avait trop d'expérience. Et la conversation qui était facile entre nous deux. Ça, c'était quelque chose. Parce que l'amour de la musique, ça nous liait. Quand tu aimes vraiment de la musique, il y a de la conversation avec même des grands comme ça. Quand tu ne le fais pas pour le succès, c'est important. Bernard de Sardi m'avait appris à enregistrer et c'était un moment super. J'imagine. J'écrivais la phonétique en fait comme ça, en français, et je répétais ce que je lisais de ma main comme ça pour pouvoir faire en sorte que ça ressemble au français. C'est fou ça.

  • Speaker #0

    Mais même là, quand tu parles, tu as toujours un accent italien assez prononcé. mais quand tu chantes, là les français t'ont découvert dans Mozart, c'est assez bluffant, t'as quasiment plus d'accent dès que tu chantes.

  • Speaker #1

    Parce qu'on s'entend chanter mais on s'entend pas parler. C'est-à-dire qu'en ayant le contrôle de ma voix, je suis obligé d'avoir le contrôle aussi de la prononciation quand je chante parce que je m'écoute quand la voix sort, mais quand on parle c'est instinctif, ça va trop vite donc du coup tu n'arrives pas à rectifier en temps réel. Nous les chanteurs on sait rectifier en temps réel. On chante et pendant qu'on chante on maîtrise.

  • Speaker #0

    Et donc tu as travaillé là-bas en Belgique, tu as même arrangé des titres pour des chanteurs belges apparemment d'après ce que j'ai lu. Tu as été directeur artistique, c'est ça ?

  • Speaker #1

    À chaque fois que les gens me trouvaient un talent, c'est pas que je me suis proclamé quoi que ce soit, c'est qu'à chaque fois que je montrais ou que je prouvais que j'avais du talent sur certaines choses, les gens me donnaient plus d'estime peut-être ou alors plus de possibilités de le prouver. Parfois, je me suis retrouvé directeur artistique, parfois je me suis retrouvé arrangeur, tout en sachant qu'arrangeur, ce n'est pas juste avoir le goût de la musique, c'est vraiment un vrai métier. Quand tu te retrouves en train, que tu es obligé à faire un arrangement, et t'es le seul qui peut le faire, mais tu le fais. Après, en travaillant avec Jean-Pierre Pilot, je me suis rendu compte qu'arrangeur, c'est vraiment un métier et que ça va même avec l'analyse de la chanson, avec le texte. Bien sûr,

  • Speaker #0

    un bon arrangement peut sauver une chanson, comme un mauvais arrangement peut la tuer, c'est clair.

  • Speaker #1

    Ouais, moi, par exemple, j'avais... Je pouvais cacher un texte par mon arrangement. Et c'est pas le but.

  • Speaker #0

    Eh oui, bien sûr, je comprends ce que tu veux dire. Et du coup, tu travailles avec des artistes francophones en Belgique. Tu as des artistes comme ça qui te restent en tête, qui t'ont marqué pendant ce parcours-là ?

  • Speaker #1

    Oui, Morgane, qui avait fait l'Eurovision en Belgique. Tu dis cela ? Après, non pas spécialement. En fait, je faisais des arrangements. Aujourd'hui, j'ai même travaillé avec des gens. J'ai travaillé beaucoup de gens, avec beaucoup de musiciens qui après, ils sont allés dans les équipes de Morane, Lara Fabian. Donc, ils se sont retrouvés en fait, Tin Arena, comme ça.

  • Speaker #0

    Et tu as une... Du coup, ta culture de la musique, de la chanson française, elle s'est étoffée à ce moment-là en... en arrivant dans des terres francophones ?

  • Speaker #1

    Moi quand je suis arrivé j'étais seul, totalement seul, j'étais un italien, donc respecté un peu pour ça. Grâce à des gens comme Giovarizuto par exemple, un ami guitariste, qui était guitariste de Morane aussi, je suis rentré dans la mentalité. C'était des gens qui parlaient en même temps italien, en même temps français, et qui m'apprenaient comment se comporter en France, en Belgique, comment faire de la musique. Ils m'ont donné la possibilité de travailler dans les bistrots live, d'un ami à moi, Bouledou. Sa femme aussi travaillait avec moi pour Mona Morey, elle a travaillé dans mon album donc voilà comme ça. Et donc j'apprenais en fait dans les terres francophones à travailler. Je suis passé par la Suisse, par la Belgique et par la France.

  • Speaker #0

    Il y avait des artistes qui te touchaient particulièrement justement dans ces expressions francophones, même si tu étais là plus pour faire du rock ? Est-ce que la chanson de l'époque, il y a des choses qui te...

  • Speaker #1

    En Belgique, tu as la possibilité de connaître les artistes... plus facilement comme tous les connus en France, parce qu'ils viennent se relaxer en Belgique. Ils boivent un verre tranquille et peuvent se trouver à parler ou avoir une conversation avec n'importe qui. Et c'est l'intérêt de la Belgique, c'est le charme de la Belgique. Donc ça m'est arrivé d'avoir plus de proximité avec les grands artistes français en Belgique quand je n'étais personne, que pas en France quand j'avais déjà la carrière de Mozart au Péanar. J'ai eu des grandes conversations avec Marc Lavoine en Belgique, j'ai connu Zazie. Un truc par exemple que j'ai adoré, c'est de faire un duo avec Plastique Bertrand, qui m'a appelé en fait, il m'a vu sur scène et il a dit « Est-ce que tu voudrais présenter cette nouvelle chanson avec moi ? » Sauf qu'il était en francophonie, donc c'était devant 10 000 personnes à ce moment-là. Et devant 10 000 personnes, on s'est produit à chanter cette chanson avec lui, en sautant sur scène. Et ça moi j'ai adoré ! J'ai connu un artiste qui voulait me produire en Belgique, qui s'appelle Alec Mansion. Un seigneur quoi, mais vraiment, j'adorais le vrai intérêt de la musique, les vraies conversations de musique.

  • Speaker #0

    C'est un super parcours en tout cas. Et tout ça t'a amené comment à Mozart ?

  • Speaker #1

    À l'époque, suite justement à un rencontre avec Zazie, j'ai connu les musiciens de Zazie. Et en connaissant les musiciens de Zazie, j'ai connu Jean-Pierre Pillot. Jean-Pierre Pillot était à la base, il était compositeur du projet Mozart l'Opéra Rock, avec Olivier Schultes, avec... Et c'est comme ça qu'on s'est connus. Il m'a repéré donc en Belgique, il n'en a pas l'air de Vatia. Au départ, j'ai refusé le projet parce que j'avais peur. Tu sais, la France, c'est un pays de puristes. Donc, j'avais peur qu'ils fassent mon art en variété française. Et je n'étais pas d'accord. J'aimais trop mon art pour faire ça. Donc, du coup, j'en avais très, très, très peur. Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'Opéra Rock, le précédent Opéra Rock en France, c'était Starmania, sinon on n'en a pas eu.

  • Speaker #1

    Alors là, c'était magnifique. Mais ça faisait longtemps.

  • Speaker #0

    Mais ça faisait longtemps et sinon après les opéras rock, c'est plutôt une culture anglo-saxonne. Jésus Christ Superstar, Evita, enfin... Exact. Toutes les oeuvres d'André A. Weber, Tommy bien sûr.

  • Speaker #1

    Je m'interrogeais assez beaucoup de ça, donc du coup, quand ils m'ont contacté, j'ai refusé en bloc. Après, heureusement, j'avais des amis tellement amis qu'ils ont réussi à parler encore avec la production et dire « Vous ne comprenez pas, c'est parce que vous aimez tous les deux la musique, c'est pour ça que ce mec-là, il n'est pas... » Il a refusé, vous ne comprenez pas. Donc, du coup, on s'est eu à nouveau au téléphone, grâce à des grands amis que j'avais à l'époque, et que j'ai encore aujourd'hui, les mêmes. Et donc, du coup, j'ai réussi encore à me parler avec Jean-Pierre Pileau. On s'est compris au téléphone. Donc, je suis allé faire l'audition de Mozart, comme tout le monde. Donc, Jean-Pierre Pileau m'a dit, tu viens, si tu arrives à les convaincre tous, on va en parler. On va en parler du design de cette opéra rock. Et déjà, quand il a dit opéra rock, j'ai fait, quoi ? Opéra rock ?

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    Je comprends pourquoi tu viens chez moi. Ok, d'accord. Il avait compris que j'étais un chanteur de rock. Donc déjà, ça, ça m'avait plu. Quand j'ai su que c'était Olivier Daon, la mise en scène, il venait à cette époque-là de l'Oscar. Et donc là, j'ai dit, ok, là, ça rigole vraiment pas comme projet. Donc il va y avoir des artistes qui vont travailler dessus. C'est pas que des producteurs. Et donc là, je me suis approché à ce projet-là. Et j'ai adoré, en fait.

  • Speaker #0

    Même au niveau des paroles aussi, c'est très bien écrit.

  • Speaker #1

    J'étais repéré à l'audition. Florent Mott a été repéré à l'audition. il y a eu des gens en fait que Mélissa Mars elle a j'ai compris, même en sachant que c'était Melissa Marsh qui le faisait, je savais que c'était une artiste alternative. Bien sûr. Et donc j'ai dit, ok d'accord, là, ils cherchent des gens alternatifs pour faire un musical commercial. J'ai dit, ça, c'est une bonne idée. On va peut-être changer un tout petit peu le panorama qu'il y avait à cette époque-là.

  • Speaker #0

    Oui, ça a bouleversé beaucoup de choses en fait. Ça s'est vérifié. Vraiment, ça s'est vérifié. Ça s'est vérifié. Le succès continue encore.

  • Speaker #1

    Je savais que Floor Mott venait du métal, carrément. Ou de Jeff Buckley, de ces choses-là. Donc du coup, c'est un, là, il y a un truc à faire. ça, le divan, la

  • Speaker #0

    Donc ça c'est une aventure qui a duré très longtemps, entre déjà la première inversion au Palais des Sports, après la première tournée, après le retour avec le Symphonie, qui a encore une autre tournée, puis la Russie...

  • Speaker #1

    C'était ma vraie carrière en fait. En un an, j'avais réussi à me définir et me bâtir une petite carrière à moi. Une vraie carrière. Donc là je devenais un artiste pro, avec des responsabilités du coup, parce que quand tu fais ce métier-là, le public devient une responsabilité. Ce n'est pas seulement ton intérêt qui compte, mais c'est aussi l'intérêt du public. Et donc, c'était génial. Donc, j'ai commencé une vraie carrière.

  • Speaker #0

    Derrière, tu as fait une autre comédie musicale qui s'appelle Timeo, qui était une circomédie musicale. Est-ce que c'est simplement un hasard de parcours ? Est-ce que c'est un choix d'aller vers un spectacle un peu plus à taille humaine ? Je dirais, moins ambitieux que pouvait l'être peut-être Mozart ? Non. Quand je dis moins ambitieux, ce n'est pas méchant par rapport au projet, parce qu'il est magnifique en plus, mais ce n'est pas le même genre de grosse machine. Ce ne sont pas les mêmes salles.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas une passion spécialement directe avec le musical, avec le format du musical. donc à chaque fois qu'on me propose un rôle un rôle dans lequel je peux m'exprimer de façon assez particulière, assez transversale, là j'accepte. Le cas de Timéo, c'était un cas où on me proposait vraiment un autre personnage un peu ovni. Ce serait le cas si on me proposait Hamlet.

  • Speaker #0

    Oui, ou le MC dans Cabaret presque, ce genre de personnage un peu décalé.

  • Speaker #1

    Un peu hors norme. J'ai eu une énorme déception pendant Timéo parce que le metteur en scène c'était Alex Goode. Donc même à la base il voulait mettre des moustaches, des faux moustaches.

  • Speaker #0

    Le monsieur loyal attendu.

  • Speaker #1

    Il voulait le monsieur loyal du cirque normal. Alors que moi je voulais donner quelque chose de stellaire, enfin étoilé.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est ce que tu entends dire.

  • Speaker #1

    Stellare. Je voulais vraiment marquer le personnage. J'ai un gros regret à ce niveau là. C'est une idée que je n'ai pas exploité donc c'est très dommage. Évidemment je ne lui en veux pas. Mais c'est vraiment dommage quand tu as une démarche. C'est là que j'ai compris en fait que c'est dur de travailler dans ce pays, en France. Parce que le chant, entre tout, n'est pas spécialement l'artistique. Il y a des situations politiques. Du coup, c'est dur d'être artiste en France.

  • Speaker #0

    Ça fait partie des raisons qui t'ont poussé à te décider enfin à faire ton album ? Enfin, là, tu vas être maître d'oeuvre et faire vraiment... Oui. Toi quoi, ton univers tout amené...

  • Speaker #1

    J'ai eu des années de désert parce que je ne pouvais pas sortir l'album justement parce que les gens ne voulaient pas travailler avec moi, ils voulaient travailler sur moi. C'est-à-dire ils voulaient imposer des choses et utiliser le public qui m'aimait ou qui aimait le musical de Vatia comme ça.

  • Speaker #0

    En voulant refaire Bezard autrement quoi ?

  • Speaker #1

    Alors que j'étais disposé, même en compromis, j'étais disposé à faire de la musique commerciale et tout ça, mais dans le bon sens du terme. Oui,

  • Speaker #0

    commercial ça veut pas dire que c'est pas bon, ça peut être.

  • Speaker #1

    Je voulais que ce soit artistique, qu'il y ait quand même une touche de folie. Donc quand on te propose une chanson normale, alors que tu te maquilles et que tu sors de Mozart à l'opéra rock...

  • Speaker #0

    Déjà, l'approche du personnage était déjà assez décadente, enfin il y a quelque chose de très...

  • Speaker #1

    Déjà assez décadente. Je veux dire, je sors du... Tu sais, moi et Florent Mott, on est sortis de Mozart à l'opéra rock, ils nous ont proposé des chansons qui n'étaient pas rock.

  • Speaker #0

    Oui, des chansons d'amour de jeunes premiers.

  • Speaker #1

    Voilà, tu ne peux pas, tu ne peux pas, en fait, tu ne peux pas chanter la sa symphonie ou alors tout ce que j'ai chanté dans... Ou Tatoumoua. Oui, au Don Monsard L'Opéra, Tatouma qui était un peu inspiré presque à Gin Gin, Gin Gin, David Bowie comme ça. Et donc tu peux pas chanter des trucs comme ça, une chanson OVNI comme Tatouma, sortir et faire une chanson de variété française normale ou mélodique. Bien sûr. C'est impossible, ce serait une erreur et c'est pour ça que je faisais pas l'album parce qu'il y avait des vraies erreurs. des compromis que je ne pouvais pas avoir.

  • Speaker #0

    Oui, cela dit, c'est drôle parce que Diane Dassigny a dit à peu près la même chose en disant après forcément, on avait des contacts dans les maisons de disques et c'est pareil, les maisons de disques voulaient lui faire chanter des choses de Lolita post-adolescente qui était déjà plus de son âge et plus dans sa sensibilité. C'est surtout bizarre de vouloir chercher à fabriquer un artiste en allant à l'encontre de ce qu'il est. C'est un peu compliqué.

  • Speaker #1

    C'était très compliqué, oui.

  • Speaker #0

    Donc cet album, en fait, parce qu'on va enfin parler de ton album quand même, il est mûri depuis très longtemps, en fait. Il est fait de chansons qui datent d'un certain temps. Tu l'as construit au fil des années, en fait, pour arriver à un petit bijou qui te ressemble vraiment. En plus réalisé, parce que forcément, on est obligé de parler des collaborations que tu as sur cet album et d'Eric Serra avec qui tu... vraiment t'as collaboré pour le faire. C'est particulier déjà comme volonté de travailler avec quelqu'un qui vient plutôt de la musique de film, même s'il a fait beaucoup de chansons aussi, il a même fait un album à lui. Et il a travaillé avec Jacky Gellin, déjà ça aussi il s'est décalé. C'est très étonnant, parmi toutes cette rencontre.

  • Speaker #1

    Moi j'avais des propositions de maison de disques. que je ne pouvais pas accepter. Comme par exemple changer totalement de look, enlever le maquillage, comme ça. Je ne pouvais pas accepter parce que ce n'était pas moi. Tu ne peux pas venir directement de la New Wave ou du rock comme ça et faire semblant que tu aimes une autre genre de musique. Pour moi, les jeunes qui sortent aujourd'hui des titres qui ne les correspondent pas, c'est un gâchis immense. Des jeunes qui n'écouteraient jamais chez eux ce qu'ils vont chanter en télé. Tu as envie de leur dire pourquoi tu fais ça. Moi, je me suis déjà trouvé dans une situation où dans une maison de disques, personne n'aimait la chanson. Personne. pas le directeur artistique, pas le chef de la maison de disques, pas le compositeur non plus qu'il avait fait, pas l'arrangeur, pas les journalistes, pas toi, et par contre on se disait, pas l'attaché de presse de tout, par contre on se disait oui mais il faut le faire parce que c'est ce qui va marcher.

  • Speaker #0

    Ah oui mais t'as tout perdu si tu fais déjà une chanson que tu aimes pas.

  • Speaker #1

    Moi je me suis trouvé avec une proposition de chanson où ils disaient oui d'accord le refrain n'est pas bien, on va le changer, le texte n'est pas bien, on va le changer, l'arrangement n'est pas bien, on peut l'améliorer, et comme ça on va voir ce que ça sort. Wow !

  • Speaker #0

    Il faut faire autre chose dans ce cas là.

  • Speaker #1

    Si une chanson ne fonctionne pas, elle ne fonctionne pas, point barre. C'est tout. Je n'ai jamais compris ce discours-là de Maison de Disque comme ça. Dans ce climat-là, un peu de ma faute parce que je n'étais pas prêt, un peu de leur faute, en fait, on retardait toujours l'album. Et moi, je faisais quelque chose que... Je ne sais pas si c'est une qualité ou si c'est un tort. A bout d'un moment, on a annulé le truc. Parce que, en fait, ça ne se faisait pas. Et donc, du coup, je me suis retrouvé à bout d'un moment à être désespéré, à m'imaginer de ne plus pouvoir faire un album. mais j'étais déjà convaincu de le faire à l'étranger. Un jour, avec une conversation avec Noémie Garcia, ma copine, elle m'a dit « Mais existe quelqu'un en France qui pourrait faire ton album ? » J'ai dit « Oui, mais c'est impossible qu'il le fasse. » Existe des gens, par exemple, moi j'ai dit « Quand je vois un concert d'Eric Serra, je vais lui voir toute l'énergie internationale. »

  • Speaker #0

    Mais comment tu connaissais Eric ? Juste par ses musiques de films ?

  • Speaker #1

    Je connaissais ses musiques de films. Ça m'avait déjà touché. Quand j'ai vu le cinquième élément, je me suis rendu compte que la personne qui était derrière la musique... En fait, moi je pense qu'Eric Serra, c'est un artiste que... C'est un artiste implacable. C'est-à-dire que tu ne peux pas faire semblant qu'il n'existe pas dans un film. C'est-à-dire que si tu vois un film avec la musique d'Eric Serra, forcément ça t'arrive la musique. Sa musique n'est pas seulement au service du film. Elle est assez somptueuse pour exister en même temps.

  • Speaker #0

    C'est clair, moi j'ai redécouvert ces musiques du film. En fait, la première fois que je t'ai rencontrée, c'est à Courbevoie, à un concert d'Eric. Moi je venais voir Eric parce que mon fils est bassiste et il voulait voir Eric en concert. Moi je ne connaissais pas son travail avec son groupe. Je connaissais ces musiques de films, bien sûr, mais je m'étais toujours dit, très bêtement et je l'avoue, qu'en fait, on connaissait ces musiques parce que les films avaient été des succès. Et en fait, en écoutant ces musiques sans voir les images, je me suis dit, mais en fait, c'est pas vrai. Les musiques, elles existent sans l'image et peut-être même ce serait l'inverse. Peut-être même, c'est les musiques qui rendent le film inoubliable peut-être encore plus que l'inverse. Effectivement, il a une patte et une présence artistique énorme. Je comprends. Donc que t'es craqué sur le cinquième élément.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est-à-dire que vous ne pouvez pas faire abstraction d'Egnio Morricone dans un film de... Je ne sais pas quel réalisateur... C'est pour ça que Léon est... C'est pour ça que tu ne peux pas faire semblant que ces compositeurs n'existent pas. Tu ne peux pas juste regarder le film. Donc quand tu vois Léon, par exemple, et tu écoutes la musique, ou quand tu vois Le Cinquième Élément et tu écoutes la musique, tu te rends compte en fait que c'est un immense travail des deux. En fait, c'est les deux qui ont fait succès. C'est Éric Serra et Luc Besson. Et après avoir fait Le Grand Bleu, qui en plus en Italie n'était pas connu, je me suis rendu compte à quel point les Français étaient marqués.

  • Speaker #0

    Dans le film, oui.

  • Speaker #1

    pas le personnage, pas le film, mais pas le personnage d'Eric Serra. Donc du coup, une chose que j'aurais pu faire de bien pour que mon album il existe, c'est lui donner une patte internationale avec une énergie internationale. Le problème que j'avais en France c'est que quand on arrivait au moment de l'enregistrement, tout était fade, petit et faible. Et moi je ne peux pas m'exprimer comme ça, on peut pas faire du rock de cette façon là. En tout cas dans mon pays on fait pas du rock comme ça. La preuve c'est les monneskins, ça tape pour de vrai, ça joue pour de vrai. C'est pas des conneries, on est là, on est authentique, c'est la jeunesse, c'est la vraie démarche. C'est un train qui marche dans la gueule du public en fait, c'est ça qu'il faut faire. Eric il fait ça. Alors même pour qu'il peut le définir jazz comme ça, Eric il a cette énergie de rock ou cette spontanéité africaine même. C'est ça,

  • Speaker #0

    c'est très très animal.

  • Speaker #1

    Moi j'ai connu Eric Serra à l'Hôtel Coste avec une femme qui travaillait dans la mode totalement, une fille vraiment au perche-monte, très bizarre. qui nous a présenté vraiment d'une façon vraiment trop rigolote. Et donc du coup, c'était une soirée très particulière. Je suis même fini à la maison d'Ophélie Winter ce jour-là. Voilà. Et donc, du coup, j'ai connu Eric Serra et l'attraper. Eric Serra, tu dois absolument connaître ce garçon. Donc du coup, lui, ça l'a fait beaucoup rire. Après, j'ai commencé à aller voir ses concerts. on a pu se parler et un jour Noemi Garcia, ma copine, m'a conseillé « Mais pourquoi tu ne lui demandes pas ? Est-ce que tu veux faire les directrices ? Au pire, il va te rediriger sur quelqu'un d'autre. Au pire, il va te dire comment mettre de l'énergie dans ton album. Il faut parler avec les justes gens, au moins discuter avec les justes gens. »

  • Speaker #0

    Donc c'est à Noemi qu'on doit cette merveilleuse idée ? Oui ! C'est bien !

  • Speaker #1

    Je l'ai invitée à l'Hôtel Corse. Noemi m'a suivi, donc elle est venue aussi. On a discuté avec lui et je lui ai expliqué mon projet. Donc il a rigolé évidemment parce que ce projet ça ressemble pas au mien. Mais Eric quand tu le connais c'est un rockeur. Et moi j'estime avoir beaucoup de caractéristiques de l'original rockeur, vraiment de comment il se comporte un rockeur dans la vie. Avec assez de gentillesse. Parce que t'as jamais vu des artistes de variété française qui met les sharps, qui se la racontent, qui collent comme ça. C'est un truc de la variété mondiale que ces artistes là en fait ils ont cette vanité comme ça. qui n'existent pas chez les rockeurs. Parfois, ils arrivent à être plus beaux parce que Mick Jagger est beau, même aujourd'hui, même sur scène. Mais il n'a pas cette vanité-là.

  • Speaker #0

    Tu crois que l'humilité, c'est l'apanage du rock, tu crois ?

  • Speaker #1

    Les rockeurs, ils ont un comportement. Et Eric Serra, il a ce comportement-là, il a ce caractère-là. Et donc, du coup, c'est facile de discuter avec lui, surtout de musique, de tout ce qui nous passionne. Et donc, du coup, ça s'est bien passé. Ça s'est passé comme deux portes qui buvaient un verre. Eric a mis de côté sa célébrité, de côté son importance. Et c'est le cas des gens comme Paul McCartney, qui essaie de mettre à l'aise les autres par rapport à leurs célébrités. Un jour, j'ai vu une interview de Paul McCartney qui a dit que c'est à moi de mettre à l'aise les gens, parce que les gens ne seront jamais à l'aise devant moi. J'ai vu des grandes personnes, vraiment des personnes très importantes, être gentilles avec moi. Moi, j'ai vu Aznavour me parler directement, comme si je n'existais que moi. J'ai vu Romain Duris me donner de l'attention. J'ai vu Alain Delon quand il m'a serré la main. qu'il était humble avec moi. Comment il peut, Alain Delon, être humble avec moi ? C'est impossible. Il a été... D'ailleurs, il m'a appris quand je l'ai vu faire. J'ai dit, ah voilà, donc on peut être comme ça, avec quelqu'un d'aussi petit par rapport à toi. Là, j'ai compris. C'est vraiment le déclic, c'était Alain Delon. Et là, j'ai compris la démarche de beaucoup de rockeurs, en fait, qui essaient d'être eux-mêmes, de ne pas perdre cette étincelle de Peter Pan, comme ça, qu'on a en nous. Et c'est génial, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, t'as un peu, toi, le syndrome de Peter Pan.

  • Speaker #1

    Oui, on va dire oui. On va dire oui. Donc du coup j'ai réussi à discuter vraiment avec Eric Serra, à m'entendre bien et c'est pour ça que mon album c'est le fruit d'une amitié, ce n'est pas quelque chose qu'une maison de disques a dû assembler comme un puzzle qui ne marche pas. Ce n'est pas politique, ce n'est pas forcé, c'est que des bonnes énergies, que des gens qu'on connaissait déjà qui pouvaient jouer sur mon album. On l'a fait vraiment avec du talent, sans problème, en faisant des dîners en même temps, on a fait plus de dîners que... que de rendez-vous presque. Et voilà, c'est la vraie vie. C'est là que la vie elle vaut la peine d'être vécue. Oui,

  • Speaker #0

    je t'ai entendu dans une interview parler de l'album en te disant que tu... que tu étais content parce que tu trouvais ça beau, mais pas seulement la musique, que tu te trouvais beau en le faisant. Ça a un rapport avec le clip de Rendez-vous au pont où on vous voit au studio. C'est Eric qui a dit ça. J'ai tellement compris cette phrase. Vous êtes très beau sur ce clip en fait.

  • Speaker #1

    Eric il a dit en fait que là je pense qu'on est beau comme on veut être beau, c'est-à-dire au travail.

  • Speaker #0

    C'est des images qui sont très émouvantes, je trouve, vraiment. Parce qu'il y a beaucoup d'amitié, c'est très sincère, ça n'a pas du tout l'air d'un clip... Il y a beaucoup de clips qui sont tournés en studio, mais où tu te dis, bon, il a pris la caméra, il est revenu, il a fait des plans exprès parce qu'on n'a pas le plan du chanteur derrière le micro.

  • Speaker #1

    On filmait la réalité.

  • Speaker #0

    Et là, c'était la vérité.

  • Speaker #1

    On filmait la réalité, on ne faisait pas une mise en scène pour le public.

  • Speaker #0

    Oui, ça se voit et c'est très...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, Eric, ce n'est pas un mec qui fait des mises en scène. Même quand il fait des vidéos, il les fait authentiques. Oui, oui, je suis sur Instagram. Il ne se fait pas juste la promo comme ça. Et ça, c'est... C'est un bon enseignement, même pour les gens comme moi, c'est-à-dire de voir des grands qui ne savent vraiment même pas les vidéos comme ça, parce que les jeunes, ils doivent comprendre aujourd'hui la différence entre propagande et information.

  • Speaker #0

    Mais comment tu fais, justement, puisque là, ton album, à l'heure où on fait l'interview, il n'est pas encore sorti, mais à l'heure où l'interview sera diffusée, il sera sorti puisqu'il sort le 25 avril. Comment tu fais, justement, aujourd'hui, pour concilier, d'autant que tu es... toi le maître d'oeuvre de ton album en fait, tu n'as pas derrière un Universal ou quelqu'un comme ça qui s'occupe de ta promo, c'est toi qui gère tout ça. Comment tu fais justement pour faire une promotion sincère et authentique, en sachant que tu vas forcément être obligé d'y mettre beaucoup de moyens personnels, sans tomber dans la propagande justement ? Quel conseil tu donnerais à ceux qui doivent parler de leur musique ? Comment tu en parles sans que ce soit de la propagande ?

  • Speaker #1

    Imaginez-vous un resto, d'accord ? Le resto, il est bondé de monde parce que tu fais de la bonne cuisine, parce que tu fais gaffe à ce que tu fais. Tu n'en nagues pas le consommateur, tu n'en nagues pas le client qui vient payer son plat. Si tu vas bien, c'est logique. Si tu as de la clientèle, c'est logique. Les produits, la mentalité de la cuisine. Le patron, là, il peut s'asseoir à ta table, il peut boire un verre, être content et être fier de lui. Si tu sais très bien que tu n'as pas utilisé de bons ingrédients et que tu ne fais pas de la bonne cuisine, et que la cuisine que tu fais, au pire même, fait mal aux gens, parce que tu peux faire du mal aussi avec la musique. Nous, on fait un travail, ça doit profiter aussi aux autres. Ça ne doit pas se profiter seulement à toi-même. Faire de la propagande, c'est savoir que tout va mal, donc que ton album n'est pas beau, que ton titre n'est pas super. Mais par contre, faire semblant... et dire aux gens qu'ils doivent absolument l'écouter. Parce que c'est important. C'est comme avoir un mauvais resto où tu es à l'extérieur et tu dis aux gens « Tu dois absolument venir manger chez moi, tu vas voir, c'est la vraie cuisine italienne » , alors que c'est de l'esbrouf. Et non quoi. On n'a pas besoin d'un monde comme ça. C'est pas le monde qu'on veut, c'est pas le monde qu'on a construit, c'est pas le monde pour lequel on se bat. Voilà, c'est pas comme ça qu'il faut vivre. C'est pas comme ça qu'il faut que ce soit. La qualité c'est important. Ne pas faire de la propagande, ça veut dire je fais un truc bien au maximum. que je peux faire et après j'ai dit au public voilà on a fait ce public. Alors moi je dis déjà que dans mon album il va y avoir quelque chose qui va plaire un tout petit peu à tout le monde donc du coup ça vaut la peine d'aller l'écouter parce que c'est un vrai travail. Bien sûr. C'est un vrai travail fait dans un vrai studio comme ça, c'est pas de l'arnaque, je l'ai pas fait dans ma chambre, je l'ai sorti. Je veux dire l'argent que les gens peuvent payer...

  • Speaker #0

    Tu penses qu'on peut pas faire un album dans sa chambre ?

  • Speaker #1

    On peut avoir des idées dans sa chambre, on peut pas faire un album dans sa chambre,

  • Speaker #0

    je crois pas. Je suis assez d'accord avec toi, mais aujourd'hui, tu as... beaucoup de gens qui le font, nécessitent Félois, il y a beaucoup d'artistes indépendants, autoproduits qui...

  • Speaker #1

    Non mais c'est qu'on veut faire croire en fait, il y a beaucoup de gens qui ont de l'intérêt dessus, là dessus, il y a des académies, il y a des trucs comme ça donc maintenant c'est tellement entremêlé le truc qu'on n'arrive pas à dire la vérité mais la vraie vérité c'est que on passe notre vie en fait sur youtube il y a trop de monde qui dit aux jeunes tu peux devenir tout ce que tu veux, tu peux faire ça, tu peux faire ça, tu peux faire ça en même temps, tu peux faire ça Donc il leur fait... Il faut croire qu'ils peuvent être réalisateurs, ingénieurs du son, arrangeurs, compositeurs et tout ça comme ça. Et le résultat, c'est qu'on a des gens, d'ailleurs c'est pas par hasard en France qu'ils appellent ça du son. J'ai fait un son, ça ne veut rien dire. Après quand tu écoutes, tu comprends pourquoi ils disent un son. Parce qu'en fait, ils ont que fait du copier-coller entre deux sons ensemble justement. Et ils pensent que c'est de la musique. La musique c'est un message. Si tu n'as pas un concept, une idée des chansons. une idée d'arrière d'opéra, une idée de symphonie comme ça, un vrai projet mélodique, un vrai projet harmonique. C'est inutile de faire une chanson avec l'intelligence artificielle qui te donne une idée, avec un logiciel d'accords qui te donne l'autre idée des accords. Oui, bien sûr, l'assemblage ça fait partie du travail de l'artiste, mais les jeunes ils croient vraiment que l'être artiste c'est ça aujourd'hui, c'est être dans sa chambre et d'utiliser plein de logiciels qui vont te faire être un artiste, alors qu'avant on se rencontrait. Avant c'était ton pote qui venait te chercher, tu te cognais à ton pote quand il faisait une partie de guitare, ça collait parfaitement à ta chanson. Sa partie de guitare c'était l'histoire de sa vie, la chanson que tu faisais c'était l'histoire de ta vie et là il y avait une symbiose de choses qui avaient un sens.

  • Speaker #0

    Je suis tellement d'accord avec ça. Je suis tellement d'accord. Est-ce que tu penses aussi, parce que dans ton album tu me disais tout à l'heure il y a deux titres en français, les autres sont en italien et en anglais. tu n'as pas donc pas tout écrit et tout composé, t'as travaillé avec d'autres gens, des auteurs, des compositeurs...

  • Speaker #1

    Surtout des auteurs parce que voilà, parce que tu n'as pas toujours...

  • Speaker #0

    En français, en italien, en anglais, des auteurs ou seulement dans les langues ? Dans toutes les langues,

  • Speaker #1

    j'ai travaillé parfois avec des gens pour faire des textes et certains textes je les ai faits moi parce que c'était vraiment le fruit d'une vraie aspiration. Et parfois tu as une super chanson, tu mets le refrain et tu te demandes mais le couplet il doit être comment ? Mais c'est pas facile, les gens croient que c'est facile. J'adore l'intelligence artificielle pour ça parce que... ça te donne la possibilité de réaliser des choses sans aller déranger d'autres gens, comme ça, comme ça, parce qu'elle peut nous aider dans tout ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Elle te donne surtout la réponse la plus probable par rapport aux éléments que tu lui donnes, en fait, puisqu'elle ne crée pas, elle ne fait que mettre à jour des évidences, en fait.

  • Speaker #1

    Voilà, mais tu peux faire des choses incroyables avec l'intelligence artificielle. Par exemple, un jour, ça m'est arrivé d'écrire un truc avec Atom Lemon, sauf que je ne pouvais pas le mettre parce que ça ne me donnait pas un sens. Mais alors c'est le moment où tu te demandes à l'intelligence artificielle, excuse-moi, mais est-on le même pour toi ? Ça a quel sens ? Dans l'histoire de l'humanité, est-ce qu'il y a quelque chose ? Est-ce qu'il y a une référence ? Ou quand tu écris le soleil bleu, est-ce qu'il y a une référence au soleil bleu ? Est-ce qu'il y a quelque chose de mystique ? Est-ce qu'il y a quelque chose d'ancestral ? Est-ce qu'il y a une culture populaire qui parlait du soleil bleu ? Ça, c'est incroyable. T'importe qui a toute la culture du monde et hélas c'est magnifique, c'est vraiment magnifique. Mais pourquoi utiliser ces outils pour faire le travail à notre place ? Pourquoi vous leur demandez à l'intelligence artificielle, pourquoi vous lui demandez de faire un texte à ta place ? C'est pas bien. Pourquoi lui demander de faire une chanson à ta place ? C'est stupide.

  • Speaker #0

    Et donc toi qui a collaboré avec beaucoup de gens tu penses que aujourd'hui on est vraiment surtout en France dans une grande mode de auteur-compositeur-interprète. C'est à dire qu'effectivement tu fais ta chanson dans ta chambre. Alors, il y a des auteurs-compositeurs-interprètes qui font dans les studios aussi, mais l'idée qu'on peut faire une chanson tout seul, est-ce que tu crois que la chanson en général a perdu avec cette notion-là ? Puisque tu disais que tu préférais qu'on se rencontre comme on se rencontrait avant, toi, tu penses que c'est mieux de faire des chansons en équipe ?

  • Speaker #1

    Non, pas spécialement. Tu peux faire une chanson tout seul. Bien sûr, tu peux faire une chanson tout seul.

  • Speaker #0

    Mais un album entier, une carrière entière avec des chansons tout seul ?

  • Speaker #1

    Un album dans une chambre, c'est dommage. Ce serait vraiment dommage. Et dans ta chambre, non quoi. C'est un laboratoire. Moi, par exemple, je peux faire 30 chansons pour en faire sortir une.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Voilà. Après, tu as besoin du miroir des autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est de la recherche. C'est vraiment un laboratoire. Tu fais... Surtout pour moi, moi, je ne dois pas faire ressembler ma chanson spécialement à celle des autres. Donc, du coup, pour voir si ça marche vraiment ou pas, j'ai besoin de la réaliser. C'est pour ça que j'ai besoin d'avoir un studio à la maison. Mais l'intérêt de faire vraiment un album tout seul dans un studio. Non, à mon avis, non. Ce n'est pas une très bonne idée.

  • Speaker #0

    J'ai remarqué quelque chose que j'ai trouvé très intéressant. Moi, j'ai écouté ton single sur Apple Music. Et sur Apple Music, quand on cherche les crédits du titre, il y a tous les musiciens. Et c'est quasiment, enfin, c'est rarissime que quand on sort un single, on ait sur les plateformes de streaming le nom des musiciens. D'habitude, on les a seulement sur les albums physiques. Donc encore une fois, tu prouves que pour toi, le fait d'avoir une équipe d'artistes autour de toi avec lesquels tu as travaillé, tu valorises le travail de tout le monde, ça te paraît essentiel j'imagine ?

  • Speaker #1

    Ça va plus loin que ça. Ma pochette d'album. En fait, j'adorais les pochettes d'album de jazz. Parce que tu mets une photo, tu mets un truc et tu mets les musiciens en pochette. Et moi, ça m'a toujours donné une source d'importance, quelque chose que j'ai aimé. Mais je ne comprenais pas pourquoi ce n'était pas possible dans la pop ou dans le rock dans certaines occasions. Donc du coup, j'ai fait une folie, j'ai mis sur la pochette de l'album tout le monde. Même les mastering, le mixage, tout. Même ceux qui ont collaboré pour les textes comme ça. Donc tu as moi, tu as ma photo, tu as le titre de l'album et tu as tous les noms qui ont participé à l'album. Sur la pochette.

  • Speaker #0

    Donc comment s'appelle ton album ? Tu nous l'as dit tout à l'heure et tu as dit qu'on allait en reparler.

  • Speaker #1

    Mon album il s'appelle Art Decade.

  • Speaker #0

    Décennie d'art quoi.

  • Speaker #1

    Exact.

  • Speaker #0

    Parce que ça s'étale sur dix ans les chansons qui sont dedans ?

  • Speaker #1

    Non parce que ça reprend donc le nom de mon groupe rock New Wave. Parce qu'en fait c'était une période de ma vie, moi je pense que l'adolescence c'est une période extrêmement spirituelle au niveau de la musique. C'est une période où tu arrives dans un monde où plein de choses ont été faites et que tu ne les connais pas. Et donc tu veux exister dans tout ça mais tu n'as pas ni le temps ni la possibilité d'avoir toute cette culture immense. Et donc du coup tu t'exprimes. Quand tu arrives à Toto, à être talentueux et authentique en étant ado, tu as une communication directe avec les muses inspiratrices en fait. Tu sors vraiment des... Moi j'ai sorti des morceaux à cette époque-là qu'aujourd'hui des gens comme Eric Serra ou des gros musiciens me disent « Wow, félicitations ! »

  • Speaker #0

    Tu parles de quelle période quand tu dis l'adolescence, c'est quoi ? Une quinzaine d'années ?

  • Speaker #1

    À partir de 16 ans.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Donc les idées commencent à trotter dans ta tête à partir de 14 ans comme ça. Alors c'est une période où si tu écris des textes, tu écris vraiment des conneries. Mais pas tout le temps. À bout d'un moment, tu as des phrases qui sortent, qui sont la vérité. Par contre, la musique, elle est vraiment instinctive. Et par moments, elle devient incroyable. Parce qu'en fait, là, tu t'exprimes vraiment et tu n'as rien à ficher de ce qui se passe à l'extérieur. Et si tu arrives à être comme ça, adulte, de n'avoir rien à foutre de ce que font les autres et de faire ton truc à toi, alors là...

  • Speaker #0

    Tu y arrives encore, toi ?

  • Speaker #1

    Pas toujours. Parce que je n'arrive pas à ignorer ce que font les autres.

  • Speaker #0

    Et la culture musicale, parfois, elle te freine, en fait, ta culture ? Oui, Et derrière cet album, un autre album, des lives, des projets derrière là ? J'imagine que maintenant tu vas aller défendre cet album sur scène.

  • Speaker #1

    Alors moi j'espère vraiment, je prie Dieu vraiment pour que quelqu'un me donne la possibilité de continuer ce métier. Donc de ne pas me faire avoir des échecs tels que de me faire arrêter mon but de communication. Parce que mon but est vraiment la communication.

  • Speaker #0

    D'être compris, c'est ce que j'ai entendu.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Tu estimes que tu as été jusqu'ici incompris ?

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup de fois. C'est un problème très français aussi.

  • Speaker #0

    Tu étais plus compris en Italie ?

  • Speaker #1

    Oui, dans l'Angleterre, il n'y a pas de problème. Mais en France, c'est très dur d'exister en tant que rock. Déjà, quand tu sais que tu discutes avec les gens et que tu n'as pas... En fait, des gens qui ont besoin de toi, de ton talent, mais qui ne te font pas confiance au niveau de la personne, et qui pensent que tu es ingérable, alors qu'ils ne te connaissent pas. Je trouve ça hallucinant qu'une personne te regarde et qu'elle ait peur d'avoir une relation avec toi.

  • Speaker #0

    Qu'ils te jugent juste sur la couverture du bouquin.

  • Speaker #1

    C'est incroyable, mais ça arrive vraiment ici. Ça, c'est pas juste. Voilà.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Non, non, je comprends. Parce que tu portes un maquillage, parce que tu as les vêtements jaunes, parce que... Il y a beaucoup de collègues à moi qui ne croient pas ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu te trompes quand tu dis ça ?

  • Speaker #1

    Oui, mais ils ne sont pas contents. En fait, ils ne sont pas contents à quel point...

  • Speaker #0

    Ah non, je...

  • Speaker #1

    À quel point un producteur ou quelqu'un peut être différent avec moi qu'avec quelqu'un d'autre. Ou il peut avoir moins de confiance en moi qu'en quelqu'un d'autre. Et donc voilà, parfois c'est un gros problème. Oui, oui, je comprends.

  • Speaker #0

    Et tu penses que cet album va t'aider à être, en tout cas c'est ta démarche, tu penses qu'il va t'aider à être mieux compris ? Qu'on va enfin te rencontrer vraiment avec cet album ?

  • Speaker #1

    Non mais faire ce métier ça va faire comprendre aux gens que je vis en paix, que je fais de la musique et pour moi je ne suis pas si important que ça mais par contre ce que je fais ça peut être important pour des gens donc du coup ça vaut la peine de le faire exister. Donc moi normalement dans ma tête je fais un deuxième album et un troisième album et même très rapidement si c'est possible.

  • Speaker #0

    Toujours avec la même équipe ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Ça dépend.

  • Speaker #0

    Ça dépend des rencontres ? Ça dépend de celui-là ? Ça dépend.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être avec la même équipe. Il ne faut pas qu'elle soit pareille au premier album. C'est certain.

  • Speaker #0

    Et des lives pour défendre cet album ? Des concerts ? Alors ça,

  • Speaker #1

    je suis en train de voir, en fait, de prendre des accords avec des promoteurs live puisque... Et là, c'est le point fort. Parce que moi, je sais déjà comment mettre en live ces chansons-là. Oui,

  • Speaker #0

    t'es un artiste complet, t'as une esthétique complète aussi, t'as tout un univers en fait. Quand on prend Michelangelo, on le prend entier. C'est ça.

  • Speaker #1

    C'est dommage sinon.

  • Speaker #0

    Bah oui, on perd quelque chose.

  • Speaker #1

    Donc voilà, j'ai vraiment une idée pour le live, totalement.

  • Speaker #0

    Forcément, un concert à la hauteur des ambitions que tu as, ça ne doit pas être simple à mettre en place.

  • Speaker #1

    Musicalement, oui, c'est même pas cher. Après, ça dépend... Ça dépend de Paris, ça dépend de la France, voilà,

  • Speaker #0

    plein de choses. Mais tu peux l'emmener à l'international aussi, parce que tu n'as jamais que deux titres en français, le reste c'est de l'italien et de l'anglais, donc...

  • Speaker #1

    Il est fait pour tout le monde, pour la personne que je suis, je ne suis pas une personne qui...

  • Speaker #0

    Tu envisages de l'emmener en Chine ? Là-bas, tu es très très...

  • Speaker #1

    J'ai déjà joué à l'album en Chine, oui.

  • Speaker #0

    Et là-bas, ça cartonne ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai beaucoup de fans, mais qui commencent à devenir des fans spécifiques.

  • Speaker #0

    Spécifiques, tu veux dire à Mozart par exemple, ou spécifiques à toi ?

  • Speaker #1

    Non, des spécifiques à moi, à mon univers vraiment.

  • Speaker #0

    Ça c'est génial ! Oui,

  • Speaker #1

    chose qui est géniale pour moi, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux, pour finir là-dessus, nous partager une réflexion sur la chanson, justement en France aujourd'hui ? Toi, qu'est-ce que tu penses de ce qui se passe, de ce qui va se passer ? Qu'est-ce que tu espères pour la chanson française aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Il faut que les musiciens se mettent aux armes. les compositeurs aussi, et qu'on la sauve. Aujourd'hui, le business musical, il peut arriver qu'avec des belles choses, avec la qualité, comme ça. Et ils doivent se mettre vraiment à créer une nouvelle chanson française, faire des influences qu'on veut, mais une nouvelle chanson française qui va dans le sens de tout, de tout le monde, et qui représente vraiment le peuple de France.

  • Speaker #0

    Il y a des pistes déjà, tu crois ? Tu as entendu des choses, tu entends des choses qui te paraissent prometteuses ?

  • Speaker #1

    C'est une question très difficile à laquelle je me donne un bonus de ne pas répondre tout de suite. Ok.

  • Speaker #0

    D'accord. Et dernière question.

  • Speaker #1

    Il y a des gens qui se donnent cette responsabilité-là d'aller plus loin. Il faut juste qu'on trouve des artistes qui s'expriment vraiment et que chacun ne soit pas la copie de l'autre. Parce que ce n'est pas en copiant qu'on arrive. On a eu de grands exemples de chansons françaises. Par exemple, tous les gens qui ne sont pas souciés du style, comme Michel Berger, qui a sorti son style à lui. Pour quelqu'un, nous avons une belle émotion. Là, c'est de la version française. Pourquoi ? Parce que c'est un français qui s'exprime avec sa musique, avec des accords qui ne ressemblent pas aux accords que tu écoutes à l'international. Le français, il peut être très innovateur.

  • Speaker #0

    Et je suis assez d'accord avec toi globalement. Et du coup, dernière question en fait, celle que je pose à tout le monde. Est-ce que tu aurais, on en parlait juste avant l'interview ensemble, un artiste francophone, français, que tu nous conseillerais ardemment d'aller écouter ? Tu me parlais de Thomas Prado, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ah oui, qui n'est pas célèbre.

  • Speaker #0

    Qui n'est pas célèbre, voilà. Qui n'est pas célèbre,

  • Speaker #1

    ok. Alors, donc oui, il y a des gens qui ne sont pas célèbres parfois comme ça. Alors, donc en Belgique, il y a Olive. qu'elle fait des super morceaux bien arrangés, que c'est quelqu'un même qui mériterait d'avoir une vraie carrière. Et c'est impressionnant, comme tu vois ses vidéoclips, sa musique, c'est impressionnant à quel point c'est abouti. Il y a en France... Thomas Prado, c'est un garçon qui sait faire vraiment des chansons, qui sait vraiment faire de la performance. Voilà ce dont la France aurait besoin. Quelqu'un qui sait faire la scène et qui sait faire aussi la télé et qui sait faire aussi des chansons dans son laboratoire. Voilà, il s'appelle Thomas Prado. Si c'est produit en live, je n'oublierai pas ce que vous allez entendre parce qu'il est vraiment très doué. Et quand il fait des chansons, il décide de faire des super chansons. Il décide de les orchestrer bien, même quand il n'a pas de moyens. Il fait des choses magnifiques. Il trouve des potes pour faire des vidéoclips. Et c'est des vrais vidéoclips. Alors franchement, Quand tu as des gens à tout faire comme ça, qui savent tout faire et qui le font bien, même quand ils ne sont pas en sous, il faut sauter sur l'occasion. Donc Thomas Prado, je vous conseille. Mais si un jour, aujourd'hui, une maison de disques le signe, il va te faire un album qui est une merveille.

  • Speaker #0

    Voilà. Ah ben ça, tu nous l'as bien vendu, écoute. Je pense qu'on va tout de suite aller l'écouter. Ben écoute, je te remercie.

  • Speaker #1

    C'est toujours honorable pour moi, pour l'artiste.

  • Speaker #0

    Sacha Guitry disait que le silence qui suit Mozart, c'est encore du Mozart. Je crois que le silence qui suit Michelangelo Loconte, c'est encore du Michelangelo Loconte. Je garderai de cet échange sa chaleur italienne, sa passion pour l'art et son sens de la responsabilité vis-à-vis du public, l'envie d'une musique sans concession et d'un partage résolument humain, où la technologie doit rester un outil pour ne pas devenir une menace. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode. S'il vous a plu, faites-le découvrir à vos amis en le partageant sur vos réseaux ou laissez-nous une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute favorite. Et n'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode. Vous pouvez aussi vous abonner à notre playlist sur la chaîne YouTube Providence Prod et sur les plateformes d'écoute. Enfin, rejoignez-nous sur le compte Instagram Providence.prod et faites-nous part de vos coups de cœur qui rejoindront peut-être la playlist. Merci beaucoup à Ruben MG pour l'habillage musical de ce podcast. Et puisque la musique, ça se partage, en attendant le prochain épisode,

  • Speaker #1

    parlons chansons.

Description

Je reçois aujourd'hui Mikelangelo Loconte, le célèbre interprète de Mozart dans Mozart l'Opéra Rock à l'occasion de la sortie de son premier album solo "Art Décade", réalisé par Eric Serra.


Une fois n'est pas coutume, on franchira les frontières de la variété française, puisque Mikele est italien et n'a pas grandi bercé par nos grands artistes.


Pour autant nous évoquerons Jacques Brel, Charles Aznavour, Claude Barzotti, Jacques Higelin, Zazie Marc Lavoine, Michel Berger et même Plastic Bertrand ou Alec Mansion (Leopold Nord et Vous) !


Son oeil extérieur à notre culture de la chanson française, et son ADN de rocker lui confèrent un regard neuf, parfois un peu critique mais résolument bienveillant sur notre variété.


Pour lui, être artiste c'est avoir une responsabilité vis à vis du public. C'est créer avec son coeur et ses tripes, partager avec d'autres artistes, utiliser la technologie mais ne pas la laisser créer à notre place, savoir se vendre sans confondre information et propagande...


Faire des chansons pour faire du bien aux autres et aussi pour se faire comprendre.


J'espère que vous prendrez plaisir à découvrir cet artiste hors norme et extraordinairement attachant et que vous irez découvrir son album.


Quant à lui, en fin d'épisode ill vous fera découvrir deux artistes :


Olive, une chanteuse d'origine belge :

https://www.youtube.com/watch?v=z4KyEje_w0I


Et Thomas Pradeau, auteur compositeur et chanteur français

www.youtube.com/@ThomasPradeau



Merci d'avoir écouté cet épisode. Dont Ruben MG a composé les génériques et l'habillage


La plaît-liste est sur Spotify

https://open.spotify.com/playlist/6AqcJznoUlUhkw408H4lCp?si=AlBg4YDnSk6XI1CmZLAv_Q&pi=QZmd70eyQo--U

Et deezer:

https://dzr.page.link/S7ApTtZispBnH3DU7


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Parlons Chansons. Dans chaque épisode, on déroulera la bande-son en français dans le texte de la vie d'une personnalité qui nous parlera de son actu, de ses projets et qui partagera ses derniers coups de cœur, des pépites méconnues de la chanson française qu'elle a envie de mettre à l'honneur. Je suis Sauvane Delanoë, auteure, comédienne et chanteuse. Mais ça, vous ne le savez pas, puisque mon podcast n'existait pas avant et que personne n'a eu l'occasion de vous parler de moi. Sauf que maintenant... ça va changer et j'ai envie de donner cette chance à plein d'artistes. Alors, si la chanson française, ça vous parle, restez avec nous et parlons chansons. L'épisode d'aujourd'hui sort un peu des sentiers battus. Mon invité n'est pas français et il n'a pas grandi avec la variété française. Pour autant, il est chanteur, auteur, compositeur, artiste touche-à-tout et éclectique. Je le reçois à l'occasion de la sortie de son album Art Decade et je sais que vous serez sensibles à son parcours et à son discours chaleureux et sincère. J'ai l'honneur de recevoir Mozart en personne. Michelangelo, lo conti. Donc déjà, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation, ça me fait très plaisir. En plus, j'ai interviewé il n'y a pas longtemps Diane Dacini, et maintenant j'ai Mozart en personne.

  • Speaker #1

    C'est pas mal.

  • Speaker #0

    Donc je vais commencer par la même première question que celle que je pose à tout le monde. Pour toi, c'est quoi la variété française ?

  • Speaker #1

    Pour le moment, si tu me demandes ça, pour moi, elle n'existe pas. Elle existait, certes, c'était une grande musique aimée par le monde entier, pas seulement par les Français. Donc c'était partagé, c'était à l'unanimité. Tout le monde adorait la musique française, tout le monde adorait la patte de la musique française. Aujourd'hui, la variété française, pour moi, elle n'existe pas, puisqu'elle a pris des influences à tort. Et ça ne marche pas. Je peux le dire avec les oreilles d'un étranger, qui connaît la musique qui se fait ailleurs, surtout. Non, c'est pas assez pour séduire à l'international. Non, moi je pense qu'on peut très bien valoriser la French Touch, que par contre, elle, elle s'est exportée. Et ce qu'on appelle la French Touch, que c'est une musique électro-française, donc du coup, celle-là, oui, elle est valide, puisqu'elle a eu des artistes qui ont vraiment proposé des choses assez originales.

  • Speaker #0

    Celle qui existait avant, donc pour toi, ça s'est arrêté quand à peu près ?

  • Speaker #1

    La grande chanson française, qu'on peut définir la variété française, quoi. Alors ça, c'est intouchable, ça c'est sacré. Mais avec le départ de gens comme Morane, comme ça... La variété française, aujourd'hui, les jeunes ne la proposent pas.

  • Speaker #0

    D'accord, je crois que je partage ton analyse.

  • Speaker #1

    Ah, merci. J'ai toujours peur de dire ces choses-là. Non,

  • Speaker #0

    non, je trouve que c'est très pertinent.

  • Speaker #1

    Vaut mieux dire qu'on pense que...

  • Speaker #0

    C'est très pertinent, je trouve. Et toi, comme tu es née en Italie, forcément, tu n'as donc pas baigné dans cette musique française, et pour cause, puisque tu as dû la découvrir beaucoup plus tard, j'imagine. J'ai vu quand même, quand tu étais enfant, tu étais... plutôt un élève turbulent et donc tu t'es tourné très tôt vers beaucoup d'arts différents, le dessin, le théâtre... Et la musique elle avait déjà une grande place pour toi ou c'est arrivé un peu après ?

  • Speaker #1

    La musique elle avait la plus importante place pour moi dès le départ mais j'ai fait autre chose parce que j'ai fait une école de dessin et d'art j'ai même fait de l'architecture d'intérieur, j'ai un peu tout fait.

  • Speaker #0

    Tu dessines des bijoux aussi non ?

  • Speaker #1

    Oui oui. J'ai besoin de ne pas faire seulement comme... En plus, je connais beaucoup d'artistes qui ne font pas qu'un art. C'est qu'on ne le sait pas, mais les artistes, ils touchent parfois à deux arts en même temps. Et donc, je suis un peu dessinateur, peintre, sculpteur comme ça aussi. Et oui, à bout d'un moment, on s'est créé. Je voulais faire partie d'une rock band et j'en ai eu la possibilité parce que parfois, les désirs, ça se réalise tellement qu'on les désire. Je me rappelle, à un moment, j'étais petit, j'allais avec le vélo. Je suis sorti de mon quartier, chose qui m'était interdite par mes parents. Et je me suis retrouvé dans un autre quartier où il y avait un concert à ciel ouvert, c'est-à-dire... On bat d'animaux, c'était une fête des quartiers.

  • Speaker #0

    T'as grandi dans les Pouilles, c'est ça, en Italie ? Oui,

  • Speaker #1

    dans les Pouilles, dans le sud de l'Italie. D'ailleurs, il y a une chanson dans mon album qui parle de ça, qui s'appelle « We are South » . On est au sud. Et là, j'ai découvert un groupe qui jouait et là j'ai dit ok d'accord je sais ce que je veux faire, je veux faire ça. Et oui j'ai voulu vraiment me mettre sur scène, faire une rock band, c'était l'époque de la New Wave. Et pour finir voilà j'ai fait une rock band New Wave qui s'appelle Art Decade, qui est aussi le titre de mon album et j'expliquerai pourquoi après. D'accord,

  • Speaker #0

    et donc tu as commencé à chanter à ce moment-là, tu as gagné des concours en Italie, notamment un concours pour la RAI qui s'appelait le... La Fête des Inconnus, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un festival. Ce n'est pas tellement pour ce festival, c'est pour la personne qui l'organise. C'est pour la personne qui l'organise. C'était Rita Pavone, qui est une grande star en Italie. C'était vraiment une grande artiste. Elle faisait du cinéma en même temps que de la musique. Elle m'a appris beaucoup de choses. Elle faisait ce concours. D'ailleurs, une des choses qui était belle de ce concours, c'est que c'était les artistes qui votaient l'artiste préféré. Tu devais voter l'artiste que tu préférais, sauf toi-même. Bien sûr. Et donc, à l'unanimité,

  • Speaker #0

    Avec la chanson, c'est là qu'elle s'était... Aria ?

  • Speaker #1

    Aria.

  • Speaker #0

    Après, tu as fait le festival de musique de Castrocaro, si je ne dis pas de bêtises. Oui. Là, avec une autre chanson qui s'appelait... J'ai cherché, hein. Adonimo. Je crois en toi Reste à sourire

  • Speaker #1

    Dans les terres francophones, il y avait moins de... À cette époque, c'était un moment où l'Italie vivait une crise de variété italienne, comme elle est aujourd'hui en France. Elle ne proposait rien de bon, et au festival de Sanremo, notre festival, il y avait vraiment de la musique pas super. Et donc, dans ce contexte... C'était quel année ?

  • Speaker #0

    C'était 2001 ?

  • Speaker #1

    C'était avant.

  • Speaker #0

    Avant 2001,

  • Speaker #1

    d'accord. Avant le 2000, dans les années 90. Ok.

  • Speaker #0

    Oui moi je me suis arrêtée en variété italienne à l'époque de Gianna Nannini avec Imaschi qui avait cartonné en France aussi. Je sais pas s'ils avaient cartonné en Italie mais en France oui.

  • Speaker #1

    Oui un peu toujours trop mélodique mais c'était toujours du rock, c'était Gianna Nannini, c'était toujours quelque chose.

  • Speaker #0

    Mais ça a toujours été très mélodique la musique italienne quand même. Oui. Historiquement je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui parfois dans le sens bon du terme.

  • Speaker #0

    Le rock est arrivé plus tard, maintenant par contre c'est un vrai rock italien.

  • Speaker #1

    On a toujours eu du rock italien sauf que les gens ne le savaient pas. et grâce à internet et grâce à mon skin, voilà là on est dévoilé, tous les rockeurs italiens on est seuls Là on est à jour, je ne remercierai jamais assez ce groupe de jeunes qui ont réussi à faire comprendre au monde entier qu'il existe un vrai rock en Italie et que c'est pour de vrais et que c'est authentique.

  • Speaker #0

    Et en italien en plus parce que les premiers albums sont en italien et ça sonne Parce que c'est très compatible. Et donc comme le rock tu pouvais pas en faire en Italie, t'as exporté ton univers...

  • Speaker #1

    A cette époque non A cette époque, l'Italie s'est éloignée du rock, donc j'ai dû partir. Et sous conseil de Laura Pausini, je suis allé dans les terres francophones, où j'avais une opportunité. C'est Barzotti qui m'a appelé.

  • Speaker #0

    L'autre Barzotti, oui.

  • Speaker #1

    Parce qu'il voulait que je fasse une comédie musicale pour lui.

  • Speaker #0

    Les nouveaux nomades.

  • Speaker #1

    Oui. En étant vraiment honnête avec vous dans l'interview, je me suis rendu juste parce que c'était les terres francophones dont le père de Laura Pausini parlait. Je ne suis pas allé par intérêt de comédie musicale ou musicale. Je suis allé parce que ça me permettait de travailler à l'étranger. et dans le lieu qui m'avait expliqué le père de Laura Pausini, où il y avait la possibilité de trouver des vraies usines, des vrais studios d'enregistrement, dont les CP.

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    à Bruxelles. Où j'ai enregistré mon album. Qui avaient encore des vrais studios, où la musique était encore quelque chose de très sérieux.

  • Speaker #0

    Et donc finalement, elle ne s'est pas faite cette comédie musicale avec Claude Barzotti ?

  • Speaker #1

    Non, elle ne s'est pas faite, elle était bien travaillée. Il avait même contacté Franco Dragone, et puis il fallait la mise en scène. Jean-Luc Moreau, donc des metteurs en scène vraiment de théâtre français. Et donc ils avaient fait cette comédie musicale, qu'après elle ne s'est pas faite parce que voilà, les gens ne l'acceptaient pas, ça s'est pas fait.

  • Speaker #0

    Mais toi tu parlais à peine le français, t'as tout enregistré en phonétique.

  • Speaker #1

    Je ne parlais pas le français. Donc j'ai entendu... En fait, c'est un truc très drôle quand Barzotti m'a demandé de faire la maquette de la comédie musicale, et qu'il m'envoyait l'enregistrement, moi je croyais qu'à partir de l'enregistrement je devais faire la maquette. Je pensais pas qu'il pouvait m'amener la PBO, me donner la PBO comme ça. Donc du coup je l'ai pas vite répondu, mais j'ai refait tous les arrangements. J'ai tout enregistré sur mon clavier et j'ai chanté ma version de la chanson et je lui ai envoyé. Et là il a halluciné, il a fait « Wow ! Tu as tout refait ! » Alors que moi j'attendais juste une réponse pour t'envoyer le pubio.

  • Speaker #0

    Tu maîtrises beaucoup d'instruments toi en plus.

  • Speaker #1

    Au niveau de mon laboratoire, de ma composition, oui. Je ne vais pas le faire sur scène parce que je connais des musiciens que j'apprécie beaucoup plus que moi et mes mains.

  • Speaker #0

    Oui, mais par contre, effectivement, tu parles la langue des musiciens, donc tu sais ce que tu veux.

  • Speaker #1

    Ah ça, oui. Je suis axé à la sensibilité des musiciens. Même parfois quand on fait des concerts avec des musiciens en live, ils me disent que j'aime bien parce que tu as l'écoute.

  • Speaker #0

    Oui, j'en parlais, moi, il n'y a pas très longtemps avec Fifi Chayeb. Et je sais qu'il avait adoré faire cette tournée avec toi.

  • Speaker #1

    Ah non, lui c'est un artiste, pas seulement un bassiste.

  • Speaker #0

    Un vrai artiste, c'est clair. Et donc, du coup, le français, c'est quand même une langue très compliquée. Tu l'apprends en chantant, en travaillant ?

  • Speaker #1

    J'ai dû enregistrer avec le légendaire Bernard Estardi, au CBS Studio. Donc j'ai travaillé avec lui pour connaître vraiment l'union entre moi, qui n'avait pas beaucoup d'expérience, et lui qui avait trop d'expérience. Et la conversation qui était facile entre nous deux. Ça, c'était quelque chose. Parce que l'amour de la musique, ça nous liait. Quand tu aimes vraiment de la musique, il y a de la conversation avec même des grands comme ça. Quand tu ne le fais pas pour le succès, c'est important. Bernard de Sardi m'avait appris à enregistrer et c'était un moment super. J'imagine. J'écrivais la phonétique en fait comme ça, en français, et je répétais ce que je lisais de ma main comme ça pour pouvoir faire en sorte que ça ressemble au français. C'est fou ça.

  • Speaker #0

    Mais même là, quand tu parles, tu as toujours un accent italien assez prononcé. mais quand tu chantes, là les français t'ont découvert dans Mozart, c'est assez bluffant, t'as quasiment plus d'accent dès que tu chantes.

  • Speaker #1

    Parce qu'on s'entend chanter mais on s'entend pas parler. C'est-à-dire qu'en ayant le contrôle de ma voix, je suis obligé d'avoir le contrôle aussi de la prononciation quand je chante parce que je m'écoute quand la voix sort, mais quand on parle c'est instinctif, ça va trop vite donc du coup tu n'arrives pas à rectifier en temps réel. Nous les chanteurs on sait rectifier en temps réel. On chante et pendant qu'on chante on maîtrise.

  • Speaker #0

    Et donc tu as travaillé là-bas en Belgique, tu as même arrangé des titres pour des chanteurs belges apparemment d'après ce que j'ai lu. Tu as été directeur artistique, c'est ça ?

  • Speaker #1

    À chaque fois que les gens me trouvaient un talent, c'est pas que je me suis proclamé quoi que ce soit, c'est qu'à chaque fois que je montrais ou que je prouvais que j'avais du talent sur certaines choses, les gens me donnaient plus d'estime peut-être ou alors plus de possibilités de le prouver. Parfois, je me suis retrouvé directeur artistique, parfois je me suis retrouvé arrangeur, tout en sachant qu'arrangeur, ce n'est pas juste avoir le goût de la musique, c'est vraiment un vrai métier. Quand tu te retrouves en train, que tu es obligé à faire un arrangement, et t'es le seul qui peut le faire, mais tu le fais. Après, en travaillant avec Jean-Pierre Pilot, je me suis rendu compte qu'arrangeur, c'est vraiment un métier et que ça va même avec l'analyse de la chanson, avec le texte. Bien sûr,

  • Speaker #0

    un bon arrangement peut sauver une chanson, comme un mauvais arrangement peut la tuer, c'est clair.

  • Speaker #1

    Ouais, moi, par exemple, j'avais... Je pouvais cacher un texte par mon arrangement. Et c'est pas le but.

  • Speaker #0

    Eh oui, bien sûr, je comprends ce que tu veux dire. Et du coup, tu travailles avec des artistes francophones en Belgique. Tu as des artistes comme ça qui te restent en tête, qui t'ont marqué pendant ce parcours-là ?

  • Speaker #1

    Oui, Morgane, qui avait fait l'Eurovision en Belgique. Tu dis cela ? Après, non pas spécialement. En fait, je faisais des arrangements. Aujourd'hui, j'ai même travaillé avec des gens. J'ai travaillé beaucoup de gens, avec beaucoup de musiciens qui après, ils sont allés dans les équipes de Morane, Lara Fabian. Donc, ils se sont retrouvés en fait, Tin Arena, comme ça.

  • Speaker #0

    Et tu as une... Du coup, ta culture de la musique, de la chanson française, elle s'est étoffée à ce moment-là en... en arrivant dans des terres francophones ?

  • Speaker #1

    Moi quand je suis arrivé j'étais seul, totalement seul, j'étais un italien, donc respecté un peu pour ça. Grâce à des gens comme Giovarizuto par exemple, un ami guitariste, qui était guitariste de Morane aussi, je suis rentré dans la mentalité. C'était des gens qui parlaient en même temps italien, en même temps français, et qui m'apprenaient comment se comporter en France, en Belgique, comment faire de la musique. Ils m'ont donné la possibilité de travailler dans les bistrots live, d'un ami à moi, Bouledou. Sa femme aussi travaillait avec moi pour Mona Morey, elle a travaillé dans mon album donc voilà comme ça. Et donc j'apprenais en fait dans les terres francophones à travailler. Je suis passé par la Suisse, par la Belgique et par la France.

  • Speaker #0

    Il y avait des artistes qui te touchaient particulièrement justement dans ces expressions francophones, même si tu étais là plus pour faire du rock ? Est-ce que la chanson de l'époque, il y a des choses qui te...

  • Speaker #1

    En Belgique, tu as la possibilité de connaître les artistes... plus facilement comme tous les connus en France, parce qu'ils viennent se relaxer en Belgique. Ils boivent un verre tranquille et peuvent se trouver à parler ou avoir une conversation avec n'importe qui. Et c'est l'intérêt de la Belgique, c'est le charme de la Belgique. Donc ça m'est arrivé d'avoir plus de proximité avec les grands artistes français en Belgique quand je n'étais personne, que pas en France quand j'avais déjà la carrière de Mozart au Péanar. J'ai eu des grandes conversations avec Marc Lavoine en Belgique, j'ai connu Zazie. Un truc par exemple que j'ai adoré, c'est de faire un duo avec Plastique Bertrand, qui m'a appelé en fait, il m'a vu sur scène et il a dit « Est-ce que tu voudrais présenter cette nouvelle chanson avec moi ? » Sauf qu'il était en francophonie, donc c'était devant 10 000 personnes à ce moment-là. Et devant 10 000 personnes, on s'est produit à chanter cette chanson avec lui, en sautant sur scène. Et ça moi j'ai adoré ! J'ai connu un artiste qui voulait me produire en Belgique, qui s'appelle Alec Mansion. Un seigneur quoi, mais vraiment, j'adorais le vrai intérêt de la musique, les vraies conversations de musique.

  • Speaker #0

    C'est un super parcours en tout cas. Et tout ça t'a amené comment à Mozart ?

  • Speaker #1

    À l'époque, suite justement à un rencontre avec Zazie, j'ai connu les musiciens de Zazie. Et en connaissant les musiciens de Zazie, j'ai connu Jean-Pierre Pillot. Jean-Pierre Pillot était à la base, il était compositeur du projet Mozart l'Opéra Rock, avec Olivier Schultes, avec... Et c'est comme ça qu'on s'est connus. Il m'a repéré donc en Belgique, il n'en a pas l'air de Vatia. Au départ, j'ai refusé le projet parce que j'avais peur. Tu sais, la France, c'est un pays de puristes. Donc, j'avais peur qu'ils fassent mon art en variété française. Et je n'étais pas d'accord. J'aimais trop mon art pour faire ça. Donc, du coup, j'en avais très, très, très peur. Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'Opéra Rock, le précédent Opéra Rock en France, c'était Starmania, sinon on n'en a pas eu.

  • Speaker #1

    Alors là, c'était magnifique. Mais ça faisait longtemps.

  • Speaker #0

    Mais ça faisait longtemps et sinon après les opéras rock, c'est plutôt une culture anglo-saxonne. Jésus Christ Superstar, Evita, enfin... Exact. Toutes les oeuvres d'André A. Weber, Tommy bien sûr.

  • Speaker #1

    Je m'interrogeais assez beaucoup de ça, donc du coup, quand ils m'ont contacté, j'ai refusé en bloc. Après, heureusement, j'avais des amis tellement amis qu'ils ont réussi à parler encore avec la production et dire « Vous ne comprenez pas, c'est parce que vous aimez tous les deux la musique, c'est pour ça que ce mec-là, il n'est pas... » Il a refusé, vous ne comprenez pas. Donc, du coup, on s'est eu à nouveau au téléphone, grâce à des grands amis que j'avais à l'époque, et que j'ai encore aujourd'hui, les mêmes. Et donc, du coup, j'ai réussi encore à me parler avec Jean-Pierre Pileau. On s'est compris au téléphone. Donc, je suis allé faire l'audition de Mozart, comme tout le monde. Donc, Jean-Pierre Pileau m'a dit, tu viens, si tu arrives à les convaincre tous, on va en parler. On va en parler du design de cette opéra rock. Et déjà, quand il a dit opéra rock, j'ai fait, quoi ? Opéra rock ?

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    Je comprends pourquoi tu viens chez moi. Ok, d'accord. Il avait compris que j'étais un chanteur de rock. Donc déjà, ça, ça m'avait plu. Quand j'ai su que c'était Olivier Daon, la mise en scène, il venait à cette époque-là de l'Oscar. Et donc là, j'ai dit, ok, là, ça rigole vraiment pas comme projet. Donc il va y avoir des artistes qui vont travailler dessus. C'est pas que des producteurs. Et donc là, je me suis approché à ce projet-là. Et j'ai adoré, en fait.

  • Speaker #0

    Même au niveau des paroles aussi, c'est très bien écrit.

  • Speaker #1

    J'étais repéré à l'audition. Florent Mott a été repéré à l'audition. il y a eu des gens en fait que Mélissa Mars elle a j'ai compris, même en sachant que c'était Melissa Marsh qui le faisait, je savais que c'était une artiste alternative. Bien sûr. Et donc j'ai dit, ok d'accord, là, ils cherchent des gens alternatifs pour faire un musical commercial. J'ai dit, ça, c'est une bonne idée. On va peut-être changer un tout petit peu le panorama qu'il y avait à cette époque-là.

  • Speaker #0

    Oui, ça a bouleversé beaucoup de choses en fait. Ça s'est vérifié. Vraiment, ça s'est vérifié. Ça s'est vérifié. Le succès continue encore.

  • Speaker #1

    Je savais que Floor Mott venait du métal, carrément. Ou de Jeff Buckley, de ces choses-là. Donc du coup, c'est un, là, il y a un truc à faire. ça, le divan, la

  • Speaker #0

    Donc ça c'est une aventure qui a duré très longtemps, entre déjà la première inversion au Palais des Sports, après la première tournée, après le retour avec le Symphonie, qui a encore une autre tournée, puis la Russie...

  • Speaker #1

    C'était ma vraie carrière en fait. En un an, j'avais réussi à me définir et me bâtir une petite carrière à moi. Une vraie carrière. Donc là je devenais un artiste pro, avec des responsabilités du coup, parce que quand tu fais ce métier-là, le public devient une responsabilité. Ce n'est pas seulement ton intérêt qui compte, mais c'est aussi l'intérêt du public. Et donc, c'était génial. Donc, j'ai commencé une vraie carrière.

  • Speaker #0

    Derrière, tu as fait une autre comédie musicale qui s'appelle Timeo, qui était une circomédie musicale. Est-ce que c'est simplement un hasard de parcours ? Est-ce que c'est un choix d'aller vers un spectacle un peu plus à taille humaine ? Je dirais, moins ambitieux que pouvait l'être peut-être Mozart ? Non. Quand je dis moins ambitieux, ce n'est pas méchant par rapport au projet, parce qu'il est magnifique en plus, mais ce n'est pas le même genre de grosse machine. Ce ne sont pas les mêmes salles.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas une passion spécialement directe avec le musical, avec le format du musical. donc à chaque fois qu'on me propose un rôle un rôle dans lequel je peux m'exprimer de façon assez particulière, assez transversale, là j'accepte. Le cas de Timéo, c'était un cas où on me proposait vraiment un autre personnage un peu ovni. Ce serait le cas si on me proposait Hamlet.

  • Speaker #0

    Oui, ou le MC dans Cabaret presque, ce genre de personnage un peu décalé.

  • Speaker #1

    Un peu hors norme. J'ai eu une énorme déception pendant Timéo parce que le metteur en scène c'était Alex Goode. Donc même à la base il voulait mettre des moustaches, des faux moustaches.

  • Speaker #0

    Le monsieur loyal attendu.

  • Speaker #1

    Il voulait le monsieur loyal du cirque normal. Alors que moi je voulais donner quelque chose de stellaire, enfin étoilé.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est ce que tu entends dire.

  • Speaker #1

    Stellare. Je voulais vraiment marquer le personnage. J'ai un gros regret à ce niveau là. C'est une idée que je n'ai pas exploité donc c'est très dommage. Évidemment je ne lui en veux pas. Mais c'est vraiment dommage quand tu as une démarche. C'est là que j'ai compris en fait que c'est dur de travailler dans ce pays, en France. Parce que le chant, entre tout, n'est pas spécialement l'artistique. Il y a des situations politiques. Du coup, c'est dur d'être artiste en France.

  • Speaker #0

    Ça fait partie des raisons qui t'ont poussé à te décider enfin à faire ton album ? Enfin, là, tu vas être maître d'oeuvre et faire vraiment... Oui. Toi quoi, ton univers tout amené...

  • Speaker #1

    J'ai eu des années de désert parce que je ne pouvais pas sortir l'album justement parce que les gens ne voulaient pas travailler avec moi, ils voulaient travailler sur moi. C'est-à-dire ils voulaient imposer des choses et utiliser le public qui m'aimait ou qui aimait le musical de Vatia comme ça.

  • Speaker #0

    En voulant refaire Bezard autrement quoi ?

  • Speaker #1

    Alors que j'étais disposé, même en compromis, j'étais disposé à faire de la musique commerciale et tout ça, mais dans le bon sens du terme. Oui,

  • Speaker #0

    commercial ça veut pas dire que c'est pas bon, ça peut être.

  • Speaker #1

    Je voulais que ce soit artistique, qu'il y ait quand même une touche de folie. Donc quand on te propose une chanson normale, alors que tu te maquilles et que tu sors de Mozart à l'opéra rock...

  • Speaker #0

    Déjà, l'approche du personnage était déjà assez décadente, enfin il y a quelque chose de très...

  • Speaker #1

    Déjà assez décadente. Je veux dire, je sors du... Tu sais, moi et Florent Mott, on est sortis de Mozart à l'opéra rock, ils nous ont proposé des chansons qui n'étaient pas rock.

  • Speaker #0

    Oui, des chansons d'amour de jeunes premiers.

  • Speaker #1

    Voilà, tu ne peux pas, tu ne peux pas, en fait, tu ne peux pas chanter la sa symphonie ou alors tout ce que j'ai chanté dans... Ou Tatoumoua. Oui, au Don Monsard L'Opéra, Tatouma qui était un peu inspiré presque à Gin Gin, Gin Gin, David Bowie comme ça. Et donc tu peux pas chanter des trucs comme ça, une chanson OVNI comme Tatouma, sortir et faire une chanson de variété française normale ou mélodique. Bien sûr. C'est impossible, ce serait une erreur et c'est pour ça que je faisais pas l'album parce qu'il y avait des vraies erreurs. des compromis que je ne pouvais pas avoir.

  • Speaker #0

    Oui, cela dit, c'est drôle parce que Diane Dassigny a dit à peu près la même chose en disant après forcément, on avait des contacts dans les maisons de disques et c'est pareil, les maisons de disques voulaient lui faire chanter des choses de Lolita post-adolescente qui était déjà plus de son âge et plus dans sa sensibilité. C'est surtout bizarre de vouloir chercher à fabriquer un artiste en allant à l'encontre de ce qu'il est. C'est un peu compliqué.

  • Speaker #1

    C'était très compliqué, oui.

  • Speaker #0

    Donc cet album, en fait, parce qu'on va enfin parler de ton album quand même, il est mûri depuis très longtemps, en fait. Il est fait de chansons qui datent d'un certain temps. Tu l'as construit au fil des années, en fait, pour arriver à un petit bijou qui te ressemble vraiment. En plus réalisé, parce que forcément, on est obligé de parler des collaborations que tu as sur cet album et d'Eric Serra avec qui tu... vraiment t'as collaboré pour le faire. C'est particulier déjà comme volonté de travailler avec quelqu'un qui vient plutôt de la musique de film, même s'il a fait beaucoup de chansons aussi, il a même fait un album à lui. Et il a travaillé avec Jacky Gellin, déjà ça aussi il s'est décalé. C'est très étonnant, parmi toutes cette rencontre.

  • Speaker #1

    Moi j'avais des propositions de maison de disques. que je ne pouvais pas accepter. Comme par exemple changer totalement de look, enlever le maquillage, comme ça. Je ne pouvais pas accepter parce que ce n'était pas moi. Tu ne peux pas venir directement de la New Wave ou du rock comme ça et faire semblant que tu aimes une autre genre de musique. Pour moi, les jeunes qui sortent aujourd'hui des titres qui ne les correspondent pas, c'est un gâchis immense. Des jeunes qui n'écouteraient jamais chez eux ce qu'ils vont chanter en télé. Tu as envie de leur dire pourquoi tu fais ça. Moi, je me suis déjà trouvé dans une situation où dans une maison de disques, personne n'aimait la chanson. Personne. pas le directeur artistique, pas le chef de la maison de disques, pas le compositeur non plus qu'il avait fait, pas l'arrangeur, pas les journalistes, pas toi, et par contre on se disait, pas l'attaché de presse de tout, par contre on se disait oui mais il faut le faire parce que c'est ce qui va marcher.

  • Speaker #0

    Ah oui mais t'as tout perdu si tu fais déjà une chanson que tu aimes pas.

  • Speaker #1

    Moi je me suis trouvé avec une proposition de chanson où ils disaient oui d'accord le refrain n'est pas bien, on va le changer, le texte n'est pas bien, on va le changer, l'arrangement n'est pas bien, on peut l'améliorer, et comme ça on va voir ce que ça sort. Wow !

  • Speaker #0

    Il faut faire autre chose dans ce cas là.

  • Speaker #1

    Si une chanson ne fonctionne pas, elle ne fonctionne pas, point barre. C'est tout. Je n'ai jamais compris ce discours-là de Maison de Disque comme ça. Dans ce climat-là, un peu de ma faute parce que je n'étais pas prêt, un peu de leur faute, en fait, on retardait toujours l'album. Et moi, je faisais quelque chose que... Je ne sais pas si c'est une qualité ou si c'est un tort. A bout d'un moment, on a annulé le truc. Parce que, en fait, ça ne se faisait pas. Et donc, du coup, je me suis retrouvé à bout d'un moment à être désespéré, à m'imaginer de ne plus pouvoir faire un album. mais j'étais déjà convaincu de le faire à l'étranger. Un jour, avec une conversation avec Noémie Garcia, ma copine, elle m'a dit « Mais existe quelqu'un en France qui pourrait faire ton album ? » J'ai dit « Oui, mais c'est impossible qu'il le fasse. » Existe des gens, par exemple, moi j'ai dit « Quand je vois un concert d'Eric Serra, je vais lui voir toute l'énergie internationale. »

  • Speaker #0

    Mais comment tu connaissais Eric ? Juste par ses musiques de films ?

  • Speaker #1

    Je connaissais ses musiques de films. Ça m'avait déjà touché. Quand j'ai vu le cinquième élément, je me suis rendu compte que la personne qui était derrière la musique... En fait, moi je pense qu'Eric Serra, c'est un artiste que... C'est un artiste implacable. C'est-à-dire que tu ne peux pas faire semblant qu'il n'existe pas dans un film. C'est-à-dire que si tu vois un film avec la musique d'Eric Serra, forcément ça t'arrive la musique. Sa musique n'est pas seulement au service du film. Elle est assez somptueuse pour exister en même temps.

  • Speaker #0

    C'est clair, moi j'ai redécouvert ces musiques du film. En fait, la première fois que je t'ai rencontrée, c'est à Courbevoie, à un concert d'Eric. Moi je venais voir Eric parce que mon fils est bassiste et il voulait voir Eric en concert. Moi je ne connaissais pas son travail avec son groupe. Je connaissais ces musiques de films, bien sûr, mais je m'étais toujours dit, très bêtement et je l'avoue, qu'en fait, on connaissait ces musiques parce que les films avaient été des succès. Et en fait, en écoutant ces musiques sans voir les images, je me suis dit, mais en fait, c'est pas vrai. Les musiques, elles existent sans l'image et peut-être même ce serait l'inverse. Peut-être même, c'est les musiques qui rendent le film inoubliable peut-être encore plus que l'inverse. Effectivement, il a une patte et une présence artistique énorme. Je comprends. Donc que t'es craqué sur le cinquième élément.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est-à-dire que vous ne pouvez pas faire abstraction d'Egnio Morricone dans un film de... Je ne sais pas quel réalisateur... C'est pour ça que Léon est... C'est pour ça que tu ne peux pas faire semblant que ces compositeurs n'existent pas. Tu ne peux pas juste regarder le film. Donc quand tu vois Léon, par exemple, et tu écoutes la musique, ou quand tu vois Le Cinquième Élément et tu écoutes la musique, tu te rends compte en fait que c'est un immense travail des deux. En fait, c'est les deux qui ont fait succès. C'est Éric Serra et Luc Besson. Et après avoir fait Le Grand Bleu, qui en plus en Italie n'était pas connu, je me suis rendu compte à quel point les Français étaient marqués.

  • Speaker #0

    Dans le film, oui.

  • Speaker #1

    pas le personnage, pas le film, mais pas le personnage d'Eric Serra. Donc du coup, une chose que j'aurais pu faire de bien pour que mon album il existe, c'est lui donner une patte internationale avec une énergie internationale. Le problème que j'avais en France c'est que quand on arrivait au moment de l'enregistrement, tout était fade, petit et faible. Et moi je ne peux pas m'exprimer comme ça, on peut pas faire du rock de cette façon là. En tout cas dans mon pays on fait pas du rock comme ça. La preuve c'est les monneskins, ça tape pour de vrai, ça joue pour de vrai. C'est pas des conneries, on est là, on est authentique, c'est la jeunesse, c'est la vraie démarche. C'est un train qui marche dans la gueule du public en fait, c'est ça qu'il faut faire. Eric il fait ça. Alors même pour qu'il peut le définir jazz comme ça, Eric il a cette énergie de rock ou cette spontanéité africaine même. C'est ça,

  • Speaker #0

    c'est très très animal.

  • Speaker #1

    Moi j'ai connu Eric Serra à l'Hôtel Coste avec une femme qui travaillait dans la mode totalement, une fille vraiment au perche-monte, très bizarre. qui nous a présenté vraiment d'une façon vraiment trop rigolote. Et donc du coup, c'était une soirée très particulière. Je suis même fini à la maison d'Ophélie Winter ce jour-là. Voilà. Et donc, du coup, j'ai connu Eric Serra et l'attraper. Eric Serra, tu dois absolument connaître ce garçon. Donc du coup, lui, ça l'a fait beaucoup rire. Après, j'ai commencé à aller voir ses concerts. on a pu se parler et un jour Noemi Garcia, ma copine, m'a conseillé « Mais pourquoi tu ne lui demandes pas ? Est-ce que tu veux faire les directrices ? Au pire, il va te rediriger sur quelqu'un d'autre. Au pire, il va te dire comment mettre de l'énergie dans ton album. Il faut parler avec les justes gens, au moins discuter avec les justes gens. »

  • Speaker #0

    Donc c'est à Noemi qu'on doit cette merveilleuse idée ? Oui ! C'est bien !

  • Speaker #1

    Je l'ai invitée à l'Hôtel Corse. Noemi m'a suivi, donc elle est venue aussi. On a discuté avec lui et je lui ai expliqué mon projet. Donc il a rigolé évidemment parce que ce projet ça ressemble pas au mien. Mais Eric quand tu le connais c'est un rockeur. Et moi j'estime avoir beaucoup de caractéristiques de l'original rockeur, vraiment de comment il se comporte un rockeur dans la vie. Avec assez de gentillesse. Parce que t'as jamais vu des artistes de variété française qui met les sharps, qui se la racontent, qui collent comme ça. C'est un truc de la variété mondiale que ces artistes là en fait ils ont cette vanité comme ça. qui n'existent pas chez les rockeurs. Parfois, ils arrivent à être plus beaux parce que Mick Jagger est beau, même aujourd'hui, même sur scène. Mais il n'a pas cette vanité-là.

  • Speaker #0

    Tu crois que l'humilité, c'est l'apanage du rock, tu crois ?

  • Speaker #1

    Les rockeurs, ils ont un comportement. Et Eric Serra, il a ce comportement-là, il a ce caractère-là. Et donc, du coup, c'est facile de discuter avec lui, surtout de musique, de tout ce qui nous passionne. Et donc, du coup, ça s'est bien passé. Ça s'est passé comme deux portes qui buvaient un verre. Eric a mis de côté sa célébrité, de côté son importance. Et c'est le cas des gens comme Paul McCartney, qui essaie de mettre à l'aise les autres par rapport à leurs célébrités. Un jour, j'ai vu une interview de Paul McCartney qui a dit que c'est à moi de mettre à l'aise les gens, parce que les gens ne seront jamais à l'aise devant moi. J'ai vu des grandes personnes, vraiment des personnes très importantes, être gentilles avec moi. Moi, j'ai vu Aznavour me parler directement, comme si je n'existais que moi. J'ai vu Romain Duris me donner de l'attention. J'ai vu Alain Delon quand il m'a serré la main. qu'il était humble avec moi. Comment il peut, Alain Delon, être humble avec moi ? C'est impossible. Il a été... D'ailleurs, il m'a appris quand je l'ai vu faire. J'ai dit, ah voilà, donc on peut être comme ça, avec quelqu'un d'aussi petit par rapport à toi. Là, j'ai compris. C'est vraiment le déclic, c'était Alain Delon. Et là, j'ai compris la démarche de beaucoup de rockeurs, en fait, qui essaient d'être eux-mêmes, de ne pas perdre cette étincelle de Peter Pan, comme ça, qu'on a en nous. Et c'est génial, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, t'as un peu, toi, le syndrome de Peter Pan.

  • Speaker #1

    Oui, on va dire oui. On va dire oui. Donc du coup j'ai réussi à discuter vraiment avec Eric Serra, à m'entendre bien et c'est pour ça que mon album c'est le fruit d'une amitié, ce n'est pas quelque chose qu'une maison de disques a dû assembler comme un puzzle qui ne marche pas. Ce n'est pas politique, ce n'est pas forcé, c'est que des bonnes énergies, que des gens qu'on connaissait déjà qui pouvaient jouer sur mon album. On l'a fait vraiment avec du talent, sans problème, en faisant des dîners en même temps, on a fait plus de dîners que... que de rendez-vous presque. Et voilà, c'est la vraie vie. C'est là que la vie elle vaut la peine d'être vécue. Oui,

  • Speaker #0

    je t'ai entendu dans une interview parler de l'album en te disant que tu... que tu étais content parce que tu trouvais ça beau, mais pas seulement la musique, que tu te trouvais beau en le faisant. Ça a un rapport avec le clip de Rendez-vous au pont où on vous voit au studio. C'est Eric qui a dit ça. J'ai tellement compris cette phrase. Vous êtes très beau sur ce clip en fait.

  • Speaker #1

    Eric il a dit en fait que là je pense qu'on est beau comme on veut être beau, c'est-à-dire au travail.

  • Speaker #0

    C'est des images qui sont très émouvantes, je trouve, vraiment. Parce qu'il y a beaucoup d'amitié, c'est très sincère, ça n'a pas du tout l'air d'un clip... Il y a beaucoup de clips qui sont tournés en studio, mais où tu te dis, bon, il a pris la caméra, il est revenu, il a fait des plans exprès parce qu'on n'a pas le plan du chanteur derrière le micro.

  • Speaker #1

    On filmait la réalité.

  • Speaker #0

    Et là, c'était la vérité.

  • Speaker #1

    On filmait la réalité, on ne faisait pas une mise en scène pour le public.

  • Speaker #0

    Oui, ça se voit et c'est très...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, Eric, ce n'est pas un mec qui fait des mises en scène. Même quand il fait des vidéos, il les fait authentiques. Oui, oui, je suis sur Instagram. Il ne se fait pas juste la promo comme ça. Et ça, c'est... C'est un bon enseignement, même pour les gens comme moi, c'est-à-dire de voir des grands qui ne savent vraiment même pas les vidéos comme ça, parce que les jeunes, ils doivent comprendre aujourd'hui la différence entre propagande et information.

  • Speaker #0

    Mais comment tu fais, justement, puisque là, ton album, à l'heure où on fait l'interview, il n'est pas encore sorti, mais à l'heure où l'interview sera diffusée, il sera sorti puisqu'il sort le 25 avril. Comment tu fais, justement, aujourd'hui, pour concilier, d'autant que tu es... toi le maître d'oeuvre de ton album en fait, tu n'as pas derrière un Universal ou quelqu'un comme ça qui s'occupe de ta promo, c'est toi qui gère tout ça. Comment tu fais justement pour faire une promotion sincère et authentique, en sachant que tu vas forcément être obligé d'y mettre beaucoup de moyens personnels, sans tomber dans la propagande justement ? Quel conseil tu donnerais à ceux qui doivent parler de leur musique ? Comment tu en parles sans que ce soit de la propagande ?

  • Speaker #1

    Imaginez-vous un resto, d'accord ? Le resto, il est bondé de monde parce que tu fais de la bonne cuisine, parce que tu fais gaffe à ce que tu fais. Tu n'en nagues pas le consommateur, tu n'en nagues pas le client qui vient payer son plat. Si tu vas bien, c'est logique. Si tu as de la clientèle, c'est logique. Les produits, la mentalité de la cuisine. Le patron, là, il peut s'asseoir à ta table, il peut boire un verre, être content et être fier de lui. Si tu sais très bien que tu n'as pas utilisé de bons ingrédients et que tu ne fais pas de la bonne cuisine, et que la cuisine que tu fais, au pire même, fait mal aux gens, parce que tu peux faire du mal aussi avec la musique. Nous, on fait un travail, ça doit profiter aussi aux autres. Ça ne doit pas se profiter seulement à toi-même. Faire de la propagande, c'est savoir que tout va mal, donc que ton album n'est pas beau, que ton titre n'est pas super. Mais par contre, faire semblant... et dire aux gens qu'ils doivent absolument l'écouter. Parce que c'est important. C'est comme avoir un mauvais resto où tu es à l'extérieur et tu dis aux gens « Tu dois absolument venir manger chez moi, tu vas voir, c'est la vraie cuisine italienne » , alors que c'est de l'esbrouf. Et non quoi. On n'a pas besoin d'un monde comme ça. C'est pas le monde qu'on veut, c'est pas le monde qu'on a construit, c'est pas le monde pour lequel on se bat. Voilà, c'est pas comme ça qu'il faut vivre. C'est pas comme ça qu'il faut que ce soit. La qualité c'est important. Ne pas faire de la propagande, ça veut dire je fais un truc bien au maximum. que je peux faire et après j'ai dit au public voilà on a fait ce public. Alors moi je dis déjà que dans mon album il va y avoir quelque chose qui va plaire un tout petit peu à tout le monde donc du coup ça vaut la peine d'aller l'écouter parce que c'est un vrai travail. Bien sûr. C'est un vrai travail fait dans un vrai studio comme ça, c'est pas de l'arnaque, je l'ai pas fait dans ma chambre, je l'ai sorti. Je veux dire l'argent que les gens peuvent payer...

  • Speaker #0

    Tu penses qu'on peut pas faire un album dans sa chambre ?

  • Speaker #1

    On peut avoir des idées dans sa chambre, on peut pas faire un album dans sa chambre,

  • Speaker #0

    je crois pas. Je suis assez d'accord avec toi, mais aujourd'hui, tu as... beaucoup de gens qui le font, nécessitent Félois, il y a beaucoup d'artistes indépendants, autoproduits qui...

  • Speaker #1

    Non mais c'est qu'on veut faire croire en fait, il y a beaucoup de gens qui ont de l'intérêt dessus, là dessus, il y a des académies, il y a des trucs comme ça donc maintenant c'est tellement entremêlé le truc qu'on n'arrive pas à dire la vérité mais la vraie vérité c'est que on passe notre vie en fait sur youtube il y a trop de monde qui dit aux jeunes tu peux devenir tout ce que tu veux, tu peux faire ça, tu peux faire ça, tu peux faire ça en même temps, tu peux faire ça Donc il leur fait... Il faut croire qu'ils peuvent être réalisateurs, ingénieurs du son, arrangeurs, compositeurs et tout ça comme ça. Et le résultat, c'est qu'on a des gens, d'ailleurs c'est pas par hasard en France qu'ils appellent ça du son. J'ai fait un son, ça ne veut rien dire. Après quand tu écoutes, tu comprends pourquoi ils disent un son. Parce qu'en fait, ils ont que fait du copier-coller entre deux sons ensemble justement. Et ils pensent que c'est de la musique. La musique c'est un message. Si tu n'as pas un concept, une idée des chansons. une idée d'arrière d'opéra, une idée de symphonie comme ça, un vrai projet mélodique, un vrai projet harmonique. C'est inutile de faire une chanson avec l'intelligence artificielle qui te donne une idée, avec un logiciel d'accords qui te donne l'autre idée des accords. Oui, bien sûr, l'assemblage ça fait partie du travail de l'artiste, mais les jeunes ils croient vraiment que l'être artiste c'est ça aujourd'hui, c'est être dans sa chambre et d'utiliser plein de logiciels qui vont te faire être un artiste, alors qu'avant on se rencontrait. Avant c'était ton pote qui venait te chercher, tu te cognais à ton pote quand il faisait une partie de guitare, ça collait parfaitement à ta chanson. Sa partie de guitare c'était l'histoire de sa vie, la chanson que tu faisais c'était l'histoire de ta vie et là il y avait une symbiose de choses qui avaient un sens.

  • Speaker #0

    Je suis tellement d'accord avec ça. Je suis tellement d'accord. Est-ce que tu penses aussi, parce que dans ton album tu me disais tout à l'heure il y a deux titres en français, les autres sont en italien et en anglais. tu n'as pas donc pas tout écrit et tout composé, t'as travaillé avec d'autres gens, des auteurs, des compositeurs...

  • Speaker #1

    Surtout des auteurs parce que voilà, parce que tu n'as pas toujours...

  • Speaker #0

    En français, en italien, en anglais, des auteurs ou seulement dans les langues ? Dans toutes les langues,

  • Speaker #1

    j'ai travaillé parfois avec des gens pour faire des textes et certains textes je les ai faits moi parce que c'était vraiment le fruit d'une vraie aspiration. Et parfois tu as une super chanson, tu mets le refrain et tu te demandes mais le couplet il doit être comment ? Mais c'est pas facile, les gens croient que c'est facile. J'adore l'intelligence artificielle pour ça parce que... ça te donne la possibilité de réaliser des choses sans aller déranger d'autres gens, comme ça, comme ça, parce qu'elle peut nous aider dans tout ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Elle te donne surtout la réponse la plus probable par rapport aux éléments que tu lui donnes, en fait, puisqu'elle ne crée pas, elle ne fait que mettre à jour des évidences, en fait.

  • Speaker #1

    Voilà, mais tu peux faire des choses incroyables avec l'intelligence artificielle. Par exemple, un jour, ça m'est arrivé d'écrire un truc avec Atom Lemon, sauf que je ne pouvais pas le mettre parce que ça ne me donnait pas un sens. Mais alors c'est le moment où tu te demandes à l'intelligence artificielle, excuse-moi, mais est-on le même pour toi ? Ça a quel sens ? Dans l'histoire de l'humanité, est-ce qu'il y a quelque chose ? Est-ce qu'il y a une référence ? Ou quand tu écris le soleil bleu, est-ce qu'il y a une référence au soleil bleu ? Est-ce qu'il y a quelque chose de mystique ? Est-ce qu'il y a quelque chose d'ancestral ? Est-ce qu'il y a une culture populaire qui parlait du soleil bleu ? Ça, c'est incroyable. T'importe qui a toute la culture du monde et hélas c'est magnifique, c'est vraiment magnifique. Mais pourquoi utiliser ces outils pour faire le travail à notre place ? Pourquoi vous leur demandez à l'intelligence artificielle, pourquoi vous lui demandez de faire un texte à ta place ? C'est pas bien. Pourquoi lui demander de faire une chanson à ta place ? C'est stupide.

  • Speaker #0

    Et donc toi qui a collaboré avec beaucoup de gens tu penses que aujourd'hui on est vraiment surtout en France dans une grande mode de auteur-compositeur-interprète. C'est à dire qu'effectivement tu fais ta chanson dans ta chambre. Alors, il y a des auteurs-compositeurs-interprètes qui font dans les studios aussi, mais l'idée qu'on peut faire une chanson tout seul, est-ce que tu crois que la chanson en général a perdu avec cette notion-là ? Puisque tu disais que tu préférais qu'on se rencontre comme on se rencontrait avant, toi, tu penses que c'est mieux de faire des chansons en équipe ?

  • Speaker #1

    Non, pas spécialement. Tu peux faire une chanson tout seul. Bien sûr, tu peux faire une chanson tout seul.

  • Speaker #0

    Mais un album entier, une carrière entière avec des chansons tout seul ?

  • Speaker #1

    Un album dans une chambre, c'est dommage. Ce serait vraiment dommage. Et dans ta chambre, non quoi. C'est un laboratoire. Moi, par exemple, je peux faire 30 chansons pour en faire sortir une.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Voilà. Après, tu as besoin du miroir des autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est de la recherche. C'est vraiment un laboratoire. Tu fais... Surtout pour moi, moi, je ne dois pas faire ressembler ma chanson spécialement à celle des autres. Donc, du coup, pour voir si ça marche vraiment ou pas, j'ai besoin de la réaliser. C'est pour ça que j'ai besoin d'avoir un studio à la maison. Mais l'intérêt de faire vraiment un album tout seul dans un studio. Non, à mon avis, non. Ce n'est pas une très bonne idée.

  • Speaker #0

    J'ai remarqué quelque chose que j'ai trouvé très intéressant. Moi, j'ai écouté ton single sur Apple Music. Et sur Apple Music, quand on cherche les crédits du titre, il y a tous les musiciens. Et c'est quasiment, enfin, c'est rarissime que quand on sort un single, on ait sur les plateformes de streaming le nom des musiciens. D'habitude, on les a seulement sur les albums physiques. Donc encore une fois, tu prouves que pour toi, le fait d'avoir une équipe d'artistes autour de toi avec lesquels tu as travaillé, tu valorises le travail de tout le monde, ça te paraît essentiel j'imagine ?

  • Speaker #1

    Ça va plus loin que ça. Ma pochette d'album. En fait, j'adorais les pochettes d'album de jazz. Parce que tu mets une photo, tu mets un truc et tu mets les musiciens en pochette. Et moi, ça m'a toujours donné une source d'importance, quelque chose que j'ai aimé. Mais je ne comprenais pas pourquoi ce n'était pas possible dans la pop ou dans le rock dans certaines occasions. Donc du coup, j'ai fait une folie, j'ai mis sur la pochette de l'album tout le monde. Même les mastering, le mixage, tout. Même ceux qui ont collaboré pour les textes comme ça. Donc tu as moi, tu as ma photo, tu as le titre de l'album et tu as tous les noms qui ont participé à l'album. Sur la pochette.

  • Speaker #0

    Donc comment s'appelle ton album ? Tu nous l'as dit tout à l'heure et tu as dit qu'on allait en reparler.

  • Speaker #1

    Mon album il s'appelle Art Decade.

  • Speaker #0

    Décennie d'art quoi.

  • Speaker #1

    Exact.

  • Speaker #0

    Parce que ça s'étale sur dix ans les chansons qui sont dedans ?

  • Speaker #1

    Non parce que ça reprend donc le nom de mon groupe rock New Wave. Parce qu'en fait c'était une période de ma vie, moi je pense que l'adolescence c'est une période extrêmement spirituelle au niveau de la musique. C'est une période où tu arrives dans un monde où plein de choses ont été faites et que tu ne les connais pas. Et donc tu veux exister dans tout ça mais tu n'as pas ni le temps ni la possibilité d'avoir toute cette culture immense. Et donc du coup tu t'exprimes. Quand tu arrives à Toto, à être talentueux et authentique en étant ado, tu as une communication directe avec les muses inspiratrices en fait. Tu sors vraiment des... Moi j'ai sorti des morceaux à cette époque-là qu'aujourd'hui des gens comme Eric Serra ou des gros musiciens me disent « Wow, félicitations ! »

  • Speaker #0

    Tu parles de quelle période quand tu dis l'adolescence, c'est quoi ? Une quinzaine d'années ?

  • Speaker #1

    À partir de 16 ans.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Donc les idées commencent à trotter dans ta tête à partir de 14 ans comme ça. Alors c'est une période où si tu écris des textes, tu écris vraiment des conneries. Mais pas tout le temps. À bout d'un moment, tu as des phrases qui sortent, qui sont la vérité. Par contre, la musique, elle est vraiment instinctive. Et par moments, elle devient incroyable. Parce qu'en fait, là, tu t'exprimes vraiment et tu n'as rien à ficher de ce qui se passe à l'extérieur. Et si tu arrives à être comme ça, adulte, de n'avoir rien à foutre de ce que font les autres et de faire ton truc à toi, alors là...

  • Speaker #0

    Tu y arrives encore, toi ?

  • Speaker #1

    Pas toujours. Parce que je n'arrive pas à ignorer ce que font les autres.

  • Speaker #0

    Et la culture musicale, parfois, elle te freine, en fait, ta culture ? Oui, Et derrière cet album, un autre album, des lives, des projets derrière là ? J'imagine que maintenant tu vas aller défendre cet album sur scène.

  • Speaker #1

    Alors moi j'espère vraiment, je prie Dieu vraiment pour que quelqu'un me donne la possibilité de continuer ce métier. Donc de ne pas me faire avoir des échecs tels que de me faire arrêter mon but de communication. Parce que mon but est vraiment la communication.

  • Speaker #0

    D'être compris, c'est ce que j'ai entendu.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Tu estimes que tu as été jusqu'ici incompris ?

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup de fois. C'est un problème très français aussi.

  • Speaker #0

    Tu étais plus compris en Italie ?

  • Speaker #1

    Oui, dans l'Angleterre, il n'y a pas de problème. Mais en France, c'est très dur d'exister en tant que rock. Déjà, quand tu sais que tu discutes avec les gens et que tu n'as pas... En fait, des gens qui ont besoin de toi, de ton talent, mais qui ne te font pas confiance au niveau de la personne, et qui pensent que tu es ingérable, alors qu'ils ne te connaissent pas. Je trouve ça hallucinant qu'une personne te regarde et qu'elle ait peur d'avoir une relation avec toi.

  • Speaker #0

    Qu'ils te jugent juste sur la couverture du bouquin.

  • Speaker #1

    C'est incroyable, mais ça arrive vraiment ici. Ça, c'est pas juste. Voilà.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Non, non, je comprends. Parce que tu portes un maquillage, parce que tu as les vêtements jaunes, parce que... Il y a beaucoup de collègues à moi qui ne croient pas ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu te trompes quand tu dis ça ?

  • Speaker #1

    Oui, mais ils ne sont pas contents. En fait, ils ne sont pas contents à quel point...

  • Speaker #0

    Ah non, je...

  • Speaker #1

    À quel point un producteur ou quelqu'un peut être différent avec moi qu'avec quelqu'un d'autre. Ou il peut avoir moins de confiance en moi qu'en quelqu'un d'autre. Et donc voilà, parfois c'est un gros problème. Oui, oui, je comprends.

  • Speaker #0

    Et tu penses que cet album va t'aider à être, en tout cas c'est ta démarche, tu penses qu'il va t'aider à être mieux compris ? Qu'on va enfin te rencontrer vraiment avec cet album ?

  • Speaker #1

    Non mais faire ce métier ça va faire comprendre aux gens que je vis en paix, que je fais de la musique et pour moi je ne suis pas si important que ça mais par contre ce que je fais ça peut être important pour des gens donc du coup ça vaut la peine de le faire exister. Donc moi normalement dans ma tête je fais un deuxième album et un troisième album et même très rapidement si c'est possible.

  • Speaker #0

    Toujours avec la même équipe ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Ça dépend.

  • Speaker #0

    Ça dépend des rencontres ? Ça dépend de celui-là ? Ça dépend.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être avec la même équipe. Il ne faut pas qu'elle soit pareille au premier album. C'est certain.

  • Speaker #0

    Et des lives pour défendre cet album ? Des concerts ? Alors ça,

  • Speaker #1

    je suis en train de voir, en fait, de prendre des accords avec des promoteurs live puisque... Et là, c'est le point fort. Parce que moi, je sais déjà comment mettre en live ces chansons-là. Oui,

  • Speaker #0

    t'es un artiste complet, t'as une esthétique complète aussi, t'as tout un univers en fait. Quand on prend Michelangelo, on le prend entier. C'est ça.

  • Speaker #1

    C'est dommage sinon.

  • Speaker #0

    Bah oui, on perd quelque chose.

  • Speaker #1

    Donc voilà, j'ai vraiment une idée pour le live, totalement.

  • Speaker #0

    Forcément, un concert à la hauteur des ambitions que tu as, ça ne doit pas être simple à mettre en place.

  • Speaker #1

    Musicalement, oui, c'est même pas cher. Après, ça dépend... Ça dépend de Paris, ça dépend de la France, voilà,

  • Speaker #0

    plein de choses. Mais tu peux l'emmener à l'international aussi, parce que tu n'as jamais que deux titres en français, le reste c'est de l'italien et de l'anglais, donc...

  • Speaker #1

    Il est fait pour tout le monde, pour la personne que je suis, je ne suis pas une personne qui...

  • Speaker #0

    Tu envisages de l'emmener en Chine ? Là-bas, tu es très très...

  • Speaker #1

    J'ai déjà joué à l'album en Chine, oui.

  • Speaker #0

    Et là-bas, ça cartonne ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai beaucoup de fans, mais qui commencent à devenir des fans spécifiques.

  • Speaker #0

    Spécifiques, tu veux dire à Mozart par exemple, ou spécifiques à toi ?

  • Speaker #1

    Non, des spécifiques à moi, à mon univers vraiment.

  • Speaker #0

    Ça c'est génial ! Oui,

  • Speaker #1

    chose qui est géniale pour moi, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux, pour finir là-dessus, nous partager une réflexion sur la chanson, justement en France aujourd'hui ? Toi, qu'est-ce que tu penses de ce qui se passe, de ce qui va se passer ? Qu'est-ce que tu espères pour la chanson française aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Il faut que les musiciens se mettent aux armes. les compositeurs aussi, et qu'on la sauve. Aujourd'hui, le business musical, il peut arriver qu'avec des belles choses, avec la qualité, comme ça. Et ils doivent se mettre vraiment à créer une nouvelle chanson française, faire des influences qu'on veut, mais une nouvelle chanson française qui va dans le sens de tout, de tout le monde, et qui représente vraiment le peuple de France.

  • Speaker #0

    Il y a des pistes déjà, tu crois ? Tu as entendu des choses, tu entends des choses qui te paraissent prometteuses ?

  • Speaker #1

    C'est une question très difficile à laquelle je me donne un bonus de ne pas répondre tout de suite. Ok.

  • Speaker #0

    D'accord. Et dernière question.

  • Speaker #1

    Il y a des gens qui se donnent cette responsabilité-là d'aller plus loin. Il faut juste qu'on trouve des artistes qui s'expriment vraiment et que chacun ne soit pas la copie de l'autre. Parce que ce n'est pas en copiant qu'on arrive. On a eu de grands exemples de chansons françaises. Par exemple, tous les gens qui ne sont pas souciés du style, comme Michel Berger, qui a sorti son style à lui. Pour quelqu'un, nous avons une belle émotion. Là, c'est de la version française. Pourquoi ? Parce que c'est un français qui s'exprime avec sa musique, avec des accords qui ne ressemblent pas aux accords que tu écoutes à l'international. Le français, il peut être très innovateur.

  • Speaker #0

    Et je suis assez d'accord avec toi globalement. Et du coup, dernière question en fait, celle que je pose à tout le monde. Est-ce que tu aurais, on en parlait juste avant l'interview ensemble, un artiste francophone, français, que tu nous conseillerais ardemment d'aller écouter ? Tu me parlais de Thomas Prado, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ah oui, qui n'est pas célèbre.

  • Speaker #0

    Qui n'est pas célèbre, voilà. Qui n'est pas célèbre,

  • Speaker #1

    ok. Alors, donc oui, il y a des gens qui ne sont pas célèbres parfois comme ça. Alors, donc en Belgique, il y a Olive. qu'elle fait des super morceaux bien arrangés, que c'est quelqu'un même qui mériterait d'avoir une vraie carrière. Et c'est impressionnant, comme tu vois ses vidéoclips, sa musique, c'est impressionnant à quel point c'est abouti. Il y a en France... Thomas Prado, c'est un garçon qui sait faire vraiment des chansons, qui sait vraiment faire de la performance. Voilà ce dont la France aurait besoin. Quelqu'un qui sait faire la scène et qui sait faire aussi la télé et qui sait faire aussi des chansons dans son laboratoire. Voilà, il s'appelle Thomas Prado. Si c'est produit en live, je n'oublierai pas ce que vous allez entendre parce qu'il est vraiment très doué. Et quand il fait des chansons, il décide de faire des super chansons. Il décide de les orchestrer bien, même quand il n'a pas de moyens. Il fait des choses magnifiques. Il trouve des potes pour faire des vidéoclips. Et c'est des vrais vidéoclips. Alors franchement, Quand tu as des gens à tout faire comme ça, qui savent tout faire et qui le font bien, même quand ils ne sont pas en sous, il faut sauter sur l'occasion. Donc Thomas Prado, je vous conseille. Mais si un jour, aujourd'hui, une maison de disques le signe, il va te faire un album qui est une merveille.

  • Speaker #0

    Voilà. Ah ben ça, tu nous l'as bien vendu, écoute. Je pense qu'on va tout de suite aller l'écouter. Ben écoute, je te remercie.

  • Speaker #1

    C'est toujours honorable pour moi, pour l'artiste.

  • Speaker #0

    Sacha Guitry disait que le silence qui suit Mozart, c'est encore du Mozart. Je crois que le silence qui suit Michelangelo Loconte, c'est encore du Michelangelo Loconte. Je garderai de cet échange sa chaleur italienne, sa passion pour l'art et son sens de la responsabilité vis-à-vis du public, l'envie d'une musique sans concession et d'un partage résolument humain, où la technologie doit rester un outil pour ne pas devenir une menace. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode. S'il vous a plu, faites-le découvrir à vos amis en le partageant sur vos réseaux ou laissez-nous une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute favorite. Et n'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode. Vous pouvez aussi vous abonner à notre playlist sur la chaîne YouTube Providence Prod et sur les plateformes d'écoute. Enfin, rejoignez-nous sur le compte Instagram Providence.prod et faites-nous part de vos coups de cœur qui rejoindront peut-être la playlist. Merci beaucoup à Ruben MG pour l'habillage musical de ce podcast. Et puisque la musique, ça se partage, en attendant le prochain épisode,

  • Speaker #1

    parlons chansons.

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Description

Je reçois aujourd'hui Mikelangelo Loconte, le célèbre interprète de Mozart dans Mozart l'Opéra Rock à l'occasion de la sortie de son premier album solo "Art Décade", réalisé par Eric Serra.


Une fois n'est pas coutume, on franchira les frontières de la variété française, puisque Mikele est italien et n'a pas grandi bercé par nos grands artistes.


Pour autant nous évoquerons Jacques Brel, Charles Aznavour, Claude Barzotti, Jacques Higelin, Zazie Marc Lavoine, Michel Berger et même Plastic Bertrand ou Alec Mansion (Leopold Nord et Vous) !


Son oeil extérieur à notre culture de la chanson française, et son ADN de rocker lui confèrent un regard neuf, parfois un peu critique mais résolument bienveillant sur notre variété.


Pour lui, être artiste c'est avoir une responsabilité vis à vis du public. C'est créer avec son coeur et ses tripes, partager avec d'autres artistes, utiliser la technologie mais ne pas la laisser créer à notre place, savoir se vendre sans confondre information et propagande...


Faire des chansons pour faire du bien aux autres et aussi pour se faire comprendre.


J'espère que vous prendrez plaisir à découvrir cet artiste hors norme et extraordinairement attachant et que vous irez découvrir son album.


Quant à lui, en fin d'épisode ill vous fera découvrir deux artistes :


Olive, une chanteuse d'origine belge :

https://www.youtube.com/watch?v=z4KyEje_w0I


Et Thomas Pradeau, auteur compositeur et chanteur français

www.youtube.com/@ThomasPradeau



Merci d'avoir écouté cet épisode. Dont Ruben MG a composé les génériques et l'habillage


La plaît-liste est sur Spotify

https://open.spotify.com/playlist/6AqcJznoUlUhkw408H4lCp?si=AlBg4YDnSk6XI1CmZLAv_Q&pi=QZmd70eyQo--U

Et deezer:

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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Parlons Chansons. Dans chaque épisode, on déroulera la bande-son en français dans le texte de la vie d'une personnalité qui nous parlera de son actu, de ses projets et qui partagera ses derniers coups de cœur, des pépites méconnues de la chanson française qu'elle a envie de mettre à l'honneur. Je suis Sauvane Delanoë, auteure, comédienne et chanteuse. Mais ça, vous ne le savez pas, puisque mon podcast n'existait pas avant et que personne n'a eu l'occasion de vous parler de moi. Sauf que maintenant... ça va changer et j'ai envie de donner cette chance à plein d'artistes. Alors, si la chanson française, ça vous parle, restez avec nous et parlons chansons. L'épisode d'aujourd'hui sort un peu des sentiers battus. Mon invité n'est pas français et il n'a pas grandi avec la variété française. Pour autant, il est chanteur, auteur, compositeur, artiste touche-à-tout et éclectique. Je le reçois à l'occasion de la sortie de son album Art Decade et je sais que vous serez sensibles à son parcours et à son discours chaleureux et sincère. J'ai l'honneur de recevoir Mozart en personne. Michelangelo, lo conti. Donc déjà, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation, ça me fait très plaisir. En plus, j'ai interviewé il n'y a pas longtemps Diane Dacini, et maintenant j'ai Mozart en personne.

  • Speaker #1

    C'est pas mal.

  • Speaker #0

    Donc je vais commencer par la même première question que celle que je pose à tout le monde. Pour toi, c'est quoi la variété française ?

  • Speaker #1

    Pour le moment, si tu me demandes ça, pour moi, elle n'existe pas. Elle existait, certes, c'était une grande musique aimée par le monde entier, pas seulement par les Français. Donc c'était partagé, c'était à l'unanimité. Tout le monde adorait la musique française, tout le monde adorait la patte de la musique française. Aujourd'hui, la variété française, pour moi, elle n'existe pas, puisqu'elle a pris des influences à tort. Et ça ne marche pas. Je peux le dire avec les oreilles d'un étranger, qui connaît la musique qui se fait ailleurs, surtout. Non, c'est pas assez pour séduire à l'international. Non, moi je pense qu'on peut très bien valoriser la French Touch, que par contre, elle, elle s'est exportée. Et ce qu'on appelle la French Touch, que c'est une musique électro-française, donc du coup, celle-là, oui, elle est valide, puisqu'elle a eu des artistes qui ont vraiment proposé des choses assez originales.

  • Speaker #0

    Celle qui existait avant, donc pour toi, ça s'est arrêté quand à peu près ?

  • Speaker #1

    La grande chanson française, qu'on peut définir la variété française, quoi. Alors ça, c'est intouchable, ça c'est sacré. Mais avec le départ de gens comme Morane, comme ça... La variété française, aujourd'hui, les jeunes ne la proposent pas.

  • Speaker #0

    D'accord, je crois que je partage ton analyse.

  • Speaker #1

    Ah, merci. J'ai toujours peur de dire ces choses-là. Non,

  • Speaker #0

    non, je trouve que c'est très pertinent.

  • Speaker #1

    Vaut mieux dire qu'on pense que...

  • Speaker #0

    C'est très pertinent, je trouve. Et toi, comme tu es née en Italie, forcément, tu n'as donc pas baigné dans cette musique française, et pour cause, puisque tu as dû la découvrir beaucoup plus tard, j'imagine. J'ai vu quand même, quand tu étais enfant, tu étais... plutôt un élève turbulent et donc tu t'es tourné très tôt vers beaucoup d'arts différents, le dessin, le théâtre... Et la musique elle avait déjà une grande place pour toi ou c'est arrivé un peu après ?

  • Speaker #1

    La musique elle avait la plus importante place pour moi dès le départ mais j'ai fait autre chose parce que j'ai fait une école de dessin et d'art j'ai même fait de l'architecture d'intérieur, j'ai un peu tout fait.

  • Speaker #0

    Tu dessines des bijoux aussi non ?

  • Speaker #1

    Oui oui. J'ai besoin de ne pas faire seulement comme... En plus, je connais beaucoup d'artistes qui ne font pas qu'un art. C'est qu'on ne le sait pas, mais les artistes, ils touchent parfois à deux arts en même temps. Et donc, je suis un peu dessinateur, peintre, sculpteur comme ça aussi. Et oui, à bout d'un moment, on s'est créé. Je voulais faire partie d'une rock band et j'en ai eu la possibilité parce que parfois, les désirs, ça se réalise tellement qu'on les désire. Je me rappelle, à un moment, j'étais petit, j'allais avec le vélo. Je suis sorti de mon quartier, chose qui m'était interdite par mes parents. Et je me suis retrouvé dans un autre quartier où il y avait un concert à ciel ouvert, c'est-à-dire... On bat d'animaux, c'était une fête des quartiers.

  • Speaker #0

    T'as grandi dans les Pouilles, c'est ça, en Italie ? Oui,

  • Speaker #1

    dans les Pouilles, dans le sud de l'Italie. D'ailleurs, il y a une chanson dans mon album qui parle de ça, qui s'appelle « We are South » . On est au sud. Et là, j'ai découvert un groupe qui jouait et là j'ai dit ok d'accord je sais ce que je veux faire, je veux faire ça. Et oui j'ai voulu vraiment me mettre sur scène, faire une rock band, c'était l'époque de la New Wave. Et pour finir voilà j'ai fait une rock band New Wave qui s'appelle Art Decade, qui est aussi le titre de mon album et j'expliquerai pourquoi après. D'accord,

  • Speaker #0

    et donc tu as commencé à chanter à ce moment-là, tu as gagné des concours en Italie, notamment un concours pour la RAI qui s'appelait le... La Fête des Inconnus, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un festival. Ce n'est pas tellement pour ce festival, c'est pour la personne qui l'organise. C'est pour la personne qui l'organise. C'était Rita Pavone, qui est une grande star en Italie. C'était vraiment une grande artiste. Elle faisait du cinéma en même temps que de la musique. Elle m'a appris beaucoup de choses. Elle faisait ce concours. D'ailleurs, une des choses qui était belle de ce concours, c'est que c'était les artistes qui votaient l'artiste préféré. Tu devais voter l'artiste que tu préférais, sauf toi-même. Bien sûr. Et donc, à l'unanimité,

  • Speaker #0

    Avec la chanson, c'est là qu'elle s'était... Aria ?

  • Speaker #1

    Aria.

  • Speaker #0

    Après, tu as fait le festival de musique de Castrocaro, si je ne dis pas de bêtises. Oui. Là, avec une autre chanson qui s'appelait... J'ai cherché, hein. Adonimo. Je crois en toi Reste à sourire

  • Speaker #1

    Dans les terres francophones, il y avait moins de... À cette époque, c'était un moment où l'Italie vivait une crise de variété italienne, comme elle est aujourd'hui en France. Elle ne proposait rien de bon, et au festival de Sanremo, notre festival, il y avait vraiment de la musique pas super. Et donc, dans ce contexte... C'était quel année ?

  • Speaker #0

    C'était 2001 ?

  • Speaker #1

    C'était avant.

  • Speaker #0

    Avant 2001,

  • Speaker #1

    d'accord. Avant le 2000, dans les années 90. Ok.

  • Speaker #0

    Oui moi je me suis arrêtée en variété italienne à l'époque de Gianna Nannini avec Imaschi qui avait cartonné en France aussi. Je sais pas s'ils avaient cartonné en Italie mais en France oui.

  • Speaker #1

    Oui un peu toujours trop mélodique mais c'était toujours du rock, c'était Gianna Nannini, c'était toujours quelque chose.

  • Speaker #0

    Mais ça a toujours été très mélodique la musique italienne quand même. Oui. Historiquement je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui parfois dans le sens bon du terme.

  • Speaker #0

    Le rock est arrivé plus tard, maintenant par contre c'est un vrai rock italien.

  • Speaker #1

    On a toujours eu du rock italien sauf que les gens ne le savaient pas. et grâce à internet et grâce à mon skin, voilà là on est dévoilé, tous les rockeurs italiens on est seuls Là on est à jour, je ne remercierai jamais assez ce groupe de jeunes qui ont réussi à faire comprendre au monde entier qu'il existe un vrai rock en Italie et que c'est pour de vrais et que c'est authentique.

  • Speaker #0

    Et en italien en plus parce que les premiers albums sont en italien et ça sonne Parce que c'est très compatible. Et donc comme le rock tu pouvais pas en faire en Italie, t'as exporté ton univers...

  • Speaker #1

    A cette époque non A cette époque, l'Italie s'est éloignée du rock, donc j'ai dû partir. Et sous conseil de Laura Pausini, je suis allé dans les terres francophones, où j'avais une opportunité. C'est Barzotti qui m'a appelé.

  • Speaker #0

    L'autre Barzotti, oui.

  • Speaker #1

    Parce qu'il voulait que je fasse une comédie musicale pour lui.

  • Speaker #0

    Les nouveaux nomades.

  • Speaker #1

    Oui. En étant vraiment honnête avec vous dans l'interview, je me suis rendu juste parce que c'était les terres francophones dont le père de Laura Pausini parlait. Je ne suis pas allé par intérêt de comédie musicale ou musicale. Je suis allé parce que ça me permettait de travailler à l'étranger. et dans le lieu qui m'avait expliqué le père de Laura Pausini, où il y avait la possibilité de trouver des vraies usines, des vrais studios d'enregistrement, dont les CP.

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    à Bruxelles. Où j'ai enregistré mon album. Qui avaient encore des vrais studios, où la musique était encore quelque chose de très sérieux.

  • Speaker #0

    Et donc finalement, elle ne s'est pas faite cette comédie musicale avec Claude Barzotti ?

  • Speaker #1

    Non, elle ne s'est pas faite, elle était bien travaillée. Il avait même contacté Franco Dragone, et puis il fallait la mise en scène. Jean-Luc Moreau, donc des metteurs en scène vraiment de théâtre français. Et donc ils avaient fait cette comédie musicale, qu'après elle ne s'est pas faite parce que voilà, les gens ne l'acceptaient pas, ça s'est pas fait.

  • Speaker #0

    Mais toi tu parlais à peine le français, t'as tout enregistré en phonétique.

  • Speaker #1

    Je ne parlais pas le français. Donc j'ai entendu... En fait, c'est un truc très drôle quand Barzotti m'a demandé de faire la maquette de la comédie musicale, et qu'il m'envoyait l'enregistrement, moi je croyais qu'à partir de l'enregistrement je devais faire la maquette. Je pensais pas qu'il pouvait m'amener la PBO, me donner la PBO comme ça. Donc du coup je l'ai pas vite répondu, mais j'ai refait tous les arrangements. J'ai tout enregistré sur mon clavier et j'ai chanté ma version de la chanson et je lui ai envoyé. Et là il a halluciné, il a fait « Wow ! Tu as tout refait ! » Alors que moi j'attendais juste une réponse pour t'envoyer le pubio.

  • Speaker #0

    Tu maîtrises beaucoup d'instruments toi en plus.

  • Speaker #1

    Au niveau de mon laboratoire, de ma composition, oui. Je ne vais pas le faire sur scène parce que je connais des musiciens que j'apprécie beaucoup plus que moi et mes mains.

  • Speaker #0

    Oui, mais par contre, effectivement, tu parles la langue des musiciens, donc tu sais ce que tu veux.

  • Speaker #1

    Ah ça, oui. Je suis axé à la sensibilité des musiciens. Même parfois quand on fait des concerts avec des musiciens en live, ils me disent que j'aime bien parce que tu as l'écoute.

  • Speaker #0

    Oui, j'en parlais, moi, il n'y a pas très longtemps avec Fifi Chayeb. Et je sais qu'il avait adoré faire cette tournée avec toi.

  • Speaker #1

    Ah non, lui c'est un artiste, pas seulement un bassiste.

  • Speaker #0

    Un vrai artiste, c'est clair. Et donc, du coup, le français, c'est quand même une langue très compliquée. Tu l'apprends en chantant, en travaillant ?

  • Speaker #1

    J'ai dû enregistrer avec le légendaire Bernard Estardi, au CBS Studio. Donc j'ai travaillé avec lui pour connaître vraiment l'union entre moi, qui n'avait pas beaucoup d'expérience, et lui qui avait trop d'expérience. Et la conversation qui était facile entre nous deux. Ça, c'était quelque chose. Parce que l'amour de la musique, ça nous liait. Quand tu aimes vraiment de la musique, il y a de la conversation avec même des grands comme ça. Quand tu ne le fais pas pour le succès, c'est important. Bernard de Sardi m'avait appris à enregistrer et c'était un moment super. J'imagine. J'écrivais la phonétique en fait comme ça, en français, et je répétais ce que je lisais de ma main comme ça pour pouvoir faire en sorte que ça ressemble au français. C'est fou ça.

  • Speaker #0

    Mais même là, quand tu parles, tu as toujours un accent italien assez prononcé. mais quand tu chantes, là les français t'ont découvert dans Mozart, c'est assez bluffant, t'as quasiment plus d'accent dès que tu chantes.

  • Speaker #1

    Parce qu'on s'entend chanter mais on s'entend pas parler. C'est-à-dire qu'en ayant le contrôle de ma voix, je suis obligé d'avoir le contrôle aussi de la prononciation quand je chante parce que je m'écoute quand la voix sort, mais quand on parle c'est instinctif, ça va trop vite donc du coup tu n'arrives pas à rectifier en temps réel. Nous les chanteurs on sait rectifier en temps réel. On chante et pendant qu'on chante on maîtrise.

  • Speaker #0

    Et donc tu as travaillé là-bas en Belgique, tu as même arrangé des titres pour des chanteurs belges apparemment d'après ce que j'ai lu. Tu as été directeur artistique, c'est ça ?

  • Speaker #1

    À chaque fois que les gens me trouvaient un talent, c'est pas que je me suis proclamé quoi que ce soit, c'est qu'à chaque fois que je montrais ou que je prouvais que j'avais du talent sur certaines choses, les gens me donnaient plus d'estime peut-être ou alors plus de possibilités de le prouver. Parfois, je me suis retrouvé directeur artistique, parfois je me suis retrouvé arrangeur, tout en sachant qu'arrangeur, ce n'est pas juste avoir le goût de la musique, c'est vraiment un vrai métier. Quand tu te retrouves en train, que tu es obligé à faire un arrangement, et t'es le seul qui peut le faire, mais tu le fais. Après, en travaillant avec Jean-Pierre Pilot, je me suis rendu compte qu'arrangeur, c'est vraiment un métier et que ça va même avec l'analyse de la chanson, avec le texte. Bien sûr,

  • Speaker #0

    un bon arrangement peut sauver une chanson, comme un mauvais arrangement peut la tuer, c'est clair.

  • Speaker #1

    Ouais, moi, par exemple, j'avais... Je pouvais cacher un texte par mon arrangement. Et c'est pas le but.

  • Speaker #0

    Eh oui, bien sûr, je comprends ce que tu veux dire. Et du coup, tu travailles avec des artistes francophones en Belgique. Tu as des artistes comme ça qui te restent en tête, qui t'ont marqué pendant ce parcours-là ?

  • Speaker #1

    Oui, Morgane, qui avait fait l'Eurovision en Belgique. Tu dis cela ? Après, non pas spécialement. En fait, je faisais des arrangements. Aujourd'hui, j'ai même travaillé avec des gens. J'ai travaillé beaucoup de gens, avec beaucoup de musiciens qui après, ils sont allés dans les équipes de Morane, Lara Fabian. Donc, ils se sont retrouvés en fait, Tin Arena, comme ça.

  • Speaker #0

    Et tu as une... Du coup, ta culture de la musique, de la chanson française, elle s'est étoffée à ce moment-là en... en arrivant dans des terres francophones ?

  • Speaker #1

    Moi quand je suis arrivé j'étais seul, totalement seul, j'étais un italien, donc respecté un peu pour ça. Grâce à des gens comme Giovarizuto par exemple, un ami guitariste, qui était guitariste de Morane aussi, je suis rentré dans la mentalité. C'était des gens qui parlaient en même temps italien, en même temps français, et qui m'apprenaient comment se comporter en France, en Belgique, comment faire de la musique. Ils m'ont donné la possibilité de travailler dans les bistrots live, d'un ami à moi, Bouledou. Sa femme aussi travaillait avec moi pour Mona Morey, elle a travaillé dans mon album donc voilà comme ça. Et donc j'apprenais en fait dans les terres francophones à travailler. Je suis passé par la Suisse, par la Belgique et par la France.

  • Speaker #0

    Il y avait des artistes qui te touchaient particulièrement justement dans ces expressions francophones, même si tu étais là plus pour faire du rock ? Est-ce que la chanson de l'époque, il y a des choses qui te...

  • Speaker #1

    En Belgique, tu as la possibilité de connaître les artistes... plus facilement comme tous les connus en France, parce qu'ils viennent se relaxer en Belgique. Ils boivent un verre tranquille et peuvent se trouver à parler ou avoir une conversation avec n'importe qui. Et c'est l'intérêt de la Belgique, c'est le charme de la Belgique. Donc ça m'est arrivé d'avoir plus de proximité avec les grands artistes français en Belgique quand je n'étais personne, que pas en France quand j'avais déjà la carrière de Mozart au Péanar. J'ai eu des grandes conversations avec Marc Lavoine en Belgique, j'ai connu Zazie. Un truc par exemple que j'ai adoré, c'est de faire un duo avec Plastique Bertrand, qui m'a appelé en fait, il m'a vu sur scène et il a dit « Est-ce que tu voudrais présenter cette nouvelle chanson avec moi ? » Sauf qu'il était en francophonie, donc c'était devant 10 000 personnes à ce moment-là. Et devant 10 000 personnes, on s'est produit à chanter cette chanson avec lui, en sautant sur scène. Et ça moi j'ai adoré ! J'ai connu un artiste qui voulait me produire en Belgique, qui s'appelle Alec Mansion. Un seigneur quoi, mais vraiment, j'adorais le vrai intérêt de la musique, les vraies conversations de musique.

  • Speaker #0

    C'est un super parcours en tout cas. Et tout ça t'a amené comment à Mozart ?

  • Speaker #1

    À l'époque, suite justement à un rencontre avec Zazie, j'ai connu les musiciens de Zazie. Et en connaissant les musiciens de Zazie, j'ai connu Jean-Pierre Pillot. Jean-Pierre Pillot était à la base, il était compositeur du projet Mozart l'Opéra Rock, avec Olivier Schultes, avec... Et c'est comme ça qu'on s'est connus. Il m'a repéré donc en Belgique, il n'en a pas l'air de Vatia. Au départ, j'ai refusé le projet parce que j'avais peur. Tu sais, la France, c'est un pays de puristes. Donc, j'avais peur qu'ils fassent mon art en variété française. Et je n'étais pas d'accord. J'aimais trop mon art pour faire ça. Donc, du coup, j'en avais très, très, très peur. Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'Opéra Rock, le précédent Opéra Rock en France, c'était Starmania, sinon on n'en a pas eu.

  • Speaker #1

    Alors là, c'était magnifique. Mais ça faisait longtemps.

  • Speaker #0

    Mais ça faisait longtemps et sinon après les opéras rock, c'est plutôt une culture anglo-saxonne. Jésus Christ Superstar, Evita, enfin... Exact. Toutes les oeuvres d'André A. Weber, Tommy bien sûr.

  • Speaker #1

    Je m'interrogeais assez beaucoup de ça, donc du coup, quand ils m'ont contacté, j'ai refusé en bloc. Après, heureusement, j'avais des amis tellement amis qu'ils ont réussi à parler encore avec la production et dire « Vous ne comprenez pas, c'est parce que vous aimez tous les deux la musique, c'est pour ça que ce mec-là, il n'est pas... » Il a refusé, vous ne comprenez pas. Donc, du coup, on s'est eu à nouveau au téléphone, grâce à des grands amis que j'avais à l'époque, et que j'ai encore aujourd'hui, les mêmes. Et donc, du coup, j'ai réussi encore à me parler avec Jean-Pierre Pileau. On s'est compris au téléphone. Donc, je suis allé faire l'audition de Mozart, comme tout le monde. Donc, Jean-Pierre Pileau m'a dit, tu viens, si tu arrives à les convaincre tous, on va en parler. On va en parler du design de cette opéra rock. Et déjà, quand il a dit opéra rock, j'ai fait, quoi ? Opéra rock ?

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    Je comprends pourquoi tu viens chez moi. Ok, d'accord. Il avait compris que j'étais un chanteur de rock. Donc déjà, ça, ça m'avait plu. Quand j'ai su que c'était Olivier Daon, la mise en scène, il venait à cette époque-là de l'Oscar. Et donc là, j'ai dit, ok, là, ça rigole vraiment pas comme projet. Donc il va y avoir des artistes qui vont travailler dessus. C'est pas que des producteurs. Et donc là, je me suis approché à ce projet-là. Et j'ai adoré, en fait.

  • Speaker #0

    Même au niveau des paroles aussi, c'est très bien écrit.

  • Speaker #1

    J'étais repéré à l'audition. Florent Mott a été repéré à l'audition. il y a eu des gens en fait que Mélissa Mars elle a j'ai compris, même en sachant que c'était Melissa Marsh qui le faisait, je savais que c'était une artiste alternative. Bien sûr. Et donc j'ai dit, ok d'accord, là, ils cherchent des gens alternatifs pour faire un musical commercial. J'ai dit, ça, c'est une bonne idée. On va peut-être changer un tout petit peu le panorama qu'il y avait à cette époque-là.

  • Speaker #0

    Oui, ça a bouleversé beaucoup de choses en fait. Ça s'est vérifié. Vraiment, ça s'est vérifié. Ça s'est vérifié. Le succès continue encore.

  • Speaker #1

    Je savais que Floor Mott venait du métal, carrément. Ou de Jeff Buckley, de ces choses-là. Donc du coup, c'est un, là, il y a un truc à faire. ça, le divan, la

  • Speaker #0

    Donc ça c'est une aventure qui a duré très longtemps, entre déjà la première inversion au Palais des Sports, après la première tournée, après le retour avec le Symphonie, qui a encore une autre tournée, puis la Russie...

  • Speaker #1

    C'était ma vraie carrière en fait. En un an, j'avais réussi à me définir et me bâtir une petite carrière à moi. Une vraie carrière. Donc là je devenais un artiste pro, avec des responsabilités du coup, parce que quand tu fais ce métier-là, le public devient une responsabilité. Ce n'est pas seulement ton intérêt qui compte, mais c'est aussi l'intérêt du public. Et donc, c'était génial. Donc, j'ai commencé une vraie carrière.

  • Speaker #0

    Derrière, tu as fait une autre comédie musicale qui s'appelle Timeo, qui était une circomédie musicale. Est-ce que c'est simplement un hasard de parcours ? Est-ce que c'est un choix d'aller vers un spectacle un peu plus à taille humaine ? Je dirais, moins ambitieux que pouvait l'être peut-être Mozart ? Non. Quand je dis moins ambitieux, ce n'est pas méchant par rapport au projet, parce qu'il est magnifique en plus, mais ce n'est pas le même genre de grosse machine. Ce ne sont pas les mêmes salles.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas une passion spécialement directe avec le musical, avec le format du musical. donc à chaque fois qu'on me propose un rôle un rôle dans lequel je peux m'exprimer de façon assez particulière, assez transversale, là j'accepte. Le cas de Timéo, c'était un cas où on me proposait vraiment un autre personnage un peu ovni. Ce serait le cas si on me proposait Hamlet.

  • Speaker #0

    Oui, ou le MC dans Cabaret presque, ce genre de personnage un peu décalé.

  • Speaker #1

    Un peu hors norme. J'ai eu une énorme déception pendant Timéo parce que le metteur en scène c'était Alex Goode. Donc même à la base il voulait mettre des moustaches, des faux moustaches.

  • Speaker #0

    Le monsieur loyal attendu.

  • Speaker #1

    Il voulait le monsieur loyal du cirque normal. Alors que moi je voulais donner quelque chose de stellaire, enfin étoilé.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est ce que tu entends dire.

  • Speaker #1

    Stellare. Je voulais vraiment marquer le personnage. J'ai un gros regret à ce niveau là. C'est une idée que je n'ai pas exploité donc c'est très dommage. Évidemment je ne lui en veux pas. Mais c'est vraiment dommage quand tu as une démarche. C'est là que j'ai compris en fait que c'est dur de travailler dans ce pays, en France. Parce que le chant, entre tout, n'est pas spécialement l'artistique. Il y a des situations politiques. Du coup, c'est dur d'être artiste en France.

  • Speaker #0

    Ça fait partie des raisons qui t'ont poussé à te décider enfin à faire ton album ? Enfin, là, tu vas être maître d'oeuvre et faire vraiment... Oui. Toi quoi, ton univers tout amené...

  • Speaker #1

    J'ai eu des années de désert parce que je ne pouvais pas sortir l'album justement parce que les gens ne voulaient pas travailler avec moi, ils voulaient travailler sur moi. C'est-à-dire ils voulaient imposer des choses et utiliser le public qui m'aimait ou qui aimait le musical de Vatia comme ça.

  • Speaker #0

    En voulant refaire Bezard autrement quoi ?

  • Speaker #1

    Alors que j'étais disposé, même en compromis, j'étais disposé à faire de la musique commerciale et tout ça, mais dans le bon sens du terme. Oui,

  • Speaker #0

    commercial ça veut pas dire que c'est pas bon, ça peut être.

  • Speaker #1

    Je voulais que ce soit artistique, qu'il y ait quand même une touche de folie. Donc quand on te propose une chanson normale, alors que tu te maquilles et que tu sors de Mozart à l'opéra rock...

  • Speaker #0

    Déjà, l'approche du personnage était déjà assez décadente, enfin il y a quelque chose de très...

  • Speaker #1

    Déjà assez décadente. Je veux dire, je sors du... Tu sais, moi et Florent Mott, on est sortis de Mozart à l'opéra rock, ils nous ont proposé des chansons qui n'étaient pas rock.

  • Speaker #0

    Oui, des chansons d'amour de jeunes premiers.

  • Speaker #1

    Voilà, tu ne peux pas, tu ne peux pas, en fait, tu ne peux pas chanter la sa symphonie ou alors tout ce que j'ai chanté dans... Ou Tatoumoua. Oui, au Don Monsard L'Opéra, Tatouma qui était un peu inspiré presque à Gin Gin, Gin Gin, David Bowie comme ça. Et donc tu peux pas chanter des trucs comme ça, une chanson OVNI comme Tatouma, sortir et faire une chanson de variété française normale ou mélodique. Bien sûr. C'est impossible, ce serait une erreur et c'est pour ça que je faisais pas l'album parce qu'il y avait des vraies erreurs. des compromis que je ne pouvais pas avoir.

  • Speaker #0

    Oui, cela dit, c'est drôle parce que Diane Dassigny a dit à peu près la même chose en disant après forcément, on avait des contacts dans les maisons de disques et c'est pareil, les maisons de disques voulaient lui faire chanter des choses de Lolita post-adolescente qui était déjà plus de son âge et plus dans sa sensibilité. C'est surtout bizarre de vouloir chercher à fabriquer un artiste en allant à l'encontre de ce qu'il est. C'est un peu compliqué.

  • Speaker #1

    C'était très compliqué, oui.

  • Speaker #0

    Donc cet album, en fait, parce qu'on va enfin parler de ton album quand même, il est mûri depuis très longtemps, en fait. Il est fait de chansons qui datent d'un certain temps. Tu l'as construit au fil des années, en fait, pour arriver à un petit bijou qui te ressemble vraiment. En plus réalisé, parce que forcément, on est obligé de parler des collaborations que tu as sur cet album et d'Eric Serra avec qui tu... vraiment t'as collaboré pour le faire. C'est particulier déjà comme volonté de travailler avec quelqu'un qui vient plutôt de la musique de film, même s'il a fait beaucoup de chansons aussi, il a même fait un album à lui. Et il a travaillé avec Jacky Gellin, déjà ça aussi il s'est décalé. C'est très étonnant, parmi toutes cette rencontre.

  • Speaker #1

    Moi j'avais des propositions de maison de disques. que je ne pouvais pas accepter. Comme par exemple changer totalement de look, enlever le maquillage, comme ça. Je ne pouvais pas accepter parce que ce n'était pas moi. Tu ne peux pas venir directement de la New Wave ou du rock comme ça et faire semblant que tu aimes une autre genre de musique. Pour moi, les jeunes qui sortent aujourd'hui des titres qui ne les correspondent pas, c'est un gâchis immense. Des jeunes qui n'écouteraient jamais chez eux ce qu'ils vont chanter en télé. Tu as envie de leur dire pourquoi tu fais ça. Moi, je me suis déjà trouvé dans une situation où dans une maison de disques, personne n'aimait la chanson. Personne. pas le directeur artistique, pas le chef de la maison de disques, pas le compositeur non plus qu'il avait fait, pas l'arrangeur, pas les journalistes, pas toi, et par contre on se disait, pas l'attaché de presse de tout, par contre on se disait oui mais il faut le faire parce que c'est ce qui va marcher.

  • Speaker #0

    Ah oui mais t'as tout perdu si tu fais déjà une chanson que tu aimes pas.

  • Speaker #1

    Moi je me suis trouvé avec une proposition de chanson où ils disaient oui d'accord le refrain n'est pas bien, on va le changer, le texte n'est pas bien, on va le changer, l'arrangement n'est pas bien, on peut l'améliorer, et comme ça on va voir ce que ça sort. Wow !

  • Speaker #0

    Il faut faire autre chose dans ce cas là.

  • Speaker #1

    Si une chanson ne fonctionne pas, elle ne fonctionne pas, point barre. C'est tout. Je n'ai jamais compris ce discours-là de Maison de Disque comme ça. Dans ce climat-là, un peu de ma faute parce que je n'étais pas prêt, un peu de leur faute, en fait, on retardait toujours l'album. Et moi, je faisais quelque chose que... Je ne sais pas si c'est une qualité ou si c'est un tort. A bout d'un moment, on a annulé le truc. Parce que, en fait, ça ne se faisait pas. Et donc, du coup, je me suis retrouvé à bout d'un moment à être désespéré, à m'imaginer de ne plus pouvoir faire un album. mais j'étais déjà convaincu de le faire à l'étranger. Un jour, avec une conversation avec Noémie Garcia, ma copine, elle m'a dit « Mais existe quelqu'un en France qui pourrait faire ton album ? » J'ai dit « Oui, mais c'est impossible qu'il le fasse. » Existe des gens, par exemple, moi j'ai dit « Quand je vois un concert d'Eric Serra, je vais lui voir toute l'énergie internationale. »

  • Speaker #0

    Mais comment tu connaissais Eric ? Juste par ses musiques de films ?

  • Speaker #1

    Je connaissais ses musiques de films. Ça m'avait déjà touché. Quand j'ai vu le cinquième élément, je me suis rendu compte que la personne qui était derrière la musique... En fait, moi je pense qu'Eric Serra, c'est un artiste que... C'est un artiste implacable. C'est-à-dire que tu ne peux pas faire semblant qu'il n'existe pas dans un film. C'est-à-dire que si tu vois un film avec la musique d'Eric Serra, forcément ça t'arrive la musique. Sa musique n'est pas seulement au service du film. Elle est assez somptueuse pour exister en même temps.

  • Speaker #0

    C'est clair, moi j'ai redécouvert ces musiques du film. En fait, la première fois que je t'ai rencontrée, c'est à Courbevoie, à un concert d'Eric. Moi je venais voir Eric parce que mon fils est bassiste et il voulait voir Eric en concert. Moi je ne connaissais pas son travail avec son groupe. Je connaissais ces musiques de films, bien sûr, mais je m'étais toujours dit, très bêtement et je l'avoue, qu'en fait, on connaissait ces musiques parce que les films avaient été des succès. Et en fait, en écoutant ces musiques sans voir les images, je me suis dit, mais en fait, c'est pas vrai. Les musiques, elles existent sans l'image et peut-être même ce serait l'inverse. Peut-être même, c'est les musiques qui rendent le film inoubliable peut-être encore plus que l'inverse. Effectivement, il a une patte et une présence artistique énorme. Je comprends. Donc que t'es craqué sur le cinquième élément.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est-à-dire que vous ne pouvez pas faire abstraction d'Egnio Morricone dans un film de... Je ne sais pas quel réalisateur... C'est pour ça que Léon est... C'est pour ça que tu ne peux pas faire semblant que ces compositeurs n'existent pas. Tu ne peux pas juste regarder le film. Donc quand tu vois Léon, par exemple, et tu écoutes la musique, ou quand tu vois Le Cinquième Élément et tu écoutes la musique, tu te rends compte en fait que c'est un immense travail des deux. En fait, c'est les deux qui ont fait succès. C'est Éric Serra et Luc Besson. Et après avoir fait Le Grand Bleu, qui en plus en Italie n'était pas connu, je me suis rendu compte à quel point les Français étaient marqués.

  • Speaker #0

    Dans le film, oui.

  • Speaker #1

    pas le personnage, pas le film, mais pas le personnage d'Eric Serra. Donc du coup, une chose que j'aurais pu faire de bien pour que mon album il existe, c'est lui donner une patte internationale avec une énergie internationale. Le problème que j'avais en France c'est que quand on arrivait au moment de l'enregistrement, tout était fade, petit et faible. Et moi je ne peux pas m'exprimer comme ça, on peut pas faire du rock de cette façon là. En tout cas dans mon pays on fait pas du rock comme ça. La preuve c'est les monneskins, ça tape pour de vrai, ça joue pour de vrai. C'est pas des conneries, on est là, on est authentique, c'est la jeunesse, c'est la vraie démarche. C'est un train qui marche dans la gueule du public en fait, c'est ça qu'il faut faire. Eric il fait ça. Alors même pour qu'il peut le définir jazz comme ça, Eric il a cette énergie de rock ou cette spontanéité africaine même. C'est ça,

  • Speaker #0

    c'est très très animal.

  • Speaker #1

    Moi j'ai connu Eric Serra à l'Hôtel Coste avec une femme qui travaillait dans la mode totalement, une fille vraiment au perche-monte, très bizarre. qui nous a présenté vraiment d'une façon vraiment trop rigolote. Et donc du coup, c'était une soirée très particulière. Je suis même fini à la maison d'Ophélie Winter ce jour-là. Voilà. Et donc, du coup, j'ai connu Eric Serra et l'attraper. Eric Serra, tu dois absolument connaître ce garçon. Donc du coup, lui, ça l'a fait beaucoup rire. Après, j'ai commencé à aller voir ses concerts. on a pu se parler et un jour Noemi Garcia, ma copine, m'a conseillé « Mais pourquoi tu ne lui demandes pas ? Est-ce que tu veux faire les directrices ? Au pire, il va te rediriger sur quelqu'un d'autre. Au pire, il va te dire comment mettre de l'énergie dans ton album. Il faut parler avec les justes gens, au moins discuter avec les justes gens. »

  • Speaker #0

    Donc c'est à Noemi qu'on doit cette merveilleuse idée ? Oui ! C'est bien !

  • Speaker #1

    Je l'ai invitée à l'Hôtel Corse. Noemi m'a suivi, donc elle est venue aussi. On a discuté avec lui et je lui ai expliqué mon projet. Donc il a rigolé évidemment parce que ce projet ça ressemble pas au mien. Mais Eric quand tu le connais c'est un rockeur. Et moi j'estime avoir beaucoup de caractéristiques de l'original rockeur, vraiment de comment il se comporte un rockeur dans la vie. Avec assez de gentillesse. Parce que t'as jamais vu des artistes de variété française qui met les sharps, qui se la racontent, qui collent comme ça. C'est un truc de la variété mondiale que ces artistes là en fait ils ont cette vanité comme ça. qui n'existent pas chez les rockeurs. Parfois, ils arrivent à être plus beaux parce que Mick Jagger est beau, même aujourd'hui, même sur scène. Mais il n'a pas cette vanité-là.

  • Speaker #0

    Tu crois que l'humilité, c'est l'apanage du rock, tu crois ?

  • Speaker #1

    Les rockeurs, ils ont un comportement. Et Eric Serra, il a ce comportement-là, il a ce caractère-là. Et donc, du coup, c'est facile de discuter avec lui, surtout de musique, de tout ce qui nous passionne. Et donc, du coup, ça s'est bien passé. Ça s'est passé comme deux portes qui buvaient un verre. Eric a mis de côté sa célébrité, de côté son importance. Et c'est le cas des gens comme Paul McCartney, qui essaie de mettre à l'aise les autres par rapport à leurs célébrités. Un jour, j'ai vu une interview de Paul McCartney qui a dit que c'est à moi de mettre à l'aise les gens, parce que les gens ne seront jamais à l'aise devant moi. J'ai vu des grandes personnes, vraiment des personnes très importantes, être gentilles avec moi. Moi, j'ai vu Aznavour me parler directement, comme si je n'existais que moi. J'ai vu Romain Duris me donner de l'attention. J'ai vu Alain Delon quand il m'a serré la main. qu'il était humble avec moi. Comment il peut, Alain Delon, être humble avec moi ? C'est impossible. Il a été... D'ailleurs, il m'a appris quand je l'ai vu faire. J'ai dit, ah voilà, donc on peut être comme ça, avec quelqu'un d'aussi petit par rapport à toi. Là, j'ai compris. C'est vraiment le déclic, c'était Alain Delon. Et là, j'ai compris la démarche de beaucoup de rockeurs, en fait, qui essaient d'être eux-mêmes, de ne pas perdre cette étincelle de Peter Pan, comme ça, qu'on a en nous. Et c'est génial, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, t'as un peu, toi, le syndrome de Peter Pan.

  • Speaker #1

    Oui, on va dire oui. On va dire oui. Donc du coup j'ai réussi à discuter vraiment avec Eric Serra, à m'entendre bien et c'est pour ça que mon album c'est le fruit d'une amitié, ce n'est pas quelque chose qu'une maison de disques a dû assembler comme un puzzle qui ne marche pas. Ce n'est pas politique, ce n'est pas forcé, c'est que des bonnes énergies, que des gens qu'on connaissait déjà qui pouvaient jouer sur mon album. On l'a fait vraiment avec du talent, sans problème, en faisant des dîners en même temps, on a fait plus de dîners que... que de rendez-vous presque. Et voilà, c'est la vraie vie. C'est là que la vie elle vaut la peine d'être vécue. Oui,

  • Speaker #0

    je t'ai entendu dans une interview parler de l'album en te disant que tu... que tu étais content parce que tu trouvais ça beau, mais pas seulement la musique, que tu te trouvais beau en le faisant. Ça a un rapport avec le clip de Rendez-vous au pont où on vous voit au studio. C'est Eric qui a dit ça. J'ai tellement compris cette phrase. Vous êtes très beau sur ce clip en fait.

  • Speaker #1

    Eric il a dit en fait que là je pense qu'on est beau comme on veut être beau, c'est-à-dire au travail.

  • Speaker #0

    C'est des images qui sont très émouvantes, je trouve, vraiment. Parce qu'il y a beaucoup d'amitié, c'est très sincère, ça n'a pas du tout l'air d'un clip... Il y a beaucoup de clips qui sont tournés en studio, mais où tu te dis, bon, il a pris la caméra, il est revenu, il a fait des plans exprès parce qu'on n'a pas le plan du chanteur derrière le micro.

  • Speaker #1

    On filmait la réalité.

  • Speaker #0

    Et là, c'était la vérité.

  • Speaker #1

    On filmait la réalité, on ne faisait pas une mise en scène pour le public.

  • Speaker #0

    Oui, ça se voit et c'est très...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, Eric, ce n'est pas un mec qui fait des mises en scène. Même quand il fait des vidéos, il les fait authentiques. Oui, oui, je suis sur Instagram. Il ne se fait pas juste la promo comme ça. Et ça, c'est... C'est un bon enseignement, même pour les gens comme moi, c'est-à-dire de voir des grands qui ne savent vraiment même pas les vidéos comme ça, parce que les jeunes, ils doivent comprendre aujourd'hui la différence entre propagande et information.

  • Speaker #0

    Mais comment tu fais, justement, puisque là, ton album, à l'heure où on fait l'interview, il n'est pas encore sorti, mais à l'heure où l'interview sera diffusée, il sera sorti puisqu'il sort le 25 avril. Comment tu fais, justement, aujourd'hui, pour concilier, d'autant que tu es... toi le maître d'oeuvre de ton album en fait, tu n'as pas derrière un Universal ou quelqu'un comme ça qui s'occupe de ta promo, c'est toi qui gère tout ça. Comment tu fais justement pour faire une promotion sincère et authentique, en sachant que tu vas forcément être obligé d'y mettre beaucoup de moyens personnels, sans tomber dans la propagande justement ? Quel conseil tu donnerais à ceux qui doivent parler de leur musique ? Comment tu en parles sans que ce soit de la propagande ?

  • Speaker #1

    Imaginez-vous un resto, d'accord ? Le resto, il est bondé de monde parce que tu fais de la bonne cuisine, parce que tu fais gaffe à ce que tu fais. Tu n'en nagues pas le consommateur, tu n'en nagues pas le client qui vient payer son plat. Si tu vas bien, c'est logique. Si tu as de la clientèle, c'est logique. Les produits, la mentalité de la cuisine. Le patron, là, il peut s'asseoir à ta table, il peut boire un verre, être content et être fier de lui. Si tu sais très bien que tu n'as pas utilisé de bons ingrédients et que tu ne fais pas de la bonne cuisine, et que la cuisine que tu fais, au pire même, fait mal aux gens, parce que tu peux faire du mal aussi avec la musique. Nous, on fait un travail, ça doit profiter aussi aux autres. Ça ne doit pas se profiter seulement à toi-même. Faire de la propagande, c'est savoir que tout va mal, donc que ton album n'est pas beau, que ton titre n'est pas super. Mais par contre, faire semblant... et dire aux gens qu'ils doivent absolument l'écouter. Parce que c'est important. C'est comme avoir un mauvais resto où tu es à l'extérieur et tu dis aux gens « Tu dois absolument venir manger chez moi, tu vas voir, c'est la vraie cuisine italienne » , alors que c'est de l'esbrouf. Et non quoi. On n'a pas besoin d'un monde comme ça. C'est pas le monde qu'on veut, c'est pas le monde qu'on a construit, c'est pas le monde pour lequel on se bat. Voilà, c'est pas comme ça qu'il faut vivre. C'est pas comme ça qu'il faut que ce soit. La qualité c'est important. Ne pas faire de la propagande, ça veut dire je fais un truc bien au maximum. que je peux faire et après j'ai dit au public voilà on a fait ce public. Alors moi je dis déjà que dans mon album il va y avoir quelque chose qui va plaire un tout petit peu à tout le monde donc du coup ça vaut la peine d'aller l'écouter parce que c'est un vrai travail. Bien sûr. C'est un vrai travail fait dans un vrai studio comme ça, c'est pas de l'arnaque, je l'ai pas fait dans ma chambre, je l'ai sorti. Je veux dire l'argent que les gens peuvent payer...

  • Speaker #0

    Tu penses qu'on peut pas faire un album dans sa chambre ?

  • Speaker #1

    On peut avoir des idées dans sa chambre, on peut pas faire un album dans sa chambre,

  • Speaker #0

    je crois pas. Je suis assez d'accord avec toi, mais aujourd'hui, tu as... beaucoup de gens qui le font, nécessitent Félois, il y a beaucoup d'artistes indépendants, autoproduits qui...

  • Speaker #1

    Non mais c'est qu'on veut faire croire en fait, il y a beaucoup de gens qui ont de l'intérêt dessus, là dessus, il y a des académies, il y a des trucs comme ça donc maintenant c'est tellement entremêlé le truc qu'on n'arrive pas à dire la vérité mais la vraie vérité c'est que on passe notre vie en fait sur youtube il y a trop de monde qui dit aux jeunes tu peux devenir tout ce que tu veux, tu peux faire ça, tu peux faire ça, tu peux faire ça en même temps, tu peux faire ça Donc il leur fait... Il faut croire qu'ils peuvent être réalisateurs, ingénieurs du son, arrangeurs, compositeurs et tout ça comme ça. Et le résultat, c'est qu'on a des gens, d'ailleurs c'est pas par hasard en France qu'ils appellent ça du son. J'ai fait un son, ça ne veut rien dire. Après quand tu écoutes, tu comprends pourquoi ils disent un son. Parce qu'en fait, ils ont que fait du copier-coller entre deux sons ensemble justement. Et ils pensent que c'est de la musique. La musique c'est un message. Si tu n'as pas un concept, une idée des chansons. une idée d'arrière d'opéra, une idée de symphonie comme ça, un vrai projet mélodique, un vrai projet harmonique. C'est inutile de faire une chanson avec l'intelligence artificielle qui te donne une idée, avec un logiciel d'accords qui te donne l'autre idée des accords. Oui, bien sûr, l'assemblage ça fait partie du travail de l'artiste, mais les jeunes ils croient vraiment que l'être artiste c'est ça aujourd'hui, c'est être dans sa chambre et d'utiliser plein de logiciels qui vont te faire être un artiste, alors qu'avant on se rencontrait. Avant c'était ton pote qui venait te chercher, tu te cognais à ton pote quand il faisait une partie de guitare, ça collait parfaitement à ta chanson. Sa partie de guitare c'était l'histoire de sa vie, la chanson que tu faisais c'était l'histoire de ta vie et là il y avait une symbiose de choses qui avaient un sens.

  • Speaker #0

    Je suis tellement d'accord avec ça. Je suis tellement d'accord. Est-ce que tu penses aussi, parce que dans ton album tu me disais tout à l'heure il y a deux titres en français, les autres sont en italien et en anglais. tu n'as pas donc pas tout écrit et tout composé, t'as travaillé avec d'autres gens, des auteurs, des compositeurs...

  • Speaker #1

    Surtout des auteurs parce que voilà, parce que tu n'as pas toujours...

  • Speaker #0

    En français, en italien, en anglais, des auteurs ou seulement dans les langues ? Dans toutes les langues,

  • Speaker #1

    j'ai travaillé parfois avec des gens pour faire des textes et certains textes je les ai faits moi parce que c'était vraiment le fruit d'une vraie aspiration. Et parfois tu as une super chanson, tu mets le refrain et tu te demandes mais le couplet il doit être comment ? Mais c'est pas facile, les gens croient que c'est facile. J'adore l'intelligence artificielle pour ça parce que... ça te donne la possibilité de réaliser des choses sans aller déranger d'autres gens, comme ça, comme ça, parce qu'elle peut nous aider dans tout ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Elle te donne surtout la réponse la plus probable par rapport aux éléments que tu lui donnes, en fait, puisqu'elle ne crée pas, elle ne fait que mettre à jour des évidences, en fait.

  • Speaker #1

    Voilà, mais tu peux faire des choses incroyables avec l'intelligence artificielle. Par exemple, un jour, ça m'est arrivé d'écrire un truc avec Atom Lemon, sauf que je ne pouvais pas le mettre parce que ça ne me donnait pas un sens. Mais alors c'est le moment où tu te demandes à l'intelligence artificielle, excuse-moi, mais est-on le même pour toi ? Ça a quel sens ? Dans l'histoire de l'humanité, est-ce qu'il y a quelque chose ? Est-ce qu'il y a une référence ? Ou quand tu écris le soleil bleu, est-ce qu'il y a une référence au soleil bleu ? Est-ce qu'il y a quelque chose de mystique ? Est-ce qu'il y a quelque chose d'ancestral ? Est-ce qu'il y a une culture populaire qui parlait du soleil bleu ? Ça, c'est incroyable. T'importe qui a toute la culture du monde et hélas c'est magnifique, c'est vraiment magnifique. Mais pourquoi utiliser ces outils pour faire le travail à notre place ? Pourquoi vous leur demandez à l'intelligence artificielle, pourquoi vous lui demandez de faire un texte à ta place ? C'est pas bien. Pourquoi lui demander de faire une chanson à ta place ? C'est stupide.

  • Speaker #0

    Et donc toi qui a collaboré avec beaucoup de gens tu penses que aujourd'hui on est vraiment surtout en France dans une grande mode de auteur-compositeur-interprète. C'est à dire qu'effectivement tu fais ta chanson dans ta chambre. Alors, il y a des auteurs-compositeurs-interprètes qui font dans les studios aussi, mais l'idée qu'on peut faire une chanson tout seul, est-ce que tu crois que la chanson en général a perdu avec cette notion-là ? Puisque tu disais que tu préférais qu'on se rencontre comme on se rencontrait avant, toi, tu penses que c'est mieux de faire des chansons en équipe ?

  • Speaker #1

    Non, pas spécialement. Tu peux faire une chanson tout seul. Bien sûr, tu peux faire une chanson tout seul.

  • Speaker #0

    Mais un album entier, une carrière entière avec des chansons tout seul ?

  • Speaker #1

    Un album dans une chambre, c'est dommage. Ce serait vraiment dommage. Et dans ta chambre, non quoi. C'est un laboratoire. Moi, par exemple, je peux faire 30 chansons pour en faire sortir une.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Voilà. Après, tu as besoin du miroir des autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est de la recherche. C'est vraiment un laboratoire. Tu fais... Surtout pour moi, moi, je ne dois pas faire ressembler ma chanson spécialement à celle des autres. Donc, du coup, pour voir si ça marche vraiment ou pas, j'ai besoin de la réaliser. C'est pour ça que j'ai besoin d'avoir un studio à la maison. Mais l'intérêt de faire vraiment un album tout seul dans un studio. Non, à mon avis, non. Ce n'est pas une très bonne idée.

  • Speaker #0

    J'ai remarqué quelque chose que j'ai trouvé très intéressant. Moi, j'ai écouté ton single sur Apple Music. Et sur Apple Music, quand on cherche les crédits du titre, il y a tous les musiciens. Et c'est quasiment, enfin, c'est rarissime que quand on sort un single, on ait sur les plateformes de streaming le nom des musiciens. D'habitude, on les a seulement sur les albums physiques. Donc encore une fois, tu prouves que pour toi, le fait d'avoir une équipe d'artistes autour de toi avec lesquels tu as travaillé, tu valorises le travail de tout le monde, ça te paraît essentiel j'imagine ?

  • Speaker #1

    Ça va plus loin que ça. Ma pochette d'album. En fait, j'adorais les pochettes d'album de jazz. Parce que tu mets une photo, tu mets un truc et tu mets les musiciens en pochette. Et moi, ça m'a toujours donné une source d'importance, quelque chose que j'ai aimé. Mais je ne comprenais pas pourquoi ce n'était pas possible dans la pop ou dans le rock dans certaines occasions. Donc du coup, j'ai fait une folie, j'ai mis sur la pochette de l'album tout le monde. Même les mastering, le mixage, tout. Même ceux qui ont collaboré pour les textes comme ça. Donc tu as moi, tu as ma photo, tu as le titre de l'album et tu as tous les noms qui ont participé à l'album. Sur la pochette.

  • Speaker #0

    Donc comment s'appelle ton album ? Tu nous l'as dit tout à l'heure et tu as dit qu'on allait en reparler.

  • Speaker #1

    Mon album il s'appelle Art Decade.

  • Speaker #0

    Décennie d'art quoi.

  • Speaker #1

    Exact.

  • Speaker #0

    Parce que ça s'étale sur dix ans les chansons qui sont dedans ?

  • Speaker #1

    Non parce que ça reprend donc le nom de mon groupe rock New Wave. Parce qu'en fait c'était une période de ma vie, moi je pense que l'adolescence c'est une période extrêmement spirituelle au niveau de la musique. C'est une période où tu arrives dans un monde où plein de choses ont été faites et que tu ne les connais pas. Et donc tu veux exister dans tout ça mais tu n'as pas ni le temps ni la possibilité d'avoir toute cette culture immense. Et donc du coup tu t'exprimes. Quand tu arrives à Toto, à être talentueux et authentique en étant ado, tu as une communication directe avec les muses inspiratrices en fait. Tu sors vraiment des... Moi j'ai sorti des morceaux à cette époque-là qu'aujourd'hui des gens comme Eric Serra ou des gros musiciens me disent « Wow, félicitations ! »

  • Speaker #0

    Tu parles de quelle période quand tu dis l'adolescence, c'est quoi ? Une quinzaine d'années ?

  • Speaker #1

    À partir de 16 ans.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Donc les idées commencent à trotter dans ta tête à partir de 14 ans comme ça. Alors c'est une période où si tu écris des textes, tu écris vraiment des conneries. Mais pas tout le temps. À bout d'un moment, tu as des phrases qui sortent, qui sont la vérité. Par contre, la musique, elle est vraiment instinctive. Et par moments, elle devient incroyable. Parce qu'en fait, là, tu t'exprimes vraiment et tu n'as rien à ficher de ce qui se passe à l'extérieur. Et si tu arrives à être comme ça, adulte, de n'avoir rien à foutre de ce que font les autres et de faire ton truc à toi, alors là...

  • Speaker #0

    Tu y arrives encore, toi ?

  • Speaker #1

    Pas toujours. Parce que je n'arrive pas à ignorer ce que font les autres.

  • Speaker #0

    Et la culture musicale, parfois, elle te freine, en fait, ta culture ? Oui, Et derrière cet album, un autre album, des lives, des projets derrière là ? J'imagine que maintenant tu vas aller défendre cet album sur scène.

  • Speaker #1

    Alors moi j'espère vraiment, je prie Dieu vraiment pour que quelqu'un me donne la possibilité de continuer ce métier. Donc de ne pas me faire avoir des échecs tels que de me faire arrêter mon but de communication. Parce que mon but est vraiment la communication.

  • Speaker #0

    D'être compris, c'est ce que j'ai entendu.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Tu estimes que tu as été jusqu'ici incompris ?

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup de fois. C'est un problème très français aussi.

  • Speaker #0

    Tu étais plus compris en Italie ?

  • Speaker #1

    Oui, dans l'Angleterre, il n'y a pas de problème. Mais en France, c'est très dur d'exister en tant que rock. Déjà, quand tu sais que tu discutes avec les gens et que tu n'as pas... En fait, des gens qui ont besoin de toi, de ton talent, mais qui ne te font pas confiance au niveau de la personne, et qui pensent que tu es ingérable, alors qu'ils ne te connaissent pas. Je trouve ça hallucinant qu'une personne te regarde et qu'elle ait peur d'avoir une relation avec toi.

  • Speaker #0

    Qu'ils te jugent juste sur la couverture du bouquin.

  • Speaker #1

    C'est incroyable, mais ça arrive vraiment ici. Ça, c'est pas juste. Voilà.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Non, non, je comprends. Parce que tu portes un maquillage, parce que tu as les vêtements jaunes, parce que... Il y a beaucoup de collègues à moi qui ne croient pas ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu te trompes quand tu dis ça ?

  • Speaker #1

    Oui, mais ils ne sont pas contents. En fait, ils ne sont pas contents à quel point...

  • Speaker #0

    Ah non, je...

  • Speaker #1

    À quel point un producteur ou quelqu'un peut être différent avec moi qu'avec quelqu'un d'autre. Ou il peut avoir moins de confiance en moi qu'en quelqu'un d'autre. Et donc voilà, parfois c'est un gros problème. Oui, oui, je comprends.

  • Speaker #0

    Et tu penses que cet album va t'aider à être, en tout cas c'est ta démarche, tu penses qu'il va t'aider à être mieux compris ? Qu'on va enfin te rencontrer vraiment avec cet album ?

  • Speaker #1

    Non mais faire ce métier ça va faire comprendre aux gens que je vis en paix, que je fais de la musique et pour moi je ne suis pas si important que ça mais par contre ce que je fais ça peut être important pour des gens donc du coup ça vaut la peine de le faire exister. Donc moi normalement dans ma tête je fais un deuxième album et un troisième album et même très rapidement si c'est possible.

  • Speaker #0

    Toujours avec la même équipe ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Ça dépend.

  • Speaker #0

    Ça dépend des rencontres ? Ça dépend de celui-là ? Ça dépend.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être avec la même équipe. Il ne faut pas qu'elle soit pareille au premier album. C'est certain.

  • Speaker #0

    Et des lives pour défendre cet album ? Des concerts ? Alors ça,

  • Speaker #1

    je suis en train de voir, en fait, de prendre des accords avec des promoteurs live puisque... Et là, c'est le point fort. Parce que moi, je sais déjà comment mettre en live ces chansons-là. Oui,

  • Speaker #0

    t'es un artiste complet, t'as une esthétique complète aussi, t'as tout un univers en fait. Quand on prend Michelangelo, on le prend entier. C'est ça.

  • Speaker #1

    C'est dommage sinon.

  • Speaker #0

    Bah oui, on perd quelque chose.

  • Speaker #1

    Donc voilà, j'ai vraiment une idée pour le live, totalement.

  • Speaker #0

    Forcément, un concert à la hauteur des ambitions que tu as, ça ne doit pas être simple à mettre en place.

  • Speaker #1

    Musicalement, oui, c'est même pas cher. Après, ça dépend... Ça dépend de Paris, ça dépend de la France, voilà,

  • Speaker #0

    plein de choses. Mais tu peux l'emmener à l'international aussi, parce que tu n'as jamais que deux titres en français, le reste c'est de l'italien et de l'anglais, donc...

  • Speaker #1

    Il est fait pour tout le monde, pour la personne que je suis, je ne suis pas une personne qui...

  • Speaker #0

    Tu envisages de l'emmener en Chine ? Là-bas, tu es très très...

  • Speaker #1

    J'ai déjà joué à l'album en Chine, oui.

  • Speaker #0

    Et là-bas, ça cartonne ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai beaucoup de fans, mais qui commencent à devenir des fans spécifiques.

  • Speaker #0

    Spécifiques, tu veux dire à Mozart par exemple, ou spécifiques à toi ?

  • Speaker #1

    Non, des spécifiques à moi, à mon univers vraiment.

  • Speaker #0

    Ça c'est génial ! Oui,

  • Speaker #1

    chose qui est géniale pour moi, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux, pour finir là-dessus, nous partager une réflexion sur la chanson, justement en France aujourd'hui ? Toi, qu'est-ce que tu penses de ce qui se passe, de ce qui va se passer ? Qu'est-ce que tu espères pour la chanson française aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Il faut que les musiciens se mettent aux armes. les compositeurs aussi, et qu'on la sauve. Aujourd'hui, le business musical, il peut arriver qu'avec des belles choses, avec la qualité, comme ça. Et ils doivent se mettre vraiment à créer une nouvelle chanson française, faire des influences qu'on veut, mais une nouvelle chanson française qui va dans le sens de tout, de tout le monde, et qui représente vraiment le peuple de France.

  • Speaker #0

    Il y a des pistes déjà, tu crois ? Tu as entendu des choses, tu entends des choses qui te paraissent prometteuses ?

  • Speaker #1

    C'est une question très difficile à laquelle je me donne un bonus de ne pas répondre tout de suite. Ok.

  • Speaker #0

    D'accord. Et dernière question.

  • Speaker #1

    Il y a des gens qui se donnent cette responsabilité-là d'aller plus loin. Il faut juste qu'on trouve des artistes qui s'expriment vraiment et que chacun ne soit pas la copie de l'autre. Parce que ce n'est pas en copiant qu'on arrive. On a eu de grands exemples de chansons françaises. Par exemple, tous les gens qui ne sont pas souciés du style, comme Michel Berger, qui a sorti son style à lui. Pour quelqu'un, nous avons une belle émotion. Là, c'est de la version française. Pourquoi ? Parce que c'est un français qui s'exprime avec sa musique, avec des accords qui ne ressemblent pas aux accords que tu écoutes à l'international. Le français, il peut être très innovateur.

  • Speaker #0

    Et je suis assez d'accord avec toi globalement. Et du coup, dernière question en fait, celle que je pose à tout le monde. Est-ce que tu aurais, on en parlait juste avant l'interview ensemble, un artiste francophone, français, que tu nous conseillerais ardemment d'aller écouter ? Tu me parlais de Thomas Prado, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ah oui, qui n'est pas célèbre.

  • Speaker #0

    Qui n'est pas célèbre, voilà. Qui n'est pas célèbre,

  • Speaker #1

    ok. Alors, donc oui, il y a des gens qui ne sont pas célèbres parfois comme ça. Alors, donc en Belgique, il y a Olive. qu'elle fait des super morceaux bien arrangés, que c'est quelqu'un même qui mériterait d'avoir une vraie carrière. Et c'est impressionnant, comme tu vois ses vidéoclips, sa musique, c'est impressionnant à quel point c'est abouti. Il y a en France... Thomas Prado, c'est un garçon qui sait faire vraiment des chansons, qui sait vraiment faire de la performance. Voilà ce dont la France aurait besoin. Quelqu'un qui sait faire la scène et qui sait faire aussi la télé et qui sait faire aussi des chansons dans son laboratoire. Voilà, il s'appelle Thomas Prado. Si c'est produit en live, je n'oublierai pas ce que vous allez entendre parce qu'il est vraiment très doué. Et quand il fait des chansons, il décide de faire des super chansons. Il décide de les orchestrer bien, même quand il n'a pas de moyens. Il fait des choses magnifiques. Il trouve des potes pour faire des vidéoclips. Et c'est des vrais vidéoclips. Alors franchement, Quand tu as des gens à tout faire comme ça, qui savent tout faire et qui le font bien, même quand ils ne sont pas en sous, il faut sauter sur l'occasion. Donc Thomas Prado, je vous conseille. Mais si un jour, aujourd'hui, une maison de disques le signe, il va te faire un album qui est une merveille.

  • Speaker #0

    Voilà. Ah ben ça, tu nous l'as bien vendu, écoute. Je pense qu'on va tout de suite aller l'écouter. Ben écoute, je te remercie.

  • Speaker #1

    C'est toujours honorable pour moi, pour l'artiste.

  • Speaker #0

    Sacha Guitry disait que le silence qui suit Mozart, c'est encore du Mozart. Je crois que le silence qui suit Michelangelo Loconte, c'est encore du Michelangelo Loconte. Je garderai de cet échange sa chaleur italienne, sa passion pour l'art et son sens de la responsabilité vis-à-vis du public, l'envie d'une musique sans concession et d'un partage résolument humain, où la technologie doit rester un outil pour ne pas devenir une menace. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode. S'il vous a plu, faites-le découvrir à vos amis en le partageant sur vos réseaux ou laissez-nous une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute favorite. Et n'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode. Vous pouvez aussi vous abonner à notre playlist sur la chaîne YouTube Providence Prod et sur les plateformes d'écoute. Enfin, rejoignez-nous sur le compte Instagram Providence.prod et faites-nous part de vos coups de cœur qui rejoindront peut-être la playlist. Merci beaucoup à Ruben MG pour l'habillage musical de ce podcast. Et puisque la musique, ça se partage, en attendant le prochain épisode,

  • Speaker #1

    parlons chansons.

Description

Je reçois aujourd'hui Mikelangelo Loconte, le célèbre interprète de Mozart dans Mozart l'Opéra Rock à l'occasion de la sortie de son premier album solo "Art Décade", réalisé par Eric Serra.


Une fois n'est pas coutume, on franchira les frontières de la variété française, puisque Mikele est italien et n'a pas grandi bercé par nos grands artistes.


Pour autant nous évoquerons Jacques Brel, Charles Aznavour, Claude Barzotti, Jacques Higelin, Zazie Marc Lavoine, Michel Berger et même Plastic Bertrand ou Alec Mansion (Leopold Nord et Vous) !


Son oeil extérieur à notre culture de la chanson française, et son ADN de rocker lui confèrent un regard neuf, parfois un peu critique mais résolument bienveillant sur notre variété.


Pour lui, être artiste c'est avoir une responsabilité vis à vis du public. C'est créer avec son coeur et ses tripes, partager avec d'autres artistes, utiliser la technologie mais ne pas la laisser créer à notre place, savoir se vendre sans confondre information et propagande...


Faire des chansons pour faire du bien aux autres et aussi pour se faire comprendre.


J'espère que vous prendrez plaisir à découvrir cet artiste hors norme et extraordinairement attachant et que vous irez découvrir son album.


Quant à lui, en fin d'épisode ill vous fera découvrir deux artistes :


Olive, une chanteuse d'origine belge :

https://www.youtube.com/watch?v=z4KyEje_w0I


Et Thomas Pradeau, auteur compositeur et chanteur français

www.youtube.com/@ThomasPradeau



Merci d'avoir écouté cet épisode. Dont Ruben MG a composé les génériques et l'habillage


La plaît-liste est sur Spotify

https://open.spotify.com/playlist/6AqcJznoUlUhkw408H4lCp?si=AlBg4YDnSk6XI1CmZLAv_Q&pi=QZmd70eyQo--U

Et deezer:

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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Parlons Chansons. Dans chaque épisode, on déroulera la bande-son en français dans le texte de la vie d'une personnalité qui nous parlera de son actu, de ses projets et qui partagera ses derniers coups de cœur, des pépites méconnues de la chanson française qu'elle a envie de mettre à l'honneur. Je suis Sauvane Delanoë, auteure, comédienne et chanteuse. Mais ça, vous ne le savez pas, puisque mon podcast n'existait pas avant et que personne n'a eu l'occasion de vous parler de moi. Sauf que maintenant... ça va changer et j'ai envie de donner cette chance à plein d'artistes. Alors, si la chanson française, ça vous parle, restez avec nous et parlons chansons. L'épisode d'aujourd'hui sort un peu des sentiers battus. Mon invité n'est pas français et il n'a pas grandi avec la variété française. Pour autant, il est chanteur, auteur, compositeur, artiste touche-à-tout et éclectique. Je le reçois à l'occasion de la sortie de son album Art Decade et je sais que vous serez sensibles à son parcours et à son discours chaleureux et sincère. J'ai l'honneur de recevoir Mozart en personne. Michelangelo, lo conti. Donc déjà, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation, ça me fait très plaisir. En plus, j'ai interviewé il n'y a pas longtemps Diane Dacini, et maintenant j'ai Mozart en personne.

  • Speaker #1

    C'est pas mal.

  • Speaker #0

    Donc je vais commencer par la même première question que celle que je pose à tout le monde. Pour toi, c'est quoi la variété française ?

  • Speaker #1

    Pour le moment, si tu me demandes ça, pour moi, elle n'existe pas. Elle existait, certes, c'était une grande musique aimée par le monde entier, pas seulement par les Français. Donc c'était partagé, c'était à l'unanimité. Tout le monde adorait la musique française, tout le monde adorait la patte de la musique française. Aujourd'hui, la variété française, pour moi, elle n'existe pas, puisqu'elle a pris des influences à tort. Et ça ne marche pas. Je peux le dire avec les oreilles d'un étranger, qui connaît la musique qui se fait ailleurs, surtout. Non, c'est pas assez pour séduire à l'international. Non, moi je pense qu'on peut très bien valoriser la French Touch, que par contre, elle, elle s'est exportée. Et ce qu'on appelle la French Touch, que c'est une musique électro-française, donc du coup, celle-là, oui, elle est valide, puisqu'elle a eu des artistes qui ont vraiment proposé des choses assez originales.

  • Speaker #0

    Celle qui existait avant, donc pour toi, ça s'est arrêté quand à peu près ?

  • Speaker #1

    La grande chanson française, qu'on peut définir la variété française, quoi. Alors ça, c'est intouchable, ça c'est sacré. Mais avec le départ de gens comme Morane, comme ça... La variété française, aujourd'hui, les jeunes ne la proposent pas.

  • Speaker #0

    D'accord, je crois que je partage ton analyse.

  • Speaker #1

    Ah, merci. J'ai toujours peur de dire ces choses-là. Non,

  • Speaker #0

    non, je trouve que c'est très pertinent.

  • Speaker #1

    Vaut mieux dire qu'on pense que...

  • Speaker #0

    C'est très pertinent, je trouve. Et toi, comme tu es née en Italie, forcément, tu n'as donc pas baigné dans cette musique française, et pour cause, puisque tu as dû la découvrir beaucoup plus tard, j'imagine. J'ai vu quand même, quand tu étais enfant, tu étais... plutôt un élève turbulent et donc tu t'es tourné très tôt vers beaucoup d'arts différents, le dessin, le théâtre... Et la musique elle avait déjà une grande place pour toi ou c'est arrivé un peu après ?

  • Speaker #1

    La musique elle avait la plus importante place pour moi dès le départ mais j'ai fait autre chose parce que j'ai fait une école de dessin et d'art j'ai même fait de l'architecture d'intérieur, j'ai un peu tout fait.

  • Speaker #0

    Tu dessines des bijoux aussi non ?

  • Speaker #1

    Oui oui. J'ai besoin de ne pas faire seulement comme... En plus, je connais beaucoup d'artistes qui ne font pas qu'un art. C'est qu'on ne le sait pas, mais les artistes, ils touchent parfois à deux arts en même temps. Et donc, je suis un peu dessinateur, peintre, sculpteur comme ça aussi. Et oui, à bout d'un moment, on s'est créé. Je voulais faire partie d'une rock band et j'en ai eu la possibilité parce que parfois, les désirs, ça se réalise tellement qu'on les désire. Je me rappelle, à un moment, j'étais petit, j'allais avec le vélo. Je suis sorti de mon quartier, chose qui m'était interdite par mes parents. Et je me suis retrouvé dans un autre quartier où il y avait un concert à ciel ouvert, c'est-à-dire... On bat d'animaux, c'était une fête des quartiers.

  • Speaker #0

    T'as grandi dans les Pouilles, c'est ça, en Italie ? Oui,

  • Speaker #1

    dans les Pouilles, dans le sud de l'Italie. D'ailleurs, il y a une chanson dans mon album qui parle de ça, qui s'appelle « We are South » . On est au sud. Et là, j'ai découvert un groupe qui jouait et là j'ai dit ok d'accord je sais ce que je veux faire, je veux faire ça. Et oui j'ai voulu vraiment me mettre sur scène, faire une rock band, c'était l'époque de la New Wave. Et pour finir voilà j'ai fait une rock band New Wave qui s'appelle Art Decade, qui est aussi le titre de mon album et j'expliquerai pourquoi après. D'accord,

  • Speaker #0

    et donc tu as commencé à chanter à ce moment-là, tu as gagné des concours en Italie, notamment un concours pour la RAI qui s'appelait le... La Fête des Inconnus, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un festival. Ce n'est pas tellement pour ce festival, c'est pour la personne qui l'organise. C'est pour la personne qui l'organise. C'était Rita Pavone, qui est une grande star en Italie. C'était vraiment une grande artiste. Elle faisait du cinéma en même temps que de la musique. Elle m'a appris beaucoup de choses. Elle faisait ce concours. D'ailleurs, une des choses qui était belle de ce concours, c'est que c'était les artistes qui votaient l'artiste préféré. Tu devais voter l'artiste que tu préférais, sauf toi-même. Bien sûr. Et donc, à l'unanimité,

  • Speaker #0

    Avec la chanson, c'est là qu'elle s'était... Aria ?

  • Speaker #1

    Aria.

  • Speaker #0

    Après, tu as fait le festival de musique de Castrocaro, si je ne dis pas de bêtises. Oui. Là, avec une autre chanson qui s'appelait... J'ai cherché, hein. Adonimo. Je crois en toi Reste à sourire

  • Speaker #1

    Dans les terres francophones, il y avait moins de... À cette époque, c'était un moment où l'Italie vivait une crise de variété italienne, comme elle est aujourd'hui en France. Elle ne proposait rien de bon, et au festival de Sanremo, notre festival, il y avait vraiment de la musique pas super. Et donc, dans ce contexte... C'était quel année ?

  • Speaker #0

    C'était 2001 ?

  • Speaker #1

    C'était avant.

  • Speaker #0

    Avant 2001,

  • Speaker #1

    d'accord. Avant le 2000, dans les années 90. Ok.

  • Speaker #0

    Oui moi je me suis arrêtée en variété italienne à l'époque de Gianna Nannini avec Imaschi qui avait cartonné en France aussi. Je sais pas s'ils avaient cartonné en Italie mais en France oui.

  • Speaker #1

    Oui un peu toujours trop mélodique mais c'était toujours du rock, c'était Gianna Nannini, c'était toujours quelque chose.

  • Speaker #0

    Mais ça a toujours été très mélodique la musique italienne quand même. Oui. Historiquement je veux dire.

  • Speaker #1

    Oui parfois dans le sens bon du terme.

  • Speaker #0

    Le rock est arrivé plus tard, maintenant par contre c'est un vrai rock italien.

  • Speaker #1

    On a toujours eu du rock italien sauf que les gens ne le savaient pas. et grâce à internet et grâce à mon skin, voilà là on est dévoilé, tous les rockeurs italiens on est seuls Là on est à jour, je ne remercierai jamais assez ce groupe de jeunes qui ont réussi à faire comprendre au monde entier qu'il existe un vrai rock en Italie et que c'est pour de vrais et que c'est authentique.

  • Speaker #0

    Et en italien en plus parce que les premiers albums sont en italien et ça sonne Parce que c'est très compatible. Et donc comme le rock tu pouvais pas en faire en Italie, t'as exporté ton univers...

  • Speaker #1

    A cette époque non A cette époque, l'Italie s'est éloignée du rock, donc j'ai dû partir. Et sous conseil de Laura Pausini, je suis allé dans les terres francophones, où j'avais une opportunité. C'est Barzotti qui m'a appelé.

  • Speaker #0

    L'autre Barzotti, oui.

  • Speaker #1

    Parce qu'il voulait que je fasse une comédie musicale pour lui.

  • Speaker #0

    Les nouveaux nomades.

  • Speaker #1

    Oui. En étant vraiment honnête avec vous dans l'interview, je me suis rendu juste parce que c'était les terres francophones dont le père de Laura Pausini parlait. Je ne suis pas allé par intérêt de comédie musicale ou musicale. Je suis allé parce que ça me permettait de travailler à l'étranger. et dans le lieu qui m'avait expliqué le père de Laura Pausini, où il y avait la possibilité de trouver des vraies usines, des vrais studios d'enregistrement, dont les CP.

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #1

    à Bruxelles. Où j'ai enregistré mon album. Qui avaient encore des vrais studios, où la musique était encore quelque chose de très sérieux.

  • Speaker #0

    Et donc finalement, elle ne s'est pas faite cette comédie musicale avec Claude Barzotti ?

  • Speaker #1

    Non, elle ne s'est pas faite, elle était bien travaillée. Il avait même contacté Franco Dragone, et puis il fallait la mise en scène. Jean-Luc Moreau, donc des metteurs en scène vraiment de théâtre français. Et donc ils avaient fait cette comédie musicale, qu'après elle ne s'est pas faite parce que voilà, les gens ne l'acceptaient pas, ça s'est pas fait.

  • Speaker #0

    Mais toi tu parlais à peine le français, t'as tout enregistré en phonétique.

  • Speaker #1

    Je ne parlais pas le français. Donc j'ai entendu... En fait, c'est un truc très drôle quand Barzotti m'a demandé de faire la maquette de la comédie musicale, et qu'il m'envoyait l'enregistrement, moi je croyais qu'à partir de l'enregistrement je devais faire la maquette. Je pensais pas qu'il pouvait m'amener la PBO, me donner la PBO comme ça. Donc du coup je l'ai pas vite répondu, mais j'ai refait tous les arrangements. J'ai tout enregistré sur mon clavier et j'ai chanté ma version de la chanson et je lui ai envoyé. Et là il a halluciné, il a fait « Wow ! Tu as tout refait ! » Alors que moi j'attendais juste une réponse pour t'envoyer le pubio.

  • Speaker #0

    Tu maîtrises beaucoup d'instruments toi en plus.

  • Speaker #1

    Au niveau de mon laboratoire, de ma composition, oui. Je ne vais pas le faire sur scène parce que je connais des musiciens que j'apprécie beaucoup plus que moi et mes mains.

  • Speaker #0

    Oui, mais par contre, effectivement, tu parles la langue des musiciens, donc tu sais ce que tu veux.

  • Speaker #1

    Ah ça, oui. Je suis axé à la sensibilité des musiciens. Même parfois quand on fait des concerts avec des musiciens en live, ils me disent que j'aime bien parce que tu as l'écoute.

  • Speaker #0

    Oui, j'en parlais, moi, il n'y a pas très longtemps avec Fifi Chayeb. Et je sais qu'il avait adoré faire cette tournée avec toi.

  • Speaker #1

    Ah non, lui c'est un artiste, pas seulement un bassiste.

  • Speaker #0

    Un vrai artiste, c'est clair. Et donc, du coup, le français, c'est quand même une langue très compliquée. Tu l'apprends en chantant, en travaillant ?

  • Speaker #1

    J'ai dû enregistrer avec le légendaire Bernard Estardi, au CBS Studio. Donc j'ai travaillé avec lui pour connaître vraiment l'union entre moi, qui n'avait pas beaucoup d'expérience, et lui qui avait trop d'expérience. Et la conversation qui était facile entre nous deux. Ça, c'était quelque chose. Parce que l'amour de la musique, ça nous liait. Quand tu aimes vraiment de la musique, il y a de la conversation avec même des grands comme ça. Quand tu ne le fais pas pour le succès, c'est important. Bernard de Sardi m'avait appris à enregistrer et c'était un moment super. J'imagine. J'écrivais la phonétique en fait comme ça, en français, et je répétais ce que je lisais de ma main comme ça pour pouvoir faire en sorte que ça ressemble au français. C'est fou ça.

  • Speaker #0

    Mais même là, quand tu parles, tu as toujours un accent italien assez prononcé. mais quand tu chantes, là les français t'ont découvert dans Mozart, c'est assez bluffant, t'as quasiment plus d'accent dès que tu chantes.

  • Speaker #1

    Parce qu'on s'entend chanter mais on s'entend pas parler. C'est-à-dire qu'en ayant le contrôle de ma voix, je suis obligé d'avoir le contrôle aussi de la prononciation quand je chante parce que je m'écoute quand la voix sort, mais quand on parle c'est instinctif, ça va trop vite donc du coup tu n'arrives pas à rectifier en temps réel. Nous les chanteurs on sait rectifier en temps réel. On chante et pendant qu'on chante on maîtrise.

  • Speaker #0

    Et donc tu as travaillé là-bas en Belgique, tu as même arrangé des titres pour des chanteurs belges apparemment d'après ce que j'ai lu. Tu as été directeur artistique, c'est ça ?

  • Speaker #1

    À chaque fois que les gens me trouvaient un talent, c'est pas que je me suis proclamé quoi que ce soit, c'est qu'à chaque fois que je montrais ou que je prouvais que j'avais du talent sur certaines choses, les gens me donnaient plus d'estime peut-être ou alors plus de possibilités de le prouver. Parfois, je me suis retrouvé directeur artistique, parfois je me suis retrouvé arrangeur, tout en sachant qu'arrangeur, ce n'est pas juste avoir le goût de la musique, c'est vraiment un vrai métier. Quand tu te retrouves en train, que tu es obligé à faire un arrangement, et t'es le seul qui peut le faire, mais tu le fais. Après, en travaillant avec Jean-Pierre Pilot, je me suis rendu compte qu'arrangeur, c'est vraiment un métier et que ça va même avec l'analyse de la chanson, avec le texte. Bien sûr,

  • Speaker #0

    un bon arrangement peut sauver une chanson, comme un mauvais arrangement peut la tuer, c'est clair.

  • Speaker #1

    Ouais, moi, par exemple, j'avais... Je pouvais cacher un texte par mon arrangement. Et c'est pas le but.

  • Speaker #0

    Eh oui, bien sûr, je comprends ce que tu veux dire. Et du coup, tu travailles avec des artistes francophones en Belgique. Tu as des artistes comme ça qui te restent en tête, qui t'ont marqué pendant ce parcours-là ?

  • Speaker #1

    Oui, Morgane, qui avait fait l'Eurovision en Belgique. Tu dis cela ? Après, non pas spécialement. En fait, je faisais des arrangements. Aujourd'hui, j'ai même travaillé avec des gens. J'ai travaillé beaucoup de gens, avec beaucoup de musiciens qui après, ils sont allés dans les équipes de Morane, Lara Fabian. Donc, ils se sont retrouvés en fait, Tin Arena, comme ça.

  • Speaker #0

    Et tu as une... Du coup, ta culture de la musique, de la chanson française, elle s'est étoffée à ce moment-là en... en arrivant dans des terres francophones ?

  • Speaker #1

    Moi quand je suis arrivé j'étais seul, totalement seul, j'étais un italien, donc respecté un peu pour ça. Grâce à des gens comme Giovarizuto par exemple, un ami guitariste, qui était guitariste de Morane aussi, je suis rentré dans la mentalité. C'était des gens qui parlaient en même temps italien, en même temps français, et qui m'apprenaient comment se comporter en France, en Belgique, comment faire de la musique. Ils m'ont donné la possibilité de travailler dans les bistrots live, d'un ami à moi, Bouledou. Sa femme aussi travaillait avec moi pour Mona Morey, elle a travaillé dans mon album donc voilà comme ça. Et donc j'apprenais en fait dans les terres francophones à travailler. Je suis passé par la Suisse, par la Belgique et par la France.

  • Speaker #0

    Il y avait des artistes qui te touchaient particulièrement justement dans ces expressions francophones, même si tu étais là plus pour faire du rock ? Est-ce que la chanson de l'époque, il y a des choses qui te...

  • Speaker #1

    En Belgique, tu as la possibilité de connaître les artistes... plus facilement comme tous les connus en France, parce qu'ils viennent se relaxer en Belgique. Ils boivent un verre tranquille et peuvent se trouver à parler ou avoir une conversation avec n'importe qui. Et c'est l'intérêt de la Belgique, c'est le charme de la Belgique. Donc ça m'est arrivé d'avoir plus de proximité avec les grands artistes français en Belgique quand je n'étais personne, que pas en France quand j'avais déjà la carrière de Mozart au Péanar. J'ai eu des grandes conversations avec Marc Lavoine en Belgique, j'ai connu Zazie. Un truc par exemple que j'ai adoré, c'est de faire un duo avec Plastique Bertrand, qui m'a appelé en fait, il m'a vu sur scène et il a dit « Est-ce que tu voudrais présenter cette nouvelle chanson avec moi ? » Sauf qu'il était en francophonie, donc c'était devant 10 000 personnes à ce moment-là. Et devant 10 000 personnes, on s'est produit à chanter cette chanson avec lui, en sautant sur scène. Et ça moi j'ai adoré ! J'ai connu un artiste qui voulait me produire en Belgique, qui s'appelle Alec Mansion. Un seigneur quoi, mais vraiment, j'adorais le vrai intérêt de la musique, les vraies conversations de musique.

  • Speaker #0

    C'est un super parcours en tout cas. Et tout ça t'a amené comment à Mozart ?

  • Speaker #1

    À l'époque, suite justement à un rencontre avec Zazie, j'ai connu les musiciens de Zazie. Et en connaissant les musiciens de Zazie, j'ai connu Jean-Pierre Pillot. Jean-Pierre Pillot était à la base, il était compositeur du projet Mozart l'Opéra Rock, avec Olivier Schultes, avec... Et c'est comme ça qu'on s'est connus. Il m'a repéré donc en Belgique, il n'en a pas l'air de Vatia. Au départ, j'ai refusé le projet parce que j'avais peur. Tu sais, la France, c'est un pays de puristes. Donc, j'avais peur qu'ils fassent mon art en variété française. Et je n'étais pas d'accord. J'aimais trop mon art pour faire ça. Donc, du coup, j'en avais très, très, très peur. Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'Opéra Rock, le précédent Opéra Rock en France, c'était Starmania, sinon on n'en a pas eu.

  • Speaker #1

    Alors là, c'était magnifique. Mais ça faisait longtemps.

  • Speaker #0

    Mais ça faisait longtemps et sinon après les opéras rock, c'est plutôt une culture anglo-saxonne. Jésus Christ Superstar, Evita, enfin... Exact. Toutes les oeuvres d'André A. Weber, Tommy bien sûr.

  • Speaker #1

    Je m'interrogeais assez beaucoup de ça, donc du coup, quand ils m'ont contacté, j'ai refusé en bloc. Après, heureusement, j'avais des amis tellement amis qu'ils ont réussi à parler encore avec la production et dire « Vous ne comprenez pas, c'est parce que vous aimez tous les deux la musique, c'est pour ça que ce mec-là, il n'est pas... » Il a refusé, vous ne comprenez pas. Donc, du coup, on s'est eu à nouveau au téléphone, grâce à des grands amis que j'avais à l'époque, et que j'ai encore aujourd'hui, les mêmes. Et donc, du coup, j'ai réussi encore à me parler avec Jean-Pierre Pileau. On s'est compris au téléphone. Donc, je suis allé faire l'audition de Mozart, comme tout le monde. Donc, Jean-Pierre Pileau m'a dit, tu viens, si tu arrives à les convaincre tous, on va en parler. On va en parler du design de cette opéra rock. Et déjà, quand il a dit opéra rock, j'ai fait, quoi ? Opéra rock ?

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    Je comprends pourquoi tu viens chez moi. Ok, d'accord. Il avait compris que j'étais un chanteur de rock. Donc déjà, ça, ça m'avait plu. Quand j'ai su que c'était Olivier Daon, la mise en scène, il venait à cette époque-là de l'Oscar. Et donc là, j'ai dit, ok, là, ça rigole vraiment pas comme projet. Donc il va y avoir des artistes qui vont travailler dessus. C'est pas que des producteurs. Et donc là, je me suis approché à ce projet-là. Et j'ai adoré, en fait.

  • Speaker #0

    Même au niveau des paroles aussi, c'est très bien écrit.

  • Speaker #1

    J'étais repéré à l'audition. Florent Mott a été repéré à l'audition. il y a eu des gens en fait que Mélissa Mars elle a j'ai compris, même en sachant que c'était Melissa Marsh qui le faisait, je savais que c'était une artiste alternative. Bien sûr. Et donc j'ai dit, ok d'accord, là, ils cherchent des gens alternatifs pour faire un musical commercial. J'ai dit, ça, c'est une bonne idée. On va peut-être changer un tout petit peu le panorama qu'il y avait à cette époque-là.

  • Speaker #0

    Oui, ça a bouleversé beaucoup de choses en fait. Ça s'est vérifié. Vraiment, ça s'est vérifié. Ça s'est vérifié. Le succès continue encore.

  • Speaker #1

    Je savais que Floor Mott venait du métal, carrément. Ou de Jeff Buckley, de ces choses-là. Donc du coup, c'est un, là, il y a un truc à faire. ça, le divan, la

  • Speaker #0

    Donc ça c'est une aventure qui a duré très longtemps, entre déjà la première inversion au Palais des Sports, après la première tournée, après le retour avec le Symphonie, qui a encore une autre tournée, puis la Russie...

  • Speaker #1

    C'était ma vraie carrière en fait. En un an, j'avais réussi à me définir et me bâtir une petite carrière à moi. Une vraie carrière. Donc là je devenais un artiste pro, avec des responsabilités du coup, parce que quand tu fais ce métier-là, le public devient une responsabilité. Ce n'est pas seulement ton intérêt qui compte, mais c'est aussi l'intérêt du public. Et donc, c'était génial. Donc, j'ai commencé une vraie carrière.

  • Speaker #0

    Derrière, tu as fait une autre comédie musicale qui s'appelle Timeo, qui était une circomédie musicale. Est-ce que c'est simplement un hasard de parcours ? Est-ce que c'est un choix d'aller vers un spectacle un peu plus à taille humaine ? Je dirais, moins ambitieux que pouvait l'être peut-être Mozart ? Non. Quand je dis moins ambitieux, ce n'est pas méchant par rapport au projet, parce qu'il est magnifique en plus, mais ce n'est pas le même genre de grosse machine. Ce ne sont pas les mêmes salles.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas une passion spécialement directe avec le musical, avec le format du musical. donc à chaque fois qu'on me propose un rôle un rôle dans lequel je peux m'exprimer de façon assez particulière, assez transversale, là j'accepte. Le cas de Timéo, c'était un cas où on me proposait vraiment un autre personnage un peu ovni. Ce serait le cas si on me proposait Hamlet.

  • Speaker #0

    Oui, ou le MC dans Cabaret presque, ce genre de personnage un peu décalé.

  • Speaker #1

    Un peu hors norme. J'ai eu une énorme déception pendant Timéo parce que le metteur en scène c'était Alex Goode. Donc même à la base il voulait mettre des moustaches, des faux moustaches.

  • Speaker #0

    Le monsieur loyal attendu.

  • Speaker #1

    Il voulait le monsieur loyal du cirque normal. Alors que moi je voulais donner quelque chose de stellaire, enfin étoilé.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est ce que tu entends dire.

  • Speaker #1

    Stellare. Je voulais vraiment marquer le personnage. J'ai un gros regret à ce niveau là. C'est une idée que je n'ai pas exploité donc c'est très dommage. Évidemment je ne lui en veux pas. Mais c'est vraiment dommage quand tu as une démarche. C'est là que j'ai compris en fait que c'est dur de travailler dans ce pays, en France. Parce que le chant, entre tout, n'est pas spécialement l'artistique. Il y a des situations politiques. Du coup, c'est dur d'être artiste en France.

  • Speaker #0

    Ça fait partie des raisons qui t'ont poussé à te décider enfin à faire ton album ? Enfin, là, tu vas être maître d'oeuvre et faire vraiment... Oui. Toi quoi, ton univers tout amené...

  • Speaker #1

    J'ai eu des années de désert parce que je ne pouvais pas sortir l'album justement parce que les gens ne voulaient pas travailler avec moi, ils voulaient travailler sur moi. C'est-à-dire ils voulaient imposer des choses et utiliser le public qui m'aimait ou qui aimait le musical de Vatia comme ça.

  • Speaker #0

    En voulant refaire Bezard autrement quoi ?

  • Speaker #1

    Alors que j'étais disposé, même en compromis, j'étais disposé à faire de la musique commerciale et tout ça, mais dans le bon sens du terme. Oui,

  • Speaker #0

    commercial ça veut pas dire que c'est pas bon, ça peut être.

  • Speaker #1

    Je voulais que ce soit artistique, qu'il y ait quand même une touche de folie. Donc quand on te propose une chanson normale, alors que tu te maquilles et que tu sors de Mozart à l'opéra rock...

  • Speaker #0

    Déjà, l'approche du personnage était déjà assez décadente, enfin il y a quelque chose de très...

  • Speaker #1

    Déjà assez décadente. Je veux dire, je sors du... Tu sais, moi et Florent Mott, on est sortis de Mozart à l'opéra rock, ils nous ont proposé des chansons qui n'étaient pas rock.

  • Speaker #0

    Oui, des chansons d'amour de jeunes premiers.

  • Speaker #1

    Voilà, tu ne peux pas, tu ne peux pas, en fait, tu ne peux pas chanter la sa symphonie ou alors tout ce que j'ai chanté dans... Ou Tatoumoua. Oui, au Don Monsard L'Opéra, Tatouma qui était un peu inspiré presque à Gin Gin, Gin Gin, David Bowie comme ça. Et donc tu peux pas chanter des trucs comme ça, une chanson OVNI comme Tatouma, sortir et faire une chanson de variété française normale ou mélodique. Bien sûr. C'est impossible, ce serait une erreur et c'est pour ça que je faisais pas l'album parce qu'il y avait des vraies erreurs. des compromis que je ne pouvais pas avoir.

  • Speaker #0

    Oui, cela dit, c'est drôle parce que Diane Dassigny a dit à peu près la même chose en disant après forcément, on avait des contacts dans les maisons de disques et c'est pareil, les maisons de disques voulaient lui faire chanter des choses de Lolita post-adolescente qui était déjà plus de son âge et plus dans sa sensibilité. C'est surtout bizarre de vouloir chercher à fabriquer un artiste en allant à l'encontre de ce qu'il est. C'est un peu compliqué.

  • Speaker #1

    C'était très compliqué, oui.

  • Speaker #0

    Donc cet album, en fait, parce qu'on va enfin parler de ton album quand même, il est mûri depuis très longtemps, en fait. Il est fait de chansons qui datent d'un certain temps. Tu l'as construit au fil des années, en fait, pour arriver à un petit bijou qui te ressemble vraiment. En plus réalisé, parce que forcément, on est obligé de parler des collaborations que tu as sur cet album et d'Eric Serra avec qui tu... vraiment t'as collaboré pour le faire. C'est particulier déjà comme volonté de travailler avec quelqu'un qui vient plutôt de la musique de film, même s'il a fait beaucoup de chansons aussi, il a même fait un album à lui. Et il a travaillé avec Jacky Gellin, déjà ça aussi il s'est décalé. C'est très étonnant, parmi toutes cette rencontre.

  • Speaker #1

    Moi j'avais des propositions de maison de disques. que je ne pouvais pas accepter. Comme par exemple changer totalement de look, enlever le maquillage, comme ça. Je ne pouvais pas accepter parce que ce n'était pas moi. Tu ne peux pas venir directement de la New Wave ou du rock comme ça et faire semblant que tu aimes une autre genre de musique. Pour moi, les jeunes qui sortent aujourd'hui des titres qui ne les correspondent pas, c'est un gâchis immense. Des jeunes qui n'écouteraient jamais chez eux ce qu'ils vont chanter en télé. Tu as envie de leur dire pourquoi tu fais ça. Moi, je me suis déjà trouvé dans une situation où dans une maison de disques, personne n'aimait la chanson. Personne. pas le directeur artistique, pas le chef de la maison de disques, pas le compositeur non plus qu'il avait fait, pas l'arrangeur, pas les journalistes, pas toi, et par contre on se disait, pas l'attaché de presse de tout, par contre on se disait oui mais il faut le faire parce que c'est ce qui va marcher.

  • Speaker #0

    Ah oui mais t'as tout perdu si tu fais déjà une chanson que tu aimes pas.

  • Speaker #1

    Moi je me suis trouvé avec une proposition de chanson où ils disaient oui d'accord le refrain n'est pas bien, on va le changer, le texte n'est pas bien, on va le changer, l'arrangement n'est pas bien, on peut l'améliorer, et comme ça on va voir ce que ça sort. Wow !

  • Speaker #0

    Il faut faire autre chose dans ce cas là.

  • Speaker #1

    Si une chanson ne fonctionne pas, elle ne fonctionne pas, point barre. C'est tout. Je n'ai jamais compris ce discours-là de Maison de Disque comme ça. Dans ce climat-là, un peu de ma faute parce que je n'étais pas prêt, un peu de leur faute, en fait, on retardait toujours l'album. Et moi, je faisais quelque chose que... Je ne sais pas si c'est une qualité ou si c'est un tort. A bout d'un moment, on a annulé le truc. Parce que, en fait, ça ne se faisait pas. Et donc, du coup, je me suis retrouvé à bout d'un moment à être désespéré, à m'imaginer de ne plus pouvoir faire un album. mais j'étais déjà convaincu de le faire à l'étranger. Un jour, avec une conversation avec Noémie Garcia, ma copine, elle m'a dit « Mais existe quelqu'un en France qui pourrait faire ton album ? » J'ai dit « Oui, mais c'est impossible qu'il le fasse. » Existe des gens, par exemple, moi j'ai dit « Quand je vois un concert d'Eric Serra, je vais lui voir toute l'énergie internationale. »

  • Speaker #0

    Mais comment tu connaissais Eric ? Juste par ses musiques de films ?

  • Speaker #1

    Je connaissais ses musiques de films. Ça m'avait déjà touché. Quand j'ai vu le cinquième élément, je me suis rendu compte que la personne qui était derrière la musique... En fait, moi je pense qu'Eric Serra, c'est un artiste que... C'est un artiste implacable. C'est-à-dire que tu ne peux pas faire semblant qu'il n'existe pas dans un film. C'est-à-dire que si tu vois un film avec la musique d'Eric Serra, forcément ça t'arrive la musique. Sa musique n'est pas seulement au service du film. Elle est assez somptueuse pour exister en même temps.

  • Speaker #0

    C'est clair, moi j'ai redécouvert ces musiques du film. En fait, la première fois que je t'ai rencontrée, c'est à Courbevoie, à un concert d'Eric. Moi je venais voir Eric parce que mon fils est bassiste et il voulait voir Eric en concert. Moi je ne connaissais pas son travail avec son groupe. Je connaissais ces musiques de films, bien sûr, mais je m'étais toujours dit, très bêtement et je l'avoue, qu'en fait, on connaissait ces musiques parce que les films avaient été des succès. Et en fait, en écoutant ces musiques sans voir les images, je me suis dit, mais en fait, c'est pas vrai. Les musiques, elles existent sans l'image et peut-être même ce serait l'inverse. Peut-être même, c'est les musiques qui rendent le film inoubliable peut-être encore plus que l'inverse. Effectivement, il a une patte et une présence artistique énorme. Je comprends. Donc que t'es craqué sur le cinquième élément.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est-à-dire que vous ne pouvez pas faire abstraction d'Egnio Morricone dans un film de... Je ne sais pas quel réalisateur... C'est pour ça que Léon est... C'est pour ça que tu ne peux pas faire semblant que ces compositeurs n'existent pas. Tu ne peux pas juste regarder le film. Donc quand tu vois Léon, par exemple, et tu écoutes la musique, ou quand tu vois Le Cinquième Élément et tu écoutes la musique, tu te rends compte en fait que c'est un immense travail des deux. En fait, c'est les deux qui ont fait succès. C'est Éric Serra et Luc Besson. Et après avoir fait Le Grand Bleu, qui en plus en Italie n'était pas connu, je me suis rendu compte à quel point les Français étaient marqués.

  • Speaker #0

    Dans le film, oui.

  • Speaker #1

    pas le personnage, pas le film, mais pas le personnage d'Eric Serra. Donc du coup, une chose que j'aurais pu faire de bien pour que mon album il existe, c'est lui donner une patte internationale avec une énergie internationale. Le problème que j'avais en France c'est que quand on arrivait au moment de l'enregistrement, tout était fade, petit et faible. Et moi je ne peux pas m'exprimer comme ça, on peut pas faire du rock de cette façon là. En tout cas dans mon pays on fait pas du rock comme ça. La preuve c'est les monneskins, ça tape pour de vrai, ça joue pour de vrai. C'est pas des conneries, on est là, on est authentique, c'est la jeunesse, c'est la vraie démarche. C'est un train qui marche dans la gueule du public en fait, c'est ça qu'il faut faire. Eric il fait ça. Alors même pour qu'il peut le définir jazz comme ça, Eric il a cette énergie de rock ou cette spontanéité africaine même. C'est ça,

  • Speaker #0

    c'est très très animal.

  • Speaker #1

    Moi j'ai connu Eric Serra à l'Hôtel Coste avec une femme qui travaillait dans la mode totalement, une fille vraiment au perche-monte, très bizarre. qui nous a présenté vraiment d'une façon vraiment trop rigolote. Et donc du coup, c'était une soirée très particulière. Je suis même fini à la maison d'Ophélie Winter ce jour-là. Voilà. Et donc, du coup, j'ai connu Eric Serra et l'attraper. Eric Serra, tu dois absolument connaître ce garçon. Donc du coup, lui, ça l'a fait beaucoup rire. Après, j'ai commencé à aller voir ses concerts. on a pu se parler et un jour Noemi Garcia, ma copine, m'a conseillé « Mais pourquoi tu ne lui demandes pas ? Est-ce que tu veux faire les directrices ? Au pire, il va te rediriger sur quelqu'un d'autre. Au pire, il va te dire comment mettre de l'énergie dans ton album. Il faut parler avec les justes gens, au moins discuter avec les justes gens. »

  • Speaker #0

    Donc c'est à Noemi qu'on doit cette merveilleuse idée ? Oui ! C'est bien !

  • Speaker #1

    Je l'ai invitée à l'Hôtel Corse. Noemi m'a suivi, donc elle est venue aussi. On a discuté avec lui et je lui ai expliqué mon projet. Donc il a rigolé évidemment parce que ce projet ça ressemble pas au mien. Mais Eric quand tu le connais c'est un rockeur. Et moi j'estime avoir beaucoup de caractéristiques de l'original rockeur, vraiment de comment il se comporte un rockeur dans la vie. Avec assez de gentillesse. Parce que t'as jamais vu des artistes de variété française qui met les sharps, qui se la racontent, qui collent comme ça. C'est un truc de la variété mondiale que ces artistes là en fait ils ont cette vanité comme ça. qui n'existent pas chez les rockeurs. Parfois, ils arrivent à être plus beaux parce que Mick Jagger est beau, même aujourd'hui, même sur scène. Mais il n'a pas cette vanité-là.

  • Speaker #0

    Tu crois que l'humilité, c'est l'apanage du rock, tu crois ?

  • Speaker #1

    Les rockeurs, ils ont un comportement. Et Eric Serra, il a ce comportement-là, il a ce caractère-là. Et donc, du coup, c'est facile de discuter avec lui, surtout de musique, de tout ce qui nous passionne. Et donc, du coup, ça s'est bien passé. Ça s'est passé comme deux portes qui buvaient un verre. Eric a mis de côté sa célébrité, de côté son importance. Et c'est le cas des gens comme Paul McCartney, qui essaie de mettre à l'aise les autres par rapport à leurs célébrités. Un jour, j'ai vu une interview de Paul McCartney qui a dit que c'est à moi de mettre à l'aise les gens, parce que les gens ne seront jamais à l'aise devant moi. J'ai vu des grandes personnes, vraiment des personnes très importantes, être gentilles avec moi. Moi, j'ai vu Aznavour me parler directement, comme si je n'existais que moi. J'ai vu Romain Duris me donner de l'attention. J'ai vu Alain Delon quand il m'a serré la main. qu'il était humble avec moi. Comment il peut, Alain Delon, être humble avec moi ? C'est impossible. Il a été... D'ailleurs, il m'a appris quand je l'ai vu faire. J'ai dit, ah voilà, donc on peut être comme ça, avec quelqu'un d'aussi petit par rapport à toi. Là, j'ai compris. C'est vraiment le déclic, c'était Alain Delon. Et là, j'ai compris la démarche de beaucoup de rockeurs, en fait, qui essaient d'être eux-mêmes, de ne pas perdre cette étincelle de Peter Pan, comme ça, qu'on a en nous. Et c'est génial, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, t'as un peu, toi, le syndrome de Peter Pan.

  • Speaker #1

    Oui, on va dire oui. On va dire oui. Donc du coup j'ai réussi à discuter vraiment avec Eric Serra, à m'entendre bien et c'est pour ça que mon album c'est le fruit d'une amitié, ce n'est pas quelque chose qu'une maison de disques a dû assembler comme un puzzle qui ne marche pas. Ce n'est pas politique, ce n'est pas forcé, c'est que des bonnes énergies, que des gens qu'on connaissait déjà qui pouvaient jouer sur mon album. On l'a fait vraiment avec du talent, sans problème, en faisant des dîners en même temps, on a fait plus de dîners que... que de rendez-vous presque. Et voilà, c'est la vraie vie. C'est là que la vie elle vaut la peine d'être vécue. Oui,

  • Speaker #0

    je t'ai entendu dans une interview parler de l'album en te disant que tu... que tu étais content parce que tu trouvais ça beau, mais pas seulement la musique, que tu te trouvais beau en le faisant. Ça a un rapport avec le clip de Rendez-vous au pont où on vous voit au studio. C'est Eric qui a dit ça. J'ai tellement compris cette phrase. Vous êtes très beau sur ce clip en fait.

  • Speaker #1

    Eric il a dit en fait que là je pense qu'on est beau comme on veut être beau, c'est-à-dire au travail.

  • Speaker #0

    C'est des images qui sont très émouvantes, je trouve, vraiment. Parce qu'il y a beaucoup d'amitié, c'est très sincère, ça n'a pas du tout l'air d'un clip... Il y a beaucoup de clips qui sont tournés en studio, mais où tu te dis, bon, il a pris la caméra, il est revenu, il a fait des plans exprès parce qu'on n'a pas le plan du chanteur derrière le micro.

  • Speaker #1

    On filmait la réalité.

  • Speaker #0

    Et là, c'était la vérité.

  • Speaker #1

    On filmait la réalité, on ne faisait pas une mise en scène pour le public.

  • Speaker #0

    Oui, ça se voit et c'est très...

  • Speaker #1

    D'ailleurs, Eric, ce n'est pas un mec qui fait des mises en scène. Même quand il fait des vidéos, il les fait authentiques. Oui, oui, je suis sur Instagram. Il ne se fait pas juste la promo comme ça. Et ça, c'est... C'est un bon enseignement, même pour les gens comme moi, c'est-à-dire de voir des grands qui ne savent vraiment même pas les vidéos comme ça, parce que les jeunes, ils doivent comprendre aujourd'hui la différence entre propagande et information.

  • Speaker #0

    Mais comment tu fais, justement, puisque là, ton album, à l'heure où on fait l'interview, il n'est pas encore sorti, mais à l'heure où l'interview sera diffusée, il sera sorti puisqu'il sort le 25 avril. Comment tu fais, justement, aujourd'hui, pour concilier, d'autant que tu es... toi le maître d'oeuvre de ton album en fait, tu n'as pas derrière un Universal ou quelqu'un comme ça qui s'occupe de ta promo, c'est toi qui gère tout ça. Comment tu fais justement pour faire une promotion sincère et authentique, en sachant que tu vas forcément être obligé d'y mettre beaucoup de moyens personnels, sans tomber dans la propagande justement ? Quel conseil tu donnerais à ceux qui doivent parler de leur musique ? Comment tu en parles sans que ce soit de la propagande ?

  • Speaker #1

    Imaginez-vous un resto, d'accord ? Le resto, il est bondé de monde parce que tu fais de la bonne cuisine, parce que tu fais gaffe à ce que tu fais. Tu n'en nagues pas le consommateur, tu n'en nagues pas le client qui vient payer son plat. Si tu vas bien, c'est logique. Si tu as de la clientèle, c'est logique. Les produits, la mentalité de la cuisine. Le patron, là, il peut s'asseoir à ta table, il peut boire un verre, être content et être fier de lui. Si tu sais très bien que tu n'as pas utilisé de bons ingrédients et que tu ne fais pas de la bonne cuisine, et que la cuisine que tu fais, au pire même, fait mal aux gens, parce que tu peux faire du mal aussi avec la musique. Nous, on fait un travail, ça doit profiter aussi aux autres. Ça ne doit pas se profiter seulement à toi-même. Faire de la propagande, c'est savoir que tout va mal, donc que ton album n'est pas beau, que ton titre n'est pas super. Mais par contre, faire semblant... et dire aux gens qu'ils doivent absolument l'écouter. Parce que c'est important. C'est comme avoir un mauvais resto où tu es à l'extérieur et tu dis aux gens « Tu dois absolument venir manger chez moi, tu vas voir, c'est la vraie cuisine italienne » , alors que c'est de l'esbrouf. Et non quoi. On n'a pas besoin d'un monde comme ça. C'est pas le monde qu'on veut, c'est pas le monde qu'on a construit, c'est pas le monde pour lequel on se bat. Voilà, c'est pas comme ça qu'il faut vivre. C'est pas comme ça qu'il faut que ce soit. La qualité c'est important. Ne pas faire de la propagande, ça veut dire je fais un truc bien au maximum. que je peux faire et après j'ai dit au public voilà on a fait ce public. Alors moi je dis déjà que dans mon album il va y avoir quelque chose qui va plaire un tout petit peu à tout le monde donc du coup ça vaut la peine d'aller l'écouter parce que c'est un vrai travail. Bien sûr. C'est un vrai travail fait dans un vrai studio comme ça, c'est pas de l'arnaque, je l'ai pas fait dans ma chambre, je l'ai sorti. Je veux dire l'argent que les gens peuvent payer...

  • Speaker #0

    Tu penses qu'on peut pas faire un album dans sa chambre ?

  • Speaker #1

    On peut avoir des idées dans sa chambre, on peut pas faire un album dans sa chambre,

  • Speaker #0

    je crois pas. Je suis assez d'accord avec toi, mais aujourd'hui, tu as... beaucoup de gens qui le font, nécessitent Félois, il y a beaucoup d'artistes indépendants, autoproduits qui...

  • Speaker #1

    Non mais c'est qu'on veut faire croire en fait, il y a beaucoup de gens qui ont de l'intérêt dessus, là dessus, il y a des académies, il y a des trucs comme ça donc maintenant c'est tellement entremêlé le truc qu'on n'arrive pas à dire la vérité mais la vraie vérité c'est que on passe notre vie en fait sur youtube il y a trop de monde qui dit aux jeunes tu peux devenir tout ce que tu veux, tu peux faire ça, tu peux faire ça, tu peux faire ça en même temps, tu peux faire ça Donc il leur fait... Il faut croire qu'ils peuvent être réalisateurs, ingénieurs du son, arrangeurs, compositeurs et tout ça comme ça. Et le résultat, c'est qu'on a des gens, d'ailleurs c'est pas par hasard en France qu'ils appellent ça du son. J'ai fait un son, ça ne veut rien dire. Après quand tu écoutes, tu comprends pourquoi ils disent un son. Parce qu'en fait, ils ont que fait du copier-coller entre deux sons ensemble justement. Et ils pensent que c'est de la musique. La musique c'est un message. Si tu n'as pas un concept, une idée des chansons. une idée d'arrière d'opéra, une idée de symphonie comme ça, un vrai projet mélodique, un vrai projet harmonique. C'est inutile de faire une chanson avec l'intelligence artificielle qui te donne une idée, avec un logiciel d'accords qui te donne l'autre idée des accords. Oui, bien sûr, l'assemblage ça fait partie du travail de l'artiste, mais les jeunes ils croient vraiment que l'être artiste c'est ça aujourd'hui, c'est être dans sa chambre et d'utiliser plein de logiciels qui vont te faire être un artiste, alors qu'avant on se rencontrait. Avant c'était ton pote qui venait te chercher, tu te cognais à ton pote quand il faisait une partie de guitare, ça collait parfaitement à ta chanson. Sa partie de guitare c'était l'histoire de sa vie, la chanson que tu faisais c'était l'histoire de ta vie et là il y avait une symbiose de choses qui avaient un sens.

  • Speaker #0

    Je suis tellement d'accord avec ça. Je suis tellement d'accord. Est-ce que tu penses aussi, parce que dans ton album tu me disais tout à l'heure il y a deux titres en français, les autres sont en italien et en anglais. tu n'as pas donc pas tout écrit et tout composé, t'as travaillé avec d'autres gens, des auteurs, des compositeurs...

  • Speaker #1

    Surtout des auteurs parce que voilà, parce que tu n'as pas toujours...

  • Speaker #0

    En français, en italien, en anglais, des auteurs ou seulement dans les langues ? Dans toutes les langues,

  • Speaker #1

    j'ai travaillé parfois avec des gens pour faire des textes et certains textes je les ai faits moi parce que c'était vraiment le fruit d'une vraie aspiration. Et parfois tu as une super chanson, tu mets le refrain et tu te demandes mais le couplet il doit être comment ? Mais c'est pas facile, les gens croient que c'est facile. J'adore l'intelligence artificielle pour ça parce que... ça te donne la possibilité de réaliser des choses sans aller déranger d'autres gens, comme ça, comme ça, parce qu'elle peut nous aider dans tout ce qu'on fait.

  • Speaker #0

    Elle te donne surtout la réponse la plus probable par rapport aux éléments que tu lui donnes, en fait, puisqu'elle ne crée pas, elle ne fait que mettre à jour des évidences, en fait.

  • Speaker #1

    Voilà, mais tu peux faire des choses incroyables avec l'intelligence artificielle. Par exemple, un jour, ça m'est arrivé d'écrire un truc avec Atom Lemon, sauf que je ne pouvais pas le mettre parce que ça ne me donnait pas un sens. Mais alors c'est le moment où tu te demandes à l'intelligence artificielle, excuse-moi, mais est-on le même pour toi ? Ça a quel sens ? Dans l'histoire de l'humanité, est-ce qu'il y a quelque chose ? Est-ce qu'il y a une référence ? Ou quand tu écris le soleil bleu, est-ce qu'il y a une référence au soleil bleu ? Est-ce qu'il y a quelque chose de mystique ? Est-ce qu'il y a quelque chose d'ancestral ? Est-ce qu'il y a une culture populaire qui parlait du soleil bleu ? Ça, c'est incroyable. T'importe qui a toute la culture du monde et hélas c'est magnifique, c'est vraiment magnifique. Mais pourquoi utiliser ces outils pour faire le travail à notre place ? Pourquoi vous leur demandez à l'intelligence artificielle, pourquoi vous lui demandez de faire un texte à ta place ? C'est pas bien. Pourquoi lui demander de faire une chanson à ta place ? C'est stupide.

  • Speaker #0

    Et donc toi qui a collaboré avec beaucoup de gens tu penses que aujourd'hui on est vraiment surtout en France dans une grande mode de auteur-compositeur-interprète. C'est à dire qu'effectivement tu fais ta chanson dans ta chambre. Alors, il y a des auteurs-compositeurs-interprètes qui font dans les studios aussi, mais l'idée qu'on peut faire une chanson tout seul, est-ce que tu crois que la chanson en général a perdu avec cette notion-là ? Puisque tu disais que tu préférais qu'on se rencontre comme on se rencontrait avant, toi, tu penses que c'est mieux de faire des chansons en équipe ?

  • Speaker #1

    Non, pas spécialement. Tu peux faire une chanson tout seul. Bien sûr, tu peux faire une chanson tout seul.

  • Speaker #0

    Mais un album entier, une carrière entière avec des chansons tout seul ?

  • Speaker #1

    Un album dans une chambre, c'est dommage. Ce serait vraiment dommage. Et dans ta chambre, non quoi. C'est un laboratoire. Moi, par exemple, je peux faire 30 chansons pour en faire sortir une.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Voilà. Après, tu as besoin du miroir des autres.

  • Speaker #1

    Oui, c'est de la recherche. C'est vraiment un laboratoire. Tu fais... Surtout pour moi, moi, je ne dois pas faire ressembler ma chanson spécialement à celle des autres. Donc, du coup, pour voir si ça marche vraiment ou pas, j'ai besoin de la réaliser. C'est pour ça que j'ai besoin d'avoir un studio à la maison. Mais l'intérêt de faire vraiment un album tout seul dans un studio. Non, à mon avis, non. Ce n'est pas une très bonne idée.

  • Speaker #0

    J'ai remarqué quelque chose que j'ai trouvé très intéressant. Moi, j'ai écouté ton single sur Apple Music. Et sur Apple Music, quand on cherche les crédits du titre, il y a tous les musiciens. Et c'est quasiment, enfin, c'est rarissime que quand on sort un single, on ait sur les plateformes de streaming le nom des musiciens. D'habitude, on les a seulement sur les albums physiques. Donc encore une fois, tu prouves que pour toi, le fait d'avoir une équipe d'artistes autour de toi avec lesquels tu as travaillé, tu valorises le travail de tout le monde, ça te paraît essentiel j'imagine ?

  • Speaker #1

    Ça va plus loin que ça. Ma pochette d'album. En fait, j'adorais les pochettes d'album de jazz. Parce que tu mets une photo, tu mets un truc et tu mets les musiciens en pochette. Et moi, ça m'a toujours donné une source d'importance, quelque chose que j'ai aimé. Mais je ne comprenais pas pourquoi ce n'était pas possible dans la pop ou dans le rock dans certaines occasions. Donc du coup, j'ai fait une folie, j'ai mis sur la pochette de l'album tout le monde. Même les mastering, le mixage, tout. Même ceux qui ont collaboré pour les textes comme ça. Donc tu as moi, tu as ma photo, tu as le titre de l'album et tu as tous les noms qui ont participé à l'album. Sur la pochette.

  • Speaker #0

    Donc comment s'appelle ton album ? Tu nous l'as dit tout à l'heure et tu as dit qu'on allait en reparler.

  • Speaker #1

    Mon album il s'appelle Art Decade.

  • Speaker #0

    Décennie d'art quoi.

  • Speaker #1

    Exact.

  • Speaker #0

    Parce que ça s'étale sur dix ans les chansons qui sont dedans ?

  • Speaker #1

    Non parce que ça reprend donc le nom de mon groupe rock New Wave. Parce qu'en fait c'était une période de ma vie, moi je pense que l'adolescence c'est une période extrêmement spirituelle au niveau de la musique. C'est une période où tu arrives dans un monde où plein de choses ont été faites et que tu ne les connais pas. Et donc tu veux exister dans tout ça mais tu n'as pas ni le temps ni la possibilité d'avoir toute cette culture immense. Et donc du coup tu t'exprimes. Quand tu arrives à Toto, à être talentueux et authentique en étant ado, tu as une communication directe avec les muses inspiratrices en fait. Tu sors vraiment des... Moi j'ai sorti des morceaux à cette époque-là qu'aujourd'hui des gens comme Eric Serra ou des gros musiciens me disent « Wow, félicitations ! »

  • Speaker #0

    Tu parles de quelle période quand tu dis l'adolescence, c'est quoi ? Une quinzaine d'années ?

  • Speaker #1

    À partir de 16 ans.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Donc les idées commencent à trotter dans ta tête à partir de 14 ans comme ça. Alors c'est une période où si tu écris des textes, tu écris vraiment des conneries. Mais pas tout le temps. À bout d'un moment, tu as des phrases qui sortent, qui sont la vérité. Par contre, la musique, elle est vraiment instinctive. Et par moments, elle devient incroyable. Parce qu'en fait, là, tu t'exprimes vraiment et tu n'as rien à ficher de ce qui se passe à l'extérieur. Et si tu arrives à être comme ça, adulte, de n'avoir rien à foutre de ce que font les autres et de faire ton truc à toi, alors là...

  • Speaker #0

    Tu y arrives encore, toi ?

  • Speaker #1

    Pas toujours. Parce que je n'arrive pas à ignorer ce que font les autres.

  • Speaker #0

    Et la culture musicale, parfois, elle te freine, en fait, ta culture ? Oui, Et derrière cet album, un autre album, des lives, des projets derrière là ? J'imagine que maintenant tu vas aller défendre cet album sur scène.

  • Speaker #1

    Alors moi j'espère vraiment, je prie Dieu vraiment pour que quelqu'un me donne la possibilité de continuer ce métier. Donc de ne pas me faire avoir des échecs tels que de me faire arrêter mon but de communication. Parce que mon but est vraiment la communication.

  • Speaker #0

    D'être compris, c'est ce que j'ai entendu.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Tu estimes que tu as été jusqu'ici incompris ?

  • Speaker #1

    Oui, beaucoup de fois. C'est un problème très français aussi.

  • Speaker #0

    Tu étais plus compris en Italie ?

  • Speaker #1

    Oui, dans l'Angleterre, il n'y a pas de problème. Mais en France, c'est très dur d'exister en tant que rock. Déjà, quand tu sais que tu discutes avec les gens et que tu n'as pas... En fait, des gens qui ont besoin de toi, de ton talent, mais qui ne te font pas confiance au niveau de la personne, et qui pensent que tu es ingérable, alors qu'ils ne te connaissent pas. Je trouve ça hallucinant qu'une personne te regarde et qu'elle ait peur d'avoir une relation avec toi.

  • Speaker #0

    Qu'ils te jugent juste sur la couverture du bouquin.

  • Speaker #1

    C'est incroyable, mais ça arrive vraiment ici. Ça, c'est pas juste. Voilà.

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Non, non, je comprends. Parce que tu portes un maquillage, parce que tu as les vêtements jaunes, parce que... Il y a beaucoup de collègues à moi qui ne croient pas ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu te trompes quand tu dis ça ?

  • Speaker #1

    Oui, mais ils ne sont pas contents. En fait, ils ne sont pas contents à quel point...

  • Speaker #0

    Ah non, je...

  • Speaker #1

    À quel point un producteur ou quelqu'un peut être différent avec moi qu'avec quelqu'un d'autre. Ou il peut avoir moins de confiance en moi qu'en quelqu'un d'autre. Et donc voilà, parfois c'est un gros problème. Oui, oui, je comprends.

  • Speaker #0

    Et tu penses que cet album va t'aider à être, en tout cas c'est ta démarche, tu penses qu'il va t'aider à être mieux compris ? Qu'on va enfin te rencontrer vraiment avec cet album ?

  • Speaker #1

    Non mais faire ce métier ça va faire comprendre aux gens que je vis en paix, que je fais de la musique et pour moi je ne suis pas si important que ça mais par contre ce que je fais ça peut être important pour des gens donc du coup ça vaut la peine de le faire exister. Donc moi normalement dans ma tête je fais un deuxième album et un troisième album et même très rapidement si c'est possible.

  • Speaker #0

    Toujours avec la même équipe ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Ça dépend.

  • Speaker #0

    Ça dépend des rencontres ? Ça dépend de celui-là ? Ça dépend.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être avec la même équipe. Il ne faut pas qu'elle soit pareille au premier album. C'est certain.

  • Speaker #0

    Et des lives pour défendre cet album ? Des concerts ? Alors ça,

  • Speaker #1

    je suis en train de voir, en fait, de prendre des accords avec des promoteurs live puisque... Et là, c'est le point fort. Parce que moi, je sais déjà comment mettre en live ces chansons-là. Oui,

  • Speaker #0

    t'es un artiste complet, t'as une esthétique complète aussi, t'as tout un univers en fait. Quand on prend Michelangelo, on le prend entier. C'est ça.

  • Speaker #1

    C'est dommage sinon.

  • Speaker #0

    Bah oui, on perd quelque chose.

  • Speaker #1

    Donc voilà, j'ai vraiment une idée pour le live, totalement.

  • Speaker #0

    Forcément, un concert à la hauteur des ambitions que tu as, ça ne doit pas être simple à mettre en place.

  • Speaker #1

    Musicalement, oui, c'est même pas cher. Après, ça dépend... Ça dépend de Paris, ça dépend de la France, voilà,

  • Speaker #0

    plein de choses. Mais tu peux l'emmener à l'international aussi, parce que tu n'as jamais que deux titres en français, le reste c'est de l'italien et de l'anglais, donc...

  • Speaker #1

    Il est fait pour tout le monde, pour la personne que je suis, je ne suis pas une personne qui...

  • Speaker #0

    Tu envisages de l'emmener en Chine ? Là-bas, tu es très très...

  • Speaker #1

    J'ai déjà joué à l'album en Chine, oui.

  • Speaker #0

    Et là-bas, ça cartonne ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai beaucoup de fans, mais qui commencent à devenir des fans spécifiques.

  • Speaker #0

    Spécifiques, tu veux dire à Mozart par exemple, ou spécifiques à toi ?

  • Speaker #1

    Non, des spécifiques à moi, à mon univers vraiment.

  • Speaker #0

    Ça c'est génial ! Oui,

  • Speaker #1

    chose qui est géniale pour moi, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux, pour finir là-dessus, nous partager une réflexion sur la chanson, justement en France aujourd'hui ? Toi, qu'est-ce que tu penses de ce qui se passe, de ce qui va se passer ? Qu'est-ce que tu espères pour la chanson française aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Il faut que les musiciens se mettent aux armes. les compositeurs aussi, et qu'on la sauve. Aujourd'hui, le business musical, il peut arriver qu'avec des belles choses, avec la qualité, comme ça. Et ils doivent se mettre vraiment à créer une nouvelle chanson française, faire des influences qu'on veut, mais une nouvelle chanson française qui va dans le sens de tout, de tout le monde, et qui représente vraiment le peuple de France.

  • Speaker #0

    Il y a des pistes déjà, tu crois ? Tu as entendu des choses, tu entends des choses qui te paraissent prometteuses ?

  • Speaker #1

    C'est une question très difficile à laquelle je me donne un bonus de ne pas répondre tout de suite. Ok.

  • Speaker #0

    D'accord. Et dernière question.

  • Speaker #1

    Il y a des gens qui se donnent cette responsabilité-là d'aller plus loin. Il faut juste qu'on trouve des artistes qui s'expriment vraiment et que chacun ne soit pas la copie de l'autre. Parce que ce n'est pas en copiant qu'on arrive. On a eu de grands exemples de chansons françaises. Par exemple, tous les gens qui ne sont pas souciés du style, comme Michel Berger, qui a sorti son style à lui. Pour quelqu'un, nous avons une belle émotion. Là, c'est de la version française. Pourquoi ? Parce que c'est un français qui s'exprime avec sa musique, avec des accords qui ne ressemblent pas aux accords que tu écoutes à l'international. Le français, il peut être très innovateur.

  • Speaker #0

    Et je suis assez d'accord avec toi globalement. Et du coup, dernière question en fait, celle que je pose à tout le monde. Est-ce que tu aurais, on en parlait juste avant l'interview ensemble, un artiste francophone, français, que tu nous conseillerais ardemment d'aller écouter ? Tu me parlais de Thomas Prado, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Ah oui, qui n'est pas célèbre.

  • Speaker #0

    Qui n'est pas célèbre, voilà. Qui n'est pas célèbre,

  • Speaker #1

    ok. Alors, donc oui, il y a des gens qui ne sont pas célèbres parfois comme ça. Alors, donc en Belgique, il y a Olive. qu'elle fait des super morceaux bien arrangés, que c'est quelqu'un même qui mériterait d'avoir une vraie carrière. Et c'est impressionnant, comme tu vois ses vidéoclips, sa musique, c'est impressionnant à quel point c'est abouti. Il y a en France... Thomas Prado, c'est un garçon qui sait faire vraiment des chansons, qui sait vraiment faire de la performance. Voilà ce dont la France aurait besoin. Quelqu'un qui sait faire la scène et qui sait faire aussi la télé et qui sait faire aussi des chansons dans son laboratoire. Voilà, il s'appelle Thomas Prado. Si c'est produit en live, je n'oublierai pas ce que vous allez entendre parce qu'il est vraiment très doué. Et quand il fait des chansons, il décide de faire des super chansons. Il décide de les orchestrer bien, même quand il n'a pas de moyens. Il fait des choses magnifiques. Il trouve des potes pour faire des vidéoclips. Et c'est des vrais vidéoclips. Alors franchement, Quand tu as des gens à tout faire comme ça, qui savent tout faire et qui le font bien, même quand ils ne sont pas en sous, il faut sauter sur l'occasion. Donc Thomas Prado, je vous conseille. Mais si un jour, aujourd'hui, une maison de disques le signe, il va te faire un album qui est une merveille.

  • Speaker #0

    Voilà. Ah ben ça, tu nous l'as bien vendu, écoute. Je pense qu'on va tout de suite aller l'écouter. Ben écoute, je te remercie.

  • Speaker #1

    C'est toujours honorable pour moi, pour l'artiste.

  • Speaker #0

    Sacha Guitry disait que le silence qui suit Mozart, c'est encore du Mozart. Je crois que le silence qui suit Michelangelo Loconte, c'est encore du Michelangelo Loconte. Je garderai de cet échange sa chaleur italienne, sa passion pour l'art et son sens de la responsabilité vis-à-vis du public, l'envie d'une musique sans concession et d'un partage résolument humain, où la technologie doit rester un outil pour ne pas devenir une menace. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode. S'il vous a plu, faites-le découvrir à vos amis en le partageant sur vos réseaux ou laissez-nous une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute favorite. Et n'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode. Vous pouvez aussi vous abonner à notre playlist sur la chaîne YouTube Providence Prod et sur les plateformes d'écoute. Enfin, rejoignez-nous sur le compte Instagram Providence.prod et faites-nous part de vos coups de cœur qui rejoindront peut-être la playlist. Merci beaucoup à Ruben MG pour l'habillage musical de ce podcast. Et puisque la musique, ça se partage, en attendant le prochain épisode,

  • Speaker #1

    parlons chansons.

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