- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans Parlons chansons. Dans chaque épisode, on déroulera la bande-son en français dans le texte de la vie d'une personnalité qui nous parlera de son actu, de ses projets et qui partagera ses derniers coups de cœur, des pépites méconnues de la chanson française qu'elle a envie de mettre à l'honneur. Je suis Sauvane Delanoë, auteure, comédienne et chanteuse. Mais ça, vous ne le savez pas, puisque mon podcast n'existait pas avant et que personne n'a eu l'occasion de vous parler de moi. Sauf que maintenant, ça va changer et j'ai envie de donner cette chance à plein d'artistes. Alors, si la chanson française, ça vous parle, restez avec nous et parlons chansons ! Pour la rentrée de Parlons chansons, je n'ai pas un, mais deux invités exceptionnels. C'est peu dire que nous allons parler chansons, nous allons carrément dérouler l'histoire de la chanson française sur trois générations. De quoi justifier deux épisodes. Et si vous nous écoutez jusqu'à la fin, vous découvrirez même un live inédit. Alors installez-vous avec nous et je vous propose une heure en toute intimité et simplicité avec une vraie légende. Pierre Billon et sa très talentueuse fille Marie-Max. Bonjour à tous les deux et merci beaucoup d'avoir accepté cette invitation. Je suis très, très, très honorée de vous recevoir tous.
- Speaker #1
Nous aussi, on est ravis d'être là.
- Speaker #2
Très bien.
- Speaker #0
Vous êtes les premiers à inaugurer la version extérieure du podcast. Nous, on s'est rencontrés grâce à Parlons Chansons, finalement, puisque tu fais partie des artistes que j'ai mis en playlist. La première question que je pose à mes invités, c'est la même pour tout le monde, et c'est pour vous, pour vous deux, quelle serait votre définition de la variété française ?
- Speaker #1
Pour moi, la variété française, c'est pas vraiment un genre figé. Je dirais que c'est plutôt un territoire d'expression assez varié, qui va marquer un temps, qui va être un peu le miroir d'une époque. C'est des mots en français. qui vont toucher, j'espère, un plus grand nombre. C'est pour ça que souvent, on parle de chansons populaires, d'ailleurs. Populaires dans le bon sens du terme. Et pour moi, la chanson française, qu'elle soit pop, rock, électro ou plus classique. D'ailleurs, on parle de variété française. Donc, il y a cette notion de variée et de multiplicité des styles. Et finalement, c'est un territoire d'expression hyper créatif. Et puis, juste au cœur, c'est les mots et l'émotion. Puisque l'idée, c'est de toucher le plus grand nombre. Donc, je pense que c'est ça l'essence.
- Speaker #0
Et pour toi ?
- Speaker #2
Pour moi, c'est rassembleur et perdurant. C'est-à-dire que c'est des chansons qui effectivement regroupent plus de monde, ne s'adressent pas à une élite quelle qu'elle soit, et tiennent dans le temps. Parce qu'elles marquent effectivement un souvenir, elles marquent une époque, comme a dit justement Marie, mais plus qu'une époque, elles marquent des souvenirs personnels de la vie des gens. C'est encore plus important. C'est-à-dire qu'elles marquent un mariage, elles marquent un enterrement, elle m'a... l'enterrement d'un garçon ou de un petit, faire des calls, éventuellement la première fois que tu achètes une bagnole et que tu mets la radio et que tu gardes l'odeur de la voiture et que tu gardes le son de ce que tu as eu dans la tête, la première fois que tu embrasses une fille, c'est une espèce de marque de la vraie chanson populaire, c'est une marque de son époque, bien évidemment, mais que tu continues à travailler avec toi. c'est pas une chose d'éphémère c'est une marque de ta époque que tu continues à emmener avec toi et qu'éventuellement tu transmets à tes enfants, c'est ça pour moi une chanson populaire et en tout état de cause il faut que ça soit une très très bonne chanson qu'elle soit française,
- Speaker #0
populaire ou autre si elle est pas bonne de toute façon ça tient pas avant tout bonne chanson l'un comme l'autre déjà on peut pas parler parler chanson avec vous deux sans évoquer ta maman parce que déjà rien que le CV à la naissance il est énorme Fils de patachou, filleule civile de Brassens. Maman, maman, je préfère à mes jeux fous.
- Speaker #2
Maman, maman,
- Speaker #0
demeurez sur tes genoux. Et sans un mot dire, entendre tes refrains charmants.
- Speaker #2
Maman, maman, maman,
- Speaker #0
maman.
- Speaker #2
Papa, papa, en faisant cette chanson. Papa, papa. Je redeviens petit garçon et je t'en pense où l'on rajusait tout ton humour pour redonner du courage à nos cœurs loups.
- Speaker #0
Bel héritage déjà avec lequel tu entres dans ce monde quand même. Comment on découvre la chanson quand on est le fils de Patachou ?
- Speaker #2
En tournée déjà, j'étais souvent en tournée avec maman et puis j'habitais au-dessus du cabaret. Et donc au-dessus du cabaret, j'entendais énormément de chansons bien évidemment. Souvent des gens très, très talentueux. C'était Brel, c'était Aznavour, c'était Hugo Frey. Hugo Frey. C'était Pias. C'était plein de... même des moins connus et Brassens bien sûr mais j'ai toujours entendu des chansons la chanson est un truc que je respectais on dit que c'est un art mineur je pense pas du tout que ce soit un art mineur quelque chose, un art que tu travailles toute ta vie,
- Speaker #0
c'est un art majeur surtout porté par des artistes comme ceux qui t'ont bercé et puis maman chantait beaucoup c'est surtout mon père qui chantait beaucoup c'est drôle papa chantait beaucoup en voiture,
- Speaker #2
n'importe quoi on écoutait jamais de radio Mais je n'ai pas changé, c'est toujours pareil.
- Speaker #1
Moi, ce que j'aime bien aussi, c'est que tu me racontais que quand tu es né et que tu étais au cabaret, donc ta chambre, elle était au-dessus, et qu'en fait, ce que tu entendais véritablement, c'était les basses.
- Speaker #2
La basse, c'est le pied de batterie.
- Speaker #1
C'est pour ça que tu t'es mis à la batterie, direct, quand tu es rentré.
- Speaker #2
J'entendais que ça.
- Speaker #0
Oui, j'ai vu que tu avais commencé comme percussionniste dans un groupe qui s'appelait Labyrinthe, c'est ça ?
- Speaker #2
Labyrinthe, avec Dick Rivers. Si Dieu a bien fait les hommes, je suis un homme. que la femme et le sable partent de passer devant la porte si le but est de dormir dans la salle merveilleux chanteur pour qui t'as écrit plusieurs chansons dont même en collaboration avec Alain Bachoun les premières chansons que j'ai faites c'est avec Alain Bachoun et avec Maxime Le Forestier pour Serge Régiani t'imagines wow c'est bien parti 1 Après, c'était moins bien. J'ai eu une période où après, c'était un peu mieux. J'étais bien parti. Après, je suis bien arrivé, mais il y a eu une période entre les deux où...
- Speaker #0
Il faut faire plein d'expériences musicales.
- Speaker #2
Non, mais je ne voulais pas faire que ça. C'est ça, le problème. J'étais trop perturbé dans ma tête. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire.
- Speaker #0
Oui, parce que forcément, tu grandis dans la chanson, avec la musique, avec tout ça. Et est-ce que très tôt, tu te dis, je vais devenir artiste aussi, est-ce que c'est... plutôt quelque chose où tu te dis, j'ai même pas le choix, c'est comme ça, je sais rien faire d'autre, et je vois pas quoi apprendre d'autre. Est-ce que t'avais une idée précise de ce que tu voulais faire, ou tu t'es laissé un peu la musique te guider ?
- Speaker #2
Je n'avais absolument aucune idée de ce que j'allais faire. Sauf que je tapais tout le temps, dès que je pouvais taper sur quelque chose, je le tapais sans arrêt, sans arrêt, toute la journée, comme ça, j'ai pas changé d'ailleurs.
- Speaker #1
Dans la voiture ?
- Speaker #2
Par tout le temps ? Donc j'ai appris la perte comme ça, et c'est vraiment ce qui me passionnait. Ce qui me passionnait, mais je pensais jamais que j'en ferais un métier non plus. J'ai commencé très très très tôt, j'ai commencé en Corse, on faisait des galas, des concerts en Corse, je devais avoir 12 ans. Un truc qui s'appelait La Lanterne, j'avais pris la batterie et j'étais déjà, je ne suis pas prétentieux de dire ça, mais j'étais déjà extrêmement bon. Alors après, comme je suis feignant, au lieu de faire un conservatoire et de travailler comme une mule, j'ai dit, bon, quoi qu'il arrive, je suis bon en percussion, en pensant à autre chose. Et j'ai pas arrêté de faire ça toute une période de ma vie, jusqu'au moment où je me dis, À un moment ou à un autre, il faut que je mange. J'ai des enfants, il faut que je mange. Il faut que les enfants mangent aussi. Donc, c'est du raisonnable. C'est du raisonnable. Je n'ai pris qu'une seule direction. Direction artistique, faire des chansons, faire de la musique pour la télé, repartir en tournée avec Sardou. Mais quoi qu'il arrive, c'était dans une seule direction. C'est-à-dire la musique. Je n'avais pas commencé à me dire la musique. Pourquoi pas en faire un magasin de moto ? Pourquoi pas...
- Speaker #0
Parce que tu étais aussi dispersé que ça au départ ?
- Speaker #1
Ah oui, il a quand même monté le garage de moto.
- Speaker #2
C'est ça.
- Speaker #1
Au début, il dessinait.
- Speaker #2
C'est la plus belle faillite que j'ai jamais faite. Ça arrive, ça fait du bien. Parce que sinon, si tout le monde me dit « Ah, t'aurais dû garder ton mandarin de moto. » Oui, j'aurais gardé mon magasin de moto, j'aurais encore plus de tatouages, j'aurais une barbe. J'ai une barbe en marque. Non, non, à un moment ou à un autre, j'ai dit « Il faut bouffer, il faut y aller. Il faut travailler, il faut faire que de la musique. Il faut faire tout ce qui concerne la musique. Puis on verra bien, mais rester dans ce traîneau. Mais j'aurais pu dessiner, je suis dessinateur aussi. Je continue à me dire que j'aurais pu être peintre. Ça me plaisait terrible. Des fois, la nuit, je m'imagine au bord de la mer en train de peindre des trucs. Mais ça ne dure pas longtemps, remarque ça. Parce que, sauf que j'aurais fait trois fois un coucher de soleil et deux fois un lever de soleil, jeter les pinceaux. Mais c'est un truc qui continue à monter. Je pense que c'est dommage. J'étais un bon peintre ou un bon dessinateur. J'avais des bonnes idées. C'est dommage. J'avais des bonnes idées en moto aussi. C'est dommage. Enfin, voilà quoi. Mais... Je me suis dit, à un moment ou à un autre, il faut quand même que tu... Tu canalises. Peut-être à 45 pieds, je me suis dit, il faut que tu sois raisonnable.
- Speaker #0
Ah oui, t'as mis le temps.
- Speaker #2
Tard, tard. Mais à partir de mon...
- Speaker #0
Mais ça faisait quand même déjà longtemps que t'étais déjà installé dans la musique, quand même.
- Speaker #2
J'aurais pu être beaucoup plus installé que ça. Mais j'ai fait...
- Speaker #0
Parce qu'après ton groupe avec Dick Rivers, tu as...
- Speaker #2
On est en 68. C'est là où je fais Sardou en même temps. Je rentre chez Préma. J'essaye d'abord en tant que dessinateur, pour dire ce que tu veux tout savoir. Anne-Marie Perrier, qui est maintenant Anne-Marie Sardou, qui fait partie de ma famille, me trouve un boulot. Je cherchais un boulot en tant que l'armée, parce que je suis un travailleur. J'ai toujours été un travailleur fou, par contre. J'ai un bosseur, j'ai aucun problème à ce niveau-là. Et donc, elle me trouve un taf, elle me trouve un taf à saluer les copains. Bon, donc, j'arrive à... Je me rappelle toujours, j'arrive comme sortant de l'armée, donc rasé, les cheveux rasés. Puis j'arrive à saluer les copains, il est 9h du matin, pour moi, personne. Bon, les mecs commencent à arriver vers midi. Les mecs, ils me regardaient comme si j'étais une plante verte. Personne ne me disait bonjour. Et donc, je me suis dit, non mais ça va, c'est pas bon, je ne peux pas rester.
- Speaker #0
Et tu faisais quoi ? Tu faisais quoi comme taf en fait à Salut les copains ?
- Speaker #2
Maquette, ce qu'on appelle maquette. D'accord. Dessinateur, donc à la maquette. Bon bref, personne ne me calcule. C'était la grande époque où Salut les copains marchait terrible. Et voilà, bon, t'étais pas un snobisme. Je comprends, si j'étais rentré à Salut les copains, j'aurais certainement été pareil six mois après. Mais là, je sortais de l'armée, j'étais en disciplinaire à Berlin. Donc c'était pas forcément mignon, mignon. Et donc là, je m'en vais. C'est la vision d'histoire. C'est cassé, je suis rentré chez moi. Un mari m'a appelé, il m'a dit, t'es pas venu ? Je lui ai dit, personne ne m'a regardé. Donc je suis cassé. Bon, dommage, c'est pas pour moi de toute façon. Et là j'ai appelé, et maman avait un accordéoniste génie qui s'appelait Jos Baseli. Et Jos Baseli travaillait chez cette maman, qui était chez Artusique France exactement à l'époque. Et il me dit, j'ai un boulot pour toi, viens. Et j'arrive, je me rappelle toujours, deux étages à pied, je monte, j'ouvre la porte, et là... Je retrouve Sardou qui commençait sa carrière et à partir de ce moment-là, j'ai beaucoup été avec Sardou. Beaucoup avec Michel, on a beaucoup travaillé ensemble. Michel a commencé les tournées gentiment, enfin on a beaucoup tourné tous les deux. Moi je l'accompagnais vaguement à l'éditar, au vaguement... On faisait des trucs qu'on pouvait faire. C'était assez minimaliste, on va dire. Et puis, il a commencé. On a fait les premières chansons qui ont marché. Il y a eu Reveau, il y a eu Talar, il y a eu tout ce monde-là. Donc, Michel est devenu une star.
- Speaker #0
On ne se rend pas compte aujourd'hui, avec le recul, combien de temps il a mis à devenir une star entre le moment où il a débuté et...
- Speaker #2
C'est vachement tôt. Michel a commencé dans les années 66, 63, 64, 65, 66. Les Ricains, je ne me rappelle plus quand il a écrit, mais enfin, ça doit être...
- Speaker #0
C'est une des premières,
- Speaker #2
l'Américain ? Non, avant, il a fait une chanson qui s'appelait Le Madras. Il a fait Le Madras, il a fait deux, trois chansons. La première qui marchait, en vérité, c'est une chanson que j'ai faite avec lui qui s'appelait America, America. Hier encore, j'étais tranquille, bien au chaud, en dessous de ma ville. Protégé par deux grands murs vies, une église et des pharmacies à peine. C'était un marché pour Michel. On avait fait 40 000 disques. 40 000 disques de nos jours, c'était vraiment bien. À l'époque, 40 000 disques, c'était même pas la mise en place.
- Speaker #0
Oui, mais à l'époque, il n'y avait que du disque. Aujourd'hui, 40 000 disques, ça veut dire des millions de streams en plus.
- Speaker #2
Ça aurait été ça, voilà. Et puis là, il a daté ce premier... Ce premier qui a marché un peu. Et puis après, il y a eu toute la série de... J'habitais en France, des balles populaires. J'ai intégré l'orchestre de Michel. Je faisais pas percussion, je faisais guitare. Guitare et voix. Et puis, en même temps, j'ai intégré l'orchestre de Dick Rivers. Je voulais du rock'n'roll. Comme vous n'étiez jamais payés avec Dick Rivers, et que avec Michel, c'était quand même plus confortable. On avait une voiture, c'était plus confortable au lieu de la voiture. Et que Dick Rivers, c'était une horreur. Il n'y avait pas le chauffage dans le combi. Donc, au bout d'un moment, je suis, j'ai abandonné largement mon rôle de tombiste chez The Creavers pour partir confortablement m'installer sur les cuirs de la voiture de Michel. Donc, tu es au courant de tout.
- Speaker #0
Donc, je vais poser une question un peu similaire. Quand on est, parce que toi aussi, du coup, l'héritage, petite fille de Patachou, fille de Pierre Billon, rajoute une génération de plus. Comment on découvre la chanson française et qu'est-ce qui fait que tu te diriges vers ça ? sachant que tu as fait un autre métier avant de te consacrer à la chanson.
- Speaker #1
Alors déjà, je suis clairement née là-dedans parce que ma mère, qui était attachée de presse en maison de disques, vous parlez de mon père et de ma grand-mère, mais ma maman aussi. C'est simple, quand elle m'a mise au monde, elle a chanté pendant tout l'accouchement. Donc je suis née en musique.
- Speaker #0
Ah, c'est pas mal. Elle chantait quoi ?
- Speaker #1
Elle a chanté tout le répertoire de Barbara.
- Speaker #2
Je me suis la lierbe.
- Speaker #1
Le répertoire de Barbara.
- Speaker #0
Juste en deuxième colonne, y'a le voyou, c'est chaud, qui a une petite gueule d'amour. Dans la rubrique du vice, y'a l'assassin de service, qui n'a pas du tout l'air méchant, qui a plutôt l'oeil intéressant.
- Speaker #1
La sage-femme lui a dit « j'ai jamais vu quelqu'un d'aussi détendu pour son premier enfant, donc je suis née en musique » . Évidemment, sa grossesse avec son métier, elle était en écoutant de la musique sans arrêt.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Donc finalement, toute petite, quand j'avais des petites scènes, des petites crises, tu vois, de nerfs ou de caprices. Elle me passait Vanessa Paradis. Et d'un coup, on n'entendait plus Marie. Je me calmais. Donc, je pense qu'il y avait quand même déjà quelque chose qui, en moi, raisonnait.
- Speaker #0
Donc, toi, tu n'as pas ton premier... Tu ne te souviens même pas de ton premier contact avec la variété française, en fait. Tu es née avec, quoi.
- Speaker #1
Oui, j'ai l'impression que je suis née avec. Après, je me souviens de mes premiers concerts, qui n'étaient pas de la variété française, parce que le premier concert dans lequel vous m'avez emmenée, c'était ZZ Top. En fait, c'était très varié à la maison. Il y avait papa qui écoutait du rock'n'roll. Il y avait ma mère qui écoutait de la variété française, mais aussi de la funk. Elle écoutait du reggae, elle écoutait plein de choses. Et puis, j'avais ma grand-mère Patachou, qui, elle, m'apportait plus la dimension comédie, moins la chanson française, parce que ça, je l'ai su plus tard. Moi, quand je suis née, ma grand-mère,
- Speaker #0
elle était comédienne.
- Speaker #1
Et ça, c'est plutôt ça qu'elle m'apprenait, ma grand-mère. C'était comment exprimer tes émotions. pas forcément en musique, mais déjà de pouvoir les assumer en les traduisant soit dans un regard, soit dans un geste, dans tes expressions du visage. Donc elle me disait, fais-moi la joie, elle me disait, fais-moi la colère, fais-moi le rire. C'était assez génial. Et elle me faisait faire des fables de La Fontaine, mais ça, je pense qu'elle avait été à bonne école, puisque c'est le metteur en scène Jean-Laurent Cochet qui lui faisait réciter des fables de La Fontaine. Donc j'avais dans tous les cas ces deux côtés-là, ce côté un peu...
- Speaker #0
Mais tu ne t'es pas dirigée vers la comédie, toi ? Non,
- Speaker #1
pas du tout.
- Speaker #0
Tu n'as pas eu envie ou ça t'a titillé à un moment ?
- Speaker #1
Alors, j'en ai peut-être envie en secret, mais je suis quand même quelqu'un de timide et réservé. Et je me souviens que quand les parents commencent à me dire ce que tu veux faire comme activité extrascolaire, etc., je disais à ma mère, surtout, ne m'inscris pas à des cours de théâtre. Parce que ça me terrifiait. Mais peut-être qu'en fait, ça m'aurait fait beaucoup de bien et qu'il aurait... fallu me forcer à y aller. Mais aujourd'hui, je pense que j'aurais dû le faire. J'aurais dû en faire un petit peu.
- Speaker #0
Mais il n'est jamais trop tard.
- Speaker #1
Moi,
- Speaker #2
je te demande. La chanson est maintenant dans une très bonne marche pour aller vers ça. Bien sûr.
- Speaker #0
Dans un sens comme dans l'autre,
- Speaker #1
d'ailleurs.
- Speaker #0
Mais quand tu chantes en français, ce qui est bien, c'est d'être... interprète, donc de jouer un rôle en fait, quand tu chantais, donc de bien interpréter tes chansons, et pour t'avoir entendu chanter, je trouve que tu les interprètes fort bien, c'est pas vide de sentiment, je veux dire.
- Speaker #1
Mais bon, ça, ma grand-mère aussi avait cette faculté à jouer la comédie en chantant.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Elle, c'était...
- Speaker #0
Mais c'était très... C'était très, j'allais dire, commun à l'époque, c'est-à-dire que les grands interprètes de l'époque étaient vraiment des interprètes. Oui.
- Speaker #2
Ils étaient bien forcés, il n'y avait pas de décorum, il n'y avait rien. Bien sûr. Toujours des gens qui le font très très bien. Oui. Très très bien, mais...
- Speaker #0
Peut-être pas forcément dans la génération la plus jeune.
- Speaker #2
Il y en a qui se débrouillent bien. Je ne sais pas du tout. Il y a plein de choses qui sont bien. Oui. Il y a plein de choses qui sont bien. Je ne vais pas les citer maintenant parce que j'ai peur, mais... Sinon, il y a plein de choses qui sont bien. Il y en a plein qui se vendent. Non, non, il y a plein de choses qui sont bien. Très très bien. Il y en a plein qui continuent à vraiment jouer la comédie et se donner à fond.
- Speaker #1
En incarner des rôles, quoi. Mais parce qu'il y a aussi... Yeah ! énormément aujourd'hui, mais je pense que c'est pas le même prisme aujourd'hui, c'est que t'as aussi le besoin d'incarner un personnage de travailler ton image là où à l'époque, je suis d'accord avec toi c'était plus un rôle d'interprète et donc très naturellement, ils incarnaient leurs chansons. Aujourd'hui, je pense qu'on travaille plus des personnalités, des personnages Oui,
- Speaker #0
t'as raison, on travaille un personnage qui fait toute une discographie avec ce personnage le plus flagrant visuellement, ça pourrait être M qui est vraiment un personnage complètement construit C'est très différent de ce que fait Mathieu Chédide avec la Momalie ou tout ça. M, c'est vraiment Mathieu Chédide. Lui, c'est vraiment un personnage. Alors, c'est un interprète à ce compte-là parce qu'effectivement, il a créé un personnage qui l'interprète. Mais quand tu prends des interprètes comme Beko, par exemple, ils te racontent des histoires différentes avec des rôles différents. Quand ils chantent « Mes mains » ou « Je reviens te chercher » , t'as tout le film, comme Aznavour, Brel, pareil, bien sûr. Mais je me souviens d'avoir entendu dans une interview Sardou parler de certaines de ses chansons où il a été très critiqué pour certaines chansons comme Je suis pour ou Le temps des colonies ou des choses comme ça qui sont...
- Speaker #2
Ils n'ont pas vraiment écouté ce qu'il chantait.
- Speaker #0
Non, c'est ça, qui sont considérés par beaucoup de gens aujourd'hui comme problématiques. Je joue un rôle. Le temps des colonies, écoutez-la. Il faut écouter le texte.
- Speaker #2
C'est une critique complète. Personne n'a jamais osé faire une critique autant terrible que ça. Elle était terrible, la critique. Bien sûr.
- Speaker #0
Mais du coup, c'est difficile de confondre. Aujourd'hui, je trouve qu'on confond l'interprète et le rôle qu'il joue dans une chanson avec la personnalité de l'artiste, en fait.
- Speaker #2
On confond beaucoup la forme.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #2
Certaines formes, forme qui fait que toi chanteur de droite et un fond qui n'est pas forcément le fond d'un chanteur de droite.
- Speaker #0
Vladimir Ilyich n'est quand même pas vraiment une chanson de droite.
- Speaker #2
Non, pas forcément.
- Speaker #0
Écrite par Pierre Delanoë qui n'est pas forcément un auteur de gauche d'ailleurs.
- Speaker #2
C'est la forme, Michel, quoi qu'il chante, il avait une chanson un jour là-dessus qui dit « Vive la France » , en plus ça se danse, tout le monde me traite un fasciste. C'est ça. Moi,
- Speaker #0
j'ai toujours pas compris pourquoi les lacs du Connemara étaient une chanson de droite, qui sentait la transpiration.
- Speaker #2
Encore une fois, c'est la forme. C'est le grand orchestre, c'est lui en smoking, on y va, donc c'est de droite.
- Speaker #0
Mais donc, Sammy Davis, Frank Sinatra, tout ça, ça devrait pas être écoutable non plus, parce qu'il chantait en smoking avec des grands orchestres aussi.
- Speaker #2
C'est pareil.
- Speaker #0
Mais ça sent la transpiration aussi, Sammy Davis Jr., Dean Martin et Frank Sinatra.
- Speaker #2
Je peux pas te dire. Mais c'est effectivement une question de forme, une question de présentation. C'est le package qui est comme ça.
- Speaker #0
Mais est-ce que du coup, aujourd'hui, l'un comme l'autre, justement, vous pensez qu'on est obligé de faire beaucoup plus attention à la forme et au fond pour éviter ce genre de critiques ? Est-ce qu'on doit polisser ce qu'on fait en chanson ?
- Speaker #2
Je pense que maintenant, le problème qu'on a, c'est qu'à partir du moment où on a trouvé une niche, ce qu'on appelle une niche, il ne faut pas sortir de cette niche. C'est très compliqué de dire, de faire comme faisait Alidé, par exemple, Lundi, il était hippie. Mardi, il était voyou. Mercredi, il était en smoking. C'est très compliqué. Quand tu as chopé une niche, tu restes dans cette niche. C'est très compliqué de sortir de ça. C'est compliqué.
- Speaker #0
Tu penses que ce serait impossible aujourd'hui d'avoir un Johnny ? En dehors du mythe qu'est Johnny en lui-même. Est-ce que tu penses que cette variété, justement, qu'il portait en lui dans ses chansons, est-ce que c'est impossible aujourd'hui ? Est-ce que c'est impossible parce que le système ne le voudrait pas ou est-ce que c'est impossible parce qu'on n'aurait pas d'artiste capable de porter tout ça ?
- Speaker #2
Non, je pense que c'est impossible parce que personne n'a osé. Il y a sûrement quelqu'un qui serait d'accord pour le faire, qui voudrait bien le faire. Mais si de nos jours, avec ce qui se passe en radio par exemple, de nos jours, tu sors quelqu'un qui chante « Que je t'aime » , ça ne passera pas en radio. Si tu sors Connemara, ça n'intéresse absolument personne, tu n'as pas une radio qui te prendra. c'est effrayant c'est même pas effrayant c'est une chanson trop développée trop longue trop développée donc Johnny comme Sardou comme Lama comme tous ces gens là ont fait leur carrière dans une certaine génération et heureusement ont emmené cette génération avec eux elles l'ont emmené avec eux cette génération sinon ces gens là de nos jours ça serait très compliqué qu'un mec fasse de la variété pure à la un peu ambiance sardou, tout ça, ça ne marcherait pas. Malheureusement,
- Speaker #0
ça ne marche pas. Pourtant, il y a des jeunes qui écoutent encore cette variété française.
- Speaker #2
Il y en a même qui en font, mais ils ne passent pas en radio. Il ne risque pas de passer en radio. Il y a tout un réseau parallèle de gars qui font des choses formidables, certainement. Moi, j'en entends des fois très souvent. Tu ne peux pas leur dire, ça n'a absolument aucune chance. Ça n'a pas de chance déjà. Si Johnny était toujours vivant et qu'il le sorte, ça sortirait parce que c'est Johnny. Le fan de base, il viendrait écouter Allumer le feu. Parce que c'est lui. Voilà, point. Malheureusement, parce qu'il ramène leurs souvenirs avec eux. Dutronc a eu la grande intelligence, c'est son fils qui lui a dit, quand ils ont fait la tournée, Jacques a dit, il a sûrement dit, je vais essayer de faire un nouvel album. Donc, ça ne sert à rien. Ils veulent t'entendre chanter.
- Speaker #0
Paris s'éveille.
- Speaker #2
Point à la ligne, c'est ce qu'ils ont fait. L'intelligence, c'était ça.
- Speaker #0
Oui, mais regarde. Dans le même esprit, quand Salvador a sorti un nouvel album avec des nouvelles chansons, mais c'est vieux maintenant. Ça a marché. Ça a marché.
- Speaker #2
Ça a marché.
- Speaker #0
C'est un mystère ? C'est un hasard ?
- Speaker #2
La chanson était très bonne et la chanson, elle allait avec l'air du temps. Elle était douce, elle allait avec l'air du temps. Mais lui, il l'a désavoué après. Il a dit, je ne comprends pas, tout le monde trouve ces chansons formidables. J'ai toujours fait ce genre de chansons. Il y a plusieurs fois qu'il y a été ce genre de chansons. La chanson est très bonne.
- Speaker #0
Et toi, dans la variété française, tu trouves qu'il manque cette dimension de chanteur, comme effectivement Johnny, comme Sardou, comme Lama. Tu trouves, toi qui es plus jeune, tu es même plus jeune que moi. Est-ce que tu trouves qu'il y a un créneau qui n'est plus occupé et qui manquerait ?
- Speaker #1
Peut-être. Alors moi, j'avoue que peut-être, parce que ma réponse, elle va être que je cherche souvent de l'inspiration ailleurs. Donc c'est peut-être qu'il n'y a pas ça, en tout cas, que je ne le retrouve pas. Moi, j'écoute beaucoup de chansons anglo-saxonnes, en réalité. Donc, est-ce que c'est parce qu'il y a un creux à ce niveau-là sur ce qu'on écoute en France, possible ? Après, il y a quand même des artistes comme Clara Luciani, dont je suis absolument dingue. extraordinaire où je trouve que c'est développé, que tu vois, ça reste des chansons françaises comme...
- Speaker #0
Oui, c'est de la vraie variété.
- Speaker #1
De la vraie variété française.
- Speaker #2
Ça restera parce que c'est, je pense, c'est les bons titres.
- Speaker #1
Oui, et qu'une fois de plus, ça marque une époque et que je pense que toute une génération...
- Speaker #0
La facture est assez classique, enfin classique, c'est très, voilà, il y a une ligne de basse imparable, mais comme chez Calogero ou chez des gens comme ça, qui sont des gens assez classiques en fait, dans la forme de la variété et qui vont rester. Mais comme quoi, ce qu'on pense qui va rester, c'est quand même quelque chose d'assez tradit.
- Speaker #2
Oui, c'est ce que je pense aussi. Ou alors les gros tubes rigolos qu'il y a à l'instaurant aussi. Voilà, des choses comme ça. Mais là, tu disais par exemple, Johnny reviendrait maintenant. Est-ce qu'un Johnny reviendrait maintenant ? Ça serait compliqué. Ou un Sardou reviendrait avec des... En revanche, aux Etats-Unis, Elvis reviendrait, ce ne serait pas compliqué.
- Speaker #0
Tu penses pourquoi ? Parce qu'ils ont gardé cette tradition de country music qui n'a jamais cessé ?
- Speaker #2
C'est plus large. Il n'y a pas de formatage comme maintenant au niveau de l'œuvre. Beaucoup moins de formatage que nous. Nous, on parle des radios. Bien sûr. Tu dois avoir trois secondes d'intro pour que ça rentre dans l'histoire tout de suite. Nous, je pense que oui, les anciens requins reviendraient. Ça ne pose pas de problème. D'ailleurs, leur connexion entre... entre anciens artistes et nouveaux artistes aux Etats-Unis, en Angleterre, est beaucoup plus forte ou authentique qu'elle ne l'est pas.
- Speaker #0
Dans la transmission entre les uns et les autres, dans le partage...
- Speaker #2
Systématiquement, il y a juste qui va chanter avec Dolly Parton.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #2
Il n'y a aucune frontière, aucun problème, aucune frontière d'âge, ni de musique. Ils vont chanter avec un rappeur. Lequel rappeur va aller faire un truc de con avec un mec qui a 70 piges ?
- Speaker #0
Tu crois que ça tient à quoi que ça ne fonctionne pas ?
- Speaker #2
C'est une question de largeur de la musique aux Etats-Unis. Le panel est large d'abord, très très large. Il y a plusieurs différences de musique. Il n'y a pas un seul genre de hit parade général de musique. Il y a des hits parades bien ciblées. ils voyagent d'un sur l'autre.
- Speaker #1
Mais d'ailleurs, quand tu vas dans des bars, des restos aux Etats-Unis, c'est souvent hyper mélangé. Tu peux passer d'un morceau de rap juste après à de la country, et juste après à du rock, du metal. Et ça, chez nous, il n'y a pas d'endroit que je connaisse dans lequel je me dis ce soir, ça plaît à tout le monde, parce qu'on va passer un peu.
- Speaker #0
Pour plaire à tout le monde, il faut mettre une playlist des années 80, et là, ça plaît à tout le monde.
- Speaker #2
Oui, pareil.
- Speaker #0
Mais ce n'est pas faux.
- Speaker #2
il y a un moment ou un autre, tout le monde va sauter en l'air quand même bien sûr, il faut que tu fais allumer le feu c'est ça,
- Speaker #0
de toute façon, oui il y a des choses, c'est ce que tu disais, c'est des titres qui sont intemporels, qui restent pour des raisons très différentes les unes des autres, on ne peut pas effectivement, l'Emmanuelia de Claude François ne reste pas dans ton cœur ou dans ta mémoire pour les mêmes raisons que Je suis malade de Serge Lama mais ça reste
- Speaker #2
Claude François était un fantastique artiste un bosseur de malade lequel est encore assez farfelu pour faire ça en France ? Obispo, Pascal ? Pascal, il va en tourner, il sera en tous les sens, etc. Il est vraiment... Il est capable de tout faire. Il est capable de chanter demain matin, effectivement.
- Speaker #0
Lui, il est très éclectique. Ce qu'il a fait en créant sa plateforme, déjà, il s'est un peu éloigné du système en créant sa propre plateforme. Mais d'abord, c'est un travailleur dingue, j'ai l'impression. Il est excessivement prolifique. Et il fait aussi bien du jazz que du disco, que de la variété française, que de l'instrumental. Il s'est totalement affranchi les cases, lui, complètement.
- Speaker #2
Si on faisait toujours, toujours... Il est dans une niche au niveau physique. Il a un personnage, il garde ce personnage.
- Speaker #0
Mais qui évolue au fil des albums, un peu comme Florent Pagny. Il a un peu changé de look au fur et à mesure des albums et on repère les époques.
- Speaker #2
J'en suis fière. Si vous êtes toujours la même chose, tu t'ennuies, évidemment. Tu t'as peur, tu t'ennuies. Regarde, Sardou a changé. 10 fois, 20 fois de mode de fonctionnement. Il a été la chanson populaire, genre Balpeu. J'habite en France, c'est Balpeu. La chanson historique avec Danton et Robespierre. La chanson polémique avec...
- Speaker #0
Je suis pour les deux écoles.
- Speaker #2
Comme il s'est fait taper trop sur les doigts, qu'il en avait marre, il est revenu à la chanson gentille avec Enchantant. Bon, après, il a tapé...
- Speaker #0
Il est revenu après dans la polémique avec le bac G. Je crois qu'il ne doit pas pouvoir s'en empêcher, je pense.
- Speaker #1
Anti-homophobe.
- Speaker #0
Le privilège.
- Speaker #1
Privilège, la chanson pour le mariage des prêtres. Ah oui,
- Speaker #0
à mon Dieu, s'il en était deux.
- Speaker #1
Il s'est lancé dans le truc après.
- Speaker #0
Il y a des grandes fresques aussi, comme le Connemara, comme l'Anmille, le Roi Barbare.
- Speaker #1
C'est difficile de se faire taper sur les doigts sans arrêt dans la Barbare. On voulait faire une chanson qui s'appelle l'Opinion Ulysse. qu'il y a le fait qu'en ce moment, il faut avoir une opinion lisse à partir du moment où il ne faut pas.
- Speaker #0
Il faut avoir une opinion sur tout, mais il faut qu'elle soit consensuelle.
- Speaker #1
Il faut qu'elle soit la même que tout le monde. Et Michel, je vais te faire taper sur les doigts pour commencer.
- Speaker #0
Oui, c'est une discussion que j'avais eue avec Claude Lemel il y a quelques temps, après un concert de Sardou où il y avait eu une alerte à la bombe parce qu'ils avaient mis une bombe sous la scène. Et il me dit que c'était terrible parce que j'ai vu Michel sortir de scène et quand je lui ai demandé comment il se sentait, il m'a dit qu'ils ont brisé mon rêve.
- Speaker #1
Mais c'est vraiment un auteur, il ne règle pas.
- Speaker #0
Justement, puisqu'on parle d'auteur, je reviens sur une question que je pose régulièrement aussi. Toi qui es auteur-compositeur, j'imagine, toi aussi auteur-compositeur ? Est-ce qu'aujourd'hui et depuis quelques années, depuis les années 80... avec Goldman, Berger, tout ça, il y a eu beaucoup de vagues d'auteurs-compositeurs, interprètes. Tous n'ont pas le talent de Goldman ou de Cabrel. Tous ne sont pas doués pour tout. Est-ce que vous pensez que la variété a perdu de n'avoir presque plus que des auteurs-compositeurs-interprètes ? Est-ce que c'était mieux avant, quand il y avait vraiment des équipes, quand les éditeurs créaient des équipes entre auteurs et compositeurs ? Est-ce qu'il y avait une plus grande richesse, une plus grande variété ?
- Speaker #1
C'est vrai, c'est une question que je ne me suis pas posée. Mais ça continuait, ça continuait dans le cas d'Alidé ou ça continuait dans le cas de Sardou.
- Speaker #0
Oui, il y a quelques chanteurs qui sont restés dans ce fonctionnement classique, même Calogero qui compose mais qui travaille avec des auteurs.
- Speaker #1
Julien qui continue à travailler avec des auteurs. Non, je pense qu'effectivement, tu veux dire, c'était vraiment l'interprète, le vrai interprète, 100% interprète, mon Dieu. C'est passionnant encore, j'en sais rien. C'est pas sûrement, mais j'ai pas regardé. Si, Florent.
- Speaker #0
Mais on est quand même en train de parler de gens qui ont dépassé la soixantaine. dans les jeunes qui sortent du...
- Speaker #2
Non, mais c'est vrai que dans les... Dans la nouvelle scène, c'est quand même souvent des auteurs-compositeurs-interprètes.
- Speaker #1
C'est souvent des auteurs-compositeurs-interprètes, c'est souvent leur propre équipe, ils font souvent les chœurs eux-mêmes, ils font souvent les playbacks eux-mêmes, et c'est souvent dans des studios qui possèdent déjà eux-mêmes, donc c'est encore...
- Speaker #0
Il faut être sur les réseaux sociaux. C'est ça, mais il y a une nécessité, bien sûr, il y a une nécessité économique.
- Speaker #1
N'imagine pas les budgets qu'on faisait quand je conduisais à Lidé ou quand je conduisais à Sardou.
- Speaker #0
De toute façon, tu avais des symphoniques.
- Speaker #1
C'était nos limites. C'était allons-y, c'était nos limites. Mais tu faisais un précommande. Sardou a fait des précommandes à 400 000. Est-ce que tu imagines ce que c'est en précom ? C'est-à-dire que tu avais la Cogedep, qui était le grand truc caché pour tous les supermarchés, qui te commandait 400 000. Elle n'avait pas écouté le disque, la dame.
- Speaker #0
Oui, mais c'était relativement, finalement, un marché assez simple à comprendre. Aujourd'hui, rien n'est compréhensible. Parce que les streams, ils sont comptabilisés au bout de 30 secondes. Donc, ça veut dire quoi, un million de streams ? Combien de gens sont allés au bout de la chanson, en fait ?
- Speaker #1
Elle ne me dit pas, ça va revenir. C'est vrai, c'est pas vrai. Le côté, non mais ça va être formidable, on en refera beaucoup de disques.
- Speaker #2
Non, pour moi, tu refais des vinyles pour une...
- Speaker #0
Les vinyles, maintenant, les gens les mettent au mur. Voilà. Ce n'est pas pour les écouter.
- Speaker #2
C'est pour une vidéo bien précise de gens qui... qui t'aiment particulièrement et que tu vas récompenser avec cet objet qui est magnifique. Mais comme tu dis, qui va pouvoir se mettre en objet de décoration.
- Speaker #1
Dans le son aussi, dans les classiques, dans les classiques, ils vont acheter un très beau vinyle et puis les outils de transmission musicale ont énormément de chance. Ce matos lui-même, ce n'est plus le même. Ils ont commencé à partir en vrille à partir du moment où... D'abord, le premier Walkman, c'était vachement bien. Vachement bien.
- Speaker #2
D'ailleurs, moi, je me souviens de ce que j'écoutais sur mon premier Walkman.
- Speaker #0
T'écoutais quoi sur ton premier Walkman ?
- Speaker #2
Alors, des choses très variées. J'écoutais Céline Dion et Garou.
- Speaker #3
Et si tu crois que c'est fini Jamais C'est juste une pause Un défi Après les dangers Mais quand j'ai jamais pris la main J'ai sorti la grande voie J'ai vu l'issue souffler Voilà,
- Speaker #0
Céline Dion, interprète pure. On est au Québec, mais interprète pure. Et quelle interprète ? Mais ce qui est extraordinaire, c'est quand tu arrives à combiner le fait de bien chanter et le fait de chanter bien. Le meilleur chanteur,
- Speaker #1
c'est Cabrel.
- Speaker #0
Ah c'est drôle !
- Speaker #1
Plus grand chanteur, il n'y a même pas à discuter, personne ne peut discuter. Personne ne peut.
- Speaker #0
Alors ça, si je m'attendais...
- Speaker #1
Personne ne peut faire le...
- Speaker #0
Je suis assez d'accord, je suis une grande fan de Francis.
- Speaker #1
Tous les niveaux, il n'y en a pas un qui tient la route, pas un seul.
- Speaker #3
Pas besoin de faire de trop longs discours. Ça charge tout, ça charge tout. Jamais une éloignée Plus rien que chef S'en va que l'âme Je ne suis presque plus Ma tête à la vitre De victoire
- Speaker #1
C'est le chanteur absolu C'est-à-dire mise en place incroyable Swing incroyable, justesse incroyable Des mélodes folies Michel aussi, Eddy chante très très très bien Mais Cabrel c'est la perfection Et donc Danton Walkman,
- Speaker #0
Garou, Céline Dion
- Speaker #2
ouais quoi d'autre alors il y avait Daddy DJ j'avais Laurie sur une aire latine je vous souhaite un petit dôme et toujours très chante c'est une vie qui j'en suis je ne suis pas seule même si c'est une vie qui est une vie
- Speaker #3
Merci.
- Speaker #2
Donc Laurie à fond, parce qu'il faut savoir quand même que c'est mon papa qui a écrit beaucoup de chansons pour Laurie.
- Speaker #1
C'est grâce à moi.
- Speaker #2
Oui, complètement.
- Speaker #1
Je partais pour la tournée de la Française des Jeux. Et je me rappelais qu'il y avait une petite chanteuse qui était mignonne comme tout. Et son père, c'était un pote à moi. Et je pars pour la Française des Jeux, vraiment. Mais à deux minutes près, je suis en train de partir. Et Johnny Williams m'a dit, toi qui as fait plein de classiques pour la Française, et toi qui ne connais pas une petite blonde qui chante bien dans les 18 piges et qui est capable de faire ça. J'en ai une, j'appelle tous les coups de peau du monde. J'entends faire un téléphone, « Ta fille, elle t'aide ? » « Oui, oui, toujours. » « Elle t'aide ? »
- Speaker #2
Et je pense que toi,
- Speaker #0
donc tu as fait partie des cobayes de ses premières chansons.
- Speaker #2
Tu avais 10 piges. Donc j'étais la cible.
- Speaker #0
Ah bah oui, tu étais complètement la cible.
- Speaker #2
Je pense que le fait que j'ai cet âge-là et que je sois la cible... ça a dû quand même aussi aider nos pères à écrire des chansons collées, parce que je pense que...
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #2
Vous avez une fille de mon âge, et c'est ma meilleure amie aujourd'hui, c'est avec elle que j'ai fait mes premières chansons. Je pense que, clairement, le fait d'avoir des stages là, ça vous a inspiré aussi. Sur Nasio, c'est une très bonne chanson.
- Speaker #0
C'est une très bonne chanson. C'est des très bonnes chansons.
- Speaker #2
Très bonnes chansons.
- Speaker #1
Très bonnes. Bien sûr.
- Speaker #0
De toute façon, je trouverais ça très déplacé d'avoir honte de chansons qui ont fait autant de bien aux gens qui les ont écoutées.
- Speaker #1
Il ne faut pas dire... certaines chansons quand toi tu les as faites et que tu les aimes parfaitement.
- Speaker #0
Oui, on a tous des chansons entre guillemets honteuses.
- Speaker #1
Si ça a marché, c'est que c'était bien. Je n'ai jamais craché sur un truc qui a marché, jamais. Pourtant, mais il y a des fois où tu te dis, ce n'est pas terrible ce que j'avais fait quand même.
- Speaker #0
Oui, et puis parfois tu fais surtout une très bonne chanson qui passe inaperçue et puis qui revient un petit peu sur le devant de la scène des années après, comme la Bamba triste. Chanson fabuleuse.
- Speaker #3
Je me sens. Comme une bambette, comme une marseillaise en mineur, ou par un futur autodidacte,
- Speaker #0
sans tact. C'est du Philippe Quintenay avant l'heure, c'est un délire total cette chanson.
- Speaker #2
Le clip il est juste merveilleux.
- Speaker #0
Non mais la totale, c'est...
- Speaker #1
C'est très en avance par rapport à certaines choses qui se sont passées après, c'est sûr.
- Speaker #2
Non mais c'est surtout que cette chanson, elle a cartonné 30 ans après qu'elle ait été enregistrée.
- Speaker #0
Bien sûr !
- Speaker #2
Moi, tout près, tous mes potes qui ont fait des écoles de commerce et tout, c'était leur hymne. T'avais le Connemara et ça, quoi. Bambat.
- Speaker #1
Il y avait des clubs bambatrices où les mecs s'habillaient pareil.
- Speaker #2
Il y a des mecs qui ont fait tatouer la bambat. Il y en a qui ont fait tatouer la tronche de papa dans ce clip, quoi. C'est fédérateur.
- Speaker #0
C'est très fédérateur. Donc toi, dans ton Walkman, Laurie, Garou, tout ça, mais... Toi, quand tu étais ado, pareil, tu n'avais pas de Walkman, mais donc toi, tes premiers...
- Speaker #1
Je n'ai jamais écouté.
- Speaker #0
Tu n'écoutais pas de musique ?
- Speaker #1
J'ai toujours écrit, je n'ai jamais lu, j'ai toujours décidé, je n'ai jamais été au musée.
- Speaker #0
Donc tu ne pourrais pas décrire quelle est ta première émotion face à une chanson française ?
- Speaker #1
Émotion ?
- Speaker #0
Française, parce qu'après, dans les musiques anglo-saxonnes...
- Speaker #1
Grande émotion, oui, oui, vrai, grande émotion, évidemment. Barbara, grande émotion quand je l'entendais. C'est un mec qui pleure, moi, c'est super facile. Nilda Ferdendez.
- Speaker #2
Voilà.
- Speaker #0
Oh, wow ! Une tache,
- Speaker #3
une ombre, et dans le désert, des traces de poudre et de saffron, des taxis blancs, des claquements de portière, un vrai mélange de sentiments. Madrid, Madrid, le prix que je paye, c'est encore quelques heures sans sommeil, pour me souvenir...
- Speaker #1
Toi...
- Speaker #2
Qu'est-ce que tu m'as fait écouter ça ?
- Speaker #1
Je l'écoute pour les trucs que je sais pas faire. de que je suis fait avancer. Mais les trucs que je ne sais pas faire ou qui me snob à un moment ou à un autre, là, je me dis, merde, ça, c'est bien.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui t'impressionne encore aujourd'hui, par exemple ?
- Speaker #1
Il y a plein de trucs qui m'impressionnent encore. À la faveur de l'automne, oui. Sa façon de fonctionner, sa façon de mettre les trucs à l'endroit, à l'envers. Posté devant la fenêtre, je guette les ameuses et seuls. Et à la faveur de l'automne. Même c'est... Même ses fautes de temps fort sont intéressantes comme il les place. Oui, là où elle est à fond. Pour le faire, j'ai écouté Mahavishnu Orchestra. Je me suis mis quand même une bonne semaine à réécouter les trucs. Je me dis, merde, qu'est-ce qu'il fait le mec ? Je ne comprends pas trop. Quand j'ai écouté Spectrum, pareil, j'ai dit, aïe, aïe, aïe, tu vois. Et quand je me suis mis à travailler avec Clara, ça me fait énormément de bien d'avoir écouté Mahavishnu Orchestra et d'avoir appris comment ça marchait Spectrum, tu vois. Je ne suis impressionné que par les trucs que je... Tu ne sais pas faire. C'est affreux, c'est affreux.
- Speaker #2
il découvre, ça lui plaît sur le moment il l'envoie, il le retient mais il ne va pas le réécouter derrière je vais chercher un petit peu ce qu'il fait quand même de temps en temps comme nous on pourrait mettre dans une playlist et saigner le morceau toi tu saignes encore des morceaux ? ouais mais parfois je m'engueule moi-même parce que je me rends compte qu'avant quand j'avais des disques je connaissais tous les titres et qui les chantait et aujourd'hui il ne faut pas m'inviter à un blind test quoi. Vu que je suis des playlists, évidemment, en plus, l'algo fait bien les choses. Donc, il me propose des sons que j'aime bien,
- Speaker #0
naturellement. Mais est-ce que justement, ça aussi, c'est une question que je me pose exactement comme la question que je me posais sur les artistes, auteurs, compositeurs, interprètes. Est-ce que tu crois que l'algo, quelque part, à force de n'avoir que ce que tu aimes, est-ce que d'une certaine façon, il ne te prive pas un peu de ton libre arbitre pour découvrir quelque chose ?
- Speaker #2
Complètement. Je pense que tu es un peu emprisonné dans une bulle qui est un peu toujours la même. et que t'as un couloir en fait t'as la même chose sur les réseaux c'est vrai que tu te rends compte que si tu regardes un peu trop longtemps la fille parce qu'elle est bien foutue parfois t'es une fille on a tellement aussi ces dictables d'avoir le corps parfait t'es vite happée par comment elle fait pour être comme ça bah en fait elle fait que ça mais du coup on t'emballange plein mais du coup tu n'as que ça je comprends aussi non mais c'est le même principe qui sont hyper mal dans leur peau parce qu'elles sont enfermées dans une bulle où elles ne voient que des filles ultra bien gaulées. Et je pense que c'est la même chose dans la musique, c'est la même chose sur Spotify ou Deezer ou compagnie. T'es un peu bloquée dans un style.
- Speaker #0
Du coup, c'est dommage, non ?
- Speaker #2
C'est hyper dommage. Et moi, j'essaye de casser le truc parce qu'en plus, j'écoute plein de choses différentes et donc je vais m'abonner à des playlists que j'aime bien ou alors je vais carrément partager mon compte avec des potes. Comme ça, je suis sûre, vu qu'on a forcément des styles différents,
- Speaker #0
je suis sûre d'avoir un plus grand brassage.
- Speaker #2
mais oui en tout cas c'est sûr que t'es un peu enfermé dans une niche et qu'il faut se battre pour en sortir et continuer à s'alimenter de plein de styles différents.
- Speaker #0
Et toi dans ta niche après l'adolescence t'es passé après sur de l'anglo-saxon plus tôt ou t'as continué à écouter un peu du français et qu'est-ce qui te reste dans ta culture musicale de l'héritage et de ton père et de ta grand-mère parce que ta grand-mère t'a plus parlé comédie et tu la connaissais plus comme comédienne Merci. À quel moment déjà tu as découvert qui c'était par rapport à l'histoire de la chanson ? Parce que c'est vraiment un personnage historique de la chanson française. Qu'est-ce qui te reste de cette culture ? Et qu'est-ce qui te reste de celle que tu as inculquée volontairement ou involontairement ou juste en étant là, ton papa et ta maman ?
- Speaker #2
Tu m'as posé plein de questions d'un coup.
- Speaker #0
Oui, mais c'est la même.
- Speaker #2
Non, mais en fait, après, quand je commence à grandir, en termes de chansons françaises, j'en écoute peu, c'est vrai. Tout ce que j'écoute en français à cette époque-là, quand je suis adolescente, c'est du rap. Et en même temps, j'écoute beaucoup d'anglo-saxon, j'écoute énormément les Red Hot Chili Peppers dès mon plus jeune âge. ACDC j'adorais j'adore toujours et j'écoute quand ça commence à cartonner Lady Gaga j'écoute Beyoncé j'écoute Rihanna tu vois Kenny West même si maintenant je le boycotte enfin bon Eminem fan d'Eminem j'écoutais vraiment de tout mais j'étais quand même surtout sur du rap du rap américain et même si je comprenais pas forcément les textes je pense que j'aimais le le flow j'aimais le phrasé le flow ouais j'aimais le flow j'aimais les instru mais qu'on a aussi en France vraiment ... Je trouve qu'on est très bons sur les instruments de rap. Et après, pour ma grand-mère, je pense que j'ai réalisé ça vraiment plus tard, parce que moi, elle ne chantait pas à la maison.
- Speaker #0
Mais même dans... Tu l'appelais Mabiche ?
- Speaker #2
Babiche, ouais.
- Speaker #0
Babiche ou Mabiche ?
- Speaker #2
Babiche, parce que c'est ma sœur qui a trouvé ça, c'est ma grande sœur. Papa a appelé souvent sa mère Mabiche, et ma sœur a compris Mabiche. Ah,
- Speaker #0
c'est drôle, ma maman a appelé sa maman Mabiche. Mais même dans les conversations...
- Speaker #2
Moi, ce qu'elle me racontait, c'était ses souvenirs de voyage, sa carrière énorme et ses voyages.
- Speaker #0
Parce que quand même, il y a... sûrement plein de gens qui vont écouter le podcast et qui sont peut-être d'une génération un peu jeune pour connaître Patachou et sa carrière. Mais au-delà du cabaret, elle a quand même chanté au Carnegie Hall.
- Speaker #1
Elle a chanté au cabaret pour faire sa carrière.
- Speaker #0
C'est fou, c'est complètement fou.
- Speaker #2
Elle a fait sa carrière en Chine, à Hong Kong. Elle a chanté à TOEFL.
- Speaker #0
Canet.
- Speaker #1
Jacques Canet. Il l'avait sortie en premier, puis après elle a épousé Arthur Lesser.
- Speaker #0
Un producteur américain.
- Speaker #1
Il a fait connaître les Etats-Unis d'une façon très sérieuse.
- Speaker #2
Et qui lui a fait revoir son show pour que ça plaise aux Américains aussi.
- Speaker #1
Elle a reçu un moment qui était rare pour une femme qui parlait déjà anglais. Ta grand-mère,
- Speaker #0
ta maman, elle est de quelle année ? Elle est née en... 1918.
- Speaker #2
1918, je crois. Quasiment. parce qu'elle est partie à 96 ans,
- Speaker #1
elle est partie en 2014 oui elle est en retard elle aurait 100 ans
- Speaker #2
96 ans elle a continué à tourner très très tard en fait et après elle en est là elle s'est occupée de sa petite fille de toi donc oui elle s'est occupée de moi d'ailleurs ce qu'elle disait c'est que quand je suis née c'était mignon elle disait je me suis reconstruite avec ma petite fille oh c'est joli Non, en tout cas, j'ai eu une grand-mère qui m'a appris plein de choses. Mais c'est vrai que ce n'est pas elle qui m'a fait chanter à la maison. Elle m'a plutôt appris à me défendre, à me faire confiance, à ne pas me laisser faire parce que c'était une grande gueule. Et donc, elle me disait...
- Speaker #0
Oui, elle avait l'air.
- Speaker #2
Elle me disait,
- Speaker #0
il faut que tu aies l'indépendance.
- Speaker #1
C'est sa mère qui chantait très bien.
- Speaker #2
Elle me dit, ne se fous pas de vos doutes.
- Speaker #1
C'est elle qui chantait vraiment bien, c'est Marie-Pierre. Donc, Marie-Pierre chantait, c'était son truc. qu'elle adorait ça.
- Speaker #0
Mais elle était attachée de presse.
- Speaker #2
Oui, mais elle a sorti un disque. Ah,
- Speaker #1
non. Dès qu'elle pouvait chanter,
- Speaker #2
elle chantait.
- Speaker #1
Elle chantait tout le temps. Elle adorait ça.
- Speaker #2
Mais comme toi, dans la voiture.
- Speaker #1
Elle était quand même entourée de... Oui, c'était moi qui chante quand même tout le temps. C'était une famille en chantant.
- Speaker #2
Et toi, ce que j'adorais, parce que j'allais chez mon père le week-end, et je me souviens que le dimanche, c'était mon petit plaisir, c'était qu'il sorte son djembé et qu'il commence à faire des percus. Et là, je m'éclatais. on chantait une chanson qui était sur un de ses disques. Parce que moi, j'écoutais des enfants, grâce à ma mère, dans la voiture, elle mettait les cassettes et tout, des disques de mon père. Donc je connaissais toutes les chansons de mon père par cœur. La Creuse, Agatha. C'est génial.
- Speaker #0
Même avec des parents séparés, ta maman continuait à transmettre ?
- Speaker #1
Je n'ai jamais séparé, j'allais dire, de sa maman. Jamais, c'est vrai. Jamais. Déjà, intellectuellement, jamais. Et pour le reste, jamais non plus. Ni de Martine, qui était la mère de mon fils. Jamais séparé. Jamais séparé des femmes. C'est bien. Respect fou pour les femmes. Et je pense que...
- Speaker #2
J'ai des parents qui, certes, n'étaient plus ensemble, sous le même toit, mais qui s'entendaient à merveille.
- Speaker #0
Ça, c'est génial.
- Speaker #2
Ma mère me faisait écouter les chansons de mon père. On les chantait dans la voiture. Voilà, et du coup le week-end on chantait Vietnam Vet tous les deux.
- Speaker #3
Je suis ce Vietnam Vet qui revoit dans sa tête Les hélicos qui passent et aux terrasses de Saigon Des filles âgées âgées, des méchants réveillés bons C'est juste un état, mais vous êtes des canons
- Speaker #0
Très très belle chanson.
- Speaker #2
Je la chantais à l'époque avec ma maman. Et donc moi, je ne savais même pas d'ailleurs, je l'ai su plus tard, que Vietnam Vet a été chanté par Johnny aussi. Je ne savais absolument pas.
- Speaker #1
Les News, ça a été chanté par Johnny.
- Speaker #2
Ça, je savais. Mais pour moi, Vietnam Vet, c'était mon père et ma mère. C'était une chanson de mes deux parents. D'ailleurs,
- Speaker #1
c'est la chanson de ton père.
- Speaker #2
Roulée vers l'ouest, évidemment, c'est Johnny. Mais je trouve qu'elle se prête merveilleusement bien à un duo. Oui,
- Speaker #0
oui.
- Speaker #2
Elle fonctionne en duo.
- Speaker #1
Ce n'est pas parce que je les ai faites. Elles sont bien écrites.
- Speaker #0
Tu étais auteur-compositeur de ces deux chansons ?
- Speaker #1
Oui, c'est un match. Si je deviens, oui c'est moi, l'auteur. Je ne me rappelle plus parce que des fois, je n'ai pas fait tout tout seul. Non, c'est que j'ai fait en tournée tout seul et roulé vers l'ouest tout seul aussi. J'ai oublié de vivre avec Ron Vaux.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Alors là, de toute façon, déjà, quand on accepte de mettre une musique sur ce que tu fais, déjà c'est... On l'a dit parce que c'est quand même un fluide. Je disais qu'Abrel est le plus fort. On s'adore, on est très très potes. Marc, on a fait deux trucs qui ont bien marché quand même, nous ensemble. On a fait Le Coeur en Deux et J'ai oublié d'Ivre quand même. C'était déjà deux trucs bien conçus.
- Speaker #0
J'étais frappée quand je vous ai vu chanter tous les deux l'autre jour à la West Motor 78. J'étais très impressionnée par la foule qui était là et qui vous attendait. Et je me disais, est-ce que ce n'est pas un peu lourd aujourd'hui de représenter presque le symbole vivant de Johnny, qui n'est plus là, et d'être l'héritier, en fait, pour eux ?
- Speaker #1
Ils savent que je les chante.
- Speaker #0
Du coup, quand ils te voient, toi, en même temps, tu leur apportes un bout de lui. C'est sûr.
- Speaker #1
qui me touche comme si j'étais
- Speaker #2
C'est ça ?
- Speaker #1
Oui, je ne sors pas.
- Speaker #0
Mais toi qui l'as connu d'humain à humain et d'ami à ami, pour toi, Johnny, ce n'est pas un mythe, c'est un ami.
- Speaker #1
Oui, mais avec tout le respect que j'avais.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Alors, qu'un soit Johnny ou Sardou, j'ai connu plus que n'importe qui, je pense, a connu Sardou. J'ai toujours ce recul. Je ne rentrerai jamais dans une loge sans frapper ou sans demander si je peux rentrer dans une loge quand ils y sont. Alors, je pourrais. Alors après, quand on est en tournée, en tournée moto, c'est un peu différent. Mais à aucun moment, ce ne sont pas des gens que tu ne leur tapes pas sur le ventre. Même si, dans le cas de Sardou, on a élevé les cochons ensemble, je ne parle pas comme si j'avais élevé les cochons avec lui. Jamais. J'ai un respect incroyable pour Sardou, un respect incroyable pour Johnny, un respect incroyable pour tous les artistes que je côtoie. C'était très, très rare que j'aie un vrai respect, parce que comme moi, je n'ai pas eu « The guts » , comme disent les Américains. Je n'ai pas eu le courage de monter sur scène. Je l'ai maintenant parce que j'assiste Marie et que ça me fait extrêmement plaisir d'y aller. Et puis même, j'y vais tout seul. J'ai fait Bercy, quand même. J'ai réussi à faire Bercy. Tu as fait Bercy ? J'ai fait Bercy pour une chanson pour Alidaire. Donc, j'ai été faire Bercy.
- Speaker #0
Tu as fait Bercy avec Sardou aussi. Enfin, tu as fait toute la... Mais en tant que... Enfin, pas que Bercy. Tu as tout fait.
- Speaker #1
C'est ça, vous allez y rentrer. cabaret, nous, on fait les arénas.
- Speaker #0
Oui, je suis tombé l'autre jour, d'ailleurs, sur une rediffusion d'un concert de Sardou. Ça devait être à l'UARENA, je pense. Impressionnant, cette salle. Je ne chantais pas,
- Speaker #1
par contre.
- Speaker #0
Non, tu l'accompagnais, je t'ai vu l'accompagner au Dobro.
- Speaker #1
Les trois quarts de la tournée. Je chantais à la rivière de notre enfance. Très jolie chanson, de Barbeau Lysière. Barbeau est un bon auteur.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Très bon auteur. Avec un vrai sens de la variété. excellent auteur,
- Speaker #0
je ne dis pas de mal de qui que ce soit parce que c'est la vérité c'est ça aussi que je trouve très intéressant quand je t'écoute parler c'est que d'abord il y a énormément d'humilité énormément de bienveillance je pense que c'est un peu la marque des grands aussi mais surtout j'ai l'impression que cette humilité, cette bienveillance, j'ai l'impression qu'elle se perd dans les nouvelles générations,
- Speaker #1
je ne sais pas ce que tu en penses toi qui côtoies peut-être des gens plus jeunes tout le monde se la pète un peu au début de sa carrière c'est ce qu'on appelait éventuellement la grosse tête Et puis après, non. Après, t'es gentil. Enfin, je pense que tu dois être tolérant et gentil. Moi, je sais pas, j'en sais rien. Mais normalement, un toubib ne dit pas de mal d'un autre toubib. OK ? Et notre métier, nous, tu ne m'entendras jamais vraiment dire du mal de certaines personnes. Tu vas te dire, putain, c'est pas terrible ce qu'il a fait. Mais dire du mal, d'abord, t'as pas le droit, t'as pas fait...
- Speaker #0
Ça se fait pas, non.
- Speaker #1
Une carrière aussi assez importante pour me permettre de balancer les trucs sur les autres. Jamais de la vie, jamais de la vie. Jamais. Regarde, Brassens dit, j'ai jamais de mal de personne. Ah non ? Absolument personne.
- Speaker #2
Non, après, je pense que le côté grosse tête ou manque d'humilité, c'est aussi... C'est le début de la période. Ou avoir un genre, tu vois,
- Speaker #1
un genre.
- Speaker #0
Toi, à quel moment tu t'es dit je vais chanter ? Parce que t'as fait un vrai métier avant. Oui,
- Speaker #2
un vrai métier,
- Speaker #0
oui. T'as fait de la com', c'est ça ?
- Speaker #2
Déjà, j'étais petite, je disais que je voulais être chanteuse. Ça, je comprends vite que je ne peux pas trop le dire, qu'en fait, ce n'est pas sérieux, tu vois.
- Speaker #0
Est-ce que tu ne peux pas trop le dire aussi parce que tu viens de cette famille ? Et que d'un coup, on prend ça pour une espèce de lubie d'artiste ?
- Speaker #2
Non, pas du tout. Parce que déjà, moi, quand je grandis, mon père, évidemment, je suis au courant de sa carrière. Mais pour moi, mon père, il fait des musiques d'émissions de télé. C'est de faire le Big Deal, c'est de faire...
- Speaker #0
Le Juste Prix, la musique de l'auto.
- Speaker #2
Voilà, c'est de faire la tournée de la Française des Jeux l'été. Donc, je ne suis pas forcément handicapée, tu vois, dans mes choix, en me disant, je vais être la fille 2, machin. C'est ça. Je n'y pense même pas. Mais je n'y pense même pas. Et puis comme je disais tout à l'heure, pour moi, ma grand-mère, elle est comédienne. Je ne réalise pas à ce niveau-là, à ce moment-là, qu'elle avait ce niveau en termes de carrière musicale.
- Speaker #0
Oui, c'est inégalable, voire inégalé quand même.
- Speaker #2
Et donc bon, je me dis, il faut que je fasse autre chose. Mais même mes parents me disent, il faut que tu fasses un métier un peu plus traditionnel quand même. Assure tes arrières, fais des études, fais pas comme moi.
- Speaker #0
Par peur qu'elles ne s'en sortent pas pour la protéger ? Oui,
- Speaker #1
pour la protéger. Comme ma mère, ma mère ne voulait pas que je fasse ce métier-là.
- Speaker #2
Mais du coup, c'est marrant parce que tu vois, ma grand-mère, par contre, ma biche, elle, elle me poussait vachement.
- Speaker #1
Elle avait compris qu'elle allait sauter une génération. Elle, elle me disait... C'est quand même le taf, il ne faut pas déconner. Oui, et puis,
- Speaker #0
très bien.
- Speaker #2
Bien sûr, papa. Moi, je suis hyper fière. Hyper fière de mon père. Bon, donc, je décide de demander à mes parents qu'est-ce que je fais, du coup, parce que je suis larguée, je ne sais pas ce que j'ai envie de faire. Donc je fais une école de com et de marketing. Ça se passe très bien parce que je suis sage, je suis studieuse, que quand je commence un truc, je vais au bout des choses. Donc je fais tout très bien. J'ai mon diplôme, j'ai des mentions, tout se passe bien, j'ai un premier job. Ça me plaît, mais je tourne vite en rond. Et puis surtout, je me dis, OK, là, j'ai fait ce qu'on m'a demandé, mais moi, mon petit secret de gamine que j'ose plus trop dire, je l'ai toujours dans ma petite tête. et du coup je commence à être malheureuse parce que pendant mes études j'arrive à faire de la musique, je continue j'écrivais des textes, ma copine Kelly les mettait en musique et on se faisait ça toutes les deux, et j'écrivais en anglais d'ailleurs donc voilà, et puis là je commence à bosser je trouve un vrai job je délaisse de plus en plus la musique, j'en fais plus on part en voyage tous les deux, à New York et...
- Speaker #0
Ah c'est mal barré comme ville pour oublier la musique Putain
- Speaker #2
Et le dernier soir, on dîne dans un super resto, on est ensemble. Et là, mon père me dit, à un moment donné, le moment où il est fier de toi et qu'il te dit, en tout cas, tu as pris la bonne décision, tu suis un bon chemin, tu auras toujours du boulot. Il me dit, voilà, tu pourras toujours bouffer, quoi. Et là, je ne sais pas ce que je veux faire. Je commence par dans tous les sens, tu vois. Je lui dis, mais moi, j'aurais peut-être voulu jouer la comédie. J'aurais peut-être voulu être journaliste. J'aurais voulu être chanteuse, en fait. Alors là, il me dit un peu ce qu'il disait tout à l'heure. C'est pour ça que ça me fait marrer. Tout à l'heure, il disait, moi, je voulais faire trop de trucs. Et du coup, je ne me suis pas recentrée sur un truc. Et il me dit, à vouloir faire trop de trucs, tu ne vas rien faire du tout.
- Speaker #0
Donc,
- Speaker #2
je me suis réfléchie. Et là, il rentre et il signe Masked Singer. Cette émission qui continue aujourd'hui, qui cartonne aujourd'hui, d'entiler mon ashtray finger dont il est directeur artistique et il me dit tiens tu veux chanter viens faire les voix témoins donc moi évidemment grave grave donc là je chante Lio je chante Beyoncé, je chante Maître Gims je chante absolument tu fais tes armes clairement je m'éclate en pro dans le studio et tout bien je m'éclate et arrive le confinement et là je comprends que mon père m'avait testé avec ma singer pour voir si vraiment j'allais être endurante et que j'étais capable de le faire et que ça me plaisait surtout vraiment Et donc, confinement, il m'envoie des petites notes vocales, de lui avec sa guitare, de mélodies en yaourt, machin. Et sorti de confinement, il me dit, « Bon, moi, je ne me sens pas d'écrire pour toi, tu es ma fille. » C'est difficile. Et il m'envoie chez Claude Lemel. Donc là, je rencontre Claude Lemel.
- Speaker #0
J'ai les jambes qui tremblent.
- Speaker #2
J'arrive chez lui et on discute. Et c'est extraordinaire. Et je crois, une semaine après... Il m'appelle et il me chante la chanson qu'il avait écrite. Parce que c'est comme ça qu'il fait. Il s'achète ça. Fabuleux. Il me la chante a cappella. Et ensuite, il m'envoie le texte. Et c'est comme ça que c'est parti. Je me suis dit, OK, mon père me fait confiance. Il me tend la main. Il va m'accompagner comme il le peut.
- Speaker #1
Il va faire des chansons aussi.
- Speaker #2
Après.
- Speaker #1
Je fais des trucs. Après. Je suis incapable.
- Speaker #2
C'est ça le problème. C'est qu'il faut que je mesure tout ce que je dis. Parce qu'il est lion et que c'est mon père. L'ego des lions Non mais je dis ça, mais je suis en main de lui, donc je suis lion aussi, tu sais. Ah merde. Mais voilà, il m'a écrit aussi beaucoup de chansons, mais je pense qu'au tout début, tu avais une certaine pudeur vis-à-vis de moi.
- Speaker #0
C'est difficile d'écrire pour sa fille. C'est très difficile.
- Speaker #2
Et ensuite, moi-même, je me suis fait confiance et j'ai écrit quelques chansons.
- Speaker #1
Et puis maintenant, on est vraiment en train de travailler. Quoi le travail ? Vraiment, c'est parti.
- Speaker #0
Ça c'est super.
- Speaker #2
Ça c'est génial. J'ai pris cette idée.
- Speaker #1
des armes difficiles à faire
- Speaker #0
Toi qui as vécu toute l'évolution de la chanson depuis... Décidément.
- Speaker #1
L'évolution de Marie, surtout.
- Speaker #0
Oui, mais l'évolution de la chanson du métier depuis tellement longtemps. Tu vois ça évoluer comment, toi ? Dans ton esprit, ça évolue comment, la chanson française, aujourd'hui ?
- Speaker #1
Je ne sais pas. Pendant un moment, ça a été bêta. Ça redevient un peu un télo au niveau des textes, c'est mieux. Les textes sont plus fiadés. C'est ce que j'avais dit, d'ailleurs. J'avais dit ça il y a trois ans. ils vont commencer à écrire des trucs vachement mieux écrits, mieux sentis, etc. C'est ce qui se passe.
- Speaker #0
J'ai tendance à avoir l'impression qu'on raconte moins d'histoires qu'avant en chansons. On se ressent beaucoup sur soi. J'ai l'impression que les chansons sont plus centrées sur soi qu'avant. Il y a moins de films. Il n'y a pas de « Non, je n'ai rien oublié » , il n'y a plus tout ça. « Elle m'oublie » , des trucs...
- Speaker #1
Il faut que le refrain soit... avec une phrase ou deux phrases qui reviennent éternellement, tu es obligé, ça fait partie aussi du formatage. Donc c'est compliqué quand même.
- Speaker #0
Oui, mais malgré tout, je trouve que par exemple tes chansons, en tout cas les trois que je connais, après ma grand-mère chante encore, je la connais aussi, mais que ce soit Mad Max, Syndrome et les mecs, je trouve que même, ma préférée c'est Mad Max, tu te racontes vraiment dedans. Alors oui, on pourrait dire que c'est auto-centré, mais... La façon dont tu te racontes, ça pourrait ressembler à plein de gens. En fait, ce côté, oui, je suis la fille de quelqu'un, mais c'est le cas de tout le monde, en fait. Effectivement, tu ne vas pas t'excuser pour ça.
- Speaker #2
Et la dualité qui est chez plein de gens, c'est ça.
- Speaker #0
Oui, ce que j'aime, c'est ce côté universel dans ta chanson. Pour moi,
- Speaker #2
c'est intime, mais c'est...
- Speaker #0
Voilà, mais je crois que plus une chanson est intime, plus elle parle à tout le monde, en fait. Et j'ai l'impression que l'erreur de beaucoup d'artistes, c'est d'essayer de faire une chanson universelle et du coup d'oublier de se raconter soi. sincèrement, de se cacher derrière un truc que tu veux universel qui finalement ne va pas rester. Et je trouve que Mad Max, qui pourtant est particulièrement intime, puisque c'est ton nom, plein de jeunes femmes de ta génération peuvent s'y retrouver, même plus âgées, puisque moi aussi, mais je trouve que tu as trouvé quelque chose qui est assez singulier par rapport à ce qu'on entend. D'abord, t'as pas 18 ans et demi, donc il y a une maturité que n'ont pas beaucoup de jeunes interprètes qui sortent. Et cette maturité, en fait, elle fait que tu arrives avec un vécu que tu valorises bien. Donc, en tout cas, moi, je ne suis pas devant. Mais j'espère vraiment que les gens vont être sensibles à ça. Parce que je trouve que tu apportes quelque chose, en tout cas, que je ne vois chez personne d'autre.
- Speaker #2
Merci, Sauvane. Ça me fait très plaisir. En tout cas, je pense que...
- Speaker #0
Enfin, toi qui connais beaucoup d'artistes, je ne sais pas si tu partages cette opinion objectivement.
- Speaker #1
Non, je ne partage pas. Moi, j'ai tellement de recul. C'est très compliqué pour moi.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Alors, l'autre fois, j'ai vu son spectacle complet. Et il y a deux... Il y a une chanson qui était terriblement branchouillée. Terriblement branchouillée. La porte ? Non, non. Je ne l'ai pas fait, moi. Je n'ai pas travaillé dessus.
- Speaker #2
La troisième ?
- Speaker #1
Branchouillée. Troisième ou quatrième, trop bien. Tu restes ?
- Speaker #2
Tu restes ? Oui, ça doit être ça. Ou il y a des grosses basses un peu ?
- Speaker #1
Oui, ça doit être ça. J'ai l'impression d'être...
- Speaker #2
C'est vraiment branchouillé.
- Speaker #1
c'était bien ça aussi.
- Speaker #2
Non, mais je pense que la maturité, t'as raison. Souvent, tu sais, longtemps, je me suis dit, je me lance trop tard. Et en fait, je pense que avant, j'étais juste pas prête. J'avais pas la maturité nécessaire pour mettre des vrais mots sur ce que je ressentais. Et puis, je pense que j'aurais pas eu le courage d'aller au combat, quoi. Comme on se le disait tout à l'heure, il y a aussi plein de gens qui te sapent le moral. Tu vois, tu peux pas plaire à tout le monde, c'est évident. Mais aujourd'hui, on est quand même dans un monde où c'est très facile de casser quelqu'un. Très facile d'aller te tacler sur les réseaux parce que t'es la fille de quelqu'un, machin. Je l'ai pas choisi dans mon nom, tu vois. J'ai pas mis le billon, je m'appelle Marie-Max. C'est ça mon nom de scène.
- Speaker #0
Qui est ton vrai prénom. Mon vrai prénom. J'adore.
- Speaker #2
Mais voilà, je pense que ce personnage que j'invente pas, qui est la femme que je suis aujourd'hui, Marie et Max, et donc cette dualité où je dis parfois jolie, parfois dégueulasse.
- Speaker #0
On découvre un personnage qui est déjà trempé, quoi. Qui a déjà du vécu... et qui sait qui tu es.
- Speaker #2
En tout cas, plus je participe aussi à l'écriture ou à la composition, plus je sais ce que j'aime et ce que je n'aime pas. Et plus je sais le dire aussi. Parce que, vu que j'ai pas fait d'études de musique à proprement parler, à part l'école de la musique de la rue, avec mes parents qui... Souvent, je dis, tu sais le truc qui fait ça, et je refais la mélodie, ça j'aime pas cet instrument, c'est quoi ? Ok, ben non, je sais ce que c'est, mais j'aime pas.
- Speaker #0
Oui, mais à partir du moment où tu travailles avec des musiciens qui sont des vrais musiciens, et puis...
- Speaker #1
On a son équipe, pas de temps.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #2
j'ai mes super copains. J'ai mes super équipes,
- Speaker #1
d'ailleurs. Je suis en train de crever de chaleur, moi. Vous aussi, nous.
- Speaker #0
Donc on a fait une mini-clos de la place de la chaleur. On va passer à un petit live où on va vous écouter chanter tous les deux.
- Speaker #1
On va mettre un live, on ne peut pas tous les deux être paris, on va avoir un bassiste extraordinaire qui va travailler avec moi.
- Speaker #0
Tu as un bassiste super ? Oui. Ah, il nous résout carrément ?
- Speaker #1
Non, puis il débrouillera.
- Speaker #0
Je le débrouillerai, je le présente.
- Speaker #1
Tu vois ce que c'est qu'un mec qui...
- Speaker #0
Remarque, toi, tu nous présentes ta fille qui chante, moi je vais présenter mon fils qui joue de la basse.
- Speaker #1
D'accord, bien. C'est ton fils ?
- Speaker #0
Oui, c'est un peu mon fils. C'est pas mal. Je pense que je viens.
- Speaker #1
Tu peux parce que j'ai joué avec lui et je me suis régalé. Et lui, je pense qu'il a dû se régaler aussi.
- Speaker #0
Je crois, j'ai été témoin de ce moment-là et c'était un très, très joli moment.
- Speaker #1
Lui, il n'a pas les feuilles en plomb. Nous, dans le métier, on a les feuilles en plomb. Il n'a pas les feuilles en plomb et le jour de la distribution des prix, le métronome n'était pas derrière la porte.
- Speaker #0
Waouh ! C'est joli. Merci beaucoup Pierre d'avoir... Juste une dernière question. Est-ce que tu pourrais nous conseiller peut-être un artiste de variété française que tu aurais découvert récemment et qu'on ne connaîtrait pas encore et que tu pourrais nous...
- Speaker #1
Variété française ?
- Speaker #0
Que tu aurais découvert et que tu dirais, tiens, c'est une pépite, celui-là, ça vaut la peine.
- Speaker #1
En mec ?
- Speaker #0
En mec ou en fils.
- Speaker #1
Je ne l'ai pas en tête là tout de suite. J'en ai entendu... Non, non, non. J'allais dire des... J'ai des potes à moi qui jouent. Je pense qu'il manque, il manque. Il manque une certaine joie, rigolade et on ne passe pas dans ça. Alors ça, on l'a eu pendant certaines années avec le bonheur des dames, avec tous ces groupes. Alors, il y a un groupe qui s'appelle Assez déçus. Ça, je les ai découverts. Eux, ils sont formidables.
- Speaker #0
Assez déçus.
- Speaker #1
Moi, c'est Assez déçus.
- Speaker #0
Merci beaucoup Pierre et j'ai vraiment été ravi de cette conversation et très honoré de te recevoir Attends que je vais jouer avec mon pote d'assiste Ok,
- Speaker #1
avec PN Attends, je vais chanter
- Speaker #3
Bon allez, à tout de suite. Merci beaucoup. Je suis bien la fille de quelqu'un Je vais pas m'excuser pour dire rien J'ai la blondeur et le sourire Mais s'il faut des mots pour me dire Moto qui flambe, cœur carabin Je vois que c'est la vie, pas toujours là. Y'a le côté vie, y'a le côté fin. Qui dit, allez, fais-moi la place. Moitié relou, moitié relax. Porte-moi jolie ou dégueulasse. Je te fréquente, je te fagace. Je suis pas gentille quand ça menace. Mademoiselle,
- Speaker #4
s'appelez-moi Mademoiselle.
- Speaker #3
Mad Max, Mad Max, appelez-moi Mad Max Dans l'histoire, dans l'histoire, y'a des sons pour le king Mamie bien explosée, maman beauté bising Pas facile, pas facile d'être la petite dernière De payer les pots cassés pour l'ombre de sa grand-mère C'est comme ça dans toutes les familles C'est beau, c'est beau, mais ça va si Je construis ma ligne au milieu comme Une héroïne avec ses creux Mon Motos qui flambent,
- Speaker #4
cuir carapace,
- Speaker #3
je vois que c'est la vie pas toujours classe. Y'a le côté fille et le côté face,
- Speaker #4
qui dit allez fais-moi la place.
- Speaker #3
Moitié relou, moitié relax, portes-toi jolie ou dégueulasse. Je t'aime fréquent, je te fracasse, je suis pas gentille quand ça me l'a. Appelez-moi Mad Max Mad Max Mad Max
- Speaker #5
Merci du fond du cœur à Pierre et à Marie d'avoir fait une petite place à Ruben dans ce très joli moment de complice. Pierre ayant dû nous abandonner, c'est avec Marie-Max toute seule que je poursuivrai cette conversation pour notre prochain épisode et je compte sur votre présence. Mais en attendant, si vous avez une furieuse envie de bonne musique et de belles mécaniques, vous pouvez retrouver mes invités au Opal Harley Days. Ardelot, près de Boulogne-sur-Mer, le samedi fin septembre à 11h30 au Harley-Barr. Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode. S'il vous a plu, faites-le découvrir à vos amis en le partageant sur vos réseaux ou laissez-nous une note ou un commentaire sur votre plateforme d'écoute favorite. Et n'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun épisode. Vous pouvez aussi vous abonner à notre playlist sur la chaîne YouTube Providence Prod et sur les plateformes d'écoute. Enfin... Rejoignez-nous sur le compte Instagram providence.prod et faites-nous part de vos coups de cœur qui rejoindront peut-être la playlist. Merci beaucoup à Ruben MG pour l'habillage musical de ce podcast. Et puisque la musique, ça se partage, en attendant le prochain épisode, parlons chansons.