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Parlons Cul-ture de Norah Lounas

Episode#2 Tout ou rien: l'absence de désir et les frustrations

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19min |14/03/2025|

216

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Parlons Cul-ture de Norah Lounas

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19min |14/03/2025|

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Description

✨ 🎙️ Parlons Cul-ture – Tout ou rien : l'absence de désir et les frustrations


Dans cet épisode, soyons clair dès le départ. Je ne vais pas vous parler de couples toxiques ni de relations en train d'exploser, mais de couples qui s'aiment et qui veulent changer les choses. Ce n'est pas la consultation de la dernière chance, c'est la première consultation d'un couple qui dit « tout va bien entre nous, sauf ça » . C'est quoi ça ? Eh bien, c'est quand l'un pourrait vivre sans sexualité alors que l'autre a toujours envie. Dès les premières minutes en consultation, le mot qui revient presque toujours est « frustration » . Ces couples sont coincés dans l'impasse du jamais envie, toujours envie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, une précision essentielle. L'absence de désir et ses frustrations ne sont pas des questions de genre. L'identité sexuelle n'a pas sa place dans cette histoire. C'est important de le préciser tant il est convenu que les femmes auraient moins de désir et que les hommes ne penseraient qu'à ça. Oublions ces clichés. Hommes et femmes sont indifféremment concernés. par l'absence de désir et la frustration sexuelle. Allez les petites souris curieuses. Entrez dans mon cabinet et je vous raconte comment se passe une première consultation:


🔔 Ne manquez aucun épisode de Parlons Cul-ture !
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💻 Retrouvez moi sur Facebook, Instagram, LinkedIn, mon site de cabinet à Genève, et bien sûr, sur le site du podcast.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Parlons Culture, le podcast où on parle sexualité, désir et relations de couple sans tabou, avec nuance. Je suis Norah Lounas, sexologue clinicienne, et aujourd'hui, on va aborder un sujet qui touche de très nombreux couples, l'absence de désir et la frustration sexuelle. Vous êtes en couple, mais vous n'avez plus envie de faire l'amour. Vous vous sentez coupable, perdu.e. Au contraire, votre partenaire n'a jamais envie, vous vous sentez rejeté.e, comme si vous viviez en colocation, frustré.e au quotidien. Vous cherchez des réponses, mais vous ne savez pas par où commencer. Vous êtes au bon endroit. Dans cet épisode, je vais vous raconter comment se passe une première consultation en sexothérapie, les dynamiques les plus courantes et surtout, des clés pour mieux comprendre ce qui vous arrive et amorcer un changement. Dans cet épisode, soyons clair dès le départ. Je ne vais pas vous parler de couples toxiques ni de relations en train d'exploser, mais de couples qui s'aiment et qui veulent changer les choses. Ce n'est pas la consultation de la dernière chance, c'est la première consultation d'un couple qui dit « tout va bien entre nous, sauf ça » . C'est quoi ça ? Eh bien, c'est quand l'un pourrait vivre sans sexualité alors que l'autre a toujours envie. Dès les premières minutes en consultation, le mot qui revient presque toujours est « frustration » . Ces couples sont coincés dans l'impasse du jamais envie, toujours envie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, une précision essentielle. L'absence de désir et ses frustrations ne sont pas des questions de genre. L'identité sexuelle n'a pas sa place dans cette histoire. C'est important de le préciser tant il est convenu que les femmes auraient moins de désir et que les hommes ne penseraient qu'à ça. Oublions ces clichés. Hommes et femmes sont indifféremment concernés. par l'absence de désir et la frustration sexuelle. D'ailleurs, cette idée reçue selon laquelle les hommes ont toujours envie et les femmes moins, c'est l'histoire de mes choix professionnels. Je suis sociologue de formation et l'essentiel de mes travaux d'études ont porté sur cette prétendue différence. Autre précision, avant d'aller plus loin, tout ce que je vais dire n'est ni gravé dans le marbre, ni exhaustif, ni systématique. Je vous partage mon expérience de sexologue et je vous raconte comment pourrait se dérouler une... première consultation. C'est parti ! Comme des petites souris curieuses, installez-vous confortablement. Bonjour, qu'est-ce qui vous amène ? Quand le désir disparaît, les couples naviguent entre doute et incompréhension. S'il vous prend l'envie ou le besoin de demander à une personne en manque de désir pourquoi, elle ne sait souvent pas quoi répondre. Elle cherche, elle tente d'analyser, de rationaliser. Est-ce que je l'aime toujours ? Suis-je asexuel.le ? Est-ce un traumatisme du passé qui refait surface ? Est-ce lié à mes précédentes relations ? Est-ce de ma faute ? De la sienne ? Dans ces situations, les couples oscillent entre l'autoculpabilisation et le reproche. La personne qui se sent responsable explore diverses causes. Est-ce que c'est la pilule ou la contraception en général ? La ménopause ? Rarement l'andropause. La fatigue ? Les grossesses ? Le travail ? La charge mentale ? Les enfants ? L'aidance d'un parent ? Peut-être l'âge, le poids, les complexes ? Une mauvaise santé ? Un divorce qui traîne ? Tout y passe. Et pendant ce temps-là, l'autre partenaire, celui qui se sent délaissé, cherche aussi des explications. Pourquoi est-ce que ça nous arrive ? Ça a toujours marché pour moi. J'ai déjà vécu ça et il est hors de question que je revive cette situation. Ou je ne lui plais plus, il, elle ne m'aime plus. Je m'y prends mal. Je suis trop insistante ou insistant. Il, elle me trompe. Ça tourne en boucle, ça cogite, ça fait mal. Lors du premier rendez-vous, c'est entre souffrance et espoir que tout va se jouer. Lors de la première consultation, chacun tente de mettre du sens sur cette absence de désir. Peu importe si la situation est récente ou installée depuis des années, le besoin de comprendre est immense. Les émotions sont fortes, des pleurs, des mains qui se frôlent, des doigts qui cherchent le genou de l'autre, une main sur l'épaule, un regard qui s'accroche, des mouchoirs qui s'échangent, des sourires pour mieux supporter ce qui se dit, du réconfort. Parce qu'il y a... Deux souffrances qui ont besoin de s'exprimer. Je vais demander au couple si les deux viennent, mais ça marche aussi à celle ou celui qui consulte en éclaireur ou en éclaireuse. Pourquoi consulte-t-il ou consulte-t-elle maintenant ? Souvent, c'est qu'il y a quand même une crainte de rupture, ou le soupçon d'une attirance pour une autre personne, à une collègue, à une amie. Pas de danger immédiat, mais la relation devient fragile. Il y a aussi beaucoup de patience et de compréhension, mais malgré tout cela, un sentiment d'injustice. Ils se disent « je n'ai pas le droit de lui faire vivre ça, lui faire vivre cette situation, c'est injuste et trop pesant » . Il y a aussi le ras-le-bol des paroles qui blessent, des humiliations, un décalage lorsqu'il se confie à des amis, l'impression d'être anormal. Bref, l'intolérable lassitude de cette situation. Dans cette impasse douloureuse, chacun veut éviter de faire souffrir l'autre, mais sans pour autant se sacrifier. À présent que j'ai une petite idée de pourquoi le couple a passé le cap de la consultation, il me faut savoir ce qu'ils ont essayé avant de venir chez moi. Avant de venir en consultation, qu'avez-vous essayé ? Parfois rien. C'est leur toute première démarche. Parfois, des tentatives comme sortir plus souvent en amoureux, monter le chauffage de la chambre, arrêter de regarder des séries dans le lit, se coucher plus tôt ou à la même heure, car dormir à des horaires décalés est une stratégie d'évitement pour l'un comme pour l'autre. Acheter de la lingerie féminine, faire du sport, un régime pour maigrir ou se muscler, lire des livres sur la sexualité, écouter des podcasts érotiques, suggérer d'aller voir. Mais juste voir ce qui se passe dans les clubs libertins. Et même, pour les situations les plus culpabilisantes, autoriser ou inciter l'autre à s'affranchir de l'exclusivité dans le couple. En d'autres termes, pousser l'autre à aller voir ailleurs. Les idées ne manquent pas, et parfois il y a même de bonnes pistes. Mais souvent sans méthode, sans conviction et sans résultat. Pour ces couples qui se mettent à nu, qui parlent de cela pour la première fois peut-être, il est temps de présenter l'accompagnement. en posant les bases. Il est temps pour moi d'intervenir. Et depuis toutes ces années, je vous assure que la machine est bien rodée. Je commence par un tour d'horizon des dynamiques classiques de ce genre de situation. Je leur dis, je vais vous dire quelques phrases. Arrêtez-moi si quelque chose vous parle, ou l'inverse. La toute première chose que je leur dis, c'est que l'absence de désir n'est pas une question de volonté. Ce n'est pas une histoire de « Allez, je dois avoir envie. Allez, je me force. Je vais faire un effort. » Le corps et le cerveau ne fonctionnent pas sous la contrainte. Plus on se dit « il faut, je dois » , plus le corps bloque. Parce qu'en voulant s'adapter au désir de l'autre, on perd son propre rythme. D'ailleurs, aucun des deux ne suit son propre rythme. Celui qui a toujours envie vit dans une frustration permanente. Il croit avoir toujours envie et dès qu'il y aura un signe d'une intimité possible, hop hop, il se dit « c'est l'occasion, ça sera toujours ça de pris » . Bon, à ce stade, je leur précise. que je suis une grande provocatrice, que j'aime exagérer. C'est une stratégie pour détendre l'atmosphère. Le plus souvent, ça marche. Ça fait baisser la tension et ils me disent que je n'exagère pas tant que ça. Celui ou celle qui n'a pas envie se force parfois, mais sans être forcé. Et oui, oui, les hommes aussi peuvent se forcer, pour la paix du ménage. Parce que quand même, j'ai de la chance qu'ils, elles, soient si compréhensives. Et puis, comme pour le ou la partenaire du jamais-envie, pense qu'il est ou elle est responsable, il y a un petit côté sacrifice. Pourtant, il est rarement question d'absence de plaisir. C'est ce qui est le plus déstabilisant. Le rapport sexuel est qualitatif. Pas toujours, c'est vrai, mais suffisamment pour se dire « Allez, promis, on remet ça bientôt. » Euh, dans sa tête, pas folle la guêpe. Et puis non, les jours passent sans s'y remettre. Si le couple consulte, c'est que ça ne se passe pas toujours bien. Il y a aussi les bouderies, les discussions sur l'avenir du couple, les silences qui en disent long et les petits pics et allusions. Dis donc, les voisins s'amusent bien eux. Nous, on est déjà comme un vieux couple. C'est une fois par mois. Et encore. C'est souvent à ce moment-là qu'au cabinet, les couples se lâchent vraiment. Les langues se délient. La confiance est installée. Il est temps d'aborder la question de la fréquence. même si elle ne sera pas la base de l'accompagnement. La fréquence est-ce un jour sur deux ? Deux fois par semaine ? Oh, une fois par semaine ! Je dirais toutes les trois semaines ? Une fois par mois et encore ! C'était il y a trois mois ? Oh, tous les six mois ! À mon anniversaire, je crois. Lors de nos dernières vacances. Ah oui, les vacances, ça marche tellement mieux ! Les premiers désaccords surgissent. Le ton peut même monter. Oh non, tu exagères, c'est plus souvent que ça. Mais si, je t'assure. Ah bon ? Parce que tu tiens à une comptabilité. Un calendrier ! C'est le moment où je leur explique que chacun vit sa propre temporalité. Pour l'un, c'est « bon, c'est fait, je suis tranquille pendant un moment » . Pour l'autre, c'est « mais quand aura lieu le prochain rapport ? Dans une semaine ? Un mois ? Peut-être plus jamais » . Pour lui ou elle, même juste après le plaisir et l'assurance de ce rapport sexuel, immédiatement l'angoisse surgit. Mais le prochain, ce sera quand ? Combien de temps avant que l'on se retrouve ? Pour la quasi-totalité des couples, chacun va se mettre à surveiller l'autre. Un sourire, un regard, une caresse dans le dos, un week-end en amoureux, un apéro bien arrosé, même une scène d'amour dans un film. Et l'ambiance peut changer. Dois-je comprendre que c'est le moment ou juste un moment de tendresse ? On ne se comprend plus. On ne prend pas le risque d'un faux pas, d'une dispute, d'un rapprochement qui conduirait à une énième discussion ou au contraire à se refermer comme une huître. Un geste mal compris ou une parole blessante serait trop risqué. Alors on s'évite. On se protège, on cesse d'initier pour ne pas donner de faux espoirs, pour éviter un refus. Résultat, plus personne ne bouge. Le cercle vicieux. Je l'appelle le syndrome du chien de faïence. Chacun s'observe pour sonder l'autre, au point que plus personne ne fait le premier pas. On ne veut pas donner l'impression d'être insistante ou insistant. En résumé, lors de cette première consultation, les couples peuvent s'exprimer et discuter sur le fait que ce n'est pas une question de volonté. Dans le couple, aucun des partenaires n'ose plus faire le premier pas. Personne ne vit son propre rythme de désir. C'est un rythme dysfonctionnel. Les deux partenaires souffrent de cette situation. Je leur dirais que parfois, ce type de situation s'arrange tout seul. Mais c'est rare ou pas durable qu'ils ont bien fait de consulter et de faire appel à un tiers. Le tiers va jouer un rôle essentiel pour que chacun puisse s'exprimer librement, sans crainte. C'est ici que commence le véritable accompagnement. Comprendre. Déculpabiliser, retrouver une connexion. Et cette connexion, elle commence avec soi-même. Rappelez-vous ce que j'ai dit plus haut, aucun des deux ne vit son propre rythme. Avant de vouloir recréer une connexion à deux, il faut d'abord retrouver son propre équilibre. Et c'est par là que nous allons commencer. Se retrouver avant de se reconnecter. Redevenir l'expert de soi-même, se sentir solide sur ses deux pieds. Parce que comment faire couple si on a l'impression de ne plus se connaître soi-même ? Comment être épanoui sexuellement si mon bien-être sexuel dépend uniquement de l'autre ? Un couple, ça tient sur quatre pieds, pas trois, pas deux, quatre pieds bien ancrés. Et c'est exactement ce que nous allons travailler. La connaissance de soi et l'autonomie sont les bases essentielles du processus thérapeutique. Le but, se retrouver soi-même, égoïstement, dans le bon sens du terme, parce qu'en se retrouvant, on a plus à offrir à l'autre. se reconnecter au couple, mais sans chercher à reproduire le passé. Beaucoup de couples ont un objectif biaisé, retrouver une sexualité passée et une sexualité complète. Et quand ils disent complète, ils pensent pénétration, voire orgasme. Or ce n'est pas le bon objectif. Ce que je propose dans ce processus, c'est de mettre la sexualité pénétrative de côté, temporairement, remettre les compteurs à zéro, affranchir le couple de l'acte sexuel pour se concentrer sur le corps. Certains couples sont dans une dynamique de tout ou rien. Soit il y a du désir et une sexualité complète, soit il n'y a rien. Mais ils oublient ou ne savent pas que le désir et le plaisir peuvent exister dans une sexualité récréative. Une sexualité où l'on partage un moment agréable avec l'autre, sans pression, sans obligation. Parce que jusqu'à présent, tout a été intellectualisé, mentalisé, rationalisé. Je leur dis souvent à force de réfléchir à votre problème, vous avez une grosse tête et un tout petit corps. Vous voyez l'image ? Et on ne fait pas l'amour avec sa tête. Une sexualité épanouie, c'est une sexualité où l'on vit le lâcher prise. Et ce lâcher prise, le couple va l'apprendre ou le réapprendre grâce au Sensate Focus. Le Sensate Focus, c'est un exercice puissant. L'exercice est simple en apparence, mais redoutablement efficace. Le principe, se toucher, sauf les organes génitaux. La personne qui est touchée guide l'autre avec ses mots. Chaque séance dure 2 fois 20 minutes. On utilise à des moments différents 3 médiateurs sensoriels au minimum, le talc, le lait corporel et l'huile corporelle. Le couple est nu ou presque nu, et ces moments sont planifiés à tour de rôle. Les invitations à ce moment d'intimité se font en alternance avec un décorum en prime. De la musique, des bougies, pas la peine de se ruiner ni mettre des heures à se préparer, mais suffisamment d'éléments qui fixeront ces beaux moments, un peu comme des petites graines qui seront arrosées et on verra bien ce qui poussera. Mais attention, pas une invitation à 17h pour 18h, ça se programme avant. Avec les vies de folie que nous menons, c'est sans doute une partie de l'exercice la plus contraignante et la moins respectée et qu'il faudra aborder lors des consultations suivantes. Je vous entends déjà, c'est tout ? Quelle arnaque ! Ces exercices, sommairement expliqués ici, mais très largement argumentés en consultation, quand ils sont bien compris et bien réalisés, sont d'une puissance incroyable. Les retours des couples parlent d'eux-mêmes. On a passé un très très bon moment, c'était drôle, on n'avait jamais fait ça. On avait oublié comme ça pouvait être super. On ne m'avait jamais dit que c'était ça l'intimité sexuelle. J'ai l'impression qu'on s'est retrouvés. J'ai enfin obtenu ce que j'ai toujours voulu. Il, elle, m'a enfin compris. Et la question que tout le monde se pose, ont-ils été frustrés par l'abstinence sexuelle ? Car lors de la phase 1 des exercices, il s'agit bien de cela. Aucune pénétration pendant et en dehors des exercices. La réponse est non, sauf quelques exceptions. Pourquoi ce n'est pas vécu comme une frustration ? Parce que le couple retrouve une intimité perdue et surtout parce que la règle est claire. Aucun des deux n'a à refuser. ou à demander. C'est ça une intimité désintéressée, où les corps reçoivent quelque chose de vital, le toucher. La première intimité sexuelle, c'est le poids-peau. Le couple va profiter de ses premiers exercices pour retrouver son besoin d'être touché et de toucher physiquement et surtout émotionnellement. J'en entends certains dire que oui, mais ça, c'est pas de la sexualité. Ah, c'est sûr. Si vous demandez à être massé parce que vous avez une dure journée, je suis d'accord avec vous. C'est du soin. En revanche, à qui, à part votre partenaire, pourriez-vous demander d'être effleuré, palpé, léché dans le cou, empoigné, fessé ou reniflé ? Personne d'autre. C'est bien ce que je disais. Le début d'un nouveau chapitre pour ces couples peut commencer. Mettre de côté la sexualité pénétrative temporairement, je l'appelle d'ailleurs la sexualité des fainéants, oser affirmer être expert de son propre corps, ou d'apprendre à le connaître si ce n'est pas le cas. Se connaître, s'écouter, se réapprivoiser, c'est ainsi que l'on remet les compteurs à zéro, c'est ainsi que l'on commence un nouveau chapitre. Le couple part avec ses petites feuilles de consignes, parfois on dit exercices. Ils peuvent m'écrire pour me poser des questions, si les exercices sont mal compris ou s'ils ont un doute. Et je les vois un mois plus tard pour le débrief des exercices et envisager la suite du processus. Alors, est-ce que ce processus suffit à tout résoudre ? Non, bien entendu. Ça serait trop simple et trop beau. L'absence de désir, c'est un sujet complexe. D'ailleurs, et cela n'engage que moi, je dirais que c'est le trouble sexuel qui nécessite le plus de temps et de compréhension en sexothérapie. Pourquoi le plus complexe ? Sans doute parce que le désir ne se décrète pas, il se cultive. Se comprendre, se retrouver, tout cela prend du temps, mais chaque pas compte. Voilà. C'est ainsi que je termine une consultation. Il y en aura d'autres, mais je ne dévoile jamais la suite car il y a un risque trop élevé que le couple brûle les étapes. C'est également la fin de cet épisode. Je le clôt avec un court extrait très sympathique de la série Libres sur Arte. Il est marrant quand même, comme on nous dit que les mecs, ils ont toujours envie de baiser. Moi, mon mec, ça fait deux mois qu'il m'évite. C'est vrai ça. Soit ils sont stressés, soit ils sont fatigués, soit ils sont stressés et fatigués. Mais dans les sondages, c'est toujours nous les casse-délire. Excusez-moi, on peut se joindre à vous ? Si cet épisode vous a parlé, n'hésitez pas à le partager, à laisser un commentaire ou à me poser vos questions. On se retrouve très bientôt pour un prochain épisode, le 14 avril. D'ici là... Prenez soin de vous et de votre connexion à vous-même. A très vite !

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✨ 🎙️ Parlons Cul-ture – Tout ou rien : l'absence de désir et les frustrations


Dans cet épisode, soyons clair dès le départ. Je ne vais pas vous parler de couples toxiques ni de relations en train d'exploser, mais de couples qui s'aiment et qui veulent changer les choses. Ce n'est pas la consultation de la dernière chance, c'est la première consultation d'un couple qui dit « tout va bien entre nous, sauf ça » . C'est quoi ça ? Eh bien, c'est quand l'un pourrait vivre sans sexualité alors que l'autre a toujours envie. Dès les premières minutes en consultation, le mot qui revient presque toujours est « frustration » . Ces couples sont coincés dans l'impasse du jamais envie, toujours envie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, une précision essentielle. L'absence de désir et ses frustrations ne sont pas des questions de genre. L'identité sexuelle n'a pas sa place dans cette histoire. C'est important de le préciser tant il est convenu que les femmes auraient moins de désir et que les hommes ne penseraient qu'à ça. Oublions ces clichés. Hommes et femmes sont indifféremment concernés. par l'absence de désir et la frustration sexuelle. Allez les petites souris curieuses. Entrez dans mon cabinet et je vous raconte comment se passe une première consultation:


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  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Parlons Culture, le podcast où on parle sexualité, désir et relations de couple sans tabou, avec nuance. Je suis Norah Lounas, sexologue clinicienne, et aujourd'hui, on va aborder un sujet qui touche de très nombreux couples, l'absence de désir et la frustration sexuelle. Vous êtes en couple, mais vous n'avez plus envie de faire l'amour. Vous vous sentez coupable, perdu.e. Au contraire, votre partenaire n'a jamais envie, vous vous sentez rejeté.e, comme si vous viviez en colocation, frustré.e au quotidien. Vous cherchez des réponses, mais vous ne savez pas par où commencer. Vous êtes au bon endroit. Dans cet épisode, je vais vous raconter comment se passe une première consultation en sexothérapie, les dynamiques les plus courantes et surtout, des clés pour mieux comprendre ce qui vous arrive et amorcer un changement. Dans cet épisode, soyons clair dès le départ. Je ne vais pas vous parler de couples toxiques ni de relations en train d'exploser, mais de couples qui s'aiment et qui veulent changer les choses. Ce n'est pas la consultation de la dernière chance, c'est la première consultation d'un couple qui dit « tout va bien entre nous, sauf ça » . C'est quoi ça ? Eh bien, c'est quand l'un pourrait vivre sans sexualité alors que l'autre a toujours envie. Dès les premières minutes en consultation, le mot qui revient presque toujours est « frustration » . Ces couples sont coincés dans l'impasse du jamais envie, toujours envie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, une précision essentielle. L'absence de désir et ses frustrations ne sont pas des questions de genre. L'identité sexuelle n'a pas sa place dans cette histoire. C'est important de le préciser tant il est convenu que les femmes auraient moins de désir et que les hommes ne penseraient qu'à ça. Oublions ces clichés. Hommes et femmes sont indifféremment concernés. par l'absence de désir et la frustration sexuelle. D'ailleurs, cette idée reçue selon laquelle les hommes ont toujours envie et les femmes moins, c'est l'histoire de mes choix professionnels. Je suis sociologue de formation et l'essentiel de mes travaux d'études ont porté sur cette prétendue différence. Autre précision, avant d'aller plus loin, tout ce que je vais dire n'est ni gravé dans le marbre, ni exhaustif, ni systématique. Je vous partage mon expérience de sexologue et je vous raconte comment pourrait se dérouler une... première consultation. C'est parti ! Comme des petites souris curieuses, installez-vous confortablement. Bonjour, qu'est-ce qui vous amène ? Quand le désir disparaît, les couples naviguent entre doute et incompréhension. S'il vous prend l'envie ou le besoin de demander à une personne en manque de désir pourquoi, elle ne sait souvent pas quoi répondre. Elle cherche, elle tente d'analyser, de rationaliser. Est-ce que je l'aime toujours ? Suis-je asexuel.le ? Est-ce un traumatisme du passé qui refait surface ? Est-ce lié à mes précédentes relations ? Est-ce de ma faute ? De la sienne ? Dans ces situations, les couples oscillent entre l'autoculpabilisation et le reproche. La personne qui se sent responsable explore diverses causes. Est-ce que c'est la pilule ou la contraception en général ? La ménopause ? Rarement l'andropause. La fatigue ? Les grossesses ? Le travail ? La charge mentale ? Les enfants ? L'aidance d'un parent ? Peut-être l'âge, le poids, les complexes ? Une mauvaise santé ? Un divorce qui traîne ? Tout y passe. Et pendant ce temps-là, l'autre partenaire, celui qui se sent délaissé, cherche aussi des explications. Pourquoi est-ce que ça nous arrive ? Ça a toujours marché pour moi. J'ai déjà vécu ça et il est hors de question que je revive cette situation. Ou je ne lui plais plus, il, elle ne m'aime plus. Je m'y prends mal. Je suis trop insistante ou insistant. Il, elle me trompe. Ça tourne en boucle, ça cogite, ça fait mal. Lors du premier rendez-vous, c'est entre souffrance et espoir que tout va se jouer. Lors de la première consultation, chacun tente de mettre du sens sur cette absence de désir. Peu importe si la situation est récente ou installée depuis des années, le besoin de comprendre est immense. Les émotions sont fortes, des pleurs, des mains qui se frôlent, des doigts qui cherchent le genou de l'autre, une main sur l'épaule, un regard qui s'accroche, des mouchoirs qui s'échangent, des sourires pour mieux supporter ce qui se dit, du réconfort. Parce qu'il y a... Deux souffrances qui ont besoin de s'exprimer. Je vais demander au couple si les deux viennent, mais ça marche aussi à celle ou celui qui consulte en éclaireur ou en éclaireuse. Pourquoi consulte-t-il ou consulte-t-elle maintenant ? Souvent, c'est qu'il y a quand même une crainte de rupture, ou le soupçon d'une attirance pour une autre personne, à une collègue, à une amie. Pas de danger immédiat, mais la relation devient fragile. Il y a aussi beaucoup de patience et de compréhension, mais malgré tout cela, un sentiment d'injustice. Ils se disent « je n'ai pas le droit de lui faire vivre ça, lui faire vivre cette situation, c'est injuste et trop pesant » . Il y a aussi le ras-le-bol des paroles qui blessent, des humiliations, un décalage lorsqu'il se confie à des amis, l'impression d'être anormal. Bref, l'intolérable lassitude de cette situation. Dans cette impasse douloureuse, chacun veut éviter de faire souffrir l'autre, mais sans pour autant se sacrifier. À présent que j'ai une petite idée de pourquoi le couple a passé le cap de la consultation, il me faut savoir ce qu'ils ont essayé avant de venir chez moi. Avant de venir en consultation, qu'avez-vous essayé ? Parfois rien. C'est leur toute première démarche. Parfois, des tentatives comme sortir plus souvent en amoureux, monter le chauffage de la chambre, arrêter de regarder des séries dans le lit, se coucher plus tôt ou à la même heure, car dormir à des horaires décalés est une stratégie d'évitement pour l'un comme pour l'autre. Acheter de la lingerie féminine, faire du sport, un régime pour maigrir ou se muscler, lire des livres sur la sexualité, écouter des podcasts érotiques, suggérer d'aller voir. Mais juste voir ce qui se passe dans les clubs libertins. Et même, pour les situations les plus culpabilisantes, autoriser ou inciter l'autre à s'affranchir de l'exclusivité dans le couple. En d'autres termes, pousser l'autre à aller voir ailleurs. Les idées ne manquent pas, et parfois il y a même de bonnes pistes. Mais souvent sans méthode, sans conviction et sans résultat. Pour ces couples qui se mettent à nu, qui parlent de cela pour la première fois peut-être, il est temps de présenter l'accompagnement. en posant les bases. Il est temps pour moi d'intervenir. Et depuis toutes ces années, je vous assure que la machine est bien rodée. Je commence par un tour d'horizon des dynamiques classiques de ce genre de situation. Je leur dis, je vais vous dire quelques phrases. Arrêtez-moi si quelque chose vous parle, ou l'inverse. La toute première chose que je leur dis, c'est que l'absence de désir n'est pas une question de volonté. Ce n'est pas une histoire de « Allez, je dois avoir envie. Allez, je me force. Je vais faire un effort. » Le corps et le cerveau ne fonctionnent pas sous la contrainte. Plus on se dit « il faut, je dois » , plus le corps bloque. Parce qu'en voulant s'adapter au désir de l'autre, on perd son propre rythme. D'ailleurs, aucun des deux ne suit son propre rythme. Celui qui a toujours envie vit dans une frustration permanente. Il croit avoir toujours envie et dès qu'il y aura un signe d'une intimité possible, hop hop, il se dit « c'est l'occasion, ça sera toujours ça de pris » . Bon, à ce stade, je leur précise. que je suis une grande provocatrice, que j'aime exagérer. C'est une stratégie pour détendre l'atmosphère. Le plus souvent, ça marche. Ça fait baisser la tension et ils me disent que je n'exagère pas tant que ça. Celui ou celle qui n'a pas envie se force parfois, mais sans être forcé. Et oui, oui, les hommes aussi peuvent se forcer, pour la paix du ménage. Parce que quand même, j'ai de la chance qu'ils, elles, soient si compréhensives. Et puis, comme pour le ou la partenaire du jamais-envie, pense qu'il est ou elle est responsable, il y a un petit côté sacrifice. Pourtant, il est rarement question d'absence de plaisir. C'est ce qui est le plus déstabilisant. Le rapport sexuel est qualitatif. Pas toujours, c'est vrai, mais suffisamment pour se dire « Allez, promis, on remet ça bientôt. » Euh, dans sa tête, pas folle la guêpe. Et puis non, les jours passent sans s'y remettre. Si le couple consulte, c'est que ça ne se passe pas toujours bien. Il y a aussi les bouderies, les discussions sur l'avenir du couple, les silences qui en disent long et les petits pics et allusions. Dis donc, les voisins s'amusent bien eux. Nous, on est déjà comme un vieux couple. C'est une fois par mois. Et encore. C'est souvent à ce moment-là qu'au cabinet, les couples se lâchent vraiment. Les langues se délient. La confiance est installée. Il est temps d'aborder la question de la fréquence. même si elle ne sera pas la base de l'accompagnement. La fréquence est-ce un jour sur deux ? Deux fois par semaine ? Oh, une fois par semaine ! Je dirais toutes les trois semaines ? Une fois par mois et encore ! C'était il y a trois mois ? Oh, tous les six mois ! À mon anniversaire, je crois. Lors de nos dernières vacances. Ah oui, les vacances, ça marche tellement mieux ! Les premiers désaccords surgissent. Le ton peut même monter. Oh non, tu exagères, c'est plus souvent que ça. Mais si, je t'assure. Ah bon ? Parce que tu tiens à une comptabilité. Un calendrier ! C'est le moment où je leur explique que chacun vit sa propre temporalité. Pour l'un, c'est « bon, c'est fait, je suis tranquille pendant un moment » . Pour l'autre, c'est « mais quand aura lieu le prochain rapport ? Dans une semaine ? Un mois ? Peut-être plus jamais » . Pour lui ou elle, même juste après le plaisir et l'assurance de ce rapport sexuel, immédiatement l'angoisse surgit. Mais le prochain, ce sera quand ? Combien de temps avant que l'on se retrouve ? Pour la quasi-totalité des couples, chacun va se mettre à surveiller l'autre. Un sourire, un regard, une caresse dans le dos, un week-end en amoureux, un apéro bien arrosé, même une scène d'amour dans un film. Et l'ambiance peut changer. Dois-je comprendre que c'est le moment ou juste un moment de tendresse ? On ne se comprend plus. On ne prend pas le risque d'un faux pas, d'une dispute, d'un rapprochement qui conduirait à une énième discussion ou au contraire à se refermer comme une huître. Un geste mal compris ou une parole blessante serait trop risqué. Alors on s'évite. On se protège, on cesse d'initier pour ne pas donner de faux espoirs, pour éviter un refus. Résultat, plus personne ne bouge. Le cercle vicieux. Je l'appelle le syndrome du chien de faïence. Chacun s'observe pour sonder l'autre, au point que plus personne ne fait le premier pas. On ne veut pas donner l'impression d'être insistante ou insistant. En résumé, lors de cette première consultation, les couples peuvent s'exprimer et discuter sur le fait que ce n'est pas une question de volonté. Dans le couple, aucun des partenaires n'ose plus faire le premier pas. Personne ne vit son propre rythme de désir. C'est un rythme dysfonctionnel. Les deux partenaires souffrent de cette situation. Je leur dirais que parfois, ce type de situation s'arrange tout seul. Mais c'est rare ou pas durable qu'ils ont bien fait de consulter et de faire appel à un tiers. Le tiers va jouer un rôle essentiel pour que chacun puisse s'exprimer librement, sans crainte. C'est ici que commence le véritable accompagnement. Comprendre. Déculpabiliser, retrouver une connexion. Et cette connexion, elle commence avec soi-même. Rappelez-vous ce que j'ai dit plus haut, aucun des deux ne vit son propre rythme. Avant de vouloir recréer une connexion à deux, il faut d'abord retrouver son propre équilibre. Et c'est par là que nous allons commencer. Se retrouver avant de se reconnecter. Redevenir l'expert de soi-même, se sentir solide sur ses deux pieds. Parce que comment faire couple si on a l'impression de ne plus se connaître soi-même ? Comment être épanoui sexuellement si mon bien-être sexuel dépend uniquement de l'autre ? Un couple, ça tient sur quatre pieds, pas trois, pas deux, quatre pieds bien ancrés. Et c'est exactement ce que nous allons travailler. La connaissance de soi et l'autonomie sont les bases essentielles du processus thérapeutique. Le but, se retrouver soi-même, égoïstement, dans le bon sens du terme, parce qu'en se retrouvant, on a plus à offrir à l'autre. se reconnecter au couple, mais sans chercher à reproduire le passé. Beaucoup de couples ont un objectif biaisé, retrouver une sexualité passée et une sexualité complète. Et quand ils disent complète, ils pensent pénétration, voire orgasme. Or ce n'est pas le bon objectif. Ce que je propose dans ce processus, c'est de mettre la sexualité pénétrative de côté, temporairement, remettre les compteurs à zéro, affranchir le couple de l'acte sexuel pour se concentrer sur le corps. Certains couples sont dans une dynamique de tout ou rien. Soit il y a du désir et une sexualité complète, soit il n'y a rien. Mais ils oublient ou ne savent pas que le désir et le plaisir peuvent exister dans une sexualité récréative. Une sexualité où l'on partage un moment agréable avec l'autre, sans pression, sans obligation. Parce que jusqu'à présent, tout a été intellectualisé, mentalisé, rationalisé. Je leur dis souvent à force de réfléchir à votre problème, vous avez une grosse tête et un tout petit corps. Vous voyez l'image ? Et on ne fait pas l'amour avec sa tête. Une sexualité épanouie, c'est une sexualité où l'on vit le lâcher prise. Et ce lâcher prise, le couple va l'apprendre ou le réapprendre grâce au Sensate Focus. Le Sensate Focus, c'est un exercice puissant. L'exercice est simple en apparence, mais redoutablement efficace. Le principe, se toucher, sauf les organes génitaux. La personne qui est touchée guide l'autre avec ses mots. Chaque séance dure 2 fois 20 minutes. On utilise à des moments différents 3 médiateurs sensoriels au minimum, le talc, le lait corporel et l'huile corporelle. Le couple est nu ou presque nu, et ces moments sont planifiés à tour de rôle. Les invitations à ce moment d'intimité se font en alternance avec un décorum en prime. De la musique, des bougies, pas la peine de se ruiner ni mettre des heures à se préparer, mais suffisamment d'éléments qui fixeront ces beaux moments, un peu comme des petites graines qui seront arrosées et on verra bien ce qui poussera. Mais attention, pas une invitation à 17h pour 18h, ça se programme avant. Avec les vies de folie que nous menons, c'est sans doute une partie de l'exercice la plus contraignante et la moins respectée et qu'il faudra aborder lors des consultations suivantes. Je vous entends déjà, c'est tout ? Quelle arnaque ! Ces exercices, sommairement expliqués ici, mais très largement argumentés en consultation, quand ils sont bien compris et bien réalisés, sont d'une puissance incroyable. Les retours des couples parlent d'eux-mêmes. On a passé un très très bon moment, c'était drôle, on n'avait jamais fait ça. On avait oublié comme ça pouvait être super. On ne m'avait jamais dit que c'était ça l'intimité sexuelle. J'ai l'impression qu'on s'est retrouvés. J'ai enfin obtenu ce que j'ai toujours voulu. Il, elle, m'a enfin compris. Et la question que tout le monde se pose, ont-ils été frustrés par l'abstinence sexuelle ? Car lors de la phase 1 des exercices, il s'agit bien de cela. Aucune pénétration pendant et en dehors des exercices. La réponse est non, sauf quelques exceptions. Pourquoi ce n'est pas vécu comme une frustration ? Parce que le couple retrouve une intimité perdue et surtout parce que la règle est claire. Aucun des deux n'a à refuser. ou à demander. C'est ça une intimité désintéressée, où les corps reçoivent quelque chose de vital, le toucher. La première intimité sexuelle, c'est le poids-peau. Le couple va profiter de ses premiers exercices pour retrouver son besoin d'être touché et de toucher physiquement et surtout émotionnellement. J'en entends certains dire que oui, mais ça, c'est pas de la sexualité. Ah, c'est sûr. Si vous demandez à être massé parce que vous avez une dure journée, je suis d'accord avec vous. C'est du soin. En revanche, à qui, à part votre partenaire, pourriez-vous demander d'être effleuré, palpé, léché dans le cou, empoigné, fessé ou reniflé ? Personne d'autre. C'est bien ce que je disais. Le début d'un nouveau chapitre pour ces couples peut commencer. Mettre de côté la sexualité pénétrative temporairement, je l'appelle d'ailleurs la sexualité des fainéants, oser affirmer être expert de son propre corps, ou d'apprendre à le connaître si ce n'est pas le cas. Se connaître, s'écouter, se réapprivoiser, c'est ainsi que l'on remet les compteurs à zéro, c'est ainsi que l'on commence un nouveau chapitre. Le couple part avec ses petites feuilles de consignes, parfois on dit exercices. Ils peuvent m'écrire pour me poser des questions, si les exercices sont mal compris ou s'ils ont un doute. Et je les vois un mois plus tard pour le débrief des exercices et envisager la suite du processus. Alors, est-ce que ce processus suffit à tout résoudre ? Non, bien entendu. Ça serait trop simple et trop beau. L'absence de désir, c'est un sujet complexe. D'ailleurs, et cela n'engage que moi, je dirais que c'est le trouble sexuel qui nécessite le plus de temps et de compréhension en sexothérapie. Pourquoi le plus complexe ? Sans doute parce que le désir ne se décrète pas, il se cultive. Se comprendre, se retrouver, tout cela prend du temps, mais chaque pas compte. Voilà. C'est ainsi que je termine une consultation. Il y en aura d'autres, mais je ne dévoile jamais la suite car il y a un risque trop élevé que le couple brûle les étapes. C'est également la fin de cet épisode. Je le clôt avec un court extrait très sympathique de la série Libres sur Arte. Il est marrant quand même, comme on nous dit que les mecs, ils ont toujours envie de baiser. Moi, mon mec, ça fait deux mois qu'il m'évite. C'est vrai ça. Soit ils sont stressés, soit ils sont fatigués, soit ils sont stressés et fatigués. Mais dans les sondages, c'est toujours nous les casse-délire. Excusez-moi, on peut se joindre à vous ? Si cet épisode vous a parlé, n'hésitez pas à le partager, à laisser un commentaire ou à me poser vos questions. On se retrouve très bientôt pour un prochain épisode, le 14 avril. D'ici là... Prenez soin de vous et de votre connexion à vous-même. A très vite !

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✨ 🎙️ Parlons Cul-ture – Tout ou rien : l'absence de désir et les frustrations


Dans cet épisode, soyons clair dès le départ. Je ne vais pas vous parler de couples toxiques ni de relations en train d'exploser, mais de couples qui s'aiment et qui veulent changer les choses. Ce n'est pas la consultation de la dernière chance, c'est la première consultation d'un couple qui dit « tout va bien entre nous, sauf ça » . C'est quoi ça ? Eh bien, c'est quand l'un pourrait vivre sans sexualité alors que l'autre a toujours envie. Dès les premières minutes en consultation, le mot qui revient presque toujours est « frustration » . Ces couples sont coincés dans l'impasse du jamais envie, toujours envie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, une précision essentielle. L'absence de désir et ses frustrations ne sont pas des questions de genre. L'identité sexuelle n'a pas sa place dans cette histoire. C'est important de le préciser tant il est convenu que les femmes auraient moins de désir et que les hommes ne penseraient qu'à ça. Oublions ces clichés. Hommes et femmes sont indifféremment concernés. par l'absence de désir et la frustration sexuelle. Allez les petites souris curieuses. Entrez dans mon cabinet et je vous raconte comment se passe une première consultation:


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Parlons Culture, le podcast où on parle sexualité, désir et relations de couple sans tabou, avec nuance. Je suis Norah Lounas, sexologue clinicienne, et aujourd'hui, on va aborder un sujet qui touche de très nombreux couples, l'absence de désir et la frustration sexuelle. Vous êtes en couple, mais vous n'avez plus envie de faire l'amour. Vous vous sentez coupable, perdu.e. Au contraire, votre partenaire n'a jamais envie, vous vous sentez rejeté.e, comme si vous viviez en colocation, frustré.e au quotidien. Vous cherchez des réponses, mais vous ne savez pas par où commencer. Vous êtes au bon endroit. Dans cet épisode, je vais vous raconter comment se passe une première consultation en sexothérapie, les dynamiques les plus courantes et surtout, des clés pour mieux comprendre ce qui vous arrive et amorcer un changement. Dans cet épisode, soyons clair dès le départ. Je ne vais pas vous parler de couples toxiques ni de relations en train d'exploser, mais de couples qui s'aiment et qui veulent changer les choses. Ce n'est pas la consultation de la dernière chance, c'est la première consultation d'un couple qui dit « tout va bien entre nous, sauf ça » . C'est quoi ça ? Eh bien, c'est quand l'un pourrait vivre sans sexualité alors que l'autre a toujours envie. Dès les premières minutes en consultation, le mot qui revient presque toujours est « frustration » . Ces couples sont coincés dans l'impasse du jamais envie, toujours envie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, une précision essentielle. L'absence de désir et ses frustrations ne sont pas des questions de genre. L'identité sexuelle n'a pas sa place dans cette histoire. C'est important de le préciser tant il est convenu que les femmes auraient moins de désir et que les hommes ne penseraient qu'à ça. Oublions ces clichés. Hommes et femmes sont indifféremment concernés. par l'absence de désir et la frustration sexuelle. D'ailleurs, cette idée reçue selon laquelle les hommes ont toujours envie et les femmes moins, c'est l'histoire de mes choix professionnels. Je suis sociologue de formation et l'essentiel de mes travaux d'études ont porté sur cette prétendue différence. Autre précision, avant d'aller plus loin, tout ce que je vais dire n'est ni gravé dans le marbre, ni exhaustif, ni systématique. Je vous partage mon expérience de sexologue et je vous raconte comment pourrait se dérouler une... première consultation. C'est parti ! Comme des petites souris curieuses, installez-vous confortablement. Bonjour, qu'est-ce qui vous amène ? Quand le désir disparaît, les couples naviguent entre doute et incompréhension. S'il vous prend l'envie ou le besoin de demander à une personne en manque de désir pourquoi, elle ne sait souvent pas quoi répondre. Elle cherche, elle tente d'analyser, de rationaliser. Est-ce que je l'aime toujours ? Suis-je asexuel.le ? Est-ce un traumatisme du passé qui refait surface ? Est-ce lié à mes précédentes relations ? Est-ce de ma faute ? De la sienne ? Dans ces situations, les couples oscillent entre l'autoculpabilisation et le reproche. La personne qui se sent responsable explore diverses causes. Est-ce que c'est la pilule ou la contraception en général ? La ménopause ? Rarement l'andropause. La fatigue ? Les grossesses ? Le travail ? La charge mentale ? Les enfants ? L'aidance d'un parent ? Peut-être l'âge, le poids, les complexes ? Une mauvaise santé ? Un divorce qui traîne ? Tout y passe. Et pendant ce temps-là, l'autre partenaire, celui qui se sent délaissé, cherche aussi des explications. Pourquoi est-ce que ça nous arrive ? Ça a toujours marché pour moi. J'ai déjà vécu ça et il est hors de question que je revive cette situation. Ou je ne lui plais plus, il, elle ne m'aime plus. Je m'y prends mal. Je suis trop insistante ou insistant. Il, elle me trompe. Ça tourne en boucle, ça cogite, ça fait mal. Lors du premier rendez-vous, c'est entre souffrance et espoir que tout va se jouer. Lors de la première consultation, chacun tente de mettre du sens sur cette absence de désir. Peu importe si la situation est récente ou installée depuis des années, le besoin de comprendre est immense. Les émotions sont fortes, des pleurs, des mains qui se frôlent, des doigts qui cherchent le genou de l'autre, une main sur l'épaule, un regard qui s'accroche, des mouchoirs qui s'échangent, des sourires pour mieux supporter ce qui se dit, du réconfort. Parce qu'il y a... Deux souffrances qui ont besoin de s'exprimer. Je vais demander au couple si les deux viennent, mais ça marche aussi à celle ou celui qui consulte en éclaireur ou en éclaireuse. Pourquoi consulte-t-il ou consulte-t-elle maintenant ? Souvent, c'est qu'il y a quand même une crainte de rupture, ou le soupçon d'une attirance pour une autre personne, à une collègue, à une amie. Pas de danger immédiat, mais la relation devient fragile. Il y a aussi beaucoup de patience et de compréhension, mais malgré tout cela, un sentiment d'injustice. Ils se disent « je n'ai pas le droit de lui faire vivre ça, lui faire vivre cette situation, c'est injuste et trop pesant » . Il y a aussi le ras-le-bol des paroles qui blessent, des humiliations, un décalage lorsqu'il se confie à des amis, l'impression d'être anormal. Bref, l'intolérable lassitude de cette situation. Dans cette impasse douloureuse, chacun veut éviter de faire souffrir l'autre, mais sans pour autant se sacrifier. À présent que j'ai une petite idée de pourquoi le couple a passé le cap de la consultation, il me faut savoir ce qu'ils ont essayé avant de venir chez moi. Avant de venir en consultation, qu'avez-vous essayé ? Parfois rien. C'est leur toute première démarche. Parfois, des tentatives comme sortir plus souvent en amoureux, monter le chauffage de la chambre, arrêter de regarder des séries dans le lit, se coucher plus tôt ou à la même heure, car dormir à des horaires décalés est une stratégie d'évitement pour l'un comme pour l'autre. Acheter de la lingerie féminine, faire du sport, un régime pour maigrir ou se muscler, lire des livres sur la sexualité, écouter des podcasts érotiques, suggérer d'aller voir. Mais juste voir ce qui se passe dans les clubs libertins. Et même, pour les situations les plus culpabilisantes, autoriser ou inciter l'autre à s'affranchir de l'exclusivité dans le couple. En d'autres termes, pousser l'autre à aller voir ailleurs. Les idées ne manquent pas, et parfois il y a même de bonnes pistes. Mais souvent sans méthode, sans conviction et sans résultat. Pour ces couples qui se mettent à nu, qui parlent de cela pour la première fois peut-être, il est temps de présenter l'accompagnement. en posant les bases. Il est temps pour moi d'intervenir. Et depuis toutes ces années, je vous assure que la machine est bien rodée. Je commence par un tour d'horizon des dynamiques classiques de ce genre de situation. Je leur dis, je vais vous dire quelques phrases. Arrêtez-moi si quelque chose vous parle, ou l'inverse. La toute première chose que je leur dis, c'est que l'absence de désir n'est pas une question de volonté. Ce n'est pas une histoire de « Allez, je dois avoir envie. Allez, je me force. Je vais faire un effort. » Le corps et le cerveau ne fonctionnent pas sous la contrainte. Plus on se dit « il faut, je dois » , plus le corps bloque. Parce qu'en voulant s'adapter au désir de l'autre, on perd son propre rythme. D'ailleurs, aucun des deux ne suit son propre rythme. Celui qui a toujours envie vit dans une frustration permanente. Il croit avoir toujours envie et dès qu'il y aura un signe d'une intimité possible, hop hop, il se dit « c'est l'occasion, ça sera toujours ça de pris » . Bon, à ce stade, je leur précise. que je suis une grande provocatrice, que j'aime exagérer. C'est une stratégie pour détendre l'atmosphère. Le plus souvent, ça marche. Ça fait baisser la tension et ils me disent que je n'exagère pas tant que ça. Celui ou celle qui n'a pas envie se force parfois, mais sans être forcé. Et oui, oui, les hommes aussi peuvent se forcer, pour la paix du ménage. Parce que quand même, j'ai de la chance qu'ils, elles, soient si compréhensives. Et puis, comme pour le ou la partenaire du jamais-envie, pense qu'il est ou elle est responsable, il y a un petit côté sacrifice. Pourtant, il est rarement question d'absence de plaisir. C'est ce qui est le plus déstabilisant. Le rapport sexuel est qualitatif. Pas toujours, c'est vrai, mais suffisamment pour se dire « Allez, promis, on remet ça bientôt. » Euh, dans sa tête, pas folle la guêpe. Et puis non, les jours passent sans s'y remettre. Si le couple consulte, c'est que ça ne se passe pas toujours bien. Il y a aussi les bouderies, les discussions sur l'avenir du couple, les silences qui en disent long et les petits pics et allusions. Dis donc, les voisins s'amusent bien eux. Nous, on est déjà comme un vieux couple. C'est une fois par mois. Et encore. C'est souvent à ce moment-là qu'au cabinet, les couples se lâchent vraiment. Les langues se délient. La confiance est installée. Il est temps d'aborder la question de la fréquence. même si elle ne sera pas la base de l'accompagnement. La fréquence est-ce un jour sur deux ? Deux fois par semaine ? Oh, une fois par semaine ! Je dirais toutes les trois semaines ? Une fois par mois et encore ! C'était il y a trois mois ? Oh, tous les six mois ! À mon anniversaire, je crois. Lors de nos dernières vacances. Ah oui, les vacances, ça marche tellement mieux ! Les premiers désaccords surgissent. Le ton peut même monter. Oh non, tu exagères, c'est plus souvent que ça. Mais si, je t'assure. Ah bon ? Parce que tu tiens à une comptabilité. Un calendrier ! C'est le moment où je leur explique que chacun vit sa propre temporalité. Pour l'un, c'est « bon, c'est fait, je suis tranquille pendant un moment » . Pour l'autre, c'est « mais quand aura lieu le prochain rapport ? Dans une semaine ? Un mois ? Peut-être plus jamais » . Pour lui ou elle, même juste après le plaisir et l'assurance de ce rapport sexuel, immédiatement l'angoisse surgit. Mais le prochain, ce sera quand ? Combien de temps avant que l'on se retrouve ? Pour la quasi-totalité des couples, chacun va se mettre à surveiller l'autre. Un sourire, un regard, une caresse dans le dos, un week-end en amoureux, un apéro bien arrosé, même une scène d'amour dans un film. Et l'ambiance peut changer. Dois-je comprendre que c'est le moment ou juste un moment de tendresse ? On ne se comprend plus. On ne prend pas le risque d'un faux pas, d'une dispute, d'un rapprochement qui conduirait à une énième discussion ou au contraire à se refermer comme une huître. Un geste mal compris ou une parole blessante serait trop risqué. Alors on s'évite. On se protège, on cesse d'initier pour ne pas donner de faux espoirs, pour éviter un refus. Résultat, plus personne ne bouge. Le cercle vicieux. Je l'appelle le syndrome du chien de faïence. Chacun s'observe pour sonder l'autre, au point que plus personne ne fait le premier pas. On ne veut pas donner l'impression d'être insistante ou insistant. En résumé, lors de cette première consultation, les couples peuvent s'exprimer et discuter sur le fait que ce n'est pas une question de volonté. Dans le couple, aucun des partenaires n'ose plus faire le premier pas. Personne ne vit son propre rythme de désir. C'est un rythme dysfonctionnel. Les deux partenaires souffrent de cette situation. Je leur dirais que parfois, ce type de situation s'arrange tout seul. Mais c'est rare ou pas durable qu'ils ont bien fait de consulter et de faire appel à un tiers. Le tiers va jouer un rôle essentiel pour que chacun puisse s'exprimer librement, sans crainte. C'est ici que commence le véritable accompagnement. Comprendre. Déculpabiliser, retrouver une connexion. Et cette connexion, elle commence avec soi-même. Rappelez-vous ce que j'ai dit plus haut, aucun des deux ne vit son propre rythme. Avant de vouloir recréer une connexion à deux, il faut d'abord retrouver son propre équilibre. Et c'est par là que nous allons commencer. Se retrouver avant de se reconnecter. Redevenir l'expert de soi-même, se sentir solide sur ses deux pieds. Parce que comment faire couple si on a l'impression de ne plus se connaître soi-même ? Comment être épanoui sexuellement si mon bien-être sexuel dépend uniquement de l'autre ? Un couple, ça tient sur quatre pieds, pas trois, pas deux, quatre pieds bien ancrés. Et c'est exactement ce que nous allons travailler. La connaissance de soi et l'autonomie sont les bases essentielles du processus thérapeutique. Le but, se retrouver soi-même, égoïstement, dans le bon sens du terme, parce qu'en se retrouvant, on a plus à offrir à l'autre. se reconnecter au couple, mais sans chercher à reproduire le passé. Beaucoup de couples ont un objectif biaisé, retrouver une sexualité passée et une sexualité complète. Et quand ils disent complète, ils pensent pénétration, voire orgasme. Or ce n'est pas le bon objectif. Ce que je propose dans ce processus, c'est de mettre la sexualité pénétrative de côté, temporairement, remettre les compteurs à zéro, affranchir le couple de l'acte sexuel pour se concentrer sur le corps. Certains couples sont dans une dynamique de tout ou rien. Soit il y a du désir et une sexualité complète, soit il n'y a rien. Mais ils oublient ou ne savent pas que le désir et le plaisir peuvent exister dans une sexualité récréative. Une sexualité où l'on partage un moment agréable avec l'autre, sans pression, sans obligation. Parce que jusqu'à présent, tout a été intellectualisé, mentalisé, rationalisé. Je leur dis souvent à force de réfléchir à votre problème, vous avez une grosse tête et un tout petit corps. Vous voyez l'image ? Et on ne fait pas l'amour avec sa tête. Une sexualité épanouie, c'est une sexualité où l'on vit le lâcher prise. Et ce lâcher prise, le couple va l'apprendre ou le réapprendre grâce au Sensate Focus. Le Sensate Focus, c'est un exercice puissant. L'exercice est simple en apparence, mais redoutablement efficace. Le principe, se toucher, sauf les organes génitaux. La personne qui est touchée guide l'autre avec ses mots. Chaque séance dure 2 fois 20 minutes. On utilise à des moments différents 3 médiateurs sensoriels au minimum, le talc, le lait corporel et l'huile corporelle. Le couple est nu ou presque nu, et ces moments sont planifiés à tour de rôle. Les invitations à ce moment d'intimité se font en alternance avec un décorum en prime. De la musique, des bougies, pas la peine de se ruiner ni mettre des heures à se préparer, mais suffisamment d'éléments qui fixeront ces beaux moments, un peu comme des petites graines qui seront arrosées et on verra bien ce qui poussera. Mais attention, pas une invitation à 17h pour 18h, ça se programme avant. Avec les vies de folie que nous menons, c'est sans doute une partie de l'exercice la plus contraignante et la moins respectée et qu'il faudra aborder lors des consultations suivantes. Je vous entends déjà, c'est tout ? Quelle arnaque ! Ces exercices, sommairement expliqués ici, mais très largement argumentés en consultation, quand ils sont bien compris et bien réalisés, sont d'une puissance incroyable. Les retours des couples parlent d'eux-mêmes. On a passé un très très bon moment, c'était drôle, on n'avait jamais fait ça. On avait oublié comme ça pouvait être super. On ne m'avait jamais dit que c'était ça l'intimité sexuelle. J'ai l'impression qu'on s'est retrouvés. J'ai enfin obtenu ce que j'ai toujours voulu. Il, elle, m'a enfin compris. Et la question que tout le monde se pose, ont-ils été frustrés par l'abstinence sexuelle ? Car lors de la phase 1 des exercices, il s'agit bien de cela. Aucune pénétration pendant et en dehors des exercices. La réponse est non, sauf quelques exceptions. Pourquoi ce n'est pas vécu comme une frustration ? Parce que le couple retrouve une intimité perdue et surtout parce que la règle est claire. Aucun des deux n'a à refuser. ou à demander. C'est ça une intimité désintéressée, où les corps reçoivent quelque chose de vital, le toucher. La première intimité sexuelle, c'est le poids-peau. Le couple va profiter de ses premiers exercices pour retrouver son besoin d'être touché et de toucher physiquement et surtout émotionnellement. J'en entends certains dire que oui, mais ça, c'est pas de la sexualité. Ah, c'est sûr. Si vous demandez à être massé parce que vous avez une dure journée, je suis d'accord avec vous. C'est du soin. En revanche, à qui, à part votre partenaire, pourriez-vous demander d'être effleuré, palpé, léché dans le cou, empoigné, fessé ou reniflé ? Personne d'autre. C'est bien ce que je disais. Le début d'un nouveau chapitre pour ces couples peut commencer. Mettre de côté la sexualité pénétrative temporairement, je l'appelle d'ailleurs la sexualité des fainéants, oser affirmer être expert de son propre corps, ou d'apprendre à le connaître si ce n'est pas le cas. Se connaître, s'écouter, se réapprivoiser, c'est ainsi que l'on remet les compteurs à zéro, c'est ainsi que l'on commence un nouveau chapitre. Le couple part avec ses petites feuilles de consignes, parfois on dit exercices. Ils peuvent m'écrire pour me poser des questions, si les exercices sont mal compris ou s'ils ont un doute. Et je les vois un mois plus tard pour le débrief des exercices et envisager la suite du processus. Alors, est-ce que ce processus suffit à tout résoudre ? Non, bien entendu. Ça serait trop simple et trop beau. L'absence de désir, c'est un sujet complexe. D'ailleurs, et cela n'engage que moi, je dirais que c'est le trouble sexuel qui nécessite le plus de temps et de compréhension en sexothérapie. Pourquoi le plus complexe ? Sans doute parce que le désir ne se décrète pas, il se cultive. Se comprendre, se retrouver, tout cela prend du temps, mais chaque pas compte. Voilà. C'est ainsi que je termine une consultation. Il y en aura d'autres, mais je ne dévoile jamais la suite car il y a un risque trop élevé que le couple brûle les étapes. C'est également la fin de cet épisode. Je le clôt avec un court extrait très sympathique de la série Libres sur Arte. Il est marrant quand même, comme on nous dit que les mecs, ils ont toujours envie de baiser. Moi, mon mec, ça fait deux mois qu'il m'évite. C'est vrai ça. Soit ils sont stressés, soit ils sont fatigués, soit ils sont stressés et fatigués. Mais dans les sondages, c'est toujours nous les casse-délire. Excusez-moi, on peut se joindre à vous ? Si cet épisode vous a parlé, n'hésitez pas à le partager, à laisser un commentaire ou à me poser vos questions. On se retrouve très bientôt pour un prochain épisode, le 14 avril. D'ici là... Prenez soin de vous et de votre connexion à vous-même. A très vite !

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✨ 🎙️ Parlons Cul-ture – Tout ou rien : l'absence de désir et les frustrations


Dans cet épisode, soyons clair dès le départ. Je ne vais pas vous parler de couples toxiques ni de relations en train d'exploser, mais de couples qui s'aiment et qui veulent changer les choses. Ce n'est pas la consultation de la dernière chance, c'est la première consultation d'un couple qui dit « tout va bien entre nous, sauf ça » . C'est quoi ça ? Eh bien, c'est quand l'un pourrait vivre sans sexualité alors que l'autre a toujours envie. Dès les premières minutes en consultation, le mot qui revient presque toujours est « frustration » . Ces couples sont coincés dans l'impasse du jamais envie, toujours envie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, une précision essentielle. L'absence de désir et ses frustrations ne sont pas des questions de genre. L'identité sexuelle n'a pas sa place dans cette histoire. C'est important de le préciser tant il est convenu que les femmes auraient moins de désir et que les hommes ne penseraient qu'à ça. Oublions ces clichés. Hommes et femmes sont indifféremment concernés. par l'absence de désir et la frustration sexuelle. Allez les petites souris curieuses. Entrez dans mon cabinet et je vous raconte comment se passe une première consultation:


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Parlons Culture, le podcast où on parle sexualité, désir et relations de couple sans tabou, avec nuance. Je suis Norah Lounas, sexologue clinicienne, et aujourd'hui, on va aborder un sujet qui touche de très nombreux couples, l'absence de désir et la frustration sexuelle. Vous êtes en couple, mais vous n'avez plus envie de faire l'amour. Vous vous sentez coupable, perdu.e. Au contraire, votre partenaire n'a jamais envie, vous vous sentez rejeté.e, comme si vous viviez en colocation, frustré.e au quotidien. Vous cherchez des réponses, mais vous ne savez pas par où commencer. Vous êtes au bon endroit. Dans cet épisode, je vais vous raconter comment se passe une première consultation en sexothérapie, les dynamiques les plus courantes et surtout, des clés pour mieux comprendre ce qui vous arrive et amorcer un changement. Dans cet épisode, soyons clair dès le départ. Je ne vais pas vous parler de couples toxiques ni de relations en train d'exploser, mais de couples qui s'aiment et qui veulent changer les choses. Ce n'est pas la consultation de la dernière chance, c'est la première consultation d'un couple qui dit « tout va bien entre nous, sauf ça » . C'est quoi ça ? Eh bien, c'est quand l'un pourrait vivre sans sexualité alors que l'autre a toujours envie. Dès les premières minutes en consultation, le mot qui revient presque toujours est « frustration » . Ces couples sont coincés dans l'impasse du jamais envie, toujours envie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, une précision essentielle. L'absence de désir et ses frustrations ne sont pas des questions de genre. L'identité sexuelle n'a pas sa place dans cette histoire. C'est important de le préciser tant il est convenu que les femmes auraient moins de désir et que les hommes ne penseraient qu'à ça. Oublions ces clichés. Hommes et femmes sont indifféremment concernés. par l'absence de désir et la frustration sexuelle. D'ailleurs, cette idée reçue selon laquelle les hommes ont toujours envie et les femmes moins, c'est l'histoire de mes choix professionnels. Je suis sociologue de formation et l'essentiel de mes travaux d'études ont porté sur cette prétendue différence. Autre précision, avant d'aller plus loin, tout ce que je vais dire n'est ni gravé dans le marbre, ni exhaustif, ni systématique. Je vous partage mon expérience de sexologue et je vous raconte comment pourrait se dérouler une... première consultation. C'est parti ! Comme des petites souris curieuses, installez-vous confortablement. Bonjour, qu'est-ce qui vous amène ? Quand le désir disparaît, les couples naviguent entre doute et incompréhension. S'il vous prend l'envie ou le besoin de demander à une personne en manque de désir pourquoi, elle ne sait souvent pas quoi répondre. Elle cherche, elle tente d'analyser, de rationaliser. Est-ce que je l'aime toujours ? Suis-je asexuel.le ? Est-ce un traumatisme du passé qui refait surface ? Est-ce lié à mes précédentes relations ? Est-ce de ma faute ? De la sienne ? Dans ces situations, les couples oscillent entre l'autoculpabilisation et le reproche. La personne qui se sent responsable explore diverses causes. Est-ce que c'est la pilule ou la contraception en général ? La ménopause ? Rarement l'andropause. La fatigue ? Les grossesses ? Le travail ? La charge mentale ? Les enfants ? L'aidance d'un parent ? Peut-être l'âge, le poids, les complexes ? Une mauvaise santé ? Un divorce qui traîne ? Tout y passe. Et pendant ce temps-là, l'autre partenaire, celui qui se sent délaissé, cherche aussi des explications. Pourquoi est-ce que ça nous arrive ? Ça a toujours marché pour moi. J'ai déjà vécu ça et il est hors de question que je revive cette situation. Ou je ne lui plais plus, il, elle ne m'aime plus. Je m'y prends mal. Je suis trop insistante ou insistant. Il, elle me trompe. Ça tourne en boucle, ça cogite, ça fait mal. Lors du premier rendez-vous, c'est entre souffrance et espoir que tout va se jouer. Lors de la première consultation, chacun tente de mettre du sens sur cette absence de désir. Peu importe si la situation est récente ou installée depuis des années, le besoin de comprendre est immense. Les émotions sont fortes, des pleurs, des mains qui se frôlent, des doigts qui cherchent le genou de l'autre, une main sur l'épaule, un regard qui s'accroche, des mouchoirs qui s'échangent, des sourires pour mieux supporter ce qui se dit, du réconfort. Parce qu'il y a... Deux souffrances qui ont besoin de s'exprimer. Je vais demander au couple si les deux viennent, mais ça marche aussi à celle ou celui qui consulte en éclaireur ou en éclaireuse. Pourquoi consulte-t-il ou consulte-t-elle maintenant ? Souvent, c'est qu'il y a quand même une crainte de rupture, ou le soupçon d'une attirance pour une autre personne, à une collègue, à une amie. Pas de danger immédiat, mais la relation devient fragile. Il y a aussi beaucoup de patience et de compréhension, mais malgré tout cela, un sentiment d'injustice. Ils se disent « je n'ai pas le droit de lui faire vivre ça, lui faire vivre cette situation, c'est injuste et trop pesant » . Il y a aussi le ras-le-bol des paroles qui blessent, des humiliations, un décalage lorsqu'il se confie à des amis, l'impression d'être anormal. Bref, l'intolérable lassitude de cette situation. Dans cette impasse douloureuse, chacun veut éviter de faire souffrir l'autre, mais sans pour autant se sacrifier. À présent que j'ai une petite idée de pourquoi le couple a passé le cap de la consultation, il me faut savoir ce qu'ils ont essayé avant de venir chez moi. Avant de venir en consultation, qu'avez-vous essayé ? Parfois rien. C'est leur toute première démarche. Parfois, des tentatives comme sortir plus souvent en amoureux, monter le chauffage de la chambre, arrêter de regarder des séries dans le lit, se coucher plus tôt ou à la même heure, car dormir à des horaires décalés est une stratégie d'évitement pour l'un comme pour l'autre. Acheter de la lingerie féminine, faire du sport, un régime pour maigrir ou se muscler, lire des livres sur la sexualité, écouter des podcasts érotiques, suggérer d'aller voir. Mais juste voir ce qui se passe dans les clubs libertins. Et même, pour les situations les plus culpabilisantes, autoriser ou inciter l'autre à s'affranchir de l'exclusivité dans le couple. En d'autres termes, pousser l'autre à aller voir ailleurs. Les idées ne manquent pas, et parfois il y a même de bonnes pistes. Mais souvent sans méthode, sans conviction et sans résultat. Pour ces couples qui se mettent à nu, qui parlent de cela pour la première fois peut-être, il est temps de présenter l'accompagnement. en posant les bases. Il est temps pour moi d'intervenir. Et depuis toutes ces années, je vous assure que la machine est bien rodée. Je commence par un tour d'horizon des dynamiques classiques de ce genre de situation. Je leur dis, je vais vous dire quelques phrases. Arrêtez-moi si quelque chose vous parle, ou l'inverse. La toute première chose que je leur dis, c'est que l'absence de désir n'est pas une question de volonté. Ce n'est pas une histoire de « Allez, je dois avoir envie. Allez, je me force. Je vais faire un effort. » Le corps et le cerveau ne fonctionnent pas sous la contrainte. Plus on se dit « il faut, je dois » , plus le corps bloque. Parce qu'en voulant s'adapter au désir de l'autre, on perd son propre rythme. D'ailleurs, aucun des deux ne suit son propre rythme. Celui qui a toujours envie vit dans une frustration permanente. Il croit avoir toujours envie et dès qu'il y aura un signe d'une intimité possible, hop hop, il se dit « c'est l'occasion, ça sera toujours ça de pris » . Bon, à ce stade, je leur précise. que je suis une grande provocatrice, que j'aime exagérer. C'est une stratégie pour détendre l'atmosphère. Le plus souvent, ça marche. Ça fait baisser la tension et ils me disent que je n'exagère pas tant que ça. Celui ou celle qui n'a pas envie se force parfois, mais sans être forcé. Et oui, oui, les hommes aussi peuvent se forcer, pour la paix du ménage. Parce que quand même, j'ai de la chance qu'ils, elles, soient si compréhensives. Et puis, comme pour le ou la partenaire du jamais-envie, pense qu'il est ou elle est responsable, il y a un petit côté sacrifice. Pourtant, il est rarement question d'absence de plaisir. C'est ce qui est le plus déstabilisant. Le rapport sexuel est qualitatif. Pas toujours, c'est vrai, mais suffisamment pour se dire « Allez, promis, on remet ça bientôt. » Euh, dans sa tête, pas folle la guêpe. Et puis non, les jours passent sans s'y remettre. Si le couple consulte, c'est que ça ne se passe pas toujours bien. Il y a aussi les bouderies, les discussions sur l'avenir du couple, les silences qui en disent long et les petits pics et allusions. Dis donc, les voisins s'amusent bien eux. Nous, on est déjà comme un vieux couple. C'est une fois par mois. Et encore. C'est souvent à ce moment-là qu'au cabinet, les couples se lâchent vraiment. Les langues se délient. La confiance est installée. Il est temps d'aborder la question de la fréquence. même si elle ne sera pas la base de l'accompagnement. La fréquence est-ce un jour sur deux ? Deux fois par semaine ? Oh, une fois par semaine ! Je dirais toutes les trois semaines ? Une fois par mois et encore ! C'était il y a trois mois ? Oh, tous les six mois ! À mon anniversaire, je crois. Lors de nos dernières vacances. Ah oui, les vacances, ça marche tellement mieux ! Les premiers désaccords surgissent. Le ton peut même monter. Oh non, tu exagères, c'est plus souvent que ça. Mais si, je t'assure. Ah bon ? Parce que tu tiens à une comptabilité. Un calendrier ! C'est le moment où je leur explique que chacun vit sa propre temporalité. Pour l'un, c'est « bon, c'est fait, je suis tranquille pendant un moment » . Pour l'autre, c'est « mais quand aura lieu le prochain rapport ? Dans une semaine ? Un mois ? Peut-être plus jamais » . Pour lui ou elle, même juste après le plaisir et l'assurance de ce rapport sexuel, immédiatement l'angoisse surgit. Mais le prochain, ce sera quand ? Combien de temps avant que l'on se retrouve ? Pour la quasi-totalité des couples, chacun va se mettre à surveiller l'autre. Un sourire, un regard, une caresse dans le dos, un week-end en amoureux, un apéro bien arrosé, même une scène d'amour dans un film. Et l'ambiance peut changer. Dois-je comprendre que c'est le moment ou juste un moment de tendresse ? On ne se comprend plus. On ne prend pas le risque d'un faux pas, d'une dispute, d'un rapprochement qui conduirait à une énième discussion ou au contraire à se refermer comme une huître. Un geste mal compris ou une parole blessante serait trop risqué. Alors on s'évite. On se protège, on cesse d'initier pour ne pas donner de faux espoirs, pour éviter un refus. Résultat, plus personne ne bouge. Le cercle vicieux. Je l'appelle le syndrome du chien de faïence. Chacun s'observe pour sonder l'autre, au point que plus personne ne fait le premier pas. On ne veut pas donner l'impression d'être insistante ou insistant. En résumé, lors de cette première consultation, les couples peuvent s'exprimer et discuter sur le fait que ce n'est pas une question de volonté. Dans le couple, aucun des partenaires n'ose plus faire le premier pas. Personne ne vit son propre rythme de désir. C'est un rythme dysfonctionnel. Les deux partenaires souffrent de cette situation. Je leur dirais que parfois, ce type de situation s'arrange tout seul. Mais c'est rare ou pas durable qu'ils ont bien fait de consulter et de faire appel à un tiers. Le tiers va jouer un rôle essentiel pour que chacun puisse s'exprimer librement, sans crainte. C'est ici que commence le véritable accompagnement. Comprendre. Déculpabiliser, retrouver une connexion. Et cette connexion, elle commence avec soi-même. Rappelez-vous ce que j'ai dit plus haut, aucun des deux ne vit son propre rythme. Avant de vouloir recréer une connexion à deux, il faut d'abord retrouver son propre équilibre. Et c'est par là que nous allons commencer. Se retrouver avant de se reconnecter. Redevenir l'expert de soi-même, se sentir solide sur ses deux pieds. Parce que comment faire couple si on a l'impression de ne plus se connaître soi-même ? Comment être épanoui sexuellement si mon bien-être sexuel dépend uniquement de l'autre ? Un couple, ça tient sur quatre pieds, pas trois, pas deux, quatre pieds bien ancrés. Et c'est exactement ce que nous allons travailler. La connaissance de soi et l'autonomie sont les bases essentielles du processus thérapeutique. Le but, se retrouver soi-même, égoïstement, dans le bon sens du terme, parce qu'en se retrouvant, on a plus à offrir à l'autre. se reconnecter au couple, mais sans chercher à reproduire le passé. Beaucoup de couples ont un objectif biaisé, retrouver une sexualité passée et une sexualité complète. Et quand ils disent complète, ils pensent pénétration, voire orgasme. Or ce n'est pas le bon objectif. Ce que je propose dans ce processus, c'est de mettre la sexualité pénétrative de côté, temporairement, remettre les compteurs à zéro, affranchir le couple de l'acte sexuel pour se concentrer sur le corps. Certains couples sont dans une dynamique de tout ou rien. Soit il y a du désir et une sexualité complète, soit il n'y a rien. Mais ils oublient ou ne savent pas que le désir et le plaisir peuvent exister dans une sexualité récréative. Une sexualité où l'on partage un moment agréable avec l'autre, sans pression, sans obligation. Parce que jusqu'à présent, tout a été intellectualisé, mentalisé, rationalisé. Je leur dis souvent à force de réfléchir à votre problème, vous avez une grosse tête et un tout petit corps. Vous voyez l'image ? Et on ne fait pas l'amour avec sa tête. Une sexualité épanouie, c'est une sexualité où l'on vit le lâcher prise. Et ce lâcher prise, le couple va l'apprendre ou le réapprendre grâce au Sensate Focus. Le Sensate Focus, c'est un exercice puissant. L'exercice est simple en apparence, mais redoutablement efficace. Le principe, se toucher, sauf les organes génitaux. La personne qui est touchée guide l'autre avec ses mots. Chaque séance dure 2 fois 20 minutes. On utilise à des moments différents 3 médiateurs sensoriels au minimum, le talc, le lait corporel et l'huile corporelle. Le couple est nu ou presque nu, et ces moments sont planifiés à tour de rôle. Les invitations à ce moment d'intimité se font en alternance avec un décorum en prime. De la musique, des bougies, pas la peine de se ruiner ni mettre des heures à se préparer, mais suffisamment d'éléments qui fixeront ces beaux moments, un peu comme des petites graines qui seront arrosées et on verra bien ce qui poussera. Mais attention, pas une invitation à 17h pour 18h, ça se programme avant. Avec les vies de folie que nous menons, c'est sans doute une partie de l'exercice la plus contraignante et la moins respectée et qu'il faudra aborder lors des consultations suivantes. Je vous entends déjà, c'est tout ? Quelle arnaque ! Ces exercices, sommairement expliqués ici, mais très largement argumentés en consultation, quand ils sont bien compris et bien réalisés, sont d'une puissance incroyable. Les retours des couples parlent d'eux-mêmes. On a passé un très très bon moment, c'était drôle, on n'avait jamais fait ça. On avait oublié comme ça pouvait être super. On ne m'avait jamais dit que c'était ça l'intimité sexuelle. J'ai l'impression qu'on s'est retrouvés. J'ai enfin obtenu ce que j'ai toujours voulu. Il, elle, m'a enfin compris. Et la question que tout le monde se pose, ont-ils été frustrés par l'abstinence sexuelle ? Car lors de la phase 1 des exercices, il s'agit bien de cela. Aucune pénétration pendant et en dehors des exercices. La réponse est non, sauf quelques exceptions. Pourquoi ce n'est pas vécu comme une frustration ? Parce que le couple retrouve une intimité perdue et surtout parce que la règle est claire. Aucun des deux n'a à refuser. ou à demander. C'est ça une intimité désintéressée, où les corps reçoivent quelque chose de vital, le toucher. La première intimité sexuelle, c'est le poids-peau. Le couple va profiter de ses premiers exercices pour retrouver son besoin d'être touché et de toucher physiquement et surtout émotionnellement. J'en entends certains dire que oui, mais ça, c'est pas de la sexualité. Ah, c'est sûr. Si vous demandez à être massé parce que vous avez une dure journée, je suis d'accord avec vous. C'est du soin. En revanche, à qui, à part votre partenaire, pourriez-vous demander d'être effleuré, palpé, léché dans le cou, empoigné, fessé ou reniflé ? Personne d'autre. C'est bien ce que je disais. Le début d'un nouveau chapitre pour ces couples peut commencer. Mettre de côté la sexualité pénétrative temporairement, je l'appelle d'ailleurs la sexualité des fainéants, oser affirmer être expert de son propre corps, ou d'apprendre à le connaître si ce n'est pas le cas. Se connaître, s'écouter, se réapprivoiser, c'est ainsi que l'on remet les compteurs à zéro, c'est ainsi que l'on commence un nouveau chapitre. Le couple part avec ses petites feuilles de consignes, parfois on dit exercices. Ils peuvent m'écrire pour me poser des questions, si les exercices sont mal compris ou s'ils ont un doute. Et je les vois un mois plus tard pour le débrief des exercices et envisager la suite du processus. Alors, est-ce que ce processus suffit à tout résoudre ? Non, bien entendu. Ça serait trop simple et trop beau. L'absence de désir, c'est un sujet complexe. D'ailleurs, et cela n'engage que moi, je dirais que c'est le trouble sexuel qui nécessite le plus de temps et de compréhension en sexothérapie. Pourquoi le plus complexe ? Sans doute parce que le désir ne se décrète pas, il se cultive. Se comprendre, se retrouver, tout cela prend du temps, mais chaque pas compte. Voilà. C'est ainsi que je termine une consultation. Il y en aura d'autres, mais je ne dévoile jamais la suite car il y a un risque trop élevé que le couple brûle les étapes. C'est également la fin de cet épisode. Je le clôt avec un court extrait très sympathique de la série Libres sur Arte. Il est marrant quand même, comme on nous dit que les mecs, ils ont toujours envie de baiser. Moi, mon mec, ça fait deux mois qu'il m'évite. C'est vrai ça. Soit ils sont stressés, soit ils sont fatigués, soit ils sont stressés et fatigués. Mais dans les sondages, c'est toujours nous les casse-délire. Excusez-moi, on peut se joindre à vous ? Si cet épisode vous a parlé, n'hésitez pas à le partager, à laisser un commentaire ou à me poser vos questions. On se retrouve très bientôt pour un prochain épisode, le 14 avril. D'ici là... Prenez soin de vous et de votre connexion à vous-même. A très vite !

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