- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, bienvenue sur Parlons Naissance. Je suis Katia, maman de deux enfants, dont un né à la maison, en plein milieu du salon. Je vous parle aujourd'hui au nom du CDAAD, dans lequel je suis engagée, soit le collectif de défense de l'accouchement accompagné à domicile. Nous sommes des parents, des Ausha, des familles, qui soutenons l'accès au libre choix de mode d'accouchement. Nous avons réalisé des enquêtes sur le vécu des femmes sur les familles, portant ou ayant porté... Un projet d'AAD. Ce podcast vise à vous informer et à démystifier l'accouchement à domicile. Nous ne sommes pas folles, nous ne sommes pas sorcières, nous ne sommes pas inconscientes. Nous avons juste souhaité donner vie à nos enfants dans un lieu sécuritaire, calme, physiologique et confortable. L'AAD peut concerner l'ensemble des femmes en bonne santé et c'est pourquoi aujourd'hui, nous sommes dans l'optique de partager les témoignages que nous avons collectés.
- Speaker #1
Bonjour Laura,
- Speaker #0
comment vas-tu ?
- Speaker #1
Salut Katia ! Ça va, écoute, je suis très contente qu'on ait ce moment ensemble toutes les deux ce soir.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous faire une petite présentation ?
- Speaker #1
Oui ! Donc moi je m'appelle Laura, je suis membre du conseil d'administration du CDAAB depuis 4 ans et demi maintenant, et j'ai 32 ans. Je suis mariée, j'ai deux enfants de 3 ans et demi et de 11 mois, donc des petits. Je me suis installée ce soir dans mon salon, donc on prend cette soirée toutes les deux, et je me suis mise pile à l'endroit où mon fils est né. Donc je me trouve complètement dans l'ambiance de ce soir magique, je te raconterai. Mais c'était important pour moi que ce soit comme ça.
- Speaker #0
Avec tout plein de bonnes ondes du coup pour l'enregistrement.
- Speaker #1
Ouais, même lumière, je suis au même endroit, la déco a presque pas changé. Et à chaque fois que j'y pense, j'exulte de joie. Donc j'espère que je vais vous partager ça.
- Speaker #0
Alors, à où commencer ? Comment tu t'es dirigée vers l'accouchement à domicile ?
- Speaker #1
Ouais, bon, nous deux, on se connaît un peu. Donc en fait, toi, tu connais l'histoire. Mais pour le coup, moi, je viens pas d'une famille très militante. Tu vois, il y a des personnes... dans le monde de l'AAD qui connaissent très bien la périnatalité depuis des années et des années. Et moi, dans mon histoire personnelle, je suis née à la maternité, près de chez mes parents. Ma mère avait une péridurale, elle était très contente de son accouchement. Elle ne voulait pas tellement savoir plus que ça, comment ça allait se passer. Elle a juste gardé un super souvenir des naissances qu'elle a vécues. Donc, a priori, on aurait pu se dire que moi, je suivrais ce chemin-là. Et je crois que la première chose, c'est que l'accouchement, pour moi, c'est vraiment un truc que j'ai toujours voulu vivre. Tu vois, autant avoir des enfants, ce n'était pas mon projet de vie. Je t'ai toujours dit que j'aurais des enfants, surtout si je rencontrais quelqu'un avec qui ça valait la peine d'en avoir, la personne formidable avec qui je partage ma vie, en l'occurrence. mais en fait moi je me suis toujours imaginée accouchée, je me suis vue à dos je m'imaginais les pieds dans les étriers avec cette grosse lumière vivre des salles d'accouchement c'est un truc qui me travaillait quand même au delà du désir d'enfant le fait de faire cette expérience physique et donc je me souviens Quand j'étais jeune, je lisais beaucoup de récits autour de l'accouchement, je me documentais, etc. Du coup, j'avais déjà plein de connaissances sur la façon dont ça se passe la plupart du temps. Et en fait, je me souviens qu'un jour, je suis tombée sur un récit d'une femme. Je crois que pour le coup, ce n'était même pas dans un bouquin, c'était sur un blog, d'une personne qui racontait qu'elle avait choisi de donner naissance chez elle. dans sa piscine, avec sa sage-femme. Et en fait, le « avec sa sage-femme » , tu vois, je me suis arrêtée. Et je me suis dit « ah mais en fait, c'est ça » . Et ce récit m'a ouvert, tu vois, c'est un peu naïf au fond, comme entrée en matière, mais il m'a vraiment ouvert un monde. Et tu sais, c'est comme, je ne sais pas si tu vois l'image, mais comme une goutte d'eau qui tombe. dans un vase et qui fait des ondes, tu vois, et qui se propagent. Et moi, ça a fait ça à l'intérieur de moi, tu vois, comme un accord profond, en disant, en fait, ça, c'est l'accouchement pour moi. Et en fait, à partir de ce jour-là, j'ai arrêté de me documenter, de lire. Tu vois, j'avais trouvé mon truc. Donc, j'ai fait ma vie, j'ai fini mes études à l'époque. On a commencé à bosser, mon mari et moi. On a commencé à parler de ce projet d'enfant. Et puis, quand c'est devenu concret, on a cherché une sage-femme. Et j'ai regardé sur, tu sais, les sites un peu féministes qui te conseillent des soignants qui sont respectueux. Tu vois un peu ce que c'est, non ? Ce sont des recommandations par les pères. Donc, quand tu as une bonne expérience avec un soignant, tu peux, sur ces pages-là... le référencer en expliquant pourquoi sa prise en charge t'a plu. Donc, je tape dans ma région, je tombe sur une sage-femme, j'appelle, je dis bonjour, on voudrait vous rencontrer pour un projet de grossesse. D'ailleurs, je voudrais un accouchement à domicile. Oui, tu rigoles parce que la personne, elle m'a dit, oh là là, moi, je peux vous donner rendez-vous, mais pour un premier, c'est un peu culotté. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Pour moi, ça m'a parfois dit, écoute, vous gérez mon bonhomme de chemin. Donc on l'a rencontrée, en fait c'était pas la personne que j'avais eu au téléphone, mais la personne qui lui succédait. Bon, tu vois, on fait connaissance, on demande un dossier, tout ça. Au bout de quelques mois, je tombe enceinte, donc je la recontacte, je lui parle de mon projet d'AAD, et là elle me regarde et me dit « Ah ! Ah mais quand même ! » Moi je ne fais pas ce genre de choses, enfin bon, les discours en fait qu'on connaît bien, mais moi j'étais tellement dans mon truc. que j'étais à mille lieues de me rendre compte de ce que ça pouvait représenter, parler d'accouchement accompagné à domicile pour le reste du monde, en fait. Donc, il y a eu un petit froid. Et donc, en fait, c'est bien, ça m'a poussée vraiment à me documenter plutôt sur l'aspect pratique, sur l'aspect militant, parce que moi, ça a été la douche froide qu'on reçoive quelque chose d'aussi simple à mes yeux, avec, tu vois, avec cette... avec cette réaction de rejet immédiat. Donc, c'est là que j'ai rencontré la PAD, j'ai découvert la PAD, c'est là que j'ai découvert l'existence du CDAAD. Et donc, en fait, comme c'était vraiment dans les premiers jours de ma grossesse, mon engagement au CDAAD, il a vraiment cheminé avec cette première grossesse. Donc, ce que j'ai fait, c'est que... En plus, il y avait plein de projets intéressants à la sous à ce moment-là, donc c'est vraiment super de rencontrer et des usagères. et des sages-femmes qui savaient vraiment de quoi elles parlaient en pratique. Dans le projet du guide de l'AAD notamment, qu'on m'avait fait relire à l'époque, moi ça a été une formation accélérée vraiment sur ce que c'est que le rôle d'une sage-femme, ses compétences, comment elle assure ses arrières, comment elle assure la sécurité des couples, comment, en sorte que ça se passe bien tout ça. Donc c'est pour ça que je crois que le CDAAD est une association tellement chère à mon cœur. parce qu'elle m'a fait grandir, parce que c'était du militantisme éclairé. Il n'y avait pas que de la revendication, il y avait aussi l'idée de construire quelque chose de pérenne. Donc voilà, et donc moi en parallèle, j'ai trouvé une sage-femme. La première était à plus de 200 kilomètres de chez moi. Donc je l'appelle en me disant « bon » . Elle a quand même accepté de me suivre, écoute. Tout le monde s'était dit qu'on allait faire un double suivi avec celle qui me connaissait déjà. qui était OK pour qu'elle se partage la préparation à la naissance. Donc, écoute, tu vois, elle n'était pas partisane de la chose, mais elle pouvait entendre parler quand même. Donc, c'est aussi pour ça que j'ai apprécié. Je me dis, il peut être en désaccord, mais avoir une belle relation de soignant-soigné. Et donc, écoute, c'est comme ça que j'ai commencé à nourrir ça.
- Speaker #0
Du coup, tu as sage-femme de proximité. Elle a accepté de faire le suivi. en parallèle de la sage-femme à Adé que tu avais trouvée pour l'accoupement.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Et du coup, cette deuxième sage-femme, on a eu plus tard un bon contact que la première fois. Comme elle était très loin, on avait convenu qu'on irait la voir trois fois.
- Speaker #0
Pour les suivis 3, 6, 9 en fait. Oui, plus ou moins.
- Speaker #1
Plus ou moins, nous avions briefé sur ce dont elle avait besoin sur place parce qu'elle ne se sentait même pas à la disponibilité pour venir voir avant. Et puis elles se sont téléphonées toutes les deux pour se partager aussi la préparation à la naissance. Donc moi j'étais contente, j'avais l'impression d'avoir plié le monde entier à ma volonté, donc ça m'allait. Je lisais à toute vitesse des tas de livres qui me nourrissaient parce que je suis dans une sorte d'avidité absolue de tout. En plus j'avais arrêté de travailler très tôt. parce que j'avais un contrat qui se finissait et que je n'en ai pas repris derrière. Donc, j'avais un temps fou pour me concentrer sur moi, moi, mon bébé et moi. Donc, j'ai adoré. Et puis, en plus, je me suis fait des copines à la soupe, etc. Enfin, c'était une belle période de ma vie. Sauf qu'arrivée à 7 mois et demi de grossesse, ma bonne dame, je reçois un soir à 22h30 un message de la sage-femme en question qui me dit qu'elle arrête ses suivis.
- Speaker #0
Et là, tout s'écroule ?
- Speaker #1
Tout s'écroule, mais le drame absolu. Et là, j'en parle avec humour parce que j'ai dépassé ça, mais sur le coup, j'ai reçu le SMS. Je n'ai pas posé de question parce que je me suis dit qu'un SMS qui t'arrive tard dans la soirée comme ça, alors que tu ne l'attends pas, c'est qu'il y a quelque chose. Donc je lui ai même pas demandé d'explication, j'ai dit ok, je comprends, enfin voilà. Sauf que moi c'était le drame de ma vie, mon projet se fissurait, l'accord parfait dont je te parlais n'existait plus. Le drame, le drame, le drame quoi. Mais j'en dormais plus, je passais les nuits à sangloter à côté de mon mari qui dormait comme il pouvait, mais qui du coup ne lui comprenait pas du tout. Pourquoi j'étais dans un état pareil alors que...
- Speaker #0
Comment t'as organisé la suite, du coup ?
- Speaker #1
Alors, la suite, c'est que j'ai essayé d'appeler toutes les vieilles sages-femmes du coin qui avaient fait de l'AD à un moment donné. J'ai fait marcher le bouche à oreille dans tous les milieux un peu alternatifs que je pouvais trouver. Alors, entre celles... En plus, j'accouchais en plein été, donc entre celles qui n'avaient pas pris de suivi pour leurs vacances... Je te dis « celles » , comme si elles étaient 50, il y en avait deux.
- Speaker #0
C'est ce que je voulais dire.
- Speaker #1
Il y en a une qui me dit qu'une primipare me contactait cette mois de mai grossesse, je ne le sens pas et je ne lui avais pas la pire non plus. En si peu de temps c'était compliqué, il y en a une qui ne m'a jamais rappelé parce que je pense qu'elle était en pleine réflexion autour de cette pratique, quand je l'ai harcelée, je ne me laissais pas prendre un message sur son répondeur. Donc là c'était vraiment la traversée du désert, le drame quoi. En plus de ça, c'était au moment où il fallait s'inscrire dans les maternités. Donc, je suis allée m'inscrire Ausha côté de chez moi. Mais alors, le CHU, pour le coup, en plus, je ne suis pas une patiente facile. Je suis quelqu'un de très sympa, de plutôt arrangeant, etc. Mais j'ai une angoisse profonde de l'hôpital. Et en plus, ça t'échappe toujours un peu parce que c'est un milieu… qui roule, qui a ses protocoles, qui a son jargon, qui a ses façons de faire, etc. Moi, je suis complètement hors des clous. Sitôt qu'on me met sur des rails dont je ne maîtrise pas les tenons et les aboutissants, je suis stressée, donc je deviens toute pinailleuse. Donc, je ne le fais pas exprès, mais vraiment, c'est un milieu auquel je suis vraiment inadaptée. Donc, j'y vais, je pense sur une sage-femme qui fait l'ouverture de mon dossier, je lui dis A à D, elle me regarde de haut, elle me fait tout un cinéma. Je leur dis « Ecoutez, très bien, pensez à ce que vous voulez. Moi, c'était mon projet, il n'aura pas lieu, mais sachez que je chéris quand même. » Puis, j'avais quand même essayé de demander parce que moi, pour le coup, je savais que j'avais besoin de donner naissance à cet enfant le plus simplement possible, donc sans péridural, rentrer chez moi très vite à cause de ce malaise que je viens de te décrire. Donc bon, elle transmet mon dossier, donc je vais voir l'anesthésiste qui voit la petite primée arriver, qui lui parle de son truc sans péril, donc il me dit oui. Il a pas été agréable, mais j'ai senti qu'il est content. Là-dessus, je reçois un appel de l'équipe de pédiatrie qui veut me rencontrer. La pédiatrie me dit oui, une primie qui demande une sortie précoce. Mais qu'est-ce que c'est ? Vous avez du soutien ? Ou c'est-ce que c'est qu'un bébé au moins ? Et du coup, le fait d'avoir les deux rendez-vous pro sur couple, de gens qui étaient pas malveillants, je pense. Mais là, tu vois, vraiment, je dégringolais de mon projet construit. en conscience, prête à prendre mes responsabilités à des gens qui me traitaient comme une enfant. Et je me suis dit « ah non, mais en fait, ce n'est pas possible » . Donc, j'ai quand même eu un rendez-vous, un énième rendez-vous. Mais alors vraiment, c'était la succession de rencontres, parce qu'à chaque fois, c'était des gens différents. Je vois la sage-femme qui s'occupe des salles nature, parce que pour avoir accès à la salle nature dans cet endroit-là, il fallait forcément avoir pris rendez-vous avec cette sage-femme et visité. Donc elle m'a fait visiter la salle nature qui est très petite. Je lui ai dit « ah oui d'accord, je ne m'attendais pas à ça, je vais faire 8 mètres carrés » , enfin c'était minuscule.
- Speaker #0
Pour déambuler c'est un peu compliqué.
- Speaker #1
Oui, vraiment, et en plus la baignoire était à l'autre bout d'un autre couloir, donc en fait il fallait, c'était un labyrinthe quoi. Et puis elle me montre, elle me dit « puisqu'on est là, vous voulez voir ce que c'est qu'une salle d'accouchement ? Vous n'avez jamais vu ? » Je lui dis « bah non, on y va » . Et elle m'a fait reprendre une salle d'accouchement. classique, avec la table d'accouchement, le chariot de réa, absolument tout. Et en plus, ce qui m'a frappée, c'est que c'était des couleurs affreuses. Il n'y avait pas de déco du tout, donc il n'y avait vraiment que tout le côté instrument, etc. Et les murs étaient jaunes, jaunes délavés, jaunes blafards. Et ça m'a fait un effet, mais je ne vais pas accoucher dans cette couleur-là. Et je me suis dit, là, je vais le faire. Et là, sa femme était complètement interloquée en disant, mais elle, ça ne va pas être facile, je pense. Elle n'a pas fait ça. Elle était très gentille, par contre. Mais vraiment, moi, je me suis dit, non, en fait, l'ensemble des rendez-vous que j'ai faits dans cet endroit fait que je ne peux pas. Donc, on a cherché autre chose. Et il y avait une maternité à une heure et demie de chez nous, une maternité labellisée IHAB. Et puis, tu as la même idée. où on s'est rendu qu'il y a une assez longue culture de la physiologie. Alors, physiologie, pas au sens où on entend dans des milieux très naturels, mais en tout cas, ils étaient capables d'entendre que je voulais une délivrance naturelle, que je voulais pouvoir choisir les positions d'accouchement. Les salles étaient assez belles, il y avait des fresques d'artistes locaux dans chacune d'elles, c'était différent, je me dis bon, c'est plus petit. Tu as une chance non négligeable de recroiser les personnes qui t'ont fait ton dossier le jour où tu viens. Donc, allons-y. Donc, je n'étais pas très emballée. Mais en même temps, on avait quand même réussi à trouver un compromis envisageable.
- Speaker #0
Et du coup, le jour J, quand tu as conçu la maternité, ça s'est bien passé au final ?
- Speaker #1
Oui, c'était une belle naissance. C'était un très bel accouchement. En fait, j'ai... La poche des os s'est fissurée en milieu d'après-midi un jour. On a fait une très belle balade. C'était une belle journée. Et donc, quand on a appelé la maternité, on m'a réveillée toutes les brides. Ils ont dit de venir, comme ça se fait. C'était très chouette, tu vois, sur le rythme de trajet, des décontractions qui ont commencé à se lancer. Du coup, j'ai fait toute ma phase active tranquillement. En phase d'admission, ils ont trouvé une salle d'accouchement. J'ai quand même pu prendre un bain alors que... Les membranes étaient rompues, ce qui n'est pas si automatique que ça. C'était assez chouette, la sage-femme avait appris par cœur notre projet de naissance, donc elle nous a abordé vraiment sous l'angle de ce qu'on voulait. Après, elle n'était pas très disponible, donc j'ai géré la douleur toute seule avec les outils dont je m'étais dotée. C'est plus sur la fin que j'ai eu des regrets, parce que c'est drôle, elle avait appris le projet de naissance, mais au moment de la naissance en tant que telle, elle m'a remise sur le dos alors que je n'étais pas bien. Elle m'y remettait tout le temps, alors que je sentais que ce n'était pas une position tenable pour moi. Et au bout d'un moment, j'ai arrêté. Quand deux fois, trois fois, quatre fois, tu changes de position et qu'on te repositionne, à un moment, tu te dis que ce n'est plus la peine. Donc, je n'ai pas gardé un très bon souvenir de la naissance en tant que telle, des efforts exclusifs comme nous, parce que j'ai senti qu'on m'imposait un truc qui ne me convenait pas du tout. physiquement et que ça je les ressentis comme assez assez violent je me sens je me sentais un peu trahi les avoir senti contente au début et après à nouveau dans leurs réflexes etc doit c'est pareil je me suis rendu compte après qu'elle m'avait injecté le cytocine pour la délivrance alors qu'on avait vraiment explicitement demandé à ce que ce soit pas fait que mon mari a empêché la paix la première fois de brancher la seringue sur le cathéter et elles ont réussi quand même. Tu vois, et là... Je pense qu'il y avait des raisons à ça. Je pense que les salles étaient pleines. Toutes les salles, elles couraient partout. Donc, elles n'avaient pas le temps de surveiller une patiente. OK. Mais en fait, pour le coup, c'était dur. Ils m'ont gardé six jours à la maternité pour des difficultés d'allaitement alors qu'en fait, il aurait juste fallu qu'on me renvoie chez moi. Six jours ? Six. OK. Après, ce n'était pas désagréable, au fond. La moyenne,
- Speaker #0
c'est 3 quand même. En 6,
- Speaker #1
ça fait du bien. Tu as un bébé qui a un abgar de 10. Tu as un périnée intact. Tu es à peu près sur les épaules. C'était un peu... Et puis, il y a des gens... Moi, je posais beaucoup de questions parce que ça ne démarrait pas comme je l'avais imaginé. Du coup, il y a des gens plus ou moins patients. qui m'ont un peu fait sentir que j'étais lourde.
- Speaker #0
Et rentrer à la maison et par la suite ?
- Speaker #1
Le triomphe, moi je l'ai vécu comme la détention provisoire. Le dernier jour, on était déjà tout prêts, on était assis avec nos appareils en bâton, on trouvait juste le papier qui nous faisait sortir. Tu m'étonnes. Donc c'était une belle naissance pour Simeon, mon premier fils. On est tombés dans la parentalité, notre vie a changé, c'était génial. Mais en fait, moi très vite, j'ai ressenti énormément de colère pour les éléments que j'avais. que je t'ai cité là. Vraiment, je me suis dit, mais je crois qu'ils ne se sont pas rendus compte à quel point...
- Speaker #0
Ça laisse un impact. Oui, c'est ça. Au final, ce n'est pas fluide.
- Speaker #1
c'est surtout que tu vois les questions de consentement les questions d'individualité les questions de qui tu es elles sont complètement balayées par des protocoles des habitudes, des façons de faire qui sont plus faciles etc alors que c'est marrant parce que tu vois la sage-femme elle a vécu un bel accouchement parce que je sais qu'elle est revenue le lendemain exprès de nous voir quoi elle a besoin de revivre ça et au fond c'était chouette parce que ça s'est fait dans le respect de ses limites en termes de sécurité elle et les miennes Mais n'empêche que moi, je suis revenue avec cette chape de plomb sur les épaules et me dire « mais c'était tellement loin de ce que je voulais, comment, comment, pourquoi, pourquoi ? » Donc bon, en congé-match, j'avais du temps, j'ai continué à militer au CDAAD et puis quand on a décidé d'avoir un deuxième enfant, on a mis un peu de temps, quelques mois, et le jour du test de grossesse, franchement je te jure, j'ai regardé le résultat et je me suis dit « mais, oh non, c'est reparti » . C'est reparti à chercher quelqu'un, c'est reparti à s'inscrire dans 50 000 trucs. Il va encore falloir se justifier partout. Je n'ai pas envie. En même temps, c'est mon deuxième enfant. Je ne sais pas combien l'avenir m'en donnera, mais celui-là, c'est à la maison ou rien. Mais il y avait un truc absolu qui devait se passer.
- Speaker #0
Tu n'avais pas eu la première fois, donc là, il fallait que tu aies la deuxième.
- Speaker #1
Il fallait que je rattraque, il fallait guérir. Tu vois, c'était presque rouvrir une cicatrice pour que ça cicatrise mieux. Il y avait une urgence absolue.
- Speaker #0
Et là, du coup, ta course à la sage-femme a repris ?
- Speaker #1
Alors... En plus, j'ai vraiment une région, nous, c'est vraiment la misère. Alors, entre-temps, toutefois, j'avais quand même bossé un peu mon réseau local. Je connaissais des mamans super, des doulas, des sages-femmes. que j'étais allée voir avant leur disant « écoutez, moi ça sera à la maison ou rien, je tombe enceinte, donc trouvez-moi quelqu'un » . Donc, elles avaient commencé à faire passer des messages dans les groupes, je ne sais pas par quoi elles communiquent, mais voilà. Et surtout, j'avais une copine qui hésitait vraiment à se lancer. Du coup, je l'appelle, je lui dis « mon Dieu » . En plus, j'avais des projets professionnels à cette époque-là qu'elle n'allait pas très bien avec une grossesse, c'était un peu le bazar. Je l'appelle, je lui dis « mon Dieu, je suis enceinte, je ne sais pas ce que je vais faire, on est où de tes projets ? » Et elle, elle ne savait pas trop. parce qu'il y a beaucoup de pression. Et puis tu ne te penses pas là-dedans à la légère, je comprends. Donc, les mois passent, ma grossesse avance, on se rappelait quand même un peu tous les mois, parce qu'on s'entend bien, on se donne des nouvelles, et puis tu vas à 4 mois et demi, grossesse 5 mois, je dis bon, il faudrait que tu me dises quand même, est-ce que je compte sur toi, est-ce que j'essaie de contacter quelqu'un d'autre, est-ce que je me cherche un gîte pour que ça ait lieu ailleurs ? On me dit bon... ok je me lance en étant en fin d'année je me lance en janvier moi j'ai envie j'étais à 7 mois et demi à nouveau quoi donc ok tu vois puis j'ai pas de chance dans mes grossesses tu vois à chaque fois je suis très très seule parce que je suis jamais en même temps que mes copines donc je peux en parler autour de moi mais je partage pas ça avec quelqu'un qui le vit aussi donc tu vois j'étais vraiment des trucs administratifs dont on faisait de l'autonomie avec une sage femme très chouette etc. Mais moi, je suis dans cette angoisse permanente. Cette fois, ça doit avoir lieu à la maison. Je n'arrive pas à expliquer pourquoi j'ai ce besoin-là au fond de moi.
- Speaker #0
Du coup, après grande discussion avec ta copine, elle accepte de te suivre ton septième mois. Qu'est-ce que vous vous mettez en place, du coup ?
- Speaker #1
Du coup, en fait, elle vient à la maison rencontrer mon mari parce que tu as eu ses copines, mais pas au point de se présenter à nos familles respectives. Donc, on passe très bien. Et c'est drôle parce que le jour où elle arrive, elle nous faisait des séances de prépa de 3 à 4 heures à chaque fois. Et le jour où elle arrive, elle plante le décor et me dit « Écoute, ok, tu fais appel à moi pour ton AAD, pas de souci. Par contre, ça va être dur pour moi de te suivre. Tu as conscience que tu as ce désir très fort en toi, mais que là, en gros, tu me fais venir pour ta sécurité. Donc, si jamais je te dis on transfère, tu ne me fais pas d'histoire. On transfère. Et c'est moi qui suis le chef de ça. » tu es capable d'entendre ça. Elle avait vraiment besoin, elle, de s'assurer qu'elle n'était pas partie dans un truc où ce désir absolu nous aurait tous mis en danger. Ça, il y a eu des moments très drôles aussi parce qu'entre-temps, on vit dans un petit appartement, on avait dû déménager et on a vu le coup de cœur pour un appartement où on est toujours au septième étage d'un immeuble résidentiel avec un ascenseur qui monte jusqu'au sixième et qui est un ascenseur pour les personnes. Donc, tu tiens à trois. en serrant le ventre dedans. Donc, il y avait toute une histoire aussi par rapport aux critères de sécurité recommandés pour l'aller en France aujourd'hui. Est-ce qu'on est dans les clous ou pas ? Donc, elle s'est dit, je ne sais pas. Donc, nous voilà. Donc là, j'avais massage femme, mais je n'avais plus de lieu. chercher chez des copains qui vivaient au rez-de-chaussée si on ne peut pas aller squatter chez les uns et les autres mais il y a toujours un truc qui n'allait pas un chat alors que je suis allergique quelqu'un qui n'était pas à l'aise avec l'idée qu'il y a un accouchement chez lui, c'était toute une histoire et du coup on a fini par régler le problème elle a fini par appeler les pompiers en visio, elle leur a fait faire le tour de l'appartement en visio pour qu'ils puissent voir les accès par l'extérieur, par les balcons et alors il y a eu une scène à mourir de rire où elle et mon mari trouvent le... deux grandes planches qui restaient du déménagement, qui font à peu près la taille d'un grand quart, et les voilà embarquées, tu vois, à regarder avec leurs planches, avec un faux grand quart, si jamais ça passe dans l'escalier, s'il faut me descendre. J'ai des photos de ça, c'est vraiment drôle, mais tu vois jusqu'où on est allé.
- Speaker #0
Oui, mais sécurité, quoi. Sécurité avant tout,
- Speaker #1
quoi. Oui, complètement, et pour le coup, c'est quelqu'un, notre sage-femme, qui prend ça vraiment très, très, très à cœur. donc elle l'avait écrit dans le dossier médical pour pas qu'il puisse y avoir de flottement ni rien donc c'était hyper carré donc écoute nous voilà embarqués et donc moi au lieu de savourer ma grossesse en me disant oh youpi tout va bien je suis alignée avec mon désir profond me voilà embarquée dans l'angoisse tu vois des 37 semaines, j'avais qu'une peur c'était de me mettre en route à 36 et 5 et qu'il faille revoir tous nos plans tu vois en plus cette fois-ci j'étais quand même inscrite dans deux maternités le CHU du coin en cas d'urgence parce qu'il est à 5 minutes en voiture et l'amateur un peu physio un peu plus loin qui était capable d'entendre que j'avais un autre projet. Donc je faisais tous mes rendez-vous en double voire en triple, je passais ma ligne sur la route. Une fois arrivée à 37 semaines, le fameux ascenseur tourne en panne. Pendant une semaine où j'étais là, mon dieu je peux pas accoucher mais je peux pas accoucher, donc c'était les montagnes russes. Une fois que l'ascenseur a été réparé, j'étais stressée de dépasser mon terme.
- Speaker #0
Oui, c'est ce que j'allais dire.
- Speaker #1
Donc en fait, rien n'allait, tu vois. Je me suis hyper stressée. Et en même temps, heureuse de ce qu'on vivait, que cette année soit aussi l'occasion de découvrir cet ami cher autrement, pleine de gratitude du cadeau qu'elle nous faisait. Et puis finalement, il y a eu un jour, à 39 semaines et 6 jours, où j'ai réussi à me poser sur mon balcon au soleil, à boire un café, à me dire « Ah, je suis bien ! » Ça serait quand même trop bien que j'accouche maintenant. Et puis, ça a été l'heure d'aller chercher mon fils à la crèche. On s'est posé le soir et au milieu du dîner, à 20h, une énorme contraction qui me plie en deux, tu vois. J'avais eu quelques épisodes avant, comme toutes les mamans, tu vois, de petites contractions que tu ne sais pas trop si ça va être là ou pas. Et là, je me dis, bon, encore une comme ça, et là, c'est sûr, on est lancé. Tu vois, c'est marrant parce qu'à la fois, j'étais très angoissée à courir après cette dérivée. En même temps, j'avais quand même une conscience de mon corps un peu fine. J'avais des intuitions. En prépa, je m'étais dit que j'allais accoucher très vite. Je le savais au fond de moi.
- Speaker #0
Pour Simeon, tu avais mis combien de temps ?
- Speaker #1
Pour Simeon, j'ai accouché en 7 heures.
- Speaker #0
Là, tu étais sûre que tu allais accoucher encore plus vite que Simeon ? 7 heures, c'est bien. C'est trop long, ce n'est pas trop long.
- Speaker #1
De toute façon, Simeon, c'était l'accouchement d'Emmanuel. Tout était standard. Les luttes moyennes.
- Speaker #0
Oui, voilà.
- Speaker #1
Mais là, je le sentais vraiment venir.
- Speaker #0
Tu avais une persuasion, comme ça, tu te disais, je suis sûre que je vais accoucher vite.
- Speaker #1
Et depuis très, très longtemps. Et je sentais qu'on avait beaucoup parlé d'accouchement, de gestion des contractions avec notre sage-femme en autonomie. Mon mari rigolait beaucoup autour de l'accouchement orgasmique. C'était une sorte de private joke parce que j'ai adoré mon premier accouchement. Pour le coup, j'ai eu toutes les belles étapes. Donc là, on s'est dit, ça va être trop bien. Moi, je savais que ça allait être un peu plus dur que ça parce que j'étais trop tendue. Oui. Oui. Donc bref, si nous revenons à ce fameux jour J, donc une contraction, je vous dis encore deux comme ça et voilà. Et puis tu vois, je vais coucher mon fils, je lui ai une histoire et en fait, je n'ai jamais pu finir cette petite histoire quoi. Parce que là, j'ai eu deux contractions, trois contractions. Je l'ai appelé mon mari pour qu'il finisse, je suis allée me mettre à la salle de bain et là, une flemme. J'avais déjà, enfin, c'est la mire. Oh non, pas maintenant, je suis trop fatiguée. Tu sais, ça rend un peu somnolent un travail qui se lance. On voit beaucoup de mamans qui somnolent un peu, etc. Et j'étais là, bon...
- Speaker #0
En fait, si je prends dans ça tout de suite, j'ai encore le temps d'aller au CHU et de demander une césarienne. J'étais vraiment dans cette espèce d'état complètement planant, tu vois. Toute ma grossesse, j'ai attendu cette année. Le jour où ça se lance, je commence à me dire non, mais en fait, la flemme. Bon, puis je me suis dit, allez, ressaisis-toi quand même. Là, c'est le moment de ta vie. Non, quand même. Tu vois, j'ai pris une douche et en fait, très, très vite, j'étais dans ces contractions qui t'embarquent, quoi. Du coup, j'ai beaucoup vocalisé pour les deux. Je me souviens d'avoir... pensé, quand j'ai décidé que je n'irais pas au CHU pour ne pas avoir de césarienne, j'ai eu une pensée, tu vois, pour toutes les femmes qui vont être en train de la coucher en même temps que moi. Et c'était très beau, tu vois, je me sentais vraiment un peu main dans la main avec toutes ces personnes autour du monde. Bon, voilà, je suis restée 20 minutes sous la douche, je suis sortie, je sentais vraiment les eaux du bassin, tu vois, qui travaillaient. Ouais. J'appelle. Oui, appelle.
- Speaker #1
Ah ouais, appelle.
- Speaker #0
Bon, il appelle. La sage-femme ne répond pas. Tu sais, c'est le seul jour où elle avait dû se mettre un film ou j'en sais rien. Et peut-être a copié son téléphone. Bon, dix minutes après, elle rappelle. Bon, alors, ça y est, ça y est, ça y est. Il dit, bah oui, oui, là, elle dit qu'elle chante à chaque contraction. C'est toutes les deux minutes. Elle dit qu'elle a son bassin qui s'écarte. Viens, quoi. Donc, elle était un peu loin. Tu vois, elle devait être à 40 minutes. Entre temps, on appelle aussi une copine dont on avait prévu la présence près de nous parce que... Notre sèche-femme voulait vraiment qu'il y ait un autre adulte, tout comme il y avait notre fils. Donc elle arrive, et en fait, le temps qu'elle arrive, ça avait démarré. Après, je ne sais pas ce que je peux te raconter de ce travail-là.
- Speaker #1
À quel moment tu as senti que c'était maintenant ? Est-ce que tu l'as senti ?
- Speaker #0
Oui, en fait, je suis sortie de cette salle de bain. Je me suis remise une robe sur le dos. Je suis allée dans notre salon parce qu'on avait suspendu... C'est un appartement moderne, donc il n'y a pas de... poutre, il n'y a pas d'espace pour suspendre. On avait quand même mis une barre de traction dans un encadrement de porte, prêté par des copains. On avait beaucoup d'amis qui ont prêté des trucs, avec une écharpe de portage. Donc j'avais essayé d'atteindre cet endroit-là. En fait, c'était quasiment pas possible. J'ai essayé de trouver des positions en extension, mais en fait, il n'y avait rien qui me soulage. Là, on devait être à 30 minutes de contraction, la poche des os s'est percée. Un moment magnifique, c'était très beau. À partir de ce moment-là, j'ai eu ces espèces de contractions qui tabassent, littéralement. Notre copine est arrivée, je me suis effondrée dans ses bras. Et en fait, il n'y avait plus de place pour mon mari. Je me suis retrouvée dans les bras de mon amie, sur le sol, incapable de bouger, terrassée par des contractions. Mais ma pauvre, je faisais vraiment ces bruits guturaux, vraiment de la fin de l'accouchement. Tu vois, vraiment ces espèces de râles. Pour le coup, tu vois, c'est marrant parce que c'était une douleur, j'avais aucun répit. Mais j'avais déjà une espèce de... de phase hyper intense pour Simeon, de contraction qui ne s'arrêtait quasiment pas, qui s'enchaînait sans aucune phase de détente. Ça faisait tellement mal, j'avais l'impression qu'on me fondait la tête en deux. J'avais vraiment l'impression d'être assommée. Je ne réfléchissais plus, j'étais juste dans la traversée de ces sensations-là, mais qui étaient extrêmement violentes. Et pour le coup, c'était violent. Et donc, notre amie sage-femme est arrivée, donc moi j'étais étalée au milieu de notre salon entrée. elle a balancé ses caisses parce qu'elle débarquait avec des caisses, elle a des caisses thématiques elle a fait tout le tour elle m'a examiné deux secondes je pense que ça a duré un peu plus longtemps que ce que je pensais mais moi j'ai l'impression qu'elle perd de la notion du temps et à un moment où elle m'a dit écoute je pense que tu devrais te redresser elle m'a juste dit ça tu vois je l'ai mordu, je ne sais pas pourquoi j'ai mordu la sage-femme en me redressant parce qu'il y avait son bras qui traînait au lieu du coup j'étais vraiment seule de main Je me demande pour les gens qui étaient là ce que ça donnait.
- Speaker #1
Tu t'en souviens. Tu t'en souviens d'avoir fait ça.
- Speaker #0
Et en fait, à un moment donné, moi qui suis très douce et plutôt polie, mon mari est passé. Je lui ai dit « Quelqu'un me tient. » J'ai levé les bras. Je me suis tendue à lui. Et en fait, là, tu vois, j'ai senti la tête qui arrivait sur le périple. C'était magnifique. Tu vois, pour le coup, ce cercle de feu qu'on décrit comme si difficile à passer, etc. Moi, j'en garde un super souvenir parce que j'ai eu l'impression d'avoir enfin trouvé la position qu'il fallait pour accueillir cet enfant. Et du coup, j'ai vraiment... Et ça, c'était vraiment très chouette. J'ai senti vraiment la tête passer. Vraiment se démouler littéralement. Plus personne n'a mis les mains ni rien. J'ai senti la tête se passer. J'ai senti la peau devant des épaules. Et puis, ces épaules qui tournent. Et ce bébé qui...
- Speaker #1
Ah, ok.
- Speaker #0
Et du coup... Tout ça était tellement intense, tu vois, que j'ai senti qu'il glissait, mais je l'ai dit, tu vois, je ne le prends pas. Quelqu'un le prend. Tu vois, nous on est un peu directives, genre que je ne suis pas comme ça dans la vie. Quelqu'un le prend, je ne le touche pas, tu vois. Et du coup, c'est la sage-femme qui l'a pris, notre amie Sarah, qui l'a donnée à son papa, qui me l'a donnée à moi. Tu sais, il y a une espèce de cercle comme ça. Ça a été très vite, voilà. Et Lucien était là. Alors lui, il a eu une super naissance, tu vois. Je ne sais même pas s'il a réalisé qu'il était sorti. Il a juste ouvert ses grands yeux sur nous. Il n'a pas pleuré. Je crois que c'était un bel enseignement. On dit toujours que les bébés doivent pleurer. Je pense qu'un bébé qui a une belle transition... Il peut très bien prendre sa première bouffée d'air dans le calme absolu, parce que lui était dans un calme absolu.
- Speaker #1
C'est rapide.
- Speaker #0
Et du coup, entre ma première contraction et sa naissance, il y a eu deux heures et quart.
- Speaker #1
C'est fou. Tu as senti une différence dans le fait d'être à la maison ? Tu penses que c'est ça qui a fait que ça a duré, que c'était plus court ? Tu penses que c'est dû à quelque chose en particulier ?
- Speaker #0
Je pense que c'était un deuxième, déjà.
- Speaker #1
Oui, déjà.
- Speaker #0
Soit rationnellement, tu vois.
- Speaker #1
Oui, rationnellement, c'est vrai, c'est vrai.
- Speaker #0
J'avais eu un épisode de pré-travail quelques jours auparavant. Et tu vois, je m'étais un peu examinée vite fait. J'avais vu que le col était dilaté, que la tête était très basse, déjà très fixée. Et en fait, il y a un jour, j'avais vraiment pensé que j'allais accoucher. Et mes parents étaient venus chercher mon aîné. Et moi, je n'étais pas tout à fait d'accord avec cette décision. C'était mon mari qui ne se sentait pas. Et en fait, c'est drôle, le moment où mon aîné a franchi la porte, mon travail s'est arrêté, il n'a jamais redémarré. Je pense que j'avais besoin qu'il soit là. Et que du coup, comme tout était réuni, j'avais eu une belle journée de détente, mon fils qui était là, ma copine qui était arrivée. En fait, il y avait tous les ingrédients pour que ça se passe.
- Speaker #1
Au final, qu'est-ce que t'en tires de cet accoutum à domicile ?
- Speaker #0
Une fois que j'ai eu Lucien dans les bras, Je me suis mise à trembler très vite avec l'adrénaline, mais ça c'est quelque chose d'assez fréquent. Je me revois la sage-femme qui met une couverture sur les épaules, et on décide tous qu'on va aller dans la chambre pour que je m'allonge et qu'on soit un peu mieux installés. Et sur le trajet, je me suis dit « Oh non, pourquoi on a fait ça ? » J'étais vraiment dans cet état de seconde, et je comprends tellement pourquoi les autres voient la maternité. Et vraiment, j'avais cette espèce de pensée un peu étrange.
- Speaker #1
Toute l'organisation après AGN. Je ne pensais pas toi qui la gère.
- Speaker #0
Je pense que pour le coup, et je ne savais pas ce que c'était qu'un accouchement douloureux, mais là, je pense que j'ai eu une phase de souffrance à laquelle je n'ai pas encore trouvé de sens maintenant. Mais je suis vraiment allée au bout de quelque chose. Et pour le coup, j'ai eu tellement mal, tout en étant préparée. J'ai eu tellement mal que j'étais dissociée. Psychologiquement, je suis restée dissociée pendant bien 48 heures. Je pense que pendant 48 heures, j'avais le psychisme à peu près aussi fragmenté que celui du corps. Je pense qu'en fait, quand tu accouches chez toi, inopinément, que tu n'es pas préparée, ça peut vraiment être traumatique. Oui, c'est sûr. J'étais consentante, c'est le rêve absolu, mais il a fallu 48 heures pour réaliser un peu. Et tu vois, c'était drôle parce que du coup, sur les questions de pourquoi certains choisissent pas la AD, avant ça, j'étais dans ce désir absolu, il faut absolument que moi j'arrive au bout de ce projet qui me tient tellement à cœur. Et au moment où j'ai touché du doigt, j'ai compris aussi toutes les raisons pour lesquelles beaucoup ne font pas ce choix. Ça veut pas dire que je regrette. S'il fallait le refaire demain, je le referais exactement pareil. Et pour les 15 prochains, je ferais 15 fois la même chose.
- Speaker #1
C'est complètement fou. Quoi tu ne recommanderais pas à la AD ? Quels sont les points qui te marquent le plus ?
- Speaker #0
Je pense que si tu as peur de l'accouchement, si tu as un vague doute sur ta capacité à le faire, il faut se questionner.
- Speaker #1
Mais ça, ça se déconstruit.
- Speaker #0
Ça se déconstruit, mais il n'y a pas donné que 99,9% des personnes qui accouchent en France aujourd'hui font un autre choix.
- Speaker #1
Oui, mais parce que déjà, en tant que primipare, tu poses peut-être moins de questions que ton deuxième.
- Speaker #0
Oui, c'est possible, mais je pense aussi que culturellement, notre imaginaire est tellement façonné autour de ce moment où les contractions se mettent en route, hop, on attrape son sac, on va dans sa voiture et puis on compte jusqu'à la maternité où on est pris en charge pour accoucher, qu'on est un peu façonné par ça. Et tu vois, moi, sur le coup, le fait que ça soit passé... presque entre le fromage et le dessert, je me rends compte qu'il n'y a pas eu de transition. Mais c'est aussi la grande beauté de la HAD, tu vois, c'est l'exceptionnel qui surgit dans la normalité du quotidien. Et ça, ça n'a pas de prix. Ça heurte nos imaginaires. C'est aussi pour ça que la HAD est si précieuse et qu'il faut le défendre.
- Speaker #1
Donc tu dirais que parce que la D ne rentre pas dans un carcan auquel on a été élevé, on va dire, du coup il faudrait déconstruire ce carcan pour pouvoir mettre un accouchement à domicile.
- Speaker #0
Moi je pense vraiment. Et que si t'es pas prêt à ça, à questionner profondément le pourquoi du comment. C'est... Je comprends qu'on fasse un autre truc. Très vite, dès le lendemain, il a dit « Ah, mais c'est vrai que quand tu vas à la maternité, t'es pris en charge parce que moi, je n'ai pas eu l'impression de trop en profiter. » Et c'est vrai que comme ça a été très vite, la Sacha m'est arrivée à toute vitesse et ne trouvait pas de place. Donc, en fait, il lui a dit « Non, mais monte parce que là, elle va accoucher, je vais te garer ta voiture. » Donc, tu vois, c'est lui qui a géré ça. Il devait manquer deux ou trois objets dont elle avait besoin. comme c'était celui qui savait le mieux où c'était, il est très vite allé les chercher, donc il s'absentait. Mon grand s'est réveillé parce que je faisais beaucoup de bruit et ça l'a beaucoup impressionné. Donc c'est lui qui a été réconforté. Donc en fait, il a été absent la plupart du temps.
- Speaker #1
Donc c'est en ça qu'il trouve qu'il n'a pas autant profité de partager ton accoutum au final.
- Speaker #0
Lui, oui. Alors après, je pense que c'est aussi quelqu'un qui a besoin d'être en action et de se sentir utile. Donc tu vois, le soutien.
- Speaker #1
Oui, le vrai soutien. Oui, je vois ce que tu veux dire, le vrai soutien. Pas le soutien technique, mais le soutien émotionnel.
- Speaker #0
Il s'est rendu à nos pieds, donc je pense qu'en fait, il a trouvé sa place, mais que ce n'est pas la place qu'il avait imaginé qu'il prendrait.
- Speaker #1
Voilà, qu'il aurait aimé avoir, surtout.
- Speaker #0
Peut-être.
- Speaker #1
Tu vois, qu'il aurait aimé être plus plaisant, dans la gestion des contractions. Et là, il s'est dit, il s'est dit, j'ai vraiment partagé quelque chose avec elle.
- Speaker #0
Oui, je pense. Alors qu'en fait, pour moi, il a été exactement là où je l'attendais. là au moment de la naissance quand je me suis mise debout donc pour moi c'était exactement vraiment ce moment de la naissance c'était l'accord parfait entre nous trois c'est assez intéressant ce que tu dis je te la poserai comme question un petit peu de la AD quand on témoigne un peu autour de nous que des gens de la région veulent savoir comment ça s'est passé, lui il parle de ça aussi tu vois il dit attention, accoucher chez soi ça veut dire aussi être prêt à gérer un peu le logistique qui serait pris en charge autrement pris en charge autrement
- Speaker #1
Tu vois, ça, c'est une question que, potentiellement, je poserais à mon mari, parce que, pour moi, il est, enfin, tu vois, sans lui, sans lui, c'est mon phare dans la nuit, dans ce cocon, dans cet espace un peu, tu sais, très tamisé et tout. Je me dis, mais ouah, s'il n'avait pas été là, même, tu vois, juste ainsi, à côté de moi. Moi, rien que sa présence, pour moi, c'était un pilier. Après, je ne sais pas comment lui, tu vois, il l'a vécu. Et c'est pour ça que c'est étonnant, tu vois, de... Je viens de même la noter, la question, tu vois. Et donc, du coup... Donc là, tu nous as expliqué pourquoi tu ne choisirais pas l'AAD, donc par effectivement ce manque de prise en charge, cette autonomie qu'on doit avoir, cette déconstruction. Mais pourquoi dans ces cas-là, tu recommanderais l'AAD ?
- Speaker #0
Moi, c'était le rêve absolu quand même, tu vois. Si ce n'est que ça a été extrêmement douloureux et que pour un prochain enfant, je me préparerais vraiment dans la relaxation pour être dans de bonnes conditions psychologiques pour en profiter. Il n'empêche que c'est mon rêve absolu.
- Speaker #1
Oui, voilà, t'as quand même réalisé ce que tu avais eu de cher, quoi, ce à quoi tu pensais depuis le début.
- Speaker #0
Oui, alors il me reste à creuser maintenant pourquoi c'était si cher pour moi. En tout cas, toutes ces frustrations que j'avais endurées la première fois n'ont pas eu lieu d'être. Je n'en renonçais à la sécurité du tout, surtout qu'en plus, dès aujourd'hui, avec les kits d'oxygène qui sont livrés à domicile, avec toutes les pertes, avec le synthocinone qui est dans le frigo pour gérer les hémorragies, enfin, on a quand même... un matériel qui est équivalent à celui qu'il y a dans une petite maternité. Moi, j'ai l'impression d'avoir eu la même sécurité, si ce n'est qu'en plus, on ne m'a pas jugée parce que j'ai fait beaucoup de bruit. J'ai pu bouger autant que je voulais. J'ai pu me rouler par terre de façon ridicule sans me préoccuper de ce qu'on allait penser. Et puis, attends, j'étais debout. Et moi, me dire que mon fils aimait une femme debout, même pour lui, pour l'avenir du monde qui va si mal aujourd'hui, ça me râle. Je trouve que c'est un cadeau magnifique à faire aux enfants, tu vois. Et en même temps... Bah tu vois spontanément quand je me le répète dans ma tête, en fait je me dis mes deux enfants sont nés à la maison. Ce qui est faux. En fait je pense que mon deuxième accouchement m'a tellement guéri. Et je crois tellement que la AD c'est effectivement la joie d'être chez soi, mais c'est aussi un chemin qui s'est tout le long de la grossesse. À l'intérieur de moi il y a une petite voix qui réécrit l'histoire et qui se dit que les deux sont nés comme ça.
- Speaker #1
Du coup la dernière fois là on avait discuté pour préparer un petit peu le contexte. Donc qu'est-ce que l'accouchement à domicile, complètement, pourrait apporter ? à ces sages-femmes pour travailler la physio, pour travailler les roulées d'un accoutement.
- Speaker #0
Oui, moi j'avais bien aimé les discussions qu'on avait eues là-dessus et je pense que vraiment, je tiens à la hader, pour la liberté que ça offre aux personnes, mais aussi parce que... Je pense que c'est une sorte de bastion de pratiques qui sont perdues ou qui sont rares. Ce qui est certain, c'est que dans les maternités en France aujourd'hui, il y a une très grande uniformité de pratiques. Les protocoles divergent évidemment, mais globalement, et en plus mes activités aujourd'hui m'amènent à avoir pas mal de salles d'accouchement différentes, un peu partout où tu vas. Je m'imagine qu'un professionnel a vite ses repères. Les patientes sont surveillées après de la même façon. Il y a une rente territoriale. Je pense que 95% des personnes doivent accouper en position gynéco. C'est un peu tout le monde pareil. On a AD beaucoup moins. On a AD parce qu'on voit des femmes qui n'ont pas d'analgésie, donc qui expriment leur douleur de façon très différente. On ne peut pas plaquer les choses de l'une sur l'autre. Les sages-femmes à AD le disent très bien. Elles ont plein d'outils à elles. pour accompagner telle ou telle patiente en fonction de comment elle a réagi à cette douleur, comment elle s'installe dedans, etc. Le fait qu'elle soit mobile, le fait qu'elle va choisir des positions différentes aussi, pour moi, sincèrement, c'est les seuls vrais accouchements. C'est un peu extrême de dire ça comme ça, parce que l'accouchement est vrai. Et que tu peux avoir de très, très beaux accouchements en maternité. Donc je ne veux pas dévaloriser les autres façons de donner naissance à travers ce que je dis, mais en tout cas, culturellement. Les accouchements qui se sont produits pendant des siècles et des siècles étaient comme ça, ils étaient algiques, ils étaient dans le mouvement, ils étaient dans l'expression de la plainte, etc. Alors quand c'est pas Ausha, ça peut être très dur. Et tu vois, même quand on fait des études aujourd'hui, je pense que les études sont faites sur des populations en maternité tellement uniformes, ce qu'on montre qu'on porte toujours un biais de panel, qui est que la plupart des femmes accouchent quand même en position allongée, avec une analgésie très forte. Et il n'y a guère plus qu'en A à D que tu peux vraiment te poser ces questions d'une délivrance naturelle, comment tu la fais, pourquoi, quels sont les vrais risques d'hémorragie, etc. Parce que bien sûr, aujourd'hui, on a des données sur ça, typiquement l'hémorragie de la délivrance qui peur à tout le monde. Les données sont recueillies dans des contextes qui peuvent en partie favoriser aussi ces problèmes-là.
- Speaker #1
Oui, après on revient sur le sujet des cascades d'intervention. de l'ocytocine qui est donnée en maternité, qui effectivement peut provoquer cette hemorrhage génitale des branches. C'est un ensemble de pratiques qui ont été apprises. Et là, à côté de ça, l'AAD, ce n'est pas du tout ça. Mais ce que aussi le médical a pu apporter à l'AAD, c'est que nous apporter aussi de la sécurité, de savoir qu'autour de nous, on est sécurisé s'il y a besoin aussi, par les maternités. Je pense qu'en fait, l'AAD peut apporter quelque chose à la maternité, la maternité peut apporter quelque chose à l'AAD. Et en fait, la seule chose qu'on demande, nous, en tant que militantes du CDAAD, c'est qu'on nous laisse le choix, en fait. On ne doit pas qu'on nous laisse le choix, le libre choix de mode d'accouchement. Je suis désolée, moi, ça reste quand même quelque chose qui me travaille énormément, en fait, dans le sens où on ne nous a pas proposé l'accouchement à domicile en tant que crime. On ne nous a pas dit que ça existait, on ne nous a pas dit que c'était possible. On nous a effectivement, comme tu dis, comme on a expliqué en début de l'enregistrement, qu'on a été amenés, toutes ces années, vers une culture où on ne se pose pas la question et on va à la maternité, les contractions. Je pense qu'en fait, des deux côtés, il faudrait qu'on tire chacun les bonnes choses pour en faire un bon melting pot. Et là, c'est vraiment se dire que l'AAD d'aujourd'hui amène aussi quelque chose.
- Speaker #0
Complètement, oui. D'ailleurs, tu vois, avec la publication du guide de l'AAD à l'hiver dernier, on voit bien que l'AAD, pour être pérenne, pour s'intégrer dans un système de santé, il a besoin de ces protocoles aussi, parce que bien sûr qu'on ne peut pas le proposer à tout le monde dans les mêmes conditions. Je trouve que ça s'adresse à des personnes qui vont bien, pour des bébés qui vont bien, qui cochent toutes les cases, bien entendu. Moi, je crois que la B, c'est la modernité absolue. Je crois que c'est un niveau de soins adapté. Ce n'est pas moins de médicalisation. C'est une médicalisation ajustée à la personne. C'est du cas par cas. C'est le luxe absolu, en fait.
- Speaker #1
C'est le luxe absolu d'avoir une femme, une sage-femme. En fait, les filles, vous devrez avoir ça. On m'intéresse aussi. Mais moi, j'ai été privilégiée. Moi, j'estime. L'accompagnement que ma sage-femme m'a fourni et l'accompagnement qu'elle m'a fourni le lourd de mon accompagnement, c'était, comme tu dis, le luxe.
- Speaker #0
C'est un privilège. C'est un privilège. On a de la chance. On a été chouchoutées, on a été mises dans les meilleures conditions possibles pour vivre cette expérience de façon inoubliable. Moi,
- Speaker #1
je trouve que même ce qu'elles nous ont appris, en fait, dans le sens où la prépa, l'accouchement, en AD, forcément, ce n'est pas la même qu'en materne. Et moi, au final, j'avais très bien vécu la prépa. Bon, après, c'était compliqué parce que c'était un peu aussi, il y avait Covid et tout. Mais je n'avais pas très bien vécu la prépa, l'accouchement. Et en fait, quand je suis arrivée, « Ah bon, de toute façon, tu as déjà accouché. » Je me suis dit « Ben oui, donc je n'ai pas besoin de te faire de prépa à l'accouchement. » Non, alors, ça ne passe pas comme ça. Dis-moi, moi, j'ai plein de questions. Et là, on part sur la déconstruction. Et là, on part sur ce que tu disais, pour arriver à la déconstruction. Donc, on a détaillé un peu aussi de toutes ces attentes.
- Speaker #0
De toute façon, on le sait, c'est une demande qui est en augmentation. On en parle plus, et aussi pour de bonnes raisons, parce que l'APAD, avec les sages-femmes, a fait cet énorme travail. de mettre à plat toutes les pratiques, de réfléchir à ce qui était viable, de réfléchir à comment se sécuriser en tant que professionnel pour sécuriser les couples. Et c'est vrai qu'à partir de là, quand on s'organise, on peut parler. Et que les gens se rendent bien compte qu'il y a des bases solides. Moi, je trouve que les données épidémiologiques de la PAD qui sont publiées tous les ans, elles nous renseignent.
- Speaker #1
Les données épidémiologiques ?
- Speaker #0
Ah, pardon. Tous les ans, la PAD, elle… Elle publie un rapport à partir des données qui ont été collectées pour chaque accouchement réalisé par les sages-femmes. Donc, c'est des choses très médicales. Ça peut être la durée des efforts, combien de femmes ont donné naissance à la maison, combien ont été transférées, combien ont saigné, combien ont péri dans quelle position d'accouchement, etc. Et donc, ça permet quand même de faire une petite fenêtre sur ce phénomène AAD. Et c'est important d'avoir des chiffres.
- Speaker #1
Oui, c'est ce que j'allais dire. Et donc, nous avons des chiffres aujourd'hui.
- Speaker #0
Et qui sont très bons. Alors, bien sûr, on ne peut pas les confronter à ceux d'une maternité. Tu ne peux pas dire qu'il est plus sûr d'accoucher en AAD qu'à la maternité, par exemple, parce que les populations ne sont pas les mêmes. Parce qu'à la maternité, on gère tout un tas de situations qui justifient pleinement d'être étroitement pris en charge et surveillés. Mais tout de même, ça montre que... c'est protocolisé, qu'on transfère pour de bonnes raisons, qu'on peut gérer des hémorragies. On voit aussi qu'elles sont bien plus rares à domicile. Et donc, c'est là aussi, tu vois, quand j'en parlais un peu, que ça nous invite aussi, la AD, à déconstruire un certain nombre de peurs, y compris cette peur du saignement, parce qu'on est capable de le maîtriser à la maison, parce qu'on a aussi des atmosphères un peu plus propices, etc.
- Speaker #1
C'était un très bel échange, en tout cas, Laura, qu'on a eu. Moi, ça me fait du bien qu'on rediscute encore. Tu me repartages parce qu'on a échangé plusieurs fois. On va hader ensemble. Petit point, le guide de la hader, il est sorti ? Il va sortir ? Comment ça se passe ?
- Speaker #0
Le guide de la hader, c'est un manuel qui a été rédigé principalement par la PAD, l'Association professionnelle de l'accouchement à domicile, la NSFL, l'Association nationale des sages-femmes libérales. le SIAN, le collectif interassociatif autour de la naissance dont nous faisons partie, et qui propose les clés pour un accompagnement serein à domicile en toute sécurité. C'est un recueil de bonnes pratiques, à défaut d'avoir des recommandations, en tout cas, il est basé sur l'expérience de nombreuses sages-femmes. Il a été relu par des pédiatres, des gynécologues, des réanimateurs. Et donc, on est très fiers à l'association d'avoir contribué à sa rédaction. Donc, il est plutôt à destination des professionnels, mais pour les personnes qui s'intéressent à l'AAD, c'est une façon aussi d'entrer dans ce monde, de s'informer de manière éclairée, de savoir un peu quels sont les freins, les limites, etc. Et donc, il est publié aux éditions matérialogiques. et il coûte 22 euros.
- Speaker #1
Dispo pour les parents aussi, au final, ça peut faire partie de leur référence sur les ouvrages.
- Speaker #0
Oui, alors ne t'en fais pas l'irine.
- Speaker #1
Est-ce que la D peut apporter l'obstétrique de demain ? C'était un peu la fin de l'épisode, comme ça.
- Speaker #0
Oui, la D comme laboratoire.
- Speaker #1
Oui. Je te remercie beaucoup, Laura. Pour tous ceux qui nous écoutent ce soir, enfin, aujourd'hui, abonnez-vous. En tout cas, je vous remercie tous de votre écoute. A bientôt et au prochain épisode.