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Parlons Peu Parlons Perles - le Podcast

De l’or noir à Paris, à l’or noir à Tahiti la décision de partir et de tout quitter - Épisode 7

De l’or noir à Paris, à l’or noir à Tahiti la décision de partir et de tout quitter - Épisode 7

23min |15/05/2024
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23min |15/05/2024
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Description

Épisode 7 - De l’or noir à Paris, à l’or noir à Tahiti : Nathalie Le Gloahec a pris la décision de partir et de tout quitter

Comment devenir experte de la culture des perles de Tahiti après avoir travaillé dans le trading pétrolier à Paris ?

Qui n’a pas rêvé de changer de vie ? Pour partir sous les cocotiers ou ailleurs avec un projet plus proche de la Nature ou pas de projet du tout sauf de prendre assez de recul pour tenter d’y voir plus clair. Cet épisode vous explique pourquoi Nathalie Le Gloahec, fondatrice d’Ô Perles du Paradis, a tout quitté à Paris pour partir en Polynésie.

Dans cet épisode et ceux à venir, elle va partager son parcours, de ses débuts dans le trading pétrolier à Paris jusqu’à son départ en Polynésie.

’ J'ai toujours rêvé de changer de vie, préférant la nature à la vie citadine. Après avoir travaillé dans le trading pétrolier, j'ai décidé de suivre mon rêve et de partir vivre en Polynésie à l’aventure. Malgré les défis et le sexisme rencontrés parfois dans ce milieu pétrolier, j'ai rebondi en partant vivre autre chose ailleurs et je suis complétement épanouie dans ce métier qu’est la perliculture. Suivez-moi pour découvrir la suite de mon histoire ! 🏝️’

Retrouvez le récit de Nathalie Le Gloahec quand elle arrive sur l'atoll de Ahe pour aider à créer une ferme perlière.

© "Parlons Peu, Parlons Perles - Le podcast" est une production de Kahaia Henry-Le Gloahec et Nathalie Le Gloahec protégée par les droits d'auteur. Les crédits photos sont attribués à ©Tahiti Image Bank et la musique est fournie par ©Envato. Le montage est réalisé par E. Lelong. Toute reproduction, même partielle, des informations audio ou images est interdite sans autorisation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Parlons Peu Parlons Perles. Vous allez tout savoir sur les perles fines ou de culture à travers le monde sous forme d'une histoire. Que vous connaissiez déjà ce métier, que vous aimiez les perles, la Polynésie ou tout simplement la mer, ce podcast est fait pour vous. Je suis Nathalie Le Gloaecq, experte en perles de culture et fondatrice de la marque Aux Perles du Paradis. Je vais vous faire découvrir la perliculture et la vie sur une ferme perlière. Dans cet épisode et dans les prochains, je vais vous raconter comment je suis devenue experte en perles de culture de Tahiti alors que j'ai commencé ma carrière professionnelle dans le trading pétrolier à Paris. Qui n'a pas rêvé de changer de vie ? En tout cas, moi je l'ai souvent rêvé. Je ne sais pas trop si c'était pour partir sous les cocotiers ou ailleurs, mais je savais dès mon arrivée à Paris en 1992 que je n'y resterai pas si longtemps que ça, parce que je ne suis pas du tout citadine et que moi j'ai vraiment besoin de vivre dans la nature pour être rose. Alors cet épisode va vous expliquer pourquoi j'ai tout quitté à Paris pour partir en Polynésie, toute seule comme une grande. Quand on travaille dans un endroit, il y a des choses qui vont bien et des choses qui vont moins bien. J'ai été très très heureuse de commencer ma carrière professionnelle à Paris en 1992 grâce à Olivier, qui m'a embauchée chez un raffineur espagnol. Et qu'il y a eu cette audace parce qu'à l'époque, il n'y avait absolument aucune femme, ni dans la logistique, ni dans les achats, ni dans rien du tout. Ce domaine-là était vraiment réservé aux hommes. D'une façon générale, chez les raffineurs, il n'y avait pas beaucoup de femmes, à part pour être les assistantes de ces messieurs, mais sinon il n'y avait pas de femmes. J'ai été embauchée pour m'occuper de la logistique pétrolière pour ce raffineur espagnol, c'est-à-dire transporter des carburants d'un point A à un point B pour approvisionner des dépôts pétroliers qui approvisionneront ensuite des stations-services. J'ai fait ça pendant un an et demi et puis ensuite j'ai connu un premier licenciement économique. Pas grave, j'ai rebondi assez rapidement. Je suis partie travailler chez Elf et puis ensuite chez Repsol, un autre raffineur espagnol, pour créer un département complet de logistique pétrolière à partir de l'Espagne cette fois. Donc c'était passionnant. J'ai rencontré énormément de monde parce que j'ai eu la chance, grâce à Olivier, de côtoyer des gens lors de cocktails. Et à l'époque, l'Europe s'ouvrait et il y avait énormément de réunions. pour justement comprendre les tenants et aboutissants des nouvelles règles douanières en Europe. Donc j'ai connu beaucoup de monde et c'est ça qui m'a permis d'être débauchée de boîte en boîte et d'avoir des missions toujours plus intéressantes. Je suis très curieuse de nature et vraiment, travailler avec les uns et avec les autres, créer des choses, c'est vraiment quelque chose que j'aime particulièrement. Et puis ensuite, le responsable d'une centrale d'achat est venu me demander de travailler avec eux. Donc là aussi, je suis partie parce que la mission était non seulement de travailler dans la logistique, mais à court terme de devenir acheteuse, donc d'acheter et de vendre du carburant pour le premier distributeur français. J'ai adoré faire ça. Vraiment, ce métier a été totalement passionnant pendant toutes ces sept années. Parce qu'on est dans un monde où la géopolitique est au centre de notre univers, donc il faut s'intéresser à tout ce qui se passe dans le monde et gérer au mieux les risques, essayer d'anticiper les marchés, de savoir ce qui va se passer pour voir si les prix vont monter ou descendre. Et c'est vraiment quelque chose qui m'a passionnée. Et puis un beau jour, grosse déception, je découvre que mon salaire n'est pas du tout à la hauteur de celui de mon collègue. Et là, c'est vraiment la douche froide parce que j'ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie à toutes ces entreprises. Je me suis vraiment investie beaucoup parce que j'ai aimé mon métier profondément. Et là, je me suis sentie humiliée, en fait, parce que j'avais l'impression de donner autant. Je gérais la moitié de la France pour cette entreprise. Et voilà, j'ai été non seulement déçue, très en colère, mais humiliée. Alors, qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ? Eh bien... on se pose comme en plongée, on s'arrête, on respire et ensuite on réfléchit. Voilà, c'est ce qu'on doit faire en cas de panique. Et là, je n'étais pas paniquée, mais j'étais dans une situation qui m'a totalement déstabilisée. Alors, je me suis mise à faire le point. Qu'est-ce que je veux vraiment dans la vie ? Qu'est-ce qui va ? Qu'est-ce qui va moins bien ? Et qu'est-ce que je voudrais pour demain ? J'arrivais à une date butoir aussi, qui les anniversaires en dizaines sont aussi des périodes de changement, et j'allais avoir 30 ans. 30 ans, je suis à Paris, j'ai une carrière formidable, j'ai beaucoup d'amis, j'ai énormément de chance parce que autant la vie parisienne au départ m'a déstabilisée parce que vraiment je me sentais tellement seule dans ce monde où il y avait tellement de monde. Et puis petit à petit, je me suis fait beaucoup d'amis et c'était vraiment extraordinaire. 97-98, ce sont des années où plein de copains et copines se marient et c'est extraordinaire, on fait la fête, c'est joyeux et ça c'est vraiment très sympa. Côté cœur, de mon côté, c'est la Bérésina. Rien ne va. Bon, c'est un moment qui n'est pas très glorieux. Donc de ce côté-là, ce n'est pas très positif. Côté santé, j'ai malheureusement eu trois zonas en un an et demi. Le médecin que j'ai vu pour le troisième était inquiet parce qu'il m'a dit ne jamais avoir vu ça. Il ne savait même pas que c'était possible de faire trois zonas en moins d'un an et demi à moins de 30 ans surtout. Donc si jeune pour faire des zonas qui sont connues pour être des maladies qui touchent des gens un peu plus âgés. Donc il me dit écoutez, je ne sais pas quelle est votre vie, mais je serai vous, je réfléchirai. Il y a sans doute quelque chose qu'il faudrait changer dans votre vie pour l'améliorer et pour faire en sorte que votre système immunitaire reprenne un peu du poil de la bête et vous amène à vivre assez longtemps. Ok, ok, donc là quand la santé est touchée, c'est rédhibitoire en fait, il faut vraiment réfléchir, là il n'y a plus le temps de perdre du temps. Donc je me pose et je réfléchis à ce qui me va dans la vie et ce qui ne me va pas. Pendant toutes ces années où j'ai travaillé dans le trading, j'ai aussi beaucoup voyagé. J'ai eu cette chance-là. Et j'ai beaucoup voyagé pour faire de la plongée bouteille, qui est vraiment devenue une passion. À chaque fois, je passais un niveau de plongée différent. Et en juillet Je pars avec le vieux campeur, en fait je prenais des cours à Paris où il y avait des entraînements en piscine qui me permettaient de me défouler et de nager, de nager, de nager. Et en juillet 98, je pars en Égypte, en mer Rouge, pour passer le dernier niveau que je voulais passer, c'est-à-dire devenir divemaster. C'est-à-dire qu'avec ce niveau-là, on peut travailler dans un club de plongée pour accompagner des gens certifiés. Voilà, c'était un plan B. Je n'ai jamais vraiment pensé honnêtement que j'allais travailler dans un club de plongée, mais c'était quand même dans un coin de ma tête. Je pouvais avoir un job quelque part ailleurs sur la planète, au bord de l'eau, dans un coin sympathique. Donc j'ai beaucoup voyagé. dans des endroits plutôt chouettes qui avaient des cocotiers du sable blanc et de la mer turquoise, où j'ai vu des tas de poissons, des tas de fonds merveilleux. Et à chaque fois, je regardais avec envie la Polynésie. Je voyais les noms de Tahiti, Bora Bora, Rangiroa. Quand on est plongeur, Rangiroa, c'est un peu la Mecque. Je regardais ça avec envie, mais je trouvais que c'était loin. Et pour 15 jours de vacances, quand on fait de la plongée, il y a le voyage, il faut être en forme pour plonger, il y a le décalage horaire, tout ça. Et ça me semblait un peu compliqué. Et je ne sais pas pourquoi, en 1992, quand j'ai commencé ma carrière professionnelle, Olivier, mon chef de l'époque, partait en vacances quelques temps après mon arrivée. Et sur son bureau, il y avait un catalogue de voyages magnifique, comme il y avait à l'époque. et qu'il y a encore toujours, heureusement, mais de moins en moins quand même. Et j'ouvre son catalogue de voyages et je tombe sur les pilotis de Bora Bora. Et alors là, qu'est-ce qui me prend ? Je ne sais pas. Ça a vraiment été dit sans préméditation. Je lui ai dit, un jour, je dirais, habitez là-bas. Et il était resté me regarder. Il avait éclaté de rire. Il m'avait dit, oui, oui, d'accord. Tout le monde a envie de changer de vie, de partir à Tahiti. Mais personne ne le fait jamais. Et... Ça m'avait semblé un peu idiot ce qu'il me disait. Et j'avais dit, je t'assure, un jour je partirai là-bas. Bon voilà, c'est vraiment sorti comme ça, je n'avais jamais réfléchi auparavant. Et c'est toujours resté dans un coin de ma tête. Donc, 98, il y a plein de choses qui ne vont pas dans ma vie. Et quand les choses ne vont pas, il faut assez rapidement agir pour que l'équilibre revienne et que la vie reprenne son cours agréable. Alors, je me rappelle de tout ça. Je pars plonger en Égypte et vraiment après une semaine dans l'eau, pourtant ça n'a pas été très agréable parce que ça a été très très très sportif, mon instructeur était un ancien commando marine et vraiment je vous assure qu'il ne nous est pas de cadeau, il fallait qu'on ait notre diplôme de dive master mais qu'on le mérite, qu'on ait prouvé qu'on était capable et c'était très bien, c'était très sportif. Et ça m'a vraiment plu d'être dans l'eau pendant une semaine. Et au retour, dans l'avion, là encore sans aucune préméditation, je dis à Gaëlle, l'amie avec qui j'étais, je dis Demain, je démissionne. Alors là, stupéfaction, elle me dit Tu démissionnes, mais tu démissionnes, mais c'est-à-dire, je dis pas tout simplement, demain matin, je vais aller voir mon chef et je vais lui remettre ma démission. Je vais partir. Ok, et tu pars où ? À Tahiti. Ok, et pourquoi ? Et là je déroule très simplement en fait, j'ai tout le temps lu des livres d'aventuriers. Le livre qui m'a vraiment marquée c'est le livre de Moitessier, Tamata et l'Alliance, qui explique qu'il a quitté le tour du monde à la voile, il était en course et il décide d'arrêter. et il s'en va vers la Polynésie, donc il arrive au Marquise et au Toamotu, et au Toamotu, il tombe amoureux d'un atoll qui s'appelle Ae, et il va y habiter plus tard avec sa compagne, et ils feront du compost, enfin bref, il raconte sa vie là-bas. Et moi, je suis sidérée de lire ça, et je trouve ça vraiment fabuleux. Vous découvrirez dans les épisodes suivants que je vais me retrouver sur le même atoll que là où était Moët aussi, comme quoi la vie est rigolote. Bref, je reviens à 98, le lundi matin, le lendemain de mon retour d'Egypte, je vais voir mon chef, je lui annonce que je démissionne. Je crois qu'il n'est pas vraiment surpris, ça ne l'arrange pas que ce soit en juillet 98, parce que je ne sais pas si vous vous rappelez, mais le 6 juillet 98, la France est en effervescence, puisque le 12 juillet, il y a la finale de la Coupe du Monde, qui va rendre zinzin à peu près toute la France, et ça va être un moment vraiment merveilleux. Bref... Il y a de l'euphorie, donc il m'explique que ça tombe mal. Oui, les démissions tombent toujours mal et que ça ne l'arrange pas. Comme je suis fâchée, mais je n'ai pas envie de partir en mauvais terme, je reste travailler jusqu'à mi-août. Et là, mi-août, je pars vraiment de Paris. Je quitte tout. J'ai lâché mon appartement, j'ai vidé mon appartement. J'ai donné tout ce que j'avais à des gens qui étaient des copains ou... des gens de ma connaissance. Bref, je vide mon appartement et là, mais quel soulagement ! Je pars en Bretagne, je vais me reposer, me refaire une petite santé. Et finalement, je vais partir en novembre 98 en Polynésie. Et entre septembre et novembre, je suis allée regarder comment ça se passe pour s'installer en Polynésie. Avant de quitter Paris, j'étais allée voir la maison de Tahiti et des îles. J'avais discuté avec la personne qui était là et qui m'avait raconté un peu la vie en Polynésie. J'avais pris le catalogue, j'avais écrit. À l'époque, on écrivait avec des lettres. Et j'avais écrit à plusieurs pensions de famille pour réserver quelque chose pour l'arrivée, parce que c'est facile de prendre un pied d'avion, mais il faut quand même prévoir un peu son arrivée. Surtout que je ne considère pas que je pars en vacances, je pars habiter en Polynésie. Je prendrais un billet d'avion finalement open sur un an, puisque un aller-retour coûte moins cher qu'un aller simple. Donc je me dis, comme ça, si ça ne me plaît vraiment pas, si sur les 118 îles, il n'y en a vraiment aucune qui ne me convient, je rentrerais. Je n'ai pas de risque. Pour moi, à l'époque, je n'avais pas peur parce que je n'avais pas de risque à prendre. Et ça fait sept ans que je gère du risque. Donc le risque, je sais ce que c'est. Et quel serait le risque ? C'est de ne plus trouver de boulot. Mais je sais que je peux trouver du travail puisque j'ai été débauchée plusieurs fois des différentes sociétés dans lesquelles j'étais. Et après, je n'avais pas encore travaillé en Europe. Donc j'avais plein de collègues en Suisse ou en Angleterre. Je savais qu'il y avait du travail. Donc il n'y avait pas de risque pour moi à partir. En tout cas, je considérais que le risque était pratiquement nul. Donc je prends ce billet d'avion open sur un an, mais vraiment avec le cœur léger en me disant peut-être que j'utiliserai le retour ou peut-être pas. Et je prévois donc de partir en Polynésie dans des pensions de famille, comme je viens de vous dire. Donc je leur écris. Trois d'entre elles, mais vraiment tellement gentiment, me répondent en me disant Bien sûr, t'es la bienvenue, tu peux rester 15 jours, un mois, enfin on a de la place, tu peux réserver, y'a pas de soucis. Mais attention, en Polynésie, il y a des chiens et des coques qui font beaucoup de bruit. Et à chaque fois maintenant que j'entends parler des... Des gens qui râlent parce qu'il y a des chiens et des coques, ça me rappelle ces lettres-là. Oui, il y a des chiens et des coques qui font du bruit, mais comme partout dans le monde, j'ai envie de dire. Bon, finalement, je n'aurai pas besoin de réserver une pension de famille parce que le hasard a fait que des amis de mes parents sont mutés à Tahiti pour y frémèrent. Donc, ils acceptent de m'héberger 15 jours. Et c'est ce qui se passe. Donc, tout simplement, je vais chez Nouvelles Frontières. Je prends un billet aller-retour open sur un an. Je prépare ma valise. Je me souviens de regarder les magasins à Brest avec les collections hiver en me disant je n'en aurais plus besoin. Et ça, ça a été un grand bonheur. C'était un petit bonheur simple, mais un grand bonheur. Et en novembre 98, je me retrouve à Orly avec mes amis Eric et Nassera qui sont venus m'accompagner pour ce grand départ. Et je suis totalement zen. Je suis sûre d'avoir pris la bonne décision. J'ai quitté un job en or massif, mais il était temps de partir. Ma santé n'avait pas été au top. Je pense que j'ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie à tous les boulots qui m'ont fait confiance aussi. Vraiment, je tiens à le dire, j'ai eu beaucoup de chance d'avoir des hommes dans ma vie qui m'ont fait confiance et qui m'ont donné un travail que les autres ne m'auraient pas donné. Parce que j'ai oublié de mentionner ça, mais c'est vrai que pendant ces sept années-là, il y a eu... mais vraiment l'essentiel, 95% des gens de la profession, des hommes de la profession qui m'ont fait confiance. Et il y a eu évidemment 5% de grincheux. Misogyne, qui ne voyait pas ce qu'une femme faisait là, encore moins une femme de moins de 30 ans. Vous imaginez, j'ai commencé à acheter, j'avais 26 ans. Donc c'était compliqué pour certains vendeurs de carburant de se dire qu'une jeune femme était capable de comprendre les spécifications du gasoil et de gérer, de faire des contrats, de négocier des contrats, d'affrêter des bateaux. Tout ça, ça les dépassait. Je me rappelle une petite anecdote qui a vraiment été pour moi le symbole de ces sept années dans ce milieu-là où il y avait des Mathieu et il y avait des gens formidables. C'était un soir, il y avait une compétition de karting organisée par un raffineur. Et le responsable commercial qui organisait ça m'avait appelé en me disant Je fais une soirée casting, est-ce que tu as envie de venir ? Je lui réponds que oui, j'ai envie, j'aime bien, d'accord, je viens. Et c'est tout, il ne me pose pas d'autres questions. Quand j'arrive le soir de la compétition, c'est une compétition sympathique, c'est vraiment avec les acheteurs du milieu du pétrole et avec toute l'équipe de vente de ce raffineur. Et je comprends qu'il m'a mise dans son équipe parce que je suis une femme et que pour lui, ça veut dire que je ne vais pas être en compétition avec lui. Je ne suis pas capable d'être en compétition avec lui. Et lui, il adore le karting. Donc, il fait ça pour se faire plaisir et il a bien raison. Il a organisé toute la soirée en invitant le grand patron de ce raffineur. Il y a un podium, des fleurs et tout pour le final de la compétition. Mais ça, je le découvrirai à la fin. Bref, on est je crois 25-30 à être invité, donc on commence à tourner, à voir un peu, reconnaître le circuit et puis on rentre au paddock. Là, il est déjà énervé parce qu'il voit que je ne suis pas si nulle que ça. Que je sais conduire un kart. Donc il est fâché parce que je ne lui ai pas dit que je savais conduire un kart. C'est le propre d'un commercial de poser des questions pour savoir à qui il a affaire. Et pourtant, on se connaissait depuis des années et des années, mais pas sur ce plan-là, évidemment. Et ce qu'il ne savait pas, c'est que les années précédentes, j'avais été invitée par un autre raffineur à faire les 24 heures de la distribution. Bref, c'est une grosse compétition. Et là, qui se passe au Mans, sur le plus grand circuit de karting de France. Donc, j'avais eu la chance d'apprendre le karting au Mans. C'est un truc complètement démentiel. Il n'y a que dans ce milieu-là qu'on peut faire ce genre de choses. Parce que sinon, pour accéder à ce genre de circuit, il faut déjà être très bon. Moi, j'ai débuté sur ce circuit. peu importe, donc avec encore une fois une équipe de garçons hyper sympa qui m'avait fait confiance. Et on n'était pas là pour gagner, on était là pour s'amuser. Donc c'était vraiment formidable. Sauf que ce soir-là, à Paris, en circuit indoor, ce monsieur, l'organisateur, n'était pas là pour s'amuser, il était là pour gagner. Bon, bref. Je raconte ça parce que ça a été vraiment l'incarnation de tout ce que j'ai détesté dans ce milieu-là. Donc, il ne me pose pas de questions. Il considère que comme je suis une femme, je ne sais pas conduire. Je ne vais pas lui faire d'ombre. Il me met dans son équipe pour que je sois éliminée le plus vite possible et que lui fasse la compétition, monte sur la première marche, soit salué par son patron. Bref, un truc incroyable. Bon, tout ça s'est mis par terre. Voilà, parce que moi, quand on... Quand on me met au défi, j'aime bien relever le défi. J'ai gagné la compétition. Donc, ça l'a énervé. Il était deuxième, mais j'ai gagné la compétition. Ce que je ne lui avais pas dit, c'est que lorsqu'il m'a invité à cette soirée, je suis allée quelques jours avant avec un ami, Nicolas, qui a été très, très, très bon en karting au niveau français. Et j'ai essayé de le suivre pendant deux, trois sessions de dix minutes pour voir ses trajectoires et reconnaître le circuit. Et c'est ça en fait, c'est ça que cet homme n'a pas compris. C'est que moi, quand on m'invite quelque part ou quand je ne connais pas quelque chose, je m'entraîne, j'apprends avant de me mettre au défi. Donc j'avais appris, j'étais déjà allée sur ce circuit. Mais évidemment, comme il ne m'a pas posé la question, je n'ai pas fanfaronné puisque je n'avais absolument pas à le faire. Bref, c'était l'incarnation de ces sept années dans ce milieu-là. C'était formidable, mais c'était aussi très difficile. Parce que souvent, je devais faire face à des hommes qui étaient très misogynes et qui ne voyaient pas du tout par quelle opération du Saint-Esprit, moi, j'étais capable de parler gasoil et sans plomb, et à fretter du bateau et tout ça. Bref, je quitte ce milieu-là. D'un côté, le cœur léger parce que je suis fatiguée de toutes ces remarques sexistes. Et d'un autre côté, je suis triste parce que j'ai eu beaucoup de chance de faire ce métier. Et l'équipe avec laquelle je travaillais, c'était une toute petite équipe. Nous étions six uniquement pour gérer toute la France. C'était extraordinaire de travail, d'ambiance et c'était formidable. Mais il y avait le mais du salaire et ça, c'était vraiment pas agréable. Voilà, de découvrir finalement, quatre ans après le départ, qu'il y avait quand même ce gros souci d'écart de salaire. Mais grâce à eux, la décision de partir en Polynésie a été activée. Et juillet 98, je démissionne. Novembre 98, je pars à Tahiti. et finalement je ne reviendrai qu'11 années plus tard et le reste de la suite je vous la raconte dans le prochain épisode en tout cas je vous remercie beaucoup de votre écoute je vous invite à partager ce podcast et à nous suivre sur nos réseaux sociaux LinkedIn, Facebook et Instagram arrobase au perle du paradis Vous pouvez aussi découvrir sur notre site internet www.operleduparadis.com toute notre collection, bien sûr, mais aussi ma vie. En fait, je raconte la vie au Toa Motu et la vie de la perliculture. Je vous invite à la découvrir en photo et en texte. Et bien évidemment, si vous avez des questions ou si vous voulez que je parle d'un sujet précis, n'hésitez pas à m'en faire part sur les réseaux sociaux. En attendant, parlons peu, parlons perles !

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Épisode 7 - De l’or noir à Paris, à l’or noir à Tahiti : Nathalie Le Gloahec a pris la décision de partir et de tout quitter

Comment devenir experte de la culture des perles de Tahiti après avoir travaillé dans le trading pétrolier à Paris ?

Qui n’a pas rêvé de changer de vie ? Pour partir sous les cocotiers ou ailleurs avec un projet plus proche de la Nature ou pas de projet du tout sauf de prendre assez de recul pour tenter d’y voir plus clair. Cet épisode vous explique pourquoi Nathalie Le Gloahec, fondatrice d’Ô Perles du Paradis, a tout quitté à Paris pour partir en Polynésie.

Dans cet épisode et ceux à venir, elle va partager son parcours, de ses débuts dans le trading pétrolier à Paris jusqu’à son départ en Polynésie.

’ J'ai toujours rêvé de changer de vie, préférant la nature à la vie citadine. Après avoir travaillé dans le trading pétrolier, j'ai décidé de suivre mon rêve et de partir vivre en Polynésie à l’aventure. Malgré les défis et le sexisme rencontrés parfois dans ce milieu pétrolier, j'ai rebondi en partant vivre autre chose ailleurs et je suis complétement épanouie dans ce métier qu’est la perliculture. Suivez-moi pour découvrir la suite de mon histoire ! 🏝️’

Retrouvez le récit de Nathalie Le Gloahec quand elle arrive sur l'atoll de Ahe pour aider à créer une ferme perlière.

© "Parlons Peu, Parlons Perles - Le podcast" est une production de Kahaia Henry-Le Gloahec et Nathalie Le Gloahec protégée par les droits d'auteur. Les crédits photos sont attribués à ©Tahiti Image Bank et la musique est fournie par ©Envato. Le montage est réalisé par E. Lelong. Toute reproduction, même partielle, des informations audio ou images est interdite sans autorisation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Parlons Peu Parlons Perles. Vous allez tout savoir sur les perles fines ou de culture à travers le monde sous forme d'une histoire. Que vous connaissiez déjà ce métier, que vous aimiez les perles, la Polynésie ou tout simplement la mer, ce podcast est fait pour vous. Je suis Nathalie Le Gloaecq, experte en perles de culture et fondatrice de la marque Aux Perles du Paradis. Je vais vous faire découvrir la perliculture et la vie sur une ferme perlière. Dans cet épisode et dans les prochains, je vais vous raconter comment je suis devenue experte en perles de culture de Tahiti alors que j'ai commencé ma carrière professionnelle dans le trading pétrolier à Paris. Qui n'a pas rêvé de changer de vie ? En tout cas, moi je l'ai souvent rêvé. Je ne sais pas trop si c'était pour partir sous les cocotiers ou ailleurs, mais je savais dès mon arrivée à Paris en 1992 que je n'y resterai pas si longtemps que ça, parce que je ne suis pas du tout citadine et que moi j'ai vraiment besoin de vivre dans la nature pour être rose. Alors cet épisode va vous expliquer pourquoi j'ai tout quitté à Paris pour partir en Polynésie, toute seule comme une grande. Quand on travaille dans un endroit, il y a des choses qui vont bien et des choses qui vont moins bien. J'ai été très très heureuse de commencer ma carrière professionnelle à Paris en 1992 grâce à Olivier, qui m'a embauchée chez un raffineur espagnol. Et qu'il y a eu cette audace parce qu'à l'époque, il n'y avait absolument aucune femme, ni dans la logistique, ni dans les achats, ni dans rien du tout. Ce domaine-là était vraiment réservé aux hommes. D'une façon générale, chez les raffineurs, il n'y avait pas beaucoup de femmes, à part pour être les assistantes de ces messieurs, mais sinon il n'y avait pas de femmes. J'ai été embauchée pour m'occuper de la logistique pétrolière pour ce raffineur espagnol, c'est-à-dire transporter des carburants d'un point A à un point B pour approvisionner des dépôts pétroliers qui approvisionneront ensuite des stations-services. J'ai fait ça pendant un an et demi et puis ensuite j'ai connu un premier licenciement économique. Pas grave, j'ai rebondi assez rapidement. Je suis partie travailler chez Elf et puis ensuite chez Repsol, un autre raffineur espagnol, pour créer un département complet de logistique pétrolière à partir de l'Espagne cette fois. Donc c'était passionnant. J'ai rencontré énormément de monde parce que j'ai eu la chance, grâce à Olivier, de côtoyer des gens lors de cocktails. Et à l'époque, l'Europe s'ouvrait et il y avait énormément de réunions. pour justement comprendre les tenants et aboutissants des nouvelles règles douanières en Europe. Donc j'ai connu beaucoup de monde et c'est ça qui m'a permis d'être débauchée de boîte en boîte et d'avoir des missions toujours plus intéressantes. Je suis très curieuse de nature et vraiment, travailler avec les uns et avec les autres, créer des choses, c'est vraiment quelque chose que j'aime particulièrement. Et puis ensuite, le responsable d'une centrale d'achat est venu me demander de travailler avec eux. Donc là aussi, je suis partie parce que la mission était non seulement de travailler dans la logistique, mais à court terme de devenir acheteuse, donc d'acheter et de vendre du carburant pour le premier distributeur français. J'ai adoré faire ça. Vraiment, ce métier a été totalement passionnant pendant toutes ces sept années. Parce qu'on est dans un monde où la géopolitique est au centre de notre univers, donc il faut s'intéresser à tout ce qui se passe dans le monde et gérer au mieux les risques, essayer d'anticiper les marchés, de savoir ce qui va se passer pour voir si les prix vont monter ou descendre. Et c'est vraiment quelque chose qui m'a passionnée. Et puis un beau jour, grosse déception, je découvre que mon salaire n'est pas du tout à la hauteur de celui de mon collègue. Et là, c'est vraiment la douche froide parce que j'ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie à toutes ces entreprises. Je me suis vraiment investie beaucoup parce que j'ai aimé mon métier profondément. Et là, je me suis sentie humiliée, en fait, parce que j'avais l'impression de donner autant. Je gérais la moitié de la France pour cette entreprise. Et voilà, j'ai été non seulement déçue, très en colère, mais humiliée. Alors, qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ? Eh bien... on se pose comme en plongée, on s'arrête, on respire et ensuite on réfléchit. Voilà, c'est ce qu'on doit faire en cas de panique. Et là, je n'étais pas paniquée, mais j'étais dans une situation qui m'a totalement déstabilisée. Alors, je me suis mise à faire le point. Qu'est-ce que je veux vraiment dans la vie ? Qu'est-ce qui va ? Qu'est-ce qui va moins bien ? Et qu'est-ce que je voudrais pour demain ? J'arrivais à une date butoir aussi, qui les anniversaires en dizaines sont aussi des périodes de changement, et j'allais avoir 30 ans. 30 ans, je suis à Paris, j'ai une carrière formidable, j'ai beaucoup d'amis, j'ai énormément de chance parce que autant la vie parisienne au départ m'a déstabilisée parce que vraiment je me sentais tellement seule dans ce monde où il y avait tellement de monde. Et puis petit à petit, je me suis fait beaucoup d'amis et c'était vraiment extraordinaire. 97-98, ce sont des années où plein de copains et copines se marient et c'est extraordinaire, on fait la fête, c'est joyeux et ça c'est vraiment très sympa. Côté cœur, de mon côté, c'est la Bérésina. Rien ne va. Bon, c'est un moment qui n'est pas très glorieux. Donc de ce côté-là, ce n'est pas très positif. Côté santé, j'ai malheureusement eu trois zonas en un an et demi. Le médecin que j'ai vu pour le troisième était inquiet parce qu'il m'a dit ne jamais avoir vu ça. Il ne savait même pas que c'était possible de faire trois zonas en moins d'un an et demi à moins de 30 ans surtout. Donc si jeune pour faire des zonas qui sont connues pour être des maladies qui touchent des gens un peu plus âgés. Donc il me dit écoutez, je ne sais pas quelle est votre vie, mais je serai vous, je réfléchirai. Il y a sans doute quelque chose qu'il faudrait changer dans votre vie pour l'améliorer et pour faire en sorte que votre système immunitaire reprenne un peu du poil de la bête et vous amène à vivre assez longtemps. Ok, ok, donc là quand la santé est touchée, c'est rédhibitoire en fait, il faut vraiment réfléchir, là il n'y a plus le temps de perdre du temps. Donc je me pose et je réfléchis à ce qui me va dans la vie et ce qui ne me va pas. Pendant toutes ces années où j'ai travaillé dans le trading, j'ai aussi beaucoup voyagé. J'ai eu cette chance-là. Et j'ai beaucoup voyagé pour faire de la plongée bouteille, qui est vraiment devenue une passion. À chaque fois, je passais un niveau de plongée différent. Et en juillet Je pars avec le vieux campeur, en fait je prenais des cours à Paris où il y avait des entraînements en piscine qui me permettaient de me défouler et de nager, de nager, de nager. Et en juillet 98, je pars en Égypte, en mer Rouge, pour passer le dernier niveau que je voulais passer, c'est-à-dire devenir divemaster. C'est-à-dire qu'avec ce niveau-là, on peut travailler dans un club de plongée pour accompagner des gens certifiés. Voilà, c'était un plan B. Je n'ai jamais vraiment pensé honnêtement que j'allais travailler dans un club de plongée, mais c'était quand même dans un coin de ma tête. Je pouvais avoir un job quelque part ailleurs sur la planète, au bord de l'eau, dans un coin sympathique. Donc j'ai beaucoup voyagé. dans des endroits plutôt chouettes qui avaient des cocotiers du sable blanc et de la mer turquoise, où j'ai vu des tas de poissons, des tas de fonds merveilleux. Et à chaque fois, je regardais avec envie la Polynésie. Je voyais les noms de Tahiti, Bora Bora, Rangiroa. Quand on est plongeur, Rangiroa, c'est un peu la Mecque. Je regardais ça avec envie, mais je trouvais que c'était loin. Et pour 15 jours de vacances, quand on fait de la plongée, il y a le voyage, il faut être en forme pour plonger, il y a le décalage horaire, tout ça. Et ça me semblait un peu compliqué. Et je ne sais pas pourquoi, en 1992, quand j'ai commencé ma carrière professionnelle, Olivier, mon chef de l'époque, partait en vacances quelques temps après mon arrivée. Et sur son bureau, il y avait un catalogue de voyages magnifique, comme il y avait à l'époque. et qu'il y a encore toujours, heureusement, mais de moins en moins quand même. Et j'ouvre son catalogue de voyages et je tombe sur les pilotis de Bora Bora. Et alors là, qu'est-ce qui me prend ? Je ne sais pas. Ça a vraiment été dit sans préméditation. Je lui ai dit, un jour, je dirais, habitez là-bas. Et il était resté me regarder. Il avait éclaté de rire. Il m'avait dit, oui, oui, d'accord. Tout le monde a envie de changer de vie, de partir à Tahiti. Mais personne ne le fait jamais. Et... Ça m'avait semblé un peu idiot ce qu'il me disait. Et j'avais dit, je t'assure, un jour je partirai là-bas. Bon voilà, c'est vraiment sorti comme ça, je n'avais jamais réfléchi auparavant. Et c'est toujours resté dans un coin de ma tête. Donc, 98, il y a plein de choses qui ne vont pas dans ma vie. Et quand les choses ne vont pas, il faut assez rapidement agir pour que l'équilibre revienne et que la vie reprenne son cours agréable. Alors, je me rappelle de tout ça. Je pars plonger en Égypte et vraiment après une semaine dans l'eau, pourtant ça n'a pas été très agréable parce que ça a été très très très sportif, mon instructeur était un ancien commando marine et vraiment je vous assure qu'il ne nous est pas de cadeau, il fallait qu'on ait notre diplôme de dive master mais qu'on le mérite, qu'on ait prouvé qu'on était capable et c'était très bien, c'était très sportif. Et ça m'a vraiment plu d'être dans l'eau pendant une semaine. Et au retour, dans l'avion, là encore sans aucune préméditation, je dis à Gaëlle, l'amie avec qui j'étais, je dis Demain, je démissionne. Alors là, stupéfaction, elle me dit Tu démissionnes, mais tu démissionnes, mais c'est-à-dire, je dis pas tout simplement, demain matin, je vais aller voir mon chef et je vais lui remettre ma démission. Je vais partir. Ok, et tu pars où ? À Tahiti. Ok, et pourquoi ? Et là je déroule très simplement en fait, j'ai tout le temps lu des livres d'aventuriers. Le livre qui m'a vraiment marquée c'est le livre de Moitessier, Tamata et l'Alliance, qui explique qu'il a quitté le tour du monde à la voile, il était en course et il décide d'arrêter. et il s'en va vers la Polynésie, donc il arrive au Marquise et au Toamotu, et au Toamotu, il tombe amoureux d'un atoll qui s'appelle Ae, et il va y habiter plus tard avec sa compagne, et ils feront du compost, enfin bref, il raconte sa vie là-bas. Et moi, je suis sidérée de lire ça, et je trouve ça vraiment fabuleux. Vous découvrirez dans les épisodes suivants que je vais me retrouver sur le même atoll que là où était Moët aussi, comme quoi la vie est rigolote. Bref, je reviens à 98, le lundi matin, le lendemain de mon retour d'Egypte, je vais voir mon chef, je lui annonce que je démissionne. Je crois qu'il n'est pas vraiment surpris, ça ne l'arrange pas que ce soit en juillet 98, parce que je ne sais pas si vous vous rappelez, mais le 6 juillet 98, la France est en effervescence, puisque le 12 juillet, il y a la finale de la Coupe du Monde, qui va rendre zinzin à peu près toute la France, et ça va être un moment vraiment merveilleux. Bref... Il y a de l'euphorie, donc il m'explique que ça tombe mal. Oui, les démissions tombent toujours mal et que ça ne l'arrange pas. Comme je suis fâchée, mais je n'ai pas envie de partir en mauvais terme, je reste travailler jusqu'à mi-août. Et là, mi-août, je pars vraiment de Paris. Je quitte tout. J'ai lâché mon appartement, j'ai vidé mon appartement. J'ai donné tout ce que j'avais à des gens qui étaient des copains ou... des gens de ma connaissance. Bref, je vide mon appartement et là, mais quel soulagement ! Je pars en Bretagne, je vais me reposer, me refaire une petite santé. Et finalement, je vais partir en novembre 98 en Polynésie. Et entre septembre et novembre, je suis allée regarder comment ça se passe pour s'installer en Polynésie. Avant de quitter Paris, j'étais allée voir la maison de Tahiti et des îles. J'avais discuté avec la personne qui était là et qui m'avait raconté un peu la vie en Polynésie. J'avais pris le catalogue, j'avais écrit. À l'époque, on écrivait avec des lettres. Et j'avais écrit à plusieurs pensions de famille pour réserver quelque chose pour l'arrivée, parce que c'est facile de prendre un pied d'avion, mais il faut quand même prévoir un peu son arrivée. Surtout que je ne considère pas que je pars en vacances, je pars habiter en Polynésie. Je prendrais un billet d'avion finalement open sur un an, puisque un aller-retour coûte moins cher qu'un aller simple. Donc je me dis, comme ça, si ça ne me plaît vraiment pas, si sur les 118 îles, il n'y en a vraiment aucune qui ne me convient, je rentrerais. Je n'ai pas de risque. Pour moi, à l'époque, je n'avais pas peur parce que je n'avais pas de risque à prendre. Et ça fait sept ans que je gère du risque. Donc le risque, je sais ce que c'est. Et quel serait le risque ? C'est de ne plus trouver de boulot. Mais je sais que je peux trouver du travail puisque j'ai été débauchée plusieurs fois des différentes sociétés dans lesquelles j'étais. Et après, je n'avais pas encore travaillé en Europe. Donc j'avais plein de collègues en Suisse ou en Angleterre. Je savais qu'il y avait du travail. Donc il n'y avait pas de risque pour moi à partir. En tout cas, je considérais que le risque était pratiquement nul. Donc je prends ce billet d'avion open sur un an, mais vraiment avec le cœur léger en me disant peut-être que j'utiliserai le retour ou peut-être pas. Et je prévois donc de partir en Polynésie dans des pensions de famille, comme je viens de vous dire. Donc je leur écris. Trois d'entre elles, mais vraiment tellement gentiment, me répondent en me disant Bien sûr, t'es la bienvenue, tu peux rester 15 jours, un mois, enfin on a de la place, tu peux réserver, y'a pas de soucis. Mais attention, en Polynésie, il y a des chiens et des coques qui font beaucoup de bruit. Et à chaque fois maintenant que j'entends parler des... Des gens qui râlent parce qu'il y a des chiens et des coques, ça me rappelle ces lettres-là. Oui, il y a des chiens et des coques qui font du bruit, mais comme partout dans le monde, j'ai envie de dire. Bon, finalement, je n'aurai pas besoin de réserver une pension de famille parce que le hasard a fait que des amis de mes parents sont mutés à Tahiti pour y frémèrent. Donc, ils acceptent de m'héberger 15 jours. Et c'est ce qui se passe. Donc, tout simplement, je vais chez Nouvelles Frontières. Je prends un billet aller-retour open sur un an. Je prépare ma valise. Je me souviens de regarder les magasins à Brest avec les collections hiver en me disant je n'en aurais plus besoin. Et ça, ça a été un grand bonheur. C'était un petit bonheur simple, mais un grand bonheur. Et en novembre 98, je me retrouve à Orly avec mes amis Eric et Nassera qui sont venus m'accompagner pour ce grand départ. Et je suis totalement zen. Je suis sûre d'avoir pris la bonne décision. J'ai quitté un job en or massif, mais il était temps de partir. Ma santé n'avait pas été au top. Je pense que j'ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie à tous les boulots qui m'ont fait confiance aussi. Vraiment, je tiens à le dire, j'ai eu beaucoup de chance d'avoir des hommes dans ma vie qui m'ont fait confiance et qui m'ont donné un travail que les autres ne m'auraient pas donné. Parce que j'ai oublié de mentionner ça, mais c'est vrai que pendant ces sept années-là, il y a eu... mais vraiment l'essentiel, 95% des gens de la profession, des hommes de la profession qui m'ont fait confiance. Et il y a eu évidemment 5% de grincheux. Misogyne, qui ne voyait pas ce qu'une femme faisait là, encore moins une femme de moins de 30 ans. Vous imaginez, j'ai commencé à acheter, j'avais 26 ans. Donc c'était compliqué pour certains vendeurs de carburant de se dire qu'une jeune femme était capable de comprendre les spécifications du gasoil et de gérer, de faire des contrats, de négocier des contrats, d'affrêter des bateaux. Tout ça, ça les dépassait. Je me rappelle une petite anecdote qui a vraiment été pour moi le symbole de ces sept années dans ce milieu-là où il y avait des Mathieu et il y avait des gens formidables. C'était un soir, il y avait une compétition de karting organisée par un raffineur. Et le responsable commercial qui organisait ça m'avait appelé en me disant Je fais une soirée casting, est-ce que tu as envie de venir ? Je lui réponds que oui, j'ai envie, j'aime bien, d'accord, je viens. Et c'est tout, il ne me pose pas d'autres questions. Quand j'arrive le soir de la compétition, c'est une compétition sympathique, c'est vraiment avec les acheteurs du milieu du pétrole et avec toute l'équipe de vente de ce raffineur. Et je comprends qu'il m'a mise dans son équipe parce que je suis une femme et que pour lui, ça veut dire que je ne vais pas être en compétition avec lui. Je ne suis pas capable d'être en compétition avec lui. Et lui, il adore le karting. Donc, il fait ça pour se faire plaisir et il a bien raison. Il a organisé toute la soirée en invitant le grand patron de ce raffineur. Il y a un podium, des fleurs et tout pour le final de la compétition. Mais ça, je le découvrirai à la fin. Bref, on est je crois 25-30 à être invité, donc on commence à tourner, à voir un peu, reconnaître le circuit et puis on rentre au paddock. Là, il est déjà énervé parce qu'il voit que je ne suis pas si nulle que ça. Que je sais conduire un kart. Donc il est fâché parce que je ne lui ai pas dit que je savais conduire un kart. C'est le propre d'un commercial de poser des questions pour savoir à qui il a affaire. Et pourtant, on se connaissait depuis des années et des années, mais pas sur ce plan-là, évidemment. Et ce qu'il ne savait pas, c'est que les années précédentes, j'avais été invitée par un autre raffineur à faire les 24 heures de la distribution. Bref, c'est une grosse compétition. Et là, qui se passe au Mans, sur le plus grand circuit de karting de France. Donc, j'avais eu la chance d'apprendre le karting au Mans. C'est un truc complètement démentiel. Il n'y a que dans ce milieu-là qu'on peut faire ce genre de choses. Parce que sinon, pour accéder à ce genre de circuit, il faut déjà être très bon. Moi, j'ai débuté sur ce circuit. peu importe, donc avec encore une fois une équipe de garçons hyper sympa qui m'avait fait confiance. Et on n'était pas là pour gagner, on était là pour s'amuser. Donc c'était vraiment formidable. Sauf que ce soir-là, à Paris, en circuit indoor, ce monsieur, l'organisateur, n'était pas là pour s'amuser, il était là pour gagner. Bon, bref. Je raconte ça parce que ça a été vraiment l'incarnation de tout ce que j'ai détesté dans ce milieu-là. Donc, il ne me pose pas de questions. Il considère que comme je suis une femme, je ne sais pas conduire. Je ne vais pas lui faire d'ombre. Il me met dans son équipe pour que je sois éliminée le plus vite possible et que lui fasse la compétition, monte sur la première marche, soit salué par son patron. Bref, un truc incroyable. Bon, tout ça s'est mis par terre. Voilà, parce que moi, quand on... Quand on me met au défi, j'aime bien relever le défi. J'ai gagné la compétition. Donc, ça l'a énervé. Il était deuxième, mais j'ai gagné la compétition. Ce que je ne lui avais pas dit, c'est que lorsqu'il m'a invité à cette soirée, je suis allée quelques jours avant avec un ami, Nicolas, qui a été très, très, très bon en karting au niveau français. Et j'ai essayé de le suivre pendant deux, trois sessions de dix minutes pour voir ses trajectoires et reconnaître le circuit. Et c'est ça en fait, c'est ça que cet homme n'a pas compris. C'est que moi, quand on m'invite quelque part ou quand je ne connais pas quelque chose, je m'entraîne, j'apprends avant de me mettre au défi. Donc j'avais appris, j'étais déjà allée sur ce circuit. Mais évidemment, comme il ne m'a pas posé la question, je n'ai pas fanfaronné puisque je n'avais absolument pas à le faire. Bref, c'était l'incarnation de ces sept années dans ce milieu-là. C'était formidable, mais c'était aussi très difficile. Parce que souvent, je devais faire face à des hommes qui étaient très misogynes et qui ne voyaient pas du tout par quelle opération du Saint-Esprit, moi, j'étais capable de parler gasoil et sans plomb, et à fretter du bateau et tout ça. Bref, je quitte ce milieu-là. D'un côté, le cœur léger parce que je suis fatiguée de toutes ces remarques sexistes. Et d'un autre côté, je suis triste parce que j'ai eu beaucoup de chance de faire ce métier. Et l'équipe avec laquelle je travaillais, c'était une toute petite équipe. Nous étions six uniquement pour gérer toute la France. C'était extraordinaire de travail, d'ambiance et c'était formidable. Mais il y avait le mais du salaire et ça, c'était vraiment pas agréable. Voilà, de découvrir finalement, quatre ans après le départ, qu'il y avait quand même ce gros souci d'écart de salaire. Mais grâce à eux, la décision de partir en Polynésie a été activée. Et juillet 98, je démissionne. Novembre 98, je pars à Tahiti. et finalement je ne reviendrai qu'11 années plus tard et le reste de la suite je vous la raconte dans le prochain épisode en tout cas je vous remercie beaucoup de votre écoute je vous invite à partager ce podcast et à nous suivre sur nos réseaux sociaux LinkedIn, Facebook et Instagram arrobase au perle du paradis Vous pouvez aussi découvrir sur notre site internet www.operleduparadis.com toute notre collection, bien sûr, mais aussi ma vie. En fait, je raconte la vie au Toa Motu et la vie de la perliculture. Je vous invite à la découvrir en photo et en texte. Et bien évidemment, si vous avez des questions ou si vous voulez que je parle d'un sujet précis, n'hésitez pas à m'en faire part sur les réseaux sociaux. En attendant, parlons peu, parlons perles !

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Épisode 7 - De l’or noir à Paris, à l’or noir à Tahiti : Nathalie Le Gloahec a pris la décision de partir et de tout quitter

Comment devenir experte de la culture des perles de Tahiti après avoir travaillé dans le trading pétrolier à Paris ?

Qui n’a pas rêvé de changer de vie ? Pour partir sous les cocotiers ou ailleurs avec un projet plus proche de la Nature ou pas de projet du tout sauf de prendre assez de recul pour tenter d’y voir plus clair. Cet épisode vous explique pourquoi Nathalie Le Gloahec, fondatrice d’Ô Perles du Paradis, a tout quitté à Paris pour partir en Polynésie.

Dans cet épisode et ceux à venir, elle va partager son parcours, de ses débuts dans le trading pétrolier à Paris jusqu’à son départ en Polynésie.

’ J'ai toujours rêvé de changer de vie, préférant la nature à la vie citadine. Après avoir travaillé dans le trading pétrolier, j'ai décidé de suivre mon rêve et de partir vivre en Polynésie à l’aventure. Malgré les défis et le sexisme rencontrés parfois dans ce milieu pétrolier, j'ai rebondi en partant vivre autre chose ailleurs et je suis complétement épanouie dans ce métier qu’est la perliculture. Suivez-moi pour découvrir la suite de mon histoire ! 🏝️’

Retrouvez le récit de Nathalie Le Gloahec quand elle arrive sur l'atoll de Ahe pour aider à créer une ferme perlière.

© "Parlons Peu, Parlons Perles - Le podcast" est une production de Kahaia Henry-Le Gloahec et Nathalie Le Gloahec protégée par les droits d'auteur. Les crédits photos sont attribués à ©Tahiti Image Bank et la musique est fournie par ©Envato. Le montage est réalisé par E. Lelong. Toute reproduction, même partielle, des informations audio ou images est interdite sans autorisation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Parlons Peu Parlons Perles. Vous allez tout savoir sur les perles fines ou de culture à travers le monde sous forme d'une histoire. Que vous connaissiez déjà ce métier, que vous aimiez les perles, la Polynésie ou tout simplement la mer, ce podcast est fait pour vous. Je suis Nathalie Le Gloaecq, experte en perles de culture et fondatrice de la marque Aux Perles du Paradis. Je vais vous faire découvrir la perliculture et la vie sur une ferme perlière. Dans cet épisode et dans les prochains, je vais vous raconter comment je suis devenue experte en perles de culture de Tahiti alors que j'ai commencé ma carrière professionnelle dans le trading pétrolier à Paris. Qui n'a pas rêvé de changer de vie ? En tout cas, moi je l'ai souvent rêvé. Je ne sais pas trop si c'était pour partir sous les cocotiers ou ailleurs, mais je savais dès mon arrivée à Paris en 1992 que je n'y resterai pas si longtemps que ça, parce que je ne suis pas du tout citadine et que moi j'ai vraiment besoin de vivre dans la nature pour être rose. Alors cet épisode va vous expliquer pourquoi j'ai tout quitté à Paris pour partir en Polynésie, toute seule comme une grande. Quand on travaille dans un endroit, il y a des choses qui vont bien et des choses qui vont moins bien. J'ai été très très heureuse de commencer ma carrière professionnelle à Paris en 1992 grâce à Olivier, qui m'a embauchée chez un raffineur espagnol. Et qu'il y a eu cette audace parce qu'à l'époque, il n'y avait absolument aucune femme, ni dans la logistique, ni dans les achats, ni dans rien du tout. Ce domaine-là était vraiment réservé aux hommes. D'une façon générale, chez les raffineurs, il n'y avait pas beaucoup de femmes, à part pour être les assistantes de ces messieurs, mais sinon il n'y avait pas de femmes. J'ai été embauchée pour m'occuper de la logistique pétrolière pour ce raffineur espagnol, c'est-à-dire transporter des carburants d'un point A à un point B pour approvisionner des dépôts pétroliers qui approvisionneront ensuite des stations-services. J'ai fait ça pendant un an et demi et puis ensuite j'ai connu un premier licenciement économique. Pas grave, j'ai rebondi assez rapidement. Je suis partie travailler chez Elf et puis ensuite chez Repsol, un autre raffineur espagnol, pour créer un département complet de logistique pétrolière à partir de l'Espagne cette fois. Donc c'était passionnant. J'ai rencontré énormément de monde parce que j'ai eu la chance, grâce à Olivier, de côtoyer des gens lors de cocktails. Et à l'époque, l'Europe s'ouvrait et il y avait énormément de réunions. pour justement comprendre les tenants et aboutissants des nouvelles règles douanières en Europe. Donc j'ai connu beaucoup de monde et c'est ça qui m'a permis d'être débauchée de boîte en boîte et d'avoir des missions toujours plus intéressantes. Je suis très curieuse de nature et vraiment, travailler avec les uns et avec les autres, créer des choses, c'est vraiment quelque chose que j'aime particulièrement. Et puis ensuite, le responsable d'une centrale d'achat est venu me demander de travailler avec eux. Donc là aussi, je suis partie parce que la mission était non seulement de travailler dans la logistique, mais à court terme de devenir acheteuse, donc d'acheter et de vendre du carburant pour le premier distributeur français. J'ai adoré faire ça. Vraiment, ce métier a été totalement passionnant pendant toutes ces sept années. Parce qu'on est dans un monde où la géopolitique est au centre de notre univers, donc il faut s'intéresser à tout ce qui se passe dans le monde et gérer au mieux les risques, essayer d'anticiper les marchés, de savoir ce qui va se passer pour voir si les prix vont monter ou descendre. Et c'est vraiment quelque chose qui m'a passionnée. Et puis un beau jour, grosse déception, je découvre que mon salaire n'est pas du tout à la hauteur de celui de mon collègue. Et là, c'est vraiment la douche froide parce que j'ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie à toutes ces entreprises. Je me suis vraiment investie beaucoup parce que j'ai aimé mon métier profondément. Et là, je me suis sentie humiliée, en fait, parce que j'avais l'impression de donner autant. Je gérais la moitié de la France pour cette entreprise. Et voilà, j'ai été non seulement déçue, très en colère, mais humiliée. Alors, qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ? Eh bien... on se pose comme en plongée, on s'arrête, on respire et ensuite on réfléchit. Voilà, c'est ce qu'on doit faire en cas de panique. Et là, je n'étais pas paniquée, mais j'étais dans une situation qui m'a totalement déstabilisée. Alors, je me suis mise à faire le point. Qu'est-ce que je veux vraiment dans la vie ? Qu'est-ce qui va ? Qu'est-ce qui va moins bien ? Et qu'est-ce que je voudrais pour demain ? J'arrivais à une date butoir aussi, qui les anniversaires en dizaines sont aussi des périodes de changement, et j'allais avoir 30 ans. 30 ans, je suis à Paris, j'ai une carrière formidable, j'ai beaucoup d'amis, j'ai énormément de chance parce que autant la vie parisienne au départ m'a déstabilisée parce que vraiment je me sentais tellement seule dans ce monde où il y avait tellement de monde. Et puis petit à petit, je me suis fait beaucoup d'amis et c'était vraiment extraordinaire. 97-98, ce sont des années où plein de copains et copines se marient et c'est extraordinaire, on fait la fête, c'est joyeux et ça c'est vraiment très sympa. Côté cœur, de mon côté, c'est la Bérésina. Rien ne va. Bon, c'est un moment qui n'est pas très glorieux. Donc de ce côté-là, ce n'est pas très positif. Côté santé, j'ai malheureusement eu trois zonas en un an et demi. Le médecin que j'ai vu pour le troisième était inquiet parce qu'il m'a dit ne jamais avoir vu ça. Il ne savait même pas que c'était possible de faire trois zonas en moins d'un an et demi à moins de 30 ans surtout. Donc si jeune pour faire des zonas qui sont connues pour être des maladies qui touchent des gens un peu plus âgés. Donc il me dit écoutez, je ne sais pas quelle est votre vie, mais je serai vous, je réfléchirai. Il y a sans doute quelque chose qu'il faudrait changer dans votre vie pour l'améliorer et pour faire en sorte que votre système immunitaire reprenne un peu du poil de la bête et vous amène à vivre assez longtemps. Ok, ok, donc là quand la santé est touchée, c'est rédhibitoire en fait, il faut vraiment réfléchir, là il n'y a plus le temps de perdre du temps. Donc je me pose et je réfléchis à ce qui me va dans la vie et ce qui ne me va pas. Pendant toutes ces années où j'ai travaillé dans le trading, j'ai aussi beaucoup voyagé. J'ai eu cette chance-là. Et j'ai beaucoup voyagé pour faire de la plongée bouteille, qui est vraiment devenue une passion. À chaque fois, je passais un niveau de plongée différent. Et en juillet Je pars avec le vieux campeur, en fait je prenais des cours à Paris où il y avait des entraînements en piscine qui me permettaient de me défouler et de nager, de nager, de nager. Et en juillet 98, je pars en Égypte, en mer Rouge, pour passer le dernier niveau que je voulais passer, c'est-à-dire devenir divemaster. C'est-à-dire qu'avec ce niveau-là, on peut travailler dans un club de plongée pour accompagner des gens certifiés. Voilà, c'était un plan B. Je n'ai jamais vraiment pensé honnêtement que j'allais travailler dans un club de plongée, mais c'était quand même dans un coin de ma tête. Je pouvais avoir un job quelque part ailleurs sur la planète, au bord de l'eau, dans un coin sympathique. Donc j'ai beaucoup voyagé. dans des endroits plutôt chouettes qui avaient des cocotiers du sable blanc et de la mer turquoise, où j'ai vu des tas de poissons, des tas de fonds merveilleux. Et à chaque fois, je regardais avec envie la Polynésie. Je voyais les noms de Tahiti, Bora Bora, Rangiroa. Quand on est plongeur, Rangiroa, c'est un peu la Mecque. Je regardais ça avec envie, mais je trouvais que c'était loin. Et pour 15 jours de vacances, quand on fait de la plongée, il y a le voyage, il faut être en forme pour plonger, il y a le décalage horaire, tout ça. Et ça me semblait un peu compliqué. Et je ne sais pas pourquoi, en 1992, quand j'ai commencé ma carrière professionnelle, Olivier, mon chef de l'époque, partait en vacances quelques temps après mon arrivée. Et sur son bureau, il y avait un catalogue de voyages magnifique, comme il y avait à l'époque. et qu'il y a encore toujours, heureusement, mais de moins en moins quand même. Et j'ouvre son catalogue de voyages et je tombe sur les pilotis de Bora Bora. Et alors là, qu'est-ce qui me prend ? Je ne sais pas. Ça a vraiment été dit sans préméditation. Je lui ai dit, un jour, je dirais, habitez là-bas. Et il était resté me regarder. Il avait éclaté de rire. Il m'avait dit, oui, oui, d'accord. Tout le monde a envie de changer de vie, de partir à Tahiti. Mais personne ne le fait jamais. Et... Ça m'avait semblé un peu idiot ce qu'il me disait. Et j'avais dit, je t'assure, un jour je partirai là-bas. Bon voilà, c'est vraiment sorti comme ça, je n'avais jamais réfléchi auparavant. Et c'est toujours resté dans un coin de ma tête. Donc, 98, il y a plein de choses qui ne vont pas dans ma vie. Et quand les choses ne vont pas, il faut assez rapidement agir pour que l'équilibre revienne et que la vie reprenne son cours agréable. Alors, je me rappelle de tout ça. Je pars plonger en Égypte et vraiment après une semaine dans l'eau, pourtant ça n'a pas été très agréable parce que ça a été très très très sportif, mon instructeur était un ancien commando marine et vraiment je vous assure qu'il ne nous est pas de cadeau, il fallait qu'on ait notre diplôme de dive master mais qu'on le mérite, qu'on ait prouvé qu'on était capable et c'était très bien, c'était très sportif. Et ça m'a vraiment plu d'être dans l'eau pendant une semaine. Et au retour, dans l'avion, là encore sans aucune préméditation, je dis à Gaëlle, l'amie avec qui j'étais, je dis Demain, je démissionne. Alors là, stupéfaction, elle me dit Tu démissionnes, mais tu démissionnes, mais c'est-à-dire, je dis pas tout simplement, demain matin, je vais aller voir mon chef et je vais lui remettre ma démission. Je vais partir. Ok, et tu pars où ? À Tahiti. Ok, et pourquoi ? Et là je déroule très simplement en fait, j'ai tout le temps lu des livres d'aventuriers. Le livre qui m'a vraiment marquée c'est le livre de Moitessier, Tamata et l'Alliance, qui explique qu'il a quitté le tour du monde à la voile, il était en course et il décide d'arrêter. et il s'en va vers la Polynésie, donc il arrive au Marquise et au Toamotu, et au Toamotu, il tombe amoureux d'un atoll qui s'appelle Ae, et il va y habiter plus tard avec sa compagne, et ils feront du compost, enfin bref, il raconte sa vie là-bas. Et moi, je suis sidérée de lire ça, et je trouve ça vraiment fabuleux. Vous découvrirez dans les épisodes suivants que je vais me retrouver sur le même atoll que là où était Moët aussi, comme quoi la vie est rigolote. Bref, je reviens à 98, le lundi matin, le lendemain de mon retour d'Egypte, je vais voir mon chef, je lui annonce que je démissionne. Je crois qu'il n'est pas vraiment surpris, ça ne l'arrange pas que ce soit en juillet 98, parce que je ne sais pas si vous vous rappelez, mais le 6 juillet 98, la France est en effervescence, puisque le 12 juillet, il y a la finale de la Coupe du Monde, qui va rendre zinzin à peu près toute la France, et ça va être un moment vraiment merveilleux. Bref... Il y a de l'euphorie, donc il m'explique que ça tombe mal. Oui, les démissions tombent toujours mal et que ça ne l'arrange pas. Comme je suis fâchée, mais je n'ai pas envie de partir en mauvais terme, je reste travailler jusqu'à mi-août. Et là, mi-août, je pars vraiment de Paris. Je quitte tout. J'ai lâché mon appartement, j'ai vidé mon appartement. J'ai donné tout ce que j'avais à des gens qui étaient des copains ou... des gens de ma connaissance. Bref, je vide mon appartement et là, mais quel soulagement ! Je pars en Bretagne, je vais me reposer, me refaire une petite santé. Et finalement, je vais partir en novembre 98 en Polynésie. Et entre septembre et novembre, je suis allée regarder comment ça se passe pour s'installer en Polynésie. Avant de quitter Paris, j'étais allée voir la maison de Tahiti et des îles. J'avais discuté avec la personne qui était là et qui m'avait raconté un peu la vie en Polynésie. J'avais pris le catalogue, j'avais écrit. À l'époque, on écrivait avec des lettres. Et j'avais écrit à plusieurs pensions de famille pour réserver quelque chose pour l'arrivée, parce que c'est facile de prendre un pied d'avion, mais il faut quand même prévoir un peu son arrivée. Surtout que je ne considère pas que je pars en vacances, je pars habiter en Polynésie. Je prendrais un billet d'avion finalement open sur un an, puisque un aller-retour coûte moins cher qu'un aller simple. Donc je me dis, comme ça, si ça ne me plaît vraiment pas, si sur les 118 îles, il n'y en a vraiment aucune qui ne me convient, je rentrerais. Je n'ai pas de risque. Pour moi, à l'époque, je n'avais pas peur parce que je n'avais pas de risque à prendre. Et ça fait sept ans que je gère du risque. Donc le risque, je sais ce que c'est. Et quel serait le risque ? C'est de ne plus trouver de boulot. Mais je sais que je peux trouver du travail puisque j'ai été débauchée plusieurs fois des différentes sociétés dans lesquelles j'étais. Et après, je n'avais pas encore travaillé en Europe. Donc j'avais plein de collègues en Suisse ou en Angleterre. Je savais qu'il y avait du travail. Donc il n'y avait pas de risque pour moi à partir. En tout cas, je considérais que le risque était pratiquement nul. Donc je prends ce billet d'avion open sur un an, mais vraiment avec le cœur léger en me disant peut-être que j'utiliserai le retour ou peut-être pas. Et je prévois donc de partir en Polynésie dans des pensions de famille, comme je viens de vous dire. Donc je leur écris. Trois d'entre elles, mais vraiment tellement gentiment, me répondent en me disant Bien sûr, t'es la bienvenue, tu peux rester 15 jours, un mois, enfin on a de la place, tu peux réserver, y'a pas de soucis. Mais attention, en Polynésie, il y a des chiens et des coques qui font beaucoup de bruit. Et à chaque fois maintenant que j'entends parler des... Des gens qui râlent parce qu'il y a des chiens et des coques, ça me rappelle ces lettres-là. Oui, il y a des chiens et des coques qui font du bruit, mais comme partout dans le monde, j'ai envie de dire. Bon, finalement, je n'aurai pas besoin de réserver une pension de famille parce que le hasard a fait que des amis de mes parents sont mutés à Tahiti pour y frémèrent. Donc, ils acceptent de m'héberger 15 jours. Et c'est ce qui se passe. Donc, tout simplement, je vais chez Nouvelles Frontières. Je prends un billet aller-retour open sur un an. Je prépare ma valise. Je me souviens de regarder les magasins à Brest avec les collections hiver en me disant je n'en aurais plus besoin. Et ça, ça a été un grand bonheur. C'était un petit bonheur simple, mais un grand bonheur. Et en novembre 98, je me retrouve à Orly avec mes amis Eric et Nassera qui sont venus m'accompagner pour ce grand départ. Et je suis totalement zen. Je suis sûre d'avoir pris la bonne décision. J'ai quitté un job en or massif, mais il était temps de partir. Ma santé n'avait pas été au top. Je pense que j'ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie à tous les boulots qui m'ont fait confiance aussi. Vraiment, je tiens à le dire, j'ai eu beaucoup de chance d'avoir des hommes dans ma vie qui m'ont fait confiance et qui m'ont donné un travail que les autres ne m'auraient pas donné. Parce que j'ai oublié de mentionner ça, mais c'est vrai que pendant ces sept années-là, il y a eu... mais vraiment l'essentiel, 95% des gens de la profession, des hommes de la profession qui m'ont fait confiance. Et il y a eu évidemment 5% de grincheux. Misogyne, qui ne voyait pas ce qu'une femme faisait là, encore moins une femme de moins de 30 ans. Vous imaginez, j'ai commencé à acheter, j'avais 26 ans. Donc c'était compliqué pour certains vendeurs de carburant de se dire qu'une jeune femme était capable de comprendre les spécifications du gasoil et de gérer, de faire des contrats, de négocier des contrats, d'affrêter des bateaux. Tout ça, ça les dépassait. Je me rappelle une petite anecdote qui a vraiment été pour moi le symbole de ces sept années dans ce milieu-là où il y avait des Mathieu et il y avait des gens formidables. C'était un soir, il y avait une compétition de karting organisée par un raffineur. Et le responsable commercial qui organisait ça m'avait appelé en me disant Je fais une soirée casting, est-ce que tu as envie de venir ? Je lui réponds que oui, j'ai envie, j'aime bien, d'accord, je viens. Et c'est tout, il ne me pose pas d'autres questions. Quand j'arrive le soir de la compétition, c'est une compétition sympathique, c'est vraiment avec les acheteurs du milieu du pétrole et avec toute l'équipe de vente de ce raffineur. Et je comprends qu'il m'a mise dans son équipe parce que je suis une femme et que pour lui, ça veut dire que je ne vais pas être en compétition avec lui. Je ne suis pas capable d'être en compétition avec lui. Et lui, il adore le karting. Donc, il fait ça pour se faire plaisir et il a bien raison. Il a organisé toute la soirée en invitant le grand patron de ce raffineur. Il y a un podium, des fleurs et tout pour le final de la compétition. Mais ça, je le découvrirai à la fin. Bref, on est je crois 25-30 à être invité, donc on commence à tourner, à voir un peu, reconnaître le circuit et puis on rentre au paddock. Là, il est déjà énervé parce qu'il voit que je ne suis pas si nulle que ça. Que je sais conduire un kart. Donc il est fâché parce que je ne lui ai pas dit que je savais conduire un kart. C'est le propre d'un commercial de poser des questions pour savoir à qui il a affaire. Et pourtant, on se connaissait depuis des années et des années, mais pas sur ce plan-là, évidemment. Et ce qu'il ne savait pas, c'est que les années précédentes, j'avais été invitée par un autre raffineur à faire les 24 heures de la distribution. Bref, c'est une grosse compétition. Et là, qui se passe au Mans, sur le plus grand circuit de karting de France. Donc, j'avais eu la chance d'apprendre le karting au Mans. C'est un truc complètement démentiel. Il n'y a que dans ce milieu-là qu'on peut faire ce genre de choses. Parce que sinon, pour accéder à ce genre de circuit, il faut déjà être très bon. Moi, j'ai débuté sur ce circuit. peu importe, donc avec encore une fois une équipe de garçons hyper sympa qui m'avait fait confiance. Et on n'était pas là pour gagner, on était là pour s'amuser. Donc c'était vraiment formidable. Sauf que ce soir-là, à Paris, en circuit indoor, ce monsieur, l'organisateur, n'était pas là pour s'amuser, il était là pour gagner. Bon, bref. Je raconte ça parce que ça a été vraiment l'incarnation de tout ce que j'ai détesté dans ce milieu-là. Donc, il ne me pose pas de questions. Il considère que comme je suis une femme, je ne sais pas conduire. Je ne vais pas lui faire d'ombre. Il me met dans son équipe pour que je sois éliminée le plus vite possible et que lui fasse la compétition, monte sur la première marche, soit salué par son patron. Bref, un truc incroyable. Bon, tout ça s'est mis par terre. Voilà, parce que moi, quand on... Quand on me met au défi, j'aime bien relever le défi. J'ai gagné la compétition. Donc, ça l'a énervé. Il était deuxième, mais j'ai gagné la compétition. Ce que je ne lui avais pas dit, c'est que lorsqu'il m'a invité à cette soirée, je suis allée quelques jours avant avec un ami, Nicolas, qui a été très, très, très bon en karting au niveau français. Et j'ai essayé de le suivre pendant deux, trois sessions de dix minutes pour voir ses trajectoires et reconnaître le circuit. Et c'est ça en fait, c'est ça que cet homme n'a pas compris. C'est que moi, quand on m'invite quelque part ou quand je ne connais pas quelque chose, je m'entraîne, j'apprends avant de me mettre au défi. Donc j'avais appris, j'étais déjà allée sur ce circuit. Mais évidemment, comme il ne m'a pas posé la question, je n'ai pas fanfaronné puisque je n'avais absolument pas à le faire. Bref, c'était l'incarnation de ces sept années dans ce milieu-là. C'était formidable, mais c'était aussi très difficile. Parce que souvent, je devais faire face à des hommes qui étaient très misogynes et qui ne voyaient pas du tout par quelle opération du Saint-Esprit, moi, j'étais capable de parler gasoil et sans plomb, et à fretter du bateau et tout ça. Bref, je quitte ce milieu-là. D'un côté, le cœur léger parce que je suis fatiguée de toutes ces remarques sexistes. Et d'un autre côté, je suis triste parce que j'ai eu beaucoup de chance de faire ce métier. Et l'équipe avec laquelle je travaillais, c'était une toute petite équipe. Nous étions six uniquement pour gérer toute la France. C'était extraordinaire de travail, d'ambiance et c'était formidable. Mais il y avait le mais du salaire et ça, c'était vraiment pas agréable. Voilà, de découvrir finalement, quatre ans après le départ, qu'il y avait quand même ce gros souci d'écart de salaire. Mais grâce à eux, la décision de partir en Polynésie a été activée. Et juillet 98, je démissionne. Novembre 98, je pars à Tahiti. et finalement je ne reviendrai qu'11 années plus tard et le reste de la suite je vous la raconte dans le prochain épisode en tout cas je vous remercie beaucoup de votre écoute je vous invite à partager ce podcast et à nous suivre sur nos réseaux sociaux LinkedIn, Facebook et Instagram arrobase au perle du paradis Vous pouvez aussi découvrir sur notre site internet www.operleduparadis.com toute notre collection, bien sûr, mais aussi ma vie. En fait, je raconte la vie au Toa Motu et la vie de la perliculture. Je vous invite à la découvrir en photo et en texte. Et bien évidemment, si vous avez des questions ou si vous voulez que je parle d'un sujet précis, n'hésitez pas à m'en faire part sur les réseaux sociaux. En attendant, parlons peu, parlons perles !

Description

Épisode 7 - De l’or noir à Paris, à l’or noir à Tahiti : Nathalie Le Gloahec a pris la décision de partir et de tout quitter

Comment devenir experte de la culture des perles de Tahiti après avoir travaillé dans le trading pétrolier à Paris ?

Qui n’a pas rêvé de changer de vie ? Pour partir sous les cocotiers ou ailleurs avec un projet plus proche de la Nature ou pas de projet du tout sauf de prendre assez de recul pour tenter d’y voir plus clair. Cet épisode vous explique pourquoi Nathalie Le Gloahec, fondatrice d’Ô Perles du Paradis, a tout quitté à Paris pour partir en Polynésie.

Dans cet épisode et ceux à venir, elle va partager son parcours, de ses débuts dans le trading pétrolier à Paris jusqu’à son départ en Polynésie.

’ J'ai toujours rêvé de changer de vie, préférant la nature à la vie citadine. Après avoir travaillé dans le trading pétrolier, j'ai décidé de suivre mon rêve et de partir vivre en Polynésie à l’aventure. Malgré les défis et le sexisme rencontrés parfois dans ce milieu pétrolier, j'ai rebondi en partant vivre autre chose ailleurs et je suis complétement épanouie dans ce métier qu’est la perliculture. Suivez-moi pour découvrir la suite de mon histoire ! 🏝️’

Retrouvez le récit de Nathalie Le Gloahec quand elle arrive sur l'atoll de Ahe pour aider à créer une ferme perlière.

© "Parlons Peu, Parlons Perles - Le podcast" est une production de Kahaia Henry-Le Gloahec et Nathalie Le Gloahec protégée par les droits d'auteur. Les crédits photos sont attribués à ©Tahiti Image Bank et la musique est fournie par ©Envato. Le montage est réalisé par E. Lelong. Toute reproduction, même partielle, des informations audio ou images est interdite sans autorisation.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Parlons Peu Parlons Perles. Vous allez tout savoir sur les perles fines ou de culture à travers le monde sous forme d'une histoire. Que vous connaissiez déjà ce métier, que vous aimiez les perles, la Polynésie ou tout simplement la mer, ce podcast est fait pour vous. Je suis Nathalie Le Gloaecq, experte en perles de culture et fondatrice de la marque Aux Perles du Paradis. Je vais vous faire découvrir la perliculture et la vie sur une ferme perlière. Dans cet épisode et dans les prochains, je vais vous raconter comment je suis devenue experte en perles de culture de Tahiti alors que j'ai commencé ma carrière professionnelle dans le trading pétrolier à Paris. Qui n'a pas rêvé de changer de vie ? En tout cas, moi je l'ai souvent rêvé. Je ne sais pas trop si c'était pour partir sous les cocotiers ou ailleurs, mais je savais dès mon arrivée à Paris en 1992 que je n'y resterai pas si longtemps que ça, parce que je ne suis pas du tout citadine et que moi j'ai vraiment besoin de vivre dans la nature pour être rose. Alors cet épisode va vous expliquer pourquoi j'ai tout quitté à Paris pour partir en Polynésie, toute seule comme une grande. Quand on travaille dans un endroit, il y a des choses qui vont bien et des choses qui vont moins bien. J'ai été très très heureuse de commencer ma carrière professionnelle à Paris en 1992 grâce à Olivier, qui m'a embauchée chez un raffineur espagnol. Et qu'il y a eu cette audace parce qu'à l'époque, il n'y avait absolument aucune femme, ni dans la logistique, ni dans les achats, ni dans rien du tout. Ce domaine-là était vraiment réservé aux hommes. D'une façon générale, chez les raffineurs, il n'y avait pas beaucoup de femmes, à part pour être les assistantes de ces messieurs, mais sinon il n'y avait pas de femmes. J'ai été embauchée pour m'occuper de la logistique pétrolière pour ce raffineur espagnol, c'est-à-dire transporter des carburants d'un point A à un point B pour approvisionner des dépôts pétroliers qui approvisionneront ensuite des stations-services. J'ai fait ça pendant un an et demi et puis ensuite j'ai connu un premier licenciement économique. Pas grave, j'ai rebondi assez rapidement. Je suis partie travailler chez Elf et puis ensuite chez Repsol, un autre raffineur espagnol, pour créer un département complet de logistique pétrolière à partir de l'Espagne cette fois. Donc c'était passionnant. J'ai rencontré énormément de monde parce que j'ai eu la chance, grâce à Olivier, de côtoyer des gens lors de cocktails. Et à l'époque, l'Europe s'ouvrait et il y avait énormément de réunions. pour justement comprendre les tenants et aboutissants des nouvelles règles douanières en Europe. Donc j'ai connu beaucoup de monde et c'est ça qui m'a permis d'être débauchée de boîte en boîte et d'avoir des missions toujours plus intéressantes. Je suis très curieuse de nature et vraiment, travailler avec les uns et avec les autres, créer des choses, c'est vraiment quelque chose que j'aime particulièrement. Et puis ensuite, le responsable d'une centrale d'achat est venu me demander de travailler avec eux. Donc là aussi, je suis partie parce que la mission était non seulement de travailler dans la logistique, mais à court terme de devenir acheteuse, donc d'acheter et de vendre du carburant pour le premier distributeur français. J'ai adoré faire ça. Vraiment, ce métier a été totalement passionnant pendant toutes ces sept années. Parce qu'on est dans un monde où la géopolitique est au centre de notre univers, donc il faut s'intéresser à tout ce qui se passe dans le monde et gérer au mieux les risques, essayer d'anticiper les marchés, de savoir ce qui va se passer pour voir si les prix vont monter ou descendre. Et c'est vraiment quelque chose qui m'a passionnée. Et puis un beau jour, grosse déception, je découvre que mon salaire n'est pas du tout à la hauteur de celui de mon collègue. Et là, c'est vraiment la douche froide parce que j'ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie à toutes ces entreprises. Je me suis vraiment investie beaucoup parce que j'ai aimé mon métier profondément. Et là, je me suis sentie humiliée, en fait, parce que j'avais l'impression de donner autant. Je gérais la moitié de la France pour cette entreprise. Et voilà, j'ai été non seulement déçue, très en colère, mais humiliée. Alors, qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ? Eh bien... on se pose comme en plongée, on s'arrête, on respire et ensuite on réfléchit. Voilà, c'est ce qu'on doit faire en cas de panique. Et là, je n'étais pas paniquée, mais j'étais dans une situation qui m'a totalement déstabilisée. Alors, je me suis mise à faire le point. Qu'est-ce que je veux vraiment dans la vie ? Qu'est-ce qui va ? Qu'est-ce qui va moins bien ? Et qu'est-ce que je voudrais pour demain ? J'arrivais à une date butoir aussi, qui les anniversaires en dizaines sont aussi des périodes de changement, et j'allais avoir 30 ans. 30 ans, je suis à Paris, j'ai une carrière formidable, j'ai beaucoup d'amis, j'ai énormément de chance parce que autant la vie parisienne au départ m'a déstabilisée parce que vraiment je me sentais tellement seule dans ce monde où il y avait tellement de monde. Et puis petit à petit, je me suis fait beaucoup d'amis et c'était vraiment extraordinaire. 97-98, ce sont des années où plein de copains et copines se marient et c'est extraordinaire, on fait la fête, c'est joyeux et ça c'est vraiment très sympa. Côté cœur, de mon côté, c'est la Bérésina. Rien ne va. Bon, c'est un moment qui n'est pas très glorieux. Donc de ce côté-là, ce n'est pas très positif. Côté santé, j'ai malheureusement eu trois zonas en un an et demi. Le médecin que j'ai vu pour le troisième était inquiet parce qu'il m'a dit ne jamais avoir vu ça. Il ne savait même pas que c'était possible de faire trois zonas en moins d'un an et demi à moins de 30 ans surtout. Donc si jeune pour faire des zonas qui sont connues pour être des maladies qui touchent des gens un peu plus âgés. Donc il me dit écoutez, je ne sais pas quelle est votre vie, mais je serai vous, je réfléchirai. Il y a sans doute quelque chose qu'il faudrait changer dans votre vie pour l'améliorer et pour faire en sorte que votre système immunitaire reprenne un peu du poil de la bête et vous amène à vivre assez longtemps. Ok, ok, donc là quand la santé est touchée, c'est rédhibitoire en fait, il faut vraiment réfléchir, là il n'y a plus le temps de perdre du temps. Donc je me pose et je réfléchis à ce qui me va dans la vie et ce qui ne me va pas. Pendant toutes ces années où j'ai travaillé dans le trading, j'ai aussi beaucoup voyagé. J'ai eu cette chance-là. Et j'ai beaucoup voyagé pour faire de la plongée bouteille, qui est vraiment devenue une passion. À chaque fois, je passais un niveau de plongée différent. Et en juillet Je pars avec le vieux campeur, en fait je prenais des cours à Paris où il y avait des entraînements en piscine qui me permettaient de me défouler et de nager, de nager, de nager. Et en juillet 98, je pars en Égypte, en mer Rouge, pour passer le dernier niveau que je voulais passer, c'est-à-dire devenir divemaster. C'est-à-dire qu'avec ce niveau-là, on peut travailler dans un club de plongée pour accompagner des gens certifiés. Voilà, c'était un plan B. Je n'ai jamais vraiment pensé honnêtement que j'allais travailler dans un club de plongée, mais c'était quand même dans un coin de ma tête. Je pouvais avoir un job quelque part ailleurs sur la planète, au bord de l'eau, dans un coin sympathique. Donc j'ai beaucoup voyagé. dans des endroits plutôt chouettes qui avaient des cocotiers du sable blanc et de la mer turquoise, où j'ai vu des tas de poissons, des tas de fonds merveilleux. Et à chaque fois, je regardais avec envie la Polynésie. Je voyais les noms de Tahiti, Bora Bora, Rangiroa. Quand on est plongeur, Rangiroa, c'est un peu la Mecque. Je regardais ça avec envie, mais je trouvais que c'était loin. Et pour 15 jours de vacances, quand on fait de la plongée, il y a le voyage, il faut être en forme pour plonger, il y a le décalage horaire, tout ça. Et ça me semblait un peu compliqué. Et je ne sais pas pourquoi, en 1992, quand j'ai commencé ma carrière professionnelle, Olivier, mon chef de l'époque, partait en vacances quelques temps après mon arrivée. Et sur son bureau, il y avait un catalogue de voyages magnifique, comme il y avait à l'époque. et qu'il y a encore toujours, heureusement, mais de moins en moins quand même. Et j'ouvre son catalogue de voyages et je tombe sur les pilotis de Bora Bora. Et alors là, qu'est-ce qui me prend ? Je ne sais pas. Ça a vraiment été dit sans préméditation. Je lui ai dit, un jour, je dirais, habitez là-bas. Et il était resté me regarder. Il avait éclaté de rire. Il m'avait dit, oui, oui, d'accord. Tout le monde a envie de changer de vie, de partir à Tahiti. Mais personne ne le fait jamais. Et... Ça m'avait semblé un peu idiot ce qu'il me disait. Et j'avais dit, je t'assure, un jour je partirai là-bas. Bon voilà, c'est vraiment sorti comme ça, je n'avais jamais réfléchi auparavant. Et c'est toujours resté dans un coin de ma tête. Donc, 98, il y a plein de choses qui ne vont pas dans ma vie. Et quand les choses ne vont pas, il faut assez rapidement agir pour que l'équilibre revienne et que la vie reprenne son cours agréable. Alors, je me rappelle de tout ça. Je pars plonger en Égypte et vraiment après une semaine dans l'eau, pourtant ça n'a pas été très agréable parce que ça a été très très très sportif, mon instructeur était un ancien commando marine et vraiment je vous assure qu'il ne nous est pas de cadeau, il fallait qu'on ait notre diplôme de dive master mais qu'on le mérite, qu'on ait prouvé qu'on était capable et c'était très bien, c'était très sportif. Et ça m'a vraiment plu d'être dans l'eau pendant une semaine. Et au retour, dans l'avion, là encore sans aucune préméditation, je dis à Gaëlle, l'amie avec qui j'étais, je dis Demain, je démissionne. Alors là, stupéfaction, elle me dit Tu démissionnes, mais tu démissionnes, mais c'est-à-dire, je dis pas tout simplement, demain matin, je vais aller voir mon chef et je vais lui remettre ma démission. Je vais partir. Ok, et tu pars où ? À Tahiti. Ok, et pourquoi ? Et là je déroule très simplement en fait, j'ai tout le temps lu des livres d'aventuriers. Le livre qui m'a vraiment marquée c'est le livre de Moitessier, Tamata et l'Alliance, qui explique qu'il a quitté le tour du monde à la voile, il était en course et il décide d'arrêter. et il s'en va vers la Polynésie, donc il arrive au Marquise et au Toamotu, et au Toamotu, il tombe amoureux d'un atoll qui s'appelle Ae, et il va y habiter plus tard avec sa compagne, et ils feront du compost, enfin bref, il raconte sa vie là-bas. Et moi, je suis sidérée de lire ça, et je trouve ça vraiment fabuleux. Vous découvrirez dans les épisodes suivants que je vais me retrouver sur le même atoll que là où était Moët aussi, comme quoi la vie est rigolote. Bref, je reviens à 98, le lundi matin, le lendemain de mon retour d'Egypte, je vais voir mon chef, je lui annonce que je démissionne. Je crois qu'il n'est pas vraiment surpris, ça ne l'arrange pas que ce soit en juillet 98, parce que je ne sais pas si vous vous rappelez, mais le 6 juillet 98, la France est en effervescence, puisque le 12 juillet, il y a la finale de la Coupe du Monde, qui va rendre zinzin à peu près toute la France, et ça va être un moment vraiment merveilleux. Bref... Il y a de l'euphorie, donc il m'explique que ça tombe mal. Oui, les démissions tombent toujours mal et que ça ne l'arrange pas. Comme je suis fâchée, mais je n'ai pas envie de partir en mauvais terme, je reste travailler jusqu'à mi-août. Et là, mi-août, je pars vraiment de Paris. Je quitte tout. J'ai lâché mon appartement, j'ai vidé mon appartement. J'ai donné tout ce que j'avais à des gens qui étaient des copains ou... des gens de ma connaissance. Bref, je vide mon appartement et là, mais quel soulagement ! Je pars en Bretagne, je vais me reposer, me refaire une petite santé. Et finalement, je vais partir en novembre 98 en Polynésie. Et entre septembre et novembre, je suis allée regarder comment ça se passe pour s'installer en Polynésie. Avant de quitter Paris, j'étais allée voir la maison de Tahiti et des îles. J'avais discuté avec la personne qui était là et qui m'avait raconté un peu la vie en Polynésie. J'avais pris le catalogue, j'avais écrit. À l'époque, on écrivait avec des lettres. Et j'avais écrit à plusieurs pensions de famille pour réserver quelque chose pour l'arrivée, parce que c'est facile de prendre un pied d'avion, mais il faut quand même prévoir un peu son arrivée. Surtout que je ne considère pas que je pars en vacances, je pars habiter en Polynésie. Je prendrais un billet d'avion finalement open sur un an, puisque un aller-retour coûte moins cher qu'un aller simple. Donc je me dis, comme ça, si ça ne me plaît vraiment pas, si sur les 118 îles, il n'y en a vraiment aucune qui ne me convient, je rentrerais. Je n'ai pas de risque. Pour moi, à l'époque, je n'avais pas peur parce que je n'avais pas de risque à prendre. Et ça fait sept ans que je gère du risque. Donc le risque, je sais ce que c'est. Et quel serait le risque ? C'est de ne plus trouver de boulot. Mais je sais que je peux trouver du travail puisque j'ai été débauchée plusieurs fois des différentes sociétés dans lesquelles j'étais. Et après, je n'avais pas encore travaillé en Europe. Donc j'avais plein de collègues en Suisse ou en Angleterre. Je savais qu'il y avait du travail. Donc il n'y avait pas de risque pour moi à partir. En tout cas, je considérais que le risque était pratiquement nul. Donc je prends ce billet d'avion open sur un an, mais vraiment avec le cœur léger en me disant peut-être que j'utiliserai le retour ou peut-être pas. Et je prévois donc de partir en Polynésie dans des pensions de famille, comme je viens de vous dire. Donc je leur écris. Trois d'entre elles, mais vraiment tellement gentiment, me répondent en me disant Bien sûr, t'es la bienvenue, tu peux rester 15 jours, un mois, enfin on a de la place, tu peux réserver, y'a pas de soucis. Mais attention, en Polynésie, il y a des chiens et des coques qui font beaucoup de bruit. Et à chaque fois maintenant que j'entends parler des... Des gens qui râlent parce qu'il y a des chiens et des coques, ça me rappelle ces lettres-là. Oui, il y a des chiens et des coques qui font du bruit, mais comme partout dans le monde, j'ai envie de dire. Bon, finalement, je n'aurai pas besoin de réserver une pension de famille parce que le hasard a fait que des amis de mes parents sont mutés à Tahiti pour y frémèrent. Donc, ils acceptent de m'héberger 15 jours. Et c'est ce qui se passe. Donc, tout simplement, je vais chez Nouvelles Frontières. Je prends un billet aller-retour open sur un an. Je prépare ma valise. Je me souviens de regarder les magasins à Brest avec les collections hiver en me disant je n'en aurais plus besoin. Et ça, ça a été un grand bonheur. C'était un petit bonheur simple, mais un grand bonheur. Et en novembre 98, je me retrouve à Orly avec mes amis Eric et Nassera qui sont venus m'accompagner pour ce grand départ. Et je suis totalement zen. Je suis sûre d'avoir pris la bonne décision. J'ai quitté un job en or massif, mais il était temps de partir. Ma santé n'avait pas été au top. Je pense que j'ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup d'énergie à tous les boulots qui m'ont fait confiance aussi. Vraiment, je tiens à le dire, j'ai eu beaucoup de chance d'avoir des hommes dans ma vie qui m'ont fait confiance et qui m'ont donné un travail que les autres ne m'auraient pas donné. Parce que j'ai oublié de mentionner ça, mais c'est vrai que pendant ces sept années-là, il y a eu... mais vraiment l'essentiel, 95% des gens de la profession, des hommes de la profession qui m'ont fait confiance. Et il y a eu évidemment 5% de grincheux. Misogyne, qui ne voyait pas ce qu'une femme faisait là, encore moins une femme de moins de 30 ans. Vous imaginez, j'ai commencé à acheter, j'avais 26 ans. Donc c'était compliqué pour certains vendeurs de carburant de se dire qu'une jeune femme était capable de comprendre les spécifications du gasoil et de gérer, de faire des contrats, de négocier des contrats, d'affrêter des bateaux. Tout ça, ça les dépassait. Je me rappelle une petite anecdote qui a vraiment été pour moi le symbole de ces sept années dans ce milieu-là où il y avait des Mathieu et il y avait des gens formidables. C'était un soir, il y avait une compétition de karting organisée par un raffineur. Et le responsable commercial qui organisait ça m'avait appelé en me disant Je fais une soirée casting, est-ce que tu as envie de venir ? Je lui réponds que oui, j'ai envie, j'aime bien, d'accord, je viens. Et c'est tout, il ne me pose pas d'autres questions. Quand j'arrive le soir de la compétition, c'est une compétition sympathique, c'est vraiment avec les acheteurs du milieu du pétrole et avec toute l'équipe de vente de ce raffineur. Et je comprends qu'il m'a mise dans son équipe parce que je suis une femme et que pour lui, ça veut dire que je ne vais pas être en compétition avec lui. Je ne suis pas capable d'être en compétition avec lui. Et lui, il adore le karting. Donc, il fait ça pour se faire plaisir et il a bien raison. Il a organisé toute la soirée en invitant le grand patron de ce raffineur. Il y a un podium, des fleurs et tout pour le final de la compétition. Mais ça, je le découvrirai à la fin. Bref, on est je crois 25-30 à être invité, donc on commence à tourner, à voir un peu, reconnaître le circuit et puis on rentre au paddock. Là, il est déjà énervé parce qu'il voit que je ne suis pas si nulle que ça. Que je sais conduire un kart. Donc il est fâché parce que je ne lui ai pas dit que je savais conduire un kart. C'est le propre d'un commercial de poser des questions pour savoir à qui il a affaire. Et pourtant, on se connaissait depuis des années et des années, mais pas sur ce plan-là, évidemment. Et ce qu'il ne savait pas, c'est que les années précédentes, j'avais été invitée par un autre raffineur à faire les 24 heures de la distribution. Bref, c'est une grosse compétition. Et là, qui se passe au Mans, sur le plus grand circuit de karting de France. Donc, j'avais eu la chance d'apprendre le karting au Mans. C'est un truc complètement démentiel. Il n'y a que dans ce milieu-là qu'on peut faire ce genre de choses. Parce que sinon, pour accéder à ce genre de circuit, il faut déjà être très bon. Moi, j'ai débuté sur ce circuit. peu importe, donc avec encore une fois une équipe de garçons hyper sympa qui m'avait fait confiance. Et on n'était pas là pour gagner, on était là pour s'amuser. Donc c'était vraiment formidable. Sauf que ce soir-là, à Paris, en circuit indoor, ce monsieur, l'organisateur, n'était pas là pour s'amuser, il était là pour gagner. Bon, bref. Je raconte ça parce que ça a été vraiment l'incarnation de tout ce que j'ai détesté dans ce milieu-là. Donc, il ne me pose pas de questions. Il considère que comme je suis une femme, je ne sais pas conduire. Je ne vais pas lui faire d'ombre. Il me met dans son équipe pour que je sois éliminée le plus vite possible et que lui fasse la compétition, monte sur la première marche, soit salué par son patron. Bref, un truc incroyable. Bon, tout ça s'est mis par terre. Voilà, parce que moi, quand on... Quand on me met au défi, j'aime bien relever le défi. J'ai gagné la compétition. Donc, ça l'a énervé. Il était deuxième, mais j'ai gagné la compétition. Ce que je ne lui avais pas dit, c'est que lorsqu'il m'a invité à cette soirée, je suis allée quelques jours avant avec un ami, Nicolas, qui a été très, très, très bon en karting au niveau français. Et j'ai essayé de le suivre pendant deux, trois sessions de dix minutes pour voir ses trajectoires et reconnaître le circuit. Et c'est ça en fait, c'est ça que cet homme n'a pas compris. C'est que moi, quand on m'invite quelque part ou quand je ne connais pas quelque chose, je m'entraîne, j'apprends avant de me mettre au défi. Donc j'avais appris, j'étais déjà allée sur ce circuit. Mais évidemment, comme il ne m'a pas posé la question, je n'ai pas fanfaronné puisque je n'avais absolument pas à le faire. Bref, c'était l'incarnation de ces sept années dans ce milieu-là. C'était formidable, mais c'était aussi très difficile. Parce que souvent, je devais faire face à des hommes qui étaient très misogynes et qui ne voyaient pas du tout par quelle opération du Saint-Esprit, moi, j'étais capable de parler gasoil et sans plomb, et à fretter du bateau et tout ça. Bref, je quitte ce milieu-là. D'un côté, le cœur léger parce que je suis fatiguée de toutes ces remarques sexistes. Et d'un autre côté, je suis triste parce que j'ai eu beaucoup de chance de faire ce métier. Et l'équipe avec laquelle je travaillais, c'était une toute petite équipe. Nous étions six uniquement pour gérer toute la France. C'était extraordinaire de travail, d'ambiance et c'était formidable. Mais il y avait le mais du salaire et ça, c'était vraiment pas agréable. Voilà, de découvrir finalement, quatre ans après le départ, qu'il y avait quand même ce gros souci d'écart de salaire. Mais grâce à eux, la décision de partir en Polynésie a été activée. Et juillet 98, je démissionne. Novembre 98, je pars à Tahiti. et finalement je ne reviendrai qu'11 années plus tard et le reste de la suite je vous la raconte dans le prochain épisode en tout cas je vous remercie beaucoup de votre écoute je vous invite à partager ce podcast et à nous suivre sur nos réseaux sociaux LinkedIn, Facebook et Instagram arrobase au perle du paradis Vous pouvez aussi découvrir sur notre site internet www.operleduparadis.com toute notre collection, bien sûr, mais aussi ma vie. En fait, je raconte la vie au Toa Motu et la vie de la perliculture. Je vous invite à la découvrir en photo et en texte. Et bien évidemment, si vous avez des questions ou si vous voulez que je parle d'un sujet précis, n'hésitez pas à m'en faire part sur les réseaux sociaux. En attendant, parlons peu, parlons perles !

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