Speaker #0Bienvenue sur le podcast Parlons Peu Parlons Perles. Vous allez tout savoir sur les perles fines ou de culture à travers le monde sous forme d'une histoire. Que vous connaissiez déjà ce métier, que vous aimiez les perles, la Polynésie ou tout simplement la mer, ce podcast est fait pour vous. Je suis Nathalie Le Gloaec, experte en perles de culture et fondatrice de la marque Aux Perles du Paradis. Je vais vous faire découvrir la perliculture et la vie sur une ferme perlière. Dans cet épisode, je vais vous expliquer comment je suis passée de la ferme perlière à la fabrication des bijoux en perles de culture de Tahiti. Alors vous le savez déjà, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Bien évidemment que tout se passait bien, c'était merveilleux d'avoir construit cette ferme perlière. Ma grossesse s'est très bien passée, j'ai pu nager dans le lagon tous les jours, n'avoir mal nulle part, ne pas avoir de soucis de santé. Bref, tout s'est bien passé. Et puis, et puis, la vie, la vie fait que des surprises se mettent sur votre chemin. et qu'il faut à ce moment-là prendre des décisions qui peuvent être radicales. J'ai dû quitter la ferme Perlière et je suis partie à Montréal habiter avec notre fille. qui, donc le bébé qui est né, est une petite fille. Pourquoi Montréal ? Parce que tous mes amis habitent sur l'île de Montréal et que j'avais vraiment besoin d'être entourée à ce moment-là parce qu'il m'a fallu tout recommencer à zéro avec mon bébé cette fois, c'est-à-dire trouver une maison, racheter une voiture, évidemment trouver du travail. Et la garderie était déjà trouvée puisque mes amis avaient eu des enfants aussi dans les mêmes années. Donc je savais... qu'il y avait une place dans la garderie où tous les autres enfants étaient déjà. Donc ça, au moins, c'était assuré. En discutant avec les uns les autres, en allant de mairie en mairie sur l'île de Morea, j'ai trouvé une maison dans un endroit à Faraito, pas très loin du quai. Et c'était pratique parce que je savais que de toute façon, le travail que j'aurai plus tard serait à papayeter et qu'il me faudrait donc prendre le bateau tous les matins pour aller au travail. Je vous assure que c'est vraiment très sympathique. À Paris, on prend le métro ou le bus, la voiture si vraiment vous avez envie de supporter les embouteillages. et en Polynésie, soit vous habitez sur l'île de Tahiti, à l'est ou à l'ouest, et là aussi vous avez des embouteillages. Donc non seulement mes amis étaient à Morea, mais je n'avais aucune envie de recommencer à subir les embouteillages du matin comme je l'avais fait quelques années auparavant. Donc je choisis d'être à Morea. Et je trouve cette maison à Afraïtou. Nous nous posons là et ensuite je mets mon bébé à la garderie et je vais chercher du travail en ville. Alors j'ai des rendez-vous à droite à gauche, mon premier métier étant dans le négoce. Bien sûr que je cherche dans ce domaine-là, mais je suis ouverte à toute proposition qui sera en phase avec la vie que j'ai décidé de mener, c'est-à-dire continuer à habiter à Morea. Ça implique des horaires, en fait, des horaires qui doivent être respectés. C'est-à-dire que je prenais le bateau le matin pour être à 7h en ville, comme une grande majorité de gens, et je devais reprendre le bateau de 16h pour pouvoir aller chercher ma petite pupus avant 17h et rentrer à la maison. Donc voilà, je pouvais être en ville de 7h à 16h. Et puis, comme n'importe quelle personne qui cherche du travail, je suis allée au Cefi. Le Cefi, c'est France Travail aujourd'hui en France. Et donc, c'est un endroit où il y avait des annonces. À l'époque, c'était encore sur des feuilles A4 collées au mur. J'ai trouvé une annonce qui m'intéressait. Donc, je suis allée voir qui était derrière cela. Je suis allée directement chez l'employeur qui cherchait un conjoncturiste ou une conjoncturiste. Je vous avoue qu'à l'époque, en allant... À l'ISPF, qui est l'Institut de la statistique de Polynésie française, qui est en fait une filiale de l'INSEE, je ne savais pas exactement ce que ça voulait dire précisément être conjoncturiste. Mais c'est le bonheur de la Polynésie, c'est qu'on va directement voir les gens en fait. Donc je suis allée rencontrer le directeur de cet institut. Il m'a expliqué ce qu'il attendait de la personne qui aurait ce poste. Il m'a demandé mon mémoire de fin d'études d'école de commerce, lui disant que c'était à Brest et que ce serait compliqué pour le lendemain de le faire venir. Il m'a demandé d'écrire une note de 4 pages sur le sujet de mon choix. Vous vous en doutez, j'ai écrit quatre pages sur la perliculture et le lundi suivant, j'étais embauchée. Voilà, conjoncturiste, ça veut dire que je devais rédiger un bulletin de conjoncture, comme l'INSEE le fait dans tous les départements français et au niveau national. Donc, ça veut dire qu'il y a d'un côté les statistiques qui nous disent que ça monte et ça descend, ça nous donne des tendances statistiques. Et en face, mon travail était d'aller voir les uns et les autres, alors que ce soit dans les ministères, au gouvernement, mais évidemment aussi dans le privé, dans les entreprises. Bien sûr, avec grand plaisir, dans les GIE de Perles de Culture de Tahiti, avec les négociants. Bref, rencontrer les professionnels. qui font l'économie. pour que non seulement je puisse écrire que la progression est plutôt haussière ou baissière, mais pourquoi ? C'est ça qui est intéressant. J'ai adoré ce métier. Franchement, je ne m'attendais pas à ce que j'aime autant, parce que le choc a quand même été rude. Je ne m'attendais pas, un, à revenir travailler en ville, à travailler de nouveau dans un bureau derrière un ordinateur. Mais il faut faire avec ce que la vie nous donne. Donc, pas le temps de s'apitoyer et de pleurer sur son sort. J'ai un bébé à nourrir, il faut y aller, donc je trouve ce boulot-là. C'est un CDD, ok, ça n'est pas grave. J'ai tout à fait l'autorisation d'habiter à Morea, puisque la tranche horaire pour arriver le matin et pour partir l'après-midi correspond à mes contraintes de bateau. Donc, j'y vais. C'est un CDD d'un an qui sera renouvelé. Et pendant ce temps-là, je découvre une nouvelle vie en ville avec des collègues de travail tellement sympathiques. Franchement, c'était un grand moment. J'ai adoré la fonction territoriale. Et voilà, j'ai vraiment aimé. Bon, ça a eu une fin aussi, puisque je n'ai pas voulu passer le concours pour rentrer dans la fonction publique territoriale. Parce que franchement, mon bébé était encore toute petite. Je n'avais pas le temps le soir de retravailler les cours d'économie, de statistique, de probabilité. J'avais un job, je considérais qu'ils aimaient ce que j'écrivais, ils aimaient ce que je rédigeais. Donc voilà, ça me semblait un peu aberrant de devoir passer un concours. Je sais bien que c'est exactement ce qu'il faut faire. Mais à ce moment-là, je n'ai pas eu envie de faire cela. Donc je suis partie travailler pour un copain qui avait une boîte. d'impression numérique, grand format, où là, j'ai encore appris énormément de choses, j'adore apprendre, vous l'avez compris. Donc, c'est très bien, j'ai travaillé dans les statistiques, j'ai rencontré beaucoup de gens, et j'aime ça vraiment profondément, j'aime connaître les métiers des uns et des autres pour pouvoir en parler, et mettre en exergue les uns et les autres, parce que vraiment, chacun fait un travail formidable. Et finalement, je décide, en 2005, d'arrêter de travailler pour les uns et les autres, parce que j'en ai marre, j'ai envie de créer ma propre entreprise. Voilà, c'est comme ça. J'ai envie de pouvoir aller à l'école le matin, amener ma fille, aller la chercher l'après-midi. L'école se termine à 15h, 15h30. Donc, quand on travaille en ville, ça n'est pas possible. J'ai envie d'aller aux réunions de parents, même si elle est encore toute petite, petite. J'ai envie d'être disponible. Je ne sais pas si j'aurai un autre enfant. Cet enfant n'a que moi, à proximité, bien sûr, qu'elle a un père et des grands-parents, mais qui ne sont pas là, disponibles. J'ai envie de créer mon entreprise pour être là pour elle et pour être libre de faire exactement ce que je veux dans la vie. J'ai des compétences dans le négoce, c'était mon premier métier. J'ai quand même acheté et vendu des millions de mètres cubes de carburant. Je sais à peu près négocier. Je connais très bien la perliculture, puisqu'à travers la création de cette ferme perlière, je me suis posé énormément de questions. J'ai eu des réponses techniques et très pratiques, très pragmatiques sur la vie d'une huître d'abord, et ensuite la greffe, la récolte, tout ce que je vous explique ici. Je l'ai vécu très concrètement. Je connaissais bien les perles des Toa Motu, j'ai découvert ensuite les perles des Gambiers, qui sont un tout petit peu différentes parce que la vie des lagons n'est pas la même, donc les couleurs ne sont pas tout à fait les mêmes et tout ça. Bref, j'ai découvert encore autre chose. et j'avais travaillé chez ce négociant en métaux précieux. Donc je connaissais les métaux, l'or, l'argent, je savais qu'il y avait des montures disponibles chez les négociants pour monter les perles de culture de Tahiti. Alors j'ai réuni toutes ces compétences-là, et j'ai créé ma première entreprise en 2005, qui s'appelait Au mille et une perles Mon projet était de créer des bijoux à Montréal, chez moi, et de partir en Europe. Deux fois par an. pour changer d'air et pouvoir voyager grâce à mon entreprise. Deux, retrouver des gens ici que je n'avais pas vus depuis longtemps, essayer de créer grâce à mon réseau des premiers clients et faire du chiffre d'affaires. Et trois, j'avais envie que ma fille connaisse à peu près aussi bien la Bretagne que la Polynésie. Elle a une maman bretonne et un papa qui était en Polynésie, donc j'avais envie qu'elle connaisse un peu les deux. C'est ce qu'on va faire pendant quelques années, de 2005 à 2010. Je vais créer les bijoux en Polynésie et venir les vendre en France à travers des ventes privées dans des hôtels que j'organise. J'invite des gens à venir découvrir la collection. Je participe aussi à des festivals polynésiens. Et vraiment, ça a été un grand moment pour découvrir justement la communauté polynésienne et la communauté des gens en France qui aiment. toujours profondément la Polynésie parce qu'une fois qu'on y a goûté c'est incroyable en fait on a découvert tellement autre chose qu'on a envie de garder un lien donc moi j'aurai ce lien là depuis 2005 donc ça va faire presque 20 ans que je crée des bijoux avec des perles de culture de Tahiti bien évidemment le métier a évolué Et après avoir eu envie de créer cette entreprise en Polynésie, j'avais dit en 2000 quand nous sommes allés au Tuamotu monter la ferme Perlier, j'avais dit qu'un jour je vendrais des bijoux sur internet. Mais là, c'est pareil, c'est encore une fulgurance. C'est comme en 92, quand j'avais dit qu'un jour, j'allais habiter en Polynésie. Pour qui ? Pourquoi ? On peut appeler ça des intuitions, en fait. Je ne savais pas exactement comment j'allais le faire, ce que j'allais faire, mais j'avais dit ça. J'avais dit ça au Toa Motu, alors que nous n'avions pas l'électricité, pas le téléphone et que personne ne savait trop utiliser un ordinateur. Donc bon, personne n'a relevé ce que j'avais dit, mais... Voilà, je l'avais même écrit dans mon cahier de bord et c'est chouette d'avoir toujours eu ça en fait en tête. Alors j'ai créé un blog dès 2005, puisque à l'époque, ça se faisait de raconter sa vie et de raconter, moi j'ai commencé à raconter le métier de la perliculture, le métier des perliculteurs, le métier des travailleurs d'une ferme perlière, parce que j'ai vraiment toujours aimé ça, mettre en exergue les gens qui travaillent sur des fermes perlières. Parce que... Bien sûr que le résultat c'est une perle, mais comment est-ce que cette perle est née ? Et je trouve que l'histoire est tellement belle entre le moment où une larve d'huître est collectée, après on la met sur un chapelet, on la met en élevage pendant X temps. Quelqu'un va mettre toute son énergie, tout son cœur pour bien greffer cette huître, faire en sorte que tout va bien se passer et que nous aurons une perle à la fin sans trop savoir quelle forme ni quelle couleur elle va avoir. C'est merveilleux. Moi, je suis toujours épaté. Depuis l'année 2000, où j'ai touché du doigt ce métier, jusqu'à aujourd'hui, je ne m'en lasse pas. Et vraiment, j'ai eu beaucoup de bonheur à vous raconter tout ça, parce que c'est important de mettre en avant les gens qui travaillent dans cette filière-là. c'est un métier magnifique, c'est un métier qui peut être difficile, on peut tout perdre avec un cyclone, et c'est pour ça qu'il faut vraiment le mettre en avant. Et nous avons une chance absolument incroyable, c'est que nous avons une gemme qui est reconnue à l'international par absolument tout le monde, et cette gemme naît dans des eaux polynésiennes. sur un territoire français. Donc franchement, je suis très, très, très fière de pouvoir vous en parler et de pouvoir mettre en avant ce beau métier. Le blog m'a permis de rencontrer, de découvrir des gens en France qui lisaient ce que j'écrivais. Ils ont commencé à me demander de leur vendre des bijoux. Au départ, je n'avais pas du tout l'intention de vendre des bijoux sur le blog, puisque j'écrivais ce que je faisais, comment je montais les bijoux, et ce que j'avais fait avant, comment nous avions monté une ferme perlière. Et puis c'est tout, c'était ma seule intention. Donc au fur et à mesure, j'ai vendu des bijoux comme ça grâce à ce blog. Mais j'ai connu quelques problèmes logistiques. Donc, au fur et à mesure des mois, je me suis vraiment posé la question de comment m'organiser si je voulais continuer à vendre sur Internet. Mais un blog ne permet pas de vendre, donc comment on fait ? Et puis, par ailleurs... En 2008, j'ai eu le grand bonheur de faire un tour du monde, c'est-à-dire que je suis venue avec ma fille, qui avait donc 7 ans, en France. J'ai travaillé en France pendant un mois, au mois de novembre-décembre, enfin à cheval, mi-novembre, mi-décembre, pour vendre des bijoux pour Noël. Et puis ensuite, nous sommes parties en Asie, en Malaisie, en Thaïlande et ensuite en Australie. Et pendant trois mois, nous avons voyagé. Et vraiment, quand je suis rentrée en Polynésie, là, j'ai été piquée un peu par l'envie de découvrir d'autres territoires, de faire autre chose ou de le faire autrement. Alors, j'ai commencé à m'intéresser un peu à l'Internet, à la logistique. Et finalement, en 2010, je décide de rentrer en Bretagne, de rentrer pour moi, comme me dira ma fille. Toi, tu rentres, moi j'arrive. Et oui, elle avait tout à fait raison. Et ça n'a pas été évident, ni pour elle, ni pour moi, parce qu'on recommence tout à zéro, on change de continent. Il faut trouver une nouvelle maison, une nouvelle voiture, on recommence. Voilà, mais vous l'avez compris, je ne suis pas dépourvue d'énergie pour ça. Et créer de nouveaux projets, créer de nouvelles choses, c'est vraiment une passion pour moi dans la vie. Je n'ai pas le temps de m'ennuyer. et j'aime ça en fait j'aime profondément ça et je suis très heureuse d'être rentrée en France d'être rentrée en Bretagne, à Brest sur mes terres natales et je vous raconterai dans le prochain épisode tout ce qui s'en suivra pour la nouvelle entreprise et bien sûr nous vous attendons sur nos réseaux sociaux Instagram, Facebook ou LinkedIn arrobase au père du paradis vous pouvez bien sûr vous abonner à ce podcast pour suivre les prochains épisodes le partager avec vos amis et nous retrouver sur la boutique en ligne à travers la collection de bijoux en perles de culture que je choisis très précisément pour ne sélectionner que les plus belles et bien évidemment suivre toutes les informations sur la perliculture dans l'onglet qui porte ce même nom et suivre les aventures de la création de la ferme perlière que j'ai raconté aussi sur la boutique. Et d'ici là, parlons peu, parlons perles. A bientôt !