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#3 Cassandre Lemeilleur : L'Amour à la mode cover
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Parlons plus bas

#3 Cassandre Lemeilleur : L'Amour à la mode

#3 Cassandre Lemeilleur : L'Amour à la mode

43min |06/05/2024
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#3 Cassandre Lemeilleur : L'Amour à la mode

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43min |06/05/2024
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Description

[#3 Cassandre Lemeilleur : L'Amour à la mode] Dans ce troisième épisode, Anthony Chenu invite Cassandre Lemeilleur, styliste et créatrice de la marque Amour Collective.


Après des études de mode, et plusieurs expériences dans le cinéma, Cassandre Lemeilleur a fondé sa marque et ouvert son atelier/boutique à Granville (dans la Manche). Depuis 2018, elle organise des défilés inclusifs où se croisent et dialoguent les générations et les milieux sociaux autour de vêtements 100% recyclés auxquels la styliste donne une seconde vie.


Cassandre Lemeilleur revendique une pratique de la mode basée sur les histoires personnelles de ses mannequins en organisant notamment des castings bienveillants où chacun trouve sa place. Amour Collective a récemment investi les jardins de la Maison de Christian Dior et le Mont-Saint-Michel pour des défilés qui ont mobilisé plus de mille personnes.


Cassandre Lemeilleur reçoit Anthony Chenu dans son atelier granvillais et nous fait découvrir les coulisses de la création de ses pièces phares.


Parlons plus bas est un podcast d'Anthony Chenu à retrouver sur toutes les plateformes et sur les comptes Instagram et Facebook de l'émission.

Voix off : Justine Leroux

Mai 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai envie de montrer des vrais gens, de la vraie vie. J'ai envie de montrer du gras, j'ai envie de montrer des rides, j'ai envie de montrer la beauté partout où elle est. Qu'on puisse regarder des images sans se donner de complexes. Parlons plus bas. Podcast réalisé et présenté par Anthony Chenu.

  • Speaker #1

    Pour ce troisième épisode, j'ai rendez-vous avec Cassandre Lemeyer. Elle est styliste et c'est dans son atelier situé à Grandville, dans la Manche, qu'elle m'a donné rendez-vous. Il est 11h30.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un ancien magasin de parquet. Donc, on a refait tous les travaux. Moi, je voulais quelque chose d'épuré, qui fasse atelier et boutique, donc un sol gris assez brut, des murs blancs, puisque les vêtements sont assez colorés. Il y a quand même des grosses pointes de couleurs avec des bandes de couleurs quand on arrive. Et la pièce principale, surtout, entre la boutique et l'atelier, puisque c'est 400 mètres carrés, c'est un carreau, en fait, une vitrine qui permet aux gens, quand ils arrivent, de voir tout ce qui se passe derrière. Et en fait, je voulais une transparence pour qu'ils imagaient un peu tout le projet. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous décrire le milieu dans lequel tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis née en Bretagne, mais j'ai vécu très peu de temps là-bas. J'ai grandi dans la Manche, j'ai été très entourée, j'avais beaucoup de copains, j'étais assez joyeuse, sportive, une enfance très heureuse, voilà. J'ai baigné quand même dans le milieu du recyclage, j'avais une maman qui nous a quand même bien forgé à l'écologie, aussi à s'habiller en seconde main depuis toujours, déjà. pour trouver notre propre style et pas suivre quelque chose qui nous était imposé dans les magasins ou des choses comme ça. C'est vraiment par choix. Et donc, j'ai grandi beaucoup dans la création. Et aussi, je faisais de la musique. Donc voilà, c'était... Dans la création, je me rends compte en fait maintenant. Ouais, quand même. Et dans la joie. Quand j'étais plus jeune, je pense qu'à partir du collège, il y a un moule un peu où tu t'habilles un peu comme tout le monde. Je sentais quand même que j'avais un truc un peu différent. Et c'est au lycée où j'ai vraiment... J'ai commencé à mettre les fringues de mon père, chose qui se fait beaucoup maintenant, mais à l'époque ça se faisait pas trop, je mettais les costards de mon papa, des choses comme ça. Et j'avais une grand-mère aussi qui avait pas mal de sable, donc je mettais beaucoup ses vêtements. Mais je sentais que l'art, tout ça, je me sentais bien dedans, mais c'est assez jeune pour savoir ce que tu veux faire quand t'es au lycée, etc. Donc j'ai fait des études dans la mode après. par défaut quoi enfin tu vois c'était pas je me suis jamais dit je vais créer une marque de fringues je vais faire ci je vais faire ça c'était pas du tout même de la couture pas du tout jamais

  • Speaker #1

    Tu t'es orientée après le bac vers des études de mode, c'est ça ?

  • Speaker #0

    En fait, après le bac, j'avais fait un bac littéraire, option lourde, art plastique et musique. Pas du tout dans l'idée de parallèle des vêtements. Et je ne savais pas quoi faire. Et ma mère m'a dit, écoute, je pense que tu as quand même un attrait pour les fringues, la mode. Elle me poussait déjà à l'époque à me dire, mais va sur les réseaux, tu devrais trop avoir un blog, un truc comme ça, les gens. Et bon, moi, ce n'était pas du tout mon truc. Et donc, j'ai fait des études de mode à Bordeaux. Bordeaux, parce que j'avais suivi mon copain de l'époque. Et c'était un peu par défaut. Et même, je vais être honnête, pendant mes études, je m'y retrouvais pas. Pas du tout. Je m'entourais déjà de... Enfin, on m'inspirait plutôt de ce qui m'entourait. Donc, ce qui s'imposait un peu à moi, ce que j'allais trouver au Secours Populaire, les tissus recyclés. Et en fait, dans mes études, c'était ça. Je travaillais qu'avec des choses recyclées. Donc, j'avais trouvé le Secours Pop de Bordeaux, j'y allais, machin. Et en fait, à l'école, ils n'ont pas accepté que j'utilise des tissus recyclés. Alors, s'ils m'entendent, ils ont beaucoup changé depuis ce que je travaille avec eux. Mais c'est vrai qu'à l'époque, c'était assez compliqué parce que c'était pas du tout dans l'air du temps et que c'était considéré comme sale. Alors qu'il y a tout un travail de restauration, c'était plus la manière de faire qui m'intéressait que le résultat. En fait, je m'en fichais un peu de ce que j'allais faire. Et donc non, mes modèles, c'était plutôt ce qui m'entourait, ce que je voyais. Quand je faisais mes études, je faisais beaucoup la fête et je ramenais des trucs que je trouvais dans la rue. Et le lendemain, je me disais OK, qu'est-ce que je vais faire avec ça ? Donc j'ai tricoté avec des manches à balais, des pulls en sac poubelle. Je travaillais vraiment sur la recherche de matière pour amener un message.

  • Speaker #1

    Tu te sentais en face avec le... Le milieu dans lequel tu étudiais, tu as un peu esquissé l'idée de déjà prendre des distances avec les vêtements recyclés,

  • Speaker #0

    mais est-ce que tu te sentais vraiment appartenir à ce milieu déjà au moment des études ? faire ça. Donc si tu veux, eux, les cours, pour te donner un exemple, c'était, on va faire comme Jean-Paul Gaultier y fait, mais ça ne m'intéressait pas du tout, je ne voulais pas copier. Moi, ce que j'aurais aimé, c'est qu'on m'apprenne à savoir qui je suis, tu vois, apprendre à se connaître. pour pouvoir... Ça ne m'intéressait pas de copier. Ils me disaient, oui, de toute façon, être créateur, c'est impossible. Il faut devenir un tel, ou alors copier un tel. Waouh, non. Donc non, je ne m'y retrouvais pas du tout. Il y avait déjà ce truc de... quand même des personnes, d'être intéressées beaucoup par les parcours de vie, comme toi, j'imagine. Et donc ça, mais bon, avant de faire le lien, j'étais complètement immature. Et puis, la vie, je fais que si tu fais les liens à ce moment-là, quoi. Et même après, il m'a fallu des années avant de pouvoir comprendre ça, quoi.

  • Speaker #1

    Et c'est juste après que t'es partie travailler pour le cinéma ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, en fait, après mes études, moi, je voulais arrêter et c'est quand même une école privée, donc par respect pour mes parents, j'ai continué, j'ai eu mon diplôme. Et ensuite, j'ai eu la chance d'avoir une copine, voilà, dans le milieu du cinéma. Donc, j'ai été pistonnée pour faire mon premier stage pour un gros film quand même une grosse production pour un petit film mais qui passe au cinéma avec un gros casting Christian Clavier, Carole Bouquet Stéphane Degroud, Valérie Bonneton, Rossy Despalmas donc c'était quand même un gros truc, 27 jours de tournage et il n'y avait pas de création de vêtements dans ce film, c'est comme beaucoup de films en fait tu vas chercher des vêtements etc et moi je suis arrivée à la partie où c'était déjà fait donc il n'y avait aucune recherche de vêtements et j'ai eu un rapport très compliqué avec les acteurs, ce monde en fait super avec les acteurs ...les collègues, mais c'est aussi nos collègues, les acteurs, mais en fait, c'est pas du tout... Je trouvais qu'il y avait un monde entre nous, et nous, on devait vraiment être... Alors, merci, d'une part, pas tous, pas tous du tout, et je fais pas une généralité, mais en tout cas, moi, mon expérience à ce moment-là, c'était ça. Et je trouvais qu'on était un peu... Quand tu t'occupes du textile et que t'es dans le costume, tu peux avoir souvent tendance à être mise... Bon, bah, tu vas laver ma tâche sur mon jean perso, tu vas faire ça... Il y avait un coiffeur... ...d'un des acteurs qui m'avait balancé ses chemises perso en me filant un billet de 5 euros. J'étais un peu traumatisée et j'avais un fort caractère quand même à cette époque-là et ça me choquait déjà. Donc ça a été une expérience compliquée, j'ai quand même continué après sur des plus... Petite production sur TF1, la série Nos chers voisins. C'est pareil, en fait, c'est déjà des shows qui sont rodés. Donc, en fait, t'as juste à donner les vêtements, les laver et tout ça. Et en fait, ça m'intéressait pas, quoi. Tu vois, il n'y avait pas ce truc créatif ni humain. Et j'ai continué un petit peu, puis j'ai arrêté. Et aussi, ils te prennent en stage pendant très, très longtemps. On m'a rappelé après pour Hunger Games, quand j'avais 25 ans. pour un stage, tu vois. Donc, je me suis dit, OK, pas ça, c'est pas ce que je veux faire, mais bon, il y a quand même un truc qui me plaît. J'aimais bien le fait de rencontrer des artistes, d'avoir ce réseau un peu qui me fascinait et qui était... Ouais, qui était porteur, en tout cas dans ma tête, de quelque chose après, je pense.

  • Speaker #1

    T'as rencontré des costumiers, des costumières qui t'ont marquée ?

  • Speaker #0

    Eh bien écoute, c'est très marrant parce qu'en plus, elle commençait... Enfin là, elle est très connue. Elle était déjà connue, mais dans le milieu, mais là, sur les réseaux. Marilyn Fitoussi, qui est la costumière, avec qui je bossais moi, sur TF1, sur Nos Chers Voisins. Et elle, elle est la costumière d'Emeline Paris. Donc c'est elle qui fait tous les looks de la série. Et donc là, sur les réseaux, c'est trop marrant.

  • Speaker #1

    Son travail est très vu, très commenté.

  • Speaker #0

    Son travail est très vu et finalement, ça la représente. C'est quelqu'un de... Quand je l'ai vue la pousser quelqu'un qui fait waouh quoi, tu la vois la première fois, elle a un style. Et je me souviens que je me faisais déjà mes vêtements et j'allais bosser avec mes fringues sur ce tournage-là et elle adorait. Donc en fait, on avait vachement échangé là-dessus et je me sens que ça m'a marquée. Globalement, toutes les costumières, Chloé Bartogneau aussi avec qui j'avais bossé sur le film Une heure de tranquillité, qui m'a appris la rigueur du travail, le fait d'avoir l'impression de perdre du temps à faire des choses, qui m'a beaucoup appris sur maintenant. Le fait que je restaure des tissus, on a l'impression de perdre du temps, mais c'est ce qui est important dans toute la démarche créative que j'ai maintenant.

  • Speaker #1

    Tu as vécu à Berlin aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, après j'ai continué, j'ai fait attaché de presse dans une assistante attachée de presse, etc. Et je me suis dit là, pareil, ce n'est pas du tout pour moi. C'était très intéressant, j'ai regardé de très bons souvenirs. Et après, j'étais complètement perdue. Parce que je me dis, ça fait quand même beaucoup d'expériences où je me dis que ce n'est pas pour moi. Et donc, je suis revenue à Grandville avant, et le Secours Populaire m'a demandé pour les 70 ans de faire un défilé. Ils voulaient faire un petit truc dans leur rue et tout ça. Je me dis, non, on va s'intégrer à un événement. J'ai rencontré, qui est devenu une très bonne amie à moi maintenant, Marlène Huard, qui avait fait les traversées sonores. Et on s'était intégrés à cet événement-là. On avait eu plus de 300 personnes pour un truc tout petit. C'était finalement les prémices d'amour collectif, puisqu'on avait fait les castings au Secours Populaire. Donc en fait, c'était des gens que je ne connaissais pas, des adhérents du Secours Populaire. Donc soit des gens dans le besoin, soit des gens qui venaient déposer. Et je ne faisais qu'à partir des vêtements ou des tissus que je trouvais là-bas. Et donc ensuite, je ne me suis pas dit, waouh, révélation, c'est ce que je veux faire. Pas du tout. Et je suis partie à Berlin pour changer de vie, complètement. Je me sentais un peu... J'étais perdue et je me suis dit, bon ben, je vais y vivre. Donc j'ai vécu deux ans là-bas et j'ai complètement changé de... J'avais un taf alimentaire, je vendais des déménagements par téléphone, tu vois, donc rien à voir. J'ai pris le premier truc qui me venait et donc c'était pas pour moi non plus. Et j'ai surtout eu rencontré des gens. Je me suis fait un réseau d'amis là-bas, de rencontres, de connaissances qui m'ont amenée à comprendre ma vie, à prendre de la hauteur. Caméra subjective, tu... Et en fait, les gens étaient habillés d'une certaine façon. Les cheveux orange, tout en orange. Mais en fait, je les trouvais magnifiques. Enfin, tout le monde. Parce qu'en fait, ils sont eux-mêmes et qu'ils représentaient quelque chose qui était complètement en accord avec... Tout ce qu'il pensait, et là, ça a été une vraie révélation. Et j'ai commencé, donc tu sais, tu travailles avec un casque, et j'ai commencé à éteindre ce casque et à écouter sur l'amour, le côté philosophique, mathématique, tout, tout, tout, tout. Ça me fascinait, et je me rends compte qu'en j'ai toujours été fascinée par l'amour, mais pas tant l'amour, c'est juste ce côté, en fait, ce terme fédérateur qui concerne tout le monde, en fait. Donc c'était les histoires de vie, et j'ai dit à mon père, écoute, je pose ma démission, trouve-moi un local, je rentre à Grandville, je vais les trouver. Je sais ce pourquoi je suis faite et j'avais l'impression que mes chakras étaient alignés. Vraiment, ça m'a fait le... Je pourrais te dire, le jour, l'heure, j'étais en accord avec moi-même. Ça y est, c'était parti.

  • Speaker #1

    Donc en rentrant, c'est là que tu vas fonder Amour Collective, dont on va parler évidemment dans la suite de l'entretien. Est-ce que tu peux nous raconter juste l'histoire du nom Amour Collective ?

  • Speaker #0

    Je suis rentrée donc à Grandville, dans l'atelier. Évidemment, pas de nom, pas de... Juste une envie, une idée, continuer un peu les prémices de ce premier défilé pour le Scrooge Populaire, tu vois. Et en fait, évidemment, comme je le suis encore maintenant, je me déborde de travail. Donc je me dis, OK, là, on va faire un grand défilé. On double les personnes, 60 personnes. Donc je rappelle tous ceux qui avaient participé, plus d'autres. OK, trouvez un tel, il faut que le plus de physique. et d'âge et de personnes, de cadres sociaux soient représentés. Et donc moi, je me mets à fond dans la couture, etc. Il faisait très chaud. Je pars au cimetière récupérer des fleurs, les fleurs endeuillées qu'en fait, je réutilise pour faire des couronnes, etc. Enfin Donc j'étais à fond et je me dis, on va lancer la marque le 14 juillet 2018. Évidemment, on arrive, le truc s'approche. Je me dis, il faudrait quand même un nom au truc. Et en fait, je savais que je voulais parler d'amour. Je savais que je voulais qu'il y ait un collectif, en tout cas qu'il y ait plusieurs visions de ça, puisque je donnais la voix à tout le monde et tout le monde pouvait devenir un visage. Donc je me suis dit, Finalement, c'est pas forcément moi qui ai choisi le titre, le nom. Ça s'est imposé et surtout, j'ai fait voter tous les gens que je connaissais, enfin voter entre guillemets, mais je leur ai dit, donnez-moi vos idées, j'ai pris toutes les idées. Et ce qui est ressorti, c'est Amour Collective parce que l'amour, parce que pour moi, je voulais un terme fédérateur qui concerne tout le monde puisqu'on allait représenter tout le monde. Donc ça pouvait être une passion, des amis, une histoire d'amour, quelle qu'elle soit. Voilà. Et collective parce que, un mot anglais, parce que je m'étais dit qu'on pourrait travailler vraiment avec tout le monde et sûrement, je ne me mettais aucune pression barrière pour l'international et tout ça. Enfin, tu vois, en étant à Grandville, j'avais déjà... Et parce que, en fait, je voulais que ce soit le collectif des gens qui étaient représentés, mais aussi des gens avec qui on allait travailler. C'est-à-dire qu'on allait bosser avec des photographes, avec des artistes, que ça allait être très riche et qu'en fait, tout le monde pourrait donner sa propre vision de cette histoire.

  • Speaker #1

    Tu revendiques une dimension très inclusive dans ta pratique. Est-ce que ce n'est pas aussi une manière de renvoyer, peut-être, une critique à ce milieu qui a tendance à valoriser les standards aussi ?

  • Speaker #0

    Complètement. C'est complètement ça et en fait j'en avais même pas conscience, j'en ai conscience que cette année tu vois. Effectivement pour moi, toutes mes expériences professionnelles d'avant, de stage etc. où je m'y retrouvais pas et où je me disais bon pas pour moi. Mais en fait je m'y retrouvais parce que c'était génial comme expérience mais je m'y retrouvais pas à chaque fois parce que l'humain était oublié. n'était pas au cœur. C'est-à-dire qu'on était peut-être parfois traités de manière comme si notre travail était moins important que certains, et en fait pas du tout. Je trouvais que tous les maillons étaient importants, et quand j'ai bossé dans le milieu attaché de presse, c'était donc l'image, c'était les magazines, tu vois. Et là, en fait, je me disais, mais putain, tout est faux. Tout est faux. En fait, j'ai envie de vrai. J'ai envie de montrer des vrais gens, de la vraie vie. J'ai envie de montrer du gras, j'ai envie de montrer des rides, j'ai envie de montrer la beauté partout où elle est, et surtout qu'en fait, qu'on puisse retrouver Regardez des images. sans se donner de complexe, ou alors lire une histoire où on se dit, putain, moi aussi. Et ça, c'est vachement mis en valeur. Un deuil. Et en fait, j'ouvrais des dossiers qui pouvaient être considérés comme tabous pour la société ou pour la mode encore plus. Là, il ne fallait que des paillettes, que ça brille. Moi, je montrais des tissus qui sentaient le pipi, qu'on va restaurer pour en faire un truc qui brille, évidemment. Et je voulais qu'en fait, tout le monde puisse avoir ce regard-là. Oui, donc cette année, je me suis rendue compte au fil des projets que j'allais bosser avec des politiques. ...particiens, en fait, parce que c'est des élus de la ville, c'est des maires, c'est des plus hauts, le département, la région. Et tout le monde disait, mais c'est hyper politique, c'est hyper engagé. Et je me défendais de ça, je me disais, non, en fait, c'est juste l'humain au cœur. Et en fait, je pense que j'en avais peut-être pas conscience parce que j'étais pas aussi assurée, affirmée dans ce que j'étais et la femme que je suis devenue aussi grâce à ce projet. Et effectivement... Je te le dis maintenant très fort dans le micro, c'est politique, c'est engagé. Et effectivement, je m'en rends compte maintenant, on est obligé de se battre aussi pour faire entendre des idées, des valeurs et le combat. que je fais sur certains défilés. C'est politique, c'est l'engagement et c'est le fait de vouloir montrer tout le monde, d'emmener toute une troupe avec moi à chaque fois, d'emmener, là, c'était plus de 1000 personnes qui ont participé au casting, 4000 personnes de mannequin, donc il y a un vrai soutien aussi de la part des élus aussi, mais il y en a contre qui on doit se battre pour faire entendre ça, le recyclage, l'écologie, les gens, mais maintenant, c'est des mots qui sont clés dans les programmes, donc c'est plus facile.

  • Speaker #1

    Tu organises des castings bienveillants ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous dire comment ça se passe ? On a dit, ce serait pas mal qu'on puisse faire des castings dans un EHPAD. L'idée, c'est de garder le côté intergénérationnel dans le cadre du Silver Day. Donc, c'est tout ce qui concerne les personnes seniors, lutter contre l'âgisme. Et donc, c'est mis en place assez naturellement, comme tout ce qui s'est fait après, des castings dans des EHPAD et dans des collèges, lycées, etc. Et j'avais pas donné ce nom-là, mais dans mes défilés d'après, c'était des castings bienveillants où le seul... Le critère, c'est de venir et de bien écrire les informations pour qu'on puisse recontacter les gens. Et voilà, en fait, l'idée, c'est vraiment de pouvoir venir sans critère de sélection. C'était compliqué aussi parce qu'on se dit, il y a une paire de hasards. Moi, au début, je voulais choisir, etc. Mais en fait, il faut que je laisse complètement le hasard faire. L'idée, c'est de représenter le plus de monde possible. Qu'on n'ait pas que, non plus, des petites brunes. Enfin, tu vois, il faut que tout le monde puisse être représenté. Ça se fait assez naturellement. Et donc, cette année, pour le défilé au Mont, les castings, on s'est un peu enflammés. Enfin, je me suis un peu enflammée. J'ai voulu faire avec six villes partenaires de la Manche. Grand-Ville-Avranches, Quarantens, Saint-Lô, Ville-Dieu-Coutances. Et donc, on allait le matin, dans des missions locales et des EHPAD, maisons de retraite, vers un public qui ne se serait pas senti concerné par l'action ou qui n'aurait pas entendu. On a vendu ça en fait et on allait leur proposer. Donc après, on bossait avec les aidants qui, eux, s'occupaient des castings en interne et qui faisaient le relais en fait après avec nous. Et ensuite, on allait, on faisait... Donc les villes nous avaient prêté des salles où là, en fait, les gens répondaient à la communication qu'on avait faite au préalable avec la ville partenaire et les gens venaient. Et donc, plus de 1000 personnes. On a fait aussi un filtre Instagram pour que les gens qui étaient trop timides ou qui étaient trop loin puissent participer avec une photo. L'idée, c'était aussi de ne pas stigmatiser les gens qui ne savent pas écrire, qui ne peuvent pas... Enfin, tu vois, on a des personnes en situation de handicap mental. Donc, on a fait des petits fichiers. feuillets, papiers, où en fait, tu écrivais ton nom, ou alors tu venais avec un aidant, ou alors on aidait tout le monde. Et il y avait aussi des encarts, qu'est-ce que vous attendez d'un projet comme ça, des choses à cocher, ou des espaces pour du dessin. Donc on a eu plein de dessins, plein de lettres, plein de trucs trop beaux, des petites... Enfin, c'était génial, c'était hyper émouvant, touchant.

  • Speaker #1

    Donc à chaque défilé, tu organises un casting bienveillant en amont ?

  • Speaker #0

    C'est ça. À chaque défilé, il y a un casting qui nous fait rencontrer des personnes qui veulent participer, soit à être bénévole, donc photographe, aider pour le montage, aider pour plein de choses, ou alors être maquilleur, coiffeur, enfin tu vois, même si on bosse avec des pros... Il y a toujours besoin de monde. Ou alors, être mannequin. C'est des castings bienveillants, parce que mannequin, c'est pas la finalité du projet, en fait. Même si je sais que pour certains, ça l'est, ça l'est pas forcément. C'est-à-dire que cette année, par exemple, il y en avait beaucoup qui défilaient pas. évidemment, sur 1000 personnes on en a eu 200, et bien en fait on les appelait. On appelait les autres pour des shootings, pour plein de choses. En fait on a un vivier de personnes répertoriées, que nous on a enregistré toutes leurs informations, et on peut les appeler à n'importe quel moment, ils font partie de la marque, et à un moment ils seront mannequins, à un moment voilà ça tourne. À un moment on aura beaucoup de monde. Donc je vais essayer de faire tourner le truc au maximum, mais voilà. L'idée c'est qu'à chaque événement, on refasse des castings dans la ville où on sera.

  • Speaker #1

    Tu portes des défilés dans des lieux quand même exceptionnels, qui sont à chaque fois de plus en plus grands. D'abord les jardins de la Maison Christian Dior à Grandville, et puis récemment... Le Mont-Saint-Michel, tu peux nous raconter un peu comment sont nées ces idées ?

  • Speaker #0

    Moi, je voulais avoir quelque chose d'assez sauvage, bucolique. Donc, j'ai commencé en demandant l'autorisation à la ville de Grandville d'aller dans leur jardin Valès Fleurs. Donc, c'est un petit jardin public qui est magnifique. Et je trouvais qu'en fait, il n'y avait jamais d'événements là-bas, ou peu, et encore moins dans la mode ou des choses comme ça. Et pour moi, c'était une forme de valorisation aussi de là où on était. On faisait en fonction de la nature, du décor, tu vois. On n'amenait pas un énorme décor, construction, trucs, lumière. On faisait en fonction. La nature. Et ensuite, la ville de Grandville nous a demandé de faire quelque chose à l'archipel. C'est le théâtre de Grandville, salle de concert, salle de conférence. C'est très joli, c'est sous la roche. Donc pareil, c'était quand même un lieu qui avait une histoire, qui m'a beaucoup parlé. Ils ont restauré, c'était une ancienne salle et ils l'ont retrouvée après des années pour la restaurer. L'histoire était vraiment jolie et je me suis sentie un peu, dans une salle, c'est compliqué pour moi. Je me sens un peu à l'étroit, étouffée et tout ça. Parce que tu as des contraintes de lumière, de trucs qui s'imposent à toi, c'est intéressant, mais ce n'était pas ce que je recherchais vraiment. Et ensuite, ils m'ont demandé de faire quelque chose dans les jardins Christian Dior. Et bon, là, ça a été... En fait, déjà à cette époque-là, je voulais faire le mont depuis le début. Ils m'ont dit, écoute Cassandre, le mont, c'est super, tu le feras, on a toute confiance en toi, c'est sûr, mais il faut que tu deviennes plus professionnelle. Si tu veux, j'étais encore toute seule, je faisais mes trucs. Il faut que là, tu puisses faire quelque chose. Avant que tu aies un step up, tu vois, donc le jardin Christian Dior qui est sublime au-dessus de l'eau, donc la maison d'enfance de Christian Dior à Grandville avec son jardin fleuri au bord de l'eau, c'était vraiment les lumières, les couleurs, tout était sublime. Et en fait, nous, on a juste ramené des chaises recyclées, donc on allait en chercher tous les jours aux déchetteries, on a trouvé des magnifiques chaises, on a tout fleuri. Pour moi, ce qui est important dans chaque lieu où je me trouve, c'est de faire en fonction du lieu. Donc, je ne voulais pas du tout dénaturer, donc ma collection, elle s'inspire à chaque fois du lieu dans lequel je me trouve. Simon. ma première base. Et ensuite, les gens que je vais rencontrer, qui vont participer. Mais ma base, c'est vraiment le lieu qu'on va choisir, qui va m'inspirer. Je vais tout de suite voir. Ah ouais, là, ouais, fais l'artifice. Et ensuite, je vais me dire, la décoration va être importante et va guider, en fait, toute la collection et tout le travail ensuite. Et donc, le 11 à Michel, ça a été un peu la consécration pour moi de ces cinq années de travail. Et ça a été finalement un an et demi de travail. Très compliqué parce que déjà, le Mont-Saint-Michel, c'est le mont, c'est une institution, c'est un mastodonte. Et moi, j'arrive comme ça. Et j'ai gardé cette naïveté, je pense, qui fait la force aussi du projet, et tant mieux, de m'émerveiller, en fait, devant déjà le lieu, en fait. Donc, on allait remercier le lieu d'accepter, tu vois. Et je suis allée à la Saint-Michel, enfin voilà, j'ai baigné, j'ai voulu baigner un peu là-bas pour voir l'énergie qui s'en dégage de ce lieu. Et ouais, enfin, tout le côté aussi spirituel, enfin, tu vois, les gens vont se recueillir aussi là-bas. Je voulais le faire à l'intérieur, je savais pas trop. Puis, en fait, je me dis, ça a aucun intérêt. Donc, je voulais le faire devant, je voulais le faire en bas. Et en fait, les... Le type du monde m'a dit mais en fait ça n'a aucun intérêt, fais-le sur le barrage, c'est une construction qui a eu lieu il y a 9 ans je crois maintenant, et qui n'est pas forcément mise en valeur parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion encore de faire des événements. Enfin, pas l'occasion, mais en tout cas ils n'ont pas eu peut-être le temps de se concerter pour faire des événements. On est arrivé là-bas, carte postale, en fait. Tu peux pas faire un événement au mont, dans le mont, parce que ça n'a aucun intérêt, tu vois pas le mont, tu vois. Ce qui est intéressant, c'est de le voir, et là, effectivement, c'est l'immensité, la perte de vue, le silence, le mont en fond, les couleurs qui changent, le mont qui change de couleur, avec le soleil, enfin c'est plus du tout... J'ai dit, ok les gars, vous m'avez eu, on le fait sur le barrage. Donc on a créé, nous, un village de loges, pour aussi avoir des loges calmes, que les... En fait, on est vraiment à fond dans la démarche, pour que les mannequins se sentent bien, c'est vraiment tout tourné pour que l'humain se sente vraiment bien. Donc on a fait venir des enceintes, etc. tout un système qui s'est mis en place là-bas. Sous-titrage ST'501 Là, c'est la nouvelle collection. Donc, j'avais envie. Là, j'ai hâte qu'il fasse beau, puisque dans l'atelier, il fait assez frais quand même. Donc, je pense que j'ai fait beaucoup de lin. Donc, je travaille avec des draps en lin brodés. Donc là, j'ai fait des robes, des chemises, des manches bouffantes. J'ai travaillé aussi autour de la transparence avec du crochet, avec des rideaux anciens, des tops d'ONU. Voilà, il y a des choses aussi qui sont mixtes. Et beaucoup de cabas. Le cabas de l'été, notre hit bag qui sort là. Donc, on l'a fait dans toutes les couleurs. Là, on passe en fait en... Dans les coulisses, derrière le carreau, on voit un peu tout ce qui se passe ici. Là, ce sont les machines à coudre. On a un, deux, trois machines à coudre et une machine à broder et une surjetée également. Et là, toute la mercerie, des boutons, du fil. Il y a énormément de choses avec lesquelles on produit, on confectionne tous nos accessoires. Là, c'est une très grande pièce. Cet atelier fait 400 mètres carrés. Là, il y a ma sœur qui est en train de broder. On est en train de finir à fond pour ce soir. Donc là, les sacs dont je te parlais... Ce sont ceux-là, donc toutes les couleurs, des cuirs magnifiques qui viennent d'une maison de haute couture française. Je ne peux pas encore dire le nom parce qu'on n'a pas encore un partenariat officiel, mais c'est une très belle maison. Ils sont dans une démarche de développement durable, donc nous on travaille avec leurs cuirs de toutes les couleurs, donc du rose, du bleu, du jaune, du vert, du noir, des cuirs magnifiques qui sont italiens.

  • Speaker #1

    Ce qui est très beau, c'est que là on voit la machine à coudre qui travaille et le mot amour est en train d'apparaître sur le morceau de cuir.

  • Speaker #0

    C'est ça, on a la chance de pouvoir avoir une machine comme ça qui brode automatiquement. et on fait également aussi beaucoup de broderie à la main, donc des cristaux, des perles, des choses comme ça. L'idée de ce lieu, c'est quand même qu'on fasse la partie atelier pour Amour Collectif, mais également que ça devienne un tiers lieu pour l'association. Donc l'idée, c'est de faire ici une grande bibliothèque avec une estrade pour pouvoir recevoir des spectacles. Et également ici, on mettra une grande table. Il faut faire preuve d'imagination, vous ne voyez pas, mais c'est encore très en travaux. Donc les murs sont pas encore tout à fait peints. Mais ici, on mettra une grande table avec beaucoup de canapés, des fauteuils pour faire des réunions. pour faire également les ateliers autour de l'estime de soi. Ici, à notre gauche, c'est donc toute la partie cuir, qu'on a énormément, énormément de cuir qu'on a protégé là. C'est notre espace pour la maroquinerie, qui deviendra après un espace plus de shooting photo, avec des lumières, des fonds de couleurs, etc. C'est pour notre e-shop, pour qu'on puisse prendre en photo les backshots, et également pour qu'on puisse faire des photos, des shootings thérapeutiques, ou alors des shootings d'inspiration. La grosse partie de cet atelier, c'est à notre droite, C'est 18-19, je crois. Immenses étagères de tissus qui sont dans un dégradé de couleurs. Donc du blanc, marron, rouge, rose, orange, jaune, vert, bleu, violet et noir. Et ce ne sont que des tissus recyclés. Des rideaux, des nappes. Je pense que même toi, il y en a qui peuvent te parler.

  • Speaker #1

    Il y a des velours qui ressemblent à des rideaux de vieilles maisons.

  • Speaker #0

    Exactement. Souvent, les gens, quand ils viennent ici, ils sont impressionnés par la quantité et surtout le dégradé de couleurs. Et aussi, ils sont parfois émus parce qu'ils disent Oh là là, je dormais dans une couverture comme ça chez mes grands-parents, donc il y a tout ce côté émotion qui me parle, moi, en fait. Si tu veux, tu peux jamais être à court d'inspiration, parce qu'en fait, tu te mets en face de ça. C'est les odeurs, les histoires, et ensuite, après, je restaure le tissu pour pouvoir en créer quelque chose.

  • Speaker #1

    On voit des très beaux canevas pliés sur une étagère, et juste à côté, sur un portant, on voit d'autres canevas qui sont déjà... En pièces en fait ?

  • Speaker #0

    Moi j'utilise les canevas pour faire des bustiers, des corsets que je rebrotte de cristaux après. C'est vraiment quelque chose que j'adore. Je suis très fan du kitsch et je voulais vraiment amener les gens à aller dans mon univers et pouvoir aussi le dédramatiser et le porter de façon très élégante, très sobre. Donc on a fait des corsets qui est notre pièce phare. Corset, bustier, en canevas avec des détails de cuir qui peuvent être réversibles si des fois on veut quand même être un peu plus sobre. Il y a donc une mézanine à notre gauche avec des petites pièces en dessous. qui sont encore en rangement, donc en dessous du fil. du cuir comme tu peux le voir, et là-haut, ce sera des bureaux. L'idée, c'est de faire plusieurs petits bureaux, un espace de coworking, et moi aussi que je puisse avoir un petit bureau. Comme tu le vois, c'est un espace qui est complètement ouvert. Moi, j'aime beaucoup qu'il y ait le bruit des machines, que tout se mélange, qu'on s'adapte aussi aux gens, que tout soit ouvert comme ça, c'était vraiment important pour moi.

  • Speaker #1

    Et donc, ta pièce phare, t'en as parlé un petit peu, l'écorcé, est-ce que tu as une autre pièce ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai les manteaux Mala. En fait, chaque pièce porte le nom de la personne qui me l'a inspirée la plupart du temps. Et donc, Mala, ce sont des doudounes que je fais en couverture ou en duvet, Des choses comme ça, donc avec des manches assez bouffantes. C'est notre best-seller et c'est la pièce qui est le plus demandée par les magazines ou des clips ou des choses comme ça, parce que je pense qu'elle est assez dans certains coloris ou tissus un peu hors normes. Et donc, elle s'appelle Mala pour Malalie, c'est le nom de ma maman. Et donc, je pense qu'elle est best-seller parce qu'elle a dû m'en acheter énormément aussi. Mais voilà. Donc là, on continue vers une... Une partie qui est encore en travaux, donc c'est mon papa qui m'aide à faire les travaux, avec également des bénévoles, on fait des appels sur les réseaux sociaux et les gens viennent nous aider, également des artisans pour les parties les plus techniques. Donc mon père fait de la musique, ce qui nous permettra, vous allez me dire je ne pense qu'à moi, mais d'avoir une pièce insonorisée pour faire nos enregistrements de voix également, pour les défilés. Donc lui il construit des amplis à lampe avec ses amis, donc il fera ça ici, plus une petite salle de répétition isolée ici.

  • Speaker #1

    Et une porte qui donne sur un jardin ?

  • Speaker #0

    Qui donne sur un jardin, qu'on va pouvoir voir. dans le petit futur salon de thé où je vais t'emmener. Ici, on a une porte en verre qui est également recyclée d'une banque qui nous l'avait donnée. On a construit tout autour. Bon, mince, j'ai pas de lumière, mais on voit quand même. Ici, on a construit cette pièce et ce sera notre future cuisine. L'idée, c'est de travailler aussi avec l'association sur le faire venir des chefs, travailler sur le côté intergénérationnel des rencontres. autour de l'art de la table, mais lutter aussi contre la perte d'autonomie en faisant des buffets, manger main, essayer de faire beaucoup de choses et aussi pour qu'on puisse, nous, avoir une cuisine ici. Tu n'as pas encore de rambarde ici, fais attention. Et donc là, ce sera l'espace de ma maman. Et donc, ce sont les combles qui sont... En fait, on a vraiment utilisé tous les espaces possibles de ce lieu qui est gigantesque. Et donc là, ce sont les combles qui sont aménagés. Comme tu le vois, on a trois fenêtres qui donnent du coup dans les jardins la campagne. Et parce qu'on est au bord de la mer, mais aussi au bord de la campagne.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on voit la mer d'ici ? Est-ce qu'on la devine ? Non ?

  • Speaker #0

    Oui, moi aussi, je croyais. Mais en fait, on peut se dire ça. Disons qu'on la voit. Et donc ici, tu vois, ça s'arrêtera là. C'est une pièce qui fera à peu près Un mètre carré, je pense. Et donc, ce sera vraiment l'espace de ma maman, un peu salontée. Elle brode beaucoup. Elle, c'est vraiment l'éloge de la lenteur. Donc, elle va broder des perles. En fait, tu vois, on est tous créatifs dans la famille. C'est ce que je me dis. Alors, l'inconvénient aussi que j'ai dans tous les ateliers que j'ai eus, puisque avant, j'étais dans l'ancienne salle des ventes de Grandville, c'est que ce sont de grands espaces, très difficiles à chauffer. Donc, c'est un des gros inconvénients. C'est qu'en fait, j'ai tout le temps... Il fait très, très froid. Et donc, en janvier, ça a été très compliqué. On a nos aiguilles qui cassent. Quand on doit broder à la main, c'est encore une fois... les doigts très engourdis, donc ça fait partie des choses qu'on doit prendre en compte aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une matière que tu préfères travailler, dans toutes celles que tu as citées là ?

  • Speaker #0

    Là, on aime bien le cuir avec ma sœur quand même. En fait, je pense qu'on aime bien ne pas s'ennuyer parce que quand tu es tout le temps en train de faire la même chose, ce serait compliqué. Là, on a du cuir, des couleurs, donc c'est très intéressant. Pour l'instant, c'est un peu mon truc, son truc. Et sinon, moi, j'adore travailler le lin. C'est assez facile à coudre. Je ne dirais pas que j'ai une matière de prédilection, c'est plus une coupe où je vais aller à fond dans une coupe, je vais la faire dans tous les coloris, toutes les couleurs. Et après, je vais changer, je vais faire autre chose et je vais y revenir. C'est plus comme ça. L'idée aussi du défilé au Mont-Saint-Michel... Quand on a déménagé, on avait plus de 500 cartons. L'idée, c'était d'ouvrir tous ces cartons quand on est arrivé et de voir tout ce qu'il y avait. C'était impressionnant. Et donc, on s'est dit, tous les boutons, toutes ces choses, j'ai envie de montrer aussi ce que c'est que le recyclage. Donc, on a fait beaucoup de vestes avec énormément de boutons pour montrer aussi aux gens ce que c'était. Et donc, je me rends compte maintenant qu'on n'a encore jamais ce qu'il faut, comme tout le monde dans leur boîte à boutons.

  • Speaker #1

    Le fond de la pièce, il y a plusieurs étagères avec que des boutons, ou presque.

  • Speaker #0

    Des cristaux, des fils d'or, d'argent, des galons. En fait, quand on est une jeune marque comme ça, petite, où on fait tout nous-mêmes, on a la chance déjà. Je suis hyper reconnaissante de ça, de pouvoir avoir un espace qui permet de stocker beaucoup. Mais c'est vrai qu'en fait, on a du mal à... On est dans une problématique de on veut tout garder, mais c'est pas possible non plus Et en même temps, on a besoin de matières premières différentes, parce que sinon, on ferait tout le temps la même chose et on a besoin de se diversifier aussi.

  • Speaker #1

    Sur le côté des fleurs artificielles...

  • Speaker #0

    Et j'ai aussi des toiles. Donc ça, c'est les toiles de ma meilleure amie qui peint. Et j'aime beaucoup aussi ramener des artistes aussi à l'atelier qui font des choses. Donc je pense qu'on fera beaucoup d'expositions d'artistes à l'atelier. Et également, les fleurs qui nous servent de paquets. Je t'en montre un. En fait, tous les achats, toutes les commandes sont emballées dans des paquets de papier peint qu'on a récupérés en faisant de l'urbex dans des endroits abandonnés, maisons de retraite à Grandville, qu'elle a détruit. On les a récupérés. Ils sont neufs, en fait, ils étaient emballés. Et on emballe nos commandes dedans avec des fleurs recyclées et du ruban également. C'est des vrais paquets cadeaux. On se fait plaisir à soi aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous dire un peu comment tu crées toutes ces tenues ? Est-ce que tu travailles seule ? Combien de temps ça te prend pour préparer un défilé ? Est-ce qu'au-delà des défilés,

  • Speaker #0

    tu proposes aussi des collections au grand public ? On part de leur complexe, de leurs envies, de leurs capacités. On n'habille pas une personne qui est debout comme une personne qui est en fauteuil, une personne qui est très à l'aise, une personne qui l'est moins. Donc on part de ça et en fait, moi je leur propose quelque chose, ils font un pas vers moi et je fais un pas vers eux. Donc il y a une co-construction de la collection, donc les défilés ça ne représente pas les collections que je sors dans l'année, après tu vois les collections capsules, etc. Donc ça demande... double, triple, quadruple de temps, parce qu'en fait, tu fais en fonction de la personne. Et ça, c'est quelque chose qui, dans le milieu de la mode, ne rapporte pas d'argent, si tu veux. C'est une perte de temps pour les gens de faire ça. Mais en fait, moi, c'est le cœur de mon projet. Et les défilés, je ne le ferais pas si je ne faisais pas ça. Donc, il y a une forme parfois de surmesure, presque. Si je dois être là dans des chiffres... de temps, etc. Donc là, j'ai eu pas mal de stagiaires qui sont venus au cours de l'année. Donc je dirais que sur six mois, on a eu dix personnes à venir nous aider. Moi, grâce aux subventions, j'ai pu avoir deux personnes aussi sur six mois à venir m'aider pour la partie organisation. Donc ça pouvait un peu me dégager du temps pour la couture. Ça a été un an et demi de travail, ce défilé, à plein temps. Et donc, je pense qu'il n'y a eu plus... De 1000 pièces qui ont été faites, il y a des pièces qui prennent... On a une veste collector du défilé au Mont-Saint-Michel qui a pris plus de 8 semaines de travail à 8 personnes à plein temps à broder entièrement de boutons. Et il y a des choses qui vont être plus simples. On va faire des robes toutes simples qui vont prendre 2 heures à monter, mais il y a des choses, pour moi c'est important. On a eu des dons de broderie, haute couture, d'atelier de broderie, où en fait, moi l'important, c'est le devoir de mémoire, de raconter l'histoire de cette femme et de rebroder des cristaux, etc. Tu vois, je te le dis là, je le dis aux gens, en fait, je repars avec l'histoire. Et donc, on passe du temps à broder certaines pièces qui mènent plus de temps.

  • Speaker #1

    Et tu travailles avec des modèles, donc tu disais non professionnels, de 7 à 102 ans, de toute morphologie, d'origine sociale, etc. Comment est-ce que tu les plonges dans cet univers du mannequinat, ou en tout cas du défilé ?

  • Speaker #0

    C'est le cœur du projet, c'est mon rôle. J'ai plusieurs rôles, mais là, ça commencera à devenir vraiment ce rôle-là. C'est, en fait, je suis vraiment là pour que les gens... puissent se sentir à l'aise, à leur place. Et en fait, c'est une micro-société, 200 personnes, on fait des castings partout, t'as de tout, de tout, de tout. Et donc là, c'est 7 ans, mais avant, on a eu des bébés sur d'autres défilés. Enfin, tu vois, on a des femmes enceintes. On a des femmes enceintes qui ont passé les castings, qui me diraient, si je suis prise, il faut qu'on fasse attention. Parce que du coup, c'était intéressant. Et donc, ce rôle-là, ça va vraiment être de travailler au cas par cas. Donc c'est une charge qui est énorme et c'est pour ça que je suis en totale dépression à la fin des défilés. Parce qu'en fait, tu peux pas ne pas être une éponge, c'est normal. Et même s'il y avait des personnes qui m'aidaient, etc., qui faisaient un peu, pas barrage, mais tu vois, en tout cas, des personnes avant moi. L'idée, c'est vraiment que tu aies un groupe avec des personnes qui vont être très à l'aise. qui vont être à l'aise avec la lumière, avec le fait que les gens le voient, qui le font ça pour ça et qui font du bien aussi dans un groupe parce que ça porte aussi le groupe et les gens, ok, on avait des mannequins pros aussi qui l'ont fait, qui l'ont fait bénévolement et qui sont inscrits au casting comme les autres. Et eux amènent aussi un truc de, attendez, je vais vous montrer, ça crée des ateliers. Et donc déjà, il y a ça. Moi, j'écoute chaque parcours de vie. Donc il y a un vrai lien avec la personne, la personne me fait confiance. S'il n'y a pas ça, ça ne fonctionne pas. On fait des rencontres aussi, il faut que les gens, les mannequins se rencontrent. S'il n'y a pas ces moments de rencontre, la magie, elle n'opère pas, ça ne fonctionne pas, tout le monde va se... ...se stresser. En fait, c'est quand même très stressant le jour J. Moi, je leur dis tout au long de l'année, tout le stress, je vais vous le prendre. Par contre, quand vous irez seul, je pourrais... juste pas prendre celui-là, mais tout le reste, vous avez carte blanche et vous n'avez à vous occuper de rien, le reste, je le prends sur mes épaules, voilà, vous êtes là pour kiffer. Et donc, une fois que j'ai rencontré tous les mannequins, j'enregistre leurs histoires de vie, etc. Donc en fait, après je fais du montage audio pour que ça arrive dans la musique du défilé, donc en fait ils défilent sur leur voix à des moments, etc. Plus, une fois que j'ai rencontré tout le monde, je fais une introduction pour le public qui permet, donc là c'était face au mont, 4 minutes de voix, en fait c'est un texte que j'écris, je l'ai écrit pendant 8 heures celui-là, avec tout ce que ça m'a inspirée. Donc la difficulté d'organiser déjà le défilé et la difficulté de la vie. Donc c'était une ode à la difficulté et en fait je parle de tout le monde, j'englobe tout ce que j'ai entendu, tout leur parcours de vie, etc. Et donc le public se retrouve, souvent c'est ce qui marque un peu les esprits, se retrouve face à ça, face au monde, avec juste face à lui-même en fait, à écouter ça et en fait chaque personne au monde peut se reconnaître dans ce texte-là puisque ça parle de la vie et donc ça, ça permet aussi aux mannequins qui l'entendent avant, c'est l'erreur que j'avais pas faite au jardin de Dior, donc tout le monde qui a pleuré. Je ne l'ai pas faite cette année. Les gens l'ont écouté avant. Donc les bénévoles, on faisait des rencontres bénévoles, on leur faisait écouter le texte. Ils pleuraient avant. Et je leur disais, maintenant, c'est ces valeurs-là que vous allez porter. C'est ça, en fait. C'est pour ça qu'on fait tout ce travail. C'est pour ça qu'on fait, qu'on vous chouchoute, qu'on vous... Parce qu'en fait, c'est vous-là, ce sera quelqu'un d'autre. Et en fait, toute l'image que vous allez renvoyer, c'est des gens qui vont se reconnaître en vous. Et en fait, c'est ces valeurs-là que vous allez porter haut et fort. Et ces valeurs-là, c'est les vêtements, quoi. aussi. Donc, ils ont ce rôle de porteurs de messages le jour J, ils en sont conscients, ils le savent, et c'est tous ces liens qui ont été créés. Plus, on a créé également, on a tout un travail autour de l'estime de soi, parce que j'ai créé une association depuis qui s'appelle Futur Collectif, mais on y viendra, je crois. Et l'idée, c'était d'aller plus loin pour créer du lien, de créer des ateliers autour de l'estime de soi, chaque semaine, libre, ouvert à tous ceux qui s'étaient inscrits au casting, mannequins, pas mannequins, des gens qui viendraient même pas le jour J, gratuits, avec des intervenants bénévoles, donc rigolothérapie, yoga pour la respiration, mes dessins, tu vois, il y a eu de la danse, il y a eu du chant, enfin il y a eu vraiment plein plein de choses qui ont fait aussi que ça puisse libérer la parole et qu'ils puissent apprendre à se connaître et comprendre les valeurs du projet.

  • Speaker #1

    Donc dans tes défilés, on l'a dit, tu fais venir des mannequins non professionnels, mais dans le public aussi qui vient assister au défilé, t'as des gens qui n'ont... Absolument aucun lien avec la mode. Alors tu as aussi des influenceurs, des gens qui sont dans le milieu. D'ailleurs, est-ce que tu peux nous parler à la fois du milieu, comment aujourd'hui tu es perçu dans ce milieu que tu avais un peu fui au départ, et aussi comment le grand public qui vient découvrir tes défilés en vient à te suivre ?

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que du coup, il y a un vrai lien entre ce que je voulais, le milieu de la mode et finalement tout le monde, où tout le monde pouvait se retrouver. Et donc, vu que ce sont des mannequins qui sont bénévoles et amateurs et qui, mais jamais pour la plupart, n'auraient pensé... faire ça un jour, ça ramène leur famille aussi. Donc ça ramène leur famille, etc. Donc c'est un public qui n'a jamais vu de défilé, ou la plupart du temps, on a un gros public qui n'a jamais vu de défilé. Et là, on travaille aussi avec des influenceurs qui sont devenus des amis, parce qu'en fait, ça ne fonctionne pas. C'est tellement humain que ça ne pourrait pas fonctionner si c'était juste pour la classique relation d'influence avec cette distance de poste, etc. Donc en fait, si tu veux, c'est des gens qui reviennent à chaque fois parce qu'on les invite et c'est des gens qu'on voit, qu'on aime, quoi. Tu vois, qui aiment... Tu vois qui aime la marque, qui porte les mêmes valeurs que nous. Et donc, ça crée aussi une visibilité dans le monde de la mode. Moi, je n'en ai pas encore trop conscience parce que je suis restée à Grandville, même si j'ai des opportunités énormes. Et c'est là que je me dis, la folie des réseaux sociaux, c'est fou. Tu peux vivre dans le lieu que tu veux, dans le cadre que tu veux, face à la mer, et dans un petit bled, et en même temps bosser pour des gros projets. Donc, c'est super. Je dirais que les premières années, ça a été compliqué pour moi parce que je voulais vraiment casser avec ce truc-là. Ça m'avait un peu traumatisée, je crois. Paris et ce milieu-là. Et finalement, maintenant, avec l'engagement que j'ai, le côté affirmé de la femme que je suis, ce que je te disais tout à l'heure, je sens que je peux... apporter quelque chose et je peux travailler aussi dans le monde de la mode et en tout cas choisir en fait. Je suis en pouvoir maintenant de pouvoir choisir ce que je veux faire, les projets et aussi amener et les gens aussi avec qui je travaille et amener des mannequins qui seront pas du tout dans les standards mais je veux dire même pas du tout. Ça veut dire qu'ils auront pas le truc de savoir se positionner dans un endroit, on va tout devoir réapprendre et ça maintenant, si les gens veulent bosser avec Amour Réactive, ils savent. C'est comme ça, c'est apprendre où aller c'est quoi. Et donc ça c'est un peu, je dirais que c'est la fierté un peu, parce que même tous nos mannequins disent Moi de toute façon le prochain à Paris je le fais et tout ! C'est génial, et ça c'est des Christine, 68 ans, c'est des Moni, enfin voilà, c'est tout le monde quoi. C'est en même temps aussi des jeunes qui veulent faire ça plus tard, enfin voilà, ça y est. On a réussi à créer une safe place qui est autant un pied dans la mode que dans le social.

  • Speaker #1

    Et donc en 2022, tu as voulu aller plus loin dans le prolongement d'amour collectif et tu as créé Futur Collective.

  • Speaker #0

    Après le défilé au Jardin Christian Dior, les gens sont revenus, les mannequins, les bénévoles sont revenus, les gens du public sont revenus me voir en me disant Ok, bon, moi c'est bon, là, il faut signer où ? Je veux participer tout le temps. Je veux tout le temps vivre ça, je veux tout le temps… Et en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que moi, j'ai des grosses périodes de défilés où là, ça tourne, il y a du monde, il y a du monde à m'aider, je peux embaucher des personnes sur du court terme, etc. Je suis seule ou parfois il y a ma soeur qui vient de temps en temps ponctuellement m'aider, mais je couds seule, je fais les photos seule, je fais les vidéos tout seule. Et donc effectivement, je ne peux pas sous-traiter des personnes qui gentiment vont venir m'aider à coudre pour qu'après je revende, etc. Ça reste une entreprise. Et je me suis dit, là, il manque un truc. Il manque un truc. Et puis en fait, là, on parle que de vêtements, mais en fait, ça pourrait aller beaucoup plus loin. Donc avec les bénévoles qui sont là depuis le début, on a décidé de créer une association qui s'appelle Futur Collective. Et l'idée, c'est de raconter tout ça, créer du lien intergénérationnel, de l'inclusion, créer des moments sains. simple, mais de partage, de gens qui se seraient jamais rencontrés à travers l'art, la mode, la bouffe, tu vois, faire venir des chefs, manger, toujours les lieux, manger dans des lieux géniaux qui sont pas faits pour ça, ou tout simplement un pique-nique partagé, enfin tu vois, créer plein de choses pour l'humain, des choses simples, où en fait on porte tous les mêmes valeurs et on se fait du bien, donc créer une boîte aux lettres, avec des lettres anonymes, soit qu'on envoie dans des structures, soit en fait, commencer des révélations épistolaires, enfin tu vois, plein de choses comme ça, qui se mettent tranquillement en place et qui se sont mises vraiment en place. Puisque c'est l'association qui a porté le projet du défilé, qui a été porteur de projet auprès des financeurs, des subventionneurs. Et Amour Collectif, finalement, maintenant, devient juste une petite branche de cette association. En fait, l'asso va devenir le cœur de tout ce projet, donc moi, je ne serai plus du tout chef de projet, etc. L'idée, c'est vraiment que je m'éloigne tranquillement, j'en ferai partie. Et c'est pour ça que je me lève le matin aussi, c'est pour vivre ces moments-là. Mais moi, je vais gérer Amour Collectif et l'association sera gérée par une présidente. Voilà, et c'est des choses qui deviendront pérennes et autonomes sans moi, quoi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais de toi que tu es une femme engagée ?

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que je suis engagée, je me définis comme ça, et je me sens bien dans ce rôle-là maintenant, tu vois. Et je pense que je vais vachement plus m'engager même. Je vais aller vers des associations très engagées. J'étais déjà liée aux sorcières pour des projets, des choses comme ça, donc c'est une asso féministe de camp, mais j'ai envie d'aller dans... Plein d'assauts différentes parce qu'en fait on est engagé pour l'humain, donc surtout on est aussi très engagé avec Port d'Attache, qui est une assaut grand-villaise qui vient en aide aux réfugiés politiques. On a eu beaucoup de mannequins ukrainiens à défiler l'année dernière, ce qui n'était pour moi même pas une question. aller beaucoup plus loin dans des choses comme ça, m'imposer, oser raconter, et oser donner mon point de vue, ne plus me cacher derrière des histoires de gens.

  • Speaker #1

    La dernière, ce n'est pas une question, c'est ce que je propose à chaque invité. Tu profites des prochaines minutes pour parler directement aux auditeurs du podcast.

  • Speaker #0

    Je suis contente d'avoir la chance de pouvoir vous parler de ce projet, qui est un projet familial à la base, puisque je l'avais fait en famille, il y a toujours mes parents qui sont très proches, etc. Et ce côté familial... On s'est rendu compte qu'en fait, à échelle plus du tout humaine, c'était encore possible, puisque là, on a fait des gros projets qui auraient pu être ingérables. Et finalement, en fait, tout le monde s'est reconnu dans cet esprit familial et c'est ce qui fait la force du projet. Je vous invite à nous contacter, à nous écrire, à nous proposer des projets. Je veux dire, même si vous, vous voulez vous être acteur, actrice de quelque chose et que vous avez le sentiment de porter les mêmes valeurs que nous, je vous invite à ce qu'on s'associe, à ce qu'on porte notre voix plus haut, plus loin, à plus de Il y a des gens encore qui en auront besoin, parce qu'on en a tous besoin en fait. C'est des moments de vie dont tout le monde a besoin. Donc je suis sûre que vous serez nombreux. On reçoit souvent, quand je lance des messages comme ça, des propositions de défi, dans des EHPAD, des choses comme ça. Peut-être que je ne répondrai pas maintenant, parce que je n'arrive pas à ouvrir tous mes mails, mais n'hésitez pas en tout cas. Et puis, croyez aussi en vous. Allez vers des gens qui font des projets comme vous, ça vous donne de la force. N'ayez pas peur de rêver, en fait, parce que moi, c'est que du rêve à la base. C'est que du vent, ces projets dans le sens à la base, je veux dire, quand ça commence. Je raconte mon rêve à quelqu'un qui croit et qui me dit Ok, ouais ! Et en fait, je le raconte à plein de gens qui se disent Vas-y, je viens t'aider. Et ça fait une armée bienveillante de gens qui s'associent pour faire des projets immenses. Les gens pensent qu'on est beaucoup et en fait, non. C'est juste... Une envie inébranlable, un rêve d'utopie, de quelque chose que je crois possible. Sous-titrage ST'501

Description

[#3 Cassandre Lemeilleur : L'Amour à la mode] Dans ce troisième épisode, Anthony Chenu invite Cassandre Lemeilleur, styliste et créatrice de la marque Amour Collective.


Après des études de mode, et plusieurs expériences dans le cinéma, Cassandre Lemeilleur a fondé sa marque et ouvert son atelier/boutique à Granville (dans la Manche). Depuis 2018, elle organise des défilés inclusifs où se croisent et dialoguent les générations et les milieux sociaux autour de vêtements 100% recyclés auxquels la styliste donne une seconde vie.


Cassandre Lemeilleur revendique une pratique de la mode basée sur les histoires personnelles de ses mannequins en organisant notamment des castings bienveillants où chacun trouve sa place. Amour Collective a récemment investi les jardins de la Maison de Christian Dior et le Mont-Saint-Michel pour des défilés qui ont mobilisé plus de mille personnes.


Cassandre Lemeilleur reçoit Anthony Chenu dans son atelier granvillais et nous fait découvrir les coulisses de la création de ses pièces phares.


Parlons plus bas est un podcast d'Anthony Chenu à retrouver sur toutes les plateformes et sur les comptes Instagram et Facebook de l'émission.

Voix off : Justine Leroux

Mai 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai envie de montrer des vrais gens, de la vraie vie. J'ai envie de montrer du gras, j'ai envie de montrer des rides, j'ai envie de montrer la beauté partout où elle est. Qu'on puisse regarder des images sans se donner de complexes. Parlons plus bas. Podcast réalisé et présenté par Anthony Chenu.

  • Speaker #1

    Pour ce troisième épisode, j'ai rendez-vous avec Cassandre Lemeyer. Elle est styliste et c'est dans son atelier situé à Grandville, dans la Manche, qu'elle m'a donné rendez-vous. Il est 11h30.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un ancien magasin de parquet. Donc, on a refait tous les travaux. Moi, je voulais quelque chose d'épuré, qui fasse atelier et boutique, donc un sol gris assez brut, des murs blancs, puisque les vêtements sont assez colorés. Il y a quand même des grosses pointes de couleurs avec des bandes de couleurs quand on arrive. Et la pièce principale, surtout, entre la boutique et l'atelier, puisque c'est 400 mètres carrés, c'est un carreau, en fait, une vitrine qui permet aux gens, quand ils arrivent, de voir tout ce qui se passe derrière. Et en fait, je voulais une transparence pour qu'ils imagaient un peu tout le projet. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous décrire le milieu dans lequel tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis née en Bretagne, mais j'ai vécu très peu de temps là-bas. J'ai grandi dans la Manche, j'ai été très entourée, j'avais beaucoup de copains, j'étais assez joyeuse, sportive, une enfance très heureuse, voilà. J'ai baigné quand même dans le milieu du recyclage, j'avais une maman qui nous a quand même bien forgé à l'écologie, aussi à s'habiller en seconde main depuis toujours, déjà. pour trouver notre propre style et pas suivre quelque chose qui nous était imposé dans les magasins ou des choses comme ça. C'est vraiment par choix. Et donc, j'ai grandi beaucoup dans la création. Et aussi, je faisais de la musique. Donc voilà, c'était... Dans la création, je me rends compte en fait maintenant. Ouais, quand même. Et dans la joie. Quand j'étais plus jeune, je pense qu'à partir du collège, il y a un moule un peu où tu t'habilles un peu comme tout le monde. Je sentais quand même que j'avais un truc un peu différent. Et c'est au lycée où j'ai vraiment... J'ai commencé à mettre les fringues de mon père, chose qui se fait beaucoup maintenant, mais à l'époque ça se faisait pas trop, je mettais les costards de mon papa, des choses comme ça. Et j'avais une grand-mère aussi qui avait pas mal de sable, donc je mettais beaucoup ses vêtements. Mais je sentais que l'art, tout ça, je me sentais bien dedans, mais c'est assez jeune pour savoir ce que tu veux faire quand t'es au lycée, etc. Donc j'ai fait des études dans la mode après. par défaut quoi enfin tu vois c'était pas je me suis jamais dit je vais créer une marque de fringues je vais faire ci je vais faire ça c'était pas du tout même de la couture pas du tout jamais

  • Speaker #1

    Tu t'es orientée après le bac vers des études de mode, c'est ça ?

  • Speaker #0

    En fait, après le bac, j'avais fait un bac littéraire, option lourde, art plastique et musique. Pas du tout dans l'idée de parallèle des vêtements. Et je ne savais pas quoi faire. Et ma mère m'a dit, écoute, je pense que tu as quand même un attrait pour les fringues, la mode. Elle me poussait déjà à l'époque à me dire, mais va sur les réseaux, tu devrais trop avoir un blog, un truc comme ça, les gens. Et bon, moi, ce n'était pas du tout mon truc. Et donc, j'ai fait des études de mode à Bordeaux. Bordeaux, parce que j'avais suivi mon copain de l'époque. Et c'était un peu par défaut. Et même, je vais être honnête, pendant mes études, je m'y retrouvais pas. Pas du tout. Je m'entourais déjà de... Enfin, on m'inspirait plutôt de ce qui m'entourait. Donc, ce qui s'imposait un peu à moi, ce que j'allais trouver au Secours Populaire, les tissus recyclés. Et en fait, dans mes études, c'était ça. Je travaillais qu'avec des choses recyclées. Donc, j'avais trouvé le Secours Pop de Bordeaux, j'y allais, machin. Et en fait, à l'école, ils n'ont pas accepté que j'utilise des tissus recyclés. Alors, s'ils m'entendent, ils ont beaucoup changé depuis ce que je travaille avec eux. Mais c'est vrai qu'à l'époque, c'était assez compliqué parce que c'était pas du tout dans l'air du temps et que c'était considéré comme sale. Alors qu'il y a tout un travail de restauration, c'était plus la manière de faire qui m'intéressait que le résultat. En fait, je m'en fichais un peu de ce que j'allais faire. Et donc non, mes modèles, c'était plutôt ce qui m'entourait, ce que je voyais. Quand je faisais mes études, je faisais beaucoup la fête et je ramenais des trucs que je trouvais dans la rue. Et le lendemain, je me disais OK, qu'est-ce que je vais faire avec ça ? Donc j'ai tricoté avec des manches à balais, des pulls en sac poubelle. Je travaillais vraiment sur la recherche de matière pour amener un message.

  • Speaker #1

    Tu te sentais en face avec le... Le milieu dans lequel tu étudiais, tu as un peu esquissé l'idée de déjà prendre des distances avec les vêtements recyclés,

  • Speaker #0

    mais est-ce que tu te sentais vraiment appartenir à ce milieu déjà au moment des études ? faire ça. Donc si tu veux, eux, les cours, pour te donner un exemple, c'était, on va faire comme Jean-Paul Gaultier y fait, mais ça ne m'intéressait pas du tout, je ne voulais pas copier. Moi, ce que j'aurais aimé, c'est qu'on m'apprenne à savoir qui je suis, tu vois, apprendre à se connaître. pour pouvoir... Ça ne m'intéressait pas de copier. Ils me disaient, oui, de toute façon, être créateur, c'est impossible. Il faut devenir un tel, ou alors copier un tel. Waouh, non. Donc non, je ne m'y retrouvais pas du tout. Il y avait déjà ce truc de... quand même des personnes, d'être intéressées beaucoup par les parcours de vie, comme toi, j'imagine. Et donc ça, mais bon, avant de faire le lien, j'étais complètement immature. Et puis, la vie, je fais que si tu fais les liens à ce moment-là, quoi. Et même après, il m'a fallu des années avant de pouvoir comprendre ça, quoi.

  • Speaker #1

    Et c'est juste après que t'es partie travailler pour le cinéma ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, en fait, après mes études, moi, je voulais arrêter et c'est quand même une école privée, donc par respect pour mes parents, j'ai continué, j'ai eu mon diplôme. Et ensuite, j'ai eu la chance d'avoir une copine, voilà, dans le milieu du cinéma. Donc, j'ai été pistonnée pour faire mon premier stage pour un gros film quand même une grosse production pour un petit film mais qui passe au cinéma avec un gros casting Christian Clavier, Carole Bouquet Stéphane Degroud, Valérie Bonneton, Rossy Despalmas donc c'était quand même un gros truc, 27 jours de tournage et il n'y avait pas de création de vêtements dans ce film, c'est comme beaucoup de films en fait tu vas chercher des vêtements etc et moi je suis arrivée à la partie où c'était déjà fait donc il n'y avait aucune recherche de vêtements et j'ai eu un rapport très compliqué avec les acteurs, ce monde en fait super avec les acteurs ...les collègues, mais c'est aussi nos collègues, les acteurs, mais en fait, c'est pas du tout... Je trouvais qu'il y avait un monde entre nous, et nous, on devait vraiment être... Alors, merci, d'une part, pas tous, pas tous du tout, et je fais pas une généralité, mais en tout cas, moi, mon expérience à ce moment-là, c'était ça. Et je trouvais qu'on était un peu... Quand tu t'occupes du textile et que t'es dans le costume, tu peux avoir souvent tendance à être mise... Bon, bah, tu vas laver ma tâche sur mon jean perso, tu vas faire ça... Il y avait un coiffeur... ...d'un des acteurs qui m'avait balancé ses chemises perso en me filant un billet de 5 euros. J'étais un peu traumatisée et j'avais un fort caractère quand même à cette époque-là et ça me choquait déjà. Donc ça a été une expérience compliquée, j'ai quand même continué après sur des plus... Petite production sur TF1, la série Nos chers voisins. C'est pareil, en fait, c'est déjà des shows qui sont rodés. Donc, en fait, t'as juste à donner les vêtements, les laver et tout ça. Et en fait, ça m'intéressait pas, quoi. Tu vois, il n'y avait pas ce truc créatif ni humain. Et j'ai continué un petit peu, puis j'ai arrêté. Et aussi, ils te prennent en stage pendant très, très longtemps. On m'a rappelé après pour Hunger Games, quand j'avais 25 ans. pour un stage, tu vois. Donc, je me suis dit, OK, pas ça, c'est pas ce que je veux faire, mais bon, il y a quand même un truc qui me plaît. J'aimais bien le fait de rencontrer des artistes, d'avoir ce réseau un peu qui me fascinait et qui était... Ouais, qui était porteur, en tout cas dans ma tête, de quelque chose après, je pense.

  • Speaker #1

    T'as rencontré des costumiers, des costumières qui t'ont marquée ?

  • Speaker #0

    Eh bien écoute, c'est très marrant parce qu'en plus, elle commençait... Enfin là, elle est très connue. Elle était déjà connue, mais dans le milieu, mais là, sur les réseaux. Marilyn Fitoussi, qui est la costumière, avec qui je bossais moi, sur TF1, sur Nos Chers Voisins. Et elle, elle est la costumière d'Emeline Paris. Donc c'est elle qui fait tous les looks de la série. Et donc là, sur les réseaux, c'est trop marrant.

  • Speaker #1

    Son travail est très vu, très commenté.

  • Speaker #0

    Son travail est très vu et finalement, ça la représente. C'est quelqu'un de... Quand je l'ai vue la pousser quelqu'un qui fait waouh quoi, tu la vois la première fois, elle a un style. Et je me souviens que je me faisais déjà mes vêtements et j'allais bosser avec mes fringues sur ce tournage-là et elle adorait. Donc en fait, on avait vachement échangé là-dessus et je me sens que ça m'a marquée. Globalement, toutes les costumières, Chloé Bartogneau aussi avec qui j'avais bossé sur le film Une heure de tranquillité, qui m'a appris la rigueur du travail, le fait d'avoir l'impression de perdre du temps à faire des choses, qui m'a beaucoup appris sur maintenant. Le fait que je restaure des tissus, on a l'impression de perdre du temps, mais c'est ce qui est important dans toute la démarche créative que j'ai maintenant.

  • Speaker #1

    Tu as vécu à Berlin aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, après j'ai continué, j'ai fait attaché de presse dans une assistante attachée de presse, etc. Et je me suis dit là, pareil, ce n'est pas du tout pour moi. C'était très intéressant, j'ai regardé de très bons souvenirs. Et après, j'étais complètement perdue. Parce que je me dis, ça fait quand même beaucoup d'expériences où je me dis que ce n'est pas pour moi. Et donc, je suis revenue à Grandville avant, et le Secours Populaire m'a demandé pour les 70 ans de faire un défilé. Ils voulaient faire un petit truc dans leur rue et tout ça. Je me dis, non, on va s'intégrer à un événement. J'ai rencontré, qui est devenu une très bonne amie à moi maintenant, Marlène Huard, qui avait fait les traversées sonores. Et on s'était intégrés à cet événement-là. On avait eu plus de 300 personnes pour un truc tout petit. C'était finalement les prémices d'amour collectif, puisqu'on avait fait les castings au Secours Populaire. Donc en fait, c'était des gens que je ne connaissais pas, des adhérents du Secours Populaire. Donc soit des gens dans le besoin, soit des gens qui venaient déposer. Et je ne faisais qu'à partir des vêtements ou des tissus que je trouvais là-bas. Et donc ensuite, je ne me suis pas dit, waouh, révélation, c'est ce que je veux faire. Pas du tout. Et je suis partie à Berlin pour changer de vie, complètement. Je me sentais un peu... J'étais perdue et je me suis dit, bon ben, je vais y vivre. Donc j'ai vécu deux ans là-bas et j'ai complètement changé de... J'avais un taf alimentaire, je vendais des déménagements par téléphone, tu vois, donc rien à voir. J'ai pris le premier truc qui me venait et donc c'était pas pour moi non plus. Et j'ai surtout eu rencontré des gens. Je me suis fait un réseau d'amis là-bas, de rencontres, de connaissances qui m'ont amenée à comprendre ma vie, à prendre de la hauteur. Caméra subjective, tu... Et en fait, les gens étaient habillés d'une certaine façon. Les cheveux orange, tout en orange. Mais en fait, je les trouvais magnifiques. Enfin, tout le monde. Parce qu'en fait, ils sont eux-mêmes et qu'ils représentaient quelque chose qui était complètement en accord avec... Tout ce qu'il pensait, et là, ça a été une vraie révélation. Et j'ai commencé, donc tu sais, tu travailles avec un casque, et j'ai commencé à éteindre ce casque et à écouter sur l'amour, le côté philosophique, mathématique, tout, tout, tout, tout. Ça me fascinait, et je me rends compte qu'en j'ai toujours été fascinée par l'amour, mais pas tant l'amour, c'est juste ce côté, en fait, ce terme fédérateur qui concerne tout le monde, en fait. Donc c'était les histoires de vie, et j'ai dit à mon père, écoute, je pose ma démission, trouve-moi un local, je rentre à Grandville, je vais les trouver. Je sais ce pourquoi je suis faite et j'avais l'impression que mes chakras étaient alignés. Vraiment, ça m'a fait le... Je pourrais te dire, le jour, l'heure, j'étais en accord avec moi-même. Ça y est, c'était parti.

  • Speaker #1

    Donc en rentrant, c'est là que tu vas fonder Amour Collective, dont on va parler évidemment dans la suite de l'entretien. Est-ce que tu peux nous raconter juste l'histoire du nom Amour Collective ?

  • Speaker #0

    Je suis rentrée donc à Grandville, dans l'atelier. Évidemment, pas de nom, pas de... Juste une envie, une idée, continuer un peu les prémices de ce premier défilé pour le Scrooge Populaire, tu vois. Et en fait, évidemment, comme je le suis encore maintenant, je me déborde de travail. Donc je me dis, OK, là, on va faire un grand défilé. On double les personnes, 60 personnes. Donc je rappelle tous ceux qui avaient participé, plus d'autres. OK, trouvez un tel, il faut que le plus de physique. et d'âge et de personnes, de cadres sociaux soient représentés. Et donc moi, je me mets à fond dans la couture, etc. Il faisait très chaud. Je pars au cimetière récupérer des fleurs, les fleurs endeuillées qu'en fait, je réutilise pour faire des couronnes, etc. Enfin Donc j'étais à fond et je me dis, on va lancer la marque le 14 juillet 2018. Évidemment, on arrive, le truc s'approche. Je me dis, il faudrait quand même un nom au truc. Et en fait, je savais que je voulais parler d'amour. Je savais que je voulais qu'il y ait un collectif, en tout cas qu'il y ait plusieurs visions de ça, puisque je donnais la voix à tout le monde et tout le monde pouvait devenir un visage. Donc je me suis dit, Finalement, c'est pas forcément moi qui ai choisi le titre, le nom. Ça s'est imposé et surtout, j'ai fait voter tous les gens que je connaissais, enfin voter entre guillemets, mais je leur ai dit, donnez-moi vos idées, j'ai pris toutes les idées. Et ce qui est ressorti, c'est Amour Collective parce que l'amour, parce que pour moi, je voulais un terme fédérateur qui concerne tout le monde puisqu'on allait représenter tout le monde. Donc ça pouvait être une passion, des amis, une histoire d'amour, quelle qu'elle soit. Voilà. Et collective parce que, un mot anglais, parce que je m'étais dit qu'on pourrait travailler vraiment avec tout le monde et sûrement, je ne me mettais aucune pression barrière pour l'international et tout ça. Enfin, tu vois, en étant à Grandville, j'avais déjà... Et parce que, en fait, je voulais que ce soit le collectif des gens qui étaient représentés, mais aussi des gens avec qui on allait travailler. C'est-à-dire qu'on allait bosser avec des photographes, avec des artistes, que ça allait être très riche et qu'en fait, tout le monde pourrait donner sa propre vision de cette histoire.

  • Speaker #1

    Tu revendiques une dimension très inclusive dans ta pratique. Est-ce que ce n'est pas aussi une manière de renvoyer, peut-être, une critique à ce milieu qui a tendance à valoriser les standards aussi ?

  • Speaker #0

    Complètement. C'est complètement ça et en fait j'en avais même pas conscience, j'en ai conscience que cette année tu vois. Effectivement pour moi, toutes mes expériences professionnelles d'avant, de stage etc. où je m'y retrouvais pas et où je me disais bon pas pour moi. Mais en fait je m'y retrouvais parce que c'était génial comme expérience mais je m'y retrouvais pas à chaque fois parce que l'humain était oublié. n'était pas au cœur. C'est-à-dire qu'on était peut-être parfois traités de manière comme si notre travail était moins important que certains, et en fait pas du tout. Je trouvais que tous les maillons étaient importants, et quand j'ai bossé dans le milieu attaché de presse, c'était donc l'image, c'était les magazines, tu vois. Et là, en fait, je me disais, mais putain, tout est faux. Tout est faux. En fait, j'ai envie de vrai. J'ai envie de montrer des vrais gens, de la vraie vie. J'ai envie de montrer du gras, j'ai envie de montrer des rides, j'ai envie de montrer la beauté partout où elle est, et surtout qu'en fait, qu'on puisse retrouver Regardez des images. sans se donner de complexe, ou alors lire une histoire où on se dit, putain, moi aussi. Et ça, c'est vachement mis en valeur. Un deuil. Et en fait, j'ouvrais des dossiers qui pouvaient être considérés comme tabous pour la société ou pour la mode encore plus. Là, il ne fallait que des paillettes, que ça brille. Moi, je montrais des tissus qui sentaient le pipi, qu'on va restaurer pour en faire un truc qui brille, évidemment. Et je voulais qu'en fait, tout le monde puisse avoir ce regard-là. Oui, donc cette année, je me suis rendue compte au fil des projets que j'allais bosser avec des politiques. ...particiens, en fait, parce que c'est des élus de la ville, c'est des maires, c'est des plus hauts, le département, la région. Et tout le monde disait, mais c'est hyper politique, c'est hyper engagé. Et je me défendais de ça, je me disais, non, en fait, c'est juste l'humain au cœur. Et en fait, je pense que j'en avais peut-être pas conscience parce que j'étais pas aussi assurée, affirmée dans ce que j'étais et la femme que je suis devenue aussi grâce à ce projet. Et effectivement... Je te le dis maintenant très fort dans le micro, c'est politique, c'est engagé. Et effectivement, je m'en rends compte maintenant, on est obligé de se battre aussi pour faire entendre des idées, des valeurs et le combat. que je fais sur certains défilés. C'est politique, c'est l'engagement et c'est le fait de vouloir montrer tout le monde, d'emmener toute une troupe avec moi à chaque fois, d'emmener, là, c'était plus de 1000 personnes qui ont participé au casting, 4000 personnes de mannequin, donc il y a un vrai soutien aussi de la part des élus aussi, mais il y en a contre qui on doit se battre pour faire entendre ça, le recyclage, l'écologie, les gens, mais maintenant, c'est des mots qui sont clés dans les programmes, donc c'est plus facile.

  • Speaker #1

    Tu organises des castings bienveillants ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous dire comment ça se passe ? On a dit, ce serait pas mal qu'on puisse faire des castings dans un EHPAD. L'idée, c'est de garder le côté intergénérationnel dans le cadre du Silver Day. Donc, c'est tout ce qui concerne les personnes seniors, lutter contre l'âgisme. Et donc, c'est mis en place assez naturellement, comme tout ce qui s'est fait après, des castings dans des EHPAD et dans des collèges, lycées, etc. Et j'avais pas donné ce nom-là, mais dans mes défilés d'après, c'était des castings bienveillants où le seul... Le critère, c'est de venir et de bien écrire les informations pour qu'on puisse recontacter les gens. Et voilà, en fait, l'idée, c'est vraiment de pouvoir venir sans critère de sélection. C'était compliqué aussi parce qu'on se dit, il y a une paire de hasards. Moi, au début, je voulais choisir, etc. Mais en fait, il faut que je laisse complètement le hasard faire. L'idée, c'est de représenter le plus de monde possible. Qu'on n'ait pas que, non plus, des petites brunes. Enfin, tu vois, il faut que tout le monde puisse être représenté. Ça se fait assez naturellement. Et donc, cette année, pour le défilé au Mont, les castings, on s'est un peu enflammés. Enfin, je me suis un peu enflammée. J'ai voulu faire avec six villes partenaires de la Manche. Grand-Ville-Avranches, Quarantens, Saint-Lô, Ville-Dieu-Coutances. Et donc, on allait le matin, dans des missions locales et des EHPAD, maisons de retraite, vers un public qui ne se serait pas senti concerné par l'action ou qui n'aurait pas entendu. On a vendu ça en fait et on allait leur proposer. Donc après, on bossait avec les aidants qui, eux, s'occupaient des castings en interne et qui faisaient le relais en fait après avec nous. Et ensuite, on allait, on faisait... Donc les villes nous avaient prêté des salles où là, en fait, les gens répondaient à la communication qu'on avait faite au préalable avec la ville partenaire et les gens venaient. Et donc, plus de 1000 personnes. On a fait aussi un filtre Instagram pour que les gens qui étaient trop timides ou qui étaient trop loin puissent participer avec une photo. L'idée, c'était aussi de ne pas stigmatiser les gens qui ne savent pas écrire, qui ne peuvent pas... Enfin, tu vois, on a des personnes en situation de handicap mental. Donc, on a fait des petits fichiers. feuillets, papiers, où en fait, tu écrivais ton nom, ou alors tu venais avec un aidant, ou alors on aidait tout le monde. Et il y avait aussi des encarts, qu'est-ce que vous attendez d'un projet comme ça, des choses à cocher, ou des espaces pour du dessin. Donc on a eu plein de dessins, plein de lettres, plein de trucs trop beaux, des petites... Enfin, c'était génial, c'était hyper émouvant, touchant.

  • Speaker #1

    Donc à chaque défilé, tu organises un casting bienveillant en amont ?

  • Speaker #0

    C'est ça. À chaque défilé, il y a un casting qui nous fait rencontrer des personnes qui veulent participer, soit à être bénévole, donc photographe, aider pour le montage, aider pour plein de choses, ou alors être maquilleur, coiffeur, enfin tu vois, même si on bosse avec des pros... Il y a toujours besoin de monde. Ou alors, être mannequin. C'est des castings bienveillants, parce que mannequin, c'est pas la finalité du projet, en fait. Même si je sais que pour certains, ça l'est, ça l'est pas forcément. C'est-à-dire que cette année, par exemple, il y en avait beaucoup qui défilaient pas. évidemment, sur 1000 personnes on en a eu 200, et bien en fait on les appelait. On appelait les autres pour des shootings, pour plein de choses. En fait on a un vivier de personnes répertoriées, que nous on a enregistré toutes leurs informations, et on peut les appeler à n'importe quel moment, ils font partie de la marque, et à un moment ils seront mannequins, à un moment voilà ça tourne. À un moment on aura beaucoup de monde. Donc je vais essayer de faire tourner le truc au maximum, mais voilà. L'idée c'est qu'à chaque événement, on refasse des castings dans la ville où on sera.

  • Speaker #1

    Tu portes des défilés dans des lieux quand même exceptionnels, qui sont à chaque fois de plus en plus grands. D'abord les jardins de la Maison Christian Dior à Grandville, et puis récemment... Le Mont-Saint-Michel, tu peux nous raconter un peu comment sont nées ces idées ?

  • Speaker #0

    Moi, je voulais avoir quelque chose d'assez sauvage, bucolique. Donc, j'ai commencé en demandant l'autorisation à la ville de Grandville d'aller dans leur jardin Valès Fleurs. Donc, c'est un petit jardin public qui est magnifique. Et je trouvais qu'en fait, il n'y avait jamais d'événements là-bas, ou peu, et encore moins dans la mode ou des choses comme ça. Et pour moi, c'était une forme de valorisation aussi de là où on était. On faisait en fonction de la nature, du décor, tu vois. On n'amenait pas un énorme décor, construction, trucs, lumière. On faisait en fonction. La nature. Et ensuite, la ville de Grandville nous a demandé de faire quelque chose à l'archipel. C'est le théâtre de Grandville, salle de concert, salle de conférence. C'est très joli, c'est sous la roche. Donc pareil, c'était quand même un lieu qui avait une histoire, qui m'a beaucoup parlé. Ils ont restauré, c'était une ancienne salle et ils l'ont retrouvée après des années pour la restaurer. L'histoire était vraiment jolie et je me suis sentie un peu, dans une salle, c'est compliqué pour moi. Je me sens un peu à l'étroit, étouffée et tout ça. Parce que tu as des contraintes de lumière, de trucs qui s'imposent à toi, c'est intéressant, mais ce n'était pas ce que je recherchais vraiment. Et ensuite, ils m'ont demandé de faire quelque chose dans les jardins Christian Dior. Et bon, là, ça a été... En fait, déjà à cette époque-là, je voulais faire le mont depuis le début. Ils m'ont dit, écoute Cassandre, le mont, c'est super, tu le feras, on a toute confiance en toi, c'est sûr, mais il faut que tu deviennes plus professionnelle. Si tu veux, j'étais encore toute seule, je faisais mes trucs. Il faut que là, tu puisses faire quelque chose. Avant que tu aies un step up, tu vois, donc le jardin Christian Dior qui est sublime au-dessus de l'eau, donc la maison d'enfance de Christian Dior à Grandville avec son jardin fleuri au bord de l'eau, c'était vraiment les lumières, les couleurs, tout était sublime. Et en fait, nous, on a juste ramené des chaises recyclées, donc on allait en chercher tous les jours aux déchetteries, on a trouvé des magnifiques chaises, on a tout fleuri. Pour moi, ce qui est important dans chaque lieu où je me trouve, c'est de faire en fonction du lieu. Donc, je ne voulais pas du tout dénaturer, donc ma collection, elle s'inspire à chaque fois du lieu dans lequel je me trouve. Simon. ma première base. Et ensuite, les gens que je vais rencontrer, qui vont participer. Mais ma base, c'est vraiment le lieu qu'on va choisir, qui va m'inspirer. Je vais tout de suite voir. Ah ouais, là, ouais, fais l'artifice. Et ensuite, je vais me dire, la décoration va être importante et va guider, en fait, toute la collection et tout le travail ensuite. Et donc, le 11 à Michel, ça a été un peu la consécration pour moi de ces cinq années de travail. Et ça a été finalement un an et demi de travail. Très compliqué parce que déjà, le Mont-Saint-Michel, c'est le mont, c'est une institution, c'est un mastodonte. Et moi, j'arrive comme ça. Et j'ai gardé cette naïveté, je pense, qui fait la force aussi du projet, et tant mieux, de m'émerveiller, en fait, devant déjà le lieu, en fait. Donc, on allait remercier le lieu d'accepter, tu vois. Et je suis allée à la Saint-Michel, enfin voilà, j'ai baigné, j'ai voulu baigner un peu là-bas pour voir l'énergie qui s'en dégage de ce lieu. Et ouais, enfin, tout le côté aussi spirituel, enfin, tu vois, les gens vont se recueillir aussi là-bas. Je voulais le faire à l'intérieur, je savais pas trop. Puis, en fait, je me dis, ça a aucun intérêt. Donc, je voulais le faire devant, je voulais le faire en bas. Et en fait, les... Le type du monde m'a dit mais en fait ça n'a aucun intérêt, fais-le sur le barrage, c'est une construction qui a eu lieu il y a 9 ans je crois maintenant, et qui n'est pas forcément mise en valeur parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion encore de faire des événements. Enfin, pas l'occasion, mais en tout cas ils n'ont pas eu peut-être le temps de se concerter pour faire des événements. On est arrivé là-bas, carte postale, en fait. Tu peux pas faire un événement au mont, dans le mont, parce que ça n'a aucun intérêt, tu vois pas le mont, tu vois. Ce qui est intéressant, c'est de le voir, et là, effectivement, c'est l'immensité, la perte de vue, le silence, le mont en fond, les couleurs qui changent, le mont qui change de couleur, avec le soleil, enfin c'est plus du tout... J'ai dit, ok les gars, vous m'avez eu, on le fait sur le barrage. Donc on a créé, nous, un village de loges, pour aussi avoir des loges calmes, que les... En fait, on est vraiment à fond dans la démarche, pour que les mannequins se sentent bien, c'est vraiment tout tourné pour que l'humain se sente vraiment bien. Donc on a fait venir des enceintes, etc. tout un système qui s'est mis en place là-bas. Sous-titrage ST'501 Là, c'est la nouvelle collection. Donc, j'avais envie. Là, j'ai hâte qu'il fasse beau, puisque dans l'atelier, il fait assez frais quand même. Donc, je pense que j'ai fait beaucoup de lin. Donc, je travaille avec des draps en lin brodés. Donc là, j'ai fait des robes, des chemises, des manches bouffantes. J'ai travaillé aussi autour de la transparence avec du crochet, avec des rideaux anciens, des tops d'ONU. Voilà, il y a des choses aussi qui sont mixtes. Et beaucoup de cabas. Le cabas de l'été, notre hit bag qui sort là. Donc, on l'a fait dans toutes les couleurs. Là, on passe en fait en... Dans les coulisses, derrière le carreau, on voit un peu tout ce qui se passe ici. Là, ce sont les machines à coudre. On a un, deux, trois machines à coudre et une machine à broder et une surjetée également. Et là, toute la mercerie, des boutons, du fil. Il y a énormément de choses avec lesquelles on produit, on confectionne tous nos accessoires. Là, c'est une très grande pièce. Cet atelier fait 400 mètres carrés. Là, il y a ma sœur qui est en train de broder. On est en train de finir à fond pour ce soir. Donc là, les sacs dont je te parlais... Ce sont ceux-là, donc toutes les couleurs, des cuirs magnifiques qui viennent d'une maison de haute couture française. Je ne peux pas encore dire le nom parce qu'on n'a pas encore un partenariat officiel, mais c'est une très belle maison. Ils sont dans une démarche de développement durable, donc nous on travaille avec leurs cuirs de toutes les couleurs, donc du rose, du bleu, du jaune, du vert, du noir, des cuirs magnifiques qui sont italiens.

  • Speaker #1

    Ce qui est très beau, c'est que là on voit la machine à coudre qui travaille et le mot amour est en train d'apparaître sur le morceau de cuir.

  • Speaker #0

    C'est ça, on a la chance de pouvoir avoir une machine comme ça qui brode automatiquement. et on fait également aussi beaucoup de broderie à la main, donc des cristaux, des perles, des choses comme ça. L'idée de ce lieu, c'est quand même qu'on fasse la partie atelier pour Amour Collectif, mais également que ça devienne un tiers lieu pour l'association. Donc l'idée, c'est de faire ici une grande bibliothèque avec une estrade pour pouvoir recevoir des spectacles. Et également ici, on mettra une grande table. Il faut faire preuve d'imagination, vous ne voyez pas, mais c'est encore très en travaux. Donc les murs sont pas encore tout à fait peints. Mais ici, on mettra une grande table avec beaucoup de canapés, des fauteuils pour faire des réunions. pour faire également les ateliers autour de l'estime de soi. Ici, à notre gauche, c'est donc toute la partie cuir, qu'on a énormément, énormément de cuir qu'on a protégé là. C'est notre espace pour la maroquinerie, qui deviendra après un espace plus de shooting photo, avec des lumières, des fonds de couleurs, etc. C'est pour notre e-shop, pour qu'on puisse prendre en photo les backshots, et également pour qu'on puisse faire des photos, des shootings thérapeutiques, ou alors des shootings d'inspiration. La grosse partie de cet atelier, c'est à notre droite, C'est 18-19, je crois. Immenses étagères de tissus qui sont dans un dégradé de couleurs. Donc du blanc, marron, rouge, rose, orange, jaune, vert, bleu, violet et noir. Et ce ne sont que des tissus recyclés. Des rideaux, des nappes. Je pense que même toi, il y en a qui peuvent te parler.

  • Speaker #1

    Il y a des velours qui ressemblent à des rideaux de vieilles maisons.

  • Speaker #0

    Exactement. Souvent, les gens, quand ils viennent ici, ils sont impressionnés par la quantité et surtout le dégradé de couleurs. Et aussi, ils sont parfois émus parce qu'ils disent Oh là là, je dormais dans une couverture comme ça chez mes grands-parents, donc il y a tout ce côté émotion qui me parle, moi, en fait. Si tu veux, tu peux jamais être à court d'inspiration, parce qu'en fait, tu te mets en face de ça. C'est les odeurs, les histoires, et ensuite, après, je restaure le tissu pour pouvoir en créer quelque chose.

  • Speaker #1

    On voit des très beaux canevas pliés sur une étagère, et juste à côté, sur un portant, on voit d'autres canevas qui sont déjà... En pièces en fait ?

  • Speaker #0

    Moi j'utilise les canevas pour faire des bustiers, des corsets que je rebrotte de cristaux après. C'est vraiment quelque chose que j'adore. Je suis très fan du kitsch et je voulais vraiment amener les gens à aller dans mon univers et pouvoir aussi le dédramatiser et le porter de façon très élégante, très sobre. Donc on a fait des corsets qui est notre pièce phare. Corset, bustier, en canevas avec des détails de cuir qui peuvent être réversibles si des fois on veut quand même être un peu plus sobre. Il y a donc une mézanine à notre gauche avec des petites pièces en dessous. qui sont encore en rangement, donc en dessous du fil. du cuir comme tu peux le voir, et là-haut, ce sera des bureaux. L'idée, c'est de faire plusieurs petits bureaux, un espace de coworking, et moi aussi que je puisse avoir un petit bureau. Comme tu le vois, c'est un espace qui est complètement ouvert. Moi, j'aime beaucoup qu'il y ait le bruit des machines, que tout se mélange, qu'on s'adapte aussi aux gens, que tout soit ouvert comme ça, c'était vraiment important pour moi.

  • Speaker #1

    Et donc, ta pièce phare, t'en as parlé un petit peu, l'écorcé, est-ce que tu as une autre pièce ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai les manteaux Mala. En fait, chaque pièce porte le nom de la personne qui me l'a inspirée la plupart du temps. Et donc, Mala, ce sont des doudounes que je fais en couverture ou en duvet, Des choses comme ça, donc avec des manches assez bouffantes. C'est notre best-seller et c'est la pièce qui est le plus demandée par les magazines ou des clips ou des choses comme ça, parce que je pense qu'elle est assez dans certains coloris ou tissus un peu hors normes. Et donc, elle s'appelle Mala pour Malalie, c'est le nom de ma maman. Et donc, je pense qu'elle est best-seller parce qu'elle a dû m'en acheter énormément aussi. Mais voilà. Donc là, on continue vers une... Une partie qui est encore en travaux, donc c'est mon papa qui m'aide à faire les travaux, avec également des bénévoles, on fait des appels sur les réseaux sociaux et les gens viennent nous aider, également des artisans pour les parties les plus techniques. Donc mon père fait de la musique, ce qui nous permettra, vous allez me dire je ne pense qu'à moi, mais d'avoir une pièce insonorisée pour faire nos enregistrements de voix également, pour les défilés. Donc lui il construit des amplis à lampe avec ses amis, donc il fera ça ici, plus une petite salle de répétition isolée ici.

  • Speaker #1

    Et une porte qui donne sur un jardin ?

  • Speaker #0

    Qui donne sur un jardin, qu'on va pouvoir voir. dans le petit futur salon de thé où je vais t'emmener. Ici, on a une porte en verre qui est également recyclée d'une banque qui nous l'avait donnée. On a construit tout autour. Bon, mince, j'ai pas de lumière, mais on voit quand même. Ici, on a construit cette pièce et ce sera notre future cuisine. L'idée, c'est de travailler aussi avec l'association sur le faire venir des chefs, travailler sur le côté intergénérationnel des rencontres. autour de l'art de la table, mais lutter aussi contre la perte d'autonomie en faisant des buffets, manger main, essayer de faire beaucoup de choses et aussi pour qu'on puisse, nous, avoir une cuisine ici. Tu n'as pas encore de rambarde ici, fais attention. Et donc là, ce sera l'espace de ma maman. Et donc, ce sont les combles qui sont... En fait, on a vraiment utilisé tous les espaces possibles de ce lieu qui est gigantesque. Et donc là, ce sont les combles qui sont aménagés. Comme tu le vois, on a trois fenêtres qui donnent du coup dans les jardins la campagne. Et parce qu'on est au bord de la mer, mais aussi au bord de la campagne.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on voit la mer d'ici ? Est-ce qu'on la devine ? Non ?

  • Speaker #0

    Oui, moi aussi, je croyais. Mais en fait, on peut se dire ça. Disons qu'on la voit. Et donc ici, tu vois, ça s'arrêtera là. C'est une pièce qui fera à peu près Un mètre carré, je pense. Et donc, ce sera vraiment l'espace de ma maman, un peu salontée. Elle brode beaucoup. Elle, c'est vraiment l'éloge de la lenteur. Donc, elle va broder des perles. En fait, tu vois, on est tous créatifs dans la famille. C'est ce que je me dis. Alors, l'inconvénient aussi que j'ai dans tous les ateliers que j'ai eus, puisque avant, j'étais dans l'ancienne salle des ventes de Grandville, c'est que ce sont de grands espaces, très difficiles à chauffer. Donc, c'est un des gros inconvénients. C'est qu'en fait, j'ai tout le temps... Il fait très, très froid. Et donc, en janvier, ça a été très compliqué. On a nos aiguilles qui cassent. Quand on doit broder à la main, c'est encore une fois... les doigts très engourdis, donc ça fait partie des choses qu'on doit prendre en compte aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une matière que tu préfères travailler, dans toutes celles que tu as citées là ?

  • Speaker #0

    Là, on aime bien le cuir avec ma sœur quand même. En fait, je pense qu'on aime bien ne pas s'ennuyer parce que quand tu es tout le temps en train de faire la même chose, ce serait compliqué. Là, on a du cuir, des couleurs, donc c'est très intéressant. Pour l'instant, c'est un peu mon truc, son truc. Et sinon, moi, j'adore travailler le lin. C'est assez facile à coudre. Je ne dirais pas que j'ai une matière de prédilection, c'est plus une coupe où je vais aller à fond dans une coupe, je vais la faire dans tous les coloris, toutes les couleurs. Et après, je vais changer, je vais faire autre chose et je vais y revenir. C'est plus comme ça. L'idée aussi du défilé au Mont-Saint-Michel... Quand on a déménagé, on avait plus de 500 cartons. L'idée, c'était d'ouvrir tous ces cartons quand on est arrivé et de voir tout ce qu'il y avait. C'était impressionnant. Et donc, on s'est dit, tous les boutons, toutes ces choses, j'ai envie de montrer aussi ce que c'est que le recyclage. Donc, on a fait beaucoup de vestes avec énormément de boutons pour montrer aussi aux gens ce que c'était. Et donc, je me rends compte maintenant qu'on n'a encore jamais ce qu'il faut, comme tout le monde dans leur boîte à boutons.

  • Speaker #1

    Le fond de la pièce, il y a plusieurs étagères avec que des boutons, ou presque.

  • Speaker #0

    Des cristaux, des fils d'or, d'argent, des galons. En fait, quand on est une jeune marque comme ça, petite, où on fait tout nous-mêmes, on a la chance déjà. Je suis hyper reconnaissante de ça, de pouvoir avoir un espace qui permet de stocker beaucoup. Mais c'est vrai qu'en fait, on a du mal à... On est dans une problématique de on veut tout garder, mais c'est pas possible non plus Et en même temps, on a besoin de matières premières différentes, parce que sinon, on ferait tout le temps la même chose et on a besoin de se diversifier aussi.

  • Speaker #1

    Sur le côté des fleurs artificielles...

  • Speaker #0

    Et j'ai aussi des toiles. Donc ça, c'est les toiles de ma meilleure amie qui peint. Et j'aime beaucoup aussi ramener des artistes aussi à l'atelier qui font des choses. Donc je pense qu'on fera beaucoup d'expositions d'artistes à l'atelier. Et également, les fleurs qui nous servent de paquets. Je t'en montre un. En fait, tous les achats, toutes les commandes sont emballées dans des paquets de papier peint qu'on a récupérés en faisant de l'urbex dans des endroits abandonnés, maisons de retraite à Grandville, qu'elle a détruit. On les a récupérés. Ils sont neufs, en fait, ils étaient emballés. Et on emballe nos commandes dedans avec des fleurs recyclées et du ruban également. C'est des vrais paquets cadeaux. On se fait plaisir à soi aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous dire un peu comment tu crées toutes ces tenues ? Est-ce que tu travailles seule ? Combien de temps ça te prend pour préparer un défilé ? Est-ce qu'au-delà des défilés,

  • Speaker #0

    tu proposes aussi des collections au grand public ? On part de leur complexe, de leurs envies, de leurs capacités. On n'habille pas une personne qui est debout comme une personne qui est en fauteuil, une personne qui est très à l'aise, une personne qui l'est moins. Donc on part de ça et en fait, moi je leur propose quelque chose, ils font un pas vers moi et je fais un pas vers eux. Donc il y a une co-construction de la collection, donc les défilés ça ne représente pas les collections que je sors dans l'année, après tu vois les collections capsules, etc. Donc ça demande... double, triple, quadruple de temps, parce qu'en fait, tu fais en fonction de la personne. Et ça, c'est quelque chose qui, dans le milieu de la mode, ne rapporte pas d'argent, si tu veux. C'est une perte de temps pour les gens de faire ça. Mais en fait, moi, c'est le cœur de mon projet. Et les défilés, je ne le ferais pas si je ne faisais pas ça. Donc, il y a une forme parfois de surmesure, presque. Si je dois être là dans des chiffres... de temps, etc. Donc là, j'ai eu pas mal de stagiaires qui sont venus au cours de l'année. Donc je dirais que sur six mois, on a eu dix personnes à venir nous aider. Moi, grâce aux subventions, j'ai pu avoir deux personnes aussi sur six mois à venir m'aider pour la partie organisation. Donc ça pouvait un peu me dégager du temps pour la couture. Ça a été un an et demi de travail, ce défilé, à plein temps. Et donc, je pense qu'il n'y a eu plus... De 1000 pièces qui ont été faites, il y a des pièces qui prennent... On a une veste collector du défilé au Mont-Saint-Michel qui a pris plus de 8 semaines de travail à 8 personnes à plein temps à broder entièrement de boutons. Et il y a des choses qui vont être plus simples. On va faire des robes toutes simples qui vont prendre 2 heures à monter, mais il y a des choses, pour moi c'est important. On a eu des dons de broderie, haute couture, d'atelier de broderie, où en fait, moi l'important, c'est le devoir de mémoire, de raconter l'histoire de cette femme et de rebroder des cristaux, etc. Tu vois, je te le dis là, je le dis aux gens, en fait, je repars avec l'histoire. Et donc, on passe du temps à broder certaines pièces qui mènent plus de temps.

  • Speaker #1

    Et tu travailles avec des modèles, donc tu disais non professionnels, de 7 à 102 ans, de toute morphologie, d'origine sociale, etc. Comment est-ce que tu les plonges dans cet univers du mannequinat, ou en tout cas du défilé ?

  • Speaker #0

    C'est le cœur du projet, c'est mon rôle. J'ai plusieurs rôles, mais là, ça commencera à devenir vraiment ce rôle-là. C'est, en fait, je suis vraiment là pour que les gens... puissent se sentir à l'aise, à leur place. Et en fait, c'est une micro-société, 200 personnes, on fait des castings partout, t'as de tout, de tout, de tout. Et donc là, c'est 7 ans, mais avant, on a eu des bébés sur d'autres défilés. Enfin, tu vois, on a des femmes enceintes. On a des femmes enceintes qui ont passé les castings, qui me diraient, si je suis prise, il faut qu'on fasse attention. Parce que du coup, c'était intéressant. Et donc, ce rôle-là, ça va vraiment être de travailler au cas par cas. Donc c'est une charge qui est énorme et c'est pour ça que je suis en totale dépression à la fin des défilés. Parce qu'en fait, tu peux pas ne pas être une éponge, c'est normal. Et même s'il y avait des personnes qui m'aidaient, etc., qui faisaient un peu, pas barrage, mais tu vois, en tout cas, des personnes avant moi. L'idée, c'est vraiment que tu aies un groupe avec des personnes qui vont être très à l'aise. qui vont être à l'aise avec la lumière, avec le fait que les gens le voient, qui le font ça pour ça et qui font du bien aussi dans un groupe parce que ça porte aussi le groupe et les gens, ok, on avait des mannequins pros aussi qui l'ont fait, qui l'ont fait bénévolement et qui sont inscrits au casting comme les autres. Et eux amènent aussi un truc de, attendez, je vais vous montrer, ça crée des ateliers. Et donc déjà, il y a ça. Moi, j'écoute chaque parcours de vie. Donc il y a un vrai lien avec la personne, la personne me fait confiance. S'il n'y a pas ça, ça ne fonctionne pas. On fait des rencontres aussi, il faut que les gens, les mannequins se rencontrent. S'il n'y a pas ces moments de rencontre, la magie, elle n'opère pas, ça ne fonctionne pas, tout le monde va se... ...se stresser. En fait, c'est quand même très stressant le jour J. Moi, je leur dis tout au long de l'année, tout le stress, je vais vous le prendre. Par contre, quand vous irez seul, je pourrais... juste pas prendre celui-là, mais tout le reste, vous avez carte blanche et vous n'avez à vous occuper de rien, le reste, je le prends sur mes épaules, voilà, vous êtes là pour kiffer. Et donc, une fois que j'ai rencontré tous les mannequins, j'enregistre leurs histoires de vie, etc. Donc en fait, après je fais du montage audio pour que ça arrive dans la musique du défilé, donc en fait ils défilent sur leur voix à des moments, etc. Plus, une fois que j'ai rencontré tout le monde, je fais une introduction pour le public qui permet, donc là c'était face au mont, 4 minutes de voix, en fait c'est un texte que j'écris, je l'ai écrit pendant 8 heures celui-là, avec tout ce que ça m'a inspirée. Donc la difficulté d'organiser déjà le défilé et la difficulté de la vie. Donc c'était une ode à la difficulté et en fait je parle de tout le monde, j'englobe tout ce que j'ai entendu, tout leur parcours de vie, etc. Et donc le public se retrouve, souvent c'est ce qui marque un peu les esprits, se retrouve face à ça, face au monde, avec juste face à lui-même en fait, à écouter ça et en fait chaque personne au monde peut se reconnaître dans ce texte-là puisque ça parle de la vie et donc ça, ça permet aussi aux mannequins qui l'entendent avant, c'est l'erreur que j'avais pas faite au jardin de Dior, donc tout le monde qui a pleuré. Je ne l'ai pas faite cette année. Les gens l'ont écouté avant. Donc les bénévoles, on faisait des rencontres bénévoles, on leur faisait écouter le texte. Ils pleuraient avant. Et je leur disais, maintenant, c'est ces valeurs-là que vous allez porter. C'est ça, en fait. C'est pour ça qu'on fait tout ce travail. C'est pour ça qu'on fait, qu'on vous chouchoute, qu'on vous... Parce qu'en fait, c'est vous-là, ce sera quelqu'un d'autre. Et en fait, toute l'image que vous allez renvoyer, c'est des gens qui vont se reconnaître en vous. Et en fait, c'est ces valeurs-là que vous allez porter haut et fort. Et ces valeurs-là, c'est les vêtements, quoi. aussi. Donc, ils ont ce rôle de porteurs de messages le jour J, ils en sont conscients, ils le savent, et c'est tous ces liens qui ont été créés. Plus, on a créé également, on a tout un travail autour de l'estime de soi, parce que j'ai créé une association depuis qui s'appelle Futur Collectif, mais on y viendra, je crois. Et l'idée, c'était d'aller plus loin pour créer du lien, de créer des ateliers autour de l'estime de soi, chaque semaine, libre, ouvert à tous ceux qui s'étaient inscrits au casting, mannequins, pas mannequins, des gens qui viendraient même pas le jour J, gratuits, avec des intervenants bénévoles, donc rigolothérapie, yoga pour la respiration, mes dessins, tu vois, il y a eu de la danse, il y a eu du chant, enfin il y a eu vraiment plein plein de choses qui ont fait aussi que ça puisse libérer la parole et qu'ils puissent apprendre à se connaître et comprendre les valeurs du projet.

  • Speaker #1

    Donc dans tes défilés, on l'a dit, tu fais venir des mannequins non professionnels, mais dans le public aussi qui vient assister au défilé, t'as des gens qui n'ont... Absolument aucun lien avec la mode. Alors tu as aussi des influenceurs, des gens qui sont dans le milieu. D'ailleurs, est-ce que tu peux nous parler à la fois du milieu, comment aujourd'hui tu es perçu dans ce milieu que tu avais un peu fui au départ, et aussi comment le grand public qui vient découvrir tes défilés en vient à te suivre ?

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que du coup, il y a un vrai lien entre ce que je voulais, le milieu de la mode et finalement tout le monde, où tout le monde pouvait se retrouver. Et donc, vu que ce sont des mannequins qui sont bénévoles et amateurs et qui, mais jamais pour la plupart, n'auraient pensé... faire ça un jour, ça ramène leur famille aussi. Donc ça ramène leur famille, etc. Donc c'est un public qui n'a jamais vu de défilé, ou la plupart du temps, on a un gros public qui n'a jamais vu de défilé. Et là, on travaille aussi avec des influenceurs qui sont devenus des amis, parce qu'en fait, ça ne fonctionne pas. C'est tellement humain que ça ne pourrait pas fonctionner si c'était juste pour la classique relation d'influence avec cette distance de poste, etc. Donc en fait, si tu veux, c'est des gens qui reviennent à chaque fois parce qu'on les invite et c'est des gens qu'on voit, qu'on aime, quoi. Tu vois, qui aiment... Tu vois qui aime la marque, qui porte les mêmes valeurs que nous. Et donc, ça crée aussi une visibilité dans le monde de la mode. Moi, je n'en ai pas encore trop conscience parce que je suis restée à Grandville, même si j'ai des opportunités énormes. Et c'est là que je me dis, la folie des réseaux sociaux, c'est fou. Tu peux vivre dans le lieu que tu veux, dans le cadre que tu veux, face à la mer, et dans un petit bled, et en même temps bosser pour des gros projets. Donc, c'est super. Je dirais que les premières années, ça a été compliqué pour moi parce que je voulais vraiment casser avec ce truc-là. Ça m'avait un peu traumatisée, je crois. Paris et ce milieu-là. Et finalement, maintenant, avec l'engagement que j'ai, le côté affirmé de la femme que je suis, ce que je te disais tout à l'heure, je sens que je peux... apporter quelque chose et je peux travailler aussi dans le monde de la mode et en tout cas choisir en fait. Je suis en pouvoir maintenant de pouvoir choisir ce que je veux faire, les projets et aussi amener et les gens aussi avec qui je travaille et amener des mannequins qui seront pas du tout dans les standards mais je veux dire même pas du tout. Ça veut dire qu'ils auront pas le truc de savoir se positionner dans un endroit, on va tout devoir réapprendre et ça maintenant, si les gens veulent bosser avec Amour Réactive, ils savent. C'est comme ça, c'est apprendre où aller c'est quoi. Et donc ça c'est un peu, je dirais que c'est la fierté un peu, parce que même tous nos mannequins disent Moi de toute façon le prochain à Paris je le fais et tout ! C'est génial, et ça c'est des Christine, 68 ans, c'est des Moni, enfin voilà, c'est tout le monde quoi. C'est en même temps aussi des jeunes qui veulent faire ça plus tard, enfin voilà, ça y est. On a réussi à créer une safe place qui est autant un pied dans la mode que dans le social.

  • Speaker #1

    Et donc en 2022, tu as voulu aller plus loin dans le prolongement d'amour collectif et tu as créé Futur Collective.

  • Speaker #0

    Après le défilé au Jardin Christian Dior, les gens sont revenus, les mannequins, les bénévoles sont revenus, les gens du public sont revenus me voir en me disant Ok, bon, moi c'est bon, là, il faut signer où ? Je veux participer tout le temps. Je veux tout le temps vivre ça, je veux tout le temps… Et en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que moi, j'ai des grosses périodes de défilés où là, ça tourne, il y a du monde, il y a du monde à m'aider, je peux embaucher des personnes sur du court terme, etc. Je suis seule ou parfois il y a ma soeur qui vient de temps en temps ponctuellement m'aider, mais je couds seule, je fais les photos seule, je fais les vidéos tout seule. Et donc effectivement, je ne peux pas sous-traiter des personnes qui gentiment vont venir m'aider à coudre pour qu'après je revende, etc. Ça reste une entreprise. Et je me suis dit, là, il manque un truc. Il manque un truc. Et puis en fait, là, on parle que de vêtements, mais en fait, ça pourrait aller beaucoup plus loin. Donc avec les bénévoles qui sont là depuis le début, on a décidé de créer une association qui s'appelle Futur Collective. Et l'idée, c'est de raconter tout ça, créer du lien intergénérationnel, de l'inclusion, créer des moments sains. simple, mais de partage, de gens qui se seraient jamais rencontrés à travers l'art, la mode, la bouffe, tu vois, faire venir des chefs, manger, toujours les lieux, manger dans des lieux géniaux qui sont pas faits pour ça, ou tout simplement un pique-nique partagé, enfin tu vois, créer plein de choses pour l'humain, des choses simples, où en fait on porte tous les mêmes valeurs et on se fait du bien, donc créer une boîte aux lettres, avec des lettres anonymes, soit qu'on envoie dans des structures, soit en fait, commencer des révélations épistolaires, enfin tu vois, plein de choses comme ça, qui se mettent tranquillement en place et qui se sont mises vraiment en place. Puisque c'est l'association qui a porté le projet du défilé, qui a été porteur de projet auprès des financeurs, des subventionneurs. Et Amour Collectif, finalement, maintenant, devient juste une petite branche de cette association. En fait, l'asso va devenir le cœur de tout ce projet, donc moi, je ne serai plus du tout chef de projet, etc. L'idée, c'est vraiment que je m'éloigne tranquillement, j'en ferai partie. Et c'est pour ça que je me lève le matin aussi, c'est pour vivre ces moments-là. Mais moi, je vais gérer Amour Collectif et l'association sera gérée par une présidente. Voilà, et c'est des choses qui deviendront pérennes et autonomes sans moi, quoi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais de toi que tu es une femme engagée ?

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que je suis engagée, je me définis comme ça, et je me sens bien dans ce rôle-là maintenant, tu vois. Et je pense que je vais vachement plus m'engager même. Je vais aller vers des associations très engagées. J'étais déjà liée aux sorcières pour des projets, des choses comme ça, donc c'est une asso féministe de camp, mais j'ai envie d'aller dans... Plein d'assauts différentes parce qu'en fait on est engagé pour l'humain, donc surtout on est aussi très engagé avec Port d'Attache, qui est une assaut grand-villaise qui vient en aide aux réfugiés politiques. On a eu beaucoup de mannequins ukrainiens à défiler l'année dernière, ce qui n'était pour moi même pas une question. aller beaucoup plus loin dans des choses comme ça, m'imposer, oser raconter, et oser donner mon point de vue, ne plus me cacher derrière des histoires de gens.

  • Speaker #1

    La dernière, ce n'est pas une question, c'est ce que je propose à chaque invité. Tu profites des prochaines minutes pour parler directement aux auditeurs du podcast.

  • Speaker #0

    Je suis contente d'avoir la chance de pouvoir vous parler de ce projet, qui est un projet familial à la base, puisque je l'avais fait en famille, il y a toujours mes parents qui sont très proches, etc. Et ce côté familial... On s'est rendu compte qu'en fait, à échelle plus du tout humaine, c'était encore possible, puisque là, on a fait des gros projets qui auraient pu être ingérables. Et finalement, en fait, tout le monde s'est reconnu dans cet esprit familial et c'est ce qui fait la force du projet. Je vous invite à nous contacter, à nous écrire, à nous proposer des projets. Je veux dire, même si vous, vous voulez vous être acteur, actrice de quelque chose et que vous avez le sentiment de porter les mêmes valeurs que nous, je vous invite à ce qu'on s'associe, à ce qu'on porte notre voix plus haut, plus loin, à plus de Il y a des gens encore qui en auront besoin, parce qu'on en a tous besoin en fait. C'est des moments de vie dont tout le monde a besoin. Donc je suis sûre que vous serez nombreux. On reçoit souvent, quand je lance des messages comme ça, des propositions de défi, dans des EHPAD, des choses comme ça. Peut-être que je ne répondrai pas maintenant, parce que je n'arrive pas à ouvrir tous mes mails, mais n'hésitez pas en tout cas. Et puis, croyez aussi en vous. Allez vers des gens qui font des projets comme vous, ça vous donne de la force. N'ayez pas peur de rêver, en fait, parce que moi, c'est que du rêve à la base. C'est que du vent, ces projets dans le sens à la base, je veux dire, quand ça commence. Je raconte mon rêve à quelqu'un qui croit et qui me dit Ok, ouais ! Et en fait, je le raconte à plein de gens qui se disent Vas-y, je viens t'aider. Et ça fait une armée bienveillante de gens qui s'associent pour faire des projets immenses. Les gens pensent qu'on est beaucoup et en fait, non. C'est juste... Une envie inébranlable, un rêve d'utopie, de quelque chose que je crois possible. Sous-titrage ST'501

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[#3 Cassandre Lemeilleur : L'Amour à la mode] Dans ce troisième épisode, Anthony Chenu invite Cassandre Lemeilleur, styliste et créatrice de la marque Amour Collective.


Après des études de mode, et plusieurs expériences dans le cinéma, Cassandre Lemeilleur a fondé sa marque et ouvert son atelier/boutique à Granville (dans la Manche). Depuis 2018, elle organise des défilés inclusifs où se croisent et dialoguent les générations et les milieux sociaux autour de vêtements 100% recyclés auxquels la styliste donne une seconde vie.


Cassandre Lemeilleur revendique une pratique de la mode basée sur les histoires personnelles de ses mannequins en organisant notamment des castings bienveillants où chacun trouve sa place. Amour Collective a récemment investi les jardins de la Maison de Christian Dior et le Mont-Saint-Michel pour des défilés qui ont mobilisé plus de mille personnes.


Cassandre Lemeilleur reçoit Anthony Chenu dans son atelier granvillais et nous fait découvrir les coulisses de la création de ses pièces phares.


Parlons plus bas est un podcast d'Anthony Chenu à retrouver sur toutes les plateformes et sur les comptes Instagram et Facebook de l'émission.

Voix off : Justine Leroux

Mai 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai envie de montrer des vrais gens, de la vraie vie. J'ai envie de montrer du gras, j'ai envie de montrer des rides, j'ai envie de montrer la beauté partout où elle est. Qu'on puisse regarder des images sans se donner de complexes. Parlons plus bas. Podcast réalisé et présenté par Anthony Chenu.

  • Speaker #1

    Pour ce troisième épisode, j'ai rendez-vous avec Cassandre Lemeyer. Elle est styliste et c'est dans son atelier situé à Grandville, dans la Manche, qu'elle m'a donné rendez-vous. Il est 11h30.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un ancien magasin de parquet. Donc, on a refait tous les travaux. Moi, je voulais quelque chose d'épuré, qui fasse atelier et boutique, donc un sol gris assez brut, des murs blancs, puisque les vêtements sont assez colorés. Il y a quand même des grosses pointes de couleurs avec des bandes de couleurs quand on arrive. Et la pièce principale, surtout, entre la boutique et l'atelier, puisque c'est 400 mètres carrés, c'est un carreau, en fait, une vitrine qui permet aux gens, quand ils arrivent, de voir tout ce qui se passe derrière. Et en fait, je voulais une transparence pour qu'ils imagaient un peu tout le projet. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous décrire le milieu dans lequel tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis née en Bretagne, mais j'ai vécu très peu de temps là-bas. J'ai grandi dans la Manche, j'ai été très entourée, j'avais beaucoup de copains, j'étais assez joyeuse, sportive, une enfance très heureuse, voilà. J'ai baigné quand même dans le milieu du recyclage, j'avais une maman qui nous a quand même bien forgé à l'écologie, aussi à s'habiller en seconde main depuis toujours, déjà. pour trouver notre propre style et pas suivre quelque chose qui nous était imposé dans les magasins ou des choses comme ça. C'est vraiment par choix. Et donc, j'ai grandi beaucoup dans la création. Et aussi, je faisais de la musique. Donc voilà, c'était... Dans la création, je me rends compte en fait maintenant. Ouais, quand même. Et dans la joie. Quand j'étais plus jeune, je pense qu'à partir du collège, il y a un moule un peu où tu t'habilles un peu comme tout le monde. Je sentais quand même que j'avais un truc un peu différent. Et c'est au lycée où j'ai vraiment... J'ai commencé à mettre les fringues de mon père, chose qui se fait beaucoup maintenant, mais à l'époque ça se faisait pas trop, je mettais les costards de mon papa, des choses comme ça. Et j'avais une grand-mère aussi qui avait pas mal de sable, donc je mettais beaucoup ses vêtements. Mais je sentais que l'art, tout ça, je me sentais bien dedans, mais c'est assez jeune pour savoir ce que tu veux faire quand t'es au lycée, etc. Donc j'ai fait des études dans la mode après. par défaut quoi enfin tu vois c'était pas je me suis jamais dit je vais créer une marque de fringues je vais faire ci je vais faire ça c'était pas du tout même de la couture pas du tout jamais

  • Speaker #1

    Tu t'es orientée après le bac vers des études de mode, c'est ça ?

  • Speaker #0

    En fait, après le bac, j'avais fait un bac littéraire, option lourde, art plastique et musique. Pas du tout dans l'idée de parallèle des vêtements. Et je ne savais pas quoi faire. Et ma mère m'a dit, écoute, je pense que tu as quand même un attrait pour les fringues, la mode. Elle me poussait déjà à l'époque à me dire, mais va sur les réseaux, tu devrais trop avoir un blog, un truc comme ça, les gens. Et bon, moi, ce n'était pas du tout mon truc. Et donc, j'ai fait des études de mode à Bordeaux. Bordeaux, parce que j'avais suivi mon copain de l'époque. Et c'était un peu par défaut. Et même, je vais être honnête, pendant mes études, je m'y retrouvais pas. Pas du tout. Je m'entourais déjà de... Enfin, on m'inspirait plutôt de ce qui m'entourait. Donc, ce qui s'imposait un peu à moi, ce que j'allais trouver au Secours Populaire, les tissus recyclés. Et en fait, dans mes études, c'était ça. Je travaillais qu'avec des choses recyclées. Donc, j'avais trouvé le Secours Pop de Bordeaux, j'y allais, machin. Et en fait, à l'école, ils n'ont pas accepté que j'utilise des tissus recyclés. Alors, s'ils m'entendent, ils ont beaucoup changé depuis ce que je travaille avec eux. Mais c'est vrai qu'à l'époque, c'était assez compliqué parce que c'était pas du tout dans l'air du temps et que c'était considéré comme sale. Alors qu'il y a tout un travail de restauration, c'était plus la manière de faire qui m'intéressait que le résultat. En fait, je m'en fichais un peu de ce que j'allais faire. Et donc non, mes modèles, c'était plutôt ce qui m'entourait, ce que je voyais. Quand je faisais mes études, je faisais beaucoup la fête et je ramenais des trucs que je trouvais dans la rue. Et le lendemain, je me disais OK, qu'est-ce que je vais faire avec ça ? Donc j'ai tricoté avec des manches à balais, des pulls en sac poubelle. Je travaillais vraiment sur la recherche de matière pour amener un message.

  • Speaker #1

    Tu te sentais en face avec le... Le milieu dans lequel tu étudiais, tu as un peu esquissé l'idée de déjà prendre des distances avec les vêtements recyclés,

  • Speaker #0

    mais est-ce que tu te sentais vraiment appartenir à ce milieu déjà au moment des études ? faire ça. Donc si tu veux, eux, les cours, pour te donner un exemple, c'était, on va faire comme Jean-Paul Gaultier y fait, mais ça ne m'intéressait pas du tout, je ne voulais pas copier. Moi, ce que j'aurais aimé, c'est qu'on m'apprenne à savoir qui je suis, tu vois, apprendre à se connaître. pour pouvoir... Ça ne m'intéressait pas de copier. Ils me disaient, oui, de toute façon, être créateur, c'est impossible. Il faut devenir un tel, ou alors copier un tel. Waouh, non. Donc non, je ne m'y retrouvais pas du tout. Il y avait déjà ce truc de... quand même des personnes, d'être intéressées beaucoup par les parcours de vie, comme toi, j'imagine. Et donc ça, mais bon, avant de faire le lien, j'étais complètement immature. Et puis, la vie, je fais que si tu fais les liens à ce moment-là, quoi. Et même après, il m'a fallu des années avant de pouvoir comprendre ça, quoi.

  • Speaker #1

    Et c'est juste après que t'es partie travailler pour le cinéma ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, en fait, après mes études, moi, je voulais arrêter et c'est quand même une école privée, donc par respect pour mes parents, j'ai continué, j'ai eu mon diplôme. Et ensuite, j'ai eu la chance d'avoir une copine, voilà, dans le milieu du cinéma. Donc, j'ai été pistonnée pour faire mon premier stage pour un gros film quand même une grosse production pour un petit film mais qui passe au cinéma avec un gros casting Christian Clavier, Carole Bouquet Stéphane Degroud, Valérie Bonneton, Rossy Despalmas donc c'était quand même un gros truc, 27 jours de tournage et il n'y avait pas de création de vêtements dans ce film, c'est comme beaucoup de films en fait tu vas chercher des vêtements etc et moi je suis arrivée à la partie où c'était déjà fait donc il n'y avait aucune recherche de vêtements et j'ai eu un rapport très compliqué avec les acteurs, ce monde en fait super avec les acteurs ...les collègues, mais c'est aussi nos collègues, les acteurs, mais en fait, c'est pas du tout... Je trouvais qu'il y avait un monde entre nous, et nous, on devait vraiment être... Alors, merci, d'une part, pas tous, pas tous du tout, et je fais pas une généralité, mais en tout cas, moi, mon expérience à ce moment-là, c'était ça. Et je trouvais qu'on était un peu... Quand tu t'occupes du textile et que t'es dans le costume, tu peux avoir souvent tendance à être mise... Bon, bah, tu vas laver ma tâche sur mon jean perso, tu vas faire ça... Il y avait un coiffeur... ...d'un des acteurs qui m'avait balancé ses chemises perso en me filant un billet de 5 euros. J'étais un peu traumatisée et j'avais un fort caractère quand même à cette époque-là et ça me choquait déjà. Donc ça a été une expérience compliquée, j'ai quand même continué après sur des plus... Petite production sur TF1, la série Nos chers voisins. C'est pareil, en fait, c'est déjà des shows qui sont rodés. Donc, en fait, t'as juste à donner les vêtements, les laver et tout ça. Et en fait, ça m'intéressait pas, quoi. Tu vois, il n'y avait pas ce truc créatif ni humain. Et j'ai continué un petit peu, puis j'ai arrêté. Et aussi, ils te prennent en stage pendant très, très longtemps. On m'a rappelé après pour Hunger Games, quand j'avais 25 ans. pour un stage, tu vois. Donc, je me suis dit, OK, pas ça, c'est pas ce que je veux faire, mais bon, il y a quand même un truc qui me plaît. J'aimais bien le fait de rencontrer des artistes, d'avoir ce réseau un peu qui me fascinait et qui était... Ouais, qui était porteur, en tout cas dans ma tête, de quelque chose après, je pense.

  • Speaker #1

    T'as rencontré des costumiers, des costumières qui t'ont marquée ?

  • Speaker #0

    Eh bien écoute, c'est très marrant parce qu'en plus, elle commençait... Enfin là, elle est très connue. Elle était déjà connue, mais dans le milieu, mais là, sur les réseaux. Marilyn Fitoussi, qui est la costumière, avec qui je bossais moi, sur TF1, sur Nos Chers Voisins. Et elle, elle est la costumière d'Emeline Paris. Donc c'est elle qui fait tous les looks de la série. Et donc là, sur les réseaux, c'est trop marrant.

  • Speaker #1

    Son travail est très vu, très commenté.

  • Speaker #0

    Son travail est très vu et finalement, ça la représente. C'est quelqu'un de... Quand je l'ai vue la pousser quelqu'un qui fait waouh quoi, tu la vois la première fois, elle a un style. Et je me souviens que je me faisais déjà mes vêtements et j'allais bosser avec mes fringues sur ce tournage-là et elle adorait. Donc en fait, on avait vachement échangé là-dessus et je me sens que ça m'a marquée. Globalement, toutes les costumières, Chloé Bartogneau aussi avec qui j'avais bossé sur le film Une heure de tranquillité, qui m'a appris la rigueur du travail, le fait d'avoir l'impression de perdre du temps à faire des choses, qui m'a beaucoup appris sur maintenant. Le fait que je restaure des tissus, on a l'impression de perdre du temps, mais c'est ce qui est important dans toute la démarche créative que j'ai maintenant.

  • Speaker #1

    Tu as vécu à Berlin aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, après j'ai continué, j'ai fait attaché de presse dans une assistante attachée de presse, etc. Et je me suis dit là, pareil, ce n'est pas du tout pour moi. C'était très intéressant, j'ai regardé de très bons souvenirs. Et après, j'étais complètement perdue. Parce que je me dis, ça fait quand même beaucoup d'expériences où je me dis que ce n'est pas pour moi. Et donc, je suis revenue à Grandville avant, et le Secours Populaire m'a demandé pour les 70 ans de faire un défilé. Ils voulaient faire un petit truc dans leur rue et tout ça. Je me dis, non, on va s'intégrer à un événement. J'ai rencontré, qui est devenu une très bonne amie à moi maintenant, Marlène Huard, qui avait fait les traversées sonores. Et on s'était intégrés à cet événement-là. On avait eu plus de 300 personnes pour un truc tout petit. C'était finalement les prémices d'amour collectif, puisqu'on avait fait les castings au Secours Populaire. Donc en fait, c'était des gens que je ne connaissais pas, des adhérents du Secours Populaire. Donc soit des gens dans le besoin, soit des gens qui venaient déposer. Et je ne faisais qu'à partir des vêtements ou des tissus que je trouvais là-bas. Et donc ensuite, je ne me suis pas dit, waouh, révélation, c'est ce que je veux faire. Pas du tout. Et je suis partie à Berlin pour changer de vie, complètement. Je me sentais un peu... J'étais perdue et je me suis dit, bon ben, je vais y vivre. Donc j'ai vécu deux ans là-bas et j'ai complètement changé de... J'avais un taf alimentaire, je vendais des déménagements par téléphone, tu vois, donc rien à voir. J'ai pris le premier truc qui me venait et donc c'était pas pour moi non plus. Et j'ai surtout eu rencontré des gens. Je me suis fait un réseau d'amis là-bas, de rencontres, de connaissances qui m'ont amenée à comprendre ma vie, à prendre de la hauteur. Caméra subjective, tu... Et en fait, les gens étaient habillés d'une certaine façon. Les cheveux orange, tout en orange. Mais en fait, je les trouvais magnifiques. Enfin, tout le monde. Parce qu'en fait, ils sont eux-mêmes et qu'ils représentaient quelque chose qui était complètement en accord avec... Tout ce qu'il pensait, et là, ça a été une vraie révélation. Et j'ai commencé, donc tu sais, tu travailles avec un casque, et j'ai commencé à éteindre ce casque et à écouter sur l'amour, le côté philosophique, mathématique, tout, tout, tout, tout. Ça me fascinait, et je me rends compte qu'en j'ai toujours été fascinée par l'amour, mais pas tant l'amour, c'est juste ce côté, en fait, ce terme fédérateur qui concerne tout le monde, en fait. Donc c'était les histoires de vie, et j'ai dit à mon père, écoute, je pose ma démission, trouve-moi un local, je rentre à Grandville, je vais les trouver. Je sais ce pourquoi je suis faite et j'avais l'impression que mes chakras étaient alignés. Vraiment, ça m'a fait le... Je pourrais te dire, le jour, l'heure, j'étais en accord avec moi-même. Ça y est, c'était parti.

  • Speaker #1

    Donc en rentrant, c'est là que tu vas fonder Amour Collective, dont on va parler évidemment dans la suite de l'entretien. Est-ce que tu peux nous raconter juste l'histoire du nom Amour Collective ?

  • Speaker #0

    Je suis rentrée donc à Grandville, dans l'atelier. Évidemment, pas de nom, pas de... Juste une envie, une idée, continuer un peu les prémices de ce premier défilé pour le Scrooge Populaire, tu vois. Et en fait, évidemment, comme je le suis encore maintenant, je me déborde de travail. Donc je me dis, OK, là, on va faire un grand défilé. On double les personnes, 60 personnes. Donc je rappelle tous ceux qui avaient participé, plus d'autres. OK, trouvez un tel, il faut que le plus de physique. et d'âge et de personnes, de cadres sociaux soient représentés. Et donc moi, je me mets à fond dans la couture, etc. Il faisait très chaud. Je pars au cimetière récupérer des fleurs, les fleurs endeuillées qu'en fait, je réutilise pour faire des couronnes, etc. Enfin Donc j'étais à fond et je me dis, on va lancer la marque le 14 juillet 2018. Évidemment, on arrive, le truc s'approche. Je me dis, il faudrait quand même un nom au truc. Et en fait, je savais que je voulais parler d'amour. Je savais que je voulais qu'il y ait un collectif, en tout cas qu'il y ait plusieurs visions de ça, puisque je donnais la voix à tout le monde et tout le monde pouvait devenir un visage. Donc je me suis dit, Finalement, c'est pas forcément moi qui ai choisi le titre, le nom. Ça s'est imposé et surtout, j'ai fait voter tous les gens que je connaissais, enfin voter entre guillemets, mais je leur ai dit, donnez-moi vos idées, j'ai pris toutes les idées. Et ce qui est ressorti, c'est Amour Collective parce que l'amour, parce que pour moi, je voulais un terme fédérateur qui concerne tout le monde puisqu'on allait représenter tout le monde. Donc ça pouvait être une passion, des amis, une histoire d'amour, quelle qu'elle soit. Voilà. Et collective parce que, un mot anglais, parce que je m'étais dit qu'on pourrait travailler vraiment avec tout le monde et sûrement, je ne me mettais aucune pression barrière pour l'international et tout ça. Enfin, tu vois, en étant à Grandville, j'avais déjà... Et parce que, en fait, je voulais que ce soit le collectif des gens qui étaient représentés, mais aussi des gens avec qui on allait travailler. C'est-à-dire qu'on allait bosser avec des photographes, avec des artistes, que ça allait être très riche et qu'en fait, tout le monde pourrait donner sa propre vision de cette histoire.

  • Speaker #1

    Tu revendiques une dimension très inclusive dans ta pratique. Est-ce que ce n'est pas aussi une manière de renvoyer, peut-être, une critique à ce milieu qui a tendance à valoriser les standards aussi ?

  • Speaker #0

    Complètement. C'est complètement ça et en fait j'en avais même pas conscience, j'en ai conscience que cette année tu vois. Effectivement pour moi, toutes mes expériences professionnelles d'avant, de stage etc. où je m'y retrouvais pas et où je me disais bon pas pour moi. Mais en fait je m'y retrouvais parce que c'était génial comme expérience mais je m'y retrouvais pas à chaque fois parce que l'humain était oublié. n'était pas au cœur. C'est-à-dire qu'on était peut-être parfois traités de manière comme si notre travail était moins important que certains, et en fait pas du tout. Je trouvais que tous les maillons étaient importants, et quand j'ai bossé dans le milieu attaché de presse, c'était donc l'image, c'était les magazines, tu vois. Et là, en fait, je me disais, mais putain, tout est faux. Tout est faux. En fait, j'ai envie de vrai. J'ai envie de montrer des vrais gens, de la vraie vie. J'ai envie de montrer du gras, j'ai envie de montrer des rides, j'ai envie de montrer la beauté partout où elle est, et surtout qu'en fait, qu'on puisse retrouver Regardez des images. sans se donner de complexe, ou alors lire une histoire où on se dit, putain, moi aussi. Et ça, c'est vachement mis en valeur. Un deuil. Et en fait, j'ouvrais des dossiers qui pouvaient être considérés comme tabous pour la société ou pour la mode encore plus. Là, il ne fallait que des paillettes, que ça brille. Moi, je montrais des tissus qui sentaient le pipi, qu'on va restaurer pour en faire un truc qui brille, évidemment. Et je voulais qu'en fait, tout le monde puisse avoir ce regard-là. Oui, donc cette année, je me suis rendue compte au fil des projets que j'allais bosser avec des politiques. ...particiens, en fait, parce que c'est des élus de la ville, c'est des maires, c'est des plus hauts, le département, la région. Et tout le monde disait, mais c'est hyper politique, c'est hyper engagé. Et je me défendais de ça, je me disais, non, en fait, c'est juste l'humain au cœur. Et en fait, je pense que j'en avais peut-être pas conscience parce que j'étais pas aussi assurée, affirmée dans ce que j'étais et la femme que je suis devenue aussi grâce à ce projet. Et effectivement... Je te le dis maintenant très fort dans le micro, c'est politique, c'est engagé. Et effectivement, je m'en rends compte maintenant, on est obligé de se battre aussi pour faire entendre des idées, des valeurs et le combat. que je fais sur certains défilés. C'est politique, c'est l'engagement et c'est le fait de vouloir montrer tout le monde, d'emmener toute une troupe avec moi à chaque fois, d'emmener, là, c'était plus de 1000 personnes qui ont participé au casting, 4000 personnes de mannequin, donc il y a un vrai soutien aussi de la part des élus aussi, mais il y en a contre qui on doit se battre pour faire entendre ça, le recyclage, l'écologie, les gens, mais maintenant, c'est des mots qui sont clés dans les programmes, donc c'est plus facile.

  • Speaker #1

    Tu organises des castings bienveillants ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous dire comment ça se passe ? On a dit, ce serait pas mal qu'on puisse faire des castings dans un EHPAD. L'idée, c'est de garder le côté intergénérationnel dans le cadre du Silver Day. Donc, c'est tout ce qui concerne les personnes seniors, lutter contre l'âgisme. Et donc, c'est mis en place assez naturellement, comme tout ce qui s'est fait après, des castings dans des EHPAD et dans des collèges, lycées, etc. Et j'avais pas donné ce nom-là, mais dans mes défilés d'après, c'était des castings bienveillants où le seul... Le critère, c'est de venir et de bien écrire les informations pour qu'on puisse recontacter les gens. Et voilà, en fait, l'idée, c'est vraiment de pouvoir venir sans critère de sélection. C'était compliqué aussi parce qu'on se dit, il y a une paire de hasards. Moi, au début, je voulais choisir, etc. Mais en fait, il faut que je laisse complètement le hasard faire. L'idée, c'est de représenter le plus de monde possible. Qu'on n'ait pas que, non plus, des petites brunes. Enfin, tu vois, il faut que tout le monde puisse être représenté. Ça se fait assez naturellement. Et donc, cette année, pour le défilé au Mont, les castings, on s'est un peu enflammés. Enfin, je me suis un peu enflammée. J'ai voulu faire avec six villes partenaires de la Manche. Grand-Ville-Avranches, Quarantens, Saint-Lô, Ville-Dieu-Coutances. Et donc, on allait le matin, dans des missions locales et des EHPAD, maisons de retraite, vers un public qui ne se serait pas senti concerné par l'action ou qui n'aurait pas entendu. On a vendu ça en fait et on allait leur proposer. Donc après, on bossait avec les aidants qui, eux, s'occupaient des castings en interne et qui faisaient le relais en fait après avec nous. Et ensuite, on allait, on faisait... Donc les villes nous avaient prêté des salles où là, en fait, les gens répondaient à la communication qu'on avait faite au préalable avec la ville partenaire et les gens venaient. Et donc, plus de 1000 personnes. On a fait aussi un filtre Instagram pour que les gens qui étaient trop timides ou qui étaient trop loin puissent participer avec une photo. L'idée, c'était aussi de ne pas stigmatiser les gens qui ne savent pas écrire, qui ne peuvent pas... Enfin, tu vois, on a des personnes en situation de handicap mental. Donc, on a fait des petits fichiers. feuillets, papiers, où en fait, tu écrivais ton nom, ou alors tu venais avec un aidant, ou alors on aidait tout le monde. Et il y avait aussi des encarts, qu'est-ce que vous attendez d'un projet comme ça, des choses à cocher, ou des espaces pour du dessin. Donc on a eu plein de dessins, plein de lettres, plein de trucs trop beaux, des petites... Enfin, c'était génial, c'était hyper émouvant, touchant.

  • Speaker #1

    Donc à chaque défilé, tu organises un casting bienveillant en amont ?

  • Speaker #0

    C'est ça. À chaque défilé, il y a un casting qui nous fait rencontrer des personnes qui veulent participer, soit à être bénévole, donc photographe, aider pour le montage, aider pour plein de choses, ou alors être maquilleur, coiffeur, enfin tu vois, même si on bosse avec des pros... Il y a toujours besoin de monde. Ou alors, être mannequin. C'est des castings bienveillants, parce que mannequin, c'est pas la finalité du projet, en fait. Même si je sais que pour certains, ça l'est, ça l'est pas forcément. C'est-à-dire que cette année, par exemple, il y en avait beaucoup qui défilaient pas. évidemment, sur 1000 personnes on en a eu 200, et bien en fait on les appelait. On appelait les autres pour des shootings, pour plein de choses. En fait on a un vivier de personnes répertoriées, que nous on a enregistré toutes leurs informations, et on peut les appeler à n'importe quel moment, ils font partie de la marque, et à un moment ils seront mannequins, à un moment voilà ça tourne. À un moment on aura beaucoup de monde. Donc je vais essayer de faire tourner le truc au maximum, mais voilà. L'idée c'est qu'à chaque événement, on refasse des castings dans la ville où on sera.

  • Speaker #1

    Tu portes des défilés dans des lieux quand même exceptionnels, qui sont à chaque fois de plus en plus grands. D'abord les jardins de la Maison Christian Dior à Grandville, et puis récemment... Le Mont-Saint-Michel, tu peux nous raconter un peu comment sont nées ces idées ?

  • Speaker #0

    Moi, je voulais avoir quelque chose d'assez sauvage, bucolique. Donc, j'ai commencé en demandant l'autorisation à la ville de Grandville d'aller dans leur jardin Valès Fleurs. Donc, c'est un petit jardin public qui est magnifique. Et je trouvais qu'en fait, il n'y avait jamais d'événements là-bas, ou peu, et encore moins dans la mode ou des choses comme ça. Et pour moi, c'était une forme de valorisation aussi de là où on était. On faisait en fonction de la nature, du décor, tu vois. On n'amenait pas un énorme décor, construction, trucs, lumière. On faisait en fonction. La nature. Et ensuite, la ville de Grandville nous a demandé de faire quelque chose à l'archipel. C'est le théâtre de Grandville, salle de concert, salle de conférence. C'est très joli, c'est sous la roche. Donc pareil, c'était quand même un lieu qui avait une histoire, qui m'a beaucoup parlé. Ils ont restauré, c'était une ancienne salle et ils l'ont retrouvée après des années pour la restaurer. L'histoire était vraiment jolie et je me suis sentie un peu, dans une salle, c'est compliqué pour moi. Je me sens un peu à l'étroit, étouffée et tout ça. Parce que tu as des contraintes de lumière, de trucs qui s'imposent à toi, c'est intéressant, mais ce n'était pas ce que je recherchais vraiment. Et ensuite, ils m'ont demandé de faire quelque chose dans les jardins Christian Dior. Et bon, là, ça a été... En fait, déjà à cette époque-là, je voulais faire le mont depuis le début. Ils m'ont dit, écoute Cassandre, le mont, c'est super, tu le feras, on a toute confiance en toi, c'est sûr, mais il faut que tu deviennes plus professionnelle. Si tu veux, j'étais encore toute seule, je faisais mes trucs. Il faut que là, tu puisses faire quelque chose. Avant que tu aies un step up, tu vois, donc le jardin Christian Dior qui est sublime au-dessus de l'eau, donc la maison d'enfance de Christian Dior à Grandville avec son jardin fleuri au bord de l'eau, c'était vraiment les lumières, les couleurs, tout était sublime. Et en fait, nous, on a juste ramené des chaises recyclées, donc on allait en chercher tous les jours aux déchetteries, on a trouvé des magnifiques chaises, on a tout fleuri. Pour moi, ce qui est important dans chaque lieu où je me trouve, c'est de faire en fonction du lieu. Donc, je ne voulais pas du tout dénaturer, donc ma collection, elle s'inspire à chaque fois du lieu dans lequel je me trouve. Simon. ma première base. Et ensuite, les gens que je vais rencontrer, qui vont participer. Mais ma base, c'est vraiment le lieu qu'on va choisir, qui va m'inspirer. Je vais tout de suite voir. Ah ouais, là, ouais, fais l'artifice. Et ensuite, je vais me dire, la décoration va être importante et va guider, en fait, toute la collection et tout le travail ensuite. Et donc, le 11 à Michel, ça a été un peu la consécration pour moi de ces cinq années de travail. Et ça a été finalement un an et demi de travail. Très compliqué parce que déjà, le Mont-Saint-Michel, c'est le mont, c'est une institution, c'est un mastodonte. Et moi, j'arrive comme ça. Et j'ai gardé cette naïveté, je pense, qui fait la force aussi du projet, et tant mieux, de m'émerveiller, en fait, devant déjà le lieu, en fait. Donc, on allait remercier le lieu d'accepter, tu vois. Et je suis allée à la Saint-Michel, enfin voilà, j'ai baigné, j'ai voulu baigner un peu là-bas pour voir l'énergie qui s'en dégage de ce lieu. Et ouais, enfin, tout le côté aussi spirituel, enfin, tu vois, les gens vont se recueillir aussi là-bas. Je voulais le faire à l'intérieur, je savais pas trop. Puis, en fait, je me dis, ça a aucun intérêt. Donc, je voulais le faire devant, je voulais le faire en bas. Et en fait, les... Le type du monde m'a dit mais en fait ça n'a aucun intérêt, fais-le sur le barrage, c'est une construction qui a eu lieu il y a 9 ans je crois maintenant, et qui n'est pas forcément mise en valeur parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion encore de faire des événements. Enfin, pas l'occasion, mais en tout cas ils n'ont pas eu peut-être le temps de se concerter pour faire des événements. On est arrivé là-bas, carte postale, en fait. Tu peux pas faire un événement au mont, dans le mont, parce que ça n'a aucun intérêt, tu vois pas le mont, tu vois. Ce qui est intéressant, c'est de le voir, et là, effectivement, c'est l'immensité, la perte de vue, le silence, le mont en fond, les couleurs qui changent, le mont qui change de couleur, avec le soleil, enfin c'est plus du tout... J'ai dit, ok les gars, vous m'avez eu, on le fait sur le barrage. Donc on a créé, nous, un village de loges, pour aussi avoir des loges calmes, que les... En fait, on est vraiment à fond dans la démarche, pour que les mannequins se sentent bien, c'est vraiment tout tourné pour que l'humain se sente vraiment bien. Donc on a fait venir des enceintes, etc. tout un système qui s'est mis en place là-bas. Sous-titrage ST'501 Là, c'est la nouvelle collection. Donc, j'avais envie. Là, j'ai hâte qu'il fasse beau, puisque dans l'atelier, il fait assez frais quand même. Donc, je pense que j'ai fait beaucoup de lin. Donc, je travaille avec des draps en lin brodés. Donc là, j'ai fait des robes, des chemises, des manches bouffantes. J'ai travaillé aussi autour de la transparence avec du crochet, avec des rideaux anciens, des tops d'ONU. Voilà, il y a des choses aussi qui sont mixtes. Et beaucoup de cabas. Le cabas de l'été, notre hit bag qui sort là. Donc, on l'a fait dans toutes les couleurs. Là, on passe en fait en... Dans les coulisses, derrière le carreau, on voit un peu tout ce qui se passe ici. Là, ce sont les machines à coudre. On a un, deux, trois machines à coudre et une machine à broder et une surjetée également. Et là, toute la mercerie, des boutons, du fil. Il y a énormément de choses avec lesquelles on produit, on confectionne tous nos accessoires. Là, c'est une très grande pièce. Cet atelier fait 400 mètres carrés. Là, il y a ma sœur qui est en train de broder. On est en train de finir à fond pour ce soir. Donc là, les sacs dont je te parlais... Ce sont ceux-là, donc toutes les couleurs, des cuirs magnifiques qui viennent d'une maison de haute couture française. Je ne peux pas encore dire le nom parce qu'on n'a pas encore un partenariat officiel, mais c'est une très belle maison. Ils sont dans une démarche de développement durable, donc nous on travaille avec leurs cuirs de toutes les couleurs, donc du rose, du bleu, du jaune, du vert, du noir, des cuirs magnifiques qui sont italiens.

  • Speaker #1

    Ce qui est très beau, c'est que là on voit la machine à coudre qui travaille et le mot amour est en train d'apparaître sur le morceau de cuir.

  • Speaker #0

    C'est ça, on a la chance de pouvoir avoir une machine comme ça qui brode automatiquement. et on fait également aussi beaucoup de broderie à la main, donc des cristaux, des perles, des choses comme ça. L'idée de ce lieu, c'est quand même qu'on fasse la partie atelier pour Amour Collectif, mais également que ça devienne un tiers lieu pour l'association. Donc l'idée, c'est de faire ici une grande bibliothèque avec une estrade pour pouvoir recevoir des spectacles. Et également ici, on mettra une grande table. Il faut faire preuve d'imagination, vous ne voyez pas, mais c'est encore très en travaux. Donc les murs sont pas encore tout à fait peints. Mais ici, on mettra une grande table avec beaucoup de canapés, des fauteuils pour faire des réunions. pour faire également les ateliers autour de l'estime de soi. Ici, à notre gauche, c'est donc toute la partie cuir, qu'on a énormément, énormément de cuir qu'on a protégé là. C'est notre espace pour la maroquinerie, qui deviendra après un espace plus de shooting photo, avec des lumières, des fonds de couleurs, etc. C'est pour notre e-shop, pour qu'on puisse prendre en photo les backshots, et également pour qu'on puisse faire des photos, des shootings thérapeutiques, ou alors des shootings d'inspiration. La grosse partie de cet atelier, c'est à notre droite, C'est 18-19, je crois. Immenses étagères de tissus qui sont dans un dégradé de couleurs. Donc du blanc, marron, rouge, rose, orange, jaune, vert, bleu, violet et noir. Et ce ne sont que des tissus recyclés. Des rideaux, des nappes. Je pense que même toi, il y en a qui peuvent te parler.

  • Speaker #1

    Il y a des velours qui ressemblent à des rideaux de vieilles maisons.

  • Speaker #0

    Exactement. Souvent, les gens, quand ils viennent ici, ils sont impressionnés par la quantité et surtout le dégradé de couleurs. Et aussi, ils sont parfois émus parce qu'ils disent Oh là là, je dormais dans une couverture comme ça chez mes grands-parents, donc il y a tout ce côté émotion qui me parle, moi, en fait. Si tu veux, tu peux jamais être à court d'inspiration, parce qu'en fait, tu te mets en face de ça. C'est les odeurs, les histoires, et ensuite, après, je restaure le tissu pour pouvoir en créer quelque chose.

  • Speaker #1

    On voit des très beaux canevas pliés sur une étagère, et juste à côté, sur un portant, on voit d'autres canevas qui sont déjà... En pièces en fait ?

  • Speaker #0

    Moi j'utilise les canevas pour faire des bustiers, des corsets que je rebrotte de cristaux après. C'est vraiment quelque chose que j'adore. Je suis très fan du kitsch et je voulais vraiment amener les gens à aller dans mon univers et pouvoir aussi le dédramatiser et le porter de façon très élégante, très sobre. Donc on a fait des corsets qui est notre pièce phare. Corset, bustier, en canevas avec des détails de cuir qui peuvent être réversibles si des fois on veut quand même être un peu plus sobre. Il y a donc une mézanine à notre gauche avec des petites pièces en dessous. qui sont encore en rangement, donc en dessous du fil. du cuir comme tu peux le voir, et là-haut, ce sera des bureaux. L'idée, c'est de faire plusieurs petits bureaux, un espace de coworking, et moi aussi que je puisse avoir un petit bureau. Comme tu le vois, c'est un espace qui est complètement ouvert. Moi, j'aime beaucoup qu'il y ait le bruit des machines, que tout se mélange, qu'on s'adapte aussi aux gens, que tout soit ouvert comme ça, c'était vraiment important pour moi.

  • Speaker #1

    Et donc, ta pièce phare, t'en as parlé un petit peu, l'écorcé, est-ce que tu as une autre pièce ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai les manteaux Mala. En fait, chaque pièce porte le nom de la personne qui me l'a inspirée la plupart du temps. Et donc, Mala, ce sont des doudounes que je fais en couverture ou en duvet, Des choses comme ça, donc avec des manches assez bouffantes. C'est notre best-seller et c'est la pièce qui est le plus demandée par les magazines ou des clips ou des choses comme ça, parce que je pense qu'elle est assez dans certains coloris ou tissus un peu hors normes. Et donc, elle s'appelle Mala pour Malalie, c'est le nom de ma maman. Et donc, je pense qu'elle est best-seller parce qu'elle a dû m'en acheter énormément aussi. Mais voilà. Donc là, on continue vers une... Une partie qui est encore en travaux, donc c'est mon papa qui m'aide à faire les travaux, avec également des bénévoles, on fait des appels sur les réseaux sociaux et les gens viennent nous aider, également des artisans pour les parties les plus techniques. Donc mon père fait de la musique, ce qui nous permettra, vous allez me dire je ne pense qu'à moi, mais d'avoir une pièce insonorisée pour faire nos enregistrements de voix également, pour les défilés. Donc lui il construit des amplis à lampe avec ses amis, donc il fera ça ici, plus une petite salle de répétition isolée ici.

  • Speaker #1

    Et une porte qui donne sur un jardin ?

  • Speaker #0

    Qui donne sur un jardin, qu'on va pouvoir voir. dans le petit futur salon de thé où je vais t'emmener. Ici, on a une porte en verre qui est également recyclée d'une banque qui nous l'avait donnée. On a construit tout autour. Bon, mince, j'ai pas de lumière, mais on voit quand même. Ici, on a construit cette pièce et ce sera notre future cuisine. L'idée, c'est de travailler aussi avec l'association sur le faire venir des chefs, travailler sur le côté intergénérationnel des rencontres. autour de l'art de la table, mais lutter aussi contre la perte d'autonomie en faisant des buffets, manger main, essayer de faire beaucoup de choses et aussi pour qu'on puisse, nous, avoir une cuisine ici. Tu n'as pas encore de rambarde ici, fais attention. Et donc là, ce sera l'espace de ma maman. Et donc, ce sont les combles qui sont... En fait, on a vraiment utilisé tous les espaces possibles de ce lieu qui est gigantesque. Et donc là, ce sont les combles qui sont aménagés. Comme tu le vois, on a trois fenêtres qui donnent du coup dans les jardins la campagne. Et parce qu'on est au bord de la mer, mais aussi au bord de la campagne.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on voit la mer d'ici ? Est-ce qu'on la devine ? Non ?

  • Speaker #0

    Oui, moi aussi, je croyais. Mais en fait, on peut se dire ça. Disons qu'on la voit. Et donc ici, tu vois, ça s'arrêtera là. C'est une pièce qui fera à peu près Un mètre carré, je pense. Et donc, ce sera vraiment l'espace de ma maman, un peu salontée. Elle brode beaucoup. Elle, c'est vraiment l'éloge de la lenteur. Donc, elle va broder des perles. En fait, tu vois, on est tous créatifs dans la famille. C'est ce que je me dis. Alors, l'inconvénient aussi que j'ai dans tous les ateliers que j'ai eus, puisque avant, j'étais dans l'ancienne salle des ventes de Grandville, c'est que ce sont de grands espaces, très difficiles à chauffer. Donc, c'est un des gros inconvénients. C'est qu'en fait, j'ai tout le temps... Il fait très, très froid. Et donc, en janvier, ça a été très compliqué. On a nos aiguilles qui cassent. Quand on doit broder à la main, c'est encore une fois... les doigts très engourdis, donc ça fait partie des choses qu'on doit prendre en compte aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une matière que tu préfères travailler, dans toutes celles que tu as citées là ?

  • Speaker #0

    Là, on aime bien le cuir avec ma sœur quand même. En fait, je pense qu'on aime bien ne pas s'ennuyer parce que quand tu es tout le temps en train de faire la même chose, ce serait compliqué. Là, on a du cuir, des couleurs, donc c'est très intéressant. Pour l'instant, c'est un peu mon truc, son truc. Et sinon, moi, j'adore travailler le lin. C'est assez facile à coudre. Je ne dirais pas que j'ai une matière de prédilection, c'est plus une coupe où je vais aller à fond dans une coupe, je vais la faire dans tous les coloris, toutes les couleurs. Et après, je vais changer, je vais faire autre chose et je vais y revenir. C'est plus comme ça. L'idée aussi du défilé au Mont-Saint-Michel... Quand on a déménagé, on avait plus de 500 cartons. L'idée, c'était d'ouvrir tous ces cartons quand on est arrivé et de voir tout ce qu'il y avait. C'était impressionnant. Et donc, on s'est dit, tous les boutons, toutes ces choses, j'ai envie de montrer aussi ce que c'est que le recyclage. Donc, on a fait beaucoup de vestes avec énormément de boutons pour montrer aussi aux gens ce que c'était. Et donc, je me rends compte maintenant qu'on n'a encore jamais ce qu'il faut, comme tout le monde dans leur boîte à boutons.

  • Speaker #1

    Le fond de la pièce, il y a plusieurs étagères avec que des boutons, ou presque.

  • Speaker #0

    Des cristaux, des fils d'or, d'argent, des galons. En fait, quand on est une jeune marque comme ça, petite, où on fait tout nous-mêmes, on a la chance déjà. Je suis hyper reconnaissante de ça, de pouvoir avoir un espace qui permet de stocker beaucoup. Mais c'est vrai qu'en fait, on a du mal à... On est dans une problématique de on veut tout garder, mais c'est pas possible non plus Et en même temps, on a besoin de matières premières différentes, parce que sinon, on ferait tout le temps la même chose et on a besoin de se diversifier aussi.

  • Speaker #1

    Sur le côté des fleurs artificielles...

  • Speaker #0

    Et j'ai aussi des toiles. Donc ça, c'est les toiles de ma meilleure amie qui peint. Et j'aime beaucoup aussi ramener des artistes aussi à l'atelier qui font des choses. Donc je pense qu'on fera beaucoup d'expositions d'artistes à l'atelier. Et également, les fleurs qui nous servent de paquets. Je t'en montre un. En fait, tous les achats, toutes les commandes sont emballées dans des paquets de papier peint qu'on a récupérés en faisant de l'urbex dans des endroits abandonnés, maisons de retraite à Grandville, qu'elle a détruit. On les a récupérés. Ils sont neufs, en fait, ils étaient emballés. Et on emballe nos commandes dedans avec des fleurs recyclées et du ruban également. C'est des vrais paquets cadeaux. On se fait plaisir à soi aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous dire un peu comment tu crées toutes ces tenues ? Est-ce que tu travailles seule ? Combien de temps ça te prend pour préparer un défilé ? Est-ce qu'au-delà des défilés,

  • Speaker #0

    tu proposes aussi des collections au grand public ? On part de leur complexe, de leurs envies, de leurs capacités. On n'habille pas une personne qui est debout comme une personne qui est en fauteuil, une personne qui est très à l'aise, une personne qui l'est moins. Donc on part de ça et en fait, moi je leur propose quelque chose, ils font un pas vers moi et je fais un pas vers eux. Donc il y a une co-construction de la collection, donc les défilés ça ne représente pas les collections que je sors dans l'année, après tu vois les collections capsules, etc. Donc ça demande... double, triple, quadruple de temps, parce qu'en fait, tu fais en fonction de la personne. Et ça, c'est quelque chose qui, dans le milieu de la mode, ne rapporte pas d'argent, si tu veux. C'est une perte de temps pour les gens de faire ça. Mais en fait, moi, c'est le cœur de mon projet. Et les défilés, je ne le ferais pas si je ne faisais pas ça. Donc, il y a une forme parfois de surmesure, presque. Si je dois être là dans des chiffres... de temps, etc. Donc là, j'ai eu pas mal de stagiaires qui sont venus au cours de l'année. Donc je dirais que sur six mois, on a eu dix personnes à venir nous aider. Moi, grâce aux subventions, j'ai pu avoir deux personnes aussi sur six mois à venir m'aider pour la partie organisation. Donc ça pouvait un peu me dégager du temps pour la couture. Ça a été un an et demi de travail, ce défilé, à plein temps. Et donc, je pense qu'il n'y a eu plus... De 1000 pièces qui ont été faites, il y a des pièces qui prennent... On a une veste collector du défilé au Mont-Saint-Michel qui a pris plus de 8 semaines de travail à 8 personnes à plein temps à broder entièrement de boutons. Et il y a des choses qui vont être plus simples. On va faire des robes toutes simples qui vont prendre 2 heures à monter, mais il y a des choses, pour moi c'est important. On a eu des dons de broderie, haute couture, d'atelier de broderie, où en fait, moi l'important, c'est le devoir de mémoire, de raconter l'histoire de cette femme et de rebroder des cristaux, etc. Tu vois, je te le dis là, je le dis aux gens, en fait, je repars avec l'histoire. Et donc, on passe du temps à broder certaines pièces qui mènent plus de temps.

  • Speaker #1

    Et tu travailles avec des modèles, donc tu disais non professionnels, de 7 à 102 ans, de toute morphologie, d'origine sociale, etc. Comment est-ce que tu les plonges dans cet univers du mannequinat, ou en tout cas du défilé ?

  • Speaker #0

    C'est le cœur du projet, c'est mon rôle. J'ai plusieurs rôles, mais là, ça commencera à devenir vraiment ce rôle-là. C'est, en fait, je suis vraiment là pour que les gens... puissent se sentir à l'aise, à leur place. Et en fait, c'est une micro-société, 200 personnes, on fait des castings partout, t'as de tout, de tout, de tout. Et donc là, c'est 7 ans, mais avant, on a eu des bébés sur d'autres défilés. Enfin, tu vois, on a des femmes enceintes. On a des femmes enceintes qui ont passé les castings, qui me diraient, si je suis prise, il faut qu'on fasse attention. Parce que du coup, c'était intéressant. Et donc, ce rôle-là, ça va vraiment être de travailler au cas par cas. Donc c'est une charge qui est énorme et c'est pour ça que je suis en totale dépression à la fin des défilés. Parce qu'en fait, tu peux pas ne pas être une éponge, c'est normal. Et même s'il y avait des personnes qui m'aidaient, etc., qui faisaient un peu, pas barrage, mais tu vois, en tout cas, des personnes avant moi. L'idée, c'est vraiment que tu aies un groupe avec des personnes qui vont être très à l'aise. qui vont être à l'aise avec la lumière, avec le fait que les gens le voient, qui le font ça pour ça et qui font du bien aussi dans un groupe parce que ça porte aussi le groupe et les gens, ok, on avait des mannequins pros aussi qui l'ont fait, qui l'ont fait bénévolement et qui sont inscrits au casting comme les autres. Et eux amènent aussi un truc de, attendez, je vais vous montrer, ça crée des ateliers. Et donc déjà, il y a ça. Moi, j'écoute chaque parcours de vie. Donc il y a un vrai lien avec la personne, la personne me fait confiance. S'il n'y a pas ça, ça ne fonctionne pas. On fait des rencontres aussi, il faut que les gens, les mannequins se rencontrent. S'il n'y a pas ces moments de rencontre, la magie, elle n'opère pas, ça ne fonctionne pas, tout le monde va se... ...se stresser. En fait, c'est quand même très stressant le jour J. Moi, je leur dis tout au long de l'année, tout le stress, je vais vous le prendre. Par contre, quand vous irez seul, je pourrais... juste pas prendre celui-là, mais tout le reste, vous avez carte blanche et vous n'avez à vous occuper de rien, le reste, je le prends sur mes épaules, voilà, vous êtes là pour kiffer. Et donc, une fois que j'ai rencontré tous les mannequins, j'enregistre leurs histoires de vie, etc. Donc en fait, après je fais du montage audio pour que ça arrive dans la musique du défilé, donc en fait ils défilent sur leur voix à des moments, etc. Plus, une fois que j'ai rencontré tout le monde, je fais une introduction pour le public qui permet, donc là c'était face au mont, 4 minutes de voix, en fait c'est un texte que j'écris, je l'ai écrit pendant 8 heures celui-là, avec tout ce que ça m'a inspirée. Donc la difficulté d'organiser déjà le défilé et la difficulté de la vie. Donc c'était une ode à la difficulté et en fait je parle de tout le monde, j'englobe tout ce que j'ai entendu, tout leur parcours de vie, etc. Et donc le public se retrouve, souvent c'est ce qui marque un peu les esprits, se retrouve face à ça, face au monde, avec juste face à lui-même en fait, à écouter ça et en fait chaque personne au monde peut se reconnaître dans ce texte-là puisque ça parle de la vie et donc ça, ça permet aussi aux mannequins qui l'entendent avant, c'est l'erreur que j'avais pas faite au jardin de Dior, donc tout le monde qui a pleuré. Je ne l'ai pas faite cette année. Les gens l'ont écouté avant. Donc les bénévoles, on faisait des rencontres bénévoles, on leur faisait écouter le texte. Ils pleuraient avant. Et je leur disais, maintenant, c'est ces valeurs-là que vous allez porter. C'est ça, en fait. C'est pour ça qu'on fait tout ce travail. C'est pour ça qu'on fait, qu'on vous chouchoute, qu'on vous... Parce qu'en fait, c'est vous-là, ce sera quelqu'un d'autre. Et en fait, toute l'image que vous allez renvoyer, c'est des gens qui vont se reconnaître en vous. Et en fait, c'est ces valeurs-là que vous allez porter haut et fort. Et ces valeurs-là, c'est les vêtements, quoi. aussi. Donc, ils ont ce rôle de porteurs de messages le jour J, ils en sont conscients, ils le savent, et c'est tous ces liens qui ont été créés. Plus, on a créé également, on a tout un travail autour de l'estime de soi, parce que j'ai créé une association depuis qui s'appelle Futur Collectif, mais on y viendra, je crois. Et l'idée, c'était d'aller plus loin pour créer du lien, de créer des ateliers autour de l'estime de soi, chaque semaine, libre, ouvert à tous ceux qui s'étaient inscrits au casting, mannequins, pas mannequins, des gens qui viendraient même pas le jour J, gratuits, avec des intervenants bénévoles, donc rigolothérapie, yoga pour la respiration, mes dessins, tu vois, il y a eu de la danse, il y a eu du chant, enfin il y a eu vraiment plein plein de choses qui ont fait aussi que ça puisse libérer la parole et qu'ils puissent apprendre à se connaître et comprendre les valeurs du projet.

  • Speaker #1

    Donc dans tes défilés, on l'a dit, tu fais venir des mannequins non professionnels, mais dans le public aussi qui vient assister au défilé, t'as des gens qui n'ont... Absolument aucun lien avec la mode. Alors tu as aussi des influenceurs, des gens qui sont dans le milieu. D'ailleurs, est-ce que tu peux nous parler à la fois du milieu, comment aujourd'hui tu es perçu dans ce milieu que tu avais un peu fui au départ, et aussi comment le grand public qui vient découvrir tes défilés en vient à te suivre ?

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que du coup, il y a un vrai lien entre ce que je voulais, le milieu de la mode et finalement tout le monde, où tout le monde pouvait se retrouver. Et donc, vu que ce sont des mannequins qui sont bénévoles et amateurs et qui, mais jamais pour la plupart, n'auraient pensé... faire ça un jour, ça ramène leur famille aussi. Donc ça ramène leur famille, etc. Donc c'est un public qui n'a jamais vu de défilé, ou la plupart du temps, on a un gros public qui n'a jamais vu de défilé. Et là, on travaille aussi avec des influenceurs qui sont devenus des amis, parce qu'en fait, ça ne fonctionne pas. C'est tellement humain que ça ne pourrait pas fonctionner si c'était juste pour la classique relation d'influence avec cette distance de poste, etc. Donc en fait, si tu veux, c'est des gens qui reviennent à chaque fois parce qu'on les invite et c'est des gens qu'on voit, qu'on aime, quoi. Tu vois, qui aiment... Tu vois qui aime la marque, qui porte les mêmes valeurs que nous. Et donc, ça crée aussi une visibilité dans le monde de la mode. Moi, je n'en ai pas encore trop conscience parce que je suis restée à Grandville, même si j'ai des opportunités énormes. Et c'est là que je me dis, la folie des réseaux sociaux, c'est fou. Tu peux vivre dans le lieu que tu veux, dans le cadre que tu veux, face à la mer, et dans un petit bled, et en même temps bosser pour des gros projets. Donc, c'est super. Je dirais que les premières années, ça a été compliqué pour moi parce que je voulais vraiment casser avec ce truc-là. Ça m'avait un peu traumatisée, je crois. Paris et ce milieu-là. Et finalement, maintenant, avec l'engagement que j'ai, le côté affirmé de la femme que je suis, ce que je te disais tout à l'heure, je sens que je peux... apporter quelque chose et je peux travailler aussi dans le monde de la mode et en tout cas choisir en fait. Je suis en pouvoir maintenant de pouvoir choisir ce que je veux faire, les projets et aussi amener et les gens aussi avec qui je travaille et amener des mannequins qui seront pas du tout dans les standards mais je veux dire même pas du tout. Ça veut dire qu'ils auront pas le truc de savoir se positionner dans un endroit, on va tout devoir réapprendre et ça maintenant, si les gens veulent bosser avec Amour Réactive, ils savent. C'est comme ça, c'est apprendre où aller c'est quoi. Et donc ça c'est un peu, je dirais que c'est la fierté un peu, parce que même tous nos mannequins disent Moi de toute façon le prochain à Paris je le fais et tout ! C'est génial, et ça c'est des Christine, 68 ans, c'est des Moni, enfin voilà, c'est tout le monde quoi. C'est en même temps aussi des jeunes qui veulent faire ça plus tard, enfin voilà, ça y est. On a réussi à créer une safe place qui est autant un pied dans la mode que dans le social.

  • Speaker #1

    Et donc en 2022, tu as voulu aller plus loin dans le prolongement d'amour collectif et tu as créé Futur Collective.

  • Speaker #0

    Après le défilé au Jardin Christian Dior, les gens sont revenus, les mannequins, les bénévoles sont revenus, les gens du public sont revenus me voir en me disant Ok, bon, moi c'est bon, là, il faut signer où ? Je veux participer tout le temps. Je veux tout le temps vivre ça, je veux tout le temps… Et en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que moi, j'ai des grosses périodes de défilés où là, ça tourne, il y a du monde, il y a du monde à m'aider, je peux embaucher des personnes sur du court terme, etc. Je suis seule ou parfois il y a ma soeur qui vient de temps en temps ponctuellement m'aider, mais je couds seule, je fais les photos seule, je fais les vidéos tout seule. Et donc effectivement, je ne peux pas sous-traiter des personnes qui gentiment vont venir m'aider à coudre pour qu'après je revende, etc. Ça reste une entreprise. Et je me suis dit, là, il manque un truc. Il manque un truc. Et puis en fait, là, on parle que de vêtements, mais en fait, ça pourrait aller beaucoup plus loin. Donc avec les bénévoles qui sont là depuis le début, on a décidé de créer une association qui s'appelle Futur Collective. Et l'idée, c'est de raconter tout ça, créer du lien intergénérationnel, de l'inclusion, créer des moments sains. simple, mais de partage, de gens qui se seraient jamais rencontrés à travers l'art, la mode, la bouffe, tu vois, faire venir des chefs, manger, toujours les lieux, manger dans des lieux géniaux qui sont pas faits pour ça, ou tout simplement un pique-nique partagé, enfin tu vois, créer plein de choses pour l'humain, des choses simples, où en fait on porte tous les mêmes valeurs et on se fait du bien, donc créer une boîte aux lettres, avec des lettres anonymes, soit qu'on envoie dans des structures, soit en fait, commencer des révélations épistolaires, enfin tu vois, plein de choses comme ça, qui se mettent tranquillement en place et qui se sont mises vraiment en place. Puisque c'est l'association qui a porté le projet du défilé, qui a été porteur de projet auprès des financeurs, des subventionneurs. Et Amour Collectif, finalement, maintenant, devient juste une petite branche de cette association. En fait, l'asso va devenir le cœur de tout ce projet, donc moi, je ne serai plus du tout chef de projet, etc. L'idée, c'est vraiment que je m'éloigne tranquillement, j'en ferai partie. Et c'est pour ça que je me lève le matin aussi, c'est pour vivre ces moments-là. Mais moi, je vais gérer Amour Collectif et l'association sera gérée par une présidente. Voilà, et c'est des choses qui deviendront pérennes et autonomes sans moi, quoi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais de toi que tu es une femme engagée ?

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que je suis engagée, je me définis comme ça, et je me sens bien dans ce rôle-là maintenant, tu vois. Et je pense que je vais vachement plus m'engager même. Je vais aller vers des associations très engagées. J'étais déjà liée aux sorcières pour des projets, des choses comme ça, donc c'est une asso féministe de camp, mais j'ai envie d'aller dans... Plein d'assauts différentes parce qu'en fait on est engagé pour l'humain, donc surtout on est aussi très engagé avec Port d'Attache, qui est une assaut grand-villaise qui vient en aide aux réfugiés politiques. On a eu beaucoup de mannequins ukrainiens à défiler l'année dernière, ce qui n'était pour moi même pas une question. aller beaucoup plus loin dans des choses comme ça, m'imposer, oser raconter, et oser donner mon point de vue, ne plus me cacher derrière des histoires de gens.

  • Speaker #1

    La dernière, ce n'est pas une question, c'est ce que je propose à chaque invité. Tu profites des prochaines minutes pour parler directement aux auditeurs du podcast.

  • Speaker #0

    Je suis contente d'avoir la chance de pouvoir vous parler de ce projet, qui est un projet familial à la base, puisque je l'avais fait en famille, il y a toujours mes parents qui sont très proches, etc. Et ce côté familial... On s'est rendu compte qu'en fait, à échelle plus du tout humaine, c'était encore possible, puisque là, on a fait des gros projets qui auraient pu être ingérables. Et finalement, en fait, tout le monde s'est reconnu dans cet esprit familial et c'est ce qui fait la force du projet. Je vous invite à nous contacter, à nous écrire, à nous proposer des projets. Je veux dire, même si vous, vous voulez vous être acteur, actrice de quelque chose et que vous avez le sentiment de porter les mêmes valeurs que nous, je vous invite à ce qu'on s'associe, à ce qu'on porte notre voix plus haut, plus loin, à plus de Il y a des gens encore qui en auront besoin, parce qu'on en a tous besoin en fait. C'est des moments de vie dont tout le monde a besoin. Donc je suis sûre que vous serez nombreux. On reçoit souvent, quand je lance des messages comme ça, des propositions de défi, dans des EHPAD, des choses comme ça. Peut-être que je ne répondrai pas maintenant, parce que je n'arrive pas à ouvrir tous mes mails, mais n'hésitez pas en tout cas. Et puis, croyez aussi en vous. Allez vers des gens qui font des projets comme vous, ça vous donne de la force. N'ayez pas peur de rêver, en fait, parce que moi, c'est que du rêve à la base. C'est que du vent, ces projets dans le sens à la base, je veux dire, quand ça commence. Je raconte mon rêve à quelqu'un qui croit et qui me dit Ok, ouais ! Et en fait, je le raconte à plein de gens qui se disent Vas-y, je viens t'aider. Et ça fait une armée bienveillante de gens qui s'associent pour faire des projets immenses. Les gens pensent qu'on est beaucoup et en fait, non. C'est juste... Une envie inébranlable, un rêve d'utopie, de quelque chose que je crois possible. Sous-titrage ST'501

Description

[#3 Cassandre Lemeilleur : L'Amour à la mode] Dans ce troisième épisode, Anthony Chenu invite Cassandre Lemeilleur, styliste et créatrice de la marque Amour Collective.


Après des études de mode, et plusieurs expériences dans le cinéma, Cassandre Lemeilleur a fondé sa marque et ouvert son atelier/boutique à Granville (dans la Manche). Depuis 2018, elle organise des défilés inclusifs où se croisent et dialoguent les générations et les milieux sociaux autour de vêtements 100% recyclés auxquels la styliste donne une seconde vie.


Cassandre Lemeilleur revendique une pratique de la mode basée sur les histoires personnelles de ses mannequins en organisant notamment des castings bienveillants où chacun trouve sa place. Amour Collective a récemment investi les jardins de la Maison de Christian Dior et le Mont-Saint-Michel pour des défilés qui ont mobilisé plus de mille personnes.


Cassandre Lemeilleur reçoit Anthony Chenu dans son atelier granvillais et nous fait découvrir les coulisses de la création de ses pièces phares.


Parlons plus bas est un podcast d'Anthony Chenu à retrouver sur toutes les plateformes et sur les comptes Instagram et Facebook de l'émission.

Voix off : Justine Leroux

Mai 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'ai envie de montrer des vrais gens, de la vraie vie. J'ai envie de montrer du gras, j'ai envie de montrer des rides, j'ai envie de montrer la beauté partout où elle est. Qu'on puisse regarder des images sans se donner de complexes. Parlons plus bas. Podcast réalisé et présenté par Anthony Chenu.

  • Speaker #1

    Pour ce troisième épisode, j'ai rendez-vous avec Cassandre Lemeyer. Elle est styliste et c'est dans son atelier situé à Grandville, dans la Manche, qu'elle m'a donné rendez-vous. Il est 11h30.

  • Speaker #0

    Alors, c'est un ancien magasin de parquet. Donc, on a refait tous les travaux. Moi, je voulais quelque chose d'épuré, qui fasse atelier et boutique, donc un sol gris assez brut, des murs blancs, puisque les vêtements sont assez colorés. Il y a quand même des grosses pointes de couleurs avec des bandes de couleurs quand on arrive. Et la pièce principale, surtout, entre la boutique et l'atelier, puisque c'est 400 mètres carrés, c'est un carreau, en fait, une vitrine qui permet aux gens, quand ils arrivent, de voir tout ce qui se passe derrière. Et en fait, je voulais une transparence pour qu'ils imagaient un peu tout le projet. C'est quoi ?

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous décrire le milieu dans lequel tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Alors je suis née en Bretagne, mais j'ai vécu très peu de temps là-bas. J'ai grandi dans la Manche, j'ai été très entourée, j'avais beaucoup de copains, j'étais assez joyeuse, sportive, une enfance très heureuse, voilà. J'ai baigné quand même dans le milieu du recyclage, j'avais une maman qui nous a quand même bien forgé à l'écologie, aussi à s'habiller en seconde main depuis toujours, déjà. pour trouver notre propre style et pas suivre quelque chose qui nous était imposé dans les magasins ou des choses comme ça. C'est vraiment par choix. Et donc, j'ai grandi beaucoup dans la création. Et aussi, je faisais de la musique. Donc voilà, c'était... Dans la création, je me rends compte en fait maintenant. Ouais, quand même. Et dans la joie. Quand j'étais plus jeune, je pense qu'à partir du collège, il y a un moule un peu où tu t'habilles un peu comme tout le monde. Je sentais quand même que j'avais un truc un peu différent. Et c'est au lycée où j'ai vraiment... J'ai commencé à mettre les fringues de mon père, chose qui se fait beaucoup maintenant, mais à l'époque ça se faisait pas trop, je mettais les costards de mon papa, des choses comme ça. Et j'avais une grand-mère aussi qui avait pas mal de sable, donc je mettais beaucoup ses vêtements. Mais je sentais que l'art, tout ça, je me sentais bien dedans, mais c'est assez jeune pour savoir ce que tu veux faire quand t'es au lycée, etc. Donc j'ai fait des études dans la mode après. par défaut quoi enfin tu vois c'était pas je me suis jamais dit je vais créer une marque de fringues je vais faire ci je vais faire ça c'était pas du tout même de la couture pas du tout jamais

  • Speaker #1

    Tu t'es orientée après le bac vers des études de mode, c'est ça ?

  • Speaker #0

    En fait, après le bac, j'avais fait un bac littéraire, option lourde, art plastique et musique. Pas du tout dans l'idée de parallèle des vêtements. Et je ne savais pas quoi faire. Et ma mère m'a dit, écoute, je pense que tu as quand même un attrait pour les fringues, la mode. Elle me poussait déjà à l'époque à me dire, mais va sur les réseaux, tu devrais trop avoir un blog, un truc comme ça, les gens. Et bon, moi, ce n'était pas du tout mon truc. Et donc, j'ai fait des études de mode à Bordeaux. Bordeaux, parce que j'avais suivi mon copain de l'époque. Et c'était un peu par défaut. Et même, je vais être honnête, pendant mes études, je m'y retrouvais pas. Pas du tout. Je m'entourais déjà de... Enfin, on m'inspirait plutôt de ce qui m'entourait. Donc, ce qui s'imposait un peu à moi, ce que j'allais trouver au Secours Populaire, les tissus recyclés. Et en fait, dans mes études, c'était ça. Je travaillais qu'avec des choses recyclées. Donc, j'avais trouvé le Secours Pop de Bordeaux, j'y allais, machin. Et en fait, à l'école, ils n'ont pas accepté que j'utilise des tissus recyclés. Alors, s'ils m'entendent, ils ont beaucoup changé depuis ce que je travaille avec eux. Mais c'est vrai qu'à l'époque, c'était assez compliqué parce que c'était pas du tout dans l'air du temps et que c'était considéré comme sale. Alors qu'il y a tout un travail de restauration, c'était plus la manière de faire qui m'intéressait que le résultat. En fait, je m'en fichais un peu de ce que j'allais faire. Et donc non, mes modèles, c'était plutôt ce qui m'entourait, ce que je voyais. Quand je faisais mes études, je faisais beaucoup la fête et je ramenais des trucs que je trouvais dans la rue. Et le lendemain, je me disais OK, qu'est-ce que je vais faire avec ça ? Donc j'ai tricoté avec des manches à balais, des pulls en sac poubelle. Je travaillais vraiment sur la recherche de matière pour amener un message.

  • Speaker #1

    Tu te sentais en face avec le... Le milieu dans lequel tu étudiais, tu as un peu esquissé l'idée de déjà prendre des distances avec les vêtements recyclés,

  • Speaker #0

    mais est-ce que tu te sentais vraiment appartenir à ce milieu déjà au moment des études ? faire ça. Donc si tu veux, eux, les cours, pour te donner un exemple, c'était, on va faire comme Jean-Paul Gaultier y fait, mais ça ne m'intéressait pas du tout, je ne voulais pas copier. Moi, ce que j'aurais aimé, c'est qu'on m'apprenne à savoir qui je suis, tu vois, apprendre à se connaître. pour pouvoir... Ça ne m'intéressait pas de copier. Ils me disaient, oui, de toute façon, être créateur, c'est impossible. Il faut devenir un tel, ou alors copier un tel. Waouh, non. Donc non, je ne m'y retrouvais pas du tout. Il y avait déjà ce truc de... quand même des personnes, d'être intéressées beaucoup par les parcours de vie, comme toi, j'imagine. Et donc ça, mais bon, avant de faire le lien, j'étais complètement immature. Et puis, la vie, je fais que si tu fais les liens à ce moment-là, quoi. Et même après, il m'a fallu des années avant de pouvoir comprendre ça, quoi.

  • Speaker #1

    Et c'est juste après que t'es partie travailler pour le cinéma ?

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, en fait, après mes études, moi, je voulais arrêter et c'est quand même une école privée, donc par respect pour mes parents, j'ai continué, j'ai eu mon diplôme. Et ensuite, j'ai eu la chance d'avoir une copine, voilà, dans le milieu du cinéma. Donc, j'ai été pistonnée pour faire mon premier stage pour un gros film quand même une grosse production pour un petit film mais qui passe au cinéma avec un gros casting Christian Clavier, Carole Bouquet Stéphane Degroud, Valérie Bonneton, Rossy Despalmas donc c'était quand même un gros truc, 27 jours de tournage et il n'y avait pas de création de vêtements dans ce film, c'est comme beaucoup de films en fait tu vas chercher des vêtements etc et moi je suis arrivée à la partie où c'était déjà fait donc il n'y avait aucune recherche de vêtements et j'ai eu un rapport très compliqué avec les acteurs, ce monde en fait super avec les acteurs ...les collègues, mais c'est aussi nos collègues, les acteurs, mais en fait, c'est pas du tout... Je trouvais qu'il y avait un monde entre nous, et nous, on devait vraiment être... Alors, merci, d'une part, pas tous, pas tous du tout, et je fais pas une généralité, mais en tout cas, moi, mon expérience à ce moment-là, c'était ça. Et je trouvais qu'on était un peu... Quand tu t'occupes du textile et que t'es dans le costume, tu peux avoir souvent tendance à être mise... Bon, bah, tu vas laver ma tâche sur mon jean perso, tu vas faire ça... Il y avait un coiffeur... ...d'un des acteurs qui m'avait balancé ses chemises perso en me filant un billet de 5 euros. J'étais un peu traumatisée et j'avais un fort caractère quand même à cette époque-là et ça me choquait déjà. Donc ça a été une expérience compliquée, j'ai quand même continué après sur des plus... Petite production sur TF1, la série Nos chers voisins. C'est pareil, en fait, c'est déjà des shows qui sont rodés. Donc, en fait, t'as juste à donner les vêtements, les laver et tout ça. Et en fait, ça m'intéressait pas, quoi. Tu vois, il n'y avait pas ce truc créatif ni humain. Et j'ai continué un petit peu, puis j'ai arrêté. Et aussi, ils te prennent en stage pendant très, très longtemps. On m'a rappelé après pour Hunger Games, quand j'avais 25 ans. pour un stage, tu vois. Donc, je me suis dit, OK, pas ça, c'est pas ce que je veux faire, mais bon, il y a quand même un truc qui me plaît. J'aimais bien le fait de rencontrer des artistes, d'avoir ce réseau un peu qui me fascinait et qui était... Ouais, qui était porteur, en tout cas dans ma tête, de quelque chose après, je pense.

  • Speaker #1

    T'as rencontré des costumiers, des costumières qui t'ont marquée ?

  • Speaker #0

    Eh bien écoute, c'est très marrant parce qu'en plus, elle commençait... Enfin là, elle est très connue. Elle était déjà connue, mais dans le milieu, mais là, sur les réseaux. Marilyn Fitoussi, qui est la costumière, avec qui je bossais moi, sur TF1, sur Nos Chers Voisins. Et elle, elle est la costumière d'Emeline Paris. Donc c'est elle qui fait tous les looks de la série. Et donc là, sur les réseaux, c'est trop marrant.

  • Speaker #1

    Son travail est très vu, très commenté.

  • Speaker #0

    Son travail est très vu et finalement, ça la représente. C'est quelqu'un de... Quand je l'ai vue la pousser quelqu'un qui fait waouh quoi, tu la vois la première fois, elle a un style. Et je me souviens que je me faisais déjà mes vêtements et j'allais bosser avec mes fringues sur ce tournage-là et elle adorait. Donc en fait, on avait vachement échangé là-dessus et je me sens que ça m'a marquée. Globalement, toutes les costumières, Chloé Bartogneau aussi avec qui j'avais bossé sur le film Une heure de tranquillité, qui m'a appris la rigueur du travail, le fait d'avoir l'impression de perdre du temps à faire des choses, qui m'a beaucoup appris sur maintenant. Le fait que je restaure des tissus, on a l'impression de perdre du temps, mais c'est ce qui est important dans toute la démarche créative que j'ai maintenant.

  • Speaker #1

    Tu as vécu à Berlin aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, après j'ai continué, j'ai fait attaché de presse dans une assistante attachée de presse, etc. Et je me suis dit là, pareil, ce n'est pas du tout pour moi. C'était très intéressant, j'ai regardé de très bons souvenirs. Et après, j'étais complètement perdue. Parce que je me dis, ça fait quand même beaucoup d'expériences où je me dis que ce n'est pas pour moi. Et donc, je suis revenue à Grandville avant, et le Secours Populaire m'a demandé pour les 70 ans de faire un défilé. Ils voulaient faire un petit truc dans leur rue et tout ça. Je me dis, non, on va s'intégrer à un événement. J'ai rencontré, qui est devenu une très bonne amie à moi maintenant, Marlène Huard, qui avait fait les traversées sonores. Et on s'était intégrés à cet événement-là. On avait eu plus de 300 personnes pour un truc tout petit. C'était finalement les prémices d'amour collectif, puisqu'on avait fait les castings au Secours Populaire. Donc en fait, c'était des gens que je ne connaissais pas, des adhérents du Secours Populaire. Donc soit des gens dans le besoin, soit des gens qui venaient déposer. Et je ne faisais qu'à partir des vêtements ou des tissus que je trouvais là-bas. Et donc ensuite, je ne me suis pas dit, waouh, révélation, c'est ce que je veux faire. Pas du tout. Et je suis partie à Berlin pour changer de vie, complètement. Je me sentais un peu... J'étais perdue et je me suis dit, bon ben, je vais y vivre. Donc j'ai vécu deux ans là-bas et j'ai complètement changé de... J'avais un taf alimentaire, je vendais des déménagements par téléphone, tu vois, donc rien à voir. J'ai pris le premier truc qui me venait et donc c'était pas pour moi non plus. Et j'ai surtout eu rencontré des gens. Je me suis fait un réseau d'amis là-bas, de rencontres, de connaissances qui m'ont amenée à comprendre ma vie, à prendre de la hauteur. Caméra subjective, tu... Et en fait, les gens étaient habillés d'une certaine façon. Les cheveux orange, tout en orange. Mais en fait, je les trouvais magnifiques. Enfin, tout le monde. Parce qu'en fait, ils sont eux-mêmes et qu'ils représentaient quelque chose qui était complètement en accord avec... Tout ce qu'il pensait, et là, ça a été une vraie révélation. Et j'ai commencé, donc tu sais, tu travailles avec un casque, et j'ai commencé à éteindre ce casque et à écouter sur l'amour, le côté philosophique, mathématique, tout, tout, tout, tout. Ça me fascinait, et je me rends compte qu'en j'ai toujours été fascinée par l'amour, mais pas tant l'amour, c'est juste ce côté, en fait, ce terme fédérateur qui concerne tout le monde, en fait. Donc c'était les histoires de vie, et j'ai dit à mon père, écoute, je pose ma démission, trouve-moi un local, je rentre à Grandville, je vais les trouver. Je sais ce pourquoi je suis faite et j'avais l'impression que mes chakras étaient alignés. Vraiment, ça m'a fait le... Je pourrais te dire, le jour, l'heure, j'étais en accord avec moi-même. Ça y est, c'était parti.

  • Speaker #1

    Donc en rentrant, c'est là que tu vas fonder Amour Collective, dont on va parler évidemment dans la suite de l'entretien. Est-ce que tu peux nous raconter juste l'histoire du nom Amour Collective ?

  • Speaker #0

    Je suis rentrée donc à Grandville, dans l'atelier. Évidemment, pas de nom, pas de... Juste une envie, une idée, continuer un peu les prémices de ce premier défilé pour le Scrooge Populaire, tu vois. Et en fait, évidemment, comme je le suis encore maintenant, je me déborde de travail. Donc je me dis, OK, là, on va faire un grand défilé. On double les personnes, 60 personnes. Donc je rappelle tous ceux qui avaient participé, plus d'autres. OK, trouvez un tel, il faut que le plus de physique. et d'âge et de personnes, de cadres sociaux soient représentés. Et donc moi, je me mets à fond dans la couture, etc. Il faisait très chaud. Je pars au cimetière récupérer des fleurs, les fleurs endeuillées qu'en fait, je réutilise pour faire des couronnes, etc. Enfin Donc j'étais à fond et je me dis, on va lancer la marque le 14 juillet 2018. Évidemment, on arrive, le truc s'approche. Je me dis, il faudrait quand même un nom au truc. Et en fait, je savais que je voulais parler d'amour. Je savais que je voulais qu'il y ait un collectif, en tout cas qu'il y ait plusieurs visions de ça, puisque je donnais la voix à tout le monde et tout le monde pouvait devenir un visage. Donc je me suis dit, Finalement, c'est pas forcément moi qui ai choisi le titre, le nom. Ça s'est imposé et surtout, j'ai fait voter tous les gens que je connaissais, enfin voter entre guillemets, mais je leur ai dit, donnez-moi vos idées, j'ai pris toutes les idées. Et ce qui est ressorti, c'est Amour Collective parce que l'amour, parce que pour moi, je voulais un terme fédérateur qui concerne tout le monde puisqu'on allait représenter tout le monde. Donc ça pouvait être une passion, des amis, une histoire d'amour, quelle qu'elle soit. Voilà. Et collective parce que, un mot anglais, parce que je m'étais dit qu'on pourrait travailler vraiment avec tout le monde et sûrement, je ne me mettais aucune pression barrière pour l'international et tout ça. Enfin, tu vois, en étant à Grandville, j'avais déjà... Et parce que, en fait, je voulais que ce soit le collectif des gens qui étaient représentés, mais aussi des gens avec qui on allait travailler. C'est-à-dire qu'on allait bosser avec des photographes, avec des artistes, que ça allait être très riche et qu'en fait, tout le monde pourrait donner sa propre vision de cette histoire.

  • Speaker #1

    Tu revendiques une dimension très inclusive dans ta pratique. Est-ce que ce n'est pas aussi une manière de renvoyer, peut-être, une critique à ce milieu qui a tendance à valoriser les standards aussi ?

  • Speaker #0

    Complètement. C'est complètement ça et en fait j'en avais même pas conscience, j'en ai conscience que cette année tu vois. Effectivement pour moi, toutes mes expériences professionnelles d'avant, de stage etc. où je m'y retrouvais pas et où je me disais bon pas pour moi. Mais en fait je m'y retrouvais parce que c'était génial comme expérience mais je m'y retrouvais pas à chaque fois parce que l'humain était oublié. n'était pas au cœur. C'est-à-dire qu'on était peut-être parfois traités de manière comme si notre travail était moins important que certains, et en fait pas du tout. Je trouvais que tous les maillons étaient importants, et quand j'ai bossé dans le milieu attaché de presse, c'était donc l'image, c'était les magazines, tu vois. Et là, en fait, je me disais, mais putain, tout est faux. Tout est faux. En fait, j'ai envie de vrai. J'ai envie de montrer des vrais gens, de la vraie vie. J'ai envie de montrer du gras, j'ai envie de montrer des rides, j'ai envie de montrer la beauté partout où elle est, et surtout qu'en fait, qu'on puisse retrouver Regardez des images. sans se donner de complexe, ou alors lire une histoire où on se dit, putain, moi aussi. Et ça, c'est vachement mis en valeur. Un deuil. Et en fait, j'ouvrais des dossiers qui pouvaient être considérés comme tabous pour la société ou pour la mode encore plus. Là, il ne fallait que des paillettes, que ça brille. Moi, je montrais des tissus qui sentaient le pipi, qu'on va restaurer pour en faire un truc qui brille, évidemment. Et je voulais qu'en fait, tout le monde puisse avoir ce regard-là. Oui, donc cette année, je me suis rendue compte au fil des projets que j'allais bosser avec des politiques. ...particiens, en fait, parce que c'est des élus de la ville, c'est des maires, c'est des plus hauts, le département, la région. Et tout le monde disait, mais c'est hyper politique, c'est hyper engagé. Et je me défendais de ça, je me disais, non, en fait, c'est juste l'humain au cœur. Et en fait, je pense que j'en avais peut-être pas conscience parce que j'étais pas aussi assurée, affirmée dans ce que j'étais et la femme que je suis devenue aussi grâce à ce projet. Et effectivement... Je te le dis maintenant très fort dans le micro, c'est politique, c'est engagé. Et effectivement, je m'en rends compte maintenant, on est obligé de se battre aussi pour faire entendre des idées, des valeurs et le combat. que je fais sur certains défilés. C'est politique, c'est l'engagement et c'est le fait de vouloir montrer tout le monde, d'emmener toute une troupe avec moi à chaque fois, d'emmener, là, c'était plus de 1000 personnes qui ont participé au casting, 4000 personnes de mannequin, donc il y a un vrai soutien aussi de la part des élus aussi, mais il y en a contre qui on doit se battre pour faire entendre ça, le recyclage, l'écologie, les gens, mais maintenant, c'est des mots qui sont clés dans les programmes, donc c'est plus facile.

  • Speaker #1

    Tu organises des castings bienveillants ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous dire comment ça se passe ? On a dit, ce serait pas mal qu'on puisse faire des castings dans un EHPAD. L'idée, c'est de garder le côté intergénérationnel dans le cadre du Silver Day. Donc, c'est tout ce qui concerne les personnes seniors, lutter contre l'âgisme. Et donc, c'est mis en place assez naturellement, comme tout ce qui s'est fait après, des castings dans des EHPAD et dans des collèges, lycées, etc. Et j'avais pas donné ce nom-là, mais dans mes défilés d'après, c'était des castings bienveillants où le seul... Le critère, c'est de venir et de bien écrire les informations pour qu'on puisse recontacter les gens. Et voilà, en fait, l'idée, c'est vraiment de pouvoir venir sans critère de sélection. C'était compliqué aussi parce qu'on se dit, il y a une paire de hasards. Moi, au début, je voulais choisir, etc. Mais en fait, il faut que je laisse complètement le hasard faire. L'idée, c'est de représenter le plus de monde possible. Qu'on n'ait pas que, non plus, des petites brunes. Enfin, tu vois, il faut que tout le monde puisse être représenté. Ça se fait assez naturellement. Et donc, cette année, pour le défilé au Mont, les castings, on s'est un peu enflammés. Enfin, je me suis un peu enflammée. J'ai voulu faire avec six villes partenaires de la Manche. Grand-Ville-Avranches, Quarantens, Saint-Lô, Ville-Dieu-Coutances. Et donc, on allait le matin, dans des missions locales et des EHPAD, maisons de retraite, vers un public qui ne se serait pas senti concerné par l'action ou qui n'aurait pas entendu. On a vendu ça en fait et on allait leur proposer. Donc après, on bossait avec les aidants qui, eux, s'occupaient des castings en interne et qui faisaient le relais en fait après avec nous. Et ensuite, on allait, on faisait... Donc les villes nous avaient prêté des salles où là, en fait, les gens répondaient à la communication qu'on avait faite au préalable avec la ville partenaire et les gens venaient. Et donc, plus de 1000 personnes. On a fait aussi un filtre Instagram pour que les gens qui étaient trop timides ou qui étaient trop loin puissent participer avec une photo. L'idée, c'était aussi de ne pas stigmatiser les gens qui ne savent pas écrire, qui ne peuvent pas... Enfin, tu vois, on a des personnes en situation de handicap mental. Donc, on a fait des petits fichiers. feuillets, papiers, où en fait, tu écrivais ton nom, ou alors tu venais avec un aidant, ou alors on aidait tout le monde. Et il y avait aussi des encarts, qu'est-ce que vous attendez d'un projet comme ça, des choses à cocher, ou des espaces pour du dessin. Donc on a eu plein de dessins, plein de lettres, plein de trucs trop beaux, des petites... Enfin, c'était génial, c'était hyper émouvant, touchant.

  • Speaker #1

    Donc à chaque défilé, tu organises un casting bienveillant en amont ?

  • Speaker #0

    C'est ça. À chaque défilé, il y a un casting qui nous fait rencontrer des personnes qui veulent participer, soit à être bénévole, donc photographe, aider pour le montage, aider pour plein de choses, ou alors être maquilleur, coiffeur, enfin tu vois, même si on bosse avec des pros... Il y a toujours besoin de monde. Ou alors, être mannequin. C'est des castings bienveillants, parce que mannequin, c'est pas la finalité du projet, en fait. Même si je sais que pour certains, ça l'est, ça l'est pas forcément. C'est-à-dire que cette année, par exemple, il y en avait beaucoup qui défilaient pas. évidemment, sur 1000 personnes on en a eu 200, et bien en fait on les appelait. On appelait les autres pour des shootings, pour plein de choses. En fait on a un vivier de personnes répertoriées, que nous on a enregistré toutes leurs informations, et on peut les appeler à n'importe quel moment, ils font partie de la marque, et à un moment ils seront mannequins, à un moment voilà ça tourne. À un moment on aura beaucoup de monde. Donc je vais essayer de faire tourner le truc au maximum, mais voilà. L'idée c'est qu'à chaque événement, on refasse des castings dans la ville où on sera.

  • Speaker #1

    Tu portes des défilés dans des lieux quand même exceptionnels, qui sont à chaque fois de plus en plus grands. D'abord les jardins de la Maison Christian Dior à Grandville, et puis récemment... Le Mont-Saint-Michel, tu peux nous raconter un peu comment sont nées ces idées ?

  • Speaker #0

    Moi, je voulais avoir quelque chose d'assez sauvage, bucolique. Donc, j'ai commencé en demandant l'autorisation à la ville de Grandville d'aller dans leur jardin Valès Fleurs. Donc, c'est un petit jardin public qui est magnifique. Et je trouvais qu'en fait, il n'y avait jamais d'événements là-bas, ou peu, et encore moins dans la mode ou des choses comme ça. Et pour moi, c'était une forme de valorisation aussi de là où on était. On faisait en fonction de la nature, du décor, tu vois. On n'amenait pas un énorme décor, construction, trucs, lumière. On faisait en fonction. La nature. Et ensuite, la ville de Grandville nous a demandé de faire quelque chose à l'archipel. C'est le théâtre de Grandville, salle de concert, salle de conférence. C'est très joli, c'est sous la roche. Donc pareil, c'était quand même un lieu qui avait une histoire, qui m'a beaucoup parlé. Ils ont restauré, c'était une ancienne salle et ils l'ont retrouvée après des années pour la restaurer. L'histoire était vraiment jolie et je me suis sentie un peu, dans une salle, c'est compliqué pour moi. Je me sens un peu à l'étroit, étouffée et tout ça. Parce que tu as des contraintes de lumière, de trucs qui s'imposent à toi, c'est intéressant, mais ce n'était pas ce que je recherchais vraiment. Et ensuite, ils m'ont demandé de faire quelque chose dans les jardins Christian Dior. Et bon, là, ça a été... En fait, déjà à cette époque-là, je voulais faire le mont depuis le début. Ils m'ont dit, écoute Cassandre, le mont, c'est super, tu le feras, on a toute confiance en toi, c'est sûr, mais il faut que tu deviennes plus professionnelle. Si tu veux, j'étais encore toute seule, je faisais mes trucs. Il faut que là, tu puisses faire quelque chose. Avant que tu aies un step up, tu vois, donc le jardin Christian Dior qui est sublime au-dessus de l'eau, donc la maison d'enfance de Christian Dior à Grandville avec son jardin fleuri au bord de l'eau, c'était vraiment les lumières, les couleurs, tout était sublime. Et en fait, nous, on a juste ramené des chaises recyclées, donc on allait en chercher tous les jours aux déchetteries, on a trouvé des magnifiques chaises, on a tout fleuri. Pour moi, ce qui est important dans chaque lieu où je me trouve, c'est de faire en fonction du lieu. Donc, je ne voulais pas du tout dénaturer, donc ma collection, elle s'inspire à chaque fois du lieu dans lequel je me trouve. Simon. ma première base. Et ensuite, les gens que je vais rencontrer, qui vont participer. Mais ma base, c'est vraiment le lieu qu'on va choisir, qui va m'inspirer. Je vais tout de suite voir. Ah ouais, là, ouais, fais l'artifice. Et ensuite, je vais me dire, la décoration va être importante et va guider, en fait, toute la collection et tout le travail ensuite. Et donc, le 11 à Michel, ça a été un peu la consécration pour moi de ces cinq années de travail. Et ça a été finalement un an et demi de travail. Très compliqué parce que déjà, le Mont-Saint-Michel, c'est le mont, c'est une institution, c'est un mastodonte. Et moi, j'arrive comme ça. Et j'ai gardé cette naïveté, je pense, qui fait la force aussi du projet, et tant mieux, de m'émerveiller, en fait, devant déjà le lieu, en fait. Donc, on allait remercier le lieu d'accepter, tu vois. Et je suis allée à la Saint-Michel, enfin voilà, j'ai baigné, j'ai voulu baigner un peu là-bas pour voir l'énergie qui s'en dégage de ce lieu. Et ouais, enfin, tout le côté aussi spirituel, enfin, tu vois, les gens vont se recueillir aussi là-bas. Je voulais le faire à l'intérieur, je savais pas trop. Puis, en fait, je me dis, ça a aucun intérêt. Donc, je voulais le faire devant, je voulais le faire en bas. Et en fait, les... Le type du monde m'a dit mais en fait ça n'a aucun intérêt, fais-le sur le barrage, c'est une construction qui a eu lieu il y a 9 ans je crois maintenant, et qui n'est pas forcément mise en valeur parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion encore de faire des événements. Enfin, pas l'occasion, mais en tout cas ils n'ont pas eu peut-être le temps de se concerter pour faire des événements. On est arrivé là-bas, carte postale, en fait. Tu peux pas faire un événement au mont, dans le mont, parce que ça n'a aucun intérêt, tu vois pas le mont, tu vois. Ce qui est intéressant, c'est de le voir, et là, effectivement, c'est l'immensité, la perte de vue, le silence, le mont en fond, les couleurs qui changent, le mont qui change de couleur, avec le soleil, enfin c'est plus du tout... J'ai dit, ok les gars, vous m'avez eu, on le fait sur le barrage. Donc on a créé, nous, un village de loges, pour aussi avoir des loges calmes, que les... En fait, on est vraiment à fond dans la démarche, pour que les mannequins se sentent bien, c'est vraiment tout tourné pour que l'humain se sente vraiment bien. Donc on a fait venir des enceintes, etc. tout un système qui s'est mis en place là-bas. Sous-titrage ST'501 Là, c'est la nouvelle collection. Donc, j'avais envie. Là, j'ai hâte qu'il fasse beau, puisque dans l'atelier, il fait assez frais quand même. Donc, je pense que j'ai fait beaucoup de lin. Donc, je travaille avec des draps en lin brodés. Donc là, j'ai fait des robes, des chemises, des manches bouffantes. J'ai travaillé aussi autour de la transparence avec du crochet, avec des rideaux anciens, des tops d'ONU. Voilà, il y a des choses aussi qui sont mixtes. Et beaucoup de cabas. Le cabas de l'été, notre hit bag qui sort là. Donc, on l'a fait dans toutes les couleurs. Là, on passe en fait en... Dans les coulisses, derrière le carreau, on voit un peu tout ce qui se passe ici. Là, ce sont les machines à coudre. On a un, deux, trois machines à coudre et une machine à broder et une surjetée également. Et là, toute la mercerie, des boutons, du fil. Il y a énormément de choses avec lesquelles on produit, on confectionne tous nos accessoires. Là, c'est une très grande pièce. Cet atelier fait 400 mètres carrés. Là, il y a ma sœur qui est en train de broder. On est en train de finir à fond pour ce soir. Donc là, les sacs dont je te parlais... Ce sont ceux-là, donc toutes les couleurs, des cuirs magnifiques qui viennent d'une maison de haute couture française. Je ne peux pas encore dire le nom parce qu'on n'a pas encore un partenariat officiel, mais c'est une très belle maison. Ils sont dans une démarche de développement durable, donc nous on travaille avec leurs cuirs de toutes les couleurs, donc du rose, du bleu, du jaune, du vert, du noir, des cuirs magnifiques qui sont italiens.

  • Speaker #1

    Ce qui est très beau, c'est que là on voit la machine à coudre qui travaille et le mot amour est en train d'apparaître sur le morceau de cuir.

  • Speaker #0

    C'est ça, on a la chance de pouvoir avoir une machine comme ça qui brode automatiquement. et on fait également aussi beaucoup de broderie à la main, donc des cristaux, des perles, des choses comme ça. L'idée de ce lieu, c'est quand même qu'on fasse la partie atelier pour Amour Collectif, mais également que ça devienne un tiers lieu pour l'association. Donc l'idée, c'est de faire ici une grande bibliothèque avec une estrade pour pouvoir recevoir des spectacles. Et également ici, on mettra une grande table. Il faut faire preuve d'imagination, vous ne voyez pas, mais c'est encore très en travaux. Donc les murs sont pas encore tout à fait peints. Mais ici, on mettra une grande table avec beaucoup de canapés, des fauteuils pour faire des réunions. pour faire également les ateliers autour de l'estime de soi. Ici, à notre gauche, c'est donc toute la partie cuir, qu'on a énormément, énormément de cuir qu'on a protégé là. C'est notre espace pour la maroquinerie, qui deviendra après un espace plus de shooting photo, avec des lumières, des fonds de couleurs, etc. C'est pour notre e-shop, pour qu'on puisse prendre en photo les backshots, et également pour qu'on puisse faire des photos, des shootings thérapeutiques, ou alors des shootings d'inspiration. La grosse partie de cet atelier, c'est à notre droite, C'est 18-19, je crois. Immenses étagères de tissus qui sont dans un dégradé de couleurs. Donc du blanc, marron, rouge, rose, orange, jaune, vert, bleu, violet et noir. Et ce ne sont que des tissus recyclés. Des rideaux, des nappes. Je pense que même toi, il y en a qui peuvent te parler.

  • Speaker #1

    Il y a des velours qui ressemblent à des rideaux de vieilles maisons.

  • Speaker #0

    Exactement. Souvent, les gens, quand ils viennent ici, ils sont impressionnés par la quantité et surtout le dégradé de couleurs. Et aussi, ils sont parfois émus parce qu'ils disent Oh là là, je dormais dans une couverture comme ça chez mes grands-parents, donc il y a tout ce côté émotion qui me parle, moi, en fait. Si tu veux, tu peux jamais être à court d'inspiration, parce qu'en fait, tu te mets en face de ça. C'est les odeurs, les histoires, et ensuite, après, je restaure le tissu pour pouvoir en créer quelque chose.

  • Speaker #1

    On voit des très beaux canevas pliés sur une étagère, et juste à côté, sur un portant, on voit d'autres canevas qui sont déjà... En pièces en fait ?

  • Speaker #0

    Moi j'utilise les canevas pour faire des bustiers, des corsets que je rebrotte de cristaux après. C'est vraiment quelque chose que j'adore. Je suis très fan du kitsch et je voulais vraiment amener les gens à aller dans mon univers et pouvoir aussi le dédramatiser et le porter de façon très élégante, très sobre. Donc on a fait des corsets qui est notre pièce phare. Corset, bustier, en canevas avec des détails de cuir qui peuvent être réversibles si des fois on veut quand même être un peu plus sobre. Il y a donc une mézanine à notre gauche avec des petites pièces en dessous. qui sont encore en rangement, donc en dessous du fil. du cuir comme tu peux le voir, et là-haut, ce sera des bureaux. L'idée, c'est de faire plusieurs petits bureaux, un espace de coworking, et moi aussi que je puisse avoir un petit bureau. Comme tu le vois, c'est un espace qui est complètement ouvert. Moi, j'aime beaucoup qu'il y ait le bruit des machines, que tout se mélange, qu'on s'adapte aussi aux gens, que tout soit ouvert comme ça, c'était vraiment important pour moi.

  • Speaker #1

    Et donc, ta pièce phare, t'en as parlé un petit peu, l'écorcé, est-ce que tu as une autre pièce ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai les manteaux Mala. En fait, chaque pièce porte le nom de la personne qui me l'a inspirée la plupart du temps. Et donc, Mala, ce sont des doudounes que je fais en couverture ou en duvet, Des choses comme ça, donc avec des manches assez bouffantes. C'est notre best-seller et c'est la pièce qui est le plus demandée par les magazines ou des clips ou des choses comme ça, parce que je pense qu'elle est assez dans certains coloris ou tissus un peu hors normes. Et donc, elle s'appelle Mala pour Malalie, c'est le nom de ma maman. Et donc, je pense qu'elle est best-seller parce qu'elle a dû m'en acheter énormément aussi. Mais voilà. Donc là, on continue vers une... Une partie qui est encore en travaux, donc c'est mon papa qui m'aide à faire les travaux, avec également des bénévoles, on fait des appels sur les réseaux sociaux et les gens viennent nous aider, également des artisans pour les parties les plus techniques. Donc mon père fait de la musique, ce qui nous permettra, vous allez me dire je ne pense qu'à moi, mais d'avoir une pièce insonorisée pour faire nos enregistrements de voix également, pour les défilés. Donc lui il construit des amplis à lampe avec ses amis, donc il fera ça ici, plus une petite salle de répétition isolée ici.

  • Speaker #1

    Et une porte qui donne sur un jardin ?

  • Speaker #0

    Qui donne sur un jardin, qu'on va pouvoir voir. dans le petit futur salon de thé où je vais t'emmener. Ici, on a une porte en verre qui est également recyclée d'une banque qui nous l'avait donnée. On a construit tout autour. Bon, mince, j'ai pas de lumière, mais on voit quand même. Ici, on a construit cette pièce et ce sera notre future cuisine. L'idée, c'est de travailler aussi avec l'association sur le faire venir des chefs, travailler sur le côté intergénérationnel des rencontres. autour de l'art de la table, mais lutter aussi contre la perte d'autonomie en faisant des buffets, manger main, essayer de faire beaucoup de choses et aussi pour qu'on puisse, nous, avoir une cuisine ici. Tu n'as pas encore de rambarde ici, fais attention. Et donc là, ce sera l'espace de ma maman. Et donc, ce sont les combles qui sont... En fait, on a vraiment utilisé tous les espaces possibles de ce lieu qui est gigantesque. Et donc là, ce sont les combles qui sont aménagés. Comme tu le vois, on a trois fenêtres qui donnent du coup dans les jardins la campagne. Et parce qu'on est au bord de la mer, mais aussi au bord de la campagne.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on voit la mer d'ici ? Est-ce qu'on la devine ? Non ?

  • Speaker #0

    Oui, moi aussi, je croyais. Mais en fait, on peut se dire ça. Disons qu'on la voit. Et donc ici, tu vois, ça s'arrêtera là. C'est une pièce qui fera à peu près Un mètre carré, je pense. Et donc, ce sera vraiment l'espace de ma maman, un peu salontée. Elle brode beaucoup. Elle, c'est vraiment l'éloge de la lenteur. Donc, elle va broder des perles. En fait, tu vois, on est tous créatifs dans la famille. C'est ce que je me dis. Alors, l'inconvénient aussi que j'ai dans tous les ateliers que j'ai eus, puisque avant, j'étais dans l'ancienne salle des ventes de Grandville, c'est que ce sont de grands espaces, très difficiles à chauffer. Donc, c'est un des gros inconvénients. C'est qu'en fait, j'ai tout le temps... Il fait très, très froid. Et donc, en janvier, ça a été très compliqué. On a nos aiguilles qui cassent. Quand on doit broder à la main, c'est encore une fois... les doigts très engourdis, donc ça fait partie des choses qu'on doit prendre en compte aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une matière que tu préfères travailler, dans toutes celles que tu as citées là ?

  • Speaker #0

    Là, on aime bien le cuir avec ma sœur quand même. En fait, je pense qu'on aime bien ne pas s'ennuyer parce que quand tu es tout le temps en train de faire la même chose, ce serait compliqué. Là, on a du cuir, des couleurs, donc c'est très intéressant. Pour l'instant, c'est un peu mon truc, son truc. Et sinon, moi, j'adore travailler le lin. C'est assez facile à coudre. Je ne dirais pas que j'ai une matière de prédilection, c'est plus une coupe où je vais aller à fond dans une coupe, je vais la faire dans tous les coloris, toutes les couleurs. Et après, je vais changer, je vais faire autre chose et je vais y revenir. C'est plus comme ça. L'idée aussi du défilé au Mont-Saint-Michel... Quand on a déménagé, on avait plus de 500 cartons. L'idée, c'était d'ouvrir tous ces cartons quand on est arrivé et de voir tout ce qu'il y avait. C'était impressionnant. Et donc, on s'est dit, tous les boutons, toutes ces choses, j'ai envie de montrer aussi ce que c'est que le recyclage. Donc, on a fait beaucoup de vestes avec énormément de boutons pour montrer aussi aux gens ce que c'était. Et donc, je me rends compte maintenant qu'on n'a encore jamais ce qu'il faut, comme tout le monde dans leur boîte à boutons.

  • Speaker #1

    Le fond de la pièce, il y a plusieurs étagères avec que des boutons, ou presque.

  • Speaker #0

    Des cristaux, des fils d'or, d'argent, des galons. En fait, quand on est une jeune marque comme ça, petite, où on fait tout nous-mêmes, on a la chance déjà. Je suis hyper reconnaissante de ça, de pouvoir avoir un espace qui permet de stocker beaucoup. Mais c'est vrai qu'en fait, on a du mal à... On est dans une problématique de on veut tout garder, mais c'est pas possible non plus Et en même temps, on a besoin de matières premières différentes, parce que sinon, on ferait tout le temps la même chose et on a besoin de se diversifier aussi.

  • Speaker #1

    Sur le côté des fleurs artificielles...

  • Speaker #0

    Et j'ai aussi des toiles. Donc ça, c'est les toiles de ma meilleure amie qui peint. Et j'aime beaucoup aussi ramener des artistes aussi à l'atelier qui font des choses. Donc je pense qu'on fera beaucoup d'expositions d'artistes à l'atelier. Et également, les fleurs qui nous servent de paquets. Je t'en montre un. En fait, tous les achats, toutes les commandes sont emballées dans des paquets de papier peint qu'on a récupérés en faisant de l'urbex dans des endroits abandonnés, maisons de retraite à Grandville, qu'elle a détruit. On les a récupérés. Ils sont neufs, en fait, ils étaient emballés. Et on emballe nos commandes dedans avec des fleurs recyclées et du ruban également. C'est des vrais paquets cadeaux. On se fait plaisir à soi aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous dire un peu comment tu crées toutes ces tenues ? Est-ce que tu travailles seule ? Combien de temps ça te prend pour préparer un défilé ? Est-ce qu'au-delà des défilés,

  • Speaker #0

    tu proposes aussi des collections au grand public ? On part de leur complexe, de leurs envies, de leurs capacités. On n'habille pas une personne qui est debout comme une personne qui est en fauteuil, une personne qui est très à l'aise, une personne qui l'est moins. Donc on part de ça et en fait, moi je leur propose quelque chose, ils font un pas vers moi et je fais un pas vers eux. Donc il y a une co-construction de la collection, donc les défilés ça ne représente pas les collections que je sors dans l'année, après tu vois les collections capsules, etc. Donc ça demande... double, triple, quadruple de temps, parce qu'en fait, tu fais en fonction de la personne. Et ça, c'est quelque chose qui, dans le milieu de la mode, ne rapporte pas d'argent, si tu veux. C'est une perte de temps pour les gens de faire ça. Mais en fait, moi, c'est le cœur de mon projet. Et les défilés, je ne le ferais pas si je ne faisais pas ça. Donc, il y a une forme parfois de surmesure, presque. Si je dois être là dans des chiffres... de temps, etc. Donc là, j'ai eu pas mal de stagiaires qui sont venus au cours de l'année. Donc je dirais que sur six mois, on a eu dix personnes à venir nous aider. Moi, grâce aux subventions, j'ai pu avoir deux personnes aussi sur six mois à venir m'aider pour la partie organisation. Donc ça pouvait un peu me dégager du temps pour la couture. Ça a été un an et demi de travail, ce défilé, à plein temps. Et donc, je pense qu'il n'y a eu plus... De 1000 pièces qui ont été faites, il y a des pièces qui prennent... On a une veste collector du défilé au Mont-Saint-Michel qui a pris plus de 8 semaines de travail à 8 personnes à plein temps à broder entièrement de boutons. Et il y a des choses qui vont être plus simples. On va faire des robes toutes simples qui vont prendre 2 heures à monter, mais il y a des choses, pour moi c'est important. On a eu des dons de broderie, haute couture, d'atelier de broderie, où en fait, moi l'important, c'est le devoir de mémoire, de raconter l'histoire de cette femme et de rebroder des cristaux, etc. Tu vois, je te le dis là, je le dis aux gens, en fait, je repars avec l'histoire. Et donc, on passe du temps à broder certaines pièces qui mènent plus de temps.

  • Speaker #1

    Et tu travailles avec des modèles, donc tu disais non professionnels, de 7 à 102 ans, de toute morphologie, d'origine sociale, etc. Comment est-ce que tu les plonges dans cet univers du mannequinat, ou en tout cas du défilé ?

  • Speaker #0

    C'est le cœur du projet, c'est mon rôle. J'ai plusieurs rôles, mais là, ça commencera à devenir vraiment ce rôle-là. C'est, en fait, je suis vraiment là pour que les gens... puissent se sentir à l'aise, à leur place. Et en fait, c'est une micro-société, 200 personnes, on fait des castings partout, t'as de tout, de tout, de tout. Et donc là, c'est 7 ans, mais avant, on a eu des bébés sur d'autres défilés. Enfin, tu vois, on a des femmes enceintes. On a des femmes enceintes qui ont passé les castings, qui me diraient, si je suis prise, il faut qu'on fasse attention. Parce que du coup, c'était intéressant. Et donc, ce rôle-là, ça va vraiment être de travailler au cas par cas. Donc c'est une charge qui est énorme et c'est pour ça que je suis en totale dépression à la fin des défilés. Parce qu'en fait, tu peux pas ne pas être une éponge, c'est normal. Et même s'il y avait des personnes qui m'aidaient, etc., qui faisaient un peu, pas barrage, mais tu vois, en tout cas, des personnes avant moi. L'idée, c'est vraiment que tu aies un groupe avec des personnes qui vont être très à l'aise. qui vont être à l'aise avec la lumière, avec le fait que les gens le voient, qui le font ça pour ça et qui font du bien aussi dans un groupe parce que ça porte aussi le groupe et les gens, ok, on avait des mannequins pros aussi qui l'ont fait, qui l'ont fait bénévolement et qui sont inscrits au casting comme les autres. Et eux amènent aussi un truc de, attendez, je vais vous montrer, ça crée des ateliers. Et donc déjà, il y a ça. Moi, j'écoute chaque parcours de vie. Donc il y a un vrai lien avec la personne, la personne me fait confiance. S'il n'y a pas ça, ça ne fonctionne pas. On fait des rencontres aussi, il faut que les gens, les mannequins se rencontrent. S'il n'y a pas ces moments de rencontre, la magie, elle n'opère pas, ça ne fonctionne pas, tout le monde va se... ...se stresser. En fait, c'est quand même très stressant le jour J. Moi, je leur dis tout au long de l'année, tout le stress, je vais vous le prendre. Par contre, quand vous irez seul, je pourrais... juste pas prendre celui-là, mais tout le reste, vous avez carte blanche et vous n'avez à vous occuper de rien, le reste, je le prends sur mes épaules, voilà, vous êtes là pour kiffer. Et donc, une fois que j'ai rencontré tous les mannequins, j'enregistre leurs histoires de vie, etc. Donc en fait, après je fais du montage audio pour que ça arrive dans la musique du défilé, donc en fait ils défilent sur leur voix à des moments, etc. Plus, une fois que j'ai rencontré tout le monde, je fais une introduction pour le public qui permet, donc là c'était face au mont, 4 minutes de voix, en fait c'est un texte que j'écris, je l'ai écrit pendant 8 heures celui-là, avec tout ce que ça m'a inspirée. Donc la difficulté d'organiser déjà le défilé et la difficulté de la vie. Donc c'était une ode à la difficulté et en fait je parle de tout le monde, j'englobe tout ce que j'ai entendu, tout leur parcours de vie, etc. Et donc le public se retrouve, souvent c'est ce qui marque un peu les esprits, se retrouve face à ça, face au monde, avec juste face à lui-même en fait, à écouter ça et en fait chaque personne au monde peut se reconnaître dans ce texte-là puisque ça parle de la vie et donc ça, ça permet aussi aux mannequins qui l'entendent avant, c'est l'erreur que j'avais pas faite au jardin de Dior, donc tout le monde qui a pleuré. Je ne l'ai pas faite cette année. Les gens l'ont écouté avant. Donc les bénévoles, on faisait des rencontres bénévoles, on leur faisait écouter le texte. Ils pleuraient avant. Et je leur disais, maintenant, c'est ces valeurs-là que vous allez porter. C'est ça, en fait. C'est pour ça qu'on fait tout ce travail. C'est pour ça qu'on fait, qu'on vous chouchoute, qu'on vous... Parce qu'en fait, c'est vous-là, ce sera quelqu'un d'autre. Et en fait, toute l'image que vous allez renvoyer, c'est des gens qui vont se reconnaître en vous. Et en fait, c'est ces valeurs-là que vous allez porter haut et fort. Et ces valeurs-là, c'est les vêtements, quoi. aussi. Donc, ils ont ce rôle de porteurs de messages le jour J, ils en sont conscients, ils le savent, et c'est tous ces liens qui ont été créés. Plus, on a créé également, on a tout un travail autour de l'estime de soi, parce que j'ai créé une association depuis qui s'appelle Futur Collectif, mais on y viendra, je crois. Et l'idée, c'était d'aller plus loin pour créer du lien, de créer des ateliers autour de l'estime de soi, chaque semaine, libre, ouvert à tous ceux qui s'étaient inscrits au casting, mannequins, pas mannequins, des gens qui viendraient même pas le jour J, gratuits, avec des intervenants bénévoles, donc rigolothérapie, yoga pour la respiration, mes dessins, tu vois, il y a eu de la danse, il y a eu du chant, enfin il y a eu vraiment plein plein de choses qui ont fait aussi que ça puisse libérer la parole et qu'ils puissent apprendre à se connaître et comprendre les valeurs du projet.

  • Speaker #1

    Donc dans tes défilés, on l'a dit, tu fais venir des mannequins non professionnels, mais dans le public aussi qui vient assister au défilé, t'as des gens qui n'ont... Absolument aucun lien avec la mode. Alors tu as aussi des influenceurs, des gens qui sont dans le milieu. D'ailleurs, est-ce que tu peux nous parler à la fois du milieu, comment aujourd'hui tu es perçu dans ce milieu que tu avais un peu fui au départ, et aussi comment le grand public qui vient découvrir tes défilés en vient à te suivre ?

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que du coup, il y a un vrai lien entre ce que je voulais, le milieu de la mode et finalement tout le monde, où tout le monde pouvait se retrouver. Et donc, vu que ce sont des mannequins qui sont bénévoles et amateurs et qui, mais jamais pour la plupart, n'auraient pensé... faire ça un jour, ça ramène leur famille aussi. Donc ça ramène leur famille, etc. Donc c'est un public qui n'a jamais vu de défilé, ou la plupart du temps, on a un gros public qui n'a jamais vu de défilé. Et là, on travaille aussi avec des influenceurs qui sont devenus des amis, parce qu'en fait, ça ne fonctionne pas. C'est tellement humain que ça ne pourrait pas fonctionner si c'était juste pour la classique relation d'influence avec cette distance de poste, etc. Donc en fait, si tu veux, c'est des gens qui reviennent à chaque fois parce qu'on les invite et c'est des gens qu'on voit, qu'on aime, quoi. Tu vois, qui aiment... Tu vois qui aime la marque, qui porte les mêmes valeurs que nous. Et donc, ça crée aussi une visibilité dans le monde de la mode. Moi, je n'en ai pas encore trop conscience parce que je suis restée à Grandville, même si j'ai des opportunités énormes. Et c'est là que je me dis, la folie des réseaux sociaux, c'est fou. Tu peux vivre dans le lieu que tu veux, dans le cadre que tu veux, face à la mer, et dans un petit bled, et en même temps bosser pour des gros projets. Donc, c'est super. Je dirais que les premières années, ça a été compliqué pour moi parce que je voulais vraiment casser avec ce truc-là. Ça m'avait un peu traumatisée, je crois. Paris et ce milieu-là. Et finalement, maintenant, avec l'engagement que j'ai, le côté affirmé de la femme que je suis, ce que je te disais tout à l'heure, je sens que je peux... apporter quelque chose et je peux travailler aussi dans le monde de la mode et en tout cas choisir en fait. Je suis en pouvoir maintenant de pouvoir choisir ce que je veux faire, les projets et aussi amener et les gens aussi avec qui je travaille et amener des mannequins qui seront pas du tout dans les standards mais je veux dire même pas du tout. Ça veut dire qu'ils auront pas le truc de savoir se positionner dans un endroit, on va tout devoir réapprendre et ça maintenant, si les gens veulent bosser avec Amour Réactive, ils savent. C'est comme ça, c'est apprendre où aller c'est quoi. Et donc ça c'est un peu, je dirais que c'est la fierté un peu, parce que même tous nos mannequins disent Moi de toute façon le prochain à Paris je le fais et tout ! C'est génial, et ça c'est des Christine, 68 ans, c'est des Moni, enfin voilà, c'est tout le monde quoi. C'est en même temps aussi des jeunes qui veulent faire ça plus tard, enfin voilà, ça y est. On a réussi à créer une safe place qui est autant un pied dans la mode que dans le social.

  • Speaker #1

    Et donc en 2022, tu as voulu aller plus loin dans le prolongement d'amour collectif et tu as créé Futur Collective.

  • Speaker #0

    Après le défilé au Jardin Christian Dior, les gens sont revenus, les mannequins, les bénévoles sont revenus, les gens du public sont revenus me voir en me disant Ok, bon, moi c'est bon, là, il faut signer où ? Je veux participer tout le temps. Je veux tout le temps vivre ça, je veux tout le temps… Et en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que moi, j'ai des grosses périodes de défilés où là, ça tourne, il y a du monde, il y a du monde à m'aider, je peux embaucher des personnes sur du court terme, etc. Je suis seule ou parfois il y a ma soeur qui vient de temps en temps ponctuellement m'aider, mais je couds seule, je fais les photos seule, je fais les vidéos tout seule. Et donc effectivement, je ne peux pas sous-traiter des personnes qui gentiment vont venir m'aider à coudre pour qu'après je revende, etc. Ça reste une entreprise. Et je me suis dit, là, il manque un truc. Il manque un truc. Et puis en fait, là, on parle que de vêtements, mais en fait, ça pourrait aller beaucoup plus loin. Donc avec les bénévoles qui sont là depuis le début, on a décidé de créer une association qui s'appelle Futur Collective. Et l'idée, c'est de raconter tout ça, créer du lien intergénérationnel, de l'inclusion, créer des moments sains. simple, mais de partage, de gens qui se seraient jamais rencontrés à travers l'art, la mode, la bouffe, tu vois, faire venir des chefs, manger, toujours les lieux, manger dans des lieux géniaux qui sont pas faits pour ça, ou tout simplement un pique-nique partagé, enfin tu vois, créer plein de choses pour l'humain, des choses simples, où en fait on porte tous les mêmes valeurs et on se fait du bien, donc créer une boîte aux lettres, avec des lettres anonymes, soit qu'on envoie dans des structures, soit en fait, commencer des révélations épistolaires, enfin tu vois, plein de choses comme ça, qui se mettent tranquillement en place et qui se sont mises vraiment en place. Puisque c'est l'association qui a porté le projet du défilé, qui a été porteur de projet auprès des financeurs, des subventionneurs. Et Amour Collectif, finalement, maintenant, devient juste une petite branche de cette association. En fait, l'asso va devenir le cœur de tout ce projet, donc moi, je ne serai plus du tout chef de projet, etc. L'idée, c'est vraiment que je m'éloigne tranquillement, j'en ferai partie. Et c'est pour ça que je me lève le matin aussi, c'est pour vivre ces moments-là. Mais moi, je vais gérer Amour Collectif et l'association sera gérée par une présidente. Voilà, et c'est des choses qui deviendront pérennes et autonomes sans moi, quoi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu dirais de toi que tu es une femme engagée ?

  • Speaker #0

    Ouais, je pense que je suis engagée, je me définis comme ça, et je me sens bien dans ce rôle-là maintenant, tu vois. Et je pense que je vais vachement plus m'engager même. Je vais aller vers des associations très engagées. J'étais déjà liée aux sorcières pour des projets, des choses comme ça, donc c'est une asso féministe de camp, mais j'ai envie d'aller dans... Plein d'assauts différentes parce qu'en fait on est engagé pour l'humain, donc surtout on est aussi très engagé avec Port d'Attache, qui est une assaut grand-villaise qui vient en aide aux réfugiés politiques. On a eu beaucoup de mannequins ukrainiens à défiler l'année dernière, ce qui n'était pour moi même pas une question. aller beaucoup plus loin dans des choses comme ça, m'imposer, oser raconter, et oser donner mon point de vue, ne plus me cacher derrière des histoires de gens.

  • Speaker #1

    La dernière, ce n'est pas une question, c'est ce que je propose à chaque invité. Tu profites des prochaines minutes pour parler directement aux auditeurs du podcast.

  • Speaker #0

    Je suis contente d'avoir la chance de pouvoir vous parler de ce projet, qui est un projet familial à la base, puisque je l'avais fait en famille, il y a toujours mes parents qui sont très proches, etc. Et ce côté familial... On s'est rendu compte qu'en fait, à échelle plus du tout humaine, c'était encore possible, puisque là, on a fait des gros projets qui auraient pu être ingérables. Et finalement, en fait, tout le monde s'est reconnu dans cet esprit familial et c'est ce qui fait la force du projet. Je vous invite à nous contacter, à nous écrire, à nous proposer des projets. Je veux dire, même si vous, vous voulez vous être acteur, actrice de quelque chose et que vous avez le sentiment de porter les mêmes valeurs que nous, je vous invite à ce qu'on s'associe, à ce qu'on porte notre voix plus haut, plus loin, à plus de Il y a des gens encore qui en auront besoin, parce qu'on en a tous besoin en fait. C'est des moments de vie dont tout le monde a besoin. Donc je suis sûre que vous serez nombreux. On reçoit souvent, quand je lance des messages comme ça, des propositions de défi, dans des EHPAD, des choses comme ça. Peut-être que je ne répondrai pas maintenant, parce que je n'arrive pas à ouvrir tous mes mails, mais n'hésitez pas en tout cas. Et puis, croyez aussi en vous. Allez vers des gens qui font des projets comme vous, ça vous donne de la force. N'ayez pas peur de rêver, en fait, parce que moi, c'est que du rêve à la base. C'est que du vent, ces projets dans le sens à la base, je veux dire, quand ça commence. Je raconte mon rêve à quelqu'un qui croit et qui me dit Ok, ouais ! Et en fait, je le raconte à plein de gens qui se disent Vas-y, je viens t'aider. Et ça fait une armée bienveillante de gens qui s'associent pour faire des projets immenses. Les gens pensent qu'on est beaucoup et en fait, non. C'est juste... Une envie inébranlable, un rêve d'utopie, de quelque chose que je crois possible. Sous-titrage ST'501

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