- Speaker #0
Bonjour, je suis Stéphanie Barranco, bienvenue dans Paroles de Femmes, le podcast qui parle de femmes aux histoires extraordinaires. Dans ce podcast, je donne la parole à des femmes au destin peu banal pour qu'elles nous parlent d'elles, de leur parcours, de leurs espoirs, de leurs doutes, de leur vision de la femme d'aujourd'hui sur l'avenir. Puissent ces femmes vous inspirer, nous inspirer. et inspirer nos générations futures. Elles se livrent aujourd'hui sans tabou, avec le cœur. Je vous laisse avec elles. Voici leurs histoires. Place à Parole de Femme, saison 2. Bonjour à tous, alors aujourd'hui on se retrouve pour la suite et fin de notre série spéciale adolescente pour Parole de Femme. Je suis en compagnie de deux jeunes filles. Je vais les laisser se présenter. Merci à vous deux de nous faire le plaisir d'être ici avec nous.
- Speaker #1
Bonjour, moi c'est Jasmine et j'ai 16 ans.
- Speaker #2
Bonjour, moi c'est Camilla et j'ai 16 ans aussi.
- Speaker #0
Alors les filles, on est dans un espace ici de discussion libre. On crée un espace safe, pas de jugement. On est ici pour partager et pour essayer de mieux se comprendre. Donc sentez-vous libre de vos mots. Et voilà, pas de jugement, pas de contraintes. Le sujet du jour, c'est les adolescentes et les parents. C'est un thème qui vous parle ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
C'est si vous deviez décrire vos parents en trois mots, chacune, ça serait quoi ? Déjà, les parents, c'est déjà une globalité. Peut-être que vous avez envie de dire pour votre papa et pour votre maman. C'est peut-être déjà différent. Qui se lance ?
- Speaker #1
Moi. Allez. Je vais décrire mon père. Mon père, trois mots. Je dirais attentionné, gentil et puis autoritaire. Il sait comment se faire respecter, on va dire.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #2
Et moi, je vais décrire ma mère.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #2
Je dirais déjà très affectueuse.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #2
à l'écoute et très sociable.
- Speaker #0
D'accord, c'est des jolis. Et pourquoi ce choix de ton papa ?
- Speaker #1
Parce qu'entre mes deux parents, je suis plus proche de mon père que de ma mère. D'accord,
- Speaker #0
ok très bien. Et toi ?
- Speaker #2
Bah moi c'est parce que j'ai une meilleure complicité avec ma mère qu'avec mon père c'est plus difficile, c'est plus compliqué.
- Speaker #0
D'accord, on va y revenir justement. Pourquoi c'est compliqué ?
- Speaker #2
On n'a pas une bonne relation, on va dire. que quand j'étais plus jeune, notre relation a changé. On s'est un peu écartés, alors qu'avant on était père et fille, on était tous ensemble, on avait de la complicité. Et depuis que je suis rentrée au lycée, ça a basculé, ça s'est arrêté, ça a complètement changé.
- Speaker #0
Alors pourquoi, à ton avis ? Si tu essaies de l'expliquer.
- Speaker #2
Moi, je ne dirais pas que c'est à cause du lycée. Moi, je dirais que ça partait de beaucoup plus avant. Mes parents se sont divorcés et mon père a refait sa vie. Et je pense que c'est avec sa nouvelle famille que ça a un peu perturbé.
- Speaker #0
Que c'est plus difficile ? Oui. Tu as moins l'exclusivité ?
- Speaker #2
C'est une semaine sur deux.
- Speaker #0
D'accord. Mais de trouver ta place finalement au milieu de cette nouvelle famille, c'est un peu moins facile ? Oui. Il faut le partager. Tu as des frères et sœurs ? Non, une fille et une fille. Une fille. D'accord. Et toi ? Pareil, les relations avec ta maman, elles se sont un peu distendues ?
- Speaker #1
Oui, oui, c'est ça. Ça remonte à un peu plus de temps, mais comme Camélia, de base avec ma mère, on est vraiment hyper complices, on est les meilleurs amis du monde. Mais ces dernières années, oui, ça s'est un peu dégradé.
- Speaker #0
Quand tu dis que ça s'est dégradé, en fait, ça veut dire quoi pour toi ? Parce que tu vois, dégradé, je suis sûre que toi, tu ressens des choses dans ton cœur. qu'elle, elle les ressent de son côté à elle, mais vous ne mettez peut-être pas des mots dessus, elles ne se sont peut-être pas dégradées de la même façon pour elle que pour toi. C'est quoi pour toi une relation dégradée ?
- Speaker #1
Une relation dégradée, c'est par exemple, c'est une relation qui va perdre sa flamme, sa complicité.
- Speaker #0
Vous vous éloignez ? Tu as moins envie de lui parler ?
- Speaker #1
Ben non, en fait, non, c'est l'inverse. Ah, donc... Donc, enfin, oui, c'est... En fait, moi, je ressens des choses qu'elle ne voit pas. Elle ne se rend pas compte. Donc, au fil du temps, on s'éloigne. Oui, c'est...
- Speaker #0
Alors, c'est intéressant ce que tu dis parce qu'elle ne se rend pas compte. C'est important ce mot. À votre avis, pourquoi les parents ne se rendent pas compte de ce que vous vivez ? Parce qu'il y a beaucoup de transformations quand on est des adolescentes. C'est vrai, on passe par plein d'émotions différentes. Pourquoi, à votre avis, vos parents ont du mal à se rendre compte de ce que vous ressentez ? Ils n'ont pas été adolescents avant ?
- Speaker #1
C'est bien ça.
- Speaker #0
Et alors ?
- Speaker #1
Je pense que déjà, la génération de nos parents... à leur âge, je pense pas qu'ils s'étaient vraiment ouverts par rapport aux sentiments et à comprendre leurs sentiments. Et puis, parfois, ils n'arrivent pas à se mettre à nos places. Donc, je pense que c'est pour ça qu'ils...
- Speaker #0
Et toi, tu dirais quoi par rapport à ça ? Par rapport au fait de ne pas être vraiment... Comment c'est possible en étant adolescent, ils ont été adolescents aussi, pourquoi ils n'arrivent pas à... ton avis à vous comprendre ?
- Speaker #2
Parce que les gens n'ont pas la même manière de penser. Après, moi, plus personnellement, c'est parce que, moi, par exemple, mon papa, il ne va pas chercher à comprendre. Il va juste prendre la facilité et esquiver, plutôt que réfléchir et essayer de comprendre.
- Speaker #0
D'accord. C'est plus facile. Pour lui, oui.
- Speaker #1
Et puis, aussi, parce qu'on a peut-être pas même vécu les mêmes choses. aux mêmes âges, donc c'est une maturité différente de nous et de nos parents.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai que quand on voit les adolescents aujourd'hui, vous êtes d'accord, vous n'avez pas... Enfin, c'est immense entre là où vous en êtes vous, et là où ils en étaient eux, et pour autant, émotionnellement, vous êtes sur le même chemin. Et cette discordance, elle vient de là, je pense aussi, par rapport au fait que... Vous ressentez en vrai les mêmes émotions parce que c'est le déroulement normal de la construction intérieure, mais du coup vous avez d'autres manières de les exprimer parce que vous avez d'autres outils à votre portée. Quand vous êtes dans cette incompréhension dont vous parlez, est-ce que vous vous en parlez de cette incompréhension ? Est-ce que vous avez des temps d'échange avec vos parents là-dessus ? Ou est-ce que vous restez dans votre coin en disant, je ne comprends pas, mais...
- Speaker #2
Moi, j'aurais tendance à parler parce que je sais que je ne peux pas tout garder en moi, parce que ça m'affecte, mais je n'irais pas en parler à mes parents directement.
- Speaker #0
D'accord. Et toi ?
- Speaker #1
Moi, je pense que de toute façon, après, quand il y a un truc qui ne me plaît pas ou quand je me sens mal, ça se voit sur moi. Donc, c'est souvent mes parents qui cherchent à savoir. Mais autrement, entre mes deux parents, ce serait plutôt mon père qui serait plus susceptible à voir ce que j'ai, voir ce qui m'arrive. Alors que ma mère, pour elle, ce sera juste une...
- Speaker #0
Une crise.
- Speaker #1
Voilà, c'est ça, une mauvaise base. D'accord.
- Speaker #2
Moi, c'est exactement l'inverse.
- Speaker #1
Alors,
- Speaker #0
j'ai deux spécimens opposés aujourd'hui. Toi, c'est l'inverse, c'est un moment qui sera beaucoup plus sensible. Parce que c'est compliqué de rentrer dans votre tête, parce que c'est quoi ? C'est de la facilité de se dire, on ne voit rien, et on fait comme si tout allait bien. C'est une remise en question de la part des parents, peut-être aussi, non ? D'aller chercher pourquoi vous n'allez pas bien, ça veut dire se remettre en cause en tant que parent. Est-ce que ça, vous y pensez ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Pof, pas trop, toi.
- Speaker #1
Des fois, oui, ça m'arrive.
- Speaker #0
Parce que c'est une vraie remise en question de son rôle de parent quand on voit son adolescent pas bien. Bien sûr. On se dit qu'il y a quelque chose qu'on a mal fait. Les sujets de... Non, avant, tiens. Je voulais savoir, à votre avis, ils pensent quoi de vous, vos parents ?
- Speaker #2
Bah moi je sais que je suis la fierté de ma maman.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #2
Je suis sa fille unique. Donc bien sûr,
- Speaker #1
il n'y a que moi.
- Speaker #2
Mais mon papa, honnêtement, je ne sais pas ce qu'il pense de moi. Et je n'y arriverai pas à trouver.
- Speaker #0
D'accord. Et toi ?
- Speaker #1
Moi, je pense que ça va être l'inverse. Donc, mon père, c'est... Comme aussi moi, je suis l'aînée. Et je suis la seule fille aussi. Donc, c'est la fille à son père. C'est genre... Enfin, comment expliquer ?
- Speaker #0
Mais qu'est-ce qu'il pense de toi, à ton avis ? Il dit quoi ? Est-ce qu'il est fier ?
- Speaker #1
Il me répète souvent qu'il est fier de moi. Quand j'accomplis des choses importantes, surtout vis-à-vis de l'école, il me félicite toujours, il me récompense toujours. Donc, je pense même qu'il s'estime chanceux de m'avoir. Parce que bébé, il me dit des choses.
- Speaker #0
Et ça te fait du bien ?
- Speaker #1
Bien sûr, oui. Qui n'aimerait pas recevoir tant d'affection de la part de son père ?
- Speaker #0
Mais c'est important de rendre fiers ses parents ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Même quand on est un peu en conflit ?
- Speaker #1
Oui. Oui,
- Speaker #0
ça vous importe ?
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
C'est une façon de ne pas rompre le dialogue ? Est-ce que chez vous, le dialogue est rompu ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Bon.
- Speaker #2
Chez mon père, oui. Chez ma mère, non.
- Speaker #0
D'accord. Et est-ce que justement, toi aussi, dans ta construction, l'idée c'est de dire, voilà, je veux les rendre fiers. Parce que j'ai besoin aussi qu'ils ressentent pas que de l'agacement envers moi, mais aussi des sentiments positifs. Oui, c'est important. Elle hoche la tête. Je le dis parce que comme vous, vous ne les voyez pas. Et vous, qu'est-ce que vous pensez d'eux ? Qu'est-ce que ça vous inspire ? Est-ce que vous les trouvez finalement en phase, globalement, avec vous, à l'écoute ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Ce n'est pas trop dur ? à la maison quand vous êtes un peu agacée, des sauts d'humeur, vous en avez ?
- Speaker #1
Oui. Oui.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Eh bien, en fait, moi, ma mère, je la vois pas. Je suis pas vraiment... Je vis pas chez elle, en fait. Donc, je la vois que rarement, des fois, tous les deux mois, on va dire. Donc, c'est compliqué un peu de...
- Speaker #0
C'est ton papa qui récupère tes sauts d'humeur.
- Speaker #1
Voilà, c'est ça. Bah, oui. Bah, quand les... Comment expliquer ? Quand c'est ma mère qui me met dans un état, dans un mauvais mood, voilà, c'est ça, dans un mauvais état, je vais soit le déverser sur elle, ou soit sur mon père ou mes frères, mais c'est pas la bonne chose à faire. Mais si c'est mon père, c'est rare. C'est rare parce que j'aime pas mettre tout sur son dos à lui.
- Speaker #0
Et toi ?
- Speaker #2
Et moi, c'est un peu compliqué parce que quand je suis vexée ou quand il y a quelque chose, moi, je le transmets en agressivité.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #2
Ça fait, des fois, c'est les mauvaises personnes qui le reprennent, alors que ce n'est pas leur faute. Oui. Et après, bien sûr, je m'en veux, je ne suis pas bénie. Parce qu'au fond, moi, je sais qu'ils y sont pour rien, mais ils ont quand même pris.
- Speaker #1
Et...
- Speaker #2
Bah...
- Speaker #0
Mais c'est que avec tes parents que tu fais ça ?
- Speaker #2
Non.
- Speaker #0
D'accord. C'est la gestion des émotions, en fait, dont on est en train de parler, là. C'est ça. Vous l'avez ressenti, cette transformation, on dit que c'est à cause des... Enfin, à cause, on ne dit pas vraiment de cause, mais c'est parce que vos hormones évoluent, ça, vous en prenez conscience, que vous arrivez à vous en rendre compte que vos humeurs, elles bougent.
- Speaker #1
Oui, souvent, oui.
- Speaker #0
Et vous arrivez à les contrôler, ou c'est encore difficile ?
- Speaker #2
Il y en a que j'arrive à contrôler, mais là, c'est très difficile,
- Speaker #1
quand même.
- Speaker #0
Et ça vos parents, ils arrivent pas à le... vous arrivez à poser un mot dessus en disant des fois je fais pas exprès, je m'emporte mais parce que c'est presque... c'est un tsunami qui se passe dans mon corps. Est-ce que... non.
- Speaker #1
Ben moi oui ça m'était déjà arrivé donc oui j'avais eu un enchaînement de... un enchaînement de choses donc du coup c'est tout monté. Donc j'ai fondu un larme alors qu'en plus j'étais pas chez moi. J'étais chez ma belle famille. Donc en fait mon père s'est remarié avec une femme. Donc on était chez sa famille à elle. Donc après on a de très bons liens avec eux, mais j'avais eu un peu honte, mais j'ai vraiment pas pu contrôler ce qui arrivait comme ça. Donc après j'ai expliqué à mon père que ça arrivait, que c'était sûrement dû aux hormones, parce que je voulais pas trop l'inquiéter.
- Speaker #0
Est-ce que vous pensez que c'est plus compliqué d'expliquer ça ? Est-ce qu'il y a des tabous ? par rapport au corps de la femme, au changement quand on parle à un papa que quand on parle à une maman. Est-ce que c'est plus difficile ? Est-ce que ça peut faire partie justement des causes qui ont fait qu'avec ton papa, tu vois, tu as eu moins de... tu peux moins parler aussi facilement parce que c'est des sujets qui sont intimes et qui pourtant vous construisent. Oui. On ne peut pas dire je suis une adolescente On ne peut pas parler des relations d'adolescentes et de la vie d'adolescentes si on ne prend pas en considération ces changements hormonaux qui sont puissants quand même. C'est très très puissant. Peut-être que les parents ne sont pas peut-être sensibilisés à ça. Qu'est-ce que vous en pensez ?
- Speaker #2
Moi, avec mon père, je n'en parle pas du tout.
- Speaker #0
Mais du coup, il ne peut pas comprendre. Tu vois, tu vois le truc. Est-ce que de ne pas en parler, tu vois, par exemple, ça ne facilite pas l'excuse, parce qu'il n'y a pas d'excuse, ce n'est pas le terme, mais il aura peut-être plus de difficulté à dire oui, bon, là, il faut peut-être que je lâche un peu parce qu'elle est en phase ascendante, et je reviens après si à un moment donné, on ne pose pas les mots dessus
- Speaker #2
Je sais que ma mère elle se le dira automatiquement et elle me le dit elle-même. Mais mon père non.
- Speaker #0
Et elle te dit quoi par exemple quand c'est ça ?
- Speaker #2
Elle me dit que là je ne suis pas dans un bon mood. Et que du coup elle sait qu'elle va me laisser le temps de me calmer, de souffler etc. Et qu'elle reviendra après.
- Speaker #0
C'est plutôt positif ça comme manière de prendre les choses. Et toi ton papa du coup, tu lui en parles de ça ? Parce que tu es la seule fille et en plus tu es l'aînée.
- Speaker #1
Eh bien des fois oui, je ne vais pas dire qu'il est super ouvert, pas par rapport à ça mais le minimum. Après j'ai ma belle-mère aussi des fois, je m'entends super bien avec elle. lui expliquer des fois ce qui peut se passer avec moi au sujet des hormones, donc ça va, il arrive à comprendre. Mais oui, je ne pense pas que je lui en ai bien parlé, mais il doit comprendre. Après, ma mère aussi, après c'est normal parce que c'est notre mère, c'est une femme donc on se rend plus à l'aise. Donc oui, j'arrive à lui parler de ça, mais sans plus.
- Speaker #0
D'accord. Les moments de tension, parce que les moments de tension, il y en a, même quand on est enfant, petit, bébé, on peut remonter jusqu'à tous les âges, mais c'est vrai qu'arriver à, on va dire, 15 ans, 14 pour certaines, à partir de 14 ans, parfois les moments de tension sont peut-être pas plus fréquents, mais en tout cas prennent plus d'intensité. C'est normal, vous devenez plus intense, donc tout ce qui est autour de vous devient... Plus intense. Oui. Ce serait quoi, par exemple, les sujets qui reviendraient le plus au niveau des moments de tension, voire des disputes ? Est-ce qu'il y a des sujets en particulier où vous êtes... Finalement, vous savez que ça va ronchonner à un moment ou à un autre, quoi.
- Speaker #1
Plus sur des comportements ou des faits qu'on fait nous, en fait. Oui. Donc voilà, ça va pas être vraiment à propos de nos parents. Après oui, de toute façon, moi j'ai l'impression que n'importe quelle personne qui va se disputer avec son père ou sa mère, ça va souvent être l'adulte qui a raison et l'enfant qui a tort. Alors que des fois non, donc c'est pour ça qu'il faut en parler des fois.
- Speaker #0
Oui, c'est compliqué cette position où vous n'êtes plus vraiment enfant, mais vous n'avez pas le poids d'un adulte, pour finalement peser dans la balance votre parole autant qu'un adulte. En fait, vous êtes dans un entre-deux. Ouais. Toi, c'est la même chose ? C'est quoi les sujets de dispute ?
- Speaker #2
Bah, c'est... des choses un peu inutiles on va dire. C'est des choses par exemple c'est le soir, pose ton téléphone, rentre à cette heure là.
- Speaker #0
Et pourquoi ça vous agace ? Pose ton téléphone par exemple, pourquoi ça vous agace ?
- Speaker #1
Parce que nous on a envie de faire des choses et de continuer des choses qui sont bonnes pour nous. Donc oui, des fois quand nos parents ne veulent pas qu'on fasse telle chose ou telle chose, ça nous énerve parce qu'on veut le faire justement. Donc oui, c'est généralement pour ça.
- Speaker #0
D'accord. Donc il y a quoi ? Le téléphone, les sorties, les fréquentations ?
- Speaker #1
Moi, c'est un vivet, oui, quelquefois, c'est un vivet.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Moi, non.
- Speaker #0
Le rangement, l'aide ? Vous n'entendez pas vos parents qui vous disent Tu pourrais quand même m'aider un peu ?
- Speaker #2
Si, oui.
- Speaker #1
Oui, surtout le rangement.
- Speaker #0
Le rangement.
- Speaker #1
Moi, non. D'accord. On aide mes frères et mères. Mes frères et moi, on s'occupe toutes de nos chambres et tout ça. Et puis, moi, j'aime bien justement ranger la maison, la nettoyer, voilà, pour aider mon père. Parce que je sais que le ménage, c'est pas son truc préféré. Donc, moi, je suis débarrasse.
- Speaker #0
D'accord. Ok, je comprends qu'il soit fier. D'accord. Donc, les disputes, elles arrivent sur... sur une frustration qu'on vous apporte, on vous dit non. Et à ce moment-là, il se passe quoi ? Ça marche comment ?
- Speaker #2
Par exemple, quand on fait quelque chose, ça peut, par exemple, être le seul moment de tranquillité ou de, on va dire, un petit peu bonheur. On peut avoir, par exemple, de la journée, etc. Et en fait, il nous coupe ça.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #2
Et du coup... Ça ne marche pas.
- Speaker #0
Mais vous n'en parlez pas. Est-ce que vous vous sentiriez légitime de leur expliquer pourquoi ça vous rend agressive ? Alors, je dirais plutôt triste, donc agressive, parce que vous ne posez pas des mots dessus pour faire tomber cette agressivité. Vous ne pourriez pas leur en parler ?
- Speaker #1
Si, bien sûr, mais je pense que pour eux, c'est rien. Plus ça à nous dire, oui, tu feras ça une autre fois, un autre jour. Là, c'est pas le moment, c'est pas le sujet.
- Speaker #2
Et puis c'est surtout qu'ils ne le prendraient pas en compte comme nous on le prend en compte.
- Speaker #0
Pourquoi ? Parce que ce ne serait pas un petit peu des préjugés, ça, mesdemoiselles. Est-ce que vous avez essayé avant d'en parler, de dire là, tu vois, papa ou maman ? Là, tu vois, j'avais vraiment besoin de ce moment-là. Pourquoi tu ne m'entends pas ? Pourquoi tu ne m'écoutes pas ? Est-ce que vous avez essayé une fois de le faire ?
- Speaker #1
Non. Moi, oui. D'accord.
- Speaker #0
Une fois. J'ai donc 16 ans et j'ai testé une fois. Et alors, quand tu as testé, elle a pu entendre ce que tu disais ? Oui. Bon. Et ça a été mieux ? Oui. Est-ce que tu as évité la grosse crise ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et toi, pourquoi tu n'as jamais essayé ?
- Speaker #1
Parce que moi, de toute manière, quand mes parents prennent une décision, surtout pour une chose, sur le téléphone ou les sorties, elle va rester la même en fait. Que je dise ou pas, ça ne change rien. Ils pourraient comprendre et faire des efforts, mais c'est toujours pareil.
- Speaker #0
Oui, mais est-ce que tu ne penses pas que justement, pour dénouer un conflit, t'en parler, parce que peut-être que sur cette fois-ci, ils ne changeraient pas d'idée, mais tu leur ouvres une piste de réflexion pour la fois prochaine. Vous vivez beaucoup dans l'instant en tant qu'adolescente, le moment présent, et du coup cette projection avec l'adulte. en se disant, ok, pour cette fois, je comprends que tu ne veuilles pas, mais par contre, entend mes arguments, et pour la prochaine fois, on essaye de faire autrement.
- Speaker #1
Oui, ça beaucoup, oui.
- Speaker #0
Est-ce que vous avez la sensation, parce qu'on parle souvent, on dit, les adolescentes sont tout le temps en conflit, d'abord avec elles-mêmes, parce que c'est dur de grandir, de s'accepter. Mais finalement, est-ce que ce n'est pas normal d'être en conflit ? Est-ce qu'on a besoin d'apporter autant de focus sur les conflits ? Est-ce que finalement, ce n'est pas normal de temps en temps de ne pas être d'accord ? Et que si on était plus en accord avec ces problématiques, en disant oui, moi je ne suis pas d'accord, ok, mais je t'aime ce n'est pas grave en fait, ça ne remet pas en cause notre amour, est-ce que ce ne serait pas plus simple ?
- Speaker #1
Si, bien sûr. Oui.
- Speaker #0
Une dispute, vous avez la sensation, quand on se dispute, on s'aime moins ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Non, vous l'avez jamais... Ça, c'est un fait établi. Quand on peut se disputer, mais on s'aime. D'accord. Toi aussi, ou ça entache un peu ?
- Speaker #2
Ça entache un petit peu quand même.
- Speaker #1
Enfin,
- Speaker #2
sur l'instant, je me fais... C'est bon,
- Speaker #1
je l'aime plus.
- Speaker #0
Mais bien sûr,
- Speaker #2
ça vite après,
- Speaker #1
ça y est.
- Speaker #0
Oui, voilà. Mais du coup, ça te touche, toi, sur cette partie-là.
- Speaker #2
Et je sais que... Bah, mon... Par exemple, ma mère, je vais dire ça, mais au final, je l'aime plutôt quand même. Alors que mon père, j'ai l'impression quand même que ça atteint vraiment.
- Speaker #0
Plus ça va, moins ta relation, l'amour que tu lui portes, la sensation qu'il est dense. Quand on parle de dispute, il y a deux parties. Et à votre avis, les filles, qu'est-ce qu'ils ressentent de vos parents quand vous vous disputez ? Est-ce que vous, des fois, vous y réfléchissez à ça ?
- Speaker #1
Oui. Bah moi je suis certaine qu'ils aiment pas se disputer et que après la dispute, ils se remettent en question, ils réfléchissent à ce qu'ils ont pu faire, ce qu'ils ont pu dire. Ça peut les mettre parfois mal.
- Speaker #0
Et est-ce que toi tu te remets en question aussi de temps en temps ? Oui. Oui ?
- Speaker #1
Bah la même chose au final. Ce que j'ai pu dire, ce que j'ai pu faire, ce que j'ai ressenti.
- Speaker #0
Et ça tu en parles avec lui ?
- Speaker #1
Non. Dis donc une fois que c'est passé, c'est passé. Et puis si c'est vraiment une grosse dispute, on en reparle. Et si c'est une petite querelle comme ça, c'est pas grave. Et puis c'est très rare.
- Speaker #0
Et puis c'est pas grave. Est-ce que c'est pas ça finalement un des premiers messages forts qu'on aurait à faire passer aujourd'hui ici ? De dire que c'est pas grave de disputer, on a le droit en fait.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #2
bien sûr.
- Speaker #0
Et que justement c'est aussi comme ça, même si c'est pas drôle. Moi quand je me dispute avec ma fille, ça ne me fait pas rire. Mais est-ce que finalement, ce n'est pas aussi ce moment-là dont vous avez besoin ?
- Speaker #1
Ben oui.
- Speaker #0
Pour, voilà.
- Speaker #2
Et puis de toute façon, tout ne peut pas être tout beau, tout rose, toujours tout parfait.
- Speaker #1
Non. C'est ça. Et puis on ne fait que s'exprimer sur nos accords et nos désaccords, donc ce n'est pas une mauvaise chose.
- Speaker #0
Mais vous comprenez que du haut de vos 16 ans et de... de la posture d'un parent. On vous a eu bébé, vous ne parliez pas. Et en fait, l'évolution, elle se fait à la fois lentement, mais en même temps tellement rapidement que pour des parents, on vous voit devenir adulte avec des prises de position, avec un besoin de s'exprimer que vous n'aviez pas forcément avant. Et du coup, je pense que... Un parent est plongé comme ça dans d'un coup une nouvelle réalité et que c'est aussi accepter vos points de vue et vos besoins. C'est aussi une manière de vous laisser vous envoler, de voler de vos propres ailes. Donc du coup, c'est peut-être ça aussi qui fait que des fois, on a envie de retenir en disant non, pas encore, c'est encore un peu trop tôt. Ce ne sera toujours trop tôt pour eux.
- Speaker #1
C'est clair. Vous êtes des enfants encore.
- Speaker #0
Et d'une certaine manière, vous l'êtes.
- Speaker #1
Oui, oui.
- Speaker #0
Et c'est ça qui est très paradoxal et qui est ambivalent chez une adolescente, c'est que vous avez ces besoins de liberté, de vous affirmer, de montrer que vous avez votre propre conscience et votre responsabilisation interne. Et en même temps, vous avez ce côté encore... plein d'amour, très doux, très à la recherche d'amour. Donc effectivement, quand les deux se rencontrent, parfois ça doit faire des étincelles. Les sujets sensibles, vous en parlez avec vos parents. Est-ce que vous arrivez à un sujet sensible, ça va être... Par exemple, les garçons. Est-ce que ça, vous arrivez à en parler ? Je vous donne l'exemple d'un garçon, mais ça peut être toute autre chose. Ça peut être la drogue, ça peut être des points de vigilance qu'en tant que parents, on va poser. Est-ce que vous arrivez avec vos parents à avoir des conversations sur des sujets un peu complexes ou un peu délicats ? Est-ce que ça vous arrive ?
- Speaker #1
Je sais qu'avant, pas du tout. Pour moi, c'était impossible de le dire, d'en parler. Mais maintenant, avec ma mère, oui, ça se fait et c'est même devenu automatique.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Alors qu'avec mon père, non,
- Speaker #0
pas du tout.
- Speaker #2
Ouais.
- Speaker #0
Et toi ? Ah non.
- Speaker #2
Moi, je pense que mon père, ces choses-là, il veut... Il veut pas les savoir, il veut pas en parler. Et puis, surtout avec moi, je pense. Parce qu'avec mon frère, qui a le même âge que moi, j'ai un frère jumeau. D'accord. Qui, lui, a déjà eu certaines expériences. Donc, eux, ils arrivent à dire, à en parler. Mais moi, non, pas vraiment. Ouais. Et puis, avec ma mère, ça nous arrive, mais plus dans la rigolade.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #2
Donc, voilà.
- Speaker #0
Et est-ce que c'est quelque chose, toi, dont tu aimerais ? parler avec ton papa. Est-ce que ça t'embête de pas... Parce que t'as une vraie complicité avec lui. Et est-ce que finalement, ça te frustre de finalement pas pousser jusqu'au bout cette complicité ? Enfin, je te dis pas de tout raconter, mais tu vois d'avoir un échange aussi avec lui là-dessus. Est-ce que tu ressens finalement un peu de frustration où tu te dis non, non, mais moi, ça m'intéresse pas.
- Speaker #2
Ah bah oui, bien sûr. Ouais. Oui, parce que moi, je veux tout lui dire, mais il y a des choses des fois que je dois garder pour moi. Et puis oui, c'est mieux pour moi et pour lui des fois que je ne lui raconte pas vraiment ma vie dans les détails. Mais c'est vrai que ça m'embête des fois de ne pas pouvoir lui parler de certains sujets. Mais je pense que ça se fera en grandissant et puis il comprendra mieux.
- Speaker #0
Tu as une vraie belle relation quand même de confiance avec ton papa. mais aussi avec ta maman, c'est important pour se construire d'avoir des parents sur qui on peut compter, au moins un.
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #1
parce que pour moi, on ne pourra pas, ou alors ça va être très compliqué de se construire tout seul ou sans l'aide d'un proche. Puis ça peut tourner aussi très mal.
- Speaker #0
Vous diriez qu'ils représentent quoi pour vous ?
- Speaker #2
Nos parents ? Oui. C'est tout pour nos parents. Bah oui.
- Speaker #1
En vrai, on ne le montre pas, il y a encore moins un e Mais quand on y pense,
- Speaker #2
c'est…
- Speaker #0
Et pourquoi ne pas le montrer ? Ça changerait quoi si vous le montriez un peu plus ?
- Speaker #2
Bah, ils le sauraient.
- Speaker #0
C'est mieux s'ils ne le savent pas. Et pourquoi ? C'est hyper intéressant ce que vous dites. Pourquoi c'est mieux s'ils ne le savent pas ? C'est quoi l'enjeu là-dedans ? Il est où l'enjeu ? Pourquoi ?
- Speaker #2
Après les parents ils se sentent heureux et ils se sentent en confiance. Après je ne vois pas vraiment d'enjeu vis-à-vis de ça, plus l'inverse.
- Speaker #0
C'est-à-dire ?
- Speaker #2
De bonnes choses.
- Speaker #0
Oui, de bonnes choses, c'est ça. Pourquoi ne pas dire à ses parents, vous dites je t'aime à vos parents, à votre papa, à ton papa, non ?
- Speaker #2
Moi... Moi, quand mon père me le dit, je lui dis, mais sinon, ce n'est pas à moi de m'en même dire je t'aime.
- Speaker #0
Mais ton papa, il te le dit ? Oui. Il te dit je t'aime ma fille. Oui. Et ça te fait quoi ?
- Speaker #2
Ça me... Ça me... Comment expliquer ? Ça me... J'ai un sentiment, je me sens trop bien. Ça me fait un truc au cœur, c'est trop bien.
- Speaker #0
C'est doux.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Et toi ?
- Speaker #1
Moi, déjà, mon père, il ne m'a jamais dit je t'aime. Ouais. Bah depuis que je suis née. Il est pas du tout démonstratif dans ce qu'il ressent, que ce soit amour, sentiment ou autre chose. Ma mère, je sais qu'elle me le dit tout le temps. Elle me le dit, elle me le montre. Mais sauf que moi j'arrive pas à lui dire aussi. J'ai un blocage. Donc des fois je vais le faire avec des actes. Mais la parole, j'ai vraiment un blocage, j'arrive pas.
- Speaker #0
Et tu lui écris ?
- Speaker #1
Même dans l'écriture, j'arrive pas.
- Speaker #2
Après, moi je trouve que parfois nos parents, en fonction de leur éducation et de leur vie, il y en a des fois qui arrivent à exprimer ce qu'ils ressentent et d'autres non. Donc en soi, parfois, c'est même pas de leur faute s'ils ne nous montrent pas leur amour, on va dire. Mais voilà.
- Speaker #0
Mais ça fait du bien quand on le dit. Et est-ce que vous pourriez comprendre, alors on se remet dans la position, qu'ils ont envie que vous leur disiez aussi ? Rien n'est à l'unilatéral dans la communication, c'est un côté et l'autre qui se répond sans arrêt. Et toi, à quel point c'est doux quand tu l'entends ? Est-ce que tu pourrais te dire, oui, du coup finalement, lui aussi ça lui fait autant de bien qu'à moi ? Oui. Et d'essayer d'aller... Le dire un peu plus, parfois ça te fait envie. Spontanément, tu te retiens, j'ai bien compris qu'il y a beaucoup de pudeur, mais tu ne le fais pas. Mais est-ce que des moments, tu as comme un élan comme ça ?
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Bon, il va falloir apprendre à lâcher un peu.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Sur la communication, je reviens juste une dernière fois là-dessus. Vous avez la sensation qu'ils ne vous comprennent pas parfois, c'est ce qu'on disait par rapport à ces sauts d'humeur. C'est quoi ? Ça vous rend encore plus en colère ? Ça vous rend triste ? Ça vous donne envie de tout laisser tomber ? C'est quoi que vous ressentez ? Oui,
- Speaker #1
ça nous rend encore plus en colère et ça nous donne envie d'abandonner. Justement, ça nous empêche un petit peu de vouloir rentrer en communication parce qu'en fait, on a envie de laisser tomber.
- Speaker #0
Donc en fait, il faut que les parents comprennent ce que vous ressentez sans que vous, vous n'ayez besoin de le dire, c'est ça ? C'est comme si on devait, parce que vous sortez de nous, vous comprendre entièrement. Est-ce que parfois, si vous êtes un tout petit peu honnête avec vous-même, de temps en temps, vous vous dites ouais, c'est bon, j'ai un peu abusé là Peut-être que j'aurais dû quand même. Là, je suis allée un peu loin parce qu'elle ne pouvait pas savoir. Ou il ne pouvait pas savoir. Oui. Et quand ça se passe, vous faites quoi ? Vous avez un échange, vous vous dites oh Ou alors finalement, ça se finit par un câlin. Oui, c'est ça.
- Speaker #2
Ça finit souvent par le 30 secondes. Bon là, je parle avec mon père. On en parle 30 secondes. Moi, je finis toujours par pleurer dans ses bras. Mais après ça c'est fini et puis on n'en parle plus. Moi ça passe très vite, t'as autre chose.
- Speaker #1
Et moi je sais que je vais me le dire en moi, je vais me remettre en question, je vais me le dire à moi et je vais le reconnaître, mais je ne vais pas aller lui dire.
- Speaker #0
Mais pourquoi ? C'est ça qui est intéressant. Pourquoi tu ne vas pas lui dire ? Pourquoi ne pas faire un pas aussi vers elle ? Parce qu'elle, elle en fait vers toi. Elle ne va pas s'excuser de temps en temps ou elle ne vient pas te rechercher pour dire Allez, viens, on va faire un truc.
- Speaker #1
Si, ma merci.
- Speaker #0
Voilà. Et pourquoi toi, tu ne fais pas le pas de l'autre côté aussi parfois ? C'est quoi cette pudeur qui te retient ?
- Speaker #1
Moi, des fois, j'estime que mon père a, comment on peut dire, le degré de comment ça m'a fait tout, comment ça m'a blessée. Des fois, je peux dire Oui, il ne mérite pas que moi, j'aille faire un pas vers lui.
- Speaker #0
Je comprends. On avance un peu parce que je crois que ça va bientôt sonner parce qu'on est dans l'enceinte du lycée aujourd'hui. Les moments de complicité, vous en avez ?
- Speaker #2
Oui, oui.
- Speaker #0
Si vous deviez choisir une habitude ou une activité ou un petit rituel que vous partagez avec vos parents et qui vous rendent heureuse, ça serait lequel ?
- Speaker #1
Alors moi, j'ai un rituel avec ma mère. C'est... Tous les lundis soirs, il y a une chaîne sur la télé, c'est Creepy Monday. C'est une chaîne de films d'horreur. Et ma mère, elle adore les films d'horreur. Et du coup, ce qu'on fait, c'est que tous les lundis soirs, on se met cette chaîne, on regarde des films d'horreur et on prépare obligatoirement du popcorn avec du chocolat. À côté, on trempe le popcorn,
- Speaker #2
on mange avec le chocolat et on regarde aussi.
- Speaker #0
C'est génial. Très bien. Très bien. Et toi ?
- Speaker #2
Moi, ce serait... Moi, j'en ai 100 000, évidemment, mais je pense que mon préféré, c'est en fait... Depuis qu'on est tout petit, avec mes frères, notre père, notre père, tous les soirs, avant de dormir, il vient dans notre chambre et nous dire bonne nuit. Donc moi, souvent, il s'allonge avec moi. Donc on parle un peu, des fois, on fait des récapitulatifs. Mais voilà, ça, c'est vraiment...
- Speaker #0
Ça, c'est le moment doudou.
- Speaker #2
Voilà, c'est ça.
- Speaker #0
D'accord, c'est trop joli. C'est des moments qui vous ressentent. à ce moment-là, mettez-vous dans vraiment, mettez dans votre tête à ces moments, vous ressentez quoi dans votre cœur ?
- Speaker #1
Du bonheur.
- Speaker #0
Du bonheur. Et toi ?
- Speaker #2
Plutôt la même chose en soi, mais fois dix, c'est trop bien.
- Speaker #0
C'est trop bien. Il en faudrait plus ?
- Speaker #1
Ça pouvait être tout le temps comme ça, très bien. Ah oui,
- Speaker #0
mais comme on a la vraie vie. Bien sûr. Vous avez, vous avez, on va bientôt terminer, j'ai une dernière question pour vous, si un jour vous devenez parent, si un jour vous avez des enfants, ou vous en adoptez, est-ce que vous aimeriez, vous aimeriez devenir quoi comme parent ? finalement, vous imagineriez comment avec vos enfants ?
- Speaker #2
Comme mon père a été avec moi et mes frères.
- Speaker #1
Et comme ma mère a été avec moi.
- Speaker #0
C'est des exemples pour vous. Oui,
- Speaker #2
leurs exemples, leurs méthodes d'éducation et de mentalité et tout leur transmettre. Voilà.
- Speaker #0
Vous ne changeriez rien. Non,
- Speaker #1
c'est quelque chose quand même, bien sûr, mais pas tout, voilà,
- Speaker #0
comme je connais. Mais ça serait globalement, vous êtes bien comme vous êtes. Est-ce que vous avez l'impression qu'ils vous aident, alors même si c'est parfois maladroit, à devenir des femmes épanouies ? En tout cas, des femmes bien avec elles-mêmes. Oui,
- Speaker #2
bien sûr.
- Speaker #0
Ils vous transmettent ces valeurs-là ?
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Et vous comprenez parfois qu'on peut être maladroit en tant que parent ? Ou un parent, ça devrait savoir tout faire. Non, non, non.
- Speaker #1
Non. Au contraire, si... Moi, je pense que j'apprécierais pas le fait qu'un des parents se dise ça.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #1
Et je le vivrais mal, je pense.
- Speaker #2
Oui, parce que c'est en faisant des fautes qu'on apprend. Donc, au moins, nos parents, ils sauront pour la prochaine fois que... telle chose qu'ils nous ont dite n'était pas très bénéfique pour nous. Même si on sait que ce n'est pas fait exprès, mais la prochaine fois, ils sauront qu'ils ne referont pas ça.
- Speaker #0
Être parent et enfant, finalement, est-ce qu'on ne pourrait pas se dire qu'il faut faire preuve de compréhension mutuelle ? Est-ce que ce ne serait pas ça le mot ? Et de pardon ? Savoir pardonner un mot ou un geste ? Un geste, j'entends une porte qui claque. Est-ce que c'est pas ça la clé finalement pour... Si.
- Speaker #2
Si,
- Speaker #0
on pourrait dire ça pour conclure, la compréhension et le pardon. Moi je rajouterais une chose les filles, la communication.
- Speaker #1
Oui, j'allais le dire.
- Speaker #0
Bravo Jasmine, la communication c'est super important.
- Speaker #2
Dans toutes les relations quasiment, la communication c'est la première chose qu'il faut savoir faire.
- Speaker #0
Je suis d'accord avec toi, c'est la base. On termine avec un dernier mot pour eux, parce que peut-être qu'ils écouteront cet épisode. Pour conclure, qu'est-ce que vous leur diriez ?
- Speaker #2
Eh bien, de ne pas changer, de rester comme ils sont, et de s'occuper de nous jusqu'à ce qu'on grandisse et qu'on soit adultes. Même de vos petits-enfants, si un jour ça arrive.
- Speaker #0
Elles posent déjà les jalons. Et toi ?
- Speaker #1
Moi, pour ma mère, je dirais que je suis hyper reconnaissante pour tout ce qu'elle a fait. Et que je l'aime de tout mon cœur. Mais mon père, je dirais que je sais que c'est compliqué en ce moment. Mais qu'en moi, il y aura toujours mon côté petite fille qui était complice avec lui.
- Speaker #0
Tu ne fermes pas la porte. Voilà. C'est bien. On ne sait jamais quoi demain y faire. C'est ça. Les filles, je vous remercie toutes les deux. Bien réellement. C'était un chouette moment. Ça nous a permis, j'espère, à tous les gens qui nous écoutent, de mieux vous comprendre. Merci à vous toutes et puis je vous dis à très bientôt.
- Speaker #1
Oui, à très bientôt.
- Speaker #0
Merci, au revoir.
- Speaker #1
Au revoir.