- Speaker #0
Bonjour, je suis Stéphanie Baranco, bienvenue dans Parole de Femme. Dans ce podcast, je donne la parole à des femmes au destin peu banal, pour qu'elles nous parlent d'elles, de leur parcours, de leurs espoirs et de leurs doutes, de leur vision de la femme d'aujourd'hui, l'avenir. Puissent ces femmes vous inspirer, nous inspirer et inspirer nos générations futures. Elles se livrent sans tabou, avec le cœur. Je vous laisse avec elles. Voici leurs histoires. Place à Paroles de Femmes, saison 3.
- Speaker #1
Donc là, on est sur tes jeunes années. Tu as une vingtaine d'années, 22-23 ans. Tu viens de terminer tes études. Tu as donc passé un bac philo. Tu as commencé des études de lettres et d'espagnol, si je me souviens bien.
- Speaker #0
J'ai un espagnol.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Mais je me rends compte très tôt que ce n'est pas du tout ce que je vais faire. Donc, je quitte. Je quitte la fac, j'ai ma troisième année et puis je commence à travailler chez des avocats. Voilà, là c'est pareil, je retombe un peu dans ce harcèlement parce que je prends position sur l'une et pas sur l'autre. Et en fait, ça, ça va rester un fil rouge pendant longtemps. C'est-à-dire qu'il y avait deux avocates, il y en avait une que j'admirais énormément. Elle aurait pu être dans Parole de femme d'ailleurs. Et je travaillais pour l'autre, et l'autre était d'une jalousie maladive. Mais de toute façon, voilà. Et du coup, elle ne m'appelait plus. En fait, elle m'écrivait des post-it. Enfin bon, bref, donc ça a duré. Il a fallu que je prenne sur moi, mais j'étais assise par terre le matin, je pleurais avant de partir au travail, j'avais 20 ans. Et du coup, ça fait partie aussi de la construction. Donc je suis partie. Une semaine après, j'ai trouvé un travail dans une société d'ascenseur. Je prenais des pannes et puis ça s'est très très bien passé. J'ai fait un remplacement de six mois. Après, je suis partie dans une autre boîte d'ascenseur. Voilà, j'ai fait tout ça. Après, j'ai voulu être commerciale, donc je suis partie. Je suis devenue commerciale. J'ai géré une agence et puis j'avais eu des accidents de voiture et en fait ça s'est relu. Du coup, j'ai dû m'arrêter pendant quelques années parce que je ne pouvais plus trop marcher.
- Speaker #1
Des accidents de voiture ?
- Speaker #0
J'ai eu deux accidents, deux coups sur coup, deux à trois mois d'écart. Non responsable, je précise quand même. Mais ils t'ont blessée ? Ah bah oui, bien. Plus un petit patrimoine héréditaire génétique de ma grand-mère, qui avait des becs de lièvre. Et donc, du coup, ça a fait que pendant quelques années, j'ai dû m'arrêter. Je ne sais plus pourquoi je disais ça. Bref, tout ça pour dire que je ne sais plus.
- Speaker #1
On était parti sur le fait que tu étais avec ce cabinet d'avocats et ensuite tu as essayé justement de changer un peu de voie. Tu as été commerciale.
- Speaker #0
En fait, ce n'est pas que j'ai essayé de changer de voie, c'est que je me suis laissée porter par mes aspirations en me disant que j'avais envie d'être commerciale. Là où j'étais, chez Schindler, je... Je n'ai pas pu à cause de circonstances complexes. Et comme moi, je n'avais pas envie, parce que là, du coup, pour le coup, j'avais pris vraiment de la confiance, de la maturité, de l'expérience. J'avais confiance en moi, mais vraiment. Je dis, vous ne voulez pas affronter qui vous devez affronter pour me garder ? Ben, tant pis. Moi, je vais aller trouver des gens qui ont envie de se battre pour moi et voilà. Et c'est donc là où je suis rentrée dans cette société de vin. Au bout de trois mois, j'ai été élue femme de l'année. Je ne connaissais pas la vente et je n'avais jamais bu de vin de ma vie. Et voilà, elle a été élue femme de l'année dans cette société. Donc bon, j'ai gravé un peu les échelons. Et après, j'ai dû effectivement m'arrêter de travailler. Et une fois que j'ai pu remarcher, que j'étais bien, j'ai monté ma société d'événementiel.
- Speaker #1
Et tu avais quel âge là ?
- Speaker #0
Ma société d'événementiel, ça fait 8 ans que je l'ai, j'ai dû monter ma première boîte, ma boîte j'ai dû monter quand j'avais 40 ans je pense, quelque chose comme ça.
- Speaker #1
Donc les années qui ont précédé, ça a été une succession de parcours qui ont été bloqués par les accidents, par les difficultés à reprendre la... Non, j'ai cru comprendre que tu avais été blessée dans ces accidents.
- Speaker #0
J'ai été blessée quand je travaillais à la ville urbaine. Et donc après, bah oui, effectivement, au bout de quelques années, ça s'est réveillé et j'ai dû m'arrêter de travailler pour me remettre en fait. Après, j'ai toujours des traces. Mais ça va mieux aujourd'hui, je marche, je danse, plus ou moins.
- Speaker #1
Ah !
- Speaker #0
Non mais ça va beaucoup mieux en tout cas.
- Speaker #1
Tu as eu des enfants en fait, on n'en a pas parlé.
- Speaker #0
J'ai une fille qui vient d'avoir 17 ans, enfin qui a eu 17 ans au mois d'octobre. Ça, ça a été une aventure quand même. Ça, la maternité c'est une aventure.
- Speaker #1
Tu peux nous expliquer pourquoi tu me dis ça ?
- Speaker #0
Moi, parce que moi je ne faisais pas partie des femmes qui avaient un désir d'enfant absolu. Alors pas du tout. De toute façon, moi j'avais peur d'accoucher. Moi, j'ai supplié le gynécologue de me faire une césarienne. Je lui disais non, mais écoutez, pas de problème. Je vous signe toutes les autorisations. Et lui, il me disait, il me connaissait depuis que j'avais 16 ans. Il me disait, non, Stéphanie, vous ne pouvez pas faire ça.
- Speaker #1
Non,
- Speaker #0
une césarienne n'est pas un acte de complaisance, c'est un acte médical. Et puis, j'ai fait ma fille. Ma fille est arrivée dans mon ventre. Et à partir de ce moment-là, Tout a été très clair et très évident. J'étais avec elle. Avant de savoir que c'était une fille, je l'appelais mon alien. C'était mon petit alien. Et j'adorais ça. Et je trouvais ça trop beau. Et les gens étaient outrés. Et moi, je trouvais ça... Donc, c'était mon petit alien. Elle et moi, on était extrêmement bien. Et je... Voilà. Je crois qu'en fait, j'avais confiance en la vie. Je savais que tout irait bien. Du moment où elle est rentrée dans mon ventre, je savais que c'était ça. Et effectivement, ma grossesse s'est passée super bien. Je n'étais pas très pro cours d'accouchement, je savais. Je n'avais pas besoin. Je savais que ça se passerait bien. Parce que c'était une certitude absolue en fait. C'était quand on sait quelque chose au fond de soi. Je savais. Je lui parlais. On était bien toutes les deux. Et effectivement, j'ai accouché. tellement facilement. Je dormais à moitié, je disais aux sages-femmes écoutez, j'ai vraiment le sommeil. On la fait sortir et après on dort, elle et moi. Et les sages-femmes riaient parce qu'elles me disaient non mais vous ne vous rendez pas compte de la décharge d'hormones que vous allez prendre. Non mais vous rigolez, je dors. Vous voyez bien que je dors. On la fait sortir, on pousse et après tout le monde va dormir. Évidemment, je n'ai pas dormi de la nuit parce que j'étais trop heureuse. C'était, voilà, je n'ai pas eu de... point, j'ai rien eu, j'ai poussé quatre fois, elle était là, elle n'a pas pleuré, j'ai eu un enfant, j'ai eu une petite fille, enfin voilà, super facile, il n'y a rien passé en fait, ça a été vraiment hyper, et c'est drôle parce que là encore, je reviens sur, on l'a évoqué, mais sur la jalousie, sur le regard des autres. Parce qu'à chaque fois que ma fille, elle avançait dans l'âge, on me disait, d'abord on m'a dit, ah ben tu vas voir, elle ne pleure pas, mais quand elle va marcher, ça va être l'horreur. Je n'ai jamais rien cassé. Pour ma fille, un non, c'est un non, et voilà quoi. Ah non, mais tu vas voir, quand elle va aller à l'école, elle va prendre du caractère. Non. Ah non, mais tu vas voir, blablabla. Ah mais tu vas voir Et en fait, elle a 17 ans. Alors, j'attends encore de voir. Je touche du bois, mais je pense qu'à 17 ans, on n'est jamais sorti vraiment de l'auberge avec les enfants. Mais voilà, c'est terrible quoi. Le jugement tout le temps qu'on porte et de ne pas juste dire « Oh wow, ta fille est cool ! » « Oh, quelle chance, c'est génial, je suis contente pour toi ! » Non, je me souviens de... d'une de ses deux grand-mères, j'ai dit que j'étais enceinte. Et trois minutes après, elle me disait « Tu vas voir comme ça fait mal. Ah, puis l'accouchement, c'est horrible. »
- Speaker #1
Ce que j'entends, en fait, là, c'est que c'est comme si c'était... Non, ce n'est pas comme si. C'est la première fois dans ton existence, à partir du moment où ton enfant, tu as pris la conscience que tu étais habité par une vie, que tout devenait... C'était comme un rempart contre tout ce qui était arrivé, un rempart contre les agressions verbales, un rempart contre le manque de confiance, quelque chose qui... qui te faisait dire que tu avais réussi à porter au monde de la vie. Non, ce n'est pas ça.
- Speaker #0
Non, je ne sais pas. Ma fille, c'est ma fille. La relation avec ma fille, c'est la relation avec ma fille. Et mes doutes à moi, c'est mes doutes à moi. Je n'ai jamais... Non, parce que les situations de rejet, je les ai vécues. Et les angoisses de rejet, je les ai vécues bien après qu'elles soient nées. C'est juste et la force que j'avais avant de la rencontrer, depuis 25 ans, je n'ai pas eu ma fille à 25 ans, moi j'ai eu ma fille à 31, 32 ans. Donc j'ai pris ma force et en vrai c'est ça qui est aussi intéressant, c'est que sa force à soi, elle doit venir de soi. Pour sentir sa vraie force, elle doit s'appuyer sur personne d'autre que soi. parce que si elle s'appuie sur quelqu'un ou sur ma fille Par exemple, quand ma fille va partir,
- Speaker #1
je fais connaître.
- Speaker #0
Donc, ma vraie force à moi, et c'est ça mon travail, c'est mon travail à l'intérieur de moi, c'est ce que je cherche à faire, c'est de m'aligner avec moi-même, de m'ancrer dans ma propre force à moi et dans mes propres valeurs. Après, ma fille, je suis tellement fière d'elle, ce qu'elle devient, comment elle évolue. Et puis, la relation qu'on a toutes les deux aussi, c'est chouette. Ma fille, je m'étais dit, ma plus grosse angoisse pour elle, c'était qu'elle soit rejetée par les autres. Puisque j'avais vécu ça, je ne voulais pas qu'elle le vive. Et là, je m'émerveille de voir ce que c'est de vivre une adolescence avec des copines, avec un groupe de copines. Ce que moi je fais maintenant à 45 ans, 48 ans, moi j'ai mon groupe de copines. Pareil, elle le vit pour de vrai dans son timing à elle d'ado. Et elles sont tout le temps toutes les quatre, et ça passe à la maison, ça vient, ça dort, ça bouge, ça machin. C'est ça la vie quoi. Moi je rêvais de ça. Je rêvais d'avoir cette relation-là avec ma fille, je rêvais qu'elle soit épanouie. Après là c'est tracard, le corps qui change, et des fois on se trouve trop gros, c'est trop moche et machin, et bidouf. Bien sûr, le poids c'est un sujet de toute façon. Même encore aujourd'hui, je fais attention, à moins ma vie aura été de faire attention à mon poids. Parce qu'à 10 ans, ma mère m'emmenait chez un nutritionniste. Parce qu'à l'époque, j'étais grosse et que je ne me sentais pas bien. Parce que si je m'étais sentie bien, ce n'était pas un problème. Mais je me sentais très très mal. Donc, on m'a fait réduire mes seins. Quand j'en ai eu besoin, j'ai fait une réduction de ma mère à 18 ans. C'était le cadeau de mes parents. Et je les remercie parce que ça a quand même aussi grandement changé les choses. Je pense que j'ai dû faire... Les beaux jours de la boutique Ausha à Saint-Etienne, parce que j'avais acheté des sous-tires à gorge toutes les semaines, j'avais rattrapé sept ans de frustration. Et j'ai eu un chirurgien qui a été un des hommes de ma vie les plus importants parce que d'une gentillesse et d'un professionnalisme, enfin voilà. Il a fait beaucoup pour moi, j'ai fait beaucoup pour moi en m'acceptant en m'aimant, mais lui a fait beaucoup... Pour moi, une opération comme ça, je l'ai survolé tellement j'étais heureuse, tellement il m'a entourée. C'était vraiment super chouette. Mais le corps, c'est hyper important. Ça revient à l'habillement, ça revient au jugement. Mais le jugement qu'on porte sur soi, c'est moi avec moi. Avant que ce soit moi pour les autres, j'étais chez le dentiste il y a quelques jours, je lui ai fait un détartrage. Et puis il me dit... Alors, moi, il avait l'impression d'avoir du tartre. Alors, plein la bouche. Donc, évidemment, il a commencé par ricaner en me disant, c'était fini. Mais n'importe quoi. Et j'ai mis tout ça et je me regarde dans la glace et je fais, waouh, je retrouve mes dents. Et il me dit, mais personne ne l'a vu. Je dis, mais ce n'est pas pour les autres. C'est pour moi. Parce que moi, quand je me souris à moi-même dans le miroir, ça me complexait d'avoir ce truc sur les dents. Et là, Je retrouve mon sourire. Mais ce n'est pas pour que les autres disent « elle a un beau sourire » . C'est pour que moi, je me dise « j'ai un beau sourire, je m'aime bien » . Tu t'étouffes d'entendre mon histoire dedans. Mais voilà. Et le maquillage, c'est pareil. Moi, souvent, on m'a fait… C'est drôle quand j'y pense. Les cousines de la première personne avec qui j'ai vécu, Fabrice, me trouvais trop sophistiquée. Et trop sophistiquée, ça voulait dire quoi ? J'avais une démarche qui n'était pas bonne, après j'étais trop sophistiquée, j'étais toujours trop quelque chose ou pas assez quelque chose en fait. Et c'est marrant, ça me revient en te parlant. Donc voilà, oui le corps reste, c'est une empreinte. Moi c'est toujours une interrogation en tout cas. Aujourd'hui c'est me sentir bien, mais c'est pas vrai, enfin c'est me sentir bien mais c'est aussi quand même avoir un... Il faut que mon corps corresponde à l'image que je veux avoir de mon corps. Et ça, c'est important aussi. Parce que je suis beaucoup photographe. Parce qu'on est en photo, parce que je suis en réseau, parce que blablabla, blablabla. Et encore une fois, le maquillage, c'est pareil. Parfois je suis maquillée, parfois je ne suis pas maquillée. Ça m'a pris des années.
- Speaker #1
Là, on a déjà bien, bien entamé la vie et l'œuvre de Fanny Barranco. C'est ce que j'aimerais maintenant, dans les temps qui nous sont encore... à vivre ensemble dans ce podcast, c'est que tu me parles de ton présent, c'est-à-dire ce que tu fais actuellement, cette vie artistique, ce que tu mets en avant.
- Speaker #0
Ma vie aujourd'hui, tes projets, tes rêves. Honnêtement, là j'ai envie d'apaisement et de sérénité, si tu dois me demander ce que je veux aujourd'hui précisément peut-être que c'est la fatigue qui me fait dire ça mais en tout cas j'ai envie d'être de bonheur d'apaisement et de sérénité j'ai envie qu'on m'aime qu'on ne parle plus, qu'on reste voilà
- Speaker #1
J'ai envie de calme. Je n'irai pas au-delà parce que je ne veux pas te mettre ma genèse. Je veux qu'on m'aime, qu'on ne parle plus, qu'on reste. J'entends ce qui est en filigrane.
- Speaker #0
C'est vraiment ça. Aujourd'hui, il faudrait peut-être la stabilité émotionnelle ou un truc comme ça. De la sérénité. Je crois que j'ai vraiment besoin de sérénité. Et que ce que j'ai réussi à créer autour de moi d'amour, Mes amis, je n'en ai pas des tonnes, j'en ai à peine dix et encore. Mais très proches, c'est ce que j'appelle ma garde rapprochée. Et c'est vraiment ça en fait. C'est ce dont j'ai toujours rêvé. C'est ce dont j'ai toujours rêvé, pouvoir me mettre à nu devant mes amis sans jugement. Aujourd'hui, j'ai ça. Et ça, vraiment, pour moi... Parce que j'ai pas de famille en fait, je me suis détachée de ma famille parce que ça me faisait... D'abord j'aimais pas l'idée qu'on me dise « c'est ta famille, t'es obligée » . Déjà rien que ça, moi j'y arrive pas. Et puis eux aussi, ils étaient... J'ai jamais eu de bonnes relations avec toute ma famille, pas mon père, ma mère, mais mes cousins, mes cousins, mes oncles, mes tantes, en vrai. Enfin, je les aime pas. Je crois qu'ils m'aiment pas. En réalité, je veux dire, c'est un juste retour des choses. C'est pas du tout... Moi, au début, je les aimais, mais quand je parlais de rejet, eh ben, ça vient de ma famille aussi, maintenant, ça me revient. Mais toutes mes cousines, elles étaient entre elles et moi, j'étais toute seule. Mais, parce que, voilà, parce que c'est comme ça. Et de temps en temps, je me mets en retrait. Et c'est souvent ce qu'on me dit dans mes événements, par exemple. On ne me voit pas. Pour moi, c'est mon travail qui est comme ça. Mais j'ai souvent... Des fois, on le voit dans un groupe, je me positionne encore juste un tout petit peu en retrait pour observer un peu...
- Speaker #1
Mais c'est aussi le métier que tu fais qui demande ça. C'est-à-dire que tu mets en avant ceux que tu...
- Speaker #0
Je mets en avant, mais je pourrais être plus...
- Speaker #1
Plus expansives.
- Speaker #0
Peut-être plus expansives. Après, sur scène, je n'y suis pas beaucoup, mais peut-être qu'on pourrait me voir plus. Ou en tout cas, je pourrais avoir une conne beaucoup plus agressive quand j'accueille les invités. Et en fait, on ne me voit pas. Et c'est souvent que je dis... Mais en fait, après, on bascule sur un autre sujet, qui sont les relations hommes-femmes. Mais par exemple, c'est vrai qu'on ne me voit pas forcément. Et pourtant, si tu me vois dans la route, tu vas me dire « Bah quand même, si, on te voit. » Mais arrête, on ne me voit pas.
- Speaker #1
Je t'arrête. Justement, tu viens de me lancer sur quelque chose que je n'aurais pas osé faire toute seule. Les relations hommes-femmes. Donc, c'est quoi ? Comment tu te situes dans ces relations-là ? Eh bien, moi,
- Speaker #0
je me situe... Je regarde ça et on en parle souvent avec mes amis et je trouve qu'on est dans une situation embébue. Je pense que d'ici dix ans, tout le monde aura retrouvé sa place. Mais aujourd'hui, c'est hyper compliqué en fait. Les femmes, on se plaint que les hommes ne nous abordent plus ou quand ils nous abordent. C'est pas forcément la crème. Parce qu'ils n'osent plus, parce qu'ils ne savent plus comment s'y prendre. Les hommes voudraient, mais ils ont tellement peur de se faire taper sur les doigts. Donc en fait, tout le monde se regarde en chien de fusil, en chien de faïence, pardon, pas en chien de fusil, en chien de faïence, et en fait, on reste...
- Speaker #1
C'est un acte manqué très beau, ce que tu viens de dire. Oui,
- Speaker #0
c'est vrai. Et en vrai, moi je me souviens avant... Mariés, pas mariés, pas en couple, enfin je veux dire là on parle pas de consommer, on parle juste de croiser quelqu'un qui vous dit que vous êtes belle. Enfin je veux dire on n'est pas en train de parler, voilà. Mais moi je me souviens que je retrouvais des numéros de téléphone sur mon pare-brise, je prenais le train, j'avais des numéros de téléphone dans mes écharpes. Une fois à la boulangerie, une fois, une ou deux fois à la boulangerie, quelqu'un rentrait pour me donner son numéro de téléphone. Enfin, je veux dire, il y avait en fait un vrai pas vers l'autre aujourd'hui. Et encore une fois, je ne parle pas forcément que de relations amoureuses. Moi, je déjeune souvent seule au restaurant parce que je suis à droite, à gauche, ou je dîne parce que je suis dans les hôtels le soir pour les podcasts ou mon boulot. Vous vous mettez à table à 19h30. Ou à un bar, vous êtes sûr qu'à 23h, il n'y a personne qui vient vous dire bonjour. Mais sans parler encore une fois de drague ou de vouloir te faire monter dans sa chambre. Ce n'est pas ça. Mais juste bonjour, discutez quoi. Et je trouve qu'il n'y a plus d'échange. Ou alors j'ai le go down, il n'y a plus personne qui veut me parler. C'est une question ouverte. Non, je plaisante. Je l'enlève.
- Speaker #1
Je l'enlève parce que ce n'est pas la Stéphanie. Oui, tout à l'heure.
- Speaker #0
Non, mais c'est vrai. C'est ça, en fait. Tu penses que les relations sont biaisées, en fait. Les relations, elles ne sont plus... Oui. Et puis, après, il y a toute une partie de société de consommation, de ghosting, qui fait qu'en fait, on perd vite pied, quoi. Et ça revient au sentiment d'abandon. En fait, je le vois autour de moi. Mes amis, il y a des SMS pendant 3-4 jours intenses, 8 jours, 10 jours, 15 jours, et du jour au lendemain, il n'y a plus de nouvelles. Et ça, c'est d'une violence. Alors, imaginez pour moi qui ai vécu ce que j'ai vécu, mais même pour quelqu'un qui n'a pas vécu le rejet.
- Speaker #1
Les codes ne sont pas les mêmes en fait. Non.
- Speaker #0
Les codes, le monde, c'est un peu bateau, mais le monde a changé, les codes ont changé, et c'est vrai que vous êtes une femme, vous souriez, vous êtes aguicheuse, vous ne souriez pas, vous êtes une pain-bêche, vous vous mettez en jean, vous êtes masculine, vous mettez des robes, vous êtes une allumeuse, enfin, c'est... en vrai, c'est pour ça que je disais qu'en fait... La conclusion de ça, c'est... Parce qu'on pourrait en parler des heures, mais ma conclusion, d'ailleurs, pas la conclusion, parce que le « là » est universel et je n'étiens pas la vérité. Ma vérité, ma conclusion à moi, c'est qu'en fait, j'essaye d'être en accord avec moi-même à moi. Et après, ma foi, ceux qui aujourd'hui sont à mes côtés, c'est des gens avec qui je suis bien, heureuse. détendu, moi-même, et puis les autres, ils sont bien ailleurs. L'idée, ce n'est pas de dire « les autres, ils sont des cons » . Pas du tout. Sauf qu'on a tous des énergies qui nous entourent. Les gens qui sont autour de moi sont dans mon énergie, comme je suis dans la leur, et on est en plénitude là-dedans. Et puis, il y a des gens avec qui mon énergie ne peut pas entrer en communication. Et dans ce cas-là, ce n'est pas grave, parce que… Ils ont leur énergie qui est en communication avec d'autres énergies qui leur vont avec. Donc, il n'y a pas de méchanceté. Dans, il n'y a pas d'animosité ou de jugement. C'est un constat. C'est un constat et moi, mon travail à moi, c'est de m'aimer. Pour moi.
- Speaker #1
C'est un travail.
- Speaker #0
Oui. Ah ouais. Ouais. Ouais, c'est un travail parce que t'as toujours les vieux démons qui reviennent en disant « Eh ben regarde, tes cheveux, t'es mal habillée, ça, ça te grossit, et gna gna gna, t'es pas habillée comme il faudrait, et gna gna gna, et ouais. » Ouais. Et pourquoi tu te tiens comme ça ? Et ainsi de suite.
- Speaker #1
Ça te demande un contrôle permanent ?
- Speaker #0
Oui. Je crois que je suis devenue dans le contrôle de tout. C'est un peu la pro-adaptation. De mon image, ouais. De mon image, je pense. Je dois tout le temps sourire. Enfin, si je souris pas, ça va pas. D'ailleurs, les gens ne comprennent pas. Encore une fois, je dis les gens, pas mes amis. Mais les gens... Je crois qu'ils n'arrivent pas à entendre ça va. Ça ne va pas de moi. Moi, ça va. Ça va ? Oui. D'accord. Ça va. Je suis bien. Non, mais c'est vrai parce que j'ai un métier qui me demande ça ou en tout cas, c'est comme ça que je le construis. Peut-être que c'est moi qui en ai fait ça. Je ne sais pas. C'est un autre travail. Mais oui, je suis dans le contrôle en permanence. Oui. Mais dans le contrôle de mes émotions aussi, tellement dans le contrôle qu'aujourd'hui je ne sais plus faire. Et ça t'épuise en même temps. Ça m'épuise, oui. Ça m'épuise parce que je ne sais plus...
- Speaker #1
Tu sais qui tu es.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Tu sais qui tu veux être.
- Speaker #0
Je trouve que je suis déjà pas mal, je suis assez contente de ce que j'ai réussi à faire. Ça par contre, oui. Je suis contente de ce que j'ai réussi à faire, je suis contente parce que je vois qu'il y a des gens qui m'aiment bien. Et les derniers rejets que j'ai vécu, c'était il y a 4 ans, je pense, 3-4 ans. Ça a été bien douloureux, mais j'ai bien ouvert les yeux. Et depuis, ça ne m'est plus arrivé. Je sais ce que je vaux. Et ça, je pense que déjà, c'est un grand pas. Je suis contente de la femme que je suis devenue. Je suis contente. D'avoir réussi à me construire malgré tout ça, après, ben oui, il y a des failles. Oui, forcément, mais qui n'en a pas ? Celui qui n'a jamais pris de risque ? Ou celui qui ne vit pas ? Celui qui n'est pas né, encore né peut-être ? Et encore, moi je pense qu'on a déjà des failles in utero, parce qu'on prend les failles des autres, mais ça après, voilà. Mais c'est avec les génétiques, c'est encore autre chose. C'est encore autre chose, mais je veux dire, en réalité, du moment où on vit, en fait, vivre, c'est prendre le risque. Sinon, on ne prend pas. Donc moi, je prends le risque de vivre.
- Speaker #1
Tu l'as pris dès le départ. Là, on est presque à la fin. Pas à la fin, mais tiens, certainement. Justement, quand je disais on est presque à la fin, j'ai une ou deux dernières questions à te poser. Comment tu vois les années qui viennent ? C'est-à-dire que tu as une petite idée de la construction ? des années qui vont arriver là, de ton métier, de ce que tu veux être. Tu as déjà, je ne sais pas, une ambition particulière,
- Speaker #0
une attente. J'ai soif de liberté. Je n'en dirai pas plus, mais j'ai soif de liberté et j'ai hâte de pouvoir la prendre, cette liberté. Elle ne dépend pas que de toi ? Ah bah non ! Mais encore une fois, ça c'est... Si, elle dépend que de moi. Sauf que moi, j'ai des étapes à franchir avant d'arriver à tirer le pompon. Mais c'est à moi de gravir les échelons. La liberté, elle ne dépend pas des autres. Elle dépend de moi qui vais la récupérer, qui vais chercher à l'attraper cette liberté. Donc non, elle dépend de moi. Par contre, moi je gère les facteurs extérieurs. C'est ça la différence, c'est que c'est la cascade. Moi, je suis actrice de mon destin, mais je dois composer avec des éléments extérieurs pour arriver à atteindre mon but. D'accord. Après, sur les ambitions, j'aimerais porter parole de femme plus haut, en faire une émission de radio. Ça, j'avoue que c'est vraiment tendre à la radio, ça, ça me plairait beaucoup. ou d'être accompagnée pour par exemple faire une chaîne YouTube sur laquelle je pourrais rencontrer et... à interviewer des femmes et aussi, ça va être après d'aller transposer Parole de Femme. J'aimerais... Alors, le mot, ce n'est pas le titre. Ce n'est pas un scoop. Mais j'aimerais que ce soit Parole d'Humain. En fait, je voudrais, au bout de trois ans de Parole de Femme, j'aimerais aussi avoir quand même aussi le regard des hommes parce que moi, je crois en le vivre ensemble et pas en l'opposition. Ça, c'était hyper important au début, Parole de Femme, quand j'approchais les femmes. Je leur expliquais tout de suite, en disant, attention, ce n'est pas un podcast d'opposition, pas du tout. On vient parler de vous, mais on est dans la construction, on est dans essayer de... D'ailleurs, Parole de Femme, c'est créer des vocations, mieux comprendre les gens, se dire qu'on peut y arriver, se dire que parfois c'est dur, mais qu'on peut rebondir. C'est ça, parole de femme en réalité. Et de temps en temps, il y a des sujets qui arrivent comme MeToo, comme le harcèlement, mais ce n'est pas l'inverse. On ne parle pas que de ça et derrière on est vie sur un truc un peu sympa. Non, la vie est sympa, on a tous des aléas, mais voilà, qu'est-ce qu'on en fait ? C'était ça l'essence de parole de femme. Donc j'aimerais bien pouvoir la faire grandir. et puis voilà c'est déjà pas si mal je continue avec mes amis et ma fille de l'avoir grandir, de l'avoir évoluer c'est bête mais en vrai qu'est-ce que c'est bon de l'avoir,
- Speaker #1
voilà je crois qu'on est arrivé, on a fait le tour de Stéphanie Barranco d'une certaine façon Stéphanie, je vais terminer comme tous tes podcasts se terminent je vais commencer comme il commençait d'ailleurs merci, je t'en prie ça veut dire quoi en fait pour toi être une femme justement en 2025 ça veut dire quoi ?
- Speaker #0
J'ai essayé de ne pas réfléchir parce que celle-ci je la connaissais cette question et j'ai essayé de ne pas réfléchir avant pour... C'est le dims on a eu tous ça. Oui pour essayer d'être le plus spontanée possible. Moi j'ai envie de dire que c'est quoi être une femme en 2025 c'est un peu un défi. Je trouve que c'est un peu le défi d'être multitâche, multitout, mais en même temps en accord avec soi, super zen, super dans l'air du temps. Je pense que pour moi, c'est un défi d'être une femme en 2021. Peut-être que... Ce n'est pas du tout rétrograde ce que je vais dire, mais parce que merci à toutes les femmes qui ont... En fait, je pense qu'en fait, c'est ça, c'est que je me demande si sous couvert d'une soi-disant évolution, moi je trouve que des fois, en fait, on régresse. Mais en fait, la régression, elle est hyper vicieuse parce qu'on ne la voit pas. Parce qu'en fait, elle est masquée de paillettes. Et je trouve que c'est un peu dangereux et toutes les femmes qui se sont battues pour que ça évolue. Il faut qu'on reste vigile, mais pas dans la combativité. Je pense que c'est pas... Moi, je ne me sens pas combative. Moi, je me sens femme. Je suis bien dans la condition de femme. Donc, être une femme en 2025, pour moi, c'est un défi. D'être une femme épanouie et bien avec elle-même, c'est un bout. C'est une vraie occupation à part entière. Écoute,
- Speaker #1
je crois qu'on a fait un beau parcours sur... ta vie, j'ai protégé ce que tu ne voulais pas non plus révéler de la même façon que tu l'avais pardon, tu n'as pas le sens de parler de soi non non c'est jamais le sens de parler de soi mais comme tu as fait parler je ne sais combien de femmes mais c'est vrai c'était ce je t'avais parlé de la théorie de l'envoseur arrosé c'est pareil pour moi d'interviendre quelqu'un c'est toujours c'est toujours un mystère, l'autre est un mystère donc je te remercie d'avoir accepté et d'avoir eu une parole tout à fait libre. Et voilà, moi j'ai rempli aussi ma mission avec toi.
- Speaker #0
Le podcast se termine. Merci beaucoup. Alors voilà, moi je vous donne rendez-vous en 2026. Le programme est déjà bien chargé, bien établi, avec des personnalités différentes, mais plus mal répliquées. C'est agréable. Et merci à toi Sarah d'avoir pris ce rôle-là, parce que personne n'aurait pu le faire à part toi. En bref, ça me fait plaisir d'avoir passé cette heure. C'est beaucoup une lumière en votre compagnie. Merci à toi.