undefined cover
undefined cover
E2 - Marie-Antoinette par Jean-François -  S'engager en tant que femme en 1870 cover
E2 - Marie-Antoinette par Jean-François -  S'engager en tant que femme en 1870 cover
Passeurs d'histoires - le podcast de la mémoire

E2 - Marie-Antoinette par Jean-François - S'engager en tant que femme en 1870

E2 - Marie-Antoinette par Jean-François - S'engager en tant que femme en 1870

19min |17/09/2024
Play
undefined cover
undefined cover
E2 - Marie-Antoinette par Jean-François -  S'engager en tant que femme en 1870 cover
E2 - Marie-Antoinette par Jean-François -  S'engager en tant que femme en 1870 cover
Passeurs d'histoires - le podcast de la mémoire

E2 - Marie-Antoinette par Jean-François - S'engager en tant que femme en 1870

E2 - Marie-Antoinette par Jean-François - S'engager en tant que femme en 1870

19min |17/09/2024
Play

Description

Jean-François DECRAENE, historien et spécialiste de la Guerre franco-prussienne de 1870-1871 raconte au micro du Souvenir Français l’histoire de Marie-Antoinette LIX.  Oubliée du grand public, celle qu’on surnommait “Tony” s’engagea durant la guerre de 1870-1871 alors même que les femmes n’avaient pas le droit de combattre en tant qu’officier. Elle dû se travestir pour mener ses hommes à la victoire. Découvrez le destin extraordinaire de cette alsacienne qui a combattu pour défendre sa région et ses valeurs.


ls sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.



Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :

Site internet : www.le-souvenir-francais.fr 

Instagram : www.instagram.com/lesouvenirfrancaisofficiel 

Facebook : www.facebook.com/LeSFofficiel/ 

Linkedin : https://fr.linkedin.com/company/le-souvenir-fran-ais-si-ge 

X : https://x.com/SF_Siege 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jean-François

    Son rôle est important dans l'histoire, mais pas seulement le sien. Il s'agit du rôle de toutes les femmes qui ont intégré de façon volontaire l'armée et de celles qui ont aidé aussi.

  • Voix-off

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. Marie-Antoinette par Jean-François, s'engager en tant que femme en 1870.

  • Jean-François

    Je m'appelle Jean-François Lecrenne, j'ai 83 ans, je suis retraité depuis une vingtaine d'années. Je suis un ancien instituteur de l'instruction publique de l'inspection académique de Versailles. Malheureusement, j'ai été obligé de quitter l'enseignement au moment de la guerre d'Algérie. Et à mon retour, je me suis spécialisé dans les industries agroalimentaires, ce qui m'a permis d'écrire d'ailleurs mon premier ouvrage sur les habitudes alimentaires des Français. J'ai continué mes études d'histoire pour pouvoir devenir historien en fin de parcours. Je me consacre maintenant entièrement à la mémoire, grâce justement à l'aide du Souvenir français, avec lequel je participe à la valorisation à la fois des combattants, mais aussi des combattantes. Mes études d'histoire m'ont appris que les femmes sont à chaque fois écartées, y compris sur le plan scientifique, de la notoriété qui leur est confisquée la plupart du temps par des hommes. Je suis un homme militant féministe. Avec le Souvenir français, je produis une série d'ouvrages qui s'appelle Gloria Victis, qui est consacrée à la guerre de 1870-71, qui est complètement oubliée des Français et qui a surtout été occultée par la perte de l'Alsace et de la Lorraine. C'est un travail absolument titanesque de faire le recensement département par département de tous les lieux de mémoire qui rappellent les combats et les conséquences des combats. Sur les 140 000 morts, je me suis aperçu qu'il y avait énormément de femmes qui étaient mortes sur les champs de bataille. Et pas seulement comme ambulancières, comme infirmières ou comme cantinières. Elles étaient mortes aussi comme combattantes. Et donc leur sort m'a intéressé. Et j'ai choisi une femme qui me paraît très emblématique, bien qu'il y en ait d'autres, qui est Primaire Antoine Atlix. parce qu'elle est représentante à la fois de ces Alsaciennes qui ont choisi de rester français et donc qui est morte en Meurthe-et-Moselle, c'est-à-dire du côté français. Elle est issue d'une classe sociale relativement aisée, alors que la plupart des combattantes étaient surtout des patriotes, qui étaient des classes sociales plutôt rurales, citadines inférieures et domestiques ou autres. Ma première rencontre avec Marie-Antoinette, ça a été au cours d'une visite au musée de l'armée, qui était une exposition qui anticipait sur le 150e anniversaire de la guerre de 1870-71. Je tombe sur l'exposition de l'épée d'honneur qui avait été offerte à Marie-Antoinette Lix par les dames de la haute société de Colmar et de Strasbourg. Et je me suis dit, tiens, je ne connais pas cette femme, comment se fait-il ? que le musée de l'armée lui-même expose cette épée, alors que le musée de l'armée, habituellement, c'est plutôt des objets consacrés à des grands officiers, à des grands militaires qui ont servi la patrie. Et quand on détaille l'épée, ce qu'on voit, c'est qu'il y a un beau mot en argent qui est ouvragé avec la représentation de l'Alsace et de la Lorraine, avec sur la lame gravée les Alsaciens, alors vaillantes compatriotes, en souvenir de la guerre de 1870. 1871. Sur le bas de la garde, il y a les initiales AL. Et les initiales AL, c'est Alsace-Lorraine, mais en même temps, c'est confondu Antoinette-Lix, parce que son vrai prénom, c'est Marie-Antoinette-Lix. Marie-Antoinette est née à Colmar, le 31 mai 1839. Elle est élevée... Et par son père, puisqu'elle est orpheline de mère à 4 ans, elle était élevée avec son frère Antoine-Michel Lix comme un garçon. C'est-à-dire que le père, qui était un militaire de carrière du XIXe siècle, avec la mentalité de l'époque, a considéré que sa fille était intelligente, mais qu'il fallait qu'elle sache combattre et faire du cheval. Et donc elle reçoit en plus un diminutif. Son père, pour bien la masculiniser, l'appelle Tony, et lui donne une éducation militaire, l'habille en garçon, et lui fait faire du cheval. Mais il ne faut pas rêver non plus, il faut qu'elle ait une éducation qui tienne la route. Son père l'envoie à la divine providence de Ribovillé pour faire des études, et pour faire juste que ses humanités. Donc à 17 ans, Antoinette parle et écrit le français. Elle parle aussi le Hordeutsch, qui est le mausolan, qui est la langue locale. Et elle parle l'anglais. Avec ce soviétique intellectuel, elle passe le certificat de capacité en 1857. Donc elle a ce diplôme qui va lui permettre d'être préceptrice pour des familles assez fortunées. Et les sœurs de la Providence proposent un poste en Pologne, à Varsovie. Elle devient préceptrice de la nièce de la comtesse Libyanska dans la famille Libyansky à Varsovie. Au moment de l'insurrection de 1863 contre l'occupant russe, puisque à ce moment-là la Pologne était sous obédience russe, Elle s'engagera dans l'armée polonaise comme lieutenant. Elle s'engage à 24 ans. Elle savait combattre à pied, à l'épée, à cheval, et elle était une cavalière émérite. Et elle avait des idées avancées, des idées de liberté. Elle avait décidé de rester éventuellement en Pologne. On ne lui connaît aucune liaison masculine. Ça ne faisait pas partie de ses préoccupations. En revanche, elle voulait rester et enseigner éventuellement le français dans une haute société où on parlait déjà beaucoup français. On oublie trop que la bourgeoisie d'Europe centrale et d'Europe de l'Est parlait le français. Le fait qu'elle participe à la révolution polonaise fait qu'elle est en contact avec les Russes et à un moment donné, elle est faite prisonnière. Personne dans l'armée polonaise ne savait qu'elle était... Une fille, elle était habillée en homme, elle avait une poitrine relativement plate, ce qui lui permettait d'échapper au contrôle. Et lorsqu'elle est blessée sur le champ de bataille, elle a été protégée par une des sœurs de la Providence, qui était une de ses amies qui l'avait suivie en Pologne, qui l'a soignée. On n'a pas su qu'elle était une femme. En revanche, lorsqu'elle a été prisonnière par les Russes, on commence par les déshabiller complètement, et on s'est aperçu que c'était une femme. Et à ce moment-là, elle a fait valoir le fait qu'elle était française. Les Russes l'ont expulsée vers l'Allemagne, et elle est allée à Dresde, dans une famille qui était en lien avec la famille Lubyansky. Elle a profité de son séjour à Dresde pour faire des études de médecine, parce qu'elle voulait passer un doctorat en médecine. Une femme qui passe un doctorat en médecine à cette époque-là, il y a pas mal de freins. Donc elle est devenue quand même experte en médecine. Elle quitte Dresde pour revenir en France. Dans sa région d'origine, l'Alsace et la Lorraine, à ce moment-là qui est encore française, elle s'installe à La Marche, où elle obtient grâce à ses diplômes un poste de receveuse des postes. Et au moment du conflit, elle décide de s'engager. Le contexte global de la guerre de 1870-71, c'est en fait un contexte européen. Ce n'est pas un contexte exclusivement franco-allemand. Bismarck, qui est chancelier de Prusse auprès de son roi Guillaume, avait décidé de faire l'unité allemande après la destruction du Saint-Empire romain germanique. Bismarck, lui, était germanocentriste. La Prusse doit être l'artisan de l'unité allemande d'abord, et on verra pour l'Europe ensuite. Donc, ils commencent de faire la guerre au Danemark pour récupérer le Schleswig et le Stein, qui étaient des provinces qui étaient administrées en commun avec le Danemark et l'Allemagne. Donc, ils récupèrent une partie des provinces, ils gagnent la guerre. Donc, ils se retournent contre l'Autriche et la fédération germanique du Sud pour créer une confédération germanique sous l'autorité de la Prusse. contre l'Autriche. Il avait l'idée de rattacher les provinces germanophones qui étaient à la France depuis Louis XIV. Parce que ces provinces étaient germanophones d'abord et faisaient partie de la fédération allemande qui a précédé les guerres, et particulièrement les guerres de Louis XIV. Ce qui se passe, c'est qu'il n'obtient pas dans un premier temps le fait que la France entre en belligérance. Ce qui était intéressant pour lui, c'est qu'il ne soit pas l'agresseur. Et pour ne pas être l'agresseur, dans les échanges de correspondance qu'il y a entre la France et l'Allemagne, il y a un prétexte. Isabelle d'Espagne est déposée par les Espagnols et la succession au trône d'Espagne se présente. Immédiatement, la Prusse présente un Hohenzollern. comme prétendant au trône d'Espagne. Et ça, la France ne pouvait pas le supporter, parce que ça voulait dire qu'il y aurait un germanophile qui serait au sud, et donc qui risquerait de faire éclater le traité de Vienne, où on avait le roussillon qui était rattaché à la France par Louis XIV. À ce moment-là, Napoléon III envoie des missives et des échanges de correspondance avec Benedetti, qui était son représentant auprès de l'Allemagne, pour demander de façon... diplomatique qu'on retire la candidature d'un Hohenzollern. Le roi de Prusse accepte de retirer cette candidature, mais Bismarck fait l'échange de correspondance de telle façon à ce que la France soit diplomatiquement humiliée. Résultat de l'opération, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Donc elle reprend son uniforme, elle se travestit en homme, bien que des femmes puissent à cette époque-là combattre dans l'armée à partir du moment où elles en avaient les capacités. Quand elle décide d'être volontaire pour l'armée des Vosges, c'est-à-dire dans les cavaliers de la marche, Elle crée à l'intérieur de son village, sur demande bien sûr de volontariat de la République, et à ce moment-là elle se travestit en homme pour pouvoir être élue officier. Parce qu'une femme ne pouvait pas être officier. Pour la garde mobile, les officiers étaient élus par leurs hommes. Pas toujours dire qu'ils étaient compétents. Mais bon, c'était l'époque pour les gardes mobiles, pas pour l'armée de professionnels. Parce que la conscription a été imposée par la République. Avant, c'était une armée de métiers où les hommes étaient recrutés par tirage au sort. Les lois militaires n'étaient pas du tout les mêmes que de nos jours. Elle est élue officier par ses soldats et à ce moment-là, elle participe au combat. Les combats auxquels elle participe, dans la région qui est autour de Nancy, du côté des Vosges, sont des combats finalement d'arrière-garde, parce qu'on oublie trop que tous les combats ont été quasiment des défaites. Au cours de la bataille de la marche, elle voit que ses hommes se débandent, elle les récupère et elle fait quand même 400 morts, blessés, prisonniers, contre les troupes. du général Badoit, du bas de Württemberg. C'est quand même un exploit important pour d'abord un petit groupe d'hommes. C'était des cavaliers qui étaient quand même très aguerris, et avec une femme qui était un officier qui était lui-même aguerri. D'ailleurs, le 14 décembre 1870, dans une lettre publiée par le front-tireur de Neuilly, témoin oculaire, je lis, elle crie à ses hommes Allons, messieurs, debout ! disait-elle. C'est la tête haute que les Français doivent saluer les balles. Le combat perdu, elle pense les blessés qui sont tombés autour d'elle après avoir donné l'exemple, sans se soucier du danger. Après le repli d'une partie des troupes, sa compagnie s'est enfondue dans les troupes garibaldiennes de l'armée des Vosges. Elle se retire pour se consacrer exclusivement aux soins des blessés. Ce texte est publié dans l'Industrie à l'Asassin du 14 décembre 1870. Les combats vont se poursuivre plus loin. Elle décide là de se démobiliser, alors qu'elle s'était engagée pour le temps de la guerre, mais elle continue son engagement sous une autre forme, puisqu'elle était diplômée de médecine de la faculté de Dresde. Elle décide qu'elle sera... plus utile, d'autant que c'est une femme intelligente. L'armistice n'est pas proclamée et la paix de Francfort n'est pas signée. Donc, elle continue à soigner les blessés en zone allemande. Elle dit Après l'arrêt des combats, un de nos blessés étant resté entre les mains de l'ennemi... Pour arriver au malheureux, je dus longer toute la colonne prussienne et me frayer un passage à travers la neige qui, à certains endroits, atteignait près d'un mètre de hauteur. Il n'y avait pas de changement climatique à cette époque-là. Enfin, je trouvais celui que je cherchais, étendu sous un arbre et entouré de médecins militaires allemands. Qui êtes-vous ? me dirent-ils. Aide-major répondis-je. Ils me regardèrent incrédule, puis ils me firent passer une sorte d'examen. Elle était habillée, bien sûr, en homme, en médecin masculin, mais avec une voix un peu fluette, ce qui fait que les majors prussiens voulaient quand même savoir à qui ils avaient affaire. M'interrogeant sur le portinier immédiat du perclorure de fer, pour arrêter l'hémorragie, je leur conseillais de préférence une application de neige en attendant que le blessé fût transporté à l'ambulance. À partir de ce moment-là, les Prussiens ne m'appellèrent plus que Monsieur le docteur Elle avait prouvé ses compétences, donc peu importe qu'elle soit plus ou moins androgyne, aux yeux des Prussiens, elle avait passé son examen de passage et elle était reconnue. La guerre terminée, elle reprend son bureau de poste à la marche, et elle reste deux ans à son poste en faisant preuve d'un dévouement exemplaire auprès de la population locale. Avec la disparition des services publics dans les milieux ruraux, les personnages importants, c'était le maire, le curé. l'instituteur et le receveur des postes. Elle est fatiguée, donc elle demande d'échanger son poste contre un bureau de tabac. Elle est nommée à Pont-à-Mousson, donc elle est en zone française. Elle continuera un petit peu son activité, mais trop fatiguée, elle ira à l'hospice pour finir ses jours. Elle meurt le 14 janvier 1909. à l'hospice de Saint-Nicolas de Port. Elle est enterrée deux jours après, selon la coutume funéraire, au cimetière de Saint-Nicolas de Port. Le Souvenir français mettra une plaque et entretiendra la sépulture de Marie-Antoinette Lix à l'ancien cimetière d'abord, et de nos jours dans le nouveau cimetière de Saint-Nicolas de Port. Son rôle est important dans l'histoire, mais pas seulement le sien. En fait, il s'agit du rôle de toutes les femmes qui ont intégré de façon volontaire l'armée et de celles qui ont aidé aussi. On oublie trop que la plupart des femmes qui ont pris la place des hommes à des fonctions administratives... Il y a Louise de Beaulieu, Victorine Brochet, Coralie Cahen, qui elle, était une infirmière diplômée. Il y avait Marie Favier, la mère Jartou. Toutes ces femmes-là sont passées à la trappe, en dehors de Juliette Dedu, qui elle a été à la fois combattante, infirmière, elle n'a pas été cantinière, mais elle a fait son devoir jusqu'au bout, avec les autres. Elle est, à mes yeux, la chef de file de toutes ces femmes. qui ont combattu. On oublie trop que ce n'était pas des centaines, c'était des milliers de femmes. Celles qui ont donné des renseignements, celles qui ont détourné des dépêches, celles qui ont brûlé des courriers, et celles qui ont combattu, et celles qui ont travaillé comme vivandières, c'est-à-dire qui nourrissaient les hommes. Toutes celles-là, on les a oubliées. Elle est aussi emblématique que Joséphine Bacquer. Elle mérite le Panthéon. Pour moi, le fait de s'engager... Pour la nation, c'est le fait que tout le monde puisse vivre en harmonie dans une nation équilibrée, citoyenne, avec des idées différentes. Si j'avais un mot à lui dire, c'est merci.

  • Voix-off

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

Description

Jean-François DECRAENE, historien et spécialiste de la Guerre franco-prussienne de 1870-1871 raconte au micro du Souvenir Français l’histoire de Marie-Antoinette LIX.  Oubliée du grand public, celle qu’on surnommait “Tony” s’engagea durant la guerre de 1870-1871 alors même que les femmes n’avaient pas le droit de combattre en tant qu’officier. Elle dû se travestir pour mener ses hommes à la victoire. Découvrez le destin extraordinaire de cette alsacienne qui a combattu pour défendre sa région et ses valeurs.


ls sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.



Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :

Site internet : www.le-souvenir-francais.fr 

Instagram : www.instagram.com/lesouvenirfrancaisofficiel 

Facebook : www.facebook.com/LeSFofficiel/ 

Linkedin : https://fr.linkedin.com/company/le-souvenir-fran-ais-si-ge 

X : https://x.com/SF_Siege 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jean-François

    Son rôle est important dans l'histoire, mais pas seulement le sien. Il s'agit du rôle de toutes les femmes qui ont intégré de façon volontaire l'armée et de celles qui ont aidé aussi.

  • Voix-off

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. Marie-Antoinette par Jean-François, s'engager en tant que femme en 1870.

  • Jean-François

    Je m'appelle Jean-François Lecrenne, j'ai 83 ans, je suis retraité depuis une vingtaine d'années. Je suis un ancien instituteur de l'instruction publique de l'inspection académique de Versailles. Malheureusement, j'ai été obligé de quitter l'enseignement au moment de la guerre d'Algérie. Et à mon retour, je me suis spécialisé dans les industries agroalimentaires, ce qui m'a permis d'écrire d'ailleurs mon premier ouvrage sur les habitudes alimentaires des Français. J'ai continué mes études d'histoire pour pouvoir devenir historien en fin de parcours. Je me consacre maintenant entièrement à la mémoire, grâce justement à l'aide du Souvenir français, avec lequel je participe à la valorisation à la fois des combattants, mais aussi des combattantes. Mes études d'histoire m'ont appris que les femmes sont à chaque fois écartées, y compris sur le plan scientifique, de la notoriété qui leur est confisquée la plupart du temps par des hommes. Je suis un homme militant féministe. Avec le Souvenir français, je produis une série d'ouvrages qui s'appelle Gloria Victis, qui est consacrée à la guerre de 1870-71, qui est complètement oubliée des Français et qui a surtout été occultée par la perte de l'Alsace et de la Lorraine. C'est un travail absolument titanesque de faire le recensement département par département de tous les lieux de mémoire qui rappellent les combats et les conséquences des combats. Sur les 140 000 morts, je me suis aperçu qu'il y avait énormément de femmes qui étaient mortes sur les champs de bataille. Et pas seulement comme ambulancières, comme infirmières ou comme cantinières. Elles étaient mortes aussi comme combattantes. Et donc leur sort m'a intéressé. Et j'ai choisi une femme qui me paraît très emblématique, bien qu'il y en ait d'autres, qui est Primaire Antoine Atlix. parce qu'elle est représentante à la fois de ces Alsaciennes qui ont choisi de rester français et donc qui est morte en Meurthe-et-Moselle, c'est-à-dire du côté français. Elle est issue d'une classe sociale relativement aisée, alors que la plupart des combattantes étaient surtout des patriotes, qui étaient des classes sociales plutôt rurales, citadines inférieures et domestiques ou autres. Ma première rencontre avec Marie-Antoinette, ça a été au cours d'une visite au musée de l'armée, qui était une exposition qui anticipait sur le 150e anniversaire de la guerre de 1870-71. Je tombe sur l'exposition de l'épée d'honneur qui avait été offerte à Marie-Antoinette Lix par les dames de la haute société de Colmar et de Strasbourg. Et je me suis dit, tiens, je ne connais pas cette femme, comment se fait-il ? que le musée de l'armée lui-même expose cette épée, alors que le musée de l'armée, habituellement, c'est plutôt des objets consacrés à des grands officiers, à des grands militaires qui ont servi la patrie. Et quand on détaille l'épée, ce qu'on voit, c'est qu'il y a un beau mot en argent qui est ouvragé avec la représentation de l'Alsace et de la Lorraine, avec sur la lame gravée les Alsaciens, alors vaillantes compatriotes, en souvenir de la guerre de 1870. 1871. Sur le bas de la garde, il y a les initiales AL. Et les initiales AL, c'est Alsace-Lorraine, mais en même temps, c'est confondu Antoinette-Lix, parce que son vrai prénom, c'est Marie-Antoinette-Lix. Marie-Antoinette est née à Colmar, le 31 mai 1839. Elle est élevée... Et par son père, puisqu'elle est orpheline de mère à 4 ans, elle était élevée avec son frère Antoine-Michel Lix comme un garçon. C'est-à-dire que le père, qui était un militaire de carrière du XIXe siècle, avec la mentalité de l'époque, a considéré que sa fille était intelligente, mais qu'il fallait qu'elle sache combattre et faire du cheval. Et donc elle reçoit en plus un diminutif. Son père, pour bien la masculiniser, l'appelle Tony, et lui donne une éducation militaire, l'habille en garçon, et lui fait faire du cheval. Mais il ne faut pas rêver non plus, il faut qu'elle ait une éducation qui tienne la route. Son père l'envoie à la divine providence de Ribovillé pour faire des études, et pour faire juste que ses humanités. Donc à 17 ans, Antoinette parle et écrit le français. Elle parle aussi le Hordeutsch, qui est le mausolan, qui est la langue locale. Et elle parle l'anglais. Avec ce soviétique intellectuel, elle passe le certificat de capacité en 1857. Donc elle a ce diplôme qui va lui permettre d'être préceptrice pour des familles assez fortunées. Et les sœurs de la Providence proposent un poste en Pologne, à Varsovie. Elle devient préceptrice de la nièce de la comtesse Libyanska dans la famille Libyansky à Varsovie. Au moment de l'insurrection de 1863 contre l'occupant russe, puisque à ce moment-là la Pologne était sous obédience russe, Elle s'engagera dans l'armée polonaise comme lieutenant. Elle s'engage à 24 ans. Elle savait combattre à pied, à l'épée, à cheval, et elle était une cavalière émérite. Et elle avait des idées avancées, des idées de liberté. Elle avait décidé de rester éventuellement en Pologne. On ne lui connaît aucune liaison masculine. Ça ne faisait pas partie de ses préoccupations. En revanche, elle voulait rester et enseigner éventuellement le français dans une haute société où on parlait déjà beaucoup français. On oublie trop que la bourgeoisie d'Europe centrale et d'Europe de l'Est parlait le français. Le fait qu'elle participe à la révolution polonaise fait qu'elle est en contact avec les Russes et à un moment donné, elle est faite prisonnière. Personne dans l'armée polonaise ne savait qu'elle était... Une fille, elle était habillée en homme, elle avait une poitrine relativement plate, ce qui lui permettait d'échapper au contrôle. Et lorsqu'elle est blessée sur le champ de bataille, elle a été protégée par une des sœurs de la Providence, qui était une de ses amies qui l'avait suivie en Pologne, qui l'a soignée. On n'a pas su qu'elle était une femme. En revanche, lorsqu'elle a été prisonnière par les Russes, on commence par les déshabiller complètement, et on s'est aperçu que c'était une femme. Et à ce moment-là, elle a fait valoir le fait qu'elle était française. Les Russes l'ont expulsée vers l'Allemagne, et elle est allée à Dresde, dans une famille qui était en lien avec la famille Lubyansky. Elle a profité de son séjour à Dresde pour faire des études de médecine, parce qu'elle voulait passer un doctorat en médecine. Une femme qui passe un doctorat en médecine à cette époque-là, il y a pas mal de freins. Donc elle est devenue quand même experte en médecine. Elle quitte Dresde pour revenir en France. Dans sa région d'origine, l'Alsace et la Lorraine, à ce moment-là qui est encore française, elle s'installe à La Marche, où elle obtient grâce à ses diplômes un poste de receveuse des postes. Et au moment du conflit, elle décide de s'engager. Le contexte global de la guerre de 1870-71, c'est en fait un contexte européen. Ce n'est pas un contexte exclusivement franco-allemand. Bismarck, qui est chancelier de Prusse auprès de son roi Guillaume, avait décidé de faire l'unité allemande après la destruction du Saint-Empire romain germanique. Bismarck, lui, était germanocentriste. La Prusse doit être l'artisan de l'unité allemande d'abord, et on verra pour l'Europe ensuite. Donc, ils commencent de faire la guerre au Danemark pour récupérer le Schleswig et le Stein, qui étaient des provinces qui étaient administrées en commun avec le Danemark et l'Allemagne. Donc, ils récupèrent une partie des provinces, ils gagnent la guerre. Donc, ils se retournent contre l'Autriche et la fédération germanique du Sud pour créer une confédération germanique sous l'autorité de la Prusse. contre l'Autriche. Il avait l'idée de rattacher les provinces germanophones qui étaient à la France depuis Louis XIV. Parce que ces provinces étaient germanophones d'abord et faisaient partie de la fédération allemande qui a précédé les guerres, et particulièrement les guerres de Louis XIV. Ce qui se passe, c'est qu'il n'obtient pas dans un premier temps le fait que la France entre en belligérance. Ce qui était intéressant pour lui, c'est qu'il ne soit pas l'agresseur. Et pour ne pas être l'agresseur, dans les échanges de correspondance qu'il y a entre la France et l'Allemagne, il y a un prétexte. Isabelle d'Espagne est déposée par les Espagnols et la succession au trône d'Espagne se présente. Immédiatement, la Prusse présente un Hohenzollern. comme prétendant au trône d'Espagne. Et ça, la France ne pouvait pas le supporter, parce que ça voulait dire qu'il y aurait un germanophile qui serait au sud, et donc qui risquerait de faire éclater le traité de Vienne, où on avait le roussillon qui était rattaché à la France par Louis XIV. À ce moment-là, Napoléon III envoie des missives et des échanges de correspondance avec Benedetti, qui était son représentant auprès de l'Allemagne, pour demander de façon... diplomatique qu'on retire la candidature d'un Hohenzollern. Le roi de Prusse accepte de retirer cette candidature, mais Bismarck fait l'échange de correspondance de telle façon à ce que la France soit diplomatiquement humiliée. Résultat de l'opération, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Donc elle reprend son uniforme, elle se travestit en homme, bien que des femmes puissent à cette époque-là combattre dans l'armée à partir du moment où elles en avaient les capacités. Quand elle décide d'être volontaire pour l'armée des Vosges, c'est-à-dire dans les cavaliers de la marche, Elle crée à l'intérieur de son village, sur demande bien sûr de volontariat de la République, et à ce moment-là elle se travestit en homme pour pouvoir être élue officier. Parce qu'une femme ne pouvait pas être officier. Pour la garde mobile, les officiers étaient élus par leurs hommes. Pas toujours dire qu'ils étaient compétents. Mais bon, c'était l'époque pour les gardes mobiles, pas pour l'armée de professionnels. Parce que la conscription a été imposée par la République. Avant, c'était une armée de métiers où les hommes étaient recrutés par tirage au sort. Les lois militaires n'étaient pas du tout les mêmes que de nos jours. Elle est élue officier par ses soldats et à ce moment-là, elle participe au combat. Les combats auxquels elle participe, dans la région qui est autour de Nancy, du côté des Vosges, sont des combats finalement d'arrière-garde, parce qu'on oublie trop que tous les combats ont été quasiment des défaites. Au cours de la bataille de la marche, elle voit que ses hommes se débandent, elle les récupère et elle fait quand même 400 morts, blessés, prisonniers, contre les troupes. du général Badoit, du bas de Württemberg. C'est quand même un exploit important pour d'abord un petit groupe d'hommes. C'était des cavaliers qui étaient quand même très aguerris, et avec une femme qui était un officier qui était lui-même aguerri. D'ailleurs, le 14 décembre 1870, dans une lettre publiée par le front-tireur de Neuilly, témoin oculaire, je lis, elle crie à ses hommes Allons, messieurs, debout ! disait-elle. C'est la tête haute que les Français doivent saluer les balles. Le combat perdu, elle pense les blessés qui sont tombés autour d'elle après avoir donné l'exemple, sans se soucier du danger. Après le repli d'une partie des troupes, sa compagnie s'est enfondue dans les troupes garibaldiennes de l'armée des Vosges. Elle se retire pour se consacrer exclusivement aux soins des blessés. Ce texte est publié dans l'Industrie à l'Asassin du 14 décembre 1870. Les combats vont se poursuivre plus loin. Elle décide là de se démobiliser, alors qu'elle s'était engagée pour le temps de la guerre, mais elle continue son engagement sous une autre forme, puisqu'elle était diplômée de médecine de la faculté de Dresde. Elle décide qu'elle sera... plus utile, d'autant que c'est une femme intelligente. L'armistice n'est pas proclamée et la paix de Francfort n'est pas signée. Donc, elle continue à soigner les blessés en zone allemande. Elle dit Après l'arrêt des combats, un de nos blessés étant resté entre les mains de l'ennemi... Pour arriver au malheureux, je dus longer toute la colonne prussienne et me frayer un passage à travers la neige qui, à certains endroits, atteignait près d'un mètre de hauteur. Il n'y avait pas de changement climatique à cette époque-là. Enfin, je trouvais celui que je cherchais, étendu sous un arbre et entouré de médecins militaires allemands. Qui êtes-vous ? me dirent-ils. Aide-major répondis-je. Ils me regardèrent incrédule, puis ils me firent passer une sorte d'examen. Elle était habillée, bien sûr, en homme, en médecin masculin, mais avec une voix un peu fluette, ce qui fait que les majors prussiens voulaient quand même savoir à qui ils avaient affaire. M'interrogeant sur le portinier immédiat du perclorure de fer, pour arrêter l'hémorragie, je leur conseillais de préférence une application de neige en attendant que le blessé fût transporté à l'ambulance. À partir de ce moment-là, les Prussiens ne m'appellèrent plus que Monsieur le docteur Elle avait prouvé ses compétences, donc peu importe qu'elle soit plus ou moins androgyne, aux yeux des Prussiens, elle avait passé son examen de passage et elle était reconnue. La guerre terminée, elle reprend son bureau de poste à la marche, et elle reste deux ans à son poste en faisant preuve d'un dévouement exemplaire auprès de la population locale. Avec la disparition des services publics dans les milieux ruraux, les personnages importants, c'était le maire, le curé. l'instituteur et le receveur des postes. Elle est fatiguée, donc elle demande d'échanger son poste contre un bureau de tabac. Elle est nommée à Pont-à-Mousson, donc elle est en zone française. Elle continuera un petit peu son activité, mais trop fatiguée, elle ira à l'hospice pour finir ses jours. Elle meurt le 14 janvier 1909. à l'hospice de Saint-Nicolas de Port. Elle est enterrée deux jours après, selon la coutume funéraire, au cimetière de Saint-Nicolas de Port. Le Souvenir français mettra une plaque et entretiendra la sépulture de Marie-Antoinette Lix à l'ancien cimetière d'abord, et de nos jours dans le nouveau cimetière de Saint-Nicolas de Port. Son rôle est important dans l'histoire, mais pas seulement le sien. En fait, il s'agit du rôle de toutes les femmes qui ont intégré de façon volontaire l'armée et de celles qui ont aidé aussi. On oublie trop que la plupart des femmes qui ont pris la place des hommes à des fonctions administratives... Il y a Louise de Beaulieu, Victorine Brochet, Coralie Cahen, qui elle, était une infirmière diplômée. Il y avait Marie Favier, la mère Jartou. Toutes ces femmes-là sont passées à la trappe, en dehors de Juliette Dedu, qui elle a été à la fois combattante, infirmière, elle n'a pas été cantinière, mais elle a fait son devoir jusqu'au bout, avec les autres. Elle est, à mes yeux, la chef de file de toutes ces femmes. qui ont combattu. On oublie trop que ce n'était pas des centaines, c'était des milliers de femmes. Celles qui ont donné des renseignements, celles qui ont détourné des dépêches, celles qui ont brûlé des courriers, et celles qui ont combattu, et celles qui ont travaillé comme vivandières, c'est-à-dire qui nourrissaient les hommes. Toutes celles-là, on les a oubliées. Elle est aussi emblématique que Joséphine Bacquer. Elle mérite le Panthéon. Pour moi, le fait de s'engager... Pour la nation, c'est le fait que tout le monde puisse vivre en harmonie dans une nation équilibrée, citoyenne, avec des idées différentes. Si j'avais un mot à lui dire, c'est merci.

  • Voix-off

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

Share

Embed

You may also like

Description

Jean-François DECRAENE, historien et spécialiste de la Guerre franco-prussienne de 1870-1871 raconte au micro du Souvenir Français l’histoire de Marie-Antoinette LIX.  Oubliée du grand public, celle qu’on surnommait “Tony” s’engagea durant la guerre de 1870-1871 alors même que les femmes n’avaient pas le droit de combattre en tant qu’officier. Elle dû se travestir pour mener ses hommes à la victoire. Découvrez le destin extraordinaire de cette alsacienne qui a combattu pour défendre sa région et ses valeurs.


ls sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.



Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :

Site internet : www.le-souvenir-francais.fr 

Instagram : www.instagram.com/lesouvenirfrancaisofficiel 

Facebook : www.facebook.com/LeSFofficiel/ 

Linkedin : https://fr.linkedin.com/company/le-souvenir-fran-ais-si-ge 

X : https://x.com/SF_Siege 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jean-François

    Son rôle est important dans l'histoire, mais pas seulement le sien. Il s'agit du rôle de toutes les femmes qui ont intégré de façon volontaire l'armée et de celles qui ont aidé aussi.

  • Voix-off

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. Marie-Antoinette par Jean-François, s'engager en tant que femme en 1870.

  • Jean-François

    Je m'appelle Jean-François Lecrenne, j'ai 83 ans, je suis retraité depuis une vingtaine d'années. Je suis un ancien instituteur de l'instruction publique de l'inspection académique de Versailles. Malheureusement, j'ai été obligé de quitter l'enseignement au moment de la guerre d'Algérie. Et à mon retour, je me suis spécialisé dans les industries agroalimentaires, ce qui m'a permis d'écrire d'ailleurs mon premier ouvrage sur les habitudes alimentaires des Français. J'ai continué mes études d'histoire pour pouvoir devenir historien en fin de parcours. Je me consacre maintenant entièrement à la mémoire, grâce justement à l'aide du Souvenir français, avec lequel je participe à la valorisation à la fois des combattants, mais aussi des combattantes. Mes études d'histoire m'ont appris que les femmes sont à chaque fois écartées, y compris sur le plan scientifique, de la notoriété qui leur est confisquée la plupart du temps par des hommes. Je suis un homme militant féministe. Avec le Souvenir français, je produis une série d'ouvrages qui s'appelle Gloria Victis, qui est consacrée à la guerre de 1870-71, qui est complètement oubliée des Français et qui a surtout été occultée par la perte de l'Alsace et de la Lorraine. C'est un travail absolument titanesque de faire le recensement département par département de tous les lieux de mémoire qui rappellent les combats et les conséquences des combats. Sur les 140 000 morts, je me suis aperçu qu'il y avait énormément de femmes qui étaient mortes sur les champs de bataille. Et pas seulement comme ambulancières, comme infirmières ou comme cantinières. Elles étaient mortes aussi comme combattantes. Et donc leur sort m'a intéressé. Et j'ai choisi une femme qui me paraît très emblématique, bien qu'il y en ait d'autres, qui est Primaire Antoine Atlix. parce qu'elle est représentante à la fois de ces Alsaciennes qui ont choisi de rester français et donc qui est morte en Meurthe-et-Moselle, c'est-à-dire du côté français. Elle est issue d'une classe sociale relativement aisée, alors que la plupart des combattantes étaient surtout des patriotes, qui étaient des classes sociales plutôt rurales, citadines inférieures et domestiques ou autres. Ma première rencontre avec Marie-Antoinette, ça a été au cours d'une visite au musée de l'armée, qui était une exposition qui anticipait sur le 150e anniversaire de la guerre de 1870-71. Je tombe sur l'exposition de l'épée d'honneur qui avait été offerte à Marie-Antoinette Lix par les dames de la haute société de Colmar et de Strasbourg. Et je me suis dit, tiens, je ne connais pas cette femme, comment se fait-il ? que le musée de l'armée lui-même expose cette épée, alors que le musée de l'armée, habituellement, c'est plutôt des objets consacrés à des grands officiers, à des grands militaires qui ont servi la patrie. Et quand on détaille l'épée, ce qu'on voit, c'est qu'il y a un beau mot en argent qui est ouvragé avec la représentation de l'Alsace et de la Lorraine, avec sur la lame gravée les Alsaciens, alors vaillantes compatriotes, en souvenir de la guerre de 1870. 1871. Sur le bas de la garde, il y a les initiales AL. Et les initiales AL, c'est Alsace-Lorraine, mais en même temps, c'est confondu Antoinette-Lix, parce que son vrai prénom, c'est Marie-Antoinette-Lix. Marie-Antoinette est née à Colmar, le 31 mai 1839. Elle est élevée... Et par son père, puisqu'elle est orpheline de mère à 4 ans, elle était élevée avec son frère Antoine-Michel Lix comme un garçon. C'est-à-dire que le père, qui était un militaire de carrière du XIXe siècle, avec la mentalité de l'époque, a considéré que sa fille était intelligente, mais qu'il fallait qu'elle sache combattre et faire du cheval. Et donc elle reçoit en plus un diminutif. Son père, pour bien la masculiniser, l'appelle Tony, et lui donne une éducation militaire, l'habille en garçon, et lui fait faire du cheval. Mais il ne faut pas rêver non plus, il faut qu'elle ait une éducation qui tienne la route. Son père l'envoie à la divine providence de Ribovillé pour faire des études, et pour faire juste que ses humanités. Donc à 17 ans, Antoinette parle et écrit le français. Elle parle aussi le Hordeutsch, qui est le mausolan, qui est la langue locale. Et elle parle l'anglais. Avec ce soviétique intellectuel, elle passe le certificat de capacité en 1857. Donc elle a ce diplôme qui va lui permettre d'être préceptrice pour des familles assez fortunées. Et les sœurs de la Providence proposent un poste en Pologne, à Varsovie. Elle devient préceptrice de la nièce de la comtesse Libyanska dans la famille Libyansky à Varsovie. Au moment de l'insurrection de 1863 contre l'occupant russe, puisque à ce moment-là la Pologne était sous obédience russe, Elle s'engagera dans l'armée polonaise comme lieutenant. Elle s'engage à 24 ans. Elle savait combattre à pied, à l'épée, à cheval, et elle était une cavalière émérite. Et elle avait des idées avancées, des idées de liberté. Elle avait décidé de rester éventuellement en Pologne. On ne lui connaît aucune liaison masculine. Ça ne faisait pas partie de ses préoccupations. En revanche, elle voulait rester et enseigner éventuellement le français dans une haute société où on parlait déjà beaucoup français. On oublie trop que la bourgeoisie d'Europe centrale et d'Europe de l'Est parlait le français. Le fait qu'elle participe à la révolution polonaise fait qu'elle est en contact avec les Russes et à un moment donné, elle est faite prisonnière. Personne dans l'armée polonaise ne savait qu'elle était... Une fille, elle était habillée en homme, elle avait une poitrine relativement plate, ce qui lui permettait d'échapper au contrôle. Et lorsqu'elle est blessée sur le champ de bataille, elle a été protégée par une des sœurs de la Providence, qui était une de ses amies qui l'avait suivie en Pologne, qui l'a soignée. On n'a pas su qu'elle était une femme. En revanche, lorsqu'elle a été prisonnière par les Russes, on commence par les déshabiller complètement, et on s'est aperçu que c'était une femme. Et à ce moment-là, elle a fait valoir le fait qu'elle était française. Les Russes l'ont expulsée vers l'Allemagne, et elle est allée à Dresde, dans une famille qui était en lien avec la famille Lubyansky. Elle a profité de son séjour à Dresde pour faire des études de médecine, parce qu'elle voulait passer un doctorat en médecine. Une femme qui passe un doctorat en médecine à cette époque-là, il y a pas mal de freins. Donc elle est devenue quand même experte en médecine. Elle quitte Dresde pour revenir en France. Dans sa région d'origine, l'Alsace et la Lorraine, à ce moment-là qui est encore française, elle s'installe à La Marche, où elle obtient grâce à ses diplômes un poste de receveuse des postes. Et au moment du conflit, elle décide de s'engager. Le contexte global de la guerre de 1870-71, c'est en fait un contexte européen. Ce n'est pas un contexte exclusivement franco-allemand. Bismarck, qui est chancelier de Prusse auprès de son roi Guillaume, avait décidé de faire l'unité allemande après la destruction du Saint-Empire romain germanique. Bismarck, lui, était germanocentriste. La Prusse doit être l'artisan de l'unité allemande d'abord, et on verra pour l'Europe ensuite. Donc, ils commencent de faire la guerre au Danemark pour récupérer le Schleswig et le Stein, qui étaient des provinces qui étaient administrées en commun avec le Danemark et l'Allemagne. Donc, ils récupèrent une partie des provinces, ils gagnent la guerre. Donc, ils se retournent contre l'Autriche et la fédération germanique du Sud pour créer une confédération germanique sous l'autorité de la Prusse. contre l'Autriche. Il avait l'idée de rattacher les provinces germanophones qui étaient à la France depuis Louis XIV. Parce que ces provinces étaient germanophones d'abord et faisaient partie de la fédération allemande qui a précédé les guerres, et particulièrement les guerres de Louis XIV. Ce qui se passe, c'est qu'il n'obtient pas dans un premier temps le fait que la France entre en belligérance. Ce qui était intéressant pour lui, c'est qu'il ne soit pas l'agresseur. Et pour ne pas être l'agresseur, dans les échanges de correspondance qu'il y a entre la France et l'Allemagne, il y a un prétexte. Isabelle d'Espagne est déposée par les Espagnols et la succession au trône d'Espagne se présente. Immédiatement, la Prusse présente un Hohenzollern. comme prétendant au trône d'Espagne. Et ça, la France ne pouvait pas le supporter, parce que ça voulait dire qu'il y aurait un germanophile qui serait au sud, et donc qui risquerait de faire éclater le traité de Vienne, où on avait le roussillon qui était rattaché à la France par Louis XIV. À ce moment-là, Napoléon III envoie des missives et des échanges de correspondance avec Benedetti, qui était son représentant auprès de l'Allemagne, pour demander de façon... diplomatique qu'on retire la candidature d'un Hohenzollern. Le roi de Prusse accepte de retirer cette candidature, mais Bismarck fait l'échange de correspondance de telle façon à ce que la France soit diplomatiquement humiliée. Résultat de l'opération, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Donc elle reprend son uniforme, elle se travestit en homme, bien que des femmes puissent à cette époque-là combattre dans l'armée à partir du moment où elles en avaient les capacités. Quand elle décide d'être volontaire pour l'armée des Vosges, c'est-à-dire dans les cavaliers de la marche, Elle crée à l'intérieur de son village, sur demande bien sûr de volontariat de la République, et à ce moment-là elle se travestit en homme pour pouvoir être élue officier. Parce qu'une femme ne pouvait pas être officier. Pour la garde mobile, les officiers étaient élus par leurs hommes. Pas toujours dire qu'ils étaient compétents. Mais bon, c'était l'époque pour les gardes mobiles, pas pour l'armée de professionnels. Parce que la conscription a été imposée par la République. Avant, c'était une armée de métiers où les hommes étaient recrutés par tirage au sort. Les lois militaires n'étaient pas du tout les mêmes que de nos jours. Elle est élue officier par ses soldats et à ce moment-là, elle participe au combat. Les combats auxquels elle participe, dans la région qui est autour de Nancy, du côté des Vosges, sont des combats finalement d'arrière-garde, parce qu'on oublie trop que tous les combats ont été quasiment des défaites. Au cours de la bataille de la marche, elle voit que ses hommes se débandent, elle les récupère et elle fait quand même 400 morts, blessés, prisonniers, contre les troupes. du général Badoit, du bas de Württemberg. C'est quand même un exploit important pour d'abord un petit groupe d'hommes. C'était des cavaliers qui étaient quand même très aguerris, et avec une femme qui était un officier qui était lui-même aguerri. D'ailleurs, le 14 décembre 1870, dans une lettre publiée par le front-tireur de Neuilly, témoin oculaire, je lis, elle crie à ses hommes Allons, messieurs, debout ! disait-elle. C'est la tête haute que les Français doivent saluer les balles. Le combat perdu, elle pense les blessés qui sont tombés autour d'elle après avoir donné l'exemple, sans se soucier du danger. Après le repli d'une partie des troupes, sa compagnie s'est enfondue dans les troupes garibaldiennes de l'armée des Vosges. Elle se retire pour se consacrer exclusivement aux soins des blessés. Ce texte est publié dans l'Industrie à l'Asassin du 14 décembre 1870. Les combats vont se poursuivre plus loin. Elle décide là de se démobiliser, alors qu'elle s'était engagée pour le temps de la guerre, mais elle continue son engagement sous une autre forme, puisqu'elle était diplômée de médecine de la faculté de Dresde. Elle décide qu'elle sera... plus utile, d'autant que c'est une femme intelligente. L'armistice n'est pas proclamée et la paix de Francfort n'est pas signée. Donc, elle continue à soigner les blessés en zone allemande. Elle dit Après l'arrêt des combats, un de nos blessés étant resté entre les mains de l'ennemi... Pour arriver au malheureux, je dus longer toute la colonne prussienne et me frayer un passage à travers la neige qui, à certains endroits, atteignait près d'un mètre de hauteur. Il n'y avait pas de changement climatique à cette époque-là. Enfin, je trouvais celui que je cherchais, étendu sous un arbre et entouré de médecins militaires allemands. Qui êtes-vous ? me dirent-ils. Aide-major répondis-je. Ils me regardèrent incrédule, puis ils me firent passer une sorte d'examen. Elle était habillée, bien sûr, en homme, en médecin masculin, mais avec une voix un peu fluette, ce qui fait que les majors prussiens voulaient quand même savoir à qui ils avaient affaire. M'interrogeant sur le portinier immédiat du perclorure de fer, pour arrêter l'hémorragie, je leur conseillais de préférence une application de neige en attendant que le blessé fût transporté à l'ambulance. À partir de ce moment-là, les Prussiens ne m'appellèrent plus que Monsieur le docteur Elle avait prouvé ses compétences, donc peu importe qu'elle soit plus ou moins androgyne, aux yeux des Prussiens, elle avait passé son examen de passage et elle était reconnue. La guerre terminée, elle reprend son bureau de poste à la marche, et elle reste deux ans à son poste en faisant preuve d'un dévouement exemplaire auprès de la population locale. Avec la disparition des services publics dans les milieux ruraux, les personnages importants, c'était le maire, le curé. l'instituteur et le receveur des postes. Elle est fatiguée, donc elle demande d'échanger son poste contre un bureau de tabac. Elle est nommée à Pont-à-Mousson, donc elle est en zone française. Elle continuera un petit peu son activité, mais trop fatiguée, elle ira à l'hospice pour finir ses jours. Elle meurt le 14 janvier 1909. à l'hospice de Saint-Nicolas de Port. Elle est enterrée deux jours après, selon la coutume funéraire, au cimetière de Saint-Nicolas de Port. Le Souvenir français mettra une plaque et entretiendra la sépulture de Marie-Antoinette Lix à l'ancien cimetière d'abord, et de nos jours dans le nouveau cimetière de Saint-Nicolas de Port. Son rôle est important dans l'histoire, mais pas seulement le sien. En fait, il s'agit du rôle de toutes les femmes qui ont intégré de façon volontaire l'armée et de celles qui ont aidé aussi. On oublie trop que la plupart des femmes qui ont pris la place des hommes à des fonctions administratives... Il y a Louise de Beaulieu, Victorine Brochet, Coralie Cahen, qui elle, était une infirmière diplômée. Il y avait Marie Favier, la mère Jartou. Toutes ces femmes-là sont passées à la trappe, en dehors de Juliette Dedu, qui elle a été à la fois combattante, infirmière, elle n'a pas été cantinière, mais elle a fait son devoir jusqu'au bout, avec les autres. Elle est, à mes yeux, la chef de file de toutes ces femmes. qui ont combattu. On oublie trop que ce n'était pas des centaines, c'était des milliers de femmes. Celles qui ont donné des renseignements, celles qui ont détourné des dépêches, celles qui ont brûlé des courriers, et celles qui ont combattu, et celles qui ont travaillé comme vivandières, c'est-à-dire qui nourrissaient les hommes. Toutes celles-là, on les a oubliées. Elle est aussi emblématique que Joséphine Bacquer. Elle mérite le Panthéon. Pour moi, le fait de s'engager... Pour la nation, c'est le fait que tout le monde puisse vivre en harmonie dans une nation équilibrée, citoyenne, avec des idées différentes. Si j'avais un mot à lui dire, c'est merci.

  • Voix-off

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

Description

Jean-François DECRAENE, historien et spécialiste de la Guerre franco-prussienne de 1870-1871 raconte au micro du Souvenir Français l’histoire de Marie-Antoinette LIX.  Oubliée du grand public, celle qu’on surnommait “Tony” s’engagea durant la guerre de 1870-1871 alors même que les femmes n’avaient pas le droit de combattre en tant qu’officier. Elle dû se travestir pour mener ses hommes à la victoire. Découvrez le destin extraordinaire de cette alsacienne qui a combattu pour défendre sa région et ses valeurs.


ls sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.



Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :

Site internet : www.le-souvenir-francais.fr 

Instagram : www.instagram.com/lesouvenirfrancaisofficiel 

Facebook : www.facebook.com/LeSFofficiel/ 

Linkedin : https://fr.linkedin.com/company/le-souvenir-fran-ais-si-ge 

X : https://x.com/SF_Siege 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Jean-François

    Son rôle est important dans l'histoire, mais pas seulement le sien. Il s'agit du rôle de toutes les femmes qui ont intégré de façon volontaire l'armée et de celles qui ont aidé aussi.

  • Voix-off

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. Marie-Antoinette par Jean-François, s'engager en tant que femme en 1870.

  • Jean-François

    Je m'appelle Jean-François Lecrenne, j'ai 83 ans, je suis retraité depuis une vingtaine d'années. Je suis un ancien instituteur de l'instruction publique de l'inspection académique de Versailles. Malheureusement, j'ai été obligé de quitter l'enseignement au moment de la guerre d'Algérie. Et à mon retour, je me suis spécialisé dans les industries agroalimentaires, ce qui m'a permis d'écrire d'ailleurs mon premier ouvrage sur les habitudes alimentaires des Français. J'ai continué mes études d'histoire pour pouvoir devenir historien en fin de parcours. Je me consacre maintenant entièrement à la mémoire, grâce justement à l'aide du Souvenir français, avec lequel je participe à la valorisation à la fois des combattants, mais aussi des combattantes. Mes études d'histoire m'ont appris que les femmes sont à chaque fois écartées, y compris sur le plan scientifique, de la notoriété qui leur est confisquée la plupart du temps par des hommes. Je suis un homme militant féministe. Avec le Souvenir français, je produis une série d'ouvrages qui s'appelle Gloria Victis, qui est consacrée à la guerre de 1870-71, qui est complètement oubliée des Français et qui a surtout été occultée par la perte de l'Alsace et de la Lorraine. C'est un travail absolument titanesque de faire le recensement département par département de tous les lieux de mémoire qui rappellent les combats et les conséquences des combats. Sur les 140 000 morts, je me suis aperçu qu'il y avait énormément de femmes qui étaient mortes sur les champs de bataille. Et pas seulement comme ambulancières, comme infirmières ou comme cantinières. Elles étaient mortes aussi comme combattantes. Et donc leur sort m'a intéressé. Et j'ai choisi une femme qui me paraît très emblématique, bien qu'il y en ait d'autres, qui est Primaire Antoine Atlix. parce qu'elle est représentante à la fois de ces Alsaciennes qui ont choisi de rester français et donc qui est morte en Meurthe-et-Moselle, c'est-à-dire du côté français. Elle est issue d'une classe sociale relativement aisée, alors que la plupart des combattantes étaient surtout des patriotes, qui étaient des classes sociales plutôt rurales, citadines inférieures et domestiques ou autres. Ma première rencontre avec Marie-Antoinette, ça a été au cours d'une visite au musée de l'armée, qui était une exposition qui anticipait sur le 150e anniversaire de la guerre de 1870-71. Je tombe sur l'exposition de l'épée d'honneur qui avait été offerte à Marie-Antoinette Lix par les dames de la haute société de Colmar et de Strasbourg. Et je me suis dit, tiens, je ne connais pas cette femme, comment se fait-il ? que le musée de l'armée lui-même expose cette épée, alors que le musée de l'armée, habituellement, c'est plutôt des objets consacrés à des grands officiers, à des grands militaires qui ont servi la patrie. Et quand on détaille l'épée, ce qu'on voit, c'est qu'il y a un beau mot en argent qui est ouvragé avec la représentation de l'Alsace et de la Lorraine, avec sur la lame gravée les Alsaciens, alors vaillantes compatriotes, en souvenir de la guerre de 1870. 1871. Sur le bas de la garde, il y a les initiales AL. Et les initiales AL, c'est Alsace-Lorraine, mais en même temps, c'est confondu Antoinette-Lix, parce que son vrai prénom, c'est Marie-Antoinette-Lix. Marie-Antoinette est née à Colmar, le 31 mai 1839. Elle est élevée... Et par son père, puisqu'elle est orpheline de mère à 4 ans, elle était élevée avec son frère Antoine-Michel Lix comme un garçon. C'est-à-dire que le père, qui était un militaire de carrière du XIXe siècle, avec la mentalité de l'époque, a considéré que sa fille était intelligente, mais qu'il fallait qu'elle sache combattre et faire du cheval. Et donc elle reçoit en plus un diminutif. Son père, pour bien la masculiniser, l'appelle Tony, et lui donne une éducation militaire, l'habille en garçon, et lui fait faire du cheval. Mais il ne faut pas rêver non plus, il faut qu'elle ait une éducation qui tienne la route. Son père l'envoie à la divine providence de Ribovillé pour faire des études, et pour faire juste que ses humanités. Donc à 17 ans, Antoinette parle et écrit le français. Elle parle aussi le Hordeutsch, qui est le mausolan, qui est la langue locale. Et elle parle l'anglais. Avec ce soviétique intellectuel, elle passe le certificat de capacité en 1857. Donc elle a ce diplôme qui va lui permettre d'être préceptrice pour des familles assez fortunées. Et les sœurs de la Providence proposent un poste en Pologne, à Varsovie. Elle devient préceptrice de la nièce de la comtesse Libyanska dans la famille Libyansky à Varsovie. Au moment de l'insurrection de 1863 contre l'occupant russe, puisque à ce moment-là la Pologne était sous obédience russe, Elle s'engagera dans l'armée polonaise comme lieutenant. Elle s'engage à 24 ans. Elle savait combattre à pied, à l'épée, à cheval, et elle était une cavalière émérite. Et elle avait des idées avancées, des idées de liberté. Elle avait décidé de rester éventuellement en Pologne. On ne lui connaît aucune liaison masculine. Ça ne faisait pas partie de ses préoccupations. En revanche, elle voulait rester et enseigner éventuellement le français dans une haute société où on parlait déjà beaucoup français. On oublie trop que la bourgeoisie d'Europe centrale et d'Europe de l'Est parlait le français. Le fait qu'elle participe à la révolution polonaise fait qu'elle est en contact avec les Russes et à un moment donné, elle est faite prisonnière. Personne dans l'armée polonaise ne savait qu'elle était... Une fille, elle était habillée en homme, elle avait une poitrine relativement plate, ce qui lui permettait d'échapper au contrôle. Et lorsqu'elle est blessée sur le champ de bataille, elle a été protégée par une des sœurs de la Providence, qui était une de ses amies qui l'avait suivie en Pologne, qui l'a soignée. On n'a pas su qu'elle était une femme. En revanche, lorsqu'elle a été prisonnière par les Russes, on commence par les déshabiller complètement, et on s'est aperçu que c'était une femme. Et à ce moment-là, elle a fait valoir le fait qu'elle était française. Les Russes l'ont expulsée vers l'Allemagne, et elle est allée à Dresde, dans une famille qui était en lien avec la famille Lubyansky. Elle a profité de son séjour à Dresde pour faire des études de médecine, parce qu'elle voulait passer un doctorat en médecine. Une femme qui passe un doctorat en médecine à cette époque-là, il y a pas mal de freins. Donc elle est devenue quand même experte en médecine. Elle quitte Dresde pour revenir en France. Dans sa région d'origine, l'Alsace et la Lorraine, à ce moment-là qui est encore française, elle s'installe à La Marche, où elle obtient grâce à ses diplômes un poste de receveuse des postes. Et au moment du conflit, elle décide de s'engager. Le contexte global de la guerre de 1870-71, c'est en fait un contexte européen. Ce n'est pas un contexte exclusivement franco-allemand. Bismarck, qui est chancelier de Prusse auprès de son roi Guillaume, avait décidé de faire l'unité allemande après la destruction du Saint-Empire romain germanique. Bismarck, lui, était germanocentriste. La Prusse doit être l'artisan de l'unité allemande d'abord, et on verra pour l'Europe ensuite. Donc, ils commencent de faire la guerre au Danemark pour récupérer le Schleswig et le Stein, qui étaient des provinces qui étaient administrées en commun avec le Danemark et l'Allemagne. Donc, ils récupèrent une partie des provinces, ils gagnent la guerre. Donc, ils se retournent contre l'Autriche et la fédération germanique du Sud pour créer une confédération germanique sous l'autorité de la Prusse. contre l'Autriche. Il avait l'idée de rattacher les provinces germanophones qui étaient à la France depuis Louis XIV. Parce que ces provinces étaient germanophones d'abord et faisaient partie de la fédération allemande qui a précédé les guerres, et particulièrement les guerres de Louis XIV. Ce qui se passe, c'est qu'il n'obtient pas dans un premier temps le fait que la France entre en belligérance. Ce qui était intéressant pour lui, c'est qu'il ne soit pas l'agresseur. Et pour ne pas être l'agresseur, dans les échanges de correspondance qu'il y a entre la France et l'Allemagne, il y a un prétexte. Isabelle d'Espagne est déposée par les Espagnols et la succession au trône d'Espagne se présente. Immédiatement, la Prusse présente un Hohenzollern. comme prétendant au trône d'Espagne. Et ça, la France ne pouvait pas le supporter, parce que ça voulait dire qu'il y aurait un germanophile qui serait au sud, et donc qui risquerait de faire éclater le traité de Vienne, où on avait le roussillon qui était rattaché à la France par Louis XIV. À ce moment-là, Napoléon III envoie des missives et des échanges de correspondance avec Benedetti, qui était son représentant auprès de l'Allemagne, pour demander de façon... diplomatique qu'on retire la candidature d'un Hohenzollern. Le roi de Prusse accepte de retirer cette candidature, mais Bismarck fait l'échange de correspondance de telle façon à ce que la France soit diplomatiquement humiliée. Résultat de l'opération, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Donc elle reprend son uniforme, elle se travestit en homme, bien que des femmes puissent à cette époque-là combattre dans l'armée à partir du moment où elles en avaient les capacités. Quand elle décide d'être volontaire pour l'armée des Vosges, c'est-à-dire dans les cavaliers de la marche, Elle crée à l'intérieur de son village, sur demande bien sûr de volontariat de la République, et à ce moment-là elle se travestit en homme pour pouvoir être élue officier. Parce qu'une femme ne pouvait pas être officier. Pour la garde mobile, les officiers étaient élus par leurs hommes. Pas toujours dire qu'ils étaient compétents. Mais bon, c'était l'époque pour les gardes mobiles, pas pour l'armée de professionnels. Parce que la conscription a été imposée par la République. Avant, c'était une armée de métiers où les hommes étaient recrutés par tirage au sort. Les lois militaires n'étaient pas du tout les mêmes que de nos jours. Elle est élue officier par ses soldats et à ce moment-là, elle participe au combat. Les combats auxquels elle participe, dans la région qui est autour de Nancy, du côté des Vosges, sont des combats finalement d'arrière-garde, parce qu'on oublie trop que tous les combats ont été quasiment des défaites. Au cours de la bataille de la marche, elle voit que ses hommes se débandent, elle les récupère et elle fait quand même 400 morts, blessés, prisonniers, contre les troupes. du général Badoit, du bas de Württemberg. C'est quand même un exploit important pour d'abord un petit groupe d'hommes. C'était des cavaliers qui étaient quand même très aguerris, et avec une femme qui était un officier qui était lui-même aguerri. D'ailleurs, le 14 décembre 1870, dans une lettre publiée par le front-tireur de Neuilly, témoin oculaire, je lis, elle crie à ses hommes Allons, messieurs, debout ! disait-elle. C'est la tête haute que les Français doivent saluer les balles. Le combat perdu, elle pense les blessés qui sont tombés autour d'elle après avoir donné l'exemple, sans se soucier du danger. Après le repli d'une partie des troupes, sa compagnie s'est enfondue dans les troupes garibaldiennes de l'armée des Vosges. Elle se retire pour se consacrer exclusivement aux soins des blessés. Ce texte est publié dans l'Industrie à l'Asassin du 14 décembre 1870. Les combats vont se poursuivre plus loin. Elle décide là de se démobiliser, alors qu'elle s'était engagée pour le temps de la guerre, mais elle continue son engagement sous une autre forme, puisqu'elle était diplômée de médecine de la faculté de Dresde. Elle décide qu'elle sera... plus utile, d'autant que c'est une femme intelligente. L'armistice n'est pas proclamée et la paix de Francfort n'est pas signée. Donc, elle continue à soigner les blessés en zone allemande. Elle dit Après l'arrêt des combats, un de nos blessés étant resté entre les mains de l'ennemi... Pour arriver au malheureux, je dus longer toute la colonne prussienne et me frayer un passage à travers la neige qui, à certains endroits, atteignait près d'un mètre de hauteur. Il n'y avait pas de changement climatique à cette époque-là. Enfin, je trouvais celui que je cherchais, étendu sous un arbre et entouré de médecins militaires allemands. Qui êtes-vous ? me dirent-ils. Aide-major répondis-je. Ils me regardèrent incrédule, puis ils me firent passer une sorte d'examen. Elle était habillée, bien sûr, en homme, en médecin masculin, mais avec une voix un peu fluette, ce qui fait que les majors prussiens voulaient quand même savoir à qui ils avaient affaire. M'interrogeant sur le portinier immédiat du perclorure de fer, pour arrêter l'hémorragie, je leur conseillais de préférence une application de neige en attendant que le blessé fût transporté à l'ambulance. À partir de ce moment-là, les Prussiens ne m'appellèrent plus que Monsieur le docteur Elle avait prouvé ses compétences, donc peu importe qu'elle soit plus ou moins androgyne, aux yeux des Prussiens, elle avait passé son examen de passage et elle était reconnue. La guerre terminée, elle reprend son bureau de poste à la marche, et elle reste deux ans à son poste en faisant preuve d'un dévouement exemplaire auprès de la population locale. Avec la disparition des services publics dans les milieux ruraux, les personnages importants, c'était le maire, le curé. l'instituteur et le receveur des postes. Elle est fatiguée, donc elle demande d'échanger son poste contre un bureau de tabac. Elle est nommée à Pont-à-Mousson, donc elle est en zone française. Elle continuera un petit peu son activité, mais trop fatiguée, elle ira à l'hospice pour finir ses jours. Elle meurt le 14 janvier 1909. à l'hospice de Saint-Nicolas de Port. Elle est enterrée deux jours après, selon la coutume funéraire, au cimetière de Saint-Nicolas de Port. Le Souvenir français mettra une plaque et entretiendra la sépulture de Marie-Antoinette Lix à l'ancien cimetière d'abord, et de nos jours dans le nouveau cimetière de Saint-Nicolas de Port. Son rôle est important dans l'histoire, mais pas seulement le sien. En fait, il s'agit du rôle de toutes les femmes qui ont intégré de façon volontaire l'armée et de celles qui ont aidé aussi. On oublie trop que la plupart des femmes qui ont pris la place des hommes à des fonctions administratives... Il y a Louise de Beaulieu, Victorine Brochet, Coralie Cahen, qui elle, était une infirmière diplômée. Il y avait Marie Favier, la mère Jartou. Toutes ces femmes-là sont passées à la trappe, en dehors de Juliette Dedu, qui elle a été à la fois combattante, infirmière, elle n'a pas été cantinière, mais elle a fait son devoir jusqu'au bout, avec les autres. Elle est, à mes yeux, la chef de file de toutes ces femmes. qui ont combattu. On oublie trop que ce n'était pas des centaines, c'était des milliers de femmes. Celles qui ont donné des renseignements, celles qui ont détourné des dépêches, celles qui ont brûlé des courriers, et celles qui ont combattu, et celles qui ont travaillé comme vivandières, c'est-à-dire qui nourrissaient les hommes. Toutes celles-là, on les a oubliées. Elle est aussi emblématique que Joséphine Bacquer. Elle mérite le Panthéon. Pour moi, le fait de s'engager... Pour la nation, c'est le fait que tout le monde puisse vivre en harmonie dans une nation équilibrée, citoyenne, avec des idées différentes. Si j'avais un mot à lui dire, c'est merci.

  • Voix-off

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

Share

Embed

You may also like