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Passeurs d'histoires - le podcast de la mémoire

E4 - Jenny par Jean-Christophe - s'engager pour le souvenir des morts

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17min |15/10/2024
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Passeurs d'histoires - le podcast de la mémoire

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17min |15/10/2024
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Description

Jean-Christophe DENIS, Délégué Général du Souvenir Français dans le Loiret et auteur d’un ouvrage retraçant l’histoire de l’association raconte à notre micro le destin de Jenny TOUZIN. 

Autrice de poèmes philosophiques et chrétiens dans les années 1870, fervente défenseuse des droits des femmes, celle qu’on surnomme “la mère du Souvenir Français” est la première à alerter le grand public sur la nécessité d’entretenir les tombes des combattants qui ont perdu la vie durant la Guerre franco-prussienne.

Découvrez le parcours extraordinaire de cette femme aujourd’hui oubliée, qui s’est engagée aux côtés de François-Xavier Niessen, fondateur du Souvenir Français, pour que la mémoire combattante ne s’éteigne pas.


Ils sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.


Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :

Site internet : www.le-souvenir-francais.fr 

Instagram : www.instagram.com/lesouvenirfrancaisofficiel 

Facebook : www.facebook.com/LeSFofficiel/ 

Linkedin : https://fr.linkedin.com/company/le-souvenir-fran-ais-si-ge 

X : https://x.com/SF_Siege 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Voix-off

    Je pense que si François-Xavier Nyssen était effectivement le père du souvenir français, je crois que la mère du souvenir français, c'est Jenny TOUZIN.

  • Jean-Christophe

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. Jenny par Jean-Christophe, s'engager pour le souvenir des morts.

  • Voix-off

    Moi je suis Jean-Christophe Denis, j'ai 68 ans le mois prochain, je suis retraité depuis le 30 juin, après avoir été chef d'entreprise dans l'industrie puis agent général d'assurance. Par ailleurs, je suis le délégué général du Souvenir français pour le Loiret depuis 24 ans. En 2017, j'ai écrit et publié un livre sur l'histoire de cette belle association, le Souvenir français au travers des siècles. Bien qu'ayant eu deux grands-pères qui ont combattu en 1418 et un père et une mère qui se sont engagés dans l'armée américaine en 45, on n'abordait pas les sujets des conflits armés dans la famille. Et j'ai donc connu le souvenir français assez tardivement. Cela ne m'a pas empêché d'être en 2000 le plus jeune délégué général à 44 ans. Je vais vous parler aujourd'hui de Jenny TOUZIN, qui était née le 21 septembre 1832, qui est morte le... 5 mars 1902, et dont le patriotisme était issu de la guerre de 1870-1871. J'avais été très surpris de constater que le Souvenir français, association mémorielle, n'avait pas sa propre mémoire reconstituée. En 2011, lorsque j'ai cédé mon entreprise, j'ai profité de cette période de transition professionnelle pour effectuer des recherches au siège de l'association, notamment dans les procès-verbaux des conseils d'administration du début. Et c'est là que j'ai vu, pour la première fois, le nom de Jenny TOUZIN parmi les fondateurs du souvenir français. Moi, pour en savoir un petit peu plus sur Génie Toussaint, je suis allé aux archives nationales, à Pierre Fittès-Bois, je suis allé aux archives hospitalières. au Kremlin-Bicêtre, parce qu'on savait assez peu de choses finalement. Au-delà de 1896-1898, j'ai pris contact avec les archives de l'Indre, qui ne connaissaient pas Jenny TOUZIN, parce que je leur demandais s'ils avaient des photos. On n'a pas de photos. J'ai eu des contacts également avec la famille des descendants de Jacques Maillet. qui n'ont pas de photo non plus, qui étaient ravis que j'aie pu travailler sur Jenny TOUZIN, qu'ils ne la connaissaient pas plus que ça. Je pense que c'est important de faire connaître l'histoire de Jenny TOUZIN, notamment sur sa partie patriotique, car elle fut à l'initiative de la création du Souvenir français, notamment comme le relatent les articles qui lui ont été consacrés dans la presse nationale. Si la maladie ne l'avait pas très rapidement éloignée du conseil d'administration, elle aurait joué un rôle essentiel dans le développement du Souvenir français. De plus, l'histoire de Jenny TOUZIN est un exemple d'engagement à une époque où les femmes n'étaient pas vraiment reconnues comme étant capables de faire autre chose que de rester au foyer. Génie Julie-Esther Grimaud naît le 21 septembre 1832 à 6h du soir à Châteauroux dans l'Indre, où sa mère était redescendue de Paris pour accoucher dans son béry natal. Son père est caissier, comptable, mais surtout propriétaire, ce qui lui permettra de vivre de ses rentes sur la fin de sa vie. Jenny est fille unique et la famille Grimaud vit à l'aise financièrement. Mais alors que Jenny n'a pas deux ans, sa mère décède à l'âge de 18 ans, le 27 mai 1834. À partir de ce jour-là, Jenny vivra principalement entourée d'hommes élevés par son père, habitant dans le 17e arrondissement de Paris, et également par son oncle qui lui habitait à Neuilly-sur-Seine. Elle se marie avec Louis Toussaint en 1853. commerçant qui tenait depuis 1848 un commerce de tulle, dentelle et broderie en gros qu'il avait créé à Paris. De cette union, le 24 mars 1854, naît une fille, Lucie, qui aura pour sa part deux garçons. En 1878, Louis Touzain, malade et retiré des affaires, meurt à 59 ans et Jenny épousera en deuxième noce Jacques Maillet, sculpteur de renom, qui habitait le même immeuble. Déjà très malade, Elle était atteinte de la maladie de Parkinson. Elle ne sort pas et le mariage aura lieu chez eux le 21 mai 1892. Mais à nouveau, la mort frappe à la porte d'Eugénie et lui arrache son deuxième mari, le 14 février 1894. Jenny s'était forgé une forte personnalité au fil des années et elle s'intéressait à énormément de choses, s'investissant à fond dans les sujets en question. Elle commença par l'écriture, mêlant la philosophie et la chrétienté dans des poèmes et des romans tous plus ou moins improbables, voire éclairés. Un de ses premiers poèmes s'intitule Jésus et Magdalen qu'elle va dédier à Ernest Renan. Il paraît en 1873, suivi de l'apocalysme de 1873. Parrainée par un écrivain républicain, Roger Hall, elle adhère à la Société des gens de lettres en 1874, où elle côtoie la plupart des directeurs de journaux, et également le tout Paris de l'époque. C'est à partir de ce moment-là qu'elle écrit de nombreuses nouvelles, publiées par épisodes journaliers, dans les non moins nombreux journaux qui paraissaient au XIXe siècle. Chaque jour, quelques lignes en bas de la première page du journal, cela pouvait vous tenir en haleine un mois, voire plusieurs pour les plus longs. On la trouve en 1876 dans une société s'appelant le droit des femmes, dont les quatre missions étaient élever le niveau moral et intellectuel de la femme, saisir l'opinion publique du déni de justice commis à l'égard des femmes, peser sur l'esprit de nos législateurs pour les amener à réviser certains articles du Code, et rendre à la femme les droits dont on la prive arbitrairement, et avec eux sa dignité et sa fierté native qui lui sont indispensables pour remplir ses devoirs sociaux et de famille. Elle se passionna pour la sculpture, avec comme maître son deuxième mari Jacques Maillet, sculpteur de belle réputation qui reçut un premier Grand Prix de Rome, qui sculpta de nombreuses œuvres sur des bâtiments publics. que l'on peut encore voir comme sur l'opéra Garnier, et sa sculpture La mort de César, qui inspira Jenny TOUZIN, qui écrivit un poème intitulé César. Elle dessine et sculpte une œuvre appelée Le chat du régiment, ou Le chat du zouave, représentant un chat sur l'épaule d'un zouave, avec son fusil, rappelant la guerre de 1870. C'était vraiment une artiste. Elle s'essayait également à l'écriture d'une opérette, Sigal et Bourdon, qui sera jouée au théâtre de la France. de Têteboue et à la Scalade à Milan. Enfin, présidente de la Société de Gastronomie pour le Progrès de Sciences Culinaires en 1899, elle écrivit sur la gastronomie et la cuisine, un ouvrage qui fit référence à l'époque et dont le titre principal était la sauce. Mais une de ses plus grosses réalisations au profit des autres fut la fondation en 1879 avec Jacques Maillet de l'Alliance des Arts, des Sciences et des Lettres. Société, l'ancêtre de l'association, qui avait pour but de donner à tout artiste, savant ou littérateur, le moyen d'être connu du public et de vivre de son talent. Tout était bon pour faire connaître les sociétaires et les rémunérer. Elle organise des balles, des conférences, des représentations dramatiques, des fêtes de charité, des expositions de peinture et de sculpture. Elle écrit des articles dans des journaux pour faire la promotion des artistes. Parallèlement à cette vie d'artiste et de créatrice, Jenny TOUZIN a vécu difficilement le blocus de Paris en 1870, puis l'époque de la Commune et puis la perte de la Petite Patrie. Début 1886, elle se rendit en Alsace-Lorraine, la Petite Patrie devenue allemande, et elle fut touchée par le travail accompli par les Dames de Metz. Les Dames de Metz, ce sont des dames qui se sont émues au moment où la Zazorène est devenue allemande, se sont émus de l'entretien des tombes des soldats français enterrés sur ce sol qui était devenu donc allemand. Et effectivement, les Allemands ne s'occupaient absolument pas des tombes de soldats français. Donc ces dames-là se sont organisées en une société et puis se sont engagées à entretenir les tombes, à les fleurir. au moment où c'était nécessaire. Génie n'avait jamais fait la guerre, évidemment, au sens premier du terme, mais elle a combattu l'oubli de ses soldats qui ont donné leur vie pour leur patrie. Donc c'est après, principalement après le conflit, qu'elle joua un rôle dans celui-ci. Elle ne manquait pas, par une occasion, de parler patriotisme, et c'est après s'être rendue en Alsace-Lorraine en 1886, qu'elle commença à répandre dans la presse nationale des articles narrant ses visites des champs de bataille et sa rencontre avec les dames de Metz, qui lui avaient confié une mission, faire savoir dans la grande patrie aux familles, qui en 1870 avait perdu quelqu'un et souffre. de ne pas savoir où il repose à jamais, que les dames de Metz ont pu recueillir la liste nominative des 7000 soldats sur lesquels elles veillent. Mais également, elle indique que les modestes monuments français encore en place sont dans un état de délabrement avancé, le nom des officiers sont effacés par le temps. C'est aussi à ce moment-là que germe l'idée d'inscrire les noms des enfants du village tombés pour la patrie dans chaque commune de France sur une plaque, une colonne, un monument. Toutes ces nombreuses parutions trouvent écho dans la population et de nombreux dons affluent de tous les coins de l'Hexagone qui furent réunis dans une souscription lancée par le journal Le 19e siècle. C'est comme cela qu'une action lancée initialement pour les tombes des soldats français en Alsace-Lorraine débouchera sur la création du souvenir français quelques mois après. La reconnaissance du rôle de Jenny TOUZIN dans la création du Souvenir français n'a finalement eu lieu que dans la presse de la fin des années 1880, puis ponctuellement jusqu'en 1902 lors de sa mort au moment de laquelle on lui attribuait toujours la paternité de la Fondation du Souvenir français. Elle apparaît dès le départ dans les documents et les procès-verbaux du Conseil d'administration du Souvenir français. Elle est là le 19 février 1887, lors de la réunion d'organisation pour fonder la société. Elle fait partie des membres donateurs dès 1887. Administratrice de la société, elle est chargée d'élaborer le règlement intérieur au sein de la commission ad hoc. Elle l'a même reçue chez elle pour justement les premiers conseils d'administration qui se tenaient, les premières réunions qui se tenaient donc chez elle, boulevard Lannes, puisque c'est là où il faisait toutes les réceptions de l'Alliance des Arts, des Lettres et des Sciences. Jenny TOUZIN, effectivement, recevait François-Xavier Nyssen comme tous les autres administrateurs du conseil. chez elle. Donc effectivement, ils se sont rencontrés, côtoyés. Et je pense que compte tenu de la maladie d'Eugénie Toussaint, au bout de deux, trois ans, où malheureusement elle n'a pas pu continuer à participer au conseil d'administration, on lit qu'effectivement elle a été écartée. Le parcours de Jenny TOUZIN d'un point de vue patriotique n'a pas été reconnu et n'a pas perduré. Est-ce que sans l'engagement de Jenny TOUZIN, la République aura quand même enfanté le souvenir français ? On ne peut pas l'assurer, mais compte tenu du contexte de l'époque, il est fort possible qu'une autre personne aurait fait l'œuvre à sa place. Il suffit de voir comment Xavier Nyssen et les éminents personnages qui gravitaient autour de lui dans le Conseil d'administration du souvenir français ont pu développer l'association au niveau national. Même si effectivement en 1870, sur le territoire français, on avait des tombes militaires qui étaient liées à la loi du 4 avril 1873. Mais ces tombes n'étaient pas toujours aussi bien entretenues d'un village à un autre. Dans certains... Village, on a pu dire, on ne va quand même pas entretenir la tombe du Boche. Bon, donc effectivement, certaines tombes ont disparu. Elle a alerté effectivement l'opinion publique sur cet état. Et grâce à la souscription qu'elle a lancée au travers des journaux de presse, eh bien, ça a pu lancer l'idée de... de ce souvenir français, de cette association pour l'entretien des tombes. Je pense que si François-Xavier Nyssen était effectivement le père et le père du souvenir français, je crois que la mère du souvenir français, c'est Jenny TOUZIN. Elle fut la créatrice du premier logo du souvenir français, on y trouve la terre, symbole de la patrie. Un soldat à genoux à terre s'inclinant une branche de laurier à la main, devant les tombes de ses compagnons morts sur les champs de bataille pour défendre leur pays. Les sépultures sont surmontées d'une croix avec des couronnes et positionnées autour d'une stèle comportant des marches pour symboliser la montée vers les étoiles, dont une est reproduite au sommet du monument de l'âme de ses héros. Au-dessus de tout cela, pour les protéger et permettre de perpétuer leur mémoire, est inscrit le nom de l'association. Et enfin, sur la stèle, est écrit Aux morts pour la patrie si on voulait honorer les hommes qui s'étaient sacrifiés pour leur pays. Et puis ce logo restera actif jusque dans les années 1950, bien après la sortie d'un nouveau avec l'arrivée de la revue moderne en 1922. Jenny TOUZIN est décédée à l'hôpital. Atteinte de cette maladie de Parkinson, elle avait certainement chuté. Elle avait une plaie. Elle est rentrée à l'hôpital en décembre 1901. Et elle en est sortie les pieds devant, si je puis permettre cette expression, en mars 1902, pratiquement trois mois après son entrée à l'hôpital. Elle avait 70 ans. Aujourd'hui, on peut s'engager dans le monde associatif, qui est très développé en France, plus que dans de nombreux autres pays. L'engagement, pour moi, c'est une valeur fondamentale, c'est plus qu'un objectif. C'est un contrat moral, l'on contracte avec soi-même, d'aller au bout de nos décisions en rapport avec nos valeurs et notre motivation émotionnelle, décuplée pour réussir au profit des autres. C'est donner de sa personne, de son temps, de son énergie pour une cause à laquelle on croit. Alors une fois que l'on a dit cela, comment se l'appliquer ? Jenny Toussaint s'était engagée dans beaucoup de causes, car elle avait une sensibilité à fleurs de peau et même malade, elle a continué à agir pour partager ses valeurs avec les autres. La devise de la société, l'alliance des arts, des sciences et des lettres qu'elle avait créé était aidons-nous les uns les autres Son engagement envers la mémoire et les tombes des soldats qui étaient tombés en 1870 et qui aboutit à la création du souvenir français fut de partager cette mission pour la faire exister et pérenniser sans se mettre en avant. Finalement, n'est-ce pas ça le véritable engagement ? Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

Description

Jean-Christophe DENIS, Délégué Général du Souvenir Français dans le Loiret et auteur d’un ouvrage retraçant l’histoire de l’association raconte à notre micro le destin de Jenny TOUZIN. 

Autrice de poèmes philosophiques et chrétiens dans les années 1870, fervente défenseuse des droits des femmes, celle qu’on surnomme “la mère du Souvenir Français” est la première à alerter le grand public sur la nécessité d’entretenir les tombes des combattants qui ont perdu la vie durant la Guerre franco-prussienne.

Découvrez le parcours extraordinaire de cette femme aujourd’hui oubliée, qui s’est engagée aux côtés de François-Xavier Niessen, fondateur du Souvenir Français, pour que la mémoire combattante ne s’éteigne pas.


Ils sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.


Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


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X : https://x.com/SF_Siege 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Voix-off

    Je pense que si François-Xavier Nyssen était effectivement le père du souvenir français, je crois que la mère du souvenir français, c'est Jenny TOUZIN.

  • Jean-Christophe

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. Jenny par Jean-Christophe, s'engager pour le souvenir des morts.

  • Voix-off

    Moi je suis Jean-Christophe Denis, j'ai 68 ans le mois prochain, je suis retraité depuis le 30 juin, après avoir été chef d'entreprise dans l'industrie puis agent général d'assurance. Par ailleurs, je suis le délégué général du Souvenir français pour le Loiret depuis 24 ans. En 2017, j'ai écrit et publié un livre sur l'histoire de cette belle association, le Souvenir français au travers des siècles. Bien qu'ayant eu deux grands-pères qui ont combattu en 1418 et un père et une mère qui se sont engagés dans l'armée américaine en 45, on n'abordait pas les sujets des conflits armés dans la famille. Et j'ai donc connu le souvenir français assez tardivement. Cela ne m'a pas empêché d'être en 2000 le plus jeune délégué général à 44 ans. Je vais vous parler aujourd'hui de Jenny TOUZIN, qui était née le 21 septembre 1832, qui est morte le... 5 mars 1902, et dont le patriotisme était issu de la guerre de 1870-1871. J'avais été très surpris de constater que le Souvenir français, association mémorielle, n'avait pas sa propre mémoire reconstituée. En 2011, lorsque j'ai cédé mon entreprise, j'ai profité de cette période de transition professionnelle pour effectuer des recherches au siège de l'association, notamment dans les procès-verbaux des conseils d'administration du début. Et c'est là que j'ai vu, pour la première fois, le nom de Jenny TOUZIN parmi les fondateurs du souvenir français. Moi, pour en savoir un petit peu plus sur Génie Toussaint, je suis allé aux archives nationales, à Pierre Fittès-Bois, je suis allé aux archives hospitalières. au Kremlin-Bicêtre, parce qu'on savait assez peu de choses finalement. Au-delà de 1896-1898, j'ai pris contact avec les archives de l'Indre, qui ne connaissaient pas Jenny TOUZIN, parce que je leur demandais s'ils avaient des photos. On n'a pas de photos. J'ai eu des contacts également avec la famille des descendants de Jacques Maillet. qui n'ont pas de photo non plus, qui étaient ravis que j'aie pu travailler sur Jenny TOUZIN, qu'ils ne la connaissaient pas plus que ça. Je pense que c'est important de faire connaître l'histoire de Jenny TOUZIN, notamment sur sa partie patriotique, car elle fut à l'initiative de la création du Souvenir français, notamment comme le relatent les articles qui lui ont été consacrés dans la presse nationale. Si la maladie ne l'avait pas très rapidement éloignée du conseil d'administration, elle aurait joué un rôle essentiel dans le développement du Souvenir français. De plus, l'histoire de Jenny TOUZIN est un exemple d'engagement à une époque où les femmes n'étaient pas vraiment reconnues comme étant capables de faire autre chose que de rester au foyer. Génie Julie-Esther Grimaud naît le 21 septembre 1832 à 6h du soir à Châteauroux dans l'Indre, où sa mère était redescendue de Paris pour accoucher dans son béry natal. Son père est caissier, comptable, mais surtout propriétaire, ce qui lui permettra de vivre de ses rentes sur la fin de sa vie. Jenny est fille unique et la famille Grimaud vit à l'aise financièrement. Mais alors que Jenny n'a pas deux ans, sa mère décède à l'âge de 18 ans, le 27 mai 1834. À partir de ce jour-là, Jenny vivra principalement entourée d'hommes élevés par son père, habitant dans le 17e arrondissement de Paris, et également par son oncle qui lui habitait à Neuilly-sur-Seine. Elle se marie avec Louis Toussaint en 1853. commerçant qui tenait depuis 1848 un commerce de tulle, dentelle et broderie en gros qu'il avait créé à Paris. De cette union, le 24 mars 1854, naît une fille, Lucie, qui aura pour sa part deux garçons. En 1878, Louis Touzain, malade et retiré des affaires, meurt à 59 ans et Jenny épousera en deuxième noce Jacques Maillet, sculpteur de renom, qui habitait le même immeuble. Déjà très malade, Elle était atteinte de la maladie de Parkinson. Elle ne sort pas et le mariage aura lieu chez eux le 21 mai 1892. Mais à nouveau, la mort frappe à la porte d'Eugénie et lui arrache son deuxième mari, le 14 février 1894. Jenny s'était forgé une forte personnalité au fil des années et elle s'intéressait à énormément de choses, s'investissant à fond dans les sujets en question. Elle commença par l'écriture, mêlant la philosophie et la chrétienté dans des poèmes et des romans tous plus ou moins improbables, voire éclairés. Un de ses premiers poèmes s'intitule Jésus et Magdalen qu'elle va dédier à Ernest Renan. Il paraît en 1873, suivi de l'apocalysme de 1873. Parrainée par un écrivain républicain, Roger Hall, elle adhère à la Société des gens de lettres en 1874, où elle côtoie la plupart des directeurs de journaux, et également le tout Paris de l'époque. C'est à partir de ce moment-là qu'elle écrit de nombreuses nouvelles, publiées par épisodes journaliers, dans les non moins nombreux journaux qui paraissaient au XIXe siècle. Chaque jour, quelques lignes en bas de la première page du journal, cela pouvait vous tenir en haleine un mois, voire plusieurs pour les plus longs. On la trouve en 1876 dans une société s'appelant le droit des femmes, dont les quatre missions étaient élever le niveau moral et intellectuel de la femme, saisir l'opinion publique du déni de justice commis à l'égard des femmes, peser sur l'esprit de nos législateurs pour les amener à réviser certains articles du Code, et rendre à la femme les droits dont on la prive arbitrairement, et avec eux sa dignité et sa fierté native qui lui sont indispensables pour remplir ses devoirs sociaux et de famille. Elle se passionna pour la sculpture, avec comme maître son deuxième mari Jacques Maillet, sculpteur de belle réputation qui reçut un premier Grand Prix de Rome, qui sculpta de nombreuses œuvres sur des bâtiments publics. que l'on peut encore voir comme sur l'opéra Garnier, et sa sculpture La mort de César, qui inspira Jenny TOUZIN, qui écrivit un poème intitulé César. Elle dessine et sculpte une œuvre appelée Le chat du régiment, ou Le chat du zouave, représentant un chat sur l'épaule d'un zouave, avec son fusil, rappelant la guerre de 1870. C'était vraiment une artiste. Elle s'essayait également à l'écriture d'une opérette, Sigal et Bourdon, qui sera jouée au théâtre de la France. de Têteboue et à la Scalade à Milan. Enfin, présidente de la Société de Gastronomie pour le Progrès de Sciences Culinaires en 1899, elle écrivit sur la gastronomie et la cuisine, un ouvrage qui fit référence à l'époque et dont le titre principal était la sauce. Mais une de ses plus grosses réalisations au profit des autres fut la fondation en 1879 avec Jacques Maillet de l'Alliance des Arts, des Sciences et des Lettres. Société, l'ancêtre de l'association, qui avait pour but de donner à tout artiste, savant ou littérateur, le moyen d'être connu du public et de vivre de son talent. Tout était bon pour faire connaître les sociétaires et les rémunérer. Elle organise des balles, des conférences, des représentations dramatiques, des fêtes de charité, des expositions de peinture et de sculpture. Elle écrit des articles dans des journaux pour faire la promotion des artistes. Parallèlement à cette vie d'artiste et de créatrice, Jenny TOUZIN a vécu difficilement le blocus de Paris en 1870, puis l'époque de la Commune et puis la perte de la Petite Patrie. Début 1886, elle se rendit en Alsace-Lorraine, la Petite Patrie devenue allemande, et elle fut touchée par le travail accompli par les Dames de Metz. Les Dames de Metz, ce sont des dames qui se sont émues au moment où la Zazorène est devenue allemande, se sont émus de l'entretien des tombes des soldats français enterrés sur ce sol qui était devenu donc allemand. Et effectivement, les Allemands ne s'occupaient absolument pas des tombes de soldats français. Donc ces dames-là se sont organisées en une société et puis se sont engagées à entretenir les tombes, à les fleurir. au moment où c'était nécessaire. Génie n'avait jamais fait la guerre, évidemment, au sens premier du terme, mais elle a combattu l'oubli de ses soldats qui ont donné leur vie pour leur patrie. Donc c'est après, principalement après le conflit, qu'elle joua un rôle dans celui-ci. Elle ne manquait pas, par une occasion, de parler patriotisme, et c'est après s'être rendue en Alsace-Lorraine en 1886, qu'elle commença à répandre dans la presse nationale des articles narrant ses visites des champs de bataille et sa rencontre avec les dames de Metz, qui lui avaient confié une mission, faire savoir dans la grande patrie aux familles, qui en 1870 avait perdu quelqu'un et souffre. de ne pas savoir où il repose à jamais, que les dames de Metz ont pu recueillir la liste nominative des 7000 soldats sur lesquels elles veillent. Mais également, elle indique que les modestes monuments français encore en place sont dans un état de délabrement avancé, le nom des officiers sont effacés par le temps. C'est aussi à ce moment-là que germe l'idée d'inscrire les noms des enfants du village tombés pour la patrie dans chaque commune de France sur une plaque, une colonne, un monument. Toutes ces nombreuses parutions trouvent écho dans la population et de nombreux dons affluent de tous les coins de l'Hexagone qui furent réunis dans une souscription lancée par le journal Le 19e siècle. C'est comme cela qu'une action lancée initialement pour les tombes des soldats français en Alsace-Lorraine débouchera sur la création du souvenir français quelques mois après. La reconnaissance du rôle de Jenny TOUZIN dans la création du Souvenir français n'a finalement eu lieu que dans la presse de la fin des années 1880, puis ponctuellement jusqu'en 1902 lors de sa mort au moment de laquelle on lui attribuait toujours la paternité de la Fondation du Souvenir français. Elle apparaît dès le départ dans les documents et les procès-verbaux du Conseil d'administration du Souvenir français. Elle est là le 19 février 1887, lors de la réunion d'organisation pour fonder la société. Elle fait partie des membres donateurs dès 1887. Administratrice de la société, elle est chargée d'élaborer le règlement intérieur au sein de la commission ad hoc. Elle l'a même reçue chez elle pour justement les premiers conseils d'administration qui se tenaient, les premières réunions qui se tenaient donc chez elle, boulevard Lannes, puisque c'est là où il faisait toutes les réceptions de l'Alliance des Arts, des Lettres et des Sciences. Jenny TOUZIN, effectivement, recevait François-Xavier Nyssen comme tous les autres administrateurs du conseil. chez elle. Donc effectivement, ils se sont rencontrés, côtoyés. Et je pense que compte tenu de la maladie d'Eugénie Toussaint, au bout de deux, trois ans, où malheureusement elle n'a pas pu continuer à participer au conseil d'administration, on lit qu'effectivement elle a été écartée. Le parcours de Jenny TOUZIN d'un point de vue patriotique n'a pas été reconnu et n'a pas perduré. Est-ce que sans l'engagement de Jenny TOUZIN, la République aura quand même enfanté le souvenir français ? On ne peut pas l'assurer, mais compte tenu du contexte de l'époque, il est fort possible qu'une autre personne aurait fait l'œuvre à sa place. Il suffit de voir comment Xavier Nyssen et les éminents personnages qui gravitaient autour de lui dans le Conseil d'administration du souvenir français ont pu développer l'association au niveau national. Même si effectivement en 1870, sur le territoire français, on avait des tombes militaires qui étaient liées à la loi du 4 avril 1873. Mais ces tombes n'étaient pas toujours aussi bien entretenues d'un village à un autre. Dans certains... Village, on a pu dire, on ne va quand même pas entretenir la tombe du Boche. Bon, donc effectivement, certaines tombes ont disparu. Elle a alerté effectivement l'opinion publique sur cet état. Et grâce à la souscription qu'elle a lancée au travers des journaux de presse, eh bien, ça a pu lancer l'idée de... de ce souvenir français, de cette association pour l'entretien des tombes. Je pense que si François-Xavier Nyssen était effectivement le père et le père du souvenir français, je crois que la mère du souvenir français, c'est Jenny TOUZIN. Elle fut la créatrice du premier logo du souvenir français, on y trouve la terre, symbole de la patrie. Un soldat à genoux à terre s'inclinant une branche de laurier à la main, devant les tombes de ses compagnons morts sur les champs de bataille pour défendre leur pays. Les sépultures sont surmontées d'une croix avec des couronnes et positionnées autour d'une stèle comportant des marches pour symboliser la montée vers les étoiles, dont une est reproduite au sommet du monument de l'âme de ses héros. Au-dessus de tout cela, pour les protéger et permettre de perpétuer leur mémoire, est inscrit le nom de l'association. Et enfin, sur la stèle, est écrit Aux morts pour la patrie si on voulait honorer les hommes qui s'étaient sacrifiés pour leur pays. Et puis ce logo restera actif jusque dans les années 1950, bien après la sortie d'un nouveau avec l'arrivée de la revue moderne en 1922. Jenny TOUZIN est décédée à l'hôpital. Atteinte de cette maladie de Parkinson, elle avait certainement chuté. Elle avait une plaie. Elle est rentrée à l'hôpital en décembre 1901. Et elle en est sortie les pieds devant, si je puis permettre cette expression, en mars 1902, pratiquement trois mois après son entrée à l'hôpital. Elle avait 70 ans. Aujourd'hui, on peut s'engager dans le monde associatif, qui est très développé en France, plus que dans de nombreux autres pays. L'engagement, pour moi, c'est une valeur fondamentale, c'est plus qu'un objectif. C'est un contrat moral, l'on contracte avec soi-même, d'aller au bout de nos décisions en rapport avec nos valeurs et notre motivation émotionnelle, décuplée pour réussir au profit des autres. C'est donner de sa personne, de son temps, de son énergie pour une cause à laquelle on croit. Alors une fois que l'on a dit cela, comment se l'appliquer ? Jenny Toussaint s'était engagée dans beaucoup de causes, car elle avait une sensibilité à fleurs de peau et même malade, elle a continué à agir pour partager ses valeurs avec les autres. La devise de la société, l'alliance des arts, des sciences et des lettres qu'elle avait créé était aidons-nous les uns les autres Son engagement envers la mémoire et les tombes des soldats qui étaient tombés en 1870 et qui aboutit à la création du souvenir français fut de partager cette mission pour la faire exister et pérenniser sans se mettre en avant. Finalement, n'est-ce pas ça le véritable engagement ? Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

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Description

Jean-Christophe DENIS, Délégué Général du Souvenir Français dans le Loiret et auteur d’un ouvrage retraçant l’histoire de l’association raconte à notre micro le destin de Jenny TOUZIN. 

Autrice de poèmes philosophiques et chrétiens dans les années 1870, fervente défenseuse des droits des femmes, celle qu’on surnomme “la mère du Souvenir Français” est la première à alerter le grand public sur la nécessité d’entretenir les tombes des combattants qui ont perdu la vie durant la Guerre franco-prussienne.

Découvrez le parcours extraordinaire de cette femme aujourd’hui oubliée, qui s’est engagée aux côtés de François-Xavier Niessen, fondateur du Souvenir Français, pour que la mémoire combattante ne s’éteigne pas.


Ils sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.


Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :

Site internet : www.le-souvenir-francais.fr 

Instagram : www.instagram.com/lesouvenirfrancaisofficiel 

Facebook : www.facebook.com/LeSFofficiel/ 

Linkedin : https://fr.linkedin.com/company/le-souvenir-fran-ais-si-ge 

X : https://x.com/SF_Siege 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Voix-off

    Je pense que si François-Xavier Nyssen était effectivement le père du souvenir français, je crois que la mère du souvenir français, c'est Jenny TOUZIN.

  • Jean-Christophe

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. Jenny par Jean-Christophe, s'engager pour le souvenir des morts.

  • Voix-off

    Moi je suis Jean-Christophe Denis, j'ai 68 ans le mois prochain, je suis retraité depuis le 30 juin, après avoir été chef d'entreprise dans l'industrie puis agent général d'assurance. Par ailleurs, je suis le délégué général du Souvenir français pour le Loiret depuis 24 ans. En 2017, j'ai écrit et publié un livre sur l'histoire de cette belle association, le Souvenir français au travers des siècles. Bien qu'ayant eu deux grands-pères qui ont combattu en 1418 et un père et une mère qui se sont engagés dans l'armée américaine en 45, on n'abordait pas les sujets des conflits armés dans la famille. Et j'ai donc connu le souvenir français assez tardivement. Cela ne m'a pas empêché d'être en 2000 le plus jeune délégué général à 44 ans. Je vais vous parler aujourd'hui de Jenny TOUZIN, qui était née le 21 septembre 1832, qui est morte le... 5 mars 1902, et dont le patriotisme était issu de la guerre de 1870-1871. J'avais été très surpris de constater que le Souvenir français, association mémorielle, n'avait pas sa propre mémoire reconstituée. En 2011, lorsque j'ai cédé mon entreprise, j'ai profité de cette période de transition professionnelle pour effectuer des recherches au siège de l'association, notamment dans les procès-verbaux des conseils d'administration du début. Et c'est là que j'ai vu, pour la première fois, le nom de Jenny TOUZIN parmi les fondateurs du souvenir français. Moi, pour en savoir un petit peu plus sur Génie Toussaint, je suis allé aux archives nationales, à Pierre Fittès-Bois, je suis allé aux archives hospitalières. au Kremlin-Bicêtre, parce qu'on savait assez peu de choses finalement. Au-delà de 1896-1898, j'ai pris contact avec les archives de l'Indre, qui ne connaissaient pas Jenny TOUZIN, parce que je leur demandais s'ils avaient des photos. On n'a pas de photos. J'ai eu des contacts également avec la famille des descendants de Jacques Maillet. qui n'ont pas de photo non plus, qui étaient ravis que j'aie pu travailler sur Jenny TOUZIN, qu'ils ne la connaissaient pas plus que ça. Je pense que c'est important de faire connaître l'histoire de Jenny TOUZIN, notamment sur sa partie patriotique, car elle fut à l'initiative de la création du Souvenir français, notamment comme le relatent les articles qui lui ont été consacrés dans la presse nationale. Si la maladie ne l'avait pas très rapidement éloignée du conseil d'administration, elle aurait joué un rôle essentiel dans le développement du Souvenir français. De plus, l'histoire de Jenny TOUZIN est un exemple d'engagement à une époque où les femmes n'étaient pas vraiment reconnues comme étant capables de faire autre chose que de rester au foyer. Génie Julie-Esther Grimaud naît le 21 septembre 1832 à 6h du soir à Châteauroux dans l'Indre, où sa mère était redescendue de Paris pour accoucher dans son béry natal. Son père est caissier, comptable, mais surtout propriétaire, ce qui lui permettra de vivre de ses rentes sur la fin de sa vie. Jenny est fille unique et la famille Grimaud vit à l'aise financièrement. Mais alors que Jenny n'a pas deux ans, sa mère décède à l'âge de 18 ans, le 27 mai 1834. À partir de ce jour-là, Jenny vivra principalement entourée d'hommes élevés par son père, habitant dans le 17e arrondissement de Paris, et également par son oncle qui lui habitait à Neuilly-sur-Seine. Elle se marie avec Louis Toussaint en 1853. commerçant qui tenait depuis 1848 un commerce de tulle, dentelle et broderie en gros qu'il avait créé à Paris. De cette union, le 24 mars 1854, naît une fille, Lucie, qui aura pour sa part deux garçons. En 1878, Louis Touzain, malade et retiré des affaires, meurt à 59 ans et Jenny épousera en deuxième noce Jacques Maillet, sculpteur de renom, qui habitait le même immeuble. Déjà très malade, Elle était atteinte de la maladie de Parkinson. Elle ne sort pas et le mariage aura lieu chez eux le 21 mai 1892. Mais à nouveau, la mort frappe à la porte d'Eugénie et lui arrache son deuxième mari, le 14 février 1894. Jenny s'était forgé une forte personnalité au fil des années et elle s'intéressait à énormément de choses, s'investissant à fond dans les sujets en question. Elle commença par l'écriture, mêlant la philosophie et la chrétienté dans des poèmes et des romans tous plus ou moins improbables, voire éclairés. Un de ses premiers poèmes s'intitule Jésus et Magdalen qu'elle va dédier à Ernest Renan. Il paraît en 1873, suivi de l'apocalysme de 1873. Parrainée par un écrivain républicain, Roger Hall, elle adhère à la Société des gens de lettres en 1874, où elle côtoie la plupart des directeurs de journaux, et également le tout Paris de l'époque. C'est à partir de ce moment-là qu'elle écrit de nombreuses nouvelles, publiées par épisodes journaliers, dans les non moins nombreux journaux qui paraissaient au XIXe siècle. Chaque jour, quelques lignes en bas de la première page du journal, cela pouvait vous tenir en haleine un mois, voire plusieurs pour les plus longs. On la trouve en 1876 dans une société s'appelant le droit des femmes, dont les quatre missions étaient élever le niveau moral et intellectuel de la femme, saisir l'opinion publique du déni de justice commis à l'égard des femmes, peser sur l'esprit de nos législateurs pour les amener à réviser certains articles du Code, et rendre à la femme les droits dont on la prive arbitrairement, et avec eux sa dignité et sa fierté native qui lui sont indispensables pour remplir ses devoirs sociaux et de famille. Elle se passionna pour la sculpture, avec comme maître son deuxième mari Jacques Maillet, sculpteur de belle réputation qui reçut un premier Grand Prix de Rome, qui sculpta de nombreuses œuvres sur des bâtiments publics. que l'on peut encore voir comme sur l'opéra Garnier, et sa sculpture La mort de César, qui inspira Jenny TOUZIN, qui écrivit un poème intitulé César. Elle dessine et sculpte une œuvre appelée Le chat du régiment, ou Le chat du zouave, représentant un chat sur l'épaule d'un zouave, avec son fusil, rappelant la guerre de 1870. C'était vraiment une artiste. Elle s'essayait également à l'écriture d'une opérette, Sigal et Bourdon, qui sera jouée au théâtre de la France. de Têteboue et à la Scalade à Milan. Enfin, présidente de la Société de Gastronomie pour le Progrès de Sciences Culinaires en 1899, elle écrivit sur la gastronomie et la cuisine, un ouvrage qui fit référence à l'époque et dont le titre principal était la sauce. Mais une de ses plus grosses réalisations au profit des autres fut la fondation en 1879 avec Jacques Maillet de l'Alliance des Arts, des Sciences et des Lettres. Société, l'ancêtre de l'association, qui avait pour but de donner à tout artiste, savant ou littérateur, le moyen d'être connu du public et de vivre de son talent. Tout était bon pour faire connaître les sociétaires et les rémunérer. Elle organise des balles, des conférences, des représentations dramatiques, des fêtes de charité, des expositions de peinture et de sculpture. Elle écrit des articles dans des journaux pour faire la promotion des artistes. Parallèlement à cette vie d'artiste et de créatrice, Jenny TOUZIN a vécu difficilement le blocus de Paris en 1870, puis l'époque de la Commune et puis la perte de la Petite Patrie. Début 1886, elle se rendit en Alsace-Lorraine, la Petite Patrie devenue allemande, et elle fut touchée par le travail accompli par les Dames de Metz. Les Dames de Metz, ce sont des dames qui se sont émues au moment où la Zazorène est devenue allemande, se sont émus de l'entretien des tombes des soldats français enterrés sur ce sol qui était devenu donc allemand. Et effectivement, les Allemands ne s'occupaient absolument pas des tombes de soldats français. Donc ces dames-là se sont organisées en une société et puis se sont engagées à entretenir les tombes, à les fleurir. au moment où c'était nécessaire. Génie n'avait jamais fait la guerre, évidemment, au sens premier du terme, mais elle a combattu l'oubli de ses soldats qui ont donné leur vie pour leur patrie. Donc c'est après, principalement après le conflit, qu'elle joua un rôle dans celui-ci. Elle ne manquait pas, par une occasion, de parler patriotisme, et c'est après s'être rendue en Alsace-Lorraine en 1886, qu'elle commença à répandre dans la presse nationale des articles narrant ses visites des champs de bataille et sa rencontre avec les dames de Metz, qui lui avaient confié une mission, faire savoir dans la grande patrie aux familles, qui en 1870 avait perdu quelqu'un et souffre. de ne pas savoir où il repose à jamais, que les dames de Metz ont pu recueillir la liste nominative des 7000 soldats sur lesquels elles veillent. Mais également, elle indique que les modestes monuments français encore en place sont dans un état de délabrement avancé, le nom des officiers sont effacés par le temps. C'est aussi à ce moment-là que germe l'idée d'inscrire les noms des enfants du village tombés pour la patrie dans chaque commune de France sur une plaque, une colonne, un monument. Toutes ces nombreuses parutions trouvent écho dans la population et de nombreux dons affluent de tous les coins de l'Hexagone qui furent réunis dans une souscription lancée par le journal Le 19e siècle. C'est comme cela qu'une action lancée initialement pour les tombes des soldats français en Alsace-Lorraine débouchera sur la création du souvenir français quelques mois après. La reconnaissance du rôle de Jenny TOUZIN dans la création du Souvenir français n'a finalement eu lieu que dans la presse de la fin des années 1880, puis ponctuellement jusqu'en 1902 lors de sa mort au moment de laquelle on lui attribuait toujours la paternité de la Fondation du Souvenir français. Elle apparaît dès le départ dans les documents et les procès-verbaux du Conseil d'administration du Souvenir français. Elle est là le 19 février 1887, lors de la réunion d'organisation pour fonder la société. Elle fait partie des membres donateurs dès 1887. Administratrice de la société, elle est chargée d'élaborer le règlement intérieur au sein de la commission ad hoc. Elle l'a même reçue chez elle pour justement les premiers conseils d'administration qui se tenaient, les premières réunions qui se tenaient donc chez elle, boulevard Lannes, puisque c'est là où il faisait toutes les réceptions de l'Alliance des Arts, des Lettres et des Sciences. Jenny TOUZIN, effectivement, recevait François-Xavier Nyssen comme tous les autres administrateurs du conseil. chez elle. Donc effectivement, ils se sont rencontrés, côtoyés. Et je pense que compte tenu de la maladie d'Eugénie Toussaint, au bout de deux, trois ans, où malheureusement elle n'a pas pu continuer à participer au conseil d'administration, on lit qu'effectivement elle a été écartée. Le parcours de Jenny TOUZIN d'un point de vue patriotique n'a pas été reconnu et n'a pas perduré. Est-ce que sans l'engagement de Jenny TOUZIN, la République aura quand même enfanté le souvenir français ? On ne peut pas l'assurer, mais compte tenu du contexte de l'époque, il est fort possible qu'une autre personne aurait fait l'œuvre à sa place. Il suffit de voir comment Xavier Nyssen et les éminents personnages qui gravitaient autour de lui dans le Conseil d'administration du souvenir français ont pu développer l'association au niveau national. Même si effectivement en 1870, sur le territoire français, on avait des tombes militaires qui étaient liées à la loi du 4 avril 1873. Mais ces tombes n'étaient pas toujours aussi bien entretenues d'un village à un autre. Dans certains... Village, on a pu dire, on ne va quand même pas entretenir la tombe du Boche. Bon, donc effectivement, certaines tombes ont disparu. Elle a alerté effectivement l'opinion publique sur cet état. Et grâce à la souscription qu'elle a lancée au travers des journaux de presse, eh bien, ça a pu lancer l'idée de... de ce souvenir français, de cette association pour l'entretien des tombes. Je pense que si François-Xavier Nyssen était effectivement le père et le père du souvenir français, je crois que la mère du souvenir français, c'est Jenny TOUZIN. Elle fut la créatrice du premier logo du souvenir français, on y trouve la terre, symbole de la patrie. Un soldat à genoux à terre s'inclinant une branche de laurier à la main, devant les tombes de ses compagnons morts sur les champs de bataille pour défendre leur pays. Les sépultures sont surmontées d'une croix avec des couronnes et positionnées autour d'une stèle comportant des marches pour symboliser la montée vers les étoiles, dont une est reproduite au sommet du monument de l'âme de ses héros. Au-dessus de tout cela, pour les protéger et permettre de perpétuer leur mémoire, est inscrit le nom de l'association. Et enfin, sur la stèle, est écrit Aux morts pour la patrie si on voulait honorer les hommes qui s'étaient sacrifiés pour leur pays. Et puis ce logo restera actif jusque dans les années 1950, bien après la sortie d'un nouveau avec l'arrivée de la revue moderne en 1922. Jenny TOUZIN est décédée à l'hôpital. Atteinte de cette maladie de Parkinson, elle avait certainement chuté. Elle avait une plaie. Elle est rentrée à l'hôpital en décembre 1901. Et elle en est sortie les pieds devant, si je puis permettre cette expression, en mars 1902, pratiquement trois mois après son entrée à l'hôpital. Elle avait 70 ans. Aujourd'hui, on peut s'engager dans le monde associatif, qui est très développé en France, plus que dans de nombreux autres pays. L'engagement, pour moi, c'est une valeur fondamentale, c'est plus qu'un objectif. C'est un contrat moral, l'on contracte avec soi-même, d'aller au bout de nos décisions en rapport avec nos valeurs et notre motivation émotionnelle, décuplée pour réussir au profit des autres. C'est donner de sa personne, de son temps, de son énergie pour une cause à laquelle on croit. Alors une fois que l'on a dit cela, comment se l'appliquer ? Jenny Toussaint s'était engagée dans beaucoup de causes, car elle avait une sensibilité à fleurs de peau et même malade, elle a continué à agir pour partager ses valeurs avec les autres. La devise de la société, l'alliance des arts, des sciences et des lettres qu'elle avait créé était aidons-nous les uns les autres Son engagement envers la mémoire et les tombes des soldats qui étaient tombés en 1870 et qui aboutit à la création du souvenir français fut de partager cette mission pour la faire exister et pérenniser sans se mettre en avant. Finalement, n'est-ce pas ça le véritable engagement ? Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

Description

Jean-Christophe DENIS, Délégué Général du Souvenir Français dans le Loiret et auteur d’un ouvrage retraçant l’histoire de l’association raconte à notre micro le destin de Jenny TOUZIN. 

Autrice de poèmes philosophiques et chrétiens dans les années 1870, fervente défenseuse des droits des femmes, celle qu’on surnomme “la mère du Souvenir Français” est la première à alerter le grand public sur la nécessité d’entretenir les tombes des combattants qui ont perdu la vie durant la Guerre franco-prussienne.

Découvrez le parcours extraordinaire de cette femme aujourd’hui oubliée, qui s’est engagée aux côtés de François-Xavier Niessen, fondateur du Souvenir Français, pour que la mémoire combattante ne s’éteigne pas.


Ils sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.


Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


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Facebook : www.facebook.com/LeSFofficiel/ 

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X : https://x.com/SF_Siege 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Voix-off

    Je pense que si François-Xavier Nyssen était effectivement le père du souvenir français, je crois que la mère du souvenir français, c'est Jenny TOUZIN.

  • Jean-Christophe

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. Jenny par Jean-Christophe, s'engager pour le souvenir des morts.

  • Voix-off

    Moi je suis Jean-Christophe Denis, j'ai 68 ans le mois prochain, je suis retraité depuis le 30 juin, après avoir été chef d'entreprise dans l'industrie puis agent général d'assurance. Par ailleurs, je suis le délégué général du Souvenir français pour le Loiret depuis 24 ans. En 2017, j'ai écrit et publié un livre sur l'histoire de cette belle association, le Souvenir français au travers des siècles. Bien qu'ayant eu deux grands-pères qui ont combattu en 1418 et un père et une mère qui se sont engagés dans l'armée américaine en 45, on n'abordait pas les sujets des conflits armés dans la famille. Et j'ai donc connu le souvenir français assez tardivement. Cela ne m'a pas empêché d'être en 2000 le plus jeune délégué général à 44 ans. Je vais vous parler aujourd'hui de Jenny TOUZIN, qui était née le 21 septembre 1832, qui est morte le... 5 mars 1902, et dont le patriotisme était issu de la guerre de 1870-1871. J'avais été très surpris de constater que le Souvenir français, association mémorielle, n'avait pas sa propre mémoire reconstituée. En 2011, lorsque j'ai cédé mon entreprise, j'ai profité de cette période de transition professionnelle pour effectuer des recherches au siège de l'association, notamment dans les procès-verbaux des conseils d'administration du début. Et c'est là que j'ai vu, pour la première fois, le nom de Jenny TOUZIN parmi les fondateurs du souvenir français. Moi, pour en savoir un petit peu plus sur Génie Toussaint, je suis allé aux archives nationales, à Pierre Fittès-Bois, je suis allé aux archives hospitalières. au Kremlin-Bicêtre, parce qu'on savait assez peu de choses finalement. Au-delà de 1896-1898, j'ai pris contact avec les archives de l'Indre, qui ne connaissaient pas Jenny TOUZIN, parce que je leur demandais s'ils avaient des photos. On n'a pas de photos. J'ai eu des contacts également avec la famille des descendants de Jacques Maillet. qui n'ont pas de photo non plus, qui étaient ravis que j'aie pu travailler sur Jenny TOUZIN, qu'ils ne la connaissaient pas plus que ça. Je pense que c'est important de faire connaître l'histoire de Jenny TOUZIN, notamment sur sa partie patriotique, car elle fut à l'initiative de la création du Souvenir français, notamment comme le relatent les articles qui lui ont été consacrés dans la presse nationale. Si la maladie ne l'avait pas très rapidement éloignée du conseil d'administration, elle aurait joué un rôle essentiel dans le développement du Souvenir français. De plus, l'histoire de Jenny TOUZIN est un exemple d'engagement à une époque où les femmes n'étaient pas vraiment reconnues comme étant capables de faire autre chose que de rester au foyer. Génie Julie-Esther Grimaud naît le 21 septembre 1832 à 6h du soir à Châteauroux dans l'Indre, où sa mère était redescendue de Paris pour accoucher dans son béry natal. Son père est caissier, comptable, mais surtout propriétaire, ce qui lui permettra de vivre de ses rentes sur la fin de sa vie. Jenny est fille unique et la famille Grimaud vit à l'aise financièrement. Mais alors que Jenny n'a pas deux ans, sa mère décède à l'âge de 18 ans, le 27 mai 1834. À partir de ce jour-là, Jenny vivra principalement entourée d'hommes élevés par son père, habitant dans le 17e arrondissement de Paris, et également par son oncle qui lui habitait à Neuilly-sur-Seine. Elle se marie avec Louis Toussaint en 1853. commerçant qui tenait depuis 1848 un commerce de tulle, dentelle et broderie en gros qu'il avait créé à Paris. De cette union, le 24 mars 1854, naît une fille, Lucie, qui aura pour sa part deux garçons. En 1878, Louis Touzain, malade et retiré des affaires, meurt à 59 ans et Jenny épousera en deuxième noce Jacques Maillet, sculpteur de renom, qui habitait le même immeuble. Déjà très malade, Elle était atteinte de la maladie de Parkinson. Elle ne sort pas et le mariage aura lieu chez eux le 21 mai 1892. Mais à nouveau, la mort frappe à la porte d'Eugénie et lui arrache son deuxième mari, le 14 février 1894. Jenny s'était forgé une forte personnalité au fil des années et elle s'intéressait à énormément de choses, s'investissant à fond dans les sujets en question. Elle commença par l'écriture, mêlant la philosophie et la chrétienté dans des poèmes et des romans tous plus ou moins improbables, voire éclairés. Un de ses premiers poèmes s'intitule Jésus et Magdalen qu'elle va dédier à Ernest Renan. Il paraît en 1873, suivi de l'apocalysme de 1873. Parrainée par un écrivain républicain, Roger Hall, elle adhère à la Société des gens de lettres en 1874, où elle côtoie la plupart des directeurs de journaux, et également le tout Paris de l'époque. C'est à partir de ce moment-là qu'elle écrit de nombreuses nouvelles, publiées par épisodes journaliers, dans les non moins nombreux journaux qui paraissaient au XIXe siècle. Chaque jour, quelques lignes en bas de la première page du journal, cela pouvait vous tenir en haleine un mois, voire plusieurs pour les plus longs. On la trouve en 1876 dans une société s'appelant le droit des femmes, dont les quatre missions étaient élever le niveau moral et intellectuel de la femme, saisir l'opinion publique du déni de justice commis à l'égard des femmes, peser sur l'esprit de nos législateurs pour les amener à réviser certains articles du Code, et rendre à la femme les droits dont on la prive arbitrairement, et avec eux sa dignité et sa fierté native qui lui sont indispensables pour remplir ses devoirs sociaux et de famille. Elle se passionna pour la sculpture, avec comme maître son deuxième mari Jacques Maillet, sculpteur de belle réputation qui reçut un premier Grand Prix de Rome, qui sculpta de nombreuses œuvres sur des bâtiments publics. que l'on peut encore voir comme sur l'opéra Garnier, et sa sculpture La mort de César, qui inspira Jenny TOUZIN, qui écrivit un poème intitulé César. Elle dessine et sculpte une œuvre appelée Le chat du régiment, ou Le chat du zouave, représentant un chat sur l'épaule d'un zouave, avec son fusil, rappelant la guerre de 1870. C'était vraiment une artiste. Elle s'essayait également à l'écriture d'une opérette, Sigal et Bourdon, qui sera jouée au théâtre de la France. de Têteboue et à la Scalade à Milan. Enfin, présidente de la Société de Gastronomie pour le Progrès de Sciences Culinaires en 1899, elle écrivit sur la gastronomie et la cuisine, un ouvrage qui fit référence à l'époque et dont le titre principal était la sauce. Mais une de ses plus grosses réalisations au profit des autres fut la fondation en 1879 avec Jacques Maillet de l'Alliance des Arts, des Sciences et des Lettres. Société, l'ancêtre de l'association, qui avait pour but de donner à tout artiste, savant ou littérateur, le moyen d'être connu du public et de vivre de son talent. Tout était bon pour faire connaître les sociétaires et les rémunérer. Elle organise des balles, des conférences, des représentations dramatiques, des fêtes de charité, des expositions de peinture et de sculpture. Elle écrit des articles dans des journaux pour faire la promotion des artistes. Parallèlement à cette vie d'artiste et de créatrice, Jenny TOUZIN a vécu difficilement le blocus de Paris en 1870, puis l'époque de la Commune et puis la perte de la Petite Patrie. Début 1886, elle se rendit en Alsace-Lorraine, la Petite Patrie devenue allemande, et elle fut touchée par le travail accompli par les Dames de Metz. Les Dames de Metz, ce sont des dames qui se sont émues au moment où la Zazorène est devenue allemande, se sont émus de l'entretien des tombes des soldats français enterrés sur ce sol qui était devenu donc allemand. Et effectivement, les Allemands ne s'occupaient absolument pas des tombes de soldats français. Donc ces dames-là se sont organisées en une société et puis se sont engagées à entretenir les tombes, à les fleurir. au moment où c'était nécessaire. Génie n'avait jamais fait la guerre, évidemment, au sens premier du terme, mais elle a combattu l'oubli de ses soldats qui ont donné leur vie pour leur patrie. Donc c'est après, principalement après le conflit, qu'elle joua un rôle dans celui-ci. Elle ne manquait pas, par une occasion, de parler patriotisme, et c'est après s'être rendue en Alsace-Lorraine en 1886, qu'elle commença à répandre dans la presse nationale des articles narrant ses visites des champs de bataille et sa rencontre avec les dames de Metz, qui lui avaient confié une mission, faire savoir dans la grande patrie aux familles, qui en 1870 avait perdu quelqu'un et souffre. de ne pas savoir où il repose à jamais, que les dames de Metz ont pu recueillir la liste nominative des 7000 soldats sur lesquels elles veillent. Mais également, elle indique que les modestes monuments français encore en place sont dans un état de délabrement avancé, le nom des officiers sont effacés par le temps. C'est aussi à ce moment-là que germe l'idée d'inscrire les noms des enfants du village tombés pour la patrie dans chaque commune de France sur une plaque, une colonne, un monument. Toutes ces nombreuses parutions trouvent écho dans la population et de nombreux dons affluent de tous les coins de l'Hexagone qui furent réunis dans une souscription lancée par le journal Le 19e siècle. C'est comme cela qu'une action lancée initialement pour les tombes des soldats français en Alsace-Lorraine débouchera sur la création du souvenir français quelques mois après. La reconnaissance du rôle de Jenny TOUZIN dans la création du Souvenir français n'a finalement eu lieu que dans la presse de la fin des années 1880, puis ponctuellement jusqu'en 1902 lors de sa mort au moment de laquelle on lui attribuait toujours la paternité de la Fondation du Souvenir français. Elle apparaît dès le départ dans les documents et les procès-verbaux du Conseil d'administration du Souvenir français. Elle est là le 19 février 1887, lors de la réunion d'organisation pour fonder la société. Elle fait partie des membres donateurs dès 1887. Administratrice de la société, elle est chargée d'élaborer le règlement intérieur au sein de la commission ad hoc. Elle l'a même reçue chez elle pour justement les premiers conseils d'administration qui se tenaient, les premières réunions qui se tenaient donc chez elle, boulevard Lannes, puisque c'est là où il faisait toutes les réceptions de l'Alliance des Arts, des Lettres et des Sciences. Jenny TOUZIN, effectivement, recevait François-Xavier Nyssen comme tous les autres administrateurs du conseil. chez elle. Donc effectivement, ils se sont rencontrés, côtoyés. Et je pense que compte tenu de la maladie d'Eugénie Toussaint, au bout de deux, trois ans, où malheureusement elle n'a pas pu continuer à participer au conseil d'administration, on lit qu'effectivement elle a été écartée. Le parcours de Jenny TOUZIN d'un point de vue patriotique n'a pas été reconnu et n'a pas perduré. Est-ce que sans l'engagement de Jenny TOUZIN, la République aura quand même enfanté le souvenir français ? On ne peut pas l'assurer, mais compte tenu du contexte de l'époque, il est fort possible qu'une autre personne aurait fait l'œuvre à sa place. Il suffit de voir comment Xavier Nyssen et les éminents personnages qui gravitaient autour de lui dans le Conseil d'administration du souvenir français ont pu développer l'association au niveau national. Même si effectivement en 1870, sur le territoire français, on avait des tombes militaires qui étaient liées à la loi du 4 avril 1873. Mais ces tombes n'étaient pas toujours aussi bien entretenues d'un village à un autre. Dans certains... Village, on a pu dire, on ne va quand même pas entretenir la tombe du Boche. Bon, donc effectivement, certaines tombes ont disparu. Elle a alerté effectivement l'opinion publique sur cet état. Et grâce à la souscription qu'elle a lancée au travers des journaux de presse, eh bien, ça a pu lancer l'idée de... de ce souvenir français, de cette association pour l'entretien des tombes. Je pense que si François-Xavier Nyssen était effectivement le père et le père du souvenir français, je crois que la mère du souvenir français, c'est Jenny TOUZIN. Elle fut la créatrice du premier logo du souvenir français, on y trouve la terre, symbole de la patrie. Un soldat à genoux à terre s'inclinant une branche de laurier à la main, devant les tombes de ses compagnons morts sur les champs de bataille pour défendre leur pays. Les sépultures sont surmontées d'une croix avec des couronnes et positionnées autour d'une stèle comportant des marches pour symboliser la montée vers les étoiles, dont une est reproduite au sommet du monument de l'âme de ses héros. Au-dessus de tout cela, pour les protéger et permettre de perpétuer leur mémoire, est inscrit le nom de l'association. Et enfin, sur la stèle, est écrit Aux morts pour la patrie si on voulait honorer les hommes qui s'étaient sacrifiés pour leur pays. Et puis ce logo restera actif jusque dans les années 1950, bien après la sortie d'un nouveau avec l'arrivée de la revue moderne en 1922. Jenny TOUZIN est décédée à l'hôpital. Atteinte de cette maladie de Parkinson, elle avait certainement chuté. Elle avait une plaie. Elle est rentrée à l'hôpital en décembre 1901. Et elle en est sortie les pieds devant, si je puis permettre cette expression, en mars 1902, pratiquement trois mois après son entrée à l'hôpital. Elle avait 70 ans. Aujourd'hui, on peut s'engager dans le monde associatif, qui est très développé en France, plus que dans de nombreux autres pays. L'engagement, pour moi, c'est une valeur fondamentale, c'est plus qu'un objectif. C'est un contrat moral, l'on contracte avec soi-même, d'aller au bout de nos décisions en rapport avec nos valeurs et notre motivation émotionnelle, décuplée pour réussir au profit des autres. C'est donner de sa personne, de son temps, de son énergie pour une cause à laquelle on croit. Alors une fois que l'on a dit cela, comment se l'appliquer ? Jenny Toussaint s'était engagée dans beaucoup de causes, car elle avait une sensibilité à fleurs de peau et même malade, elle a continué à agir pour partager ses valeurs avec les autres. La devise de la société, l'alliance des arts, des sciences et des lettres qu'elle avait créé était aidons-nous les uns les autres Son engagement envers la mémoire et les tombes des soldats qui étaient tombés en 1870 et qui aboutit à la création du souvenir français fut de partager cette mission pour la faire exister et pérenniser sans se mettre en avant. Finalement, n'est-ce pas ça le véritable engagement ? Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

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