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Passeurs d'histoires - le podcast de la mémoire

E7 - S'engager par Bruno - un militaire au service de la mémoire

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26min |26/11/2024
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26min |26/11/2024
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Description

Bruno CUCHE est membre du Conseil d’administration et du Bureau du Souvenir Français depuis 4 ans. 

Ancien chef d’Etat major de l’Armée de Terre, sa deuxième vie associative a été riche d’engagements au service du monde ancien combattant et de la mémoire dont il a particulièrement à cœur de transmettre les valeurs aux jeunes générations. 


Découvrez l'histoire d’un parcours au service de la France, au service de la mémoire combattante et de la transmission de notre histoire commune. 


A travers le témoignage des bénévoles du Souvenir Français, ce programme a pour objectif de comprendre pourquoi ces hommes et ces femmes de tous âges, d’extractions sociales ou de cultures différentes, s’engagent au quotidien pour une cause que certains pourraient qualifier de passéiste : la mémoire combattante.


Pourquoi ce choix ? Pourquoi c’est important pour eux ? Quel est leur cheminement personnel ? En quoi cet engagement donne-t-il un sens à leur vie ? Quel lien entretiennent-ils avec le souvenir et la transmission ? Quel est leur rôle en tant que bénévole ? Comment agissent-ils concrètement sur le terrain ? En quoi selon eux les conflits du passé peuvent-ils aider les générations futures à construire un monde meilleur ? 


Le Souvenir Français recueille ces voix qui ont décidé de perpétuer le souvenir de celles et ceux qui se sont engagés pour la France et pour que les générations à venir ne les oublient pas. 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je trouve cette tombe assez exceptionnelle, et avoir saccagé, ça fait mal. J'ai appelé le délégué du gouvernement français, c'était réparé dans les deux jours. C'est là où le gouvernement français était censé être.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. S'engager par Bruno, un militaire au service de la mémoire.

  • Speaker #0

    Je suis le général Bruno Cuche. Je suis né au siècle dernier, avant même la moitié du siècle, juste après la guerre, où mon grand-père exerçait les fonctions de général commandant le secteur d'occupation en Allemagne. Je suis né en 1948 et curieusement, avec beaucoup de peu d'imagination, j'ai choisi d'être moi aussi à mon tour officier. Je suis rentré à Saint-Cyr en 68 et j'en suis ressorti en 70 et ensuite j'ai conduit une... Une carrière militaire tout à fait normale, d'abord dans le commandement, dans l'enseignement beaucoup. J'ai souvent enseigné en école. J'ai eu la chance ou le privilège de commander l'Académie militaire de Saint-Cyr pendant trois ans. J'ai également été instructeur à l'école des blindés à Saumur. Et puis j'ai également été instructeur en Angleterre et en revanche élève au Canada. Voilà, c'est mon parcours un peu scolaire dans le milieu militaire, sans compter l'école de guerre, l'Institut des hautes études de défense nationale. Et puis j'ai aussi une carrière d'état-major et j'ai terminé en fait commandant l'armée de terre de 2006 à 2008. Et je suis parti un peu précipitamment en 2008 pour entamer une nouvelle carrière dans le privé, c'est-à-dire en fait en retraité, paisible. Il se trouve qu'un an après mon départ à la retraite, j'ai été... été nommé gouverneur des Invalides, où je me suis occupé, et c'est là peut-être qu'est venue ma vocation de bénévole, où je me suis occupé de vieux soldats blessés, ou de personnes ayant été déportées, des résistantes, voire même des déportés politiques, comme les juifs, les homosexuels, les tziganes, etc. Pour moi, la vocation est venue surtout plus de mon grand-père. qui avait participé au conflit de 14-18, au conflit de la guerre du Rif en Maroc, et puis au conflit 39-45. Donc c'est lui qui m'a véritablement inspiré plus que mon père, qui lui m'a donné plutôt le goût de l'exotisme, parce que mon père a beaucoup été en Afrique et en Asie. Et donc je l'ai suivi dans des pays aussi merveilleux que le Laos, le Cambodge, le Sénégal, la Guinée, le Gabon, le Congo-Brasaville. Le métier militaire, c'est de porter les armes de la France. Et je dirais avec gravité que c'est un privilège extrêmement difficile à tenir, parce qu'on le sait tous et on le voit dans l'actualité, ça peut être dramatique. Et s'il n'y a pas derrière le militaire une grande éthique, une belle formation éthique, sur laquelle j'ai beaucoup insisté lorsque je commandais l'Académie militaire de Saint-Cyr, vous pouvez arriver à des dérapages dramatiques. Alors pour moi, la vie associative a commencé en fait avant la fin de ma carrière. Pourquoi ? Parce que comme jeune officier, j'ai eu le privilège de commander une unité d'environ 120 hommes. qui avait appartenu à la deuxième DB du général Leclerc, ou du moins qui avait repris les traditions de la deuxième DB du général Leclerc. Et à ce moment-là, j'ai découvert les anciens de Leclerc, qui étaient très jeunes, puisqu'ils avaient environ 15 ans de moins que moi aujourd'hui, c'est-à-dire environ 60 ans. J'ai noué avec eux véritablement des liens de respect, d'affection. Je me suis énormément instruit sur l'épopée Leclerc. J'ai découvert un chef lumineux. J'ai découvert des hommes qui s'étaient engagés, qui étaient tous des volontaires et non pas des engagés. Je les ai beaucoup suivis. Il se trouve que leur mémorial, ou plus exactement leur petite salle d'honneur, leur petit musée, était dans le quartier où je travaillais. Donc je les voyais pratiquement toutes les semaines. Ensuite, je les ai retrouvés quand je commandais un régiment de chars. Et ce régiment de chars aussi était un ancien régiment de chars de la 2e DB Leclerc, celui qui a libéré Paris. Quand je les commandais, j'ai retrouvé mes anciens, ils avaient un peu vieilli, moi aussi, on s'était assagis les uns et les autres, et les contacts étaient toujours aussi riches. Et puis la chance m'a souri, j'ai commandé à mon tour à la deuxième DB, après la guerre. J'ai beaucoup travaillé avec eux sur le plan du travail de mémoire, et surtout, je les ai incités à le transmettre. Parce que c'est le petit défaut, le petit travers de nos anciens, ils sont souvent trop discrets, et ils croient que tout le monde sait. En fait, on ne sait pas. Et tout ceci se perd et là je vais se forcer à raconter, on les a enregistrés. Et donc après avoir commandé cette deuxième division blindée à mon tour, ils m'ont demandé si un jour j'étais disponible pour rejoindre l'association et éventuellement y prendre quelques responsabilités. Ces responsabilités je les ai prises en 2010 précisément. Je venais de quitter mon poste de chef d'état-major de l'armée de terre. J'ai été président jusqu'en 2020. J'ai quitté cette présidence il y a quatre ans parce que je pense que place aux jeunes. J'étais dans cette période de transition où nous devions prendre le flambeau à la suite des témoins. Le président, le contrôleur général des armées Serge Barcellini, m'avait rencontré plusieurs fois. Je trouvais que souvenir français, je vais le dire, ça faisait un peu ringard. Donc je disais souvenir, souvenir, bon, ouais, bon, oui, ça ne me plaisait pas énormément. Et puis, quand j'ai vu le dynamisme de Serge Barcellini et que j'ai vu l'élan qu'il donnait, qu'il s'efforçait de donner, Eh bien, je me suis dit, il y a quelque chose à faire. Il y a quelque chose à faire et la mission est noble et elle me change de ce que j'ai fait auparavant. Auparavant, j'étais vraiment dans le monde combattant. Là, je suis dans le monde qui respecte ceux qui sont morts pour la France. Et c'est ce qui m'a attiré, ce que nous partageons avec personne d'autre sauf l'État. C'est l'entretien des tombes des morts pour la France. Beaucoup d'initiatives sont prises ici. Et j'estime que toutes celles qui sont prises vers les plus jeunes sont... indispensable. Mon action, elle est modeste. Néanmoins, j'ai accepté d'être administrateur. J'ai accepté parce qu'il me paraissait... Ça peut-être vous surprendre ce que je dis. Il me paraissait important qu'un général d'armée se manifeste aussi dans ce genre d'association. Et je ne vous cache pas que certains de mes camarades me regardaient d'un œil bizarre, en se disant il aurait pu faire autre chose Effectivement, j'ai eu des propositions, dans le privé, dans le public, j'ai eu des propositions. D'abord, très honnêtement, après avoir exercé les fonctions de chef de l'armée de terre, je n'avais pas l'intention d'exercer d'autres responsabilités. Je sentais que ma trajectoire professionnelle était aboutie. Donc je n'avais pas l'intention de continuer ailleurs, de jouer les utilités ailleurs. En revanche, le mode associatif m'attirait. Et comme je vous l'ai dit, à partir du moment où il y a un intérêt, il y a un défi à relever aux souverains français, et que le président a su me convaincre, j'y suis venu. Et j'y suis venu comme administrateur au départ. Vous noterez quand même que le conseil d'administration des souverains français est l'un des plus riches de ceux que j'ai pratiqués. Et j'en ai pratiqué un certain nombre. Je n'ai rarement rencontré un conseil d'administration aussi riches et représentatifs. Alors je commencerai, à tout seigneur, tout honneur, par les quatre généraux qui siègent dans ce conseil d'administration, mais je voudrais aussi noter les quatre cultes, le recteur d'Académie de Paris, des anciens ministres, un député, et j'en passe. Et j'en passe. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas. Parce qu'il y a vraiment un échantillon représentatif assez exceptionnel. Donc ça, ça m'a intéressé. Ensuite, le président voyait que je m'appliquais, je m'appliquais effectivement, j'aime bien donner des conseils, et puis j'avais une certaine expérience dans mon associatif, puisqu'elle datait de plusieurs années. Le président m'a demandé si je pouvais faire partie du bureau. Et donc là, je lui ai écouté volontiers dans le bureau, mais comme observateur. Ce qu'on appelle dans le langage de l'OTAN, les backbenchers ceux qui sont assis derrière, mais qui généralement sont assez utiles pour les chefs qui sont devant, parce qu'ils ont les dossiers. Donc j'ai accepté de siéger au bureau du Souvenir français, où je siège toujours d'ailleurs, depuis quatre ans, pour apporter quelquefois un éclairage un peu différent de ceux qui ont une certaine habitude ici. Voilà, il y a des renouvellements qui sont bons à faire, des idées nouvelles. Et puis, ce à quoi j'étais très attaché aussi dans ce bureau, c'est le rayonnement du Souvenir français. Donc je me suis appliqué dans ce bureau, même au sein du conseil. aller voir les uns et les autres que je connaissais, puisque j'avais siégé dans d'autres associations, d'autres fondations. Je me suis toujours appliqué à aller les voir pour essayer d'expliquer notre position et essayer également de nous rapprocher, le souvenir français, de certains autres. Le terme souvenir français peut rebuter. Je suis désolé de le dire, c'est pas pour ça qu'on va en changer, mais il faut l'expliquer. Il faut expliquer comme Churchill le faisait. Churchill disait plus vous regardez loin en arrière, plus vous verrez... loin devant. Et c'est vrai, et c'est ce que fait le souvenir français. Le souvenir français, quelquefois ça m'a surpris, remonte aux années post-1870. Et ça je dois reconnaître que pour moi et pour les Français, d'abord c'est pas très brillant 1870, puis c'est vraiment loin. Pourquoi pas Bouvines ou Marignan, tant qu'on y est. Déjà 14-18, moi je suis de ceux qui disent ça y est, on a fêté le centenaire, alors que de temps en temps, des grands anniversaires... On aille refaire un colloque. Très bien que les chercheurs... Mais refêter ça éternellement, il y a un moment, il faudra s'arrêter. 39-45, c'est encore d'actualité. C'est encore d'actualité parce qu'il y a encore des témoins. Pas beaucoup, mais des témoins. Il y a beaucoup de fils ou de filles de témoins. Et cela apporte beaucoup. Mais il viendra un jour. On vient de fêter le 80e anniversaire de 44. On va fêter dignement au souvenir français. le 80e intérieur de 45, ne l'oublions pas, ça a encore du sens. Et je sais que même 44-45, s'il n'y avait pas eu ces grands événements créés, ces grands spectacles, ces grandes cérémonies, ça n'aurait pas véritablement branché la jeunesse. Nous pouvons le faire par nos petites cérémonies, nous pouvons le faire par les petites expositions. Ce que nous faisons au souvenir français, personne d'autre ne le fera à notre place. Et que lorsqu'on se promène dans un cimetière, Et je vous donnerai un exemple encore. J'ai remué un peu là. Deux exemples. Lorsqu'on prend un cimetière et que l'on voit la tombe d'un mort pour la France, quelle que soit l'époque, je reviens même sur 70, il n'y en a plus beaucoup qu'on voit en fait, mais des tombes plus récentes, de mort pour la France en Algérie, en Indochine, un peu avant, ou dans les conflits récents. Abandonnées. Abandonnées. Lorsqu'on voit les sociétés de pompes funèbres. Aller démarcher les maires en leur disant mais vous inquiétez pas, vous avez besoin d'espace, vous manquez un peu de foncier, on va vous rassembler toutes ces tombes un peu abandonnées et les mettre dans un coin Tout ceci fait mal. J'étais président de la 2ème DB, j'avais un peu de temps entre deux cérémonies et je me suis dit je vais aller au cimetière d'Argentan où je savais qu'étaient enterrés des soldats de la 2ème DB qui avaient été tués dans la campagne de Normandie. Quelle n'est pas mon horrible surprise de découvrir des tombes profanées ? dans le carré militaire, qui ne dépend pas du souvenir français directement. Et en particulier, une tombe qui est, je crois, unique en France, exceptionnelle, où sont enterrés, dans le même caveau, un soldat musulman du 40e régiment d'artillerie nord-africaine et un soldat catholique du 12e régiment de cuirassiers. Et cette tombe a cette particularité d'avoir une croix et un croissant. C'est assez exceptionnel. J'en ai fait une photo, mais elle était un peu abîmée. Je suis allé voir la gardienne du cimetière. J'ai réagi comme je devais réagir. J'ai appelé le délégué du Souvenir français. C'était réparé dans les deux jours. C'est là où le rôle du Souvenir français est essentiel. Or, ce n'était pas sa responsabilité. Cette tombe est unique. Et en fait, pourquoi ces deux soldats sont-ils enterrés ensemble ? Je vais vous raconter l'anecdote. En fait, c'est une ambulance. qui les transportaient dans Argentan, qui n'étaient pas libérés. L'ambulance a été détruite, brûlée, et les restes des deux soldats qui étaient à l'arrière, blessés, ont été mis dans le même caveau, comme ils connaissaient leur identité. Et je trouve cette tombe assez exceptionnelle, et l'avoir saccagée, ça fait mal. Voilà des motivations qui, pour moi, sont importantes, pas pour tout le monde. Donc si moi j'insiste sur cet ADN des souverains français, d'autres peuvent insister sur d'autres choses. La transmission des drapeaux, la géolocalisation, les voyages scolaires. La transmission de la mémoire aux plus jeunes, c'est un sacré défi. Et je ne suis pas de ceux qui critiquent systématiquement l'éducation nationale en disant qu'on n'apporte rien, qu'on n'apprend plus l'histoire. L'histoire de France est tellement riche qu'il est absolument impensable de pouvoir tout enseigner. Et quand certains s'offusquent que de jeunes ne savent pas qui est Delattre ou Leclerc, moi, je ne vous cache pas, et pourtant Dieu sait si j'ai une grande admiration pour ces chefs militaires, ça ne me choque pas. Ce que je pense, c'est que le monde associatif est là pour compléter. compléter l'instruction qui est donnée par l'Education nationale selon ses moyens et selon les programmes qui sont définis par une commission ad hoc. Donc ça ne me choque pas, il ne faut pas se substituer à l'Education nationale, mais il faut en revanche effectivement apporter un complément. Et ce complément d'information, c'est le rôle de toutes les associations. Donc, pour revenir aux jeunes, il y a plusieurs façons de le faire. Le témoignage, je l'ai fait, je l'ai pratiqué, ça marche bien, mais ça touche une petite population. L'enregistrement du témoignage, ça touche encore une petite population. En revanche, ce qui a été entrepris par le Souvenir français, c'est d'abord, et je pense que c'est la première chose, cette transmission de drapeaux. Parce que le drapeau, ça a un sens. Ce n'est pas un objet, c'est un symbole. C'est un symbole qui est fort. Mais il faut d'abord l'expliquer. Je m'y suis déjà employé plusieurs fois dans des lycées différents. Et je retourne bientôt, d'ailleurs. Très amusant, d'ailleurs. Je vais à Vichy déposer un drapeau gaulliste. Alors là, je suis aux anges. Ça va être amusant. Il y a deux acteurs. Il y a le Souvenir français, qui a l'initiative, qui transmet un drapeau qu'il a reçu, qu'il a récupéré. Il est accompagné, justement, d'un membre de l'association dissoute, qui apporte ce complément d'histoire. Et je vous assure que chaque fois que j'ai fait cette démarche, dans des lycées professionnels, des lycées techniques, dans des zones difficiles, je pense à Saint-Etienne, je pense à Poitiers, où j'étais vraiment dans des établissements scolaires où les professeurs avaient du mal. Et bien quand vous voyez l'enthousiasme des élèves, quand vous voyez la participation des élèves, quand vous recevez ensuite, pas souvent, Mais quelquefois quand même, soit un mail, soit un petit mot, c'est assez exceptionnel. La deuxième chose, quand le président invite à une cérémonie comme l'Arc de Triomphe, on ne se rend pas compte que nous, l'Arc de Triomphe, on connaît, on y est habitué, on est des bons notables parisiens, mais le jeune qui vient d'une banlieue un peu difficile, qui vient à l'Arc de Triomphe, à qui on confie une mission, soit de déposer une gerbe. soit de raviver la flamme avec un président, un ministre, un député, un élu, soit de porter le drapeau du souvenir français, eh bien il le gardera pour toujours. J'en suis absolument convaincu. Il ne faut pas rêver. On ne va pas convaincre tout le monde, mais ceux-là, ils le garderont. Ça, c'est la deuxième chose. Et je parle de l'Arc de Triomphe, parce que c'est le plus emblématique, mais il y a d'autres cérémonies auxquelles il participe, et ça les marque. La troisième chose qui est importante, c'est ce qu'a réalisé encore le souvenir français, avec, par exemple, je crois que ce sont les cadets. des pompiers, et en particulier qui ont fait de la géolocalisation. C'est-à-dire que là, ils sont acteurs, totalement acteurs. Ils connaissent bien ces outils, ils savent s'en servir, et surtout après, ils aiment bien aller chercher qui ils ont géocalisé. Donc il y a la fiche de recherche, et tout ceci est tout à fait remarquable. Ça, c'est de la bonne transmission. Géomémoire, pour être très franc, je ne suis pas un expert. Ce que je sais, c'est qu'au départ, il s'agissait de... géolocalisés, des tombes de morts pour la France qui ne sont pas dans les nécropoles nationales, car ça c'est la responsabilité de l'État. À partir de cette géolocalisation, on crée des fiches qui retracent le CV militaire de celui qui est là, les conditions de sa mort. Et enfin, si je ne m'abuse, il semble que dans certains cimetières, moi je l'ai vu, j'en suis certain, à Saint-Lô, il existe aussi des parcours au sein des cimetières. Et en particulier lors des journées du patrimoine, des délégués ou des présidents de comités du Souvenir français invitent à venir parcourir ces parcours de mémoire au sein des cimetières. Je reviens sur le drapeau parce que c'est vraiment le geste que pour ma part je préfère, je privilégie et auquel je crois, parce que j'en ai vécu un certain nombre. parce que malheureusement, beaucoup d'associations locales sont dissoutes faute de combattants. Pourquoi est-ce que je pense que ça marche ? Ça marchera à partir du moment où l'établissement lui-même s'approprie le projet. Si nous y allons en force, ou si nous essayons la persuasion, etc., ça ne marchera pas. Ce qui marche, c'est quand un professeur, pas forcément le principal, un professeur s'approprie le projet, le fait vivre avec une classe, ou un groupe d'élèves, car quelquefois, ce n'est pas une classe. Et à partir du moment où ils se sont appropriés le projet, que nous leur avons parfaitement expliqué le projet, la convention qui doit être signée, les conditions de gardiennage du drapeau, les conditions de sortie du drapeau lors des grandes cérémonies, ça marche tout seul. Alors l'exemple que je veux citer, c'est Nîmes. C'est Nîmes parce qu'au départ, on a reçu un accueil un peu froid de la part de l'établissement, qui pourtant avait montré sa bonne volonté. Un peu froid de la part du principal. Mais surtout, ce n'est pas un professeur d'histoire qui nous a accueillis, c'est un professeur de sport. Et ça peut surprendre. Moi pas, j'aime bien le sport. Donc il a travaillé avec un groupe de jeunes sportifs et sportives, les deux. Ils se sont appropriés le projet qui était splendide. Car avant même que l'on remette le drapeau, c'était un drapeau de la ZMDB encore, c'est pour ça que j'y étais. Avant même que l'on remette, le professeur a présenté une dizaine de drapeaux d'associations, de résistants, de cheminots, de syndicalistes, etc., français. Il les a présentés à tout le monde. Et ensuite, pour que tout le monde comprenne, et c'était quand il les a présentés, ce sont les élèves qui, chacun leur tour, selon leurs mots, plus ou moins à droit, ont présenté chacun des projets. C'était des élèves de quatrième et troisième, sacrément méritants. Moi, j'ai été ébloui. Et ensuite, a eu lieu la cérémonie. Et il se trouve qu'on a eu la chance, ce jour-là, pour la cérémonie, d'avoir un petit-fils de Leclerc. Le petit-fils de Leclerc m'a remis le drapeau. Je l'ai remis au préfet du département, qui, voyant que le projet avait pris une certaine ampleur, s'est déplacé, et l'a remis à un élève. Si vous avez vu la fierté de l'élève et des deux jeunes filles qui l'encadraient, c'était splendide. Ça, c'est le premier exemple. Le deuxième exemple, c'est à Poitiers. C'était un lycée professionnel un peu difficile. Il faut bien reconnaître, les professeurs nous l'avaient dit, le principal nous avait prévenu. Le principal avait joué deux options. Une option beau temps, une option mauvais temps. pas de chance, il faisait mauvais. Nous avons vu ça dans un gymnase. Eh bien, le gymnase, c'était 100 fois mieux, parce que les gradins étaient remplis. Vous entendez bien ? Remplis. Et quand les élèves se mettent à vouloir, non pas chahuter, mais manifester leur joie, etc., ça faisait un bruit infernal. On n'entendait même plus une musique. Il avait réussi à faire une musique militaire. Une musique militaire. C'est un exploit, par exemple, qui court. Tout ça dans un gymnase. exceptionnel. Et je rends hommage également au délégué, notre délégué du Souvenir Français qui est sur place, qui avait remarquablement préparé les choses. L'engagement. C'est un mot qui m'a perturbé au début. Je vais vous dire pourquoi, c'est encore une petite anecdote humoristique, c'est que alors que j'avais environ 30 ans, je pense que j'avais à peu près 30 ans d'ancienneté dans l'armée, ma fille, j'ai deux filles et deux garçons, et une de mes filles me dit mais papa, je ne comprends pas, tu ne t'es pas engagé, tu n'as pas fait ton service militaire Alors je me suis dit elle a dû louper quelque chose donc j'ai essayé de lui réexpliquer. Effectivement, j'ai signé. Je me suis engagé en passant un concours, mais elle a passé un concours d'une école de commerce, moi j'ai passé un concours d'une école dite de Saint-Cyr, et je lui ai dit en passant le concours de Saint-Cyr, tu t'engages à servir ton pays pendant 5 ans minimum. Donc l'engagement pour moi il a commencé à mes 18 ans, quand j'ai préparé ce concours, puis ensuite quand j'ai véritablement signé le contrat d'engagement, sans je crois réaliser... totalement que cet engagement était un engagement d'une vie. Donc moi, je partais pour la vie. C'était dans ma génération, c'est-à-dire, je vous l'ai dit, la génération 48-68 à Saint-Cyr, pratiquement tous mes camarades ont fait une carrière complète. L'engagement, je l'ai retrouvé véritablement dans sa pleine dimension quand je me suis engagé dans le monde associatif. Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, le monde associatif, quel qu'il soit, je suis aussi engagé, je ne vous cache pas, dans le monde associatif pour le handicap. J'ai été engagé à un moment dans le monde associatif pour l'enseignement. C'est véritablement, c'est pas un apostolat, faut pas rêver. C'est un véritable bénévolat, mais encore faut-il savoir ce que l'on veut réaliser. Certains, ils voient une occupation, c'est pas un engagement. Et puis certains se disent dans le monde associatif, il y a quelque chose à faire passer. Certains choisissent de s'engager, je prends le terme de s'engager. de montrer une certaine bénévolat, une certaine générosité pour témoigner avec simplicité, en rigolant quelquefois, avec des actions très différentes les unes des autres. J'ai été président de la Flamme sous l'arc de triomphe pendant trois ans. C'est un dur labeur. Ma plus belle réussite, c'est que grosso modo, on a fait les statistiques, plus de 12 000 jeunes collégiens ou lycéens venaient tous les ans sous l'arc de triomphe. Ils ne venaient pas seulement pour regarder. Non, je les faisais participer. Il y avait une garde d'honneur, il y en avait qui préparait la gerbe, il y en avait qui portait le drapeau, il y en avait qui chantait, qui récitait un poème. J'invite les apprentis d'Auteuil à venir raviver la flamme. J'aime bien raconter cette anecdote parce qu'elle m'a beaucoup fait rire. Le directeur me dit, mais vous voulez qu'ils aient une tenue particulière ? Je dis, non, non, qu'ils viennent... Mais lui, il y tenait. Donc, il a fait réaliser une polaire rouge avec apprentis d'Auteuil. Ils étaient tous en polaire rouge. Ils avaient raison, il faisait froid. Seul problème, c'est que quand ils sont arrivés, c'était une trentaine. Il manquait au moins sept ou huit polaires. Alors, à la fin de la cérémonie, je vais voir le directeur. Et je dis, mais c'était super. Super, je suis ravi, c'est très bien passé, mais pourquoi certains n'avaient pas de polaire ? Vous savez ce qu'il m'a répondu ? Ils l'ont vendu dans le métro. Magnifique. Mais quand vous voyez arriver ces jeunes, encadrés par des personnes véritablement engagées, qui viennent des milieux les plus désunis, les plus déstructurés, qui sont encadrés, qui viennent l'arc de triomphe, les mains dans les poches, et qui repartent à peu près fiers. vous avez gagné quelque chose.

  • Speaker #1

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

Description

Bruno CUCHE est membre du Conseil d’administration et du Bureau du Souvenir Français depuis 4 ans. 

Ancien chef d’Etat major de l’Armée de Terre, sa deuxième vie associative a été riche d’engagements au service du monde ancien combattant et de la mémoire dont il a particulièrement à cœur de transmettre les valeurs aux jeunes générations. 


Découvrez l'histoire d’un parcours au service de la France, au service de la mémoire combattante et de la transmission de notre histoire commune. 


A travers le témoignage des bénévoles du Souvenir Français, ce programme a pour objectif de comprendre pourquoi ces hommes et ces femmes de tous âges, d’extractions sociales ou de cultures différentes, s’engagent au quotidien pour une cause que certains pourraient qualifier de passéiste : la mémoire combattante.


Pourquoi ce choix ? Pourquoi c’est important pour eux ? Quel est leur cheminement personnel ? En quoi cet engagement donne-t-il un sens à leur vie ? Quel lien entretiennent-ils avec le souvenir et la transmission ? Quel est leur rôle en tant que bénévole ? Comment agissent-ils concrètement sur le terrain ? En quoi selon eux les conflits du passé peuvent-ils aider les générations futures à construire un monde meilleur ? 


Le Souvenir Français recueille ces voix qui ont décidé de perpétuer le souvenir de celles et ceux qui se sont engagés pour la France et pour que les générations à venir ne les oublient pas. 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je trouve cette tombe assez exceptionnelle, et avoir saccagé, ça fait mal. J'ai appelé le délégué du gouvernement français, c'était réparé dans les deux jours. C'est là où le gouvernement français était censé être.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. S'engager par Bruno, un militaire au service de la mémoire.

  • Speaker #0

    Je suis le général Bruno Cuche. Je suis né au siècle dernier, avant même la moitié du siècle, juste après la guerre, où mon grand-père exerçait les fonctions de général commandant le secteur d'occupation en Allemagne. Je suis né en 1948 et curieusement, avec beaucoup de peu d'imagination, j'ai choisi d'être moi aussi à mon tour officier. Je suis rentré à Saint-Cyr en 68 et j'en suis ressorti en 70 et ensuite j'ai conduit une... Une carrière militaire tout à fait normale, d'abord dans le commandement, dans l'enseignement beaucoup. J'ai souvent enseigné en école. J'ai eu la chance ou le privilège de commander l'Académie militaire de Saint-Cyr pendant trois ans. J'ai également été instructeur à l'école des blindés à Saumur. Et puis j'ai également été instructeur en Angleterre et en revanche élève au Canada. Voilà, c'est mon parcours un peu scolaire dans le milieu militaire, sans compter l'école de guerre, l'Institut des hautes études de défense nationale. Et puis j'ai aussi une carrière d'état-major et j'ai terminé en fait commandant l'armée de terre de 2006 à 2008. Et je suis parti un peu précipitamment en 2008 pour entamer une nouvelle carrière dans le privé, c'est-à-dire en fait en retraité, paisible. Il se trouve qu'un an après mon départ à la retraite, j'ai été... été nommé gouverneur des Invalides, où je me suis occupé, et c'est là peut-être qu'est venue ma vocation de bénévole, où je me suis occupé de vieux soldats blessés, ou de personnes ayant été déportées, des résistantes, voire même des déportés politiques, comme les juifs, les homosexuels, les tziganes, etc. Pour moi, la vocation est venue surtout plus de mon grand-père. qui avait participé au conflit de 14-18, au conflit de la guerre du Rif en Maroc, et puis au conflit 39-45. Donc c'est lui qui m'a véritablement inspiré plus que mon père, qui lui m'a donné plutôt le goût de l'exotisme, parce que mon père a beaucoup été en Afrique et en Asie. Et donc je l'ai suivi dans des pays aussi merveilleux que le Laos, le Cambodge, le Sénégal, la Guinée, le Gabon, le Congo-Brasaville. Le métier militaire, c'est de porter les armes de la France. Et je dirais avec gravité que c'est un privilège extrêmement difficile à tenir, parce qu'on le sait tous et on le voit dans l'actualité, ça peut être dramatique. Et s'il n'y a pas derrière le militaire une grande éthique, une belle formation éthique, sur laquelle j'ai beaucoup insisté lorsque je commandais l'Académie militaire de Saint-Cyr, vous pouvez arriver à des dérapages dramatiques. Alors pour moi, la vie associative a commencé en fait avant la fin de ma carrière. Pourquoi ? Parce que comme jeune officier, j'ai eu le privilège de commander une unité d'environ 120 hommes. qui avait appartenu à la deuxième DB du général Leclerc, ou du moins qui avait repris les traditions de la deuxième DB du général Leclerc. Et à ce moment-là, j'ai découvert les anciens de Leclerc, qui étaient très jeunes, puisqu'ils avaient environ 15 ans de moins que moi aujourd'hui, c'est-à-dire environ 60 ans. J'ai noué avec eux véritablement des liens de respect, d'affection. Je me suis énormément instruit sur l'épopée Leclerc. J'ai découvert un chef lumineux. J'ai découvert des hommes qui s'étaient engagés, qui étaient tous des volontaires et non pas des engagés. Je les ai beaucoup suivis. Il se trouve que leur mémorial, ou plus exactement leur petite salle d'honneur, leur petit musée, était dans le quartier où je travaillais. Donc je les voyais pratiquement toutes les semaines. Ensuite, je les ai retrouvés quand je commandais un régiment de chars. Et ce régiment de chars aussi était un ancien régiment de chars de la 2e DB Leclerc, celui qui a libéré Paris. Quand je les commandais, j'ai retrouvé mes anciens, ils avaient un peu vieilli, moi aussi, on s'était assagis les uns et les autres, et les contacts étaient toujours aussi riches. Et puis la chance m'a souri, j'ai commandé à mon tour à la deuxième DB, après la guerre. J'ai beaucoup travaillé avec eux sur le plan du travail de mémoire, et surtout, je les ai incités à le transmettre. Parce que c'est le petit défaut, le petit travers de nos anciens, ils sont souvent trop discrets, et ils croient que tout le monde sait. En fait, on ne sait pas. Et tout ceci se perd et là je vais se forcer à raconter, on les a enregistrés. Et donc après avoir commandé cette deuxième division blindée à mon tour, ils m'ont demandé si un jour j'étais disponible pour rejoindre l'association et éventuellement y prendre quelques responsabilités. Ces responsabilités je les ai prises en 2010 précisément. Je venais de quitter mon poste de chef d'état-major de l'armée de terre. J'ai été président jusqu'en 2020. J'ai quitté cette présidence il y a quatre ans parce que je pense que place aux jeunes. J'étais dans cette période de transition où nous devions prendre le flambeau à la suite des témoins. Le président, le contrôleur général des armées Serge Barcellini, m'avait rencontré plusieurs fois. Je trouvais que souvenir français, je vais le dire, ça faisait un peu ringard. Donc je disais souvenir, souvenir, bon, ouais, bon, oui, ça ne me plaisait pas énormément. Et puis, quand j'ai vu le dynamisme de Serge Barcellini et que j'ai vu l'élan qu'il donnait, qu'il s'efforçait de donner, Eh bien, je me suis dit, il y a quelque chose à faire. Il y a quelque chose à faire et la mission est noble et elle me change de ce que j'ai fait auparavant. Auparavant, j'étais vraiment dans le monde combattant. Là, je suis dans le monde qui respecte ceux qui sont morts pour la France. Et c'est ce qui m'a attiré, ce que nous partageons avec personne d'autre sauf l'État. C'est l'entretien des tombes des morts pour la France. Beaucoup d'initiatives sont prises ici. Et j'estime que toutes celles qui sont prises vers les plus jeunes sont... indispensable. Mon action, elle est modeste. Néanmoins, j'ai accepté d'être administrateur. J'ai accepté parce qu'il me paraissait... Ça peut-être vous surprendre ce que je dis. Il me paraissait important qu'un général d'armée se manifeste aussi dans ce genre d'association. Et je ne vous cache pas que certains de mes camarades me regardaient d'un œil bizarre, en se disant il aurait pu faire autre chose Effectivement, j'ai eu des propositions, dans le privé, dans le public, j'ai eu des propositions. D'abord, très honnêtement, après avoir exercé les fonctions de chef de l'armée de terre, je n'avais pas l'intention d'exercer d'autres responsabilités. Je sentais que ma trajectoire professionnelle était aboutie. Donc je n'avais pas l'intention de continuer ailleurs, de jouer les utilités ailleurs. En revanche, le mode associatif m'attirait. Et comme je vous l'ai dit, à partir du moment où il y a un intérêt, il y a un défi à relever aux souverains français, et que le président a su me convaincre, j'y suis venu. Et j'y suis venu comme administrateur au départ. Vous noterez quand même que le conseil d'administration des souverains français est l'un des plus riches de ceux que j'ai pratiqués. Et j'en ai pratiqué un certain nombre. Je n'ai rarement rencontré un conseil d'administration aussi riches et représentatifs. Alors je commencerai, à tout seigneur, tout honneur, par les quatre généraux qui siègent dans ce conseil d'administration, mais je voudrais aussi noter les quatre cultes, le recteur d'Académie de Paris, des anciens ministres, un député, et j'en passe. Et j'en passe. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas. Parce qu'il y a vraiment un échantillon représentatif assez exceptionnel. Donc ça, ça m'a intéressé. Ensuite, le président voyait que je m'appliquais, je m'appliquais effectivement, j'aime bien donner des conseils, et puis j'avais une certaine expérience dans mon associatif, puisqu'elle datait de plusieurs années. Le président m'a demandé si je pouvais faire partie du bureau. Et donc là, je lui ai écouté volontiers dans le bureau, mais comme observateur. Ce qu'on appelle dans le langage de l'OTAN, les backbenchers ceux qui sont assis derrière, mais qui généralement sont assez utiles pour les chefs qui sont devant, parce qu'ils ont les dossiers. Donc j'ai accepté de siéger au bureau du Souvenir français, où je siège toujours d'ailleurs, depuis quatre ans, pour apporter quelquefois un éclairage un peu différent de ceux qui ont une certaine habitude ici. Voilà, il y a des renouvellements qui sont bons à faire, des idées nouvelles. Et puis, ce à quoi j'étais très attaché aussi dans ce bureau, c'est le rayonnement du Souvenir français. Donc je me suis appliqué dans ce bureau, même au sein du conseil. aller voir les uns et les autres que je connaissais, puisque j'avais siégé dans d'autres associations, d'autres fondations. Je me suis toujours appliqué à aller les voir pour essayer d'expliquer notre position et essayer également de nous rapprocher, le souvenir français, de certains autres. Le terme souvenir français peut rebuter. Je suis désolé de le dire, c'est pas pour ça qu'on va en changer, mais il faut l'expliquer. Il faut expliquer comme Churchill le faisait. Churchill disait plus vous regardez loin en arrière, plus vous verrez... loin devant. Et c'est vrai, et c'est ce que fait le souvenir français. Le souvenir français, quelquefois ça m'a surpris, remonte aux années post-1870. Et ça je dois reconnaître que pour moi et pour les Français, d'abord c'est pas très brillant 1870, puis c'est vraiment loin. Pourquoi pas Bouvines ou Marignan, tant qu'on y est. Déjà 14-18, moi je suis de ceux qui disent ça y est, on a fêté le centenaire, alors que de temps en temps, des grands anniversaires... On aille refaire un colloque. Très bien que les chercheurs... Mais refêter ça éternellement, il y a un moment, il faudra s'arrêter. 39-45, c'est encore d'actualité. C'est encore d'actualité parce qu'il y a encore des témoins. Pas beaucoup, mais des témoins. Il y a beaucoup de fils ou de filles de témoins. Et cela apporte beaucoup. Mais il viendra un jour. On vient de fêter le 80e anniversaire de 44. On va fêter dignement au souvenir français. le 80e intérieur de 45, ne l'oublions pas, ça a encore du sens. Et je sais que même 44-45, s'il n'y avait pas eu ces grands événements créés, ces grands spectacles, ces grandes cérémonies, ça n'aurait pas véritablement branché la jeunesse. Nous pouvons le faire par nos petites cérémonies, nous pouvons le faire par les petites expositions. Ce que nous faisons au souvenir français, personne d'autre ne le fera à notre place. Et que lorsqu'on se promène dans un cimetière, Et je vous donnerai un exemple encore. J'ai remué un peu là. Deux exemples. Lorsqu'on prend un cimetière et que l'on voit la tombe d'un mort pour la France, quelle que soit l'époque, je reviens même sur 70, il n'y en a plus beaucoup qu'on voit en fait, mais des tombes plus récentes, de mort pour la France en Algérie, en Indochine, un peu avant, ou dans les conflits récents. Abandonnées. Abandonnées. Lorsqu'on voit les sociétés de pompes funèbres. Aller démarcher les maires en leur disant mais vous inquiétez pas, vous avez besoin d'espace, vous manquez un peu de foncier, on va vous rassembler toutes ces tombes un peu abandonnées et les mettre dans un coin Tout ceci fait mal. J'étais président de la 2ème DB, j'avais un peu de temps entre deux cérémonies et je me suis dit je vais aller au cimetière d'Argentan où je savais qu'étaient enterrés des soldats de la 2ème DB qui avaient été tués dans la campagne de Normandie. Quelle n'est pas mon horrible surprise de découvrir des tombes profanées ? dans le carré militaire, qui ne dépend pas du souvenir français directement. Et en particulier, une tombe qui est, je crois, unique en France, exceptionnelle, où sont enterrés, dans le même caveau, un soldat musulman du 40e régiment d'artillerie nord-africaine et un soldat catholique du 12e régiment de cuirassiers. Et cette tombe a cette particularité d'avoir une croix et un croissant. C'est assez exceptionnel. J'en ai fait une photo, mais elle était un peu abîmée. Je suis allé voir la gardienne du cimetière. J'ai réagi comme je devais réagir. J'ai appelé le délégué du Souvenir français. C'était réparé dans les deux jours. C'est là où le rôle du Souvenir français est essentiel. Or, ce n'était pas sa responsabilité. Cette tombe est unique. Et en fait, pourquoi ces deux soldats sont-ils enterrés ensemble ? Je vais vous raconter l'anecdote. En fait, c'est une ambulance. qui les transportaient dans Argentan, qui n'étaient pas libérés. L'ambulance a été détruite, brûlée, et les restes des deux soldats qui étaient à l'arrière, blessés, ont été mis dans le même caveau, comme ils connaissaient leur identité. Et je trouve cette tombe assez exceptionnelle, et l'avoir saccagée, ça fait mal. Voilà des motivations qui, pour moi, sont importantes, pas pour tout le monde. Donc si moi j'insiste sur cet ADN des souverains français, d'autres peuvent insister sur d'autres choses. La transmission des drapeaux, la géolocalisation, les voyages scolaires. La transmission de la mémoire aux plus jeunes, c'est un sacré défi. Et je ne suis pas de ceux qui critiquent systématiquement l'éducation nationale en disant qu'on n'apporte rien, qu'on n'apprend plus l'histoire. L'histoire de France est tellement riche qu'il est absolument impensable de pouvoir tout enseigner. Et quand certains s'offusquent que de jeunes ne savent pas qui est Delattre ou Leclerc, moi, je ne vous cache pas, et pourtant Dieu sait si j'ai une grande admiration pour ces chefs militaires, ça ne me choque pas. Ce que je pense, c'est que le monde associatif est là pour compléter. compléter l'instruction qui est donnée par l'Education nationale selon ses moyens et selon les programmes qui sont définis par une commission ad hoc. Donc ça ne me choque pas, il ne faut pas se substituer à l'Education nationale, mais il faut en revanche effectivement apporter un complément. Et ce complément d'information, c'est le rôle de toutes les associations. Donc, pour revenir aux jeunes, il y a plusieurs façons de le faire. Le témoignage, je l'ai fait, je l'ai pratiqué, ça marche bien, mais ça touche une petite population. L'enregistrement du témoignage, ça touche encore une petite population. En revanche, ce qui a été entrepris par le Souvenir français, c'est d'abord, et je pense que c'est la première chose, cette transmission de drapeaux. Parce que le drapeau, ça a un sens. Ce n'est pas un objet, c'est un symbole. C'est un symbole qui est fort. Mais il faut d'abord l'expliquer. Je m'y suis déjà employé plusieurs fois dans des lycées différents. Et je retourne bientôt, d'ailleurs. Très amusant, d'ailleurs. Je vais à Vichy déposer un drapeau gaulliste. Alors là, je suis aux anges. Ça va être amusant. Il y a deux acteurs. Il y a le Souvenir français, qui a l'initiative, qui transmet un drapeau qu'il a reçu, qu'il a récupéré. Il est accompagné, justement, d'un membre de l'association dissoute, qui apporte ce complément d'histoire. Et je vous assure que chaque fois que j'ai fait cette démarche, dans des lycées professionnels, des lycées techniques, dans des zones difficiles, je pense à Saint-Etienne, je pense à Poitiers, où j'étais vraiment dans des établissements scolaires où les professeurs avaient du mal. Et bien quand vous voyez l'enthousiasme des élèves, quand vous voyez la participation des élèves, quand vous recevez ensuite, pas souvent, Mais quelquefois quand même, soit un mail, soit un petit mot, c'est assez exceptionnel. La deuxième chose, quand le président invite à une cérémonie comme l'Arc de Triomphe, on ne se rend pas compte que nous, l'Arc de Triomphe, on connaît, on y est habitué, on est des bons notables parisiens, mais le jeune qui vient d'une banlieue un peu difficile, qui vient à l'Arc de Triomphe, à qui on confie une mission, soit de déposer une gerbe. soit de raviver la flamme avec un président, un ministre, un député, un élu, soit de porter le drapeau du souvenir français, eh bien il le gardera pour toujours. J'en suis absolument convaincu. Il ne faut pas rêver. On ne va pas convaincre tout le monde, mais ceux-là, ils le garderont. Ça, c'est la deuxième chose. Et je parle de l'Arc de Triomphe, parce que c'est le plus emblématique, mais il y a d'autres cérémonies auxquelles il participe, et ça les marque. La troisième chose qui est importante, c'est ce qu'a réalisé encore le souvenir français, avec, par exemple, je crois que ce sont les cadets. des pompiers, et en particulier qui ont fait de la géolocalisation. C'est-à-dire que là, ils sont acteurs, totalement acteurs. Ils connaissent bien ces outils, ils savent s'en servir, et surtout après, ils aiment bien aller chercher qui ils ont géocalisé. Donc il y a la fiche de recherche, et tout ceci est tout à fait remarquable. Ça, c'est de la bonne transmission. Géomémoire, pour être très franc, je ne suis pas un expert. Ce que je sais, c'est qu'au départ, il s'agissait de... géolocalisés, des tombes de morts pour la France qui ne sont pas dans les nécropoles nationales, car ça c'est la responsabilité de l'État. À partir de cette géolocalisation, on crée des fiches qui retracent le CV militaire de celui qui est là, les conditions de sa mort. Et enfin, si je ne m'abuse, il semble que dans certains cimetières, moi je l'ai vu, j'en suis certain, à Saint-Lô, il existe aussi des parcours au sein des cimetières. Et en particulier lors des journées du patrimoine, des délégués ou des présidents de comités du Souvenir français invitent à venir parcourir ces parcours de mémoire au sein des cimetières. Je reviens sur le drapeau parce que c'est vraiment le geste que pour ma part je préfère, je privilégie et auquel je crois, parce que j'en ai vécu un certain nombre. parce que malheureusement, beaucoup d'associations locales sont dissoutes faute de combattants. Pourquoi est-ce que je pense que ça marche ? Ça marchera à partir du moment où l'établissement lui-même s'approprie le projet. Si nous y allons en force, ou si nous essayons la persuasion, etc., ça ne marchera pas. Ce qui marche, c'est quand un professeur, pas forcément le principal, un professeur s'approprie le projet, le fait vivre avec une classe, ou un groupe d'élèves, car quelquefois, ce n'est pas une classe. Et à partir du moment où ils se sont appropriés le projet, que nous leur avons parfaitement expliqué le projet, la convention qui doit être signée, les conditions de gardiennage du drapeau, les conditions de sortie du drapeau lors des grandes cérémonies, ça marche tout seul. Alors l'exemple que je veux citer, c'est Nîmes. C'est Nîmes parce qu'au départ, on a reçu un accueil un peu froid de la part de l'établissement, qui pourtant avait montré sa bonne volonté. Un peu froid de la part du principal. Mais surtout, ce n'est pas un professeur d'histoire qui nous a accueillis, c'est un professeur de sport. Et ça peut surprendre. Moi pas, j'aime bien le sport. Donc il a travaillé avec un groupe de jeunes sportifs et sportives, les deux. Ils se sont appropriés le projet qui était splendide. Car avant même que l'on remette le drapeau, c'était un drapeau de la ZMDB encore, c'est pour ça que j'y étais. Avant même que l'on remette, le professeur a présenté une dizaine de drapeaux d'associations, de résistants, de cheminots, de syndicalistes, etc., français. Il les a présentés à tout le monde. Et ensuite, pour que tout le monde comprenne, et c'était quand il les a présentés, ce sont les élèves qui, chacun leur tour, selon leurs mots, plus ou moins à droit, ont présenté chacun des projets. C'était des élèves de quatrième et troisième, sacrément méritants. Moi, j'ai été ébloui. Et ensuite, a eu lieu la cérémonie. Et il se trouve qu'on a eu la chance, ce jour-là, pour la cérémonie, d'avoir un petit-fils de Leclerc. Le petit-fils de Leclerc m'a remis le drapeau. Je l'ai remis au préfet du département, qui, voyant que le projet avait pris une certaine ampleur, s'est déplacé, et l'a remis à un élève. Si vous avez vu la fierté de l'élève et des deux jeunes filles qui l'encadraient, c'était splendide. Ça, c'est le premier exemple. Le deuxième exemple, c'est à Poitiers. C'était un lycée professionnel un peu difficile. Il faut bien reconnaître, les professeurs nous l'avaient dit, le principal nous avait prévenu. Le principal avait joué deux options. Une option beau temps, une option mauvais temps. pas de chance, il faisait mauvais. Nous avons vu ça dans un gymnase. Eh bien, le gymnase, c'était 100 fois mieux, parce que les gradins étaient remplis. Vous entendez bien ? Remplis. Et quand les élèves se mettent à vouloir, non pas chahuter, mais manifester leur joie, etc., ça faisait un bruit infernal. On n'entendait même plus une musique. Il avait réussi à faire une musique militaire. Une musique militaire. C'est un exploit, par exemple, qui court. Tout ça dans un gymnase. exceptionnel. Et je rends hommage également au délégué, notre délégué du Souvenir Français qui est sur place, qui avait remarquablement préparé les choses. L'engagement. C'est un mot qui m'a perturbé au début. Je vais vous dire pourquoi, c'est encore une petite anecdote humoristique, c'est que alors que j'avais environ 30 ans, je pense que j'avais à peu près 30 ans d'ancienneté dans l'armée, ma fille, j'ai deux filles et deux garçons, et une de mes filles me dit mais papa, je ne comprends pas, tu ne t'es pas engagé, tu n'as pas fait ton service militaire Alors je me suis dit elle a dû louper quelque chose donc j'ai essayé de lui réexpliquer. Effectivement, j'ai signé. Je me suis engagé en passant un concours, mais elle a passé un concours d'une école de commerce, moi j'ai passé un concours d'une école dite de Saint-Cyr, et je lui ai dit en passant le concours de Saint-Cyr, tu t'engages à servir ton pays pendant 5 ans minimum. Donc l'engagement pour moi il a commencé à mes 18 ans, quand j'ai préparé ce concours, puis ensuite quand j'ai véritablement signé le contrat d'engagement, sans je crois réaliser... totalement que cet engagement était un engagement d'une vie. Donc moi, je partais pour la vie. C'était dans ma génération, c'est-à-dire, je vous l'ai dit, la génération 48-68 à Saint-Cyr, pratiquement tous mes camarades ont fait une carrière complète. L'engagement, je l'ai retrouvé véritablement dans sa pleine dimension quand je me suis engagé dans le monde associatif. Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, le monde associatif, quel qu'il soit, je suis aussi engagé, je ne vous cache pas, dans le monde associatif pour le handicap. J'ai été engagé à un moment dans le monde associatif pour l'enseignement. C'est véritablement, c'est pas un apostolat, faut pas rêver. C'est un véritable bénévolat, mais encore faut-il savoir ce que l'on veut réaliser. Certains, ils voient une occupation, c'est pas un engagement. Et puis certains se disent dans le monde associatif, il y a quelque chose à faire passer. Certains choisissent de s'engager, je prends le terme de s'engager. de montrer une certaine bénévolat, une certaine générosité pour témoigner avec simplicité, en rigolant quelquefois, avec des actions très différentes les unes des autres. J'ai été président de la Flamme sous l'arc de triomphe pendant trois ans. C'est un dur labeur. Ma plus belle réussite, c'est que grosso modo, on a fait les statistiques, plus de 12 000 jeunes collégiens ou lycéens venaient tous les ans sous l'arc de triomphe. Ils ne venaient pas seulement pour regarder. Non, je les faisais participer. Il y avait une garde d'honneur, il y en avait qui préparait la gerbe, il y en avait qui portait le drapeau, il y en avait qui chantait, qui récitait un poème. J'invite les apprentis d'Auteuil à venir raviver la flamme. J'aime bien raconter cette anecdote parce qu'elle m'a beaucoup fait rire. Le directeur me dit, mais vous voulez qu'ils aient une tenue particulière ? Je dis, non, non, qu'ils viennent... Mais lui, il y tenait. Donc, il a fait réaliser une polaire rouge avec apprentis d'Auteuil. Ils étaient tous en polaire rouge. Ils avaient raison, il faisait froid. Seul problème, c'est que quand ils sont arrivés, c'était une trentaine. Il manquait au moins sept ou huit polaires. Alors, à la fin de la cérémonie, je vais voir le directeur. Et je dis, mais c'était super. Super, je suis ravi, c'est très bien passé, mais pourquoi certains n'avaient pas de polaire ? Vous savez ce qu'il m'a répondu ? Ils l'ont vendu dans le métro. Magnifique. Mais quand vous voyez arriver ces jeunes, encadrés par des personnes véritablement engagées, qui viennent des milieux les plus désunis, les plus déstructurés, qui sont encadrés, qui viennent l'arc de triomphe, les mains dans les poches, et qui repartent à peu près fiers. vous avez gagné quelque chose.

  • Speaker #1

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

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Description

Bruno CUCHE est membre du Conseil d’administration et du Bureau du Souvenir Français depuis 4 ans. 

Ancien chef d’Etat major de l’Armée de Terre, sa deuxième vie associative a été riche d’engagements au service du monde ancien combattant et de la mémoire dont il a particulièrement à cœur de transmettre les valeurs aux jeunes générations. 


Découvrez l'histoire d’un parcours au service de la France, au service de la mémoire combattante et de la transmission de notre histoire commune. 


A travers le témoignage des bénévoles du Souvenir Français, ce programme a pour objectif de comprendre pourquoi ces hommes et ces femmes de tous âges, d’extractions sociales ou de cultures différentes, s’engagent au quotidien pour une cause que certains pourraient qualifier de passéiste : la mémoire combattante.


Pourquoi ce choix ? Pourquoi c’est important pour eux ? Quel est leur cheminement personnel ? En quoi cet engagement donne-t-il un sens à leur vie ? Quel lien entretiennent-ils avec le souvenir et la transmission ? Quel est leur rôle en tant que bénévole ? Comment agissent-ils concrètement sur le terrain ? En quoi selon eux les conflits du passé peuvent-ils aider les générations futures à construire un monde meilleur ? 


Le Souvenir Français recueille ces voix qui ont décidé de perpétuer le souvenir de celles et ceux qui se sont engagés pour la France et pour que les générations à venir ne les oublient pas. 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je trouve cette tombe assez exceptionnelle, et avoir saccagé, ça fait mal. J'ai appelé le délégué du gouvernement français, c'était réparé dans les deux jours. C'est là où le gouvernement français était censé être.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. S'engager par Bruno, un militaire au service de la mémoire.

  • Speaker #0

    Je suis le général Bruno Cuche. Je suis né au siècle dernier, avant même la moitié du siècle, juste après la guerre, où mon grand-père exerçait les fonctions de général commandant le secteur d'occupation en Allemagne. Je suis né en 1948 et curieusement, avec beaucoup de peu d'imagination, j'ai choisi d'être moi aussi à mon tour officier. Je suis rentré à Saint-Cyr en 68 et j'en suis ressorti en 70 et ensuite j'ai conduit une... Une carrière militaire tout à fait normale, d'abord dans le commandement, dans l'enseignement beaucoup. J'ai souvent enseigné en école. J'ai eu la chance ou le privilège de commander l'Académie militaire de Saint-Cyr pendant trois ans. J'ai également été instructeur à l'école des blindés à Saumur. Et puis j'ai également été instructeur en Angleterre et en revanche élève au Canada. Voilà, c'est mon parcours un peu scolaire dans le milieu militaire, sans compter l'école de guerre, l'Institut des hautes études de défense nationale. Et puis j'ai aussi une carrière d'état-major et j'ai terminé en fait commandant l'armée de terre de 2006 à 2008. Et je suis parti un peu précipitamment en 2008 pour entamer une nouvelle carrière dans le privé, c'est-à-dire en fait en retraité, paisible. Il se trouve qu'un an après mon départ à la retraite, j'ai été... été nommé gouverneur des Invalides, où je me suis occupé, et c'est là peut-être qu'est venue ma vocation de bénévole, où je me suis occupé de vieux soldats blessés, ou de personnes ayant été déportées, des résistantes, voire même des déportés politiques, comme les juifs, les homosexuels, les tziganes, etc. Pour moi, la vocation est venue surtout plus de mon grand-père. qui avait participé au conflit de 14-18, au conflit de la guerre du Rif en Maroc, et puis au conflit 39-45. Donc c'est lui qui m'a véritablement inspiré plus que mon père, qui lui m'a donné plutôt le goût de l'exotisme, parce que mon père a beaucoup été en Afrique et en Asie. Et donc je l'ai suivi dans des pays aussi merveilleux que le Laos, le Cambodge, le Sénégal, la Guinée, le Gabon, le Congo-Brasaville. Le métier militaire, c'est de porter les armes de la France. Et je dirais avec gravité que c'est un privilège extrêmement difficile à tenir, parce qu'on le sait tous et on le voit dans l'actualité, ça peut être dramatique. Et s'il n'y a pas derrière le militaire une grande éthique, une belle formation éthique, sur laquelle j'ai beaucoup insisté lorsque je commandais l'Académie militaire de Saint-Cyr, vous pouvez arriver à des dérapages dramatiques. Alors pour moi, la vie associative a commencé en fait avant la fin de ma carrière. Pourquoi ? Parce que comme jeune officier, j'ai eu le privilège de commander une unité d'environ 120 hommes. qui avait appartenu à la deuxième DB du général Leclerc, ou du moins qui avait repris les traditions de la deuxième DB du général Leclerc. Et à ce moment-là, j'ai découvert les anciens de Leclerc, qui étaient très jeunes, puisqu'ils avaient environ 15 ans de moins que moi aujourd'hui, c'est-à-dire environ 60 ans. J'ai noué avec eux véritablement des liens de respect, d'affection. Je me suis énormément instruit sur l'épopée Leclerc. J'ai découvert un chef lumineux. J'ai découvert des hommes qui s'étaient engagés, qui étaient tous des volontaires et non pas des engagés. Je les ai beaucoup suivis. Il se trouve que leur mémorial, ou plus exactement leur petite salle d'honneur, leur petit musée, était dans le quartier où je travaillais. Donc je les voyais pratiquement toutes les semaines. Ensuite, je les ai retrouvés quand je commandais un régiment de chars. Et ce régiment de chars aussi était un ancien régiment de chars de la 2e DB Leclerc, celui qui a libéré Paris. Quand je les commandais, j'ai retrouvé mes anciens, ils avaient un peu vieilli, moi aussi, on s'était assagis les uns et les autres, et les contacts étaient toujours aussi riches. Et puis la chance m'a souri, j'ai commandé à mon tour à la deuxième DB, après la guerre. J'ai beaucoup travaillé avec eux sur le plan du travail de mémoire, et surtout, je les ai incités à le transmettre. Parce que c'est le petit défaut, le petit travers de nos anciens, ils sont souvent trop discrets, et ils croient que tout le monde sait. En fait, on ne sait pas. Et tout ceci se perd et là je vais se forcer à raconter, on les a enregistrés. Et donc après avoir commandé cette deuxième division blindée à mon tour, ils m'ont demandé si un jour j'étais disponible pour rejoindre l'association et éventuellement y prendre quelques responsabilités. Ces responsabilités je les ai prises en 2010 précisément. Je venais de quitter mon poste de chef d'état-major de l'armée de terre. J'ai été président jusqu'en 2020. J'ai quitté cette présidence il y a quatre ans parce que je pense que place aux jeunes. J'étais dans cette période de transition où nous devions prendre le flambeau à la suite des témoins. Le président, le contrôleur général des armées Serge Barcellini, m'avait rencontré plusieurs fois. Je trouvais que souvenir français, je vais le dire, ça faisait un peu ringard. Donc je disais souvenir, souvenir, bon, ouais, bon, oui, ça ne me plaisait pas énormément. Et puis, quand j'ai vu le dynamisme de Serge Barcellini et que j'ai vu l'élan qu'il donnait, qu'il s'efforçait de donner, Eh bien, je me suis dit, il y a quelque chose à faire. Il y a quelque chose à faire et la mission est noble et elle me change de ce que j'ai fait auparavant. Auparavant, j'étais vraiment dans le monde combattant. Là, je suis dans le monde qui respecte ceux qui sont morts pour la France. Et c'est ce qui m'a attiré, ce que nous partageons avec personne d'autre sauf l'État. C'est l'entretien des tombes des morts pour la France. Beaucoup d'initiatives sont prises ici. Et j'estime que toutes celles qui sont prises vers les plus jeunes sont... indispensable. Mon action, elle est modeste. Néanmoins, j'ai accepté d'être administrateur. J'ai accepté parce qu'il me paraissait... Ça peut-être vous surprendre ce que je dis. Il me paraissait important qu'un général d'armée se manifeste aussi dans ce genre d'association. Et je ne vous cache pas que certains de mes camarades me regardaient d'un œil bizarre, en se disant il aurait pu faire autre chose Effectivement, j'ai eu des propositions, dans le privé, dans le public, j'ai eu des propositions. D'abord, très honnêtement, après avoir exercé les fonctions de chef de l'armée de terre, je n'avais pas l'intention d'exercer d'autres responsabilités. Je sentais que ma trajectoire professionnelle était aboutie. Donc je n'avais pas l'intention de continuer ailleurs, de jouer les utilités ailleurs. En revanche, le mode associatif m'attirait. Et comme je vous l'ai dit, à partir du moment où il y a un intérêt, il y a un défi à relever aux souverains français, et que le président a su me convaincre, j'y suis venu. Et j'y suis venu comme administrateur au départ. Vous noterez quand même que le conseil d'administration des souverains français est l'un des plus riches de ceux que j'ai pratiqués. Et j'en ai pratiqué un certain nombre. Je n'ai rarement rencontré un conseil d'administration aussi riches et représentatifs. Alors je commencerai, à tout seigneur, tout honneur, par les quatre généraux qui siègent dans ce conseil d'administration, mais je voudrais aussi noter les quatre cultes, le recteur d'Académie de Paris, des anciens ministres, un député, et j'en passe. Et j'en passe. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas. Parce qu'il y a vraiment un échantillon représentatif assez exceptionnel. Donc ça, ça m'a intéressé. Ensuite, le président voyait que je m'appliquais, je m'appliquais effectivement, j'aime bien donner des conseils, et puis j'avais une certaine expérience dans mon associatif, puisqu'elle datait de plusieurs années. Le président m'a demandé si je pouvais faire partie du bureau. Et donc là, je lui ai écouté volontiers dans le bureau, mais comme observateur. Ce qu'on appelle dans le langage de l'OTAN, les backbenchers ceux qui sont assis derrière, mais qui généralement sont assez utiles pour les chefs qui sont devant, parce qu'ils ont les dossiers. Donc j'ai accepté de siéger au bureau du Souvenir français, où je siège toujours d'ailleurs, depuis quatre ans, pour apporter quelquefois un éclairage un peu différent de ceux qui ont une certaine habitude ici. Voilà, il y a des renouvellements qui sont bons à faire, des idées nouvelles. Et puis, ce à quoi j'étais très attaché aussi dans ce bureau, c'est le rayonnement du Souvenir français. Donc je me suis appliqué dans ce bureau, même au sein du conseil. aller voir les uns et les autres que je connaissais, puisque j'avais siégé dans d'autres associations, d'autres fondations. Je me suis toujours appliqué à aller les voir pour essayer d'expliquer notre position et essayer également de nous rapprocher, le souvenir français, de certains autres. Le terme souvenir français peut rebuter. Je suis désolé de le dire, c'est pas pour ça qu'on va en changer, mais il faut l'expliquer. Il faut expliquer comme Churchill le faisait. Churchill disait plus vous regardez loin en arrière, plus vous verrez... loin devant. Et c'est vrai, et c'est ce que fait le souvenir français. Le souvenir français, quelquefois ça m'a surpris, remonte aux années post-1870. Et ça je dois reconnaître que pour moi et pour les Français, d'abord c'est pas très brillant 1870, puis c'est vraiment loin. Pourquoi pas Bouvines ou Marignan, tant qu'on y est. Déjà 14-18, moi je suis de ceux qui disent ça y est, on a fêté le centenaire, alors que de temps en temps, des grands anniversaires... On aille refaire un colloque. Très bien que les chercheurs... Mais refêter ça éternellement, il y a un moment, il faudra s'arrêter. 39-45, c'est encore d'actualité. C'est encore d'actualité parce qu'il y a encore des témoins. Pas beaucoup, mais des témoins. Il y a beaucoup de fils ou de filles de témoins. Et cela apporte beaucoup. Mais il viendra un jour. On vient de fêter le 80e anniversaire de 44. On va fêter dignement au souvenir français. le 80e intérieur de 45, ne l'oublions pas, ça a encore du sens. Et je sais que même 44-45, s'il n'y avait pas eu ces grands événements créés, ces grands spectacles, ces grandes cérémonies, ça n'aurait pas véritablement branché la jeunesse. Nous pouvons le faire par nos petites cérémonies, nous pouvons le faire par les petites expositions. Ce que nous faisons au souvenir français, personne d'autre ne le fera à notre place. Et que lorsqu'on se promène dans un cimetière, Et je vous donnerai un exemple encore. J'ai remué un peu là. Deux exemples. Lorsqu'on prend un cimetière et que l'on voit la tombe d'un mort pour la France, quelle que soit l'époque, je reviens même sur 70, il n'y en a plus beaucoup qu'on voit en fait, mais des tombes plus récentes, de mort pour la France en Algérie, en Indochine, un peu avant, ou dans les conflits récents. Abandonnées. Abandonnées. Lorsqu'on voit les sociétés de pompes funèbres. Aller démarcher les maires en leur disant mais vous inquiétez pas, vous avez besoin d'espace, vous manquez un peu de foncier, on va vous rassembler toutes ces tombes un peu abandonnées et les mettre dans un coin Tout ceci fait mal. J'étais président de la 2ème DB, j'avais un peu de temps entre deux cérémonies et je me suis dit je vais aller au cimetière d'Argentan où je savais qu'étaient enterrés des soldats de la 2ème DB qui avaient été tués dans la campagne de Normandie. Quelle n'est pas mon horrible surprise de découvrir des tombes profanées ? dans le carré militaire, qui ne dépend pas du souvenir français directement. Et en particulier, une tombe qui est, je crois, unique en France, exceptionnelle, où sont enterrés, dans le même caveau, un soldat musulman du 40e régiment d'artillerie nord-africaine et un soldat catholique du 12e régiment de cuirassiers. Et cette tombe a cette particularité d'avoir une croix et un croissant. C'est assez exceptionnel. J'en ai fait une photo, mais elle était un peu abîmée. Je suis allé voir la gardienne du cimetière. J'ai réagi comme je devais réagir. J'ai appelé le délégué du Souvenir français. C'était réparé dans les deux jours. C'est là où le rôle du Souvenir français est essentiel. Or, ce n'était pas sa responsabilité. Cette tombe est unique. Et en fait, pourquoi ces deux soldats sont-ils enterrés ensemble ? Je vais vous raconter l'anecdote. En fait, c'est une ambulance. qui les transportaient dans Argentan, qui n'étaient pas libérés. L'ambulance a été détruite, brûlée, et les restes des deux soldats qui étaient à l'arrière, blessés, ont été mis dans le même caveau, comme ils connaissaient leur identité. Et je trouve cette tombe assez exceptionnelle, et l'avoir saccagée, ça fait mal. Voilà des motivations qui, pour moi, sont importantes, pas pour tout le monde. Donc si moi j'insiste sur cet ADN des souverains français, d'autres peuvent insister sur d'autres choses. La transmission des drapeaux, la géolocalisation, les voyages scolaires. La transmission de la mémoire aux plus jeunes, c'est un sacré défi. Et je ne suis pas de ceux qui critiquent systématiquement l'éducation nationale en disant qu'on n'apporte rien, qu'on n'apprend plus l'histoire. L'histoire de France est tellement riche qu'il est absolument impensable de pouvoir tout enseigner. Et quand certains s'offusquent que de jeunes ne savent pas qui est Delattre ou Leclerc, moi, je ne vous cache pas, et pourtant Dieu sait si j'ai une grande admiration pour ces chefs militaires, ça ne me choque pas. Ce que je pense, c'est que le monde associatif est là pour compléter. compléter l'instruction qui est donnée par l'Education nationale selon ses moyens et selon les programmes qui sont définis par une commission ad hoc. Donc ça ne me choque pas, il ne faut pas se substituer à l'Education nationale, mais il faut en revanche effectivement apporter un complément. Et ce complément d'information, c'est le rôle de toutes les associations. Donc, pour revenir aux jeunes, il y a plusieurs façons de le faire. Le témoignage, je l'ai fait, je l'ai pratiqué, ça marche bien, mais ça touche une petite population. L'enregistrement du témoignage, ça touche encore une petite population. En revanche, ce qui a été entrepris par le Souvenir français, c'est d'abord, et je pense que c'est la première chose, cette transmission de drapeaux. Parce que le drapeau, ça a un sens. Ce n'est pas un objet, c'est un symbole. C'est un symbole qui est fort. Mais il faut d'abord l'expliquer. Je m'y suis déjà employé plusieurs fois dans des lycées différents. Et je retourne bientôt, d'ailleurs. Très amusant, d'ailleurs. Je vais à Vichy déposer un drapeau gaulliste. Alors là, je suis aux anges. Ça va être amusant. Il y a deux acteurs. Il y a le Souvenir français, qui a l'initiative, qui transmet un drapeau qu'il a reçu, qu'il a récupéré. Il est accompagné, justement, d'un membre de l'association dissoute, qui apporte ce complément d'histoire. Et je vous assure que chaque fois que j'ai fait cette démarche, dans des lycées professionnels, des lycées techniques, dans des zones difficiles, je pense à Saint-Etienne, je pense à Poitiers, où j'étais vraiment dans des établissements scolaires où les professeurs avaient du mal. Et bien quand vous voyez l'enthousiasme des élèves, quand vous voyez la participation des élèves, quand vous recevez ensuite, pas souvent, Mais quelquefois quand même, soit un mail, soit un petit mot, c'est assez exceptionnel. La deuxième chose, quand le président invite à une cérémonie comme l'Arc de Triomphe, on ne se rend pas compte que nous, l'Arc de Triomphe, on connaît, on y est habitué, on est des bons notables parisiens, mais le jeune qui vient d'une banlieue un peu difficile, qui vient à l'Arc de Triomphe, à qui on confie une mission, soit de déposer une gerbe. soit de raviver la flamme avec un président, un ministre, un député, un élu, soit de porter le drapeau du souvenir français, eh bien il le gardera pour toujours. J'en suis absolument convaincu. Il ne faut pas rêver. On ne va pas convaincre tout le monde, mais ceux-là, ils le garderont. Ça, c'est la deuxième chose. Et je parle de l'Arc de Triomphe, parce que c'est le plus emblématique, mais il y a d'autres cérémonies auxquelles il participe, et ça les marque. La troisième chose qui est importante, c'est ce qu'a réalisé encore le souvenir français, avec, par exemple, je crois que ce sont les cadets. des pompiers, et en particulier qui ont fait de la géolocalisation. C'est-à-dire que là, ils sont acteurs, totalement acteurs. Ils connaissent bien ces outils, ils savent s'en servir, et surtout après, ils aiment bien aller chercher qui ils ont géocalisé. Donc il y a la fiche de recherche, et tout ceci est tout à fait remarquable. Ça, c'est de la bonne transmission. Géomémoire, pour être très franc, je ne suis pas un expert. Ce que je sais, c'est qu'au départ, il s'agissait de... géolocalisés, des tombes de morts pour la France qui ne sont pas dans les nécropoles nationales, car ça c'est la responsabilité de l'État. À partir de cette géolocalisation, on crée des fiches qui retracent le CV militaire de celui qui est là, les conditions de sa mort. Et enfin, si je ne m'abuse, il semble que dans certains cimetières, moi je l'ai vu, j'en suis certain, à Saint-Lô, il existe aussi des parcours au sein des cimetières. Et en particulier lors des journées du patrimoine, des délégués ou des présidents de comités du Souvenir français invitent à venir parcourir ces parcours de mémoire au sein des cimetières. Je reviens sur le drapeau parce que c'est vraiment le geste que pour ma part je préfère, je privilégie et auquel je crois, parce que j'en ai vécu un certain nombre. parce que malheureusement, beaucoup d'associations locales sont dissoutes faute de combattants. Pourquoi est-ce que je pense que ça marche ? Ça marchera à partir du moment où l'établissement lui-même s'approprie le projet. Si nous y allons en force, ou si nous essayons la persuasion, etc., ça ne marchera pas. Ce qui marche, c'est quand un professeur, pas forcément le principal, un professeur s'approprie le projet, le fait vivre avec une classe, ou un groupe d'élèves, car quelquefois, ce n'est pas une classe. Et à partir du moment où ils se sont appropriés le projet, que nous leur avons parfaitement expliqué le projet, la convention qui doit être signée, les conditions de gardiennage du drapeau, les conditions de sortie du drapeau lors des grandes cérémonies, ça marche tout seul. Alors l'exemple que je veux citer, c'est Nîmes. C'est Nîmes parce qu'au départ, on a reçu un accueil un peu froid de la part de l'établissement, qui pourtant avait montré sa bonne volonté. Un peu froid de la part du principal. Mais surtout, ce n'est pas un professeur d'histoire qui nous a accueillis, c'est un professeur de sport. Et ça peut surprendre. Moi pas, j'aime bien le sport. Donc il a travaillé avec un groupe de jeunes sportifs et sportives, les deux. Ils se sont appropriés le projet qui était splendide. Car avant même que l'on remette le drapeau, c'était un drapeau de la ZMDB encore, c'est pour ça que j'y étais. Avant même que l'on remette, le professeur a présenté une dizaine de drapeaux d'associations, de résistants, de cheminots, de syndicalistes, etc., français. Il les a présentés à tout le monde. Et ensuite, pour que tout le monde comprenne, et c'était quand il les a présentés, ce sont les élèves qui, chacun leur tour, selon leurs mots, plus ou moins à droit, ont présenté chacun des projets. C'était des élèves de quatrième et troisième, sacrément méritants. Moi, j'ai été ébloui. Et ensuite, a eu lieu la cérémonie. Et il se trouve qu'on a eu la chance, ce jour-là, pour la cérémonie, d'avoir un petit-fils de Leclerc. Le petit-fils de Leclerc m'a remis le drapeau. Je l'ai remis au préfet du département, qui, voyant que le projet avait pris une certaine ampleur, s'est déplacé, et l'a remis à un élève. Si vous avez vu la fierté de l'élève et des deux jeunes filles qui l'encadraient, c'était splendide. Ça, c'est le premier exemple. Le deuxième exemple, c'est à Poitiers. C'était un lycée professionnel un peu difficile. Il faut bien reconnaître, les professeurs nous l'avaient dit, le principal nous avait prévenu. Le principal avait joué deux options. Une option beau temps, une option mauvais temps. pas de chance, il faisait mauvais. Nous avons vu ça dans un gymnase. Eh bien, le gymnase, c'était 100 fois mieux, parce que les gradins étaient remplis. Vous entendez bien ? Remplis. Et quand les élèves se mettent à vouloir, non pas chahuter, mais manifester leur joie, etc., ça faisait un bruit infernal. On n'entendait même plus une musique. Il avait réussi à faire une musique militaire. Une musique militaire. C'est un exploit, par exemple, qui court. Tout ça dans un gymnase. exceptionnel. Et je rends hommage également au délégué, notre délégué du Souvenir Français qui est sur place, qui avait remarquablement préparé les choses. L'engagement. C'est un mot qui m'a perturbé au début. Je vais vous dire pourquoi, c'est encore une petite anecdote humoristique, c'est que alors que j'avais environ 30 ans, je pense que j'avais à peu près 30 ans d'ancienneté dans l'armée, ma fille, j'ai deux filles et deux garçons, et une de mes filles me dit mais papa, je ne comprends pas, tu ne t'es pas engagé, tu n'as pas fait ton service militaire Alors je me suis dit elle a dû louper quelque chose donc j'ai essayé de lui réexpliquer. Effectivement, j'ai signé. Je me suis engagé en passant un concours, mais elle a passé un concours d'une école de commerce, moi j'ai passé un concours d'une école dite de Saint-Cyr, et je lui ai dit en passant le concours de Saint-Cyr, tu t'engages à servir ton pays pendant 5 ans minimum. Donc l'engagement pour moi il a commencé à mes 18 ans, quand j'ai préparé ce concours, puis ensuite quand j'ai véritablement signé le contrat d'engagement, sans je crois réaliser... totalement que cet engagement était un engagement d'une vie. Donc moi, je partais pour la vie. C'était dans ma génération, c'est-à-dire, je vous l'ai dit, la génération 48-68 à Saint-Cyr, pratiquement tous mes camarades ont fait une carrière complète. L'engagement, je l'ai retrouvé véritablement dans sa pleine dimension quand je me suis engagé dans le monde associatif. Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, le monde associatif, quel qu'il soit, je suis aussi engagé, je ne vous cache pas, dans le monde associatif pour le handicap. J'ai été engagé à un moment dans le monde associatif pour l'enseignement. C'est véritablement, c'est pas un apostolat, faut pas rêver. C'est un véritable bénévolat, mais encore faut-il savoir ce que l'on veut réaliser. Certains, ils voient une occupation, c'est pas un engagement. Et puis certains se disent dans le monde associatif, il y a quelque chose à faire passer. Certains choisissent de s'engager, je prends le terme de s'engager. de montrer une certaine bénévolat, une certaine générosité pour témoigner avec simplicité, en rigolant quelquefois, avec des actions très différentes les unes des autres. J'ai été président de la Flamme sous l'arc de triomphe pendant trois ans. C'est un dur labeur. Ma plus belle réussite, c'est que grosso modo, on a fait les statistiques, plus de 12 000 jeunes collégiens ou lycéens venaient tous les ans sous l'arc de triomphe. Ils ne venaient pas seulement pour regarder. Non, je les faisais participer. Il y avait une garde d'honneur, il y en avait qui préparait la gerbe, il y en avait qui portait le drapeau, il y en avait qui chantait, qui récitait un poème. J'invite les apprentis d'Auteuil à venir raviver la flamme. J'aime bien raconter cette anecdote parce qu'elle m'a beaucoup fait rire. Le directeur me dit, mais vous voulez qu'ils aient une tenue particulière ? Je dis, non, non, qu'ils viennent... Mais lui, il y tenait. Donc, il a fait réaliser une polaire rouge avec apprentis d'Auteuil. Ils étaient tous en polaire rouge. Ils avaient raison, il faisait froid. Seul problème, c'est que quand ils sont arrivés, c'était une trentaine. Il manquait au moins sept ou huit polaires. Alors, à la fin de la cérémonie, je vais voir le directeur. Et je dis, mais c'était super. Super, je suis ravi, c'est très bien passé, mais pourquoi certains n'avaient pas de polaire ? Vous savez ce qu'il m'a répondu ? Ils l'ont vendu dans le métro. Magnifique. Mais quand vous voyez arriver ces jeunes, encadrés par des personnes véritablement engagées, qui viennent des milieux les plus désunis, les plus déstructurés, qui sont encadrés, qui viennent l'arc de triomphe, les mains dans les poches, et qui repartent à peu près fiers. vous avez gagné quelque chose.

  • Speaker #1

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

Description

Bruno CUCHE est membre du Conseil d’administration et du Bureau du Souvenir Français depuis 4 ans. 

Ancien chef d’Etat major de l’Armée de Terre, sa deuxième vie associative a été riche d’engagements au service du monde ancien combattant et de la mémoire dont il a particulièrement à cœur de transmettre les valeurs aux jeunes générations. 


Découvrez l'histoire d’un parcours au service de la France, au service de la mémoire combattante et de la transmission de notre histoire commune. 


A travers le témoignage des bénévoles du Souvenir Français, ce programme a pour objectif de comprendre pourquoi ces hommes et ces femmes de tous âges, d’extractions sociales ou de cultures différentes, s’engagent au quotidien pour une cause que certains pourraient qualifier de passéiste : la mémoire combattante.


Pourquoi ce choix ? Pourquoi c’est important pour eux ? Quel est leur cheminement personnel ? En quoi cet engagement donne-t-il un sens à leur vie ? Quel lien entretiennent-ils avec le souvenir et la transmission ? Quel est leur rôle en tant que bénévole ? Comment agissent-ils concrètement sur le terrain ? En quoi selon eux les conflits du passé peuvent-ils aider les générations futures à construire un monde meilleur ? 


Le Souvenir Français recueille ces voix qui ont décidé de perpétuer le souvenir de celles et ceux qui se sont engagés pour la France et pour que les générations à venir ne les oublient pas. 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je trouve cette tombe assez exceptionnelle, et avoir saccagé, ça fait mal. J'ai appelé le délégué du gouvernement français, c'était réparé dans les deux jours. C'est là où le gouvernement français était censé être.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoires, le podcast de la mémoire. S'engager par Bruno, un militaire au service de la mémoire.

  • Speaker #0

    Je suis le général Bruno Cuche. Je suis né au siècle dernier, avant même la moitié du siècle, juste après la guerre, où mon grand-père exerçait les fonctions de général commandant le secteur d'occupation en Allemagne. Je suis né en 1948 et curieusement, avec beaucoup de peu d'imagination, j'ai choisi d'être moi aussi à mon tour officier. Je suis rentré à Saint-Cyr en 68 et j'en suis ressorti en 70 et ensuite j'ai conduit une... Une carrière militaire tout à fait normale, d'abord dans le commandement, dans l'enseignement beaucoup. J'ai souvent enseigné en école. J'ai eu la chance ou le privilège de commander l'Académie militaire de Saint-Cyr pendant trois ans. J'ai également été instructeur à l'école des blindés à Saumur. Et puis j'ai également été instructeur en Angleterre et en revanche élève au Canada. Voilà, c'est mon parcours un peu scolaire dans le milieu militaire, sans compter l'école de guerre, l'Institut des hautes études de défense nationale. Et puis j'ai aussi une carrière d'état-major et j'ai terminé en fait commandant l'armée de terre de 2006 à 2008. Et je suis parti un peu précipitamment en 2008 pour entamer une nouvelle carrière dans le privé, c'est-à-dire en fait en retraité, paisible. Il se trouve qu'un an après mon départ à la retraite, j'ai été... été nommé gouverneur des Invalides, où je me suis occupé, et c'est là peut-être qu'est venue ma vocation de bénévole, où je me suis occupé de vieux soldats blessés, ou de personnes ayant été déportées, des résistantes, voire même des déportés politiques, comme les juifs, les homosexuels, les tziganes, etc. Pour moi, la vocation est venue surtout plus de mon grand-père. qui avait participé au conflit de 14-18, au conflit de la guerre du Rif en Maroc, et puis au conflit 39-45. Donc c'est lui qui m'a véritablement inspiré plus que mon père, qui lui m'a donné plutôt le goût de l'exotisme, parce que mon père a beaucoup été en Afrique et en Asie. Et donc je l'ai suivi dans des pays aussi merveilleux que le Laos, le Cambodge, le Sénégal, la Guinée, le Gabon, le Congo-Brasaville. Le métier militaire, c'est de porter les armes de la France. Et je dirais avec gravité que c'est un privilège extrêmement difficile à tenir, parce qu'on le sait tous et on le voit dans l'actualité, ça peut être dramatique. Et s'il n'y a pas derrière le militaire une grande éthique, une belle formation éthique, sur laquelle j'ai beaucoup insisté lorsque je commandais l'Académie militaire de Saint-Cyr, vous pouvez arriver à des dérapages dramatiques. Alors pour moi, la vie associative a commencé en fait avant la fin de ma carrière. Pourquoi ? Parce que comme jeune officier, j'ai eu le privilège de commander une unité d'environ 120 hommes. qui avait appartenu à la deuxième DB du général Leclerc, ou du moins qui avait repris les traditions de la deuxième DB du général Leclerc. Et à ce moment-là, j'ai découvert les anciens de Leclerc, qui étaient très jeunes, puisqu'ils avaient environ 15 ans de moins que moi aujourd'hui, c'est-à-dire environ 60 ans. J'ai noué avec eux véritablement des liens de respect, d'affection. Je me suis énormément instruit sur l'épopée Leclerc. J'ai découvert un chef lumineux. J'ai découvert des hommes qui s'étaient engagés, qui étaient tous des volontaires et non pas des engagés. Je les ai beaucoup suivis. Il se trouve que leur mémorial, ou plus exactement leur petite salle d'honneur, leur petit musée, était dans le quartier où je travaillais. Donc je les voyais pratiquement toutes les semaines. Ensuite, je les ai retrouvés quand je commandais un régiment de chars. Et ce régiment de chars aussi était un ancien régiment de chars de la 2e DB Leclerc, celui qui a libéré Paris. Quand je les commandais, j'ai retrouvé mes anciens, ils avaient un peu vieilli, moi aussi, on s'était assagis les uns et les autres, et les contacts étaient toujours aussi riches. Et puis la chance m'a souri, j'ai commandé à mon tour à la deuxième DB, après la guerre. J'ai beaucoup travaillé avec eux sur le plan du travail de mémoire, et surtout, je les ai incités à le transmettre. Parce que c'est le petit défaut, le petit travers de nos anciens, ils sont souvent trop discrets, et ils croient que tout le monde sait. En fait, on ne sait pas. Et tout ceci se perd et là je vais se forcer à raconter, on les a enregistrés. Et donc après avoir commandé cette deuxième division blindée à mon tour, ils m'ont demandé si un jour j'étais disponible pour rejoindre l'association et éventuellement y prendre quelques responsabilités. Ces responsabilités je les ai prises en 2010 précisément. Je venais de quitter mon poste de chef d'état-major de l'armée de terre. J'ai été président jusqu'en 2020. J'ai quitté cette présidence il y a quatre ans parce que je pense que place aux jeunes. J'étais dans cette période de transition où nous devions prendre le flambeau à la suite des témoins. Le président, le contrôleur général des armées Serge Barcellini, m'avait rencontré plusieurs fois. Je trouvais que souvenir français, je vais le dire, ça faisait un peu ringard. Donc je disais souvenir, souvenir, bon, ouais, bon, oui, ça ne me plaisait pas énormément. Et puis, quand j'ai vu le dynamisme de Serge Barcellini et que j'ai vu l'élan qu'il donnait, qu'il s'efforçait de donner, Eh bien, je me suis dit, il y a quelque chose à faire. Il y a quelque chose à faire et la mission est noble et elle me change de ce que j'ai fait auparavant. Auparavant, j'étais vraiment dans le monde combattant. Là, je suis dans le monde qui respecte ceux qui sont morts pour la France. Et c'est ce qui m'a attiré, ce que nous partageons avec personne d'autre sauf l'État. C'est l'entretien des tombes des morts pour la France. Beaucoup d'initiatives sont prises ici. Et j'estime que toutes celles qui sont prises vers les plus jeunes sont... indispensable. Mon action, elle est modeste. Néanmoins, j'ai accepté d'être administrateur. J'ai accepté parce qu'il me paraissait... Ça peut-être vous surprendre ce que je dis. Il me paraissait important qu'un général d'armée se manifeste aussi dans ce genre d'association. Et je ne vous cache pas que certains de mes camarades me regardaient d'un œil bizarre, en se disant il aurait pu faire autre chose Effectivement, j'ai eu des propositions, dans le privé, dans le public, j'ai eu des propositions. D'abord, très honnêtement, après avoir exercé les fonctions de chef de l'armée de terre, je n'avais pas l'intention d'exercer d'autres responsabilités. Je sentais que ma trajectoire professionnelle était aboutie. Donc je n'avais pas l'intention de continuer ailleurs, de jouer les utilités ailleurs. En revanche, le mode associatif m'attirait. Et comme je vous l'ai dit, à partir du moment où il y a un intérêt, il y a un défi à relever aux souverains français, et que le président a su me convaincre, j'y suis venu. Et j'y suis venu comme administrateur au départ. Vous noterez quand même que le conseil d'administration des souverains français est l'un des plus riches de ceux que j'ai pratiqués. Et j'en ai pratiqué un certain nombre. Je n'ai rarement rencontré un conseil d'administration aussi riches et représentatifs. Alors je commencerai, à tout seigneur, tout honneur, par les quatre généraux qui siègent dans ce conseil d'administration, mais je voudrais aussi noter les quatre cultes, le recteur d'Académie de Paris, des anciens ministres, un député, et j'en passe. Et j'en passe. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas. Parce qu'il y a vraiment un échantillon représentatif assez exceptionnel. Donc ça, ça m'a intéressé. Ensuite, le président voyait que je m'appliquais, je m'appliquais effectivement, j'aime bien donner des conseils, et puis j'avais une certaine expérience dans mon associatif, puisqu'elle datait de plusieurs années. Le président m'a demandé si je pouvais faire partie du bureau. Et donc là, je lui ai écouté volontiers dans le bureau, mais comme observateur. Ce qu'on appelle dans le langage de l'OTAN, les backbenchers ceux qui sont assis derrière, mais qui généralement sont assez utiles pour les chefs qui sont devant, parce qu'ils ont les dossiers. Donc j'ai accepté de siéger au bureau du Souvenir français, où je siège toujours d'ailleurs, depuis quatre ans, pour apporter quelquefois un éclairage un peu différent de ceux qui ont une certaine habitude ici. Voilà, il y a des renouvellements qui sont bons à faire, des idées nouvelles. Et puis, ce à quoi j'étais très attaché aussi dans ce bureau, c'est le rayonnement du Souvenir français. Donc je me suis appliqué dans ce bureau, même au sein du conseil. aller voir les uns et les autres que je connaissais, puisque j'avais siégé dans d'autres associations, d'autres fondations. Je me suis toujours appliqué à aller les voir pour essayer d'expliquer notre position et essayer également de nous rapprocher, le souvenir français, de certains autres. Le terme souvenir français peut rebuter. Je suis désolé de le dire, c'est pas pour ça qu'on va en changer, mais il faut l'expliquer. Il faut expliquer comme Churchill le faisait. Churchill disait plus vous regardez loin en arrière, plus vous verrez... loin devant. Et c'est vrai, et c'est ce que fait le souvenir français. Le souvenir français, quelquefois ça m'a surpris, remonte aux années post-1870. Et ça je dois reconnaître que pour moi et pour les Français, d'abord c'est pas très brillant 1870, puis c'est vraiment loin. Pourquoi pas Bouvines ou Marignan, tant qu'on y est. Déjà 14-18, moi je suis de ceux qui disent ça y est, on a fêté le centenaire, alors que de temps en temps, des grands anniversaires... On aille refaire un colloque. Très bien que les chercheurs... Mais refêter ça éternellement, il y a un moment, il faudra s'arrêter. 39-45, c'est encore d'actualité. C'est encore d'actualité parce qu'il y a encore des témoins. Pas beaucoup, mais des témoins. Il y a beaucoup de fils ou de filles de témoins. Et cela apporte beaucoup. Mais il viendra un jour. On vient de fêter le 80e anniversaire de 44. On va fêter dignement au souvenir français. le 80e intérieur de 45, ne l'oublions pas, ça a encore du sens. Et je sais que même 44-45, s'il n'y avait pas eu ces grands événements créés, ces grands spectacles, ces grandes cérémonies, ça n'aurait pas véritablement branché la jeunesse. Nous pouvons le faire par nos petites cérémonies, nous pouvons le faire par les petites expositions. Ce que nous faisons au souvenir français, personne d'autre ne le fera à notre place. Et que lorsqu'on se promène dans un cimetière, Et je vous donnerai un exemple encore. J'ai remué un peu là. Deux exemples. Lorsqu'on prend un cimetière et que l'on voit la tombe d'un mort pour la France, quelle que soit l'époque, je reviens même sur 70, il n'y en a plus beaucoup qu'on voit en fait, mais des tombes plus récentes, de mort pour la France en Algérie, en Indochine, un peu avant, ou dans les conflits récents. Abandonnées. Abandonnées. Lorsqu'on voit les sociétés de pompes funèbres. Aller démarcher les maires en leur disant mais vous inquiétez pas, vous avez besoin d'espace, vous manquez un peu de foncier, on va vous rassembler toutes ces tombes un peu abandonnées et les mettre dans un coin Tout ceci fait mal. J'étais président de la 2ème DB, j'avais un peu de temps entre deux cérémonies et je me suis dit je vais aller au cimetière d'Argentan où je savais qu'étaient enterrés des soldats de la 2ème DB qui avaient été tués dans la campagne de Normandie. Quelle n'est pas mon horrible surprise de découvrir des tombes profanées ? dans le carré militaire, qui ne dépend pas du souvenir français directement. Et en particulier, une tombe qui est, je crois, unique en France, exceptionnelle, où sont enterrés, dans le même caveau, un soldat musulman du 40e régiment d'artillerie nord-africaine et un soldat catholique du 12e régiment de cuirassiers. Et cette tombe a cette particularité d'avoir une croix et un croissant. C'est assez exceptionnel. J'en ai fait une photo, mais elle était un peu abîmée. Je suis allé voir la gardienne du cimetière. J'ai réagi comme je devais réagir. J'ai appelé le délégué du Souvenir français. C'était réparé dans les deux jours. C'est là où le rôle du Souvenir français est essentiel. Or, ce n'était pas sa responsabilité. Cette tombe est unique. Et en fait, pourquoi ces deux soldats sont-ils enterrés ensemble ? Je vais vous raconter l'anecdote. En fait, c'est une ambulance. qui les transportaient dans Argentan, qui n'étaient pas libérés. L'ambulance a été détruite, brûlée, et les restes des deux soldats qui étaient à l'arrière, blessés, ont été mis dans le même caveau, comme ils connaissaient leur identité. Et je trouve cette tombe assez exceptionnelle, et l'avoir saccagée, ça fait mal. Voilà des motivations qui, pour moi, sont importantes, pas pour tout le monde. Donc si moi j'insiste sur cet ADN des souverains français, d'autres peuvent insister sur d'autres choses. La transmission des drapeaux, la géolocalisation, les voyages scolaires. La transmission de la mémoire aux plus jeunes, c'est un sacré défi. Et je ne suis pas de ceux qui critiquent systématiquement l'éducation nationale en disant qu'on n'apporte rien, qu'on n'apprend plus l'histoire. L'histoire de France est tellement riche qu'il est absolument impensable de pouvoir tout enseigner. Et quand certains s'offusquent que de jeunes ne savent pas qui est Delattre ou Leclerc, moi, je ne vous cache pas, et pourtant Dieu sait si j'ai une grande admiration pour ces chefs militaires, ça ne me choque pas. Ce que je pense, c'est que le monde associatif est là pour compléter. compléter l'instruction qui est donnée par l'Education nationale selon ses moyens et selon les programmes qui sont définis par une commission ad hoc. Donc ça ne me choque pas, il ne faut pas se substituer à l'Education nationale, mais il faut en revanche effectivement apporter un complément. Et ce complément d'information, c'est le rôle de toutes les associations. Donc, pour revenir aux jeunes, il y a plusieurs façons de le faire. Le témoignage, je l'ai fait, je l'ai pratiqué, ça marche bien, mais ça touche une petite population. L'enregistrement du témoignage, ça touche encore une petite population. En revanche, ce qui a été entrepris par le Souvenir français, c'est d'abord, et je pense que c'est la première chose, cette transmission de drapeaux. Parce que le drapeau, ça a un sens. Ce n'est pas un objet, c'est un symbole. C'est un symbole qui est fort. Mais il faut d'abord l'expliquer. Je m'y suis déjà employé plusieurs fois dans des lycées différents. Et je retourne bientôt, d'ailleurs. Très amusant, d'ailleurs. Je vais à Vichy déposer un drapeau gaulliste. Alors là, je suis aux anges. Ça va être amusant. Il y a deux acteurs. Il y a le Souvenir français, qui a l'initiative, qui transmet un drapeau qu'il a reçu, qu'il a récupéré. Il est accompagné, justement, d'un membre de l'association dissoute, qui apporte ce complément d'histoire. Et je vous assure que chaque fois que j'ai fait cette démarche, dans des lycées professionnels, des lycées techniques, dans des zones difficiles, je pense à Saint-Etienne, je pense à Poitiers, où j'étais vraiment dans des établissements scolaires où les professeurs avaient du mal. Et bien quand vous voyez l'enthousiasme des élèves, quand vous voyez la participation des élèves, quand vous recevez ensuite, pas souvent, Mais quelquefois quand même, soit un mail, soit un petit mot, c'est assez exceptionnel. La deuxième chose, quand le président invite à une cérémonie comme l'Arc de Triomphe, on ne se rend pas compte que nous, l'Arc de Triomphe, on connaît, on y est habitué, on est des bons notables parisiens, mais le jeune qui vient d'une banlieue un peu difficile, qui vient à l'Arc de Triomphe, à qui on confie une mission, soit de déposer une gerbe. soit de raviver la flamme avec un président, un ministre, un député, un élu, soit de porter le drapeau du souvenir français, eh bien il le gardera pour toujours. J'en suis absolument convaincu. Il ne faut pas rêver. On ne va pas convaincre tout le monde, mais ceux-là, ils le garderont. Ça, c'est la deuxième chose. Et je parle de l'Arc de Triomphe, parce que c'est le plus emblématique, mais il y a d'autres cérémonies auxquelles il participe, et ça les marque. La troisième chose qui est importante, c'est ce qu'a réalisé encore le souvenir français, avec, par exemple, je crois que ce sont les cadets. des pompiers, et en particulier qui ont fait de la géolocalisation. C'est-à-dire que là, ils sont acteurs, totalement acteurs. Ils connaissent bien ces outils, ils savent s'en servir, et surtout après, ils aiment bien aller chercher qui ils ont géocalisé. Donc il y a la fiche de recherche, et tout ceci est tout à fait remarquable. Ça, c'est de la bonne transmission. Géomémoire, pour être très franc, je ne suis pas un expert. Ce que je sais, c'est qu'au départ, il s'agissait de... géolocalisés, des tombes de morts pour la France qui ne sont pas dans les nécropoles nationales, car ça c'est la responsabilité de l'État. À partir de cette géolocalisation, on crée des fiches qui retracent le CV militaire de celui qui est là, les conditions de sa mort. Et enfin, si je ne m'abuse, il semble que dans certains cimetières, moi je l'ai vu, j'en suis certain, à Saint-Lô, il existe aussi des parcours au sein des cimetières. Et en particulier lors des journées du patrimoine, des délégués ou des présidents de comités du Souvenir français invitent à venir parcourir ces parcours de mémoire au sein des cimetières. Je reviens sur le drapeau parce que c'est vraiment le geste que pour ma part je préfère, je privilégie et auquel je crois, parce que j'en ai vécu un certain nombre. parce que malheureusement, beaucoup d'associations locales sont dissoutes faute de combattants. Pourquoi est-ce que je pense que ça marche ? Ça marchera à partir du moment où l'établissement lui-même s'approprie le projet. Si nous y allons en force, ou si nous essayons la persuasion, etc., ça ne marchera pas. Ce qui marche, c'est quand un professeur, pas forcément le principal, un professeur s'approprie le projet, le fait vivre avec une classe, ou un groupe d'élèves, car quelquefois, ce n'est pas une classe. Et à partir du moment où ils se sont appropriés le projet, que nous leur avons parfaitement expliqué le projet, la convention qui doit être signée, les conditions de gardiennage du drapeau, les conditions de sortie du drapeau lors des grandes cérémonies, ça marche tout seul. Alors l'exemple que je veux citer, c'est Nîmes. C'est Nîmes parce qu'au départ, on a reçu un accueil un peu froid de la part de l'établissement, qui pourtant avait montré sa bonne volonté. Un peu froid de la part du principal. Mais surtout, ce n'est pas un professeur d'histoire qui nous a accueillis, c'est un professeur de sport. Et ça peut surprendre. Moi pas, j'aime bien le sport. Donc il a travaillé avec un groupe de jeunes sportifs et sportives, les deux. Ils se sont appropriés le projet qui était splendide. Car avant même que l'on remette le drapeau, c'était un drapeau de la ZMDB encore, c'est pour ça que j'y étais. Avant même que l'on remette, le professeur a présenté une dizaine de drapeaux d'associations, de résistants, de cheminots, de syndicalistes, etc., français. Il les a présentés à tout le monde. Et ensuite, pour que tout le monde comprenne, et c'était quand il les a présentés, ce sont les élèves qui, chacun leur tour, selon leurs mots, plus ou moins à droit, ont présenté chacun des projets. C'était des élèves de quatrième et troisième, sacrément méritants. Moi, j'ai été ébloui. Et ensuite, a eu lieu la cérémonie. Et il se trouve qu'on a eu la chance, ce jour-là, pour la cérémonie, d'avoir un petit-fils de Leclerc. Le petit-fils de Leclerc m'a remis le drapeau. Je l'ai remis au préfet du département, qui, voyant que le projet avait pris une certaine ampleur, s'est déplacé, et l'a remis à un élève. Si vous avez vu la fierté de l'élève et des deux jeunes filles qui l'encadraient, c'était splendide. Ça, c'est le premier exemple. Le deuxième exemple, c'est à Poitiers. C'était un lycée professionnel un peu difficile. Il faut bien reconnaître, les professeurs nous l'avaient dit, le principal nous avait prévenu. Le principal avait joué deux options. Une option beau temps, une option mauvais temps. pas de chance, il faisait mauvais. Nous avons vu ça dans un gymnase. Eh bien, le gymnase, c'était 100 fois mieux, parce que les gradins étaient remplis. Vous entendez bien ? Remplis. Et quand les élèves se mettent à vouloir, non pas chahuter, mais manifester leur joie, etc., ça faisait un bruit infernal. On n'entendait même plus une musique. Il avait réussi à faire une musique militaire. Une musique militaire. C'est un exploit, par exemple, qui court. Tout ça dans un gymnase. exceptionnel. Et je rends hommage également au délégué, notre délégué du Souvenir Français qui est sur place, qui avait remarquablement préparé les choses. L'engagement. C'est un mot qui m'a perturbé au début. Je vais vous dire pourquoi, c'est encore une petite anecdote humoristique, c'est que alors que j'avais environ 30 ans, je pense que j'avais à peu près 30 ans d'ancienneté dans l'armée, ma fille, j'ai deux filles et deux garçons, et une de mes filles me dit mais papa, je ne comprends pas, tu ne t'es pas engagé, tu n'as pas fait ton service militaire Alors je me suis dit elle a dû louper quelque chose donc j'ai essayé de lui réexpliquer. Effectivement, j'ai signé. Je me suis engagé en passant un concours, mais elle a passé un concours d'une école de commerce, moi j'ai passé un concours d'une école dite de Saint-Cyr, et je lui ai dit en passant le concours de Saint-Cyr, tu t'engages à servir ton pays pendant 5 ans minimum. Donc l'engagement pour moi il a commencé à mes 18 ans, quand j'ai préparé ce concours, puis ensuite quand j'ai véritablement signé le contrat d'engagement, sans je crois réaliser... totalement que cet engagement était un engagement d'une vie. Donc moi, je partais pour la vie. C'était dans ma génération, c'est-à-dire, je vous l'ai dit, la génération 48-68 à Saint-Cyr, pratiquement tous mes camarades ont fait une carrière complète. L'engagement, je l'ai retrouvé véritablement dans sa pleine dimension quand je me suis engagé dans le monde associatif. Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, le monde associatif, quel qu'il soit, je suis aussi engagé, je ne vous cache pas, dans le monde associatif pour le handicap. J'ai été engagé à un moment dans le monde associatif pour l'enseignement. C'est véritablement, c'est pas un apostolat, faut pas rêver. C'est un véritable bénévolat, mais encore faut-il savoir ce que l'on veut réaliser. Certains, ils voient une occupation, c'est pas un engagement. Et puis certains se disent dans le monde associatif, il y a quelque chose à faire passer. Certains choisissent de s'engager, je prends le terme de s'engager. de montrer une certaine bénévolat, une certaine générosité pour témoigner avec simplicité, en rigolant quelquefois, avec des actions très différentes les unes des autres. J'ai été président de la Flamme sous l'arc de triomphe pendant trois ans. C'est un dur labeur. Ma plus belle réussite, c'est que grosso modo, on a fait les statistiques, plus de 12 000 jeunes collégiens ou lycéens venaient tous les ans sous l'arc de triomphe. Ils ne venaient pas seulement pour regarder. Non, je les faisais participer. Il y avait une garde d'honneur, il y en avait qui préparait la gerbe, il y en avait qui portait le drapeau, il y en avait qui chantait, qui récitait un poème. J'invite les apprentis d'Auteuil à venir raviver la flamme. J'aime bien raconter cette anecdote parce qu'elle m'a beaucoup fait rire. Le directeur me dit, mais vous voulez qu'ils aient une tenue particulière ? Je dis, non, non, qu'ils viennent... Mais lui, il y tenait. Donc, il a fait réaliser une polaire rouge avec apprentis d'Auteuil. Ils étaient tous en polaire rouge. Ils avaient raison, il faisait froid. Seul problème, c'est que quand ils sont arrivés, c'était une trentaine. Il manquait au moins sept ou huit polaires. Alors, à la fin de la cérémonie, je vais voir le directeur. Et je dis, mais c'était super. Super, je suis ravi, c'est très bien passé, mais pourquoi certains n'avaient pas de polaire ? Vous savez ce qu'il m'a répondu ? Ils l'ont vendu dans le métro. Magnifique. Mais quand vous voyez arriver ces jeunes, encadrés par des personnes véritablement engagées, qui viennent des milieux les plus désunis, les plus déstructurés, qui sont encadrés, qui viennent l'arc de triomphe, les mains dans les poches, et qui repartent à peu près fiers. vous avez gagné quelque chose.

  • Speaker #1

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