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Passeurs d'histoires - le podcast de la mémoire

E8 - Nelly par Philippe - s'engager auprès des blessés en musique

E8 - Nelly par Philippe - s'engager auprès des blessés en musique

22min |10/12/2024
Play
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Passeurs d'histoires - le podcast de la mémoire

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22min |10/12/2024
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Description

Philippe Nessmann, historien et auteur de nombreux ouvrages jeunesse, raconte au micro du Souvenir Français le destin de Nelly Martyl.


Chanteuse d’opéra, Nelly Martyl est la vedette du tout Paris avant de s’engager durant la Grande Guerre en tant qu’infirmière sur le front. Elle soigne les soldats blessés, mais leur apporte surtout de la joie et quelques moments de répit, en chantant pour eux. On la surnomme alors la “Fée de Verdun”, puisqu’elle motiva les troupes françaises et contribua ainsi à leur victoire.


Découvrez le destin extraordinaire de cette femme, qui sombra dans l’oubli et qui fut redécouverte par Philippe Nessmann au travers d’une longue enquête qui ne fut pas sans péripéties et surprises ! 


Si vous avez aimé cette histoire, vous pouvez prolonger votre écoute en vous procurant l’ouvrage de notre invité : “La Fée de Verdun” par Philippe Nessmann aux Éditions Flammarion Jeunesse (2016).


Ils sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.


Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :

Site internet : www.le-souvenir-francais.fr 

Instagram : www.instagram.com/lesouvenirfrancaisofficiel 

Facebook : www.facebook.com/LeSFofficiel/ 

Linkedin : https://fr.linkedin.com/company/le-souvenir-fran-ais-si-ge 

X : https://x.com/SF_Siege 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pend toute la guerre, elle a eu ce double rôle de soigner les corps des blessés et soigner les cœurs par ses chansons.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoire, le podcast de la mémoire. Nelly par Philippe s'engageait auprès des blessés en musique.

  • Speaker #0

    Je m'appelle donc Philippe Nesman, j'ai 57 ans et je suis auteur de livres pour la jeunesse. J'ai écrit une soixantaine de romans, de livres documentaires et d'albums. Avant d'être auteur, j'ai commencé par être ingénieur, mais ce métier ne me plaisait pas, donc j'ai repris des études plus littéraires en histoire de l'art. Puis après, pour travailler dans l'écriture, j'ai fait une école de journalisme. J'ai travaillé comme journaliste à Sciences et Vies Juniors. Et ensuite, j'ai commencé à écrire des livres, des livres documentaires d'abord, puis des romans. Je vais vous parler de Nelly Martille. Nelly Martille était une cantatrice lors de la Belle Époque. Elle est née en 1884, décédée en 1963. Elle était soprano à l'opéra comique, avec une brillante carrière. Elle faisait des photos pour les magazines de mode, très connues. Une vraie diva. Et lorsque la première guerre mondiale éclate, elle arrête tout et elle s'engage à la Croix-Rouge et elle fait une formation d'infirmière. J'ai découvert l'existence de Nelly Martil en 2015. A cette époque, j'avais déjà écrit une dizaine de romans pour les éditions Flammarion et ces romans traitaient des grandes découvertes. J'en faisais un par an et tous les ans, mon écriste me posait la même question. Elle me disait Mais trouves-nous une héroïne, une histoire avec une femme ? Et des découvertes du monde, il y en a peu. Parce que jusqu'au XXe siècle, les femmes n'avaient pas le droit de partir, c'était les hommes qui partaient. En revanche, des femmes qui ont marqué l'histoire, il y en a, il y en a beaucoup. Cléopâtre de l'Antiquité, Jeanne d'Arc, Marie Curie. Donc, l'idée était de créer une collection. qui ne soit pas les découvreurs du monde, mais qui raconte l'histoire vraie d'héroïnes, de femmes qui ont marqué l'histoire d'une manière ou d'une autre. Et c'est comme ça que j'ai écrit un premier roman sur Lucio Braque, donc la célèbre résistante pendant... la Seconde Guerre mondiale. Et pour le deuxième, on approchait du centenaire de Verdun. Je suis tombé sur un livre d'un historien, Jean-Marc Binot. Le livre s'appelle Héroïne de la Grande Guerre Et dans ce livre, il raconte l'histoire d'une quinzaine de jeunes femmes qui, d'une manière ou d'une autre, ont marqué la Première Guerre mondiale. Et parmi ces quinze jeunes femmes, il y en a une qui m'a particulièrement intéressé, c'était Nelly Martil. Et ce qui m'intéressait dans son parcours, c'était qu'elle avait un double parcours. Elle avait ce premier parcours de cantatrice extrêmement brillante. Et puis, à partir de la Première Guerre mondiale, le parcours d'infirmière. Pour moi, il était important de raconter l'histoire de Nelly Martil parce que quand j'ai commencé à travailler sur ce sujet, sur elle, il n'y avait rien. Et je trouvais ça injuste qu'une femme aussi brillante, aussi courageuse, n'ait pas la reconnaissance qu'elle mérite. Je me suis dit, voilà, il faut vraiment faire quelque chose, la sortir de l'oubli pour... qu'on connaisse un peu son histoire, à l'époque complètement oubliée. La première chose que j'ai dû faire lorsque j'ai commencé à travailler sur Nelly Martille, c'est revenir aux sources, essayer de trouver des archives, essayer de trouver des traces qu'elle a laissées. A l'époque, c'était les articles de journaux, c'était les actes d'état civil, c'était les photos. Il a vraiment fallu que je mène une enquête. La première étape de cette enquête a été d'aller à la Bibliothèque Nationale de France. d'aller aux archives des arts et des spectacles où il y avait un album. Dans le livre que j'ai écrit, qui s'appelle La Fée de Verdun, je l'appelle l'album rouge. Cet album, Nelly Martil a commencé à le tenir lorsqu'elle avait une quinzaine d'années. Lorsqu'elle a commencé à chanter, elle était toute contente. Chaque fois qu'un journal parlait d'elle, elle était toute heureuse, donc elle découpait l'article. Elle le collait dans l'album, elle mettait le nom du journal, la date. Et elle a fait ça pendant des années. Je me suis dit que Nelly Martil avait eu cet album entre les mains. Et cet objet était un lien entre elle et moi, puisque un siècle plus tôt, elle avait collé ses articles dedans. Je me trouvais dans la même position qu'elle par rapport à l'album. Je feuilletais les pages comme elle avait dû les feuilleter. Et du coup, ça créait un lien matériel avec elle. Et je me suis un peu senti comme un archéologue. J'ai pu reconstituer sa carrière de cantatrice, savoir ce qu'elle a chanté, où elle l'a chanté, comment elle est devenue cantatrice. Et ça m'a vraiment permis de reconstituer son enfance, sa jeunesse, sa carrière de cantatrice. De la même manière... Lorsqu'elle est devenue infirmière, elle a conservé tous les ordres de mission qu'on lui donnait. Elle a conservé tous les diplômes qu'elle a eus. Et tout ça a été légué aux archives du Val-de-Grâce. J'ai eu ce dossier entre les mains. J'ai pu tout photographier et ainsi j'ai su que de telle date à telle date, elle était dans telle ambulance militaire, à telle autre date, elle était dans tel hôpital. Et ça m'a permis de reconstituer son parcours d'infirmière. pendant la première guerre mondiale. Elle est née dans le deuxième arrondissement de Paris. Elle est la fille d'un négociant et sa mère est anglaise. Donc on est en 1884. Donc un milieu plutôt simple, je vais dire. Elle se marie... quand elle a une vingtaine d'années, avec George Scott, un peintre, illustrateur, assez célèbre. Elle est devenue cantatrice très jeune, très jeune, elle a su qu'elle voulait chanter. Elle a commencé dans les fêtes de quartier à Paris à chanter. Alors malheureusement pour elle, il y a eu un double drame dans sa vie. Lorsqu'elle a 18 ans, en l'espace d'un an, elle a perdu d'abord son père, puis sa mère. A l'époque, elle était encore mineure. Mais heureusement pour elle, elle a été prise sous l'aile de Léopold Belland. Léopold Belland était un humaniste, un philanthrope. Léopold Belland l'a aidé à intégrer le conservatoire. à passer les concours, à devenir cantatrice. Il est assez difficile de connaître les raisons qui ont poussé Nelly Martil à s'engager pendant la Première Guerre mondiale, parce qu'elle n'a rien écrit sur sa vie, elle n'a pas écrit d'autobiographie, il n'y a pas de lettres qui nous sont arrivées. Et donc on ne sait pas pourquoi, lorsque la guerre éclate, plutôt que de continuer à chanter, elle va voir la Croix-Rouge, elle va voir l'Union des femmes de France et elle demande à faire. faire une formation d'infirmière. Ce qui est sûr, c'est que les archives montrent qu'elle ne chante plus. On retrouve son diplôme d'infirmière et donc elle s'engage. Je pense que elle a été reconnaissante à la France de ce que la France lui a donné. C'est-à-dire que elle a été à l'école publique, elle a été au conservatoire, elle a été à l'opéra. de Paris puis à l'Opéra Comique. Léopold Belland, le philanthrope, l'a aidé. Donc, elle a reçu. Quand elle a eu besoin, la France était là, des personnes étaient là pour l'aider. Et lorsque la France a eu besoin des Français, elle a dit Je serai là, je veux être là Donc, elle arrête, elle va voir la Croix-Rouge, elle va voir l'Union des Femmes de France, elle va faire la formation de 1914 à 1918. Beaucoup de femmes sont engagées au début de la guerre. Beaucoup de bourgeoises, beaucoup... d'aristocrates, sont engagés, ont fait de la... Mais beaucoup aussi ont renoncé parce que amputer un bras, s'occuper de la grande graine d'un blessé, c'est extrêmement dur. Elle a été jusqu'au bout, elle a fait les quatre années de conflit en tant qu'infirmière. Au tout début de la guerre, elle a été affectée dans les gares. Lorsque les trains de blessés revenaient du front, la première chose à faire était de les... les accueillir et puis de les répartir vers les différents hôpitaux en fonction de leurs blessures. Le courage de Nelly Martil a été reconnu dès le départ de la guerre et tous les gradés qui l'ont côtoyé le reconnaissent. Par exemple en 1916 à Verdun, le lieutenant-colonel Pinault, commandant du 149e régiment d'infanterie, l'élève au grade de sergent et voilà ce qu'il va dire d'elle. malgré les veilles et les fatigues elle se prodigue chaque jour pour apporter à tous les officiers des soldats séduits par son farme délicieuse et pour leur faire partager la belle flamme patriotique qui anime son coeur Elle était à la gare, elle accueillait les blessés, et puis assez rapidement, on l'a envoyée au front. Et en 1916, elle a été à Verdun. Et à Verdun, elle avait un double rôle. Alors bien sûr, elle était infirmière, elle était dans les ambulances, elle soignait. Elle avait beaucoup de responsabilités, puisqu'elle faisait aussi bien de l'anesthésie qu'elle assistait les chirurgiens lors des opérations. Elle faisait les soins post-opératoires. Mais, comme elle était chanteuse... Elle a aussi chanté au front et son mari, George Scott, avait monté un théâtre de campagne qui était à Verdun et le soir, elle chantait dans ce théâtre pour tous les poilus qui le voulaient. Elle essayait de leur remonter le moral et donc pendant toute la guerre, elle a eu ce double rôle de soigner les corps des blessés et soigner les blessés. les coeurs par ses chansons. A Verdun, le courage et le talent de Nelly Martil est reconnu par les militaires et les gradés. Le général Passaga la surnommera la fée des armées de Verdun. elle sera vraiment une mascotte. Elle était jolie, elle était courageuse, elle était souriante, elle donnait tout son temps, elle était entièrement consacrée aux blessés, aux poilus, à tel point que le général Nivelle, une fois la bataille de Verdun gagnée, était convaincu que Nelly Martille avait porté chance à l'armée, qu'elle était un peu la... Le porte-bonheur, il s'est dit, il faut qu'elle vienne, il faut qu'elle chante et on va gagner aussi au chemin des dames. Donc il la fera venir et Nelly Martil sera en 1917 au chemin des dames. Malheureusement pas avec le même succès puisque... le chemin des dames sera une catastrophe pour la France malheureusement pour elle une fois que les soldats prisonniers en Allemagne reviendront, il y en a beaucoup qui reviendront avec la grippe espagnole et elle attrapera la grippe espagnole elle a failli y rester mais heureusement elle a survécu à la grippe espagnole elle aura 4 citations à la croix de guerre Et après la guerre aussi, son courage sera reconnu, puisqu'en 1920, elle sera nommée chevalier de la Légion d'honneur par le Marshal Pétain. C'est quatre années d'abnégation, d'engagement, de dévotion totale. Vraiment totale. Et pour une femme qui avait posé dans les magazines en vêtements de fourrure, qui avait été une diva, qui avait été une star, elle a accepté de renoncer à tout. pour être auprès des soldats en blouse blanche à les soigner. Après la guerre, Nelly Martil revient à Paris, elle se soigne, elle guérit, et elle va reprendre sa carrière de cantatrice. Malheureusement pour elle, la mode est passée. Les parisiens n'aiment plus l'opéra comique comme avant la guerre, mais ils aiment le musical, avec Miss Tinguette. Et elle ne retrouvera jamais la célébrité qu'elle avait avant-guerre. Plus tard, elle donnera des cours de chant. Et puis, le côté... humanitaire restera. En 1929 elle va créer une fondation, la fondation Nelly Martil à Paris, rue de Belleville pour venir en aide aux nécessiteux et tous les gens du quartier qui n'avaient pas les moyens de se payer un médecin pouvaient venir se faire soigner gratuitement. Ce qu'elle avait appris avec Léopold Belland, qui avait lui aussi ouvert des hôpitaux, ouvert des maisons pour les personnes âgées, des orphelinats. Elle aussi, après la Première Guerre mondiale... vouloir continuer à faire cette oeuvre et donc voilà son rôle est vraiment reconnu son courage est reconnu malheureusement comme elle n'a rien écrit sur elle qu'on était très modeste elle n'a rien écrit sur elle on a rien écrit sur elle avec les années elle a sombré dans l'oubli nelly marty le n'a pas eu d'enfant donc il n'y a eu personne pour voilà dire ben mère a fait ça ma mère a fait si ma mère était une grande chanteuse ma mère a été à la guerre je vais écrire c'est son histoire et de quand elle disparaît ses archives tout ce qu'elle a gardé de sa carrière de chanteuse et de sa carrière d'infirmière c'est sa soeur qui en hérite Et sa sœur, qui était elle aussi cantatrice d'opéra, elle va quand même sauver la mémoire de sa sœur en donnant aux bonnes personnes. les archives. La plus grande émotion, ça a été Georges Benoît. Je cherchais des informations sur sa vie, sa carrière. après la première guerre mondiale et il n'y avait vraiment pas grand chose. Et j'étais sur un forum consacré à la guerre de 14-18 et par hasard je suis tombé sur une photo. Et sous cette photo il y avait marqué Je suis à la recherche d'informations sur cette infirmière, c'était une infirmière sur un champ de bataille. Est-ce que ce ne serait pas par hasard Nelly Martil, la cantatrice avant la première guerre mondiale ? La photo et la question en elle-même n'étaient pas particulièrement intéressantes. Ce qui est intéressant, c'est la réponse. Il y a quelqu'un qui avait écrit Je ne pense pas que ce soit elle. Je l'ai bien connue en 1947. J'avais 22 ans, j'étais son jeune élève et si vous voulez, je peux vous en parler. Et le monsieur. donnait son numéro de téléphone. J'ai appelé le vieux monsieur, j'ai demandé s'il avait envie de me répondre. Je suis allé en Bretagne, je suis allé le rencontrer et j'ai passé une après-midi avec ce monsieur qui connaissait très bien Nelly Martil, qui avait une grande tendresse pour elle, parce que juste après guerre, quand elle lui donnait des cours de chant, lui était pauvre. Voilà, il était enfant de dépissier à Gennevilliers, il était passionné d'opéra, il voulait prendre des cours de chant mais il n'avait pas les moyens. Et il payait Nelly Martil avec... des pots de confiture de temps en temps. Ça a été une rencontre vraiment incroyable. C'était vraiment un lien humain entre Nelly Martil et moi. Il l'a connue en chair et en os. Je l'ai interrogée sur Nelly, sur sa personnalité, sur les cours, sur le lieu où elle donnait... les cours et les archives que j'avais eues entre les mains, au Val-de-Grâce ou à la BNF, c'est froid, c'est du papier. Et là, le vieux monsieur qui me donnait des informations sur la vie, sur la tenue, sur l'élégance, par exemple, il m'a dit, je ne l'ai jamais vue en cheveux. Elle avait toujours un turban autour de la tête. Pourquoi ? Parce qu'en 1943, Elle a été agressée dans la rue à Paris. Elle marchait dans la rue et puis quelqu'un lui a mis un coup de marteau par derrière, sur la tête. Elle a été trépanée, elle a survécu. Mais après, elle ne s'est plus jamais montrée en cheveux. Elle avait toujours un turban autour de la tête. Et cette anecdote, finalement, construit le livre. Puisque au début du livre, je raconte cette anecdote, mais sans dire pourquoi elle a été agressée. Voilà. C'était Nelly Martil redevenait vivante grâce à ce monsieur qui s'appelle Georges Benoît. Et ça a vraiment été incroyable. Et en plus, il m'a donné des informations que je n'aurais pu trouver nulle part ailleurs. Par exemple, il m'a dit qu'il avait été à l'enterrement de Nelly Martil. Et il m'a dit, elle est enterrée, elle est au cimetière Montmartre. Et quand il m'a dit ça, quand je suis rentré chez moi, comme je suis de région parisienne, je suis allé au cimetière Montmartre, j'ai cherché la tombe de Nelly Martil. J'ai eu un peu de mal parce qu'il y avait bien une tombe à l'endroit indiqué, mais il y avait 3 cm de mousse qui faisait que c'était... Voilà, on ne voyait rien. Donc j'ai pris un caillou, j'ai gratté, j'ai gratté, j'ai gratté. Et puis voilà, j'ai retrouvé des noms qui apparaissaient. Donc Martin, son vrai nom, c'était Nelly Martin. Nelly Martil, c'est son nom de cantatrice, son pseudonyme. Et effectivement, j'ai trouvé une tombe avec Nelly Martin, le père de Nelly, la mère de Nelly, avec les bonnes dates qui correspondaient. Donc j'ai retrouvé la tombe de Nelly Martil. Mais ça... un peu triste parce que cette tombe sous ces 2 cm de mousse, c'était encore une preuve qu'elle était complètement tombée dans l'oubli. Mais voilà, grâce au vieux monsieur, grâce à Georges Benoît, j'ai pu voir cette tombe, la photographier et en parler dans le... L'histoire de Nelly Martil me touche personnellement parce que lorsque j'ai commencé à travailler sur son histoire. Je ne savais pas trop où j'allais. Et j'ai passé quasiment un an à faire des recherches, donc à vivre avec elle et à la découvrir, un peu comme quand on rencontre quelqu'un et puis on se découvre. Et pendant un an, j'ai fait des découvertes, plein de découvertes l'une après l'autre. Le fait qu'elle soit complètement oubliée me peinait vraiment. J'ai l'impression que le livre a aidé. à faire sortir de l'oubli Nelly Martil. Quand on parle de traces, il y a des traces qui disparaissent. Monsieur Georges Benoît, qui est décédé depuis, donc ce sont des traces qui disparaissent, mais aussi des traces qui apparaissent. Alors bien sûr, il y a la tombe, qui grâce aux souvenirs français est maintenant restaurée et entretenue. Aujourd'hui, il y a une page Wikipédia qui est consacrée à Nelly Martil. Et puis, à Verdun, une rue Nelly Martil a été créée. Des choses qui montrent que, après un siècle, elle sort de l'oubli. On reconnaît enfin son courage, son talent, avec beaucoup de retard. Mais finalement, l'histoire n'en est peut-être que plus belle.

  • Speaker #1

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet, dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

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Philippe Nessmann, historien et auteur de nombreux ouvrages jeunesse, raconte au micro du Souvenir Français le destin de Nelly Martyl.


Chanteuse d’opéra, Nelly Martyl est la vedette du tout Paris avant de s’engager durant la Grande Guerre en tant qu’infirmière sur le front. Elle soigne les soldats blessés, mais leur apporte surtout de la joie et quelques moments de répit, en chantant pour eux. On la surnomme alors la “Fée de Verdun”, puisqu’elle motiva les troupes françaises et contribua ainsi à leur victoire.


Découvrez le destin extraordinaire de cette femme, qui sombra dans l’oubli et qui fut redécouverte par Philippe Nessmann au travers d’une longue enquête qui ne fut pas sans péripéties et surprises ! 


Si vous avez aimé cette histoire, vous pouvez prolonger votre écoute en vous procurant l’ouvrage de notre invité : “La Fée de Verdun” par Philippe Nessmann aux Éditions Flammarion Jeunesse (2016).


Ils sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.


Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


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    Pend toute la guerre, elle a eu ce double rôle de soigner les corps des blessés et soigner les cœurs par ses chansons.

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    Je m'appelle donc Philippe Nesman, j'ai 57 ans et je suis auteur de livres pour la jeunesse. J'ai écrit une soixantaine de romans, de livres documentaires et d'albums. Avant d'être auteur, j'ai commencé par être ingénieur, mais ce métier ne me plaisait pas, donc j'ai repris des études plus littéraires en histoire de l'art. Puis après, pour travailler dans l'écriture, j'ai fait une école de journalisme. J'ai travaillé comme journaliste à Sciences et Vies Juniors. Et ensuite, j'ai commencé à écrire des livres, des livres documentaires d'abord, puis des romans. Je vais vous parler de Nelly Martille. Nelly Martille était une cantatrice lors de la Belle Époque. Elle est née en 1884, décédée en 1963. Elle était soprano à l'opéra comique, avec une brillante carrière. Elle faisait des photos pour les magazines de mode, très connues. Une vraie diva. Et lorsque la première guerre mondiale éclate, elle arrête tout et elle s'engage à la Croix-Rouge et elle fait une formation d'infirmière. J'ai découvert l'existence de Nelly Martil en 2015. A cette époque, j'avais déjà écrit une dizaine de romans pour les éditions Flammarion et ces romans traitaient des grandes découvertes. J'en faisais un par an et tous les ans, mon écriste me posait la même question. Elle me disait Mais trouves-nous une héroïne, une histoire avec une femme ? Et des découvertes du monde, il y en a peu. Parce que jusqu'au XXe siècle, les femmes n'avaient pas le droit de partir, c'était les hommes qui partaient. En revanche, des femmes qui ont marqué l'histoire, il y en a, il y en a beaucoup. Cléopâtre de l'Antiquité, Jeanne d'Arc, Marie Curie. Donc, l'idée était de créer une collection. qui ne soit pas les découvreurs du monde, mais qui raconte l'histoire vraie d'héroïnes, de femmes qui ont marqué l'histoire d'une manière ou d'une autre. Et c'est comme ça que j'ai écrit un premier roman sur Lucio Braque, donc la célèbre résistante pendant... la Seconde Guerre mondiale. Et pour le deuxième, on approchait du centenaire de Verdun. Je suis tombé sur un livre d'un historien, Jean-Marc Binot. Le livre s'appelle Héroïne de la Grande Guerre Et dans ce livre, il raconte l'histoire d'une quinzaine de jeunes femmes qui, d'une manière ou d'une autre, ont marqué la Première Guerre mondiale. Et parmi ces quinze jeunes femmes, il y en a une qui m'a particulièrement intéressé, c'était Nelly Martil. Et ce qui m'intéressait dans son parcours, c'était qu'elle avait un double parcours. Elle avait ce premier parcours de cantatrice extrêmement brillante. Et puis, à partir de la Première Guerre mondiale, le parcours d'infirmière. Pour moi, il était important de raconter l'histoire de Nelly Martil parce que quand j'ai commencé à travailler sur ce sujet, sur elle, il n'y avait rien. Et je trouvais ça injuste qu'une femme aussi brillante, aussi courageuse, n'ait pas la reconnaissance qu'elle mérite. Je me suis dit, voilà, il faut vraiment faire quelque chose, la sortir de l'oubli pour... qu'on connaisse un peu son histoire, à l'époque complètement oubliée. La première chose que j'ai dû faire lorsque j'ai commencé à travailler sur Nelly Martille, c'est revenir aux sources, essayer de trouver des archives, essayer de trouver des traces qu'elle a laissées. A l'époque, c'était les articles de journaux, c'était les actes d'état civil, c'était les photos. Il a vraiment fallu que je mène une enquête. La première étape de cette enquête a été d'aller à la Bibliothèque Nationale de France. d'aller aux archives des arts et des spectacles où il y avait un album. Dans le livre que j'ai écrit, qui s'appelle La Fée de Verdun, je l'appelle l'album rouge. Cet album, Nelly Martil a commencé à le tenir lorsqu'elle avait une quinzaine d'années. Lorsqu'elle a commencé à chanter, elle était toute contente. Chaque fois qu'un journal parlait d'elle, elle était toute heureuse, donc elle découpait l'article. Elle le collait dans l'album, elle mettait le nom du journal, la date. Et elle a fait ça pendant des années. Je me suis dit que Nelly Martil avait eu cet album entre les mains. Et cet objet était un lien entre elle et moi, puisque un siècle plus tôt, elle avait collé ses articles dedans. Je me trouvais dans la même position qu'elle par rapport à l'album. Je feuilletais les pages comme elle avait dû les feuilleter. Et du coup, ça créait un lien matériel avec elle. Et je me suis un peu senti comme un archéologue. J'ai pu reconstituer sa carrière de cantatrice, savoir ce qu'elle a chanté, où elle l'a chanté, comment elle est devenue cantatrice. Et ça m'a vraiment permis de reconstituer son enfance, sa jeunesse, sa carrière de cantatrice. De la même manière... Lorsqu'elle est devenue infirmière, elle a conservé tous les ordres de mission qu'on lui donnait. Elle a conservé tous les diplômes qu'elle a eus. Et tout ça a été légué aux archives du Val-de-Grâce. J'ai eu ce dossier entre les mains. J'ai pu tout photographier et ainsi j'ai su que de telle date à telle date, elle était dans telle ambulance militaire, à telle autre date, elle était dans tel hôpital. Et ça m'a permis de reconstituer son parcours d'infirmière. pendant la première guerre mondiale. Elle est née dans le deuxième arrondissement de Paris. Elle est la fille d'un négociant et sa mère est anglaise. Donc on est en 1884. Donc un milieu plutôt simple, je vais dire. Elle se marie... quand elle a une vingtaine d'années, avec George Scott, un peintre, illustrateur, assez célèbre. Elle est devenue cantatrice très jeune, très jeune, elle a su qu'elle voulait chanter. Elle a commencé dans les fêtes de quartier à Paris à chanter. Alors malheureusement pour elle, il y a eu un double drame dans sa vie. Lorsqu'elle a 18 ans, en l'espace d'un an, elle a perdu d'abord son père, puis sa mère. A l'époque, elle était encore mineure. Mais heureusement pour elle, elle a été prise sous l'aile de Léopold Belland. Léopold Belland était un humaniste, un philanthrope. Léopold Belland l'a aidé à intégrer le conservatoire. à passer les concours, à devenir cantatrice. Il est assez difficile de connaître les raisons qui ont poussé Nelly Martil à s'engager pendant la Première Guerre mondiale, parce qu'elle n'a rien écrit sur sa vie, elle n'a pas écrit d'autobiographie, il n'y a pas de lettres qui nous sont arrivées. Et donc on ne sait pas pourquoi, lorsque la guerre éclate, plutôt que de continuer à chanter, elle va voir la Croix-Rouge, elle va voir l'Union des femmes de France et elle demande à faire. faire une formation d'infirmière. Ce qui est sûr, c'est que les archives montrent qu'elle ne chante plus. On retrouve son diplôme d'infirmière et donc elle s'engage. Je pense que elle a été reconnaissante à la France de ce que la France lui a donné. C'est-à-dire que elle a été à l'école publique, elle a été au conservatoire, elle a été à l'opéra. de Paris puis à l'Opéra Comique. Léopold Belland, le philanthrope, l'a aidé. Donc, elle a reçu. Quand elle a eu besoin, la France était là, des personnes étaient là pour l'aider. Et lorsque la France a eu besoin des Français, elle a dit Je serai là, je veux être là Donc, elle arrête, elle va voir la Croix-Rouge, elle va voir l'Union des Femmes de France, elle va faire la formation de 1914 à 1918. Beaucoup de femmes sont engagées au début de la guerre. Beaucoup de bourgeoises, beaucoup... d'aristocrates, sont engagés, ont fait de la... Mais beaucoup aussi ont renoncé parce que amputer un bras, s'occuper de la grande graine d'un blessé, c'est extrêmement dur. Elle a été jusqu'au bout, elle a fait les quatre années de conflit en tant qu'infirmière. Au tout début de la guerre, elle a été affectée dans les gares. Lorsque les trains de blessés revenaient du front, la première chose à faire était de les... les accueillir et puis de les répartir vers les différents hôpitaux en fonction de leurs blessures. Le courage de Nelly Martil a été reconnu dès le départ de la guerre et tous les gradés qui l'ont côtoyé le reconnaissent. Par exemple en 1916 à Verdun, le lieutenant-colonel Pinault, commandant du 149e régiment d'infanterie, l'élève au grade de sergent et voilà ce qu'il va dire d'elle. malgré les veilles et les fatigues elle se prodigue chaque jour pour apporter à tous les officiers des soldats séduits par son farme délicieuse et pour leur faire partager la belle flamme patriotique qui anime son coeur Elle était à la gare, elle accueillait les blessés, et puis assez rapidement, on l'a envoyée au front. Et en 1916, elle a été à Verdun. Et à Verdun, elle avait un double rôle. Alors bien sûr, elle était infirmière, elle était dans les ambulances, elle soignait. Elle avait beaucoup de responsabilités, puisqu'elle faisait aussi bien de l'anesthésie qu'elle assistait les chirurgiens lors des opérations. Elle faisait les soins post-opératoires. Mais, comme elle était chanteuse... Elle a aussi chanté au front et son mari, George Scott, avait monté un théâtre de campagne qui était à Verdun et le soir, elle chantait dans ce théâtre pour tous les poilus qui le voulaient. Elle essayait de leur remonter le moral et donc pendant toute la guerre, elle a eu ce double rôle de soigner les corps des blessés et soigner les blessés. les coeurs par ses chansons. A Verdun, le courage et le talent de Nelly Martil est reconnu par les militaires et les gradés. Le général Passaga la surnommera la fée des armées de Verdun. elle sera vraiment une mascotte. Elle était jolie, elle était courageuse, elle était souriante, elle donnait tout son temps, elle était entièrement consacrée aux blessés, aux poilus, à tel point que le général Nivelle, une fois la bataille de Verdun gagnée, était convaincu que Nelly Martille avait porté chance à l'armée, qu'elle était un peu la... Le porte-bonheur, il s'est dit, il faut qu'elle vienne, il faut qu'elle chante et on va gagner aussi au chemin des dames. Donc il la fera venir et Nelly Martil sera en 1917 au chemin des dames. Malheureusement pas avec le même succès puisque... le chemin des dames sera une catastrophe pour la France malheureusement pour elle une fois que les soldats prisonniers en Allemagne reviendront, il y en a beaucoup qui reviendront avec la grippe espagnole et elle attrapera la grippe espagnole elle a failli y rester mais heureusement elle a survécu à la grippe espagnole elle aura 4 citations à la croix de guerre Et après la guerre aussi, son courage sera reconnu, puisqu'en 1920, elle sera nommée chevalier de la Légion d'honneur par le Marshal Pétain. C'est quatre années d'abnégation, d'engagement, de dévotion totale. Vraiment totale. Et pour une femme qui avait posé dans les magazines en vêtements de fourrure, qui avait été une diva, qui avait été une star, elle a accepté de renoncer à tout. pour être auprès des soldats en blouse blanche à les soigner. Après la guerre, Nelly Martil revient à Paris, elle se soigne, elle guérit, et elle va reprendre sa carrière de cantatrice. Malheureusement pour elle, la mode est passée. Les parisiens n'aiment plus l'opéra comique comme avant la guerre, mais ils aiment le musical, avec Miss Tinguette. Et elle ne retrouvera jamais la célébrité qu'elle avait avant-guerre. Plus tard, elle donnera des cours de chant. Et puis, le côté... humanitaire restera. En 1929 elle va créer une fondation, la fondation Nelly Martil à Paris, rue de Belleville pour venir en aide aux nécessiteux et tous les gens du quartier qui n'avaient pas les moyens de se payer un médecin pouvaient venir se faire soigner gratuitement. Ce qu'elle avait appris avec Léopold Belland, qui avait lui aussi ouvert des hôpitaux, ouvert des maisons pour les personnes âgées, des orphelinats. Elle aussi, après la Première Guerre mondiale... vouloir continuer à faire cette oeuvre et donc voilà son rôle est vraiment reconnu son courage est reconnu malheureusement comme elle n'a rien écrit sur elle qu'on était très modeste elle n'a rien écrit sur elle on a rien écrit sur elle avec les années elle a sombré dans l'oubli nelly marty le n'a pas eu d'enfant donc il n'y a eu personne pour voilà dire ben mère a fait ça ma mère a fait si ma mère était une grande chanteuse ma mère a été à la guerre je vais écrire c'est son histoire et de quand elle disparaît ses archives tout ce qu'elle a gardé de sa carrière de chanteuse et de sa carrière d'infirmière c'est sa soeur qui en hérite Et sa sœur, qui était elle aussi cantatrice d'opéra, elle va quand même sauver la mémoire de sa sœur en donnant aux bonnes personnes. les archives. La plus grande émotion, ça a été Georges Benoît. Je cherchais des informations sur sa vie, sa carrière. après la première guerre mondiale et il n'y avait vraiment pas grand chose. Et j'étais sur un forum consacré à la guerre de 14-18 et par hasard je suis tombé sur une photo. Et sous cette photo il y avait marqué Je suis à la recherche d'informations sur cette infirmière, c'était une infirmière sur un champ de bataille. Est-ce que ce ne serait pas par hasard Nelly Martil, la cantatrice avant la première guerre mondiale ? La photo et la question en elle-même n'étaient pas particulièrement intéressantes. Ce qui est intéressant, c'est la réponse. Il y a quelqu'un qui avait écrit Je ne pense pas que ce soit elle. Je l'ai bien connue en 1947. J'avais 22 ans, j'étais son jeune élève et si vous voulez, je peux vous en parler. Et le monsieur. donnait son numéro de téléphone. J'ai appelé le vieux monsieur, j'ai demandé s'il avait envie de me répondre. Je suis allé en Bretagne, je suis allé le rencontrer et j'ai passé une après-midi avec ce monsieur qui connaissait très bien Nelly Martil, qui avait une grande tendresse pour elle, parce que juste après guerre, quand elle lui donnait des cours de chant, lui était pauvre. Voilà, il était enfant de dépissier à Gennevilliers, il était passionné d'opéra, il voulait prendre des cours de chant mais il n'avait pas les moyens. Et il payait Nelly Martil avec... des pots de confiture de temps en temps. Ça a été une rencontre vraiment incroyable. C'était vraiment un lien humain entre Nelly Martil et moi. Il l'a connue en chair et en os. Je l'ai interrogée sur Nelly, sur sa personnalité, sur les cours, sur le lieu où elle donnait... les cours et les archives que j'avais eues entre les mains, au Val-de-Grâce ou à la BNF, c'est froid, c'est du papier. Et là, le vieux monsieur qui me donnait des informations sur la vie, sur la tenue, sur l'élégance, par exemple, il m'a dit, je ne l'ai jamais vue en cheveux. Elle avait toujours un turban autour de la tête. Pourquoi ? Parce qu'en 1943, Elle a été agressée dans la rue à Paris. Elle marchait dans la rue et puis quelqu'un lui a mis un coup de marteau par derrière, sur la tête. Elle a été trépanée, elle a survécu. Mais après, elle ne s'est plus jamais montrée en cheveux. Elle avait toujours un turban autour de la tête. Et cette anecdote, finalement, construit le livre. Puisque au début du livre, je raconte cette anecdote, mais sans dire pourquoi elle a été agressée. Voilà. C'était Nelly Martil redevenait vivante grâce à ce monsieur qui s'appelle Georges Benoît. Et ça a vraiment été incroyable. Et en plus, il m'a donné des informations que je n'aurais pu trouver nulle part ailleurs. Par exemple, il m'a dit qu'il avait été à l'enterrement de Nelly Martil. Et il m'a dit, elle est enterrée, elle est au cimetière Montmartre. Et quand il m'a dit ça, quand je suis rentré chez moi, comme je suis de région parisienne, je suis allé au cimetière Montmartre, j'ai cherché la tombe de Nelly Martil. J'ai eu un peu de mal parce qu'il y avait bien une tombe à l'endroit indiqué, mais il y avait 3 cm de mousse qui faisait que c'était... Voilà, on ne voyait rien. Donc j'ai pris un caillou, j'ai gratté, j'ai gratté, j'ai gratté. Et puis voilà, j'ai retrouvé des noms qui apparaissaient. Donc Martin, son vrai nom, c'était Nelly Martin. Nelly Martil, c'est son nom de cantatrice, son pseudonyme. Et effectivement, j'ai trouvé une tombe avec Nelly Martin, le père de Nelly, la mère de Nelly, avec les bonnes dates qui correspondaient. Donc j'ai retrouvé la tombe de Nelly Martil. Mais ça... un peu triste parce que cette tombe sous ces 2 cm de mousse, c'était encore une preuve qu'elle était complètement tombée dans l'oubli. Mais voilà, grâce au vieux monsieur, grâce à Georges Benoît, j'ai pu voir cette tombe, la photographier et en parler dans le... L'histoire de Nelly Martil me touche personnellement parce que lorsque j'ai commencé à travailler sur son histoire. Je ne savais pas trop où j'allais. Et j'ai passé quasiment un an à faire des recherches, donc à vivre avec elle et à la découvrir, un peu comme quand on rencontre quelqu'un et puis on se découvre. Et pendant un an, j'ai fait des découvertes, plein de découvertes l'une après l'autre. Le fait qu'elle soit complètement oubliée me peinait vraiment. J'ai l'impression que le livre a aidé. à faire sortir de l'oubli Nelly Martil. Quand on parle de traces, il y a des traces qui disparaissent. Monsieur Georges Benoît, qui est décédé depuis, donc ce sont des traces qui disparaissent, mais aussi des traces qui apparaissent. Alors bien sûr, il y a la tombe, qui grâce aux souvenirs français est maintenant restaurée et entretenue. Aujourd'hui, il y a une page Wikipédia qui est consacrée à Nelly Martil. Et puis, à Verdun, une rue Nelly Martil a été créée. Des choses qui montrent que, après un siècle, elle sort de l'oubli. On reconnaît enfin son courage, son talent, avec beaucoup de retard. Mais finalement, l'histoire n'en est peut-être que plus belle.

  • Speaker #1

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet, dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

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Description

Philippe Nessmann, historien et auteur de nombreux ouvrages jeunesse, raconte au micro du Souvenir Français le destin de Nelly Martyl.


Chanteuse d’opéra, Nelly Martyl est la vedette du tout Paris avant de s’engager durant la Grande Guerre en tant qu’infirmière sur le front. Elle soigne les soldats blessés, mais leur apporte surtout de la joie et quelques moments de répit, en chantant pour eux. On la surnomme alors la “Fée de Verdun”, puisqu’elle motiva les troupes françaises et contribua ainsi à leur victoire.


Découvrez le destin extraordinaire de cette femme, qui sombra dans l’oubli et qui fut redécouverte par Philippe Nessmann au travers d’une longue enquête qui ne fut pas sans péripéties et surprises ! 


Si vous avez aimé cette histoire, vous pouvez prolonger votre écoute en vous procurant l’ouvrage de notre invité : “La Fée de Verdun” par Philippe Nessmann aux Éditions Flammarion Jeunesse (2016).


Ils sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.


Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


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Transcription

  • Speaker #0

    Pend toute la guerre, elle a eu ce double rôle de soigner les corps des blessés et soigner les cœurs par ses chansons.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoire, le podcast de la mémoire. Nelly par Philippe s'engageait auprès des blessés en musique.

  • Speaker #0

    Je m'appelle donc Philippe Nesman, j'ai 57 ans et je suis auteur de livres pour la jeunesse. J'ai écrit une soixantaine de romans, de livres documentaires et d'albums. Avant d'être auteur, j'ai commencé par être ingénieur, mais ce métier ne me plaisait pas, donc j'ai repris des études plus littéraires en histoire de l'art. Puis après, pour travailler dans l'écriture, j'ai fait une école de journalisme. J'ai travaillé comme journaliste à Sciences et Vies Juniors. Et ensuite, j'ai commencé à écrire des livres, des livres documentaires d'abord, puis des romans. Je vais vous parler de Nelly Martille. Nelly Martille était une cantatrice lors de la Belle Époque. Elle est née en 1884, décédée en 1963. Elle était soprano à l'opéra comique, avec une brillante carrière. Elle faisait des photos pour les magazines de mode, très connues. Une vraie diva. Et lorsque la première guerre mondiale éclate, elle arrête tout et elle s'engage à la Croix-Rouge et elle fait une formation d'infirmière. J'ai découvert l'existence de Nelly Martil en 2015. A cette époque, j'avais déjà écrit une dizaine de romans pour les éditions Flammarion et ces romans traitaient des grandes découvertes. J'en faisais un par an et tous les ans, mon écriste me posait la même question. Elle me disait Mais trouves-nous une héroïne, une histoire avec une femme ? Et des découvertes du monde, il y en a peu. Parce que jusqu'au XXe siècle, les femmes n'avaient pas le droit de partir, c'était les hommes qui partaient. En revanche, des femmes qui ont marqué l'histoire, il y en a, il y en a beaucoup. Cléopâtre de l'Antiquité, Jeanne d'Arc, Marie Curie. Donc, l'idée était de créer une collection. qui ne soit pas les découvreurs du monde, mais qui raconte l'histoire vraie d'héroïnes, de femmes qui ont marqué l'histoire d'une manière ou d'une autre. Et c'est comme ça que j'ai écrit un premier roman sur Lucio Braque, donc la célèbre résistante pendant... la Seconde Guerre mondiale. Et pour le deuxième, on approchait du centenaire de Verdun. Je suis tombé sur un livre d'un historien, Jean-Marc Binot. Le livre s'appelle Héroïne de la Grande Guerre Et dans ce livre, il raconte l'histoire d'une quinzaine de jeunes femmes qui, d'une manière ou d'une autre, ont marqué la Première Guerre mondiale. Et parmi ces quinze jeunes femmes, il y en a une qui m'a particulièrement intéressé, c'était Nelly Martil. Et ce qui m'intéressait dans son parcours, c'était qu'elle avait un double parcours. Elle avait ce premier parcours de cantatrice extrêmement brillante. Et puis, à partir de la Première Guerre mondiale, le parcours d'infirmière. Pour moi, il était important de raconter l'histoire de Nelly Martil parce que quand j'ai commencé à travailler sur ce sujet, sur elle, il n'y avait rien. Et je trouvais ça injuste qu'une femme aussi brillante, aussi courageuse, n'ait pas la reconnaissance qu'elle mérite. Je me suis dit, voilà, il faut vraiment faire quelque chose, la sortir de l'oubli pour... qu'on connaisse un peu son histoire, à l'époque complètement oubliée. La première chose que j'ai dû faire lorsque j'ai commencé à travailler sur Nelly Martille, c'est revenir aux sources, essayer de trouver des archives, essayer de trouver des traces qu'elle a laissées. A l'époque, c'était les articles de journaux, c'était les actes d'état civil, c'était les photos. Il a vraiment fallu que je mène une enquête. La première étape de cette enquête a été d'aller à la Bibliothèque Nationale de France. d'aller aux archives des arts et des spectacles où il y avait un album. Dans le livre que j'ai écrit, qui s'appelle La Fée de Verdun, je l'appelle l'album rouge. Cet album, Nelly Martil a commencé à le tenir lorsqu'elle avait une quinzaine d'années. Lorsqu'elle a commencé à chanter, elle était toute contente. Chaque fois qu'un journal parlait d'elle, elle était toute heureuse, donc elle découpait l'article. Elle le collait dans l'album, elle mettait le nom du journal, la date. Et elle a fait ça pendant des années. Je me suis dit que Nelly Martil avait eu cet album entre les mains. Et cet objet était un lien entre elle et moi, puisque un siècle plus tôt, elle avait collé ses articles dedans. Je me trouvais dans la même position qu'elle par rapport à l'album. Je feuilletais les pages comme elle avait dû les feuilleter. Et du coup, ça créait un lien matériel avec elle. Et je me suis un peu senti comme un archéologue. J'ai pu reconstituer sa carrière de cantatrice, savoir ce qu'elle a chanté, où elle l'a chanté, comment elle est devenue cantatrice. Et ça m'a vraiment permis de reconstituer son enfance, sa jeunesse, sa carrière de cantatrice. De la même manière... Lorsqu'elle est devenue infirmière, elle a conservé tous les ordres de mission qu'on lui donnait. Elle a conservé tous les diplômes qu'elle a eus. Et tout ça a été légué aux archives du Val-de-Grâce. J'ai eu ce dossier entre les mains. J'ai pu tout photographier et ainsi j'ai su que de telle date à telle date, elle était dans telle ambulance militaire, à telle autre date, elle était dans tel hôpital. Et ça m'a permis de reconstituer son parcours d'infirmière. pendant la première guerre mondiale. Elle est née dans le deuxième arrondissement de Paris. Elle est la fille d'un négociant et sa mère est anglaise. Donc on est en 1884. Donc un milieu plutôt simple, je vais dire. Elle se marie... quand elle a une vingtaine d'années, avec George Scott, un peintre, illustrateur, assez célèbre. Elle est devenue cantatrice très jeune, très jeune, elle a su qu'elle voulait chanter. Elle a commencé dans les fêtes de quartier à Paris à chanter. Alors malheureusement pour elle, il y a eu un double drame dans sa vie. Lorsqu'elle a 18 ans, en l'espace d'un an, elle a perdu d'abord son père, puis sa mère. A l'époque, elle était encore mineure. Mais heureusement pour elle, elle a été prise sous l'aile de Léopold Belland. Léopold Belland était un humaniste, un philanthrope. Léopold Belland l'a aidé à intégrer le conservatoire. à passer les concours, à devenir cantatrice. Il est assez difficile de connaître les raisons qui ont poussé Nelly Martil à s'engager pendant la Première Guerre mondiale, parce qu'elle n'a rien écrit sur sa vie, elle n'a pas écrit d'autobiographie, il n'y a pas de lettres qui nous sont arrivées. Et donc on ne sait pas pourquoi, lorsque la guerre éclate, plutôt que de continuer à chanter, elle va voir la Croix-Rouge, elle va voir l'Union des femmes de France et elle demande à faire. faire une formation d'infirmière. Ce qui est sûr, c'est que les archives montrent qu'elle ne chante plus. On retrouve son diplôme d'infirmière et donc elle s'engage. Je pense que elle a été reconnaissante à la France de ce que la France lui a donné. C'est-à-dire que elle a été à l'école publique, elle a été au conservatoire, elle a été à l'opéra. de Paris puis à l'Opéra Comique. Léopold Belland, le philanthrope, l'a aidé. Donc, elle a reçu. Quand elle a eu besoin, la France était là, des personnes étaient là pour l'aider. Et lorsque la France a eu besoin des Français, elle a dit Je serai là, je veux être là Donc, elle arrête, elle va voir la Croix-Rouge, elle va voir l'Union des Femmes de France, elle va faire la formation de 1914 à 1918. Beaucoup de femmes sont engagées au début de la guerre. Beaucoup de bourgeoises, beaucoup... d'aristocrates, sont engagés, ont fait de la... Mais beaucoup aussi ont renoncé parce que amputer un bras, s'occuper de la grande graine d'un blessé, c'est extrêmement dur. Elle a été jusqu'au bout, elle a fait les quatre années de conflit en tant qu'infirmière. Au tout début de la guerre, elle a été affectée dans les gares. Lorsque les trains de blessés revenaient du front, la première chose à faire était de les... les accueillir et puis de les répartir vers les différents hôpitaux en fonction de leurs blessures. Le courage de Nelly Martil a été reconnu dès le départ de la guerre et tous les gradés qui l'ont côtoyé le reconnaissent. Par exemple en 1916 à Verdun, le lieutenant-colonel Pinault, commandant du 149e régiment d'infanterie, l'élève au grade de sergent et voilà ce qu'il va dire d'elle. malgré les veilles et les fatigues elle se prodigue chaque jour pour apporter à tous les officiers des soldats séduits par son farme délicieuse et pour leur faire partager la belle flamme patriotique qui anime son coeur Elle était à la gare, elle accueillait les blessés, et puis assez rapidement, on l'a envoyée au front. Et en 1916, elle a été à Verdun. Et à Verdun, elle avait un double rôle. Alors bien sûr, elle était infirmière, elle était dans les ambulances, elle soignait. Elle avait beaucoup de responsabilités, puisqu'elle faisait aussi bien de l'anesthésie qu'elle assistait les chirurgiens lors des opérations. Elle faisait les soins post-opératoires. Mais, comme elle était chanteuse... Elle a aussi chanté au front et son mari, George Scott, avait monté un théâtre de campagne qui était à Verdun et le soir, elle chantait dans ce théâtre pour tous les poilus qui le voulaient. Elle essayait de leur remonter le moral et donc pendant toute la guerre, elle a eu ce double rôle de soigner les corps des blessés et soigner les blessés. les coeurs par ses chansons. A Verdun, le courage et le talent de Nelly Martil est reconnu par les militaires et les gradés. Le général Passaga la surnommera la fée des armées de Verdun. elle sera vraiment une mascotte. Elle était jolie, elle était courageuse, elle était souriante, elle donnait tout son temps, elle était entièrement consacrée aux blessés, aux poilus, à tel point que le général Nivelle, une fois la bataille de Verdun gagnée, était convaincu que Nelly Martille avait porté chance à l'armée, qu'elle était un peu la... Le porte-bonheur, il s'est dit, il faut qu'elle vienne, il faut qu'elle chante et on va gagner aussi au chemin des dames. Donc il la fera venir et Nelly Martil sera en 1917 au chemin des dames. Malheureusement pas avec le même succès puisque... le chemin des dames sera une catastrophe pour la France malheureusement pour elle une fois que les soldats prisonniers en Allemagne reviendront, il y en a beaucoup qui reviendront avec la grippe espagnole et elle attrapera la grippe espagnole elle a failli y rester mais heureusement elle a survécu à la grippe espagnole elle aura 4 citations à la croix de guerre Et après la guerre aussi, son courage sera reconnu, puisqu'en 1920, elle sera nommée chevalier de la Légion d'honneur par le Marshal Pétain. C'est quatre années d'abnégation, d'engagement, de dévotion totale. Vraiment totale. Et pour une femme qui avait posé dans les magazines en vêtements de fourrure, qui avait été une diva, qui avait été une star, elle a accepté de renoncer à tout. pour être auprès des soldats en blouse blanche à les soigner. Après la guerre, Nelly Martil revient à Paris, elle se soigne, elle guérit, et elle va reprendre sa carrière de cantatrice. Malheureusement pour elle, la mode est passée. Les parisiens n'aiment plus l'opéra comique comme avant la guerre, mais ils aiment le musical, avec Miss Tinguette. Et elle ne retrouvera jamais la célébrité qu'elle avait avant-guerre. Plus tard, elle donnera des cours de chant. Et puis, le côté... humanitaire restera. En 1929 elle va créer une fondation, la fondation Nelly Martil à Paris, rue de Belleville pour venir en aide aux nécessiteux et tous les gens du quartier qui n'avaient pas les moyens de se payer un médecin pouvaient venir se faire soigner gratuitement. Ce qu'elle avait appris avec Léopold Belland, qui avait lui aussi ouvert des hôpitaux, ouvert des maisons pour les personnes âgées, des orphelinats. Elle aussi, après la Première Guerre mondiale... vouloir continuer à faire cette oeuvre et donc voilà son rôle est vraiment reconnu son courage est reconnu malheureusement comme elle n'a rien écrit sur elle qu'on était très modeste elle n'a rien écrit sur elle on a rien écrit sur elle avec les années elle a sombré dans l'oubli nelly marty le n'a pas eu d'enfant donc il n'y a eu personne pour voilà dire ben mère a fait ça ma mère a fait si ma mère était une grande chanteuse ma mère a été à la guerre je vais écrire c'est son histoire et de quand elle disparaît ses archives tout ce qu'elle a gardé de sa carrière de chanteuse et de sa carrière d'infirmière c'est sa soeur qui en hérite Et sa sœur, qui était elle aussi cantatrice d'opéra, elle va quand même sauver la mémoire de sa sœur en donnant aux bonnes personnes. les archives. La plus grande émotion, ça a été Georges Benoît. Je cherchais des informations sur sa vie, sa carrière. après la première guerre mondiale et il n'y avait vraiment pas grand chose. Et j'étais sur un forum consacré à la guerre de 14-18 et par hasard je suis tombé sur une photo. Et sous cette photo il y avait marqué Je suis à la recherche d'informations sur cette infirmière, c'était une infirmière sur un champ de bataille. Est-ce que ce ne serait pas par hasard Nelly Martil, la cantatrice avant la première guerre mondiale ? La photo et la question en elle-même n'étaient pas particulièrement intéressantes. Ce qui est intéressant, c'est la réponse. Il y a quelqu'un qui avait écrit Je ne pense pas que ce soit elle. Je l'ai bien connue en 1947. J'avais 22 ans, j'étais son jeune élève et si vous voulez, je peux vous en parler. Et le monsieur. donnait son numéro de téléphone. J'ai appelé le vieux monsieur, j'ai demandé s'il avait envie de me répondre. Je suis allé en Bretagne, je suis allé le rencontrer et j'ai passé une après-midi avec ce monsieur qui connaissait très bien Nelly Martil, qui avait une grande tendresse pour elle, parce que juste après guerre, quand elle lui donnait des cours de chant, lui était pauvre. Voilà, il était enfant de dépissier à Gennevilliers, il était passionné d'opéra, il voulait prendre des cours de chant mais il n'avait pas les moyens. Et il payait Nelly Martil avec... des pots de confiture de temps en temps. Ça a été une rencontre vraiment incroyable. C'était vraiment un lien humain entre Nelly Martil et moi. Il l'a connue en chair et en os. Je l'ai interrogée sur Nelly, sur sa personnalité, sur les cours, sur le lieu où elle donnait... les cours et les archives que j'avais eues entre les mains, au Val-de-Grâce ou à la BNF, c'est froid, c'est du papier. Et là, le vieux monsieur qui me donnait des informations sur la vie, sur la tenue, sur l'élégance, par exemple, il m'a dit, je ne l'ai jamais vue en cheveux. Elle avait toujours un turban autour de la tête. Pourquoi ? Parce qu'en 1943, Elle a été agressée dans la rue à Paris. Elle marchait dans la rue et puis quelqu'un lui a mis un coup de marteau par derrière, sur la tête. Elle a été trépanée, elle a survécu. Mais après, elle ne s'est plus jamais montrée en cheveux. Elle avait toujours un turban autour de la tête. Et cette anecdote, finalement, construit le livre. Puisque au début du livre, je raconte cette anecdote, mais sans dire pourquoi elle a été agressée. Voilà. C'était Nelly Martil redevenait vivante grâce à ce monsieur qui s'appelle Georges Benoît. Et ça a vraiment été incroyable. Et en plus, il m'a donné des informations que je n'aurais pu trouver nulle part ailleurs. Par exemple, il m'a dit qu'il avait été à l'enterrement de Nelly Martil. Et il m'a dit, elle est enterrée, elle est au cimetière Montmartre. Et quand il m'a dit ça, quand je suis rentré chez moi, comme je suis de région parisienne, je suis allé au cimetière Montmartre, j'ai cherché la tombe de Nelly Martil. J'ai eu un peu de mal parce qu'il y avait bien une tombe à l'endroit indiqué, mais il y avait 3 cm de mousse qui faisait que c'était... Voilà, on ne voyait rien. Donc j'ai pris un caillou, j'ai gratté, j'ai gratté, j'ai gratté. Et puis voilà, j'ai retrouvé des noms qui apparaissaient. Donc Martin, son vrai nom, c'était Nelly Martin. Nelly Martil, c'est son nom de cantatrice, son pseudonyme. Et effectivement, j'ai trouvé une tombe avec Nelly Martin, le père de Nelly, la mère de Nelly, avec les bonnes dates qui correspondaient. Donc j'ai retrouvé la tombe de Nelly Martil. Mais ça... un peu triste parce que cette tombe sous ces 2 cm de mousse, c'était encore une preuve qu'elle était complètement tombée dans l'oubli. Mais voilà, grâce au vieux monsieur, grâce à Georges Benoît, j'ai pu voir cette tombe, la photographier et en parler dans le... L'histoire de Nelly Martil me touche personnellement parce que lorsque j'ai commencé à travailler sur son histoire. Je ne savais pas trop où j'allais. Et j'ai passé quasiment un an à faire des recherches, donc à vivre avec elle et à la découvrir, un peu comme quand on rencontre quelqu'un et puis on se découvre. Et pendant un an, j'ai fait des découvertes, plein de découvertes l'une après l'autre. Le fait qu'elle soit complètement oubliée me peinait vraiment. J'ai l'impression que le livre a aidé. à faire sortir de l'oubli Nelly Martil. Quand on parle de traces, il y a des traces qui disparaissent. Monsieur Georges Benoît, qui est décédé depuis, donc ce sont des traces qui disparaissent, mais aussi des traces qui apparaissent. Alors bien sûr, il y a la tombe, qui grâce aux souvenirs français est maintenant restaurée et entretenue. Aujourd'hui, il y a une page Wikipédia qui est consacrée à Nelly Martil. Et puis, à Verdun, une rue Nelly Martil a été créée. Des choses qui montrent que, après un siècle, elle sort de l'oubli. On reconnaît enfin son courage, son talent, avec beaucoup de retard. Mais finalement, l'histoire n'en est peut-être que plus belle.

  • Speaker #1

    Vous venez d'écouter Passeurs d'Histoire, un podcast du Souvenir français. Retrouvez l'ensemble des épisodes sur toutes les plateformes d'écoute. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous le dire avec 5 étoiles et en vous abonnant. Pour en savoir plus, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux ou sur notre site internet, dont vous trouverez les liens en description. Rendez-vous dans deux semaines pour découvrir une nouvelle histoire.

Description

Philippe Nessmann, historien et auteur de nombreux ouvrages jeunesse, raconte au micro du Souvenir Français le destin de Nelly Martyl.


Chanteuse d’opéra, Nelly Martyl est la vedette du tout Paris avant de s’engager durant la Grande Guerre en tant qu’infirmière sur le front. Elle soigne les soldats blessés, mais leur apporte surtout de la joie et quelques moments de répit, en chantant pour eux. On la surnomme alors la “Fée de Verdun”, puisqu’elle motiva les troupes françaises et contribua ainsi à leur victoire.


Découvrez le destin extraordinaire de cette femme, qui sombra dans l’oubli et qui fut redécouverte par Philippe Nessmann au travers d’une longue enquête qui ne fut pas sans péripéties et surprises ! 


Si vous avez aimé cette histoire, vous pouvez prolonger votre écoute en vous procurant l’ouvrage de notre invité : “La Fée de Verdun” par Philippe Nessmann aux Éditions Flammarion Jeunesse (2016).


Ils sont français ou étrangers, généraux ou soldats, résistants, civils ou bien encore infirmiers. Certains sont restés dans les livres d’histoires ou bien dans le silence de l'anonymat, et pourtant ils ont tous un point commun : ils se sont battus pour la France. Découvrez le récit de ces héros connus ou inconnus ayant participé aux derniers grands conflits contemporains :  qui étaient-ils ? Quels sont leurs parcours ? Où se sont-ils battus ? Quels souvenirs et leçons nous ont-ils laissés? 

Tantôt raconté par un ou une historien(ne), tantôt par un ou une descendant(e), plongez dans des tranches de vie, ces histoires intimes qui forment la grande mosaïque de notre mémoire collective.


Passeurs d’histoires est un podcast de l’Association Le Souvenir Français, produit par Suniwan.

Retrouvez une nouvelle histoire toutes les deux semaines. 


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Transcription

  • Speaker #0

    Pend toute la guerre, elle a eu ce double rôle de soigner les corps des blessés et soigner les cœurs par ses chansons.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans Passeurs d'Histoire, le podcast de la mémoire. Nelly par Philippe s'engageait auprès des blessés en musique.

  • Speaker #0

    Je m'appelle donc Philippe Nesman, j'ai 57 ans et je suis auteur de livres pour la jeunesse. J'ai écrit une soixantaine de romans, de livres documentaires et d'albums. Avant d'être auteur, j'ai commencé par être ingénieur, mais ce métier ne me plaisait pas, donc j'ai repris des études plus littéraires en histoire de l'art. Puis après, pour travailler dans l'écriture, j'ai fait une école de journalisme. J'ai travaillé comme journaliste à Sciences et Vies Juniors. Et ensuite, j'ai commencé à écrire des livres, des livres documentaires d'abord, puis des romans. Je vais vous parler de Nelly Martille. Nelly Martille était une cantatrice lors de la Belle Époque. Elle est née en 1884, décédée en 1963. Elle était soprano à l'opéra comique, avec une brillante carrière. Elle faisait des photos pour les magazines de mode, très connues. Une vraie diva. Et lorsque la première guerre mondiale éclate, elle arrête tout et elle s'engage à la Croix-Rouge et elle fait une formation d'infirmière. J'ai découvert l'existence de Nelly Martil en 2015. A cette époque, j'avais déjà écrit une dizaine de romans pour les éditions Flammarion et ces romans traitaient des grandes découvertes. J'en faisais un par an et tous les ans, mon écriste me posait la même question. Elle me disait Mais trouves-nous une héroïne, une histoire avec une femme ? Et des découvertes du monde, il y en a peu. Parce que jusqu'au XXe siècle, les femmes n'avaient pas le droit de partir, c'était les hommes qui partaient. En revanche, des femmes qui ont marqué l'histoire, il y en a, il y en a beaucoup. Cléopâtre de l'Antiquité, Jeanne d'Arc, Marie Curie. Donc, l'idée était de créer une collection. qui ne soit pas les découvreurs du monde, mais qui raconte l'histoire vraie d'héroïnes, de femmes qui ont marqué l'histoire d'une manière ou d'une autre. Et c'est comme ça que j'ai écrit un premier roman sur Lucio Braque, donc la célèbre résistante pendant... la Seconde Guerre mondiale. Et pour le deuxième, on approchait du centenaire de Verdun. Je suis tombé sur un livre d'un historien, Jean-Marc Binot. Le livre s'appelle Héroïne de la Grande Guerre Et dans ce livre, il raconte l'histoire d'une quinzaine de jeunes femmes qui, d'une manière ou d'une autre, ont marqué la Première Guerre mondiale. Et parmi ces quinze jeunes femmes, il y en a une qui m'a particulièrement intéressé, c'était Nelly Martil. Et ce qui m'intéressait dans son parcours, c'était qu'elle avait un double parcours. Elle avait ce premier parcours de cantatrice extrêmement brillante. Et puis, à partir de la Première Guerre mondiale, le parcours d'infirmière. Pour moi, il était important de raconter l'histoire de Nelly Martil parce que quand j'ai commencé à travailler sur ce sujet, sur elle, il n'y avait rien. Et je trouvais ça injuste qu'une femme aussi brillante, aussi courageuse, n'ait pas la reconnaissance qu'elle mérite. Je me suis dit, voilà, il faut vraiment faire quelque chose, la sortir de l'oubli pour... qu'on connaisse un peu son histoire, à l'époque complètement oubliée. La première chose que j'ai dû faire lorsque j'ai commencé à travailler sur Nelly Martille, c'est revenir aux sources, essayer de trouver des archives, essayer de trouver des traces qu'elle a laissées. A l'époque, c'était les articles de journaux, c'était les actes d'état civil, c'était les photos. Il a vraiment fallu que je mène une enquête. La première étape de cette enquête a été d'aller à la Bibliothèque Nationale de France. d'aller aux archives des arts et des spectacles où il y avait un album. Dans le livre que j'ai écrit, qui s'appelle La Fée de Verdun, je l'appelle l'album rouge. Cet album, Nelly Martil a commencé à le tenir lorsqu'elle avait une quinzaine d'années. Lorsqu'elle a commencé à chanter, elle était toute contente. Chaque fois qu'un journal parlait d'elle, elle était toute heureuse, donc elle découpait l'article. Elle le collait dans l'album, elle mettait le nom du journal, la date. Et elle a fait ça pendant des années. Je me suis dit que Nelly Martil avait eu cet album entre les mains. Et cet objet était un lien entre elle et moi, puisque un siècle plus tôt, elle avait collé ses articles dedans. Je me trouvais dans la même position qu'elle par rapport à l'album. Je feuilletais les pages comme elle avait dû les feuilleter. Et du coup, ça créait un lien matériel avec elle. Et je me suis un peu senti comme un archéologue. J'ai pu reconstituer sa carrière de cantatrice, savoir ce qu'elle a chanté, où elle l'a chanté, comment elle est devenue cantatrice. Et ça m'a vraiment permis de reconstituer son enfance, sa jeunesse, sa carrière de cantatrice. De la même manière... Lorsqu'elle est devenue infirmière, elle a conservé tous les ordres de mission qu'on lui donnait. Elle a conservé tous les diplômes qu'elle a eus. Et tout ça a été légué aux archives du Val-de-Grâce. J'ai eu ce dossier entre les mains. J'ai pu tout photographier et ainsi j'ai su que de telle date à telle date, elle était dans telle ambulance militaire, à telle autre date, elle était dans tel hôpital. Et ça m'a permis de reconstituer son parcours d'infirmière. pendant la première guerre mondiale. Elle est née dans le deuxième arrondissement de Paris. Elle est la fille d'un négociant et sa mère est anglaise. Donc on est en 1884. Donc un milieu plutôt simple, je vais dire. Elle se marie... quand elle a une vingtaine d'années, avec George Scott, un peintre, illustrateur, assez célèbre. Elle est devenue cantatrice très jeune, très jeune, elle a su qu'elle voulait chanter. Elle a commencé dans les fêtes de quartier à Paris à chanter. Alors malheureusement pour elle, il y a eu un double drame dans sa vie. Lorsqu'elle a 18 ans, en l'espace d'un an, elle a perdu d'abord son père, puis sa mère. A l'époque, elle était encore mineure. Mais heureusement pour elle, elle a été prise sous l'aile de Léopold Belland. Léopold Belland était un humaniste, un philanthrope. Léopold Belland l'a aidé à intégrer le conservatoire. à passer les concours, à devenir cantatrice. Il est assez difficile de connaître les raisons qui ont poussé Nelly Martil à s'engager pendant la Première Guerre mondiale, parce qu'elle n'a rien écrit sur sa vie, elle n'a pas écrit d'autobiographie, il n'y a pas de lettres qui nous sont arrivées. Et donc on ne sait pas pourquoi, lorsque la guerre éclate, plutôt que de continuer à chanter, elle va voir la Croix-Rouge, elle va voir l'Union des femmes de France et elle demande à faire. faire une formation d'infirmière. Ce qui est sûr, c'est que les archives montrent qu'elle ne chante plus. On retrouve son diplôme d'infirmière et donc elle s'engage. Je pense que elle a été reconnaissante à la France de ce que la France lui a donné. C'est-à-dire que elle a été à l'école publique, elle a été au conservatoire, elle a été à l'opéra. de Paris puis à l'Opéra Comique. Léopold Belland, le philanthrope, l'a aidé. Donc, elle a reçu. Quand elle a eu besoin, la France était là, des personnes étaient là pour l'aider. Et lorsque la France a eu besoin des Français, elle a dit Je serai là, je veux être là Donc, elle arrête, elle va voir la Croix-Rouge, elle va voir l'Union des Femmes de France, elle va faire la formation de 1914 à 1918. Beaucoup de femmes sont engagées au début de la guerre. Beaucoup de bourgeoises, beaucoup... d'aristocrates, sont engagés, ont fait de la... Mais beaucoup aussi ont renoncé parce que amputer un bras, s'occuper de la grande graine d'un blessé, c'est extrêmement dur. Elle a été jusqu'au bout, elle a fait les quatre années de conflit en tant qu'infirmière. Au tout début de la guerre, elle a été affectée dans les gares. Lorsque les trains de blessés revenaient du front, la première chose à faire était de les... les accueillir et puis de les répartir vers les différents hôpitaux en fonction de leurs blessures. Le courage de Nelly Martil a été reconnu dès le départ de la guerre et tous les gradés qui l'ont côtoyé le reconnaissent. Par exemple en 1916 à Verdun, le lieutenant-colonel Pinault, commandant du 149e régiment d'infanterie, l'élève au grade de sergent et voilà ce qu'il va dire d'elle. malgré les veilles et les fatigues elle se prodigue chaque jour pour apporter à tous les officiers des soldats séduits par son farme délicieuse et pour leur faire partager la belle flamme patriotique qui anime son coeur Elle était à la gare, elle accueillait les blessés, et puis assez rapidement, on l'a envoyée au front. Et en 1916, elle a été à Verdun. Et à Verdun, elle avait un double rôle. Alors bien sûr, elle était infirmière, elle était dans les ambulances, elle soignait. Elle avait beaucoup de responsabilités, puisqu'elle faisait aussi bien de l'anesthésie qu'elle assistait les chirurgiens lors des opérations. Elle faisait les soins post-opératoires. Mais, comme elle était chanteuse... Elle a aussi chanté au front et son mari, George Scott, avait monté un théâtre de campagne qui était à Verdun et le soir, elle chantait dans ce théâtre pour tous les poilus qui le voulaient. Elle essayait de leur remonter le moral et donc pendant toute la guerre, elle a eu ce double rôle de soigner les corps des blessés et soigner les blessés. les coeurs par ses chansons. A Verdun, le courage et le talent de Nelly Martil est reconnu par les militaires et les gradés. Le général Passaga la surnommera la fée des armées de Verdun. elle sera vraiment une mascotte. Elle était jolie, elle était courageuse, elle était souriante, elle donnait tout son temps, elle était entièrement consacrée aux blessés, aux poilus, à tel point que le général Nivelle, une fois la bataille de Verdun gagnée, était convaincu que Nelly Martille avait porté chance à l'armée, qu'elle était un peu la... Le porte-bonheur, il s'est dit, il faut qu'elle vienne, il faut qu'elle chante et on va gagner aussi au chemin des dames. Donc il la fera venir et Nelly Martil sera en 1917 au chemin des dames. Malheureusement pas avec le même succès puisque... le chemin des dames sera une catastrophe pour la France malheureusement pour elle une fois que les soldats prisonniers en Allemagne reviendront, il y en a beaucoup qui reviendront avec la grippe espagnole et elle attrapera la grippe espagnole elle a failli y rester mais heureusement elle a survécu à la grippe espagnole elle aura 4 citations à la croix de guerre Et après la guerre aussi, son courage sera reconnu, puisqu'en 1920, elle sera nommée chevalier de la Légion d'honneur par le Marshal Pétain. C'est quatre années d'abnégation, d'engagement, de dévotion totale. Vraiment totale. Et pour une femme qui avait posé dans les magazines en vêtements de fourrure, qui avait été une diva, qui avait été une star, elle a accepté de renoncer à tout. pour être auprès des soldats en blouse blanche à les soigner. Après la guerre, Nelly Martil revient à Paris, elle se soigne, elle guérit, et elle va reprendre sa carrière de cantatrice. Malheureusement pour elle, la mode est passée. Les parisiens n'aiment plus l'opéra comique comme avant la guerre, mais ils aiment le musical, avec Miss Tinguette. Et elle ne retrouvera jamais la célébrité qu'elle avait avant-guerre. Plus tard, elle donnera des cours de chant. Et puis, le côté... humanitaire restera. En 1929 elle va créer une fondation, la fondation Nelly Martil à Paris, rue de Belleville pour venir en aide aux nécessiteux et tous les gens du quartier qui n'avaient pas les moyens de se payer un médecin pouvaient venir se faire soigner gratuitement. Ce qu'elle avait appris avec Léopold Belland, qui avait lui aussi ouvert des hôpitaux, ouvert des maisons pour les personnes âgées, des orphelinats. Elle aussi, après la Première Guerre mondiale... vouloir continuer à faire cette oeuvre et donc voilà son rôle est vraiment reconnu son courage est reconnu malheureusement comme elle n'a rien écrit sur elle qu'on était très modeste elle n'a rien écrit sur elle on a rien écrit sur elle avec les années elle a sombré dans l'oubli nelly marty le n'a pas eu d'enfant donc il n'y a eu personne pour voilà dire ben mère a fait ça ma mère a fait si ma mère était une grande chanteuse ma mère a été à la guerre je vais écrire c'est son histoire et de quand elle disparaît ses archives tout ce qu'elle a gardé de sa carrière de chanteuse et de sa carrière d'infirmière c'est sa soeur qui en hérite Et sa sœur, qui était elle aussi cantatrice d'opéra, elle va quand même sauver la mémoire de sa sœur en donnant aux bonnes personnes. les archives. La plus grande émotion, ça a été Georges Benoît. Je cherchais des informations sur sa vie, sa carrière. après la première guerre mondiale et il n'y avait vraiment pas grand chose. Et j'étais sur un forum consacré à la guerre de 14-18 et par hasard je suis tombé sur une photo. Et sous cette photo il y avait marqué Je suis à la recherche d'informations sur cette infirmière, c'était une infirmière sur un champ de bataille. Est-ce que ce ne serait pas par hasard Nelly Martil, la cantatrice avant la première guerre mondiale ? La photo et la question en elle-même n'étaient pas particulièrement intéressantes. Ce qui est intéressant, c'est la réponse. Il y a quelqu'un qui avait écrit Je ne pense pas que ce soit elle. Je l'ai bien connue en 1947. J'avais 22 ans, j'étais son jeune élève et si vous voulez, je peux vous en parler. Et le monsieur. donnait son numéro de téléphone. J'ai appelé le vieux monsieur, j'ai demandé s'il avait envie de me répondre. Je suis allé en Bretagne, je suis allé le rencontrer et j'ai passé une après-midi avec ce monsieur qui connaissait très bien Nelly Martil, qui avait une grande tendresse pour elle, parce que juste après guerre, quand elle lui donnait des cours de chant, lui était pauvre. Voilà, il était enfant de dépissier à Gennevilliers, il était passionné d'opéra, il voulait prendre des cours de chant mais il n'avait pas les moyens. Et il payait Nelly Martil avec... des pots de confiture de temps en temps. Ça a été une rencontre vraiment incroyable. C'était vraiment un lien humain entre Nelly Martil et moi. Il l'a connue en chair et en os. Je l'ai interrogée sur Nelly, sur sa personnalité, sur les cours, sur le lieu où elle donnait... les cours et les archives que j'avais eues entre les mains, au Val-de-Grâce ou à la BNF, c'est froid, c'est du papier. Et là, le vieux monsieur qui me donnait des informations sur la vie, sur la tenue, sur l'élégance, par exemple, il m'a dit, je ne l'ai jamais vue en cheveux. Elle avait toujours un turban autour de la tête. Pourquoi ? Parce qu'en 1943, Elle a été agressée dans la rue à Paris. Elle marchait dans la rue et puis quelqu'un lui a mis un coup de marteau par derrière, sur la tête. Elle a été trépanée, elle a survécu. Mais après, elle ne s'est plus jamais montrée en cheveux. Elle avait toujours un turban autour de la tête. Et cette anecdote, finalement, construit le livre. Puisque au début du livre, je raconte cette anecdote, mais sans dire pourquoi elle a été agressée. Voilà. C'était Nelly Martil redevenait vivante grâce à ce monsieur qui s'appelle Georges Benoît. Et ça a vraiment été incroyable. Et en plus, il m'a donné des informations que je n'aurais pu trouver nulle part ailleurs. Par exemple, il m'a dit qu'il avait été à l'enterrement de Nelly Martil. Et il m'a dit, elle est enterrée, elle est au cimetière Montmartre. Et quand il m'a dit ça, quand je suis rentré chez moi, comme je suis de région parisienne, je suis allé au cimetière Montmartre, j'ai cherché la tombe de Nelly Martil. J'ai eu un peu de mal parce qu'il y avait bien une tombe à l'endroit indiqué, mais il y avait 3 cm de mousse qui faisait que c'était... Voilà, on ne voyait rien. Donc j'ai pris un caillou, j'ai gratté, j'ai gratté, j'ai gratté. Et puis voilà, j'ai retrouvé des noms qui apparaissaient. Donc Martin, son vrai nom, c'était Nelly Martin. Nelly Martil, c'est son nom de cantatrice, son pseudonyme. Et effectivement, j'ai trouvé une tombe avec Nelly Martin, le père de Nelly, la mère de Nelly, avec les bonnes dates qui correspondaient. Donc j'ai retrouvé la tombe de Nelly Martil. Mais ça... un peu triste parce que cette tombe sous ces 2 cm de mousse, c'était encore une preuve qu'elle était complètement tombée dans l'oubli. Mais voilà, grâce au vieux monsieur, grâce à Georges Benoît, j'ai pu voir cette tombe, la photographier et en parler dans le... L'histoire de Nelly Martil me touche personnellement parce que lorsque j'ai commencé à travailler sur son histoire. Je ne savais pas trop où j'allais. Et j'ai passé quasiment un an à faire des recherches, donc à vivre avec elle et à la découvrir, un peu comme quand on rencontre quelqu'un et puis on se découvre. Et pendant un an, j'ai fait des découvertes, plein de découvertes l'une après l'autre. Le fait qu'elle soit complètement oubliée me peinait vraiment. J'ai l'impression que le livre a aidé. à faire sortir de l'oubli Nelly Martil. Quand on parle de traces, il y a des traces qui disparaissent. Monsieur Georges Benoît, qui est décédé depuis, donc ce sont des traces qui disparaissent, mais aussi des traces qui apparaissent. Alors bien sûr, il y a la tombe, qui grâce aux souvenirs français est maintenant restaurée et entretenue. Aujourd'hui, il y a une page Wikipédia qui est consacrée à Nelly Martil. Et puis, à Verdun, une rue Nelly Martil a été créée. Des choses qui montrent que, après un siècle, elle sort de l'oubli. On reconnaît enfin son courage, son talent, avec beaucoup de retard. Mais finalement, l'histoire n'en est peut-être que plus belle.

  • Speaker #1

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