Speaker #0Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Pédago, le podcast qui vous accompagne dans la formation. Je suis Benjamin Gagneux, designer pédagogique spécialisé dans la création d'expériences de formation engageantes et impactantes. Ensemble, je vous propose de découvrir les méthodologies et les outils pour vous permettre de développer concrètement votre pratique en tant que professionnel de la formation. Vous le savez, nous n'avons jamais fini d'apprendre, alors Pédago, c'est parti ! Aujourd'hui, nous allons parler de ce qui fait le cœur de notre métier de formateur et de formatrice. Comment favoriser un apprentissage actif, authentique et durable ? La pédagogie active, ce n'est pas juste une tendance, c'est une approche profondément ancrée dans une conviction simple. Les apprenants apprennent mieux lorsqu'ils sont acteurs ou actrices de leur formation. Et pour comprendre les fondements de cette idée, je vous propose de découvrir ou de redécouvrir trois grandes figures qui ont radicalement changé notre manière de penser l'éducation. John Dewey, les époux freinés et Ovid de Crowley. Chacun d'eux a posé les bases d'une pédagogie où l'on apprend en faisant, en s'exprimant et en coopérant. Et surtout, où l'on respecte la personne qui apprend. John Dewey, c'est la figure incontournable lorsque l'on parle de pédagogie active. Philosophe pragmatique, pédagogue engagé et grand penseur de la démocratie, il a profondément marqué l'éducation du XXe siècle. Et pour lui, la question centrale, ce n'est pas que transmettre, mais plutôt comment aider les individus à penser par eux-mêmes et à devenir citoyens actifs. Sa vision de l'éducation, une expérience vivante. Pour Dewey, l'éducation n'est pas une préparation à la vie, l'éducation est la vie elle-même. C'est une expérience en continu, un processus actif où l'apprenant est immergé dans son environnement agit sur lui, en perçoit les effets et en tire des apprentissages. Dans Democracy and Education, il insiste sur l'idée que l'école doit être une communauté démocratique en miniature, un espace où l'on apprend à coopérer, à débattre, à expérimenter et à construire ensemble. La méthode de l'enquête pensée par soi-même. L'un des apports clés de Dewey, c'est la méthode de l'enquête. Incrue. Face à un problème réel, l'apprenant observe une situation, formule une hypothèse, expérimente, tire des conclusions, réinvesti dans de nouvelles situations. C'est une démarche itérative, proche de la méthode scientifique, qui repose sur l'action, l'erreur et l'analyse critique. En clair, l'apprenant n'applique pas une leçon, il explore, teste et construit sa compréhension. Une pédagogie fondée sur la démocratie. Dewey ne sépare jamais pédagogie et politique. Pour lui, la démocratie est plus qu'un mode de gouvernement, c'est une manière de vivre ensemble. L'école doit donc initier à cette vie collective, en valorisant la coopération, en donnant une place à la parole de chacun, en développant la capacité à penser les conséquences de ses actes. Il insiste, il ne s'agit pas d'apprendre pour le futur, mais d'apprendre dans le présent, par et pour l'action. Il écrit dans The School and Society que l'école doit être connectée aux réalités sociales, économique et technologique du monde dans lequel elle évolue. Et aujourd'hui, dans la formation professionnelle. Voici trois manières concrètes d'intégrer l'approche du Dewey dans nos dispositifs. Proposer des situations-problèmes authentiques. Plutôt que d'expliquer un concept, partons d'un cas réel ou d'une situation à résoudre. Par exemple, votre entreprise fait face à une chute d'engagement sur sa plateforme de e-learning, comment l'analyser et agir ? Favoriser l'apprentissage par l'action et la réflexion. Provoquons l'expérimentation, l'erreur et surtout... la réflexion sur l'action. Par exemple, après un jeu de rôle, proposons un temps de débriefing où chacun partage ses ressentis, ses choix et ses analyses. Créez des espaces de débat et de coopération. Comme Dewey, faisons de la formation un lieu d'échange d'idées, pas de transmission verticale. Par exemple, organisons des ateliers collaboratifs où les apprenants co-construisent une solution à une problématique métier. Ce que Dewey nous lègue aujourd'hui. Dewey nous laisse un héritage puissant, toujours d'actualité. Une pédagogie centrée sur l'apprenant, ancrée dans l'expérience vécue, et visant le développement de la pensée critique et de l'engagement citoyen. Et si nous acceptions que la formation ne consiste pas à transmettre des savoirs, mais à créer les conditions d'un apprentissage vivant, social et transformateur ? Célestin, Élise Freinet, coopérer, tâtonner, créer. S'il y a bien un pédagogue qui a su transformer la salle de classe en atelier vivant, c'est Célestin Freinet. Un instituteur de campagne, visionnaire et artisan d'une pédagogie du peuple, Freinet ne théorise pas depuis une chaire universitaire. Il l'invente en classe avec ses élèves jour après jour. Un tournant par la contrainte quand le handicap devient innovation. Blessé au poumon durant la première guerre mondiale, Freinet revient à l'enseignement incapable de parler longtemps. Il cherche alors des alternatives aux cours magistrales. Et il installe une imprimerie scolaire dans sa classe. Cette contrainte devient un levier d'innovation pédagogique majeur. Les élèves rédigent des textes libres, les impriment et les partagent. Les grands principes de la pédagogie Freinet. La pédagogie Freinet est une pédagogie originale mise au point par Élise Freinet, institutrice titulaire à partir de 1920, qui avait des idées révolutionnaires depuis son entrée à l'école normale. et qui apporta au mouvement de l'école moderne une dimension originale dans le domaine artistique. Et par son époux, Célestin Freinet. Et cette pédagogie Freinet repose sur plusieurs piliers structurants. L'expression libre, l'enfant s'exprime à partir de ce qu'il vit, ressent et observe. Le texte libre est un outil central où l'écriture devient un moyen d'appropriation du monde. Le tâtonnement expérimental. Pas de réponse donnée d'avance, l'enfant cherche, teste, se trompe, recommence. Cette méthode active favorise un apprentissage en profondeur. La coopération. La classe fonctionne comme une mini-société. Conseil d'élèves, responsabilité tournante, entraide. Le collectif est moteur d'apprentissage. L'éducation au travail. Apprendre par la réalisation concrète. Imprimer, jardiner, fabriquer. Le travail manuel et intellectuel sont indissociables. La personnalisation des apprentissages. Chaque élève avance à son rythme grâce à des plans de travail individualisés. Une pédagogie sociale engagée et égalitaire. Freiner, croyant en une école populaire, au service de tous, contre la reproduction sociale élitiste. Il considérait l'école comme un lieu de transformation sociale où chacun peut apprendre dans le respect de ses rythmes, de sa voix et de sa dignité. Freinet a aussi profondément marqué la pédagogie de l'écriture, en reliant l'écrit à un véritable besoin d'expression et de communication, et pas à une simple mécanique grammaticale. Et dans la formation aujourd'hui, la pensée de Freinet est une source d'inspiration puissante pour les professionnels de la formation. Créer des espaces d'expression libres. Par exemple, Inviter les apprenants à écrire des journaux de bord, à partager des récits de pratique ou à produire des contenus. Accepter et valoriser le tâtonnement. Par exemple, ne pas corriger trop tôt. Laisser l'apprenant expérimenter, échouer et analyser. Intégrer la coopération réelle. Par exemple, mettre en place des conseils de formation, des groupes d'entraide ou des revues de pair. Donner du sens par des projets concrets. Par exemple, travailler sur des livrables, des prototypes et des productions destinées à d'autres. En conclusion, Freinet aujourd'hui est toujours vivant. Freinet nous rappelle que la liberté, la coopération et la création sont des moteurs puissants pour apprendre. À l'heure du numérique et de l'IA, son héritage est plus que jamais d'actualité. Il nous invite à construire des environnements d'apprentissage ouverts, respectueux et incarnants. Ovid de Creuilly. L'école pour la vie, par la vie. Parmi les grandes figures de la pédagogie active, il en est une souvent un peu plus discrète, mais profondément influente. Ovid. De Croli. Médecin, psychologue et pédagogue belge né en 1871, De Croli a d'abord travaillé avec des enfants en situation de handicap. C'est cette expérience fondatrice qui va profondément marquer sa manière de penser l'éducation. Car selon lui, pour bien apprendre, il faut d'abord répondre aux besoins vitaux de l'enfant. Et là, vous vous demandez peut-être, mais quels sont ces fameux besoins ? Eh bien, De Croli les résume en trois verbes très concrets. Se nourrir, se protéger, agir dans un milieu social. Autrement dit, manger, survivre, vivre ensemble. Pour lui, c'est à partir de ses besoins biologiques et sociaux que l'enfant va développer ses apprentissages. Sa méthode repose sur trois grands piliers. L'observation, apprendre à regarder, à interroger le monde autour de soi. L'association, relier les nouvelles informations entre elles pour construire du sens. L'expression, restituer, partager ce que l'on a compris par le langage, le dessin, le geste, etc. Il ne s'agit donc pas d'empiler des connaissances, mais de partir du réel, de mobiliser l'intérêt de l'apprenant pour des situations authentiques. C'est ce que De Croli appelle les centres d'intérêt. Chaque centre est une porte d'entrée vers des savoirs multiples et transversaux, comme les mathématiques, les langues ou la biologie. Petite parenthèse historique, en 1901, De Croli crée sa première école à Bruxelles appelée l'école pour la vie par la vie. Et ce n'est pas juste un joli slogan, c'est une véritable révolution pédagogique où l'élève apprend en agissant, en observant et en coopérant. Et dans nos formations d'adultes, qu'est-ce que ça change ? On pourrait croire que tout ça, c'est bon pour les enfants. Et pourtant, les principes de De Croli résonnent fortement avec les exigences de la formation professionnelle aujourd'hui. Voici trois façons concrètes de s'en inspirer. Organiser les parcours autour de problématiques globales. Plutôt que de saucissonner les contenus, proposons des scénarios réalistes, des études de cas ou des projets où plusieurs compétences sont mobilisées. Par exemple, un module sur « Préparer une transition numérique dans une TPE » qui va intégrer gestion, communication, technologie et organisation. Développer l'autonomie cognitive par l'observation et la réflexion. Laissez les apprenants explorer un environnement, analyser des données, poser des hypothèses avant de leur donner la solution. Par exemple, proposez un audit libre d'une situation avant un cours magistral pour favoriser l'appropriation. encourager l'expression sous toutes ses formes. En formation, permettre aux apprenants de restituer ce qu'ils ont compris par la parole, le dessin, les cartes mentales, les vidéos ou des prototypes. Par exemple, après un module de sensibilisation, demander aux participants de concevoir une affiche ou une vidéo de sensibilisation à destination de leurs collègues. Avec TheCrawly, on apprend que l'éducation doit d'abord faire sens, qu'elle doit partir de ce qui touche, de ce qui parle et de ce qui mobilise. C'est une pédagogie holistique, ouverte et contextualisée. Une pédagogie profondément humaine. Alors, dans nos ingénieries pédagogiques, posons-nous la question, quels sont les vrais centres d'intérêt de mes apprenants ? Comment les relier aux compétences que nous voulons développer ? Et comment favoriser une expression libre et variée pour mieux ancrer les savoirs ? Alors, qu'est-ce que Dewey, Freinet et Dequali nous rappellent avec force aujourd'hui ? Que l'apprentissage n'est pas une affaire de transmission, mais une affaire de transformation. Que les savoirs prennent vie quand ils sont connectés au réel, à l'action et à l'expression personnelle. Et surtout, que former, c'est créer des conditions où chacun peut penser, expérimenter et grandir. Derrière leurs approches différentes, ces pédagogues nous donnent des solutions. donnent une leçon essentielle. Ce n'est pas à l'apprenant de s'adapter à la formation, mais à la formation de s'adapter à l'apprenant. Et dans un monde où les compétences évoluent vite, où l'autonomie, la coopération et la pensée critique sont clés, leur héritage est plus actuel que jamais. Alors la question à se poser c'est, dans vos formations, où sont les moments d'enquête, d'expression et de coopération ? Quels espaces laissez-vous à l'initiative, à l'erreur ou au tâtonnement ? Parce que oui, l'apprentissage véritable ne se décrète pas, il se vit, il se construit et il se partage. Merci d'avoir écouté Pédago. J'espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, pour me soutenir, vous pouvez me laisser 5 étoiles sur votre plateforme de podcast préférée. 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