Speaker #1c'est parti ! Imaginez un apprenant. Pas un tableau blanc qu'on remplit, mais un explorateur. Un explorateur de son propre esprit. Le cognitivisme, né dans les années 50, change radicalement notre regard sur l'apprentissage. Fini la simple association stimulus-réponse du béaviorisme. Place à une pédagogie qui s'intéresse aux processus mentaux. La perception... la mémoire, le raisonnement et le langage. Aujourd'hui, nous allons rencontrer 5 figures majeures de ce courant qui ont transformé notre façon de concevoir la formation. Piaget, Vygotsky, Miller, Brunner et Nesser. Préparez-vous à explorer les cartes mentales, les étayages, les zones proximales de développement et même le nombre magique C. Jean Piaget, l'architecte du constructivisme. Jean Piaget, biologiste et psychologue suisse, est une figure emblématique du connectivisme. Il a révolutionné notre compréhension de l'apprentissage en introduisant le concept de constructivisme selon lequel l'apprenant construit activement ses connaissances à travers ses interactions avec l'environnement. Les stades du développement cognitif. Piaget a identifié quatre stades majeurs dans le développement cognitif de l'enfant. Stade sensorimoteur, de 0 à 2 ans, où l'enfant apprend par l'action et les sensations. Stade préopératoire, de 2 à 7 ans. Avec le développement du langage et de la pensée symbolique, mais une pensée encore égocentrique. Stade des opérations concrètes, de 7 à 11 ans. Avec la capacité à effectuer des opérations logiques sur des objets concrets. Stade des opérations formelles, 12 ans et plus. La capacité à penser de manière abstraite et à raisonner hypothétiquement. Ces stades illustrent notamment comment la pensée de l'enfant évolue qualitativement avec l'âge. Assimilation, accommodation et équilibration. Au cœur de la théorie de Piaget se trouvent trois processus fondamentaux. L'assimilation, qui est l'intégration de nouvelles informations dans des schémas existants. L'accommodation, qui est la modification des schémas existants pour intégrer de nouvelles informations. Et l'équilibration, qui est le processus d'ajustement entre l'assimilation et l'accommodation pour atteindre une stabilité cognitive. Ces mécanismes explique comment les individus adaptent leur compréhension du monde en fonction de leurs expériences. Les implications pour la formation. Les travaux de Piaget ont des implications profondes pour la pédagogie. L'apprentissage actif. Les apprenants doivent être actifs dans leur processus d'apprentissage, explorant et découvrant par eux-mêmes l'importance du développement cognitif. Les méthodes d'enseignement doivent être adaptées au stade de développement de l'apprenant. Le rôle de l'erreur. L'erreur est considérée comme une étape normale et nécessaire dans le processus d'apprentissage. En intégrant ces principes, les formateurs et les formatrices peuvent concevoir des expériences d'apprentissage qui respectent le développement cognitif des apprenants et qui favorisent une compréhension profonde et durable. Lev Vygotsky, l'apprentissage comme aventure sociale. Lev Vygotsky. psychologue soviétique du début du XXe siècle, a profondément influencé notre compréhension de l'apprentissage en introduisant une perspective socio-culturelle. Il considérait que le développement cognitif de l'individu est indissociable de son environnement social et culturel. La zone proximale de développement. Au cœur de la théorie de Vygotsky se trouve le concept de la zone proximale de développement, ou ZPD, défini comme l'écart entre ce qu'un apprenant peut accomplir seul et ce qu'il peut réaliser avec l'aide d'une personne plus compétente. Cette zone représente le potentiel d'apprentissage qui peut être atteint grâce à l'interaction sociale et au soutien approprié. L'étayage ou scaffolding. Bien que le terme étayage ait été introduit ultérieurement par Jérôme Brunner, il s'inspire directement des travaux de Vygotsky. L'étayage désigne le soutien temporaire fourni par un enseignant ou un père plus compétent pour aider l'apprenant à accomplir une tâche dans sa zone proximale de développement. Ce soutien est progressivement retiré à mesure que l'apprenant gagne en autonomie. Le langage comme outil de médiation. Vygotsky accordait une importance particulière au langage qu'il considérait comme un outil fondamental de médiation entre l'individu et son environnement. Selon lui, le langage permet non seulement de communiquer mais aussi de structurer la pensée et de faciliter l'apprentissage. Il distinguait notamment le langage social, utilisé pour interagir avec autrui, du langage intérieur qui guide la réflexion et la résolution de problèmes. Les implications pour la formation. Les apports de Vygotsky ont des implications majeures pour les pratiques pédagogiques. Favoriser l'apprentissage collaboratif. Il s'agit d'encourager les interactions entre pairs et le travail en groupe pour stimuler le développement cognitif. Adapter l'enseignement à sa zone proximale de développement. Il s'agit de proposer des activités d'apprentissage qui se situent dans la ZPD des apprenants en fournissant un soutien approprié. Utiliser le langage comme outil pédagogique. Il s'agit d'encourager les apprenants à verbaliser leurs pensées et à réfléchir à voix haute pour renforcer leur compréhension. En intégrant ces principes, les formateurs et les formatrices peuvent créer des environnements d'apprentissage plus efficaces qui tiennent compte des interactions sociales et du contexte culturel des apprenants. George A. Miller, le pionnier de la mémoire de travail. George Hermitage Miller, psychologue américain, est l'une des figures majeures du connectivisme. En 1956, il publie l'article The Magical Number 7. Plus ou minus 2, le nombre magique 7, plus ou moins 2, qui deviendra l'un des plus cités de l'histoire de la psychologie. Rien que ça. Dans cet article, Miller explore les limites de la mémoire à court terme, suggérant que l'humain moyen peut retenir environ 7 éléments, plus ou moins 2, simultanément. La mémoire à court terme est le chunking. Miller introduit le concept de chunking, ou regroupement, pour expliquer comment les individus peuvent augmenter la capacité de leur mémoire à court terme. Par exemple, il est plus facile de mémoriser une suite de chiffres en les regroupant en segments significatifs, comme un numéro de téléphone, plutôt qu'en les apprenant individuellement. Le modèle TOTE, Test, Operate, Test, Exit. En collaboration avec Eugène Galanter et Karl Pribram, Miller propose en 1960 le modèle TOTE pour Test, Operate, Test, Exit, comme une alternative au schéma stimulus-réponse du béaviorisme. Ce modèle décrit le comportement comme une série de boucles de rétroaction. On teste une situation, on agit, on reteste et on sort du cycle une fois l'objectif atteint. Ce concept a influencé la compréhension des processus de résolution de problèmes et de la planification des actions. Les implications dans la formation Les travaux de Miller ont des répercussions significatives sur les pratiques pédagogiques. Limiter la surcharge cognitive. Le tout en structurant les informations en groupe. significatif pour faciliter la mémorisation. Utilisez le chunking. On peut le faire en aidant les apprenants à organiser les informations de manière logique et cohérente. Appliquez le modèle TOT. Ça se passe en encourageant les apprenants à adopter une approche systématique de résolution de problème, en testant, en opérant, en retestant et en sortant du cycle une fois l'objectif atteint. En intégrant ces principes, les formateurs et les formatrices peuvent concevoir des expériences d'apprentissage plus efficace adapté aux capacités cognitives des apprenants. Jérôme Bruner, l'architecte de l'apprentissage par la découverte. Jérôme Bruner, psychologue américain, est l'un des pionniers du cognitivisme. Il a profondément influencé notre compréhension de l'apprentissage en mettant l'accent sur la manière dont les individus construisent activement leur savoir à travers l'interaction avec leur environnement et la culture. Les trois modes de représentation. Bruner a identifié trois modes par lesquels nous représentons le monde. Le mode inactif, où l'apprentissage se fait par l'action. C'est typiquement le cas lorsqu'un enfant apprend à faire du vélo en pratiquant. Le mode iconique, où l'apprentissage se fait par des images mentales. Par exemple, se souvenir de la forme d'un objet ou d'une carte. Le mode symbolique, où l'apprentissage se fait par des symboles comme le langage ou les mathématiques. C'est le niveau le plus abstrait permettant de manipuler des concepts sans support concret. Ces modes ne sont pas des stades rigides mais des formes de représentation qui coexistent et s'enrichissent mutuellement. Ils soulignent l'importance de proposer des expériences d'apprentissage variées, allant de la manipulation concrète à la réflexion abstraite. L'apprentissage par la découverte Brunner a été un fervent défenseur de l'apprentissage par la découverte. Il soutenait que les apprenants construisent mieux leur savoir lorsqu'ils sont actifs dans le processus d'apprentissage, en explorant, en posant des questions et en découvrant par eux-mêmes, plutôt que de recevoir. passivement des informations. Cette approche favorise une compréhension plus profonde et durable des concepts. Le concept d'étayage. Inspiré par les travaux de Vygotsky, Brunner a introduit le concept d'étayage, qui décrit le soutien temporaire fourni par un enseignant ou un père plus compétent pour aider l'apprenant à accomplir une tâche qu'il ne pourrait réaliser seul. Ce soutien est progressivement retiré à mesure que l'apprenant gagne en autonomie. L'étayage est essentiel pour guider l'apprenant dans sa zone proximale de développement, là où l'apprentissage est le plus efficace. Le curriculum en spirale. Brunner a également proposé le concept de curriculum en spirale, selon lequel les concepts fondamentaux doivent être revisités à plusieurs reprises, chaque fois à un niveau de complexité croissant. Cette approche permet aux apprenants de renforcer et d'approfondir leur compréhension au fil du temps en construisant de nouvelles connaissances sur la base de celles déjà acquises. Les implications pour la formation Les idées de Brunner ont des implications directes pour la conception des formations, favoriser l'apprentissage actif. Ce qui revient à concevoir des activités qui encouragent l'exploration, la résolution de problèmes et la découverte. Utiliser l'étayage. Ce qui revient à offrir un soutien adapté aux besoins de l'apprenant en le guidant progressivement vers l'autonomie. Structurer les contenus en spirale. Ce qui veut dire revenir régulièrement sur les concepts clés en les approfondissant à chaque itération. En intégrant ces principes, les formateurs et les formatrices peuvent créer des expériences d'apprentissage plus engageantes et efficaces, qui respectent le développement. cognitif des apprenants. Ulrich Nesser, le père de la psychologie cognitive. Ulrich Nesser est souvent considéré comme le père de la psychologie cognitive. En 1967, il publie Cognitive Psychology, un ouvrage fondateur qui marque une rupture avec le béaviorisme dominant de l'époque. Nesser y propose une vision du cerveau humain comme un système de traitement de l'information, capable de percevoir, encoder, stocker et récupérer des données à l'image. d'un ordinateur. La mémoire comme reconstruction. Nesser a profondément transformé notre compréhension de la mémoire. Il démontre que nos souvenirs ne sont pas des enregistrements fidèles du passé, mais des reconstructions influencées par nos connaissances, nos émotions et notre contexte. Son étude sur les souvenirs de l'explosion de la navette Challenger révèle que, malgré la confiance des individus dans leurs souvenirs, ceux-ci peuvent être inexactes ou altérés. Vers une psychologie plus écologique, dans Cognition and Reality, écrit en 1976, Nesser critique la tendance de la psychologie cognitive à se concentrer sur des expériences en laboratoire déconnectées de la réalité quotidienne. Il plaide pour une approche plus écologique, étudiant les processus cognitifs dans des contextes naturels et significatifs pour les individus, le cycle perceptif. Nesser introduit le concept de cycle perceptif, selon lequel la perception est un processus dynamique où nos schémas mentaux guident notre exploration de l'environnement, et où les informations perçues modifient en retour ces schémas. Cette interaction continue entre l'esprit et le monde souligne l'importance de l'expérience dans la formation de nos perceptions, les implications dans la formation. Les travaux de Nesser ont des répercussions majeures sur nos pratiques pédagogiques, intégrées des contextes réels. Ce qui consiste à concevoir des activités d'apprentissage ancrées dans des situations authentiques pour renforcer la pertinence et l'engagement des apprenants, favoriser la métacognition. Ce qui consiste à encourager les apprenants à réfléchir sur leur propre processus cognitif pour améliorer leur compréhension et leur autonomie. Utiliser des méthodes variées. Ce qui consiste à combiner des approches théoriques et pratiques pour adresser les différents aspects de la cognition humaine. En adoptant ces principes, nous pouvons créer des expériences de formation plus efficaces qui respectent la complexité des processus cognitifs et favorisent un apprentissage durable. Alors, que peut-on retenir de l'enseignement de ces cinq grands penseurs du cognitivisme ? Piaget nous montre que l'apprentissage est une construction active, progressive et profondément liée au développement de l'individu. Vygotsky nous rappelle que nous apprenons d'abord, avec et grâce aux autres, dans un environnement social et culturel riche. Miller nous invite à respecter les limites de la mémoire humaine et à concevoir des contenus qui tiennent compte de notre capacité à traiter l'information. Brunner insiste sur l'importance de l'autonomie, de la découverte et du soutien ajusté dans le parcours de l'apprenant. NSR, enfin, nous pousse à replacer les apprentissages dans des situations réelles, à reconnaître l'impact du contexte, de la perception et de la mémoire reconstruites. Cela nous pousse à ne plus penser nos formations comme de simples stockages d'informations, mais comme de véritables expériences mentales guidées et qui doivent stimuler la curiosité, soutenir l'effort cognitif, offrir un cadre social enrichissant et s'ancrer dans une réalité que l'apprenant peut comprendre, manipuler. et réinvestir. En résumé, pour que ça rentre, il faut que ça fasse sens. Et pour que ça fasse sens, il faut que le cerveau y trouve sa place.