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Pédago

#4 Pédagogie des Lumières avec Locke, Rousseau et Diderot

#4 Pédagogie des Lumières avec Locke, Rousseau et Diderot

17min |19/05/2025
Play
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Description

🎚️ Cet épisode a été monté par mes soins sur Adobe Audition (que je découvre encore)

📝 Les notes et ressources citées dans l'épisode

Some thoughts concerning education de John Locke
Émile ou de l'éducation de Jean-Jacques Rousseau

Encyclopédie de Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert


📣 Pour faire connaître le podcast 📣

⭐️ Si le podcast vous plaît, pour me soutenir, vous pouvez me laisser 5 étoiles (de préférence 😉) sur votre plateforme de podcast préférée.

💬 Pour m’aider à faire connaitre le Podcast, n’hésitez pas à le partager où vous voulez sur vos réseaux sociaux ou à en parler autour de vous !

🔔 Pensez également à vous abonner pour ne louper aucun épisode.

✅ Sans oublier de me laisser un commentaire (sur LinkedIn) pour me faire part de vos retours ou d’un thème que vous souhaiteriez que j’aborde dans Pédago pour vous accompagner dans la formation !


👋 À bientôt dans un prochain épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Pédago, le podcast qui vous accompagne dans la formation. Je suis Benjamin Gagneux, designer pédagogique spécialisé dans la création d'expériences de formation engageantes et impactantes. Ensemble, je vous propose de découvrir les méthodologies et les outils pour vous permettre de développer concrètement votre pratique en tant que professionnel de la formation. Vous le savez, nous n'avons jamais fini d'apprendre, alors Pédago, c'est parti ! Aujourd'hui, je vous propose de partir à la rencontre de trois figures clés du siècle des Lumières. John Locke, Jean-Jacques Rousseau et Denis Diderot. Trois penseurs qui ont radicalement transformé notre manière de penser l'éducation et qui ont encore beaucoup à nous dire en tant que professionnels de la formation. John Locke éduquait l'esprit par la raison et l'habitude. Commençons avec John Locke, philosophe anglais du XVIIe siècle dont les idées vont irriguer en profondeur le projet éducatif des Lumières. À une époque où l'Église contrôle ce que l'on doit croire et les rois ce que l'on peut posséder, Locke propose une triple révolution, la liberté de penser, les droits naturels de chacun, et surtout un nouveau regard sur l'éducation. Dans Some Thoughts Concerning Education, publié en 1694, il avance une idée fondatrice. L'enfant naît comme une tabula rasa, une ardoise vierge. Tout ce qu'il deviendra dépend de ses expériences. Et si chaque expérience laisse une trace mentale, alors éduquer, c'est façonner des habitudes durables et organiser l'environnement pour faire émerger un esprit libre, rationnel et autonome. L'association d'idées, un ancrage durable. Selon Locke, nous naissons vierges de toute idée, et c'est en observant, en réalisant des expériences, que nous créons la connaissance. Pour créer, il faudrait donc observer, expérimenter, et il faudrait avoir des premiers morceaux d'idées. Pour lui, il existe en effet deux types d'idées. Les idées simples, celles qui proviennent de l'expérience pure, et les idées complexes, celles qui proviennent d'un raisonnement et donc que nous produisons. Pour Locke, les enfants sont extrêmement sensibles. Le moindre mot, la plus petite expérience, peut créer des connexions d'idées durables, ce qu'il appelle l'associationnisme. Un exemple, si une gouvernante raconte qu'il y a des monstres dans l'ombre, l'enfant pourrait rester effrayé du noir toute sa vie. Le message est clair, l'éducation ne doit pas nourrir l'imaginaire de la peur, mais favoriser des associations constructives basées sur la raison et l'expérience directe. Pour les formateurs et les formatrices d'aujourd'hui, c'est une invitation à concevoir soigneusement les contextes d'apprentissage, à éviter les biais affectifs négatifs et à créer des expériences émotionnellement saines. L'éducation du corps est aussi importante que celle de l'esprit. Locke est convaincu que le corps et l'esprit se développent ensemble. Il recommande une hygiène de vie rigoureuse. Nourriture simple, sommet sur lit dur, bain froid, non pas par austérité, mais pour renforcer la résistance et le caractère. Aujourd'hui, on parlerait d'éducation holistique, ou bien-être, santé mentale et physique et hygiène de vie sont considérés comme des leviers pédagogiques à part entière. Apprendre doit être un plaisir. Autre principe clé, l'apprentissage ne doit jamais être une corvée. Pour que l'enfant développe une curiosité durable, il faut lui laisser le choix, l'encourager à jouer et à découvrir par lui-même. Locke conseille même d'apprendre à lire en jouant, et déconseille fortement la punition qui brise l'esprit et enseigne de mauvaises valeurs. Pour nous aujourd'hui... C'est la base du serious game, de la gamification en formation et de l'approche par le projet. On apprend mieux lorsqu'on est actif, impliqué, engagé et libre. Les habitudes sont supérieures aux règles. Pour Locke, les règles échouent là où les habitudes réussissent. Pourquoi ? Parce qu'une règle fait appel à la peur de la punition ou à l'attrait de la récompense. Deux ressorts émotionnels qui sont des sources de motivation extrinsèques. Mais l'habitude, elle, façonne le caractère sur le long terme. Il recommande donc aux parents et aux éducateurs d'incarner eux-mêmes les valeurs qu'il souhaite transmettre par l'exemple et la répétition. En formation aujourd'hui, cela signifie créer des rituels pédagogiques, favoriser l'autorégulation et la responsabilité personnelle de l'apprenant et en créer les apprentissages par la pratique répétée. Nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque nous parlerons de mémorisation. Un guide fondateur. Initialement écrit pour aider un ami à éduquer son fils Edouard, Some Thoughts Concerning Education devient l'un des ouvrages pédagogiques les plus influents de l'histoire, aux côtés de Émile ou de l'éducation. de Rousseau. Elloc résume parfaitement sa philosophie en une phrase. Lire, c'est remplir son esprit de matériaux de connaissance, mais penser, c'est rendre ces matériaux que nous lisons, nôtres. Une leçon pour nous aussi, professionnels de la formation. Ne pas se contenter de transmettre des contenus, mais aider les apprenants à s'approprier le savoir. Jean-Jacques Rousseau, l'éducation comme art de révéler la nature humaine. Poursuivons notre voyage au cœur des Lumières avec Jean-Jacques Rousseau. Philosophe, écrivain, musicien, son œuvre éducative majeure, Émile ou de l'éducation, a fait date. Son intuition fondamentale ? Là où Voltaire ou Diderot misent sur la rationalité pour libérer les peuples, Rousseau, lui, place la bonté, la sensibilité et la linture humaine au cœur du projet éducatif. Et c'est justement cette différence qui fait toute la richesse de sa pensée. L'enfant n'est bon, ce n'est pas lui qu'il faut corriger, c'est la société qu'il faut tenir à distance. Contre un monde jugé artificiel, corrompu et trop rationaliste, Rousseau rêve d'une éducation naturelle, progressive, émotive et profondément humaine. Un roman d'éducation en cinq étapes. Dans Émile, Rousseau imagine le parcours éducatif d'un garçon, de la naissance à l'âge adulte, accompagné par un précepteur bienveillant. Chaque étape de développement correspond à un besoin spécifique, et l'éducation doit s'y adapter sans jamais précipiter l'enfant vers des objectifs qui ne sont pas encore les siens. La petite enfance, éveiller le corps et l'essence. Tout commence dès la naissance. L'enfant a besoin de liberté de mouvement, de contact avec la nature, d'attention aux pleurs, qu'il considère comme notre premier langage. Pas de cris, pas de contraintes inutiles, pas de dressage. L'enjeu, développer un corps sain, une confiance dans le monde et préserver l'élan vital de l'enfant. L'enfance, apprendre par l'expérience. Pas de manuel, pas d'école, pas de serment. À ce stade, Émile apprend en jouant, en observant, en manipulant. Il découvre les lois de la nature par lui-même. Il apprend la morale non pas par la théorie, mais en vivant les conséquences de ses actes. Le précepteur n'enseigne pas, il protège l'enfant des influences sociales prématurées et organise des situations d'apprentissage naturelles. Cela préfigure les pédagogies actives, Montessori, Freinet, Dewey, toutes centrées sur l'autonomie et le concret. Pour nous, concepteurs et conceptrices, cela encourage à créer des dispositifs qui suscitent l'envie d'apprendre, qui respectent le timing de maturation des apprenants, À l'image des périodes sensibles identifiées aujourd'hui par les sciences cognitives. La préadolescence, développer la raison et le goût du travail. C'est ici que commence le raisonnement. Rousseau valorise l'auto-apprentissage. Si Émile veut apprendre l'histoire, il le fait par curiosité, pas par obligation. Il découvre aussi un métier manuel, la menuiserie, pour cultiver la créativité, la discipline et la valeur du travail utile. Là encore, on retrouve les bases de la formation par le projet. de l'éducation aux compétences et de la pédagogie du faire. Ces principes sont au cœur des pédagogies actives, de l'apprentissage expérientiel, du learning by doing, et sont confortés par les découvertes en neurosciences sur la motivation, l'engagement et la plasticité cérébrale. L'adolescence éveillait le cœur. Maintenant que la raison est formée, Rousseau introduit les sentiments. C'est le temps de la compassion, de l'amour, de la sensibilité. L'éducation morale devient alors émotionnelle et spirituelle. Emile apprend à vivre avec et pour les autres. C'est à ce moment qu'il peut découvrir la religion, la philosophie, les grandes questions existentielles, parce qu'il est prêt à y réfléchir librement, et non pas à les réciter mécaniquement. Rousseau anticipe ici les recherches contemporaines sur l'intelligence émotionnelle, le développement moral et la place des émotions dans les apprentissages. Côté formation, cela nous pousse à penser des dispositifs où les émotions ont leur place. Storytelling ou mise en situation impliquante, parce qu'émotion et cognition ne s'opposent pas, ... coopèrent. L'âge adulte, l'épanouissement de l'être autonome. Enfin, Émile est un homme. Fort, vertueux, maître de lui-même. Il peut s'ouvrir au monde, aimer, rencontrer Sophie, son épouse idéale, bien qu'ici, attention, Rousseau retombe dans une vision très genrée et patriarcale de l'éducation. Il écrit même « L'homme doit être fort et actif, la femme doit être faible et passive. » On est bien d'accord, une partie de son héritage est donc à relire avec un regard très critique et féministe. en retenant ici l'essentiel, former un être capable de se gouverner lui-même, en pensée, en émotion et en action. Une œuvre controversée mais fondatrice. À sa sortie, Émile Houde l'éducation est brûlée, interdit. Rousseau est poursuivi. Mais malgré les contradictions du penseur, Rousseau a confié ses propres enfants à l'orphelinat, son œuvre reste un pilier de l'éducation moderne. Et nous pose, encore aujourd'hui, des questions puissantes. L'école prépare-t-elle à devenir soi-même ? Ou... modèle-t-elle les individus au service des besoins de la société ? Rousseau nous rappelle que l'enfant ne s'y résume pas à ses compétences, mais qu'il est un être à accompagner dans toutes ses dimensions, corporelles, affectives, sociales et morales. Denis Diderot, savoir pour tous, formation pour chacun. Dans La grande aventure des Lumières, Denis Diderot est sans doute le plus radical des pédagogues-philosophes. Pas par des méthodes éducatives concrètes, comme Rousseau ou Pestalozzi, mais par une œuvre monumentale qui incarne un idéal éducatif inédit. L'encyclopédie, ou le dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Avec d'Alembert, Diderot imagine une machine à penser, une école des lumières sur papier. Un projet fou, mettre à la portée de tous les citoyens le savoir accumulé par l'humanité. Et pas un savoir élitiste, religieux ou réservé à une caste. Non, un savoir utile, laïque, critique et vivant. L'encyclopédie, une formation universelle. 100 mètres. Le terme « Ankyklios » signifie « circulaire qui embrasse un cercle entier » et « Paideia » signifie « éducation » . Une « Ankyklios Paideia » signifie donc « l'ensemble des savoirs qui constituent une éducation complète » . À l'entrée encyclopédie, Diderot rappelle l'étymologie grecque du mot, le cercle des savoirs, mais aussi la formation de l'esprit humain. Ce qu'il veut créer, c'est un outil d'auto-formation, une bibliothèque de développement personnel et professionnel avant l'heure, ouverte, accessible. et transversal. Il rejette l'idée d'un maître qui transmet passivement. Le lecteur devient acteur de sa propre formation, guidé par la curiosité, les renvois, les connexions entre les disciplines. Pour nous aujourd'hui, c'est la base de la formation autodirigée, des LMS intelligents, du micro-learning ou du social learning. L'encyclopédie est un ancêtre du learning experience design, où l'utilisateur trace son chemin dans la connaissance. Une pédagogie horizontale, transversale et antidogmatique. Diderot refuse la hiérarchie entre les savoirs. Il fait dialoguer la philosophie avec la mécanique, la médecine avec l'artisanat. La connaissance est un réseau, pas une pyramide. Il privilégie l'enchaînement raisonné, le renvoi d'une notion à l'autre, la transdisciplinarité. Pour les formateurs et les formatrices aujourd'hui, cela signifie concevoir des parcours décloisonnés, favoriser l'interdisciplinarité et relier les savoirs à des contextes concrets. Une vision très proche de l'approche par compétence et des construite autour de la résolution de problèmes. Une école républicaine, laïque et ouverte à toutes et tous. Dans ses écrits à Catherine II, Diderot pousse plus loin. Il rêve d'une école publique, gratuite, ouverte aux enfants du peuple. Il affirme que les talents viennent plus souvent des chaumières que des palais, car les enfants des milieux modestes savent l'effort, la curiosité et la volonté de s'élever. Il propose une école à plusieurs niveaux, avec un tronc commun pour tous et des spécialisations accessibles selon les envies et les capacités. Il rejette les concours d'accès injustes et milite pour une sélection par le mérite et non pas par la naissance. Pour la formation professionnelle, c'est une invitation à repenser l'accessibilité des dispositifs, la reconnaissance des compétences informelles, l'inclusion sociale et culturelle dans les parcours d'apprentissage. Des maîtres comme facilitateurs, pas détenteurs de vérité. Diderot défend une vision socratique du formateur. Un bon maître, disait-il, c'est celui qui apprend avec ses élèves. Pas de leçons figées, pas de dogmatisme. L'enseignement, chez Diderot, est vivant. expérimental et profondément démocratique. Un bon maître n'impose pas son savoir, il apprend avec l'apprenant, il doute, il explore, il se trompe parfois volontairement pour inciter à réfléchir, à chercher et à comprendre. C'est exactement ce que défendent aujourd'hui les approches de co-construction des savoirs, la pédagogie de l'erreur et l'apprentissage collaboratif et réflexif. Une pédagogie utile, active et ancrée dans la réalité. Pour Diderot, pas question d'un enseignement abstrait. Il veut des savoirs en action, des sciences au service de la société, une formation tournée vers la pratique, l'artisanat et l'innovation technique. Il va sur le terrain, dans les ateliers, pour observer, décrire et documenter. Pour lui, l'éducation doit passer aussi par les mains, par l'expérimentation et par la pratique. Il s'oppose au mépris aristocratique envers les savoirs dits « inférieurs » . Dans l'encyclopédie, les métiers du cuir, de la coutellerie, de la construction sont mis au même plan que la philosophie ou la géométrie. Une révolution pédagogique et sociale qui anticipe ce que nous appelons aujourd'hui l'approche par compétence, les sciences appliquées ou l'intelligence de la main. Aujourd'hui, cela résonne avec les formations professionnalisantes, le learning by doing ou des environnements comme les Fab Labs. En résumé, Denis Diderot pose les bases d'une éducation ouverte et accessible à toutes et tous, sans hiérarchie entre les savoirs, basée sur l'action, le doute et la recherche, et tournée vers le progrès humain, collectif et éclairé. Sa plus grande leçon ? L'éducation doit transmettre le savoir, mais aussi la liberté d'y penser. Pour nous, professionnels de la formation, Diderot est un modèle de pédagogie ouverte, transversale, critique et populaire. C'est un appel à concevoir des expériences de formation inclusives, démocratiques et utiles. Pas juste pour aujourd'hui, mais aussi pour demain. En concluant, ce que les Lumières nous apprennent pour former aujourd'hui. Locke, Rousseau, Diderot. Trois penseurs, trois visions du monde, trois pédagogies différentes, mais un objectif commun. Former des esprits libres, autonomes, capables de penser, de juger et d'agir. Alors, comment pouvons-nous professionnels de la formation nous en inspirer concrètement aujourd'hui. De John Locke, retenons la puissance de l'environnement éducatif, un cadre simple, clair, structurant. En formation, cela nous invite à concevoir des parcours où les routines pédagogiques facilitent l'engagement cognitif. Retenons également le plaisir d'apprendre. Quand la motivation est intrinsèque, l'effort devient durable. Utilisons des approches ludiques, expérientielles, qui favorisent le flow, la curiosité, le jeu. Et pour cela, je vous renvoie au premier épisode sur l'andragogie. L'importance de l'estime de soi comme levier d'apprentissage. Valoriser les réussites, encourager l'autonomie plutôt que la dépendance aux formateurs. De Jean-Jacques Rousseau, retenons l'importance de respecter les étapes de développement des apprenants. Aujourd'hui, cela signifie adapter nos parcours au niveau d'expertise, ne pas forcer la théorie avant que le terrain n'était exploré, en d'autres termes, expérimenter avant d'expliquer. Rousseau nous rappelle aussi que l'éthique et la sensibilité sont aussi formatrices que la technique. La formation professionnelle n'est pas qu'un transfert de compétences, c'est aussi une formation à l'autonomie morale, à la coopération et à la bienveillance. Enfin, Rousseau invite à créer des environnements protégés, où l'on peut apprendre sans être constamment évalué, classé ou jugé. Un vrai plaidoyer pour les espaces d'apprentissage, sécurisant et inclusif. Et de Denis Diderot, retenons son approche systémique et transversale des savoirs. L'encyclopédie est un modèle d'intelligence collective. Elle nous pousse à créer des liens entre les disciplines, à favoriser la logique des parcours plutôt que des silos. Une compétence clé aujourd'hui dans nos designs pédagogiques, faire parler les savoirs entre eux. Retenons également la valorisation des savoir-faire manuels, techniques et concrets, aux côtés des savoirs intellectuels. Dans le monde du digital learning, cela nous rappelle qu'il faut donner toute leur place aux gestes professionnels, aux simulations, aux démonstrations, sur le terrain. Et surtout, Diderot nous laisse cette idée forte. La formation est un acte politique au service de l'émancipation. Notre métier n'est pas neutre. Former, c'est contribuer à rendre des individus plus autonomes, plus lucides, plus capables de choisir leur voie. Ces trois penseurs des Lumières ont traversé les siècles. Et pourtant, ils éclairent encore nos pratiques de formation aujourd'hui. Si nous voulons concevoir des formations plus justes, plus humaines, plus transformatrices, alors inspirons-nous de leur regard sur l'éducation. Former la pensée, pas seulement les compétences. Favoriser la liberté, pas simplement la conformité. toujours, toujours croire dans le potentiel d'évolution de chaque apprenant. pour vous accompagner dans la formation. Je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.

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📝 Les notes et ressources citées dans l'épisode

Some thoughts concerning education de John Locke
Émile ou de l'éducation de Jean-Jacques Rousseau

Encyclopédie de Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert


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⭐️ Si le podcast vous plaît, pour me soutenir, vous pouvez me laisser 5 étoiles (de préférence 😉) sur votre plateforme de podcast préférée.

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👋 À bientôt dans un prochain épisode.


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  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Pédago, le podcast qui vous accompagne dans la formation. Je suis Benjamin Gagneux, designer pédagogique spécialisé dans la création d'expériences de formation engageantes et impactantes. Ensemble, je vous propose de découvrir les méthodologies et les outils pour vous permettre de développer concrètement votre pratique en tant que professionnel de la formation. Vous le savez, nous n'avons jamais fini d'apprendre, alors Pédago, c'est parti ! Aujourd'hui, je vous propose de partir à la rencontre de trois figures clés du siècle des Lumières. John Locke, Jean-Jacques Rousseau et Denis Diderot. Trois penseurs qui ont radicalement transformé notre manière de penser l'éducation et qui ont encore beaucoup à nous dire en tant que professionnels de la formation. John Locke éduquait l'esprit par la raison et l'habitude. Commençons avec John Locke, philosophe anglais du XVIIe siècle dont les idées vont irriguer en profondeur le projet éducatif des Lumières. À une époque où l'Église contrôle ce que l'on doit croire et les rois ce que l'on peut posséder, Locke propose une triple révolution, la liberté de penser, les droits naturels de chacun, et surtout un nouveau regard sur l'éducation. Dans Some Thoughts Concerning Education, publié en 1694, il avance une idée fondatrice. L'enfant naît comme une tabula rasa, une ardoise vierge. Tout ce qu'il deviendra dépend de ses expériences. Et si chaque expérience laisse une trace mentale, alors éduquer, c'est façonner des habitudes durables et organiser l'environnement pour faire émerger un esprit libre, rationnel et autonome. L'association d'idées, un ancrage durable. Selon Locke, nous naissons vierges de toute idée, et c'est en observant, en réalisant des expériences, que nous créons la connaissance. Pour créer, il faudrait donc observer, expérimenter, et il faudrait avoir des premiers morceaux d'idées. Pour lui, il existe en effet deux types d'idées. Les idées simples, celles qui proviennent de l'expérience pure, et les idées complexes, celles qui proviennent d'un raisonnement et donc que nous produisons. Pour Locke, les enfants sont extrêmement sensibles. Le moindre mot, la plus petite expérience, peut créer des connexions d'idées durables, ce qu'il appelle l'associationnisme. Un exemple, si une gouvernante raconte qu'il y a des monstres dans l'ombre, l'enfant pourrait rester effrayé du noir toute sa vie. Le message est clair, l'éducation ne doit pas nourrir l'imaginaire de la peur, mais favoriser des associations constructives basées sur la raison et l'expérience directe. Pour les formateurs et les formatrices d'aujourd'hui, c'est une invitation à concevoir soigneusement les contextes d'apprentissage, à éviter les biais affectifs négatifs et à créer des expériences émotionnellement saines. L'éducation du corps est aussi importante que celle de l'esprit. Locke est convaincu que le corps et l'esprit se développent ensemble. Il recommande une hygiène de vie rigoureuse. Nourriture simple, sommet sur lit dur, bain froid, non pas par austérité, mais pour renforcer la résistance et le caractère. Aujourd'hui, on parlerait d'éducation holistique, ou bien-être, santé mentale et physique et hygiène de vie sont considérés comme des leviers pédagogiques à part entière. Apprendre doit être un plaisir. Autre principe clé, l'apprentissage ne doit jamais être une corvée. Pour que l'enfant développe une curiosité durable, il faut lui laisser le choix, l'encourager à jouer et à découvrir par lui-même. Locke conseille même d'apprendre à lire en jouant, et déconseille fortement la punition qui brise l'esprit et enseigne de mauvaises valeurs. Pour nous aujourd'hui... C'est la base du serious game, de la gamification en formation et de l'approche par le projet. On apprend mieux lorsqu'on est actif, impliqué, engagé et libre. Les habitudes sont supérieures aux règles. Pour Locke, les règles échouent là où les habitudes réussissent. Pourquoi ? Parce qu'une règle fait appel à la peur de la punition ou à l'attrait de la récompense. Deux ressorts émotionnels qui sont des sources de motivation extrinsèques. Mais l'habitude, elle, façonne le caractère sur le long terme. Il recommande donc aux parents et aux éducateurs d'incarner eux-mêmes les valeurs qu'il souhaite transmettre par l'exemple et la répétition. En formation aujourd'hui, cela signifie créer des rituels pédagogiques, favoriser l'autorégulation et la responsabilité personnelle de l'apprenant et en créer les apprentissages par la pratique répétée. Nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque nous parlerons de mémorisation. Un guide fondateur. Initialement écrit pour aider un ami à éduquer son fils Edouard, Some Thoughts Concerning Education devient l'un des ouvrages pédagogiques les plus influents de l'histoire, aux côtés de Émile ou de l'éducation. de Rousseau. Elloc résume parfaitement sa philosophie en une phrase. Lire, c'est remplir son esprit de matériaux de connaissance, mais penser, c'est rendre ces matériaux que nous lisons, nôtres. Une leçon pour nous aussi, professionnels de la formation. Ne pas se contenter de transmettre des contenus, mais aider les apprenants à s'approprier le savoir. Jean-Jacques Rousseau, l'éducation comme art de révéler la nature humaine. Poursuivons notre voyage au cœur des Lumières avec Jean-Jacques Rousseau. Philosophe, écrivain, musicien, son œuvre éducative majeure, Émile ou de l'éducation, a fait date. Son intuition fondamentale ? Là où Voltaire ou Diderot misent sur la rationalité pour libérer les peuples, Rousseau, lui, place la bonté, la sensibilité et la linture humaine au cœur du projet éducatif. Et c'est justement cette différence qui fait toute la richesse de sa pensée. L'enfant n'est bon, ce n'est pas lui qu'il faut corriger, c'est la société qu'il faut tenir à distance. Contre un monde jugé artificiel, corrompu et trop rationaliste, Rousseau rêve d'une éducation naturelle, progressive, émotive et profondément humaine. Un roman d'éducation en cinq étapes. Dans Émile, Rousseau imagine le parcours éducatif d'un garçon, de la naissance à l'âge adulte, accompagné par un précepteur bienveillant. Chaque étape de développement correspond à un besoin spécifique, et l'éducation doit s'y adapter sans jamais précipiter l'enfant vers des objectifs qui ne sont pas encore les siens. La petite enfance, éveiller le corps et l'essence. Tout commence dès la naissance. L'enfant a besoin de liberté de mouvement, de contact avec la nature, d'attention aux pleurs, qu'il considère comme notre premier langage. Pas de cris, pas de contraintes inutiles, pas de dressage. L'enjeu, développer un corps sain, une confiance dans le monde et préserver l'élan vital de l'enfant. L'enfance, apprendre par l'expérience. Pas de manuel, pas d'école, pas de serment. À ce stade, Émile apprend en jouant, en observant, en manipulant. Il découvre les lois de la nature par lui-même. Il apprend la morale non pas par la théorie, mais en vivant les conséquences de ses actes. Le précepteur n'enseigne pas, il protège l'enfant des influences sociales prématurées et organise des situations d'apprentissage naturelles. Cela préfigure les pédagogies actives, Montessori, Freinet, Dewey, toutes centrées sur l'autonomie et le concret. Pour nous, concepteurs et conceptrices, cela encourage à créer des dispositifs qui suscitent l'envie d'apprendre, qui respectent le timing de maturation des apprenants, À l'image des périodes sensibles identifiées aujourd'hui par les sciences cognitives. La préadolescence, développer la raison et le goût du travail. C'est ici que commence le raisonnement. Rousseau valorise l'auto-apprentissage. Si Émile veut apprendre l'histoire, il le fait par curiosité, pas par obligation. Il découvre aussi un métier manuel, la menuiserie, pour cultiver la créativité, la discipline et la valeur du travail utile. Là encore, on retrouve les bases de la formation par le projet. de l'éducation aux compétences et de la pédagogie du faire. Ces principes sont au cœur des pédagogies actives, de l'apprentissage expérientiel, du learning by doing, et sont confortés par les découvertes en neurosciences sur la motivation, l'engagement et la plasticité cérébrale. L'adolescence éveillait le cœur. Maintenant que la raison est formée, Rousseau introduit les sentiments. C'est le temps de la compassion, de l'amour, de la sensibilité. L'éducation morale devient alors émotionnelle et spirituelle. Emile apprend à vivre avec et pour les autres. C'est à ce moment qu'il peut découvrir la religion, la philosophie, les grandes questions existentielles, parce qu'il est prêt à y réfléchir librement, et non pas à les réciter mécaniquement. Rousseau anticipe ici les recherches contemporaines sur l'intelligence émotionnelle, le développement moral et la place des émotions dans les apprentissages. Côté formation, cela nous pousse à penser des dispositifs où les émotions ont leur place. Storytelling ou mise en situation impliquante, parce qu'émotion et cognition ne s'opposent pas, ... coopèrent. L'âge adulte, l'épanouissement de l'être autonome. Enfin, Émile est un homme. Fort, vertueux, maître de lui-même. Il peut s'ouvrir au monde, aimer, rencontrer Sophie, son épouse idéale, bien qu'ici, attention, Rousseau retombe dans une vision très genrée et patriarcale de l'éducation. Il écrit même « L'homme doit être fort et actif, la femme doit être faible et passive. » On est bien d'accord, une partie de son héritage est donc à relire avec un regard très critique et féministe. en retenant ici l'essentiel, former un être capable de se gouverner lui-même, en pensée, en émotion et en action. Une œuvre controversée mais fondatrice. À sa sortie, Émile Houde l'éducation est brûlée, interdit. Rousseau est poursuivi. Mais malgré les contradictions du penseur, Rousseau a confié ses propres enfants à l'orphelinat, son œuvre reste un pilier de l'éducation moderne. Et nous pose, encore aujourd'hui, des questions puissantes. L'école prépare-t-elle à devenir soi-même ? Ou... modèle-t-elle les individus au service des besoins de la société ? Rousseau nous rappelle que l'enfant ne s'y résume pas à ses compétences, mais qu'il est un être à accompagner dans toutes ses dimensions, corporelles, affectives, sociales et morales. Denis Diderot, savoir pour tous, formation pour chacun. Dans La grande aventure des Lumières, Denis Diderot est sans doute le plus radical des pédagogues-philosophes. Pas par des méthodes éducatives concrètes, comme Rousseau ou Pestalozzi, mais par une œuvre monumentale qui incarne un idéal éducatif inédit. L'encyclopédie, ou le dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Avec d'Alembert, Diderot imagine une machine à penser, une école des lumières sur papier. Un projet fou, mettre à la portée de tous les citoyens le savoir accumulé par l'humanité. Et pas un savoir élitiste, religieux ou réservé à une caste. Non, un savoir utile, laïque, critique et vivant. L'encyclopédie, une formation universelle. 100 mètres. Le terme « Ankyklios » signifie « circulaire qui embrasse un cercle entier » et « Paideia » signifie « éducation » . Une « Ankyklios Paideia » signifie donc « l'ensemble des savoirs qui constituent une éducation complète » . À l'entrée encyclopédie, Diderot rappelle l'étymologie grecque du mot, le cercle des savoirs, mais aussi la formation de l'esprit humain. Ce qu'il veut créer, c'est un outil d'auto-formation, une bibliothèque de développement personnel et professionnel avant l'heure, ouverte, accessible. et transversal. Il rejette l'idée d'un maître qui transmet passivement. Le lecteur devient acteur de sa propre formation, guidé par la curiosité, les renvois, les connexions entre les disciplines. Pour nous aujourd'hui, c'est la base de la formation autodirigée, des LMS intelligents, du micro-learning ou du social learning. L'encyclopédie est un ancêtre du learning experience design, où l'utilisateur trace son chemin dans la connaissance. Une pédagogie horizontale, transversale et antidogmatique. Diderot refuse la hiérarchie entre les savoirs. Il fait dialoguer la philosophie avec la mécanique, la médecine avec l'artisanat. La connaissance est un réseau, pas une pyramide. Il privilégie l'enchaînement raisonné, le renvoi d'une notion à l'autre, la transdisciplinarité. Pour les formateurs et les formatrices aujourd'hui, cela signifie concevoir des parcours décloisonnés, favoriser l'interdisciplinarité et relier les savoirs à des contextes concrets. Une vision très proche de l'approche par compétence et des construite autour de la résolution de problèmes. Une école républicaine, laïque et ouverte à toutes et tous. Dans ses écrits à Catherine II, Diderot pousse plus loin. Il rêve d'une école publique, gratuite, ouverte aux enfants du peuple. Il affirme que les talents viennent plus souvent des chaumières que des palais, car les enfants des milieux modestes savent l'effort, la curiosité et la volonté de s'élever. Il propose une école à plusieurs niveaux, avec un tronc commun pour tous et des spécialisations accessibles selon les envies et les capacités. Il rejette les concours d'accès injustes et milite pour une sélection par le mérite et non pas par la naissance. Pour la formation professionnelle, c'est une invitation à repenser l'accessibilité des dispositifs, la reconnaissance des compétences informelles, l'inclusion sociale et culturelle dans les parcours d'apprentissage. Des maîtres comme facilitateurs, pas détenteurs de vérité. Diderot défend une vision socratique du formateur. Un bon maître, disait-il, c'est celui qui apprend avec ses élèves. Pas de leçons figées, pas de dogmatisme. L'enseignement, chez Diderot, est vivant. expérimental et profondément démocratique. Un bon maître n'impose pas son savoir, il apprend avec l'apprenant, il doute, il explore, il se trompe parfois volontairement pour inciter à réfléchir, à chercher et à comprendre. C'est exactement ce que défendent aujourd'hui les approches de co-construction des savoirs, la pédagogie de l'erreur et l'apprentissage collaboratif et réflexif. Une pédagogie utile, active et ancrée dans la réalité. Pour Diderot, pas question d'un enseignement abstrait. Il veut des savoirs en action, des sciences au service de la société, une formation tournée vers la pratique, l'artisanat et l'innovation technique. Il va sur le terrain, dans les ateliers, pour observer, décrire et documenter. Pour lui, l'éducation doit passer aussi par les mains, par l'expérimentation et par la pratique. Il s'oppose au mépris aristocratique envers les savoirs dits « inférieurs » . Dans l'encyclopédie, les métiers du cuir, de la coutellerie, de la construction sont mis au même plan que la philosophie ou la géométrie. Une révolution pédagogique et sociale qui anticipe ce que nous appelons aujourd'hui l'approche par compétence, les sciences appliquées ou l'intelligence de la main. Aujourd'hui, cela résonne avec les formations professionnalisantes, le learning by doing ou des environnements comme les Fab Labs. En résumé, Denis Diderot pose les bases d'une éducation ouverte et accessible à toutes et tous, sans hiérarchie entre les savoirs, basée sur l'action, le doute et la recherche, et tournée vers le progrès humain, collectif et éclairé. Sa plus grande leçon ? L'éducation doit transmettre le savoir, mais aussi la liberté d'y penser. Pour nous, professionnels de la formation, Diderot est un modèle de pédagogie ouverte, transversale, critique et populaire. C'est un appel à concevoir des expériences de formation inclusives, démocratiques et utiles. Pas juste pour aujourd'hui, mais aussi pour demain. En concluant, ce que les Lumières nous apprennent pour former aujourd'hui. Locke, Rousseau, Diderot. Trois penseurs, trois visions du monde, trois pédagogies différentes, mais un objectif commun. Former des esprits libres, autonomes, capables de penser, de juger et d'agir. Alors, comment pouvons-nous professionnels de la formation nous en inspirer concrètement aujourd'hui. De John Locke, retenons la puissance de l'environnement éducatif, un cadre simple, clair, structurant. En formation, cela nous invite à concevoir des parcours où les routines pédagogiques facilitent l'engagement cognitif. Retenons également le plaisir d'apprendre. Quand la motivation est intrinsèque, l'effort devient durable. Utilisons des approches ludiques, expérientielles, qui favorisent le flow, la curiosité, le jeu. Et pour cela, je vous renvoie au premier épisode sur l'andragogie. L'importance de l'estime de soi comme levier d'apprentissage. Valoriser les réussites, encourager l'autonomie plutôt que la dépendance aux formateurs. De Jean-Jacques Rousseau, retenons l'importance de respecter les étapes de développement des apprenants. Aujourd'hui, cela signifie adapter nos parcours au niveau d'expertise, ne pas forcer la théorie avant que le terrain n'était exploré, en d'autres termes, expérimenter avant d'expliquer. Rousseau nous rappelle aussi que l'éthique et la sensibilité sont aussi formatrices que la technique. La formation professionnelle n'est pas qu'un transfert de compétences, c'est aussi une formation à l'autonomie morale, à la coopération et à la bienveillance. Enfin, Rousseau invite à créer des environnements protégés, où l'on peut apprendre sans être constamment évalué, classé ou jugé. Un vrai plaidoyer pour les espaces d'apprentissage, sécurisant et inclusif. Et de Denis Diderot, retenons son approche systémique et transversale des savoirs. L'encyclopédie est un modèle d'intelligence collective. Elle nous pousse à créer des liens entre les disciplines, à favoriser la logique des parcours plutôt que des silos. Une compétence clé aujourd'hui dans nos designs pédagogiques, faire parler les savoirs entre eux. Retenons également la valorisation des savoir-faire manuels, techniques et concrets, aux côtés des savoirs intellectuels. Dans le monde du digital learning, cela nous rappelle qu'il faut donner toute leur place aux gestes professionnels, aux simulations, aux démonstrations, sur le terrain. Et surtout, Diderot nous laisse cette idée forte. La formation est un acte politique au service de l'émancipation. Notre métier n'est pas neutre. Former, c'est contribuer à rendre des individus plus autonomes, plus lucides, plus capables de choisir leur voie. Ces trois penseurs des Lumières ont traversé les siècles. Et pourtant, ils éclairent encore nos pratiques de formation aujourd'hui. Si nous voulons concevoir des formations plus justes, plus humaines, plus transformatrices, alors inspirons-nous de leur regard sur l'éducation. Former la pensée, pas seulement les compétences. Favoriser la liberté, pas simplement la conformité. toujours, toujours croire dans le potentiel d'évolution de chaque apprenant. pour vous accompagner dans la formation. Je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.

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Description

🎚️ Cet épisode a été monté par mes soins sur Adobe Audition (que je découvre encore)

📝 Les notes et ressources citées dans l'épisode

Some thoughts concerning education de John Locke
Émile ou de l'éducation de Jean-Jacques Rousseau

Encyclopédie de Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert


📣 Pour faire connaître le podcast 📣

⭐️ Si le podcast vous plaît, pour me soutenir, vous pouvez me laisser 5 étoiles (de préférence 😉) sur votre plateforme de podcast préférée.

💬 Pour m’aider à faire connaitre le Podcast, n’hésitez pas à le partager où vous voulez sur vos réseaux sociaux ou à en parler autour de vous !

🔔 Pensez également à vous abonner pour ne louper aucun épisode.

✅ Sans oublier de me laisser un commentaire (sur LinkedIn) pour me faire part de vos retours ou d’un thème que vous souhaiteriez que j’aborde dans Pédago pour vous accompagner dans la formation !


👋 À bientôt dans un prochain épisode.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Pédago, le podcast qui vous accompagne dans la formation. Je suis Benjamin Gagneux, designer pédagogique spécialisé dans la création d'expériences de formation engageantes et impactantes. Ensemble, je vous propose de découvrir les méthodologies et les outils pour vous permettre de développer concrètement votre pratique en tant que professionnel de la formation. Vous le savez, nous n'avons jamais fini d'apprendre, alors Pédago, c'est parti ! Aujourd'hui, je vous propose de partir à la rencontre de trois figures clés du siècle des Lumières. John Locke, Jean-Jacques Rousseau et Denis Diderot. Trois penseurs qui ont radicalement transformé notre manière de penser l'éducation et qui ont encore beaucoup à nous dire en tant que professionnels de la formation. John Locke éduquait l'esprit par la raison et l'habitude. Commençons avec John Locke, philosophe anglais du XVIIe siècle dont les idées vont irriguer en profondeur le projet éducatif des Lumières. À une époque où l'Église contrôle ce que l'on doit croire et les rois ce que l'on peut posséder, Locke propose une triple révolution, la liberté de penser, les droits naturels de chacun, et surtout un nouveau regard sur l'éducation. Dans Some Thoughts Concerning Education, publié en 1694, il avance une idée fondatrice. L'enfant naît comme une tabula rasa, une ardoise vierge. Tout ce qu'il deviendra dépend de ses expériences. Et si chaque expérience laisse une trace mentale, alors éduquer, c'est façonner des habitudes durables et organiser l'environnement pour faire émerger un esprit libre, rationnel et autonome. L'association d'idées, un ancrage durable. Selon Locke, nous naissons vierges de toute idée, et c'est en observant, en réalisant des expériences, que nous créons la connaissance. Pour créer, il faudrait donc observer, expérimenter, et il faudrait avoir des premiers morceaux d'idées. Pour lui, il existe en effet deux types d'idées. Les idées simples, celles qui proviennent de l'expérience pure, et les idées complexes, celles qui proviennent d'un raisonnement et donc que nous produisons. Pour Locke, les enfants sont extrêmement sensibles. Le moindre mot, la plus petite expérience, peut créer des connexions d'idées durables, ce qu'il appelle l'associationnisme. Un exemple, si une gouvernante raconte qu'il y a des monstres dans l'ombre, l'enfant pourrait rester effrayé du noir toute sa vie. Le message est clair, l'éducation ne doit pas nourrir l'imaginaire de la peur, mais favoriser des associations constructives basées sur la raison et l'expérience directe. Pour les formateurs et les formatrices d'aujourd'hui, c'est une invitation à concevoir soigneusement les contextes d'apprentissage, à éviter les biais affectifs négatifs et à créer des expériences émotionnellement saines. L'éducation du corps est aussi importante que celle de l'esprit. Locke est convaincu que le corps et l'esprit se développent ensemble. Il recommande une hygiène de vie rigoureuse. Nourriture simple, sommet sur lit dur, bain froid, non pas par austérité, mais pour renforcer la résistance et le caractère. Aujourd'hui, on parlerait d'éducation holistique, ou bien-être, santé mentale et physique et hygiène de vie sont considérés comme des leviers pédagogiques à part entière. Apprendre doit être un plaisir. Autre principe clé, l'apprentissage ne doit jamais être une corvée. Pour que l'enfant développe une curiosité durable, il faut lui laisser le choix, l'encourager à jouer et à découvrir par lui-même. Locke conseille même d'apprendre à lire en jouant, et déconseille fortement la punition qui brise l'esprit et enseigne de mauvaises valeurs. Pour nous aujourd'hui... C'est la base du serious game, de la gamification en formation et de l'approche par le projet. On apprend mieux lorsqu'on est actif, impliqué, engagé et libre. Les habitudes sont supérieures aux règles. Pour Locke, les règles échouent là où les habitudes réussissent. Pourquoi ? Parce qu'une règle fait appel à la peur de la punition ou à l'attrait de la récompense. Deux ressorts émotionnels qui sont des sources de motivation extrinsèques. Mais l'habitude, elle, façonne le caractère sur le long terme. Il recommande donc aux parents et aux éducateurs d'incarner eux-mêmes les valeurs qu'il souhaite transmettre par l'exemple et la répétition. En formation aujourd'hui, cela signifie créer des rituels pédagogiques, favoriser l'autorégulation et la responsabilité personnelle de l'apprenant et en créer les apprentissages par la pratique répétée. Nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque nous parlerons de mémorisation. Un guide fondateur. Initialement écrit pour aider un ami à éduquer son fils Edouard, Some Thoughts Concerning Education devient l'un des ouvrages pédagogiques les plus influents de l'histoire, aux côtés de Émile ou de l'éducation. de Rousseau. Elloc résume parfaitement sa philosophie en une phrase. Lire, c'est remplir son esprit de matériaux de connaissance, mais penser, c'est rendre ces matériaux que nous lisons, nôtres. Une leçon pour nous aussi, professionnels de la formation. Ne pas se contenter de transmettre des contenus, mais aider les apprenants à s'approprier le savoir. Jean-Jacques Rousseau, l'éducation comme art de révéler la nature humaine. Poursuivons notre voyage au cœur des Lumières avec Jean-Jacques Rousseau. Philosophe, écrivain, musicien, son œuvre éducative majeure, Émile ou de l'éducation, a fait date. Son intuition fondamentale ? Là où Voltaire ou Diderot misent sur la rationalité pour libérer les peuples, Rousseau, lui, place la bonté, la sensibilité et la linture humaine au cœur du projet éducatif. Et c'est justement cette différence qui fait toute la richesse de sa pensée. L'enfant n'est bon, ce n'est pas lui qu'il faut corriger, c'est la société qu'il faut tenir à distance. Contre un monde jugé artificiel, corrompu et trop rationaliste, Rousseau rêve d'une éducation naturelle, progressive, émotive et profondément humaine. Un roman d'éducation en cinq étapes. Dans Émile, Rousseau imagine le parcours éducatif d'un garçon, de la naissance à l'âge adulte, accompagné par un précepteur bienveillant. Chaque étape de développement correspond à un besoin spécifique, et l'éducation doit s'y adapter sans jamais précipiter l'enfant vers des objectifs qui ne sont pas encore les siens. La petite enfance, éveiller le corps et l'essence. Tout commence dès la naissance. L'enfant a besoin de liberté de mouvement, de contact avec la nature, d'attention aux pleurs, qu'il considère comme notre premier langage. Pas de cris, pas de contraintes inutiles, pas de dressage. L'enjeu, développer un corps sain, une confiance dans le monde et préserver l'élan vital de l'enfant. L'enfance, apprendre par l'expérience. Pas de manuel, pas d'école, pas de serment. À ce stade, Émile apprend en jouant, en observant, en manipulant. Il découvre les lois de la nature par lui-même. Il apprend la morale non pas par la théorie, mais en vivant les conséquences de ses actes. Le précepteur n'enseigne pas, il protège l'enfant des influences sociales prématurées et organise des situations d'apprentissage naturelles. Cela préfigure les pédagogies actives, Montessori, Freinet, Dewey, toutes centrées sur l'autonomie et le concret. Pour nous, concepteurs et conceptrices, cela encourage à créer des dispositifs qui suscitent l'envie d'apprendre, qui respectent le timing de maturation des apprenants, À l'image des périodes sensibles identifiées aujourd'hui par les sciences cognitives. La préadolescence, développer la raison et le goût du travail. C'est ici que commence le raisonnement. Rousseau valorise l'auto-apprentissage. Si Émile veut apprendre l'histoire, il le fait par curiosité, pas par obligation. Il découvre aussi un métier manuel, la menuiserie, pour cultiver la créativité, la discipline et la valeur du travail utile. Là encore, on retrouve les bases de la formation par le projet. de l'éducation aux compétences et de la pédagogie du faire. Ces principes sont au cœur des pédagogies actives, de l'apprentissage expérientiel, du learning by doing, et sont confortés par les découvertes en neurosciences sur la motivation, l'engagement et la plasticité cérébrale. L'adolescence éveillait le cœur. Maintenant que la raison est formée, Rousseau introduit les sentiments. C'est le temps de la compassion, de l'amour, de la sensibilité. L'éducation morale devient alors émotionnelle et spirituelle. Emile apprend à vivre avec et pour les autres. C'est à ce moment qu'il peut découvrir la religion, la philosophie, les grandes questions existentielles, parce qu'il est prêt à y réfléchir librement, et non pas à les réciter mécaniquement. Rousseau anticipe ici les recherches contemporaines sur l'intelligence émotionnelle, le développement moral et la place des émotions dans les apprentissages. Côté formation, cela nous pousse à penser des dispositifs où les émotions ont leur place. Storytelling ou mise en situation impliquante, parce qu'émotion et cognition ne s'opposent pas, ... coopèrent. L'âge adulte, l'épanouissement de l'être autonome. Enfin, Émile est un homme. Fort, vertueux, maître de lui-même. Il peut s'ouvrir au monde, aimer, rencontrer Sophie, son épouse idéale, bien qu'ici, attention, Rousseau retombe dans une vision très genrée et patriarcale de l'éducation. Il écrit même « L'homme doit être fort et actif, la femme doit être faible et passive. » On est bien d'accord, une partie de son héritage est donc à relire avec un regard très critique et féministe. en retenant ici l'essentiel, former un être capable de se gouverner lui-même, en pensée, en émotion et en action. Une œuvre controversée mais fondatrice. À sa sortie, Émile Houde l'éducation est brûlée, interdit. Rousseau est poursuivi. Mais malgré les contradictions du penseur, Rousseau a confié ses propres enfants à l'orphelinat, son œuvre reste un pilier de l'éducation moderne. Et nous pose, encore aujourd'hui, des questions puissantes. L'école prépare-t-elle à devenir soi-même ? Ou... modèle-t-elle les individus au service des besoins de la société ? Rousseau nous rappelle que l'enfant ne s'y résume pas à ses compétences, mais qu'il est un être à accompagner dans toutes ses dimensions, corporelles, affectives, sociales et morales. Denis Diderot, savoir pour tous, formation pour chacun. Dans La grande aventure des Lumières, Denis Diderot est sans doute le plus radical des pédagogues-philosophes. Pas par des méthodes éducatives concrètes, comme Rousseau ou Pestalozzi, mais par une œuvre monumentale qui incarne un idéal éducatif inédit. L'encyclopédie, ou le dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Avec d'Alembert, Diderot imagine une machine à penser, une école des lumières sur papier. Un projet fou, mettre à la portée de tous les citoyens le savoir accumulé par l'humanité. Et pas un savoir élitiste, religieux ou réservé à une caste. Non, un savoir utile, laïque, critique et vivant. L'encyclopédie, une formation universelle. 100 mètres. Le terme « Ankyklios » signifie « circulaire qui embrasse un cercle entier » et « Paideia » signifie « éducation » . Une « Ankyklios Paideia » signifie donc « l'ensemble des savoirs qui constituent une éducation complète » . À l'entrée encyclopédie, Diderot rappelle l'étymologie grecque du mot, le cercle des savoirs, mais aussi la formation de l'esprit humain. Ce qu'il veut créer, c'est un outil d'auto-formation, une bibliothèque de développement personnel et professionnel avant l'heure, ouverte, accessible. et transversal. Il rejette l'idée d'un maître qui transmet passivement. Le lecteur devient acteur de sa propre formation, guidé par la curiosité, les renvois, les connexions entre les disciplines. Pour nous aujourd'hui, c'est la base de la formation autodirigée, des LMS intelligents, du micro-learning ou du social learning. L'encyclopédie est un ancêtre du learning experience design, où l'utilisateur trace son chemin dans la connaissance. Une pédagogie horizontale, transversale et antidogmatique. Diderot refuse la hiérarchie entre les savoirs. Il fait dialoguer la philosophie avec la mécanique, la médecine avec l'artisanat. La connaissance est un réseau, pas une pyramide. Il privilégie l'enchaînement raisonné, le renvoi d'une notion à l'autre, la transdisciplinarité. Pour les formateurs et les formatrices aujourd'hui, cela signifie concevoir des parcours décloisonnés, favoriser l'interdisciplinarité et relier les savoirs à des contextes concrets. Une vision très proche de l'approche par compétence et des construite autour de la résolution de problèmes. Une école républicaine, laïque et ouverte à toutes et tous. Dans ses écrits à Catherine II, Diderot pousse plus loin. Il rêve d'une école publique, gratuite, ouverte aux enfants du peuple. Il affirme que les talents viennent plus souvent des chaumières que des palais, car les enfants des milieux modestes savent l'effort, la curiosité et la volonté de s'élever. Il propose une école à plusieurs niveaux, avec un tronc commun pour tous et des spécialisations accessibles selon les envies et les capacités. Il rejette les concours d'accès injustes et milite pour une sélection par le mérite et non pas par la naissance. Pour la formation professionnelle, c'est une invitation à repenser l'accessibilité des dispositifs, la reconnaissance des compétences informelles, l'inclusion sociale et culturelle dans les parcours d'apprentissage. Des maîtres comme facilitateurs, pas détenteurs de vérité. Diderot défend une vision socratique du formateur. Un bon maître, disait-il, c'est celui qui apprend avec ses élèves. Pas de leçons figées, pas de dogmatisme. L'enseignement, chez Diderot, est vivant. expérimental et profondément démocratique. Un bon maître n'impose pas son savoir, il apprend avec l'apprenant, il doute, il explore, il se trompe parfois volontairement pour inciter à réfléchir, à chercher et à comprendre. C'est exactement ce que défendent aujourd'hui les approches de co-construction des savoirs, la pédagogie de l'erreur et l'apprentissage collaboratif et réflexif. Une pédagogie utile, active et ancrée dans la réalité. Pour Diderot, pas question d'un enseignement abstrait. Il veut des savoirs en action, des sciences au service de la société, une formation tournée vers la pratique, l'artisanat et l'innovation technique. Il va sur le terrain, dans les ateliers, pour observer, décrire et documenter. Pour lui, l'éducation doit passer aussi par les mains, par l'expérimentation et par la pratique. Il s'oppose au mépris aristocratique envers les savoirs dits « inférieurs » . Dans l'encyclopédie, les métiers du cuir, de la coutellerie, de la construction sont mis au même plan que la philosophie ou la géométrie. Une révolution pédagogique et sociale qui anticipe ce que nous appelons aujourd'hui l'approche par compétence, les sciences appliquées ou l'intelligence de la main. Aujourd'hui, cela résonne avec les formations professionnalisantes, le learning by doing ou des environnements comme les Fab Labs. En résumé, Denis Diderot pose les bases d'une éducation ouverte et accessible à toutes et tous, sans hiérarchie entre les savoirs, basée sur l'action, le doute et la recherche, et tournée vers le progrès humain, collectif et éclairé. Sa plus grande leçon ? L'éducation doit transmettre le savoir, mais aussi la liberté d'y penser. Pour nous, professionnels de la formation, Diderot est un modèle de pédagogie ouverte, transversale, critique et populaire. C'est un appel à concevoir des expériences de formation inclusives, démocratiques et utiles. Pas juste pour aujourd'hui, mais aussi pour demain. En concluant, ce que les Lumières nous apprennent pour former aujourd'hui. Locke, Rousseau, Diderot. Trois penseurs, trois visions du monde, trois pédagogies différentes, mais un objectif commun. Former des esprits libres, autonomes, capables de penser, de juger et d'agir. Alors, comment pouvons-nous professionnels de la formation nous en inspirer concrètement aujourd'hui. De John Locke, retenons la puissance de l'environnement éducatif, un cadre simple, clair, structurant. En formation, cela nous invite à concevoir des parcours où les routines pédagogiques facilitent l'engagement cognitif. Retenons également le plaisir d'apprendre. Quand la motivation est intrinsèque, l'effort devient durable. Utilisons des approches ludiques, expérientielles, qui favorisent le flow, la curiosité, le jeu. Et pour cela, je vous renvoie au premier épisode sur l'andragogie. L'importance de l'estime de soi comme levier d'apprentissage. Valoriser les réussites, encourager l'autonomie plutôt que la dépendance aux formateurs. De Jean-Jacques Rousseau, retenons l'importance de respecter les étapes de développement des apprenants. Aujourd'hui, cela signifie adapter nos parcours au niveau d'expertise, ne pas forcer la théorie avant que le terrain n'était exploré, en d'autres termes, expérimenter avant d'expliquer. Rousseau nous rappelle aussi que l'éthique et la sensibilité sont aussi formatrices que la technique. La formation professionnelle n'est pas qu'un transfert de compétences, c'est aussi une formation à l'autonomie morale, à la coopération et à la bienveillance. Enfin, Rousseau invite à créer des environnements protégés, où l'on peut apprendre sans être constamment évalué, classé ou jugé. Un vrai plaidoyer pour les espaces d'apprentissage, sécurisant et inclusif. Et de Denis Diderot, retenons son approche systémique et transversale des savoirs. L'encyclopédie est un modèle d'intelligence collective. Elle nous pousse à créer des liens entre les disciplines, à favoriser la logique des parcours plutôt que des silos. Une compétence clé aujourd'hui dans nos designs pédagogiques, faire parler les savoirs entre eux. Retenons également la valorisation des savoir-faire manuels, techniques et concrets, aux côtés des savoirs intellectuels. Dans le monde du digital learning, cela nous rappelle qu'il faut donner toute leur place aux gestes professionnels, aux simulations, aux démonstrations, sur le terrain. Et surtout, Diderot nous laisse cette idée forte. La formation est un acte politique au service de l'émancipation. Notre métier n'est pas neutre. Former, c'est contribuer à rendre des individus plus autonomes, plus lucides, plus capables de choisir leur voie. Ces trois penseurs des Lumières ont traversé les siècles. Et pourtant, ils éclairent encore nos pratiques de formation aujourd'hui. Si nous voulons concevoir des formations plus justes, plus humaines, plus transformatrices, alors inspirons-nous de leur regard sur l'éducation. Former la pensée, pas seulement les compétences. Favoriser la liberté, pas simplement la conformité. toujours, toujours croire dans le potentiel d'évolution de chaque apprenant. pour vous accompagner dans la formation. Je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.

Description

🎚️ Cet épisode a été monté par mes soins sur Adobe Audition (que je découvre encore)

📝 Les notes et ressources citées dans l'épisode

Some thoughts concerning education de John Locke
Émile ou de l'éducation de Jean-Jacques Rousseau

Encyclopédie de Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert


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    Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Pédago, le podcast qui vous accompagne dans la formation. Je suis Benjamin Gagneux, designer pédagogique spécialisé dans la création d'expériences de formation engageantes et impactantes. Ensemble, je vous propose de découvrir les méthodologies et les outils pour vous permettre de développer concrètement votre pratique en tant que professionnel de la formation. Vous le savez, nous n'avons jamais fini d'apprendre, alors Pédago, c'est parti ! Aujourd'hui, je vous propose de partir à la rencontre de trois figures clés du siècle des Lumières. John Locke, Jean-Jacques Rousseau et Denis Diderot. Trois penseurs qui ont radicalement transformé notre manière de penser l'éducation et qui ont encore beaucoup à nous dire en tant que professionnels de la formation. John Locke éduquait l'esprit par la raison et l'habitude. Commençons avec John Locke, philosophe anglais du XVIIe siècle dont les idées vont irriguer en profondeur le projet éducatif des Lumières. À une époque où l'Église contrôle ce que l'on doit croire et les rois ce que l'on peut posséder, Locke propose une triple révolution, la liberté de penser, les droits naturels de chacun, et surtout un nouveau regard sur l'éducation. Dans Some Thoughts Concerning Education, publié en 1694, il avance une idée fondatrice. L'enfant naît comme une tabula rasa, une ardoise vierge. Tout ce qu'il deviendra dépend de ses expériences. Et si chaque expérience laisse une trace mentale, alors éduquer, c'est façonner des habitudes durables et organiser l'environnement pour faire émerger un esprit libre, rationnel et autonome. L'association d'idées, un ancrage durable. Selon Locke, nous naissons vierges de toute idée, et c'est en observant, en réalisant des expériences, que nous créons la connaissance. Pour créer, il faudrait donc observer, expérimenter, et il faudrait avoir des premiers morceaux d'idées. Pour lui, il existe en effet deux types d'idées. Les idées simples, celles qui proviennent de l'expérience pure, et les idées complexes, celles qui proviennent d'un raisonnement et donc que nous produisons. Pour Locke, les enfants sont extrêmement sensibles. Le moindre mot, la plus petite expérience, peut créer des connexions d'idées durables, ce qu'il appelle l'associationnisme. Un exemple, si une gouvernante raconte qu'il y a des monstres dans l'ombre, l'enfant pourrait rester effrayé du noir toute sa vie. Le message est clair, l'éducation ne doit pas nourrir l'imaginaire de la peur, mais favoriser des associations constructives basées sur la raison et l'expérience directe. Pour les formateurs et les formatrices d'aujourd'hui, c'est une invitation à concevoir soigneusement les contextes d'apprentissage, à éviter les biais affectifs négatifs et à créer des expériences émotionnellement saines. L'éducation du corps est aussi importante que celle de l'esprit. Locke est convaincu que le corps et l'esprit se développent ensemble. Il recommande une hygiène de vie rigoureuse. Nourriture simple, sommet sur lit dur, bain froid, non pas par austérité, mais pour renforcer la résistance et le caractère. Aujourd'hui, on parlerait d'éducation holistique, ou bien-être, santé mentale et physique et hygiène de vie sont considérés comme des leviers pédagogiques à part entière. Apprendre doit être un plaisir. Autre principe clé, l'apprentissage ne doit jamais être une corvée. Pour que l'enfant développe une curiosité durable, il faut lui laisser le choix, l'encourager à jouer et à découvrir par lui-même. Locke conseille même d'apprendre à lire en jouant, et déconseille fortement la punition qui brise l'esprit et enseigne de mauvaises valeurs. Pour nous aujourd'hui... C'est la base du serious game, de la gamification en formation et de l'approche par le projet. On apprend mieux lorsqu'on est actif, impliqué, engagé et libre. Les habitudes sont supérieures aux règles. Pour Locke, les règles échouent là où les habitudes réussissent. Pourquoi ? Parce qu'une règle fait appel à la peur de la punition ou à l'attrait de la récompense. Deux ressorts émotionnels qui sont des sources de motivation extrinsèques. Mais l'habitude, elle, façonne le caractère sur le long terme. Il recommande donc aux parents et aux éducateurs d'incarner eux-mêmes les valeurs qu'il souhaite transmettre par l'exemple et la répétition. En formation aujourd'hui, cela signifie créer des rituels pédagogiques, favoriser l'autorégulation et la responsabilité personnelle de l'apprenant et en créer les apprentissages par la pratique répétée. Nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque nous parlerons de mémorisation. Un guide fondateur. Initialement écrit pour aider un ami à éduquer son fils Edouard, Some Thoughts Concerning Education devient l'un des ouvrages pédagogiques les plus influents de l'histoire, aux côtés de Émile ou de l'éducation. de Rousseau. Elloc résume parfaitement sa philosophie en une phrase. Lire, c'est remplir son esprit de matériaux de connaissance, mais penser, c'est rendre ces matériaux que nous lisons, nôtres. Une leçon pour nous aussi, professionnels de la formation. Ne pas se contenter de transmettre des contenus, mais aider les apprenants à s'approprier le savoir. Jean-Jacques Rousseau, l'éducation comme art de révéler la nature humaine. Poursuivons notre voyage au cœur des Lumières avec Jean-Jacques Rousseau. Philosophe, écrivain, musicien, son œuvre éducative majeure, Émile ou de l'éducation, a fait date. Son intuition fondamentale ? Là où Voltaire ou Diderot misent sur la rationalité pour libérer les peuples, Rousseau, lui, place la bonté, la sensibilité et la linture humaine au cœur du projet éducatif. Et c'est justement cette différence qui fait toute la richesse de sa pensée. L'enfant n'est bon, ce n'est pas lui qu'il faut corriger, c'est la société qu'il faut tenir à distance. Contre un monde jugé artificiel, corrompu et trop rationaliste, Rousseau rêve d'une éducation naturelle, progressive, émotive et profondément humaine. Un roman d'éducation en cinq étapes. Dans Émile, Rousseau imagine le parcours éducatif d'un garçon, de la naissance à l'âge adulte, accompagné par un précepteur bienveillant. Chaque étape de développement correspond à un besoin spécifique, et l'éducation doit s'y adapter sans jamais précipiter l'enfant vers des objectifs qui ne sont pas encore les siens. La petite enfance, éveiller le corps et l'essence. Tout commence dès la naissance. L'enfant a besoin de liberté de mouvement, de contact avec la nature, d'attention aux pleurs, qu'il considère comme notre premier langage. Pas de cris, pas de contraintes inutiles, pas de dressage. L'enjeu, développer un corps sain, une confiance dans le monde et préserver l'élan vital de l'enfant. L'enfance, apprendre par l'expérience. Pas de manuel, pas d'école, pas de serment. À ce stade, Émile apprend en jouant, en observant, en manipulant. Il découvre les lois de la nature par lui-même. Il apprend la morale non pas par la théorie, mais en vivant les conséquences de ses actes. Le précepteur n'enseigne pas, il protège l'enfant des influences sociales prématurées et organise des situations d'apprentissage naturelles. Cela préfigure les pédagogies actives, Montessori, Freinet, Dewey, toutes centrées sur l'autonomie et le concret. Pour nous, concepteurs et conceptrices, cela encourage à créer des dispositifs qui suscitent l'envie d'apprendre, qui respectent le timing de maturation des apprenants, À l'image des périodes sensibles identifiées aujourd'hui par les sciences cognitives. La préadolescence, développer la raison et le goût du travail. C'est ici que commence le raisonnement. Rousseau valorise l'auto-apprentissage. Si Émile veut apprendre l'histoire, il le fait par curiosité, pas par obligation. Il découvre aussi un métier manuel, la menuiserie, pour cultiver la créativité, la discipline et la valeur du travail utile. Là encore, on retrouve les bases de la formation par le projet. de l'éducation aux compétences et de la pédagogie du faire. Ces principes sont au cœur des pédagogies actives, de l'apprentissage expérientiel, du learning by doing, et sont confortés par les découvertes en neurosciences sur la motivation, l'engagement et la plasticité cérébrale. L'adolescence éveillait le cœur. Maintenant que la raison est formée, Rousseau introduit les sentiments. C'est le temps de la compassion, de l'amour, de la sensibilité. L'éducation morale devient alors émotionnelle et spirituelle. Emile apprend à vivre avec et pour les autres. C'est à ce moment qu'il peut découvrir la religion, la philosophie, les grandes questions existentielles, parce qu'il est prêt à y réfléchir librement, et non pas à les réciter mécaniquement. Rousseau anticipe ici les recherches contemporaines sur l'intelligence émotionnelle, le développement moral et la place des émotions dans les apprentissages. Côté formation, cela nous pousse à penser des dispositifs où les émotions ont leur place. Storytelling ou mise en situation impliquante, parce qu'émotion et cognition ne s'opposent pas, ... coopèrent. L'âge adulte, l'épanouissement de l'être autonome. Enfin, Émile est un homme. Fort, vertueux, maître de lui-même. Il peut s'ouvrir au monde, aimer, rencontrer Sophie, son épouse idéale, bien qu'ici, attention, Rousseau retombe dans une vision très genrée et patriarcale de l'éducation. Il écrit même « L'homme doit être fort et actif, la femme doit être faible et passive. » On est bien d'accord, une partie de son héritage est donc à relire avec un regard très critique et féministe. en retenant ici l'essentiel, former un être capable de se gouverner lui-même, en pensée, en émotion et en action. Une œuvre controversée mais fondatrice. À sa sortie, Émile Houde l'éducation est brûlée, interdit. Rousseau est poursuivi. Mais malgré les contradictions du penseur, Rousseau a confié ses propres enfants à l'orphelinat, son œuvre reste un pilier de l'éducation moderne. Et nous pose, encore aujourd'hui, des questions puissantes. L'école prépare-t-elle à devenir soi-même ? Ou... modèle-t-elle les individus au service des besoins de la société ? Rousseau nous rappelle que l'enfant ne s'y résume pas à ses compétences, mais qu'il est un être à accompagner dans toutes ses dimensions, corporelles, affectives, sociales et morales. Denis Diderot, savoir pour tous, formation pour chacun. Dans La grande aventure des Lumières, Denis Diderot est sans doute le plus radical des pédagogues-philosophes. Pas par des méthodes éducatives concrètes, comme Rousseau ou Pestalozzi, mais par une œuvre monumentale qui incarne un idéal éducatif inédit. L'encyclopédie, ou le dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Avec d'Alembert, Diderot imagine une machine à penser, une école des lumières sur papier. Un projet fou, mettre à la portée de tous les citoyens le savoir accumulé par l'humanité. Et pas un savoir élitiste, religieux ou réservé à une caste. Non, un savoir utile, laïque, critique et vivant. L'encyclopédie, une formation universelle. 100 mètres. Le terme « Ankyklios » signifie « circulaire qui embrasse un cercle entier » et « Paideia » signifie « éducation » . Une « Ankyklios Paideia » signifie donc « l'ensemble des savoirs qui constituent une éducation complète » . À l'entrée encyclopédie, Diderot rappelle l'étymologie grecque du mot, le cercle des savoirs, mais aussi la formation de l'esprit humain. Ce qu'il veut créer, c'est un outil d'auto-formation, une bibliothèque de développement personnel et professionnel avant l'heure, ouverte, accessible. et transversal. Il rejette l'idée d'un maître qui transmet passivement. Le lecteur devient acteur de sa propre formation, guidé par la curiosité, les renvois, les connexions entre les disciplines. Pour nous aujourd'hui, c'est la base de la formation autodirigée, des LMS intelligents, du micro-learning ou du social learning. L'encyclopédie est un ancêtre du learning experience design, où l'utilisateur trace son chemin dans la connaissance. Une pédagogie horizontale, transversale et antidogmatique. Diderot refuse la hiérarchie entre les savoirs. Il fait dialoguer la philosophie avec la mécanique, la médecine avec l'artisanat. La connaissance est un réseau, pas une pyramide. Il privilégie l'enchaînement raisonné, le renvoi d'une notion à l'autre, la transdisciplinarité. Pour les formateurs et les formatrices aujourd'hui, cela signifie concevoir des parcours décloisonnés, favoriser l'interdisciplinarité et relier les savoirs à des contextes concrets. Une vision très proche de l'approche par compétence et des construite autour de la résolution de problèmes. Une école républicaine, laïque et ouverte à toutes et tous. Dans ses écrits à Catherine II, Diderot pousse plus loin. Il rêve d'une école publique, gratuite, ouverte aux enfants du peuple. Il affirme que les talents viennent plus souvent des chaumières que des palais, car les enfants des milieux modestes savent l'effort, la curiosité et la volonté de s'élever. Il propose une école à plusieurs niveaux, avec un tronc commun pour tous et des spécialisations accessibles selon les envies et les capacités. Il rejette les concours d'accès injustes et milite pour une sélection par le mérite et non pas par la naissance. Pour la formation professionnelle, c'est une invitation à repenser l'accessibilité des dispositifs, la reconnaissance des compétences informelles, l'inclusion sociale et culturelle dans les parcours d'apprentissage. Des maîtres comme facilitateurs, pas détenteurs de vérité. Diderot défend une vision socratique du formateur. Un bon maître, disait-il, c'est celui qui apprend avec ses élèves. Pas de leçons figées, pas de dogmatisme. L'enseignement, chez Diderot, est vivant. expérimental et profondément démocratique. Un bon maître n'impose pas son savoir, il apprend avec l'apprenant, il doute, il explore, il se trompe parfois volontairement pour inciter à réfléchir, à chercher et à comprendre. C'est exactement ce que défendent aujourd'hui les approches de co-construction des savoirs, la pédagogie de l'erreur et l'apprentissage collaboratif et réflexif. Une pédagogie utile, active et ancrée dans la réalité. Pour Diderot, pas question d'un enseignement abstrait. Il veut des savoirs en action, des sciences au service de la société, une formation tournée vers la pratique, l'artisanat et l'innovation technique. Il va sur le terrain, dans les ateliers, pour observer, décrire et documenter. Pour lui, l'éducation doit passer aussi par les mains, par l'expérimentation et par la pratique. Il s'oppose au mépris aristocratique envers les savoirs dits « inférieurs » . Dans l'encyclopédie, les métiers du cuir, de la coutellerie, de la construction sont mis au même plan que la philosophie ou la géométrie. Une révolution pédagogique et sociale qui anticipe ce que nous appelons aujourd'hui l'approche par compétence, les sciences appliquées ou l'intelligence de la main. Aujourd'hui, cela résonne avec les formations professionnalisantes, le learning by doing ou des environnements comme les Fab Labs. En résumé, Denis Diderot pose les bases d'une éducation ouverte et accessible à toutes et tous, sans hiérarchie entre les savoirs, basée sur l'action, le doute et la recherche, et tournée vers le progrès humain, collectif et éclairé. Sa plus grande leçon ? L'éducation doit transmettre le savoir, mais aussi la liberté d'y penser. Pour nous, professionnels de la formation, Diderot est un modèle de pédagogie ouverte, transversale, critique et populaire. C'est un appel à concevoir des expériences de formation inclusives, démocratiques et utiles. Pas juste pour aujourd'hui, mais aussi pour demain. En concluant, ce que les Lumières nous apprennent pour former aujourd'hui. Locke, Rousseau, Diderot. Trois penseurs, trois visions du monde, trois pédagogies différentes, mais un objectif commun. Former des esprits libres, autonomes, capables de penser, de juger et d'agir. Alors, comment pouvons-nous professionnels de la formation nous en inspirer concrètement aujourd'hui. De John Locke, retenons la puissance de l'environnement éducatif, un cadre simple, clair, structurant. En formation, cela nous invite à concevoir des parcours où les routines pédagogiques facilitent l'engagement cognitif. Retenons également le plaisir d'apprendre. Quand la motivation est intrinsèque, l'effort devient durable. Utilisons des approches ludiques, expérientielles, qui favorisent le flow, la curiosité, le jeu. Et pour cela, je vous renvoie au premier épisode sur l'andragogie. L'importance de l'estime de soi comme levier d'apprentissage. Valoriser les réussites, encourager l'autonomie plutôt que la dépendance aux formateurs. De Jean-Jacques Rousseau, retenons l'importance de respecter les étapes de développement des apprenants. Aujourd'hui, cela signifie adapter nos parcours au niveau d'expertise, ne pas forcer la théorie avant que le terrain n'était exploré, en d'autres termes, expérimenter avant d'expliquer. Rousseau nous rappelle aussi que l'éthique et la sensibilité sont aussi formatrices que la technique. La formation professionnelle n'est pas qu'un transfert de compétences, c'est aussi une formation à l'autonomie morale, à la coopération et à la bienveillance. Enfin, Rousseau invite à créer des environnements protégés, où l'on peut apprendre sans être constamment évalué, classé ou jugé. Un vrai plaidoyer pour les espaces d'apprentissage, sécurisant et inclusif. Et de Denis Diderot, retenons son approche systémique et transversale des savoirs. L'encyclopédie est un modèle d'intelligence collective. Elle nous pousse à créer des liens entre les disciplines, à favoriser la logique des parcours plutôt que des silos. Une compétence clé aujourd'hui dans nos designs pédagogiques, faire parler les savoirs entre eux. Retenons également la valorisation des savoir-faire manuels, techniques et concrets, aux côtés des savoirs intellectuels. Dans le monde du digital learning, cela nous rappelle qu'il faut donner toute leur place aux gestes professionnels, aux simulations, aux démonstrations, sur le terrain. Et surtout, Diderot nous laisse cette idée forte. La formation est un acte politique au service de l'émancipation. Notre métier n'est pas neutre. Former, c'est contribuer à rendre des individus plus autonomes, plus lucides, plus capables de choisir leur voie. Ces trois penseurs des Lumières ont traversé les siècles. Et pourtant, ils éclairent encore nos pratiques de formation aujourd'hui. Si nous voulons concevoir des formations plus justes, plus humaines, plus transformatrices, alors inspirons-nous de leur regard sur l'éducation. Former la pensée, pas seulement les compétences. Favoriser la liberté, pas simplement la conformité. toujours, toujours croire dans le potentiel d'évolution de chaque apprenant. pour vous accompagner dans la formation. Je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.

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